Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2014-116. Le Noël de celui qui n’est pas venu.

- Conte de Marie Noël -

Soir de la Nativité de Notre-Seigneur,
jeudi 25 décembre 2014 au soir.

Agnolo Bronzino - Adoration (détail 2)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Pour beaucoup de nos contemporains, qui ont commencé à fêter Noël avant Noël, au soir du 25 décembre, la fête est terminée… avec un sentiment de saturation et de lassitude hépatique pour, souvent, avoir trop bu et trop mangé.

   Pour les chrétiens qui vivent la fête de la Nativité en esprit et en vérité,  et pour lesquels la fête est – avant toutes autres choses – spirituelle, cette fête est loin d’être achevée au soir du 25 décembre ; tout au contraire, la fête vient tout juste de commencer, et va durer huit jours : c’est l’octave de la Nativité.

   Je vous souhaite donc, Amis lecteurs, une sainte fête de la Nativité et je veux particulièrement remercier tous ceux qui nous ont envoyé des messages, des cartes, des courriels, des présents et des offrandes, pour soutenir le Refuge Notre-Dame de Compassion, …etc.
Pendant tout ce temps de la Nativité, vos personnes et vos intentions sont présentées d’une manière très spéciale au Coeur doux et humble de l’Enfant Jésus en Sa crèche, et à l’intercession de Sa Très Sainte Mère, si compatissante à toutes nos nécessités : qu’ils vous protégent, vous gardent et vous bénissent !

   Je n’en dis pas davantage pour ce soir, et vous laisse méditer un très beau conte de Noël que nous devons à cette merveilleuse poétesse que fut Marie Noël…

Lully.

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Agnolo Bronzino - Adoration (détail 1)

Le Noël de celui qui n’est pas venu :

       La veille de Noël, la vieille Mère Rachel se prépara comme tous les ans à conduire tous ses fils à la Crèche.
Elle appela ses trois fils préférés : Simon, celui qui travaillait la terre ; Lazare l’ouvrier forgeron ; et André, celui qui allait encore à l’école.

   Elle avait aussi un autre fils, né d’un autre lit.
C’était un homme qui avait énormément travaillé et beaucoup épargné pour aider sa mère Rachel à élever ses trois petits frères. Il avait aussi reconstruit et entretenu de ses deniers la maison familiale et il continuait toujours à donner généreusement.
Pourtant, ses frères ne l’aimaient pas. Ils lui enviaient ses capacités à faire le bien ; ils en étaient jaloux. Aussi le tenaient-ils à l’écart et n’hésitaient pas à le railler quand ils le croisaient en chemin.

   En cette veille de Noël, Rachel frappa à sa porte.
« Jean  dit-elle, je pars tout à l’heure adorer le Seigneur Jésus. Mais la route est un peu longue jusqu’à Bethléem et je n’ai pas assez de vivres. Peux-tu me donner des provisions ? »

   « Voici mes clefs, répondit Jean, celle du grenier, celle du cellier, celle de la cave. Prends tout ce qu’il te faut et même plus. Mes frères ne doivent manquer de rien pour ce beau voyage qui sera une grande fête ! »

   Sa mère prit les provisions et s’en fut mais aussitôt elle revint…
« Le manteau de ton frère Simon est râpé, il aura froid en route, donne-moi un vêtement pour lui. »

   « Prends mon manteau, ce sera pour moi une grande joie de savoir mon manteau aller à Bethléem sur les épaules de mon frère ! »

   Mère Rachel prit le manteau mais revint encore.
«  Les souliers de ton frère Lazare ont de bien mauvaises semelles. Tu ferais bien de m’en donner une paire pour lui. Tu en as une de rechange et il fait ta pointure. »

   « Prends mes souliers du dimanche, ce sera une grande joie pour moi de savoir mes souliers neufs aller à Bethléem aux pieds de mon frère ! »
Mère Rachel s’en fut avec les beaux souliers et le bruit du départ s’éleva dans la cour.

   Alors, Jean parut timidement sur le seuil.
« Mère Rachel, dit-il, ne m’emmènerais-tu pas avec vous pour adorer l’enfant Jésus à la Crèche ? »

   Mais aussitôt les frères s’indignèrent : « Tu es trop vieux pour nous suivre, tu nous retarderais en plus tu n’es pas vraiment de la famille. Et puis, tu es riche et Dieu n’aime pas la richesse. »

   Jean retira de son doigt un petit anneau d’or : « Tiens, dit il à son frère André, prends mon anneau, tu le remettras en cadeau de fête à notre Petit Seigneur. »

   « Non, répondit André, ton or ne vaut rien devant Lui. »

   « C’est vrai, dit humblement Jean. Alors, porte mon coeur à Jésus pour qu’Il me fasse miséricorde. »
Les frères se moquèrent de lui…
Jean baissa la tête parce qu’il se sentait rejeté de la grâce de Noël.

   La Mère Rachel partit avec ses fils préférés.
Quand ils arrivèrent à Bethléem, ce fut une grande fête à la Crèche. Mère Marie et Mère Rachel étaient si contentes de se revoir ! C’est qu’elles se connaissaient de longue date!

   Rachel présenta ses garçons : « Les voici, dit la vieille mère. Celui qui a la faucille, c’est Simon ; celui qui le marteau, c’est Lazare ; celui qui n’a qu’un livre, c’est André. N’est-ce pas qu’ils sont jeunes et forts et plein de courage ! »

« Ne manque-t-il pas quelqu’un ? » demanda Marie.
« Personne ! » dit André ;
« Seulement le riche ! » poursuivit Lazare.
« Rien que le vieux ! » expliqua Simon.

   « De si haut où je demeure, je ne connais les humains que par leur nom d’humain. Et je connais Jean, âme de bonne volonté. Mais pourquoi n’est-il pas venu ? », questionna Marie…
La question de Marie resta sans réponse ; alors, elle se tourna vers Jésus et murmura : « Ah ! Petite bouche de Dieu, jusqu’à présent tu n’as guère parlé qu’à des sourds et tu parleras, j’en ai peur, à bien des sourds encore. »

   Puis, elle l’assit sur ses genoux pour recevoir selon l’usage les offrandes. Les trois fils se prosternèrent et offrirent leurs présents : une faucille pour Simon et sa peine des quatre saisons ; un marteau pour Lazare et sa fatigue de toute la semaine ; un livre pour André et l’espoir de l’établissement d’une cité plus juste en détruisant les cités injustes.

   Le regard de Jésus semblait triste.

   Alors, Mère Rachel prit l’anneau qu’elle avait caché près de son coeur sous son vêtement. Elle déposa aussi le bon manteau qu’avait porté Simon, les chaussures qui avaient servi à Lazare et une part de provisions.
L’anneau luisait d’une grande lueur et le Petit Seigneur riait, tendant les mains à sa lumière comme un enfant s’amuse avec une belle flamme de feu.

   Marie dit doucement : « Je te remercie, Mère Rachel et je remercie tes fils d’avoir apporté au mien des présents d’un tel amour. Car, en vérité, on sent plus d’amour dans un seul de ces vêtements que dans le travail de toute une vie. A l’an prochain, Mère Rachel. Retournez à la maison et allez dire à Jean : « Celui qui a été béni à la Crèche, c’est celui qui n’est pas venu. »

   Souvenez-vous, que sert à l’homme de perdre l’Amour ?

Marie Noël.        

Agnolo Bronzino L'adoration des bergers 1539-40

Agnolo Bronzino : Adoration (1539-40) 

Autres contes en rapport avec le temps de Noël :
- Merveilleuse visite de l’Epiphanie > ici
- « La dernière visiteuse » (J. et  J. Tharaud) > ici
- « Te hominem laudamus » (Marie Noël) > ici
- La légende de la sauge > ici

B.D. « Pourquoi ? » > ici

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2014-114. « Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique ».

Dimanche de « Rorate », 4ème de l’Avent,
21 décembre 2014, au soir.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   En ce quatrième dimanche de l’Avent, dans sa prédication, Monsieur l’Abbé Henri V. a donné une suite à son sermon de dimanche dernier (cf. > ici).
Je sais que beaucoup d’entre vous ont apprécié ce texte et je ne doute donc pas que vous serez tout aussi nombreux à lire avec attention et à méditer ces enseignements…

                                                          Lully.

Willem van Herp - la Visitation, 1659

La Visitation – Willem van Herp (1614-1677)

Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu
et la mettent en pratique !

Homélie de Monsieur l’Abbé Henri V.
à l’occasion du dimanche de « Rorate » 21 décembre 2014 :

       Après avoir considéré la Foi comme l’adhésion surnaturelle à la Parole de Vérité reçue de Dieu, il convient d’insister sur la nécessité de vivre la Foi en tant que Parole de Vie, et de conformer sa vie de tous les instants à la grâce de son baptême : à cette condition, le croyant est véridique, cohérent et fidèle, de sorte que le Christ peut effectivement développer en lui la justice de sa grâce et en faire un authentique chrétien disposé à la sainteté.
Celui qui prétend être religieux alors qu’il se complaît dans une Foi dont il n’accomplit pas les oeuvres – les oeuvres de lumière – , ne peut pas plaire à Dieu, et s’illusionne dans une religion vaine et stérile.

   Puisque la Foi est lumière, elle ne se contente pas de montrer la route, elle ne s’arrête pas à la connaissance de la Vérité révélée. Elle n’en reste pas au point de s’en tenir à une théorie abstraite, ce qui la réduirait soit à une idéologie faite de formules et de slogans sans aucune sagesse de vie, soit à une religion formaliste imposant une morale communautaire de contraintes et d’interdits sans aucune liberté d’amour.
La Foi n’est pas auto-suffisance, ni passeport de bonne pensée, ni lettre morte. Au contraire, puisqu’elle procure la vie éternelle, elle ouvre la voie, elle met en route sur le chemin du Royaume, elle inspire la force de l’Espérance et la ferveur de la Charité, elle souffle l’esprit des Béatitudes. La Foi est esprit vivifiant, vertu d’agir, puissance au bien, dynamisme de sainteté.
La fidélité du croyant implique la présence et l’activité de la grâce, avec la recherche continuelle de la perfection chrétienne au sein des innombrables occupations quotidiennes, même les plus humbles, toutes, accomplies avec le Christ.

   Pour les Anciens et nos Premiers Pères dans la Foi, eux qui, par la fougue sacrée de leur conversion résolue, ont répandu l’Evangile, édifié l’Eglise et fait la Chrétienté, c’était un devoir d’honneur et de fidélité : ils auraient perçu les fautes contre la Foi et la Charité comme un retour à leur ancien paganisme et une trahison à l’amour que Dieu leur avait offert. Plus encore, parce qu’ils avaient une pleine conscience de leur nouvel état, ils ne pouvaient imaginer qu’un chrétien ne conforme pas sa vie à ce qu’il était devenu au baptême : un racheté, un élu, un enfant de Dieu, un héritier et un citoyen du Ciel ; un homme juste et saint, aimant et vivant désormais non pas comme un homme ordinaire, mais selon le Christ.

   Avouons-le : cet idéal déroute nos contemporains pour lesquels la religion n’engloberait pas tout l’homme ; ils peinent à croire que l’action du Christ puisse purifier, guérir, habiter, élever et sanctifier l’intégralité de notre nature.
En Eglise aussi beaucoup de pratiquants séparent la religion de l’ensemble de leurs préoccupations, empêchant ainsi la grâce d’embrasser et d’imprégner toute leur existence.
Le naturalisme est le grand fléau de notre époque : les catholiques y perdent la raison même de leur Foi.

   En créant l’homme dont il réparera le péché, Dieu a choisi de l’adopter comme son fils. Aussi, pour révéler le mystère de cette surprenante élévation à l’intimité divine – objet d’une miséricorde infinie – la Providence a pris soin de marquer l’avènement du Messie par des évènements significatifs.
Ainsi, aux premières lueurs du Salut, des Rois Mages, venus de la lointaine Orient, apparaissent comme les témoins inattendus de la vocation à la lumière d’en-haut. Prémisses de la Foi et modèles de sagesse, ils scrutent le ciel, voient l’étoile, croient, se mettent en route et suivent la voie tracée devant eux ; puis ils adorent et offrent leurs présents à l’Enfant nouveau-né qu’ils reconnaissent comme Dieu, Roi et Sauveur de l’humanité. Leur étonnante entrée sur la scène de l’Eglise naissante figure le dessein de Dieu d’inviter tous les hommes au Banquet nuptial, bons ou mauvais, croyants ou non, et, à cette fin, de les transformer intérieurement par le don de la Foi et l’action de la grâce.

   Ouvrons donc l’Evangile.
Nous y voyons tout d’abord Jésus déclarer avec autorité qu’Il n’est pas seulement la vérité, mais aussi la vie sans laquelle tout est perdu.
Ensuite Il annonce la nécessité de cette renaissance dans l’eau et l’esprit, explique à ses disciples que le croyant possède déjà la vie éternelle, que le Royaume des Cieux est déjà parvenu en eux, les exhortant à la perfection ; tandis qu’Il condamne ceux qui, installés dans une religion de façade, imposent aux autres de lourds fardeaux.
Enfin, et nous touchons là à l’un des aspects les plus beaux de l’Evangile, Jésus prouve la vérité de sa religion et la réalité de sa filiation divine en accomplissant les oeuvres de son Père.
Et que sont-elles ces oeuvres ?
Ce sont les oeuvres du Messie annoncées dans l’Ancien Testament et relatées ici comme l’histoire illustrée du Salut parmi les hommes : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Matth. XI).

   Dans les épîtres, les Apôtres développent ce programme évangélique de guérison spirituelle et de justice qui s’incarne dans la Charité. Saint Jacques, en quelques mots choisis, résume ainsi : « La religion pure et sans tâche aux yeux de Dieu le Père, la voici : c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse et de se préserver des souillures de ce monde » (Jac. I, 27).
Tel est le secret d’une authentique sainteté : l’union à Dieu par la Foi, une Foi sûre et éclairée, celle-ci entraînant l’adhésion de sa vie à la vérité de sa vocation.

   Chef d’oeuvre de la grâce, la Vierge immaculée donne la parfaite illustration de ce dynamisme de la Foi et de la Charité dont le fruit est Jésus-Christ habitant parmi nous. Marie a spontanément cru à la Parole de Dieu, et, parce qu’elle a cru, elle a adhéré aux desseins du Père dont elle a permis la réalisation : c’est ainsi qu’elle a conçu, enfanté, mis au monde et nourri le Fils du Très-Haut. Cependant, en empruntant la charité fraternelle à l’amour de Dieu, la Sainte Vierge s’empressera d’aller visiter sa cousine Elizabeth et, plus tard, elle prendra soin du vin au banquet des Noces de Cana, donnant ainsi le visage d’une religion accomplie ô combien aimable !

   N’est-ce pas pour célébrer ce Mystère de Marie, mais aussi pour proclamer l’oeuvre admirable de notre justification dans le Christ que l’Eglise, à l’approche de Noël, reprend ces paroles du prophète : « Cieux, répandez d’en-haut votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste ! Que la terre s’entrouvre et fasse germer le Sauveur ! » (Isaïe 45, 8) ?

   J’entends bien l’objection de celui qui me mettra en face de ma propre misère et soulèvera l’incapacité de l’humaine condition, nous renvoyant à la triste réalité de nos iniquités. Comment donc concilier notre faiblesse et notre inconstance avec l’idéal de sainteté ?
Nous répondons que la puissance de Dieu opère justement dans la faiblesse, à la mesure de l’humilité et de la contrition, et que l’espérance reçoit de l’Evangile de la Rédemption l’assurance d’un pardon toujours plus efficace pour un amour toujours plus intense.

   Le croyant est optimiste, de l’optimisme de la grâce : il se sait aimé de Dieu et sauvé par Jésus ; sa religion lui inspire les plus grands désirs. Voilà pourquoi Noël déborde tant de joie, chante la gloire de Dieu au plus haut des cieux et la paix sur terre aux hommes de bonne volonté !
Noël, c’est la grâce de naître, de vivre et d’aimer en enfant de Dieu, c’est la grâce d’être délivrés de tout mal et d’être appelés au Royaume des Cieux.
Reconnaissant donc la dignité d’une si sublime vocation, vivons et grandissons auprès du Christ, parce qu’Il est le Bon Pasteur venu nous emmener au-delà de nos propres limites jusqu’au sein du Père, là où la vie éternelle ne connaîtra ni pleurs ni larmes, là où tant d’efforts seront récompensés, là où la Foi sera dissipée par la vive clarté de la vision béatifique et où la grâce laissera la place à la gloire.

   Les premiers chrétiens, habités par le souvenir récent de Jésus, possédaient la jeunesse et la passion de l’amour tout neuf. Mais nous, fatigués sous le poids des désarrois et confrontés à la vieillesse d’un monde archaïque envahi par une culture de mort, comment pouvons-nous fortifier et renouveler notre Foi dont le témoignage a la puissance d’inverser le cours d’une histoire plus sombre que jamais ?

   L’ultime solution réside encore et toujours dans la confiance ; il ne resterait que la confiance, elle suffit : en remettant avec ferveur et sans crainte notre pauvreté, rien que notre pauvreté, toute notre pauvreté, entre la douceur et l’humilité du Cœur de Jésus, trésor de bonté. Car, n’est-ce pas de ce Dieu qui apparaît avec la plénitude de sa miséricorde que nous recevons, pieusement, le don précieux de la fidélité ?

Carlo Maratti vers 1650 la Sainte Nuit (Dresde)

La Sainte Nuit – Carlo Maratti (1625-1713)

2014-112. « Bienheureux ceux qui croient à la Parole de Dieu, et qui marchent à la lumière de la Foi ! »

Dimanche de Gaudete 14 décembre 2014 au soir.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Je ne veux pas achever ce jour sans vous adresser le texte de l’homélie prononcée ce dimanche matin par Monsieur l’Abbé Henri V., à l’occasion de la Grand’ Messe célébrée selon le rite latin traditionnel, en l’église de C.
Frère Maximilien-Marie m’en a rapporté le texte dont la lecture m’a enchanté, tout comme son audition avait énormément plu à notre Frère : je ne doute pas qu’un grand nombre d’entre vous saura l’apprécier et tirer un grand profit spirituel de sa méditation…

Lully.

Charles le Brun le triomphe de la foi - Vaux le vicomte 1658-60

Le triomphe de la Foi
Charles Le Brun – Vaux-le-Vicomte (1658-60)

Bienheureux ceux qui croient à la Parole de Dieu,
et qui marchent à la lumière de la Foi !

Homélie de Monsieur l’Abbé Henri V.,
à l’occasion du dimanche de « Gaudete » 14 décembre 2014

       Parmi les grâces que nous apporte la célébration de Noël : ô combien précieuse et nécessaire, la grâce d’une Foi toujours plus vive et plus ferme, toujours plus grande et plus éclairée.

   La Foi est un don du ciel que Dieu offre ici-bas à tous les hommes de bonne volonté en vue de leur salut.
Au fondement et au cœur de l’Alliance éternelle entre Dieu et les hommes, elle consiste principalement à croire que Jésus-Christ est le Verbe consubstantiel et le Fils unique de Dieu, venu sur terre, revêtu de notre humanité, afin de sauver le genre humain déchu par le péché, né de la Vierge Marie, et dont Noël célèbre la naissance miraculeuse et merveilleuse.

   Durant les siècles d’attente de l’Ancien Testament, les hommes étaient justifiés par la Foi au Messie à venir ; depuis Noël, ils sont désormais sauvés et sanctifiés par la Foi en Jésus-Christ qu’ils reconnaissent comme le Messie, le Rédempteur du genre humain, le Roi des nations, la Lumière d’En-Haut qui éclaire tout homme venant en ce monde.

   Il est surprenant qu’en nos temps où se répandent de plus en plus les ténèbres soit de l’apostasie, soit de l’indifférentisme, soit de l’ignorance, à l’heure où les institutions ecclésiales parlent tant de nouvelle évangélisation, les ministres de l’Eglise semblent en oublier l’objet essentiel, lequel consiste en la prédication de la Foi, de la Foi qui sauve et procure la vie éternelle.

   Et quant à nous ?
Je voudrais, vous voudriez – n’est-ce pas ? – que, l’âge avançant, nous puissions témoigner avec l’Apôtre, animé à la fois par l’audace de l’humilité et la confession de la Vérité : « J’ai combattu le bon combat, j’ai accompli mon ministère, j’ai gardé la Foi. Il ne me reste plus qu’à recevoir la couronne de justice, qu’en ce jour-là me donnera le Seigneur, le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront attendu avec amour Son avènement » (2 Tim. IV, 7-8) !

   Pourquoi insister ainsi sur la Foi ?
Mais parce que la Foi, c’est la vie ; parce que la Foi, c’est la lumière ; parce qu’elle est la pensée même de Dieu. La certitude en face du doute ; la réponse à toutes les interrogations ; le remède aux illusions et aux mensonges, aux slogans et aux idéologies. Elle est la plus haute consolation parmi les tristesses ; elle est la seule vraie lumière qui montre la route, toutes les autres lumières sont caduques, relatives, conjecturales…

   Ainsi, comment ne pas être lassé par ces mêmes mots qui reviennent sans cesse dans le discours moderne : amour, partage, accueil, miséricorde, communion, lorsque ces mots, que n’éclaire plus la lumière de la Foi, se trouvent vidés de leur propre substance ?
Il y a une sorte de détournement de l’Evangile, qui est pire que sa négation.

   Ouvrons le Nouveau Testament : on s’apercevra vite que, dans l’enseignement de Jésus, la vertu de Foi revêt une importance capitale.
Jésus admire la Foi, récompense la Foi, donne à la Foi de faire des miracles, reproche la lenteur à croire, prédit la condamnation de ceux qui n’auront pas cru, promet à la Foi de faire jaillir des fleuves d’eau vive, Se demande si à Son retour Il trouvera la Foi sur terre.
Surtout, Il annonce que celui qui croit possède déjà la vie éternelle.

   Quant au contenu de la Foi, il ne s’agit pas d’un ensemble plus ou moins vague, ou abstrait, de notions aux contours imprécis, susceptibles d’évoluer comme le sont les opinions humaines voire les hypothèses scientifiques, mais d’un corps de doctrine cohérent et définitif.
C’est pourquoi, ainsi que l’a énoncé Saint Athanase sous un mode solennel en tête de son symbole (texte complet du symbole de Saint Athanase > ici) : « Quiconque veut être sauvé doit avant tout adhérer à la Foi catholique ». Et le grand Docteur poursuit : « Quiconque ne l’aura pas gardée dans son intégrité inviolable périra sans aucun doute pour l’éternité ».
Insistons sur ce point que nos contemporains ont tendance à oublier.

   La grandeur de l’objet de la Foi se mesure non à son importance dans la vie humaine au risque de le réduire à un sentiment ou à une expérience subjective, mais à son caractère proprement surnaturel.
Réduire la Foi, en ne lui accordant qu’une valeur subjective, voilà le péché du monde moderne ; il ne faut pas chercher plus loin la cause de ses maux.

   La Foi consiste à adhérer à la Vérité divine que Dieu révèle.
Dès lors, dans mon acte de Foi, mon intelligence ne rend pas hommage à sa propre croyance, mais à la transcendance de la Vérité incréée.

C’est pourquoi la plus légère atteinte au contenu de la Foi catholique est une offense qui remonte à Dieu Lui-même. Une des conséquences sera que le péché contre la Foi – l’hérésie – est le plus grand de tous : contredire la Parole divine elle-même détruit en nous la lumière de la Foi qui unit à Dieu.

   La lumière de la Foi nous introduit dans un monde de vérité absolue, fondée sur la Parole du Verbe de Dieu. De sorte que le chrétien qui a la Foi possède infailliblement la vérité et vit avec la certitude d’être dans le vrai. Dans notre condition de « voyageurs » – homo viator – sur cette terre, certes, l’obscurité qui nous enveloppe peut susciter quelque doute, mais la confiance en la Parole de Dieu est plus forte que nos craintes.

   A celui qui n’a pas la Foi, ou pour lequel il n’y a pas de vérité, protestant que chacun a sa propre vérité – toute relative en conséquence – , qui nous reprochera même notre prétention et notre autosuffisance de paraître les seuls à détenir la vérité, nous lui répondrons que c’est la vérité reçue de Dieu, que ce n’est effectivement pas notre vérité, que nous n’en sommes pas les possesseurs ni les auteurs évidemment.
Nous conviendrons peut-être avec lui que la vérité nous dépasse infiniment, qu’elle nous restera toujours profondément mystérieuse.
Mais lorsque le Seigneur vient jusqu’à nous, nous dévoiler Son mystère et nous parler, alors la raison humble servante, écoute, reçoit, apprend ; et puis, elle pénètre et contemple, cherche à progresser : Crois pour mieux comprendre, et comprends pour mieux croire !

   C’est ce à quoi nous nous appliquerons de grand cœur auprès de la crèche, devant l’avènement du Fils de Dieu et la naissance du divin Enfant de la Vierge Marie : nous serons de plus en plus sûrs et certains de ce Dieu qui nous apparaît de plus en plus mystérieux !

Bienheureux ceux qui croient à la Parole de Dieu, et qui marchent à la lumière de la Foi !

Charles le Brun - adoration des bergers - 1689 (Louvre)

L’adoration des bergers
Charles Le Brun – Musée du Louvre (1689)

Articles connexes :
Histoire de la dévotion à la crèche > ici

Neuvaine préparatoire à la Nativité, du 16 au 24 décembre > ici
« Ero Cras » - le sens des grandes antiennes « O » > ici
« Le mystère de Noël »
 - Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein) > ici
« Pourquoi ? » (Bande dessinée) > ici
« Chemin de Bethléem, école d’oraison » > ici

2014-110. Le fac-similé de la Sainte Maison de Lorette à La Flocellière.

10 décembre 2014,
fête de Notre-Dame de Lorette.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Ceux qui connaissent bien le Mesnil-Marie savent que nous y nourrissons une fervente dévotion à la Santa Casa de Lorette, dont je vous avais entretenus au tout début de mon blogue (ici > « De la translation de la Sainte Maison de Lorette »).

   Frère Maximilien-Marie a eu l’immense bonheur de s’y rendre en pèlerinage à plusieurs reprises et aujourd’hui il n’a pas manqué de me faire remarquer que nous étions exactement au sept-cent-vingtième anniversaire de son arrivée à Loreto  – le 10 décembre 1294 – , après avoir au préalable fait escale en Illyrie, puis dans deux autres lieux du territoire de Recanati.

   Comme nous sommes encore dans l’année jubilaire du huitième centenaire de la naissance de Saint Louis, notre Frère m’a également montré une photo (malheureusement pas très nette) qu’il a prise lors de son dernier pèlerinage à Lorette, en avril 2010, et qui montre, dans la chapelle française de la basilique (qui est aussi la chapelle du Très Saint Sacrement), au-dessus de l’autel, la représentation de la communion de Saint Louis dans la Sainte Maison (qui se trouvait alors encore à Nazareth) :

Lorette, chapelle française - St Louis recevant la communion dans la Ste Maison

Basilique de Lorette (Loreto), chapelle française :
Saint Louis recevant la sainte communion dans la sainte maison de Nazareth.

   Il y a en France plusieurs chapelles ou sanctuaires qui sont placés sous le vocable de Notre-Dame de Lorette.
L’un des plus célèbres aujourd’hui, entré dans l’histoire en raison des combats acharnés dont il fut le théâtre au cours de la première guerre mondiale, se situe en Artois, près d’Ablain-Saint-Nazaire : la colline de Lorette est maintenant une immense nécropole où se perpétue le souvenir des soldats tombés lors des épisodes sanglants de 1914-1918 ; au milieu des étendues de croix blanches, la chapelle dédiée à Notre-Dame de Lorette a été rebâtie.

   Mais c’est d’un autre sanctuaire, tout à fait remarquable, que je voudrais vous parler en ce jour : il est sis sur la paroisse de La Flocellière, au pied de Saint-Michel Mont-Mercure, en bas-Poitou, aux confins de l’Anjou, actuel département de la Vendée.
Là se trouve en effet un fac-similé d’une minutieuse exactitude de la Santa Casa de Lorette.

Façade de la chapelle ND de Lorette à La Flocellière (vue ancienne)

   A l’origine de cette chapelle, il y eut une histoire d’amour un peu rocambolesque, puisque, au début du XVIIe siècle, le marquis de La Flocellière, Jacques de Maillé-Brezé, enleva, pour l’emmener dans son château de La Flocellière, la princesse écossaise Elizabeth Hamilton, dont il s’était follement épris et qui avait jusqu’alors repoussé ses avances.
Las ! alors qu’elle avait enfin consenti à l’épouser, mais avant que ne fussent célébrées les noces, la belle Elizabeth tomba gravement malade et trépassa.
Parmi ses dernières volontés, il y avait celle de doter la construction d’un couvent et d’une église dédiés à Notre-Dame de Lorette.
En juin 1617, Jacques de Maillé-Brezé passa contrat avec les Carmes pour qu’ils construisent, sur les terres qu’il leur donnait, une église conventuelle, un cimetière et un cloître avec ses bâtiments attenant. Il leur assurait aussi un revenu fixe.
Jacques de Maillé-Brezé mourut avant de voir l’oeuvre achevée (dans la dernière moitié du XVIIe s).

   Les Carmes restèrent à La Flocellière quelque cent-cinquante ans. A la veille de la grande révolution, on dit qu’ils n’étaient plus que quatre. Les lois impies les forcèrent à quitter les lieux ; le couvent et l’église furent vendus comme biens nationaux ; puis le passage des colonnes infernales les réduisit à l’état de ruines fumantes.

   En 1828, un médecin de La Flocellière racheta ce qui restait de l’église, en fit relever les murs et y fit poser un toit pour la transformer en… grange à foin et remise à bois.
Cela dura une quarantaine d’années.

   C’est alors que fut nommé à la cure de La Flocellière l’abbé Joseph Dalin, un prêtre au zèle infatigable et au coeur rempli d’audace.

Abbé Joseph Dalin curé de La Flocellière

L’abbé Joseph Dalin (1800-1884), curé de la Flocellière.

   Non content de racheter l’ancienne église conventuelle, en 1867, et de la faire restaurer pour la rendre au culte (1869), l’abbé Dalin conçut une idée que nombre de pieuses personnes « sérieuses » et « raisonnables » ne pouvaient manquer de qualifier de pure folie : au chevet de la chapelle restaurée de Notre-Dame de Lorette de La Flocellière, et communiquant avec elle, édifier une chapelle qui soit la réplique à l’identique de l’intérieur de la Sainte Maison de Lorette.
Et quand je dis « à l’identique », je ne veux pas parler d’une approximative ressemblance, mais bien d’un fac-similé des plus exacts, des plus rigoureux, des plus précis : au millimètre près et dans les moindres détails !

   Pour cela, l’abbé Dalin envoya à Loreto un artiste nantais, Félix Benoist, peintre, dessinateur et lithographe.
Félix Benoist rapporta de Lorette les plans détaillés et millimétrés de l’intérieur de la Santa Casa.

   Cette construction à l’identique eut lieu au cours de l’année 1873, si bien que le jour de la fête de Notre-Dame de Lorette, 10 décembre 1873, Son Excellence Monseigneur Charles-Théodore Colet, évêque de Luçon (et archevêque de Tours moins d’un an plus tard), vint bénir le fac-similé de la Sainte Maison au cours d’une grandiose cérémonie.

Sainte Maison de Lorette - La Flocellière carte ancienne

   Pendant trois-quarts de siècle environ, la reproduction de la Sainte Maison de Lorette à La Flocellière fut un lieu de pélerinage des plus fréquentés : on y dénombra plus de cinq mille pélerins en une seule journée (22 août 1944).

   Mais la deuxième moitié du XXe siècle vit disparaître processions et pélerinages : le clergé moderniste, le clergé « recyclé » dans « l’esprit du concile » n’apprécie pas trop les récits de miracles (« La translation de la Sainte Maison de Nazareth jusqu’à Lorette : quelle pieuse blague ! »), ni les démonstrations de la dévotion populaire…

   Lorsque notre Frère Maximilien-Marie a visité les lieux, dans les dernières années du XXe siècle, la chapelle Notre-Dame de Lorette de La Flocellière était rarement ouverte, et seulement en été ; elle ne servait plus au culte et présentait des signes de détérioration bien inquiétants. A son chevet, le fac-similé de la Santa Casa donnait une désolante impression d’abandon et de tristesse.

   Fort heureusement, nous avons appris qu’il n’en est plus ainsi : la commune de La Flocellière, ayant pris conscience qu’elle possédait là un trésor, aidée par des subventions et des dons de particuliers, a fait procéder à une belle restauration.
Par ailleurs, l’édifice a été inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques.

   Le site du diocèse de Luçon, de son côté, présente ce sanctuaire comme « un lieu spirituel très fort qui n’attend plus qu’un nouveau pèlerinage ! ». Puisse-t-il en être ainsi !

Fac-similé de la Santa Casa à La Flocellière

La Flocellière : fac-similé de la Santa Casa après restauration.

   Ceux qui ont eu la grâce de se rendre en pèlerinage à Lorette m’objecteront peut-être :
« Mais, Lully, sur les photos que vous publiez ci-dessus, je ne reconnais pas exactement l’intérieur de la Sainte Maison tel que j’ai pu le voir de mes propres yeux ! »

   En effet, le fac-similé de La Flocellière n’est pas conforme à l’état actuel de la Santa Casa, à Loreto.
Mais cela ne signifie pas que la copie est infidèle : c’est tout simplement parce qu’en 1921 un incendie a ravagé le sanctuaire de Loreto, et a même détruit le mobilier intérieur de la Santa Casa, au point que l’antique statue de cèdre de la Madone qui y était exposée et vénérée a été entièrement consumée (la statue actuelle a été refaite en 1922 dans le bois d’un cèdre des jardins du Vatican donné par Pie XI).

   La restauration de l’intérieur de la Santa Casa, après 1921, si elle n’a pas modifié substantiellement la disposition des lieux n’a néanmoins pas consisté en une réhabilitation exacte de ce qui y existait avant l’incendie.
Ainsi donc, le fac-similé de La Flocellière nous donne-t-il un précieux et fidèle témoignage de ce qu’était la Sainte Maison de Lorette exactement telle que l’ont vue et y ont prié Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, Saint Benoît-Joseph Labre, le Bienheureux Pie IX, Saint Pie X, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ou Saint Maximilien-Marie Kolbe, pour ne citer, parmi tous les illustres saints pélerins de Lorette, que quelques uns qui nous sont particulièrement chers.

Fac-similé Santa Casa - La Flocellière

La Flocellière : fac-similé de la Santa Casa, le rétable après restauration.

   Voilà donc une petite merveille de notre patrimoine religieux que je voulais vous faire découvrir (ou redécouvrir peut-être), chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion.
Si vous êtes de passage en bas-Poitou, n’hésitez pas à faire un petit détour, à seulement quelques kilomètres au Sud-Est des Herbiers, pour aller visiter la chapelle Notre-Dame de Lorette de La Flocellière et vous recueillir dans cette reproduction exacte de la Sainte Maison dans laquelle le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous. 

Lully.

Translation de la Sainte Maison - image de dévotion populaire

Selon les indications que nous avons recueillies, la chapelle Notre-Dame de Lorette de La Flocellière est maintenant ouverte tous les jours de 9 h. à 19 h. – Visites guidées sur rendez-vous. Tél. : 02 51 57 27 05 > Association La Boulite.

Tota pulchra es, o Maria !

- 8 décembre -

fête de la conception sans tache
de la
Bienheureuse Vierge Marie

Martino Altomonte - Budapest (1719)

La Vierge immaculée – Martino Altomonte (1719)

Juste quelques lignes pour vous rejoindre en cette très belle fête du 8 décembre, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion. Nous l’avons préparée par la neuvaine recommandée par l’Eglise, et aujourd’hui nos coeurs sont remplis d’allégresse et de ferveur filiale, afin de rendre grâces à Dieu pour le chef d’oeuvre de Sa création, afin de chanter les louanges de la Vierge sans tache qui fut conçue en ce jour, afin d’exulter dans la reconnaissance…

Comme notre Frère Maximilien-Marie, depuis qu’il est levé ce matin, ne cesse de chanter cet ancien cantique latin extrait des « Cantus Mariales », appris lorsqu’il était jeune religieux : « Tota pulchra es, o Maria ! Tota pulchra es ! Vous êtes toute belle, ô Marie, vous êtes toute belle ! », j’ai résolu de vous en adresser ci-dessous le texte complet (inspiré par le cantique des cantiques) avec la partition, et même un enregistrement. Ainsi pourrez-vous le chanter en union avec nous.

Bonne, belle et par dessus tout très fervente
fête de l’Immaculée Conception !

Lully.      

Tota pulchra es, o Maria

3 – Sicut lilium inter spinas : inter filias sic tu Virgo benedicta.
Tuum refulget vestimentum ut nix candidum ;
sicut sol facies tua.

Comme le lis entre les épines : ainsi êtes vous entre les jeunes filles, ô Vierge bénie.
Votre vêtement resplendit blanc comme la neige ;
votre visage est semblable au soleil.

4 – In te spes vitae et virtutis, omnis gratia et viae et veritatis.
Post te curremus in odorem suavissimum
trahentium unguentorum.

En vous réside l’espoir de la vie et de la vertu, toute grâce de conduite et de vérité.
A votre suite nous courrons à l’odeur très suave
de vos parfums qui nous attirent.

5 – Hortus conclusus, fons signatus, Dei Genitrix, et gratiae paradisus.
imber abiit et recessit, hiems transiit,
jam flores apparuerunt.

Jardin clos, fontaine scellée, ô Mère de Dieu, paradis de la grâce.
La pluie a cessé et s’en est allée, l’hiver est passé,
déjà les fleurs sont apparues.

6 – In terra nostra vox audita, vox dulcissima : vox turturis, vox columbae.
Assume pennas, o columba, formosissima !
Surge, propera et veni.

Sur notre terre, une voix s’est fait entendre, une très douce voix : voix de la tourterelle, voix de la colombe.
Prenez votre vol, ô colombe infiniment belle !
Levez-vous, hâtez-vous et venez.

(pour écouter l’enregistrement, faire un clic droit sur l’image ci-dessous > ouvrir dans un nouvel onglet)

Image de prévisualisation YouTube

Et n’oubliez pas :
- l’illumination de vos fenêtres ce soir du 8 décembre > ici
- et ici, le rappel des origines de Notre-Dame > ici

2014-108. « Donnez-moi ce que Vous m’ordonnez ; ordonnez-moi ce qu’il Vous plaît. »

- Vœux pour le début de la nouvelle année liturgique -
Samedi 29 novembre 2014 (*)

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Très chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

« Nous ne cessons de prier pour vous et de demander à Dieu que vous soyez remplis de la connaissance de Sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle ; afin que vous marchiez d’une manière digne de Dieu, Lui plaisant en toutes choses, fructifiant en toutes sortes de bonnes oeuvres, et croissant dans la science de Dieu ; corroborés de toute force par la puissance de Sa gloire, de toute patience et de joie » (Col. I, 9b-11).

Ces versets que nous avons entendus au tout début de l’épître lue au vingt-quatrième et dernier dimanche de l’année liturgique m’ont parus particulièrement adaptés pour introduire ces vœux que, du plus profond du cœur, je tiens à vous adresser pour commencer la nouvelle année liturgique.
Je me suis permis de mettre en caractères gras certaines expressions du texte de Saint Paul sur lesquelles je vais insister ci-dessous.

 - « Remplis de la connaissance de Sa volonté » :
Il en est tant et tant, aujourd’hui, qui attachent davantage d’importance à leur volonté propre, à leurs aises, à leur confort, aux « bonnes relations » humaines, au conformisme social, …etc. plutôt qu’à la sainte volonté de Dieu.
La connaissance de Sa volonté n’est ni difficile, ni impossible à obtenir : elle se trouve exprimée dans les commandements de Dieu, dans les commandements de l’Eglise, dans les préceptes du Saint Evangile, dans l’observation des vertus chrétiennes, toutes choses qui nous sont enseignées par le catéchisme catholique (je dis bien le catéchisme catholique, je ne parle pas des « parcours catéchétiques » en vogue dans beaucoup de diocèses, et dans lesquels la foi catholique est tellement diluée et édulcorée qu’on a de la peine à l’y retrouver !).
Ainsi, celui qui prétend ne pas connaître la sainte volonté de Dieu n’a en réalité aucune excuse.
Quant à la connaissance du dessein particulier que Dieu a sur chacun – ce qui constitue la vocation propre d’une personne – , c’est à chacun, à l’aide de conseillers spirituels prudents, avisés, expérimentés et pleins de sagesse, d’arriver à la connaître, avec la double certitude 1) que Dieu n’exige jamais de nous des choses impossibles (difficiles, certes – dans quelque état de vie que ce soit – mais jamais impossibles), 2) et que la plus excellente des « vocations personnelles » est rarement celle qui est le plus conforme aux aspirations de notre volonté propre – fussent-elles les plus belles, les plus nobles et et les plus généreuses – , mais bien celle qui nous unit le plus à la Croix de Notre-Seigneur, celle qui nous permet le plus de sacrifier cette volonté propre à la volonté divine.

- C’est par la connaissance et par la mise en pratique de la sainte et béatifiante volonté de Dieu, et par elle seule, que nous pouvons être remplis de « sagesse et d’intelligence spirituelle ».
C’est par la connaissance et par la mise en pratique de la sainte et béatifiante volonté de Dieu, que nous pouvons marcher « d’une manière digne de Dieu ».
C’est par la connaissance et par la mise en pratique de la sainte et béatifiante volonté de Dieu, que nous pouvons « Lui plaire en toutes choses« .
C’est par la connaissance et par la mise en pratique de la sainte et béatifiante volonté de Dieu, que nous pouvons « fructifier en toutes sortes de bonnes oeuvres ».
C’est par la connaissance et par la mise en pratique de la sainte et béatifiante volonté de Dieu, que nous irons « croissant dans la science de Dieu ».
C’est par la connaissance et par la mise en pratique de la sainte et béatifiante volonté de Dieu, que la puissance de la divine gloire pourra vraiment et efficacement nous remplir de force et de joie, dans la patience (et il ne faut pas oublier que la patience est, en définitive, la vertu de ceux qui savent pâtir, la vertu de ceux qui sont unis à la Passion).

- C’est par la connaissance et par la mise en pratique de la sainte et béatifiante volonté de Dieu, que, en un mot, l’homme marche dans les voies de la sainteté, puisque « la volonté de Dieu, c’est votre sanctification », nous assure encore le Saint-Esprit par la plume de Saint Paul (1 Thess. IV, 3).

- A la veille de la nouvelle année liturgique, qui est le cycle de la grâce de Dieu au cœur de nos cycles terrestres, je vous souhaite donc, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, de renouveler votre ferveur et votre zèle, afin de vous sanctifier à la suite de Notre-Seigneur Jésus-Christ – contemplé dans Ses mystères – , à la suite de notre très douce Dame Marie – Vierge de toute compassion – , et à la suite de tous ces saints dont nous aimons à célébrer les fêtes tout au long des jours…

Couronne de l'Avent 2014 détails

Couronne de l’Avent 2014 au Mesnil-Marie (détail)

« Sainteté ! Croix ! Sacrifice ! Patience qui évoque le fait de pâtir !… Comme vous y allez ! Vous n’êtes pas franchement drôle, frère Maximilien-Marie ! Vos vœux nous font un peu peur. Vous n’êtes pas réaliste… et tout ce que vous risquez, c’est finalement de porter les âmes au découragement », ne manqueront pas de penser certains (sans forcément me l’oser dire).
Mais puis-je parler un autre langage et délivrer un autre message que Celui de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?
Au monde contemporain qui voudrait réduire l’Evangile à un enseignement de fraternité et de tolérance universelles, sans contours bien définis, sans discernement du bien et du mal ni du vrai et du faux, il importe de rappeler avec vigueur et clarté la « verticalité » essentielle de l’authentique christianisme… et la réalité des fins dernières.

Cette radicalité n’est cependant pas inhumaine : ce Dieu qui exige de nous que, pour marcher dans les voies de la sainteté qu’Il nous commande, nous renoncions à notre propre volonté, que nous embrassions généreusement une vie de sacrifices, que nous allions jusqu’à la Croix, et que nous ayons pour principale et suprême ambition en cette vie de ne rien négliger pour parvenir au Ciel, S’est incarné, Se faisant aussi la Voie - la Voie ouverte, la Voie à portée de nos pas – : Il n’est pas seulement la Vérité lointaine et la Vie inaccessible par nos propres forces ; Il Se fait pour nous le moyen de les atteindre.
Et ce Dieu qui sera notre juste Juge, est aussi Celui qui a versé jusqu’à la dernière goutte de Son Sang pour nous racheter, pour nous arracher à l’enfer : ce n’est pas rien que de devoir un jour comparaître devant un Juge qui nous a aimés jusqu’à une telle extrémité !

Ce pourquoi, chacun de nous, en toute vérité, peut tous les jours de cette vie d’ici-bas, et quelles que soient ses difficultés, ses faiblesses, ses fautes et ses péchés (à partir du moment où il prend la ferme résolution de ne pas s’y complaire mais de travailler à s’en affranchir), répéter avec Saint Augustin : « Donnez-moi ce que Vous m’ordonnez ; ordonnez-moi ce que Vous voulez ! » (Confessions, livre X, chapitre 37).

- Oui ! ô mon Dieu, Dieu d’infinie miséricorde, justement parce que je ne suis pas encore totalement rempli de la connaissance de Votre volonté, donnez-moi d’abord ce que Vous m’ordonnez et Vous pourrez ainsi m’ordonner ensuite tout ce que Vous voulez !
- Parce que j’ai un infini besoin de recevoir la sagesse et l’intelligence spirituelle, donnez-moi ce que Vous m’ordonnez et ordonnez-moi ce que Vous voulez !
- Parce que sans Votre sainte grâce, je serai incapable de marcher d’une manière digne de Vous, donnez-moi ce que Vous m’ordonnez et ordonnez-moi ce que Vous voulez !
- Parce que les liens de mes péchés ont besoin que Vous les rompiez afin que je Vous plaise en toutes choses, donnez-moi ce que Vous m’ordonnez et ordonnez-moi ce que Vous voulez !
- Parce que sans Vous ma vie sera stérile et que je ne fructifierai jamais en toutes sortes de bonnes oeuvres, donnez-moi ce que Vous m’ordonnez et ordonnez-moi ce que Vous voulez !
Parce que sans les dons de Votre Saint-Esprit, il m’est impossible de parvenir à la science de Dieu, donnez-moi ce que Vous m’ordonnez et ordonnez-moi ce que Vous voulez !
- Pour que ce soient Votre propre force qui soit ma force, Votre propre joie qui devienne ma joie, et Votre propre patience qui se fasse ma patience, donnez-moi ce que Vous m’ordonnez et ordonnez-moi ce que Vous voulez !

Car ce n’est pas seulement de bouche – ainsi que nous l’allons faire en ce premier dimanche de l’Avent – , mais par toute ma vie et par chacun des mouvements de mon cœur que je Vous implore et Vous supplie dans une joyeuse confiance et ferme espérance : « Alleluia ! Ostende nobis, Domine, misericordiam tuam et salutare tuum da nobis : Montrez-nous, ô Seigneur, Votre miséricorde et donnez-nous Votre salut ! »

Bonne, fervente et, surtout, sainte nouvelle année liturgique !

                                                      Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

(*) C’est le 29 novembre que commence la neuvaine préparatoire à la fête de la conception immaculée de Notre-Dame célébrée le 8 décembre, voir > ici.


Alléluia du premier dimanche de l’Avent
(faire un clic droit sur l’image ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») :

Image de prévisualisation YouTube

Voir aussi :
- « Tendus vers Son avènement »  – B.D. pour introduire l’Avent > ici
- Réflexions félines et citations – fin novembre 2013 > ici
- Conseils de St François de Sales pour le début de l’année liturgique > ici
- La couronne de l’Avent > ici

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2014-107. Libérer le vol de l’âme…

24 novembre,
Fête de Saint Jean de la Croix.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       La fête que nous célébrons aujourd’hui, celle de Saint Jean de la Croix – le « docteur mystique » -, entre parfaitement dans la thématique générale de la dernière semaine de l’année liturgique : Saint Jean de la Croix, en effet, presque à chaque page, nous ramène à l’essentiel, nous ramène au sens de notre vie sur la terre qui est d’accomplir la sainte volonté de Dieu, de L’aimer et de Le servir de notre mieux ici-bas, afin de sauver notre âme.

   Tandis que notre société contemporaine cherche avant tout la réussite et le confort terrestres, et ne voit dans la religion qu’une chose facultative, presque superflue, qui ne doit surtout pas gêner ce qu’un point de vue strictement « horizontal » considère comme le bonheur et les bonnes relations entre les hommes, la « verticalité » radicale de Saint Jean de la Croix paraît excessive et met mal à l’aise jusqu’à certains catholiques.

   Pourtant Saint Jean de la Croix ne se lit, ne se comprend, ne s’assimile et ne se met en pratique que dans et par l’amour.
Saint Jean de la Croix n’est pas un stoïcien ; Saint Jean de la Croix n’est pas le théoricien de performances ascétiques recherchées pour elles-mêmes ; Saint Jean de la Croix n’est qu’un amant passionnément épris de Celui qui est l’Amour, et il est un entraîneur dans les voies de la connaissance et de la pratique de l’amour de l’Amour !
Un amour total, un amour sans concession, un amour ennemi des compromissions et des faux-semblants, un amour qui débusque impitoyablement les égoïsmes secrets cachés sous les apparences de vertu, un amour qui décape les vernis craquelés des caricatures d’amour pour libérer pleinement le vol amoureux de l’âme vers son Dieu-Amour !

   Nous nous croyons si facilement libres alors que nous sommes ligotés par une multitude de liens ténus auxquels nous ne prenons pas garde ou que nous considérons avec trop de légèreté comme des choses sans importance, vénielles…

                                                    Lully.

Libérer le vol de l'âme - détail 1

Libérer le vol de l'âme - BD 1

Libérer le vol de l'âme - BD 2

Sur Saint Jean de la Croix voir aussi :
- Notice biographique et poème « C’est de nuit » > ici
- Présentation de sa vie et de son œuvre par Benoît XVI > ici
- Texte de Gustave Thibon sur Saint Jean de la Croix > ici

Libérer le vol de l'âme - détail 2

& Toutes les B.D. publiées sur ce blogue > ici.

2014-106. La fin des temps, la tribulation, le retour du Christ, le Jugement dernier et la vie du monde à venir.

Dimanche soir 23 novembre 2014,
XXIVe et dernier dimanche après la Pentecôte.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Nous avons médité, et tout au long de cette semaine – la dernière de l’année liturgique – nous allons continuer à méditer sur les magnifiques textes de la Messe de ce dimanche, dernier dimanche après la Pentecôte, dimanche de l’annonce de la fin des temps.
Frère Maximilien-Marie m’a rapporté le texte du sermon qu’a prononcé, à la Messe de ce dimanche, Monsieur l’Abbé Vannier, et j’ai l’autorisation de le publier sur mon blogue : je vous le livre donc à mon tour, afin qu’il vous aide à méditer sur les profonds et terrifiants mystères associés à la fin de ce monde, mais plus encore pour qu’il vous fortifie dans la foi, nourrisse votre espérance, stimule votre charité et votre zèle, au milieu des temps troublés que nous vivons…

Lully.

Chapelle Scrovegni à Padoue fresque du Jugement dernier Giotto di Bondone 1306

Giotto di Bondone : fresque du Jugement dernier
Padoue, chapelle Scrovegni – 1306

Sermon de Monsieur l’Abbé Henri Vannier
pour le dimanche de la fin des temps (24e ap. la Pentecôte),
23 novembre 2014

« Le monde et le temps prendront fin un jour.

Le Seigneur a donné des signes qui annonceront cette fin. Parmi eux, des événements terribles, des calamités, mais surtout l’épreuve finale du combat entre l’Eglise et les forces du mal antéchrist.

Sans doute que l’Eglise sera éclipsée et subira une persécution morale autant que physique à l’image de la Passion de Jésus-Christ. Car, cependant, le propos de l’Evangile n’est pas de nous troubler ou de nous effrayer, mais au contraire de nous consoler et de nous faire redoubler d’espérance : votre délivrance sera alors proche parce que le Christ reviendra victorieux dans la gloire.

Chers Amis, tout, autour de nous, a de quoi nous faire penser que nous sommes dans ces temps qui sont les derniers.
Au sujet de l’Eglise, voici ce qu’écrivait le Pape Benoît XVI : « Peut-être devons nous dire adieu à l’idée d’une Eglise rassemblant tous les peuples. Il est possible que nous soyons au seuil d’une nouvelle ère, constituée tout autrement de l’histoire de l’Eglise, où le christianisme existera plutôt sous le signe du grain de sénevé, en petits groupes apparemment sans importance, mais qui vivent intensément pour lutter contre le mal. Elle sera davantage l’Eglise de minorités, elle se perpétuera dans de petits cercles vivants, où des gens convaincus et croyants agiront selon leur Foi. »

Lorsque nous verrons l’abomination de la désolation : que celui qui peut comprendre comprenne…

Voici les événements qui marqueront la fin de ce monde : d‘abord le retour glorieux du Seigneur terrassant les forces impies et infernales. Nul n’en connaît ni l’heure ni le jour. Il se fera alors que le monde ne s’y attendra pas, mais il sera espéré et attendu par les fidèles.

Aura lieu alors la résurrection de tous les morts, qui précédera le Jugement dernier. Ce sera l’heure où ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de la voix du Fils de l’Homme ; ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal pour la damnation. Le Jugement dernier révélera jusque dans tous ses secrets ce que chacun aura accompli durant sa vie. Il mettra en lumière la fidélité des justes et la malice des infidèles, mais aussi l’oeuvre de la grâce et de la miséricorde de Dieu.

Ce Jugement dernier sera général : le Christ y prononcera sa parole définitive sur toute l’histoire. Nous connaîtrons le sens ultime de toute l’oeuvre de la création et de toute l’économie du salut, nous comprendrons les chemins admirables par lesquels sa Providence aura conduit toutes choses vers leur fin.
Le Jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices commises par ses créatures et que son amour est plus fort que la mort.

Alors, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. L’Eglise sera consommée dans la gloire céleste, les justes régneront avec le Christ dans la béatitude éternelle.
Tout l’univers lui-même, intimement lié au sort du genre humain sera transformé par la Puissance du Christ en lequel il trouvera sa perfection. Cette rénovation mystérieuse qui transformera le monde à la suite du triomphe de l’Eglise établira « les cieux nouveaux et la terre nouvelle ». Ce sera la réalisation définitive du dessein de Dieu de « ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres ».

Dans cet univers nouveau, la Jérusalem céleste, Dieu aura sa demeure parmi les hommes : « Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus ; de pleurs, de cris et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé ».

L’Eglise réalisera l’unité du genre humain voulue par Dieu dès la création. Les élus unis au Christ formeront la Communauté des rachetés, la Cité Sainte de Dieu, l’épouse de l’Agneau. Celle-ci ne sera plus blessée par le péché, les fautes et les souillures. La vision béatifique dans laquelle la Très Sainte Trinité s’ouvrira de façon inépuisable aux élus, sera la source intarissable de bonheur, de paix et de communion. Amen. »

Giotto di Bondone - Christ du Jugement, fresque de Padoue 1306

Autres textes de ce blogue en rapport avec ce thème :
- Méditation pour le soir du dernier dimanche après la Pentecôte > www
- Cantique du Jugement dernier > www
- Du temps où surviendra la fin du monde et des signes qui la précèderont > www
- Au sujet du nombre des élus (St Augustin – extraits d’un sermon) > www
- Réalité de l’existence de l’enfer > www

Publié dans:De liturgia, Textes spirituels |on 23 novembre, 2014 |2 Commentaires »

2014-105. « L’extase de Sainte Cécile » peinte par Raphaël.

22 novembre,
fête de Sainte Cécile.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Au Mesnil-Marie, je vous l’ai déjà écrit, nous aimons particulièrement Sainte Cécile, célèbre vierge martyre romaine, et j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter une hymne latine du XVe siècle que nous chantons volontiers en son honneur (cf. > O felix Caecilia).
En ce jour, où je souhaite une bonne fête patronale à tous nos amis musiciens et chanteurs, je vous propose aussi de prendre un moment pour contempler une célèbre toile de Raphaël (Raffaello Sanzio, 1483-1520) connue sous le nom de « l’extase de Sainte Cécile », mais parfois aussi comme « Sainte Cécile entourée de Saints ».

Raphaël l'extase de Sainte Cécile 1514-15 - Bologne

Raphaël : « l’extase de Sainte Cécile » 1514-1515 – Bologne

A l’origine, cette oeuvre – importante déjà par ses dimensions : 2,38 m de hauteur pour 1,50 m de largueur – est une commande pour une chapelle latérale de l’église San Giovanni in Monte, à Bologne.
En 1793, le tableau fut volé par les troupes de la révolution française et emporté à Paris ; restitué en 1815, il se trouve depuis lors à la Pinacothèque nationale de Bologne.

Dans cette oeuvre, Raphaël n’a pas voulu représenter quelque épisode de la vie ou du martyre de Sainte Cécile ; cette dernière n’est même pas figurée avec les attributs conventionnels de la virginité et du martyre – le lys et la palme – , comme elle l’est en d’autres fameuses compositions. L’artiste l’a simplement identifiée au moyen de l’orgue qu’elle tient en mains et des divers instruments qui sont déposés à ses pieds.

Celui qui regarde ce tableau d’une manière trop rapide ou superficielle n’y verra sans doute que la représentation du patronage de Sainte Cécile sur les musiciens, les luthiers et autres fabricants d’instruments de musique.
Mais un examen plus approfondi nous conduira bien plus avant dans le message que l’artiste a voulu délivrer au travers de cette oeuvre, et c’est à cela que je vous convie aujourd’hui.

Pour ce qui concerne les caractères techniques de la composition, on remarquera tout d’abord qu’il n’y a pas à proprement parler de perspective, puisqu’il n’y a pas de ligne de fuite. L’impression de profondeur est donnée par trois plans picturaux bien distincts, et par la taille donnée aux objets ou personnages qui les constituent.

La partie centrale, celle qui occupe le plus de place, est un groupe de cinq personnages : cinq saints.

Raphaël l'extase de Sainte Cécile - deuxième plan

Partie centrale du tableau : le groupe des saints.

- Au centre, se trouve Sainte Cécile. Elle est la seule à être représentée complètement de face.
Debout dans un vêtement élégant et richement brodé, légèrement déhanchée, la jeune femme relève délicatement la tête en même temps qu’elle l’incline un peu sur son épaule gauche. Ses yeux sont fixés au ciel dans une contemplation muette ; c’est sans doute de là que vient le nom donné au tableau : « l’extase de Sainte Cécile ».
Cécile en effet ne chante pas, ses lèvres sont fermées. Elle ne joue pas non plus de son instrument ; on remarque, tout au contraire, que ses mains retiennent à peine le petit orgue positif tenu à l’envers, dont les tuyaux commencent à se déboiter du sommier et semblent devoir rejoindre les divers instruments qui jonchent le sol.

Raphaël l'extase de Sainte Cécile détail l'orgue perdant ses tuyaux

L’inclinaison de la tête de la Sainte, son déhanchement – accentué par le mouvement de ses bras – et la position de son pied droit donnent une impression de gracilité presque fragile, mais il y a dans l’expression de son visage quelque chose qui, sans altérer sa profonde douceur, rayonne d’une solide détermination et d’un ferme détachement des choses terrestres…

Raphaël l'extase de Sainte Cécile détail visage de Sainte Cécile

Les quatre saints qui l’entourent sont :
- sur la gauche du tableau, d’abord Saint Paul, vêtu d’une tunique verte et enveloppé d’un manteau rouge, et Saint Jean, apôtre et évangéliste. On les identifie aisément à leurs attributs.
Saint Paul est accompagné d’une épée qui, dans l’iconographie traditionnelle, représente bien davantage le glaive de la Parole de Dieu (c’est lui-même qui, dans l’épître aux Hébreux, fait cette comparaison avec un glaive à double tranchant – cf. Heb. IV, 12) que l’épée par laquelle il fut martyrisé.
Saint Jean, quant à lui, peut être identifié grâce à l’aigle qui apparaît entre les plis du manteau de Saint Paul et la tunique de Sainte Cécile. Remarquez aussi le livre sur lequel est posé la serre de cet aigle : d’aucuns diront qu’il s’agit de l’Evangile écrit par Saint Jean, mais peut-être – comme on peut observer que ce livre possède un fermoir – l’artiste a-t-il voulu évoquer aussi le livre scellé à l’ouverture duquel Saint Jean a assisté dans les visions de l’Apocalypse, puis le livre qu’il lui a été ordonné de dévorer (cf. Apoc. V et X).

Raphaël l'extase de Sainte Cécile détail l'épée de Saint Paul et l'aigle de Saint Jean

- Du côté droit du tableau sont représentés Sainte Marie-Magdeleine et Saint Augustin :
Saint Augustin est revêtu d’une chape brodée et tient fermement sa crosse épiscopale dans la main droite.
Sainte Marie-Magdeleine, en vêtements clairs qui contrastent avec les teintes soutenues des vêtements de Saint Paul qui lui fait face, porte un petit vase évocateur de celui qui contenait le parfum de très grand prix qu’elle a répandu sur les pieds de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Béthanie, quelques jours avant la Passion.

On remarque que Sainte Marie-Magdeleine est la seule dont le regard soit tourné vers nous, un regard qui semble nous scruter avec une insistance particulière.
Saint Paul, les paupières à demi abaissées, semble absorbé par une vision intérieure, tandis que, en arrière de Sainte Cécile dont nous avons déjà évoqué les yeux levés au ciel, Saint Jean et Saint Augustin échangent un regard d’une remarquable intensité.

Les têtes des cinq saints sont alignées sur une même ligne horizontale (on appelle ce principe pictural « isocéphalité »), ce qui semble indiquer qu’il ne sont pas inférieurs en sainteté les uns par rapport aux autres. C’est l’alignement de ces cinq visages, avec leurs expressions propres, qui donne en réalité la ligne d’horizon du tableau, bien plus que les quelques détails paysagers qui apparaissent tout au fond.

Raphaël l'extase de Sainte Cécile deuxième plan détail - les têtes des Saints

La verticalité de la composition est assurée par l’épée de Saint Paul d’un côté, et par la crosse de Saint Augustin, prolongée par l’ombre de la robe de Sainte Marie-Magdeleine de l’autre.
Enfin une espèce de croix de Saint André, un X dont les deux branches ne sont pas exactement égales ni symétriques, structure encore le groupe des cinq personnages : une première diagonale puissante, véritable ligne de force, part de l’oeil de Saint Paul, court le long de son avant-bras, continue sur l’avant-bras de Sainte Cécile et les tuyaux de l’orgue, pour descendre en dessous de la jambe de Sainte Marie-Magdeleine ; la seconde diagonale descend du bras de Sainte Marie-Magdeleine et passe par le bord du sommier de l’orgue pour aboutir à l’oeil acéré de l’aigle. Avec la ligne verticale de la crosse de Saint Augustin, ces deux diagonales circonscrivent exactement l’orgue dans un triangle rectangle presque parfait.
Je ne suis pas très habile pour tracer des traits droits sur une image, mais j’ai néanmoins tenté de faire figurer ces axes de la composition sur le cliché ci-dessous.

Raphaël l'extase de Sainte Cécile lignes de composition

Je vous parlais de trois plans picturaux, et j’ai commencé, en vous détaillant les personnages, par vous parler en fait du deuxième plan : il est vrai que c’est celui auquel s’attachent spontanément et naturellement nos regards.
Mais cela ne doit néanmoins pas nous faire oublier les deux autres plans : le premier plan consiste, au bas de la composition, en un amoncellement d’instruments de musique, et le troisième plan, tout en haut, figure un choeur céleste.

Considérons donc maintenant le premier plan (que certains spécialistes pensent ne pas être de la main de Raphaël lui-même : l’artiste en aurait laissé la réalisation à l’un de ses collaborateurs, spécialiste des natures mortes : Giovanni da Udine). Il représente, avons-nous dit, un amoncellement d’instruments : une viole, plusieurs tambourins, une paire de cymbales, des flutes et un triangle.
Ces instruments sont disposés sans ordre apparent, certains sont entremêlés. Il se dégage d’eux un sentiment d’abandon. Ils sont muets, et certains donnent même l’impression d’être abîmés.
Comme je l’ai expliqué plus haut, l’orgue que Sainte Cécile tient encore dans ses mains ne sonne plus et ses tuyaux qui se détachent vont bientôt rejoindre les instruments qui gisent sur le sol… 

Raphaël l'extase de Sainte Cécile - premier plan

Tout à l’opposé, dans le haut du tableau, en troisième plan, apparaît un choeur céleste.
Les cieux sont ouverts et, assis sur les nuées, six anges chantent en suivant les indications notées dans deux livres ouverts : ce troisième plan, qu’un oeil superficiel considérerait facilement comme un pur détail, constitue en réalité la clef d’interprétation de tout le tableau.

Comme la grande majorité des artistes du quatrocento, en effet, Raphaël était pétri par une culture humaniste et chrétienne dont la plupart de nos contemporains n’ont pas la moindre idée, et qui est sous-jacente à ses compositions : l’artiste ne se contentait donc pas de peindre de « jolies choses », purement décoratives, mais il transmettait dans sa peinture un message symbolique et spirituel nourri par la connaissance des auteurs antiques (spécialement les platoniciens et néo-platoniciens), des Saintes Ecritures et des Pères de l’Eglise.

Au premier plan, nous l’avons vu, les instruments terrestres gisent muets.
Au deuxième plan, les saints n’ouvrent pas la bouche : l’orgue s’échappe des mains de Sainte Cécile ; mais en revanche on peut dire que leurs yeux parlent.
Au troisième plan, les anges chantent.
Et ces anges sont six.
Saint Augustin, spécialement expert à décrypter les mystères contenus dans les nombres, a expliqué que le six est un chiffre parfait, puisqu’il est le seul à être égal à la somme des chiffres par lequel il peut être divisé (6 = 1 + 2 + 3). Le six exprime donc la perfection secrète contenue dans les oeuvres de Dieu.
Les six anges qui chantent symbolisent donc la louange parfaite que la créature peut rendre à son Créateur.

Raphaël l'extase de Sainte Cécile - troisième plan

Au premier plan, l’amoncellement des instrument dont personne ne joue symbolise la musica instrumentalis - la musique instrumentale - , qui n’est faite, quelle que soit la perfection des harmonies qu’ont élaborées les compositeurs, que de vibrations physiques, de sons qui n’ont pas de sens si l’esprit de l’homme ne vient lui en donner.
Au deuxième plan, figurée par les Saints, est la musica spiritualis - la musique spirituelle – qui est justement celle dans laquelle le génie de l’homme a insufflé la capacité d’élever l’âme à un certain degré de contemplation : ainsi sont les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels dont Saint Paul dit qu’ils sont utiles à la sanctification de chacun et à la cohésion de toute l’Eglise (Eph. V, 19).
Enfin au troisième plan, qui est le plan supérieur, se situe la musica caelestis – la musique céleste – , la sublime harmonie et jubilation parfaite qui jaillit du partage éternel de la vision divine et de la communion absolue à la vie intime de Dieu.

Les Saints qui sont ici représentés n’ont certainement pas été choisis par hasard, ni simplement parce que les commanditaires du tableau auraient eu une dévotion particulière à leur endroit. Il y a une cohésion profonde dans le choix de ces cinq habitants des cieux, une cohésion profonde avec le fait que ce tableau s’articule autour du personnage de Sainte Cécile, céleste protectrice des musiciens.

« Cantantibus organis, Caecilia Domino decantabat dicens : Fiat cor meum immaculatum, ut non confundar ». Tandis que les instruments chantaient, Cécile, elle, chantait sans relâche (dans son coeur) pour le Seigneur en disant : que mon coeur soit sans tache, afin que je ne sois pas confondue.
La première et très célèbre antienne de l’office de Sainte Cécile, illustre bien le passage de la musica instrumentalis à la musica spiritualis : de la musique instrumentale à la musique spirituelle, des sons joués par les instruments matériels au chant spirituel, qui est prière et qui transforme toute la vie de l’homme en louange divine par la pratique des vertus pour parvenir ensuite à la contemplation céleste, à l’ineffable musica caelestis.

Raphaël l'extase de Sainte Cécile - yeux de Sainte Cécile

Saint Paul, ainsi qu’il en témoigne dans la seconde épître aux Corinthiens (2 Cor. XII 2-4), fut élevé jusqu’au troisième ciel et, dans son ravissement, y entendit des harmonies célestes intraduisibles dans la langue des hommes.
Saint Jean, comme il l’a décrit dans l’Apocalypse, a vu la liturgie qui se célèbre autour du trône de Dieu, et il a retranscrit les hymnes que chantent les anges et les saints.
Sainte Marie-Magdeleine, selon la tradition, dans la solitude de la Sainte Beaume, sept fois par jour, était emportée aux cieux par les anges pour y chanter avec eux la louange divine.
Saint Augustin enfin, notre glorieux Père Saint Augustin, dont les résistances à la grâce cédèrent et furent emportées comme lorsque des flots tempétueux rompent un barrage, au moment où, dans le jardin de Milan, il entendit une voix enfantine chanter  « Tolle ! Lege ! Prends ! Lis ! », a rédigé un traité sur la musiqueDe Musica - dans lequel, après avoir exposé les règles de la métrique et de la rythmique, analysant les mouvements du cœur et de l’esprit humain, les mouvements des corps et de l’univers, il remonte d’harmonie en harmonie, comme par une échelle mystique, jusqu’à l’Harmonie éternelle et immuable, Dieu, Principe et Ordonnateur de l’harmonie universelle.

Raphaël l'extase de Sainte Cécile détail visage de Saint Augustin

Que cette divine harmonie habite dans vos coeurs et préside à vos vies, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, et que, grâce à la glorieuse intercession de Sainte Cécile, nous menions une sainte vie ici-bas pour être finalement trouvés dignes de nous retrouver tous dans les cieux et d’y chanter ensemble les divines et éternelles louanges !

Lully.

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