Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2024-165. De Saint Simplicien de Milan, qui joua un rôle des plus importants dans l’itinéraire spirituel de Saint Ambroise et de Saint Augustin.

13 août,
Fête de Sainte Radegonde, Reine et moniale (cf. > ici & > ici) ;
Dans l’Ordre de Saint Augustin, mémoire de Saint Simplicien, évêque et confesseur ;
Mémoire des Saints Cassien et Hippolyte, martyrs ;
Mémoire de Saint Jean Berchmans, confesseur ;
Mémoire du Bienheureux Marc d’Aviano, confesseur ;
Honteux anniversaire de l’emprisonnement du Roi et de sa famille au Temple (13 août 1792).

Martyrologe propre de l’Ordre des Ermites de Saint Augustin, à la date du 13 août :

   « A Milan, la naissance au ciel de Saint Simplicien, évêque et confesseur, qui exhorta notre Père Saint Augustin à la vie monastique et qui, élevé à l’école de l’Eglise romaine, prit part aux combats de Saint Ambroise contre les hérétiques et lui succéda dans la suite. Il s’endormit en paix, célèbre par sa sainteté et sa doctrine ».

Châsse de Saint Simplicien - église Saint-Simplicien Milan

Châsse de Saint Simplicien, dans l’église éponyme à Milan.

       Saint Simplicien a parfois été qualifié de « maître de saints », et quels saints !
L’un est Ambroise, élu évêque de Milan alors qu’il n’était encore que catéchumène ; catéchumène dont le prêtre Simplicien (en latin Simplicianus) fut chargé de compléter l’éducation religieuse ; ainsi Ambroise fut-il amené par lui au saint baptême à la fin de novembre 374, puis reçut-il la consécration épiscopale le 7 décembre.
L’autre est Augustin d’Hippone, le professeur de rhétorique africain éloigné du christianisme, un temps disciple des manichéens, venu chercher une carrière glorieuse en Italie, dont l’itinéraire spirituel aboutit, à Milan, à cette merveilleuse conversion qu’il a racontée dans ses célèbres « Confessions », où il écrit aussi que le Seigneur Lui-même l’a dirigé vers le prêtre milanais :

   « (…) Votre secrète inspiration me fit trouver bon d’aller vers Simplicianus, qui me semblait un de Vos fidèles serviteurs ; en lui résidaient les lumières de Votre grâce. J’avais appris que dès sa jeunesse il avait vécu dans la piété la plus fervente. Il était vieux alors, et ces long jours, passés dans l’étude de Vos voies, me garantissaient sa savante expérience ; et je ne fus pas trompé. Je voulais, en le consultant sur les perplexités de mon âme, savoir de lui le traitement propre à la guérir, à la remettre dans Votre chemin…
J’allai donc vers Simplicianus, père selon la grâce de l’évêque Ambroise, qui l’aimait véritablement comme un père. Je le fis entrer dans le dédale de mes erreurs. Et lorsque je lui racontai que j’avais lu quelques ouvrages platoniciens, traduits en latin par Victorinus, rhéteur à Rome, qui, m’avait-on dit, était mort chrétien, il me félicita de n’être point tombé sur ces autres philosophes pleins de mensonges et de déceptions, professeurs de science charnelle
(Coloss. II, 8), tandis que la doctrine platonicienne nous suggère de toutes les manières Dieu et Son Verbe. Puis, pour m’exhorter à l’humilité du Christ , cachée aux sages et révélée aux petits
(Matth. XI, 25), il réunit tous ses souvenirs sur ce même Victorinus, qu’il avait intimement connu pendant son séjour à Rome (…) » (Confessions, Livre VIII, chap. 1er).

   Catéchiste exceptionnel, Saint Simplicien, était chrétien depuis sa jeunesse : né à Rome vers l’an 320, après des années d’études classiques et de voyages, il avait été ordonné prêtre et s’était rendu célèbre en convertissant au christianisme l’un des intellectuels romains les plus illustres de l’époque : Caius Marius Victorinus, ainsi que l’évoque Saint Augustin dans la citation publiée ci-dessus (mais en allant au livre VIII des Confessions on trouve encore d’autres détails au sujet de cette conversion de Victorinus).

   On retrouve donc Saint Simplicien à Milan à l’époque où Ambroise y réside encore comme gouverneur civil de presque toute la haute Italie, et, après l’avoir assisté dans sa préparation au baptême, ainsi que nous l’avons dit, il y resta pour toujours, comme un conseiller apprécié, qui marqua aussi par son prestige l’environnement culturel de la ville.

   Il entretint une correspondance avec Augustin, après son retour en Afrique : le docteur de la grâce sollicitait ses avis et conseils pour certains de ses écrits.

   Lorsque Saint Ambroise mourut, le 4 avril 397, il désigna Simplicien, désormais âgé de quatre-vingts ans, comme son successeur : « Il est vieux, mais bon », aurait dit-il déclaré.
L’épiscopat de Saint Simplicien dura environ quatre ans.

   On sait qu’il se battit pour que Milan restât la capitale de l’Empire d’Occident, lorsque le romain Stilicon voulut ramener le centre du pouvoir à Rome. Il correspondit avec le pape Anastase 1er, avec plusieurs évêques d’Afrique et de Gaule ; mais aucun de ses écrits ne nous est parvenu.

   On ne connaît pas la date précise de sa mort en l’an 401.
Comme nous l’avons mentionnée en commençant, les Augustins célèbrent sa mémoire le 13 août, alors que le diocèse de Milan le fête le 14.

Bas relief de l'église Saint Simplicien de Milan - blogue

Saint Simplicien (bas-relief de l’église Saint Simplicien de Milan)

Litanies de Sainte Radegonde, Reine des Francs et moniale.

Statue de Sainte Radegonde - église Sainte-Radegonde Poitiers

Nicolas Legendre (1619-1671) : statue de Sainte Radegonde (vers 1655)
dans la crypte de l’église Sainte-Radegonde, à Poitiers.

Vignette Lys - blogue

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.

Sainte Radegonde, priez pour nous.
Sainte Radegonde, fille du Très-Haut, priez pour nous.
Sainte Radegonde,reine devenue servante du Royaume, priez pour nous.
Sainte Radegonde, miroir d’humilité, priez pour nous.
Sainte Radegonde, modèle de la vie consacrée, priez pour nous.
Sainte Radegonde,exemple de sainteté, priez pour nous.
Sainte Radegonde, parée de grâce et de sagesse, priez pour nous.
Sainte Radegonde, joyau de la couronne du Christ, priez pour nous.
Sainte Radegonde, guide pour les puissants, priez pour nous.
Sainte Radegonde, inspiratrice de paix entre les nations, priez pour nous.
Sainte Radegonde, gardienne de la foi des peuples, priez pour nous.
Sainte Radegonde, passionnée de la Croix de Jésus, priez pour nous.
Sainte Radegonde, assidue à la prière et au travail, priez pour nous.
Sainte Radegonde, attentive aux pauvres, priez pour nous.
Sainte Radegonde, libératrice des prisonniers, priez pour nous.
Sainte Radegonde, secours des malades, priez pour nous.
Sainte Radegonde, favorisée des grâces du Seigneur, priez pour nous.
Sainte Radegonde, protectrice des Poitevins, priez pour nous.
Sainte Radegonde, refuge inébranlable aux temps de détresse, priez pour nous.
Sainte Radegonde, recours des naufragés, priez pour nous.
Sainte Radegonde, réconfort des affligés, priez pour nous.
Sainte Radegonde, auxiliaire des merveilles de Dieu, priez pour nous.
Sainte Radegonde, victorieuse de forces du mal, priez pour nous.
Sainte Radegonde, fervente du mystère eucharistique, priez pour nous.
Sainte Radegonde, levain de sainteté, priez pour nous.
Sainte Radegonde, mère d’une lignée interrompue de moniales, priez pour nous.
Sainte Radegonde, toute au Seigneur dans la mort comme dans la vie, priez pour nous.
Sainte Radegonde, déposé dans un tombeau où convergent misères et grâces, priez pour nous.
Sainte Radegonde, associée aux anges et aux saints, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

V. Priez pour nous, Sainte Radegonde,
R. Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prions :

   Nous Vous en supplions, Seigneur, accordez-nous toujours le secours que nous attendons de l’intercession de Sainte Radegonde, la reine moniale incomparable. Ainsi, éprouverons-nous d’un cœur joyeux les effets de Votre immense amour. Nous Vous le demandons par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Ainsi soit-il.

Crypte avec le tombeau de Sainte Radegonde - Poitiers église Sainte-Radegonde

Poitiers, église Sainte-Radegonde : la crypte avec le tombeau de Sainte Radegonde

2024-163. Saint Venance ou Venant : un prince burgonde devenu évêque de Viviers.

8 août,
Au Mesnil-Marie, fête de Saint Venance, ou Venant, évêque de Viviers et confesseur ;
Mémoire des Saints Cyriaque, diacre, Large et Smaragde, et leurs compagnons, martyrs ;
9ème jour du carême de la Mère de Dieu (cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu du Rd Père Jean-Marie Charles-Roux (+ 8 août 2014, cf. > ici, > ici)

Viviers : la cathédrale Saint-Vincent au coeur de la "ville-haute"

Viviers, la cathédrale Saint-Vincent vue du nord-est, depuis la plaine (état actuel)

       Le diocèse de Viviers, dans lequel est sis notre Mesnil-Marie, est un très antique diocèse dont l’histoire possède des pages prestigieuses, et dont nous avons déjà eu l’occasion de parler à de nombreuses reprises dans les pages de ce blogue, souvent parce que – hélas ! trois fois hélas ! – c’est aujourd’hui un diocèse particulièrement sinistré et décadent…
Mais aujourd’hui, je veux justement m’éloigner de sa triste actualité pour vous parler de l’un de ses plus prestigieux pontifes : Saint Venance, ou Venant (en latin Venantius), dont la fête, pour nous, est célébrée ce 8 août.

Vignette typographique saint évêque

   Selon la tradition du diocèse de Viviers (fermement authentifiée par Monseigneur Louis-François de La Baume de Suze [1602-1690], très grand évêque qui releva le diocèse au XVIIème siècle après les ruines spirituelles et matérielles consécutives aux exactions des sectateurs de Calvin, mais tradition aujourd’hui contestée par un certain nombre d’historiens hyper critiques), Saint Venance était fils de Saint Sigismond (vers 475-523), roi des Burgondes de 516 à 523.

   Les rois burgondes, dont le fameux Gondebaud (vers 450-516), oncle et « tuteur » de Sainte Clotilde, avaient adhéré à l’hérésie arienne : Saint Sigismond, fils de Gondebaud (et donc cousin germain de Sainte Clotilde), fut amené à la foi de Nicée par Saint Avit de Vienne (cf. > ici), dans les premières années du VIème siècle (entre 502 et 506 semble-t-il).

   Monseigneur Paul Guérin (in « Les Petits Bollandistes » tome IX p.325) pense que Venance serait né vers l’an 494, et que, ayant passé ses premières années dans l’arianisme, il aurait été converti à la vraie foi en même temps que ses parents. Il s’attacha dès lors à Saint Avit, et se développa autant en piété qu’en connaissance de la véritable doctrine, et, encore tout jeune homme, entra dans un monastère.

   Le grand évêque de Vienne, qui avait discerné en lui de grandes qualités pour le service de la Sainte Eglise, l’ordonna diacre et, au début du pontificat de Saint Hormisdas 1er (pape de 514 à 523), l’envoya comme messager auprès de ce dernier, à Rome, où son propre père, Saint Sigismond, avait été reçu avec honneur peu de temps auparavant : ainsi l’ambassade du jeune diacre Venance, qui consistait à faire connaître au pontife romain la position des évêques des Gaules contre l’erreur des Eutychéens, se voyait-elle rehaussée par le prestige du sang royal burgonde et la recommandation de Saint Avit, en sus des vertus qui transparaissaient en sa personne.

Saint Hormisdas - blogue

   La lettre de réponse de Saint Hormisdas à Saint Avit date de février 517. Le concile d’Epaone, dont nous allons reparler et où siégea Saint Venance en qualité d’évêque de Viviers, lui, fut célébré en septembre 517.
Cela signifie donc que Venance fut ordonné prêtre puis consacré évêque entre son retour de Rome et la mi-septembre de cette année 517, pour succéder à Saint Valère comme onzième évêque d’Alba/Viviers.

   En effet, le premier siège épiscopal de ce qui deviendra le Vivarais, fut initialement établi dans la capitale du peuple helvien (les Helviens sont un peuple gaulois, qui occupait grosso modo les deux tiers sud de l’actuel département de l’Ardèche, qui s’allièrent à Rome bien avant la conquête de César, et dont le territoire avait été intégré à la province de Gaule narbonnaise en moins 120 avant Jésus-Christ) : Alba Augusta Helviorum (aujourd’hui Alba-la-Romaine).

   Le site du complexe paléochrétien (cathédrale, baptistère, bâtiments annexes) d’Alba est bien connu des archéologues, et c’est là que siégèrent les huit premiers évêques de notre liste épiscopale. Mais au milieu de la seconde moitié du Vème siècle, la cité et la plaine d’Alba ayant été dévastées par le passage des hordes barbares, les évêques s’établirent sur un rocher dominant le Rhône, à quelque 4 lieues et demi au sud : le site en était aisément fortifiable, puisque des falaises abruptes le délimitent en grande partie. C’était Viviers, Vivarium, d’où vint le nom de Vivarais.
Mais pendant plusieurs décennies après ce transfert, les évêques continueront toutefois de porter le titre d’évêques d’Alba Helviorum.   

Vignette typographique saint évêque

   Venance n’était âgé que de 22 ou 23 ans lorsqu’il fut élevé à l’épiscopat, mais, ainsi que le rappellera onze siècles plus tard notre grand Corneille, « aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années » (Le Cid II, 2). Il était de la trempe de Saint Remi de Reims, plus âgé que lui mais son contemporain néanmoins, lui aussi évêque à 22 ans ; et de ces autres contemporains qui se nomment Saint Apollinaire de Valence (frère puiné de Saint Avit), Saint Césaire d’Arles, Saint Viventiol (24ème évêque de Lyon), et plusieurs autres saints évêques ou abbés moins connus de cette époque spirituellement très féconde.

   Il était évêque de Viviers depuis peu lorsque, ainsi que nous l’avons déjà dit ci-dessus, il prit part, au début de l’automne 517, au concile d’Epaone (la localisation d’Epaone n’est pas absolument certaine, mais les conjectures les plus probables l’identifient avec la vaste villa Epaonis, alors possession de l’évêché de Vienne, sur la rive gauche du Rhône, en face d’Andance, au pied de la colline où se dresse de nos jours la « tour d’Albon », aux environs de l’actuelle petite ville d’Anneyron), convoqué à l’initiative de Saint Avit et réunissant 25 évêques du royaume burgonde, qui définirent une quarantaine de canons disciplinaires précisant certaines règles à suivre désormais, compte-tenu de la situation religieuse nouvelle créée par l’accession au trône de Saint Sigismond, roi catholique favorisant les évêques catholiques et la discipline catholique dans son royaume.

   Pendant son épiscopat d’environ 27 années, Saint Venance « s’appliqua de toutes ses forces à procurer le salut du peuple confié à ses soins, soit en chassant les ténèbres de l’erreur et surtout en affermissant la vérité catholique contre les derniers efforts de l’arianisme expirant qui désolait alors l’Eglise, soit en fortifiant la discipline ecclésiastique par la mise en exécution dans son diocèse des décrets des conciles, en particulier de celui d’Epaone (517) et de celui de Clermont (535), auxquels il assista et dont il souscrivit les actes » (abbé Mollier, in « Saints et pieux personnages du Vivarais », tome 1 pp. 55-56).

   Il avait le souci du soulagement des misères et des besoins des plus pauvres, mais il est aussi célèbre pour avoir magnifiquement œuvré à la beauté du culte divin : agrandissement et embellissement de la cathédrale de Viviers, constructions d’églises dans sa ville épiscopale et dans plusieurs localités, qu’il dota de solides revenus, construction d’un baptistère qui frappa ses contemporains par sa magnificence (marbres et mosaïques) et par le fait qu’il avait fait canaliser un ruisseau pour y amener l’eau, qui était déversée dans la cuve baptismale par la gueule d’un cerf d’airain.

Saint Venance de Viviers et le baptistère au cerf d'airain - blogue

   Les anciennes chroniques nous rapportent aussi qu’il fonda des « chœurs », non seulement pour sa cathédrale mais encore dans plusieurs églises, pour que la louange divine et le culte liturgique y soient célébrés avec le plus de solennité possible, de manière exemplaire : on peut voir là, selon l’impulsion donnée un siècle plus tôt par Saint Augustin, le début des chapitres cathédraux et collégiaux dans le diocèse de Viviers.

   Pour ses constructions et leur embellissement, comme pour ses œuvres de miséricorde, le saint évêque de Viviers put compter sur les libéralités du saint roi son père tant que dura son règne.

   Saint Venance rendit son âme à Dieu un 5 août, très certainement en l’an 544, âgé d’une cinquantaine d’années seulement.
Il fut enseveli dans un sarcophage de marbre, dans l’église Sainte-Marie, aujourd’hui Notre-Dame du Rhône, qu’il avait fait construire au pied de l’acropole de Viviers. Mais par la suite, son saint corps fut transporté chez les Bénédictines de Soyons et « cette translation fut accompagnée de plusieurs prodiges » (abbé Mollier), c’est ce qui permit à sa dépouille mortelle d’être préservée de la profanation lors du pillage de Notre-Dame du Rhône perpétré par une incursion sarrasine en 737.
Les précieuses reliques n’échappèrent malheureusement pas totalement à la fureur des prétendus réformés qui, en 1621, pillèrent et incendièrent le monastère de Soyons.
Les Bénédictines n’avaient pu sauver qu’une petite partie des restes sacrés de Saint Venance qu’elles honorèrent dans l’église qu’elles firent construire à Valence où elles s’étaient réfugiées.
Soustraites aux profanations et destructions révolutionnaires, elles furent ensuite remises à la cathédrale de Valence lors de la restauration du culte, puis transportées dans l’église de l’hôpital, et enfin, de nos jours, elle se trouvent dans l’église Saint-Jean-Baptiste de Valence.

   Comme il n’est pas possible de célébrer sa fête le 5 août, en raison de la prééminence de la célébration de la fête de la dédicace de Sainte Marie aux Neiges (cf. > ici), le diocèse de Viviers fête Saint Venance le 11 août dans son calendrier antérieur au concile vaticandeux, le 12 dans le calendrier réformé postérieurement.
Au Mesnil-Marie, où il ne nous est pas possible de l’honorer le 11, en raison de la fête de Sainte Philomène, patronne céleste en second du Refuge Notre-Dame de Compassion, et compte-tenu des autres impératifs de notre calendrier, nous le célébrons avec ferveur à cette date du 8 août.

Statue de Saint Venance dans l'ancienne chapelle des Capucins à Valence

Statue de Saint Venance dans l’ancienne chapelle des Capucins, à Valence

2024-162. Pitié pour le « Salve, Regina » !

5 août,
Fête de la dédicace de la Basilique de Sainte-Marie aux Neiges (cf. > ici, et > ici) ;
Anniversaire du martyre du Père Rouville et de ses compagnons (5 août 1794 – cf. > ici et suivants).

Mater misericordiae - blogue

Salve, Regina, Mater misericordiae…

       Pendant le temps après la Pentecôte, c’est-à-dire après l’office de nones du samedi des Quatre-Temps d’été jusqu’à celui de nones du samedi qui précède le premier dimanche de l’Avent, dans le rite romain, vous le savez, l’antienne mariale est le « Salve, Regina », dont la tradition du Puy attribue la composition à l’évêque Adhémar de Monteil (+ 1er août 1098) qui laissa son diocèse pour accompagner la Première Croisade en qualité de légat pontifical du Bienheureux Urbain II.

   Toutefois, toujours selon la tradition immémoriale, les invocations finales « O clemens ! O pia ! O dulcis Virgo Maria ! » auraient été ajoutées au XIIème siècle par Saint Bernard de Clairvaux (cf. > ici) dans une sorte d’élan extatique, plein d’aimante et fervente vénération.

   Comme nous l’aimons, ce « Salve, Regina » !
Comme il est chargé d’émotion spirituelle et de filiale dévotion !
Combien nous avons du plaisir à l’entonner à la fin de la Sainte Messe dominicale, à la fin de l’office divin, ou encore lors de nos pieuses visites à la Sainte Vierge, dans nos églises et chapelles !
Et nous avons bien raison de l’aimer !…

   Mais alors, pourquoi est-il si mal chanté ?
Souvent.
Trop souvent !

   Il me semble que c’est en raison de l’habitude, génératrice de routine.
Je partage pleinement l’opinion de cet auteur qui a écrit quelque chose comme : « Ce qui est le plus contraire à la sainteté, ce n’est pas le péché : c’est l’habitude ! »
Cette habitude, ou plus exactement routine, qui fait que l’on répète – avec une certaine piété, je veux bien le croire, mais sans vraiment penser aux paroles et sans une forte détermination présente à chaque mot - des formules et des mélodies, sans plus percevoir leur intensité quasi dramatique, leur acuité spirituelle, la profondeur de leur actualité.
Mortelle routine !

   Et que l’on ne me dise pas : « C’est du latin, or je ne suis pas latiniste… », car ce pseudo argument est véritablement idiot.
Il est en effet à la portée de tout fidèle d’ouvrir son propre missel, ou bien le carnet de chant mis à disposition dans son église ou sa chapelle, pour y trouver le texte latin du « Salve, Regina » avec sa traduction.
Il n’est donc pas du tout compliqué de faire en sorte que la manière avec laquelle on chante donne une idée du sens des mots que l’on prononce, montre que l’on comprend ce que l’on chante.

   Ajoutons ici que le respect de la ponctuation – puisque la ponctuation est une merveilleuse invention au service de la compréhension et de l’expression d’un texte -, doit être pratiqué lorsqu’on chante.

   Le « Salve, Regina », n’est pas une comptine enfantine sur laquelle on sautille en faisant la ronde !
C’est un appel au secours. L’appel au secours d’enfants en détresse, affrontés aux vexations du monde, aux tentations du démon, et aux pièges intérieurs que leur tend leur propre nature blessée par le péché : les termes employés, le rythme de la phrase latine, les incises, les apostrophes (qui en outre permettent de reprendre sa respiration), procèdent de l’expression dramatique de notre pauvre condition d’enfants qui appellent à l’aide leur Reine secourable et puissante, leur Mère aimante et compatissante.
On doit donc les entendre, dans le chant.
Et c’est pour cela qu’on ne le chante pas comme s’il s’agissait de « il était un petit navire » !
Et c’est pour cela qu’on ne le chante pas sans y mettre l’expression qui convient !

   Obligez-vous vous-même, une prochaine fois, à vous taire et à écouter avec attention – au besoin en suivant dans un livre le texte et sa ponctuation -, comment la plupart des groupes exécutent (dans tous les sens de ce verbe) ce « Salve, Regina », et demandez-vous si ce que vous entendez est bien cohérent avec le sens des mots lors même que ceux-ci disent « fils d’Eve, exilés, nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant, dans cette vallée de larmes », tandis que le rythme du chant s’emballe de manière incompréhensible, et devient dansant comme si l’on était dans une guinguette.

   Voilà pourquoi j’ai envie de crier : Pitié pour le « Salve, Regina » !
Voilà pourquoi je supplie avec insistance : dans nos familles, dans nos chapelles, dans nos paroisses, redonnons tout son sens et toute sa vigueur au chant du « Salve, Regina » !

   Car l’on ne chante pas « ad-te-cla-ma-mus-e-xu-les-fi-li-i-E-vae-ad-te-sus-pi-ra-mus-ge-men-tes-et-flen-tes-in-hac-la-cry-ma-rum-va-lle », comme si on enchaînait des « la-la-la-la-la-la-la » sans respirer, ou en ânonnant à la manière d’un enfant qui apprend à lire.

   Pour l’amour de Dieu et de Sa Très Sainte Mère, faites comprendre à tous la supplication de votre âme aux prises avec les vexations du monde et du démon, afin que l’on n’entende pas « E-ia-er-go-ad-vo-ca-ta-nos-tra-il-los-tu-os-mi-se-ri-cor-des-o-cu-los-ad-nos-con-ver-er-te » avec un rythme et des intonations qui pourraient évoquer ceux de « La Madelon » !
Non ! Vous implorez, vous êtes à bout, la détresse vous étreint, vous criez : « Mère, au secours ! Si vous ne me venez pas en aide, je suis perdu ! »

   Puissent, enfin, les invocations finales – avec leurs extatiques vocalises sur ces « O » qui intensifient la supplication en même temps qu’ils expriment l’admiration et l’émerveillement devant la clémence, la miséricorde et la douceur de la Très Sainte Vierge Marie -, s’épanouir en efflorescence contemplative et non sur des accélérations de clique municipale pressée d’en finir...

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

ad te suspiramus gementes et flentes in hac lacrymarum valle

« Ad te clamamus, exsules filii Evae,
ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle… »

2024-161. Celui qui prie se sauve ; celui qui ne prie pas se damne !

2 août,
Fête de Saint Alphonse-Marie de Liguori, évêque et confesseur, docteur de l’Eglise (cf. > ici) ;
Dans l’Ordre de Saint Augustin, mémoire du Bienheureux Jean de Rieti, confesseur ;
Dans l’Ordre séraphique, fête de Notre-Dame des Anges (indulgence de la Portioncule – cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Etienne 1er, pape et martyr ;
Commencement de la neuvaine préparatoire à la fête de Sainte Philomène (cf. > ici).

Mains jointes en prière - blogue

    Cinq phrases « choc » de Saint Alphonse-Marie pour nous ramener vers l’essentiel :

Celui qui prie se sauve certainement ;
celui qui ne prie pas se 
damne certainement.

Tous les élus du ciel, en dehors des enfants,
se sont 
sauvés par la prière.

Tous les damnés se sont perdus pour n’avoir pas prié.

S’ils avaient prié, ils ne se seraient pas perdus.

C’est et ce sera toujours leur plus grand désespoir dans l’enfer :
avoir pu se sauver avec tant de facilité
en 
demandant à Dieu Ses grâces
et n’être plus à même, les pauvres malheureux, 
de le faire maintenant !

Saint Alphonse-Marie de Liguori,
in « Le grand moyen de la prière » (1ère partie, chap. 1 – conclusion)

St Alphonse-Marie de Liguori - vitrail de la cathédrale de Carlow

Prière pour consacrer le Royaume de France au Cœur Immaculé de Marie

1er août,
Commencement du mois dédié au Cœur immaculé de Marie ;
Fête de Saint Pierre aux Liens (double majeur) ;
Mémoire de Saint Paul, apôtre ;
Mémoire des Saints Frères Macchabées, martyrs ;
Mémoire de Saint Pierre-Julien Eymard, confesseur ;
Anniversaire de la mort d’Adhémar de Monteil, évêque du Puy (+ 1er août 1098) ;
Deuxième jour du carême de la Dormition de la Mère de Dieu (cf. > ici).

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

       Dans un certain nombre de pieux ouvrages, il est écrit que le mois d’août est particulièrement dédié à la dévotion au Cœur immaculé de Marie (probablement en raison de l’institution de la fête du Cœur immaculé de Marie instituée par le Vénérable Pie XII au jour octave de l’Assomption, le 22 août, ce qui laisse à penser que la dédicace de ce mois au Cœur immaculé de Marie est relativement récente, dans un esprit de développement de cette dévotion explicitement demandée par la Très Sainte Vierge Marie elle-même à l’occasion de ses apparitions à Fatima).

   Pour nous, Français, cette dévotion au Cœur douloureux et immaculé de notre Mère céleste et spéciale Reine et protectrice du Royaume de France, prend une intensité encore plus forte du fait que le 15 août, fête de l’Assomption, est la principale fête patronale de notre pays, en vertu du vœu de Louis XIII.

   On nous a communiqué la prière suivante en nous assurant qu’elle était de Madame Elisabeth de France (+ 10 mai 1794) : cela m’a un peu surpris parce que je ne l’avais jamais trouvée dans aucun ouvrage consacré à cette pieuse Princesse… mais je ne prétends en aucune manière tout connaître de ses écrits !
Cette prière ne manque – malheureusement ! – pas d’actualité, et chacun de nos amis et lecteurs ne disconviendra pas qu’elle se prête parfaitement à être une espèce de « fil conducteur » de notre dévotion mariale et de piété filiale envers le Royaume des Lys, chaque jour de ce mois d’août.

Reine de France priez pour nous

   O Vierge Sainte !
Vous avez toujours si spécialement protégé la France : t
ant de monuments nous attestent combien elle vous a toujours été chère !
Et à présent qu’elle est malheureuse, et plus malheureuse que jamais, elle semble vous être devenue étrangère !

   Il est vrai qu’elle est bien coupable,
Mais tant d’autres fois, elle le fut aussi et vous lui obtîntes son pardon.
D’où vient donc qu’aujourd’hui vous ne parlez plus en sa faveur ?
Car si vous disiez seulement à votre Divin Fils : « Ils sont accablés de maux », bientôt nous cesserions de l’être…
Qu’attendez-vous donc, ô Vierge Sainte ?
Qu’attendez-vous pour faire changer notre malheureux sort ?

   Ah ! Dieu veut peut-être qu’il soit renouvelé par nous, le vœu que fit un de nos Rois pour vous consacrer la France ?
Eh bien ! O Marie, ô très Sainte Mère de Jésus-Christ, nous vous la vouons, nous vous la consacrons à nouveau !

   Si cet acte particulier pouvait être le prélude d’un renouvellement plus solennel et public…
Ou si, plutôt, elle pouvait retentir depuis le trône jusqu’aux extrémités du royaume, cette parole qui lui a attiré tant de bénédictions.

   Vierge Sainte, nous nous vouons tous à vous, mais le désir que nous en avons ne peut-il pas y suppléer ?
Mais les liens sacrés qui nous unissent à tous les habitants de ce royaume comme à nos frères, mais la charité qui étend nos vues et dilate nos coeurs pour les comprendre tous dans notre offrande, ne peut-elle pas donner à une consécration particulière le mérite de l’efficacité d’une consécration générale ?

   Nous vous en prions, ô Vierge Sainte, nous vous en conjurons,
Nous l’espérons et, dans cette confiance, nous vous offrons notre Roi, notre Reine et sa famille ;
Nous vous offrons nos Princes ; nous vous offrons nos armées et ceux qui les commandent ; nous vous offrons nos magistrats ; nous vous offrons toutes les conditions et tous les états ; nous vous offrons surtout ceux qui sont chargés du maintien de la religion et des mœurs.

   Enfin, nous vous rendons la France toute entière.
Reprenez, ô Vierge Sainte, vos premiers droits sur elle :
Rendez-lui la Foi ; rendez-lui votre ancienne protection ; rendez-lui la paix.
Rendez-lui, rendez-lui Jésus-Christ qu’elle semble avoir perdu.
Enfin que ce Royaume, de nouveau adopté par vous, redevienne tout entier le Royaume de Jésus-Christ.

Ainsi soit-il.

Ingres : le voeu de Louis XIII

Jean-Dominique Ingres : le vœu de Louis XIII

2024-158. La « Sainte Parenté » de l’église Notre-Dame la Grande à Poitiers.

26 juillet,
Fête de Sainte Anne, mère de la Bienheureuse Vierge Marie
(cf. iciici, ou bien ici).

Poitiers église Notre-Dame la Grande

Poitiers : église Notre-Dame la Grande

       Mon papa-moine, qui a résidé pendant une période à côté de Poitiers, après m’avoir raconté la belle vie de Sainte Anne, que nous vénérons avec une joyeuse ferveur en ce 26 juillet, m’a expliqué que lorsqu’on entre dans l’extraordinaire collégiale Notre-Dame-la-Grande, merveille de l’art roman poitevin, on remarque vite, contre le premier pilier gauche de la nef, un groupe sculpté polychrome qui peut dater de la fin du XVème ou du début du XVIème siècle.

   L’ensemble est particulièrement harmonieux, les personnages sont gracieux, les couleurs relativement vives, les attitudes bien étudiées, et cependant une certaine sobriété, dans les drapés et les attitudes, donne envie de dire que l’on se trouve bien loin de l’espèce de maniérisme qui préside souvent à la sculpture du dernier gothique…

Sculpture de la Sainte Parenté - Poitiers collégiale Notre-Dame la Grande

   Ce groupe sculpté représente ce que l’on appelle « la Sainte Parenté » : à ma connaissance le sujet est davantage représenté en peinture qu’en sculpture.
On trouve en effet relativement souvent des statues dites « Sainte Anne trinitaire », où l’on voit Sainte Anne avec sa fille, la Bienheureuse Vierge Marie, et son petit-fils, le Saint Enfant Jésus, mais il est plutôt rare de trouver des œuvres sculptées où l’on retrouve la totalité de la sainte descendance de la bonne Sainte Anne.

   Sur cette sculpture figure donc comme personnage principal – en conséquence la plus grande en taille – Sainte Anne : elle tient sur son bras droit la Très Sainte Vierge Marie, sa fille, portant couronne, et représentée non pas comme une enfant mais plus exactement comme une jeune femme à laquelle on a donné la taille d’une enfant en bas âge ; et cette dernière porte dans ses bras le Saint Enfant Jésus emmailloté.

Sainte Parenté de Poitiers détail 1

   Debout aux pieds de Sainte Anne, sont sculptées les deux filles nées de ses autres mariages (ainsi que cela est expliqué dans la « Légende dorée » – cf. > ici) : Marie Salomé et Marie de Cléophas, qui présentent chacune leurs enfants, puisque

   « Anne eut, dit-on, trois maris, savoir : Joachim, Cléophas et Salomé.
De son premier mari, c’est-à-dire de Joachim, elle eut une fille qui était Marie, la mère de Jésus-Christ, qu’elle donna en mariage à Joseph, et Marie engendra et mit au monde Notre-Seigneur Jésus-Christ.
A la mort de Joachim, elle épousa Cléophas, frère de Joseph, et elle en eut une autre fille qu’elle appela Marie, comme la première, et qu’elle maria dans la suite avec Alphée. Marie, cette seconde fille, engendra d’Alphée, son mari, quatre fils, qui sont Jacques le mineur, Joseph le juste qui est le même que Barsabas, Simon et Jude.
Anne, après la mort de son second mari, en prit un troisième ; c’était Salomé, de qui elle engendra une autre fille qu’elle appela encore Marie et qu’elle maria à Zébédée. Or, cette Marie engendra de ce Zébédée deux fils, savoir : Jacques le Majeur et Jean l’Evangéliste… »

    Signalons aussi qu’en 1406, Sainte Colette de Corbie (cf. > ici) eut une vision de Sainte Anne accompagnée de ses trois filles et de leurs enfants : cet événement mystique contribua au développement des représentations de la « Sainte Parenté » dans l’art.

Sainte Parenté de Poitiers détail 2

   C’est – n’ayons pas peur au passage de le mettre en évidence, pour montrer à ces détracteurs de l’Eglise qui l’accusent d’être misogyne que c’est évidemment faux – une très belle manière de manifester que, dans le mystère de l’Incarnation, un rôle essentiel est départi aux femmes et à la maternité.

Sainte Parenté de Poitiers détail 3

Sainte Marie de Cléophas, épouse d’Alphée,
avec ses quatre fils : Saint Jacques le Mineur, Saint Joseph le juste dit Barsabas,
et les Saints apôtres Simon et Jude

   Cette manière de représenter Sainte Anne, avec ses trois filles et ses petits-enfants est également une évocation particulière du mystère du Salut : Marie Salomé, Marie de Cléophas et leurs enfants – parmi lesquels il y en aura cinq appelés dans le Collège apostolique – sont les symboles de tous ceux qui, à l’intérieur du peuple israélite, s’étaient préservés des contaminations du monde païen, avaient évité les écueils du pharisaïsme et des autres courants déviants à l’intérieur du judaïsme, mais qui, au contraire, « cherchaient Dieu » dans la sincérité de leurs cœurs et la fidélité, scrutaient les Saintes Ecritures avec une âme disponible et généreuse, et se trouvaient prêts à accueillir le Messie promis à leurs pères.
C’est la raison pour laquelle, tous tiennent des livres à la main.
Seules la Très Sainte Vierge Marie et Sainte Anne n’ont pas besoin de livres, puisqu’elles portent dans leurs bras l’Enfant Jésus, le Verbe incarnée, « Parole vivante de Dieu » qui S’est fait chair : Jésus, en lequel s’accomplissent toutes les prophéties des Saintes Ecritures.

   Les regards de Marie Salomé et Marie de Cléophas, ainsi que ceux de leurs enfants sur lesquelles elles sont penchées, ont peu d’expression, paraissent presque vides et, à eux tous, ils semblent chercher dans toutes les directions Celui qu’ils n’ont pas encore trouvé et qui ne leur sera révélé qu’à partir du début de Sa vie publique ; puis que, jusqu’à la Résurrection, ils peineront encore à reconnaître pleinement comme le Sauveur, vrai Dieu et vrai homme.

   Les regards de la Vierge et de Sainte Anne sont, eux, graves, parce qu’ils sont orientés vers Jésus, et qu’elles ont déjà la connaissance de ce par quoi s’accomplira la Rédemption : la Croix.
Elles semblent donc nous dire : Tournez vos yeux vers Celui qui vient sauver les hommes et ne cherchez pas au loin Celui qui est au milieu de vous.

Tolbiac

Sculpture de la Sainte Parenté - Poitiers collégiale Notre-Dame la Grande - détail 4

2024-157. « C’est pas dans l’Evangile », objectent-ils…

25 juillet,
Fête de Saint Jacques le Majeur, apôtre (cf. > ici) ;
Anniversaire de l’abjuration d’Henri IV (cf. > ici).

Ange portant une Bible ouverte - blogue

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Parmi les prétendus arguments sortant de la bouche de ceux que, pour simplifier, j’appellerai des moderno-progressistes, pour justifier la relégation de nombreux usages traditionnels, de non moins nombreuses pratiques liturgiques ou dévotionnelles, des pans entiers de la discipline ecclésiastique voire même de la doctrine, sans parler des usages ascétiques et pénitentiels pratiqués pendant des siècles, il en est un – mille et mille fois entendu par mon papa-moine depuis son enfance – qui se résume à cette locution, assénée la plupart du temps avec un ton assez péremptoire auquel s’ajoutent, selon les circonstances, des nuances d’agacement ou de pitié, voire de mépris : « C’est pas dans l’Evangile ! » 

   Sans prétendre à l’exhaustivité, je vous puis remémorer (j’écris remémorer parce que je pense que beaucoup de mes lecteurs qui, comme Frère Maximilien-Marie, ont été les contemporains de toutes ces « remises en question » et autres formes du prétendu « aggiornamento » conciliaire et de ses réformes subséquentes, les ont eux aussi entendu) certaines de ces assertions, souvent bien hasardeuses, avec lesquelles les fidèles ont été véritablement méprisés par ces évêques, prêtres ou religieux, qui faisaient table rase du passé et prétendaient imposer un « nouveau style » à l’Eglise, aux églises, à l’enseignement religieux, aux célébrations liturgiques ou pratiques dévotionnelles.
Ainsi, voici quelques uns de ces propos d’ecclésiastiques (je n’invente pas, tout est rigoureusement exact) entendus par notre Frère pendant son adolescence lorsqu’il parlait avec eux et leur exprimait des réticences ou son désaccord concernant leurs façons de faire qui évacuaient les usages hérités de siècles de Tradition :

- La soutane (ou l’habit religieux) : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- La messe célébrée en latin : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- L’agenouillement : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- Le célibat sacerdotal : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- La réception de la sainte communion sur les lèvres : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- Les statues des saints dans les églises : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- Les bénédictions d’objets : « C’est pas dans l’Evangile ! »
… etc. … etc.

   Outre le fait qu’il est assez affligeant que des clercs, qui ont en principe un minimum d’éducation humaine, s’autorisent à mutiler notre belle langue française en omettant une partie de la négation, je vous dirai tout de go que cette prétendue argumentation est absolument idiote : en réalité elle ne prouve rien du tout. Ou, à la limite, c’est la seule crétinerie de ceux qui y ont recours ainsi que l’indigence de leur capacité de raisonnement et leur inculture, dont elle est l’unique attestation.
D’abord parce qu’il n’est ni exact ni conforme à la justice de se servir de l’Evangile à sa convenance pour justifier des comportements abusifs ; et ensuite parce que beaucoup de ces points sur lesquels les modernichons et progressouillards ont exercé leur fureur destructrice, même s’ils ne sont pas écrits de manière primaire et immédiate dans la lettre de l’Evangile, y trouvent toutefois, en réalité, leur source et leur justification.

   Depuis ces ténébreuses années postconciliaires, un certain nombre de « laïcs engagés » se sont eux aussi engouffrés dans la stupidité de cette fausse argumentation.
Mon papa-moine, ces dernières années encore, à l’occasion de quelques rencontres avec certains d’entre eux, s’est vu opposer, comme par les prêtres des années 70 du précédent siècle, les mêmes contestations éculées des usages et des formes traditionnels par ce « c’est pas dans l’Evangile ! »

   Je compte bien revenir, à l’occasion de prochaines publications, sur la manière raisonnable et  doctrinale de répondre à cette hérésie inspirée par les égarements des prétendus réformateurs (Lutin et Calver, comme aime à dire malicieusement Frère Maximilien-Marie en feignant un lapsus), mais la plupart du temps – me faisait encore remarquer mon papa-moine -, ceux qui vous « balancent » cette objection à la tête ne donnent pas l’impression d’être « les couteaux les plus affutés du tiroir », pour reprendre une image qui m’amuse beaucoup.

   Ce « c’est pas dans l’Evangile » n’est, de fait, même pas un argument de bon sens populaire tel qu’on en peut entendre dans les conversations devant le zinc du « Café du commerce ».

   Pourtant, bien souvent, plutôt que de se lancer dans une discussion faisant appel aux explications raisonnées et pleines de sagesse héritées de la Tradition, mais auxquelles ce type d’interlocuteur est devenu totalement imperméable, est-il en définitive tout aussi judicieux et efficace de répondre dans le même registre…
Vous voulez jouer au « Cépadanlévangile » ? Alors allons-y :

- Les « équipes d’animation pastorale » : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les « équipes liturgiques » qui imposent aux prêtres telle ou telle manière de célébrer : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les paroissiennes qui tutoient les prêtres et les appellent par leurs prénoms : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les bénévoles de la permanence au secrétariat paroissial qui font barrage aux personnes qui désirent rencontrer un prêtre pour un entretien personnel ou une confession : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les « dames caté » qui refusent d’enseigner aux enfants les prières usuelles et les commandements de Dieu et de l’Eglise : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les laïcs de la « pastorale des funérailles » qui s’opposent à ce qu’un prêtre accompagne un défunt au cimetière pour y diriger les prières traditionnelles de l’inhumation : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les cantiques (ou prétendus tels) cucul-la-praline aux musiques débiles et aux paroles indigentes : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- L’exclusion des paroisses de la Sainte Messe latine traditionnelle et le rejet des fidèles qui la demandent : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Le refus de donner la sainte communion sur la langue aux fidèles qui ne tendent pas les mains : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Le militantisme de type marxiste favorisant l’invasion de la Chrétienté par des païens venus de loin, à la place de la charité envers le vrai prochain : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les vertus chrétiennes remplacées par l’humanisme de type maçonnique : Ce n’est pas dans l’Evangile !
… etc. … etc.

   Là encore, la liste est très loin d’être complète de ce que l’on peut – encore de nos jours – entendre ou voir dans les paroisses ordinaires de nos provinces et de nos campagnes, jadis profondément chrétiennes mais aujourd’hui sinistrées par le modernisme et par les pratiques décadentes de soixante années de progressisme.

   Bien chers Amis, il ne faut pas se laisser intimider par l’outrecuidance et la morgue de ces clercs ou de ces laïcs qui continuent le travail de sape et de ruine spirituelle et doctrinale de ce qui subsiste encore de la Chrétienté, car laisser agir la main, le pied ou l’œil qui scandalisent au point d’entraîner vers la perdition, sans qu’on les arrache et les rejette loin de soi (cf. Matth. XVIII, 8-9) : Ce n’est pas dans l’Evangile !!!

pattes de chat  Tolbiac.

missel et colombe - vignette

2024-155. Leçons du deuxième nocturne des matines pour la fête de Saint Jacques le Majeur.

25 juillet,
Fête de Saint Jacques le Majeur, apôtre ;
Mémoire de Saint Christophe, martyr ;
Anniversaire de l’abjuration d’Henri IV (25 juillet 1593 – cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de Louis-Célestin Sapinaud, chevalier de La Verrie (+ 25 juillet 1793).

       Vous trouverez ci-dessous la traduction des leçons (c’est-à-dire des lectures) du deuxième nocturne des matines de la fête de l’apôtre Saint Jacques le Majeur, telles qu’on les trouve dans le Bréviaire romain traditionnel : il faut se souvenir que les leçons du deuxième nocturne des fêtes des saints sont dites hagiographiques parce qu’elles rappellent un résumé de la vie de celui dont on célèbre la fête, résumé qui constitue, pour la Sainte Eglise catholique, une sorte de « version officielle » de sa biographie authentifiée par la Tradition.

Atelier de Georges de La Tour - Saint Jacques le Majeur

Saint Jacques le Majeur (atelier de Georges de la Tour, vers 1640 – collection privée)

Quatrième leçon :

   Jacques, fils de Zébédée et frère de l’Apôtre Jean, était Galiléen. Appelé, ainsi que son frère, à prendre rang parmi les premiers Apôtres, il quitta son père et ses filets et suivit le Seigneur.
Jacques et Jean furent appelés par Jésus Lui-même Boanergès, c’est-à-dire « fils du tonnerre ». Jacques fut l’un des trois Apôtres que le Sauveur aima le plus, qu’Il choisit pour témoins de Sa transfiguration, et de la résurrection de la fille du chef de la synagogue, et qui L’accompagnèrent le jour où Il Se retira sur le mont des Oliviers pour y prier Son Père, quelques heures avant de tomber aux mains des Juifs.

Georges de la Tour - Saint Jacques le Majeur

Georges de la Tour (1593-1652) : Saint Jacques le Majeur (collection privée)

Cinquième leçon :

   Après l’Ascension de Jésus-Christ au ciel, Jacques prêcha Sa divinité dans la Judée et la Samarie, et détermina beaucoup d’hommes à embrasser la foi chrétienne.
Il partit bientôt pour l’Espagne, et y convertit quelques personnes au Christ. De ce nombre, il y en eut sept que Saint Pierre ordonna évêques dans la suite et qui furent envoyés les premiers en Espagne.
Jacques étant revenu à Jérusalem, le magicien Hermogène fut un de ceux auxquels il inculqua les vérités de la foi.
Comme l’Apôtre proclamait librement la divinité de Jésus-Christ, Hérode Agrippa, élevé à la royauté sous l’empereur Claude et désireux de se concilier les Juifs, le condamna à la peine capitale. Celui qui l’avait conduit au tribunal ayant vu son courage pour le martyre, déclara sur-le-champ que lui aussi était chrétien.

Saint Jacques le Majeur, conduit au supplice, guérit un paralytique et embrasse son accusateur

Noël Coypel (1628-1707) :
Saint Jacques le Majeur, conduit au supplice, guérit un paralytique et embrasse son accusateur (1661)
[musée du Louvre]

Sixième leçon :

   Tandis qu’on les emmenait au supplice, le nouveau chrétien demanda pardon à Saint Jacques : « Que la paix soit avec toi » lui répondit celui-ci en l’embrassant. Ils furent tous deux frappés de la hache ; l’Apôtre avait, un moment auparavant, guéri un paralytique.
Le corps du Saint a été plus tard transporté à Compostelle, où son culte est en très grand honneur, et où se rassemblent des pèlerins amenés de tous les points du monde par leur piété et leurs vœux.
Pour célébrer la mémoire de la naissance du saint Apôtre à la vie du ciel, l’Eglise a pris le jour qui est celui de la translation de son corps ; car c’est aux environs de la fête de Pâques, que, le premier d’entre les Apôtres, il a rendu témoignage à Jésus-Christ par l’effusion de son sang, dans la ville de Jérusalem.

Tombe de l'apôtre Saint Jacques - cathédrale Saint-Jacques de Compostelle

Tombe de l’Apôtre Saint Jacques le Majeur
(cathédrale Saint-Jacques, Compostelle)

1...56789...133

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi