Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2013-21. Saint Augustin : « Le Seigneur nous prescrit d’opposer des jeûnes pieux à toutes les inclinations vicieuses ».

Premier dimanche de Carême.

       Voici un court sermon de notre glorieux Père Saint Augustin que l’on méditera avec profit au début de ce saint temps de Carême, pour mieux nous encourager et nous stimuler à la pratique salutaire du jeûne.
En effet, si – en rigueur – le code de droit canonique ne prescrit que deux jours de jeûne seulement à tous les fidèles (cf. > ici), nul n’est tenu de se contenter du minimum, juste pour « être en règle » avec le précepte : chacun peut faire montre de davantage de générosité, en fonction de ses possibilités (de santé, de devoir d’état…) en se souvenant que la discipline originelle du Carême, telle qu’elle était pratiquée depuis les Saints Apôtres, consistait en quarante jours de jeûne.

2013-21. Saint Augustin : « Le Seigneur nous prescrit d'opposer des jeûnes pieux à toutes les inclinations vicieuses ». dans Chronique de Lully le-tintoret-la-tentation-du-christ-au-desert

La tentation du Christ au désert (Tintoretto, 1579-81)

Sermon 66 : Nécessité et effets du jeûne.

Résumé :
§ 1 – Le jeûne est un moyen de guérison : guérison du vice et guérison du corps lui-même puisque les médecins le recommandent. § 2 – Les philosophes païens eux-mêmes le recommandaient, mais nous avons en outre les exhortations de saint Paul. § 3 – Exemples tirés des Saintes Ecritures. § 4 – Conclusion.

   1 – Toutes les fois, mes frères, que nous fixons des jours de jeûne à votre dévotion, nous nous faisons un devoir de vous exhorter à les observer fidèlement.
En effet, beaucoup parmi vous sont plutôt paresseux que sensuels ; sans être vicieux dans leur corps, ils manquent de dévotion dans le coeur et cherchent à s’excuser en alléguant certaines indispositions corporelles, la faiblesse de leurs membres ; le plus souvent, ce sont des illusions qu’ils se forment ; mais, fussent-ils atteints de quelque vice réel, ils devraient en chercher le remède dans le jeûne lui-même. Les délices engendrent les maladies, le remède à ces maladies, c’est le jeûne. Voilà pourquoi le Seigneur nous prescrit d’opposer des jeûnes pieux à toutes les inclinations vicieuses.
D’ailleurs, ces jeûnes nous sont présentés sous une telle dénomination, que les faibles eux-mêmes ne sauraient les repousser. Ecoutons le prophète Joël s’adressant aux prêtres : « Sanctifiez le jeûne, prêchez la guérison » (Joël I, 14 & 15). La guérison est-elle donc autre chose que la médecine des corps ?
Si les médecins imposent le jeûne aux malades afin de guérir leur corps, si la langueur trouve dans le jeûne son remède le plus efficace, enfin si les vices tendent à affaiblir toujours davantage la constitution de l’homme, pourquoi ne pas chercher dans des jeûnes légitimes un contre-poids à la faiblesse des corps, puisque ces jeûnes sont institués pour servir de remède à tous les vices de l’âme et du corps ? Redisons donc ces paroles du Prophète : « Sanctifiez le jeûne, prêchez la guérison ; rassemblez les vieillards, réunissez les habitants de la terre dans la maison du Seigneur votre Dieu, criez sans cesse vers le Seigneur, et il vous exaucera ».
A cela, que peuvent répondre les esclaves de leur ventre ? Vous qui ne voulez pas jeûner, vous ne voulez donc pas être exaucés ? Pourquoi charger de viandes vos estomacs ? Pourquoi les remplir de nourriture et de vin ? Pourquoi, devant des peuples à jeun, exhaler les vapeurs de votre intempérance ? C’est le signe d’une maladie, et non pas de la digestion.
Jeûnez donc pour Dieu quand il vous l’ordonne, de crainte que les médecins n’aient eux-mêmes à vous l’imposer. Car, pour eux comme pour nous, le jeûne a pour effet de tempérer les humeurs et les impétuosités du sang.

   2 – De leur côté, les philosophes condamnent les esprits supérieurs à se purifier, dans le jeûne, de toutes les souillures qu’ils ont reçues des corps terrestres, et ils punissent la chair afin d’affaiblir l’esprit.
Pour nous, le jeûne des corps est comme la lime des âmes. Il expie les fautes de la conscience, réprime le péché, et fait resplendir les âmes que souillait la tache du péché. Si donc la médecine elle-même trouve dans le jeûne un principe de sagesse et de santé, que dois-je penser de vous qui vous livrez à la bonne chère pendant que le peuple jeûne ?
C’est à vous que s’appliquent ces paroles de l’Apôtre : « La nourriture est pour le ventre, et le ventre pour la nourriture » (1 Cor. VI, 13) ; et encore : « L’un jeûne et l’autre est ivre ; je vous loue, mais en cela je ne vous loue pas, puisque vos assemblées se tournent, non pas en bien, mais en mal (1 Cor. XI, 17) ». C’est à vous aussi que David adresse ce violent reproche : « Seigneur, leur ventre a été rempli de choses cachées ; ils se sont rassasiés de viandes impures, et ils ont laissé les restes à leurs enfants. Pour moi, je me rassasierai du jeûne, afin que votre gloire me soit manifestée » (Ps. XVI, 14-15).

   3 – Des faits nombreux feront mieux ressortir ces précieux effets du jeûne.
Pour recevoir la loi du Seigneur, Moïse jeûna et mérita de pouvoir s’entretenir avec Dieu. Dans un temps de sécheresse, Elie jeûna pour désarmer le courroux de Dieu et obtenir la pluie. Le jeûne de Daniel lui mérita d’échapper à la rage des lions affamés. Les trois enfants dans la fournaise prouvèrent par le jeûne l’impuissance des faux dieux. Autant de jeûnes David offrait à Dieu, autant il remportait de victoires. Les Ninivites calmèrent par le jeûne le courroux de Dieu et méritèrent leur pardon ; la crainte des maux dont ils étaient menacés leur inspira même la pensée de condamner au jeûne leurs troupeaux, et le Seigneur, touché de ces manifestations de pénitence et de repentir, pardonna à cette ville coupable. Qui ne s’étonnerait, mes frères, d’un tel prodige dans lequel des animaux ont fait pour les hommes ce que les hommes ont coutume de faire pour les animaux !
Jésus-Christ, notre souverain Maître, a jeûné afin de vaincre le démon. C’est par le jeûne que les Apôtres se sont préparés à recevoir le Saint-Esprit.
Mais pourquoi faire ressortir l’efficacité du jeûne pour les hommes, quand nous le voyons hautement pratiqué par les femmes ? Judith, armée du jeûne, a coupé la tête du tyran Holopherne. Suzanne a trouvé dans le jeûne le moyen de confondre les faux témoins. La reine Esther s’est livrée au jeûne pour déjouer l’habileté d’un persécuteur et sauver la vie à son peuple.
La sainte Ecriture nous offre ainsi de nombreux exemples des puissants effets opérés par le jeûne, comme, au contraire, elle déroule sous nos yeux les maux de toute sorte produits par la violation du jeûne. Le fils de Saül, Jonathan, ne sachant pas que son père avait prescrit un jeûne absolu, recueillit un peu de miel avec une baguette et le goûta ; or, cette violation compromit l’armée tout entière, et vengeance dut être tirée de cette faute quoique involontaire. Si donc Jonathan ne laissa pas que d’être condamné pour avoir violé, sans le savoir, le jeûne prescrit par son père, combien doivent être plus coupables ceux qui méprisent sciemment les jeûnes qui leur sont commandés ?

   4 – Jeûnez donc, mes frères, dans la crainte que votre désobéissance ne soit regardée comme sacrilège par Notre-Seigneur Jésus-Christ qui règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

images1 carême dans De liturgia

Lire ou relire le sermon 65 de Saint Augustin sur la pénitence > ici.

2013-20. Où le Maître-Chat rappelle l’admirable et merveilleuse simplicité du droit divin qui régit l’Eglise.

Mardi gras 12 février 2013
fête réparatrice de la Sainte Face de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

2013-20. Où le Maître-Chat rappelle l'admirable et merveilleuse simplicité du droit divin qui régit l'Eglise. dans Chronique de Lully benoit-xvi-pelerinage-a-la-ste-face-manopello

Sa Sainteté le Pape Benoît XVI vénérant la Sainte Face de NSJC
sur le voile miraculeux conservé à Manoppello.

« Pour entrer en communion avec le Christ et en contempler la face, pour reconnaître la face du Seigneur dans celle de nos frères dans les évènements de chaque jour, il faut « des mains innocentes et des coeurs purs » (Psalm. XXIII, 4). Des mains innocentes, c’est-à-dire des existences illuminées par la vérité de l’amour qui vainc l’indifférence, le doute, le mensonge et l’égoïsme ; et, en outre, des coeurs purs sont nécessaires, des coeurs ravis par la beauté divine, comme le dit la petite Thérèse de Lisieux dans sa prière à la Sainte-Face, des coeurs qui portent le visage du Christ imprimé en eux ».

Paroles de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI lors de son pèlerinage au sanctuaire de la Sainte Face miraculeuse de Manoppello (Abruzzes), le 1er septembre 2006 (texte complet > www).

sainte-face-de-manoppello-150x150 11 février 2013 dans Commentaires d'actualité & humeurs

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Hier, je m’apprêtais à publier un texte, ici-même, au moment où a été rendue officielle l’annonce de la prochaine renonciation de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI au Souverain Pontificat.
Aussitôt, le monde des moyens de communication et la « catosphère » sont entrés en effervescence pour gloser ce « coup de tonnerre dans un ciel serein » – l’expression est de Monsieur le Cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré-Collège - , tandis que, sur les réseaux sociaux, les commentaires fusaient dans tous les sens.
Si les répondeurs et les « digicodes » ont considérablement réduit le nombre des concierges, puisque ils ont pratiquement rendu caduque leur fonction principale, je puis vous assurer que leur fonction annexe – celle de répandre les nouvelles et de papoter – a été, elle, très largement multipliée et redistribuée!!!

En notre Mesnil-Marie, après s’être assuré que la nouvelle était bien exacte et avoir rappelé à ses correspondants quelques principes de simple bon sens surnaturel, notre Frère Maximilien-Marie – qui, je le signale au passage, n’a manifesté aucun étonnement ni émotion particulière – a préféré imposer le silence à tous les moyens de communication et vaquer, tranquille et recueilli, à ses occupations.
Il est des circonstances où il importe, en premier lieu et par dessus tout, de prendre du recul avec les agitations de la fourmilière et de se couper radicalement de tout ce qui peut nuire à la sérénité de l’âme.

Laissons de côté les médias profanes : leurs journalistes ne sont là que pour faire du bruit avec leur bouche, noircir du papier ou capter de l’ « audimat » en rebondissant sur l’émotion superficielle qu’ils travaillent à entretenir. Leur façon d’informer – du moins prétendent-ils informer – ne consiste la plupart du temps qu’à lancer des « scoups », qui se chassent les uns les autres. Mais ce culte de l’immédiateté et du sensationnel se révèle absolument indigent pour une compréhension profonde des évènements : autant demander à un aveugle de naissance de donner un conférence sur sa manière de percevoir les couleurs!
Ce qui est très regrettable, c’est que des fidèles et des hommes d’Eglise se laissent prendre à ce jeu et se font happer par cet engrenage de l’émotionnel et de la superficialité…

sainte-face-de-manoppello-150x150 Benoît XVI dans De liturgia

Certes, qu’un Souverain Pontife dépose sa charge n’est pas quelque chose de particulièrement courant, mais, le cas étant prévu par le droit canonique, il n’est pas extraordinaire dans son essence : « S’il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non qu’elle soit acceptée par qui que ce soit » (canon 332 § 2).

J’attire ici votre attention sur les conditions de cette renonciation : elle doit être libre, elle doit être manifestée de manière adéquate, mais elle ne requiert l’acceptation de personne pour être « valide » : le Souverain Pontife – à la fois Chef terrestre visible de l’Eglise, qui est une société monarchique spirituelle, et monarque absolu de l’Etat de la Cité du Vatican – prend une décision qui, parce qu’elle est pleinement libre et qu’elle est rendue publique dans des formes indubitables, a « force de loi » et prend effet selon la manière dont il en a statué.

Merveilleuse simplicité du droit divin!
Comme nous sommes loin des retorses circonvolutions de ces systèmes humains qui, en refusant l’origine divine du pouvoir et en attribuant de manière blasphématoire une prétendue souveraineté au « peuple », s’enlisent et s’autodétruisent dans une inéluctable décadence institutionnelle, sociétale, morale et psychologique!

Sublime et merveilleuse simplicité du droit divin!
Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI va déposer sa charge, mais – selon un système bien rodé qui échappe, autant que possible, aux campagnes électorales et à la course au pouvoir – un deux-cent-soixante-cinquième successeur de Saint-Pierre (selon la liste officielle actuellement admise) va lui succéder, et l’Eglise continuera sa marche, aussi paisiblement que possible, au milieu des remous de ce monde, qui ne manqueront pas de la malmener parfois, mais qui ne l’atteindront jamais dans ce qui lui est essentiel.

Admirable, sublime et merveilleuse simplicité de la constitution de droit divin de notre Eglise!
Quoi qu’il puisse en être de notre attachement à la personne humaine du Pontife régnant, nous savons bien qu’il n’est que le Vicaire de Jésus-Christ : nous n’avons pas (ou du moins les fidèles ne doivent pas avoir) un « culte de la personnalité » pour un homme-Pape, parce que nous aurions des « atomes crochus » avec lui. Non! nous sommes attachés dans la foi – et non dans la sentimentalité – , dans la foi – et non dans une manière sensible ou intellectuelle d’appréhender les choses – , dans la foi – c’est-à-dire de façon surnaturelle – , à une fonction hiérarchique divine : à travers le Pape, c’est à la Personne du Fils de Dieu, c’est au Verbe Incarné, c’est au divin Rédempteur, c’est au « doux Christ en terre » que nous sommes attachés.

Quare fremuerunt gentes : pourquoi les nations ont-elles frémi?
Les frémissements et les émotions du monde n’ont vraiment aucune importance : ils passent! Ils sont semblables à la feuille morte que le vent fait tournoyer et emporte.
La foi nous donne une stabilité et une capacité de résistance aux vents, quels que soient leur violence et leurs tourbillons : Dieu, Lui, EST ! Dieu, Lui, demeure éternellement ! Dieu, Lui, donne à Son Eglise quelque chose de Sa propre stabilité, malgré toutes les tempêtes, malgré toutes les attaques, malgré tous les naufrages humains…
« Nolite timere, pusillus grex, quia complacuit Patri vestro dare vobis Regnum : Soyez sans crainte, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume ! » (Luc. XII, 32).

sainte-face-de-manoppello-150x150 Manoppello

Foin de l’insipidité des commentateurs et de l’inconsistance des interminables commentaires de commentaires!
Foin des pronostics humains sur le prochain pontificat, chacun voulant rajouter son grain de sel et faire preuve d’originalité!
Foin des fantasmes qui s’exaspèrent de tous côtés pour relever des présages, ressortir de vieilles « prophéties », interpréter les écrits de tel saint ou de tel mystique (ou pseudo mystique)!
Foin des délires de ces chantres de la « modernité » qui remuent les fangeux espoirs de voir le prochain Pontife canoniser le libertinage et modifier les règles données par le Christ concernant le dogme, le sacerdoce ou les sacrements!

En ce jour de mardi gras, qui est le jour désigné pour la fête liturgique de la Sainte Face de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en cette veille de notre entrée dans le grand et saint Carême, j’ai été heureux de trouver cette photographie de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI dans un face à face fervent, rayonnant d’amoureuse intériorité, avec l’image miraculeuse du voile de Manoppello (je vous reparlerai un jour de cette précieuse relique).
De cette extraordinaire image achéiropoïète (du grec : αχειροποίητα, c’est-à-dire non faite de main d’homme) émane une paix incommensurable, lors même qu’elle nous révèle le visage vivant du Fils de Dieu au cours de Sa Passion.

Ah ! laisse-moi, Seigneur, me cacher en ta Face ;
Là je n’entendrai plus du monde le vain bruit.
Donne-moi ton amour, conserve-moi ta grâce
Rien que pour aujourd’hui !

En regardant cette photographie de Benoît XVI abîmé dans la contemplation de la Sainte Face de Jésus, j’ai aussitôt pensé à cette strophe de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face (« Mon chant d’aujourd’hui » – juin 1894).

A nous, enfants aimants de la Sainte Eglise, il n’est pas demandé de nous disperser à la remorque des commentaires du monde, il n’est pas demandé non plus de nous diluer dans la superficialité de sa manière d’appréhender des mystères de foi qui sont étrangers aux modes de penser contemporaines.
Mais à nous, il revient dès à présent de nous sanctifier, d’intensifier notre vie spirituelle, de prier, d’offrir des sacrifices et de jeûner pour que la grâce du Saint-Esprit inspire au maximum le Sacré Collège bientôt réuni en conclave et pour que Dieu, et Lui seul, donne à Son Eglise un Pontife selon Son Coeur, et uniquement selon Son Coeur.

Entrons à notre tour dans la contemplation de la Sainte Face de Notre-Seigneur, plongeons-nous à notre tour dans le regard vivant et pénétrant de Celui qui est doux et humble de coeur et prions-Le pour Son Eglise : « Voici, Seigneur, la génération de ceux qui Vous cherchent, de ceux qui cherchent Votre Visage! » (cf. Psalm. XXIII, 6).

Lully.

sainte-face-de-manoppello renonciation au Souverain Pontificat

Rappels :
Petit catéchisme sur le Carême et la pénitence > www
Message de Sa Sainteté Benoît XVI pour le Carême 2013 > www
Commentaire du psaume « Quare fremuerunt gentes » par St Augustin > www
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2013-19. Aubenas, 7 février 1593 : les premiers martyrs de la Compagnie de Jésus en France.

7 février,
Fête des Bienheureux Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, martyrs.

       Dans le diocèse de Viviers (ainsi que dans la Compagnie de Jésus), le 7 février, est célébrée la fête des Bienheureux Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, premiers membres de la Compagnie de Jésus à avoir reçu la palme du martyre en France.
C’était le dimanche 7 février 1593 – il y a donc 420 ans en cette année 2013 – et cela se passait à Aubenas, petite ville du Vivarais.

2013-19. Aubenas, 7 février 1593 : les premiers martyrs de la Compagnie de Jésus en France. dans Chronique de Lully aubenas-profil-de-la-cite

Silhouette de la vieille ville d’Aubenas (état actuel)

A – Le diocèse de Viviers à la fin du XVIe siècle.

   Il semblerait que les erreurs calvinistes aient commencé à pénétrer dans le diocèse de Viviers (dont les contours sous l’Ancien Régime n’étaient pas ceux de l’actuel département de l’Ardèche) autour de 1530.
Leur propagation fut favorisée par le fait que, pendant presque trente ans (1554- 1583), les évêques qui se succédèrent sur le siège épiscopal de Viviers ne résidèrent pas – ou presque pas – dans leur diocèse.

   De laborieux estimations, recherches et calculs ont permis à certains historiens d’avancer qu’en 1573 il n’y avait guère plus de vingt prêtres en activité dans ce diocèse qui comptait alors quelque 210 paroisses.
La suppression des ordinations, consécutive à l’absence des évêques, n’en est pas la seule cause.
Il y eut -hélas! – des clercs qui apostasièrent ; il y eut aussi, à la faveur des luttes armées, de nombreux massacres dont les récits ou les traditions orales ont conservé le souvenir : pillages de monastères, supplices ou mutilations atroces infligés aux religieux, massacres de prêtres… etc.
L’ignorance religieuse se développant, du fait de l’absence des pasteurs, fit le lit des doctrines prétendument évangéliques des prédicants calvinistes.

   Ajoutons à cela la misère matérielle ; une enquête conduite par un juge royal au cours de l’été 1573 montre que les trois quarts des bénéfices du diocèse avaient été spoliés par les huguenots, ôtant tout moyen de subsistance aux clercs : « Contrainctz d’aller mendier leur povre vie chez leurs parents et amys et d’abandonner les lieux de leurs bénéfices (…) beaucoup se sont retirés dans le petit nombre des villes qui sont encore sous l’obéyssance de Sa Majesté », souvent loin du diocèse.

   Les édifices du culte avaient  été encore plus maltraités que leurs desservants. En cette même année 1573, un percepteur de décimes (taxes exceptionnelles perçues par le Roi sur les revenus du clergé) auquel sa charge imposait de circuler dans tout le Vivarais, déclare que « de toutes les églises et maisons presbytérales et claustrales du présent diocèse » il n’en connaît que trois ou quatre debout et qu’en de nombreux lieux « tout a été ruiné et aboli ».
Une dizaine d’années plus tard, lorsque Monseigneur Jean de l’Hostel (évêque de septembre 1575 à avril 1621) put prendre en mains la conduite de son diocèse, il délégua son grand vicaire, Nicolas de Vesc, pour une grande enquête et visite de ses églises ; la relation de Nicolas de Vesc porte sur quatre-vingt-cinq paroisses et égrène une longue et désolante litanie : « église ruinée, sans porte et sans autel », « église polluée », « église rompue », « détruite », « démolie », « renversée », « brisée par terre », « brûlée », « rasée »… etc.

   Dépourvu de prêtres, dépouillé de la majorité de ses lieux de culte, champ libre laissé à la prédication de l’hérésie, le diocèse de Viviers était donc dans une très grande détresse matérielle et spirituelle.

   Toutefois sous le pontificat de Monseigneur de l’Hostel, à partir de 1583, s’exprime une véritable volonté de reconquête des âmes et de restauration.
Dans cette perspective, les prêtres restés en place, avec les encouragements de leur évêque, ne vont pas hésiter à faire appel à des congrégations religieuses ferventes et dynamiques : en particulier, la Compagnie de Jésus.

bx-jacques-sales 1593 dans De liturgia

Le Bienheureux Jacques Salès (1556-1593)
prêtre de la Compagnie de Jésus. 

B – Le Révérend Père Jacques Salès et le Frère Guillaume Saultemouche.

   Jacques Salès (orthographe qui prévaut à l’heure actuelle mais souvent écrit Salez à l’époque) est né le 21 mars 1556, à Lezoux, petite ville du diocèse de Clermont (entre Clermont-Ferrand et Thiers).
Son père était maître d’hôtel de Monseigneur Guillaume Duprat, évêque de Clermont qui participe au concile de Trente et s’efforce d’en appliquer les réformes dans son diocèse. Monseigneur Duprat est un ami et un admirateur des premiers jésuites : il favorise leur introduction au Royaume de France. C’est ainsi qu’il leur donne son hôtel particulier à Paris, l’Hôtel de Clermont, pour qu’ils y fondent un collège, le fameux Collège de Clermont (1550). Il fonde d’autres collèges jésuites, à Billom (1556) et à Mauriac.

   Le jeune Jacques Salès, orphelin de mère alors qu’il est en bas âge, grandit dans un milieu de grande ferveur religieuse et de profonde éducation à la vertu.
A l’âge de 13 ans, grâce à la recommandation de Monseigneur Antoine de Saint-Nectaire, successeur de Monseigneur Duprat sur le siège épiscopal de Clermont, il est admis gratuitement au collège des jésuites de Billom.
Il est ensuite envoyé à Paris pour étudier la rhétorique et demande à entrer dans la Compagnie : il accomplit son noviciat à Verdun, est ordonné prêtre à 29 ans, passe son doctorat de théologie à l’université de Pont-à-Mousson, à 32 ans, puis est employé à l’enseignement.

   Le Père Jacques Salès est d’une santé extrêmement fragile ; c’est un grand asthmatique qui, en outre, doit s’alimenter fréquemment, sous peine de tomber sans connaissance pendant les cours qu’il dispense.
Pour ménager ses forces, ses supérieurs décident de l’envoyer sous des cieux plus cléments que ceux de Lorraine : il est muté au Collège de Tournon (aujourd’hui Tournon-sur-Rhône) où – bientôt déchargé d’enseignement – il travaille essentiellement à la rédaction de petits traités doctrinaux et apologétiques. En raison du talent particulier qui est le sien d’exposer avec clarté et ferveur le dogme et la morale catholiques, il est aussi employé à la prédication de missions.
Il avait eu le désir de partir vers les missions lointaines et d’y subir le martyre sanglant pour l’amour de Jésus, il allait être exaucé sans avoir à franchir les océans.

   Guillaume Saultemouche, auvergnat lui-aussi, est né en 1555 à Saint-Germain-l’Herm, au coeur des monts du Livradois (entre Issoire et Ambert).
Remarqué pour sa très grande piété, sa douceur et sa candeur, il est admis à l’âge de 16 ans dans la Compagnie de Jésus en qualité de frère coadjuteur. Il exerce les humbles fonctions de frère portier à Pont-à-Mousson, puis à Lyon. On admire sa très grande dévotion envers le Très Saint-Sacrement, devant lequel il reste en adoration à tous ses moments libres.
Il est de passage au Collège de Tournon à la fin de l’année 1592.

bx-guillaume-saultemouche 7 février dans Lectures & relectures

Le Bienheureux Guillaume Saultemouche (1555-1593)
frère coadjuteur de la Compagnie de Jésus. 

C- Le Père Salès et le Frère Guillaume en mission à Aubenas.

   La ville d’Aubenas, ville stratégique du sud du Vivarais, après avoir été terrorisée et dévastée par les huguenots, avait été reprise par le gouverneur catholique : on restaurait les ruines tant matérielles que spirituelles subies par le peuple catholique. Voilà pourquoi fut sollicitée, auprès des supérieurs de la Compagnie, la venue d’un missionnaire : c’est le Père Jacques Salès qui  fut désigné, et on lui adjoignit le Frère Guillaume Saultemouche, qui se trouvait alors disponible et dont la piété signalée ne pourrait qu’édifier les fidèles.
La présence des deux jésuites était prévue « depuis les Avents jusques à Pâques » : comme Pâques était, pour 1593, le 18 avril, la mission devait donc durer environ quatre mois et demi. En fait elle sera interrompue au bout de deux mois par les évènements que nous décrirons plus loin.
Deux témoignages précis laissent à penser que le Père Jacques Salès avait été surnaturellement averti du sort qui l’attendait puisque, en quittant le Collège de Tournon, il avait dit à un confrère : « Adieu, mon frère, priez Dieu pour nous, nous allons à la mort », et à un de ses dirigés : « Adieu, mon fils, vous ne me verrez plus ».

   Arrivés « en Aubenas » – comme on disait alors – au début du mois de décembre, les deux jésuites se livrèrent avec zèle aux travaux apostoliques : il s’agissait d’aider le curé, l’abbé Jean de Martine, à restaurer le culte catholique et la ferveur des fidèles, ébranlée par des années d’irrégularités dans la célébration des sacrements et l’enseignement de la solide doctrine, et de tout mettre en oeuvre pour ramener les protestants à la vraie foi.
La prédication était, bien évidemment, le principal moyen de cet apostolat ; mais s’y ajoutaient aussi l’organisation de cérémonies les plus belles possibles et, très concrètement, d’incessants contacts personnels avec la population, dans les rues, dans les échoppes, dans les maisons, lorsqu’on était invité à y entrer…

   La très grande science du Révérend Père Salès, conjuguée avec une onction et une piété qui impressionnaient jusqu’aux huguenots, la vigueur de sa prédication alliée à la grande douceur qui émanait de lui, l’exemplarité du Frère Guillaume dans son humilité et sa ferveur, portèrent rapidement des fruits : de nombreux catholiques tièdes et déboussolés reprirent le chemin de l’église et la pratique des sacrements, des protestants commencèrent à abjurer leurs erreurs et demandèrent à être réintégrés dans la communion catholique.
Les missionnaires étendirent leur apostolat à l’extérieur de la cité : les chroniqueurs rapportent leur passage dans plusieurs paroisses des environs, parfois distantes de six ou sept lieues.

   Les ministres protestants étaient furieux de ce succès. A plusieurs reprises, certains d’entre eux avaient été conviés par le Père Jacques à des rencontres publiques, où ils auraient pu débattre, mais à chaque fois, les pasteurs s’étaient défilés.
Voyant bien qu’ils n’étaient pas capables d’apporter en faveur des doctrines erronées de Calvin des arguments solidement établis par les Saintes Ecritures et la Tradition, ils résolurent d’imposer le silence au prédicateur par d’autres méthodes.

arrestation-martyrs-daubenas Guillaume Saultemouche dans Memento

L’arrestation du Père Jacques et du Frère Guillaume par les huguenots
(image de dévotion éditée au moment de leur béatification – 1926) 

D – Le martyre. 

    »… Voici que le sixième de février en l’an mil cinq cent nonante-trois, devant le jour, Aubenas au milieu des trêves est traîtreusement surprise avec escalade, escaladée par quinze soldats seulement, lesquels ne rencontrant résistance (…), se font maîtres de la ville. Toute cette traîtreuse escouade était conduite par Sarjas, capitaine huguenot. » (*)
Cela a été vrai de tous temps : une poignée de scélérats armés et fanatisés peut imposer la terreur à plusieurs centaines d’honnêtes gens. C’est ce qui se produisit à Aubenas ce 6 février 1593.

   Le soir du 5 février, le Père Salès avait veillé jusque vers 23 heures, occupé qu’il était à travailler à la conversion d’une « damoiselle hérétique qui, depuis, a persisté toujours en la foi catholique ».
Vers les 4 heures du matin, il fut réveillé par les cris des assaillants. Se levant, au lieu d’aller se réfugier au château, il alla prier dans la chapelle Sainte-Anne, proche de la maison particulière dans laquelle les deux jésuites étaient logés.
« 
S’étant en quelque temps en cette chapelle résigné ès mains de Dieu, il se retire en sa chambre où, prosterné en terre avec son compagnon, ils s’offrent à Dieu en sacrifice, le requérant de leur vouloir départir force et courage pour pouvoir supporter la mort, si tant était que, pour l’amour de lui, ils fussent dignes de l’endurer. Ils restèrent ainsi jusques à soleil levant. Lors voici trois soldats ne respirant que cruauté, qui heurtent à la porte. On leur ouvre. Entrés qu’ils furent, ils trouvent nos deux martyrs à genoux, chacun avec un livre de dévotion en main, priant Dieu. Ces misérables, de prime face, chargent d’outrages nos deux victimes et les serrent à la gorge. On les interroge qui ils étaient : « Nous sommes, répondent-ils, de la Compagnie de Jésus» (…) ».
Les ayant faits prisonniers, ces soldats, avec force coups et vociférations, entraînèrent les deux jésuites dans une autre maison où vinrent les trouver trois ministres protestants qui étaient, selon toute vraisemblance, les instigateurs de l’attaque de la cité : ces pasteurs, avec des paroles mielleuses et une feinte amabilité, voulurent convaincre le père de la justesse des théories de Calvin… en vain, on s’en doute bien.
Puis, devant les deux religieux à jeûn, ils se firent servir un copieux repas au cours duquel ils pérorèrent longuement.
Il était environ deux heures après midi. On s’en souvient : le Père Jacques Salès, asthmatique et souffrant de fréquents malaises hypoglycémiques, ne pouvait rester longtemps sans manger. Un domestique de la maison suggéra aux pasteurs qu’il faudrait peut-être donner quelque nourriture aux deux jésuites. On leur fit donc apporter à chacun une assiette de potage ; mais celui-ci était gras et, en ce temps-là, l’abstinence était de précepte le samedi : les deux religieux n’y gouttèrent donc pas. Cela déchaîna les moqueries et la colère des ministres huguenots ; cependant le Père sut leur répondre par des arguments tirés de la Sainte Ecriture et de la tradition des premiers siècles auxquels ils ne purent rien objecter. Avec des injures ils attaquèrent ensuite les doctrines catholiques du libre-arbitre, de la prédestination, des sacrements et en particulier de la Sainte Eucharistie. Là encore, le missionnaire sut si bien leur répliquer qu’ils ne pouvaient plus argumenter.
« Après ce, les trois prédicants sortent de la maison fort indignés de se voir étrillés de la sorte, trois par un seul. La nuit s’approchait, et le Père, comme son compagnon, était encore à déjeuner (c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas rompu le jeûne) sans que personne leur baillât rien, fors le petit enfant de cette maison-là, lequel, en cachette, leur porta quelque morceau de pain, à ce que j’ai appris. Nos deux pauvres prisonniers, laissés à la merci des soldats, passent la froide nuit ensuivante sans feu, sans lit et sans beaucoup de sommeil ».

   Le lendemain, qui était le dimanche 7 février 1593, les pasteurs revinrent, «vomissant autant d’outrages que leurs têtes en pouvaient dégorger», et ré-attaquèrent le Père sur la doctrine eucharistique, mais ils ne réussirent qu’à se couvrir de confusion.
L’heure du prêche étant venu, l’un des pasteurs, nommé Labat, harangua avec véhémence les sectateurs de Calvin sur la place publique, niant la réalité du Saint-Sacrifice de la Messe et la Présence Réelle du Christ dans l’Eucharistie, traitant le jésuite de faux-prophète et d’antéchrist, puis donnant l’exemple du prophète Elie qui avait fait égorger les faux prophètes de Baal : « 
Tuez cela, tuez ; c’est une peste ! Il y en a assez en lui pour perdre la ville d’Aubenas, mais encore un entier royaume !»
«Descendu de chaire, il rencontre Sarjas, bien persuadé à mal faire, lui inculquant que jamais il n’avait rencontré homme plus obstiné que celui-là ; qu’il était de nécessité d’épandre son sang, puisqu’il était une peste à leur religion. Sarjas se montre si fort esclave des passions de ce ministre, qu’étant sorti du prêche avec environ vingt soldats, il commande à trois d’iceux d’aller assassiner ceux que son prédicant lui avait indiqués».
Ces trois soldats, qui avaient été impressionnés par la foi et la paisible détermination du prêtre, se récusèrent, si bien que le pasteur Labat lui-même prit la tête d’un détachement de gens armés et s’en fut à la maison où les deux jésuites étaient retenus. Il envoya quelques soldats pour les faire descendre dans la rue : 
« Suis-moi, idolâtre Pharisien, suis-moi! — Et où me voulez-vous mener? réplique le Père. — Suis-moi, suis-moi! recharge cet assassin, il te faut mourir. — Je suis tout prêt, répond le Père, allons au nom de Dieu ». Lors, se retournant vers son compagnon qui ne cessait de prier Dieu : « Et vous, mon frère, que deviendrez-vous? Ayez bon courage. Ah! que nous deviendrons grands au ciel, de petits compagnons que nous sommes en ce monde, si nous pâtissons quelque chose pour Dieu! » Lors, le Père signifia à tous que son compagnon n’était pas homme de lettres, que, partant, il ne pouvait point faire de préjudice à leur créance ; qu’on le laissât vivre.
Ce fut en cet endroit que notre Frère Guillaume fit montre de sa vertu : « Je ne vous abandonnerai point, mon Père, s’écria-t-il, ains je mourrai avec vous pour la vérité des points que vous avez disputés! »
Un de la compagnie l’avertit aussi de se retirer, que ce n’était pas pour lui que cette tragédie se jouait, ains seulement pour le Père. A quoi le vertueux Guillaume repartit : « Dieu me garde de tomber en cette faute ; je n’abandonnerai jamais celui-là auquel l’obéissance m’a adjoint pour compagnon, quand bien même je devrais trépasser avec lui. Je l’accompagnerai jusques à la fosse. Que si la divine Miséricorde me voulait faire tant de grâce, que quelque soldat me dépêchât pour son honneur, j’en serais très-aise, et prierais Dieu pour lui, outre le pardon que dès maintenant je lui fais de ma vie… »

   Les deux jésuites sont alors bourrés de coups et amenés dans la rue. « Le prédicant Labat voyant le Père en la rue, derechef l’attaque et l’agace, avec quelques autres, sur la réalité du corps de notre Sauveur au Sacrement de l’autel. Mais le Père répondant à tout pertinemment, le ministre Labat fut si courroucé que perdant patience et conscience, il crie : « Dépêchez cela, dépêchez cela ; il ne mérite point de vivre, c’est une peste! » Puis réitérant ce qu’il avait débagoulé en chaire, il tourne bride et se retire. »
Plusieurs soldats huguenots manifestèrent à ce moment-là leur réprobation de ce crime, mais d’autres, de ceux qui avaient pris la ville avec le dénommé Sarjas, affirmèrent leur détermination d’en finir.
Alors le Père s’adressa au Frère Guillaume :  
« Mon frère, recommandons-nous à Dieu » (…) Il se prosterne à deux genoux. Son compagnon s’y prosterne de même à quelques pas de lui. On ne leur fit grâce de beaucoup prier ; car voici, par derrière, comme le Père se recommandait à son patron saint Jacques, redoublant les noms de Dieu et de Jésus, un des assassins délâcha son arquebuse de laquelle le Père fut atteint en l’épaule, dont il chût par terre, prononçant par trois fois : « Jesu! Maria!». Puis le meurtrier s’avançant plus près, lui sacque un coup de dague dans l’estomac. Guillaume se jette sur le Père, l’embrasse et proteste qu’il ne l’abandonnerait mort, non plus qu’il ne l’avait abandonné vivant. Pour ce, il reçut de la main du même meurtrier un coup de dague au sein. Mais n’en ayant rendu l’âme, survinrent sur-le-champ quelques autres qui lancèrent au Père et à lui divers coups d’épées et de bâtons ferrés. Il fut poignardé (…) tenant toujours ses bras en croix, et ne prononçant autre chose que ces mots : «Endure, chair, endure un peu!»  J’ai appris que le Père Salez, pendant qu’on le meurtrissait, avait aussi les deux pouces en croix, laquelle continuellement il baisait, quoique les huguenots, à grands coups, lui abattissent les mains à ce qu’il ne baisât cette croix. Cependant il ne cessait de supplier pour eux la Majesté divine, s’écriant : «Mon Dieu, pardonnez-leur!» (…) 
Un soldat qui vit faire ce meurtre, m’a déclaré que le Père gisant à terre, tint quelque temps sa main sous son chef, les yeux dressés au ciel, et que la force lui manquant, son chef pencha en terre et qu’ainsi il expira. Le B. Guillaume fut plus de temps à rendre l’âme. (…) Cet heureux martyre arriva le septième février, mil cinq cent nonante-trois. Le Père avait demeuré vingt ans en la Compagnie, et notre Frère, douze. Le premier rendant l’âme au trente-septième an de sa vie, et le second au trente-huitième « .

   Il était environ deux heures de l’après-midi quand les deux religieux furent massacrés.
Leurs corps furent dépouillés et quelques huguenots se revêtirent par dérision de leurs soutanes et chapeaux pour se promener en ville.
Le Père Jacques fut laissé tout nu sur le pavé, au Frère Guillaume on laissa sa chemise, non par compassion mais parce qu’elle avait été toute déchirée par les meurtriers et qu’elle était donc irrécupérable.
Les bourreaux s’acharnèrent encore sur les cadavres en se livrant à de grossiers outrages que la décence se refuse à nommer… Ils dansèrent et sautillèrent autour de ces dépouilles saintes en parodiant des prières latines, puis elles furent laissées exposées ainsi pendant six jours, au bout desquels deux catholiques vinrent les prendre pour les enterrer dans un jardin.

aubenas-chapelle-des-martyrs Jacques Salès dans Nos amis les Saints

Aubenas en Vivarais : au chevet de l’église paroissiale Saint-Laurent,
la « chapelle des Martyrs »,
dédiée depuis leur béatification à la vénération des reliques des Bienheureux Jacques et Guillaume.

E – Vénération et culte des martyrs d’Aubenas.

   Le Père Odon de Gissey [voir la note (*) ci-dessous] écrit encore : « En nos collèges, la nouvelle de ce méchef étant apportée, servit de consolation à tous. Au collège du Puy, où je me retrouvais pour lors, au lieu des suffrages pour les trépassés, on récita tous ensemble le Te Deum à la fin des litanies, et le lendemain les prêtres célébrèrent la Messe de la très Sainte Trinité en action de grâces ».
C’était la première fois que des fils de Saint Ignace mourraient en martyrs sur le sol de France.

   Quelques jours plus tard, le gouverneur (qui avait été absent lors de ces évènements) put reprendre le contrôle de la ville et y rétablir l’ordre ; une enquête fut diligentée, recueillant des témoignages sur ce qui s’était passé. 

   Une pieuse châtelaine, Madame de Chaussy, obtint, deux ans plus tard, de faire exhumer les restes des deux martyrs. Elle les fit transporter dans une chapelle de sa famille, dans l’église de Ruoms, où elles demeurèrent plusieurs mois.
Les jésuites d’Avignon intervinrent alors pour récupérer les reliques qui firent l’objet d’une « dispersion » : Madame de Chaussy en conserva quelques parcelles dans la chapelle de son château, mais les plus grosses parts des deux saints corps furent distribués entre les collèges jésuites d’Avignon, du Puy, d’Aubenas (nouvellement créé), de Tournon, de Chambéry, de Dôle… etc. Des reliques furent également envoyées à Rome, en Espagne, et au Cardinal François de Joyeuse (frère du Père Ange, duc de Joyeuse, maréchal de France et capucin > ici).
Des guérisons miraculeuses et des grâces ne tardèrent pas à être obtenues : comme le Père Jacques Salès avait été gravement atteint par l’asthme, beaucoup d’asthmatiques recoururent à son intercession et se trouvèrent soulagés.

   Le Roi Louis XIV lui-même sollicita du Saint-Siège leur canonisation. En 1729 une supplique solennelle fut aussi adressée à Rome par les Etats du Languedoc.
Mais la suppression de la Compagnie et la grande révolution freinèrent l’introduction et l’avancement du procès canonique.
Enfin, en 1926, le Pape Pie XI les éleva aux honneurs de la béatification en leur décernant le titre de « Martyrs de l’Eucharistie ».

   Les reliques conservées dans la chapelle du Collège des jésuites d’Aubenas, malgré les aléas de l’histoire et du bâtiment (dans cette chapelle, au début du XXe siècle et avant sa totale destruction, les francs-maçons tinrent des « banquets laïcs et républicains » au cours desquels ils se déchaînèrent en blasphèmes), furent préservées et sont dorénavant exposées dans une châsse, au-dessus de l’autel de la « chapelle des Martyrs », au chevet de l’église Saint-Laurent d’Aubenas (cliché ci-dessus).
En nos temps, le culte de ces glorieux martyrs n’est plus célébré avec la ferveur et la pompe d’autrefois : la pratique d’un faux oecuménisme avec les protestants est embarrassée par ces deux jésuites, puisque – selon une certaine manière d’enseigner l’histoire – il n’y aurait eu que de gentils protestants à l’exemplaire doctrine évangélique à avoir été massacrés par de méchants catholiques qui avaient déformé l’enseignement du Christ…
Ceci au point que cette « chapelle des Martyrs » a été rebaptisée « chapelle de l’unité » et réaménagée de telle sorte qu’un « autel-face-au-peuple » de forme cubique y a été installé à l’opposé de l’autel traditionnel, si bien que les fidèles qui y assistent à la messe tournent le dos aux reliques des deux Bienheureux !

   Dans l’oratoire de notre Mesnil-Marie, nous sommes extrêmement heureux de posséder un médaillon reliquaire (avec son certificat d’authenticité) dans lequel se trouvent des parcelles des ossements des Bienheureux Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, martyrs de l’Eucharistie : il nous a été offert par un vieil ami prêtre au moment de la fermeture d’une résidence de jésuites, étant donné que la majorité des pères n’avait plus rien à faire de ces « gadgets » sans rapport avec « ce que nous vivons dans l’Eglise depuis Vatican II » (sic)!

   Puissent les Bienheureux Jacques et Guillaume nous inspirer – ainsi qu’à tous ceux qui liront ces lignes – une foi toujours plus vive dans le Très Saint-Sacrement de l’autel, un zèle toujours plus ardent pour défendre la foi véritable dans le Saint-Sacrifice de la Messe et la Présence Réelle de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie en face des hérésies contemporaines, et une amoureuse fidélité jusqu’à la mort, quoi qu’il puisse nous en coûter.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

reliques-bbx-jacques-and-guillaume jésuites martyrs

Médaillon renfermant des reliques des
Bienheureux Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, martyrs de l’Eucharistie,
conservé avec grande vénération dans l’oratoire du Mesnil-Marie

eucaristia04copie martyrs d'Aubenas

(*) Note : Tous les passages entre guillemets et de couleur violette que l’on trouve ici, sont extraits de la narration du martyre du Père Jacques et du Frère Guillaume rédigée par le Révérend Père Odon de Gissey, contemporain des faits, qui recueillit avec soin les récits de témoins oculaires, les mit en forme et enfin les publia une trentaine d’années après les évènements [Odon de Gissey, Recueil de la vie et martyre du P. Jacques Salez et de Guillaume son compagnon. Toulouse, 1627, 1642; Avignon, 1869].

2013-18. Bas les masques!

2013-18. Bas les masques! dans Bandes dessinées bas-les-masques-bd

Sermon 65 de Saint Augustin sur la pénitence > ici
Petit catéchisme sur le carême et la pénitence > ici

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Publié dans:Bandes dessinées, De liturgia |on 5 février, 2013 |6 Commentaires »

2013-17. « Beaucoup de péchés sont regardés comme légers et n’en sont pas moins très-dangereux, précisément parce qu’ils ne sont pas considérés comme péchés ».

       Le saint temps du Carême est tout proche.
Avons-nous prévu sérieusement nos efforts de pénitence et de conversion?
Ne prenons pas ce temps particulièrement important et béni à la légère ; gardons-nous de passer à côté de la grâce que Notre-Seigneur nous offre…

Voici une très belle homélie de Saint Augustin pour nous aider à y réfléchir.

2013-17.

Benozzo Gozzoli : la conversion de Saint Augustin (détail) 

Soixante-cinquième sermon de notre glorieux Père Saint Augustin :


La Pénitence.

Résumé : § 1. La pénitence est nécessaire à tous. § 2. Chacun doit examiner sa conscience ; exemple des Ninivites. § 3. La pénitence doit être pratiquée par les justes eux-mêmes. § 4. Personne ne peut, se soustraire à ce devoir, alors même qu’on se flatterait d’être juste ; une telle prétention serait à elle seule un crime. § 5. Conclusion.

* * * * * * *

   1. Dans la lecture de l’Evangile, nous avons entendu ces paroles : « Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche » (Matth. IV, 17). Le royaume des cieux, c’est Jésus-Christ qui sait discerner les bons d’avec les méchants, et juger de toutes choses. Prévenons donc le courroux de Dieu en confessant nos péchés, et avant de paraître en jugement purifions nos âmes de toutes leurs erreurs. Le danger serait de ne point savoir quel remède nous devons appliquer au péché ; comprenons du moins que, devant expier les causes de notre négligence, c’est pour nous une obligation de faire pénitence. Sachez, mes frères, quel amour nous a prodigué le Seigneur notre Dieu, puisqu’Il veut que nous expiions nos fautes avant de paraître à Son tribunal, où nous ne trouverions que la justice. Il nous prévient donc à l’avance, afin de n’avoir pas à nous traiter dans toute Sa sévère équité. Si donc notre Dieu demande que de nos yeux découlent des larmes abondantes, c’est afin de nous faire recouvrer par la pénitence ce que nous avons perdu par notre négligence. Dieu connaît toute la mobilité et la fragilité humaines ; Il sait que notre corps est une cause fréquente de péchés et que nos discours sont pleins d’imperfections. Voilà pourquoi Il nous prescrit la pénitence, afin que par elle nous corrigions nos défauts et réparions nos fautes. Si l’homme est assuré de son pardon, il n’en doit pas moins s’inquiéter de la satisfaction. Je sais qu’ici nous sommes exposés à bien des blessures, et cependant personne ne doit désespérer ; car le Seigneur est infini dans Sa miséricorde, et Il est tout-puissant pour guérir nos langueurs.

   2. Quelqu’un me dira peut-être qu’il ne trouve en lui-même aucun motif de pleurer. Mais alors qu’il rentre dans sa conscience, et il y rencontrera le souvenir toujours vivant de quelque péché. L’un soutire d’une plaie du coeur, l’autre d’une injure du corps ; celui-ci est dominé par l’orgueil, celui-là brûle de telle ou telle cupidité ; ici c’est le mensonge, là c’est l’avarice qui a été peut-être jusqu’à réduire le prochain à la pauvreté ; tel a versé injustement le sang de son frère, tel s’est souillé par des relations criminelles avec une femme de mauvaise vie. Devant des plaies si grandes et si nombreuses de l’esprit ou du corps, se peut-il qu’il n’y ait lieu de pousser aucun gémissement, de verser aucune larme? Que personne ne rougisse de présenter à Dieu ses blessures. Si la honte vous empêche de découvrir vos plaies, jamais vous n’en obtiendrez le remède. Parmi les maladies, les unes sont plus faciles, les autres plus difficiles à guérir. Mais, de tous les malades, le plus difficile à soigner, c’est assurément celui qui ne veut pas l’être. C’est l’Ecriture elle-même qui en fait l’observation. Aucun de ceux qui ont cherché le remède n’a péri, tandis que celui qui l’a méprisé n’a pu échapper à la mort. Ninive était menacée de périr après trois jours si elle ne faisait pas pénitence. Voici ce qu’avait dit le Prophète : « Trois jours encore et Ninive sera détruite. Et cette parole arriva jusqu’aux oreilles du roi de Ninive ; il se leva de son siège, se dépouilla de ses vêtements, se couvrit d’un cilice et s’assit sur la cendre » (Jonas III, 4, 6). Satisfaction bien méritoire, mes frères ; ce roi se dépouille de ses vêtements royaux et se couvre d’un cilice. Il aime mieux se sauver dans le cilice que de périr dans la pourpre. Où était alors ce faste du trône? Pour échapper au châtiment de son orgueil, il cherche un refuge dans les bras de l’humilité, afin de vous faire comprendre que Dieu attache plus de prix à l’humilité qu’à la puissance. En effet, c’en était fait du royaume de Ninive, si la pénitence n’était venue le protéger contre les châtiments du ciel.

   3. Une circonstance frappante dans cette pénitente des Ninivites, c’est que le jeûne fut imposé aux enfants et aux animaux eux-mêmes. Mais pourquoi faire jeûner des enfants qui étaient sans péché? C’est que les innocents jeûnaient, afin de procurer le salut aux coupables. L’enfant implorait pardon, afin que le vieillard ne pérît pas. Le jeûne des enfants, soit encore, mais pourquoi le jeûne des animaux? Pour que la faim ressentie par les animaux prouvât mieux la pénitence des hommes ; leur rugissement devait être comme une prière lancée vers le ciel pour en faire redescendre la miséricorde en faveur des coupables. Nous aussi, mes frères, formons un saint accord entre notre coeur et notre foi, afin de crier plus efficacement vers le Seigneur notre Dieu. Les Ninivites imploraient, après s’être rendus coupables ; pour nous, sachons implorer, afin que nous ne tombions pas dans le péché. Bienheureux celui que la crainte de Dieu dispense de tout châtiment, et qui, pour faire le bien, n’a besoin que de connaître la loi de Dieu, et non d’en subir la punition ! Il n’y a pas de châtiment à redouter pour celui qui sait craindre la justice de Dieu.

   4. Quelqu’un de la foule me répondra peut-être : Que puis-je craindre, puisque je ne fais aucun mal? Ecoutez cette parole de l’apôtre saint Jean : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous » (I Jean I, 8). Que personne ne vous séduise ; la pire espèce de péché, c’est de ne pas connaître ses péchés. Ceux qui les connaissent peuvent se réconcilier avec Dieu par la pénitence. Parmi les pécheurs, celui dont l’état est le plus alarmant, c’est celui qui se flatte qu’il n’y a pas eu en lui de quoi alarmer. Beaucoup de péchés sont regardés comme légers et n’en sont pas moins très-dangereux, précisément parce qu’ils ne sont pas considérés comme péchés. Le mal le plus séduisant, c’est celui qui ne paraît pas un mal. Je ne parle pas des homicides, des adultères, des mauvaises persuasions ; plaise à Dieu qu’aucun chrétien ne s’y laisse entraîner ; et s’il succombe, le sentiment de son crime le portera à le pleurer aussitôt. Je parle de ces autres péchés qui passent pour beaucoup plus légers. Qui de vous pourrait se dire exempt de toute intempérance, de toute ambition, de toute jalousie, de toute cupidité, de toute avarice? Voilà pourquoi, selon la parole de l’Ecriture, je vous exhorte à vous humilier sous la puissante main de Dieu ; puisque personne n’est sans péché, que personne ne s’exempte de la pénitence, car ce serait être coupable que de se croire innocent. On peut n’avoir que des péchés légers, toujours est-il qu’on n’est jamais sans péché : « Personne n’est exempt de toute faute » (Job XIV, 4).

   5. Que ceux donc qui sont plus gravement coupables, implorent leur pardon avec plus d’instance. Que ceux qui se sont abstenus des plus grandes fautes, demandent d’en être délivrés, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

sacrec15 carême dans De liturgia

Petit catéchisme sur le carême et la pénitence > ici

2013-16. De la fuite en Egypte et de l’action bienfaisante de la sauge.

 17 février,
en certains lieux, la fête de la fuite en Egypte.

      Avec la fête de la Purification de Notre-Dame, le 2 février, nous avons achevé le cycle des quarante jours du temps de la Crèche et du mystère de Noël.
Mais il existe encore une célébration, bien méconnue aujourd’hui, qui est mentionnée par les anciens missels comme pouvant être célébrée à la date du 17 février et qui se rattache encore au cycle de la Nativité : la fête de la fuite en Egypte.
Laissez-moi vous raconter aujourd’hui une très belle légende, liée à cet événement, dont l’enseignement ne manquera pas de ravir tous ceux qui connaissent le pouvoir que Dieu a donné aux plantes pour le soulagement de nos maux…

* * * * * * *

La légende de la sauge

2013-16. De la fuite en Egypte et de l'action bienfaisante de la sauge. dans Chronique de Lully salvia_officinalis_l._

       Après les belles émotions qu’avaient éprouvées les coeurs de la très douce Dame Marie et de Saint Joseph, au moment de la cérémonie de la purification rituelle de la jeune accouchée et de la présentation au Temple du Fils de Dieu nouveau-né – reconnu et magnifié par le vieillard Syméon et la prophétesse Anne – , après aussi le remue-ménage suscité dans la bourgade de Bethléem par la venue de la caravane bigarrée des Rois d’Orient, la Sainte Famille aurait pu aspirer à jouir d’un bonheur paisible et sans histoire…
Mais Notre-Dame, dans l’âme de laquelle le premier des sept glaives s’était déjà enfoncé, lui révélant toutes les souffrances dont son Fils innocent serait accablé, attendait en silence le temps inéluctable de l’accomplissement de la prophétie.

   Or, le roi Hérode le Grand, après avoir vainement attendu le retour des Saints Rois à Jérusalem, avait fini par comprendre qu’ils s’étaient joué de lui. Il entra dans une violente colère et il envoya tuer tous les enfants de Bethléem et des environs, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, selon le temps de l’apparition de l’Etoile miraculeuse qui lui avait été précisé par les Mages.
Joseph, averti pendant son sommeil par une apparition de l’archange Gabriel, s’était levé en pleine nuit, avait réveillé Marie, sellé en hâte le petit âne sur lequel elle s’était assise, serrant contre elle le Fils de Dieu emmitouflé, et ils avaient pris le plus discrètement possible la route de l’Egypte.

   Tandis que les soldats d’Hérode, féroces et tout couverts de sang, fouillaient la région pour égorger tous les petits enfants, la Sainte Famille s’enfuyait en évitant les grands chemins, au trot du petit âne, qui ne pouvait pas rivaliser avec le galop forcené des chevaux des bourreaux.
Or, tandis que Saint Joseph était allé dans un hameau pour y faire désaltérer l’âne et mendier quelque nourriture, la Vierge se trouvait seule, allaitant le divin Enfant, assise en bordure d’un bosquet. C’est alors que des cris résonnèrent et que le sol trembla sous le galop des chevaux : « Les soldats d’Hérode ! »

   Où se réfugier? Pas la moindre grotte ni le plus petit creux de rocher! Il n’y avait près de Marie qu’un buisson sur lequel une rose s’ouvrait.

   - Rose, belle rose ! supplia la Sainte Vierge, épanouis-toi bien et cache avec tes beaux pétales cet Enfant que l’on veut faire mourir, et sa mère paralysée par l’angoisse !
La rose, en fronçant le bouton pointu qui lui servait de nez, répondit :
- Eloigne-toi de moi, ô jeune femme, car les soldats en m’approchant pour te chercher pourraient ternir mon éclat ! Va donc, là-bas, voir la giroflée et demande-lui de te cacher : elle a assez de fleurs pour t’abriter.

   - Giroflée, giroflée gentille! supplia la fugitive, épanouis-toi bien et cache de ton massif fleuri cet Enfant que l’on veut faire mourir, et sa mère terrorisée et épuisée !
La giroflée, tout en secouant les petites têtes de son bouquet, refusa elle aussi :
- Passe ton chemin, pauvresse ! Je n’ai pas le temps de t’écouter car je suis trop occupée à me couvrir de fleurs, lesquelles je ne voudrais point voir piétinées par les soldats. Va donc, là-bas, voir la sauge et demande-lui de te cacher : elle n’a rien d’autre à faire que la charité.

   - Ah ! Sauge, bonne sauge ! supplia la Mère des douleurs, épanouis-toi bien et cache sous ton feuillage mon Enfant innocent que l’on veut faire mourir, et sa mère à demi-morte de fatigue et de peur !

   Alors la bonne sauge, sans plus se faire prier, s’épanouit autant qu’elle put : elle couvrit tout le terrain et de ses feuilles de velours fit un dais épais sous lequel se réfugièrent la douce Vierge et l’Enfant-Dieu.

   Sur le chemin, les soldats arrivèrent. Au bruit qu’ils faisaient, Marie frissonnait d’épouvante, mais le divin Enfant, doucement caressé par les feuilles, souriait… Et les soldats passèrent sans rien voir.

   Quand ils furent partis, Marie et Jésus sortirent de leur refuge : « Sauge ! Sainte sauge ! A toi, grand merci et bénédiction ! De ton geste désormais, tous se souviendront ! »

   Lorsque Joseph revint, avec l’âne désaltéré et tout ragaillardi par une bonne mesure d’avoine qu’un brave homme lui avait donné, Marie remonta sur la bonne bête en serrant contre son coeur son Enfant sauvé, et l’archange Gabriel descendit du ciel pour les guider par le plus sûr chemin vers l’Egypte, tout paisiblement, à petites journées.

   C’est depuis ce temps que la rose a des épines, que les fleurs de la giroflée sont malodorantes tandis que la sauge – dont le nom latin « salvia » indique les vertus – possède le pouvoir de guérir tant de maux ; au point que, dans nos campagnes, les anciens répétaient : Celui qui a la sauge dans son jardin n’a pas besoin du médecin.

nicolas-poussin-la-fuite-en-egypte 17 février dans De liturgia

Nicolas Poussin : la fuite en Egypte

2013-12. Les adieux à l’Alléluia.

       Ce samedi, en fin d’après midi, avec les premières vêpres du dimanche, nous inaugurons le cycle liturgique de Pâques en entrant dans le temps de la Septuagésime (cf. > ici).

   Relisons – si vous le voulez bien – ce que Dom Prosper Guéranger a écrit dans « l’Année Liturgique », au sujet de la suspension de l’Alléluia et des touchantes célébrations d’adieu par lesquelles, autrefois, cette interruption était marquée.

2013-12. Les adieux à l'Alléluia. dans De liturgia samedi-avant-la-septuagesime

Le samedi avant le dimanche de la Septuagésime :
suspension de l’Alléluia. 

    »Le mouvement du Cycle doit ramener  prochainement la commémoration des douleurs du Christ et les joies de sa Résurrection ; neuf semaines seulement nous séparent de ces grandes solennités. Il est temps pour le chrétien de préparer son âme à une nouvelle visite du Seigneur, plus sacrée et plus décisive encore que celle qu’il a daigné nous faire dans sa miséricordieuse Nativité.

   La sainte Eglise, qui sent le besoin de réveiller nos cœurs de leur assoupissement, et de leur donner une forte impulsion vers les choses célestes, accomplit aujourd’hui une grande mesure dans cette intention. Elle nous sèvre du divin Alléluia, ce chant du Ciel qui nous associait aux concerts des Anges. Nous ne sommes que des hommes fragiles, pécheurs courbés vers la terre ; comment ce cri d’une meilleure patrie a-t-il pu sortir de notre bouche? Sans doute, l’Emmanuel, le divin réconciliateur de Dieu et des hommes, nous l’a apporté du Ciel, au milieu des joies de sa Naissance, et nous avons osé le répéter ; nous le redirons même encore, avec un nouvel enthousiasme, dans l’allégresse de sa Résurrection ; mais, pour chanter dignement l’Alléluia, il faut aspirer au séjour d’où il nous est venu. Ce n’est pas là un vain mot, une mélodie profane ou insignifiante ; c’est le souvenir de la patrie dont nous sommes exilés, c’est l’élan vers le retour.

   Le mot Alleluia signifie Louez Dieu ; mais son accent est particulier. L’Eglise ne suspendra pas, durant neuf semaines, l’exercice du devoir qui l’oblige à louer Dieu. Elle substituera à ce terme échappé d’un monde meilleur un autre cri qui proclame aussi la louange : Laus tibi, Domine, Rex œternœ gloriœ! Louange à vous, Seigneur, Roi de l’éternelle gloire! Mais ce dernier cri part de la terre, tandis que l’autre est descendu du Ciel.
« L’Alléluia, dit le pieux Rupert, est comme une goutte de la joie suprême dont tressaillit la Jérusalem supérieure. Les Patriarches et les Prophètes le portèrent au fond de leur âme ; l’Esprit-Saint le produisit avec plus de plénitude sur les lèvres des Apôtres. Il signifie l’éternel festin des Anges et des âmes bienheureuses, qui consiste à louer Dieu sans cesse, à contempler sans fin la face du Seigneur, à chanter sans jamais se lasser des merveilles toujours nouvelles. L’indigence de notre vie actuelle n’arrive pas à goûter ce festin ; la perfection en cette vie est d’y prendre part au moyen des joies de l’espérance, d’en avoir faim, d’en avoir soif. C’est pour cela que ce mot mystérieux Alléluia n’a pas été traduit, et qu’il est resté en hébreu, comme pour signifier, plutôt qu’il ne la saurait exprimer, une allégresse trop étrangère à notre vie présente » (De divinis officiis. Lib. I, cap. 35). 

   Durant ces jours où il nous faut sentir la dureté de notre exil, sous peine d’être laissés comme transfuges au sein de la perfide Babylone, il importait que nous fussions prémunis contre les entraînements du dangereux  séjour  où se passe notre captivité. Voilà pourquoi l’Eglise, prenant pitié de nos illusions et de nos périls, nous donne un si solennel avertissement. Elle nous dit,  en nous enlevant le cri de l’allégresse, que nos lèvres ont besoin d’être purifiées avant d’être admises à prononcer de nouveau la parole des Anges et des Saints ; que nos cœurs, souillés par le péché et par l’amour des biens terrestres, doivent  être épurés par le repentir. Elle va dérouler sous nos yeux le triste spectacle de la chute de notre premier père, évènement lamentable d’où sont sortis tous  nos malheurs, avec la nécessité d’une rédemption. Elle pleure sur nous, cette Mère tendre, et elle veut que nous nous affligions avec elle.

   Acceptons donc la loi qui nous est faite ; et si déjà les joies pieuses sont suspendues pour nous, comprenons qu’il est temps de faire trêve avec les frivolités du monde. Mais, avant tout, écartons-nous du péché : assez longtemps il a régné en nous. Le Christ approche avec sa croix ; il vient tout réparer par le fruit surabondant de son Sacrifice. Nous ne voulons pas, sans doute, que son sang tombe inutilement sur nos âmes, comme la rosée du matin sur les sables encore tièdes du désert. Confessons d’un cœur humble que nous sommes pécheurs, et, semblables au publicain de l’Evangile qui n’osait lever ses regards, reconnaissons qu’il est juste que l’on nous retire, au moins pendant quelques semaines, ces chants auxquels notre bouche coupable s’était trop familiarisée, ces sentiments d’une confiance trop présomptueuse qui combattaient dans nos cœurs la sainte crainte de Dieu.

   L’insouciance pour les formes liturgiques, qui est l’indice le plus sensible de l’affaiblissement de la foi dans une chrétienté, et qui règne si universellement autour de nous, est cause que beaucoup de chrétiens, de ceux même qui fréquentent l’Eglise et les Sacrements, voient chaque année, sans en être émus, cette suspension de l’Alléluia. C’est à peine si plusieurs d’entre eux y donnent une attention légère et distraite, préoccupés qu’ils sont des habitudes d’une piété toute privée et en dehors de la pensée de l’Eglise. Si ces lignes leur tombent quelque jour sous les yeux, nous les engageons à réfléchir sur la souveraine autorité et sur la profonde sagesse de notre Mère commune, qui considère la suspension de l’Alléluia comme l’un des incidents les plus graves et les plus solennels de l’Année liturgique. Peut-être leur sera-t-il avantageux d’écouter un moment les accents si touchants que l’interruption forcée du cri céleste arrachait à la piété de nos pères, à l’époque où la foi chrétienne était encore la loi suprême des individus comme des sociétés.

   Les adieux à l’Alléluia dans les diverses Eglises, au Moyen-Age, étaient empreints, comme on va le voir, de sentiments divers selon les lieux. On profitait de la circonstance pour exprimer tout ce que cette parole céleste inspirait de tendresse ou d’enthousiasme ; d’autres fois, le regret des fidèles pour le céleste compagnon de leurs prières s’épanchait en accents plus tristes.

   Nous commencerons par nos vieilles Eglises de l’âge carolingien, et nous produirons d’abord ces adieux d’une familiarité naïve, par lesquels nos pères du IX° siècle se séparaient de l’Alléluia, en annonçant toutefois l’espérance de le revoir, quand la victoire du Christ aurait ramené la sérénité au ciel  de la sainte Eglise. Nous empruntons  les deux Antiennes qui suivent, et dont l’origine paraît être romaine, à l’Antiphonaire de Saint-Corneille de Compiègne, publié par dom Denys de Sainte-Marthe.

Ant.  Que le bon Ange du Seigneur t’accompagne, Alleluia ; qu’il rende ton voyage prospère, afin que tu reviennes avec nous dans la joie, Alleluia, Alleluia.

Ant. Alleluia, reste encore avec nous aujourd’hui ; demain, tu partiras, Alleluia ; et quand le jour se lèvera, tu te mettras en route, Alleluia, Alleluia, Alleluia.

   Voici maintenant les chants par lesquels l’Eglise gothique d’Espagne saluait l’Alléluia, à la veille du jour où il devait cesser. Nous prenons seulement les principaux traits d’un ensemble liturgique qui forme, pour ainsi dire, un Office entier :

Hymne :

   Habitants du ciel, faites résonner l’Alléluia dans vos sacrés cantiques ; d’un concert unanime chantez l’Alléluia éternel.
Vous qui vivez au sein de la lumière qui ne s’éteindra jamais, dans vos chœurs mélodieux, chantez avec ardeur l’Alléluia éternel.
Remontez vers cette heureuse cité de Dieu qui va vous recevoir, et qui, retentissante de cantiques joyeux, répète l’Alléluia éternel.
Dans votre victoire, prenez possession des honneurs de la patrie céleste, où il vous appartient de chanter l’Alléluia éternel.
C’est là que des voix augustes font résonner à jamais, à la gloire du grand Roi , le cantique joyeux, l’Alléluia éternel.
Repos après le labeur, nourriture, breuvage, il fait les délices de ceux qui rentrent dans la patrie, il les enivre à longs traits, l’Alléluia éternel.
Nous aussi, Auteur des êtres, nous célébrons dans nos cantiques mélodieux, nous chantons à votre louange l’Alléluia éternel.
Christ tout-puissant, nos voix te glorifient, et nous disons à ta gloire l’Alléluia éternel. Amen.

A son heureux retour, jubilez d’allégresse ; rendez au Seigneur le tribut de gloire et de mélodie, l’Alléluia éternel.

Capitule : L’Alléluia est du ciel, et il est de la terre ; au ciel il dure toujours, mais sur la terre il peut être chanté. Au ciel, il retentit sans interruption ; sur la terre, il trouve du moins des bouches fidèles. Au ciel, il éclate à jamais ; ici-bas, il n’est pas sans douceur. Au ciel, il exprime l’enthousiasme du bonheur ; sur la terre, il exprime la concorde. Au ciel, il est ineffable ; ici-bas, on le répète avec instance. Au ciel, il n’a pas besoin de syllabes ; sur la terre, il lui faut encore le secours de nos faibles mélodies. Au ciel, il est chanté par les Anges ; ici-bas, par les peuples. Ce ne fut pas seulement au ciel, mais sur la terre, que les bienheureux le chantèrent à la naissances du Christ Seigneur, lorsqu’il annoncèrent la gloire à Dieu, au plus haut des cieux, et la paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Faites donc, Seigneur, que par nos actes nous méritions d’être réunis dans la vie bienheureuse à ceux dont nous cherchons à imiter l’office, en répétant vos louanges.

Ant. Tu nous quittes, Alléluia. Ton voyage sera heureux, Alléluia : tu reviendras à nous avec allégresse, Alléluia. liste porteront sur leurs bras, afin que ton pied ne heurte pas contre la pierre, et  tu reviendras à nous avec allégresse, Alléluia.

Bénédiction :
Que l’Alléluia, parole religieuse et pleine d’allégresse, soit proféré, à la louange de Dieu, par la bouche de tous les peuples.
R/. Amen.

Qu’elle soit mélodieuse dans la bouche des croyants, cette parole qui dans les concerts des Anges exprime la gloire.
R/. Amen.

Les citoyens de l’éternité la font retentir sans le secours d’une harmonie matérielle ; que dans vos cœurs elle fructifie à l’aide d’un sentiment d’amour toujours croissant.
R/. Amen.

Que le bon Ange du Seigneur t’accompagne, Alléluia : qu’il te prépare un voyage heureux, et tu reviendras à nous avec allégresse, Alléluia.

   Les Eglises d’Allemagne, au moyen âge, formulèrent les adieux à l’Alleluia, dans cette magnifique Prose que l’on trouve dans leurs Missels jusqu’au XVe siècle.

Séquence :

   Chantons tous Alléluia. A la louange du Roi éternel, que le peuple fasse retentir Alléluia.
Que les chœurs célestes chantent dans les hauteurs du ciel Alléluia.
Que le concert des bienheureux, dans les jardins du Paradis, exécute l’Alléluia.
Que les sphères éclatantes des cieux jubilent en proclamant dans les hauteurs l’Alléluia.
Que les nuées dans leur cours, les vents dans leur vol rapide, les éclairs dans leur marche étincelante, les tonnerres dans leur fracas, s’unissent pour rendre la douceur de l’Alléluia.
Flots et ondes, pluies et orages, tempêtes et sérénité, ardeurs et froidure, neiges, frimas, bois et forêts, célébrez l’Alléluia.
Et vous, race si variée des oiseaux , louez votre créateur avec mélodie par l’Alléluia.
La grande voix des animaux terrestres s’unira pour répondre Alléluia.
Puis, les sommets des montagnes renverront à leur tour Alléluia.
Et la profondeur des vallées répétera en tressaillant Alléluia.
Toi aussi, abîme des mers, jubile, et dis à ton tour Alléluia.
Et que l’immensité des espaces terrestres pousse ce cri : Alléluia.
Genre humain tout entier, fais entendre avec transport le chant de la louange, Alléluia.
Et rends au Créateur tes actions de grâces, en répétant sans cesse : Alléluia.
Ton Créateur se complaît à entendre éternellement cette parole : Alléluia.
Le Christ aussi accepte ce chant céleste : Alléluia.
Maintenant donc, frères, chantez dans l’allégresse : Alléluia.
Et vous, enfants, répondez toujours : Alléluia.
Chantez tous ensemble, chantez au Seigneur : Alléluia ; au Christ : Alléluia ; à l’Esprit-Saint : Alléluia.
Louange soit à l’éternelle Trinité qui parut avec gloire au baptême du Seigneur : chantons-lui : Alléluia.

   Nos Eglises de France, au XIII° siècle, et longtemps encore après, chantaient, aux Vêpres du samedi de Septuagésime, l’Hymne touchante que nous donnons ci-dessous.

Hymne :

   Alléluia est un chant de douceur, une voix d’allégresse éternelle ; Alléluia est le cantique mélodieux que les chœurs célestes font retentir à jamais, dans la maison de Dieu

   Alléluia! Céleste Jérusalem, heureuse mère, patrie où nous avons droit de cité ; Alléluia! c’est le cri de tes fortunés habitants ; pour nous, exilés sur les rives des fleuves de Babylone, nous n’avons plus que des larmes.

   Alléluia! Nous ne sommes pas dignes de le chanter toujours. Alléluia! Nos péchés nous obligent à le suspendre ; voici le temps que nous devons employer à pleurer nos crimes.

   Recevez donc, ô heureuse Trinité , ce cantique par lequel nous vous supplions de nous faire assister un jour à votre Pâque céleste, où nous chanterons à votre gloire, au sein de la félicité, l’éternel Alléluia. Amen.

   Dans la Liturgie actuelle, les adieux à l’Alléluia sont plus simples ; l’Eglise se contente de répéter quatre fois cette mystérieuse parole, à la fin des Vêpres du Samedi.

V/. Bénissons le Seigneur, Alléluia, Alléluia.
R/. Rendons grâces  à Dieu, Alléluia, Alléluia.

   Désormais, à partir des Complies qui vont suivre, nous n’entendrons plus ce chant du Ciel, jusqu’à l’heure où le cri de la Résurrection éclatera sur la terre. »

Chasuble violette du Mesnil-Marie (détail)

Publié dans:De liturgia, Lectures & relectures |on 26 janvier, 2013 |7 Commentaires »

2013-11. « Le monde a-t-il jamais joui d’une félicité durable ? »

Sermon de
notre glorieux Père Saint Augustin

sur
les tribulations et les misères de ce monde.

2013-11. « Le monde a-t-il jamais joui d'une félicité durable ? » dans De liturgia sandro-boticelli-st-augustin-dans-sa-cellule

Boticelli : Saint Augustin dans sa cellule

Dans l’esprit du magnifique temps de la Septuagésime (pour ce qui concerne ce temps liturgique voir ici > www), voici un court sermon de notre glorieux Père Saint Augustin bien propre à favoriser notre réflexion sur notre condition terrestre, sur ces vicissitudes, mais aussi sur le recul qu’il nous est indispensable d’acquérir par rapport aux évènements et tribulations d’ici-bas (nota : les divisions et les résumés des diverses parties que nous avons intercalés sont de notre fait). 

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§ 1. Notre époque n’est pas plus mauvaise que les précédentes : les siècles passés n’apparaissent bon qu’à ceux qui n’y ont pas vécu. C’est en raison du péché que le genre humain, à tous les âges, est soumis à des tribulations diverses.

Toutes les fois que nous éprouvons quelque tribulation ou quelque misère, nous devons y voir un avertissement et une correction. Nos Saints Livres eux-mêmes, en effet, ne nous promettent pas la paix, la sécurité et le repos : ils nous annoncent, au contraire, des tribulations, des misères et des scandales. L’Evangile ne s’en tait pas : « Mais », dit-il, « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » (Matth. X, 22). De quel bonheur l’homme a-t-il joui en cette vie, depuis le moment où notre premier père nous a mérité la mort et a reçu la malédiction de Dieu, malédiction dont le Christ Seigneur nous a délivrés? « Mes frères », dit l’Apôtre, « ne murmurez pas, comme quelques uns d’entre eux ont murmuré et ont trouvé la mort dans la morsure des serpents » (I Cor. X, 10). Aujourd’hui, mes frères, le genre humain est-il soumis à des épreuves inconnues jusqu’à nos jours, et que nos pères n’aient pas subies avant nous? Ou plutôt, souffrons-nous seulement ce que, au dire de l’histoire, ils ont souffert en leur temps? Et tu rencontres des hommes qui murmurent de l’époque actuelle! Quand est-ce que nos aïeux ont eu à se louer entièrement de leur existence? Hé quoi? Si l’on pouvait faire remonter ces hommes au temps de leurs pères, ils murmureraient encore. Parmi les siècles passés, lequel, à ton avis, a été bon? Ils t’apparaissent bons, parce que tu n’y as pas vécu. Aujourd’hui, pourtant, tu as échappé à la malédiction, tu crois au Fils de Dieu, tu es imbu et instruit de la doctrine renfermée dans nos Saints Livres. Je m’étonne de te voir supposer qu’Adam ait passé une vie paisible : or, tes parents n’ont-ils pas hérité d’Adam? C’est bien à lui que Dieu a adressé ces paroles : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ; tu travailleras la terre d’où tu as été tiré, et elle te produira des ronces et des épines » (Gen. III, 18-19). Il a mérité cette punition, il l’a reçue et cela a été l’effet du juste jugement de Dieu.

* * * * *

§ 2. Exemples tirés de la Sainte Ecriture prouvant la dureté des temps passés : les tribulations actuelles ne doivent donc pas nous entraîner à murmurer contre les dispositions de la Providence.

Pourquoi donc t’imaginer que les temps anciens ont été meilleurs que le temps présent? Depuis le premier Adam jusqu’à l’Adam d’aujourd’hui, il y a eu travail et sueurs, ronces et épines. Il y a eu le déluge, des moments difficiles, des années de famine et de guerre, les annales de l’histoire en font mention ; nous ne devons donc point prendre occasion des jours actuels, pour murmurer contre Dieu. Nos ancêtres ont vu jadis, et il y a de cela bien longtemps, de bien tristes choses : alors se vendait à poids d’or la tête d’un âne mort (IV Rois II, 25) ; on achetait à prix d’argent la fiente de pigeons (ibid.) ; on vit même des femmes s’engager mutuellement à faire mourir leurs enfants pour les manger (IV Rois VI, 28) : lorsqu’elles furent arrivées à bout du premier, la mère du second ne consentit point à tuer le sien : la cause fut donc portée au tribunal du roi, et celui-ci se reconnut plutôt comme coupable que comme juge. Mais à quoi bon rappeler les guerres et la famine de ce temps-là? Qu’elles ont été terribles, les calamités d’alors! A en entendre le récit, à le lire, nous frémissons tous d’horreur. En réalité, n’est-ce point pour nous un motif de remercier Dieu, au lieu de nous plaindre de l’époque où nous vivons?

* * * * *

§ 3. Tribulations et inquiétudes sont inhérentes à notre condition terrestre.

Quand le genre humain s’est-il trouvé à l’aise? En quel temps n’a-t-on pas vu régner la crainte et la douleur? Le monde a-t-il jamais joui d’une félicité durable? De trop vieilles misères n’ont-elles pas toujours été son partage? Si tu ne possèdes pas, tu brûles d’acquérir ; et si tu possèdes, ne crains-tu point de perdre? Et ce qu’il y a en cela de plus malheureux, c’est qu’en dépit de tes désirs et de tes craintes, tu te trouves bien. Tu vas épouser une femme : qu’elle soit mauvaise, elle fera ton supplice ; qu’elle soit bonne, tu auras une peur incessante de la voir mourir. Avant de naître, les enfants sont une source de douleurs atroces ; ils n’inspirent que des inquiétudes, une fois qu’ils sont nés. Qu’on est heureux à la naissance d’un enfant, et, toutefois, comme on redoute de le voir mourir et de le pleurer! Où rencontrer une existence à l’abri du malheur? La terre que nous habitons ne ressemble-t-elle pas à un immense navire? Ne sommes-nous pas, comme des nautonniers, ballottés au gré des flots, sans cesse exposés à perdre la vie, toujours battus par l’orage et la tempête, à chaque instant menacés du naufrage, et soupirant ardemment après le port ; car ils ne sentent que trop qu’ils sont des passagers? Par conséquent, peut-on vraiment appeler bons des jours remplis d’incertitude, qui passent avec la rapidité de l’éclair, dont on peut dire qu’ils ont fini avant de commencer, et qu’ils ne viennent qu’afin de cesser d’être?

* * * * *

§ 4. Les seuls jours qui seront véritablement bons seront ceux de l’éternité : vivons donc saintement pour mériter d’y prendre part.

Donc, « où est l’homme qui souhaite vivre et désire voir des jours heureux?» (Ps. XXXIII, 13). Pour ce bas monde, il n’y a, à vrai dire, ni vie, ni jours heureux. Les seuls jours de bonheur sont ceux de l’éternité. Ce sont des jours, et des jours sans fin ; le Prophète l’a dit : « J’habiterai pendant toute la durée des jours éternels (Ps. XXII, 9), parce qu’un jour passé dans votre demeure vaut mieux que mille jours » (Ps. LXXXIII, 10). Oui, un jour sans fin est préférable à tous les autres. Voilà ce qu’il nous faut désirer : voilà ce qui nous est promis en termes ordinaires et se réalisera d’une manière ineffable. « Où est l’homme qui souhaite vivre? » On dit tous les jours : Vie et vie ; mais pour celle-ci, de quoi s’agit-il? « Et désire voir des jours heureux? » Tous les jours, on parle même d’heureux jours ; et, si on les examine de près, il n’y en a plus. Tu as aujourd’hui passé une bonne journée, si tu as rencontré ton ami, et si cet ami consentait à rester avec toi, quelle bonne journée tu passerais! Après avoir rencontré son ami, l’homme ne se plaint-il pas d’avoir dû le quitter? Voilà comme est bon, pour toi, le jour qui te quitte après t’avoir visité. J’ai passé de bonnes heures : où sont-elles? Ramène-les-moi. J’ai passé un moment agréable : tu t’en réjouis ; plains-toi plutôt de ce qu’il n’est plus. « Quel est l’homme qui souhaite vivre et désire voir des jours heureux? » Et tous de s’écrier : « Moi ! » Mais ce ne sera qu’après cette vie, après les jours présents. Il nous faut donc attendre ; mais que nous recommande-t-on de faire pour parvenir à ce que l’avenir seul peut nous procurer? Que ferai-je dans cette vie telle quelle, pour arriver à la vie et voir des jours heureux? Ce que dit ensuite le Psalmiste : « Préserve ta langue de la calomnie et tes lèvres des discours artificieux ; éloigne-toi du mal et pratique le bien » (Ps. XXXIII, 14-15). Fais ce qui est commandé, et tu recevras ce qui est promis. S’il y a des efforts à t’imposer et que tu aies peur de la peine, que, du moins, l’éclat de la récompense te ranime!

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2013-7. La bénédiction des animaux pour la fête de Saint Antoine le Grand.

17 janvier,
fête de Saint Antoine le Grand, père de tous les moines d’Orient et d’Occident (cf. > ici, et > ici) ;
Mémoire de Sainte Roseline de Villeneuve (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Théodose 1er le Grand, empereur (cf. > ici) ;
Anniversaire de l’apparition de Notre-Dame à Pontmain (cf. > ici).

2013-7. La bénédiction des animaux pour la fête de Saint Antoine le Grand. dans Chronique de Lully saint-antoine-le-grand

       Saint Antoine le Grand – appelé encore Saint Antoine d’Egypte, Saint Antoine du désert ou Saint Antoine abbé – est en vénération particulière en notre Mesnil-Marie : sa fête liturgique est célébrée ce 17 janvier et nous honorons en lui « le père de tous les moines », mais aussi l’un des célestes protecteurs des animaux.
On lira, ou relira, avec profit sa biographie écrite par Saint Athanase d’Alexandrie (cf. > ici).

   J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de Sainte Gertrude de Nivelles, la céleste protectrice des chats (cf. > ici), et l’on sait qu’on invoque spécialement Saint Ambroise de Milan pour la protection des abeilles, Saint Eloi – et parfois aussi Saint Martin – pour celle des chevaux – , Saint Jean-Baptiste pour les agneaux, Saint Roch pour les chiens… etc.

   Je sais bien que certains prêtres de nos jours – dans leur pseudo intellectualisme moderniste – regardent cela comme de la superstition et s’en moquent, mais ce n’est point là l’esprit de notre Mère la Sainte Eglise qui considère que Dieu n’a de mépris pour aucune de Ses créatures, et dont le rituel, depuis des siècles, renferme de précieuses bénédictions en faveur des animaux ; elle sait bien, en effet, que Dieu les a créés pour Sa gloire ainsi que pour le service et la consolation des hommes. Par cette bénédiction, elle ouvre des trésors de grâce pour que toute la création soit rendue à son Créateur et soit protégée du mal.
Et puis, il n’y a qu’à voir aussi à quel point les animaux de toutes sortes sont présents dans la vie des saints : je vous renvoie à la belle histoire écrite par Frère Maximilien-Marie et intitulée « Des Saints et des animaux » (cf.> ici et suivants car il y a quatre parties), dans laquelle sont justement évoqués nombre d’épisodes de l’hagiographie relatifs aux animaux.

   Bref, le Rituale Romanum contient donc, pour la fête de Saint Antoine le Grand, une bénédiction particulière « pour les chevaux ou pour tous les autres animaux » ; vous en trouverez le texte et sa traduction ci-dessous.
En France, cette bénédiction est – malheureusement! – assez peu pratiquée dans les paroisses, alors que la plupart des abbayes ou monastères qui possèdent des animaux en ont gardé l’usage.

   Frère Maximilien-Marie m’a raconté que, pendant les années où il a été si charitablement accueilli au Village d’Enfants de Riaumont et où il a rendu quelques services à cette belle oeuvre d’éducation et de protection de la jeunesse, en attendant de pouvoir fonder le Refuge Notre-Dame de Compassion, cette bénédiction se faisait au cours d’une procession à laquelle participaient, avec les moines, les enfants et adolescents de Riaumont : la procession se rendait jusqu’à la petite ferme, et la bénédiction de Dieu était invoquée sur les volailles de la basse-cour, sur les pigeons, les lapins, les chèvres, les porcs et les chevaux… 
Il se souvient très spécialement d’une scène très touchante : alors que le Révérend Père Argouarc’h, revêtu de la chape, était en train de lire les oraisons de la bénédiction, la jument s’est approchée de lui par derrière et a posé très tendrement sa tête sur l’épaule du prêtre, donnant tout à la fois l’impression de lui montrer sa reconnaissance et de lire avec lui dans le rituel !

   En Espagne et en Italie, cette bénédiction est restée très populaire. A Rome même, l’église des Saints Antoine et Eusèbe, près de la basilique de Sainte Marie-Majeure, connaît le 17 janvier (ainsi que le dimanche qui en est le plus proche) une affluence particulière. 
L’agence d’information internationale au service du Saint-Siège, Zenit, en rendait compte en ces termes pour l’année 2006 :

    »L’église était envahie par la foule des grandes fêtes, toutes générations confondues : les plus âgés et leurs fidèles compagnons à quatre pattes, dans les bras ou au pied, les enfants avec un lapin ou des perruches, les jeunes couples avec poussette fièrement gardée par un tendre molosse, les ados avec un, parfois deux, parfois trois chiens.
Au pied d’une Pietà illuminée, une boule de poils noirs, un chiot de Terre-Neuve plongé dans un sommeil réparateur, qui, inspecté par tous ses congénères qui passaient, n’a pas un instant ouvert l’œil pour autant. 
Qui aurait imaginé pouvoir réunir pendant une heure tant d’animaux sans provoquer quelque salissure ou une bagarre violente, sans que la liturgie n’en souffre et que les fidèles ne se distraient de l’action liturgique?
Pendant l’homélie, le prêtre n’a dû répéter qu’un seul passage, couvert inopinément par un aboiement. Il expliquait que Dieu est « présent partout, parfois même là où nous ne l’attendons pas ». Il ne parlait pas à ce moment-là des animaux : « même dans nos ennemis », disait-il. « Je répète, parce qu’on n’a peut-être pas bien entendu, reprenait le célébrant avec humour, après l’aboiement intempestif, « même dans nos ennemis ». (…) Pour chant final, de tous les cœurs a jailli le Cantique des Créatures de saint François d’Assise. (…) 
A la fin de la messe, une bénédiction générale a eu lieu sur le parvis de l’église, prière publique en présence de membres de la Garde des finances à cheval, des Carabiniers à cheval et de l’unité cynophile de la Protection Civile, rappelant les services rendus à la sécurité de nos villes par des chiens, parfois découverts dans les refuges et choisis pour leurs qualités spéciales. (…)
Puis le diacre a descendu la volée d’escaliers, goupillon en main, passant au milieu de cette foule joyeuse pour donner une bénédiction individuelle : eau bénite sur le museau ou sur le bec. Beaucoup de voisins qui ne se connaissaient que comme « maître de chien » avaient la joie de se reconnaître plus profondément comme chrétiens.
Ainsi, l’Eglise de Rome n’a pas renoncé à cette tradition antique qui est aussi dans l’esprit de saint François d’Assise, patron de l’Italie, un moyen d’évangéliser – car certaines personnes ont cessé d’aller à la messe, mais ne manquent pas cette fête célébrée dès l’enfance – une occasion de rendre grâce pour le don de la Création, et finalement de redonner « à Dieu ce qui est à Dieu ».

   En 2012 encore, Zenit annonçait cette Messe et cette bénédiction, ajoutant en outre que Monsieur le cardinal Angelo Comastri, archiprêtre de la Basilique Vaticane et Vicaire de Sa Sainteté pour la Cité du Vatican, irait lui-même bénir les animaux de ferme rassemblés sur la piazza Pio XII (juste devant la place Saint-Pierre) pour l’exposition organisée par l’Association Italienne des Eleveurs. J’ai alors relevé cette phrase : « La Nouvelle évangélisation passe aussi par la gratitude envers le Créateur pour sa générosité dans toutes les bestioles dont parle la Genèse ».

   En lisant ces articles, je ne pouvais m’empêcher de penser que si, en France, la Garde républicaine et les unités cynophyles de la police venaient à l’église pour y faire bénir leurs chevaux et leurs chiens, les sectes qui tiennent aujourd’hui dans leurs griffes les structures et les hommes de l’Etat comme des médias déchaîneraient une fois de plus leur haine anti-chrétienne et y verraient quelque gravissime atteinte à la laïcité, tant leur orgueil les rend… bêtes.
Je trouve d’ailleurs regrettable que, en Français, ce soit un même mot qui, prit substantivement désigne l’animal, lequel est doté d’une intelligence propre « selon son espèce » (cf. Gen. I, 20-25), et qui, employé comme adjectif, désigne un homme dépourvu de bon sens, sans intelligence, obtus et éloigné de la juste compréhension des choses…
Nous autres, animaux, n’avons de « bêtes » que le nom (cf. aussi ce que j’ai écrit > ici) et la Sainte Eglise nous prodigue d’affectueuses bénédictions, tandis que pour nombre de ces « bêtes » à deux pattes, qui se croient très intelligentes, il serait plus judicieux de les orienter vers le sacrement de pénitence, et même parfois vers le ministère d’un exorciste !

patteschats 17 janvier dans De liturgiaLully.

benedictio-equorum-etc-001 animaux dans Nos amis les Saints

Traduction (par nos soins) :

Bénédiction des chevaux ou d’autres animaux :

V./ Notre secours est dans le Nom du Seigneur.
R./ Qui a fait le ciel et la terre.
V./ Le Seigneur soit avec vous.
R./ Et avec votre esprit.

   Prions :
O Dieu, notre refuge et notre force : montrez-vous favorable aux pieuses prières de votre Eglise, Vous qui êtes Vous-même l’auteur de sa piété, et accordez que ce que nous demandons avec foi, nous l’obtenions avec efficacité. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

R./ Ainsi soit-il!

   Prions :
Dieu tout puissant et éternel, qui avez fait aller sans dommage le glorieux Saint Antoine, éprouvé par des tentations variés, au milieu des troubles de ce monde, accordez à nous qui sommes Vos serviteurs de tirer profit de son illustre exemple et que par ses mérites et son intercession nous soyons libérés des périls de la vie présente. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

R./ Ainsi soit-il!

   Prions :
Que ces animaux reçoivent votre béné+diction, Seigneur : par elle qu’ils reçoivent la santé du corps et qu’ils soient libérés de tout mal par l’intercession du Bienheureux Antoine. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

R./ Ainsi soit-il!

Et ils sont aspergés avec l’eau bénite.

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