2007-35. « Personne n’en est jamais revenu pour nous en attester l’existence… »
Mardi 20 novembre 2007.
Frère Maximilien-Marie m’a raconté comment, dernièrement encore, il a dû « remettre les pendules à l’heure » auprès d’une personne – se prétendant chrétienne – qui se moquait de la croyance en l’enfer : elle affirmait que c’était complètement « ringard », qu’au XXIème siècle on ne pouvait pas reprendre tels quels les mythes du Moyen-Age qui procédaient d’une pédagogie dépassée, basée sur la crainte, qu’enfin nous étions affranchis de ces fariboles par la connaissance du Dieu-Amour, qu’il était grand temps de dépasser une conception de Dieu vétéro-testamentaire, et que d’ailleurs personne n’était jamais revenu de l’enfer pour nous en prouver l’existence… etc.
Je lui ai donc demandé ce qu’il fallait répondre à cela. Il m’a alors dit qu’un prêtre qu’il avait connu se contentait de répondre par l’histoire suivante :
« Il y avait une fois deux jeunes poissons qui se promenaient ensemble.
Soudain, l’un d’eux s’écria : « Hé, dis donc, regarde un peu ce joli petit ver tout dodu… Nous allons nous faire un petit goûter bien sympa! »
- Non, non! répondit son compagnon. Ce joli petit ver appétissant est accroché à un hameçon ; l’hameçon est attaché à un fil invisible ; le fil invisible est retenu par une canne à pêche ; et au bout de la canne à pêche il y a un homme ! Si tu avales le petit ver, tu seras pris à l’hameçon et l’homme, tirant la canne à pêche, te sortira de l’eau et tu finiras dans une poêle à frire…
- Ha ha ha ! ricana le premier. Cette histoire de la poêle à frire, ma grand’mère me la racontait déjà quand j’étais petit pour me faire peur et m’empêcher ainsi de faire des bétises ! Mais ta poêle à frire n’est qu’une sorte de mythe moralisateur pour nous apprendre à rester dans le bon chemin, rien de plus… D’ailleurs aucun des poissons qui se sont affranchis de cette vieille histoire n’est jamais revenu pour nous en attester l’existence de ta fameuse poêle à frire ! Tu peux bien en rester à ces racontars de grand’mère, mais en ce cas tu ne seras jamais vraiment un poisson adulte, tu resteras dans un esprit de crainte puérile n’osant pas faire les expériences qui te permettent de juger par toi même…
Il alla donc croquer le petit ver dodu, fut tiré hors de l’eau, et finit lui aussi dans cette poêle à frire, dont il ne revint pas plus que les autres pour en attester l’existence à ses frères poissons. »
* * * * * * *
Dieu est amour, nous n’en doutons pas un seul instant.
C’est bien justement parce qu’Il nous aime qu’Il veut nous arracher au pouvoir de Satan et au péril de la damnation. Mais l’amour ne s’impose pas : Dieu nous a créés libres et, ce faisant, Il respecte notre liberté jusqu’à nous laisser le choix de refuser son amour en toute responsabilité et conscience.
Dieu ne ment pas : Il ne peut ni se tromper ni nous tromper.
Or la Révélation, contenue dans les Saintes Ecritures inspirées, nous enseigne de manière catégorique la réalité de l’enfer. Et si le Fils de Dieu S’est incarné, dans le but de souffrir la Passion ; s’Il est mort sur la Croix dans des tourments inouïs, c’est justement pour nous racheter par Son Sang précieux…
Etait-il besoin de toute cette souffrance et de ce sacrifice, sans cesse réactualisé et offert sur l’autel de la Sainte Messe, si tous les hommes étaient automatiquement sauvés ?
Les Saints Evangiles parlent en de nombreux endroits du « feu éternel préparé pour le démon et ses anges », de la « géhenne de feu », des « ténèbres extérieures, là où sont les cris et les grincements de dents » …etc.
Le Christ, en nous avertissant ainsi, ne nous prend pas pour des enfants, des éternels mineurs, des personnes incapables de choisir : bien au contraire, Il travaille à former notre jugement et à nous donner les éléments pour décider en toute liberté et responsabilité.
En ces dernières semaines de l’année liturgique, les textes que la Sainte Eglise soumet à notre méditation sont axés sur les fins dernières, non pour nous maintenir dans une crainte servile et paralysante, mais pour nous encourager à être pleinement adultes dans nos choix de vie, nos orientations, nos décisions quotidiennes, au regard de l’éternité…
Et Jésus lui-même a répondu à l’argument de ceux qui prétendent que personne n’est jamais revenu de l’enfer : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent… S’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourrait bien revenir de chez les morts qu’ils ne le croiraient point » (Luc XVI, 29-31).
Lully.