Archive pour la catégorie 'Vexilla Regis'

2024-225. Annonce : Sainte Messe de Requiem à la pieuse mémoire de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine.

frise lys

Samedi 19 octobre 2024

au Refuge Notre-Dame de Compassion

frise lys

Chapelle expiatoire de la Conciergerie

Chapelle expiatoire de la Conciergerie

frise lys

Sainte Messe de Requiem

chantée à la pieuse mémoire de

Sa Majesté la Reine

Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

-Programme :

- A 11 h 30 précises, Sainte Messe de Requiem (liturgie latine traditionnelle), suivie de l’absoute.
- Pour les personnes qui, ensuite, le désirent : repas partagé.

- Attention ! Le lieu de la célébration est une chapelle privée aux capacités limitées, de ce fait les inscriptions sont indispensables ; de manière à prévoir le repas, les inscriptions pour celui-ci sont aussi nécessaires (avant le jeudi 17 octobre) : pour le faire, veuillez s’il vous plaît soit nous téléphoner, soit nous l’écrire au moyen de l’espace de commentaires, ci-dessous (ce ne sera pas publié).

Armes de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

2024-219. Deux vidéos présentant les basiliques de Saint Remi et de Sainte Clotilde à Reims.

1er octobre,
Fête de Saint Remi de Reims, évêque et confesseur, apôtre des Francs.

colombe et sainte ampoule - blogue

    A l’occasion de la fête de Saint Remi, nous vous proposons de visionner deux courtes vidéos que nous avons sélectionnées : il en existe en effet plusieurs, mais toutes ne nous ont pas satisfaits voire nous ont carrément déplu, soit parce qu’elles n’étaient pas très rigoureuses ou exactes, soit parce qu’elles exposent des théories franchement hétérodoxes…
Les deux qui sont exposées ici ne sont pas absolument parfaites, mais du moins restent-elles acceptables.

   La première présente, en une dizaine de minutes, la basilique de Saint Remi, église millénaire qui a beaucoup souffert au cours des siècles, mais en laquelle on peut toujours vénérer les reliques de l’Apôtre des Francs.

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   La seconde, très différente, puisqu’elle remonte seulement à la fin du XIXème siècle (elle a été décidée à l’occasion du quatorzième centenaire du baptême de Clovis, en 1896), est la basilique de Sainte Clotilde : avant elle, il n’existait pas à Reims de sanctuaire dédié à notre sainte première Reine des Francs dans la ville des Sacres, alors qu’elle a joué un rôle de premier ordre, aux côtés de Saint Remi lui-même, pour la conversion de son royal époux.
Construite extérieurement en brique, dans un style dit romano-byzantin, cette église est le plus grand reliquaire de France puisque sa crypte abrite 444 reliquaires contenant quelque 3 525 reliques de saints de France : en effet, tous les diocèses de France furent sollicités pour qu’ils offrissent à ce sanctuaire hors du commun des reliques de leurs saints, anciens ou récents.

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   Si vous allez à Reims, vous irez, c’est indubitable, vous recueillir en la cathédrale Notre-Dame, lieu du baptême de Clovis par Saint Remi, et donc lieu de la naissance de la France chrétienne ; vous irez probablement à la basilique de Saint Remi, pour prier devant le tombeau de l’Apôtre des Francs ; mais n’omettez pas non plus (il y a des heures de visites spécifiques, ou bien parfois faut-il prendre rendez-vous) d’aller vous recueillir auprès des reliques de (presque) tous les saints de France, à la basilique de Sainte Clotilde, trop peu connue.

Tolbiac.

baptème de Clovis - église Saint Remi Bourdonnay 57

Le baptême de Clovis (XVIIIème siècle)
[église Saint-Remi de Bourdonnay, en Lorraine]

2024-218. Messe propre aux diocèses de France pour la fête de Saint Remi de Reims :

1er octobre,
Fête de Saint Remi de Reims, évêque et confesseur, apôtre des Francs (cf. > ici & > ici).

Vignette typographique saint évêque

   Avant la publication du missel dit de 1962, la fête de St Remi de Reims, apôtre des Francs, se trouvait de manière générale au propre de tous les diocèses de Frances, célébrée sous le rit double majeur, avec parfois des formulaires de messes différents selon les diocèses, mais la plupart du temps, c’était celui que nous recopions ci-dessous.
Avec le missel de 1962, le propre de France ne mentionne plus Saint Remi que comme fête de troisième classe.
Au calendrier romain traditionnel, la fête de Saint Remi ne figure que comme « simple ».

   La réforme liturgique issue second concile du Vatican, a fait disparaître la fête de Saint Remi du calendrier général du missel romain et la fête ne figure plus qu’au propre de France, à la date du 15 janvier (Saint Remi est mort le 13 janvier 533) au lieu du 1er octobre (sauf à Reims où la principale fête de Saint Remi a toujours été au 1er octobre, anniversaire de sa translation, usage qui avait été suivi partout ailleurs jusqu’à la réforme liturgique). 

Statue de Saint Remi et couronne de lumière - basilique Saint Remi à Reims

Statue de Saint Remi et couronne de lumière
(comportant 96 bougies pour représenter les 96 années de la vie de Saint Remi)
dans la basilique de Saint-Remi, à Reims

Introït (Ps. XXXIX, 10-11) :

   Annuntiávi iustítiam tuam, Dómine, in Ecclésia magna, veritátem tuam et salutáre tuum dixi : non abscóndi misericórdiam tuam et veritátem tuam a concílio multo.
V./ (ibid. 2) : Exspéctans exspectávi Dóminum : et inténdit mihi. Gloria Patri. 

   J’ai publié Votre justice, Seigneur, dans l’Eglise immense : j’ai proclamé Votre vérité et Votre salut : Je n’ai point caché Votre miséricorde et Votre vérité devant l’assemblée nombreuse.
J’ai attendu, et encore attendu le Seigneur, et il a fait attention à moi. Gloire au Père…

Oratio :

   Deus, qui per Beáti Remígii documénta, gentem Francórum ab idolórum vanitáte ad veritátem tui cultus veníre tribuísti : da, quǽsumus ; ut qui christiáno nómine gloriámur, fidem nostram dignis opéribus ostendámus. Per Dóminum.

   O Dieu, qui par les enseignements du Bienheureux Remi, avez détourné des vaines idoles le peuple des Francs pour lui faire embrasser le seul vrai culte, le Vôtre, faites, nous Vous en prions, que nous qui nous glorifions du nom de chrétiens, nous fassions passer dignement dans nos œuvres notre foi. Par Notre-Seigneur…

Léctio epístolæ Beáti Pauli Apóstoli ad Romános (Rom. XV, 13-19) :

   Fratres : Deus autem spei repléat vos omni gaudio, et pace in credéndo : ut abundétis in spe, et virtúte Spíritus Sancti. Certus sum autem fratres mei et ego ipse de vobis, quoniam et ipsi pleni estis dilectióne, repléti omni sciéntia, ita ut póssitis alterútrum monere. Audácius autem scripsi vobis fratres ex parte, tamquam in memóriam vos redúcens : propter grátiam, quæ data est mihi a Deo, ut sim miníster Christi Jesu in géntibus : sanctíficans Evangélium Dei, ut fiat oblátio géntium accépta, et sanctificáta in Spíritu Sancto. Hábeo ígitur glóriam in Christo Jesu ad Deum. Non enim audeo áliquid loqui eórum, quæ per me non effícit Christus in obediéntiam géntium, verbo et factis : in virtúte signórum, et prodigiórum, in virtúte Spíritus Sancti.

   Mes Frères : Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous abondiez dans l’espérance et dans la force de l’Esprit-Saint. Pour moi, mes frères, je suis certain, en ce qui vous concerne, que vous êtes pleins de charité, remplis de toute science, et qu’ainsi vous pouvez vous avertir les uns les autres. Cependant je vous ai écrit, mes frères, avec quelque hardiesse certains égards, comme pour raviver vos souvenirs, selon la grâce que Dieu m’a donnée, pour être le ministre du Christ Jésus parmi les païens, exerçant la sacrificature de l’Evangile de Dieu, afin que l’oblation des païens Lui soit agréable, étant sanctifiée par l’Esprit-Saint. J’ai donc sujet de me glorifier dans le Christ Jésus, auprès de Dieu. Car je n’oserais parler de choses que le Christ n’aurait pas faites par moi pour amener les païens à l’obéissance, par la parole et par les oeuvres, par la puissance des miracles et des prodiges, par la puissance de l’Esprit-Saint.

Graduale (Jerem. I, 9-10) :

   Dixit Dóminus ad me : Ecce dedi verba mea in ore tuo : ecce constítui te super gentes et super regna ; ut evéllas, et déstruas, et dispérdas, et díssipes, et ædífices, et plantes.
V/. (Ephes. III, 8) : Mihi data est grátia in géntibus, evangelizáre investigábiles divítias Christi.

   Le Seigneur me dit : Voici que Je mets Mes paroles dans ta bouche : voici que Je t’établis aujourd’hui sur les nations et sur les royaumes, pour que tu arraches et que tu détruises, et pour que tu perdes, et pour que tu dissipes, et pour que tu bâtisses, et pour que tu plantes.
V/. A moi a été accordée cette grâce d’annoncer parmi les Gentils les richesses incommensurables du Christ.

   Allelúia, allelúia. 
V/. (Rom. 9, 30) : Gentes quæ non sectabántur iustítiam, apprehendérunt iustítiam, iustítiam autem quæ ex fide est. Allelúia.

   Alléluia, alléluia.
V/. Les païens, qui ne cherchaient pas la justice, ont embrassé la justice, mais la justice qui vient de la foi. Alléluia.

+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Marcum (Marc. XVI, 15-18).

   In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Eúntes in mundum univérsum, prædicáte Evangélium omni creatúræ. Qui credíderit, et baptizátus fúerit, salvus erit : qui vero non credíderit, condemnábitur. Signa autem eos, qui credíderint, hæc sequéntur : In nómine meo dæmónia eiícient : linguis loquéntur novis : serpéntes tollent : et si mortíferum quid bíberint, non eis nocébit : super ægros manus impónent, et bene habébunt.

   En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Allez par tout le monde et prêchez l’Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru en mon nom : ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents, et s’ils boivent quelque poison, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris.

Ad Offertorium (1 Paralip. XVI, 23, 26 et 29) :

   Cantáte Dómino, omnís terra ; annuntiáte de die in diem salutáre eius. Omnes enim dii populórum idóla : Dóminus autem cælos fecit : date Dómino glóriam nómini eius : leváte sacrifícium.

   Chantez au Seigneur, toute la terre ; annoncez tous les jours Son salut. Car tous les dieux des peuples sont des idoles ; mais le Seigneur a fait les cieux. Donnez au Seigneur la gloire due à Son nom ; apportez des offrandes.

Secreta :

   Per hæc sancta, quæ tibi offérimus, omnípotens Deus, ad te reflécte corda nostra, beáti Pontíficis Remígii précibus exorátus : ad cuius præcéptum victórem regem persuasísti incéndere quod adoráverat, et quod incénderat adoráre. Per Dóminum.

   O Dieu tout-puissant, par ce sacrifice que nous Vous offrons, tournez vers Vous notre cœur, à la prière du bienheureux Pontife Remi : c’est en effet par son commandement que Vous avez persuadé le roi victorieux de brûler ce qu’il avait adoré et d’adorer ce qu’il avait brûlé. Par Notre-Seigneur…

Ad Communionem (2 Esdr. IX, 13-15) :

   Dedísti, Dómine, pátribus nostris iudícia recta, et legem veritátis : et íegem præcepísti eis in manu servi tui : panem quoque de cælo dedísti eis.

   Vous avez donné à nos pères des ordonnances justes, une loi de vérité, des cérémonies et d’excellents préceptes : Vous leur avez prescrit par Votre serviteur, Vos commandements : Vous leur avez aussi donné un Pain du ciel.

Postcommunio :

   Pópulum tuum, Dómine, quem tibi beátus Póntifex Remígius subiécit, contra spirituália nequítiæ, eius précibus perpétuo defénde ; et redde, percépti virtúte sacraménti, in data tibi fide stábilem. Per Dóminum.

   Seigneur, Votre peuple que le bienheureux Pontife Remi Vous a soumis, continuez de le défendre par ses prières contre les esprits du mal : et par la puissance du sacrement qu’il a reçu, gardez-le ferme dans la foi qu’il Vous a donné. Par Notre-Seigneur…

Tombeau de Saint Remi - basilique Saint-Remi à Reims

Tombeau de Saint Remi
(Reims, basilique de Saint Remi)

2024-212. Réaction de Sa Majesté le Roi au meurtre de la jeune Philippine Le Noir de Carlan.

25 septembre 2024.

bougie et fleurs blanches deuil

   En fin de soirée, ce mercredi 25 septembre, après que de plus amples informations ont été données concernant la mort de Mademoiselle Philippine Le Noir de Carlan, 19 ans, et son agresseur et meurtrier, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux le message suivant :

   « C’est avec une profonde tristesse et un juste sentiment d’horreur que nous avons appris ce nouveau drame qu’est l’assassinat de la jeune Philippine.

   La Princesse Marie Marguerite et moi-même assurons la famille de notre soutien et de nos prières dans cette épreuve auquel chacun peut s’identifier. Quels parents peuvent rester insensibles à cette vie ôtée, à ce crime odieux ?

   Malheureusement, une fois de plus, la justice de notre pays apparaît dans toute sa déliquescence et toute son incurie.
Jamais dans l’histoire de France ni d’aucun autre pays, un Etat a aussi peu appliqué les règles de la plus élémentaire justice alors qu’il en a les moyens.
Des peines peu ou pas appliquées laissent les pires criminels dans la nature, et leur donnent un sentiment d’impunité.

   Quand les Français auront-ils le droit de goûter à la quiétude si nécessaire à l’épanouissement des peuples ?
Il est temps d’œuvrer ensemble au retour d’un Etat de justice ».

Armes de France pour le deuil

2024-205. « Avec Louis XVIII, et plus que jamais dans l’histoire de France, le Roi a parfaitement incarné sa fonction de père pour nombre de Français qui n’aspiraient qu’au repos et à la prospérité ».

Mardi 17 septembre 2024.

       A l’occasion du bicentenaire de la mort de son prédécesseur Sa Majesté le Roi Louis XVIII (16 septembre 1824 – cf. > ici et > ici), Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, a signé un éditorial publié par le site « Boulevard Voltaire », qui est apparu sur les réseaux sociaux ce mardi 17 septembre 2024 en début de nuit.

   Source ici

Louis XVIII médaille - blogue

Message de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon,

de jure Sa Majesté le Roi Louis XX,

publié à l’occasion du

deuxième centenaire de la mort de Louis XVIII.

       Voilà 200 ans que s’éteignit le Roi Louis XVIII, dernier souverain de France à être mort sur son trône.
Le parcours de ce monarque, bien que très largement méconnu, mérite pourtant qu’on s’y attarde. En effet, pour moi, comme pour les Français et notamment leurs dirigeants, il peut être une figure inspirante et positive.
Alors que son avènement en 1795 s’est fait dans les humiliations et les affres de l’exil, il n’a jamais renoncé ni à ses devoirs, ni à ses droits. En 1814, accédant au pouvoir, conscient de la charge qui lui incombait, il fit tout ce qui lui était possible pour ramener l’ordre et la justice dans un pays en proie aux dérives les plus sanglantes et aux aventures militaires les plus périlleuses bien que celles-ci furent auréolées d’une gloire certaine.
En effet, rarement notre patrie ne fut si proche d’un démembrement pur et simple au sortir des guerres napoléoniennes. Vingt-cinq ans d’errement avaient mis la France à genoux, saignée à blanc par des guerres intérieures et extérieures continues.

   Lorsque Louis XVIII accéda à la réalité du pouvoir, il put reprendre consciencieusement le travail multiséculaire des Bourbons : redonner à la France une place dans le concert européen grâce à une diplomatie audacieuse, œuvrer au maintien de la paix sur le continent et enfin ramener la concorde et l’unité dans un pays déchiré.
Ainsi la figure royale allait à nouveau s’imposer comme un vecteur de paix sociale, d’harmonie européenne, en adaptant la monarchie aux exigences du temps, comme cela se fit depuis les origines capétiennes. Avec Louis XVIII, et plus que jamais dans l’histoire de France, le Roi a alors parfaitement incarné sa fonction de père pour nombre de Français qui n’aspiraient qu’au repos et à la prospérité.

   Comment ne pas se référer aujourd’hui à une telle figure alors que l’aura de la France décline à l’international dans un contexte général de réarmement et de multiplication des conflits, notamment aux marges de l’Europe ? Où est passée la légendaire force diplomatique française ? Quel diplomate aura l’envergure de Talleyrand pour rendre à la France une crédibilité face à nos partenaires et nos adversaires ?
Gouverner implique de s’entourer d’un personnel compétent, capable d’assurer à la France sa destinée de nation si particulière aux yeux du monde.
De la même manière, le souci du vieux monarque pour la paix et l’unité de son pays ne peut que nous faire réfléchir sur la nécessité de trouver la force de la justice mais aussi du compromis pour ramener l’ordre et la prospérité dans un pays fatigué par des divisions délétères.

   Autant de points dont les actuels gouvernants pourraient s’inspirer pour redonner un souffle vital à la France. Autant de points qu’il est juste de mettre au crédit de Louis XVIII qui, par là-même, marcha dans les pas d’Henri IV, Roi si cher à la mémoire des Français.

   Ce bicentenaire, au-delà des commémorations, doit nous faire comprendre que le passé peut être un flambeau qui éclaire notre marche du temps présent, résolument tournée vers l’avenir. Ce règne nous invite à ne jamais étouffer les nombreuses espérances qui sommeillent dans nos cœurs à tous. Une ferme détermination, l’expérience des erreurs et des malheurs du temps, et enfin le souci de la France et des Français au-delà de nos personnes sont des ingrédients nécessaires pour rebâtir patiemment notre pays et lui redonner la place qu’il n’aurait jamais dû quitter.

   Puissent les règnes des Rois qui ont fait la France toujours nous servir de modèle et d’inspiration.

Louis de Bourbon,
duc d’Anjou.

Louis XVIII en costume de sacre par François Gérard

François Gérard (1770-1837), dit le Baron Gérard :
Louis XVIII en costume de sacre.

2024-203. 16 septembre 1824 : l’avènement de Sa Majesté le Roi Charles X.

16 septembre,
Fête des Saints Corneille et Cyprien (cf. ici), pontifes et martyrs ;
Mémoire du 2ème jour dans l’octave des Sept-Douleurs ;
Mémoire des Saints Euphémie, Lucie et Géminien, martyrs ;
Anniversaire de la mort de Sa Majesté le Roi Louis XVIII (+ 16 septembre 1824 – cf. > ici & > ici) ;
Anniversaire de l’avènement de Sa Majesté le Roi Charles X.

Le comte d'Artois en uniforme de colonel-général des Carabiniers pendant le règne de Louis XVIII

Le comte d’Artois en uniforme de colonel-général des Carabiniers pendant le règne de Louis XVIII
(détail d’un tableau en pied du baron Gérard)

       Continuons la lecture des parutions de « L’Ami de la Religion et du Roi » relatives à la mort de Sa Majesté le Roi Louis XVIII et aux événements qui l’ont suivie.
La succession au Trône est immédiate et instantanée : ce n’est pas le Sacre qui fait le Roi, mais la coutume codifiée dans les Lois fondamentales du Royaume (cf. > ici).
Ainsi, dès que Louis XVIII eût rendu le dernier soupir, son frère puiné (puisque Louis XVIII n’eut pas de descendance), Charles-Philippe de France, comte d’Artois, jusqu’alors appelé Monsieur (c’est ainsi que l’on appelle le frère du Roi), est devenu le Roi Charles X.

   « Après que Louis XVIII a eu rendu le dernier soupir, toutes personnes qui se trouvoient dans l’appartement ont passé dans une salle voisine ; son auguste frère est resté un instant auprès du lit. Quand il en est sorti, M. le comte de Damas a précédé le Prince, a dit, en ouvrant les deux battans : Le Roi, Messieurs ! »

   Dans la livraison du 23 septembre 1824, « L’Ami de la Religion et du Roi » publie ce compte-rendu des débuts du règne de Sa Majesté le Roi Charles X.
La scène se passe au château de Saint-Cloud, puisque, conformément à l’usage traditionnel, sitôt la mort de Louis XVIII constatée et annoncée, et la proclamation de Charles X accomplie, le nouveau Souverain et la Famille Royale durent quitter les Tuileries (le nouveau Roi ne devant demeurer là où se trouve la dépouille de son prédécesseur).

Verso d'une médaille commémorant l'avènement de Charles X

Verso de l’une des médailles commémoratives
de l’avènement de Charles X
16 septembre 1824

       « Dans la matinée du vendredi 17 septembre, la Famille royale, les Princes du Sang et les grands dignitaires, ont présenté leurs hommages au Roi [il s'agit bien évidemment de S.M. le Roi Charles X, devenu immédiatement Roi dès que son frère le Roi Louis XVIII a rendu le dernier soupir].

   Après la messe, Sa Majesté, entourée des grands-officiers de la Couronne, a reçu, sur son trône, les hommages des maréchaux de France, des ambassadeurs des puissances étrangères, des conseillers d’Etat, des autorités municipales, de Mgr. l’archevêque de Paris [Monseigneur Hyacinthe-Louis de Quélen] et de Mgr. l’évêque de Versailles [Monseigneur Louis Charrier de La Roche : la présence de cet évêque se trouvait requise parce que le château de Saint-Cloud se trouvait dans son diocèse] à la tête de leur clergé, des tribunaux, des états majors, des officiers de la garde nationale et de la garde royale, du commandant de la garnison de Paris, du gouverneur et de l’état major des Invalides, des membres de l’Institut, et d’un grand nombre de pairs, de députés et de généraux.

   Mgr. le Nonce de Sa Sainteté [le pape Léon XII] a harangué le Roi en ces termes, au nom du corps diplomatique [en France, c'est le Nonce apostolique qui est le Doyen du corps diplomatique] :

   « C’est dans le silence de la douleur que les membres du corps diplomatique, fidèles interprètes de leurs maîtres, se présentent devant Votre Majesté.
Jamais un Roi ne fut plus aimé, jamais un Roi n’aura été plus regretté, jamais aussi il n’en fut de plus digne de regrets. Grand dans le malheur, indulgent dans la prospérité, Louis XVIII a fait le bonheur de son peuple, et il a conquis par sa sagesse éclairée la confiance et l’admiration de l’Europe.
En ce jour d’affliction et de deuil, ce qui porte la consolation dans nos âmes, c’est de voir la couronne de Saint Louis placée sur la tête d’un Prince qui brille par l’éclat et par le cortège heureux de toutes les vertus.
Oui, Sire, la religion retrouve en Charles X son ferme appui, le Souverain Pontife le digne Fils aîné de l’Eglise, la France son père bien-aimé, et les souverains de l’Europe l’ami et le garant de la paix et de cette union salutaire qui affermit les monarchies et qui assure la prospérité des peuples.
Daignez, Sire, agréer les hommages et les vœux du corps diplomatique pour la longue durée et le bonheur d’un règne qui commence sous les auspices les plus favorables ».

   Le Roi a répondu:

   « Monsieur le Nonce, mon cœur est trop déchiré pour que je puisse exprimer les sentimens qui le remplissent. Je vous remercie de ceux que vous me témoignez au nom du corps diplomatique.
Je n’ai qu’une ambition, Messieurs : je demande à Dieu qu’elle soit remplie, et j’espère qu’il me l’accordera, c’est de continuer ce que mon vertueux frère a si bien fait ; c’est que mon règne ne soit que la continuation du sien, tant pour le bonheur de la France que pour la paix et l’union de toute l’Europe. C’est mon vœu ; c’est ma prière au ciel, et ce sera l’étude de toute ma vie ».

Médaille commémorative du 17 septembre 1824 recto et verso - blogue

Médaille commémorative du 17 septembre 1824 – recto & verso :
adresse du Roi aux pairs et aux députés

   Sa Majesté a répondu au discours de MM. les pairs et les députés :

   «Mon cœur est trop profondément affecté pour qu’il me soit possible d’exprimer les sentimens que j’éprouve ; mais je serois indigne de celui qui m’a laissé de si grands exemples, si, me livrant trop à ma douleur, je ne conservois pas assez de force pour remplir les devoirs qui me sont imposés. J’étois frère, maintenant je suis Roi, et ce titre indique assez la conduite que je dois tenir. J’ai promis, comme sujet, de maintenir la Charte et les institutions que nous devons au souverain dont le ciel vient de nous priver ; aujourd’hui que le droit de ma naissance a fait tomber le pouvoir entre mes mains, je l’emploierai tout entier à consolider, pour le bonheur de mon peuple, le grand acte que j’ai promis de maintenir. Je dois ajouter, Messieurs, que, conformément aux intentions du Roi que nous pleurons, je convoquerai les chambres à la fin de décembre ».

Médaille commémorative du 17 septembre 1824 verso - blogue

   S. Exc. le ministre des affaires ecclésiastiques et de l’instruction publique [Monseigneur Frayssinous], en présentant le Conseil royal, a adressé au Roi le discours suivant :

   « Sire, placée entre les regrets et l’espérance, la France, en pleurant sur la tombe d’un Roi sage et chéri qui n’est plus, se console par la pensée qu’il va revivre dans son auguste successeur.
Oui, Sire, comme lui, vous régnerez par les lois, vous placerez votre politique dans la justice, et votre bonheur dans celui de vos sujets. Le clergé, Sire, trouvera dans Votre Majesté, le Fils aîné de l’Eglise ; le corps enseignant, un zélé protecteur des sciences et des lettres ; le peuple, un digne descendant de ce Henri dont il répète si souvent voir s’affermir par vos mains tout ce qui doit assurer sa gloire, et c’est ainsi que, sans violence, sans effort, la France verra affermie sa prospérité. Louis XVIII sera continué par Charles X.
Le Roi est mort. Vive le Roi ! »

   Sa Majesté a répondu :

   « Que le clergé joigne ses prières aux miennes, afin que j’obtienne les secours dont j’ai besoin. L’instruction publique est la chose la plus importante, non-seulement pour nous, mais encore pour ceux qui nous suivront. Comme vous l’avez dit bien justement, je tâcherai de continuer le règne de mon vertueux frère. Secondez moi, je compte sur vos efforts ».

   Sa Majesté a dit à Mgr. l’archevêque de Paris :

« Monsieur l’archevêque, unissez vos prières aux miennes pour que le ciel daigne nous consoler du malheureux événement qui nous afflige. Je puis tout avec Dieu, et je ne puis rien sans lui ».

   Les différens corps ont complimenté Sa Majesté, qui a répondu à tous avec cette grâce et cette sensibilité qui la distinguent.
On a remarqué dans sa réponse à M. de Sèze [Raymond comte de Sèze (1748-1828) avocat de Sa Majesté le Roi Louis XVI devant la Convention, pair de France], présentant la cour de cassation, les paroles suivantes :

   « Quant à vous, Monsieur, j’avois deux frères ; vous avez servi l’un au péril de votre vie, vous avez constamment témoigné à l’autre le même dévouement et le même zèle. Je n’ai pas besoin de vous assurer que je compte également sur ces mêmes sentimens pour moi, ainsi que sur ceux de votre compagnie ».

verso de l'une des médailles commémoratives de l'avènement de Charles X

Verso de l’une des nombreuses médailles commémoratives
célébrant l’avènement de Sa Majesté le Roi Charles X
le 16 septembre 1824 :
le clergé, la magistrature et les parlementaires prêtant serment au Roi

   Samedi [18 septembre 1824] à midi, le Roi, accompagné de LL. AA. RR. M. le Dauphin, Madame la Dauphine et Madame, duchesse de Berri, s’est rendu à la chapelle pour entendre la messe.
Après la messe, Sa Majesté a présidé le conseil des ministres. M. le Dauphin a assisté au conseil. On dit que le Roi a annoncé qu’il présidéroit deux fois par semaine le conseil des ministres.

   Dimanche [19 septembre 1824], à deux heures et demie, le Roi est venu de Saint-Cloud aux Tuileries. Il avoit dans sa voiture toute sa Famille royale.
Les Princes et Princesses du Sang et les grand-dignitaires, ont reçu Sa Majesté et LL. AA. RR., au pied du grand escalier. Le Roi portoit un habit violet [le Roi de France porte le deuil en violet]. Il est monté jusqu’à la salle du Trône, suivi des Princes et Princesses. Là il a été reçu par le clergé et conduit jusqu’au lit d’honneur du feu Roi. Sa Majesté s’est prosternée sur le cercueil de son auguste frère, ainsi que toute la Famille royale. La douleur étoit peinte sur les traits des augustes personnages.
Après le Miserere, ils ont jeté l’eau bénite, et des cris mille fois répétés de Vive le Roi ! Vivent les Bourbons ! ont annoncé le retour de Sa Majesté et de LL. AA. RR. pour Saint-Cloud, à trois heures vingt minutes.

Charles X à son avènement

Sa Majesté le Roi Charles X à son avènement
(détail d’un tableau de Thomas Lawrence)

2024-202. 16 septembre 1824 : Sa Majesté le Roi Louis XVIII rend son âme à Dieu (2nde partie).

16 septembre,
Fête des Saints Corneille et Cyprien (cf. ici), pontifes et martyrs ;
Mémoire du 2ème jour dans l’octave des Sept-Douleurs ;
Mémoire des Saints Euphémie, Lucie et Géminien, martyrs ;
Anniversaire de la mort de Sa Majesté le Roi Louis XVIII (+ 16 septembre 1824).

Lithographie de Fournier représentant Louis XVIII à ses derniers moments - blogue

Lithographie de Fournier représentant Sa Majesté le Roi Louis XVIII à ses derniers moments :
Après avoir donné sa bénédiction aux Princes et Princesses de sa famille, le Roi leur dit :
« Adieu, mes enfants, que Dieu soit avec vous ».
Remarquez que cette lithographie ne représente pas le Roi sur son lit de mort,
mais encore assis dans son fauteuil avant qu’il ne consentît à s’aliter.

       Après avoir recopié la publication de « l’Ami de la Religion et du Roi » du 15 septembre 1824 (cf. > ici) montrant l’admirable manière avec laquelle Sa Majesté le Roi Louis XVIII s’est préparée à la mort, nous reproduisons ci-dessous plusieurs extraits du même périodiques publiés dans la livraison du 18 septembre 1824 ainsi que dans celles des jours suivants.
Nous conservons la graphie originelle, en revanche, afin d’éviter les redites, nous opérons plusieurs coupures et replaçons dans un ordre chronologique ces divers extraits tirés tantôt des « nouvelles politiques » tantôt des « nouvelles ecclésiastiques ».
Les sous-titres placés en tête de ces divers extraits sont aussi de notre fait.

Prières officielles des Corps constitués et des fidèles pendant la dernière maladie du Roi :

       « Pendant les derniers jours du Roi, les prières pour lui ont été continuées dans toutes les églises. La cour de cassation s’est rendue, en corps et en robes rouges, à Notre-Dame, pour y assister aux prières de quarante-heures, auxquelles M. l’archevêque présidoit.
La cour royale et le tribunal de première instance ont donné le même exemple de religion, ainsi que les deux préfets. Les maires et adjoints alloient dans leurs paroisses respectives. Le Saint-Sacrement étoit aussi exposé dans la chapelle du château, et les Princes et Princesses y alloient chaque jour prier Dieu pour l’auguste malade ; toute la cour les suivoit dans cet acte de piété. Dans les églises on remarquoit un plus grand nombre de fidèles, et chacun sembloit demander à Dieu la santé d’un père tendrement aimé ».

Louis XVIII rendant le dernier soupir entouré des siens

Louis XVIII rendant le dernier soupir entouré de sa famille et de ses familiers
(comparez avec la gravure publiée >
ici)

La mort paisible du Roi Très Chrétien entouré de nombreux ecclésiastiques :

   « La fin de Louis XVIII a été digne de sa vie, et ses derniers momens ont été tout entiers à la religion. Le calme de sa physionomie ne s’est point démenti, et les angoisses de la mort ne lui ont pas arraché de plaintes. Jusqu’à la fin, la religion l’a entouré de toutes ses consolations ; son confesseur veilloit assidûment auprès de son lit. M. le Grand-Aumônier [Sa Grandeur Gustave Maximilien Juste de Croÿ (1773-1844), évêque de Strasbourg], M. le ministre des affaires ecclésiastiques [Denis-Antoine-Luc, comte-évêque Frayssinous (1765-1841), évêque in partibus d'Hermopolis, Grand Maître de l'Université et ministre des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique], M. l’archevêque de Paris [Hyacinthe-Louis de Quélen (1778-1839) archevêque de Paris et pair de France], sont restés presque constamment dans la chambre ; les trois prélats y ont passé, entr’autres, la nuit où le Roi mourut.
Ce fut à onze heures du soir que l’agonie commença ; mais on croit que le Roi conservoit encore sa connoissance. Les Princes, les grands officiers, les aumôniers étoient réunis autour du lit.
Le moment suprême ne fut marqué par aucune convulsion ; le Roi s’éteignit sans aucun effort. Tout le monde tomba à genoux, et resta quelque temps en prières.

   Après la mort du Roi, des ecclésiastiques de sa chapelle sont restés auprès du corps et ont récité des prières. Le samedi, quand le corps a été embaumé et placé sur le lit d’honneur, M. le Grand-Aumônier est venu y jeter de l’eau bénite.
Tous les matins, on célèbre des messes pour le Roi dans son appartement. Des aumôniers, et autres personnes attachées à la chapelle, se relèvent pendant le jour pour réciter l’office des morts ; la nuit, ce sont des prêtres de la Congrégation de la Mission qui veillent auprès du corps et qui font les prières ».

Sa Majesté Louis XVIII sur son lit de mort - lithographie de Fournier

Lithographie de Fournier : Sa Majesté Louis XVIII sur son lit de mort

Déclarations officielles de la mort du Souverain et deuil de la cour :

   « M. le Chancelier de France [Charles-Henri Dambray (1760-1829), chancelier-pair de France, président de la Chambre des pairs et du Conseil d'État], remplissant les fonctions d’officier de l’état civil de la Maison Royale, a dressé, le 16 septembre 1824, l’acte de décès de S. M. Louis XVIII. Ont signé l’acte, après lecture faite, MM. le duc d’Uzès, le maréchal-duc de Conegliano, le prince de Talleyrand, le duc d’Aumont, le duc de Doudeauville, le marquis de Dreux-Brézé, Dambray, le marquis de Sémonville, témoins, et Couchy, greffier de l’état civil de la Famille royale ».

   « La cour a pris le deuil, vendredi 17 septembre, pour sept mois. Il se divisera en trois temps : le premier de trois mois, le second de deux mois, le troisième de deux mois. Le premier gentilhomme de la chambre indique les modifications que le deuil subira dans ses différens périodes ».

Le visage du Roi sur son lit de mort

   « Samedi matin, à huit heures et demie, le corps du feu Roi a été déposé dans le cercueil, et porté par huit valets de chambre, faisant le service intérieur des appartemens, jusqu’à la salle du Trône, où il a été placé sur le lit d’honneur.
A la droite étoit assis le clergé, et à la gauche des officiers de la maison. A midi, le peuple a été admis à jeter de l’eau bénite sur le cercueil de S. M. Louis XVIII. La foule étoit considérable ; cependant le plus grand ordre s’est fait remarquer partout ».

Le Roi exposé sur son lit de mort avant la mise en bière

Lithographie de Fournier : le Roi exposé sur son lit de mort.
Il s’agit de l’exposition des deux premiers jours et nuits, dans la chambre même du Roi :
celui-ci est mort au petit matin du jeudi 16 septembre, et il reste exposé ainsi jusqu’à la mise en bière le samedi 18 septembre au matin,
avant le transport dans la chapelle ardente aménagée dans la salle du Trône.

Le corps est veillé sans cesse par le clergé d’un côté et par les officiers de la Garde personnelle du Souverain défunt.

Mandement de Monseigneur de Quélen annonçant la mort du Roi :

M. l’archevêque de Paris vient de publier un Mandement sur la mort du Roi ; nous regrettons de n’en pouvoir citer qu’une partie :

   « Dieu a commandé à la mort de frapper sur le Trône, et la mort a obéi ! Quel vaste sujet de méditations et de douleurs, N. T. C. F.!
Anéantissons-nous, instruisons-nous, soumettons-nous, et cherchons, s’il est possible, quelques motifs légitimes de consolation.

   Anéantissons-nous, reconnoissons le Maître du monde, adorons cet unique Souverain de l’univers, seul grand, seul puissant, qui seul possède l’immortalité, qui tient dans Sa main les clefs du tombeau et de l’abîme, devant qui toute substance est comme un atome, et pour qui les plus illustres potentats de la terre ne sont que de foibles sujets. Qui ne Vous craindra pas, ô Roi terrible des nations ! Vous retirez aux Princes, quand il Vous plait, le souffle de vie que Vous leur aviez prêté pour un instant : du haut de Votre trône immuable, Vous voyez les générations et les peuples, avec leurs chefs et leurs conducteurs, s’écouler comme un fleuve rapide, et se perdre dans l’océan de Votre éternité. Quis non timebit te, o Rex gentium ?

   Instruisons-nous ! A la porte de ce palais silencieux et désert, au pied de ce lit dressé dans les ténèbres, comme parle l’Ecriture, à la vue de cette Majesté éteinte, couverte des ombres du trépas, et prête à descendre dans le sépulcre, qui sera désormais sa royale demeure, laissons notre âme se pénétrer et se convaincre sans retour du néant des choses humaines, et se prémunir pour toujours contre ces pensées orgueilleuses qui sont la source de tous les péchés. Le jours de l’homme sont courts ; la puissance du Monarque lui-même dure peu : il est Roi aujourd’hui, et demain il mourra ; et quand il sera mort, il n’aura d’autre héritage que la solitude et la destruction (…).

   Soumettons-nous ! Plus la perte est douloureuse et sensible, plus la foi doit être appelée au secours d’un esprit trop prompt à en mesurer toute l’étendue, d’un cœur trop foible pour en supporter toute l’amertume, d’une volonté trop facile à se révolter contre la rigueur de l’épreuve. Or, qui entreprendra de dire à la France tout ce qu’elle a perdu en perdant son Roi ? Elle ne le sent que trop : si la religion lui permet d’exhaler sa douleur en gémissemens et en soupirs, elle seule aussi peut lui faire répéter, avec la soumission de ce prince de l’Idumée, modèle de résignation et de patience : « Le Seigneur me l’avoit donné, le Seigneur me l’a ôté : que Son saint Nom soit béni !»

   Hélas ! N. T. C. F., il n’est que trop vrai, le Seigneur vient de l’enlever à notre vénération et à notre amour, ce Roi qu’Il nous avoit donné ; ce Roi que, dans les jours d’orage et de tempête, Sa miséricorde gardoit dans Ses trésors pour nous sauver du naufrage, lorsque Sa colère appaisée auroit cessé de nous punir ; ce Roi, qu’une Providence paternelle conduisoit de contrées en contrées, et même jusqu’à travers les mers, pour le montrer un jour à l’Europe couronnée comme notre réconciliation et notre justice, dans le temps où nos passions, déchaînées et furieuses, ne nous avoient fait que des ennemis, et qu’elles nous accusoient devant les nations irritées. Il nous est ôté, ce Roi tant désiré, vers lequel la patrie, presque expirante, poussa de si longs soupirs, porta ses regards afoiblis, tendit ses mains défaillantes, et dont elle reçut, pour prix de sa confiance, le salut, la paix et la gloire ; ce Roi qui, dépositaire fidèle de nos espérances, nous les a toutes rapportées, embellies de tout le charme que de nobles infortunes répandent sur la vertu, et de tout ce qu’une prudence consommée peut ajouter aux sentimens de la plus tendre affection pour ses peuples ! Il nous est enlevé, ce Roi plein d’une patience qui sut attendre, d’une modération qui triompha des plus grands obstacles, d’une clémence qui ne connut pas d’ennemis, d’un calme qui ne fut jamais ébranlé lorsque tout l’étoit autour de lui, d’une fermeté d’âme au-dessus de tous les revers, d’une majesté qui ne perdit jamais rien de son éclat, alors même qu’il savoit la tempérer par une inépuisable condescendance, qui enhardissoit ses plus humbles sujets, qui inspiroit la confiance à ses serviteurs les plus intimes, et où la bonté de son cœur faisoit aimer tout ce que faisoient admirer les grâces de son esprit ! Enfin il nous est retiré, ce Roi en qui une piété sincère, une foi profonde rehaussèrent jusqu’à la fin, et couronnèrent ce rare assemblage de royales qualités et de vertus sociales ; riche et précieux héritage des Rois très-chrétiens, qu’il sut conserver pur et sans tache au milieu du débordement des fausses doctrines, et de la perversité de son siècle, non seulement quant à la simplicité de la croyance, à laquelle il soumit sans réserve son esprit supérieur, mais encore quant à la sévérité de la pratique, sur laquelle on le vit toujours régler ses habitudes et assujettir sa personne (…).

   A cet endroit du mandement de Monseigneur de Quélen, se placent quelques annonces pratiques, parmi lesquelles l’annonce d’un service funèbre solennel le lundi 20 septembre, à dix heures du matin, à Notre-Dame de Paris.
Monseigneur l’archevêque ordonne ensuite qu’à compter du mardi 21 des services funèbres devront être également célébrés dans chacune des églises paroissiales, celles des communautés religieuses, collèges, des hospices, …etc.
Tous les prêtres du diocèse devront en outre dire une messe pour le repos de l’âme du feu Roi.
Les séminaristes, les religieuses et toutes « les filles de communauté » - c’est-à-dire les converses des monastères de moniales et les « Filles de la Charité » – devront offrir une communion à la même intention. Enfin, tous les fidèles sont exhortés à joindre leurs prières, leurs aumônes et leurs autres bonnes œuvres au sacrifice des prêtres.

   Monseigneur de Quélen termine son mandement en évoquant le nouveau Souverain, Sa Majesté le Roi Charles X :

   Après avoir rempli ce devoir lugubre et sacré, N. T. C. F., et même en le remplissant avec ferveur, tournons aussi nos yeux humides vers ce trône qu’un même instant nous a montré si tristement solitaire et si dignement occupé. Le présent que le ciel a daigné mettre à la place du bienfait qu’il a voulu retirer à lui est, n’en doutons pas, un gage assuré de sa continuelle protection sur la France.
Nous aimerions, N.T. C. F., à vous entretenir des hautes espérances que nous avons si légitimement placées dans l’auguste frère du bien-aimé Monarque que nous pleurons ; nous n’osons, par respect pour cette douleur si vive dont nous avons été les témoins, vous parler des solides consolations que nous promettent, et cette touchante bonté, et ce caractère si loyal et si sensible, et ce jugement si droit, et cette charité si compatissante, et ce zèle si ardent et en même temps si sage pour tout ce qui peut tendre à notre bonheur, objet dont il a résolu de faire son unique et sérieuse occupation ; nous craindrions que sa main ne repoussât, comme une froide adulation, ce qui se trouve sans calcul dans toutes les bouches, ce qui revient naturellement dans tous les discours, parce qu’il est gravé dans tous les cœurs. Notre silence lui plaira davantage.
C’est à Dieu, c’est au pied de Ses saints autels que nous épancherons nos sentimens, en attendant que nous puissions les faire éclater en transports de joie, en concert de bénédictions. Mais c’est aussi là, N. T. C. F., que nous Lui demanderons de multiplier les jours du Roi qu’Il nous accorde pour adoucir l’amertume de nos regrets ; et afin de ressentir nous-mêmes l’effet des grâces que nos vœux attireront sur sa personne, il nous suffira de prier le Seigneur qu’Il remplisse tous ses désirs, et qu’Il l’affermisse dans tous les desseins qu’il aura conçus : Tribuat tibi secundùm cor tuum, et omne consilium tuum confirmet ».

   Le mandement de Monseigneur l’archevêque de Paris était suivi d’une lettre du Roi Charles X, contresignée de M. l’évêque d’Hermopolis [Monseigneur Frayssinous], dont voici le texte :

   A Mons. l’Archevêque de Paris :
Le Roi mon très-honoré seigneur et frère vient de mourir. La piété et la fermeté qu’il a montrées pendant sa maladie sont le comble des grâces que le Seigneur a bien voulu lui faire pendant son règne. Il seroit bien à souhaiter que sa vie eût été aussi longue qu’elle a été remplie de gloire et de sagesse ; mais la divine Providence en a disposé autrement. Je ne puis plus lui donner d’autres preuves de mon respect et de ma tendresse que celle d’implorer pour lui la Misericorde infinie, et de joindre mes prières à celles de mes sujets, pour demander à Dieu le repos de son âme. Ainsi Je vous écris cette lettre pour vous dire qu’aussitôt que vous l’aurez recue, vous fassiez faire des prières publiques dans l’étendue de votre diocèse, et que vous ayez à convier à celles qui se feront dans votre église, les corps qui ont accoutumé d’assister à ces sortes de cérémonies ; et m’assurant que vous exciterez par votre exemple le zèle et la piété de tous mes sujets de votre diocèse, je prie Dieu qu’Il vous ait, Mons. l’Archevêque, en Sa sainte et digne garde ».

Chapelle ardente de SM le Roi Louis XVIII dans la salle du Trône aux Tuileries - blogue

Chapelle ardente de Sa Majesté le Roi Louis XVIII dans la salle du Trône aux Tuileries

Bref compte-rendu du service funèbre solennel célébré à Notre-Dame de Paris (notez bien qu’il ne s’agit pas de la Messe de funérailles) :

   Le lundi 20, le service pour le feu Roi a été célébré à Notre-Dame, conformément au Mandement.
M. l’archevêque a officié, assisté de deux archidiacres. M. le cardinal de La Fare, M. l’archevêque de Nisibe, nonce apostolique ; MM. les évêques de Cybistra, d’Iméria et de Caryste, les cours et tribunaux, les deux préfets, les commandans et officiers de la garnison, les maires de la capitale, beaucoup de pairs, de députés et d’autres personnes de distinction, enfin les différentes administrations, assistoient à ce service, qui a été célébré dans la nef.
Un catafalque avoit été dressé ; la messe a été chantée en musique. Les absoutes ont été faites par M. l’archevêque et par les quatre premiers dignitaires du chapitre.
Ce service a été remarquable par le concours des autorités et des adıninistrations, ainsi que par la pompe et le recueillement. On n’entroit dans l’église que par billets.

Pompe funèbre du duc de Berry à Notre-Dame de Paris - Copie

Nous n’avons (jusqu’à ce jour) pas retrouvé de gravure ou de lithographie
représentant la pompe funèbre de Sa Majesté le Roi Louis XVIII à Notre-Dame de Paris (20 septembre 1824) :
cette gravure représente celle qui avait été célébrée 4 ans auparavant à la mémoire du duc de Berry,
et on peut penser que pour Louis XVIII un catafalque analogue avait été dressé.

Le clergé de Paris en corps constitué se rend à la chambre ardente des Tuileries :

   « Le mardi 21, le clergé de Paris a été appelé à jeter de l’eau bénite sur le corps du feu Roi. Le clergé des différentes églises et communautés s’étoit réuni à Saint-Germain-l’Auxerrois, d’où on est parti à midi. Le cortége étoit composé des enfans de chœur et des chantres de la métropole, des séminaires, de MM. des Missions de France, des MissionsEtrangères, du Saint-Esprit et de Saint-Lazare, des vicaires des paroisses, des curés de la capitale, du chapitre et enfin de M. l’archevêque. Le prélat étoit en mitre. La procession étoit sous une seule croix, celle de la métropole [note : parce qu'il était d'usage que chaque corps processionnât derrière sa propre croix] ; elle étoit escortée par des détachemens de troupes.
Arrivée à la grille de l’arc de triomphe, elle s’est formée en sens inverse.
M. l’archevêque, le chapitre et les curés ont seuls donné l’eau bénite ; M. le curé de Saint-Germain-l’Auxerrois avoit le premier rang après le chapitre.
La procession est retournée à l’église dans le même ordre. Il n’y avoit point de chant ; chacun récitoit à part l’office des morts.
Ce silence même, et la présence d’un nombreux clergé, avoient quelque chose d’imposant. Le peuple, pendant tout le trajet, n’a donné que des marques de respect ».

Evocation des cérémonies dans les provinces du Royaume :

   « La mort du Roi n’a pas moins excité de témoignages de douleur dans les provinces qu’à Paris.
Des services ont été célébrés d’abord dans les églises cathédrales, ensuite dans les paroisses et établissemens religieux. Les prêtres ont été invités à célébrer chacun une messe pour le repos de l’âme, et les personnes de communauté à offrir une communion à la même fin.
Les fidèles ont été exhortés à unir leurs prières pour cet objet ».

Médaille commémorative de la mort de Louis XVIII

Médaille commémorative officielle de la mort de Louis XVIII (1824)

2024-201. 16 septembre 1824 : Sa Majesté le Roi Louis XVIII rend son âme à Dieu (1ère partie).

16 septembre,
Fête des Saints Corneille et Cyprien (cf. > ici), pontifes et martyrs ;
Mémoire du 2ème jour dans l’octave des Sept-Douleurs ;
Mémoire des Saints Euphémie, Lucie et Géminien, martyrs ;
Anniversaire de la mort de Sa Majesté le Roi Louis XVIII (+ 16 septembre 1824).

frise lys deuil

   En ce jour anniversaire de la très pieuse mort de Sa Majesté le Roi Louis XVIII, tout en renvoyant à ce que nous avons déjà écrit à son sujet (cf. > ici & > ici) – et que nous ne répèterons donc pas (mais que je me permets de vous encourager à relire) -, nous tenons à reproduire ci-dessous (en conservant la graphie d’origine) une première publication qui fut faite dans le bulletin légitimiste et catholique « L’Ami de la Religion et du Roi » (1814-1830), dans la livraison du mercredi 15 septembre 1824, c’est-à-dire la veille de la mort du Souverain (pendant la Restauration, le bulletin paraissait normalement deux fois par semaine, le mercredi et le samedi).

   L’intérêt de cet article est très grand, puisque, en notre malheureux siècle où, sauf dans des milieux fervents, l’on considère que c’est « faire une belle mort » que de mourir subitement sans avoir eu le temps de s’y préparer spirituellement, où l’écrasante majorité des catholiques meurt sans le secours des sacrements, où le clergé « officiel » – à de rares exceptions près – manque à tous ses devoirs et responsabilités concernant le trépas des âmes confiées à ses soins, Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XVIII, Elle, pleinement consciente qu’Elle se devait d’être exemplaire pour ses sujets même dans sa mort, héroïque dans la fermeté avec laquelle Elle a assumé ses devoirs jusqu’au bout, résolue à « mourir comme un Bourbon doit le faire », nous donne la plus édifiante des leçons en ses ultimes moments terrestres.

Derniers moments de Sa Majesté le Roi Louis XVIII - blogue

Légende de la gravure :
« Les longues souffrances qui terminèrent la vie de Sa Majesté ne lui ôtèrent rien de son courage.
Après avoir satisfait aux devoirs de la Religion, il désira voir ses petits neveux, et,
étendant sur eux ses mains paternelles, il les bénit :
Adieu, dit-il, mes enfants. Vivez en paix, pour le bonheur de la France.»

       « L’état de la santé du Roi excitoit, depuis quelque temps, de graves inquiétudes, ses infirmités anciennes et permanentes ayant augmenté sensiblement ; et un premier bulletin, publié le 12, annonça qu’on ne pouvoit se dissimuler que ses forces avoient considérablement diminué, et que les espérances qu’on avoit conçues sont très-affoiblies.
Dans cet état, la religion de S. M. lui fit désirer de s’environner de tous les secours de la Religion. Le Roi se confessa le dimanche [note : dimanche 12 septembre 1824], et vit de nouveau son confesseur le lundi matin [13 septembre]. La nuit n’ayant pas été bonne, S. M. témoigna le désir d’être administrée. Son confesseur se rendit pour cet effet chez M. le Grand-Aumônier [il s'agissait alors de Sa Grandeur Gustave Maximilien Juste de Croÿ (1773-1844), évêque de Strasbourg].
A huit heures, le prélat partit de la chapelle, portant processionnellement le Saint Sacrement, et accompagné de M. l’évêque d’Hermopolis [Denis-Antoine-Luc, comte-évêque Frayssinous (1765-1841), évêque in partibus d'Hermopolis, Grand Maître de l'Université et ministre des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique] et de plusieurs aumôniers du Roi, qui portoient des torches. M. le curé de Saint-Germain-l’Auxerrois [les Tuileries se trouvant sur le territoire de la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois, c'en est le curé qui avait la juridiction ecclésiastique sur Sa Majesté], en étole, assistoit M. le Grand-Aumônier et portoit les saintes huiles. MONSIEUR [Monsieur frère du Roi, comte d'Artois, qui allait devenir Charles X] et ses augustes enfans [le Duc et la Duchesse d'Angoulème ainsi que la Duchesse de Berry] suivoient le Saint Sacrement avec des cierges allumés, et étoient accompagnés des personnes de leur maison. Le cortége étoit précédé et suivi des gardes du corps.

   Arrivé dans la chambre du Roi, M. le Grand-Aumônier a exhorté en peu de mots l’auguste malade, et lui a donné le saint Viatique.
MONSIEUR, Mr. duc d’Angoulême, M. l’évêque d’Hermopolis et M. l’abbé de Saman tenoient la nappe de communion.
Immédiatement après, S. M. a reçu l’extrême-onction.
Les Princes sont retournés à la chapelle, et ont entendu la messe pour le Roi. A leur retour, S. M. leur a dit les choses les plus affectueuses, et a béni toute sa famille. Les Princes et Princesses ont montré la plus vive sensibilité. Nous joignons ici la lettre de M. le ministre des affaires ecclésiastiques aux évêques, et le Mandement de M. l’archevêque de Paris :

   « Monseigneur, je suis dans la douloureuse nécessité de vous informer que l’état de santé où se trouve le Roi donne de vives inquiétudes : tous les cœurs français et chrétiens doivent se réunir pour implorer sur une tête si auguste et si chère les bénédictions du ciel ; votre dévoûment à la personne sacrée du Monarque et le zèle qui vous anime vous dicteront tout ce qui est convenable de faire dans cette conjoncture.
Veuillez, Monseigneur, agréer l’hommage de mes sentimens respectueux.

Le ministre secrétaire d’Etat des affaires ecclésiastiques et de l’instruction publique,

† Signé, D., év. d’Hermopolis.»

   « Le roi Ezéchias, si renommé dans Israël, par sa piété, son courage et la bonté de son cœur, tomba dans un état de maladie qui fit craindre pour ses jours ; il fut malade jusqu’à la mort, dit l’Ecriture : Egrotavit Ezechias usque ad mortem. Le prophète Isaïe étoit venu lui annoncer qu’il falloit mettre ordre aux affaires de sa maison, parce qu’il ne devoit pas en relever : Morieris tu, et non vives. Cependant le Seigneur, touché des larmes et des prières qui avoient été répandues en Sa présence, révoqua cet arrêt fatal, rendit au roi la santé, et daigna ajouter quinze années encore à un règne rempli de merveilles et de gloire.

   Vous nous avez compris sans doute, N. T. C. F., et, quoique nous hésitions à vous l’annoncer, les précautions dont nous essayons d’envelopper une si triste nouvelle vous avertissent assez du malheur qui menace de plonger la France dans l’affliction et le deuil. En vain nous chercherions à vous le dissimuler, en vain, par une suite de son amour pour ses peuples, notre auguste et religieux Monarque, surmontant ses douleurs avec une rare magnanimité, avec une constance admirable, a voulu se roidir contre les efforts et les progrès du mal, et se survivre en quelque sorte à lui-même, afin de ne pas troubler, par des alarmes prématurées, le repos et le bonheur où sa sagesse a su maintenir le royaume, le moment est venu où il faut que la nature reconnoisse sa foiblesse sous la main puissante de Celui qui frappe ou qui guérit, qui donne ou qui ôte le salut aux princes.

   Résigné toute sa vie aux décrets adorables de la Providence, plein de reconnoissance pour les bienfaits sans nombre qu’Elle a répandus sur lui et sur sa royale famille, pénétré de respect pour la foi de ses pères, notre Roi très-chrétien désire et réclame les secours de la religion, les sacremens de l’Eglise et les suffrages des fidèles, ou pour se préparer à paroitre devant Dieu qui juge les justices, si son heure suprême est arrivée, ou pour supporter avec patience les rigueurs de la maladie et les langueurs des infirmités, s’il plaisoit au Seigneur d’en prolonger les épreuves, ou enfin pour renouveler ses forces et ranimer la vigueur de son âme, si la divine Miséricorde, exauçant nos vœux, daignoit le rendre à son peuple, afin de le lui montrer encore long-temps sur le trône comme l’objet de Sa prédilection et l’instrument de Ses miracles.

   Quels que soient, N. T. C. F., les impénétrables desseins de Dieu, la foi et l’amour nous appellent aux pieds des saints autels. Notre espérance ne sauroit être trompée. Français ! si nous ne pouvons sauver la vie du Roi, nous nous associerons du moins à son dernier combat ; nous voudrons l’aider à conquérir la couronne immortelle, et lui ouvrir, par les armes de la prière, cette cité céleste où règnent déjà tant de saints de sa noble race, et où, assis à leurs côtés, il deviendra, comme eux, le protecteur de la monarchie ».

   En conséquence de ce Mandement, M. l’archevêque a fait donner dimanche à Notre-Dame un salut solennel, auquel il a officié.
Depuis ce temps, le prélat va tous les jours au château, et a assisté, le mardi, aux prières des agonisans qu’on a récitées pour Sa Majesté.
On a fait dans toutes les églises les prières des quarante-heures. Le Saint Sacrement a été exposé, et on a donné le salut. Les fidèles ont été exhortés à unir leurs prières, leurs aumônes et leurs bonnes œuvres pour la santé du Roi.
Beaucoup de personnes se portoient aux Tuileries pour s’informer de la santé du Roi, et on distribuoit de temps en temps des bulletins.
La Bourse, le Musée, et tous les lieux de réjouissance ont été fermés ».

(à suivre > ici)

Louis XVIII - blogue

2024-197. Où, à l’occasion de l’anniversaire du trépas de Jean-Philippe Rameau, on chante avec lui : « Vive la race de nos Rois ! »

12 septembre,
Fête du Saint Nom de Marie (double majeur) ;
Anniversaire de la mort de Jean-Philippe Rameau (+ 12 septembre 1764).

Statue de Jean-Philippe Rameau à l'Opéra Garnier

Statue de Jean-Philippe Rameau à l’Opéra Garnier (Paris)

       Né à Dijon le 24 (ou 25) septembre 1683, Jean-Philippe Rameau s’est éteint à Paris le 12 septembre 1764, à l’âge de 81 ans.
Son père, Jean Rameau, était organiste à la collégiale Saint-Etienne, à l’abbaye Saint-Bénigne et à l’église Notre-Dame : il fut vraisemblablement le premier professeur de musique de Jean-Philippe. Ce dernier, scolarisé au collège des Jésuites des Godrans, jugé mauvais élève, dut quitter ce collège.
Il fit alors un séjour de plusieurs mois en Italie.

   En 1702 (il a 19 ans), il obtient un poste de maître de chapelle à la cathédrale Notre-Dame des Doms, en Avignon, et un poste similaire à la cathédrale de Clermont (mais il n’y achève pas sa période)
On le trouve à Paris en 1706, où il publie son premier livre de pièces de clavecin, ouvrage dans lequel il est présenté comme organiste des Jésuites de la rue Saint-Jacques et des Pères de la Merci.
En 1709 il obtient l’orgue de Notre-Dame, à Dijon, en succession de son père. Puis, en 1713-1714, on le trouve à la tribune des Jacobins de Lyon. Il séjourne également à Montpellier. Mais toute cette période de sa vie est assez mal documentée.

   Il s’installe définitivement à Paris en 1722 ou 1723 : il a 40 ans.
Il écrit ses premiers articles et publie son Traité d’harmonie ; son deuxième livre de pièces de clavecin paraît en 1724.
En 1726, il épouse Marie-Louise Mangot, qui a 19 ans de moins que lui, et qui lui donne un fils, Claude-François, en 1727. Naîtront plus tard Marie-Louise (1732) qui sera Visitandine, puis Alexandre (1740, mort en bas âge) et Marie-Alexandrine (1744).
Il tient les orgues du noviciat des Jésuites à Sainte-Croix de la Bretonnerie jusqu’en 1738.

   C’est aux alentours de la naissance de son fils qu’il est présenté au fermier général Alexandre Jean Joseph Le Riche de La Popelinière (1693-1762, dont le nom est aussi parfois écrit Poupelinière ou Pouplinière), qui va se faire son mécène : à partir de 1731, Rameau dirige son orchestre, donne des leçons de musique à la maîtresse de Monsieur (que ce dernier finira par épouser), et, de 1746 à 1752, loge dans leur hôtel particulier.
C’est chez les La Popelinière qu’il rencontra l’abbé Pellegrin et Voltaire qui furent du nombre de ses librettistes.

   Nous n’allons pas énumérer toute sa production : auteur prolixe et brillant, il est nommé en 1745 par le Roi Louis XV Compositeur de la Musique de la Chambre.
Rameau fut aussi un théoricien de la musique… et un homme de polémiques : sur ce sujet-là non plus nous ne nous étendrons pas.

   Le 12 septembre 1764, Jean-Philippe Rameau meurt d’une « fièvre putride », et il est inhumé dès le lendemain à Saint-Eustache où une plaque commémorative en perpétue le souvenir. Peu de temps avant sa mort, le Roi l’avait nommé chevalier de l’Ordre de Saint-Michel.

   L’œuvre lyrique de Rameau marque l’apogée du classicisme français, et il est généralement considéré comme le plus grand musicien français avant le XIXème siècle ainsi qu’il fait figure de premier théoricien de l’harmonie classique.

   Son œuvre religieuse semble minuscule en comparaison de son œuvre lyrique, mais ses motets à grand chœur sont impressionnants et, pour ce qui nous concerne, nous enthousiasment et ne nous lassent jamais ; il ne nous reste pas une seule page de musique pour orgue alors qu’il a tenu pendant des décennies des tribunes d’églises. 

   Nous terminerons cette brève évocation par un chœur majestueux que nous aimons beaucoup, extrait de la pastorale héroïque « Acanthe et Céphise », composée en 1751 pour célébrer la naissance de Louis-Joseph-Xavier François de France, duc de Bourgogne (fils aîné du Dauphin Louis-Ferdinand et de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe), et aux paroles de fervente louange auxquelles nous nous associons de toute notre âme : 

Vive la race de nos Rois,
C’est la source de notre gloire.
Puissent leurs règnes et leurs lois,
Durer autant que leur mémoire !
Que leurs noms soient à jamais
Le signal de la victoire ;
Que leurs noms soient à jamais
Le présage de la paix !

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Chérubin portant des lys - blogue

Publié dans:Chronique de Lully, Memento, Vexilla Regis |on 11 septembre, 2024 |Pas de commentaires »
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