2023-121. « Trois Cœurs qui ne sont qu’un seul Cœur ».

Premier vendredi du mois d’octobre.

Tableau trinitaire du Sacré-Cœur

frise

Ce qu’est le Cœur de Jésus :

      « Nous avons trois Cœurs à adorer dans notre Sauveur, qui ne sont néanmoins qu’un seul Cœur par l’union étroite qu’ils ont ensemble.

   Le premier est Son Cœur divin, c’est-à-dire Son amour incréé, qui n’est autre chose que Dieu Lui-même. C’est aussi l’amour qu’Il a de toute éternité dans le sein adorable de Son Père, et qui, avec l’amour de Son Père, est le principe du Saint-Esprit.
Le second, c’est Son Cœur spirituel, c’est-à-dire la partie supérieure de Son âme sainte, où le Saint-Esprit est vivant et régnant d’une manière ineffable et où Il renferme les trésors infinis de la science et de la sagesse de Dieu ; c’est aussi Sa volonté humaine, faculté spirituelle dont le propre est d’aimer, et qu’Il a sacrifiée pour opérer notre salut par la seule volonté de Son Père.
Le troisième Cœur de Jésus est le très saint Cœur de Son corps uni hypostatiquement à la Personne du verbe, Cœur que le Saint-Esprit a bâti du sang virginal de la Mère d’amour et qui, sur la croix, fut transpercé d’un coup de lance.

   Ce très aimable Cœur de Jésus est une fournaise d’amour. Il aime Son divin Père d’un amour éternel, immense et infini. Il aime Sa Mère, et les grâces inconcevables dont notre Sauveur l’a comblée font voir manifestement que cet amour est sans mesure et sans borne. Il aime l’Eglise triomphante, souffrante et militante dont les sacrements – spécialement l’Eucharistie, abrégé de toutes les merveilles de la bonté de Dieu – sont autant de fontaines inépuisables de grâce et de sainteté qui ont leur source dans l’océan immense du Sacré-Cœur de notre Sauveur.
Il nous aime enfin tous et chacun comme Son Père L’aime. C’est pourquoi Il a tout fait et tout souffert pour nous délivrer de l’abîme de maux dans lequel le péché nous avait jetés et pour faire de nous des enfants de Dieu, des membres du Christ, des héritiers de Dieu, des cohéritiers du Fils, possédant le même royaume que le Père de Jésus a donné à Son Fils.

   Nos devoirs envers cet aimable Cœur sont de l’adorer, de le louer, bénir, glorifier et remercier, de lui demander pardon de tout ce qu’il a souffert pour nos péchés, de lui offrir en réparation toutes les joies qui lui ont été données par ceux qui l’aiment et toutes nos afflictions acceptées pour l’amour de lui et enfin de l’aimer avec ferveur.
Nous devons aussi faire usage de ce Cœur, car il est à nous : le Père éternel, le Saint-Esprit, Marie et Jésus Lui-même nous l’ont donné pour être notre refuge en tous nos besoins, notre oracle dans nos doutes et difficultés, et pour être notre trésor.
Ils nous l’ont donné enfin, non seulement pour être notre modèle et la règle de notre vie, mais pour être lui-même notre propre cœur, afin que par ce grand Cœur nous puissions rendre à Dieu et au prochain tous nos devoirs. »

Saint Jean Eudes,
in « Cœur admirable », livre 12.

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Prière de Monseigneur Louis-Gaston de Ségur au Sacré-Cœur de Jésus.

Octave du Sacré-Cœur (double majeur).

       La prière suivante, que nous vous proposons pour achever ces huit jours particuliers d’approfondissements spirituels, de ferveur et de grâces que constitue l’octave de la fête du Sacré-Cœur de Jésus, a été remise par Monseigneur Louis-Gaston de Ségur (cf. sa biographie > ici) à son frère puiné Anatole, marquis de Ségur.

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       O Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de ceux qui souffrent en cette vallée de larmes.
Ils sont nombreux, les infortunés qui tournent vers Vous leurs mains suppliantes, en ces jours de détresse. Ils implorent avec confiance Votre infinie Miséricorde.
Aidez-les, Seigneur, à porter le joug du devoir ; soutenez-les dans les luttes contre le démon, le monde et tous les ennemis de leur salut ; protégez-les à l’heure de l’épreuve.
Vous avez promis que les « misérables » seraient accueillis favorablement dès qu’ils imploreraient votre Assistance. Je me vois plongé dans la tristesse et dans l’angoisse ; autour de moi l’orage gronde, le ciel est sombre, l’avenir incertain.
O Cœur de Jésus, écartez les malheurs qui nous menacent, apaisez d’une Parole la tempête, donnez-nous la Paix ici-bas qui est le gage de l’éternelle félicité !

Ainsi soit-il !

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2022-75. L’amour infini de Jésus pour nous.

Dimanche dans l’octave du Sacré-Cœur 3ème après la Pentecôte.

   En cette octave du Sacré-Cœur, nous vivons d’une manière encore plus forte qu’à notre habitude dans le rayonnement du divin Cœur de Notre-Seigneur, et nous approfondissons Son amour qui nous cherche avec infiniment plus d’ardeur que le berger et la femme de la parabole lue ce dimanche ne recherchent l’un sa brebis égarée et l’autre sa drachme perdue (cf. Luc XV, 1-10).
Voici un extrait des écrits spirituels de Saint Jean Eudes (cf. > ici) qui, sous la forme d’une ardente prière, nous aide à méditer sur l’amour infini de Jésus pour nous.

Sacré-Cœur de Jésus - François-Edouard Tresguerras

Le Sacré-Cœur, par François-Edouard Tresguerras (1759-1833)

     Jésus,
Dieu de ma vie, vous êtes toujours dans un continuel exercice d’amour pour moi. Vous employez tout ce qui est en Vous, et tout ce que Vous avez créé au ciel et sur la terre, pour me témoigner Votre amour.

   De sorte que tout ce que mes oreilles entendent, tout ce que mes yeux voient, tout ce que mes autres sens goûtent, touchent et sentent, tout ce que ma mémoire, mon entendement et ma volonté peuvent connaître et désirer, toutes les choses visibles et invisibles, qui sont contenues dans l’ordre de nature, de grâce et de gloire, toutes les grâces temporelles et éternelles que j’ai reçues de Vous, tous Vos anges et Vos Saints, tous les bons exemples qu’ils m’ont laissé par leurs vertus et leurs saintes actions, toutes les merveilles que Vous avez opérées en Votre sainte Mère, toutes les perfections de Votre essence et personne divine, tous les états et mystères de Votre divinité et humanité, toutes Vos qualités et vertus, toutes Vos pensées, paroles, actions et souffrances, tous les pas que Vous avez faits sur la terre, tout le Sang que Vous y avez répandu, toutes les plaies que Vous avez reçues en Votre corps, en un mot toutes les choses qui ont été et qui sont en l’être créé et incréé, au temps et en l’éternité, sont comme autant de bouches, ô jésus, par lesquelles Vous me prêchez continuellement Votre bonté et Votre amour pour moi.

   Seigneur, mon Dieu, que Votre amour est admirable pour moi !
Vous m’aimez, me désirez, me cherchez avec autant de soin et d’ardeur que si Vous aviez bien affaire de moi, comme si j’étais quelque chose et comme si je Vous étais fort nécessaire.
Vous désirez autant me posséder et craignez autant de me perdre que si, en me possédant ou en me perdant, Vous possédiez ou perdiez quelque grand trésor.
Vous recherchez mon amitié avec autant d’insistance que si Votre bonheur en dépendait.
Et quand toute Votre félicité et Votre gloire en dépendrait, Seigneur, que pourriez-Vous faire davantage que ce que Vous faites ?
O Bonté, je me perds dans Vos abîmes !

   Que ferai-je, mon Sauveur ? Que répondrai-je à toutes ces voix par lesquelles Vous m’inviter à Vous aimer ?
Je veux, s’il Vous plaît, que toutes mes pensées, mes paroles et actions, tous les moments de ma vie, toutes les choses qui ont été, sont et seront en moi, et même tous mes péchés, autant que cela peut se faire, par la puissance de Votre sagesse et de Votre bonté, qui sait bien faire coopérer toutes choses, même les péchés, au bien de ceux qui Vous aiment -, je veux que toutes ces choses soient converties en autant de voix, par lesquelles je Vous dise continuellement et éternellement, et en tout l’amour du ciel et de la terre : mon Seigneur Jésus, je Vous aime.

Saint Jean Eudes,
in « Royaume de Jésus » (4ème partie VIII, 31).

Sacré-Coeur

2020-79. La consécration individuelle au Sacré-Cœur de Jésus.

Vendredi après l’octave du Saint-Sacrement :
Fête du Sacré-Cœur de Jésus.

Vous trouverez ci-dessous le texte intégral d’un petit feuillet imprimé à Angers en 1914 avec les approbations de S. Exc. Mgr Joseph-Antoine Fabre qui était alors évêque de Marseille, du vicaire général du diocèse d’Angers, et l’imprimatur de S. Exc. Mgr. Jean-Baptiste Penon, évêque de Moulins.
Plus d’un siècle après sa diffusion, ce texte demeure d’une très pertinente actualité… 

Cathédrale de Convington

Apparition du Sacré-Cœur à Sainte Marguerite-Marie
(vitrail de la cathédrale de Convington – Etats Unis d’Amérique)

Sacré-Coeur

La Consécration est le premier acte demandé par Notre-Seigneur à la Bienheureuse Marguerite-Marie pour les personnes, les familles et les nations.
Pressé de régner sur les cœurs et sur les peuples qu’Il a reçus de Son Père en héritage, Notre-Seigneur a inspiré à Léon XIII la pensée de consacrer le genre humain au Sacré-Cœur (note : la récitation publique et solennelle de cet acte de consécration est désormais prescrite pour la fête du Christ-Roi – cf. > ici). Mais le grand Acte Pontifical n’aura toute sa portée qu’autant qu’il sera ratifié par la Consécration individuelle ou collective à ce Très Divin Cœur. Que les fidèles de toutes les nations se lèvent donc, qu’ils se consacrent et forment nombreux et résolus, l’armée du Sacré-Cœur.

La franc-maçonnerie règne, Satan en est le chef, ses troupes sont disciplinées et pleinement soumises à son autorité, il édicte les lois et entraîne le nombre.

Le Sacré-Cœur est venu opposer l’amour à la haine, la vérité à l’erreur, vaincre Satan et ses suppôts. C’est sur Lui, a dit Léon XIII, que doivent se fonder toutes les espérances, de Lui qu’il faut solliciter et attendre le salut. Pourquoi n’aurait-Il pas Sa milice, Ses troupes, Ses apôtres ? Ne serait-Il pas obéi, ce Chef invincible ? N’a-t-il pas contre la haine victorieuse des réserves d’amour infini ?

Que demande-t-Il ?

Qu’on se donne à Lui !

Par la Consécration personnelle à Son Sacré-Cœur.

Par une adhésion entière et loyale à Son programme de salut et de conquête.

Tout le reste, Il le fera…

Il n’a besoin ni de la force ni du nombre, Il est la toute puissance, ce qu’Il attend, ce dont Il fait l’enjeu de la victoire,

ce sont les cœurs…

qu’ils se donnent sans réserve, il leur sera rendu sans mesure.

Les Consacrés au Sacré-Cœur s’engageront à célébrer la Fête du Sacré-Cœur de Jésus le Vendredi qui suit l’Octave du Très Saint-Sacrement (jour fixé par Notre-Seigneur Lui-même), et emploieront leur influence à en favoriser la solennisation.

Leur devise sera :

Tout pour le Sacré-Cœur !

Leur mot d’ordre :

Adveniat regnum tuum !

Sacré-Coeur

Acte de Consécration :

O Cœur Sacré, je me donne tout à Vous et Vous consacre mon cœur, mon âme, mon entendement, ma mémoire et ma volonté afin que tout ce que je ferai, dirai, penserai et souffrirai soit pour Votre amour et pour Votre gloire.
Cœur Sacré auquel je veux appartenir et pour qui je veux vivre, enflammez-moi, possédez-moi, transformez-moi en Vous. Faites que toutes mes démarches soient pour Vous servir, mes paroles pour Vous louer, mes pensées pour Vous connaître, les battements de mon cœur pour Vous aimer.
Pour mieux affirmer ce don que je Vous fais de tout mon être, je m’engage à solenniser la Fête de Votre Sacré-Cœur.
O Cœur divin je suis à Vous, soyez aussi éternellement à moi. Je me voue entièrement à Votre service, fortifiez-moi dans ma résolution de ne m’accorder aucun repos avant que soit établi Votre règne dans tous les cœurs.
O Roi d’amour, hâtez l’heure de Votre victoire, triomphez, commandez et régnez.

Ainsi soit-il.

Vu et approuvé
Marseille le 1er Mai 1914
+ Joseph Antoine, Ev. de Marseille.
Imprimatur :
Molinis die 16 mai 1914
+ Joannes Baptista Episc. Molinensis.
Permis d’imprimer :
Angers, le 20 mai 1914
J. Baudriller, vic. génér.

Cathédrale de Convington - détail

2017-19. Où Saint Claude de La Colombière nous alimente en conseils spirituels contre les tentations de découragement.

15 février,
Fête de Saint Claude de La Colombière.

Saint Claude de La Colombière

Saint Claude de La Colombière (1641-1682) :
« Mon fidèle serviteur et parfait ami » a dit de lui Notre-Seigneur à Sainte Marguerite-Marie.

Sacré-Coeur gif

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       J’ai déjà eu l’occasion de vous entretenir de Saint Claude de La Colombière (cf. > ici), prêtre ô combien admirable de la Compagnie de Jésus, que le Sacré-Coeur Lui-même désigna à Sainte Marguerite-Marie comme Son « fidèle serviteur et parfait ami », et qui fut d’un si précieux secours spirituel à la sainte Visitandine.

   En cette année 2017, nous commémorons en même temps le 335e anniversaire de sa mort (+ 15 février 1682) et le 25e anniversaire de sa canonisation (31 mai 1992).

   C’est un saint dont les écrits spirituels sont une mine inépuisable pour les âmes en quête de perfection : on y trouve à chaque page d’admirables conseils, tout à la fois stimulants et consolants.
Frère Maximilien-Marie, qui s’en est longuement nourri lorsqu’il était jeune religieux, en a recopié plusieurs pages dans ses propres carnets de notes spirituelles, et je n’ai eu qu’à m’y plonger pour en extraire quelques uns qui me semblent particulièrement propres à vous encourager et vous aider vous aussi dans votre vie spirituelle, où la tentation du découragement est la plus redoutable que l’on puisse affronter.
Je vous laisse donc les découvrir, approfondir et méditer.

Lully.

Sacré-Coeur gif

   - « De tous les péchés qui se présenteront à mon esprit, [...] je ferai comme un bloc que je jetterai aux pieds de notre Sauveur, pour être consumé par le feu de Sa miséricorde ; plus le nombre en sera grand, plus ils me paraîtront énormes, d’autant plus volontiers les Lui offrirai-je à consumer, parce que ce que je lui demanderai sera d’autant plus digne d’elle. »

   - « La plus faible de toutes les créatures n’a pas plus de sujet de désespoir que la plus forte, parce que notre confiance est en Dieu, qui est également fort pour les forts et pour les faibles. »

   - « C’est à Dieu à détruire nos passions, Il le fera quand il Lui plaira ; mais c’est à moi à les réprimer et à les empêcher d’éclater et de m’entraîner au mal. »

   - « Il faudrait être dans un perpétuel chagrin s’il fallait se chagriner de toutes les fautes qu’on fait ; on doit se contenter de s’en humilier devant Dieu et d’accepter les mortifications qu’elles vous causent. »

   - « Si j’étais en votre place, voici comment je me consolerais : je dirais à Dieu avec confiance :
Seigneur, voici une âme qui est au monde pour exercer Votre admirable miséricorde, et pour la faire éclater en présence du ciel et de la terre. Les autres Vous glorifient en faisant voir quelle est la force de Votre grâce, par leur fidélité et leur constance, combien Vous êtes doux et libéral envers ceux qui Vous sont fidèles. Pour moi, je Vous glorifierai en faisant connaître combien Vous êtes bon envers les pécheurs et que Votre miséricorde est au-dessus de toute malice, que rien n’est capable de l’épuiser, que nulle rechute, quelque honteuse et criminelle qu’elle soit, ne doit porter un pécheur au désespoir du pardon. Je Vous ai grièvement offensé, ô mon aimable Rédempteur ; mais ce serait bien encore pis si je Vous faisais cet horrible outrage de penser que Vous n’êtes pas assez bon pour me pardonner. »

   - « Je ne sais ce que vous voulez dire avec votre désespoir : on dirait que vous n’avez jamais entendu parler de Dieu ni de Sa miséricorde infinie. Je ne puis plus vous pardonner ces sentiments ; je vous prie d’en prendre l’horreur que vous devez et vous souvenir que tout le mal que vous avez fait n’est rien en comparaison de celui que vous faites en manquant de confiance ; espérez donc jusqu’au bout, je vous le commande par tout le pouvoir que vous m’avez donné sur vous-même (note *) : si vous m’obéissez sur ce point, je vous réponds de votre conversion. »

Note * : On l’aura compris, Saint Claude de La Colombière s’adresse ici à une âme qui lui a demandé d’être son directeur spirituel.

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Et on pourra redire avec fruit l’acte d’offrande au Sacré-Coeur de Saint Claude > ici 

Supplication au Coeur Eucharistique de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Dans un certain nombre de diocèses et congrégations religieuses, au jeudi dans l’octave du Sacré-Coeur avait été instituée la fête du Coeur eucharistique de Notre-Seigneur : fête bien oubliée aujourd’hui…
Après la prière composée par le Rd Père Lépidi, Maître du Sacré Palais au temps de Saint Pie X et de Benoît XV que nous avons déja publiée (cf. > ici), en voici une autre trouvée sur une ancienne image de dévotion.

 

le Sacré-Coeur et l'Eucharistie

 

Seigneur Jésus, Fils de Dieu Sauveur,
consacrez-moi Vous-même à Votre Cœur Eucharistique :
inculquez m’en la douceur et l’humilité.

Apprenez-moi à faire,
à Votre exemple,
ma nourriture de la volonté du Père,
afin que, par ma prière et mes œuvres, je Lui rende gloire,
en Lui demandant de hâter Son règne par Votre venue,
et en appelant sur l’Eglise et le monde
une effusion accrue de Votre Esprit d’amour.

Seigneur,
recevez-moi dans le Cœur Immaculé de Votre Mère très sainte :
qu’elle soit mon guide et m’accompagne avec Vous
dans l’accomplissement du Pur Vouloir du Père
sous la conduite de Votre Esprit d’amour.

Ainsi soit-il !

Sainte Eucharistie

Publié dans:De liturgia, Prier avec nous |on 9 juin, 2016 |2 Commentaires »

2015-91. Lettres par lesquelles Sainte Marguerite-Marie a révélé les desseins du Sacré-Cœur du Christ-Roi pour le Roi de France.

Vendredi 23 octobre 2015,
fête des Bienheureuses Ursulines de Valenciennes, martyres (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

     Nous approchons de la fête du Christ-Roi, aussi, en cette année du troisième centenaire de la mort du Grand Roi, et pour compléter ce que j’avais publié à l’occasion du trois-cent-soixante-quinzième anniversaire de sa naissance au sujet de son prétendu « refus d’obéir au Sacré-Cœur » (le 5 septembre 2013 > ici), je voudrais publier ci-dessous les textes exacts de Sainte Marguerite-Marie concernant Sa Majesté le Roi Louis XIV et le message particulier que le divin Cœur de Jésus voulait que la sainte visitandine de Paray-le-Monial lui fît parvenir.
Il s’agit bien ici du règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur les nations et les sociétés terrestres, en commençant par la France, pour qu’ensuite l’exemple de celle-ci entraîne tous les peuples de la terre à se soumettre au Cœur adorable du Christ-Roi.

   Avant de lire ces textes, il convient d’insister pour rappeler que l’existence et le contenu de ce message ne sont pas discutables pour un catholique fidèle : en effet, dans la bulle de canonisation de Sainte Marguerite-Marie (Benoît XV, Acta Apostolicae Sedis, 13 mai 1920) cette mission à l’intention du Roi de France est explicitement mentionnée ; or une bulle de canonisation est un acte du magistère pontifical infaillible.

   Ces textes de Sainte Marguerite-Marie sont extraits de deux longues lettres écrites à la Révérende Mère de Saumaise, supérieure du monastère de la Visitation de Dijon. Nous en citons le texte d’après la troisième édition de « Vie et œuvres de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque », par Monseigneur Gauthey (1915 – tome 2).

Apparition du Sacré-Coeur à Sainte Marguerite-Marie

A – Lettre N° 100.

   Cette lettre a été écrite « après la fête du Sacré-Cœur, juin 1689″ (note : la fête du Sacré-Cœur, c’est-à-dire le vendredi qui suit l’octave de la fête du Saint-Sacrement, fut célébrée cette année-là le vendredi 17 juin ; cela ne signifie toutefois pas que les communications célestes dont fait état Sainte Marguerite-Marie dans cette lettre lui aient été révélées le jour de cette fête du Sacré-Cœur comme l’ont hâtivement conclu quelques auteurs).

   Sainte Marguerite-Marie commence par se réjouir de la ferveur avec laquelle la fête du Sacré-Cœur a été marquée dans les monastères de Paray-le-Monial et de Dijon. C’est alors qu’elle écrit : « Il règnera cet aimable Coeur, malgré Satan. Ce mot me transporte de joie et fait toute ma consolation. » Puis elle parle de toutes les grâces et bénédictions que l’Ordre de la Visitation va recevoir par cette dévotion, et va faire découler sur les âmes.
C’est alors qu’elle ajoute :

   Mais Il ne veut pas s’en arrêter là : Il a encore de plus grands desseins qui ne peuvent être exécutés que par Sa toute-puissance qui peut tout ce qu’elle veut. Il désire donc, ce me semble, entrer avec pompe et magnificence dans la maison des princes et des rois, pour y être honoré autant qu’il y a été outragé, méprisé et humilié en Sa Passion, et qu’Il reçoive autant de plaisir de voir les grands de la terre abaissés et humiliés devant Lui, comme Il a senti d’amertume de Se voir anéanti à leurs pieds. Et voici les paroles que j’entendis au sujet de notre Roi : « Fais savoir au fils aîné de Mon Sacré-Cœur, que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de Ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même à Mon Cœur adorable, qui veut triompher du sien, et par son entremise de celui des grands de la terre. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis, en abattant à ses pieds ces têtes orgueilleuses et superbes, pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la sainte Eglise. »

   La sainte Visitandine continue ensuite sa lettre en parlant du rôle que doit jouer la Compagnie de Jésus dans la diffusion du culte du Sacré-Cœur, et l’achève en faisant allusion aux communautés et aux coeurs qui sont réfractaires à cette dévotion.

lys vitrail

B – Lettre N° 107.

   Cette lettre est datée du 28 août 1689 : il semble qu’entre la lettre du mois de juin (cf. supra) et celle-ci, il y ait eu des échanges entre Sainte Marguerite-Marie et la Mère de Saumaise, dont les textes ne nous soient point parvenus.
On est frappé par le ton particulièrement solennel avec lequel elle commence, qui fonde d’emblée le contenu du message qui va suivre dans la volonté du Père Eternel Lui-même : selon toute vraisemblance, il avait été entendu entre elles que Sainte Marguerite-Marie rédigerait le texte de sa lettre de manière à ce que, conformément aux inspirations reçues sur la manière dont il fallait procéder pour atteindre le Roi, la Révérende Mère de Saumaise puisse la transmettre telle quelle à la supérieure du monastère de la Visitation de Chaillot, afin que cette dernière la porte à la connaissance du Révérend Père de La Chaise, confesseur de Sa Majesté (voir ce que nous avons expliqué à ce sujet > ici).
C’est le texte intégral de la lettre 107 que nous publions ci-dessous.

Vive + Jésus !

Ce 28 août 1689.

   Le Père Eternel voulant réparer les amertumes et angoisses que l’adorable Cœur de Son divin Fils a ressenties dans la maison des princes de la terre, parmi les humiliations et outrages de Sa Passion, veut établir Son empire dans la cour de notre grand monarque, duquel Il Se veut servir pour l’exécution de ce dessein qu’Il désire s’accomplir en cette manière, qui est de faire faire un édifice où serait le tableau de ce divin Cœur pour y recevoir la consécration et les hommages du Roi et de toute la cour. De plus, ce divin Cœur se voulant rendre protecteur et défenseur de sa sacrée personne, contre tous ses ennemis visibles et invisibles, dont Il le veut défendre, et mettre son salut en assurance par ce moyen ; c’est pourquoi Il l’a choisi comme Son fidèle ami pour faire autoriser la messe en Son honneur par le Saint-Siège apostolique (*), et en obtenir tous les autres privilèges qui doivent accompagner cette dévotion de ce Sacré-Cœur, par laquelle Il lui veut départir les trésors de Ses grâces de sanctification et de salut, en répandant avec abondance Ses bénédictions sur toutes ses entreprises, qu’Il fera réussir à sa gloire, en donnant un heureux succès à ses armes, pour le faire triompher de la malice de ses ennemis. Heureux donc qu’il sera, s’il prend goût à cette dévotion, qui lui établira un règne éternel d’honneur et de gloire dans ce Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lequel prendra soin de l’élever et le rendre grand dans le ciel devant Dieu Son Père, autant que ce grand monarque en prendra de relever devant les hommes les opprobres et anéantissements que ce divin Cœur y a soufferts ; qui sera en Lui rendant et Lui procurant les honneurs, l’amour et la gloire qu’Il en attend.
Mais comme Dieu a choisi le Révérend Père de La Chaise pour l’exécution de ce dessein, par le pouvoir qu’Il lui a donné sur le cœur de notre grand Roi, ce sera donc à lui de faire réussir la chose, en procurant cette gloire à ce Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; secondant en cela l’ardent désir qu’Il a de Se faire connaître en Se manifestant aux hommes, pour en être aimé et en recevoir un honneur et hommage tout particulier. Si donc Sa bonté inspire à ce grand serviteur de Sa divine Majesté d’employer le pouvoir qu’Il lui a donné, pour Lui faire ce plaisir qu’Il désire si ardemment, il peut bien s’assurer qu’il n’a jamais fait d’action plus utile à la gloire de Dieu ni plus salutaire à son âme, et dont il soit mieux récompensé, et toute sa sainte congrégation, dont il se rendra par ce moyen l’honneur et la gloire, par les grands trésors de grâce et de bénédictions que ce Sacré-Cœur y répandra, Lequel, S’étant communiqué premièrement aux Filles de la Visitation, auxquelles Il a donné de Le manifester et faire connaître par l’établissement de cette même dévotion de ce Cœur tout aimable, de laquelle dévotion Il veut que les RR. PP. Jésuites fassent connaître l’utilité et la valeur, cela leur étant réservé. C’est pourquoi vous ferez bien, si vous en trouvez de bonne volonté, de les y employer, car par ce moyen la chose réussira plus facilement, quoique tout y paraisse très difficile, tant pour les grands obstacles que Satan se propose d’y mettre, que pour toutes les autres difficultés. Mais Dieu est sur tout, Lequel Se plaît souvent de Se servir des moindres et des plus méprisables choses pour l’exécution de Ses plus grands desseins, tant pour aveugler et confondre le raisonnement humain, que pour faire voir Sa puissance, qui peut tout ce qui Lui plaît, quoiqu’Il ne le fasse pas toujours, ne voulant pas violenter le coeur de l’homme, afin que le laissant en liberté, Il ait plus de moyens de le récompenser ou châtier. Il me semble, ma chère Mère, que vous ferez chose fort agréable à ce divin Cœur, de vous servir du moyen qu’Il vous a inspiré, d’écrire à ma très honorée sœur la supérieure de Chaillot pour le dessein que Votre Charité nous marque. Au reste, il faut beaucoup prier et faire prier pour cela. Je crois que vous ferez bien de lui envoyer un petit livre de Moulins, avec un des vôtres (**).
Voilà tout ce que je vous peux dire pour le présent, n’ayant pas d’autre intelligence que celle qui m’est donnée à moi pauvre pécheresse, l’indigne esclave et victime de l’adorable Cœur de mon Sauveur, qui se sert d’un sujet plus propre à détruire un si grand dessein qu’à le faire réussir ; mais c’est afin que toute la gloire soit donnée au souverain Maître, et non à l’outil dont Il Se sert, lequel est de même que cette boue dont ce divin Sauveur Se servit pour mettre sur les yeux de l’aveugle-né. Suivez donc courageusement les vues qu’Il vous donnera ; car pour moi je ne peux rien ajouter de moi-même, ni chercher d’ajustement à tout ce que je vous dis par obéissance, et de la part de ce Sacré-Cœur, qui veut que je vous manifeste tout simplement ce qu’Il me fait connaître, car si j’en usais autrement, Il rendrait tout ce que je pourrais dire inutile, d’autant qu’Il en retirerait Sa grâce. De plus, Il me rend si ignorante que je ne peux rien ajouter. Suppléez donc à mon ignorance, et demeurons toujours en paix, de quelle manière qu’Il veuille faire réussir nos peines. Je Le prie de tout mon coeur qu’Il bénisse vos saintes entreprises et vous donne le courage de supporter généreusement toutes les difficultés. Que nous serions heureuses, ma chère Mère, si nous pouvions sacrifier nos vies pour cela ! Amen.

D.S.B. (***)

note (*) : la messe en l’honneur du Sacré-Cœur n’existait alors que dans le diocèse de Langres, instituée par l’autorité diocésaine, or ce qui est demandé ici c’est une autorisation apostolique pour tous les diocèses de la catholicité.
note (**) : Sainte Marguerite-Marie fait ici allusion aux livrets sur la dévotion au Sacré-Cœur, contenant une explication et des prières, qui avaient été réalisés par les soins des monastères de Moulins et de Dijon.
note (***) : abréviation de la formule « Dieu soit béni ! », qu’utilisent les religieuses de la Visitation pour se saluer.

Corrolaire :

Louis XIV a-t-il refusé d’obéir aux demandes du Sacré-Cœur ? : voir > ici

Vitrail du Christ Roi

Autres textes concernant la Royauté du Christ :
– L’importance significative de la fête du Christ Roi au dernier dimanche d’octobre > ici
– Le Christ veut régner par la vertu de Son Sacré-Cœur > ici

-  Dieu vivra, Il règnera pleinement et éternellement (Cardinal Pie) > ici
– Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations (Cardinal Pie) > ici

Et bien sûr, prescrit (et indulgencié) à l’occasion de la fête du Christ-Roi :
Acte de consécration du genre humain au Sacré-Cœur du Christ-Roi > ici

lys vitrail

2015-63. Coeur de Jésus, sauvez la France, ne l’abandonnez pas !

Fête du Sacré-Coeur de Jésus.

Sacré-Coeur gif

C’est une autre image ancienne – trouvée dans les « trésors » de Frère Maximilien-Marie –  que je veux vous présenter à l’occasion de la fête du Sacré-Coeur de Jésus, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion.

Elle n’est pas en excellent état : elle porte les stigmates de ses cent-quarante-trois ans, ayant été souvent manipulée, puisqu’elle était utilisée comme marque-page dans un ouvrage de dévotion qui a beaucoup servi.
Elle porte la date du 7 juin 1872, qui fut, cette année-là, le vendredi de la fête du Sacré-Coeur.
Au-dessus de cette date, sur un globe bleuté, est inscrit le nom « France » : le quatrain – en alexandrins faciles – qui est imprimé en dessous explicite l’image (voir infra).

Rappelons le contexte très précis de ces années politiquement et religieusement agitées :

1) – En France, la guerre franco-prussienne, déclarée le 19 juillet 1870, a eu pour conséquences l’effondrement du second empire (4 septembre 1870), puis Paris assiégée, l’enchaînement des défaites militaires, l’occupation d’une grande partie du territoire, la proclamation de l’empire allemand dans la galerie des glaces du palais de Versailles (18 janvier 1871), l’armistice (26 janvier 1871), la cession de l’Alsace et de la Lorraine, les atrocités de la Commune insurrectionnelle de Paris (18 mars – 28 mai 1871), les espérances d’une restauration monarchique…

2) – Dans le domaine spirituel, outre l’interruption du concile du Vatican dès la déclaration de guerre puis la spoliation de Rome par les troupes italiennes (voir > ici), en France même ces tragiques événements on vu le lancement du « Voeu national » par deux députés – Messieurs Alexandre Legentil et Hubert Rohault de Fleury – , soutenus par Monseigneur Pie (il n’est pas encore cardinal), la célèbre bataille de Loigny (2 décembre 1870), l’apparition de Pontmain (17 janvier 1871, voir > ici). Secouée en outre par les pillages d’église, profanations et exécutions de religieux lors de la Commune (voir > ici), l’Eglise de France connaît un sursaut spirituel : les évêques, les prêtres et les fidèles se tournent vers le Coeur de Jésus.
C’est le temps où est composé le fameux cantique « Pitié, mon Dieu ! » : un an plus tard, en juin 1873, un nombre important de députés fera le pélerinage de Paray-le-Monial et, le 24 juillet 1873, l’assemblée nationale votera l’utilité publique de la construction de l’église votive du Sacré-Coeur au sommet de la colline de Montmartre

Ce sont tous ces faits qu’il convient d’avoir à la mémoire en regardant cette image et en lisant les invocations qui y sont imprimées.

Oui, nous nous consacrons à son coeur !

Image pour la fête du Sacré-Coeur 7 juin 1872

Texte imprimé au recto (je conserve la graphie d’origine) :

Vois à tes pieds la France catholique
Se vouant à ton Coeur, réclamant tes bienfaits :
Daigne lui pardonner son offence (sic) publique.
Coeur sacré, donne-lui l’espérance et la paix.

et au verso on peut lire :

Sauvez la France, ne l’abandonnez pas !
Nous vous la consacrons, cette France chérie.
Son titre glorieux, royaume de Marie,
A des droits tout puissants sur votre coeur si bon.
Grâce, grâce, mon Dieu ! pitié pour sa misère !
Seigneur, pour apaiser votre juste colère,
Vos enfants à genoux implorent son pardon.

Sacré-Coeur gif

Mais, si le contexte socio-politique n’est pas vraiment le même, ces textes sont-ils pour autant totalement « dépassés », sans rapport avec les nécessités actuelles de notre pays ?
Qui oserait soutenir qu’aujourd’hui la « France officielle » ne multiplie pas les offenses publiques envers la sainte loi de Dieu, et ne blesse pas le divin Coeur de Jésus ?
La France n’a-t-elle pas besoin de revenir au Sacré-Coeur, d’implorer Son pardon et Ses grâces, de retrouver l’espérance et la paix ?

Aussi est-il bien nécessaire de reprendre souvent et avec ferveur ces invocations qui furent celles de nos pères :

Coeur de Jésus, sauvez la France !
Coeur de Jésus, n’abandonnez pas Votre France !
Coeur de Jésus, faites miséricorde à Votre France !

Sacré-Coeur gif

Voir aussi :
- les plaies de la France pansées par Marie > ici
- le Voeu de Louis XVI au Sacré-Coeur de Jésus > ici
- la prophétie et la prière de Saint Pie X pour la France > ici

2015-26. Deux-cent-cinquantième anniversaire de l’approbation par le Saint-Siège du culte liturgique du Sacré-Coeur de Jésus.

1765 – 6 février – 2015

Sacré-Coeur - Pompeo Batoni - Gesù, Roma

Rome, église du Gesù : célèbre tableau du Sacré-Coeur de Jésus,
oeuvre de Pompeo Girolamo Batoni (1709-1787)

Vendredi 6 février 2015,
Premier vendredi du mois dédié à la réparation envers le divin Coeur de Jésus ;
Fête de Saint Vaast, catéchiste du Roi Clovis puis évêque d’Arras ;
Fête de Saint Tite, disciple de Saint Paul puis évêque en Crête.

* * * * *

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

La Providence a voulu qu’en cette année 2015 le 6 février coïncidât avec le premier vendredi du mois, jour spécialement dédié à la dévotion réparatrice en l’honneur du Sacré-Coeur de Jésus : ce 6 février, en effet, marque précisément le deux-cent-cinquantième anniversaire de l’approbation romaine du culte liturgique du Sacré-Coeur de Jésus.

J’aurais l’occasion, au cours des prochains mois, de revenir sur cet évènement – et spécialement sur l’adoption de la fête du Sacré-Coeur par le Royaume de France, à la suite de cette approbation romaine – , mais je veux commencer aujourd’hui par résumer ici brièvement les faits :

A – Sainte Marguerite-Marie (1647-1690), religieuse de la Visitation de Paray-le-Monial, avait reçu des révélations spéciales de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui lui dévoilait les mystères de Son divin Coeur, la chargeait d’en diffuser la dévotion en insistant sur son caractère réparateur, et lui demandait d’oeuvrer pour que l’Eglise instituât une fête liturgique particulière où jour qu’Il lui désignait pour cela (*).

B – Sainte Marguerite-Marie mourut sans autre consolation que d’avoir vu la dévotion au Coeur adorable de Notre-Seigneur commencer à s’implanter dans son propre monastère, et dans plusieurs autres monastères de l’Ordre. Elle avait pu dévoiler et expliciter les desseins divins à plusieurs supérieures visitandines et à des religieux de la Compagnie de Jésus qui, conquis, s’efforcèrent eux-aussi, de faire connaître et aboutir les demandes du Sacré-Coeur.

C - C’est ainsi, en particulier, que se développèrent des Confréries du Sacré-Coeur qui eurent une grande influence pour le rayonnement de ce culte : les évêques qui approuvaient la création de ces confréries dans leurs diocèses ne pouvaient que constater les fruits de grâce et de sanctification de cette dévotion dans l’âme des fidèles.
Néanmoins, il n’existait pas, tant que le Saint-Siège ne l’avait pas autorisé, d’office liturgique ni de formulaire de messe propre, et les évêques pouvaient seulement autoriser, au jour demandé par Notre-Seigneur (c’est-à-dire le vendredi suivant l’octave de la fête du Très Saint Sacrement), la célébration de la messe déjà existante en l’honneur des Cinq Plaies de Notre-Seigneur.

D - De nombreuses suppliques furent portées à Rome pour demander l’institution officielle de la fête du Sacré-Coeur, avec office et messe propres, ces demandes étaient parfois présentées ou soutenues par d’illustres personnages, en voici quelques exemples particulièrement représentatifs :
– en 1687, les Visitandines de Dijon, furent les premières à écrire au Saint-Siège pour demander une fête en l’honneur du Sacré-Coeur.
– en 1697, les Visitandines d’Annecy le firent à leur tour : leur demande était appuyée par l’intervention personnelle de Sa Majesté la Reine Marie-Béatrix d’Este, épouse de Sa Majesté le Roi Jacques II d’Angleterre (détrôné par la révolution de 1688), qui avait été la dirigée de Saint Claude de La Colombière et amenée par lui à la dévotion envers le Coeur de Jésus.
– la comtesse de Valdestheim, soutenue par le nonce apostolique près la Cour Impériale, demanda quelques mois plus tard, que soit accordée une fête liturgique du Sacré-Coeur aux Ursulines de Vienne (Autriche).
– à la suite de la peste de Marseille (1720) et de l’extirpation du fléau grâce à la consécration de la ville au Coeur de Jésus, Son Excellence Monseigneur de Belzunce demanda la permission d’instituer une fête solennelle du Sacré-Coeur dans le diocèse de Marseille.
– en 1725, les Visitandines de Paray-le-Monial au nom d’un grand nombre de monastères de l’Ordre, demandèrent à nouveau la concession d’une messe et d’un office propres.
– en 1726, l’archevêque de Cracovie, Son Excellence Monseigneur Constantin Szaniawsky, écrivit au Saint-Siège pour demander l’institution de la fête du Sacré-Coeur dans toute l’Eglise catholique ; sa démarche était appuyée par Sa Majesté Frédéric-Auguste, dit le Fort, Prince-électeur de Saxe et Roi de Pologne, qui écrivit personnellement au Souverain Pontife.
– en 1727, Sa Majesté Catholique le Roi Philippe V d’Espagne, petit-fils de Louis XIV, écrivit à son tour au Pape pour demander l’institution de la fête du Sacré-Coeur dans tous ses royaumes et domaines.
– en 1738 et 1745, les conciles provinciaux de Tarragone sollicitèrent à leur tour cette faveur, soutenus par un grand nombre de chapitres ou d’évêques, parmi lesquels Saint Alphonse de Ligori qui accompagna cette requête par l’envoi d’un traité sur la dévotion au Coeur de Jésus qu’il venait de publier.
– en 1740, Sa Majesté la Reine de France Marie Leczinska qui, profitant d’un courrier de félicitations au Pape Benoît XIV nouvellement élu, lui demanda l’institution de la fête du Sacré-Coeur.
– en 1762, c’est Sa Majesté le Roi Auguste III de Pologne qui écrivit au Souverain Pontife qu’il ne trouvait « pas de moyen plus propre à conjurer les graves calamités qui l’accablent, que de recourir au Sacré-Coeur, en procurant de rendre Son culte plus solennel dans son royaume ».
– en 1763, c’est l’ex-roi de Pologne et alors duc de Lorraine Stanislas Leczenski qui supplia le Pape Clément XIII de permettre la célébration de la fête dans les états de Lorraine.
– en 1764, c’est Clément-François de Paule, duc de Bavière (neveu de l’empereur Charles VII) qui pria à son tour le Souverain Pontife d’étendre la dévotion au Sacré-Coeur à toute l’Eglise…

Sacré-Coeur de Jésus

E - Pendant tout ce temps, le Saint-Siège ne faisait pas à proprement parler la sourde oreille : Rome, tout en répondant que, pour le moment, la faveur d’une fête solennelle du Sacré-Coeur avec messe et office propres, ne pouvait pas être accordée, ne cessait néanmoins pas de dispenser des brefs accordant des indulgences aux monastères ou aux églises paroissiales qui demandaient l’autorisation d’ériger des confréries en l’honneur du Coeur de Jésus.
Ainsi Innocent XII publia-t-il trente-sept concessions en sept ans de pontificat (1691-1700), Clément XI deux-cent-quatorze en vingt-et-un ans (1700-1721), Innocent XIII trente-neuf en trois ans (1721-1724), Benoît XIII quatre-vingt-six en six ans (1724-1730), Clément XII deux-cent-quarante-six en neuf ans (1730-1740) et Benoît XIV quatre-cent-dix-neuf en dix-huit-ans (1740-1758).
C’est que, dans le même temps, le culte du Coeur de Jésus se heurtait à des objections théologiques, et, avant d’autoriser un culte officiel (sanctionné par une fête liturgique) en sus de la dévotion privée (celle des simples fidèles et des confréries), le Saint-Siège Apostolique voulait que la doctrine de ce culte fût solidement et irréprochablement établie.

F - Enfin en 1764, une nouvelle demande, présentée conjointement par l’ensemble de l’épiscopat polonais et par l’archiconfrérie romaine du Sacré-Coeur, parvint à la Sacrée Congrégation des Rites, étayée cette fois par un mémoire dont l’argumentation venait à bout des précédentes objections théologiques : la Congrégation des Rites en apprécia la teneur et l’équilibre, le promoteur de la Foi (familièrement appelé « avocat du diable ») n’eut qu’à s’incliner, et le 26 janvier 1765 fut rédigé un décret que le Souverain Pontife Clément XIII approuva et parapha quelques jours plus tard : le 6 février 1765.

Voici la traduction en français du texte complet de ce décret :

Instance faite pour la concession d’un Office et d’une Messe du très Sacré-Coeur de Jésus, par le plus grand nombre des très révérends évêques de Pologne et l’Archiconfrérie romaine érigée sous ce titre, la Sacrée Congrégation des Rites, dans la séance du 26 janvier 1765, reconnaissant que le culte du Coeur de Jésus est déjà répandu dans presque toutes les parties du monde catholique, favorisé par les évêques, enrichi par le Siège Apostolique d’un millier de brefs d’indulgences, donnés à des Confréries presque innombrables, érigées canoniquement en l’honneur du Coeur de Jésus ; comprenant en outre, que la concession de cette Messe et de cet Office n’a pas d’autre but que de développer un culte déjà établi, et de renouveler symboliquement la mémoire du divin amour, par lequel le Fils unique de Dieu a pris la nature humaine, et, obéissant jusqu’à la mort, a voulu montrer aux hommes, par son exemple, qu’il était doux et humble, comme il l’avait dit ; pour ces raisons, sur le rapport de l’Eminentissime et Révérendissime Seigneur Cardinal Evêque de Sabine, après avoir entendu le R.P.D. Cajétan Fortis, promoteur de la Foi, s’écartant des décisions du 30 juillet 1729 (**), ladite Sacrée Congrégation a pensé qu’il fallait consentir à la demande des évêques du royaume de Pologne et de ladite Archiconfrérie romaine. Elle prendra plus tard une décision sur la Messe et l’Office qu’il convient d’approuver.
Ce voeu de la Sacrée Congrégation a été soumis par moi, soussigné, secrétaire, à Notre Saint-Père le Pape, Clément XIII ; Sa Sainteté en ayant pris connaissance, l’a pleinement approuvé.

Ce 6 février 1765.
Joseph Maria, cardinal Feroni, préfet ;
Scipio Borghesi, secrétaire.
Rome MDCCLXV, de la typograhie de la Chambre Apostolique.

Clément XIII portrait par Anton Raphaël Mengs

Sa Sainteté Clément XIII, pape de 1758 à 1769,
portrait par Anton Raphaël Mengs (1728-1779)

G - Ce texte est important à plus d’un titre.
En tout premier lieu parce qu’il atteste de la diffusion du culte du Sacré-Coeur et de sa fécondité spirituelle ; et en second lieu parce qu’il résume le sens théologique de cette dévotion par cette phrase : « renouveler symboliquement la mémoire du divin amour, par lequel le Fils unique de Dieu a pris la nature humaine, et, obéissant jusqu’à la mort, a voulu montrer aux hommes, par son exemple, qu’il était doux et humble, comme il l’avait dit ».
Les précédentes demandes adressées au Saint-Siège avaient été recalées – si j’ose dire – parce qu’elles présentaient la dévotion au Sacré-Coeur comme une dévotion en quelque sorte « physiologique » en faisant du coeur de chair le siège de l’amour.
Le mémoire des évêques polonais emporta la décision du Saint-Siège parce qu’il ne présentait plus le coeur comme l’organe propre des affections sensibles, mais comme le symbole naturel de l’amour, et faisant ressortir que le culte du Sacré-Coeur célèbre en réalité l’amour que le divin Sauveur a pour les hommes.
Ce décret signé par Clément XIII ce 6 février 1765 contient donc – de la même manière que le gland contient le chêne – tous les développements que le Magistère romain dispensera dans les siècles suivants au sujet du culte du Sacré-Coeur, en particulier le Bienheureux Pie IX, Léon XIII, Pie XI et Pie XII.

H - Au mois de mai 1765, nous aurons l’occasion d’en reparler, la Sacrée Congrégation des Rites publiera les textes de l’Office et de la Messe propre de la fête du Sacré-Coeur de Jésus, annoncés dans ce décret, qui, néanmoins, ne les concédaient qu’aux diocèses du royaume de Pologne et à l’Archiconfrérie romaine. 
Toutefois, dès le mois de juillet 1765, c’est l’Ordre de la Visitation puis les évêques du Royaume de France qui obtinrent la célébration de cette fête, et progressivement elle fut adoptée dans toute la Chrétienté, jusqu’à ce que, le 25 août 1856, un décret signé du Bienheureux Pie IX en rendit enfin la célébration obligatoire dans l’Eglise universelle.

Vous le comprenez bien, chers Amis, le culte du divin Coeur de Jésus est si important dans la spiritualité du Refuge Notre-Dame de Compassion, qu’il était vraiment impossible que nous ne profitassions pas de ce deux-cent-cinquantième anniversaire pour en rappeler brièvement la genèse et, par dessus tout, pour le célébrer dans une fervente action de grâces.

Lully.

Armoiries du pape Clément XIII

Armoiries du pape Clément XIII

(*) Note 1 : On trouvera dans les pages de ce blogue plusieurs publications présentant ces révélations accordées à Sainte Marguerite-Marie : la première grande révélation > ici, la deuxième grande révélation > ici, la troisième grande révélation > ici, la grande révélation de 1675 > ici, les promesses du Sacré-Coeur > ici.
(**) Note 2 : Le 30 juillet 1729, sous le Pape Benoît XIII, un décret avait répondu de manière formellement négative aux demandes jusqu’alors adressées.

Publié dans:Memento, Vexilla Regis |on 6 février, 2015 |1 Commentaire »
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