Archive pour la catégorie 'Vexilla Regis'

2023-116. « Le déguisement du démon en serpent se continue par ses transformations en hérétique, en schismatique, en faux savant, faux littérateur, faux artiste, faux sociologue, en moderniste, et combien d’autres ! »

25 septembre,
Fête de Saint Prince (ou Principe) de Soissons, évêque et confesseur,
frère aîné de Saint Remi de Reims.

       Chers Amis, vous trouverez ci-dessous le texte de la lettre mensuelle de la Confrérie Royale, dont le contenu sera médité et approfondi aussi avec grand profit par tous les lecteurs de ce blogue, par tous les catholiques qui ont le sens des enjeux des combats présents, par tous les authentiques fidèles qui ont conscience de la crise de l’Eglise et de la société civile…

frise lys

Lettre mensuelle aux membres et amis de la
Confrérie Royale

- 25 septembre 2023 -

frise lys

Triduum en l’honneur de Saint Michel
avant sa fête liturgique

Bien chers membres et amis,

   Nous sommes à quelques jours de la fête de Saint Michel archange (29 septembre) et, en guise de lettre mensuelle, voici un texte qui figure dans les Actes du pontificat de Saint Pie X et réalise une sorte de commentaire de la prière que son prédécesseur, le pape Léon XIII, avait promulguée pour être récitée à la fin de toutes les Messes basses :

Sancte Michael Archangele, defende nos in proelio ;
contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium.
Imperet illi Deus, supplices deprecamur :
tuque, Princeps militiae caelestis,
satanam aliosque spiritus malignos,
qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo,
divina virtute in infernum detrude.
Amen.

Saint Michel Archange,
défendez-nous dans le combat ;
soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon.
Que Dieu lui commande, nous vous en supplions :
et vous, Prince de la Milice Céleste,
repoussez en enfer, par la force divine,
Satan et les autres esprits mauvais
qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes.
Ainsi soit-il.

   Ce texte donc est signé du cardinal Pietro Respighi (1843-1913), qui était à l’époque où il le publia par mandat du pape Saint Pie X, camerlingue du Sacré Collège (nota : poste supprimé en 1995 par Jean Paul II, qu’il ne faut pas confondre avec celui de camerlingue de la Sainte Eglise romaine), et il constitue une forme de méditation développant cette courte prière à Saint Michel, pour en montrer toute la nécessité et la pressante actualité.

   Ce qui était vrai en 1907, est, d’une certaine manière, encore plus nécessaire et actuel en 2023 ! C’est la raison pour laquelle il vous est adressé aujourd’hui…
Et puisque le pape Saint Pie X demandait aux fidèles de son diocèse de Rome d’accomplir un triduum – les 26, 27 et 28 septembre – pour préparer avec davantage de ferveur la fête de Saint Michel, reprenons aujourd’hui cette recommandation et, même si nous faisons déjà une neuvaine à Saint Michel, ne manquons pas d’intensifier encore notre prière en ces trois jours, afin de demander à Saint Michel sa protection sur le Royaume de France qui fut spécialement placé sous sa protection par Saint Charlemagne déjà, puis au cours des siècles par nombre de nos pieux Souverains et Princes.

   Que le Prince des armées célestes, victorieux contre le démon et ses anges rebelles, nous soit en aide et protection : qu’il protège très spécialement Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX et sa famille, qu’il protège le Royaume des Lys et en chasse les esprits maléfiques qui y sont répandus, et qu’il nous aide à être chaque jour, par la prière et le sacrifice, des membres fidèles de notre Confrérie, milice spirituelle au service du Roi légitime. Ainsi soit-il.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

 Vitrail de Saint Michel au bouclier de lys

Invito sacro

promulgué au nom de Saint Pie X
par le cardinal Respighi

le 17 septembre 1907

       L’invocation « Saint Michel Archange » que des millions de fidèles récitent chaque jour après la célébration du très saint Sacrifice retentit plus vive et plus ardente en ces jours qui nous préparent à la fête du glorieux prince de la milice céleste.

   Defende nos in praelio. Défendez-nous, ô saint archange, dans la lutte ici-bas. Notre passage en ce monde a été défini par ces paroles mémorables de Job : « La vie de l’homme sur terre est un combat » (Job VII, 1). C’est à ce combat que nous exhorte saint Paul en ces termes : « Mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de Sa vertu. Revêtez-vous de l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister à toutes les embûches du démon ; car nous avons à combattre, non contre la chair et le sang, mais contre les princes et les puissances, contre les gouverneurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans l’air… Soyez fermes, ceignez vos reins de la vérité et revêtez la cuirasse de la justice ; que vos pieds soient chaussés et prêts à marcher dans la voie de l’Evangile, sur le chemin de la charité et de la paix. Et surtout prenez le bouclier de la foi, pour que vous puissiez éteindre sur lui les traits enflammés du malin esprit » (Eph. VI, 10-16).

   C’est donc une guerre, non pas contre les hommes de ce monde, mais contre les perfidies et les embûches des esprits infernaux, ennemis obstinés et puissants, qui se servent de ce monde lui-même et des hommes, comme d’instruments pour nous faire la guerre.

   Contre nequitias et insidias diaboli esto praesidium. Les perfidies du démon, c’est la mort, puisque la mort est entrée dans le monde par l’envie du démon (Sag. II, 24) ; ce sont les persécutions qu’il inflige aux personnes et aux nations catholiques, puisque ceux-là l’imitent qui lui appartiennent.

   Les embûches du démon, ce sont toutes les machinations capables de tromper, si c’est possible, les élus eux-mêmes (Matth. XXIV, 24).

   Le déguisement du démon en serpent se continue par ses transformations en hérétique, en schismatique, en faux savant, faux littérateur, faux artiste, faux sociologue, en moderniste, et combien d’autres !

   Les embûches du démon, ce sont les tentations pour lesquelles il se sert des circonstances extérieures, des passions internes, de nos sens, de l’imagination ; ce sont les opérations divinatoires ou prédictions de l’avenir, les pratiques merveilleuses par lesquelles ce trompeur, père du mensonge, séduit tant d’esprits. Ces perfidies et ces embûches croîtront en puissance à l’arrivée de l’antéchrist, « arrivée qui se produira par l’opération de Satan, avec toutes sortes de miracles et de signes, et des prodiges menteurs, ainsi qu’avec toutes les séductions de l’iniquité, pour ceux qui se perdent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité, afin d’être sauvés » (2 Thess. II, 9-10).

   Imperet illi Deus. Quand l’archange saint Michel lutta contre le démon à l’occasion de la sépulture de Moïse, il lança à l’esprit mauvais ces paroles : « Que le Seigneur te dompte ! » (Jude 9). Dans les tristes jours où nous vivons, répétons avec une confiance tranquille et ferme ces paroles de saint Michel contre Satan et les esprits mauvais qui parcourent le monde pour la perdition des âmes : « Que le Seigneur te dompte ! »

   Mais observons l’avertissement de l’Apôtre : « Ne donnez point place au démon » (Eph. IV, 27). Détestons de toute la force de notre âme cette figure horrible, cette fumée et ce feu d’agitation, de désordre et de rébellion, dont s’entoure le roi de tous les fils de l’orgueil (Job IV, 1, 25).

   Contre le prince de l’orgueil, suivons le doux archange. Dans son triomphe, lui, au contraire, s’enveloppe de l’humilité, de la beauté et de l’amabilité de Jésus-Christ.

   Honorons, acclamons, invoquons saint Michel, et, sous son patronage, avec l’aide de Dieu, durant toute notre vie et à l’heure de la mort, nous repousserons Satan vaincu dans les abîmes. Eternellement reconnaissants à Dieu nous répéterons avec Judith : Custodivit me angelus ejus. L’ange du Seigneur a combattu et triomphé pour nous !

 Par la volonté du saint-père on célèbrera dans les journées du 26, 27 et 28 septembre le triduum de saint Michel dans toutes les églises paroissiales de Rome.

Miniature Ordre Saint Michel - Louis XI

2023-112. De Sainte Richarde d’Andlau, impératrice d’Occident, reine des Francs et vierge.

18 septembre,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête de Saint Thomas de Villeneuve, archevêque et confesseur ;
Fête de Saint Joseph de Cupertino, confesseur (cf. > ici) ;

Fête de Sainte Richarde d’Andlau, impératrice et reine, vierge et abbesse ;
Anniversaire de la bataille de Castelfidardo (cf. > ici).

Sainte Richarde - vitrail de l'église Saint-Barthélemy à Muhlbach-sur-Munster

Vitrail de l’église Saint-Barthélémy à Muhlbach-sur-Munster (archidiocèse de Strasbourg) 

       Sainte Richarde (en latin : Richgardis ou Richardis) est issue d’une très importante maison de la noblesse carolingienne, toutefois tous les auteurs ne s’accordent pas.
Selon les « Annales Alamannicorum » elle appartiendrait à celle des Alaholfinger, et son père serait Berthold 1er (alias Erchanger II) comte palatin d’Alsace ; pour d’autres elle appartiendrait à la descendance d’Etichon d’Alsace (père de Sainte Odile) en étant fille d’Erchanger le Jeune (+ 864), comte de Nordgau ; pour d’autres enfin, elle descendrait, par sa mère des comtes d’Andlau.

   Elle est née aux alentours de l’an 840. Le bourg de Kintzheim revendique d’être le lieu de sa naissance.
Belle, vertueuse et spirituelle, Richarde grandit dans le Nordgau (partie septentrionale du duché d’Alsace) : cette contrée sera rattachée au duché de Souabe en 925, et c’est la raison pour laquelle Richarde passera à la postérité sous le nom de Richarde de Souabe.

   En 862, elle épouse un jeune prince carolingien, Charles III, (839-888), arrière petit-fils de Saint Charlemagne, fils de Louis II dit le Germanique, dit Charles le Gros, qui sera le dernier carolingien à porter le titre d’empereur (« Empereur Auguste des Romains »), et qui sera aussi le dernier des descendants de Charlemagne à réunir sur sa tête les couronnes de Roi d’Alémanie (865-882), Roi d’Italie (879-887), Roi de Francie Orientale (882-887) et Roi de Francie Occidentale – c’est-à-dire ce qui deviendra la France – (885-887). Il ne faut pas le confondre avec son petit cousin, Charles III, dit le Simple, qui règnera sur la France un peu après lui.

   Charles III le Gros fut couronné Empereur d’Occident, à Rome, par le pape Jean VIII le 12 février 881, et son épouse Richarde est couronnée en même temps que lui.

Généalogie simplifiée des Carolingiens

   C’est une période extrêmement troublée, sous fond d’invasions normandes (les Vikings ne se contentant plus de pillages côtiers mais remontant les fleuves, semant dévastation et terreur à l’intérieur des terres), de raids sarrasins dans le sud et d’incursions hongroises à l’est. L’empire carolingien est en pleine décomposition interne et ne sait comment faire face aux menaces extérieures. La suspicion est partout, d’autant que l’empereur, faible, est sujet à des accès de folie…

   Richarde, à laquelle Charles doit en grande partie ses premiers succès politiques et son ascension, tente de prendre en mains l’administration de l’Empire, au grand dam d’un certain nombre de courtisans. Manipulé par quelques conseillers jaloux, Charles accuse sa femme d’adultère avec son principal ministre et archichancelier, Liutward, évêque de Verceil, et la répudie en arguant du fait que leur mariage n’a jamais été consommé.

   « La calomnie essaya de noircir la vertu de Sainte Richarde ; mais elle ne réussit  qu’à la faire briller davantage. On l’accusa de trahir la fidélité conjugale. L’empereur, trop crédule, la força de se justifier devant tous les grands de l’empire rassemblés. La sainte impératrice parut avec intrépidité devant ce tribunal, disant dans son cœur : « Seigneur, je suis innocente, ne me livrez pas à ceux qui me calomnient ». Elle offrit de prouver son innocence par le jugement de Dieu. Un grand feu fut allumé tout autour d’elle ; Sainte Richarde se tint immobile au milieu des flammes, puis en sortit sans recevoir la moindre lésion…» -Mgr. Paul Guérin, in « Les Petits Bollandistes » 18 septembre).
La chemise enduite de cire que portait Sainte Richarde lors de cette ordalie était conservée dans l’abbatiale d’Etival, au diocèse de Saint-Dié : si l’ancien reliquaire a été pillé lors de la grande révolution, la précieuse relique a été sauvée et se trouve toujours offerte à la vénération des fidèles dans cette église abbatiale, devenue paroissiale.

Thierry Bouts l'ancien, ordalie de Sainte Richarde

Thierry Bouts l’Ancien : ordalie de Sainte Richarde

Statue et châsse de Sainte Richarde dans l'église d'Etival

Statue et châsse de la tunique de Sainte Richarde dans l’église d’Etival (diocèse de Saint-Dié)

   Après la destitution de Charles III (en 887), dont les accès de folie ne permettent plus qu’il exerce le moindre pouvoir, Richarde sera réhabilitée et sa virginité sera dûment constatée, ce qui fera définitivement taire toute calomnie.

   Après l’épreuve de l’ordalie, Sainte Richarde, qui avait déjà été une bienfaitrice des monastères et abbayes de l’empire, choisit de se retirer dans l’abbaye d’Andlau, qu’elle avait fondée quelques années auparavant : c’était à l’origine une abbaye bénédictine, mais qui devint plus tard abbaye de chanoinesses régulières de Saint Augustin, une place tout-à-fait particulière dans la société dans tous les siècles suivants, et jusqu’à la grande révolution qui la réduisit à néant.
En effet, c’était une abbaye noble, qui n’accueillait donc que des filles ou des veuves de la plus haute noblesse, qui était dite « fondation du Saint Empire », et dont l’abbesse devenait « princesse d’Empire » et avait le droit de vote aux diètes du Saint Empire Romain Germanique.
Lors du rattachement de l’Alsace à la France (traité de Westphalie), les chanoinesses conservèrent le privilège d’élire leur abbesse librement (et non une candidate désignée par le Roi de France) et la plupart de leurs privilèges particuliers : jusqu’à la révolution, l’abbesse d’Andlau demeurera donc « princesse du Saint Empire » nonobstant le fait que l’abbaye n’était plus dans les frontières du Saint Empire.

   Une belle légende (mais nous savons tous qu’une légende ne signifie pas que ce qu’elle rapporte soit faux, fictif ou le fruit de pieuses affabulations) nous rapporte que la fondation de l’abbaye d’Andlau fut consécutive à l’apparition d’un ange qui enjoignit à Richarde de fonder un monastère au lieu qui lui serait indiqué par un ours.
Se promenant dans la forêt d’Andlau, Richarde rencontra une ourse pleurant son ourson mort. S’approchant, Richarde prit l’ourson dans ses bras, et il revint à la vie : dès lors l’ourse et son petit restèrent attachés à Richarde, ce pourquoi, pendant des siècles, les chanoinesses d’Andlau gardèrent un ours vivant à l’abbaye et offrirent l’hospitalité aux montreurs d’ours qui allaient de ville en ville, de château en château.
Cette ourse désigna à Richarde le lieu où elle devait fonder l’abbaye, conformément à la prédiction de l’ange, en creusant le sol dans le Val d’Eléon, proche de la rivière qui est appelée Andlau et qui donnera son nom à la petite ville qui se développera autour de l’abbaye.
Ceci explique pourquoi Sainte Richarde est représentée accompagnée par une ourse.

Abbatiale d'Andlau - statue de Sainte Richarde

Statue de Sainte Richarde dans l’abbatiale d’Andlau

   Richarde finit ses jours à l’abbaye d’Andlau, dans la prière et les bonnes œuvres : elle rendit sa belle âme à Dieu un 18 septembre, entre 894 et 896.
En 1049, le pape Saint Léon IX, né Bruno von Egisheim-Dagsburg, canonisa Sainte Richarde, sous le nom de Sainte Richarde d’Andlau, lorsqu’il vint en personne à Andlau pour y consacrer l’église abbatiale qui venait d’être reconstruite par l’abbesse Brigitte de Bavière, sœur de l’empereur Henri II dit le Saint.

   Sainte Richarde, avec Sainte Clotilde, Sainte Radegonde (cf. > ici) et Sainte Bathilde (cf. > ici), Sainte Hildegarde de Vintzgau (cf. > ici) et Sainte Jeanne de France (cf. > ici) est donc une sixième Reine de France a avoir été élevée sur les autels, et vers laquelle nous pouvons faire monter de ferventes prières pour notre cher Royaume des Lys.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Eglise abbatiale d'Andlau - châsse du chef de Sainte Richarde

Eglise abbatiale d’Andlau : autel de Sainte Richarde et châsse contenant son chef

2023-111. Nous avons lu et nous avons aimé : « Louis XVIII » de Philip Mansel.

16 septembre,
Fête des Saints Corneille et Cyprien, pontifes & martyrs ;
Mémoire des Saints Euphémie, Lucie et Géminien, martyrs ;
Mémoire du deuxième jour dans l’octave de Notre-Dame des Douleurs ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Louis XVIII.

       Sa Majesté le Roi Louis XVIII rendit le dernier soupir le 16 septembre 1824 en son palais des Tuileries, à Paris.
Ce souverain n’est pas toujours bien connu ni bien compris, même dans les milieux monarchistes et légitimistes : entre l’image d’un « roi voltairien » que se sont plu à lui donner certains historiens, et une espèce de « légende noire » sur sa personne que certains prétendus « dévots » continuent à colporter sur la base de pseudo apparitions (cf. ce que nous avons déjà publié à ce sujet > ici), le Roi Louis XVIII ne fait pas vraiment l’objet d’une grande popularité de nos jours, lors même que, pendant la Restauration, il fut le centre d’une immense dévotion populaire rarement égalée difficilement imaginable aujourd’hui.

   En outre, la très simpliste habitude qu’ont beaucoup de « fixer » les personnages historiques dans un unique moment de leur vie, ou de les circonscrire à tel ou tel événement précis, a pour fâcheuse conséquence logique de placer un écran opaque devant la vérité historique.
En ce qui concerne Sa Majesté le Roi Louis XVIII, c’est spécialement vrai : le comte de Provence n’est pas le même en 1774 ou en 1790, il est encore différent en 1795 lorsque la mort tragique de son neveu fait de lui le Roi Louis XVIII, et sa personnalité morale évolue encore pendant le temps de son long exil, lors de son retour à Paris en 1814, pendant les Cent-Jours, puis pendant le reste de son règne.
Ce n’est pas la première fois (ni la dernière) dans l’histoire qu’un Prince dont le comportement ne fut pas d’abord édifiant ou exemplaire, se révèle ensuite un très grand souverain. Qu’on songe à Louis XII, pour n’en citer qu’un autre.
Pour ce qui me concerne, je crois aux grâces d’état, et très spécialement à celles qui sont attachées par la divine Providence à la fonction royale en France.

   C’est pourquoi nous recommandons instamment cet excellent ouvrage de l’historien anglais Philip Mansel, que nous avions déjà cité > ici, et qui fait, jusqu’à présent, figure d’ouvrage de référence, pour mieux comprendre et apprécier, malgré ses erreurs, un grand Souverain à l’intelligence politique peu commune, qui sut tenir un équilibre délicat entre une rigoureuse fidélité aux principes et l’adaptation aux circonstances qui lui étaient imposées par les malheurs des temps.

Louis XVIII - Philip Mansel

Quatrième de couverture :

   La biographie de référence du dernier roi de France mort sur le trône.

   Louis XVIII est un roi mal connu et jamais jugé à sa juste valeur. Philip Mansel en propose un portrait original et documenté à partir de nombreuses sources inédites.
Il montre ainsi le rôle politique du frère de Louis XVI durant les années 1787-1789 où il se fait à la fois l’avocat des  » idées nouvelles  » et le soutien d’une monarchie forte. Il retrace ensuite les années d’exil à partir de 1791 et l’espèce de contre-gouvernement organisé à Coblence qui conspire contre la République, soutient les Vendéens et, une fois installé à Vérone, s’efforce d’organiser un réseau diplomatique, une vie de cour, et de préparer la Restauration. L’auteur dénoue aussi l’écheveau des deux retours de 1814-1815 avec son lot d’erreurs, mais également la rédaction de la Charte et une tentative délicate de réconciliation entre la nation et la monarchie. Car Louis XVIII se veut l’initiateur d’une royauté qui emprunte à l’Angleterre ses meilleurs acquis. Ses hésitations, ses échecs, son soutien à son favori Decazes donnent la mesure d’un régime certes fragile mais, à bien des égards, engagé sur la voie de la modernité.

   Philip Mansel est l’auteur chez Perrin du Prince de Ligne (2002) et Paris, capitale de l’Europe (2003).

2023-106. Indispensable formation légitimiste : cahiers du camp-chouan et formation en ligne.

       Nous vous rappelons que l’Union des Cercles Légitimistes de France propose déjà plusieurs outils de formation, comme par exemple son Programme des études politiques.
Et il y a également les  Cahiers politiques de l’UCLF, qui constituent, eux aussi, une synthèse de la pensée royaliste facilement utilisable dans le cadre d’un travail en cellule d’étude.
Chaque année, de nouveaux textes illustrant la pensée légitimiste sont ainsi publiés dans ces Cahiers politiques : cahiers de l’Université d’été Saint-Louis et, cette  année, à la suite du premier camp-chouan en Dauphiné – qui s’est déroulé en juillet dernier -, publication aussi du cahier des textes qui y ont été approfondis. Tous ces cahiers sont téléchargeables gratuitement. Il suffit de se rendre > ici
 et > ici.

   Les Cercles légitimistes de l’UCLF existent dans plusieurs provinces et nous ne pouvons qu’encourager, une fois de plus, à les rejoindre.
Mais nous signalons aussi à nos amis et aimables lecteurs, qu’il existe un Cercle Saint Raphaël qui offre des formations en ligne tous les derniers jeudis de chaque mois : c’est une offre particulièrement précieuses pour ceux qui sont isolés, trop éloignés d’un Cercle légitimiste existant ou qui ont des difficultés pour se déplacer : l’affichette que nous reproduisons ci-dessous donne tous les renseignements à ce sujet >>>

Réunions du Cercle Saint-Raphaël

2023-105. Retranscription de l’allocution de Sa Majesté au Mont des Alouettes le 2 septembre 2023.

Samedi 9 septembre 2023,
En certains lieux : fête de Notre-Dame de Miséricorde de Pellevoisin (cf. > ici).

       En l’absence de publication écrite officielle du texte complet de l’allocution prononcée par Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, le samedi 2 septembre dernier à l’occasion du rassemblement organisé au Mont des Alouettes (cf. > ici), nous en publions ci-dessous une retranscription réalisée par l’une de nos amies – que nous remercions chaleureusement -, à partir de l’enregistrement et de la vidéo qui ont déjà été publiés sur plusieurs médias (voir le lien vers la vidéo en bas de cette page).
Nous ne pouvons garantir que le découpage du texte et sa ponctuation, tels que publiés ci-dessous, sont de manière absolue ceux qui se trouvent sur la feuille lue par Sa Majesté, mais du moins, la transcription est-elle rigoureusement fidèle à ce que notre Souverain légitime a dit.

Louis XX au Mont des Alouettes 2 septembre 2023

Très Révérend Père,
Chers abbés,
Monsieur le Vice-Président du Conseil Départemental,
Messieurs les Présidents des associations,
Chers amis,

   Quel plaisir et quelle émotion d’être aujourd’hui en Vendée !
Quelle émotion de constater votre présence en nombre et votre accueil si chaleureux et enthousiaste !
Quelle émotion d’être ici au Mont des Alouettes, parmi vous tous, accompagné de ma famille : quel symbole aussi d’être ainsi parmi vous !

   La Vendée occupe une place très forte dans l’histoire de France : elle est la région qui a défendu le plus ardemment la foi et le Roi à la fin du XVIIIe siècle, le payant au prix de milliers de victimes.
S’il y a eu, dès 1790, d’autres soulèvements, celui de la Vendée, à partir de mars 1793, demeurera pour toujours le plus important et le plus connu, et celui qui, par son ampleur, les résume tous.
Sur cette terre ont été défendus par tout un peuple, uni et soudé, les principes qui de tous temps ont fait la France, sa grandeur et sa gloire : la foi en Dieu et la fidélité au Roi, père naturel de toutes les familles.

   Saluons la Vendée, terre des valeurs défendues jusqu’au sacrifice !
Combien cela résonne encore de nos jours où notre société, trop souvent, semble manquer du nécessaire souci de se dépasser.
Notre pays a tant besoin du rappel des principes fondamentaux qui ont forgé la civilisation française.
Merci à toutes vos associations et groupements, réunis pour cette journée de fête, de contribuer à les rappeler.

   A l’occasion de la commémoration de la venue en 1823, en ces lieux, sur cette colline, de mon auguste parente la duchesse d’Angoulême, quelle belle et grande idée, d’avoir voulu célébrer ainsi en  quelque  sorte le jubilé de la Vendée.
Je m’y suis associé dès que le projet m’a été soumis.
Cela est pour moi l’occasion d’évoquer la mémoire d’un soulèvement, et plus encore, celle de ce que ce soulèvement représentait d’audace et de clairvoyance :
Audace, de prendre les armes quand rien ne vous y a préparé.
Clairvoyance vis-à-vis de la société nouvelle, dont les Vendéens ont rapidement compris qu’elle ne serait pas celle du bien commun mais celle des contraintes insupportables et inacceptables.

   Ainsi, en 1823, avec la Restauration et le retour de la famille royale, la Vendée pouvait véritablement renaître.
Il y a exactement 200 ans, le Roi Louis XVIII, mon aïeul, celui qui en 1795, dès l’annonce connue de la mort du Roi Louis XVII, avait assumé contre vents et marées la permanence de la Royauté française, demande à sa nièce, fille du Roi martyr, de venir en Vendée. Geste fort et hautement symbolique : Madame Royale, duchesse d’Angoulême, par sa personne, marque la continuité de la Dynastie en montrant son attachement à la chère province meurtrie.

   La princesse, ma grand’ tante, qui avait ressenti elle-même dans sa chair et son âme, toute l’horreur de la révolution, vient se recueillir sur le Mont des Alouettes, et pose la première pierre de la chapelle qui désormais la couronne. Il s’agissait à la fois de rendre hommage aux combattants de la grande épopée de l’Ouest, tout autant que de montrer les liens que la Famille Royale entendait tisser de manière solennelle avec la Vendée.
On peut imaginer aisément ce que cela représentait en 1823 : une génération après les événements, survivants et témoins étaient nombreux. Pas une famille n’avait été épargnée par la barbarie et le feu des bourreaux « bleus ». La présence royale montrait la hauteur du sacrifice consenti, du don absolu fait à Dieu et au Roi.

   Commémorer la venue de Madame Royale, et, encore plus, sa volonté de mettre à nouveau Dieu au cœur du pays meurtri avec l’érection de cette chapelle du souvenir, est donc un acte de mémoire essentiel pour notre pays.
Quand les morts peuvent reposer en paix et sont honorés, les vivants peuvent assumer leurs devoirs, et légitimement exercer leurs droits.
La Vendée l’a bien compris. Dès le sang séché, dès les derniers incendies éteints, dès les plaies pensées, elle s’est remise courageusement au travail, et a montré que si elle avait été la terre de grands exploits dans la guerre, elle pouvait l’être tout autant dans la paix.
La Vendée s’est relevée d’abord à travers ses paysans qui ont redonné vie à leur ferme ; puis avec les villes, où les artisans ont repris le travail. En quelques décennies, tout est reconstruit et la Vendée se trouve renouvelée, et continue à être l’une des régions les plus dynamiques de France. Elle est en tête en matière économique et en matière d’emplois ; en matière de tourisme, elle sait conjuguer la quantité pour son accueil et la qualité.
Je suis heureux de pouvoir le redire aujourd’hui en adressant mes félicitations à ceux qui contribuent à ces réussites.
Le sacrifice peut ainsi être rédempteur. L’épreuve peut être source de progrès, quand il s’agit de ne pas se conduire en assistés mais en responsables. Les vendéens ont manifesté cet esprit dans les cruelles années 1790, leurs descendants le font toujours.

   Mais je voudrais ajouter deux idées plus personnelles.

   La première concerne les commémorations et leur portée symbolique.
Commémorer, n’était pas courant au temps de la Royauté : le Te Deum marquant les victoires semblait suffisant. Une fois l’action passée, le Roi pensait à l’avenir.
C’est avec l’évocation de la Vendée, et plus largement celle de toutes les victimes de la révolution, à commencer par le Roi et sa famille, que des commémorations expiatoires ont été organisées. Les actions en effet étaient si sacrilèges, qu’il était nécessaire de s’en souvenir afin qu’elles ne se reproduisent plus.
Pour maintenir cette mémoire, les chapelles, comme celle-ci édifiée au Mont des Alouettes, ont été érigées. Elles doivent continuer à nous faire réfléchir au destin de notre société, qui, comme elle a pu paraître le faire à partir de 1789, ne doit pas renier les fondements sur lesquels elle repose : comme il y a deux siècles, ce sont ceux du Décalogue, ceux du Droit naturel, qui fixent d’heureuses bornes aux hommes qui auraient trop tendance à privilégier leur seul égoïsme. En ce sens, les commémorations comme celle-ci sont loin d’être passéistes : elles ont toute leur importance pour notre temps et le futur.
Je voulais le rappeler ici sous peine, qu’à défaut, de telles commémorations ne soient plus toujours bien comprises.

   Le second point personnel, que je veux évoquer, est un remerciement tout particulier à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée.
J’ai pu revoir cette terre meurtrie de l’Ouest, où j’étais venu déjà à plusieurs reprises, avec toujours autant d’émotion.

   La Vendée permet de comprendre la grandeur d’une région qui a su tout donner pour conserver ses valeurs.
Merci à vous tous de votre présence, et que l’esprit de la Vendée continue à animer les Français pour affronter les combats du futur.

   Merci.

Louis,
duc d’Anjou

 Le Mont des Alouettes, samedi 2 septembre 2023

Pour entendre le discours de Sa Majesté, faire un clic droit sur l’image ci-dessous
puis « ouvrir dans un nouvel onglet ».

Image de prévisualisation YouTube

2023-103. De saint Clodoald, ou Cloud, Fils de France, solitaire, prêtre et confesseur, dont on célèbre la fête le 7 septembre.

7 septembre,
Fête de Saint Clodoald, Fils de France, solitaire, prêtre et confesseur ;
Premier prince de la Maison de France à avoir été honoré d’un culte public par la Sainte Eglise.

Saint Clodoald, gravure du XIXe siècle inspirée d'une enluminure du XIVe siècle

Saint Clodoald, ou Cloud,
gravure du XIXème siècle inspirée par une miniature du XIVème siècle

       Nous reproduisons ci-dessous l’intégralité de la notice, rédigée d’après Saint Grégoire de Tours et Dom Mabillon, que Monseigneur Paul Guérin a publiée dans les Petits Bollandistes (tome X, pp.551-553).

       Saint Clodoald, vulgairement appelé saint Cloud, est le premier prince français que l’Église ait honoré d’un culte public. Il naquit en 522. Son père, Clodomir, roi d’Orléans, l’aîné des fils de sainte Clotilde, ayant défait en bataille rangée saint Sigismond, roi de Bourgogne, et l’ayant fait son prisonnier de guerre, avec sa femme et ses enfants, les fit tous cruellement mourir, sans que ni le respect de la dignité royale dont Sigismond était revêtu, ni la considération de la parenté (car il était son cousin issu de germain), ni les remontrances de saint Avit, abbé de Micy, qui fit son possible pour le détourner de ce meurtre, pussent rien gagner sur la férocité de son esprit. Cette inhumanité fut bientôt sévèrement punie, non seulement dans sa personne, mais aussi en celle de ses propres enfants. Ayant remporté une seconde victoire près de Vienne, en Dauphiné, sur Gondemar, frère de saint Sigismond, comme il poursuivait les fuyards avec ardeur, il s’éloigna trop de ses gens et tomba entre les mains d’une troupe d’ennemis qui le tuèrent, lui coupèrent la tête et la mirent au bout d’une lance pour la faire voir aux Francs.

   Après sa mort, ses enfants : Thibault, Gonthaire et Clodoald, vulgairement Cloud, se trouvèrent sous la conduite de sainte Clotilde, leur grand-mère, qui les éleva chrétiennement, et avec le plus grand soin, en attendant qu’ils partageassent les États de leur père, gouvernés pendant ce temps par des lieutenants.

assassinat des enfants de Clodomir - gravure du XVIIIe siècle

(gravure du XVIIIème siècle)

   Mais Childebert, roi de Paris, leur oncle, qui convoitait le royaume d’Orléans, leur héritage, invita Clotaire, roi de Soissons, à partager son infâme dessein. Il s’agissait de faire mourir leurs neveux ou de les reléguer dans un cloître. Clotaire opina pour la mort. Ces oncles barbares égorgèrent de leurs propres mains les deux aînés, Thibault et Gonthaire. Cloud, par une protection spéciale de la Providence, échappa au massacre. Bientôt après, il se coupa lui-même les cheveux, cérémonie par laquelle il déclarait qu’il renonçait à la royauté. Depuis, il trouva diverses occasions de recouvrer les États de son père. Mais il ne voulut point en profiter. La grâce lui avait ouvert les yeux sur la vanité des grandeurs terrestres. Il préféra une vie humble et tranquille dans les rigueurs de la solitude, à une vie éclatante, mais périlleuse dans un palais royal et au milieu d’une foule de courtisans ; il se consacra entièrement au service de Dieu. Son étude ne fut plus que la lecture des livres sacrés ; son plaisir, de coucher sur le cilice, et sa joie de mortifier son corps par des austérités continuelles.

Saint Cloud se coupe lui-même les cheveux - détail du tableau de Charles Durupt 1831

Saint Clodoald, en signe de consécration à Dieu et de renonciation au trône, se coupe lui-même les cheveux
(détail du tableau de Charles Durupt – 1831 – dans l’église de Saint-Cloud)

   Après avoir distribué aux églises et aux pauvres les biens que ses oncles n’avaient plus lui ravir, il se retira auprès d’un saint religieux, nommé Séverin, qui menait une vie solitaire et contemplative dans un ermitage aux portes de Paris. Le jeune prince reçut de ses mains l’habit religieux et demeura quelque temps en sa compagnie, pour s’y former à toutes les vertus monastiques. Childebert et Clotaire ne purent pas ignorer que c’était lui ; mais, comme ils le virent sans prétention, ils le laissèrent en liberté et lui donnèrent même quelques héritages pour vivre plus commodément dans le lieu de sa retraite. Cependant, ne se croyant pas assez solitaire, ou pour quelques raisons que son histoire ne marque pas, il quitta les environs de Paris et se retira secrètement en Provence, hors de la vue et de l’entretien de toutes les personnes de sa connaissance.

   Pendant qu’il se construisait, de ses propres mains, une petite cellule, un pauvre, se présenta devant lui et lui demanda l’aumône. Il était lui-même si pauvre, qu’il n’avait ni or, ni argent, ni provisions qu’il pût lui donner ; mais il se dépouilla généreusement de sa propre cuculle et lui en fit présent. Cet acte de charité fut si agréable à Dieu, que, pour en découvrir le mérite, il rendit la nuit suivante cette cuculle toute lumineuse entre les mains du pauvre qui l’avait reçue. Les habitants des environs furent témoins de ce miracle, et reconnurent par là que saint Cloud était un excellent serviteur du Christ. Ils le virent donc trouver pour honorer sa sainteté et pour recevoir ses instructions ; mais leurs trop grandes déférences leur firent perdre un si précieux trésor : car saint Cloud, voyant qu’il n’était pas plus caché en Provence qu’à Paris, s’en retourna dans son premier ermitage. Peut-être que l’appréhension d’être élevé à la prélature l’avait fait fuir, et que le sujet de sa crainte était passé par l’élection d’un autre à cette dignité.

Saint Clodoald est ordonné prêtre - peinture murale de Jules-Alexandre Duval-Lecamus dans le chœur de l'église de Saint-Cloud

Saint Clodoald est ordonné prêtre par l’évêque Eusèbe de Paris
(détail de l’une des peintures murales de Jules-Alexandre Duval-Lecamus ornant le chœur de l’église de Saint-Cloud)

   A peine fut il revenu qu’Eusèbe, alors évêque de Paris, l’ordonna prêtre à la sollicitation du peuple, qui ne put souffrir un si saint homme dans un Ordre inférieur. Les exemples des vertus qu’il fit paraître dans cette dignité, le firent encore plus respecter qu’auparavant. On admirait en lui le pouvoir de la grâce, qui, d’un prince, ou pour mieux dire d’un roi légitime, avait fait un humble serviteur de la maison de Dieu. On louait hautement son humilité virgule, sa modestie, son détachement des choses du monde, son amour pour la pénitence et sa charité incomparable. Ce grand homme ne put souffrir longtemps ces honneurs, et, pour les éviter, il se retira sur une montagne, le long de la Seine, à deux lieues au-dessous de Paris, en un lieu que l’on appelait Nogent, mais qui, depuis, a changé de nom pour prendre celui de Saint-Cloud. Après y avoir vécu quelques temps solitaire, il y fit bâtir un monastère qu’il dota des biens que les rois, ses oncles, lui donnèrent. Il le fit dépendant, avec son église et tous ses revenus, de l’église cathédrale de Paris, dont il était le prêtre, comme ils en dépendaient encore en 1685. Il y gagna plusieurs personnes à Jésus-Christ, qui furent ravies d’y vivre religieusement sous sa conduite. Enfin, il y mourut saintement le 7 septembre, vers l’an 560. Sa mort, qu’il avait prédite avant qu’elle arrivât, fut suivie de plusieurs miracles. On enterra son corps dans le même monastère, qui, depuis, a été changé en collégiale. Cette église est aujourd’hui paroissiale, et l’on y garde encore quelques-unes des reliques du Saint.

   Les quatre martyrologes ordinaires font une honorable mention de ce bienheureux prince. Les Parisiens célèbrent sa fête avec beaucoup de piété ; et, durant toute son octave, il y a un grand concours de peuple qui visite son église.

   On peut voir dans toute son histoire, que ce que le monde appelle infortune est souvent le chemin du vrai bonheur, et que Dieu sait admirablement tirer le bien du mal, l’élévation de la plus grande humiliation. Ainsi, la véritable prudence est de s’abandonner entièrement à la conduite de sa divine Providence, et d’aimer les états, même les plus bas et les plus humiliés, où il lui plaît de nous mettre.

   On le représente çà et là comme solitaire, agenouillé devant une croix, et la couronne à terre près de lui.

Châsse des reliques de Saint Clodoald - église de Saint-Cloud

Châsse contenant les reliques de Saint Clodoald
(église de Saint-Cloud)

2023-101. Nous avons lu et nous avons aimé : « Les derniers jours de Louis XIV », d’Alexandre Maral.

1er septembre,
Octave de Saint Louis ;
Mémoire de Saint Gilles, abbé et confesseur ;
Mémoire des Douze Frères martyrs ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Louis XIV (cf. > ici, > ici et encore > ici) ;

Anniversaire de la promulgation du serment antimoderniste (cf. > ici).

frise lys deuil

       Faut-il présenter Alexandre Maral ? Tous ceux qui s’intéressent à l’Ancien Régime, au règne du Grand Roi et à Versailles, ont, ce me semble, un impérieux devoir de lire Alexandre Maral dont la déjà impressionnante bibliographie est la source d’un véritable émerveillement, tant par la forme que par le contenu toujours rigoureux et précis en lequel se trouvent de très nombreuses richesses, tellement il s’y trouve de juste érudition.
L’ouvrage que nous recommandons très vivement en ce jour anniversaire de la mort de Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XIV, s’intitule « Les derniers jours de Louis XIV » et a été publié en 2014 en préparation du troisième centenaire de ce trépas.
Que tous les admirateurs du Roi-Soleil qui n’auraient pas encore eu l’occasion de le lire s’empressent de le faire. Nous-mêmes, au Mesnil-Marie, l’avons lu plusieurs fois et y avons à chaque fois trouvé de nouvelles richesses et des motifs de véritable édification.

Alexandre Maral - les derniers jours de Louis XIV

Quatrième de couverture :

   1715-2015 : depuis trois siècles, la mort de Louis XIV n’a cessé de fasciner et d’émouvoir. Avant de quitter ce monde, le Roi-Soleil a organisé lui-même la mise en scène de son dernier crépuscule : une mort chrétienne, parfaitement maîtrisée et conçue comme le spectacle par excellence de l’absolutisme –  » Je m’en vais, mais l’État demeurera toujours « .
La mort du roi est venue interrompre le règlement d’importantes affaires, notamment en politique extérieure et dans le domaine de la religion. Pour mieux comprendre ces enjeux, le récit commence au 1er janvier 1715 et suit le roi dans ses dernières préoccupations.
Rédigé sur les lieux mêmes qui ont été témoins de la mort de Louis XIV, le récit d’Alexandre Maral est fondé sur l’analyse des sources les plus fiables, notamment Dangeau et les frères Anthoine. Seul cet examen attentif permet de reconstituer au plus près le déroulement des événements : derniers divertissements du roi, progression de la maladie, impuissance des médecins, intrigues de cour, souverain abandon de Louis XIV à la Providence. Un récit original et puissant.

frise lys deuil

2023-97. De la « révolution métaphysique ».

26 août,
Fête de Sainte Jeanne-Elisabeth Bichier des Ages, vierge et fondatrice ;
Mémoire du 2ème jour dans l’octave de Saint Louis ;
Mémoire de Saint Ouen, évêque et confesseur ;
Mémoire de Saint Zéphyrin, pape et martyr ;
Au Puy, fête de la Susception de la Sainte Epine (cf. > ici).

Culte de la raison à Notre-Dame de Paris

Culte de la « déesse Raison » célébré dans la « cidevant église de Notre-Dame » (de Paris)

Bien chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

     Au 25 août succède en toute logique le 26 août.
A la fête de Saint Louis – qui manifeste de manière si éclatante à quel point le pouvoir temporel peut être investi d’un rayonnement surnaturel immarcescible sur une très longue suite de siècles, lorsqu’il est conforme aux Lois divines et obéit à la foi divinement révélée -, succède l’odieux anniversaire de la « déclaration des droits de l’homme et du citoyen » du 26 août 1789.

   J’ai appris, et vous pouvez le vérifier par vous-mêmes, qu’il existe en France une loi, dite « loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la république », du 8 juillet 2013 (cf. > ici) qui précise que « la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 doit être affichée de manière lisible au sein de tous les établissements scolaires publics ou privés » !!!
Lorsque j’ai lu cela, j’ai été pris d’un irrépressible haut-le-cœur, bien pis que celui dont j’ai été saisi le jour – qui ne se reproduira plus jamais de ma vie – où j’ai croqué une musaraigne !

   Bien pis que l’abominable 14 juillet, plus détestable que les « journées d’octobre 1789″ qui ont vu l’humiliation et l’emprisonnement de la Famille Royale, plus exécrable que tous les presque innombrables jours qui jalonnent la révolution depuis le « serment du jeu de paume » jusqu’à nos jours (car la république, quel que soit le numéro qu’elle porte est la révolution érigée en institution permanente) au cours desquels ont été votées des lois contraires à l’ordre naturel et à l’ordre divin, plus que les dates réunies des massacres de septembre, de l’assassinat du Roi Très Chrétien puis de la Reine, parce qu’elle en est la racine fondamentale, cette date du 26 août 1789 ne peut qu’être l’objet de notre exécration, et, en conséquence, la cause d’une profonde affliction et le motif de ferventes et généreuses expiations !

   En effet, en proclamant : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément » (article 3) et en définissant la loi qui régit la vie d’un état comme « l’expression de la volonté générale » (article 6), cette monstrueuse déclaration, bien davantage que toutes les autres journées révolutionnaires, affirme explicitement son rejet ontologique de toute autorité conforme à l’ordre divin (et donc aussi conforme à l’ordre naturel : la loi naturelle est une loi divine, puisque conforme à l’ordre voulu par le Créateur).

   On peut dire que cette date du 26 août 1789 synthétise la « révolution métaphysique », en laquelle se trouve la source de tous les événements révolutionnaires politiques et sociaux.

   La déclaration des prétendus « droits de l’homme », n’est en réalité que le misérable monument que l’impiété humaine en révolte contre l’ordre voulu par le Créateur, contre la Révélation chrétienne et contre les dogmes de la Sainte Eglise, a érigé pour manifester qu’elle ne veut désormais suivre d’autre voie que celle qui a été ouverte par Lucifer refusant de se soumettre à Dieu.
Elle est le blasphème érigé en « acte fondateur ».

   Soit « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation ; nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément » ; soit, selon l’enseignement des Saintes Ecritures, toute autorité vient de Dieu – « omnis potestas a Deo » (Rom. XIII, 1) -, s’exerce selon le « droit divin », tient de Lui sa légitimité, et Lui rendra des comptes : « Deux amours ont donc bâti deux cités : l’amour de soi-même jusqu’au mépris de Dieu, celle de la terre, et l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi-même, celle du ciel. L’une se glorifie en soi, et l’autre dans le Seigneur ; l’une brigue la gloire des hommes, et l’autre ne veut pour toute gloire que le témoignage de sa conscience ; l’une marche la tête levée, toute bouffie d’orgueil, et l’autre dit à Dieu : « Vous êtes ma gloire, et c’est Vous qui me faites marcher la tête levée » (Ps. III, 4) ; en l’une, les princes sont dominés par la passion de dominer sur leurs sujets, et en l’autre, les princes et les sujets s’assistent mutuellement, ceux-là par leur bon gouvernement, et ceux-ci par leur obéissance ; l’une aime sa propre force en la personne de ses souverains, et l’autre dit à Dieu : « Seigneur, qui êtes ma vertu,  je Vous aimerai » (Ps. XVII, 2) » ( notre Bienheureux Père Saint Augustin – cf. > ici).

   Pour ce qui me concerne, mon choix est fait, délibéré et résolu, et il n’est pas révolutionnaire !

Tolbiac.

Tolbiac 26 août 2023

Tolbiac, ce 26 août 2023

2023-96. « Le message d’espoir que je souhaite partager avec tous les Français en cette fête de Saint Louis… »

Vendredi 25 août 2023,
fête de Saint Louis de France, Roi et confesseur.

       Ainsi que Sa Majesté Elle-même le souligne, c’est un fait désormais établi que notre Roi légitime, en ce jour qui est celui de la fête liturgique de son ancêtre, adresse un message à ses peuples : celui qui a été diffusé aujourd’hui en début de matinée, grâce aux réseaux sociaux, revêt une importance particulière tant par la taille que par l’analyse, très lucide et limpide de l’actuelle situation politique de la France, que par l’exhortation à ne pas perdre l’espérance, en mettant en exergue les éléments positifs qui suscitent et motivent l’espérance d’un authentique relèvement.

   Méditons et approfondissons les belles paroles de Sa Majesté, et sachons La soutenir dans Sa délicate et périlleuse mission de « Fils de Saint Louis » et légitime successeur du modèle de tous les rois chrétiens.

Saint Louis IX - vitrail

       Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de m’exprimer, au titre de la tradition royale que je représente, en ce jour symbolique du 25 août, qui est celui de la fête de saint Louis, mon aïeul Louis IX, Roi de France.

   Cette date, en fin de pause estivale, correspond aussi à la reprise avec le souhait partagé d’entrevoir le profil des prochains mois.

   La tâche de gouverner étant liée essentiellement à celle de prévoir, Louis IX nous rappelle sans cesse l’exemple même d’un souverain attentif, proche de son peuple, modèle universel des gouvernants placés au service de ceux qu’ils ont le lourd devoir d’administrer. Le Roi sage et juste, saint et humain tout à la fois.

   Pour cette année 2023, les turbulences du premier semestre avec son cortège de violences semblent s’être un peu éloignées.

   La France a besoin de ce répit et le moment semble propice pour reprendre des forces et retrouver une sérénité dont elle semble avoir grand besoin.

   Parvenue à la fin d’un cycle politique commencé dans les années 1960-70, la France a progressivement vu sa souveraineté amoindrie, son rôle diplomatique diminué, ses industries sacrifiées au jeu d’une mondialisation mal comprise, son système éducatif malmené, ses services publics bradés au point de disparaître plus ou moins dans nombre de territoires.

   Ainsi, l’amoindrissement de sa souveraineté -cet élément essentiel qui a été le cœur de l’action des rois de France, des premiers jusqu’à Charles X- a fait que la voix de la France est de moins en moins audible dans le concert des nations. Un exemple nous est donné depuis deux ans sur le théâtre européen, où, dans un contexte compliqué, deux pays s’affrontent dans une guerre fratricide, sans que la France ait su trouver le moyen de délivrer le message « sage et juste » qui aurait pu être donné par elle dans une saine appréciation de tous les aspects du conflit, notamment face aux autres enjeux qui existent dans le monde.

   Quant aux évènements de ces dernières semaines survenus en Afrique ils amènent également à déplorer la faiblesse diplomatique de la France, et son absence de grand dessein. Sa voix pourrait être entendue en regard de sa connaissance séculaire de ce continent et de la situation créée par le maintien d’une immigration de masse, fruit d’une pauvreté endémique. Vis-à-vis de cette dernière, rien de porteur d’avenir n’est proposé pour lui trouver un remède et, par conséquent, la situation d’ensemble du phénomène migratoire empire. Or, c’est bien à l’échelle internationale que des solutions doivent être apportées en permettant à tous les peuples de trouver sur place les moyens de leur développement. Tout est possible quand il y a une volonté ; si nous évoquons les aspects alimentaires, pensons aux nations qui, comme la Chine et l’Inde, ont su maîtriser progressivement leurs destins en partant de situations d’une extrême pauvreté. La France, forte de son expérience doit pouvoir œuvrer pour apporter sa contribution à la recherche de solutions adaptées pour les pays concernés.

  Quant à la crise sociale elle perdure. Née il y a cinq ans, avec les Gilets Jaunes, dans les provinces, celles de la France profonde et lucide, abandonnées -les territoires périphériques de la république- elle n’a connu qu’un déni de la part des autorités qui se sont contentées d’une répression féroce et de quelques aumônes. Mais rien de profond. Les Français attendaient des mesures structurelles et la prise en compte de leurs réels besoins en matière de commerces et de services publics de proximité, de possibilités de se déplacer. Rien n’a été résolu tant les gouvernants semblent continuer à ignorer les difficultés de la vie quotidienne de la majorité des Français, alors que de nouvelles normes sont constamment imposées, venant incessamment compliquer cette vie quotidienne. Il est donc à craindre que la crise sociale, loin de s’amoindrir, continue et que, très particulièrement, les zones délaissées des secteurs urbains continuent de faire l’objet de pillages et de violences. Ne devons-nous pas avoir conscience, de ce point de vue, du mauvais cadrage de politiques ayant conduit parfois à aggraver, plutôt qu’atténuer, les difficultés soulevées, notamment en renforçant les communautarismes, contribuant à attiser en certains territoires une « haine de la France » dont les conséquences semblent lourdes.

   Mais notre devoir à tous est de ne pas désespérer. Même attaquée au plus profond d’elle-même, même incomprise, voire trahie parfois par certains de ses enfants ingrats et ignorants, la France a toujours su manifester dans l’histoire une formidable capacité de réaction.

   Or les signes d’une reprise sont nombreux à apparaître çà et là. Et, comme avec Jeanne d’Arc, l’héroïne de 19 ans, c’est assurément de sa jeunesse que notre pays verra poindre son renouveau.

   De plus en plus, et cela dans tous les domaines d’activité, de jeunes initiatives émergent. Dans le domaine de l’instruction, le développement de nouveaux établissements d’enseignement libres, incluant la création d’établissements de troisième cycle, survient en vue d’atténuer les carences par trop manifestes d’un système public, non dépourvu de qualités, mais n’en pouvant plus de réformes permanentes et de la perte toujours affichée de sa mission de transmission des savoirs.

   Dans le domaine de la famille, les jeunes et les jeunes couples sont également en pointe dans les combats pour la vie. Ils recréent des familles nombreuses et sont les premiers à se proposer pour lutter contre l’abandon des personnes âgées. De nouvelles structures sociales (maisons de retraites, lieux de soins palliatifs) apparaissent à leur initiative, structures dans lesquelles la personne humaine est mise au centre, et non pas les impératifs de gestion, de finance et de profits. Ce sont également des jeunes qui, non seulement entreprennent, mais surtout innovent en explorant les secteurs nouveaux nées des technologies et en pratiquant des modes de gestion novateurs. Sans omettre qu’ils sont désormais nombreux à ne pas hésiter de se tourner vers les carrières du service armé, avec les obligations de dévouement et de sacrifice que ces carrières sous-tendent. Enfin déjà certains se dirigent vers l’administration publique et les structures politiques avec, là aussi, une volonté affichée de se mettre au service du bien commun, en tirant un trait sur des décennies d’individualisme exacerbé et d’influences d’idéologies néfastes. Ainsi, ils préparent les réformes institutionnelles qui s’imposeront peu à peu pour préparer l’avenir de la France.

   Il va de soi que j’encourage toutes ces initiatives, admiratif des efforts qu’elles expriment. Elles sont porteuses d’avenir.

   Voilà le message d’espoir que je souhaite, en particulier, partager avec tous les Français en cette fête de saint Louis et en cette rentrée 2023.

Louis,
duc d’Anjou.

grandes armes de France

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