2025-5. Le 10 janvier, les dévots de Sainte Philomène célèbrent l’anniversaire de sa naissance.

10 janvier,
Cinquième jour dans l’octave de l’Epiphanie (cf. > ici) ;
Anniversaire de la naissance de Sainte Philomène ;
Anniversaire de la mort de la Vénérable Marie-Louise de Jésus (cf. > ici).

Canivet de Sainte Philomène avec les scènes de sa vie - blogue

Canivet XIXème siècle représentant Sainte Philomène
avec en médaillons des scènes de sa vie

       Malgré les efforts de l’enfer et de ses suppôts pour combattre, contester, édulcorer ou ridiculiser la dévotion envers Sainte Philomène, son culte non seulement perdure mais prend une expansion qu’il n’eût point été possible d’imaginer au début de la seconde moitié du XXème siècle.
Ainsi, non contents de célébrer dans l’allégresse sa fête principale soit au jour anniversaire de son martyre (le 10 août) soit le lendemain, 11 août, jour auquel le pape Léon XIII fixa sa fête dans le Missel romain, on constate que partout dans le monde, de très nombreux fidèles et prêtres marquent également, par des exercices de dévotion ou par la célébration d’une Messe votive, l’anniversaire de la naissance de Sainte Philomène, à la date du 10 janvier.

   Cette date du 10 janvier a été communiquée par la jeune martyre elle-même à la Vénérable Marie-Louise de Jésus (cf. > ici) lors d’une apparition dont elle gratifia la sainte religieuse le 3 août 1833. Le texte de cette révélation a été publié et diffusé avec l’imprimatur du Saint-Office (et pas simplement de l’ordinaire diocésain), accordé le 21 décembre 1833.
L’imprimatur n’engage certes pas la Sainte Eglise dans une sorte de reconnaissance de l’absolue authenticité historique des faits rapportés dans le texte de cette révélation, mais il garantit d’une part que cette révélation n’est ni le fait d’une élucubration de fausse mystique exaltée, ni le fait d’une illusion diabolique, mais bien le produit d’une authentique grâce céleste ; et d’autre part qu’il ne se trouve dans ce texte rien de contraire à la foi catholique et aux mœurs, et que l’on est donc raisonnablement fondé à y apporter sa créance.

   Sainte Philomène, en revanche, n’a pas révélé l’année de sa naissance, mais comme elle cite le nom de l’empereur qui fut son persécuteur – Dioclétien, qui régna du 20 novembre 284 au 1ᵉʳ mai 305 -, et qu’elle donne son âge au moment de son martyre (« J’allais sur la fin de mes treize ans ») la naissance de Sainte Philomène se trouverait donc le 10 janvier 289, si on admet que son martyre eut lieu le 10 août de l’an 302.

   Voici donc la traduction du texte de la révélation retranscrite par la Vénérable Marie-Louise de Jésus :

Sœur Marie-Louise de Jésus

« Véritable image de la servante de Dieu Sœur Marie-Louise de Jésus »
(image de dévotion avec une prière pour obtenir des grâces par son intercession)

       « Ma chère sœur, je suis la fille d’un prince qui gouvernait un petit état de la Grèce. Ma mère était aussi de sang royal. Comme ils étaient sans enfant et tous deux encore idolâtres, pour en obtenir, ils offraient continuellement des prières et des sacrifices à leurs faux dieux. Un docteur romain qui professait le christianisme, nommé Publius vivait dans un palais au service de mon père. Voyant l’affliction de mes parents, sous l’impulsion de l’Esprit Saint, il leur parla de notre foi et les assura que leurs prières seraient entendues s’ils embrassaient la religion chrétienne. Finalement, après mûre réflexion, ils reçurent le sacrement de baptême.

   Je suis née au début de l’année suivante, un 10 janvier, et à ma naissance, ils me donnèrent le nom de ‘Lumena’ ou ‘Lumière’, car j’étais née à la lumière de la Foi à laquelle mes parents étaient maintenant ardemment dévoués. Le jour de mon baptême, ils me nommèrent ‘Philomena’, c’est-à-dire ‘Fille de la lumière’. L’affection que mes parents me portaient était si grande qu’ils voulaient toujours m’avoir près d’eux. C’est pour cette raison qu’ils m’amenèrent à Rome avec eux à l’occasion d’un voyage que mon père devait faire en raison d’une guerre injuste dont il était menacé par l’arrogant Dioclétien. J’allais sur la fin de mes treize ans. Arrivés dans la capitale du monde, nous nous rendîmes au palais de l’empereur où on nous accorda une audience.

   Tandis que mon père plaidait sa cause avec ardeur et cherchait à se justifier, l’empereur ne me quittait pas des yeux et à la fin il déclara : « Cesse de te tourmenter ; tu peux être parfaitement rassuré ; il n’y a plus de raison de s’inquiéter. Au lieu de vous attaquer, je mettrai toutes les forces de l’Empire à votre disposition à la condition que tu me donnes la main de ta fille, la jolie Philomène ».

   Mes parents accédèrent à sa requête et, de retour chez nous, ils cherchèrent à me convaincre que j’allais être heureuse comme impératrice de Rome. Je rejetai leur offre sans aucune hésitation en leur disant que j’étais devenue l’épouse de Jésus-Christ par un vœu de chasteté prononcé lorsque j’avais onze ans. Mon père s’efforça alors de montrer qu’une enfant de mon âge ne pouvait pas disposer d’elle-même comme elle l’entendait et il exerça toute la force de son autorité pour me faire obéir.

   Lorsque l’empereur reçut ma réponse, il la considéra comme un simple prétexte pour briser la promesse qui lui avait été faite : « Amène-moi la princesse Philomène, dit-il à mon père, je verrai si je peux la persuader ».

   Mon père vint vers moi mais, voyant que j’étais inébranlable, lui et ma mère se jetèrent à mes pieds en m’implorant : « Mon enfant, aie pitié de ton père, de ta mère, de ton pays ! Aie pitié de notre royaume ! »

   « Non, non, ai-je répondu, Dieu et ma virginité que je Lui ai consacrée passent avant tout, avant vous, avant mon pays ! Mon royaume, c’est le Ciel ».

   Mes paroles les plongèrent dans le désespoir et il leur fallut m’emmener devant l’empereur qui, de son côté, fit tout en son pouvoir pour me gagner. Mais ses promesses, ses séductions, ses menaces furent également vaines. Il fut alors saisi d’un violent accès de colère et, influencé par le démon de l’impureté, il me fit jeter dans les prisons de son palais où l’on me chargea de chaînes.

Sainte Philomène dans sa prison

   Croyant que la douleur et la honte affaibliraient le courage que mon divin Epoux m’inspirait, il vint me voir chaque jour ; puis, après avoir détaché mes chaînes pour me permettre de prendre la petite portion de pain et d’eau que je recevais comme nourriture, il renouvela ses attaques dont certaines, sans la grâce de Dieu, auraient été fatales à ma pureté. Les échecs qu’il continua de rencontrer furent pour moi le prélude à de nouvelles tortures, mais la prière me soutenait. Je ne cessais de me recommander à Jésus et à Sa Mère très pure. Ma captivité durait depuis trente-sept jours lorsque, au milieu d’une lumière céleste, je vis Marie tenant son divin Fils dans ses bras.

   « Ma fille, me dit-elle, encore trois jours de prison et, après quarante jours, tu sortiras de cet état de douleur ».

   Mon cœur battait de joie à l’annonce de cette nouvelle mais, comme la Reine des anges avait ajouté que je devrais quitter cette prison pour soutenir, dans des tourments effrayants, un combat bien plus terrible que les précédents, je passai immédiatement de la joie à l’angoisse la plus cruelle ; je pensai qu’il me tuerait.

   « Courage, mon enfant, me dit Marie, ne sais-tu pas l’amour de prédilection que je te porte ? Le nom que tu as reçu au baptême en est l’assurance, par sa ressemblance avec celui de mon Fils et avec le mien. Tu es appelée Lumena ou Lumière. Mon Fils, ton Epoux, est appelé Lumière, Etoile, Soleil. Et ne suis-je pas moi-même appelée Aurore, Etoile, Lune dans la plénitude de son éclat, et Soleil ? Ne crains pas, je t’aiderai. C’est maintenant l’heure de la faiblesse humaine et de l’humiliation, mais au moment de l’épreuve, tu recevras grâce et force. En plus de ton ange gardien, tu auras aussi le mien, l’archange Gabriel, dont le nom signifie « la force du Seigneur ». Lorsque j’étais sur terre, il était mon protecteur. Je te recommanderai tout spécialement à ses soins, mon enfant bien-aimée ».

   Ces paroles de la Reine des vierges me redonnèrent courage et la vision disparut en laissant ma prison emplie d’un parfum céleste.

   L’empereur, désespérant de me faire accéder à ses désirs, eut alors recours à la torture pour me terrifier et m’amener à rompre mon vœu avec le Ciel. Il ordonna qu’on m’attachât à un pilier pour être fouettée sans merci tandis qu’on me lançait d’horribles blasphèmes.

   « Puisqu’elle est obstinée au point de préférer à un empereur un malfaiteur condamné à mort par Ses propres compatriotes, dit-il, elle mérite un châtiment approprié ».

   Le tyran, me voyant toujours aussi déterminée, bien que je ne sois qu’une plaie béante, ordonna qu’on me ramenât en prison pour y mourir dans les souffrances. Je souhaitais la mort pour m’envoler dans les bras de mon Epoux lorsque deux anges brillants apparurent qui versèrent un baume céleste sur mes plaies, et je fus guérie. Le lendemain matin, l’empereur fut surpris en apprenant la nouvelle. Me voyant plus forte et plus belle que jamais, il entreprit de me convaincre que je devais cette faveur à Jupiter, qui me destinait au diadème impérial.

Sainte Philomène secourue par les anges pendant son martyre

   Sous l’inspiration du Saint-Esprit, je rejetai ce sophisme et résistai à ses caresses. Fou de rage, il ordonna qu’on m’attachât au cou une ancre de fer et qu’on me précipitât dans le Tibre. Mais Jésus, pour montrer Son pouvoir et confondre les faux dieux, envoya deux anges pour m’aider. Ils coupèrent la corde et l’ancre tomba dans la rivière où elle demeura enfoncée dans la boue. Ils me déposèrent ensuite sur la rive sans qu’une seule goutte d’eau ait mouillé mes vêtements.

   Ce miracle convertit un grand nombre de spectateurs et Dioclétien, plus obstinément aveugle que Pharaon, déclara alors que je devais être une sorcière et ordonna qu’on me transperçât de flèches. Mortellement blessée et sur le point de mourir, on me jeta à nouveau en prison. Au lieu de la mort qui aurait normalement dû survenir, le Tout-Puissant me fit tomber dans un sommeil paisible dont je me réveillai plus belle qu’auparavant. Ce nouveau miracle mit l’empereur dans une fureur telle qu’il donna l’ordre de répéter cette torture jusqu’à ce que mort s’en suivît. Mais les flèches refusèrent de quitter les arcs. Dioclétien affirma que c’était le fait de la magie et, espérant que la sorcellerie serait impuissante contre le feu, il ordonna que les flèches fussent rougies au feu dans un brasier. Cette précaution fut inutile. Mon divin Epoux me sauva de la torture en retournant les flèches contre les archers, et six d’entre eux furent tués. Ce dernier miracle entraîna d’autres conversions et la foule commençait sérieusement à montrer des signes de mécontentement envers l’empereur, et même de révérence pour la sainte Foi.

   Par crainte de conséquences plus sérieuses, le tyran donna l’ordre de me couper la tête. Mon âme, glorieuse et triomphante monta vers le Ciel où je reçus la couronne de virginité que j’avais méritée par tant de victoires. Il était trois heures de l’après-midi, un dix août, qui était un vendredi.

   Voilà pourquoi Notre-Seigneur a voulu que mon corps fût ramené à Mugnano un dix août, et pourquoi Il accomplit tant de miracles en cette occasion. »

Autel avec les reliques de Sainte Philomène à Mugnano del Cardinale

Autel avec les reliques de Sainte Philomène
dans la basilique de Mugnano del Cardinale

2025-4. L’Epiphanie 2025 au Mesnil-Marie.

Mardi 7 janvier 2025,
2ème jour dans l’octave de l’Epiphanie ;
1er mardi du mois dédié à prier Saint Michel pour la France (cf. > ici) ;
Fête de la Nativité de NSJC pour tous les chrétiens qui suivent le calendrier julien.

Tolbiac conduisant l'étoile

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Conformément à la liturgie véritablement traditionnelle, c’est-à-dire exempte des abatardissements et édulcorations réformistes du XXème siècle, nous célébrons la très grande, très magnifique et très chère à nos cœurs fête de l’Epiphanie – fête majeure qui, en soi, est plus importante même que celle de Noël -, pendant huit jours : c’est l’octave de l’Epiphanie où chaque jour nous est donné de contempler extatiquement la sublimité de ce mystère unique accompli en trois événements pourtant distincts.

   Je ne résiste pas à vous montrer une photo que j’ai prise du gros Bréviaire romano-augustinien utilisé de manière habituelle par mon papa-moine (imprimé à Venise en 1717).

Epiphanie 2025 blogue bréviaire augustinien traditionnel

   Dimanche après-midi, après les premières vêpres de l’Epiphanie, j’ai aidé Frère Maximilien-Marie à disposer les personnages des trois Saints Rois Mages dans la Crèche, à la chapelle.

   Pendant les 12 jours qui courent de Noël à l’Epiphanie, notre Crèche (vénitienne elle aussi !) reste très humble et d’allure modeste, puisque elle est réduite à la seule Sainte Famille.

   L’avènement de l’Epiphanie produit une efflorescence de gloire qui la porte à sa plénitude, état dans lequel nous prierons désormais devant elle jusqu’au quarantième jour après la Nativité, à la Purification de Notre-Dame (2 février).

Epiphanie 2025 blogue 3

   Avec les aménagements et améliorations accomplis dans notre oratoire au printemps dernier, il nous a paru judicieux, cette année, d’installer la Crèche dans la petite « chapelle latérale » dédiée à Notre-Dame, juste sous la statue de Saint Joseph que votre générosité nous a permis d’acquérir l’été dernier (cf. > ici).

   La nouveauté de cette année, c’est que, grâce à la vente des cartes de vœux (et à une réduction conséquente consentie par notre fournisseur italien), nous avons pu ajouter un dromadaire aux personnages de la Crèche.

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   Aux pieds de l’Enfant-Dieu, nous avons disposé le coffret contenant l’or, l’encens et la myrrhe bénits (cf. > ici).
Dans un coffret plus petit, à côté, se trouvent les craies bénites (ibid.) destinées à marquer les maisons afin d’attirer sur elles la protection des Saints Rois Gaspard, Melchior et Balthasar.

   L’ « image » de couleur verte que vous voyez placée dans le couvercle du coffret est une relique de contact qui nous a été offerte et envoyée depuis la cathédrale de Cologne : elle a touché aux crânes des trois Saints Rois qui se trouvent (avec le reste de leurs précieuses dépouilles) dans la splendide châsse qui vous a été présentée dans ce blogue (cf. > ici).

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   Bien sûr, en ce 6 janvier, nous avons procédé au marquage rituel de tous nos linteaux de portes avec la craie bénite :

Epiphanie 2025 blogue 6

   Et nous avons également fait brûler de l’encens bénit, pour que sa suave odeur éloigne de notre ermitage les pestilentielles influences des esprits des ténèbres.

   Puisse l’intercession des Saints Rois Mages nous protéger toujours de toutes les formes du mal : du diable et de ses suppôts ; des personnes malveillantes ; du clergé moderniste avec ses poisons doctrinaux et sa spiritualité frelatée ; des dangers conséquents aux épisodes cévenols et aux tempêtes… etc.

Epiphanie 2025 blogue 5

   Laissez-moi aussi vous montrer maintenant une « vue générale » de notre oratoire, où il fait si bon prier et méditer dans le silence.
Vous remarquerez en particulier le nouvel antépendium qui a été disposé sur le devant de l’autel, réalisé par les doigts habiles de l’une de nos amies à partir d’une dentelle mécanique chinée il y a quelques mois par Frère Maximilien-Marie : cet antépendium représente la Nativité avec d’un côté un berger et son troupeau, et de l’autre l’adoration des Mages.

Epiphanie 2025 blogue 1

antependium

   Enfin, nous n’omettons pas, en cette fête de l’Epiphanie, que l’on appelle encore « Jour des Rois » dans la tradition française, de prier spécialement pour notre Souverain légitime, Celui qui est de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX.

   Nos Rois ont toujours eu une vénération particulière pour le mystère de l’Epiphanie, voyant dans les Saints Rois Mages les modèles et les protecteurs des Rois chrétiens.
Cela tombe sous le sens.

Epiphanie 2025 blogue 7

   Bien ! Après tous mes bavardages félins, je vous renouvelle les vœux chat-leureux que je vous avais déjà adressés ici, et vais de ce pas me régaler du produit de ma chasse…

pattes de chat Tolbiac.

Epiphanie 2025 blogue 2

2025-3. Récapitulatif de nos publications relatives à Sainte Angèle de Foligno.

4 janvier,
Fête de Sainte Angèle de Foligno, veuve ;
Mémoire de l’octave des Saints Innocents ;
8ème jour de la neuvaine aux Saints Rois Mages (cf. > ici).

   Vous trouverez ci-dessous la liste de tous les textes publiés dans ce blogue relatifs à Sainte Angèle de Foligno ou extraits de ses œuvres, avec les liens pour y accéder :

Châsse de Sainte Angèle de Foligno - blogue

Châsse de Sainte Angèle de Foligno

A – Présentation de la vie de Sainte Angèle de Foligno :

- Présentation de la vie et de l’œuvre de Sainte Angèle par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI > ici
-

B – Textes tirés des œuvres de Sainte Angèle de Foligno :

- Les voies de la délivrance > ici
- « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée » > ici
- La Croix et la bénédiction > ici
- Enseignements de Sainte Angèle de Foligno sur l’oraison > ici
- Dernière lettre de Sainte Angèle de Foligno > ici

C – Prières :

- Prières en l’honneur de Sainte Angèle de Foligno > ici

fresque ancienne représentant Sainte Angèle de Foligno

Prières en l’honneur de Sainte Angèle de Foligno, « Maîtresse des théologiens » :

Sainte Angèle de Foligno - châsseChâsse de Sainte Angèle de Foligno

Prière pour demander à Dieu de suivre les pas de Sainte Angèle de Foligno :

   O Dieu, qui, après l’avoir conduite Vous-même dans les voies de la pénitence et de la purification, avez donné à Sainte Angèle d’entrer dans une intimité profonde avec Votre Fils Crucifié et qui, par les illuminations du Saint-Esprit, l’avez amenée aux plus hauts sommets de la sagesse et de la science de Vos sublimes mystères, nous Vous le demandons humblement, par ses mérites et son intercession, accordez-nous de vivre, en ce monde, dans une humble et pleine cohérence avec les vérités que Vous avez révélées, afin d’arriver un jour à la béatitude éternelle où nous Vous contemplerons face à face.

Ainsi soit-il !

Le Christ apparaissant à Sainte Angèle de Foligno

Apparition du Christ à Sainte Angèle de Foligno

Prière écrite par S. Exc. Mgr. Siro Silvestri, évêque de Foligno :

   O glorieuse Sainte Angèle qui, éclairée par la grâce, dans le mépris et le renoncement à tout ce qui est éphémère, avez couru à grands « pas » sur le chemin de la Croix, vers Dieu « amour de l’âme », intercédez pour nous afin que nous puissions aimer le Seigneur comme vous L’avez vous-même aimé.
Apprenez-nous, ô Maîtresse spirituelle, à nous détacher des choses passagères de la terre, pour posséder Dieu, notre vraie richesse.

Ainsi soit-il !

Sainte Angèle de Foligno reçoit la Sainte Communion par la main d'un ange

Sainte Angèle de Foligno communiée par un ange

Prière adaptée d’une supplication en italien :

   Glorieuse Sainte Angèle, notre céleste modèle,
vous qui avez expérimenté la puissance de Dieu qui transcende tout et remplit tout, vous qui avez accueilli la Trinité Sainte de manière inconditionnelle, vous dont Dieu a fait une lumière pour ceux qui veulent entrer généreusement dans les voies de la conversion et de la pénitence, vous à laquelle ont été révélés les plus sublimes mystères de l’Amour divin,
soyez toujours pour nous une protection et un refuge dans les graves difficultés qui nous entravent, nous font craindre ou nous décourager, et menacent ainsi notre salut.

   Epouse de Celui qui fut crucifié sur le nouvel Arbre de Vie, et qui avez été élevée par Lui aux plus élevés des sommets de la science spirituelle, apprenez-nous à votre suite, ô Maîtresse des théologiens, à connaître toujours plus intimement le Cœur ouvert « en qui sont tous les trésors de la sagesse et de la science », par une fervente et inlassable prière contemplative. 

   Par l’union mystique qui vous a liée dès ici-bas au Christ Jésus Notre-Seigneur, et vous rend si proche de Lui pour l’éternité, obtenez pour nous de Dieu, qui vous a ouvert les secrets de Sa puissance, toutes les grâces nécessaires à notre salut, mais aussi la force et la santé, pour soutenir avec vaillance nos efforts spirituels.
Nous vous demandons enfin, avec une grande confiance, de nous obtenir la grâce de ………, si cela est conforme aux desseins sur nous de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel soit la gloire dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

Ainsi soit-il !

Sainte Angèle de Foligno - visage

Détail du gisant de Sainte Angèle de Foligno en lequel sont enfermées ses reliques

Prière écrite par S. Exc. Mgr. Giovanni Benedetti, évêque de Foligno :

   Nous Vous remercions, ô Seigneur, pour le don que Vous avez voulu faire à Votre Eglise, en appelant à la conversion la Bienheureuse Angèle.

   Nous adorons en elle le mystère de Votre miséricorde infinie, qui a voulu la guider, par le chemin de Croix, vers les hauteurs de la sainteté héroïque.
Eclairée par la prédication de Votre parole, purifiée par le sacrement de Votre pardon, elle est devenue un brillant exemple de vertus évangéliques, une sage enseignante et un guide sûr sur le chemin difficile de la perfection chrétienne.

   Confiants en son intercession, nous Vous prions, Seigneur : que le désir de conversion, chez ceux que Vous appelez du péché à la grâce, par le sacrement de Votre pardon, soit sincère et persévérant.
Et, nous Vous le demandons aussi, Seigneur, que le modèle de sainteté, que Vous avez Vous-même voulu nous donner dans la vie de la Bienheureuse Angèle, éclaire et soutienne ceux qui veulent imiter ses vertus au sein de nos familles, dans nos communautés religieuses, dans le monde ecclésial, et dans la vie de nos cités.

Ainsi-soit-il !

Intercession de Sainte Angèle de Foligno

Intercession de Sainte Angèle de Foligno

Invocations à Sainte Angèle de Foligno, traduites de l’italien par nos soins :

   O Bienheureuse Angèle, qui, écrivant à l’un de vos disciples, lui avez adressé le vœu « que la lumière, l’amour et la paix du Dieu Très-Haut soient avec toi », obtenez du Seigneur ces trois dons très précieux à la communauté chrétienne et au monde entier, menacé par de grandes épreuves et d’innombrables dangers. 

Ainsi soit-il !

   Bienheureuse Angèle, qui avez contemplé, en participant intimement participation à Ses souffrances, le Christ déchiré, crucifié et mort pour nous, obtenez-nous du Seigneur le don de comprendre Ses douleurs physiques et spirituelles, de prendre notre part des souffrances de toutes sortes qui affectent Son Corps mystique, et de ne pas nous décourager ni nous laisser ébranler dans les moments difficiles de cette vie.

Ainsi soit-il !

 Gravure baroque de Sainte Angèle de Foligno

2025-2. Les étrennes des chrétiens.

1er janvier,
Fête de la Circoncision de Notre-Seigneur en l’octave de Sa Nativité ;
Jour de l’an.

       Comme cela se fait de nos jours, le début de l’année civile était, dans l’Antiquité, l’occasion de réjouissances païennes et l’on s’offrait mutuellement des étrennes. Dans le sermon dont nous reproduisons ci-dessous le texte, notre Bienheureux Père Saint Augustin exhorte les fidèles à ne pas se réjouir à la manière des païens et à ne pas se fourvoyer en réjouissances frivoles qui ne sont pas cohérentes avec la foi qu’ils professent. Au sujet des étrennes, consistant à faire des présents à des personnes qui nous en offrent, il engage plutôt à la pratique de l’aumône envers les nécessiteux.

Murillo - Saint Augustin avec la Vierge et l'Enfant Jésus - Séville

Bartolomé Estéban Murillo (1617-1682) :
Saint Augustin avec la Vierge et l’Enfant Jésus qui blesse son cœur d’amour

[Musée des Beaux-arts de Séville]

Les étrennes des chrétiens

(sermon CXCVIII de notre Bienheureux Père Saint Augustin)

   1. Introduction du discours : Saint Augustin part d’une citation du psaume CV qui a été chanté pour exhorter les fidèles à ne pas se réjouit à la manière des païens au début de l’année nouvelle :

   En vous voyant réunis aujourd’hui comme pour un jour de fête et plus nombreux que de coutume, nous invitons votre charité à se rappeler ce qu’elle vient de chanter, à n’avoir pas le cœur muet quand la langue parle si haut, à porter avec ardeur jusqu’aux oreilles de Dieu ce que vous avez fait entendre extérieurement aux oreilles les uns des autres.
Voici en effet ce que vous venez de chanter : « Sauvez-nous, Seigneur notre Dieu, et rassemblez-nous du milieu des gentils, afin que nous bénissions votre nom » (Ps. CV, 47). Or, vous serez séparés des gentils si vous ne prenez aucun plaisir à ce qu’ils font aujourd’hui, à leurs joies profanes et charnelles, au bruit de leurs chants si vains et si honteux, à leurs festins et à leurs danses ignobles, à la solennité et à la fête menteuse qu’ils célèbrent.

vignette augustinienne

   2. La séparation d’avec les gentils doit s’entendre, davantage que la séparation des corps, une séparation des mœurs. Or les gentils se livrent aujourd’hui à des divertissements indignes d’un chrétien, et se donnent réciproquement des étrennes : contrebalancez ces pratiques par l’aumône et les exercices de piété

   Oui, vous avez chanté, et l’écho de ce chant sacré est encore à vos oreilles : « Sauvez-nous, Seigneur notre Dieu, et rassemblez-nous du milieu des gentils ».
Comment être rassemblés du milieu des gentils autrement qu’en se sauvant ?

   Rester mêlé au milieu d’eux, c’est ne pas se sauver ; mais se rassembler du milieu d’eux, c’est obtenir le salut que donne la foi, que donne l’espérance, que donne une charité sincère, en un mot le salut spirituel attaché aux promesses de Dieu.
Il ne suffit donc pas, pour être sauvé, de croire, d’espérer et d’aimer ; l’important est ce que l’on doit croire, espérer et aimer ; car nul ne vit ici-bas sans ces trois sentiments de foi, d’espérance et d’amour.
Mais pour être rassemblé du milieu des gentils, c’est-à-dire pour être séparé d’eux, il ne faut ni croire ce qu’ils croient, ni espérer ce qu’ils espèrent, ni aimer ce qu’ils aiment.

   Ainsi séparé d’esprit, ne crains pas d’être de corps parmi eux. Se peut-il une différence plus tranchée entre eux et toi que de croire de ton côté qu’il n’y a qu’un Dieu unique et véritable, quand ils croient, eux, que les démons sont des dieux ; que d’espérer, comme tu le fais, la vie éternelle avec le Christ, quand ils espèrent, eux, les frivolités du siècle ; que d’aimer avec toi le Créateur du monde, quand eux n’aiment que le monde ?

   Mais si on diffère d’eux par la foi, par l’espérance et par l’amour, on doit le prouver par sa vie, le montrer par ses actions. Si tu dois donner des étrennes, te livrer à des jeux de hasard et à l’ivresse comme un païen, as-tu une autre foi, une autre espérance, un amour autre que Lui, et comment oses-tu lever le front pour chanter : « Sauvez-nous, Seigneur notre Dieu, et rassemblez-nous du milieu des gentils » ?

   Cette séparation consiste à mener une vie différente de celle des gentils, tout en demeurant extérieurement au milieu d’eux.
Combien doit être tranchée cette différence ? Reconnaissez-le, si toutefois vous voulez la faire passer dans votre vie. N’est-il pas vrai que le Fils de Dieu, Jésus-Christ Notre-Seigneur, après S’être fait homme pour l’amour de nous, a payé Lui-même notre rançon ? Il l’a payée de Son Sang, Il l’a payée pour nous racheter et nous rassembler du milieu des gentils.

   Or, en te mêlant à eux, tu refuses de marcher à la suite de ton Rédempteur, et tu t’y mêles par ta vie, par tes actions par les sentiments de ton cœur, par la communauté de foi, d’espérance et d’amour ; tu te montres, par là, ingrat envers ton Sauveur, sans égard pour ta rançon, pour le Sang de l’Agneau sans tache.    

   De grâce donc, pour suivre ton Rédempteur, Celui qui t’a racheté de Son Sang, évite de te mêler aux gentils par la ressemblance des mœurs et de la conduite. Eux donnent des étrennes : faites-vous, des aumônes. Ils se distraient par des chant lascifs : sachez vous distraire par les paroles de l’Ecriture. Ils courent au théâtre : courez à l’église. Ils s’enivrent : jeûnez ; et si vous ne pouvez jeûner aujourd’hui, mangez avec sobriété.
Vous conduire ainsi, ce sera avoir chanté dignement : « Sauvez-nous, Seigneur notre Dieu, et rassemblez-nous du milieu des gentils ».

vignette augustinienne

3. L’exigence de la cohérence entre la foi et les mœurs.

   Mais beaucoup vont se préoccuper aujourd’hui d’un mot qu’ils ont entendu. Nous avons dit : Ne donnez point d’étrennes, donnez plutôt aux pauvres. Ce n’est pas assez de donner autant, donnez encore plus. Ne voulez-vous point donner davantage ? donnez au  moins autant.
— Mais, répliques-tu, lorsque je donne des étrennes, j’en reçois aussi.
— Et quand tu donnes aux pauvres, ne reçois-tu rien ?
Assurément tu ne voudrais ni croire ce que croient les gentils ni espérer ce qu’ils espèrent. Si néanmoins tu répètes que tu ne reçois rien en donnant aux pauvres, tu fais partie des gentils ; c’est sans résultat que tu as chanté : « Sauvez-nous, Seigneur notre Dieu et rassemblez-nous du milieu des gentils ». N’oublie pas cette recommandation : « Ce qui donne aux pauvres ne sera jamais dans le besoin » (Prov. XXVIII, 26). Tu ne te souviens donc pas de ce que dira le Seigneur à ceux qui auront
 assisté les indigents : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume » ; ni des paroles qu’il adressera à ceux qui ne les auront pas assistés : « Jetez-les au feu éternel » (Matth. XXV 34, 41) ?

   S’il en est ici qui ne m’ont pas entendu avec plaisir, il en est sûrement qui sont satisfaits. C’est à ces vrais chrétiens que je m’adresse pour le moment. Si votre foi, si votre espérance, si votre amour différent des leurs, vivez autrement qu’eux et montrez par la différence de vos mœurs cette autre différence.
Ecoutez l’avertissement de l’Apôtre : « Ne traînez point le même joug que les infidèles. Quoi de commun entre la justice et l’iniquité ? ou quelle alliance entre la lumière et les ténèbres ? Quel commerce entre le fidèle et l’infidèle ? Quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles ? » (2 Cor. VI, 14-15) Il dit encore ailleurs : « Ce qu’immolent les gentils, ils l’immolent aux démons et non à Dieu. Je ne veux pas, s’écrie-t-il, que vous ayez aucune société avec les démons » (1 Cor, X, 20).

   Les mœurs des gentils plaisent à leurs dieux. L’Apôtre donc en disant : « Je ne veux pas que vous fassiez société avec les démons », entend que les chrétiens se distingueront, par leur conduite et par leurs mœurs, des esclaves des démons. Ces démons aiment les chants frivoles, les spectacles bouffons, les hontes multipliées du théâtre, la folie du cirque, la cruauté de l’amphithéâtre, les combats animés de ceux qui luttent et disputent, souvent jusqu’à l’inimitié, en faveur d’hommes pestilentiels, en faveur d’un comédien, d’un historien, d’un pantomime, d’un cocher, d’un gladiateur. Ces actes sont comme de l’encens offert dans leurs cœurs aux démons, car ces esprits séducteurs prennent plaisir à faire des dupes ; ils se repaissent en quelque sorte des iniquités, des hontes et des infamies de leurs victimes.

   « Pour vous, comme dit l’Apôtre, ce n’est pas ainsi que vous connaissez le Christ, si toutefois vous L’avez écouté et si vous avez été formés à Son école (Eph. IV 20, 21). N’ayez donc point de commerce avec eux. Car, si autrefois vous étiez ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur ; conduisez-vous comme des enfants de lumière » (Ibid. V 7-8), afin que nous aussi, qui vous annonçons la divine parole, nous puissions, avec vous et à cause de vous, nous réjouir à cette lumière éternelle.

Murillo - Saint Augustin avec la Vierge et l'Enfant Jésus - Séville détail

2025-1. Vœux pour l’an de grâce 2025.

Mercredi 1er janvier 2025,
Fête de la Circoncision de Notre-Seigneur au jour octave de Sa Nativité.

Guirlande de sapin - gif

Bonne & Sainte Année 2025 !

       Puissent ces modestes lignes vous être l’assurance des prières ferventes et amicales que nous déposons à votre intention et à vos intentions dans les Cœurs unis de Jésus et de Marie, bien chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion et lecteurs de ce blogue, les priant de vous bénir et protéger, vous et tous ceux qui vous sont chers. 

   Nous prions très spécialement, en ce premier jour de l’an, pour tous ceux qui sont affrontés à la maladie et à l’épreuve, de diverses manières, pour tous nos amis et connaissances qui sont aux prises avec la souffrance, dans leur âme et dans leur corps…

   Nous avons – hélas ! – une bien longue liste à présenter à l’intercession de Notre-Dame de Compassion et de Sainte Philomène, et nous entretenons à leur intention des veilleuses devant elles, pour que, la vive flamme de l’espérance ne vacille jamais dans le cœur de ceux qui, avec leur amitié, nous font l’honneur de leur confiance.

Que la sérénité intérieure, la force et la consolation, soient avec vous tous,
tout au long de ces jours, de ces semaines et de ces mois à venir !

Ainsi soit-il !

Vierge de tendresse voeux 2025 - blogue

2024-293. Leçons historiques des matines de la fête de Saint Silvestre 1er, pape et confesseur.

31 décembre,
Fête de Saint Sylvestre 1er, pape et confesseur ;
dernier jour de l’année civile.

       La vie de Saint Silvestre (ou Sylvestre) est très riche. Dans un premier temps, on peut en découvrir un résumé au moyen des lectures historiques qui sont au Bréviaire romain au deuxième nocturne des matines de sa fête :

Eglise de Saint Silvestre à Rome statue au faîte de la façade

Giovanni Antonio Cybei (1706-1784) : Saint Silvestre (vers 1772)
[Pise, église Saint-Silvestre]

Leçons du deuxième nocturne des matines

de la fête de

Saint Silvestre 1er, pape et confesseur

Quatrième leçon : 

   Silvestre était romain, et son père se nommait Rufin. Dès sa jeunesse, il eut pour maître le prêtre Cyrinus, dont il imita parfaitement la science et les mœurs. Tant que sévit la persécution, il demeura caché sur le mont Soracte ; mais à l’âge de trente ans, il fut ordonné prêtre de la Sainte Eglise romaine, par le Pontife Marcellin. Comme il s’acquittait de cet office d’une manière digne de toute louange, surpassant tous les autres clercs, il fut, dans la suite, choisi pour succéder au Pape Melchiade, sous l’empereur Constantin, qui venait d’accorder, par une loi la paix à l’Eglise du Christ.
Dès qu’il eut pris en main le gouvernement de l’Eglise, il encouragea fortement Constantin, illustre déjà par l’apparition d’une croix dans le ciel et par sa victoire sur le tyran Maxence, à protéger et à propager la religion chrétienne.
Comme une vieille tradition de l’Eglise romaine le rapporte, il lui fit reconnaître les portraits des Apôtres, le lava dans les eaux du saint baptême et le purifia de la lèpre de l’infidélité.

Baptême de Constantin par St Silvestre - Vatican salle de Constantin

Giulio Romano (vers 1492 – 1546) :
baptême de Constantin par Saint Silvestre (détail – 1524)

[Vatican, palais apostolique, salle de Constantin]

Cinquième leçon : 

   Aussi le pieux empereur, à l’instigation de Silvestre, auquel il avait accordé la faculté de construire des temples publics pour les fidèles du Christ, confirma cette faculté de son propre exemple. Il érigea, en effet, beaucoup de basiliques : celle de Latran, dédiée au Christ Sauveur, de Saint Pierre au Vatican, de Saint Paul sur la voie d’Ostie, de Saint Laurent dans l’Agro Verano, de la Sainte Croix dans le palais Sessorianus, des Saints Pierre et Marcellin et de Sainte Agnès sur les voies Lavicane et Nomentane, et d’autres encore. L’empereur les orna avec splendeur d’images saintes, et les enrichit avec magnificence par les dons et les domaines qu’il leur assigna.
Sous le pontificat de Silvestre fut tenu le premier concile de Nicée, où ses légats présidèrent et où Constantin assista. La sainte foi catholique y fut expliquée par trois cent dix-huit évêques ; Arius et ses sectateurs furent condamnés. A la demande des Pères, Silvestre confirma encore ce concile dans un synode tenu à Rome, où Arius fut de nouveau condamné.
Silvestre rendit beaucoup de décrets utiles à l’Église de Dieu, et qui restent connus sous son nom : à savoir, que l’évêque seul consacrerait le Chrême ; que, dans l’administration du baptême, le prêtre oindrait avec du Chrême le sommet de la tête du baptisé ; que les diacres porteraient la dalmatique à l’église, qu’ils auraient sur le bras gauche le manipule de lin ; enfin que le sacrifice de l’autel ne serait offert que sur un voile de lin.

Donation de Constantin - giulio romano

Giulio Romano (vers 1492 – 1546) :
la donation de Constantin à Saint Silvestre (détail – 1524)

[Vatican, palais apostolique, salle de Constantin]

Sixième leçon : 

   On rapporte que Saint Silvestre fixa aussi, pour tous ceux qui entreraient dans les ordres, un certain temps, durant lequel ils devraient exercer successivement leur ordre dans l’Eglise, avant d’être élevés au degré supérieur. Il statua encore qu’un laïque ne pourrait porter d’accusation contre un ecclésiastique, et qu’un clerc ne plaiderait pas sa cause devant un tribunal séculier.
Il voulut qu’à l’exception du samedi et du dimanche, les jours de la semaine fussent désignés sous le nom de féries, comme on avait déjà commencé à le faire auparavant dans l’Eglise, pour signifier que les clercs doivent ne s’occuper absolument que de Dieu seul, se dégageant de tout ce qui est étranger à Son service.
La grande sainteté de Silvestre, et sa bonté envers les pauvres, répondirent constamment à cette sagesse céleste avec laquelle il gouvernait l’Eglise. Il pourvut à ce que les ecclésiastiques dans le besoin vécussent en commun avec ceux qui étaient riches, et à ce que l’on procurât aux vierges consacrées les ressources nécessaires pour leur subsistance.
Il vécut dans le pontificat vingt et un ans, dix mois et un jour. Il fut enterré dans le cimetière de Priscille, sur la voie Salaria. En sept ordinations du mois de décembre, il ordonna quarante-deux prêtres et vingt-cinq diacres et consacra soixante-cinq évêques pour divers lieux.

Reliques de Saint Silvestre à l'abbaye de nonantola

Reliques de Saint Silvestre à l’abbaye Saint-Silvestre de Nonantole (Emilie, Italie)

2024-292. Blaise Pascal : « Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies ».

       La saison hivernale (mais pas seulement), la faiblesse de nos constitutions, le vieillissement de nos corps, les conséquences de certaines de nos actions, l’hérédité parfois, et, à la source, le péché originel et ses conséquences en chacun des descendants d’Adam, sont la cause de biens des maladies, plus ou moins graves, plus ou moins longues. Nos corps sont alors aux prises avec la souffrance, et cet état influe aussi, assez souvent, sur nos réactions psychologiques et spirituelles.

   Voici un très beau texte – et, certes, un peu long : mais il peut être utilisé par fragments ou paragraphes -, rédigé par Blaise Pascal (probablement en 1648), intitulé : « Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies ».
Ce qu’il exprime est pénétré des plus authentiques sentiments chrétiens. Sa méditation et son approfondissement répété (bien plutôt qu’une simple lecture), pourront se révéler très profitables à nos amis comme il l’est à nous-mêmes, lorsqu’ils se trouveront en proie à la souffrance, et ce d’autant plus qu’on y trouve exprimées des vérités catholiques fort peu enseignées de nos jours (voire contestées par les modernistes) alors qu’elles appartiennent à la grande tradition spirituelle depuis les saints apôtres eux-mêmes.

Nous avons gardé à ce texte la graphie de Blaise Pascal.

Blaise Pascal - film de Roberto Rossellini

Blaise Pascal (1623-1662) pendant sa dernière agonie
photographie extraite du film de Roberto Rossellini (1972)

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

Prière pour demander à Dieu

le bon usage des maladies

   I. Seigneur, dont l’esprit est si bon et si doux en toutes choses, et qui êtes tellement miséricordieux, que non seulement les prospérités, mais les disgrâces mêmes qui arrivent à vos élus sont des effets de votre miséricorde, faites-moi la grâce de ne pas agir en païen dans l’état où votre justice m’a réduit ; que, comme un vrai chrétien, je vous reconnaisse comme mon Père et mon Dieu, en quelque état que je me trouve, puisque le changement de ma condition n’en apporte pas à la vôtre ; que vous êtes toujours le même, quoique je sois sujet au changement ; et que vous n’êtes pas moins Dieu quand vous affligez et quand vous punissez, que quand vous consolez et quand vous usez d’indulgence.

   II. Vous m’aviez donné la santé pour vous servir, et j’en ai fait un usage tout profane. Vous m’envoyez maintenant la maladie pour me corriger ; ne permettez pas que j’en use pour vous irriter par mon impatience. J’ai mal usé de ma santé, et vous m’en avez justement puni. Ne souffrez pas que j’use mal de votre punition. Et puisque la corruption de ma nature est telle qu’elle me rend vos faveurs pernicieuses, faites, ô mon Dieu ! que votre grâce toute puissante me rende vos châtiments salutaires. Si j’ai eu le cœur plein de l’affection du monde pendant qu’il a eu quelque vigueur, anéantissez cette vigueur pour mon salut ; et rendez-moi incapable de jouir du monde, soit par faiblesse de corps, soit par zèle de charité, pour ne jouir que de vous seul.

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

   III. O Dieu, devant qui je dois rendre un compte exact de toutes mes actions à la fin de ma vie et à la fin du monde ! O Dieu, qui ne laissez subsister le monde que pour exercer vos élus, ou pour punir les pécheurs ! O Dieu, qui laissez les pécheurs endurcis dans l’usage délicieux et criminel du monde ! O Dieu, qui faites mourir nos corps, et qui, à l’heure de la mort, détachez notre âme de tout ce qu’elle aimait au monde ! O Dieu, qui m’arracherez, à ce dernier moment de ma vie, de toutes les choses auxquelles je me suis attaché, et où j’ai mis mon cœur ! O Dieu, qui devez consumer au dernier jour le ciel et la terre et toutes les créatures qu’ils contiennent, pour montrer à tous les hommes que rien ne subsiste que vous, et qu’ainsi rien n’est digne d’amour que vous, puisque rien n’est durable que vous ! O Dieu, qui devez détruire toutes ces vaines idoles et tous ces funestes objets de nos passions ! Je vous loue, mon Dieu, et je vous bénirai tous les jours de ma vie, de ce qu’il vous a plu prévenir en ma faveur ce jour épouvantable, en détruisant à mon égard toutes choses, dans l’affoiblissement où vous m’avez réduit. Je vous loue, mon Dieu, et je vous bénirai tous les jours de ma vie, de ce qu’il vous a plu me réduire dans l’incapacité de jouir des douceurs de la santé et des plaisirs du monde, et de ce que vous avez anéanti en quelque sorte, pour mon avantage, les idoles trompeuses que vous anéantirez effectivement pour la confusion des méchans au jour de votre colère. Faites, Seigneur, que je me juge moi-même, ensuite de cette destruction que vous avez faites à mon égard, afin que vous ne me jugiez pas vous-même, ensuite de l’entière destruction que vous ferez de ma vie et du monde. Car, Seigneur, comme à l’instant de ma mort je me trouverai séparé du monde, dénué de toutes choses, seul en votre présence, pour répondre à votre justice de tous les mouvemens de mon cœur, faites que je me considère en cette maladie comme en une espèce de mort, séparé du monde, dénué de tous les objets de mes attachemens, seul en votre présence, pour implorer de votre miséricorde la conversion de mon cœur ; et qu’ainsi j’aie une extrême consolation de ce que vous m’envoyez maintenant une espèce de mort pour exercer votre miséricorde, avant que vous m’envoyiez effectivement la mort pour exercer votre jugement. Faites donc, ô mon Dieu, que comme vous avez prévenu ma mort, je prévienne la rigueur de votre sentence, et que je m’examine moi-même avant votre jugement, pour trouver miséricorde eu votre présence.

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

   IV. Faites, ô mon Dieu ! que j’adore en silence l’ordre de votre providence adorable sur la conduite de ma vie ; que votre fléau me console ; et qu’ayant vécu dans l’amertume de mes péchés pendant la paix, je goûte les douceurs célestes de votre grâce durant les maux salutaires dont vous m’affligez ! Mais je reconnois, mon Dieu, que mon cœur est tellement endurci et plein des idées, des soins, des inquiétudes et des attachemens du monde, que la maladie non plus que la santé, ni les discours, ni les livres, ni vos Écritures sacrées, ni votre Évangile, ni vos mystères les plus saints, ni les aumônes, ni les jeûnes, ni les mortifications, ni les miracles. ni l’usage des sacremens, ni le sacrifice de votre corps, ni tous mes efforts, ni ceux de tout le monde ensemble, ne peuvent rien du tout pour commencer ma conversion, si vous n’accompagnez toutes ces choses d’une assistance toute extraordinaire de votre grâce. C’est pourquoi, mon Dieu, je m’adresse à vous, Dieu tout-puissant. pour vous demander un don que toutes les créatures ensemble ne peuvent m’accorder. Je n’aurois pas la hardiesse de vous adresser mes cris, si quelque autre pouvoit les exaucer. Mais, mon Dieu, comme la conversion de mon cœur, que je vous demande, est un ouvrage qui passe tous les efforts de la nature, je ne puis m’adresser qu’à l’auteur et au maitre tout-puissant de la nature et de mon cœur. A qui crierai-je, Seigneur, à qui aurai-je recours, si ce n’est à vous ? Tout ce qui n’est pas Dieu ne peut pas remplir mon attente. C’est Dieu même que je demande et que je cherche : et c’est a vous seul, mon Dieu, que je m’adresse pour vous obtenir. Ouvrez mon cœur, Seigneur ; entrez dans cette place rebelle que les vices ont occupée. Ils la tiennent sujette. Entrez-y comme dans la maison du fort [cf. Luc XI, 21] ; mais liez auparavant le fort et puissant ennemi qui la maîtrise, et prenez ensuite les trésors qui y sont. Seigneur, prenez mes affections que le monde avoit volées ; volez vous-même ce trésor, ou plutôt reprenez-le, puisque c’est à vous qu’il appartient, comme un tribut que je vous dois, puisque votre image y est empreinte. Vous l’y aviez formée, Seigneur, au moment de mon baptême qui est ma seconde naissance : mais elle est toute effacée. L’idée du monde y est tellement gravée, que la vôtre n’est plus connoissable. Vous seul avez pu créer mon âme ; vous seul pouvez la créer de nouveau ; vous seul y avez pu former votre image, vous seul pouvez la réformer, et y réimprimer votre portrait effacé, c’est-à-dire Jésus-Christ mon Sauveur, qui est votre image et le caractère de votre substance.

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

   V. O mon Dieu ! qu’un cœur est heureux qui peut aimer un objet si charmant, qui ne le déshonore point, et dont l’attachement lui est si salutaire ! Je sens que je ne puis aimer le monde sans vous déplaire, sans me nuire et sans me déshonorer ; et néanmoins le monde est encore l’objet de mes délices. O mon Dieu ! qu’une âme est heureuse dont vous êtes les délices, puisqu’elle peut s’abandonner à vous aimer, non-seulement sans scrupule, mais encore avec mérite ! Que son bonheur est ferme et durable, puisque son attente ne sera point frustrée, parce que vous ne serez jamais détruit, et que ni la vie ni la mort ne la sépareront jamais de l’objet de ses désirs ; et que le même moment qui entraînera les méchans avec leurs idoles dans une ruine commune, unira les justes avec vous dans une gloire commune ; et que comme les uns périront avec les objets périssables auxquels ils se sont attachés, les autres subsisteront éternellement dans l’objet éternel et subsistant par soi-même auquel ils se sont étroitement unis ! Oh ! qu’heureux sont ceux qui avec une liberté entière et une pente invincible de leur volonté aiment parfaitement et librement ce qu’ils sont obligés d’aimer nécessairement !

   VI. Achevez, ô mon Dieu, les bons mouvemens que vous me donnez. Soyez-en la fin comme vous en êtes le principe. Couronnez vos propres dons : car je reconnois que ce sont vos dons. Oui, mon Dieu : et bien loin de prétendre que mes prières aient du mérite qui vous oblige de les accorder de nécessité, je reconnois très-humblement qu’ayant donné aux créatures mon cœur, que vous n’aviez formé que pour vous, et non pas pour le monde, ni pour moi-même, je ne puis attendre aucune grâce que de votre miséricorde, puisque je n’ai rien en moi qui vous y puisse engager, et que tous les mouvemens naturels de mon cœur, se portant vers les créatures ou vers moi-même, ne peuvent que vous irriter. Je vous rends donc grâce, mon Dieu, des bons mouvemens que vous me donnez, et de celui même que vous me donnez de vous en rendre grâces.

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

   VII. Touchez mon cœur du repentir de mes fautes, puisque, sans cette douleur intérieure, les maux extérieurs dont vous touchez mon corps me seroient une nouvelle occasion de péché. Faites-moi bien connoître que les maux du corps ne sont autre chose que la punition et la figure tout ensemble des maux de l’âme. Mais, Seigneur, faites aussi qu’ils en soient le remède, en me faisant considérer, dans les douleurs que je sens, celle que je ne sentois pas dans mon âme, quoique toute malade et couverte d’ulcères. Car, Seigneur, la plus grande de ses maladies est cette insensibilité et cette extrême foiblesse, qui lui avoit ôté tout sentiment de ses propres misères. Faites-les-moi sentir vivement, et que ce qui me reste de vie soit une pénitence continuelle pour laver les offenses que j’ai commises.

   VIII. Seigneur, bien que ma vie passée ait été exempte de grands crimes, dont vous avez éloigné de moi les occasions, elle vous a été néanmoins très-odieuse par sa négligence continuelle, par le mauvais usage de vos plus augustes sacremens, par le mépris de votre parole et de vos inspirations, par l’oisiveté et l’inutilité totale de mes actions et de mes pensées, par la perte entière du temps que vous ne m’aviez donné que pour vous adorer, pour rechercher en toutes mes occupations les moyens de vous plaire, et pour faire pénitence des fautes qui se commettent tous les jours, et qui même sont ordinaires aux plus justes ; de sorte que leur vie doit être une pénitence continuelle sans laquelle ils sont en danger de déchoir de leur justice. Ainsi, mon Dieu, je vous ai toujours été contraire.

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

   IX. Oui. Seigneur, jusqu’ici j’ai toujours été sourd à vos inspirations, j’ai méprisé vos oracles ; j’ai jugé au contraire de ce que vous jugez ; j’ai contredit aux saintes maximes que vous avez apportées au monde du sein de votre père éternel, et suivant lesquelles vous jugerez le monde. Vous dites : « Bienheureux sont ceux qui pleurent, et malheur à ceux qui sont consolés [cf. Luc VI, 21, 24] ! » Et moi j’ai dit : « Malheureux ceux qui gémissent, et très·heureux ceux qui sont consolés ! » J’ai dit : « Heureux ceux qui jouissent d’une fortune avantageuse, d’une réputation glorieuse et d’une santé robuste ! » Et pourquoi les ai-je réputés heureux, sinon parce que tous ces avantages leur fournissoient une facilité très-ample de jouir ces créatures, c’est-à-dire de vous offenser ? Oui, Seigneur, je confesse que j’ai estimé la santé un bien, non pas parce qu’elle est un moyen facile pour vous servir avec utilité, pour consommer plus de soins et de veilles à votre service, et pour l’assistance du prochain ; mais parce qu’a sa faveur je pouvois m’abandonner avec moins de retenue dans l’abondance des délices de la vie, et en mieux goûter les funestes plaisirs. Faites-moi la grâce, Seigneur, de réformer ma raison corrompue, et de conformer mes sentimens aux vôtres. Que je m’estime heureux dans l’affliction, et que dans l’impuissance d’agir au dehors, vous purifiiez tellement mes sentimens qu’ils ne répugnent plus aux vôtres ; et qu’ainsi je vous trouve au dedans de moi-même, puisque je ne puis vous chercher au dehors à cause de ma foiblesse. Car, Seigneur, votre royaume est dans vos fidèles : et je le trouverai dans moi-même, si j’y trouve votre esprit et vos sentimens.

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

   X. Mais, Seigneur, que ferai-je pour vous obliger à répandre votre esprit sur cette misérable terre ? Tout ce que je suis vous est odieux, et je ne trouve rien en moi qui vous puisse agréer. Je n’y vois rien, Seigneur, que mes seules douleurs, qui ont quelque ressemblance avec les vôtres. Considérez donc les maux que je souffre et ceux qui me menacent. Voyez d’un œil de miséricorde les plaies que votre main m’a faites, ô mon Sauveur, qui avez aimé vos souffrances en la mort ! ô Dieu, qui ne vous êtes fait homme que pour souffrir plus qu’aucun homme pour le salut des hommes ! ô Dieu, qui ne vous êtes incarné après le péché des hommes et qui n’avez pris un corps que pour y souffrir tous les maux que nos péchés ont mérités ! ô Dieu, qui aimez tant les corps qui souffrent, que vous avez choisi pour vous le corps le plus accablé de souffrances qui ait jamais été au monde ! Ayez agréable mon corps, non pas pour lui-même, ni pour tout ce qu’il contient, car tout y est digne de votre colère, mais pour les maux qu’il endure, qui seuls peuvent être dignes de votre amour. Aimez mes souffrances, Seigneur, et que mes maux vous invitent à me visiter. Mais pour achever la préparation de votre demeure, faites, ô mon Sauveur, que si mon corps a cela de commun avec le vôtre qu’il souffre pour mes offenses, mon âme ait aussi cela de commun avec la vôtre, qu’elle soit dans la tristesse pour les mêmes offenses : et qu’ainsi je souffre avec vous, et comme vous, et dans mon corps. et dans mon âme, pour les péchés que j’ai commis.

   XI. Faites-moi la grâce, Seigneur, de joindre vos consolations à mes souffrances, afin que je souffre en chrétien. Je ne demande pas d’être exempt des douleurs ; car c’est la récompense des saints : mais je demande de n’être pas abandonné aux douleurs de la nature sans les consolations de votre esprit : car c’est la malédiction des juifs et des païens. Je ne demande pas d’avoir une plénitude de consolation sans aucune souffrance : car c’est la vie de la gloire. Je ne demande pas aussi d’être dans une plénitude de maux sans consolation ; car c’est un état de judaïsme. Mais je demande, Seigneur, de ressentir tout ensemble et les douleurs de la nature pour mes péchés, et les consolations de votre esprit par votre grâce ; car c’est le véritable état du christianisme. Que je ne sente pas des douleurs sans consolation : mais que je sente des douleurs et de la consolation tout ensemble, pour arriver enfin a ne sentir plus que vos consolations sans aucune douleur. Car, Seigneur, vous avez laissé languir le monde dans les souffrances naturelles sans consolation. avant la venue de votre Fils unique : vous consolez maintenant et vous adoucissez les souffrances de vos fidèles par la grâce de votre Fils unique ; et vous comblez d’une béatitude toute pure vos saints dans la gloire de votre Fils unique. Ce sont les admirables degrés par lesquels vous conduisez vos ouvrages. Vous m’avez tiré du premier : faites-moi passer par le second, pour arriver au troisième. Seigneur, c’est la grâce que je vous demande.

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

   XII. Ne permettez pas que je sois dans un tel éloignement de vous, que je puisse considérer votre âme triste jusqu’à la mort, et votre corps abattu par la mort pour mes propres péchés, sans me réjouir de souffrir et dans mon corps et dans mon âme. Car qu’y a-t-il de plus honteux, et néanmoins de plus ordinaire dans les chrétiens et dans moi-même, que tandis que vous suez le sang pour l’expiation de nos offenses, nous vivons dans les délices ; et que des chrétiens qui font profession d’être à vous, que ceux qui par le baptême ont renoncé au monde pour vous suivre, que ceux qui ont juré solennellement à la face de l’Église de vivre et de mourir avec vous, que ceux qui font profession de croire que le monde vous a persécuté et crucifié, que ceux qui croient que vous vous êtes exposé à la colère de Dieu et à la cruauté des hommes pour les racheter de leurs crimes ; que ceux, dis-je, qui croient toutes ces vérités, qui considèrent votre corps comme l’hostie qui s’est livrée pour leur salut, qui considèrent les plaisirs et les péchés du monde comme l’unique sujet de vos souffrances, et le monde même comme votre bourreau, recherchent à flatter leurs corps par ces mêmes plaisirs, parmi ce même monde ; et que ceux qui ne pourroient, sans frémir d’horreur, voir un homme caresser et chérir le meurtrier de son père qui se seroit livré pour lui donner la vie, puissent vivre comme j’ai fait, avec une pleine joie, parmi le monde que je sais avoir été véritablement le meurtrier de celui que je reconnois pour mon Dieu et mon père, qui s’est livré pour mon propre salut, et qui a porté en sa personne la peine de mes iniquités ? Il est juste, Seigneur, que vous ayez interrompu une joie aussi criminelle que celle dans laquelle je me reposois a l’ombre de la mort.

   XIII. Otez donc de moi, Seigneur, la tristesse que l’amour de moi-même me pourroit donner de mes propres souffrances et des choses du monde qui ne réussissent pas au gré des inclinations de mon cœur, et qui ne regardent pas votre gloire ; mais mettez en moi une tristesse conforme à la vôtre. Que mes souffrances servent à apaiser votre colère. Faites-en une occasion de mon salut et de ma conversion. Que je ne souhaite désormais de santé et de vie qu’afin de l’employer et la finir pour vous, avec vous et en vous. Je ne vous demande ni santé, ni maladie. ni vie, ni mort ; mais que vous disposiez de ma santé et de ma maladie, de ma vie et de ma mort, pour votre gloire, pour mon salut et pour l’utilité de l’Église et de vos saints, dont j’espère par votre grâce faire une portion. Vous seul savez ce qui m’est expédient : vous ètes le souverain maître, faites ce que vous voudrez. Donnez-moi, ôtez-moi ; mais conformez ma volonté à la vôtre : et que dans une soumission humble et parfaite et dans une sainte confiance, je me dispose à recevoir les ordres de votre providence éternelle, et que j’adore également tout ce qui me vient de vous.

vignette de la croix rayonnante au milieu d'acanthes

   XIV. Faites, mon Dieu, que dans une uniformité d’esprit toujours égale je reçoive toutes sortes d’événemens, puisque nous ne savons ce que nous devons demander, et que je n’en puis souhaiter l’un plutôt que l’autre sans présomption, et sans me rendre juge et responsable des suites que votre sagesse a voulu justement me cacher. Seigneur, je sais que je ne sais qu’une chose ; c’est qu’il est bon de vous suivre, et qu’il est mauvais de vous offenser. Après cela, je ne sais lequel est le meilleur ou le pire en toutes choses ; je ne sais lequel m’est profitable de la santé ou de la maladie, des biens ou de la pauvreté. ni de toutes les choses du monde. C’est un discernement qui passe la force des hommes et des anges. et qui est caché dans les secrets de votre providence que j’adore et que je ne veux pas approfondir.

   XV. Faites donc, Seigneur, que tel que je sois je me conforme à votre volonté : et qu’étant malade comme je suis, je vous glorifie dans mes souffrances. Sans elles je ne puis arriver à la gloire ; et vous-même, mon Sauveur, n’y avez voulu parvenir que par elles. C’est par les marques de vos souffrances que vous avez été reconnu de vos disciples ; et c’est par les souffrances que vous reconnoissez aussi ceux qui sont vos disciples. Reconnoissez moi donc pour votre disciple dans les maux que j’endure et dans mon corps et dans mon esprit, pour les offenses que j’ai commises, et parce que rien n’est agréable à Dieu s’il ne lui est offert par vous, unissez ma volonté à la vôtre, et mes douleurs a celles que vous avez souffertes. Faites que les miennes deviennent les vôtres. Unissez-moi à vous ; remplissez-moi de vous et de votre Esprit Saint. Entrez dans mon cœur et dans mon âme, pour y porter mes souffrances, et pour continuer d’endurer en moi ce qui vous reste à souffrir de votre passion, que vous achevez dans vos membres jusqu’à la consommation parfaite de votre corps, afin qu’étant plein de vous, ce ne soit plus moi qui vive et qui souffre, mais que ce soit vous qui viviez et qui souffriez en moi, ô mon Sauveur ! et qu’ainsi ayant quelque petite part à vos souffrances, vous me remplissiez entièrement de la gloire qu’elles vous ont acquise, dans laquelle vous vivez avec le Père et le Saint-Esprit, par tous les siècles des siècles.

Ainsi soit-il.

Blaise Pascal
in « Œuvres complètes » éd. Hachette 1913, tome II pp. 28-34).

prière suppliante regard

2024-291. Message de Sa Majesté pour la fête de Noël 2024.

Mercredi 25 décembre 2024,
Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

   En ce jour de Noël, en milieu d’après-midi, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, a publié sur ses réseaux sociaux ce message paternel à l’adresse des Français, accompagné de l’illustration suivante :

Crèche Message du Roi 25 décembre 2024

   « En ce jour de la Nativité, la Princesse Marie-Marguerite et moi-même souhaitons un joyeux et saint Noël à tous les Français.

   Que chacun puisse trouver dans cette fête, la joie et l’Espérance au sein de sa famille ou de ses proches. »

grandes armes de France

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