Archive pour la catégorie 'Vexilla Regis'

2012-69. « Dieu vivra, Il régnera pleinement et éternellement… »

Dernier dimanche d’octobre.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Au dernier dimanche du mois d’octobre - selon le calendrier liturgique traditionnel – nous célébrons la fête du Christ Roi.

J’insiste toujours sur la date normale à laquelle cette célébration doit avoir lieu et sur le sens que revêt cette date : le dernier dimanche d’octobre faisant comme une sorte de préparation à la fête de tous les Saints.

Frère Maximilien-Marie s’est déjà exprimé au sujet du déplacement de sens signifié et matérialisé par le déplacement de date de cette célébration dans le calendrier imposé par la réforme de 1969 : je ne vais pas réécrire ici ce qu’il a synthétisé dans le texte intitulé « De la Royauté du Christ à la gloire de ses élus », mais je vous engage à le relire (cf. > ici) parce que ce qu’il met en évidence me semble capital et explique bien des choses.
Je ne vais pas non plus répéter ce que Monsieur l’Abbé Vannier a magnifiquement exprimé dans le sermon qu’il avait prononcé l’année dernière et que j’ai publié > ici.

Je vous encourage cependant à relire et surtout méditer avant dimanche l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Coeur du Christ-Roi (cf. > ici) : il convient de s’en nourrir, d’en faire l’objet d’une prière personnelle fervente dès avant la fête, afin que  justement, dimanche prochain lorsqu’il sera publiquement et solennellement lu devant le Très Saint-Sacrement exposé, vos coeurs soient mieux et davantage unis aux paroles et à l’esprit de la Sainte Eglise.

D’autre part, en cette année du sixième centenaire de la naissance de Sainte Jeanne d’Arc, les Français peuvent et doivent se souvenir avec une ferveur particulière de la très officielle donation du Royaume de France au Christ, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, accomplie par le Roi Charles VII à l’instigation de la Pucelle.

2012-69.

Dans la basilique nationale du Bois-Chenu, à Donremy, la mosaïque de l’abside de la chapelle sud du transept, reproduite ci-dessus, célèbre cette donation et porte pour légende : « Messire Dieu vray Roy de France de qui Charles a reçu commende », rappelant que le pouvoir des rois, des hommes d’état, de tous ceux qui exercent un rôle dans la cité terrestre ne leur appartient pas mais leur est délégué par Dieu au service de l’ordre voulu par le Créateur et, à la fin de toute chose, au service du salut éternel de ceux sur qui ils ont reçu autorité.

Si Notre-Seigneur Jésus-Christ a enseigné à ses disciples à distinguer ce qui est de Dieu et ce qui est de César, afin de rendre à César en toute justice ce qui lui est dû, il n’a pour autant pas affranchi César de l’autorité de Dieu : comme tout un chacun, César doit en toute justice rendre à Dieu ce qui Lui est dû

Malheureusement, nombre de chrétiens aujourd’hui, nombre d’ecclésiastiques et de pasteurs d’âmes n’osent plus affirmer la Royauté Sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ telle qu’elle a été  solennellement définie par Pie XI dans l’encyclique « Quas primas » (on peut relire cette encyclique > ici).
Le sel s’est affadi : la charité apostolique et le zèle pour le salut des âmes se sont refroidis par l’effet des hérésies modernistes.

Dans nos sociétés occidentales – jadis chrétiennes – le laïcisme se fait plus agressif, le sectarisme maçonnique devient toujours plus arrogant, l’intégrisme antichrétien est de jour en jour plus virulent, l’indifférentisme gagne du terrain, la saine formation intellectuelle et philosophique est en faillite et fait le lit des théories les plus opposées au bon sens et à la nature, l’erreur et les fausses religions sont favorisées par les pouvoirs publics…

Aussi, pour nourrir notre espérance surnaturelle et nous permettre en même temps de garder un sain recul par rapport à une actualité source de beaucoup d’inquiétudes, me semble-t-il judicieux de vous retranscrire ici un texte du grand cardinal Edouard Pie, évêque de Poitiers, vaillant défenseur des droits de Dieu et de Son Eglise, champion de la doctrine de la Royauté du Christ :

« (…) A mesure que le monde approchera de son terme, les méchants et les séducteurs auront de plus en plus l’avantage : Mali autem et seductores proficient in pejus (2 Tim. III, 13 : « les hommes méchants et séducteurs s’enfonceront toujours plus dans le mal »). On ne trouvera quasi plus la foi sur la terre (Luc XVIII, 8), c’est-à-dire, elle aura presque complètement disparu de toutes les institutions terrestres. Les croyants eux-mêmes oseront à peine faire une profession publique et sociale de leurs croyances. La scission, la séparation, le divorce des sociétés avec Dieu, qui est donné par saint Paul comme un signe précurseur de la fin : nisi venerit discessio primum (2 Thess. II,3 : « …avant que ne soit venue la séparation » – souvent traduit par « l’apostasie »), ira se consommant de jour en jour.
L’Eglise, société sans doute toujours visible, sera de plus en plus ramenée à des proportions simplement individuelles et domestiques. Elle qui disait à ses débuts : « Le lieu m’est étroit, faites-moi de l’espace où je puisse habiter : Angustus est mihi locus, fac spatium mihi ut habitem » (Is. XLIX, 20), elle se verra disputer le terrain pied à pied ; elle sera cernée, resserrée de toutes parts ; autant les siècles l’ont fait grande, autant on s’appliquera à la restreindre. Enfin il y aura pour l’Eglise de la terre comme une véritable défaite : « Il sera donné à la Bête de faire la guerre avec les saints et de les vaincre » (Apoc. XIII, 7). L’insolence du mal sera à son comble.

Or, dans cette extrémité des choses, dans cet état désespéré, sur ce globe livré au triomphe du mal et qui sera bientôt envahi par la flamme (2 Petr. III, 10-11), que devront faire encore tous les vrais chrétiens, tous les bons, tous les saints, tous les hommes de foi et de courage?
S’acharnant à une impossibilité plus palpable que jamais, ils diront avec un redoublement d’énergie, et par l’ardeur de leurs prières, et par l’activité de leurs oeuvres, et par l’intrépidité de leurs luttes : ô Dieu, ô notre Père qui êtes dans les cieux, que votre Nom soit sanctifié sur la terre comme au ciel, que votre Règne arrive sur la terre comme au ciel : sicut in caelo et in terra! Sur la terre comme au ciel…!
Ils murmureront encore ces mots, et la terre se dérobera sous leurs pieds. Et comme autrefois, à la suite d’un épouvantable désastre, on vit le sénat de Rome et tous les ordres de l’Etat s’avancer à la rencontre du consul vaincu, et le féliciter de ce qu’il n’avait pas désespéré de la république ; ainsi le sénat des cieux, tous les choeurs des anges, tous les ordres des bienheureux viendront au-devant des généreux athlètes qui auront soutenu le combat jusqu’au bout, espérant contre l’espérance même : contra spem in spe (Rom. IV, 18).
Et alors, cet idéal impossible, que tous les élus de tous les siècles avaient obstinément poursuivi, deviendra enfin une réalité. Dans ce second et dernière avènement, le Fils remettra le royaume de ce monde à Dieu Son Père ; la puissance du mal aura été évacuée à jamais au fond des abîmes (1 Cor. XV, 24) ; tout ce qui n’aura pas voulu s’assimiler, s’incorporer à Dieu par Jésus-Christ, par la foi, par l’amour, par l’observation de la loi, sera relégué dans le cloaque des immondices éternelles. Et Dieu vivra, et il régnera pleinement et éternellement, non seulement dans l’unité de Sa Nature et la société des Trois Personnes divines,, mais dans la plénitude du corps mystique de Son Fils Incarné, et dans la communion de Ses saints (Eph. IV, 12). » (*)

A vous tous, chers Amis, bonne, fervente et sainte fête du Christ-Roi!

Lully.

 cardinal Pie dans De liturgia

(*) Conclusion du discours prononcé le 8 novembre 1859 dans l’église cathédrale de Nantes à l’occasion de la réception des reliques de Saint Emilien – in « Oeuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers », tome III, pp. 526-528. 

2012-68. Le goût de l’aliment éternel…

Lundi 22 octobre 2012.

        »Je voudrais, mesdames et messieurs, que ces quelques paroles soient… ce serait prétentieux de dire : une nourriture pour vous – mais enfin, je voudrais qu’elles ne soient pas uniquement des mots.
Je conclurai sur une petite histoire – que j’ai dite ailleurs, mais que je n’ai pas dite ici – une histoire vraie. Si vous voyagez dans le département de la Drôme, près de chez moi, vous verrez des panneaux publicitaires vous incitant à consommer le « pintadeau de la Drôme ». Je vous dirai de vous méfier un peu… Bon. On donne à ces pintades une nourriture bizarre, parfaitement moulue et spécialement appâtée pour qu’elles mangent sans faim et, passez-moi ce jeu de mots : sans fin. Or, pendant le gros hiver que nous avons eu il y a trois ans – vous vous souvenez, tous les journaux ne parlaient plus que de la neige sur la Provence, c’était courtelinesque, on ne pouvait plus bouger (*) ; plus d’électricité, plus de chauffage, plus de routes, une vraie catastrophe (c’est ça la technique : quand elle vient à manquer, on est complètement impuissants!) -, la nourriture des pintades, habituellement acheminée par camions spéciaux, n’arrivait plus. Les pauvres bêtes commençaient à claquer sérieusement du bec. Alors des paysans voisins, qui élevaient encore leurs volailles d’une façon archaïque, avec le blé, l’orge, le maïs de leur récolte, ont proposé à leurs collègues modernisés de les dépanner… Mais le plus beau de l’histoire, c’est que les pintades n’ont pas voulu de ce bon grain, tant elles étaient habituées à manger tout moulu, ces demoiselles, eh oui! elles sont mortes de faim…
Belle image, n’est-ce pas? On devrait inscrire ces pintades, au martyrologe d’un certain progrès – elles sont mortes pour attester les fameux slogans « qu’on n’arrête pas le progrès » et « qu’on ne revient pas en arrière » – oui, c’est tout de même un témoignage! Un témoignage inquiétant pour l’homme qui, intoxiqué par tant d’idées faciles et empoisonnées, perd peu à peu le goût de l’aliment éternel, et risque un jour ou l’autre de mourir de faim devant la seule vraie nourriture. »

(*) Note du Maître-Chat : il s’agissait des chutes de neige des derniers jours de décembre 1970 qui paralysèrent totalement le trafic dans la vallée du Rhône. Gustave Thibon s’est servi de cet exemple au cours d’une conférence qu’il donna le 27 mars 1973 à Waremme, en Belgique.

* * * * * * *

       Pour tous ceux qui ont eu la chance, ou plus exactement la grâce – la très grande grâce ! -, d’approcher Gustave Thibon, de converser avec lui – ne serait-ce que quelques courts instants – , de l’entendre en conférence, il n’est pas difficile en lisant ce paragraphe, d’avoir en même temps dans l’oreille ses intonations, son accent, les nuances discrètement malicieuses que pouvait parfois revêtir son expression rocailleuse ; il n’est pas difficile non plus, à cette lecture, de  le « revoir », de revoir ses mimiques, son œil pétillant, sa gestuelle… etc.
Car c’est un Thibon en quelque sorte vivant que ceux qui l’ont connu peuvent retrouver, et que même ceux qui ne l’ont pas connu peuvent comme rencontrer à travers une lecture dans laquelle je ne puis que vous inviter à vous plonger… 

   Ce paragraphe, en effet, je l’ai extrait de l’excellent ouvrage intitulé « Les hommes de l’éternel », sous-titré « conférences au grand public (1940 – 1985) établies et présentées par Françoise Chauvin », qui est arrivé dans les librairies au printemps de cette année 2012 (il est publié chez Mame).

   Est-il besoin de le dire?
Après « Aux ailes de la lettre » (2006) et « Parodies et Mirages ou la décadence d’un monde chrétien – Notes inédites » (2011), le texte inédit des vingt conférences que Françoise Chauvin a pu – au terme d’un long et minutieux travail (qu’elle explique dans son avant-propos) – nous restituer dans cet ouvrage, constitue un véritable trésor

   En quatrième de couverture nous trouvons ces quelques phrases qui nous ravissent :

« Gustave Thibon a donné d’innombrables conférences durant près d’un demi-siècle. S’adressant au grand public, il avait ce don de faire partager à tous non pas les mêmes vérités à la même profondeur, mais les mêmes vérités à des étages divers, des « lieux communs » jusqu’à « la porte infranchissable » afin que chacun pût à son niveau en être éclairé et nourri car « l’évidence la plus commune, si elle pénètre le fond de l’âme, se transforme en révélation inépuisable ».
Ses paroles nous donnent le courage de suivre son ultime recommandation : « Je ne veux pas vous amener à penser dans le même sens que moi, mais à penser vous-mêmes, dans votre sens propre »

   En effet, il n’existe pas, il ne peut pas exister de « thibonistes » ou de « thiboniens », alors qu’on peut par ailleurs parler de thomistes, de kantiens, de marxistes ou de maurrassiens…
Parce que Gustave Thibon n’enferme en aucune manière ses lecteurs dans sa propre pensée, et s’il a des « disciples » ceux-ci ne peuvent jamais rester dans une ornière qu’il aurait imprimée à la surface du chemin de sagesse qu’il a suivi.
L’originalité de Thibon consiste justement dans cette façon unique qu’il a de permettre le développement de l’intelligence, la maturation de la réflexion spirituelle et d’aiguiser le regard intérieur d’un lecteur qu’il propulse – suaviter ac fortiter – dans des sphères qui le révèlent à lui-même et lui permettent de progresser vers sa propre et unique plénitude.

   On ne résume pas la pensée de Thibon : elle est universelle !
Aussi n’y a-t-il rien de mieux que de la goûter, de la manière dont les grands connaisseurs goûtent un grand cru ; aussi n’y a-t-il rien de mieux que de la savourer, avec la délicate lenteur des plus fins gourmets.

   Françoise Chauvin a mis en exergue de l’ouvrage ces autres lignes de Gustave Thibon d’où elle a tiré le titre donné à l’ouvrage :
« Entre les conservateurs qui barrent l’avenir et les progressistes qui renient le passé, nous devons être avant tout les hommes de l’éternel, les hommes qui renouvellent, par une fidélité éveillée et agissante, toujours remise en question et toujours renaissante, ce qu’il y avait de meilleur dans le passé. »


2012-68. Le goût de l'aliment éternel... dans Annonces & Nouvelles les-hommes-de-leternel-gustave-thibon

   Faut-il préciser que, en notre Mesnil-Marie, cette publication posthume de notre cher Gustave Thibon nous enchante et qu’elle nous procure d’immenses joies spirituelles? En vérité, dans cette lecture, nous développons ce « goût de l’aliment éternel » que nous ne voulons pas perdre ainsi que le font malheureusement tant de pauvres pintades humaines qui, près de quarante ans après la conférence où Gustave Thibon en dénonçait le risque imminent, « (meurent) de faim devant la seule vrai nourriture ».

Lully.

* * * * * * *

Nos autres publications consacrées à Gustave Thibon dans les pages de ce blogue :
- In memorian Gustave Thibon (pour le 7ème anniversaire de sa mort) > ici
- Gustave Thibon, dix ans déjà > ici
- le texte intitulé « Eloignement et connaissance » > ici
- le texte qu’il publia à l’occasion du
centenaire de l’apparition de Notre-Dame de La Salette > ici

2012-64. Dernière lettre de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

écrite à l’intention de sa belle-sœur,
Madame Elisabeth,

et souvent appelée « Testament de la Reine ».

2012-64. Dernière lettre de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette. dans Chronique de Lully s.m.la-reine-chapelle-expiatoire-paris-e1350279990666

Groupe sculpté représentant
S.M. la Reine Marie-Antoinette soutenue par la Religion
Paris –  Chapelle Expiatoire
Sur le socle est gravé le texte de cette dernière lettre, dite « testament de la Reine » 

lys-2 16 octobre dans Lectures & relectures

   J’avais déjà publié la photographie des dernières lignes écrites par Sa Majesté la Reine, sur la page de garde de son livre d’heures (cf. > ici), et j’avais alors rappelé de quelle manière cette infortunée Souveraine avait été assistée dans sa prison par la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich.
Voici aujourd’hui le texte complet de ce que l’on appelle improprement le « testament de la Reine », puisqu’il s’agit en réalité de sa dernière lettre, adressée à sa belle-soeur, Madame Elisabeth de France ; lettre qui ne sera bien évidemment jamais remise à sa destinataire.

lys-2 assassinat de la Reine dans Memento

le 16 Octobre 1793. 4h30 du matin.

   « C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois : je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère, comme lui, innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments.

Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que  je n’existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse! J’ai appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra : recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins.

Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer : que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur. Que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a elle doit toujours aider son frère par des conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu’ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs notre amitié nous a donné de consolation ; et dans le bonheur on jouit doublement, quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille? Que mon fils n’oublie jamais, les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : « qu’il ne cherche jamais à venger notre mort ».

J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l’âge qu’il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas : un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore, mes dernières pensées ; J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps.

Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée ; n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop, s’ils y entraient une fois, je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis ; l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant ; qu’ils sachent, du moins, que, jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu, je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre ; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. »

Armes de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

Voir aussi :
- « Du 16 octobre » > ici
- Oraison funèbre pour SM la Reine Marie-Antoinette > ici
- Premier texte du Rd Père Jean Charles-Roux sur la mort de la Reine > ici
- Requiem de Charles-Henri Plantade à la pieuse mémoire de la Reine Marie-Antoinette > ici
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2012-59. In memoriam : François-Dominique Cavey de La Motte.

- 5 octobre 1797 -

Anniversaire de la « liquidation »
du
comte François-Dominique Cavey de La Motte.

2012-59. In memoriam : François-Dominique Cavey de La Motte. dans Chronique de Lully lys5

   « (…) Il se revêtit de la cuirasse, comme un géant, et il se ceignit de ses armes guerrières dans les combats, et il protégeait le camp de son glaive. Et il devint semblable à un lion dans ses hauts faits, et il était comme le petit d’un lion rugissant à la chasse. Et il poursuivit les iniques, les cherchant de toutes parts ; ceux qui troublaient son peuple, il les livra aux flammes ; et ses ennemis furent repoussés par la crainte qu’il inspirait, et tous les ouvriers d’iniquité furent troublés, et le salut fut dirigé par sa main. (…) Sa mémoire sera à jamais en bénédiction. »

(1er livre des Machabées, III, 3b-6. 7c)      

lys5 Allier dans Lectures & relectures

   François-Dominique Cavey de La Motte est né le 15 septembre 1759, à Neauphe-sur-Dive, village sis à environ 7 lieues et demi au sud-ouest de Lisieux, dans l’actuel département de l’Orne.
La famille Cavey de La Motte avait été anoblie en 1700 et les ancêtres de François-Dominique avaient exercé des fonctions dans la magistrature et l’armée (son grand’père et son père avaient été faits chevaliers de Saint-Louis).

   François-Dominique fut militaire dans l’artillerie, au célèbre régiment de la Fère, de 1780 à 1791 : élève en août 1780, il est lieutenant en second en juillet de l’année suivante, puis lieutenant en premier en janvier 1785 et capitaine en août 1789.
Son parcours est exemplaire : les rapports d’inspection sont très élogieux sur sa conduite, sur ses moeurs et sur ses capacités.

   En août 1791, il rejoint l’armée de Condé. Il est aide de camp du marquis de Thibaudot, commandant en chef de l’artillerie des Princes. Il participe aux campagnes de 1792 dans le régiment de la Reine.
Mais à Lauterbourg, à la fin du mois de décembre 1792, il est blessé au bas-ventre. C’est après cela qu’il décide de rentrer en France et d’y mener le combat d’une autre manière.
Peut-être se trouve-t-il à Lyon au moment du soulèvement de la ville contre la Convention.

   A l’armée des Princes, il s’était lié d’amitié avec Pierre Charles Marie Duclos, marquis de Bésignan (1759 – 1806), habituellement considéré comme l’un des « fondateurs » des Compagnons de Jésus, improprement appelés « Compagnons de Jéhu ».
C’est Bésignan qui détermina le comte de La Motte à venir en Vivarais et en Velay pour y coordonner et y développer, sur le terrain, la lutte contre-révolutionnaire.
Peu de temps après, François-Dominique fut rejoint par son frère puîné, Pierre-Dominique Cavey de La Motte, dit le chevalier de La Motte (un certain nombre de révolutionnaires – et après eux d’historiens républicains – n’ont toujours pas compris qu’il y avait deux frères La Motte et ont cru que c’était le même personnage qui était appelé tantôt « comte » et tantôt « chevalier »).

prise et incendie de Jalès juillet 1792

La prise et l’incendie de la Commanderie de Jalès en juillet 1792

   François-Dominique de La Motte arrive donc « chez nous », après les terribles événements du mois de juillet 1792 qui ont vu l’échec de Monsieur de Saillans dans le sud du Vivarais et les massacres qui s’en sont suivis (cf. > ici).

   Le comte de La Motte et son frère vont être aussitôt en relations étroites avec les survivants des Camps de Jalès, au premier rang desquels il faut citer Dominique Allier, frère de l’abbé Claude Allier (prieur-curé de Chambonas qui avait été l’inspirateur et l’âme des Camps de Jalès, voir en détail > ici).
Ils seront aussi en étroite collaboration avec Joseph-Etienne de Surville (lequel n’était pas à Jalès – cf. > ici) et avec tous les nombreux chefs chouans qui mènent le combat en Gévaudan, Margeride, Vivarais, Velay, Brivadois, Forez, jusqu’en Limagne et dans les monts du Lyonnais.

Nous savons de manière certaine que « notre » Grand Chanéac (cf. > ici) était en contact avec les frères La Motte.

   Le comte de La Motte était relativement grand (pour l’époque et en comparaison avec les montagnards de ces contrées) puisqu’il est décrit comme ayant une taille de cinq pieds et cinq pouces, soit environ 1,75m.
Nous n’avons pas de portrait de lui mais, dans un avis de recherche lancé par les autorités révolutionnaires, on trouve précisé qu’il a « peu de cheveux, châtains, négligés et en partie flottants sur chaque côté du front » ; que le visage est plein, la peau fine, les yeux gris, « le front et le nez ordinaires, le menton rond, l’air riant ».
D’autres rapports reconnaissent ses qualités intellectuelles, son savoir-vivre aristocratique, l’aisance et la netteté avec lesquelles il s’exprime ; ils mentionnent en outre le grand respect que lui témoignent les royalistes et la déférence dont il est entouré.
Chef charismatique, il était en effet très aimé de ses chouans, qui l’appelaient Monsieur François ou parfois même familièrement « père François ».
Alors qu’il n’est âgé que de 36 ans en 1795, les révolutionnaires du Puy-de-Dôme lui donnent presque dix ans de plus !

   Il utilisait des noms de guerre : ainsi, lorsqu’il sera arrêté, il sera réputé s’appeler François Gendre, si bien que les révolutionnaires du Puy hésiteront longtemps avant d’avoir la conviction d’avoir pris le comte de La Motte.

   Il reste encore aujourd’hui de nombreuses hésitations ou zones d’ombre pour tout ce qui concerne son activité, faute de documents : on comprend bien qu’en une telle période – avec les nécessités de la clandestinité et d’une très grande mobilité - François-Dominique de La Motte, ses lieutenants et ses chouans ne remplissaient pas des pages de documents et ne tenaient pas des conférences de presse pour informer l’ennemi de leurs mouvements, de leurs projets et sur la manière dont fonctionnait leur réseau, qui était toutefois remarquablement bien organisé !!!

meygal Cavey de La Motte dans Memento

Paysage du Meygal : zone volcanique accidentée du Velay, aux confins du Vivarais, terre de chouannerie.

   Avec Dominique Allier et le marquis de Surville, le comte de La Motte dirige la « Compagnie de la Ganse Blanche », ainsi nommée parce que les Compagnons arborent à leur chapeau un ruban blanc disposé en forme de croix de Saint-André.

   Après l’échec de la constitution d’une Armée Catholique et Royale du Midi en Vivarais (évènements de Jalès sus-évoqués), les contre-révolutionnaires n’avaient pas perdu l’espoir – en s’appuyant sur les fortes convictions des populations du Gévaudan, du Vivarais et du Velay, très largement hostiles à la révolution – de constituer une véritable armée qui s’emparerait du Puy, « ville sainte » à partir de laquelle pourrait être entreprise la reconquête militaire du Royaume.

   Le général-comte de La Motte parvint à rassembler, au cours des années 1795 et 1796, un camp d’environ trente mille hommes dans les environs du col du Pertuis, sur la paroisse de Saint-Hostien.
Les hommes venus de toutes les paroisses du Velay, et parfois de plus loin, y reçurent une formation et un entrainement militaires, furent organisés en bataillons et régiments.
Des prêtres réfractaires assuraient la Sainte Messe quotidiennement et entretenaient la flamme d’une véritable croisade.

   Ce Camp du Pertuis, établi en un point charnière de communication (sur la route qui relie Le Puy-en-Velay à Yssingeaux), en bordure du massif du Meygal - où il était aisé de se cacher -, fit trembler de peur les soldats et les autorités révolutionnaires (les 5 et 6 octobre 1795 en particulier un corps armé composé d’environ 400 hommes fut mis en déroute par les chouans).
Toutefois, à la fin de l’année 1796, La Motte décida la dispersion du camp : il semblait préférable de continuer l’action contre-révolutionnaire au moyen de petits groupes de chouans, plus mobiles, capables d’agir très rapidement et de se disperser tout aussi rapidement, pour  contrer les « crapauds bleus » et soutenir les prêtres réfractaires sur l’ensemble du territoire.

lanarce chouannerie dans Vexilla Regis

Le village de Lanarce près duquel fut pris le comte de La Motte.

   Le 12 juin 1797, François-Dominique Cavey de La Motte fut arrêté avec son aide de camp, nommé Vialle (originaire de Langeac et âgé de 19 ans).
C’était à Lanarce (village sur le territoire duquel est sise la légendaire « auberge rouge » de Peyrebeille), et celui qui procéda à son arrestation était le juge de paix de Coucouron, Enjolras.
Cet Enjolras était un prêtre apostat. D’abord prêtre-professeur au collège d’Aubenas, il avait prêté le serment constitutionnel, puis avait fini par renier son sacerdoce ; devenu juge de paix, il était un révolutionnaire fanatique et n’avait de cesse de contrer les chouans et l’apostolat des prêtres réfractaires, ayant constitué pour cela un réseau d’espions et de traîtres.

   Envoyé à la prison du Puy, le général-comte de La Motte, nous l’avons vu, ne fut tout d’abord pas identifié de manière certaine par les révolutionnaires, puisqu’il prétendait se nommer François Gendre.

   Les efforts entrepris au cours de l’été 1797 par les autres chefs de la contre-révolution en vue de le délivrer finirent par convaincre les révolutionnaires qu’ils avaient bien affaire au comte de La Motte.
Mais cette même certitude les empêcha aussi de le transférer à Riom comme ils l’eussent dû faire normalement : La Motte avait en effet déjà été condamné à mort par contumace par le tribunal criminel du Puy-de-Dôme. Les prétendus « patriotes » savaient très bien qu’ils n’étaient pas maîtres des campagnes et des routes ; un convoi de transfert serait attaqué par un si grand nombre de chouans qu’ils ne pourraient les contenir et que Monsieur François serait nécessairement libéré par les siens! 

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Le Puy-en-Velay : ce bâtiment sis sur la place de la Plâtrière fut aux XVIIe et XVIIIe siècles
la chapelle du monastère de la Visitation.
La révolution vida le couvent et en fit la prison
tandis que le tribunal révolutionnaire siégeait dans la chapelle elle-même
(c’est là en particulier que furent jugés les célèbres Compagnons de Jésus). 

   La mort de La Motte reste entourée d’un certain mystère.
Les révolutionnaires feront tout d’abord courir le bruit que le général-comte aurait été assassiné par les siens (dans la prison – ancien monastère de la Visitation – qui jouxtait le tribunal révolutionnaire lequel siégeait dans la chapelle) afin de l’empêcher de révéler les secrets de la contre-révolution !!!
Puis les autorités républicaines se rabattront sur une prétendue attaque de la prison menée par les royalistes dans la nuit du 14 au 15 vendémiaire (soir du 5 octobre 1797) au cours de laquelle les gardiens, se voyant sur le point d’être égorgés, auraient pris le parti de tirer sur La Motte !!!

   Il est certain que les terroristes révolutionnaires – craignant une évasion du général-comte et dans leur peur panique d’une attaque conjointe des troupes d’Allier, Surville et La Motte cadet - avaient intimé aux sentinelles qui le gardaient l’ordre d’exécuter le prisonnier s’ils entendaient tirer des coups de feu à l’extérieur de la prison.
François-Dominique Cavey de La Motte fut effectivement tué dans sa prison par plusieurs coups de fusil ayant touché les organes vitaux, mais on ne peut en aucune manière prouver qu’il y avait eu ce soir-là une tentative des chouans pour investir la prison.

   Le procès-verbal établi après la mort de La Motte témoigne d’une grande confusion et ne permet pas d’établir avec certitude ce qui s’est réellement passé.
L’enterrement furtif de sa dépouille, le 6 octobre quand il fit nuit, ne fait que renforcer l’impression d’une « bavure » sur laquelle les républicains ont cherché à jeter un voile.

   Sur le registre de la prison, le concierge Giraud, qui était lui aussi un prêtre renégat, écrivit : « Le nommé général Lamothe a cessé de vivre ce jour d’hui 14 vendémiaire an IV de la République vers 9h du soir. Il a été enterré vingt-quatre heures après son décès. »

François-Dominique de La Motte, lorsqu’il fut exécuté, était âgé de 38 ans et vingt jours.

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   Pierre-Dominique Cavey de La Motte, frère puîné du général (il était né le 4 mai 1761), avait fait partie des gardes du corps du Roy avant d’émigrer en 1791. Peut-être avait-il été mêlé à l’évasion de la famille royale le 21 juin 1791.
Il était revenu en France un peu plus tard que son aîné, qu’il avait rejoint en Velay et Vivarais, et se dissimulait souvent sous le pseudonyme de Pougard.
Il fut arrêté à Lablachère, dans le sud du Vivarais, le 27 novembre 1797, à peine deux mois après la mort de son frère.
Emmené à Montpellier, il y fut condamné à mort par une commission militaire et fusillé en 1798.

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Mardi 16 octobre 2012

Mardi 16 octobre 2012 dans Annonces & Nouvelles img-execution-marie-antoinette-big-Copie-Copie

Publié dans:Annonces & Nouvelles, Vexilla Regis |on 30 septembre, 2012 |Pas de commentaires »

Saint Michel, céleste protecteur de la France, intercédez pour elle !

   En 1912 (le 19 mai pour être précis), année du cinquième centenaire de la naissance de Sainte Jeanne d’Arc, tous les évêques de France s’unirent pour consacrer la France à Saint Michel.
La Sainte de la Légitimité dynastique fut formée à sa mission par les conseils du Prince des Anges et délivra Orléans au jour de l’une de ses fêtes, nous pouvons donc avec grand profit reprendre le texte de cette prière qui ne manque jamais d’actualité :

Saint Michel, céleste protecteur de la France, intercédez pour elle ! dans Chronique de Lully basilique_domremy_abside-1-252x300

Saint Michel : mosaïque de l’abside de la basilique nationale du Bois-Chenu à Donremy
(cliquer sur la photo pour la voir en grand) 

   Ô glorieux saint Michel, permettez que nous vous apportions l’hommage de notre reconnaissance, de notre vénération, de notre amour.

   Commis par l’Éternel à la garde du droit, vous avez rejeté dans les abîmes Satan et ses suppôts, inclinant votre épée devant le Dieu-fait-Homme et la Vierge qui devait enfanter et devenir la Reine des Anges.

   Le peuple élu vous vit à sa tête lorsqu’il errait dans le désert, et vous fûtes, dans son exil, son espoir et sa force.
Sur le berceau de l’Église, héritière de la Synagogue, tendrement vous avez veillé. Votre devise devint sa devise et depuis deux mille ans, rien de grand ne s’est opéré dans son sein en dehors de votre intervention féconde.

   Baptisée la première des nations, dans le Sang du Christ, la France vous aima la première. Aussi vous êtes-vous ingénié à faire d’elle, à votre image et à votre exemple, le bon sergent de Dieu. Des champs de Tolbiac aux sommets du Mont Tombe ; des sommets du Mont Tombe aux vallons de Donremy ; des siècles reculés au temps où languit notre vie, vous avez écrit les meilleures pages de notre histoire. Naguère encore dans l’éclat de la piété de votre XIIème centenaire, sur ce coin immaculé de terre française où la foi vous éleva votre temple, le plus merveilleux et le plus célèbre, qui donc n’a reconnu votre si douce intervention ?

   Ajoutez encore à vos bienfaits, ô bon et puissant Archange, prenez sous votre garde tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes, nos personnes et nos biens, nos familles et nos paroisses, nos évêques et nos prêtres.

   Cette consécration solennelle, nous la voulons nationale, et nous renouvelons, autant qu’il est en nous, le pacte séculaire qui lie la France au Prince des Anges.

   Nous vous saluons, nous vous bénissons, nous vous acclamons, mais de grâce, défendez-nous dans le combat !

   Les ténèbres du doute et de l’erreur nous envahissent de toutes parts : Archange de lumière, dissipez nos ténèbres ! Les volontés fléchissent et les courages chancellent : Archange victorieux, ranimez nos ardeurs et communiquez-nous la flamme qui fait les âmes justes et les peuples vaillants !

   Les cœurs s’attachent à la chair et au sang : ô Séraphin sublime, arrachez-nous à la fange et portez-nous à Dieu !

   Veillez tout spécialement sur nos foyers, où la foi et l’innocence subissent de si rudes assauts, et commandez à Satan d’y respecter la paix et la vertu.

   Ô saint Michel, gardez l’Église et son chef admirable ; sauvez notre patrie bien-aimée, protégez son clergé et ses fidèles, convertissez ses fils égarés.

   Que le Coeur Sacré de Jésus, que Marie Immaculée vous envoient vers nous, avec la bienheureuse Jeanne d’Arc ; et que le règne de Dieu s’établisse sur nous et sur le monde à jamais, pour qu’à jamais, ô grand Prévôt du Paradis, nous soyons associés à vos triomphes.

Ainsi soit-il !

* * * * * * *

jeanne_ecoutant_ses_voix-Copie-300x157 consécration de la France dans De liturgia

Sainte Jeanne d’Arc armée pour sa mission par Saint Michel, Sainte Marguerite et Sainte Catherine
Basilique du Bois-Chenu à Donremy
(cliquer sur la photo pour la voir en grand) 

   Nous ne connaissons pas l’origine de la  prière suivante, largement diffusée par ailleurs, nous nous permettons de la reproduire à notre tour :

   Seigneur, daignez Vous souvenir que dans les circonstances douloureuses de notre histoire, Vous avez fait de l’Archange Saint Michel l’instrument de Votre Miséricorde à notre égard.
Nous ne saurions l’oublier, alors que notre pays traverse des moments particulièrement difficiles. C’est pourquoi nous Vous supplions de conserver à notre patrie, la France, la protection dont Vous l’avez jadis entourée par le ministère de cet Archange vainqueur.

   Et vous, ô Saint Michel, Prince des Milices célestes, venez vers nous !
Tournez-vous vers nous, nous nous en supplions !

   Vous êtes l’Ange gardien de l’Eglise et de la France ; c’est vous qui avez inspiré et soutenu Sainte Jeanne d’Arc dans sa mission libératrice. Venez encore à notre secours : sauvez-nous!
Nous mettons nos personnes, nos familles, nos paroisses, la France entière, sous votre spéciale protection.
Nous en avons la ferme espérance : vous ne laisserez pas périr le peuple qui vous a été confié et qui en tant d’endroits, vous honore depuis des siècles, comme au Mont-Saint-Michel.

Que Dieu suscite parmi nous des saints !
Par eux, ô Archange Saint Michel, faites triompher l’Eglise dans la lutte qu’elle soutient contre l’enfer déchaîné et, par la force du Saint Esprit, établissez le Règne du Christ sur nos coeurs, sur nos familles, sur l’Eglise et sur la France, afin que la Paix du Ciel y demeure à jamais. 

Ainsi soit-il !

(avec la permission de l’Ordinaire, Paris 30 juin 1906)

Louis-XI-300x142 prière pour la France dans Intentions de priere

Autres prières en l’honneur de Saint Michel publiées sur ce blogue :
Litanies de Saint Michel et prière dans tous nos besoins > ici.
Prières pour demander l’assistance de Saint Michel et

prière à Saint Michel composée par Saint Louis de Gonzague > ici.

2012-55. Bilan des promenades contées sur les pas du Grand Chanéac.

Jeudi 27 septembre 2012,
fête des Saints Côme et Damien.

2012-55. Bilan des promenades contées sur les pas du Grand Chanéac. dans Chronique de Lully P8080524-Copie-2-241x300

Frère Maximilien-Marie  contemplant d’en haut le « gouffre de l’enfer »
dans lequel les prêtres réfractaires qu’ils protégeaient et les chouans du Grand Chanéac allaient se cacher
(cliquer sur l’image pour la voir en plus grand) 

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Au cours de l’été, je vous l’avais annoncé (cf. > www), notre Frère a proposé des promenades contées - dites aussi promenades-conférences – , pour permettre à ceux que cela intéressait de découvrir ce que fut la chouannerie dans les hautes Boutières à travers la geste du Grand Chanéac, l’un des plus célèbres et des plus emblématiques parmi les chefs chouans de notre pays (cf. > www).
Au terme de la saison 2012, je m’étais promis de vous en dresser un petit compte-rendu, afin de vous donner une idée de ce que cela a représenté. Le voici.

A- Quelques données « techniques »:

Aux quatre sorties initialement programmées (une par mois en juin, juillet, août et septembre), s’en sont ajoutées deux autres : pour des groupes déjà constitués qui en firent la demande (comme il était prévu que cela puisse se faire).

La promenade du mois de septembre avait été intentionnellement programmée dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine et faisait l’objet d’une mention particulière dans certains dépliants édités spécialement pour l’occasion.
Mais chacune des autres sorties avait aussi été très bien annoncée : non seulement par la presse écrite locale dans les jours précédents, mais également sur les ondes de R.d.B., la Radio des Boutières.
En amont, toutes les dates prévues avaient été insérées dans le calendrier général de programmation des découvertes patrimoniales diffusé par le SITRA (système d’information touristique Rhône-Alpes) ; de la sorte, elles ont été automatiquement communiquées à tous les Offices de Tourisme de la région, et aussi répercutées dans une publication spéciale du Dauphiné Libéré, répertoriant tout ce qui se faisait dans l’Ardèche et dans la Drôme jour par jour tout au long de l’été, qui a été largement distribuée.
Que soient ici chaleureusement remerciés tous les annonceurs, tous nos amis des Offices de Tourisme (tout particulièrement celui des Boutières et celui des sources de la Loire), tous les correspondants de presse, ainsi que tous les particuliers qui après être venus à une promenade ont encouragé leurs amis à y participer aussi.

En outre, bien sûr, Frère Maximilien-Marie avait réalisé quelques affiches et petites cartes annonçant les dates de ces promenades.
A chaque fois que des personnes téléphonaient au Mesnil-Marie pour prendre des renseignements ou pour s’inscrire, notre Frère leur demandait de quelle manière elles avaient connu l’évènement : les réponses montrent que tous les moyens d’information utilisés ont suscité des inscriptions.

Le nombre des participants a été de dix le 9 juin, de dix aussi le 7 juillet, de vingt-trois le 10 juillet, de vingt-six le 4 août, de cinq le 25 août (c’était avec notre mini-camp chouan dont je vous ai parlé ici > wwwet de dix-huit le 15 septembre, ce qui fait donc un total de quatre-vingt-douze participants.
De toutes manières, Frère Maximilien-Marie préfère toujours avoir un groupe qui ne comprend pas plus de quinze personnes : il n’aime pas refuser des participants, et c’est pourquoi il consent à dépasser ce nombre, mais il réalise très bien que la gestion de l’après-midi est ensuite moins fluide.

Et pour rester dans le domaine des chiffres, il faut également noter que, d’une manière générale, les quelque quatre heures annoncées pour la durée de ces balades ont été régulièrement dépassées.
Il y a deux raisons à cela : a) le temps de déplacement d’un groupe croît d’une manière proportionnée au nombre des personnes qui le composent ; et b) de nombreuses questions ou remarques de participants ont contribué à l’allongement de la prestation.

coeurvendeen bilan été 2012 dans Commentaires d'actualité & humeurs

B – Qui étaient les participants et quelles étaient leurs motivations?

Lors de la moitié de ces promenades, Frère Maximilien-Marie a eu la joie de compter parmi les participants des personnes descendant du Grand Chanéac ou qui lui étaient apparentées.
Pour elles, ces après-midi étaient une manière de se ré-enraciner dans leur histoire familiale, de revoir – ou parfois tout simplement de découvrir – les lieux de la vie de leur ancêtre… et peut-être aussi de vérifier que ce qui est y dit est bien conforme aux traditions transmises à son sujet dans sa descendance.

D’autres participants viennent des environs immédiats : paroisses du « plateau » ou des hautes Boutières dans lesquelles le souvenir du Grand Chanéac est plus vivant qu’ailleurs.
Mais il est aussi un nombre non négligeable de nos promeneurs qui sont venus de bien plus loin : du sud du Vivarais, de la vallée du Rhône, de la région annonéenne, voire du Velay, du Gévaudan, du Forez, du Dauphiné, de Provence… etc.

Pour tous, c’est une manière de découvrir ou d’approfondir « in situ » une page d’histoire qui reste malheureusement méconnue.

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Les ruines du mas des Sucheyres, où naquit et mourut le Grand Chanéac,
photo prise le 25 août 2012 (cliquer sur la photo pour la voir en grand) 

C – Quel est l’impact de ces promenades?

Il n’est pas possible de répondre complètement à cette question, vous vous en doutez bien. Toutefois il y a certains éléments partiels de réponse qui peuvent dès à présent être soulignés.

a) Pour ce qui me concerne, je n’ai eu, par divers canaux, que des échos élogieux des prestations de Frère Maximilien-Marie.
Les personnes qui ont participé aux promenades-conférences « Sur les pas du Grand Chanéac » et dont j’ai recueilli les témoignages étaient toutes satisfaites de ce qu’elles y avaient entendu, soit parce qu’elles y avaient appris énormément (même lorsque cela remet en question certaines choses), soit parce qu’elles y trouvaient la confirmation de leurs propres recherches ou approfondissements.
Il est arrivé que certains posent des questions semblant relativiser ce que notre Frère disait, parce qu’ils avaient lu des textes présentant le Grand Chanéac sous un jour désavantageux ou le contexte de la révolution d’une tout autre manière : je note que cela ne s’est jamais présenté sous la forme d’opposition frontale ou de contradiction absolue, mais plus sous la forme de demande de plus d’explications. Toutefois j’aborde déjà ici la question du « contenu », sujet dont je vais parler plus longuement ci-dessous.
Je ne m’avancerai pas à dire qu’il n’y a pas eu de mécontents mais, s’il y en a eu, ils ne se sont pas manifestés de manière franche et déclarée devant Frère Maximilien-Marie.

b) Notre Frère a bien conscience que le seul fait d’aborder le sujet de la contre-révolution peut sembler résolument iconoclaste, voire apparaître comme du « révisionnisme » aux yeux de certains.
Cependant ces promenades contées ne sont pas un acte « polémique » : elles se contentent d’évoquer, sur les lieux mêmes où ils se sont déroulés, des faits et la figure d’un personnage historique.
Que l’existence même de ces faits et que les engagements de ce personnage puissent déplaire à certains, c’est une évidence. Mais alors leur réaction est un comportement d’ordre idéologique, il échappe à l’objectivité.
Les faits sont les faits : vouloir les cacher ou les ensevelir pour jamais dans le silence est contraire à la vérité.
La vérité historique a-t-elle besoin d’autre chose que des faits?
La vérité ne se suffit-elle pas à elle-même?
Que peuvent apporter les arguments des hommes à l’évidence qu’impose la vérité des faits?
Frère Maximilien-Marie n’a pas pour volonté de « réveiller de vieilles querelles », mais seulement de transmettre la réalité des faits, mais seulement de faire connaître la vérité de ce qui s’est passé.
Si l’exposé de ces faits authentiques dérange, la faute n’en revient pas à Frère Maximilien-Marie mais à ceux qui s’en trouvent indisposés et – en définitive – c’est leur problème à eux, pas celui de l’historien qui fait correctement son travail : « Qui se sent morveux se mouche » répétait jadis son instituteur de l’école communale…
On raconte qu’un philosophe pré-socratique niait la réalité du mouvement et qu’un autre philosophe – qui n’était pas du même avis – au lieu de se lancer dans d’interminables discussions et arguties pour le contredire, se contenta de se lever et de marcher devant lui.
Ainsi de notre Frère : il se contente d’exposer des faits, qu’il explique en
 les replaçant dans leur contexte, le contexte de l’ensemble du Royaume à la fin de l’Ancien Régime, le contexte sociétal particulier de nos contrées, le contexte religieux du diocèse de Viviers et le contexte particulier de nos anciennes paroisses… etc.
Puis, à côté des éléments historiques dûment attestés, il fait également mention des données de la tradition orale en expliquant bien, je crois, ce qui peut être considéré comme certain ou ce qui appartient davantage à une espèce de légende.

c) Il est arrivé que Frère Maximilien-Marie reçoive quelques remarques un peu agressives ou désobligeantes à propose de ces balades « Sur les pas du Grand Chanéac », mais les personnes qui les lui ont faites ne sont jamais venues y participer, ni n’ont jamais donné suite à la proposition qu’il leur a faite d’une réunion au cours de laquelle, de manière rigoureusement historique en même temps que respectueuse et courtoise, toutes choses pourraient être exposées sereinement comme il sied à des êtres raisonnables et civilisés.

d) Pour terminer ce chapitre d’une manière positive, je crois être en droit de conclure que l’impact de ces promenades est quadruple :
d.1) elles permettent à des personnes qui ont une honnête recherche intellectuelle d’approfondir une page d’histoire locale replacée dans le contexte de la grande histoire de la France ;
d.2) elles sont l’occasion d’ouvrir des consciences à autre chose que le « prêt à penser » idéologique imposé par une certaine histoire officielle ;
d.3) elles donnent une place et une audience – non usurpées – au Refuge Notre-Dame de Compassion dans le domaine de la culture, à l’échelon local ;
d.4) elles sont l’occasion de contacts très riches, très diversifiés et très sympathiques…

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Ces promenades-conférences seront-elles reconduites l’année prochaine?
Je crois pouvoir répondre par l’affirmative à cette question, même s’il peut être envisagé de leur donner une autre fréquence ou une autre configuration, puisque, sur cette terre, tout ce que nous entreprenons est toujours susceptible d’amméliorations.

En attendant, je vous adresse mes salutations félines les plus amicales…

patteschats promenades contéesLully.

2012-54. Liberté religieuse ou liberté des Chrétiens ?

   Nous reproduisons ci-dessous, avec son autorisation (et nous lui en sommes profondément reconnaissants), un texte du Professeur Roberto de Mattei, qui a été publié dans la lettre de liaison de Correspondance Européenne (n°256, du 20 septembre 2012).
Ce texte nous apparaît important, dans le contexte actuel de flou philosophique et doctrinal, justement parce qu’il énonce les choses clairement sans les dénaturer.
Il constitue aussi une contribution véritablement constructive à l’étude de l’un des textes les plus équivoques du second concile du Vatican : la déclaration (nota bene : une « déclaration » – faut-il le dire ? – n’est ni une constitution ni un décret ; de par son nom même elle n’a qu’une valeur déclarative liée à un contexte particulier) sur la liberté religieuse Humanae dignitatis.

2012-54. Liberté religieuse ou liberté des Chrétiens ? dans Chronique de Lully robertodemattei1

Le Professeur Roberto de Mattei.

Eglise catholique : liberté religieuse ou liberté des Chrétiens ?

   On trouve parmi les slogans du langage “politiquement correct” le terme de “liberté religieuse”, que les Catholiques emploient de temps en temps de manière inappropriée, notamment comme synonyme de liberté de l’Église ou de liberté des Chrétiens. Or il s’agit en réalité de termes et de concepts bien distincts qu’il convient ici d’expliciter.

   L’équivoque qui réside dans la déclaration conciliaire intitulée Dignitatis Humanae (1965) est apparue du fait du manque de distinction entre le for intérieur, qui représente le domaine de la conscience personnelle, et le for extérieur, qui représente le domaine public, c’est à dire la profession et la propagation publique de ses convictions religieuses.

   L’Église, avec Grégoire XVI et son encyclique Mirari Vos (1836), avec Pie IX : Syllabus et Quanta Cura (1864), mais également avec Léon XIII et Immortale Dei (1885) ainsi que Libertas (1888), enseigne que :

1) Personne ne peut être contraint à croire dans son for intérieur parce que la Foi est un choix intime de la conscience de l’Homme.

2) L’Homme n’a pas droit à la liberté religieuse dans son for extérieur, c’est à dire à la liberté de pouvoir professer et propager n’importe quelle religion, car seuls la Vérité et le Bien ont des droits, ce qui n’est pas le cas pour le Mal et l’erreur.

3) Le culte public des fausses religions peut éventuellement être toléré par les pouvoirs civils en vue d’un bien plus grand que l’on doit obtenir, ou d’un mal plus grand que l’on doit éviter, mais en soi le culte public des fausses religions peut aller jusqu’à être réprimé, y compris par la force, si nécessaire. Or le droit à la tolérance est une contradiction parce que comme l’indique le terme même, ce qui se tolère n’est jamais le Bien, c’est toujours et seulement le Mal. Dans la vie sociale des nations l’erreur peut être tolérée comme un fait, mais jamais admise comme un droit. L’erreur “n’a objectivement aucun droit ni à l’existence, ni à la propagande, ni à l’action” (Pie XII, Discours Ci Riesce, 1953).

   En outre, le droit de ne pas être soumis à la contrainte, c’est à dire le fait que l’Église n’impose la Foi catholique à personne, mais exige la liberté de l’acte de Foi, ne provient pas d’un prétendu droit naturel à la liberté religieuse, c’est à dire d’un prétendu droit naturel à croire à n’importe quelle religion, mais se fonde sur le fait que la religion catholique, l’unique vraie religion, doit être embrassée en pleine liberté et sans aucune contrainte. La liberté du croyant se fonde sur la vérité à laquelle on croit, et non pas sur l’autodétermination de l’individu. Le Catholique, – et le Catholique seul -, a le droit naturel de professer et de pratiquer sa religion et il a ce droit parce que sa religion est la vraie religion. Ce qui signifie qu’aucun autre croyant hormis le Catholique n’a le droit naturel de professer sa religion. On en trouve la démonstration dans le fait qu’il n’existe pas de droit sans devoirs et inversement. La loi naturelle, résumée dans les Dix Commandements, s’exprime de manière prescriptive, à savoir qu’elle impose des devoirs desquels naissent des droits. Ainsi par exemple, du Commandement : “Tu ne tueras pas l’innocent” naît le droit de l’innocent à la vie. Le refus de l’avortement est une prescription de droit naturel qui fait abstraction de la religion de celui qui s’y conforme. Et ceci est valable également pour les Sept Commandements de la Seconde Table. Mais comparer le droit à la liberté religieuse au droit à la vie, en les considérant tous les deux comme des droits naturels, n’a aucun sens.

   Les trois premiers commandements du Décalogue, en effet, ne se réfèrent pas à une quelconque divinité, mais au Dieu de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il découle du Premier Commandement, qui impose d’adorer l’unique vrai Dieu, le droit et le devoir de professer, non pas n’importe quelle religion, mais l’unique vraie religion. Et ceci est vrai autant pour les individus que pour l’État. L’État, comme tout individu, a le devoir de professer la vraie religion également pour la raison qu’il n’existe pas un but de l’État qui soit différent de celui de l’individu.

   La raison pour laquelle l’État ne peut contraindre personne à croire naît non pas du principe de la neutralité religieuse de l’État, mais du fait que l’adhésion à la vérité doit être pleinement libre. Si l’individu avait le droit de prêcher et de professer publiquement n’importe quelle religion, alors l’État aurait le devoir de neutralité religieuse. Ce que l’Église a condamné à plusieurs reprises. C’est pourquoi nous disons que l’Homme a le droit naturel non pas de professer n’importe quelle religion, mais de professer la vraie religion. C’est uniquement si la liberté religieuse est comprise comme liberté chrétienne que l’on pourra parler de droit à cette liberté.

   Certains affirment qu’actuellement nous vivons de fait dans une société pluraliste et sécularisée, les États catholiques ont disparu et l’Europe est un continent qui a tourné le dos au Christianisme. Le problème concret est par conséquent celui des Chrétiens persécutés dans le monde, et non pas de l’État catholique. Personne ne le nie, mais la constatation d’un fait n’équivaut pas à l’affirmation d’un principe. Le Catholique doit désirer de toutes ses forces une société et un État catholiques dans lesquels le Christ règne, comme l’explique Pie XI dans son encyclique Quas Primas (1925).

   La distinction entre la “thèse” (le principe) et “l’hypothèse” (la situation concrète) est ainsi connue. Et plus l’on est contraint de subir l’hypothèse, plus il faut s’efforcer de faire connaître la thèse. Par conséquent nous ne renonçons pas à la doctrine de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ : parlons donc des droits de Jésus Christ à régner sur toute la société et parlons aussi de Son Règne comme unique solution aux maux de notre époque. Et au lieu de nous battre pour la liberté religieuse, ce qui revient à placer juridiquement sur le même plan la vraie religion avec les fausses religions, battons-nous au contraire pour défendre la liberté des Chrétiens qui aujourd’hui sont persécutés en Orient par l’islam et en Occident par la dictature du relativisme.

Professeur Roberto de Mattei.

roicopie concile Vatican II dans Commentaires d'actualité & humeurs

2012-53. 21 septembre 1792 : rappel de quelques vérités.

Vendredi 21 septembre 2012,
Fête de l’apôtre et évangéliste Saint Matthieu.

   Ce matin (21 septembre 2012), dans mes lectures, je suis « tombé » sur quelques textes qui célébraient en ce jour le deux-cent-vingtième anniversaire de l’abolition de la royauté et de la proclamation de la république par la « Convention nationale ».
Bien évidemment, cette commémoration importe surtout aux laïcistes, libres penseurs et autres francs-maçons qui, dans leur langage dithyrambique, voient dans ce jour la « fin de la tyrannie », « l’avènement de la liberté » et le « triomphe de la démocratie »… etc.

Autel de la Convention nationale

Paris : dans la basilique Sainte Geneviève profanée et convertie en « Panthéon »,
l’ « autel » dédié à la Convention (sculpteur : Sicard)

   De ce fait, je me suis replongé dans quelques publications historiques : oh! pas des publications « tendancieuses » ou « partisanes », simplement des études basiques et honnêtes auxquelles tout le monde peut avoir accès et dans lesquelles on trouve des chiffres que je vais me contenter de présenter.
Car les chiffres suffisent à démontrer que ce que célèbrent les laïcistes et les francs-maçons – un peuple unanime qui abolirait la royauté et proclamerait la république dans les transports d’une liesse quasi mystique – n’est qu’un pur mythe idéologique, sans aucun fondement réel.

   On peut lire ici ou là que les élections par lesquelles furent désignés les députés de la Convention furent les premières en France à avoir été faites au suffrage universel.
En réalité, les députés à la Convention furent élus par moins de 10% de la population du Royaume

   Etaient exclus du droit de vote : 1) les femmes, 2) les domestiques, 3) les non-salariés (il fallait pour être électeur pouvoir justifier que l’on vivait de son travail, ce qui signifie que ceux qui vivaient de rentes ou de revenus fonciers ne pouvaient voter), 4) les hommes qui n’avaient pas au moins un an de résidence dans une commune, 5) les hommes de moins de 21 ans.

   En outre, les élections des députés à la Convention se déroulèrent sur un mode un peu compliqué qui avait deux degrés : pour être électeur au premier degré, il fallait payer une contribution équivalente au revenu de trois journées de travail, et pour être électeur au second degré il fallait payer une contribution équivalente au revenu de cent-cinquante journées de travail.
Le premier degré des élections eut lieu le 26 août 1792, et le second degré le 2 septembre.
C’est dire que ces scrutins ont eu lieu dans le même temps qu’il y avait l’instauration d’une véritable terreur sanguinaire : prise des Tuileries et massacre des derniers défenseurs de la famille royale, emprisonnement de cette dernière dans le donjon du Temple, emprisonnements massifs de prêtres réfractaires et de royalistes, et enfin massacres de septembre…

   Autant dire que le climat politique et social était absolument contraire à une expression paisible des sentiments de la population terrorisée, qui restait à près de 90% favorable à la royauté, fidèle à son Roi et de plus en plus hostile à la révolution (en particulier en raison du refus de la constitution civile du clergé et de son attachement aux « bons prêtres »).
Ce sont presque exclusivement les « patriotes », c’est-à-dire les révolutionnaires les plus enragés, qui se rendirent aux urnes.

   Le nombre total des députés à la Convention était de 749.
Pour se réunir et pour commencer à légiférer, la Convention n’attendit pas que tous les députés fussent arrivés à Paris : sa première réunion eut lieu le 20 septembre 1792 en fin d’après-midi, 371 députés seulement étaient présents, c’est-à-dire un peu moins de la moitié.
Moins de la moitié des élus, désignés par moins de 10% de la population : nul besoin d’être très doué en calcul pour comprendre à quel point cette représentation est « démocratique », et pour réaliser selon quelle mesure les décisions de ces députés ont exprimé les « sentiments unanimes de la nation » !!!

La séance du 21 septembre 1792 vit le vote « à l’unanimité » de l’abolition de la royauté et de la proclamation de la république.
Voici la photographie du décret qui en fait acte :

décret du 21 sept 1792

   Chacun de vous peut donc aisément comprendre que la proclamation de la république en France fut le fait d’une infime minorité de terroristes (371 extrémistes décidant pour plus de 27 millions d’habitants) et constitue un déni absolu de la « démocratie » dont elle prétend être l’expression.

Lully.

Voir aussi :
- Joseph de Maistre : « Du caractère satanique de la révolution française » > ici ;
- Lucifer, ange tutélaire de la république maçonnique > ici ;
- Le caractère fondamentalement anticatholique de la république en France > ici.

Scapulaire Sacré-Coeur

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