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2013-12. Les adieux à l’Alléluia.

       Ce samedi, en fin d’après midi, avec les premières vêpres du dimanche, nous inaugurons le cycle liturgique de Pâques en entrant dans le temps de la Septuagésime (cf. > ici).

   Relisons – si vous le voulez bien – ce que Dom Prosper Guéranger a écrit dans « l’Année Liturgique », au sujet de la suspension de l’Alléluia et des touchantes célébrations d’adieu par lesquelles, autrefois, cette interruption était marquée.

2013-12. Les adieux à l'Alléluia. dans De liturgia samedi-avant-la-septuagesime

Le samedi avant le dimanche de la Septuagésime :
suspension de l’Alléluia. 

    »Le mouvement du Cycle doit ramener  prochainement la commémoration des douleurs du Christ et les joies de sa Résurrection ; neuf semaines seulement nous séparent de ces grandes solennités. Il est temps pour le chrétien de préparer son âme à une nouvelle visite du Seigneur, plus sacrée et plus décisive encore que celle qu’il a daigné nous faire dans sa miséricordieuse Nativité.

   La sainte Eglise, qui sent le besoin de réveiller nos cœurs de leur assoupissement, et de leur donner une forte impulsion vers les choses célestes, accomplit aujourd’hui une grande mesure dans cette intention. Elle nous sèvre du divin Alléluia, ce chant du Ciel qui nous associait aux concerts des Anges. Nous ne sommes que des hommes fragiles, pécheurs courbés vers la terre ; comment ce cri d’une meilleure patrie a-t-il pu sortir de notre bouche? Sans doute, l’Emmanuel, le divin réconciliateur de Dieu et des hommes, nous l’a apporté du Ciel, au milieu des joies de sa Naissance, et nous avons osé le répéter ; nous le redirons même encore, avec un nouvel enthousiasme, dans l’allégresse de sa Résurrection ; mais, pour chanter dignement l’Alléluia, il faut aspirer au séjour d’où il nous est venu. Ce n’est pas là un vain mot, une mélodie profane ou insignifiante ; c’est le souvenir de la patrie dont nous sommes exilés, c’est l’élan vers le retour.

   Le mot Alleluia signifie Louez Dieu ; mais son accent est particulier. L’Eglise ne suspendra pas, durant neuf semaines, l’exercice du devoir qui l’oblige à louer Dieu. Elle substituera à ce terme échappé d’un monde meilleur un autre cri qui proclame aussi la louange : Laus tibi, Domine, Rex œternœ gloriœ! Louange à vous, Seigneur, Roi de l’éternelle gloire! Mais ce dernier cri part de la terre, tandis que l’autre est descendu du Ciel.
« L’Alléluia, dit le pieux Rupert, est comme une goutte de la joie suprême dont tressaillit la Jérusalem supérieure. Les Patriarches et les Prophètes le portèrent au fond de leur âme ; l’Esprit-Saint le produisit avec plus de plénitude sur les lèvres des Apôtres. Il signifie l’éternel festin des Anges et des âmes bienheureuses, qui consiste à louer Dieu sans cesse, à contempler sans fin la face du Seigneur, à chanter sans jamais se lasser des merveilles toujours nouvelles. L’indigence de notre vie actuelle n’arrive pas à goûter ce festin ; la perfection en cette vie est d’y prendre part au moyen des joies de l’espérance, d’en avoir faim, d’en avoir soif. C’est pour cela que ce mot mystérieux Alléluia n’a pas été traduit, et qu’il est resté en hébreu, comme pour signifier, plutôt qu’il ne la saurait exprimer, une allégresse trop étrangère à notre vie présente » (De divinis officiis. Lib. I, cap. 35). 

   Durant ces jours où il nous faut sentir la dureté de notre exil, sous peine d’être laissés comme transfuges au sein de la perfide Babylone, il importait que nous fussions prémunis contre les entraînements du dangereux  séjour  où se passe notre captivité. Voilà pourquoi l’Eglise, prenant pitié de nos illusions et de nos périls, nous donne un si solennel avertissement. Elle nous dit,  en nous enlevant le cri de l’allégresse, que nos lèvres ont besoin d’être purifiées avant d’être admises à prononcer de nouveau la parole des Anges et des Saints ; que nos cœurs, souillés par le péché et par l’amour des biens terrestres, doivent  être épurés par le repentir. Elle va dérouler sous nos yeux le triste spectacle de la chute de notre premier père, évènement lamentable d’où sont sortis tous  nos malheurs, avec la nécessité d’une rédemption. Elle pleure sur nous, cette Mère tendre, et elle veut que nous nous affligions avec elle.

   Acceptons donc la loi qui nous est faite ; et si déjà les joies pieuses sont suspendues pour nous, comprenons qu’il est temps de faire trêve avec les frivolités du monde. Mais, avant tout, écartons-nous du péché : assez longtemps il a régné en nous. Le Christ approche avec sa croix ; il vient tout réparer par le fruit surabondant de son Sacrifice. Nous ne voulons pas, sans doute, que son sang tombe inutilement sur nos âmes, comme la rosée du matin sur les sables encore tièdes du désert. Confessons d’un cœur humble que nous sommes pécheurs, et, semblables au publicain de l’Evangile qui n’osait lever ses regards, reconnaissons qu’il est juste que l’on nous retire, au moins pendant quelques semaines, ces chants auxquels notre bouche coupable s’était trop familiarisée, ces sentiments d’une confiance trop présomptueuse qui combattaient dans nos cœurs la sainte crainte de Dieu.

   L’insouciance pour les formes liturgiques, qui est l’indice le plus sensible de l’affaiblissement de la foi dans une chrétienté, et qui règne si universellement autour de nous, est cause que beaucoup de chrétiens, de ceux même qui fréquentent l’Eglise et les Sacrements, voient chaque année, sans en être émus, cette suspension de l’Alléluia. C’est à peine si plusieurs d’entre eux y donnent une attention légère et distraite, préoccupés qu’ils sont des habitudes d’une piété toute privée et en dehors de la pensée de l’Eglise. Si ces lignes leur tombent quelque jour sous les yeux, nous les engageons à réfléchir sur la souveraine autorité et sur la profonde sagesse de notre Mère commune, qui considère la suspension de l’Alléluia comme l’un des incidents les plus graves et les plus solennels de l’Année liturgique. Peut-être leur sera-t-il avantageux d’écouter un moment les accents si touchants que l’interruption forcée du cri céleste arrachait à la piété de nos pères, à l’époque où la foi chrétienne était encore la loi suprême des individus comme des sociétés.

   Les adieux à l’Alléluia dans les diverses Eglises, au Moyen-Age, étaient empreints, comme on va le voir, de sentiments divers selon les lieux. On profitait de la circonstance pour exprimer tout ce que cette parole céleste inspirait de tendresse ou d’enthousiasme ; d’autres fois, le regret des fidèles pour le céleste compagnon de leurs prières s’épanchait en accents plus tristes.

   Nous commencerons par nos vieilles Eglises de l’âge carolingien, et nous produirons d’abord ces adieux d’une familiarité naïve, par lesquels nos pères du IX° siècle se séparaient de l’Alléluia, en annonçant toutefois l’espérance de le revoir, quand la victoire du Christ aurait ramené la sérénité au ciel  de la sainte Eglise. Nous empruntons  les deux Antiennes qui suivent, et dont l’origine paraît être romaine, à l’Antiphonaire de Saint-Corneille de Compiègne, publié par dom Denys de Sainte-Marthe.

Ant.  Que le bon Ange du Seigneur t’accompagne, Alleluia ; qu’il rende ton voyage prospère, afin que tu reviennes avec nous dans la joie, Alleluia, Alleluia.

Ant. Alleluia, reste encore avec nous aujourd’hui ; demain, tu partiras, Alleluia ; et quand le jour se lèvera, tu te mettras en route, Alleluia, Alleluia, Alleluia.

   Voici maintenant les chants par lesquels l’Eglise gothique d’Espagne saluait l’Alléluia, à la veille du jour où il devait cesser. Nous prenons seulement les principaux traits d’un ensemble liturgique qui forme, pour ainsi dire, un Office entier :

Hymne :

   Habitants du ciel, faites résonner l’Alléluia dans vos sacrés cantiques ; d’un concert unanime chantez l’Alléluia éternel.
Vous qui vivez au sein de la lumière qui ne s’éteindra jamais, dans vos chœurs mélodieux, chantez avec ardeur l’Alléluia éternel.
Remontez vers cette heureuse cité de Dieu qui va vous recevoir, et qui, retentissante de cantiques joyeux, répète l’Alléluia éternel.
Dans votre victoire, prenez possession des honneurs de la patrie céleste, où il vous appartient de chanter l’Alléluia éternel.
C’est là que des voix augustes font résonner à jamais, à la gloire du grand Roi , le cantique joyeux, l’Alléluia éternel.
Repos après le labeur, nourriture, breuvage, il fait les délices de ceux qui rentrent dans la patrie, il les enivre à longs traits, l’Alléluia éternel.
Nous aussi, Auteur des êtres, nous célébrons dans nos cantiques mélodieux, nous chantons à votre louange l’Alléluia éternel.
Christ tout-puissant, nos voix te glorifient, et nous disons à ta gloire l’Alléluia éternel. Amen.

A son heureux retour, jubilez d’allégresse ; rendez au Seigneur le tribut de gloire et de mélodie, l’Alléluia éternel.

Capitule : L’Alléluia est du ciel, et il est de la terre ; au ciel il dure toujours, mais sur la terre il peut être chanté. Au ciel, il retentit sans interruption ; sur la terre, il trouve du moins des bouches fidèles. Au ciel, il éclate à jamais ; ici-bas, il n’est pas sans douceur. Au ciel, il exprime l’enthousiasme du bonheur ; sur la terre, il exprime la concorde. Au ciel, il est ineffable ; ici-bas, on le répète avec instance. Au ciel, il n’a pas besoin de syllabes ; sur la terre, il lui faut encore le secours de nos faibles mélodies. Au ciel, il est chanté par les Anges ; ici-bas, par les peuples. Ce ne fut pas seulement au ciel, mais sur la terre, que les bienheureux le chantèrent à la naissances du Christ Seigneur, lorsqu’il annoncèrent la gloire à Dieu, au plus haut des cieux, et la paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Faites donc, Seigneur, que par nos actes nous méritions d’être réunis dans la vie bienheureuse à ceux dont nous cherchons à imiter l’office, en répétant vos louanges.

Ant. Tu nous quittes, Alléluia. Ton voyage sera heureux, Alléluia : tu reviendras à nous avec allégresse, Alléluia. liste porteront sur leurs bras, afin que ton pied ne heurte pas contre la pierre, et  tu reviendras à nous avec allégresse, Alléluia.

Bénédiction :
Que l’Alléluia, parole religieuse et pleine d’allégresse, soit proféré, à la louange de Dieu, par la bouche de tous les peuples.
R/. Amen.

Qu’elle soit mélodieuse dans la bouche des croyants, cette parole qui dans les concerts des Anges exprime la gloire.
R/. Amen.

Les citoyens de l’éternité la font retentir sans le secours d’une harmonie matérielle ; que dans vos cœurs elle fructifie à l’aide d’un sentiment d’amour toujours croissant.
R/. Amen.

Que le bon Ange du Seigneur t’accompagne, Alléluia : qu’il te prépare un voyage heureux, et tu reviendras à nous avec allégresse, Alléluia.

   Les Eglises d’Allemagne, au moyen âge, formulèrent les adieux à l’Alleluia, dans cette magnifique Prose que l’on trouve dans leurs Missels jusqu’au XVe siècle.

Séquence :

   Chantons tous Alléluia. A la louange du Roi éternel, que le peuple fasse retentir Alléluia.
Que les chœurs célestes chantent dans les hauteurs du ciel Alléluia.
Que le concert des bienheureux, dans les jardins du Paradis, exécute l’Alléluia.
Que les sphères éclatantes des cieux jubilent en proclamant dans les hauteurs l’Alléluia.
Que les nuées dans leur cours, les vents dans leur vol rapide, les éclairs dans leur marche étincelante, les tonnerres dans leur fracas, s’unissent pour rendre la douceur de l’Alléluia.
Flots et ondes, pluies et orages, tempêtes et sérénité, ardeurs et froidure, neiges, frimas, bois et forêts, célébrez l’Alléluia.
Et vous, race si variée des oiseaux , louez votre créateur avec mélodie par l’Alléluia.
La grande voix des animaux terrestres s’unira pour répondre Alléluia.
Puis, les sommets des montagnes renverront à leur tour Alléluia.
Et la profondeur des vallées répétera en tressaillant Alléluia.
Toi aussi, abîme des mers, jubile, et dis à ton tour Alléluia.
Et que l’immensité des espaces terrestres pousse ce cri : Alléluia.
Genre humain tout entier, fais entendre avec transport le chant de la louange, Alléluia.
Et rends au Créateur tes actions de grâces, en répétant sans cesse : Alléluia.
Ton Créateur se complaît à entendre éternellement cette parole : Alléluia.
Le Christ aussi accepte ce chant céleste : Alléluia.
Maintenant donc, frères, chantez dans l’allégresse : Alléluia.
Et vous, enfants, répondez toujours : Alléluia.
Chantez tous ensemble, chantez au Seigneur : Alléluia ; au Christ : Alléluia ; à l’Esprit-Saint : Alléluia.
Louange soit à l’éternelle Trinité qui parut avec gloire au baptême du Seigneur : chantons-lui : Alléluia.

   Nos Eglises de France, au XIII° siècle, et longtemps encore après, chantaient, aux Vêpres du samedi de Septuagésime, l’Hymne touchante que nous donnons ci-dessous.

Hymne :

   Alléluia est un chant de douceur, une voix d’allégresse éternelle ; Alléluia est le cantique mélodieux que les chœurs célestes font retentir à jamais, dans la maison de Dieu

   Alléluia! Céleste Jérusalem, heureuse mère, patrie où nous avons droit de cité ; Alléluia! c’est le cri de tes fortunés habitants ; pour nous, exilés sur les rives des fleuves de Babylone, nous n’avons plus que des larmes.

   Alléluia! Nous ne sommes pas dignes de le chanter toujours. Alléluia! Nos péchés nous obligent à le suspendre ; voici le temps que nous devons employer à pleurer nos crimes.

   Recevez donc, ô heureuse Trinité , ce cantique par lequel nous vous supplions de nous faire assister un jour à votre Pâque céleste, où nous chanterons à votre gloire, au sein de la félicité, l’éternel Alléluia. Amen.

   Dans la Liturgie actuelle, les adieux à l’Alléluia sont plus simples ; l’Eglise se contente de répéter quatre fois cette mystérieuse parole, à la fin des Vêpres du Samedi.

V/. Bénissons le Seigneur, Alléluia, Alléluia.
R/. Rendons grâces  à Dieu, Alléluia, Alléluia.

   Désormais, à partir des Complies qui vont suivre, nous n’entendrons plus ce chant du Ciel, jusqu’à l’heure où le cri de la Résurrection éclatera sur la terre. »

Chasuble violette du Mesnil-Marie (détail)

Publié dans:De liturgia, Lectures & relectures |on 26 janvier, 2013 |7 Commentaires »

2013-11. « Le monde a-t-il jamais joui d’une félicité durable ? »

Sermon de
notre glorieux Père Saint Augustin

sur
les tribulations et les misères de ce monde.

2013-11. « Le monde a-t-il jamais joui d'une félicité durable ? » dans De liturgia sandro-boticelli-st-augustin-dans-sa-cellule

Boticelli : Saint Augustin dans sa cellule

Dans l’esprit du magnifique temps de la Septuagésime (pour ce qui concerne ce temps liturgique voir ici > www), voici un court sermon de notre glorieux Père Saint Augustin bien propre à favoriser notre réflexion sur notre condition terrestre, sur ces vicissitudes, mais aussi sur le recul qu’il nous est indispensable d’acquérir par rapport aux évènements et tribulations d’ici-bas (nota : les divisions et les résumés des diverses parties que nous avons intercalés sont de notre fait). 

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§ 1. Notre époque n’est pas plus mauvaise que les précédentes : les siècles passés n’apparaissent bon qu’à ceux qui n’y ont pas vécu. C’est en raison du péché que le genre humain, à tous les âges, est soumis à des tribulations diverses.

Toutes les fois que nous éprouvons quelque tribulation ou quelque misère, nous devons y voir un avertissement et une correction. Nos Saints Livres eux-mêmes, en effet, ne nous promettent pas la paix, la sécurité et le repos : ils nous annoncent, au contraire, des tribulations, des misères et des scandales. L’Evangile ne s’en tait pas : « Mais », dit-il, « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » (Matth. X, 22). De quel bonheur l’homme a-t-il joui en cette vie, depuis le moment où notre premier père nous a mérité la mort et a reçu la malédiction de Dieu, malédiction dont le Christ Seigneur nous a délivrés? « Mes frères », dit l’Apôtre, « ne murmurez pas, comme quelques uns d’entre eux ont murmuré et ont trouvé la mort dans la morsure des serpents » (I Cor. X, 10). Aujourd’hui, mes frères, le genre humain est-il soumis à des épreuves inconnues jusqu’à nos jours, et que nos pères n’aient pas subies avant nous? Ou plutôt, souffrons-nous seulement ce que, au dire de l’histoire, ils ont souffert en leur temps? Et tu rencontres des hommes qui murmurent de l’époque actuelle! Quand est-ce que nos aïeux ont eu à se louer entièrement de leur existence? Hé quoi? Si l’on pouvait faire remonter ces hommes au temps de leurs pères, ils murmureraient encore. Parmi les siècles passés, lequel, à ton avis, a été bon? Ils t’apparaissent bons, parce que tu n’y as pas vécu. Aujourd’hui, pourtant, tu as échappé à la malédiction, tu crois au Fils de Dieu, tu es imbu et instruit de la doctrine renfermée dans nos Saints Livres. Je m’étonne de te voir supposer qu’Adam ait passé une vie paisible : or, tes parents n’ont-ils pas hérité d’Adam? C’est bien à lui que Dieu a adressé ces paroles : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ; tu travailleras la terre d’où tu as été tiré, et elle te produira des ronces et des épines » (Gen. III, 18-19). Il a mérité cette punition, il l’a reçue et cela a été l’effet du juste jugement de Dieu.

* * * * *

§ 2. Exemples tirés de la Sainte Ecriture prouvant la dureté des temps passés : les tribulations actuelles ne doivent donc pas nous entraîner à murmurer contre les dispositions de la Providence.

Pourquoi donc t’imaginer que les temps anciens ont été meilleurs que le temps présent? Depuis le premier Adam jusqu’à l’Adam d’aujourd’hui, il y a eu travail et sueurs, ronces et épines. Il y a eu le déluge, des moments difficiles, des années de famine et de guerre, les annales de l’histoire en font mention ; nous ne devons donc point prendre occasion des jours actuels, pour murmurer contre Dieu. Nos ancêtres ont vu jadis, et il y a de cela bien longtemps, de bien tristes choses : alors se vendait à poids d’or la tête d’un âne mort (IV Rois II, 25) ; on achetait à prix d’argent la fiente de pigeons (ibid.) ; on vit même des femmes s’engager mutuellement à faire mourir leurs enfants pour les manger (IV Rois VI, 28) : lorsqu’elles furent arrivées à bout du premier, la mère du second ne consentit point à tuer le sien : la cause fut donc portée au tribunal du roi, et celui-ci se reconnut plutôt comme coupable que comme juge. Mais à quoi bon rappeler les guerres et la famine de ce temps-là? Qu’elles ont été terribles, les calamités d’alors! A en entendre le récit, à le lire, nous frémissons tous d’horreur. En réalité, n’est-ce point pour nous un motif de remercier Dieu, au lieu de nous plaindre de l’époque où nous vivons?

* * * * *

§ 3. Tribulations et inquiétudes sont inhérentes à notre condition terrestre.

Quand le genre humain s’est-il trouvé à l’aise? En quel temps n’a-t-on pas vu régner la crainte et la douleur? Le monde a-t-il jamais joui d’une félicité durable? De trop vieilles misères n’ont-elles pas toujours été son partage? Si tu ne possèdes pas, tu brûles d’acquérir ; et si tu possèdes, ne crains-tu point de perdre? Et ce qu’il y a en cela de plus malheureux, c’est qu’en dépit de tes désirs et de tes craintes, tu te trouves bien. Tu vas épouser une femme : qu’elle soit mauvaise, elle fera ton supplice ; qu’elle soit bonne, tu auras une peur incessante de la voir mourir. Avant de naître, les enfants sont une source de douleurs atroces ; ils n’inspirent que des inquiétudes, une fois qu’ils sont nés. Qu’on est heureux à la naissance d’un enfant, et, toutefois, comme on redoute de le voir mourir et de le pleurer! Où rencontrer une existence à l’abri du malheur? La terre que nous habitons ne ressemble-t-elle pas à un immense navire? Ne sommes-nous pas, comme des nautonniers, ballottés au gré des flots, sans cesse exposés à perdre la vie, toujours battus par l’orage et la tempête, à chaque instant menacés du naufrage, et soupirant ardemment après le port ; car ils ne sentent que trop qu’ils sont des passagers? Par conséquent, peut-on vraiment appeler bons des jours remplis d’incertitude, qui passent avec la rapidité de l’éclair, dont on peut dire qu’ils ont fini avant de commencer, et qu’ils ne viennent qu’afin de cesser d’être?

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§ 4. Les seuls jours qui seront véritablement bons seront ceux de l’éternité : vivons donc saintement pour mériter d’y prendre part.

Donc, « où est l’homme qui souhaite vivre et désire voir des jours heureux?» (Ps. XXXIII, 13). Pour ce bas monde, il n’y a, à vrai dire, ni vie, ni jours heureux. Les seuls jours de bonheur sont ceux de l’éternité. Ce sont des jours, et des jours sans fin ; le Prophète l’a dit : « J’habiterai pendant toute la durée des jours éternels (Ps. XXII, 9), parce qu’un jour passé dans votre demeure vaut mieux que mille jours » (Ps. LXXXIII, 10). Oui, un jour sans fin est préférable à tous les autres. Voilà ce qu’il nous faut désirer : voilà ce qui nous est promis en termes ordinaires et se réalisera d’une manière ineffable. « Où est l’homme qui souhaite vivre? » On dit tous les jours : Vie et vie ; mais pour celle-ci, de quoi s’agit-il? « Et désire voir des jours heureux? » Tous les jours, on parle même d’heureux jours ; et, si on les examine de près, il n’y en a plus. Tu as aujourd’hui passé une bonne journée, si tu as rencontré ton ami, et si cet ami consentait à rester avec toi, quelle bonne journée tu passerais! Après avoir rencontré son ami, l’homme ne se plaint-il pas d’avoir dû le quitter? Voilà comme est bon, pour toi, le jour qui te quitte après t’avoir visité. J’ai passé de bonnes heures : où sont-elles? Ramène-les-moi. J’ai passé un moment agréable : tu t’en réjouis ; plains-toi plutôt de ce qu’il n’est plus. « Quel est l’homme qui souhaite vivre et désire voir des jours heureux? » Et tous de s’écrier : « Moi ! » Mais ce ne sera qu’après cette vie, après les jours présents. Il nous faut donc attendre ; mais que nous recommande-t-on de faire pour parvenir à ce que l’avenir seul peut nous procurer? Que ferai-je dans cette vie telle quelle, pour arriver à la vie et voir des jours heureux? Ce que dit ensuite le Psalmiste : « Préserve ta langue de la calomnie et tes lèvres des discours artificieux ; éloigne-toi du mal et pratique le bien » (Ps. XXXIII, 14-15). Fais ce qui est commandé, et tu recevras ce qui est promis. S’il y a des efforts à t’imposer et que tu aies peur de la peine, que, du moins, l’éclat de la récompense te ranime!

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2013-7. La bénédiction des animaux pour la fête de Saint Antoine le Grand.

17 janvier,
fête de Saint Antoine le Grand, père de tous les moines d’Orient et d’Occident (cf. > ici, et > ici) ;
Mémoire de Sainte Roseline de Villeneuve (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Théodose 1er le Grand, empereur (cf. > ici) ;
Anniversaire de l’apparition de Notre-Dame à Pontmain (cf. > ici).

2013-7. La bénédiction des animaux pour la fête de Saint Antoine le Grand. dans Chronique de Lully saint-antoine-le-grand

       Saint Antoine le Grand – appelé encore Saint Antoine d’Egypte, Saint Antoine du désert ou Saint Antoine abbé – est en vénération particulière en notre Mesnil-Marie : sa fête liturgique est célébrée ce 17 janvier et nous honorons en lui « le père de tous les moines », mais aussi l’un des célestes protecteurs des animaux.
On lira, ou relira, avec profit sa biographie écrite par Saint Athanase d’Alexandrie (cf. > ici).

   J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de Sainte Gertrude de Nivelles, la céleste protectrice des chats (cf. > ici), et l’on sait qu’on invoque spécialement Saint Ambroise de Milan pour la protection des abeilles, Saint Eloi – et parfois aussi Saint Martin – pour celle des chevaux – , Saint Jean-Baptiste pour les agneaux, Saint Roch pour les chiens… etc.

   Je sais bien que certains prêtres de nos jours – dans leur pseudo intellectualisme moderniste – regardent cela comme de la superstition et s’en moquent, mais ce n’est point là l’esprit de notre Mère la Sainte Eglise qui considère que Dieu n’a de mépris pour aucune de Ses créatures, et dont le rituel, depuis des siècles, renferme de précieuses bénédictions en faveur des animaux ; elle sait bien, en effet, que Dieu les a créés pour Sa gloire ainsi que pour le service et la consolation des hommes. Par cette bénédiction, elle ouvre des trésors de grâce pour que toute la création soit rendue à son Créateur et soit protégée du mal.
Et puis, il n’y a qu’à voir aussi à quel point les animaux de toutes sortes sont présents dans la vie des saints : je vous renvoie à la belle histoire écrite par Frère Maximilien-Marie et intitulée « Des Saints et des animaux » (cf.> ici et suivants car il y a quatre parties), dans laquelle sont justement évoqués nombre d’épisodes de l’hagiographie relatifs aux animaux.

   Bref, le Rituale Romanum contient donc, pour la fête de Saint Antoine le Grand, une bénédiction particulière « pour les chevaux ou pour tous les autres animaux » ; vous en trouverez le texte et sa traduction ci-dessous.
En France, cette bénédiction est – malheureusement! – assez peu pratiquée dans les paroisses, alors que la plupart des abbayes ou monastères qui possèdent des animaux en ont gardé l’usage.

   Frère Maximilien-Marie m’a raconté que, pendant les années où il a été si charitablement accueilli au Village d’Enfants de Riaumont et où il a rendu quelques services à cette belle oeuvre d’éducation et de protection de la jeunesse, en attendant de pouvoir fonder le Refuge Notre-Dame de Compassion, cette bénédiction se faisait au cours d’une procession à laquelle participaient, avec les moines, les enfants et adolescents de Riaumont : la procession se rendait jusqu’à la petite ferme, et la bénédiction de Dieu était invoquée sur les volailles de la basse-cour, sur les pigeons, les lapins, les chèvres, les porcs et les chevaux… 
Il se souvient très spécialement d’une scène très touchante : alors que le Révérend Père Argouarc’h, revêtu de la chape, était en train de lire les oraisons de la bénédiction, la jument s’est approchée de lui par derrière et a posé très tendrement sa tête sur l’épaule du prêtre, donnant tout à la fois l’impression de lui montrer sa reconnaissance et de lire avec lui dans le rituel !

   En Espagne et en Italie, cette bénédiction est restée très populaire. A Rome même, l’église des Saints Antoine et Eusèbe, près de la basilique de Sainte Marie-Majeure, connaît le 17 janvier (ainsi que le dimanche qui en est le plus proche) une affluence particulière. 
L’agence d’information internationale au service du Saint-Siège, Zenit, en rendait compte en ces termes pour l’année 2006 :

    »L’église était envahie par la foule des grandes fêtes, toutes générations confondues : les plus âgés et leurs fidèles compagnons à quatre pattes, dans les bras ou au pied, les enfants avec un lapin ou des perruches, les jeunes couples avec poussette fièrement gardée par un tendre molosse, les ados avec un, parfois deux, parfois trois chiens.
Au pied d’une Pietà illuminée, une boule de poils noirs, un chiot de Terre-Neuve plongé dans un sommeil réparateur, qui, inspecté par tous ses congénères qui passaient, n’a pas un instant ouvert l’œil pour autant. 
Qui aurait imaginé pouvoir réunir pendant une heure tant d’animaux sans provoquer quelque salissure ou une bagarre violente, sans que la liturgie n’en souffre et que les fidèles ne se distraient de l’action liturgique?
Pendant l’homélie, le prêtre n’a dû répéter qu’un seul passage, couvert inopinément par un aboiement. Il expliquait que Dieu est « présent partout, parfois même là où nous ne l’attendons pas ». Il ne parlait pas à ce moment-là des animaux : « même dans nos ennemis », disait-il. « Je répète, parce qu’on n’a peut-être pas bien entendu, reprenait le célébrant avec humour, après l’aboiement intempestif, « même dans nos ennemis ». (…) Pour chant final, de tous les cœurs a jailli le Cantique des Créatures de saint François d’Assise. (…) 
A la fin de la messe, une bénédiction générale a eu lieu sur le parvis de l’église, prière publique en présence de membres de la Garde des finances à cheval, des Carabiniers à cheval et de l’unité cynophile de la Protection Civile, rappelant les services rendus à la sécurité de nos villes par des chiens, parfois découverts dans les refuges et choisis pour leurs qualités spéciales. (…)
Puis le diacre a descendu la volée d’escaliers, goupillon en main, passant au milieu de cette foule joyeuse pour donner une bénédiction individuelle : eau bénite sur le museau ou sur le bec. Beaucoup de voisins qui ne se connaissaient que comme « maître de chien » avaient la joie de se reconnaître plus profondément comme chrétiens.
Ainsi, l’Eglise de Rome n’a pas renoncé à cette tradition antique qui est aussi dans l’esprit de saint François d’Assise, patron de l’Italie, un moyen d’évangéliser – car certaines personnes ont cessé d’aller à la messe, mais ne manquent pas cette fête célébrée dès l’enfance – une occasion de rendre grâce pour le don de la Création, et finalement de redonner « à Dieu ce qui est à Dieu ».

   En 2012 encore, Zenit annonçait cette Messe et cette bénédiction, ajoutant en outre que Monsieur le cardinal Angelo Comastri, archiprêtre de la Basilique Vaticane et Vicaire de Sa Sainteté pour la Cité du Vatican, irait lui-même bénir les animaux de ferme rassemblés sur la piazza Pio XII (juste devant la place Saint-Pierre) pour l’exposition organisée par l’Association Italienne des Eleveurs. J’ai alors relevé cette phrase : « La Nouvelle évangélisation passe aussi par la gratitude envers le Créateur pour sa générosité dans toutes les bestioles dont parle la Genèse ».

   En lisant ces articles, je ne pouvais m’empêcher de penser que si, en France, la Garde républicaine et les unités cynophyles de la police venaient à l’église pour y faire bénir leurs chevaux et leurs chiens, les sectes qui tiennent aujourd’hui dans leurs griffes les structures et les hommes de l’Etat comme des médias déchaîneraient une fois de plus leur haine anti-chrétienne et y verraient quelque gravissime atteinte à la laïcité, tant leur orgueil les rend… bêtes.
Je trouve d’ailleurs regrettable que, en Français, ce soit un même mot qui, prit substantivement désigne l’animal, lequel est doté d’une intelligence propre « selon son espèce » (cf. Gen. I, 20-25), et qui, employé comme adjectif, désigne un homme dépourvu de bon sens, sans intelligence, obtus et éloigné de la juste compréhension des choses…
Nous autres, animaux, n’avons de « bêtes » que le nom (cf. aussi ce que j’ai écrit > ici) et la Sainte Eglise nous prodigue d’affectueuses bénédictions, tandis que pour nombre de ces « bêtes » à deux pattes, qui se croient très intelligentes, il serait plus judicieux de les orienter vers le sacrement de pénitence, et même parfois vers le ministère d’un exorciste !

patteschats 17 janvier dans De liturgiaLully.

benedictio-equorum-etc-001 animaux dans Nos amis les Saints

Traduction (par nos soins) :

Bénédiction des chevaux ou d’autres animaux :

V./ Notre secours est dans le Nom du Seigneur.
R./ Qui a fait le ciel et la terre.
V./ Le Seigneur soit avec vous.
R./ Et avec votre esprit.

   Prions :
O Dieu, notre refuge et notre force : montrez-vous favorable aux pieuses prières de votre Eglise, Vous qui êtes Vous-même l’auteur de sa piété, et accordez que ce que nous demandons avec foi, nous l’obtenions avec efficacité. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

R./ Ainsi soit-il!

   Prions :
Dieu tout puissant et éternel, qui avez fait aller sans dommage le glorieux Saint Antoine, éprouvé par des tentations variés, au milieu des troubles de ce monde, accordez à nous qui sommes Vos serviteurs de tirer profit de son illustre exemple et que par ses mérites et son intercession nous soyons libérés des périls de la vie présente. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

R./ Ainsi soit-il!

   Prions :
Que ces animaux reçoivent votre béné+diction, Seigneur : par elle qu’ils reçoivent la santé du corps et qu’ils soient libérés de tout mal par l’intercession du Bienheureux Antoine. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

R./ Ainsi soit-il!

Et ils sont aspergés avec l’eau bénite.

2013-3. De l’étoile des Mages.

5 janvier,
Vigile de l’Epiphanie ;
Mémoire de Saint Télesphore, pape et martyr ;
Mémoire de Saint Siméon le stylite, ermite et confesseur ;
Anniversaire de la naissance de Jacques Cathelineau (cf. > ici).

2013-3. De l'étoile des Mages. dans Chronique de Lully etoile

       Les poisons corrupteurs que le rationalisme instille jusqu’à l’intérieur de la Sainte Eglise voudraient porter les intelligences à trouver des explications naturelles aux miracles.
Mais la définition d’un miracle, c’est d’être justement un fait positif, extraordinaire, hors des lois de la nature, produit directement par Dieu en vue de susciter ou de faire croître la foi.

   La fameuse « étoile » des Mages n’était pas une comète et n’avait rien à voir avec les inventions de Kepler et de quelques autres astronomes ; elle n’appartient pas au domaine des observations scientifiques et ne peut être comprise d’une manière humaine.
Selon l’enseignement de la Tradition, cette « étoile » était une lumière surnaturelle, provoquée par Dieu et conduite par un ange : elle n’avait rien de naturel, mais elle était véritablement miraculeuse.
D’ailleurs, si elle eût été naturelle, des savants versés dans la connaissance des astres n’y eussent point vu un signe divin marquant l’accomplissement des prophéties!
Ainsi, ceux qui veulent déterminer la date de la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ en se basant sur le passage cyclique d’une comète, sur l’observation d’une super nova ou sur un alignement récurrent de planètes sont dans l’erreur la plus grossière.

   Voici quelques extraits d’une homélie de Saint Jean Chrysostome dans laquelle il a justement commenté et expliqué le caractère miraculeux de cette « étoile » dont l’observation mit les Saints Mages en route et qui les conduisit jusqu’à l’Enfant Jésus.

enfant-jesus-etoile 6 janvier dans Commentaires d'actualité & humeurs

« Cette étoile n’était pas une étoile ordinaire ».

Extraits de la sixième homélie de Saint Jean Chrysostome
sur l’Evangile de Saint Matthieu :

etoile Epiphanie dans De liturgia

       «(…) Pour juger que cette étoile n’était pas une étoile ordinaire, ni même une étoile, mais une vertu invisible, qui se cachait sous cette forme extérieure, il ne faut que considérer quel était son cours et son mouvement. Il n’y a pas un astre, pas un seul, qui suive la même direction que celui-ci. Le soleil et la lune et toutes les planètes et les étoiles, vont de l’Orient à l’Occident ; au lieu que cette étoile allait du Septentrion au Midi, selon la situation de la Palestine à l’égard de la Perse.

   On peut prouver encore la même chose par le temps où cette étoile paraît. Car elle ne brille pas la nuit comme les autres, mais au milieu du jour et en plein midi, ce que ne peuvent faire les autres étoiles, ni la lune même, qui, bien que plus éclatante que les autres astres, disparaît néanmoins aussitôt que le soleil commence à paraître. Cependant cette étoile avait un éclat qui surpassait celui du soleil, et jetait une clarté plus vive et plus brillante.

   La troisième preuve qui fait voir que cette étoile n’était point ordinaire, c’est qu’elle paraît et se cache ensuite. Elle guida les mages tout le long de la route jusqu’en Palestine. Aussitôt qu’ils entrent à Jérusalem elle se cache ; et quand ils ont quitté Hérode après lui avoir fait connaître l’objet de leur voyage, et qu’ils continuent leur chemin, elle se remontre encore, ce qui ne peut être l’effet d’un astre ordinaire, mais seulement d’une vertu vivante et surtout intelligente. Car elle n’avait point comme les autres un mouvement fixe et invariable. Elle allait quand il fallait aller ; elle s’arrêtait quand il fallait s’arrêter, modifiant, suivant les convenances, sa marche et son état, à l’exemple de cette colonne de feu qui paraissait devant les Israëlites, et qui faisait ou marcher ou arrêter l’armée lorsqu’il le fallait.

   La même chose se prouve en quatrième, lieu par les indications que donnait cette étoile. Elle n’était point au haut du ciel, lorsqu’elle marqua aux mages le lieu où ils devaient aller, puisqu’elle n’aurait pu le leur faire reconnaître de cette manière ; mais elle descendit pour cela dans la plus basse région de l’air. Car vous jugez bien qu’une étoile n’eût pas pu marquer une cabane étroite, le point précis occupé par le corps d’un enfant. Non, à une si grande hauteur, elle n’aurait pu désigner, indiquer exactement un si petit objet aux regards. Considérez la lune, ses dimensions sont bien autres que celle des étoiles, et cependant tous les habitants de la terre, de quelque point de cette vaste étendue qu’ils la regardent, l’aperçoivent toujours près d’eux. Comment donc, dites-le moi, une simple étoile aurait-elle indiqué des objets aussi petits, que le sont une grotte et une crèche autrement qu’en descendant de ces hauteurs du ciel, pour venir s’arrêter en quelque sorte sur la tête même de l’enfant? C’est ce que l’évangéliste marque un peu après par ces paroles : « L’étoile qu’ils avaient vue en Orient commença d’aller devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était l’enfant, elle s’y arrêta ». Vous voyez donc par combien de preuves l’Evangile montre que cette étoile n’était pas une étoile ordinaire, et que ce n’était point par les règles de l’astrologie qu’elle découvrait cet enfant aux mages.

   (…)  Vous me demanderez peut- être pourquoi Dieu se sert de cette étoile pour attirer les mages à lui. Mais de quel autre moyen aurait-il dû se servir? Devait-il leur envoyer des prophètes? Les mages ne les eussent jamais reçus. Leur devait-il parler du Ciel? Ils ne l’eussent point écouté. Leur devait-il envoyer un ange? Ils l’auraient aussi négligé. C’est pourquoi, laissant de côté tous ces moyens extraordinaires, il les appelle par des choses qui leur étaient communes et familières ; et, usant ainsi d’une admirable condescendance pour s’accommoder à leur faiblesse, il fait luire sur eux un grand astre, très différent de tous les autres, afin de les frapper par sa grandeur, par sa beauté et par la nouveauté de son mouvement.

   (…) Il use donc de cette condescendance envers les mages, et il les appelle à lui par une étoile, afin de les faire passer ensuite à un état plus parfait et plus élevé. Mais après qu’il les a ainsi conduits comme par la main jusqu’à la crèche, il ne leur parle plus par une étoile, mais par un ange, parce qu’ils sont devenus plus parfaits et plus éclairés (…)»

giovanni-da-modena-lapparition-de-letoile-bologne

Giovanni da Modena : l’apparition de l’étoile aux Mages ; Bologne – église San Pietronio.

Etoiles

Prières et litanies en l’honneur de Sainte Geneviève.

       Le 3 janvier, nous célébrons avec une piété toute spéciale la fête de Sainte Geneviève, dont la geste est si étroitement associée à la naissance du Royaume des Lys.
Je me permets de vous renvoyer aux réflexions que j’écrivis en 2008 au sujet de la France, née de la rencontre de la royauté franque et du catholicisme au point qu’ils en sont les deux éléments ontologiques (cf. > ici).

   Vous trouverez ci-dessous quelques formules de prière en l’honneur et à la gloire de cette sainte exceptionnelle, à laquelle il nous faut plus que jamais recommander notre pays.

Prières et litanies en l'honneur de Sainte Geneviève. dans Chronique de Lully sainte-genevieve-gravure-xviiie-siecle

Très ancienne prière rimée à Sainte Geneviève
(trouvée dans un livre d’heures de 1531 – la graphie a seulement été modernisée) 

Vierge douce, vierge bénigne,
Vierge sainte, vierge très digne,
Vierge franche de France née,
Vierge de grâce enluminée,
Sainte Geneviève, ma Dame,
Par pitié mon corps et mon âme
Veuille de tous péchés défendre
Et en ta sainte garde prendre.

Jésus ton Epoux débonnaire
Me donne par Ta bonne prière
Humble coeur en prospérité,
Patience en adversité,
De mes péchés rémission
Et en bien confirmation:
Que jamais je ne puisse faire
Chose qui Lui puisse déplaire.

Et à mes parents et amis
Donne bonne vie et Paradis,
Les mauvais veuille convertir
Et les bons en paix maintenir,

Ainsi soit-il!

frise lys

« Souvenez-vous », en l’honneur de Sainte Geneviève
(prière réécrite par Frère Maximilien-Marie à partir d’un formulaire du XIXe siècle) 

   Souvenez-vous, ô très glorieuse Sainte Geneviève, de vos anciennes bontés pour le Royaume des Lys et n’abandonnez pas aujourd’hui votre France : souvenez-vous de votre amitié pour Sainte Clotilde et pour Clovis et de toutes ces grâces que depuis plus de quinze siècles vous n’avez cessé d’obtenir à notre pays et à la capitale dont vous êtes la céleste protectrice ; souvenez-vous de tous les bienfaits, de toutes les guérisons – physiques et spirituelles – , et de toutes les protections que vous avez généreusement accordés à tous ceux qui ont eu recours à votre puissante intercession…

   Sainte Geneviève, nous recourrons encore à vous ! Nous vous recommandons notre Eglise, notre pays et nos familles : nous vous prions pour la conservation de la Foi catholique, pour la conversion des pécheurs et pour la persévérance des justes ; nous vous invoquons pour le soulagement de nos malades et la consolation de ceux qui sont affligés ; nous vous supplions pour nous-mêmes et pour notre salut à tous ; nous vous implorons d’une manière toute spéciale pour ceux qui président aujourd’hui aux destinées de la France et nous vous demandons instamment de leur obtenir la grâce de revenir au Christ qui, seul, est Roi des Francs et à Sa Loi de sainteté et d’amour !

   Nous remettons avec confiance entre vos mains nos intérêts spirituels et temporels (on peut ici mentionner les grâces particulières que l’on sollicite), vous suppliant de vous faire notre avocate auprès de Dieu, de veiller toujours sur nous dans les maux qui nous menacent, et de nous obtenir tous les biens qui nous sont nécessaires pour vivre ici-bas en conformité avec la sainte volonté de Dieu.

   Sainte Geneviève, ne soyez pas insensible à nos prières, mais écoutez les favorablement, daignez les exaucer et nous bénir.

Ainsi soit-il.

frise lys

Prière pour demander la protection de Sainte Geneviève
sur sa ville de Paris :

   Sainte Geneviève, patronne de Paris, gardez de tout danger cette cité qui est vôtre, comme vous l’avez jadis protégée de l’invasion des hordes barbares.
Par vos prières, protégez encore cette ville – et le pays dont elle est la tête – des inondations, des tremblements de terre, de la famine, des épidémies, des attentats et de toute violence.
Eloignez du pays tout entier la guerre, l’invasion et la guerre civile !

   Ô sainte Geneviève, céleste protectrice de Paris, priez pour tous ceux qui souffrent dans cette ville ; priez pour les prisonniers et pour tous les malades : les malades du corps, les malades de l’esprit et les malades de l’âme.
Priez pour ceux qui sont sans travail, pour ceux qui sont sans abri, pour ceux qui peinent sous le poids de travaux trop lourds, pour ceux qui sont accablés de soucis et par l’inquiétude pour le lendemain ; priez pour tous ceux qui sont tentés par le désespoir…
Vous qui, par vos prières et par vos jeûnes, avez ramené de nombreux pécheurs dans la voie du salut, priez pour tous ceux qui errent hors des voies du salut, pour pour la conversion de tous les pauvres pécheurs qui, dans cette grande cité, ont fait de l’argent et de toutes sortes de vices les « dieux » auxquels ils sacrifient tout…

   Bénissez ceux qui sont dans la joie, ainsi que tous nos bienfaiteurs.
Appelez sur nous tous la bénédiction de Dieu, afin qu’Il protège nos familles, nos enfants, nos malades et nos vieillards ; qu’Il nous accorde de vivre en paix et sans péché, et de le glorifier tous les jours de notre vie!
Ô sainte Geneviève, nous vous le demandons encore, intercédez pour nous tous auprès de Dieu, afin qu’Il ait pitié de nous, qu’Il nous accorde le pardon de nos fautes, et qu’Il accueille nos prières avec bienveillance : g
ardez-nous forts et fidèles dans la Sainte Eglise du Christ, afin de chanter d’une seule voix et d’un seul cœur le Père, le Fils et le Saint-Esprit!

Ainsi soit-il!

sainte-genevieve 3 janvier dans De liturgia

Litanies de Sainte Geneviève 
(pour la récitation privée) 

Seigneur, ayez pitié de nous !
Seigneur, ayez pitié de nous !
Jésus-Christ, ayez pitié de nous !
Jésus-Christ, ayez pitié de nous !
Seigneur, ayez pitié de nous !
Seigneur, ayez pitié de nous !

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, sainte Vierge des Vierges, priez pour nous.

Sainte Geneviève, dès l’enfance comblée par Dieu, priez pour nous.
Sainte Geneviève, consacrée au Christ par saint Germain, priez pour nous.
Sainte Geneviève, docile au Saint-Esprit, priez pour nous.
Sainte Geneviève, au zèle intrépide pour la foi, priez…
Sainte Geneviève, héroïquement dévouée à l’Eglise, ppn.
Sainte Geneviève, modèle de vie vécue pour Dieu,
Sainte Geneviève, discrète auxiliaire du Clergé,
Sainte Geneviève, qui avez souffert pour votre vocation,
Sainte Geneviève, qui avez connu l’hostilité et l’abandon,
Sainte Geneviève, qui passiez des heures à prier,
Sainte Geneviève, dont les jeûnes et la prière sauvaient la Cité,
Sainte Geneviève, qui aviez pour les rois une exigeante amitié,
Sainte Geneviève, dont la sagesse éclairait les païens,
Sainte Geneviève, dont la prudence guidait les chefs,
Sainte Geneviève, dont la pureté triomphait des calomnies,
Sainte Geneviève, dont la force relevait les courages défaillants,
Sainte Geneviève, qui compatissiez aux souffrances des petits,
Sainte Geneviève, qui nourrissiez miraculeusement les miséreux,
Sainte Geneviève, qui réconciliez les pécheurs avec Dieu,
Sainte Geneviève, qui rameniez à l’Eglise les égarés,
Sainte Geneviève, qui lisiez dans les coeurs,
Sainte Geneviève, qui guérissiez les malades,
Sainte Geneviève, qui arrêtiez les inondations,
Sainte Geneviève, qui rétablissiez la paix entre les ennemis,
Sainte Geneviève, qui adoucissiez le sort des prisonniers,
Sainte Geneviève, qui chassiez les démons,
Sainte Geneviève, qui protégez notre patrie,
Sainte Geneviève, qui veillez sur Paris, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

V./ : Priez pour nous, ô Sainte Geneviève,
R./ : Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Prions :

Répandez sur nous, Seigneur, l’esprit de connaissance et de dilection dont vous avez rempli votre servante Geneviève, afin qu’attentifs à suivre son exemple, nous vous servions de tout notre coeur et vous plaisions par notre foi et par nos oeuvres. Nous vous le demandons par Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, qui vit et règne avec vous, dans l’unité du Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.

Ainsi soit-il.

frise lys

2012-92. Du temps qui passe et des principales activités des mois de novembre et décembre 2012 en notre Mesnil-Marie.

Lundi 31 décembre 2012,
fête de Saint Sylvestre 1er
et anniversaire de la mort de Saint Jean-François Régis (cf. > www)

2012-92. Du temps qui passe et des principales activités des mois de novembre et décembre 2012 en notre Mesnil-Marie. dans Chronique de Lully tempus-fugit

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

L’année civile s’achève. Dans quelques heures nous serons en 2013. Une nouvelle fois, le monde va s’étourdir dans ce qu’il appelle « la fête » et qui ne consiste bien souvent – hélas! – qu’en un déchaînement de passions et d’instincts pour le moins primaires…
Je comprends de moins en moins l’importance que l’on accorde à ce passage du 31 décembre au 1er janvier : le compte des jours et des années n’est finalement qu’un repère conventionnel, dont le but est uniquement pratique, et l’on sait que – selon les époques – l’année civile a été calculée avec d’autres dates de départ.

Je me suis replongé ce matin dans le Livre XI des Confessions de notre bienheureux Père Saint Augustin, dans lequel il interroge :
« Qu’est-ce donc que le temps? Qui pourra le dire clairement et en peu de mots? Qui pourra le saisir même par la pensée, pour traduire cette conception en paroles? Quoi de plus connu, quoi de plus familièrement présent à nos entretiens, que le temps? Et quand nous en parlons, nous concevons ce que nous disons ; et nous concevons ce qu’on nous dit quand on nous en parle.
Qu’est-ce donc que le temps? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Et pourtant j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé ; que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent. Or, ces deux temps, le passé et l’avenir, comment sont-ils, puisque le passé n’est plus, et que l’avenir n’est pas encore? Pour le présent, s’il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps ; il serait l’éternité. Si donc le présent, pour être temps, doit s’en aller en passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, qui ne peut être qu’à la condition de n’être plus? Et peut-on dire, en vérité, que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être pas?… »
(Saint Augustin, in « Confessions », Lib. XI, cap. XIV, § 17).

Je ne vais pas vous citer toute la suite de ce livre XI des Confessions, mais je ne puis que vous encourager à l’aller lire, relire et méditer, car on y trouve nombre d’éléments admirables afin justement de nous élever au-dessus de ce tourbillon dans lequel nous avons trop facilement tendance à nous laisser emporter sans réflexion.
En revanche je vous livrerai encore cette image de Saint Augustin relative à ce sujet :
« Il y a danger à se laisser entraîner par le courant des choses de ce temps ; mais l’on a vu apparaître comme un arbre, sur le bord de ce fleuve rapide : c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il a pris un corps, il est mort, ressuscité et monté au ciel, il a voulu se planter en quelque sorte sur les rives du fleuve des choses terrestres. Les eaux de ce fleuve te poussent vers l’abîme? Accroche-toi aux branches de cet arbre. L’amour du monde t’entraîne? Embrasse fortement le Christ ; il est devenu temporel pour toi, afin de te rendre éternel ; car il est devenu temporel, de manière à demeurer lui-même éternel. Il a pris quelque chose du temps, sans rien perdre de son éternité. Pour toi, tu es né dans le temps, le péché t’a rendu temporel ; tu es devenu temporel par l’effet de tes fautes ; et lui s’est fait tel en raison de sa miséricorde, afin de te les pardonner ».
(Saint Augustin, in « Traités sur l’épître de Saint Jean aux Parthes » : 2ème traité, §10).

houx-gif activités dans De liturgia

Comme je ne m’en suis pas acquitté précédemment, je profite de ce dernier jour de l’année civile pour vous résumer les principales activités de notre Mesnil-Marie au cours des mois de novembre et de décembre 2012, sans entrer dans le détail de la « vie ordinaire » qui se partage, vous le savez, en temps de prière et d’étude et qui est également bien occupé par toutes les taches ménagères et l’entretien de la maison et de ses abords.

Novembre :

Commencées par la fête de la Toussaint et la commémoraison solennelle de tous les fidèles trépassés, prolongées dans les jours qui ont suivi par la fête de tous les saints du diocèse de Viviers (je vous en parlerai un jour), puis par celle de tous les saints de la Famille Augustinienne et la mémoire de tous les défunts qui ont vécu sous la Règle de Saint Augustin, les célébrations de novembre 2012 se sont achevées avec la belle journée commémorative du vingtième anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Bryan Houghton, dont je vous ai déjà adressé le compte-rendu (cf. > www).
Sur le plan associatif, où il est très engagé, Frère Maximilien-Marie a été pris à plusieurs reprises par des réunions : bilans, préparations, prévisions, projets, assemblées générales…
Notre Frère a par ailleurs été très heureux de pouvoir se libérer un samedi tout entier pour participer à un stage de vannerie, proposé par le foyer rural d’un village voisin, et il est rentré le soir tout content de ses réalisations : un petit panier traditionnel et une mini-cloche à nourriture qui est très exactement adaptée à mon écuelle!

panier-et-cloche-a-nourriture-realises-par-frere-maximilien-300x206 année qui s'achève

(cliquer sur l’image pour la voir en plus grand)

Une autre chose qui a beaucoup réjouit Frère Maximilien-Marie a été l’arrivée, offert par un bienfaiteur du Rouergue, d’un chasublier (c’est-à-dire un meuble spécialement conçu pour le rangement des chasubles).
Des amis nous ont aidé à le monter, à la force des bras, jusqu’au Mesnil-Marie : il est d’abord resté dans la « salle Saint Joseph » (l’ancienne étable) où Frère Maximilien-Marie l’a nettoyé et traité contre les parasites ; puis notre ami Nicolas a réalisé une réparation sur l’un des pieds, en suite de quoi – grâce encore aux bras de nos voisins et amis aussi généreux que costauds – il a été monté au niveau de l’oratoire et Frère Maximilien-Marie, après en avoir très soigneusement tapissé de lin les tiroirs, a pu y ranger toutes les belles chasubles que nous possédons et qui, jusqu’alors, étaient suspendues dans une penderie.
Que soient publiquement et chaleureusement remerciés le donateur, les personnes qui nous ont aidé pour le transport et la réparation de ce meuble si utile!

Le 21 novembre a été marqué, outre la si belle fête de la Présentation de la Très Sainte Vierge au Temple, par la reprise des Veillées Culture & Patrimoine : en ce jour de fête mariale, Frère Maximilien-Marie avait choisi de parler des Vierges Noires du Vivarais. Je crois que son auditoire a été très intéressé.

Dans les derniers jours du mois – comme nous l’avions prévu depuis le début du mois de janvier précédent, en nous basant sur les méthodes ancestrales d’observation de la nature – , nous avons eu les premières chutes de neige. Je ne suis pas fan de cette matière froide et humide, mais je dois bien reconnaître toutefois que cela permet de faire de jolies photos!

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Le Mesnil-Marie sous la première neige
(cliquer sur la photo pour la voir en plus grand)

Décembre :

Le premier dimanche de l’Avent, 2 décembre, en raison de la neige et de la burle (ce vent violent et tournoyant qui forme des congères), Frère Maximilien-Marie n’a pas pu franchir le Mézenc pour se rendre à la Sainte Messe dans notre paroisse d’élection, à côté du Puy. Il est allé à l’église Notre-Dame, au centre ville de Valence, où depuis quelques mois la Messe latine traditionnelle est assurée tous les dimanches par un prêtre de la FSSP, venu de Lyon.
Pour le 8 décembre et pour le deuxième dimanche de l’Avent, en raison du verglas, notre Frère n’a pas du tout pu prendre la route et nous sommes restés reclus sans voir âme qui vive.
Le 8 décembre au soir, nous avons illuminé les fenêtres du Mesnil-Marie avec une centaine de petites flammes : mais malgré les verres colorés qui les abritaient, un vent du diable s’acharnait à les éteindre et Frère Maximilien-Marie ne cessait de courir d’une fenêtre à l’autre avec son rat de cave pour tenter de les rallumer!

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(cliquer sur la photo pour la voir en plus grand)

Après avoir eu moins 12° le matin du 12 décembre, il y a eu aussitôt après un radoucissement spectaculaire et toute la neige a disparu.
Le dimanche de Gaudete, troisième de l’Avent, Frère Maximilien-Marie a pu reprendre sans difficulté la route du Puy-en-Velay pour la Sainte Messe dominicale, et il en a été de même pour la nuit et le jour de Noël.

Nous avons observé fidèlement nos traditions de l’Avent : semé le blé de la Sainte-Barbe (cf. > www) et fêté Saint Nicolas, à l’occasion d’une soirée joyeuse et gourmande, avec nos voisins et des amis.
Cette année, nous avons aussi marqué Sainte Lucie : à l’initiative de l’excellente association amie Art’ Borée Sens, et en s’inspirant des traditions des pays scandinaves, il y a eu une soirée de fabrications de lanternes et de lampions de papier, qui s’est tenue au Mesnil-Marie et qui m’a beaucoup intéressé, ainsi que vous pouvez le constater :

lully-atelier-lanternes décembre 2012

Cette soirée devait se conclure par une petite promenade contée dans le hameau, à la lueur des lanternes, mais la pluie et le vent ne permettaient pas de sortir… alors, tout de même, dans notre Mesnil-Marie privé de toute lumière électrique il y a eu une petite promenade qui a consisté à… me retrouver : je me suis en effet montré très coopératif, pour la plus grande joie des enfants!

Les talents de conteur de Frère Maximilien-Marie ont aussi été sollicités pour « l’arbre de Noël » organisé par l’association des parents d’élèves du village voisin de Borée.
Ce sont encore des contes en lien avec la période de Noël, contes pour la plupart inventés par notre Frère, qui ont fait l’objet de la deuxième Veillée Culture & Patrimoine, du mercredi 19 décembre.

Et puis, bien sûr, il y a eu les préparatifs de la Crèche pour laquelle Frère Maximilien-Marie a réalisé une maquette du Mesnil-Marie à l’échelle de nos santons, ce qui l’a bien occupé pendant plusieurs soirées. Vous avez pu découvrir cette Crèche grâce à une mini vidéo (ici > www) et depuis le Saint Jour de Noël, elle est ouverte à la visite libre, ce qui est l’occasion de nombreux et sympathiques contacts.

Je ne vous présente pas avec de l’avance mes voeux pour l’année 2013 : je le ferai – en fonction de mes disponibilités soit le 1er soit le 2 janvier…
Et en attendant je vous laisse pour accompagner Frère Maximilien-Marie à l’oratoire où nous allons – au terme de cette année 2012 – d’abord chanter le Miserere, pour demander pardon de tout ce qui n’y a pas été conforme à la Sainte Volonté de Dieu, puis – avec le Te Deum – remercier pour toutes les grâces que Dieu nous a accordées. 

Nous vous emportons avec nous dans notre prière…

Lully.

pattes-de-chat-frise-300x81 Mesnil-Marie

Pour aider le Refuge N.D. de Compassion > www

Quelques textes en rapport avec la fin de l’année civile :

Quand l’année s’achève : dialogue d’une âme fatiguée avec son Seigneur (Marie Noël) > www
Te hominen laudamus (Marie Noël) > www
B.D. « la préférée de Dieu » > www

Publié dans:Chronique de Lully, De liturgia, Textes spirituels |on 31 décembre, 2012 |2 Commentaires »

O Miracle qui dépasse tout miracle !

Strophes de Saint Joseph l’Hymnographe (*)
en l’honneur de la
Très Sainte Mère de Dieu

O Miracle qui dépasse tout miracle ! dans Chronique de Lully nativite-mosaique-palerme-santa-maria-dellammiraglio

La Nativité – mosaïque de l’église Santa Maria dell’ Ammiraglio, à Palerme.

Vénérons le saint Palais du Roi,
où il a voulu établir Sa demeure.
Et à celle qui ne connaît point d’homme,
la seule Mère de Dieu, grâce à qui nous sommes élevés jusqu’à la Divinité,
chantons nos hymnes!

Nous vous voyons, ô Mère et Vierge,
véritablement pure avant, pendant et après l’enfantement ;
et vous avez porté Dieu
qui fut prêché à haute voix par l’assemblée des Apôtres.

Le choeur bienheureux de ceux qui prophétisaient dans l’Esprit
vous a appelée, en un saint oracle inspiré par Dieu,
la Porte et la Montagne ombragée,
ô toute pure!

 Illuminez, ô Vierge , les yeux de mon coeur,
donnez-moi la clarté de la pénitence,
arrachez-moi aux ténèbres éternelles,
ô Porte de la Lumière et Refuge des chrétiens
qui chantent fidèlement votre gloire!

Je vous chante,
ô vous qui êtes plus que toute autre digne de louange ;
je veux toujours vous rendre gloire,
vous à qui Dieu rend gloire ;
je vous magnifie,
vous que magnifient toutes les générations,
ô vous, Vierge magnifiée par Dieu!

Vous êtes toujours un refuge pour les pécheurs,
ô toute pure,
vous qui avez enfanté d’une manière surnaturelle Celui qui ôte le péché du monde,
le Christ auquel nous chantons :
Béni soyez-Vous, Seigneur et Dieu de nos pères!

O Miracle qui dépasse tout miracle!
Comment êtes-vous mère et demeurez-vous vierge,
ô toute pure Epouse de Dieu?
Vous avez enfanté le Verbe,
qui est de toute éternité semblable au Père ;
pour Lui nous chantons tous :
louez le Seigneur, vous toutes Ses oeuvres,
et exaltez-le dans toute l’éternité! 

L’éclair de votre maternité a brillé et resplendi,
et tout ce qui est sous le soleil a rayonné :
le prince des ténèbres est abattu,
ô très pure Mère de Dieu,
gloire des anges et salut de tous les hommes,
qui ne cessent de vous louer et de vous chanter.

nativite-mosaique-palerme-santa-maria-dellammiraglio-copie louange mariale dans De liturgia

(*) Saint Joseph l’Hymnographe : saint des Eglises Romaine et Byzantine (en grec : Ίωσήφ ό ύμνογράφος), né en Sicile (probablement à Palerme et sans doute en 816), mort à  Constantinople le 3 avril 886. Sa biographie peut être lue > ici.

2012-91. Sic nos amantem quis non redamaret?

Sic nos amantem quis non redamaret ?

Celui qui nous a aimés ainsi, qui ne l’aimerait pas en retour ?

(Hymne « Adeste, fideles », dont les paroles sont traditionnellement attribuées à Saint Bonaventure)

2012-91. Sic nos amantem quis non redamaret? dans Bandes dessinées bd-pourquoi-p1

bd-pourquoi-p2 bande dessinée dans Chronique de Lully

Chat étoile déco Noël.gif

Prières simples devant la crèche > ici
« Le Mystère de Noël », texte de Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix > ici
Chemin de Bethléem, école d’oraison > ici
Histoire de la dévotion à la Crèche > ici
« La dernière visiteuse » (conte de Noël) > ici
La statue-relique du Saint Enfant Jésus au Mesnil-Marie > ici

2012-90. « Elles sont apparues la bénignité et l’humanité de Dieu, notre Sauveur! »

Mercredi 26 décembre 2012
premier jour dans l’Octave de Noël
et fête de Saint Etienne, protomartyr.

2012-90.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

J’eusse souhaité vous écrire hier, saint Jour de la Nativité de Notre-Seigneur, mais le site qui héberge ce blogue étant en partie paralysé par des problèmes techniques, il me fut impossible de vous adresser mes voeux de Noël ainsi que je l’avais prévu…
Du moins vous ai-je tous rejoints par une prière amicale, chacun m’étant personnellement présent avec ses intentions, ses préoccupations, ses joies et ses soucis

Alors que le monde déchristianisé et superficiel a tendance à anticiper toujours plus et à « fêter Noël » avant Noël avec de moins en moins de place à la religion, pour nous la fête a commencé seulement à minuit, dans la nuit du 24 au 25 décembre, au moment où les cloches ont carillonné pour annoncer l’heure bénie de la naissance de notre Rédempteur et où nous avons entonné le fameux « Minuit! Chrétiens, c’est l’heure solennelle où l’Homme-Dieu descendit jusqu’à nous… »
Alors que le monde déchristianisé et superficiel considère qu’après l’ouverture des cadeaux, et qu’après avoir bien bu et bien mangé, le 26 décembre la fête est finie, pour nous au contraire la fête dure huit jours – c’est l’Octave de Noël – , puis se prolonge jusqu’à l’exultation triomphante de l’Epiphanie.
Alors que, nous dit-on, un nombre toujours croissant de personnes revend dès le 25 décembre les cadeaux reçus, pour nous le céleste et inestimable présent du Verbe de Dieu incarné va alimenter de façon inépuisable notre adoration, notre action de grâces, notre louange, notre prière et nos méditations devant la représentation de la crèche pendant quarante jours…

Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de le faire, je vous engage à lire et à approfondir les textes que nous a donnés notre Saint-Père le Pape à l’occasion de ces célébrations de la Nativité de l’année 2012 :
- tout d’abord le grand discours que le Souverain Pontife a prononcé le 21 décembre à l’occasion des voeux du Sacré Collège, de la Curie et du Gouvernorat de la Cité du Vatican ; ce discours revêt toujours une importance particulière puisqu’il permet au Saint-Père de dresser un bilan de l’année écoulée et d’établir une synthèse de la situation de l’Eglise et du monde (en lire le texte complet > ici).
- il y a ensuite l’homélie de la Messe de la Nuit de Noël, dans laquelle le Pape nous a livrés quelques éléments de méditation et d’approfondissement très riches, tant pour notre vie spirituelle que pour notre relation avec une société dans laquelle l’anti-christianisme se fait souvent plus virulent (texte > ici).
- enfin il y a le message de paix adressé depuis la loggia de la Basilique Vaticane à l’occasion de la bénédiction urbi et orbi du saint Jour de Noël (voir > ici).

Je me contente de citer ici un court passage de l’homélie de la Nuit de Noël :
« La paix sur la terre entre les hommes est en relation avec la gloire de Dieu au plus haut des cieux. Là où on ne rend pas gloire à Dieu, là où Dieu est oublié ou même renié, il n’y pas non plus de paix. Aujourd’hui, pourtant, des courants de pensée répandus soutiennent le contraire : les religions, en particulier le monothéisme, seraient la cause de la violence et des guerres dans le monde ; il conviendrait avant tout de libérer l’humanité des religions, afin qu’il se crée ensuite la paix ; le monothéisme, la foi dans le Dieu unique, serait tyrannie, cause d’intolérance, car, en fonction de sa nature, il voudrait s’imposer à tous avec la prétention de l’unique vérité. Il est vrai que, dans l’histoire, le monothéisme a servi de prétexte à l’intolérance et à la violence. Il est vrai qu’une religion peut devenir malade et arriver ainsi à s’opposer à sa nature la plus profonde, quand l’homme pense devoir prendre lui-même en main la cause de Dieu, faisant ainsi de Dieu sa propriété privée. Nous devons être vigilants face à ces travestissements du sacré. Si dans l’histoire un certain usage inapproprié de la religion est incontestable, il n’est pourtant pas vrai que le « non » à Dieu rétablirait la paix. Si la lumière de Dieu s’éteint, la dignité divine de l’homme s’éteint aussi. Alors, il n’est plus l’image de Dieu, que nous devons honorer en chacun, dans le faible, dans l’étranger, dans le pauvre. Alors, nous ne sommes plus tous frères et sœurs, enfants de l’unique Père qui, à partir du Père, sont en relation mutuelle. Quels types de violence arrogante apparaissent alors et comment l’homme déprécie et écrase l’homme, nous l’avons vu dans sa toute cruauté au cours du siècle dernier. Seulement si la lumière de Dieu brille sur l’homme et dans l’homme, seulement si chaque être humain est voulu, connu et aimé par Dieu, seulement alors, quelle que soit sa situation de misère, sa dignité est inviolable. Dans la Sainte Nuit, Dieu lui-même s’est fait homme, comme le prophète Isaïe avait annoncé : l’enfant né ici est “Emmanuel”, Dieu avec nous (cf. Is. VII, 14). Et au cours de tous ces siècles, vraiment, il n’y a pas eu seulement des cas d’usage inapproprié de la religion, mais des forces de réconciliation et de bonté sont toujours venues de nouveau de la foi en ce Dieu qui s’est fait homme. Dans l’obscurité du péché et de la violence, cette foi a introduit un rayon lumineux de paix et de bonté qui continue à briller ».

Mais, je vous en prie, ayez cette sainte curiosité – à laquelle le Souverain Pontife a aussi exhorté les fidèles – d’aller tout lire avec attention, afin d’en extraire un suc nourrissant et en faire votre miel spirituel : il y a vraiment matière pour cela!

Je ne prolongerai pas davantage aujourd’hui. Je vous souhaite – malgré tous les facteurs terrestres d’inquiétude et de trouble – toutes les grâces de paix intérieure et de joie spirituelle qui découlent du Coeur très aimant de Jésus, Verbe de Dieu incarné, puisque « elles sont apparues la bénignité et l’humanité de Dieu, notre Sauveur » (épître de la Messe de l’Aurore : Tit. III, 4), et je vous laisse maintenant découvrir, en vidéo, notre crèche, où vous allez retrouver reproduit, comme décor de la Nativité, notre Mesnil-Marie lui-même.

Frère Maximilien-Marie.

[Pour visionner la vidéo > faire un clic droit sur l'image ci-dessous, puis "ouvrir dans un nouvel onglet"]

Image de prévisualisation YouTube

petit-ange-au-gloria crèche du Mesnil-Marie dans De liturgia

Pour aider et soutenir le Refuge N.D. de Compassion > ici.

Publié dans:De liturgia, Textes spirituels |on 26 décembre, 2012 |7 Commentaires »
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