Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2013-85. Du temps où surviendra la fin du monde et des signes qui la précèderont.

24ème et dernier dimanche après la Pentecôte :
Dimanche de l’annonce de la fin des temps.

       Au vingt-quatrième et dernier dimanche après la Pentecôte, au cours de la liturgie (dans le rite latin traditionnel) la Sainte Eglise nous rappelle solennellement les paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ prophétisant la fin des temps et les signes qui la précèderont. La semaine qui suit et nous amène jusqu’au premières vêpres du premier dimanche de l’Avent, et donc au début d’une nouvelle année liturgique, est la « semaine des fins dernières ».
Il m’a paru bon de vous rapporter ci-dessous des extraits du livre intitulé « Fin du monde présent et mystères de la vie future » du chanoine Charles-Marie Arminjon (1824 – 1885).
Cet excellent ouvrage, qui est au nombre de ceux que Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a le plus aimés – et qu’elle a d’ailleurs souvent cité – , est une véritable et magistrale somme de tout l’enseignement des Saintes Ecritures, des Pères de l’Eglise et de la Tradition au sujet de la fin des temps et de nos fins dernières.

Lully.

Prédication et chute de l'Antéchrist Michael Wolgemut 1493

Michael Wolgemut : prédication et chute de l’Antéchrist (1493)

Du temps où surviendra la fin du monde
et des signes qui la précèderont.

* * * * *

   Le monde aura une fin, mais cette fin est-elle éloignée ou prochaine ? (…)
La Sainte Ecriture ne nous laisse pas sur ce point dans une ignorance absolue.
Sans doute, Jésus-Christ nous a dit, parlant de la date précise : « Ce jour-là personne ne le connaît, et il est ignoré même des anges qui sont dans les cieux ». Mais d’autre part, il a voulu nous donner des indices et des signes précis, destinés à nous faire connaître que l’avènement des prophéties est proche et que le monde touche à sa fin.
Jésus-Christ a procédé à l’égard du genre humain pris collectivement comme à l’égard des individus : ainsi notre mort est certaine, mais l’heure nous est inconnue. Personne d’entre nous ne peut dire s’il sera en vie dans une semaine, dans un jour (…). Mais si nous pouvons être surpris à toute heure, il y a cependant des signes qui témoignent que notre dernière heure est imminente, et que nous nous bercerions d’une illusion grossière en nous promettant une longue carrière ici-bas.

   « Apprenez, sur ceci, dit le Seigneur, une comparaison prise du figuier : quand ses rejetons commencent à être tendres et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche… De même, quand vous verrez toutes ces choses, c’est-à-dire les guerres, les famines, les tremblements, sachez que le Fils de l’homme est à vos portes » (cf. Matth. XXIV, 32-33).

   A la vérité, ces désastres publics, ces troubles, et les dérangements dans les éléments et le cours régulier des saisons, qui signaleront le dernier avènement du Fils de Dieu, sont des signes vagues et indéterminés… Ils se sont manifestés, avec plus ou moins d’intensité, à toutes les époques néfastes de l’humanité, à toutes les époques de crise et de commotion religieuse (…).

   Ainsi, des désastres et des révolutions actuelles, des désordres moraux, des grands cataclysmes religieux ou sociaux, dont l’Europe et le monde sont en ce moment le théâtre, on ne peut tirer aucune déduction concluante sur la fin des temps. Les signes d’aujourd’hui sont les mêmes signes qui se sont produits dans les temps anciens, et l’expérience constate qu’ils sont insuffisants, pour prouver la proximité du jugement.

   Il importe pourtant de consisérer que Jésus-Christ, dans sa prophétie (Saint Matthieu chap. XXIV), mêle dans un seul tableau les signes qui ont trait à la fin du monde et ceux qui ont trait à la ruine de Jérusalem. Il le fait premièrement à cause de l’analogie de deux événements. Il le fait secondement, parce que dans Dieu il n’y a ni différence ni succession de temps. Les faits rapprochés et les faits plus éloignés sont clairement présents à son esprit, il les voit comme s’ils avaient lieu au même instant…
En outre, Notre-Seigneur Jésus-Christ savait que les Apôtres, avant le jour où ils furent éclairés par l’Esprit-Saint, étaient imbus des illusions et de tous les préjugés judaïques ; à leurs yeux, Jérusalem était tout l’univers, sa ruine équivalait, pour eux, à la chute du monde. Par suite de ce patriotisme étroit et exagéré qui les dominait, les Apôtres persévérèrent jusqu’à la ruine de Jérusalem dans une vigilante et continuelle attente. Ces dispositions étaient le but que Jésus-Christ se proposait d’atteindre, cherchant plutôt à les instruire et à les détacher des grossières espérances de la terre, qu’à piquer leur curiosité en leur dévoilant les secrets cachés de l’avenir.
Ainsi, il leur montre dans sa prophétie comme deux perspectives et deux horizons ayant des traits analogues et se ressemblant par leurs contours, leurs dessins et leurs coloris.
En Saint Matthieu et en Saint Marc, les deux événements, la ruine de Jérusalem et la fin du monde, semblent plutôt se confondre. En Saint Luc, la séparation des deux faits apparaît très nettement : il y a des traits qui ne se rapportent qu’à la fin du monde, par exemple ceux-ci : Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. Et sur la terre les nations seront dans l’abattement et la consternation, la mer faisant un bruit efroyable par l’agitation de ses flots… Et les hommes sécheront de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver dans tout l’univers ; car, les vertus des cieux seront ébranlées… Et alors ils verront le Fils de l’homme venant sur une nuée avec une grande puissance et une grande majesté (Luc XXI).

   (…) Cependant, si Jésus-Christ nous apprend que la fin de ce grand jour est un secret que Dieu s’est réservé dans les conseils de sa puissance, tempora et momenta quae Pater posuit in sua potestate (note : les temps et les moments que le Père a établis dans sa puissance – cf. ), et qui échappe à toutes nos prévisions jusqu’à l’heure même de sa réalisation, toutefois, afin de nous prémunir contre l’incurie et une fausse sécurité, il ne cesse de rappeler aux hommes, premièrement que la fin du monde est certaine, secondement qu’elle est relativement prochaine, troisièmement qu’elle n’aura pas lieu avant que ne se soient produits, non pas des signes communs et généraux tels qu’il s’en est accompli dans tous les temps, mais des signes propres et spéciaux qu’il nous a clairement indiqués. Ces signes ne sont pas seulement des calamités et des révolutions dans les astres, mais des événements d’un caractère public, se rattachant à la fois à l’ordre religieux et social, et sur lesquels il est impossible que l’humanité puisse se méprendre.

   Le premier des événements précurseurs de la fin des temps est celui que nous indique le Sauveur, en Saint Matthieu, chapitre XXIVème, quand il nous dit : « Et cet Evangile du royaume de Dieu sera prêché dans l’univers, donné en témoignage à toutes les nations, et alors seulement arrivera la fin ».
Le second de ces faits sera l’apparition de l’homme de péché, l’Antéchrist (2 Thess. II, 2-4).
Le troisième, la conversion du peuple juif, qui adorera le Seigneur Jésus et le reconnaîtra pour le Messie promis (Rom. XI, 14-17).
« Jusque là, dit Saint Paul, que personne ne s’abuse comme si nous étions à la veille du jour du Seigneur » (2 Thess. II, 2).

« Fin du monde présent et mystères de la vie future »
conférences prêchées à la cathédrale de Chambéry
par l’abbé Arminjon
Oeuvre de Saint-Paul – 1883
pp. 17 à 22 de la réédition de l’Office Cenral de Lisieux – 1964

frise

2013-84. Cantique du Jugement dernier.

Vingt-quatrième et dernier dimanche après la Pentecôte,
Dimanche de l’annonce de la fin des temps.

H.Memling détail du jugement

Hans Memling : les Anges sonnant de la trompette
(triptyque du jugement dernier – détail)

       Est-ce l’effet de la toute proche fête de Sainte Cécile ? J’ai déjà publié l’hymne latine en son honneur composée au XVe siècle (cf. > ici), mais j’ai en outre le goût de me plonger dans la collection des anciens recueils de cantiques qui sont rassemblés sur une étagère de notre Mesnil-Marie.
Il y en a un en particulier qui ne prend jamais la poussière, parce que Frère Maximilien-Marie le consulte régulièrement et qu’il aime à en fredonner les airs : c’est le « Recueil de cantiques populaires » publié par Monseigneur Joseph Besnier (1898-1984), lequel fut pendant cinquante-deux ans – de 1931 à 1983 – maître de chapelle de la cathédrale de Nantes.

   Donc, dans le recueil de Monseigneur Besnier, j’ai retrouvé un cantique que notre Frère affectionne spécialement et qu’il chante souvent en cette période de l’année. Il a été composé sur une musique de Claude Goudimel (1505-1572) et les paroles en ont été écrites par un autre prêtre du clergé nantais, l’abbé Eugène Blineau.
Comme il s’accorde parfaitement au dernier dimanche de l’année liturgique (qui porte le numéro 24e après la Pentecôte dans nos missels), et qu’il résume magnifiquement l’enseignement du Saint Evangile et de la Tradition ecclésiastique, je ne résiste pas à la tentation de vous en reproduire ici la partition et de vous en copier les paroles, qu’il convient de méditer plus encore que de chanter en ces jours où la liturgie nous demande de penser à la fin des temps.

Lully.

Cantique du Jugement -  Vous avez, Jésus-Christ

1. Vous avez, Jésus-Christ,
Plus d’une fois décrit
Cette heure triomphante,
Où le temps finira,
Quand sur nous passera
Un souffle d’épouvante :
Nous verrons dans les cieux
Des signes merveilleux ;
Nous unirons dans l’ombre
A la rumeur des flots
Le bruit des longs sanglots
De nos malheurs sans nombre.

2. A ce cri : « Morts, debout ! »
Que rediront partout
Vos anges de lumière,
Les tombeaux s’ouvriront,
Les morts se dresseront
Dans leur vigueur première.
C’est votre Sainte Croix
Qu’ils verront, Roi des rois ;
Tous lui rendront hommage.
Comme un rayon de feu,
Vous viendrez, Fils de Dieu,
Sur un ardent nuage.

3. Etendant votre main,
De tout le genre humain
Vous ferez le partage :
A droite, vos amis,
Ceux auxquels fut promis
Le ciel en héritage ;
A gauche, les damnés,
A l’enfer destinés
Par leur choix volontaire.
Les décrets proférés,
Vous renouvellerez
La face de la terre.

4. Il viendra, ce grand jour
De justice et d’amour
Tel que l’attend l’Eglise.
Nous croyons fermement
Au dernier jugement
Dans notre foi soumise.
Nous ne quitterons pas
La route qu’ici-bas
Tous vos saints ont suivie,
Pour être, ô doux Jésus,
Du nombre des élus
Dans l’éternelle vie.

H. Memling triptyque du jugement dernier

Hans Memling : triptyque du jugement dernier.

Publié dans:Chronique de Lully, De liturgia, Prier avec nous |on 23 novembre, 2013 |3 Commentaires »

2013-83. De Sainte Cécile et d’une hymne du XVe siècle en son honneur.

Ste Cécile touchant de l'orgue

22 novembre,
Fête de Sainte Cécile, vierge et martyre ;
Mémoire de Saint Calmin, duc d’Aquitaine et ermite, confesseur.

       Au Mesnil-Marie, nous avons beaucoup de dévotion pour Sainte Cécile, vierge et martyre, et nous la vénérons d’autant plus que les modernistes ont contesté l’authenticité de son histoire !

   Celle que les musiciens et chanteurs, luthiers et fabricants d’instruments de musique, honorent comme leur céleste protectrice, peut tout spécialement être priée avec ferveur – en nos temps malheureux – pour que, dans toutes les paroisses, on retrouve un authentique chant religieux…

   Je veux profiter de cette fête pour publier cette hymne latine du XVe siècle qui est très facile à chanter et dont je vous proposerai une traduction au-dessous.

Bonne fête de Sainte Cécile à tous !

Lully.

frise avec lys naturel

Tuba cum cytharis - Sancta Caecilia

Chœur 1 : Emparez-vous maintenant de trompettes et de cithares :
Chœur 2 : Célébrez maintenant le triomphe d’une martyre,
Chœur 1 : O chœurs des Anges et des Vierges,
Chœur 2 : Et dites avec la voix de l’allégresse :

Les deux chœurs : O heureuse Cécile ! (bis)

Chœur 1 : Cette (vierge) glorieuse étant assoiffée de la victoire,
Chœur 2 : En son corps souffrant, par la force de la grâce,
Chœur 1 : Elle a livré
Chœur 2 : Ses membres aux impitoyables instruments de supplice.

Les deux chœurs : O heureuse Cécile ! (bis)

Chœur 1 : Et nous qui gémissons, regardez-nous favorablement.
Chœur 2 : Tenez-vous devant le Juge que nous avons souvent offensé :
Chœur 1 : Qu’Il donne à nos âmes, lorsqu’elles seront détachées de leurs corps, d’aller vers le Ciel.
Chœur 2 : Purifiées de leurs souillures, faites qu’elles vivent en votre compagnie.

Les deux chœurs : O heureuse Cécile ! (bis)

frise avec lys naturel

2013-82. « Il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais d’offrande de pure créature, plus grande et plus parfaite que celle que Marie fit à Dieu à l’âge de trois ans… »

Saint Alphonse de Ligori :

« De la Présentation de Marie »
(in « Les Gloires de Marie »  - 2e partie : Les Vertus de Marie)
extraits

La Présentation de Marie (église Saint-Martin, Vals-les-Bains)

La Présentation de Marie (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

(…) Il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais d’offrande de pure créature, plus grande et plus parfaite que celle que Marie fit à Dieu à l’âge de trois ans, lorsqu’elle se présenta au temple pour offrir, non des aromates, des animaux, des talents d’or, mais toute sa personne en parfait holocauste, se consacrant comme une victime perpétuelle en Son honneur. Elle entendit la voix de Dieu qui dès lors l’invitait à se dévouer toute à Son amour (Cant. II), elle vola donc vers son Seigneur, oubliant sa patrie, ses parents, tout en un mot, pour ne s’attacher qu’à L’aimer et à Lui complaire (Ps. XLIV). Sur le champ, elle obéit à la voix divine.
Considérons donc combien fut agréable à Dieu cette offrande que Marie lui fit d’elle-même, puisqu’elle s’offrit à Lui promptement et entièrement (…).

Premier point : Marie s’offrit promptement à Dieu.

(…) Dès le premier moment où cette céleste enfant fut sanctifiée dans le sein de sa mère, et ce fut le premier de son immaculée conception, elle reçut le parfait usage de la raison, pour pouvoir commencer dès lors à mériter, suivant l’opinion commune des docteurs (…). Si ce privilège a été accordé aux anges et à Adam, comme le dit le docteur angélique, il faut admettre à bien plus forte raison qu’il a été accordé à la divine Mère ; car, Dieu ayant daigné la choisir pour Sa Mère, on doit supposer certainement qu’Il lui a conféré de plus grands dons qu’à toutes les autres créatures. En sa qualité de Mère, dit Suarez, elle a en quelque sorte un droit particulier à tous les dons de son Fils. Comme, à raison de l’union hypostatique, Jésus dut avoir la plénitude de toutes les grâces, il convint aussi, à raison de la divine maternité de Marie, que Jésus, en retour de l’obligation naturelle qu’Il lui avait, lui conférât des grâces plus grandes que celles qui étaient accordées à tous les anges et aux autres saints.

C’est pourquoi, dès le premier instant de sa vie, Marie connut Dieu, et Le connut si bien, qu’aucune langue, dit l’ange à sainte Brigitte, ne saurait expliquer combien l’intelligence de la sainte Vierge réussit à pénétrer Dieu dès le premier moment qu’elle Le connut. Et dès lors aussi, éclairée des premiers rayons de la divine lumière, elle s’offrit toute entière au Seigneur, se dévouant sans réserve à Son amour et à Sa gloire, comme l’ange continua à le dire à sainte Brigitte : Aussitôt notre Reine se détermina à sacrifier à Dieu sa volonté avec tout son amour pour le temps de sa vie. Et nul ne peut comprendre combien sa volonté se soumit alors à embrasser toutes les choses qui plaisaient au Seigneur.

Mais cette enfant immaculée, apprenant ensuite que ses parents, saint Joachim et sainte Anne, avaient promis à Dieu, même avec voeu, que, s’Il leur accordait un rejeton, ils le consacreraient à Son service dans le temple, et les Juifs ayant l’antique coutume de placer leurs filles dans des cellules, autour de cet édifice, pour y être élevées, comme le rapportent Baronius, Nicéphore, Cedranus et Suarez, d’après l’historien Josèphe et le témoignage de saint Jean Damascène, de saint Grégoire de Nicomédie, de saint Anselme, de saint Ambroise ; et comme cela est d’ailleurs établi clairement par un passage du livre 2e des Macchabées (III, 20), relatif à Héliodore, qui voulut pénétrer dans le temple pour s’emparer du trésor ; Marie apprenant cela, dirons-nous, lorsqu’elle avait à peine trois ans, ainsi que l’attestent saint Germain et saint Epiphane, c’est-à-dire à l’âge où les jeunes filles ont un plus grand désir et un plus grand besoin de l’assistance de leurs parents, voulut être solennellement offerte et consacrée à Dieu, en se présentant dans le temple ; aussi fut-elle la première à prier ses parents avec instance de l’y conduire pour accomplir leur voeu. Et sa sainte Mère, dit saint Grégoire de Nysse, s’empressa de le faire.
Saint Joachim et sainte Anne, sacrifiant généreusement à Dieu ce que leur coeur chérissait le plus sur la terre, partirent de Nazareth, portant tour à tour dans leurs bras leur fille bien-aimée, car elle n’aurait pu franchir à pied la longue distance de 80 milles qui sépare Nazareth de Jérusalem. Ils voyageaient accompagnés d’un petit nombre de parents ; mais des légions d’anges, dit saint Grégoire de Nicomédie, formaient leur cortège, et servaient durant ce voyage la Vierge immaculée qui allait se consacrer à la majesté divine.
Oh ! qu’ils sont beaux, devaient alors chanter les anges, qu’ils sont agréables à Dieu, les pas que vous faites pour aller vous offrir à Lui, ô Fille bien-aimée de notre commun Seigneur (Cant. VII, 1).

La Vierge enfant, Sainte Anne et Saint Joachim, à la Présentation (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

La Vierge enfant, Sainte Anne et Saint Joachim, à la Présentation (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Dieu, dit saint Bernardin, fit en ce jour une grande fête avec toute la cour céleste, en voyant conduire Son Épouse au temple, car Il ne vit jamais de créature plus sainte et plus aimable s’offrir à Lui. Allez donc, s’écrie saint Germain, archevêque de Constantinople, allez, ô Reine du monde, ô Mère de Dieu, allez avec joie à la maison du Seigneur, attendre la venue du divin Esprit qui vous rendra Mère du Verbe éternel !

Lorsque cette sainte société arriva au temple, l’aimable enfant se tourna vers ses parents, s’agenouilla en baisant leurs mains, et leur demanda leur bénédiction ; puis, sans jeter aucun regard en arrière, elle franchit les quinze marches du temple (comme le rapporte Arias Montanus d’après Josèphe), et se présenta au prêtre saint Zacharie, dit saint Germain. Renonçant alors au monde, renonçant à tous les biens qu’il promet à ses serviteurs, elle s’offrit et se consacra à son Créateur.

Au temps du déluge, le corbeau, envoyé par Noé hors de l’arche, s’y arrêta pour se repaître de cadavres ; mais la colombe, sans même poser le pied, retourna aussitôt a l’arche. Bien des hommes envoyés par Dieu en ce monde s’y arrêtent aussi malheureusement à se nourrir des biens terrestres. Il n’en fut pas de même de Marie, notre céleste colombe ; elle connut que Dieu doit être notre unique bien, notre unique espérance, notre unique amour ; elle connut que le monde est plein de périls, et que plus tôt on le quitte, plus tôt on est délivré de ses pièges ; aussi voulut-elle le fuir dès sa plus tendre enfance, et alla-t-elle s’enfermer dans la sainte retraite du temple, pour y mieux entendre la voix du Seigneur, pour L’honorer et L’aimer davantage. Ainsi la sainte Vierge, des ses premières actions, se rendit chère et agréable à son Dieu, comme l’Église le lui fait dire. C’est pourquoi on la compare à la lune ; car, de même que la lune achève son cours plus vite que les autres planètes, de même Marie atteignit la perfection plus vite que tous les saints, en se donnant à Dieu promptement, sans délai, et entièrement sans réserve (…).

Le prêtre Zacharie accueillant la Vierge enfant (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Le prêtre Zacharie accueillant la Vierge enfant (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Deuxième point : Marie s’offrit à Dieu sans réserve.

Eclairée d’en haut, cette enfant savait bien que Dieu n’accepte pas un coeur divisé, mais qu’Il veut qu’on le consacre tout entier à Son amour, suivant le précepte qu’Il en a donné. Aussi, dès le premier instant de sa vie, commença-t-elle à aimer Dieu de toutes ses forces, et se donna-t-elle à Lui toute entière. Mais son âme très sainte soupirait avec ardeur après le moment de se consacrer tout à fait à Lui en effet, et d’une manière publique et solennelle.
Considérons donc avec quelle ferveur cette Vierge aimante, se voyant enfermée dans le saint lieu, se prosterna pour en baiser le parvis, comme celui de la maison du Seigneur, puis elle adora Son infinie majesté, et Le remercia d’avoir daigné l’admettre à habiter pendant quelque temps Sa maison ; ensuite elle s’offrit toute entière à son Dieu, sans réserve d’aucune chose, Lui offrant toutes ses facultés et tous ses sens, tout son esprit et tout son coeur, toute son âme et tout son corps ; car ce fut alors, comme on le croit, que pour plaire à Dieu elle fit le voeu de virginité, voeu que Marie forma la première, suivant l’abbé Rupert. Et elle s’offrit, sans limitation du temps, comme l’affirme Bernardin de Busto. Car elle avait alors l’intention de se dévouer à servir la divine majesté dans le temple, durant toute sa vie, si Dieu l’avait ainsi voulu, et sans jamais sortir du lieu saint. Oh ! avec quel amour dut-elle s’écrier alors : « Mon Seigneur et mon Dieu, je ne suis venue que pour Vous plaire et pour Vous rendre tout l’honneur que je puis ; je ne veux vivre et mourir que pour Vous, si Vous l’agréez ; acceptez le sacrifice que Vous fait votre pauvre servante, et aidez-moi à Vous être fidèle ».

Considérons combien fut sainte la vie de Marie dans le temple ; en l’y voyant croître en perfection, comme l’aurore en lumière, qui pourrait expliquer comment resplendissaient en elle, et plus belles de jour en jour, toutes les vertus, la charité, la modestie, l’humilité, le silence, la mortification, la mansuétude ?
Planté dans la maison de Dieu, ce bel olivier, dit saint Jean Damascène, arrosé par l’Esprit saint, devint le séjour de toutes les vertus. Le même saint dit ailleurs : Le visage de la Vierge était modeste, son esprit humble, et ses paroles, expression d’une âme recueillie, étaient douces et pleines de charmes ; il ajoute autre part : La Vierge éloignait la pensée de toutes les choses terrestres, pour embrasser toutes les vertus ; s’occupant ainsi de la perfection, elle y fit en peu de temps de si grands progrès qu’elle mérita de devenir le temple de Dieu.

Saint Anselme, traitant de la vie de la sainte Vierge dans le temple, dit que Marie était docile, parlait peu, demeurait recueillie, sans rire ni se troubler jamais. Elle persévérait dans l’oraison, dans la lecture des livres saints, dans le jeûne et dans toutes les pratiques de vertu. Saint Jérôme entre dans de plus grands détails : Marie réglait ainsi sa journée : depuis le matin jusqu’a tierce, elle restait en oraison ; de tierce jusqu’à none, elle s’occupait de quelque travail ; à none reprenait l’oraison jusqu’à ce que l’ange lui apportât sa nourriture comme de coutume. Elle était la première dans les veilles, la plus exacte à accomplir la loi divine, la plus profonde en humilité, la plus parfaite dans chaque vertu. On ne la vit jamais en colère : toutes ses paroles respiraient tant de douceur qu’on reconnaissait l’Esprit de Dieu à son langage.

La Vierge enfant dans son oblation totale (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

La Vierge enfant dans son oblation totale (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

La divine Mère révéla elle-même à sainte Elisabeth, vierge de l’ordre de saint Benoît, que, lorsque ses parents l’eurent laissée dans le temple, elle résolut de n’avoir que Dieu pour père, et elle songeait à ce qu’elle pouvait faire pour Lui être agréable. Elle se détermina à Lui consacrer sa virginité, et à ne posséder quoi que ce fut au monde, soumettant toute sa volonté au Seigneur. Entre tous les préceptes, elle se proposait surtout d’observer celui de l’amour de Dieu ; elle allait, au milieu de la nuit, prier le Seigneur, à l’autel du temple, de lui accorder la grâce de pratiquer Ses commandements, et de lui faire voir en ce monde la Mère du Rédempteur, Le suppliant de lui conserver les yeux pour la contempler, la langue pour la louer, les mains et les pieds pour la servir, et les genoux pour adorer dans son sein son divin Fils.
Sainte Elisabeth, à ces mots de Marie, lui dit : « Mais, ô ma Souveraine, n’étiez-vous pas pleine de grâce et de vertu ? » Et Marie répondit : « Sachez que je me regardais comme la plus vile des créatures, et comme indigne de la grâce de Dieu ; c’est pourquoi je demandais ainsi la grâce et la vertu ». Enfin, pour nous convaincre de la nécessité absolue où nous sommes tous de demander à Dieu les grâces dont nous avons besoin, Marie ajouta : « Pensez-vous que j’aie obtenu la grâce et la vertu sans peine ? Sachez que je n’ai reçu de Dieu aucune grâce sans une grande peine, sans de continuelles oraisons, des désirs ardents, et beaucoup de larmes et de pénitences ».

Mais on doit s’attacher surtout aux révélations faite à sainte Brigitte, touchant les vertus et les exercices pratiques par la sainte Vierge dans son enfance.
Dès son bas âge, y est-il dit, Marie fut remplie de l’Esprit saint, et à mesure qu’elle croissait en années, elle croissait aussi en grâce. Des lors, elle résolut d’aimer Dieu de tout son coeur, de manière à ne L’offenser ni par ses paroles, ni par ses actions, aussi méprisait-elle tous les biens de la terre. Elle donnait aux pauvres tout ce qu’elle pouvait. Elle était si sobre qu’elle ne prenait que la nourriture absolument nécessaire pour soutenir son corps. Ayant appris, dans l’Ecriture Sainte, que Dieu devait naître d’une vierge afin de racheter le monde, elle s’enflamma tellement du divin amour, qu’elle ne désirait que Dieu et ne pensait qu’à Lui, ne se plaisant que dans le Seigneur, elle fuyait la conversation même de ses parents, pour n’être point détournée du souvenir de Dieu. Enfin, elle souhaitait de se trouver au temps de la venue du Messie, afin d’être la servante de l’heureuse Vierge qui aurait mérite de devenir Sa Mère. Voila ce que contiennent les révélations faites à sainte Brigitte (Livres 1 et 3).

Visage et mains de la Vierge enfant dans son offrande (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Visage et mains de la Vierge enfant dans son offrande (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Ah! c’est pour l’amour de cette sublime enfant que le Rédempteur hâta sa venue au monde ; tandis que, dans son humilité, elle ne se croyait pas digne d’être la servante de la divine Mère, elle fut choisie pour la devenir elle-même ; par l’odeur de ses vertus, par la puissance de ses prières, elle attira dans son sein virginal le Fils de Dieu. Voila pourquoi Marie a reçu du divin Époux le nom de tourterelle (Cant. II, 12), non seulement parce qu’à l’exemple de la tourterelle elle aimait la solitude, vivant en ce monde comme dans un désert, mais parce que, comme la tourterelle fait retentir les campagnes de ses gémissements, ainsi Marie gémissait dans le temple, en compatissant aux misères du monde perdu et en demandant à Dieu notre commune Rédemption. Oh! avec quel amour, avec quelle ferveur, elle répétait à Dieu dans ce temps les supplications et les soupirs des prophètes, pour qu’il envoyât le Rédempteur (Isaïe XVI, 1 ; XLV, 8).

Enfin Dieu se plaisait à voir cette Vierge s’élever de plus en plus vers le sommet de la perfection, semblable à une colonne de parfums, qui exhalait les odeurs de toutes les vertus, comme l’Esprit saint le dit dans les cantiques (Cant. III, 6). En vérité, déclare saint Sophrone, cette enfant était le jardin de délices du Seigneur, parce qu’Il y trouvait toutes les sortes de fleurs, et toutes les odeurs de vertus. Aussi saint Jean Chrysostome affirme-t-il que Dieu choisit Marie pour Sa Mère sur la terre, parce qu’Il n’y trouva point de Vierge plus sainte et plus parfaite, ni de lieu plus digne de Sa demeure, que son sein très sacré, parole confirmée par saint Bernard ; et saint Antonin assure que la Bienheureuse Vierge, pour être élue et destinée à la dignité de Mère de Dieu, dut posséder une perfection si grande et si consommée qu’elle surpassât en perfection toutes les autres créatures.

Comme cette sainte enfant se présenta et s’offrit à Dieu dans le temple promptement et sans réserve, ainsi présentons-nous en ce jour à Marie entièrement et sans délai, et prions-la de nous offrir à Dieu, qui ne nous repoussera pas, en nous voyant présentés par la main de celle qui fut le temple vivant du Saint-Esprit, les délices du Seigneur, et la Mère destinée au Verbe éternel. Mettons tout notre espoir en cette sublime et excellente souveraine, qui récompense avec tant d’amour les honneurs que lui rendent ses serviteurs.

Les lys, symboles de la perpétuelle virginité vouée par Marie à sa Présentation (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Les lys, symboles de la perpétuelle virginité vouée par Marie à sa Présentation (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Sur la Présentation de la Bse Vierge Marie au Temple voir aussi :
- l’hymne liturgique du propre parisien > www
- la méditation de Monsieur Olier > www
- le sermon de St François de Sales > www

2013-80. Des trois états de l’unique Eglise.

Novembre.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

     On ne dit jamais assez à quel point il est important de prier pour les défunts : ceux de notre famille, de notre parentèle, ceux de nos amis ou de nos bienfaiteurs qui nous ont quitté.
Pendant le mois de novembre très spécialement l’Eglise nous encourage d’une manière encore plus instante à prier pour les défunts ; et elle nous y stimule par l’octroi de précieuses indulgences (cf. > ici).

   Faut-il préciser que nos prières pour les défunts sont à l’intention des âmes qui attendent, depuis le moment où elles ont quitté leur corps, leur entrée au Ciel ? Faut-il préciser que ce sont des âmes qui étaient en état de grâce au moment où elles ont été séparées de leur corps ?
Pour un catholique qui connaît son catéchise cela va de soi, mais en nos temps de confusion et d’édulcoration de la doctrine, il n’est peut-être pas superflu de le redire.

   Les âmes de ceux qui n’étaient pas en état de grâce au moment de leur mort, ne peuvent pas entrer au Ciel : elles vont en enfer ! Nous ne pouvons pas prier pour elles ; nous ne pouvons pas les aider par des prières, par l’obtention d’indulgences ou par l’offrande de messes à entrer au Ciel. Leur sort est scellé.

   Evidemment, nous ne savons pas ici-bas quelles sont les âmes qui sont sauvées et celles qui sont damnées. Cette incertitude est d’ailleurs salutaire.
Les âmes qui sont en état de grâce, elles : celles qui ne sont pas en état de péché mortel (non absous, non pardonné), sont toutes unies entre elles par la vie-même de Dieu, cette vie surnaturelle reçue au baptême qui fait qu’habite en elles la Très Sainte Trinité.
C’est là l’origine du dogme de la communion des saints : dogme affirmé par le symbole des Apôtres.
Pourtant, malheureusement, le commun des fidèles, apporte trop peu d’attention à ce point important de la foi qui nous a été transmise par les Saints Apôtres, dogme qui est souvent mal compris (souvent parce qu’il est mal expliqué).
Voici le texte d’un sermon prononcé en novembre 2013 par un ami prêtre. J’ai résolu de vous en faire profiter vous aussi, de sorte que vous puissiez, tout comme nous, redire avec une attention et une ferveur renouvelées : « je crois à la communion des saints » !

Lully.

2013-80. Des trois états de l'unique Eglise. dans Chronique de Lully la-communion-des-saints

La communion des saints (gravure du catéchisme en images) :
Les trois états de l’Eglise – triomphante, militante et souffrante – réunis autour de la Sainte Trinité. 

La communion des saints,
une seule Eglise en trois états différents :
l’état de gloire,
l’état de souffrance
et l’état de milice.

       « Ce mois de novembre nous invite à prier pour nos morts.

   Chers Amis, il faut reconnaître que le vocable dont nous nous servons pour les désigner exprime mal leur nouvel état de vie.
En réalité, nos morts sont bien plus vivants que nous. « Je ne meurs pas, disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’entre dans la vie ».
Le vieux français, souvent inspiré, usait du mot « trépassé », qui signifie « ayant passé au-delà ».

   Dans sa liturgie, l’Eglise, qui a toujours le mot juste, parle de « défunts ».
« De-functus » : « de » marque l’achèvement ; « functus » : – d’où est venu le mot fonction - qui s’est acquitté. Le défunt est celui qui a achevé sa fonction terrestre, qui a déposé sa charge ; ce qui suggère l’idée de « repos ».

Voyons avec quelle douceur Saint Paul parle de nos chers défunts : « Frères, nous ne voulons pas que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous attristiez pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance » (1 Thess. IV, 13).

   Ceux que nous appelons morts, brillent par milliards comme des escarboucles sur le manteau d’or de l’Eglise, dont nous ne sommes, nous les vivants de la terre, que la frange fragile.
Certes, le corps meurt pour renaître au jugement général, mais en attendant, l’âme séparée en qui subsiste la personne, jouit d’une vie intense qui décuple nos puissances vitales.

   Nos défunts sont-ils en Purgatoire ? Alors ces âmes souffrent, mais elles sont heureuses : elles se savent sauvées, et aiment Dieu d’une très ardente charité qui s’accroît et se purifie douloureusement à mesure qu’elles s’approchent de la vision béatifique.
Il convient de prier et de mériter pour elles.
En retour, une fois au Paradis, ces âmes, alors près de Dieu, vont intercéder pour nous.

   Il n’y a que les chrétiens de la terre qui peuvent aider, soulager et délivrer les âmes du Purgatoire. Pas les Saints du Ciel, parce que ceux-ci – ayant obtenu la récompense – ne peuvent plus mériter ; mériter est le propre de l’Eglise militante.
Les Saints s’unissent aux âmes du Purgatoire par une sympathie, une solidarité et une fraternité vécues dans le Christ, mais sans exercer d’intervention.

   En revanche, par rapport à nous, comment douter que les Saints puissent exercer sur nous leur charité parfaite ?
Ainsi, l’amour qui se déploie au Ciel dans l’état de béatitude, continue d’unir les âmes qui s’aimaient durant leur vie mortelle.
La grâce ne détruit pas la nature, mais elle la perfectionne.
L’amour filial, l’amour qui unit deux époux, la charité de l’amitié en Dieu, ne disparaissent pas. L’état de gloire qui n’est que le développement de l’état de grâce, ne distend pas les liens naturels sacrés : il les ennoblit et les transfigure.
La vie et les liens terrestres qui lui donnaient sa consistance charnelle et affective sont transformés par l’état de béatitude en Dieu, non pas supprimés.

   On trouve une illustration de cette grande vérité dans la piété populaire. La piété garde le contact avec les morts. L’homme a besoin de savoir que les liens ne sont pas coupés : on rêve de ceux qui nous ont quittés, on prie pour eux, on les prie, on se confie à eux, voire on les interroge.

   Il n’existe pas trois Eglises, l’une qui serait l’Eglise de la terre, la deuxième l’Eglise du Purgatoire, la troisième l’Eglise du Ciel.
Il y a une seule Eglise en trois états différents : l’état de gloire, l’état de souffrance et l’état de milice. Ces états n’impliquent aucune séparation, aucun mur ; seulement un simple voile, au-delà de l’univers visible.
Une même vie circule de l’un à l’autre de ces état s de vie : une même communion, la communion des saints, dont le mystère de charité découle du Christ. L’Eglise est Son Corps mystique : elle vit d’un même amour.

   Le temps de ce monde prépare l’éternité de l’Eglise, appelée à rassembler tous les élus dans l’état de gloire.
En attendant, s’il est vrai, comme le dit magnifiquement Bossuet, que les dons de Dieu sont sans repentance, alors l’époux, le père, la mère de famille, le curé de paroisse introduits auprès de Dieu au Ciel, non seulement n’oublient pas la terre, mais exercent sur les leurs une amitié, une permanence d’attraction, de protection et de vigilance, infiniment supérieures, plus aimantes, plus actives, plus intimes que jamais.

   C’est davantage que de l’espérance.
C’est une conviction, une certitude enracinée, et dans notre être et dans le mystère de Dieu.
Et c’est une joie propre aux chrétiens. » 

cierges Ciel dans De liturgia

On trouvera aussi dans ce blogue :
– Le « musée du Purgatoire », à Rome > ici
- Prière à la Vierge de Compassion en faveur des âmes du Purgatoire > ici

Litanies de Notre-Dame des Victoires :

(pour la récitation privée)

       Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire (cf. > ici), en rappelant les origines historiques de ce célèbre sanctuaire parisien, la fête de Notre-Dame des Victoires (qu’il faut distinguer de la fête patronale de l’archiconfrérie du Coeur immaculé de Marie refuge des pécheurs, célébrée le 16 janvier) se célèbre le quatrième samedi d’octobre.
Nous venons de retrouver, sur une ancienne image de dévotion, des litanies de Notre-Dame des Victoires, approuvées pour la dévotion privée (c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas être récitée au cours d’une cérémonie liturgique, contrairement aux litanies de la Sainte Vierge dites de Lorette), et nous en recopions avec plaisir le texte à l’intention de nos amis, dont  un grand nombre sont de fervents dévots de la Très Sainte Vierge honorée sous ce vocable.

   Ces litanies ont l’originalité de nous faire méditer, dans leur première partie, sur tous les événements de la vie de Notre-Dame, compris comme des épisodes triomphants de la grâce, lors même qu’ils peuvent apparaître au premier abord comme des moments de contradiction et d’épreuve ; puis dans un second temps de mettre en valeur le caractère universel de la médiation triomphante de notre Sainte Mère céleste, en faisant ressortir sa maternité spirituelle sur tous les élus de Dieu…

Litanies de Notre-Dame des Victoires : dans Chronique de Lully notre-dame-des-victoires

Seigneur, ayez pitié de nous (bis).
Jésus-Christ, ayez pitié de nous (bis).
Seigneur, ayez pitié de nous (bis).

Jésus-Christ, écoutez-nous (bis).
Jésus-Christ, exaucez-nous (bis).

Père Céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Notre-Dame des Victoires, priez pour nous.
Notre-Dame des Victoires, triomphante Fille du Père, priez pour nous.
Notre-Dame des Victoires, triomphante Mère du Fils, priez…
Notre-Dame des Victoires, triomphante Épouse du Saint Esprit,
Notre-Dame des Victoires, triomphante élue de la Très Sainte Trinité,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans votre conception immaculée,
Notre-Dame des Victoires, triomphant en écrasant la tête du serpent,
Notre-Dame des Victoires, triomphant de l’héritage d’Adam,
Notre-Dame des Victoires, triomphant sur tous nos ennemis,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans l’ambassade de l’Ange Gabriel,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans vos épousailles avec saint Joseph,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans la Crèche de Bethléem,
Notre-Dame des Victoires, triomphant au cours de la fuite en Égypte,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans votre exil,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans Votre humble logement de Nazareth,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans le recouvrement de l’Enfant divin au Temple,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans la vie terrestre de Notre Seigneur,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans Sa Passion et dans Sa Mort,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans Sa victorieuse Résurrection,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans Sa glorieuse Ascension,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans la venue de l’Esprit-Saint Paraclet,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans vos Douleurs,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans vos allégresses,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans votre accession à la céleste Jérusalem,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans la béatitude éternelle,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par les anges qui sont restés fidèles,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par les grâces données aux justes,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par les annonces des Prophètes,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par l’espérance sans faille des Patriarches,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par le zèle des Apôtres,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par la lumière des Evangélistes,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par la constance des Martyrs,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par la sagesse des Docteurs,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par l’héroïsme des Confesseurs,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par la pureté des Vierges,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans votre intercession toute-puissante,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans tous vos nombreux vocables,
Notre-Dame des Victoires qui intercédez pour nous maintenant et à l’heure de notre mort,

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V./ : Priez pour nous, ô Notre Dame des Victoires,
R./ : Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prions :

Dieu Éternel et Tout-Puissant, qui, par la maternité virginale de la Bienheureuse Vierge Marie, avez offert au genre humain les trésors du salut éternel, accordez-nous, nous Vous en supplions, de sentir qu’intervient en notre faveur Celle qui nous permit d’accueillir l’Auteur de la Vie, Jésus-Christ, Votre Fils, qui,avec Vous, vit et règne dans l’unité du Saint Esprit, un seul Dieu pour les siècles et les siècles.

Ainsi soit-il !

Louis XIII présente à Marie les plans de N.D. des Victoires

2013-78. « Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations ».

       Nous approchons de la fête du Christ-Roi, célébrée bien sûr le dernier dimanche d’octobre selon le calendrier catholique traditionnel (voir > ici).
Dans cette perspective, il m’a paru important de vous inviter à méditer sur quelques courts passages particulièrement forts de l’ouvrage du Rd. Père Théotime de Saint-Just intitulé « La Royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, d’après le Cardinal Pie » (1923 – réédité par les éditions de Chiré en 1988).
A défaut de pouvoir recopier ci-dessous la totalité du chapitre deux, de la section deux de la deuxième partie de cet ouvrage, en voici quelques lignes qui me paraissent d’une effrayante actualité, et ne peuvent que nous stimuler à prier – dans une ferveur décuplée – avec les paroles embrasées de l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Coeur du Christ-Roi prescrit pour la récitation publique en cette fête (cf. > ici) : « Beaucoup ne vous ont jamais connu, beaucoup ont méprisé vos commandements et vous ont renié. Miséricordieux Jésus, ayez pitié des uns et des autres et ramenez-les tous à votre Sacré Cœur ! »

2013-78. « Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations ». dans Chronique de Lully christ-roi

Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations !

       Guidés par le grand évêque de Poitiers, considérons les périls et les maux occasionnés à la société elle-même, par son refus de reconnaître les droits de Jésus-Christ sur elle.

   Dieu a fait de la loi du talion la grande loi de l’histoire. C’est là un principe que nous rappelle constamment Mgr Pie : « La grande loi, nous dit-il, la loi ordinaire de la Providence dans le gouvernement des peuples, c’est la loi du talion. Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations ».
La société moderne ignore Dieu, Jésus-Christ, l’Eglise. « Eh bien ! conclut-il, nous ne craignons pas de le dire : à un tel ordre de choses, partout où il existera, Dieu répondra par cette peine du talion qui est une des grandes lois du gouvernement de sa Providence. Le pouvoir qui comme tel, ignore Dieu, sera comme tel ignoré de Dieu… Or, être ignoré de Dieu, c’est le comble du malheur, c’est l’abandon et le rejet le plus absolu ». Et encore : « Œil pour œil, dent pour dent, quand il s’agit des nations qui ne doivent point revivre pour recevoir le châtiment dans l’autre monde, cette loi du talion finit toujours par s’accomplir sur la terre. Quiconque me confessera devant les hommes, dit le Seigneur, je lui rendrai témoignage pour témoignage, mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai à la face du ciel et de la terre ».

   Ainsi, pour Mgr Pie, Dieu use de très justes représailles contre la société rebelle à son Fils Roi.
Quelles ont été et quelles sont encore ces représailles? (…) L’évêque de Poitiers a étudié tout particulièrement les conséquences terribles de l’apostasie de notre patrie et il nous a montré que cette grande nation, rejetant la royauté de Jésus-Christ, avait attiré sur elle les plus grands malheurs et introduit dans son organisme social tous les germes de la mort et de la décomposition.

   Tous les fléaux qui se sont abattus sur nous depuis la grande révolution (…) ont été la punition de cette apostasie (…).
Les fléaux, première représaille de la justice divine, mais ils sont transitoires. A une apostasie qui devient permanente, Dieu veut répondre par un châtiment permanent.
Ce châtiment, plus terrible que les fléaux, c’est la décadence morale de la société. (…) Mgr Pie établit, par des arguments irrésistibles, que toute société qui rejette Dieu ne tarde pas à tomber dans la plus profonde décadence morale. Ecoutons-le :
« (…) Tout s’en va, tout dépérit. Cela encore vous étonne ; il eût été facile de le prévoir…
Car la législation qui fait profession de neutralité et d’abstention concernant l’existence de Dieu, sur quel fondement établira-t-elle sa propre autorité ?
En me permettant de ne pas reconnaître Dieu, ne m’autorise-t-elle pas à la méconnaître elle-même ?
Nous n’avons pas voulu, me dites-vous, mettre le dogme dans la loi.
Et moi je vous réponds : si le dogme de l’existence de Dieu ne se trouve plus dans la loi, la raison de la loi ne se trouve plus dans la loi, et la loi n’est qu’un mot, elle n’est qu’une chimère ».

cardinal-edouard-pie apostasie dans De liturgia

Monseigneur Pie, évêque de Poitiers, futur cardinal.

Prière et litanies en l’honneur de la Bienheureuse Agnès de Jésus :

     Au Mesnil-Marie, où nous avons la joie de posséder l’une de ses reliques, nous avons une vénération particulière pour la Bienheureuse Agnès de Jésus (Galand), souvent appelée Agnès de Langeac, dont la fête se célèbre le 19 octobre.
Je vous avais résumé sa vie dès les premières pages de ce blogue (cf. > ici). Voici aujourd’hui une prière pour obtenir des grâces par son intercession, ainsi que des litanies en son honneur (approuvées pour la récitation privée en juin 1934).

Prière et litanies en l'honneur de la Bienheureuse Agnès de Jésus : dans Chronique de Lully frise-avec-lys-naturel-300x40

Prière pour demander une grâce
par l’intercession de la Bienheureuse Agnès de Jésus :

   Seigneur Jésus-Christ, qui avez accordé à la Bienheureuse Agnès d’accomplir en toutes choses Votre sainte volonté, de chercher en toutes circonstances Votre gloire, et de se livrer entièrement à Votre amour pour travailler au salut des âmes, nous Vous supplions, par son intercession, de nous accorder la grâce de …….., si elle peut contribuer à la glorification de Votre Saint Nom et être utile à notre bien véritable.

   O Bienheureuse Agnès de Jésus, nous ne pouvons douter de votre compassion pour nous : priez donc, nous vous le demandons humblement, pour nous obtenir par dessus tout, d’être toujours fidèles à Notre-Seigneur et chaque jour plus généreux dans son service.

Ainsi soit-il !

agneslangeacph1 19 octobre dans De liturgia

Litanies de la Bienheureuse Agnès de Jésus :

Seigneur, ayez pitié de nous (bis).
Jésus-Christ, ayez pitié de nous (bis).
Seigneur, ayez pitié de nous (bis). 

Jésus-Christ, écoutez-nous (bis).
Jésus-Christ, exaucez-nous (bis).

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des Vierges, priez pour nous.

Bienheureuse Agnès, chef d’oeuvre et prodige de la grâce, priez pour nous.
Bienheureuse Agnès, sanctuaire de toutes les vertus, priez…
Bienheureuse Agnès, trésor des dons du Saint Esprit,
Bienheureuse Agnès, vase de perfection,
Bienheureuse Agnès, fidèle épouse de l’Agneau Céleste,
Bienheureuse Agnès, vivante image de Jésus Crucifié,
Bienheureuse Agnès, amante passionnée de l’eucharistie,
Bienheureuse Agnès, esclave bien-aimée de la très sainte Vierge,
Bienheureuse Agnès, sœur et amie des anges,
Bienheureuse Agnès, vraie fille de Saint Dominique,
Bienheureuse Agnès, parfaite imitatrice de Sainte Catherine de Sienne,
Bienheureuse Agnès, séraphin d’amour,
Bienheureuse Agnès, admirable contemplative,
Bienheureuse Agnès, exemple de prière continuelle,
Bienheureuse Agnès, fleur de piété et de modestie,
Bienheureuse Agnès, vierge innocente,
Bienheureuse Agnès, lys de pureté,
Bienheureuse Agnès, colombe de simplicité,
Bienheureuse Agnès, abîme d’humilité,
Bienheureuse Agnès, rose de patience,
Bienheureuse Agnès, modèle de pénitence et de mortification,
Bienheureuse Agnès, victime avide de souffrances et de sacrifices,
Bienheureuse Agnès, encens de suave odeur devant Dieu,
Bienheureuse Agnès, foyer de Charité,
Bienheureuse Agnès, ange de douceur,
Bienheureuse Agnès, apôtre altéré du Salut des âmes,
Bienheureuse Agnès, mère et providence des pauvres,
Bienheureuse Agnès, lumière de la vie religieuse,
Bienheureuse Agnès, miroir d’obéissance,
Bienheureuse Agnès, gardienne scrupuleuse de la Règle,
Bienheureuse Agnès, prieure très prudente,
Bienheureuse Agnès, précurseur et prophète de l’oeuvre des séminaires,
Bienheureuse Agnès, confidente des secrets du Paradis,

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V./ Priez pour nous, Bienheureuse Agnès de Jésus,
R./ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prions :

     Seigneur, qui avez daigné faire de la Bienheureuse Agnès de Jésus une merveille de grâce, accordez-nous par ses mérites et son intercession, de pratiquer, selon son exemple, de solides et généreuses vertus, et de croître de plus en plus dans Votre doux Amour. Nous Vous le demandons par Jésus-Christ, Votre Fils et Notre-Seigneur qui vit et règne avec Vous dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles.

Ainsi soit-il.

frise-avec-lys-naturel Bienheureuse Agnès de Jésus dans Nos amis les Saints

2013-73. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n’ayant été offert qu’une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes.

   Sainte Thérèse Couderc (cf. > ici), dans l’enfouissement et l’ombre où elle était maintenue, a été gratifiée par Dieu d’expériences mystiques de premier ordre. Malheureusement, la plupart des écrits dans lesquels elle les a consignées ont été détruits et il n’en subsiste que quelques vestiges parmi lesquels le texte suivant, habituellement diffusé sous ce titre : « Se livrer ».
Il date du 26 juin 1864, Sainte Thérèse se trouvait alors au Cénacle de Montpellier.
A travers ces lignes, nous pouvons comprendre l’essentiel de ce qu’a vécu cette âme si intimement unie à l’immolation du divin Cœur de Jésus.

2013-73. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n'ayant été offert qu'une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes. dans Chronique de Lully sacre-coeur-cenacle-la-louvesc

Statue du Sacré-Cœur sur l’angle extérieur de la chapelle du Cénacle de La Louvesc

Se livrer :

   Déjà plusieurs fois Notre-Seigneur m’avait fait connaître combien il était utile pour l’avancement d’une âme qui désire sa perfection de se livrer sans réserve à la conduite de l’Esprit-Saint. Mais ce matin il a plu à sa divine Bonté de m’en donner encore une vue toute particulière.
Je me disposais à commencer ma méditation lorsque j’ai entendu le son de différentes cloches qui appelaient les fidèles à l’assistance aux divins Mystères. Dans ce moment, j’ai désiré m’unir à toutes les messes qui se disaient et ai pour cela dirigé mon intention afin d’y participer. Alors, j’ai vu d’une vue générale, tout l’univers catholique et une multitude d’autels où s’immolait en même temps l’adorable Victime. Le sang de l’Agneau sans tache coulait en abondance sur chacun de ces autels qui m’apparaissaient environnés d’une fumée fort légère qui s’élevait vers le ciel. Mon âme était saisie et pénétrée d’un sentiment d’amour et de reconnaissance à la vue de cette satisfaction si abondante que Notre-Seigneur offrait pour nous. Mais j’étais aussi dans un grand étonnement de ce que le monde entier n’en était pas sanctifié. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n’ayant été offert qu’une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes. Voici la réponse que j’ai cru entendre : Le sacrifice est sans doute suffisant par lui même, et le sang de Jésus-Christ plus que suffisant pour la sanctification d’un million de mondes, mais les âmes manquent de correspondance et de générosité. Or, le grand moyen d’entrer dans la voie de la perfection et de la sainteté, c’est de se livrer à notre bon Dieu.

   Mais qu’est-ce que « se livrer » ? Je comprends toute l’étendue du sens de ce mot : se livrer, mais je ne puis l’expliquer.

   Je sais seulement qu’il est très étendu, qu’il embrasse le présent et l’avenir.

   Se livrer, c’est plus que se dévouer, c’est plus que se donner, c’est même quelque chose de plus que s’abandonner à Dieu.

   Se livrer enfin, c’est mourir à tout et à soi-même, ne plus s’occuper du moi que pour le tenir toujours tourné vers Dieu.
Se livrer, c’est encore ne plus se chercher en rien, ni pour le spirituel, ni pour le temporel, c’est-à-dire ne plus chercher de satisfaction propre mais uniquement le bon plaisir divin.
il faut ajouter que se livrer, c’est aussi cet esprit de détachement qui ne tient à rien, ni pour les personnes, ni pour les choses, ni pour le temps, ni pour les lieux. C’est adhérer à tout, accepter tout, se soumettre à tout.

   Mais on va croire peut-être que cela est bien difficile à faire. Qu’on se détrompe, il n’y a rien de si facile à faire et rien de si doux à pratiquer. Le tout consiste à faire une seule fois un acte généreux, en disant avec toute la sincérité de son âme : « Mon Dieu, je veux être tout à vous, daignez accepter mon offrande ».
Et tout est dit.
Avoir soin désormais de se tenir dans cette disposition d’âme et ne reculer devant aucun des petits sacrifices qui peuvent servir à notre avancement dans la vertu. Se rappeler que l’on s’est livré.
Je prie Notre-Seigneur de donner l’intelligence de ce mot à toutes les âmes désireuses de lui plaire, et de leur inspirer un moyen de sanctification si facile.
Oh ! si l’on pouvait comprendre à l’avance quelles sont les douceurs et la paix que l’on goûte quand on ne met pas de réserve avec le Bon Dieu ! Comme il se communique à l’âme qui le cherche sincèrement et qui a su se livrer. Que l’on en fasse l’expérience et l’on verra que c’est là où se trouve le vrai bonheur que l’on cherche en vain sans cela.

   L’âme livrée a trouvé le paradis sur la terre, puisqu’elle y jouit de cette douce paix qui fait en partie le bonheur des élus.

portrait-grave-de-ste-therese-couderc Sainte Thérèse Couderc dans De liturgia

Sainte Thérèse Couderc,
portrait gravé sur une image répandue avant sa béatification.

* * * * * * *

Prière de Sainte Thérèse Couderc à la Très Sainte Trinité > ici

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