Archive pour la catégorie 'Vexilla Regis'

2023-67. Découverte d’une œuvre : « l’Apothéose de Louis XVII », par William Hamilton.

8 juin,
Fête de la Bienheureuse Marie du divin Cœur, vierge ;
Fête de Saint Médard de Noyon, évêque et confesseur ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Louis XVII (cf. > ici).

frise lys deuil

     Le peintre britannique William Hamilton (1751-1801), portraitiste, mais surtout connu pour avoir illustré des scènes bibliques et historiques, est l’auteur d’une toile émouvante intitulée « l’Apothéose de Louis XVII ».

   L’œuvre, peinte entre 1795 et 1799, de dimensions médiocres (99 cm x 72 cm), se trouve de nos jours dans une collection privée après avoir été acquise en 2019 lors d’une vente chez Christie’s. Ce tableau témoigne de l’intérêt qu’éprouvaient les artistes britanniques pour les événements de la grande révolution, dite française : ils étaient bouleversés de voir le royaume qui avait été le phare de la civilisation européenne sombrer dans la barbarie la plus noire, en même temps qu’ils étaient émus et édifiés par la dignité de tous ces Français qui, fuyant d’horribles persécutions, étaient venus trouver refuge en Angleterre, et dont les malheurs rendaient plus concrets les événements de France.

William Hamilton - L'Apothéose de Louis XVII

William Hamilton (1751-1801) : « L’apothéose de Louis XVII ».

   L’objet du tableau est clairement désigné par son titre : « L’Apothéose de Louis XVII ».
Si dans l’antiquité païenne le mot apothéose désignait la déification d’un mortel, qui prenait place au milieu des dieux de l’Olympe et leur était équiparé, dans l’iconographie chrétienne il s’agit de montrer un personnage recevant la récompense d’une vie exemplaire, de ses vertus, de ses labeurs apostoliques ou de son martyre : il est alors accueilli dans la gloire céleste. Il s’agit donc presque d’une forme de « béatification par la représentation artistique » si le personnage n’est pas encore déclaré « bienheureux » par la Sainte Eglise ; mais il existe, bien sûr, des tableaux ou des groupes sculptés représentant l’apothéose d’un saint dont le culte est déjà autorisé.

   La partie centrale de la toile est donc occupée par la représentation du jeune Roi Louis XVII, en vêtement blanc, debout, dans une attitude ascendante, dynamique : la tête et les yeux levés vers le ciel où il monte, il est soutenu par un ange, tout de blanc vêtu lui aussi, penché tendrement vers lui. Cet ange, l’entoure de son bras droit dans un geste protecteur, tandis que, de son bras gauche étendu il lui montre la fin de son exil terrestre et lui fait entrevoir les consolations éternelles.

William Hamilton - L'Apothéose de Louis XVII - scène centrale

   Nous pouvons nous attarder à contempler la beauté des visages de Louis XVII et de l’ange. Chez ce dernier, l’expression est toute de consolation et de compassion, pénétrée d’un immense respect ; tandis que ce que l’on perçoit sur le visage du petit Roi ce sont encore les traits d’une extrême souffrance morale et d’une détresse qui, quoique pleines d’espérance, ont encore du mal à réaliser que les jours de la torture morale et de la déréliction sont achevés : il y a dans son regard et sur ses lèvres l’amorce d’un sourire en apercevant les êtres chers qui s’apprêtent à l’accueillir dans les cieux…

William Hamilton - L'Apothéose de Louis XVII - détail 1 (2)

   Ces êtres chers, ce sont son père, sa mère, son frère aîné et sa tante : Leurs Majestés le Roi Louis XVI, au centre, et la Reine Marie-Antoinette, à droite, contre laquelle est appuyé le Dauphin Louis-Joseph, mort de la tuberculose le 4 juin 1789 ; à notre gauche, c’est Madame Elisabeth, enveloppée du voile des vierges, et sur la tête de laquelle un ange s’apprête à poser la couronne des martyrs.

   Les yeux de Louis XVII et de la Reine Marie-Antoinette se rencontrent : l’enfant qui a été arraché à sa mère, et contre laquelle, abruti par l’alcool ainsi que par les sévices physiques et psychologiques, on l’a contraint à porter d’ignobles faux témoignages, lui est rendu, dans toute sa pureté de jeune martyr.
Derrière la Reine, se tient debout la figure allégorique de la force, casquée et cuirassée, qui pose sa main sur le dossier du siège de la souveraine, pour bien manifester jusqu’à quel degré d’héroïsme l’a vécu cette épouse et cette mère martyre. On remarque aussi le bras droit de la Reine, posé sur celui de son royal époux, en un geste à la fois de tendresse, de confiance, de support et d’union.
Enfin, notons combien l’attitude de Louis XVI s’apparente à celle d’un prêtre à l’autel avant l’ « Hanc igitur » – le moment où il va étendre les mains sur l’hostie et sur le calice pour commencer la consécration (dans la gestuelle strictement codifiée par les rubriques de la liturgie traditionnelle, et non dans la « nouvelle messe » évidemment) -, comme pour signifier à quel point le Roi sacré, par son sacrifice consenti et offert, a été identifié au Christ prêtre et roi s’offrant en sacrifice pour le salut de Son peuple.

William Hamilton - L'Apothéose de Louis XVII - détail 2

   Dans le bas du tableau, dans un univers de ténèbres et de sang – évoqué par le rouge crépusculaire du ciel – est représentée la ville de Paris (on reconnaît la Seine et ses ponts ainsi que les tours de la cathédrale Notre-Dame), soumise à l’empire du mal : la révolution est personnifiée par une espèce de dragon répugnant, qui dresse la tête et ouvre encore sa gueule terrible, comme pour essayer d’atteindre encore le jeune Roi, qui, ayant quitté cette terre, lui est arraché pour entrer dans la lumière éternelle, et dont l’immonde martyre par lequel elle l’a humilié et fait mourir à petit feu, est devenu, comme la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’instrument de sa sainteté et de sa victoire éternelle !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

William Hamilton - L'Apothéose de Louis XVII - détail 3

frise lys deuil

 

2023-66. Bon signe, bon signe !

Comme les autres mois, nous pensons utile aux lecteurs de ce blogue de leur reproduire ci-dessous la lettre mensuelle de la Confrérie Royale.

Lettre mensuelle aux membres et amis
de la
Confrérie Royale

- 25 mai 2023 -

Blason de la Confrérie Royale

« Bon signe ! Bon signe ! »

« (…) Affermissant les âmes des disciples,
les exhortant à persévérer dans la foi,
et disant que c’est par beaucoup de tribulations
qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu.»
(Actes des Apôtres, XIV, 21)

Messieurs les Chanoines,
Mes Révérends Pères et Frères,
Messieurs les Abbés,
Chers Membres et Amis de la Confrérie Royale,

       Ce huitième pèlerinage annuel dans la cité sainte du Puy-en-Velay, à l’occasion du dernier « pont » de l’Ascension, a réuni un groupe fervent de pèlerins, pas très nombreux, mais fort édifiants. Nous devons rendre grâces à Dieu pour l’heureux déroulement de ce pèlerinage, et nous ne doutons pas qu’il aura des retombées de grâces, pour les personnes présentes, pour ceux qui, étant empêchés de venir, nous avaient recommandé leurs intentions, pour toute la Confrérie Royale, et – bien sûr – pour notre Souverain légitime, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, ainsi que pour la France, même si, pour l’heure – hélas ! – nous assistons plutôt au déchaînement des forces du mal et aux efforts décuplés des ennemis, toujours à l’œuvre, du Trône et de l’Autel.

    Sans vouloir majorer en quelque manière ce qui ne mérite pas de l’être, je dois toutefois signaler à tous nos membres que notre pèlerinage a suscité quelques remous de surface localement : des vaguelettes sur la mare aux canards.
Un article, publié sur Internet par un organe local d’information la veille même de notre arrivée, intitulé « Les fous du Roi reviennent au Puy-en-Velay », signalait notre pèlerinage, avec une évidente mauvaise intention : celle de lui nuire en lui suscitant des oppositions. Nous avons d’ailleurs découvert à cette occasion (nous l’avions ignoré jusqu’alors) que ce même site nous avait déjà signalés en juin 2022, et que la Licra (ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) avait alors tenté d’intimider – avec un certain succès – le directeur d’un établissement dans lequel nous étions logés lors de précédents pèlerinages, mais où toutefois nous n’avions plus sollicité d’hébergement en 2022. Dans la foulée du sus évoqué site Internet, le vendredi matin, un organe de la presse papier publiait à son tour un petit article, un peu moins hostile, à notre pèlerinage.
Je préfère ne pas épiloguer sur l’action de ces trublions, qui ne nous ont jamais contactés et se contentent de critiquer en se fondant sur les seules bases de leur ignorance et de leurs idéologies, mais je suis disposé à communiquer aux membres et amis de la Confrérie qui écriront pour les demander, les liens vers ces articles, s’ils désirent en faire la lecture.
L’un des effets visibles de ces publications a été de constater qu’en quelques endroits de la ville du Puy, des autocollants, aussi laids qu’agressifs, avaient été apposés pour s’opposer à notre présence.
Il n’y a, en définitive, en tout cela rien qui doive nous étonner ou nous effrayer : « Si le monde vous hait, sachez qu’il M’a eu en haine avant vous. Si vous aviez été du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes point du monde, et que Je vous ai choisis du milieu du monde, c’est pour cela que le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que Je vous ai dite : le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi… » (Jean, XV, 18-20a).

   En revanche, il peut être spirituellement intéressant, voire fructueux, de tirer quelques réflexions et d’approfondir certains points de ces récents événements. C’est à cela que je vous invite ci-dessous :

   1) Si, sur cette terre, et particulièrement en notre Occident déchristianisé et apostat, il se trouve beaucoup d’hommes (jusque dans les rangs des catholiques) qui doutent de la puissance et de l’efficacité de la prière, Satan, lui, y croit fermement.
Il est donc parfaitement dans sa logique de s’agiter pour empêcher la prière. L’ennemi de notre salut déploiera de nombreuses industries pour nous détourner de la prière individuelle, lorsque nous décidons de prendre un temps d’oraison ou de réciter le saint rosaire, par exemple, en suscitant, juste à ce moment-là, de prétendues urgences visant à nous faire différer ou annuler ce temps de prière. Il en est de même pour nos modestes pèlerinages de la Confrérie Royale : l’ennemi de l’ordre social chrétien et du salut de la France, multiplie les oppositions et contrariétés afin de les empêcher.
C’est finalement un bon signe ; le signe qu’ils contrarient ses plans de haine et de perdition. Lorsque nous comprenons bien cela, une seule conclusion s’impose : tenir bon et continuer ! 

   2) Ce même constat doit être établi au sujet du lieu de ce pèlerinage annuel qui commence au jour de l’Ascension.
Nous avons déjà exposé à de nombreuses reprises les motifs qui ont présidé au choix de la ville sainte du Puy-en-Velay : premier lieu d’apparition de la Très Sainte Mère de Dieu sur le sol de ce qui deviendra la France, promesses faites par elles, place de ce pèlerinage dans l’histoire du Royaume de France et dans celle de la spiritualité (notamment par le moyen des saints qui sont venus en ce lieu et des grâces qu’ils y ont reçues… etc.).
Il y a de nombreux lieux de pèlerinages et sanctuaires sur le sol de France, qui retiennent l’attention des Légitimistes en général et de la Confrérie Royale en particulier : nous ne les dédaignons absolument pas et – cela aussi a toujours été dit à l’attention de ceux qui veulent bien l’entendre – les prêtres et religieux de la Confrérie Royale sont tout disposés à y organiser des pèlerinages, en collaboration avec les Légitimistes de ces provinces.
Toutefois, nous n’abandonnerons pas le pèlerinage du Puy, quelles que soient les oppositions qu’il suscite. Pour ce qui concerne le choix de ce lieu aussi, l’adversité et les contrariétés sont un bon signe ! Ce n’est pas parce que les ennemis de la Tradition catholique et monarchique du Royaume veulent occuper tout le terrain, que nous sommes décidés à le leur céder.

   3) Ce qui provoque les cris horrifiés et les virulentes critiques de ceux qui voudraient empêcher notre pèlerinage, c’est ce qui constitue l’essence même de notre Confrérie Royale : prier pour le Roi légitime et pour une authentique restauration de la monarchie capétienne traditionnelle. Le trône de Saint Louis et la foi de Saint Louis !
Cela déchaîne les sarcasmes et l’antagonisme de tous ceux qui haïssent la doctrine traditionnelle de l’Eglise, la morale traditionnelle de l’Eglise, la liturgie traditionnelle de l’Eglise ? Bon signe ! Bon signe !
Il serait au contraire de très mauvais augure d’être soutenus, loués et encouragés, par tous les thuriféraires d’une prétendue modernité qui a renié la Révélation chrétienne et la morale chrétienne, et qui applaudit et défend toutes les déviances politiques et sociétales, spirituelles et morales…

   Qu’ajouter en conclusion ?
Simplement qu’il est plus que jamais important que chacun des membres de la Confrérie Royale se renouvelle dans la ferveur et le zèle, que – combattant toute forme de routine et de découragement – chacun prenne de plus généreuses résolutions pratiques et concrètes pour faire connaître la Confrérie Royale et y attirer de nouveaux membres, et que, dès à présent, chacun fasse tout son possible pour prendre part à ses activités (en particulier le pèlerinage au Puy-en-Velay en 2024) !

   Je vous remercie de bien vouloir recevoir ces réflexions et cet appel en vos cœurs devant Dieu et en présence de notre très douce Mère céleste, et vous demande de bien vouloir prier pour moi qui de par ma charge priorale doit à l’exemple des saints apôtres « affermir les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu » (cf. Act. XIV, 21).

Votre très humble et dévoué serviteur,
in Corde Jesu & Mariae.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

Le Puy en Velay ville sanctuaire

Le Puy-en-Velay, ville sanctuaire

2023-59. Gouverner et se gouverner : lettre aux membres et amis de la Confrérie Royale pour le 25 avril 2023.

25 avril 2023,
fête de Saint Marc, évangéliste et martyr ;
à Rome, les litanies majeures (mineures en France) ;
anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Louis XX.

Baptême du futur Louis XX

Baptême du futur Louis XX

En ce 25 avril,
nous souhaitons à Monseigneur le Prince Louis de Bourbon,

duc d’Anjou,
de jure Sa Majesté le Roi Louis XX
un très bon et heureux anniversaire,
et nous L’assurons de nos ferventes prières
pour Son Auguste Personne
et à toutes Ses intentions

Armes de France & Navarre

Lettre mensuelle aux membres et amis
de la
Confrérie Royale

Gouverner et se gouverner

       Gouverner est désiré avec concupiscence par ceux qui prétendent servir leur pays. En revanche, l’art du gouvernement est un art difficile et rares sont les artisans experts en cette matière. Saint Thomas d’Aquin, dans son étude sur La Royauté, précise ce qu’est gouverner : « […] Gouverner signifie conduire de manière appropriée ce qui est gouverné vers la fin qui lui est due. » (Livre II, chap. 3, art. 2) Une telle définition devrait ramener à des sentiments plus humbles ceux qui veulent détenir le pouvoir, car, la plupart du temps, le gouvernement ne poursuit pas un tel but mais plutôt la mise en place d’un programme bénéficiant à quelques-uns. Pour le Docteur angélique, la fondation d’une cité ou d’un royaume doit se conformer à la création du monde. De même, le gouvernement d’une cité ou d’un royaume devra se conformer au gouvernement divin. Toute personne ayant reçu une charge particulière doit aider les autres à atteindre leurs fins extrinsèques, autant qu’il en possède la capacité, comme lorsqu’un capitaine au long cours mène à bon port son navire. Ce dernier ne doit pas seulement conserver intact son vaisseau mais également le conduire jusqu’au port qui était prévu. Quelle est donc la fin ultime de la multitude des hommes ? Vivre selon la vertu. Reprenant ici une intuition aristotélicienne, l’Aquinate souligne que les hommes ne se rassemblent pas seulement pour vivre, comme le font aussi certaines espèces animales, pour se soutenir dans l’atteinte et l’exercice des vertus. Malgré tout, cela n’est pas le port final. Il faut s’élever encore : « La fin de la multitude associée n’est pas de vivre selon la vertu, mais de parvenir, grâce à une vie vertueuse, à la jouissance de Dieu. » (Livre II, chap. 3, art. 6) Un tel gouvernement échappe au roi temporel et repose en Dieu, le prince n’étant qu’un auxiliaire pour favoriser ceux qui ont mission de transmettre sur cette terre l’annonce de la gloire céleste, à savoir les prêtres. Dans une telle hiérarchie des fins à poursuivre, celles qui sont secondaires ne sont que des paliers pour atteindre la fin ultime. Les rois sont les serviteurs du roi qu’est le Christ et ils doivent se soumettre à son Vicaire sur terre, lui-même serviteur de Celui qui est la tête : « […] À celui en charge de la fin dernière doivent se soumettre ceux qui sont chargés des fins antécédentes ; et c’est par son commandement qu’ils sont dirigés. » (Livre II, chap. 3, art. 9)

   Nous sommes bien éloignés de cet idéal dans nos gouvernements contemporains, tant pour les biens intermédiaires et les fins extrinsèques que pour, bien entendu, le bien suprême et la fin ultime. Leonardo Castellani écrit très justement : « Dur et difficile de gouverner, mais incroyablement dangereux aussi. Non pas à cause du nombre incalculable de choses à faire, comme on le croit ordinairement, mais à cause du courage nécessaire à l’exécution des trois seules choses auxquelles le gouvernement est tenu, – d’après ce que j’ai lu chez Machiavel, qui le tirait lui-même de Tite-Live. Trois choses, pas une de plus, trois comme les personnes de la Sainte Trinité : faire la guerre, faire des routes et rendre justice. Et distribuer l’essence ? Laissons ça aux garagistes. Et quand les gouvernants sont corrompus ? Patience ! S’ils sont pris la main dans le sac, alors c’est là qu’il faut rendre la justice. » (Le Verbe dans le Sang, « Gouverner ») Un système républicain à la française tombe justement dans l’ornière du totalitarisme en ce qui concerne « les choses à faire ». L’État est anthropophage, dévorant ses propres enfants à force de les surveiller, de les manipuler et de les punir en toute occasion. Comme les apprentis sorciers en politique veulent prouver qu’ils sont capables de faire quelque chose, – ce qui est toujours regardé avec suspicion par les peuples-, ils décident de s’occuper de tout, surtout de ce qui ne les regarde pas comme la vie des familles, l’instruction, l’éducation, les arts, les fêtes, les loisirs et, bien évidemment, la religion. L’excellent Père Castellani souligne avec humour : « Le gouvernement enseigne et cultive à peu près comme le moustique ou la tique cultive l’organisme. » Souvent des voix s’élèvent pour défendre cette boulimie étatique, avançant l’argument que le monde actuel est très compliqué et qu’il nécessite des solutions et des actions qui ne le sont pas moins. En fait, plus un problème est complexe, plus les principes utilisés pour le résoudre devraient être simples. Gouverner est d’abord affaire de discrétion, de distance, de hauteur. Si la monarchie chrétienne française fut un modèle d’équilibre, – tenant compte qu’aucun système politique n’est infaillible et parfait -, ce fut grâce à quatre colonnes qui furent en même temps quatre protections contre les abus du pouvoir : les corporations, puissance financière ; l’université, centre du savoir ; la magistrature, gardienne des lois ; et l’Église, siège du pouvoir spirituel et du bien suprême. Le roi très chrétien devait gouverner en s’appuyant, bon gré mal gré, sur ces quatre piliers. Ce n’est plus le cas des élus républicains dont les assemblées, très réduites, sont au service d’un mythe : le progrès, et d’une puissance créée uniquement par l’homme : l’argent. La confrontation engendrée par un système niant Dieu conduit nécessairement à ce que Satan soit plus fort que le Créateur dans l’ordre matériel. Dieu est faible en politique et fort pour gouverner la création. Notre jésuite rebelle nous encourage en déduisant le point suivant : « Il y a une ruse de Dieu : caché dans sa manche, l’as de l’épée, carte de la Résurrection. Quand tout s’obscurcit, soyez sûr qu’alors viendra l’aube. Et souvenez-vous de la parabole du figuier. » Rappelons le contenu de cette parabole : « Apprenez la parabole prise du figuier. Quand ses rameaux sont encore tendres et ses feuilles naissantes, vous savez que l’été est proche. Ainsi vous-mêmes, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez que le Christ est proche, à la porte. » (Matthieu, XXIV. 32-33)

   Notre confiance dans le gouvernement du monde par Dieu est une invitation à relativiser les choses humaines, tout ce qui dépend de l’homme, tous ces biens secondaires, toutes ces fins extérieures. L’important est dans l’art de se gouverner soi-même, c’est-à-dire de cultiver les vertus qui seront le tremplin pour atteindre le bien éternel au-dessus de nous. Tout le reste peut sombrer dans le chaos. Voilà pourquoi tant de générations de chrétiens fervents ont résisté aux persécutions et se sont dirigés sans faillir vers le martyre. La vie intérieure exige plus de talent et de résistance que tous les gouvernements de la terre. Encore faut-il reconnaître Notre Seigneur comme le Roi qui dirige et qui donne les lois et les règles pour parvenir jusqu’à lui. Elles sont simples : renoncer à soi-même, puis prendre sa croix pour Le suivre. Nous sommes sous le règne de la divine providence et celle-ci ne régente pas toutes choses mais nous éclaire pour accomplir le bien. Saint Jérôme précisait à juste titre : « Il est absurde d’étendre la majesté de Dieu au point où il saurait à chaque instant combien de moustiques naissent et combien meurent [...]. Nous ne devons pas devenir des vains adulateurs de Dieu au point de galvauder la providence en l’étendant jusqu’à ces questions. » (Commentaire sur Habacuc) En revanche Dieu agit en tout ce qui contribue au bien moral et spirituel de l’homme, sans négliger le reste de la création, comme Notre Seigneur le rappelle : « Deux passereaux ne se vendent-ils pas un as ? Cependant pas un d’eux ne peut tomber sur la terre sans votre Père. Les cheveux mêmes de votre tête sont comptés. » (Matthieu, X. 29-30) Saint Augustin, dans La Cité de Dieu, luttera contre une idée erronée du destin et défendra cette Providence qui régit tout dans le moindre détail si cela est ordonné au bien des créatures. Notre tâche pour nous gouverner nous-mêmes est donc grandement facilité. L’horizon est dégagé et nous pouvons nous reposer en confiance. Tout en appelant de nos vœux un régime politique conforme aux vertus chrétiennes, -et en travaillant chacun à notre petit niveau à son avènement-, ne soyons pas inquiets, angoissés à cause du chaos du monde, des crises de notre pays, des blessures de l’Église. Celui qui aime est aux commandes. Il est un valeureux capitaine qui nous mènera à jeter l’ancre dans une baie paradisiaque.

Père Jean-François Thomas s.j.
Lundi Saint 3 avril 2023

Christ-Roi - église Sainte-Marie à Ely  Cambridgeshire

2023-54. « La fête de Pâques, porteuse d’un message d’espoir contenu au cœur de la religion catholique, et qui délivre une espérance universelle, promise à tous les peuples en général et à chaque homme en particulier. »

Saint Jour de Pâques de l’an de grâce 2023.

Trois lys blancs

       Dans une tribune libre, publiée dans l’hebdomadaire « Marianne » paru à la date du Vendredi Saint 7 avril 2023 (source > ici), Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, analyse les différentes crises, diplomatique et sociale, qui touchent l’Hexagone. Pour Sa Majesté, la France a besoin d’un renouveau social et moral. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir que, depuis plusieurs mois déjà, des revues, qui – dans leurs principes fondateurs et leurs orientations politiques – ne sont pas, loin s’en faut, des organes de presse monarchistes, donnent la parole à notre Souverain légitime, lui donnant ainsi une audience nationale qui dépasse largement celui des publications légitimistes. Dans la joie et la lumière du Seigneur Ressuscité, méditons et approfondissons les paroles sages et fortes de Sa Majesté.

Monseigneur le Prince Louis de Bourbon duc d'Anjou

Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou,
de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX

   Le printemps s’ouvre sur la fête de Pâques, porteuse d’un message d’espoir contenu au cœur de la religion catholique, et qui délivre une espérance universelle, promise à tous les peuples en général et à chaque homme en particulier. Elle nous pousse à croire qu’après chaque crépuscule, après chaque nuit, si longue et pénible soit-elle, une aube revient, plus éclatante à chaque fois. Croyant ou non, n’avons-nous tous pas besoin d’un tel message, d’un tel espoir dans des temps qui peuvent nous apparaître bien difficiles ?

   Néanmoins, l’espérance ne naît pas de nulle part. Il faut des forces vives, des actions authentiques et de véritables réalisations pour la susciter et lui donner sa force. Ainsi, notre chère France peut retrouver la force qu’elle semble avoir perdue seulement si des hommes et des femmes sont résolus à agir et à adopter des comportements moraux authentiques mus par la recherche du bien commun et de la justice. La crise sociale et les revers diplomatiques que la France essuie manifestent les difficultés du pouvoir à y parvenir. N’est-il pas temps de renouer avec un système capable de les guider sur cette voie ô combien nécessaire ?

Surmonter la crise

   Héritier d’une tradition millénaire, je sais au plus profond de moi qu’il n’y a pas de crise, pas de situation politique que la France n’ait su surmonter. Et une fois encore, je suis convaincu qu’existent des solutions pour bâtir l’avenir de notre pays dès lors qu’il n’est pas guidé par l’idéologie, mais abordé en termes de réalités, celles des hommes et du sol, et dans cette recherche du bien commun.

   Sur le plan international, alors que la guerre s’étend des portes de l’Europe à de multiples territoires, il devient chaque jour plus nécessaire que la France s’impose à nouveau en puissance médiatrice, capable de faire revenir une paix à laquelle nous aspirons tous. Cette paix à construire ne doit pas être seulement une cessation des opérations militaires, mais également une véritable entreprise de justice et de vérité, fondée sur les leçons du passé ainsi que sur la volonté profonde de bâtir un avenir pacifique. Plus que tout autre continent, l’Europe sait à quel point des paix qui s’écartent de ces principes ne sont que des cendres sous lesquelles couvent des braises ardentes promptes à se rallumer.

   Or, il est du devoir de notre pays d’être cette puissance diplomatique influente, capable d’apporter la paix là où les évènements l’imposent. Cela est aussi essentiel à la France qu’aux autres nations du monde. Sur le plan social, le dialogue basé sur un réel désir d’écoute et de compréhension, semble plus que jamais être la solution la plus constructive face aux démonstrations d’autoritarisme qui développent des rancœurs et cristallisent les antagonismes. Et il ne me semble pas vain de répéter que les gouvernants ne doivent jamais perdre de vue le bien de leurs peuples. Ces derniers ne sont ni à ignorer, ni à brusquer mais à écouter et à comprendre. Aucune pression, si puissante soit-elle, ne doit surseoir à ce principe. Et pourtant, cette fameuse réforme des retraites apparaît comme étant plus motivée par des logiques comptables que par un réel souci du bien commun.

Besoin d’une politique sociale

   Une fois de plus, la monarchie se révèle être, en creux, d’une modernité criante face aux problèmes actuels. De fait, le roi n’est l’homme d’aucun parti, d’aucun lobby, notamment financier, puisqu’il ne doit son trône à personne si ce n’est à sa naissance et à la providence. Cette autorité conférée qui échappe aux trafics des hommes, est la garantie d’une politique complètement indépendante, tournée vers le seul bien des peuples et du pays. Grâce à ce principe, la monarchie a toujours tenté d’apporter les remèdes aux maux sociaux qui rongeaient notre pays à différentes époques, du Livre des Métiers de Saint Louis aux préoccupations sociales de Charles X pour la classe ouvrière en formation. Et même en exil, les aînés de la maison de Bourbon ont eu soin d’être attentifs à la question sociale en France. Mon ancêtre, le Comte de Chambord (1820-1883) avait, ainsi, plus que bien des hommes politiques de son temps, senti la nécessité de protéger le peuple français des dangers de la société matérialiste et libérale qui se mettait en place.

   En 2018, j’avais déjà soutenu la profonde détresse du peuple français exprimée dans le mouvement social d’alors devant lequel le pouvoir est demeuré aveugle, cherchant des règlements uniquement matériels alors que les Français attendaient également de la considération. Aujourd’hui, je réitère ma profonde solidarité avec ceux qui souffrent, qui se sentent abandonnés et négligés. La violence à l’œuvre est évidemment à condamner, mais n’est-elle pas la manifestation profonde d’un dysfonctionnement majeur des institutions démocratiques qui auraient dû permettre de canaliser une violence symbolique sans laisser libre place aux voyous qui ne sont là que pour semer le chaos ?

   La France a, par le passé, séduit bien des fois les autres pays en matière de politique sociale. Durant la deuxième moitié du XXe siècle, elle était d’ailleurs devenue une référence, tant son système social démontrait son efficacité en matière de soins, de prévoyance et d’assistance. J’ose même dire que la politique sociale française fait désormais partie des emblèmes et des fiertés de notre pays et qu’elle est constitutive de son identité contemporaine. Il ne faut donc pas laisser dépérir cet héritage. À nouveau, les Français ont besoin d’une politique sociale pour le XXIe siècle, basée sur le long terme et sur les réalités de notre époque, et non de mesures vexatoires et expéditives. Tout est une question de volonté partagée.

Puiser dans l’histoire

   Les troubles autour de la réforme des retraites ne sont sûrement qu’un prétexte à une protestation d’une portée plus générale de nos compatriotes qui souffrent de vivre dans un système qui n’est plus adapté aux conditions économiques et sociales du siècle qui s’ouvre. Il est un devoir impérieux d’assurer à tous les Français qui travaillent les conditions nécessaires d’une subsistance digne qui prend en compte les nouvelles réalités qui s’écrivent tant en termes de mondialisation des échanges que d’innovations technologiques qui en sont encore à leurs balbutiements, et que de transformation dans le rapport au travail. Il s’agit seulement ici d’une œuvre de justice qu’un État doit à son peuple.

   Il est temps que la France retrouve, en puisant dans le meilleur des racines de son histoire, la volonté d’agir pour construire un avenir qui lui soit à la fois plus favorable au plan social comme à l’échelle internationale. C’est à ces conditions que la France contribuera à nouveau à façonner les destinées du monde. Que la fête de Pâques soit l’occasion de redonner l’espérance que je désire ardemment voir animer le cœur de chaque Français.

Louis

grandes armes de France

2023-51. Le Mandatum et la Cène royale dans la monarchie française.

Mercredi de la Passion.

   A huit jours du Jeudi Saint, et parce que la Semaine Sainte est déjà très riche de textes à approfondir, prier et méditer, voici une très belle étude réalisée par l’un des prêtres membres de la Confrérie Royale, qui a été envoyée à tous ses membres en guide de lettre mensuelle à l’occasion du 25 mars 2023.
Vous pouvez compléter cette lecture avec celle de notre publication du 28 mars 2013 (voir > ici) concernant le « Dernier Jeudi Saint de la Monarchie Très Chrétienne ».

Giotto di Bondone le lavement des pieds - Padoue

Giotto di Bondone (1266/67-1337) : le lavement des pieds [chapelle Scrovegni - Padoue]

frise fleurs de lys

Le Mandatum et la Cène royale dans la monarchie française.

       La cérémonie du lavement des pieds ou Mandatum (note 1) du Jeudi saint est sans doute l’une des plus originales que nous offre l’année liturgique, au cœur de ce splendide écrin qu’est le Triduum pascal. Le lavement des pieds constitue matériellement un acte tout à fait anodin et spirituellement un modèle de grande élévation mystique, consistant en l’imitation de Jésus-Christ : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé » (note 2). Il s’agit surtout d’un exemple d’humilité à l’instar des abaissements du Verbe incarné, à la veille de la grande Passion qu’il allait souffrir et offrir pour la rédemption du monde.

   L’exemple vient d’en haut. Depuis le haut Moyen Âge, les grands de la Chrétienté, papes et évêques, empereurs et rois, prirent l’habitude de commémorer le lavement des pieds au cours d’une véritable cérémonie liturgique, en marge de la Messe in Cœna Domini. Le roi de France, fils aîné de l’Église, avait le devoir de se soumettre à cet usage. Le mot « Mandatum » a donné le mot français « mandé », inusité aujourd’hui, et le mot anglais « Maundy », toujours employé pour désigner le Jeudi saint – « Maundy Thursday ». « Maundy » vient aussi du mot « maund » qui désignait une corbeille destinée à recevoir les aumônes. En effet, le jour du Jeudi saint était à la fois consacré au service liturgique humiliant du lavement des pieds, mais aussi à la distribution d’aumônes aux pauvres. Les deux vont de pair et se sont retrouvés unis au cours de la même célébration.

Robert le Pieux et saint Louis : lorsque le roi très chrétien servait les pauvres

   Le roi Robert II le Pieux († 1031) semble avoir été le premier à introduire à la cour le rituel du lavement des pieds (note 3) auquel il se soumettait régulièrement. Le roi acceptait de laver les pieds à douze pauvres vieillards, leur distribuait une aumône, avant de leur offrir un repas et de les servir lui-même à table, en compagnie d’autres princes et grands officiers de la cour (note 4). Nous lisons, dans la Vie de Robert le Pieux composée par le moine et chroniqueur Helgaud de Fleury († 1048), une belle description du rituel accompli par le fils d’Hugues Capet :

« De plus, le jour de la cène du Seigneur, il assemblait avec soin au moins trois cents pauvres, et lui-même, à la troisième heure du jour, servait à genoux, de sa sainte main, des légumes, des poissons, du pain à chacun d’eux, et leur mettait un denier à la main. Ce fait admirable pour ceux qui le virent dans un tel office, ne sera pas cru par ceux qui ne l’ont pas vu. À la sixième heure, il réunissait cent pauvres clercs, leur accordait une ration de pain, de poissons et de vin, gratifiait d’un denier douze d’entre eux, et chantait pendant ce temps, de cœur et de bouche, les psaumes de David ; après cela, cet humble roi préparait la table pour le service de Dieu, déposait ses vêtements, couvrait sa chair d’un cilice, et s’adjoignait le collège des clercs, au nombre de cent soixante, ou plus encore ; il lavait, à l’exemple du Seigneur, les pieds de ces douze pauvres, les essuyait avec ses cheveux, les faisait manger avec lui ; et au mandatum Domini, donnait à chacun d’eux deux sous (note 5) . »

   Ce bel extrait montre que le rituel auquel le roi de France s’appliquait le jour du Jeudi saint ne se limitait pas uniquement au lavement des pieds des douze pauvres. Plusieurs repas successifs, accompagnés de distribution d’aumônes, étaient servis par le roi en personne, à de nombreux indigents (300 pauvres laïques, 100 pauvres clercs et les 12 pauvres du Mandatum). Le lavement des pieds était placé entre le deuxième et le troisième repas.

Saint Louis lavant les pieds des pauvres et des mendiants

Saint Louis, lavant les pieds d’un mendiant.
Enluminure des Grandes Chroniques de France, XIVe siècle.
Paris, BnF, Mss. fr. 2813, f° 265.

   Le grand saint Louis (1214-1270) ne se contenta pas d’imiter son pieux ancêtre. Ses journées étaient consacrées, à côté de ses tâches proprement royales, au service des pauvres : « Les jours de fête, il réunissait deux cents pauvres dans son palais, et les servait lui-même à table (note 6). » Le Jeudi saint, il donnait un exemple solennel devant toute la cour :

« Mais le jeudi saint, autorisé par l’exemple du Sauveur, il ne craignait pas de le faire devant sa cour. En ce saint jour, il lavait les pieds à treize pauvres, et leur donnait quarante deniers. Plus tard, lorsque ses fils étaient près de lui, il leur faisait faire de même. Et ce n’était point, comme nous le voyons encore dans le rituel de cette fête aujourd’hui, une pure cérémonie […]. Un jour un des vieillards, prenant fort au sérieux l’office dont le roi s’acquittait, et voulant profiter de l’occasion, lui fit remarquer que les doigts de ses pieds n’étaient pas propres à l’intérieur, et le pria en toute simplicité de les nettoyer. Ceux qui étaient là s’indignaient contre ce malotru, qui demandait au roi un tel service. Mais le pieux roi, faisant droit à sa requête, fit humblement ce qu’il souhaitait, lava les doigts, les essuya et y joignit le baiser de charité (note 7). »

   On peut s’étonner du fait que treize pauvres au lieu de douze étaient choisis. Dom Guéranger rappelait une tradition puisée dans la vie de saint Grégoire le Grand († 604). « Ce grand Pontife lavait chaque jour les pieds à douze pauvres qu’il admettait ensuite à sa table. Un jour, un treizième pauvre se trouva mêlé avec les autres, sans que personne l’eût vu entrer ; ce personnage était un Ange que Dieu avait envoyé pour témoigner par sa miraculeuse présence combien était agréable au ciel la charité de Grégoire (note 8). »

   Saint Louis fut le modèle par excellence du « roi très chrétien ». Ce titre était un honneur mais représentait surtout de grands devoirs à accomplir pour le monarque français. Ses successeurs ne pouvaient pas se dispenser d’imiter le saint roi dans sa vie de charité envers les pauvres. Le Jeudi saint était pour eux l’occasion de donner un témoignage public de cet esprit de service.

La pratique des Bourbons : un cérémonial élaboré

   Henri IV, fraîchement (re)converti au catholicisme, célébra son premier Jeudi saint, en qualité de roi de France et de Navarre, au palais du Louvre, en 1594. Il sacrifia sans peine à la tradition de ses ancêtres. Voici ce qu’écrivait le chroniqueur Pierre de l’Estoile († 1611) : « Le jeudi absolut, 7 de ce mois, le Roy fist au Louvre la cerimonie accoustumée du lavement des pieds, où M. de Bourges prescha ; alla dans l’hostel Dieu visiter tous les pauvres, et leur donna à chacun l’ausmonne de sa propre main, sans en oublier un seul ; et après les exhorta à l’amour de Dieu et de leurs prochains, et à patience. Chose belle à un roy (note 9). »

   En 1643, Louis XIII mourant confia au petit dauphin, âgé de quatre ans, la tâche de remplir ce si honorable ministère :

   « Sa Majesté n’ayant pu assister le Jeudi-Saint à la cérémonie ordinaire de la cour, parce que sa santé n’est pas entièrement parfaite […], Mgr le Dauphin fut substitué en la place de Sa Majesté et commença par un action d’humilité et piété, telle que celle qui se pratique tous les ans à pareil jour à la cour, de donner de grandes espérances d’une future piété. Plusieurs seigneurs se rendirent hier à Saint-Germain, d’où étant de retour, l’on a su comme avec grâce et douceur ce jeune prince avoit lavé les pieds aux pauvres, auxquels il a fait bailler à chacun certaine quantité de toille et de drap (note 10). »

Eustache le Sueur St Louis lavant les pieds des pauvres musée des Beaux-Arts de Tours

Saint Louis lavant les pieds des pauvres
par Eustache Le Sueur (1616-1655)
Cette toile, conservée au musée des beaux-arts de Tours,
est contemporaine des règnes de Louis XIII et Louis XIV
dont la pratique est décrite ci-dessus et ci-dessous

   Louis XIV continua sans peine la tradition qu’il avait dû si précocement accomplir. Concluant un sermon donné devant la cour, avant la cérémonie du lavement des pieds, en 1665, le prédicateur Guillaume Leboux (1621-1693), alors évêque de Dax, s’adressait en ces termes au jeune souverain de 27 ans :

   « Sire, Votre Majesté peut tirer de tous ces beaux exemples diverses instructions ; mais, en finissant, je ne dois m’arrêter qu’à celle qui lui est nécessaire dans le temps de cette sainte et auguste cérémonie, par laquelle un grand roi va renouveler aux pieds de ses sujets ce que le Seigneur a fait aux pieds de ses Apôtres. Que cette action faite dans l’esprit de la Foi, de la Charité et de la Religion si fortement enracinée dans le cœur de Votre Majesté, dispose saintement ce grand cœur à recevoir le don de cet ami. Qu’elle peut attirer de bénédictions sur sa personne ! Et il n’y a pas lieu de craindre d’avilir par là la majesté du roi ; et je puis dire au plus grand des rois ce qu’un panégyriste disait à un grand empereur : que lorsqu’il s’abaissait devant ses peuples, sa grandeur était en sûreté : Se ipsum submittens, securus magnitudinis suæ. Elle est en sûreté, Sire, cette grandeur royale, qui va paraître couverte des marques de la servitude. Car, après tout, Votre Majesté s’abaissant aux pieds de ses sujets, elle affermit encore par là ce trône de respect et d’amour, qu’il s’est élevé dans leur cœur. Il y a quelque chose de plus : elle s’élève par là un trône de gloire dans le sein de Dieu (note 11). »

   La portée spirituelle du rite du Mandatum accompli par le souverain ne faisait pas de doute. On relèvera surtout, dans ce bref extrait, les belles paroles répétées par Le Boux : « Se ipsum submittens, securus magnitudinis suæ ». En s’humiliant devant son peuple, le prince met sa couronne et la grandeur de sa mission en sûreté. Le lien fort qui unissait le monarque à son peuple était particulièrement mis en exergue le Jeudi saint. Le grand cérémonial imposé par Louis XIV à Versailles sut mettre encore plus en valeur le noble rite au cours duquel le roi était identifié au Christ Maître et Serviteur :

   « Chaque année, le Jeudi saint au matin, le roi faisait célébrer dans la grande salle des gardes de son palais la cérémonie de la Cène royale. Celle-ci se déroulait en trois temps. Le roi commençait par entendre une prédication et le chant du Miserere : désignée par le nom d’absoute, cette première partie était vraisemblablement le reliquat de l’antique cérémonie romaine de la réconciliation des pénitents le jour du Jeudi saint. Pour le lavement des pieds, Louis XIV se mettait à genoux devant treize garçons pauvres dont il lavait, essuyait et embrassait à chacun le pied droit. Enfin, durant la Cène royale proprement dite, il leur servait lui-même à manger, accompagné d’un certain nombre de courtisans soigneusement choisis, sur une table installée dans la même pièce (note 12). »

   Une autre description très précise, remontant aux années 1640, nous est donnée par Guillaume du Peyrat, aumônier de Louis XIII dans son Histoire ecclésiastique de la cour, publiée en 1645. Nous la restituons ici in extenso :

   « Le jeudi, dès six heures du matin, ces treize petits pauvres sont menez à la Fourrière (note 13), où le Barbier du commun de la maison du Roy leur raze les cheveux, & coupe les ongles du pied à chacun, puis on les fait chausser, & on leur baille à desieuner, & les officiers de la Fourrière leur lavent après les iambes & les pieds avec de l’eau tiede, & des herbes odoriferentes, afin que sa Majesté n’en reçoive aucune mauvaise odeur ; cela fait, ils sont habillez d’une petite robe de drap rouge, ayant un chaperon à hache, attaché derrière, avec deux aulnes de toile qui leur pendent depuis le col jusques en bas, où son enveloppez leurs pieds, & sont conduits par leurs pères & mères, ou quelqu’un de leurs parens, en la salle où se doit faire la cérémonie, & assis le long d’un banc, le dos tourné contre la table, où le Roy les doit servir, & le visage vers la chaire, où le grand Aumosnier, ou autre Prélat choisi pour faire ce jour le service divin devant sa Majesté, doit faire l’exortation sur le sujet de cette cérémonie. L’exhortation faite on chante le Miserere, à l’issuë duquel le grand Aumosnier, ou autre Prélat qui a fait l’exhortation, donne l’absolution, puis le Roy s’advance vers les enfans, & prosterné à deux genoux, commence à laver le pied droit au premier, & le baise, & ainsi continuë aux autres. Le grand Aumosnier de France, & en son absence, le premier Aumosnier tient le bassin d’argent doré, & l’un des Aumosniers servans tient le pied de l’enfant que le Roy lave, essuye, & baise après. Si le grand & le premier Aumosniers sont absens, l’un des deux Aumosniers servans qui sont en quartier, tient le bassin, & l’autre les pieds des enfans. Ce lavement estant fait, les enfans sont passés de l’autre costé de la table, où ils sont servis par le Roy, chacun de treize plats de bois, les uns pleins de légumes, les autres de poisson, & d’une petite cruche pleine de vin, sur laquelle on met trois pains, ou eschaudés (note 14), & puis le Roy passe au col à chacun d’eux une bourse de cuir rouge, dans laquelle il y a treize escus, laquelle est présentée à sa Majesté par le Thrésorier des aumosnes. Tous ces mets sont présentez au Roy par les Princes du sang royal, & autres Princes & grands Seigneurs qui se trouvent lors auprès de sa Majesté. Le premier Maistre d’Hostel en l’absence du Grand-Maistre de France (note 15) marchand devant eux avec son baston de premier Maistre d’Hostel en grande cérémonie ; & derrière les enfans y a un Aumosnier servant, qui prend tous les plats, si tost que le Roy les a mis sur la table, & les remet dans des paniers, ou corbeilles qui sont tenües par les pères & mères, ou parens des enfans, ausquels le tout appartient. Cette cérémonie ainsi parachevée, le Roy vient à la Messe avec une grande suite de Princes, Seigneurs, & Officiers de la Cour […] (note 16) »

Versailles chapelle royale - tribune de la musique petite voûte centrale

Chapelle royale du château de Versailles :
peinture à la voûte centrale de la tribune de la musique

   On voit bien, dans cette description, une claire distinction entre le rite du Mandatum, dont les ministres étaient les seuls ecclésiastiques, et le rite de la « Cène royale », auquel participaient les officiers laïques de la Cour. Le 17 avril 1715, le vieux Louis XIV se soumettait toujours, malgré son grand âge, mais fidèle à l’exemple qu’il avait le devoir de donner, à cette fatigante cérémonie. Une description très précise nous est donnée par le Nouveau Mercure galant, dans laquelle nous voyons tout le protocole entourant notamment la Cène royale, avec l’intervention des grands officiers et des princes du sang :

   « Le Jeudy Saint le Roy alla à neuf heures & demie du matin, accompagné de M. le Dauphin (note 17), de M. le Duc d’Orléans (note 18), & de tous les Princes, dans la Salles des Gardes, où l’on avoit dressé une Chaire pour le Prédicateur. Il y trouva 13 petits enfants couverts d’un drap rouge avec un grand linge qui leur pendoit au col, M. le Cardinal de Rohan, Grand Aumônier, en Habits Pontificaux. La Scène [sic] fut prêchée par M. l’Abbé Foissard, dont le Sermon fut très-applaudy, sur tout le compliment qu’il fit à S. M. qui convenoit fort à la cérémonie du jour, & à ce qu’il venoit de prêcher ; ayant prouvé dans les deux parties de son Discours l’abaissement de J. C. combattu par la raison humaine, & la raison humaine confonduë par l’abaissement de J. C. dans cette cérémonie. À la fin du Sermon M. le Cardinal monta en Chaire, ayant la Mitre sur la tête & la Crosse à la main. Les Chantres commencèrent d’entonner l’Antienne Intret. M. le Grand Aumônier ayant dit les Oraisons accoûtumées, donna l’Absoute, & le Roy alla incontinent laver les pieds des Apostres, ayant versé de l’eau dessus, & essuyé avec un linge, il les leur baisa. Cette cérémonie finie, on servit les pauvres dans cet ordre. M. Desgranges, Maistre des Cérémonies, précédé d’un Huissier, suivy de M. le Marquis de Dreux, Grand Maistre des Cérémonies, de 13 Maistres d’Hôtel chacun avec leur Bâton de Commandement, de M. le Marquis de Livry, Premier Maistre d’Hôtel, qui portoit aussi son Bâton, de M. le Duc, grand Maistre de la Maison du Roy, portant un Bâton parsemé de fleurs de lys d’or avec une Couronne d’or au bout. Ils marchoient les premiers, & en passant devant S. M. faisoient une révérence ; ensuite venoit M. le Dauphin, portant un plat de bois sur lequel étoient trois petits pains avec une galette ; M. le Duc d’Orléans portant un plat de même sur lequel estoit une cruche pleine de vin avec une coupe par-dessus, le tout de bois ; M. le Comte de Charollois, M. le Prince de Conty, M. le Prince de Dombes, M. le Comte d’Eu, & M. le Comte de Toulouse portant chacun un plat de poisson, de légumes, de confitures, ou de fruits, suivis du grand Échanson, du grand Pannetier, & des Gentilshommes servans qui faisoient en tout treize qui portoient aussi des plats de bois ornez de fleurs. En arrivant devant S. M. ils faisoient une révérence en luy présentant le plat que le Roy donnoit en même tems aux pauvres. Cette cérémonie commença jusqu’à 13 fois dans le même ordre, parce qu’on sert 13 plats à chaque pauvre qui estoient treize (note 19). Il faut remarquer qu’on alloit prendre ces plats dans une autre Salle assez esloignée, & que M. le Dauphin fit 13 fois le voyage, comme les autres Princes, marchant avec beaucoup de fermeté, & portant son plat avec beaucoup d’adresse, suivi toûjours de Madame de Ventadour sa Gouvernante (note 20). »

   Peu de différences en réalité avec les descriptions faites, sept décennies plus tôt, par du Peyrat, ce qui est le signe d’une continuité inchangée du cérémonial du Mandatum. Néanmoins, la description du Mercure nous fait entrevoir toute la solennité avec laquelle la monarchie a voulu entourer cette cérémonie, en y faisant participer les plus hauts personnages de la famille royale et de la Cour. L’exemple vient en effet d’en haut : en collaborant avec le souverain à ce rituel long et complexe, les acteurs du Mandatum et de la Cène royale manifestaient leur humble soumission au commandement du Seigneur, pleinement uni ici au commandement du Prince. Le souverain allait ensuite assister à la Messe du Jeudi saint à la chapelle. Toute cette journée, comme les autres jours saints, étaient consacrés à la cour à la commémoration des évènements de la Rédemption. La piété du monarque devait servir d’exemple aux princes et aux courtisans, et ce en dépit du relâchement moral et spirituel qui a affecté les élites du royaume de France au cours du XVIIIe siècle. Cet exemple de piété était doublé d’un exemple de charité, avec l’exercice d’une des principales œuvres de miséricorde qu’est l’aumône. La Cène royale représente la munificence du prince envers ses peuples, quand bien même un petit échantillon était seulement admis à bénéficier de ces largesses.

   La Cène royale eut aussi un pendant « féminin ». Ce fut le cas, en 1739, lorsque la reine Marie Leszczynska participa à une « Cène de la Reine » au cours de laquelle les plats étaient apportés par les princesses et les grandes dames de sa Maison (note 21). Auparavant, la reine procédait au lavement des pieds de treize filles pauvres. Ce n’était pas une nouveauté : en 1640, la grande Mademoiselle, nièce de Louis XIII, remplaçait Anne d’Autriche pour le Mandatum. Les deux Cènes étaient deux cérémonies bien distinctes, avec une prédication (un prédicateur), des officiers et des lieux différents (note 22).

   L’ultime cérémonie célébrée par la monarchie française eut lieu en 1830, au palais des Tuileries. « Un grand nombre de fidèles se pressoient pour être témoins de cet acte de piété. Puisse ce grand exemple n’être pas stérile pour eux ! » peut-on lire dans l’Ami de la Religion et du Roi (voir > ici). La révolution qui éclata en juillet suivant et l’avènement de Louis-Philippe sonnèrent le glas de ces usages si nobles et si touchants d’une si antique royauté inséparable de l’autel.

Mathias Balticensis

restitution de la chapelle des Tuileries sous la Restauration

Restitution de la chapelle royale aux Tuileries sous la Restauration
(d’après plusieurs documents d’époque)

Notes :

1 - Ce nom latin est tiré des paroles du Seigneur à ses Apôtres lors de la Cène : « Mandatum novum do vobis », « Je vous donne un commandement nouveau » Jn 13, 34.
2 – Jn 13, 16.
3 - Alexandre Maral, La chapelle royale de Versailles sous Louis XIV, Wavre, Mardaga, 2010 (2e éd.), p. 279.
4 – Abbé N.-J. Cornet, Beautés de l’Église catholique, représentées dans son culte, ses mœurs et ses usages, Liège, H. Dessain, 1857, p. 64.
5 – Mme Amable Testu, Cours d’histoire de France. Lectures tirées des chroniques et des mémoires avec un précis de l’histoire de France depuis les Gaulois jusqu’à nos jours, Paris, Lavigne, 1836, t. I, p. 188.
6 – H. Wallon, Saint Louis, Tours, Alfred Mame et fils, 1880, p. 40.
7 - Ibid., p. 41-42.
8 – Dom Prosper Guéranger, L’Année liturgique, La Passion et la Semaine sainte, Paris, H. Oudin, 1900, p. 441.
9 – Pierre de L’Estoile, Journal de Henri III, de Henri IV et de Louis XIII, Paris, Foucault, 1826, t. III, p. 46.
10 – Lettre de Chanu, député de Lyon, au consulat (3 avril 1643), citée in G. Fagniez, « Paris jugé par la province. Extraits de la correspondance adressée au consulat de Lyon par les députés de cette ville à la Cour (1595-1645) », Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 23e année (1896), p. 59.
11 - « Deux sermons inédits de Leboux prononcés devant Louis XIV le Jeudi-Saint pour la cérémonie du lavement des pieds », Revue du Clergé Français, 3e année, t. XII (1897), p. 164.
12 - Gérard Sabatier, Margarita Torrione, ¿ Louis XIV espagnol ? Madrid et Versailles, images et modèles, Versailles, CRCV, 2009, p. 227.
13 - La fourrière désigne le lieu où se trouvaient les services du fourrier, officier chargé d’assurer les vivres et le logement de la cour. 
14 – Biscuits de pâte légère ébouillantée.
15 - Officier chargé de la surintendance générale de la Maison du Roi. 
16 – Guillaume du Peyrat, L’histoire ecclésiastique de la cour ou les antiquitez et recherches de la chapelle, et oratoire du roy de France depuis Clovis I jusques à notre temps, Paris, Henry Sara, 1645, p. 774-775.
17 - Futur Louis XV. 
18 – Futur régent du royaume. 
19 – Il faut remarquer que tous ces plats n’étaient pas consommés sur place. Une bonne partie d’entre eux étaient donnés en aumône aux petits pauvres et à leurs familles.
20 - Nouveau Mercure galant, mai 1715, p. 127-133.

2023-46. La consécration de la France à Saint Joseph par S.M.T.C. le Roi Henri V, le 19 mars 1871.

19 mars,
Fête de Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie.

Trois lys blancs

       Une erreur ne devient pas une vérité par le fait qu’un grand nombre de personnes y croient et la colportent, fut-ce en toute bonne foi. 
La consécration de la France à Saint Joseph par S.M. le Roi Louis XIV le 19 mars 1661 est l’exemple parfait de ces fausses vérités indéfiniment répétées auxquelles de pieuses personnes accordent leur créance.
J’ai moi-même commencé à protester contre cette erreur, il y a plusieurs années, sur le « Forum du Royaume de France » après avoir procédé à un certain nombre de vérifications, en particulier avec l’aide de feu le baron Hervé Pinoteau (on peut retrouver mon intervention 
> ici - sous le pseudonyme “Semper Fidelis”- en 7ème position dans le fil de discussion), plus tard, sur le site UCLF.org, un résumé assez pertinent de la problématique a été publié (cf. > ici), suffisant pour démontrer l’inanité et l’inconsistance de cette « légende urbaine ».

   En revanche, l’un des cofondateurs de la Confrérie Royale, Monsieur l’Abbé Louis de Saint-Taurin, en approfondissant l’affaire a eu l’heur de découvrir que la France a bien été consacrée à Saint Joseph par l’un de ses Souverains, qui n’est pas le Grand Roi, mais l’un de ses descendants et successeurs : Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Henri V, Roi de France de jure, contraint à l’exil, et le plus souvent appelé « le comte de Chambord ».
Monsieur l’Abbé de Saint-Taurin en avait rendu compte dans l’une des lettres mensuelles de la Confrérie Royale. Nous reproduisons ci-dessous, à sa suite, l’intégralité de l’article contemporain de l’événement qui fut publié dans la revue 
Le Propagateur de la dévotion à saint Joseph (Périsse, Paris/Tournai, 1872, pp. 185-190).

Statue de Saint Joseph couronnée - sanctuaire Saint Joseph de Bon Espoir Espaly

Statue couronnée de Saint Joseph
Basilique de Saint-Joseph de Bon Espoir, à Espaly-Saint-Marcel (Le Puy-en-Velay)

Reconstitution de la couronne de Charles X

Henri de Bourbon consacre sa Personne, sa Maison et sa Patrie
à Saint Joseph

       « D’après des auteurs graves, parmi lesquels nous citerons le docte et pieux Père Faber, la dévotion à saint Joseph fut apportée de l’Orient dans la Provence par Lazare, Marthe et Marie. La pieuse cité d’Avignon fut le berceau d’où elle se répandit en Europe. Gerson, chancelier de l’Université de Paris, fut suscité pour en être le docteur et le théologien, et saint François de Sales pour l’enseigner et la répandre parmi le peuple. Les Carmélites de France, fidèles aux leçons et aux exemples de sainte Thérèse, contribuèrent efficacement à augmenter la confiance des âmes dévotes et fidèles en ce glorieux patriarche. Les écrivains français de la Compagnie de Jésus fournirent dans des ouvrages pieux et savants, de riches matériaux aux panégyristes du virginal Epoux de Marie.

   De nos jours, c’est de la France catholique qu’est parti ce mouvement providentiel qui entraîne tous les peuples vers saint Joseph, et dont le consolant résultat a été de faire proclamer par l’auguste Pie IX ce glorieux Patriarche Patron de l’Église universelle. Fidèle aux traditions de ses aïeux (c’est à la demande de Louis XIV que la fête de saint Joseph fut chômée en France), le noble chef de la Maison de France a voulu, pour répondre à l’invitation du souverain Pontife, se consacrer d’une manière solennelle au puissant protecteur des Chrétiens.

   Un de nos amis qui a eu le bonheur d’assister à la consécration de Monseigneur le comte de Chambord et de toute sa Maison au glorieux saint Joseph, protecteur de l’Église universelle, nous transmet la relation suivante dont l’importance exceptionnelle n’échappera à aucun de nos lecteurs.

   L’année dernière, pendant la guerre de la France avec l’Allemagne, Monseigneur le comte de Chambord était dans les environs de Genève avec un petit nombre de personnes ; la plupart de ses serviteurs étaient restés à Frohsdorf. Le samedi soir, 18 mars 1871, un serviteur, parti l’avant-veille de Genève, arrivait au château de Frohsdorf, porteur d’un ordre du prince pour son aumônier. Cet ordre adressé au secrétaire intime était exprimé en ces termes : « Faites mes amitiés à M. l’abbé N*** [cf. note en bas de page], dites-lui qu’il serait bon de faire la consécration de la colonie à saint Joseph, le 19 ». — On appelle la colonie, à Frohsdorf, la petite société de serviteurs et d’amis qui entourent le prince et qui forment à l’extrémité de l’Autriche comme un petit coin de terre française.

   Le lendemain à la grand’messe, M. l’aumônier annonça à ses auditeurs que d’après le désir du prince, la colonie serait consacrée solennellement à saint Joseph, après le Salut qui aurait lieu dans l’après-midi. Tout le monde devait s’y trouver, et en effet personne n’y manqua. Le neveu de Monseigneur le comte de Chambord, S.A.R. le comte de Bardi, frère du duc de Parme [et donc beau-frère du roi de France, celui-là ayant épousé la sœur de celui-ci, NDLR], était présent et représentait tous les autres membres de la famille de Bourbon alors absents. Avec lui était son aide de camp, M. le marquis Malaspies, qui représentait l’Italie ; son précepteur, un vénérable religieux franc-comtois, qui représentait la France ; Madame la vicomtesse de Ch***, dame d’honneur de Madame la comtesse de Chambord, était là au nom de son Auguste Maîtresse. Le Prince était représenté par trois de ses secrétaires, son médecin, son aumônier et tous ses autres serviteurs restés au château. Un vénérable religieux rédemptoriste, confesseur de la Princesse depuis la mort du vénérable abbé Trébuquet, se trouvait là au nom de l’Allemagne catholique. De plus il y avait les Frères de Marie, chargés des écoles de garçons à Frohsdorf, les Sœurs de sainte Chrétienne de Metz, avec leurs pensionnaires et une foule de fidèles du village et des villages environnantsLa magnifique chapelle du château, décorée de ses plus beaux ornements, était au grand complet.

   Au moment de la consécration, toute l’assistance, pénétrée de la plus vive émotion, tomba à genoux et s’unit de cœur et d’âme au digne aumônier, qui prononça d’une voix forte et pleine de larmes celte touchante consécration au Bienheureux saint Joseph proclamé par l’Auguste Pie IX, patron de l’Église universelle.

   Après la cérémonie, cette consécration fut envoyée à Mgr le comte de Chambord, qui daigna l’approuver comme ayant parfaitement rendu toute sa pensée. Depuis lors, quelques copies en ont été faites par des personnes qui assistaient à la fête, et c’est une de ces copies, parfaitement conforme à l’original, que nous reproduisons ici :

Consécration à Saint Joseph.

    « Adorable Jésus, Fils unique et bien-aimé du Père avant tous les siècles, devenu dans le temps, par le choix libre de Votre amour, Fils unique et bien-aimé de Marie et Fils adoptif de son virginal époux saint Joseph, permettez que nous profitions de ce moment solennel et mille fois précieux, où entouré de Vos anges, et présent sur cet autel, Vous daignez agréer nos humbles hommages et Vous préparer à nous bénir, pour venir nous placer, comme Vous le fîtes Vous-même, sous la protection spéciale du bienheureux Patriarche votre Tuteur, Votre Guide et Votre Père pendant la première partie de Votre vie mortelle. Déjà bien des fois nous nous sommes donnés à Vous, ô divin Maître. Nous avons eu aussi le bonheur dans diverses circonstances solennelles de nous consacrer spécialement à Votre céleste Mère, en la suppliant de vouloir nous accepter pour enfants.

   Aujourd’hui nous voulons compléter notre œuvre et assurer de plus en plus notre persévérance, le salut de nos âmes en les remettant entre les mains de Votre Père nourricier. Nous sommes heureux de confier à saint Joseph nos destinées temporelles et éternelles en même temps que les intérêts sacrés de notre chère Patrie, de nos augustes Princes, de la sainte Église et de son Chef vénéré. Fidèles à Vos divines inspirations, ô divin Rédempteur, nous cherchons un abri contre les coups de Votre justice dans les bras paternels de Celui qui porta et nourrit Votre Enfance. Puissions-nous, selon la mesure de grâce que nous avons reçue, éprouver pour saint Joseph les sentiments d’amour, de vénération, de tendresse et d’affectueuse confiance que Vous lui manifestâtes si souvent par Vos regards, Vos paroles et Vos divines caresses, qui en faisaient ici-bas le plus heureux des hommes. C’est donc pour répondre aux désirs de Votre Cœur filial que nous allons nous consacrer au Protecteur bien-aimé qui vous tînt lieu de père et que Vous appelâtes de ce nom si doux.

   Déjà l’Auguste Pontife, Votre vicaire, a jugé opportun de placer l’Église sous le puissant patronage du glorieux saint Joseph. Mais ce n’est pas assez pour nous de cette consécration générale, si nous n’y ajoutions de notre côté la consécration personnelle de Nous-même et de tout ce qui nous est cher. Nous allons donc sous Vos auspices, ô Jésus, et sous les auspices de Votre Mère Immaculée, exprimer au bienheureux Patriarche les sentiments et les désirs que Vous nous inspirez Vous-même.

   C’est au nom de tous Vos fidèles serviteurs que nous parlons, au nom des fils de saint Louis et de tous ceux à qui Vous avez fait la grâce de leur servir de cortège, au nom des présents et des absents, au nom des plus élevés comme des plus humbles, au nom des Princes comme des derniers de leurs serviteurs, au nom des Français d’adoption comme des Français de naissance, au nom des jeunes gens et des jeunes filles, des enfants et des vieillards, des prêtres et des séculiers, des âmes consacrées à Dieu dans la vie religieuse et des personnes engagées dans les liens du mariage, au nom des justes et des pécheurs, des parfaits et des imparfaits, au nom de tous, en un mot, car tous nous voulons devenir les clients et les protégés du puissant saint Joseph, comme nous espérons être les vôtres, ô Jésus, et ceux de Votre divine Mère.

   Ô chaste Époux de la Mère de Dieu, Père nourricier de son adorable Fils, gardien, conservateur, confident, imitateur et coopérateur de l’Un et de l’autre ! en vue de vos illustres prérogatives, en vue du pouvoir que Dieu vous a accordé sur la terre et dans le ciel, nous vous consacrons aujourd’hui nos cœurs. Nous voulons qu’après les cœurs de Jésus et de Marie, le vôtre soit l’objet constant de nos respects et de nos hommages.

   Que ne pouvons-nous, ô grand Saint ! enchaîner tous les cœurs à votre trône !mais nous n’avons que les nôtres, nous vous les offrons et nous les soumettons à votre empire. Qu’après l’amour et la gloire de Jésus et de Marie, votre gloire et votre amour soient le principe et le germe de toutes nos pensées, de tous nos désirs, de toutes nos paroles et de toutes nos actions !

   Jamais cœur ne fut plus enflammé que le vôtre du désir de voir régner l’amour de Jésus et de Marie. Allumez-le dans les nôtres et qu’il les possède, qu’il les pénètre, qu’il les embrase, qu’il les consume ! Nous le désirons, nous vous le demandons. Que ce soit dans les ardeurs sacrées de cet amour et du vôtre que nous rendions le dernier soupir, et que les dernières paroles que prononceront nos lèvres expirantes, soient les saints, les doux, les aimables noms de Jésus, Marie, Joseph.

   Ô bienheureux Joseph, Père nourricier de Jésus, digne époux de Marie, Reine des vierges, nous nous consacrons à votre culte et nous nous donnons tout à vous. Soyez notre Père, notre Protecteur et notre Guide dans les voies du salut ; soyez le Sauveur de notre patrie et le puissant Libérateur de l’Église. Obtenez-nous à tous une grande pureté de corps et d’âme et la grâce de faire à votre exemple toutes nos actions pour la plus grande gloire de Dieu, en union à votre cœur très-pur et aux Cœurs sacrés de Jésus et de Marie. Assistez-nous tous les jours et surtout à l’heure de notre mort. Ainsi-soit-il.

Ô bon saint Joseph, protégez-nous, protégez la sainte Église, protégez notre patrie et la famille de nos rois.

Ainsi-soit-il. »

   « Cette consécration, qui avait lieu le 19 mars 1871, a été renouvelée cette année pour la fête de saint Joseph en présence de Leurs Altesses Royales le comte et la comtesse de Chambord et de toute leur suite. La fête n’était pas d’obligation, mais elle fut célébrée avec la pompe des plus grandes solennités et cela sur l’ordre de l’auguste chef de la Maison de France, qui tenait à rendre à saint Joseph toute la gloire que mérite son puissant patronage. Tous les assistants furent édifiés de la piété des Princes qui s’unissaient avec une ferveur touchante aux sentiments exprimés par le ministre de Jésus-Christ, agenouillé devant le saint Tabernacle.

   Nous l’avouons sans détour, cette consécration solennelle au glorieux Patriarche, proclamé solennellement par Pie IX, Patron de l’Église universelle, remplit notre cœur d’espérance. Nous voyons dans ces témoignages de la piété d’un Prince, sur la personne duquel reposent tant d’intérêts sacrés, un gage précieux de régénération et de triomphe pour notre chère France.

   Que les nouveaux barbares mettent toute leur confiance dans leurs engins meurtriers, dans le nombre et la rapidité de leurs coursiers, hi in curribus et in equis, pour nous, éclairés des plus pures lumières de la foi, nous plaçons notre ferme espérance dans le nom du Seigneur : Nos autem in nomine Domini ».

   Note :
L’abbé anonyme est très vraisemblablement M. l’abbé Amédée-Alexandre Curé (1838-1905), ordonné prêtre en 1861 au diocèse de Châlons, précepteur du duc de Parme puis aumônier de la famille royale en exil à Frohsdorf, membre du tiers-ordre dominicain à partir de 1878 et camérier d’honneur du pape (1887). Il succéda comme Grand-Aumônier de France au chanoine Stanislas-Barnabé Trébuquet (1796-1868), prêtre du diocèse de Beauvais, chanoine de Beauvais et de Paris, mort le 28 mars 1868, et dont il composa l’éloge funèbre.

Buste en bronze de SMTC le Roi Henri V - comte de Chambord

Buste en bronze de SMTC le Roi Henri V
dit « le comte de Chambord »

2023-38. Huitième pèlerinage de la Confrérie Royale, pour le Roi et la France, au Puy-en-Velay, du 18 au 20 mai 2023.

Blason de la Confrérie Royale

       Pour la huitième année consécutive, la Confrérie Royale organise son pèlerinage annuel au Puy-en-Velay, pèlerinage légitimiste pour le Roi et la France.
Selon les dates habituelles (qui avaient été bouleversées en 2020 et 2021 en raison des contraintes à prétention sanitaire), il se déroulera au cours du pont de l’Ascension, c’est-à-dire depuis l’après-midi du jeudi de l’Ascension 18 mai jusqu’au samedi 20 mai 2023 en début d’après-midi.

Bannière de la Confrérie Royale auprès de Notre-Dame du Puy

Rappel historique :

   La ville actuelle du Puy-en-Velay est le siège d’un pèlerinage qui est au nombre des plus anciens du Royaume de France, puisqu’il tire ses origines de deux apparitions de la Très Sainte Mère de Dieu (la première en l’an 45 et la seconde en l’an 225 [nota bene : nous donnons ici les dates traditionnelles authentifiées par les autorités ecclésiastiques compétentes avant les ravages du modernisme]). Depuis lors, la Très Sainte Vierge Marie n’a cessé de répandre ses grâces en ce lieu, sur la « pierre des fièvres », explicitement désignée par la Bienheureuse Vierge comme lieu des guérisons  – physiques et spirituelles – qu’elle veut accorder, et aux pieds de la « Vierge Noire », copie ancienne de celle qui avait été offerte par le Roi Saint Louis et qui fut – hélas ! – brûlée par les terroristes lors de la grande révolution.

   Tout au long des siècles, d’innombrables pèlerins, parmi lesquels un très grand nombre de nos Rois, des papes et des saints – eux aussi en grand nombre -, sont venus prier au Puy et y confier à la Très Sainte Vierge Marie leurs intentions personnelles et familiales aussi bien que celles du Royaume, sa paix et sa prospérité.
Le flux des pèlerins n’y cesse pas de nos jours, puisque Le Puy est l’un des plus remarquables points de départ (ou de passage) pour Saint Jacques de Compostelle, mais c’est encore lors des jubilés de Notre-Dame du Puy (qui sont célébrés les années où le Vendredi Saint coïncide avec le 25 mars, c’est-à-dire environ deux fois par siècle) que la foule des pèlerins est la plus importante.
Lors du jubilé de 1429, Sainte Jeanne d’Arc, partie rencontrer le Roi Charles VII à Chinon, députa sa mère et ses frères au Puy.

   Enfin, Le Puy n’est pas seulement une ville mariale : au culte de la Bienheureuse Vierge Marie, s’ajoutent ici ceux de l’archange Saint Michel (dont la chapelle au sommet du rocher d’Aiguilhe attire les pèlerins depuis plus de mille ans – voir > ici) et de Saint Joseph, à la basilique d’Espaly (voir > ici).

Notre-Dame du Puy - Vierge Noire - 12 mai 2018

L’actuelle statue de la Vierge Noire du Puy
présentée à la vénération des fidèles au-dessus du maître-autel de l’insigne basilique-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation :
c’est la plus ancienne copie de la statue offerte par le Roi Saint Louis, laquelle a malheureusement été brûlée à la révolution.

La Confrérie Royale au Puy-en-Velay :

   La Confrérie Royale a vu le jour le 25 août 2015, en la fête de Saint Louis de France : elle réunit en un mouvement de prières et de supplications des fidèles désireux de soutenir spirituellement le mouvement légitimiste, avec la conviction forte que la restauration royale, si attendue et si désirée, ne pourra s’accomplir que dans le cadre d’un retour général à la fidélité à ce que Saint Pie X appelait « le pacte de Reims ».
La prière pour le Roi légitime – actuellement Monseigneur le Prince Louis de Bourbon de jure Sa Majesté le Roi Louis XX – et pour la France est donc personnelle et quotidienne pour chacun des membres de la Confrérie Royale : elle se manifeste aussi de manière plus visible à l’occasion des pèlerinages qu’elle organise.
Ces pèlerinages ne sont d’ailleurs pas réservés aux seuls membres de la Confrérie, mais toute personne « de bonne volonté » y est volontiers accueillie.

   Le premier pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay, a eu lieu en juin 2016 à l’occasion du jubilé de Notre-Dame du Puy, organisé conjointement avec l’UCLF dont le président d’alors, feu Monsieur Pierre Bodin, insista aimablement ensuite pour que la Confrérie Royale prît en charge l’organisation d’un pèlerinage annuel pour le Roi et la France en ce lieu qui est lié de tant de manières à l’histoire du Royaume, et à ses Souverains.
Comme cela a été écrit ci-dessus, ce pèlerinage annuel se déroule lors du pont de l’Ascension : il commence le jeudi de l’Ascension en fin d’après-midi et s’achève le samedi après midi. Ainsi les personnes qui ont des obligations paroissiales peuvent-elles être présentes dans leur paroisse ou chapelle habituelle et le matin de l’Ascension et le dimanche après l’Ascension.
En sus des cérémonies liturgiques (messes quotidiennes et autres temps de prière : il s’agit avant tout d’un pèlerinage, pas d’un colloque ni d’un voyage touristique, soyons clairs !), le pèlerinage est néanmoins l’occasion d’enseignements historiques et spirituels (3 conférences) et de découvertes patrimoniales (Le Puy et ses environs sont riches d’un patrimoine exceptionnel).

Pèlerinage Légitimiste le Puy-en-Velay 4 juin 2016

Le premier pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay en juin 2016
avec l’Union des Cercles Légitimistes de France (UCLF)
dans le grand escalier de la basilique-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation.

Le pèlerinage 2023 :

   Cette année 2023 marque le 8ème centenaire de la mort de S.M. le Roi Philippe II Auguste (+ 14 juillet 1223). Le grand-père de Saint Louis vint lui-même en pèlerinage aux pieds de Notre-Dame du Puy en 1188 avant de partir en croisade. Les légitimistes du XXIème siècle se doivent de mieux connaître ce Roi dont le règne marqua une étape importante dans le rayonnement de la dynastie capétienne.

Aperçu du programme :
Jeudi 18 mai à partir de 15 h : accueil au lieu d’hébergement ; à 17 h 30 (pour ceux qui n’auraient pu y assister le matin) Messe lue de l’Ascension.
Vendredi 19 mai : Messe solennelle ; conférences : 1) « Philippe Auguste, un règne charnière » & 2) « Le patriotisme ne se confond pas avec le nationalisme » ; visites.
– Samedi 20 mai : Messe solennelle ; conférence : « Les mariages de Philippe Auguste » ; départs après le déjeuner.
Le programme détaillé ne sera communiqué qu’aux personnes inscrites.

   La Confrérie réserve des hébergements dans une structure  d’accueil, là encore, les renseignements ne sont communiqués que de façon individuelle aux personnes qui nous contactent directement.
Ceux qui le désirent peuvent aussi choisir de résider en hôtel : en ce cas, ils font eux-mêmes leurs réservations.

Une seule adresse électronique de contact : pelerinage.confrerie@gmail.com , ou bien un numéro de téléphone : 06 65 74 41 45 (laisser un message sur la boite vocale en indiquant distinctement votre nom et vos coordonnées téléphoniques pour pouvoir être rappelé).

Covoiturage & organisation des transports :
En principe, chacun vient au Puy par ses propres moyens. Il y a bien une gare SNCF au Puy, mais elle n’est pas très bien desservie…
Si des personnes qui n’ont pas d’automobile souhaitent venir, elles peuvent nous contacter de manière à ce que, si cela est possible, nous les mettions en contact avec d’autres pèlerins qui pourraient les prendre dans leur véhicule.
De même, si des personnes qui viennent en automobile disposent de places et accepteraient de transporter d’autres passagers, qu’elles nous le signalent sans retard.

Philippe Auguste au soir de Bouvines - détail du tableau d'Horace Vernet

Philippe Auguste au soir de la bataille de Bouvines
(détail du grand tableau d’Horace Vernet – 1827 – exposé dans la Galerie des Batailles au château de Versailles)

2023-27. « Voici que nous montons à Jérusalem ».

25 février 2023

Lettre mensuelle
aux membres et amis de la
Confrérie Royale

frise fleurs de lys

Rappel :

       Les membres de la Confrérie Royale s’engagent à sanctifier d’une manière particulière le 25 de chaque mois de la manière suivante, en sus des 3 angélus quotidiens qu’ils offrent habituellement en y ajoutant l’oraison pour le Roi extraite du Missel romain : chaque 25 du mois donc, ils redoublent de prières, et offrent avec encore davantage de ferveur qu’à l’accoutumée les exercices de leur devoir d’état ainsi que les peines et les joies de ce jour ; ils travaillent plus méticuleusement à leur sanctification ; et, lorsque cela leur est possible, ils assistent à la Sainte Messe et offrent la sainte communion à l’intention du Roi ; ou bien encore, ils accomplissent quelque petit pèlerinage ou acte de dévotion supplémentaire, offerts à l’intention de Sa Majesté et du Royaume des Lys.
La lettre mensuelle, envoyée à tous les membres ainsi qu’aux amis qui ont manifesté le désir de la recevoir, à l’occasion de ce 25 de chaque mois, est écrite par les prêtres, religieux ou clercs membres de la Confrérie Royale. Le but de cette lettre est de raviver la ferveur et la détermination des membres, en leur proposant des réflexions et des approfondissements, qui sont toujours nécessaires.

entête confrérie royale carême

« Voici que nous montons à Jérusalem » (Matth. XX, 18)

Samedi 25 février,
En la fête de sainte Isabelle de France, sœur de saint Louis IX.

       Au Temps de la Septuagésime, qui précède durant trois semaines la sainte Quarantaine appelée Carême, dom Prosper Guéranger rappelait l’état d’esprit dans lequel nous devions entrer : « Le Chrétien, s’il veut entrer dans l’esprit de l’Église, doit faire trêve à cette fausse sécurité, à ce contentement de soi qui s’établissent trop souvent au fond des âmes molles et tièdes, et n’y produisent que la stérilité. Heureux encore lorsque ces dispositions n’amènent pas insensiblement l’extinction du véritable sens chrétien ! Celui qui se croit dispensé de cette vigilance continuelle tant recommandée par le Sauveur, est déjà sous la main de l’ennemi ; celui qui ne sent le besoin d’aucun combat, d’aucune lutte pour se maintenir et pour cheminer dans le bien, à moins d’avoir été honoré d’un privilège aussi rare que dangereux, doit craindre de ne pas être dans la voie de ce royaume de Dieu qui ne s’enlève que de vive force ; celui qui oublie les péchés que la miséricorde de Dieu lui a pardonnés, doit redouter d’être le jouet d’une illusion périlleuse. Rendons gloire à Dieu, dans ces jours que nous allons consacrer à la courageuse contemplation de nos misères, et venons puiser, dans la connaissance de nous-mêmes, des motifs nouveaux d’espérer en Celui Que nos faiblesses et nos fautes n’ont point empêché de S’abaisser juqu’à nous, pour nous relever jusqu’à Lui » (Septuagésime, chap. III).

   Cette consigne de l’Année liturgique, il n’est pas trop tard pour la mettre en pratique, je vous rassure, d’autant que le Carême proprement dit, c’est-à-dire liturgique (c’est le jeûne quadragésimal qui commence le Mercredi des Cendres), commence ce samedi midi avec les Vêpres anticipées avant le déjeuner. C’est à saint Charlemagne que l’on doit cette mesure disciplinaire, désireux que les domestiques et familiers de sa Cour n’aient pas à attendre la nuit qu’ait pris fin le propre déjeuner de la Cour, en fin de journée.

   Notre prieur a déjà beaucoup écrit et relayé de sermons de Pères de l’Église sur ce si important temps du Carême, et particulièrement sa « pratique » (thème cher également à dom Guéranger) : sachons en profiter et les méditer sérieusement, afin de mettre en œuvre, comme nos aïeux, une véritable pénitence, et non pas un sucre en moins dans le café… « Voici le temps favorable, voici les jours de salut ! » (II Cor. VI, 2) va s’écrier la Liturgie. Ne perdons pas ces grâces que nous prépare le Seigneur.

   Seuls les Orientaux sont encore fidèles à un vrai Carême. L’Occident l’a complètement soit oublié, soit défiguré, même dans « nos milieux » : il semble que ce que beaucoup (même ecclésiastiques) considèrent comme des « pratiques d’un autre temps », se soient réfugié dans les seuls monastères, hormi quelques exceptions de clercs et de laïques mortifiés « dans le monde » selon l’esprit de l’Église.

   Membres de la Confrérie Royale, désireux de – et résolus à – utiliser tous les trésors liturgiques pour faire avancer notre cause, à savoir la deuxième demande du Pater noster, faisons donc jeûner nos corps et prier nos âmes comme jadis les Ninivites. Et Dieu sait que notre pauvre société est dans un état bien plus grave que cette cité syrienne ; pour cela, soyons bien plus désireux d’un résultat miséricordieux que ce pauvre Jonas. Abandonner viande et productions animales, comme nous le rappellent plusieurs fois chaque jour les oraisons liturgiques, pour nous concentrer sur l’Unique Nécessaire (Dieu, est-il besoin de le rappeler ?). Ne les faisons donc pas mentir, ces prières, notamment nous, MM. du Clergé, qui les récitons tant de fois machinalement ; et n’imitons pas le clergé vétérotestamentaire qui proclamait un Messie qu’il fut non seulement incapable de reconnaître à Son Heure, mais qu’il fit ignominieusement périr !

   Comme le disaient les anciens auteurs : le Royaume est un corps (dont le roi est la tête), et l’Église, depuis au moins saint Gélase Ier, voit dans ce corps la partie proprement étatique et temporelle, laïque aussi, de la société (tandis qu’en l’âme se mire l’autorité spirituelle). Un corps mystique à l’image de celui que constitue l’Église. Le corps mystique du Royaume doit pratiquer le jeûne, la prière et l’aumône pour son propre salut. Il est en effet « des démons qu’on ne peut chasser que par le jeûne et la prière » (Matth. XVII, 21) : utilisons donc les bons moyens pour les meilleurs effets, puisque la France est désormais bien plus infestée et possédée que Marie-Madeleine avec ses sept démons.

   « Que Votre règne arrive […] sur la terre comme au Ciel ! » : le règne du Christ vrai roi de France et de son lieutenant « commendataire », pour gloser les paroles de sainte Jeanne d’Arc, selon notre devise tirée des leçons de Matines de son office liturgique : « Ad pristinum regnum restituendum », qui ne dit pas autre chose. Un tel cadeau, une si grande grâce ne méritent-ils pas des efforts redoublés ?

   Rien n’est à négliger, pour « un royaume éternel et universel, royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d’amour et de paix » (préface du Christ Roi), et précisons : de vraie justice, de véritable amour et de véridique paix. Qui ne peuvent tous trois ne se trouver qu’en la Personne adorable du Seigneur Jésus, et qu’un seul régime (quel mot affreux !) a été capable de confesser sur (et dans) ce sol de France. Osons alors le mot : faisons régime pour un meilleur régime !

   « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Joann. XV, 3). Concentrons-nous, après avoir contemplé notre misère (personnelle comme sociale, historique comme contemporaine), sur Ce Fils d’un Dieu venu tout réparer et « faire toutes choses nouvelles » (Isaïe XLIII, 19 ; Apocalypse XXI, 5). Nouvelles et anciennes en même temps, car re-formées sur le plan de Dieu malheureusement rejeté.

Voici la définition même de la Restauration.
Et notre France en a grand besoin.

+ Abbé Louis de Saint-Taurin

P.S. : Ce 28 février, n’oublions pas dans nos prières M. Pierre Bodin †, ancien président de l’U.C.L.F. et qui était non seulement membre d’honneur mais membre plénier de la Confrérie. Cela fera deux mois que Dieu l’a rappelé à Lui.

armoiries confrérie royale

2023-25. «Vaincre ou mourir», comme une lueur d’espérance.

Mardi de la Sexagésime 14 février 2023,
Commémoraison solennelle de la Passion de NSJC (double majeur) ;
Mémoire de Saint Valentin, prêtre et martyr ;
Dans l’Ordre de Saint Augustin, mémoire de la Bse Christine de Spolète, vierge ;
Anniversaire de la mort du duc de Berry (cf. > ici).

   Ce Lundi 13 février, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, a publié dans « Causeur » une tribune libre dans laquelle, profitant de la publicité que la polémique a donnée au film « Vaincre ou mourir » évoquant l’épopée du Chevalier François-Athanase de Charrette de La Contrie, célèbre héros des « guerres de Vendée », il a élevé le débat en remettant en perspective plusieurs leçons politiques importantes.
Ce mardi 14 février, Sa Majesté a ensuite diffusé ce même message sur les réseaux sociaux :

Vaincre ou mourir affiche du film

lys.gif

«Vaincre ou mourir», comme une lueur d’espérance :

       Dans une période où les sujets graves abondent, ne faut-il pas voir comme un heureux signe qu’un film – un simple film – fasse l’actualité ?  Je veux parler de Vaincre ou mourir.

   Il est rare qu’un film suscite un tel débat. Tel est pourtant le cas de celui réalisé et produit par Le Puy du Fou. Mais, à mon sens, voilà qui n’est pas le fruit du hasard ou de la chance. Ce film arrive au bon moment et est le signe de quelque chose qui le dépasse infiniment. Vaincre ou mourir est un triple symbole.

   Symbole d’une France fière de son histoire qui de siècle en siècle a été écrite par des héros qui sont autant de modèles.  Héros que l’on admire car ils ont su tout donner animés par l’honneur, la fidélité, le respect de la parole donnée, le courage physique et mental. Charrette comme les autres combattants de la cause vendéenne était de ceux-là. A peine mort, il est entré dans la légende et deux cent trente ans après les évènements il est toujours un exemple. Il est de la race des héros dont on aime faire des films que l’on revoie, de ceux que l’on retrouve dans la Cité de l’Histoire créée il y a peu à La Défense. Ce film est la réponse à toutes les tentatives de gommer notre histoire de France. La France au contraire la revendique, d’où le succès du film alors même qu’il est en dehors des grands circuits habituels et « dérange » une partie des critiques. L’enthousiasme du public en dit plus que les critiques idéologiques.

   Ce film est aussi le symbole d’une province qui depuis le génocide ordonné pour l’exterminer a toujours souhaité marquer son identité. Être fier d’être vendéen. En être fier car cette fierté a été payée par plus de 400 000 morts. A l’heure où certains voudraient voir disparaitre les identités nationales, la Vendée revendique aussi une identité locale. Ce film rappelle qu’il y a des différences notables d’une région à l’autre. Les Vendéens sont uniques et ont payé cette identité de leur sang versé. L’épopée commencée en 1793 est celle de tout un peuple qui a réagi. Cette volonté très forte anime toujours la Vendée qui demeure en France une des régions les plus dynamiques, au taux de chômage inférieur à la moyenne nationale, à la croissance économique supérieure. Ce film a donc trouvé dans les bocages de l’ouest le terreau qui lui fallait et il en incarne le dynamisme. Mémoire et futur y sont intimement liés.

   J’en viens à mon troisième point. Ce film me parait être aussi à l’image d’une nouvelle génération qui se lève et qui reprend son destin en mains. Exactement comme il y a 40 ans il fallait redécouvrir une forme de la culture populaire (ce qui fut réalisé par la création, le succès et la croissance du Puy du Fou), il convient désormais de réinvestir tous les pans de la société. Régulièrement remontent vers moi les initiatives de jeunes entrepreneurs qui s’engagent dans les domaines économiques, culturels, de la santé, de l’éducation, demain politiques. Toujours avec succès car ils sont animés du souci du bien commun. Ce film est à cette aune. Il marque un renouveau. Qui aurait pu penser qu’un secteur aussi encadré que celui de la création cinématographique pouvait être bousculé par des initiatives individuelles animées par une intense volonté de faire bien et mieux ? Cette victoire de la volonté est à féliciter.

   Vaincre ou mourir apparaît bel et bien comme le film d’une espérance retrouvée d’une nouvelle France qui compte gagner et reprendre sa place, dans tous les domaines, dans la vie sociale et dans le concert des nations.

Armes de France & Navarre

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