Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2015-48. D’une pseudo-messe de funérailles.

Mercredi 22 avril 2015,
Solennité de Saint Joseph.

Eglise de Saint-Clément - cul de lampe de la chapelle des cardinaux Flandrin 1

Eglise de Saint-Clément – cul de lampe de la chapelle des Cardinaux Flandrin (XVe siècle)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Comme cela arrive de temps en temps, le Maître-Chat Lully me laisse aujourd’hui le libre usage de son blogue afin d’y exprimer – une fois de plus, hélas ! – une très grande tristesse (car il ne faudrait vraiment pas s’imaginer que c’est par plaisir que j’écris des choses telles que celles qui vont suivre !).

Je me suis déjà exprimé sur le même sujet au début du mois de novembre 2012, au retour des funérailles d’une vieille amie qui avaient été célébrées dans l’église où j’ai reçu la grâce du saint baptême (à lire ou à relire > ici), et je pourrais reprendre quasi mot pour mot ce que j’écrivais alors.
D’aucuns me diraient peut-être : « En ce cas, ne vaudrait-il pas mieux vous taire ? »
Non ! Il existe des formes de mensonge par omission, et, en l’occurrence, mon silence pourrait laisser penser que j’approuve ou que je suis indifférent.
Il me semble même que se taire, lorsque une prétendue cérémonie catholique atteint un tel degré d’aberration, constituerait un double péché : péché contre la vérité et péché contre la charité.
La charité, en effet, ne consiste pas à dire qu’une chose est blanche quand elle est noire, au motif qu’il ne faudrait pas faire de peine à tel ou tel !
La première des charités est la vérité.
Ainsi donc dire qu’une cérémonie n’est pas conforme à ce que demande l’Eglise en matière de liturgie (non pas de manière subjective et par pure « sensibilité », mais parce que l’Eglise nous donne les moyens objectifs pour en juger), dire qu’un prêtre n’a pas fait ce qu’il était de son devoir d’accomplir mais s’est livré à du « grand n’importe quoi », dire que les fidèles sont gravement abusés par ce type de comportement, et dire enfin que l’âme d’un défunt peut subir les préjudices d’une cérémonie de funérailles pour le moins fantaisiste, n’est qu’une forme de témoignage rendu à la vérité catholique.

J’en entends déjà certains m’opposer avec des airs scandalisés : « Mais vous jugez ce prêtre et ses collaborateurs… »
Pas du tout ! Je laisse à Dieu (et j’en suis bien heureux) le soin de juger le coeur de ce prêtre, de ses intentions réelles et de sa responsabilité.
Pour ce qui me concerne, je ne fais que relever des faits, tels que je les ai pu constater, et tels que les centaines de personnes qui étaient là peuvent aussi dire que les choses se sont passées (si toutefois elles y ont pris garde, car les fidèles « ordinaires » sont tellement habitués à subir n’importe quoi que leur perception est devenu totalement relativiste) ; et ces faits, je regarde simplement s’ils sont conformes ou non aux règles liturgiques édictées par la Sainte Eglise, pour le rite romain « ordinaire », qui n’est pas celui auquel j’assiste habituellement, mais dont je connais néanmoins les règles. C’est tout.

Eglise de Saint-Clément - cul de lampe de la chapelle des cardinaux Flandrin 2

Eglise de Saint-Clément – cul de lampe de la chapelle des Cardinaux Flandrin (XVe siècle)

Cette fois-ci, il s’agissait des funérailles d’un homme qui fut pendant une quarantaine d’années maire de l’un de nos villages des hautes Boutières – Saint-Clément – , victime d’une mort subite et imprévue en milieu de semaine dernière.

Dans le cadre des activités associatives  locales auxquelles je participe, j’avais pu en maintes occasions le rencontrer, et parler avec lui autrement que d’une manière superficielle.
Issu des anciennes familles de nos hautes terres, il avait hérité de ces lignées de paysans qui l’avaient précédé un solide bon sens et un réalisme plein de sagesse.
Il avait suivi une partie de sa scolarité au petit séminaire (au temps où il y avait des petits séminaires et où l’on y dispensait un enseignement humaniste chrétien de qualité) : c’était un homme habité par une foi profonde. Combien de fois, traversant son village et m’arrêtant pour y faire une visite au Très Saint Sacrement dans sa belle petite église des XIIe et XVe siècles dont la porte était toujours ouverte, ne l’ai-je pas trouvé là, recueilli !
C’était aussi un homme possédé par l’amour de son terroir, qui avait déployé des trésors de pugnacité et suscité des initiatives originales pour tenter de s’opposer à l’exode rural et à la désertification de nos villages.

J’appréciais ses qualités humaines et spirituelles, sa discrétion et sa profondeur, sa cohérence de vie : il me semblait donc important de me rendre à ses funérailles religieuses, qui – je me répète (mais en nos temps de confusion et d’approximation il est important d’insister) – , pour l’Eglise, ne consituent pas une « cérémonie d’hommage » mais un moment particulièrement intense de prière pour le salut de l’âme du défunt, pour implorer le pardon de ses péchés, et pour demander à Dieu de le purifier des conséquences de ses fautes, afin qu’il puisse accéder au Paradis.
Ce n’est pas, en effet, parce qu’un homme est bon, droit, juste, et honnête – qu’il n’a « pas tué et pas volé », comme le répètent bêtement nombre de personnes lorsqu’elles veulent faire croire qu’elles n’ont rien à se reprocher – qu’il n’y a pas, après la mort, des purifications nécessaires, des purifications longues et douloureuses, que la Sainte Eglise, par l’oblation du Saint-Sacrifice, par ses sacramentaux et ses suffrages, a le pouvoir de soulager.

Eglise de Saint-Clément - cul de lampe de la chapelle des cardinaux Flandrin 3

Eglise de Saint-Clément – cul de lampe de la chapelle des Cardinaux Flandrin (XVe siècle)

Me voilà donc, samedi dernier 18 avril après-midi, dans la belle petite église de Saint-Clément, à presque 1200 m d’altitude.
J’étais arrivé à l’avance et, dans mon bréviaire, j’ai récité l’office des défunts.

Peu à peu, l’église s’est remplie, jusqu’à être plus que comble, d’une foule bavarde et indiscrète : il semble que même les « pratiquants » (mais que signifie encore ce mot ?) n’ont aucun égard à la sainteté du lieu consacré à Dieu. On s’y interpelle et s’y fait des grands signes, on s’y congratule et on y échange des nouvelles comme si l’on était sur la place publique ou dans quelque réception mondaine.

A 15 h, la cérémonie religieuse a commencé.
- S’agissait-il d’une messe ?
Peut-être… mais je n’en suis finalement pas très sûr.
- S’agissait-il d’une messe de la Sainte Eglise Catholique Romaine ?
Là, je peux répondre d’une manière catégorique : certainement pas !… même si elle était « célébrée » par deux prêtres qui sont – officiellement du moins – des prêtres catholiques.

En voici le déroulement :

- 1) Y a-t-il eu un signe de croix lorsque le prêtre est allé accueillir le cercueil à l’entrée de l’église ? Je ne le sais pas puisque j’étais déjà dans l’église. Ce dont je suis certain, en revanche, c’est qu’il n’y en a pas eu pour commencer la « célébration » à l’intérieur de l’église.

- 2) Après que le cercueil a été placé devant l’autel, une dame (de la communauté locale ?) a introduit la célébration par un « mot d’accueil ».
Puis une nièce du défunt a lu son « témoignage » : c’était bien tourné, c’était émouvant, c’était touchant, certes, puisque cela exprimait la souffrance et le désarroi d’un proche en face de cette mort brusque. Mais ce genre d’intervention appartient au domaine des « cercles de paroles », dans le cadre des cellules de soutien psychologique : il n’appartient à la liturgie, il n’a pas sa place dans la liturgie.

- 3) Vint alors un premier chant. Un chant de Pâques : « Depuis l’aube… » Un chant où l’on demande à Jésus de rester avec nous, de marcher avec nous, de veiller avec nous et enfin de nous accueillir dans la joie près de Son Père.
Les paroles ne sont pas idiotes (comme c’est malheureusement souvent le cas pour nombre de cantiques « modernes »), mais elles ne constituent pas à proprement parler une prière pour le défunt, et cela n’a pas grand’chose à voir avec l’introit « Requiem aeternam » ni avec la traduction française que l’on en trouve dans le missel issu de la réforme liturgique postérieure au second concile du Vatican.

- 4) Le célébrant – qui ne portait pas de chasuble (alors qu’il me semble bien qu’à plusieurs reprises le Saint-Siège a rappelé que celle-ci n’est pas facultative) – y est allé ensuite de son « mot d’introduction » (le troisième en définitive !), lequel fut suivi par un nouveau cantique : « Dieu est amour… »

- 5) Pour la « préparation pénitentielle » : trois versets (étaient-ils improvisés, je ne le sais pas, mais ce dont je suis sûr c’est qu’ils n’appartiennent pas aux textes proposés par le missel officiel) psalmodiés par le prêtre, auxquels l’assemblée répondait en chantant : « Prends pitié de nous ! ».
J’avoue ne pas me souvenir s’il y a eu ensuite la formule prescrite : « Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde… etc. »

- 6) Puis ce fut la première oraison.
Je ne sais pas si cette oraison était une « création » de circonstance, une improvisation du célébrant, ou si elle était prise dans une publication paraliturgique, mais ce dont je suis certain, là encore, c’est qu’elle n’était pas prise dans le missel « officiel » de la « forme ordinaire du rite romain ».
D’une manière systématique, le prêtre conclue les oraisons par la formule « qui vit pour les siècles des siècles » : la mention du règne éternel de Notre-Seigneur Jésus-Christ, visiblement, l’indispose gravement.

- 7) Il y eut alors un grand moment (!!!), qui ne fut pas sans me rappeler certaines « originalités » pratiquées à la fin des « années soixante » du précédent siècle.
A l’époque, en effet, certains prêtres avaient imaginé, au moment de la lecture de l’épître, faire arriver à l’entrée du sanctuaire un facteur qui remettait une lettre au célébrant ; celui-ci la décachetait et s’écriait : « C’est Paul, notre frère, qui nous a adressé une lettre ! » Il paraît que c’était une manière « pédagogique » de faire comprendre aux fidèles que les épîtres sont des textes toujours actuels…
Ce samedi 18 avril, nous n’eûmes pas droit à l’arrivée du facteur, néanmoins la lecture de quelques versets du chapitre XIII de la première épître aux Corinthiens nous fut annoncée par cette proclamation : « Lecture de la première lettre de l’apôtre Paul aux amis de Bernard » (nota bene : Bernard est le prénom du défunt).

- 8) Cette lecture fut suivie d’un temps de méditation silencieuse pendant lesquelles – sur un fond musical (le « cum dederit » du « Nisi Dominus » RV 608 de Vivaldi), le prêtre nous invita, chacun dans le silence de notre âme, à « parler à Bernard ».

- 9) Il n’y a pas eu de lecture de passage de l’Evangile !!! C’est tellement « gros » que cela se passe de commentaire.

- 10) Il n’y a pas non plus eu d’homélie (mais, de cela, en définitive, je ne me plains pas ; j’en rends plutôt grâces à Dieu).

- 11) Une « prière universelle », avec l’ambiguïté propre à toutes les « prières universelles ».
En effet, une prière étant supposée s’adresser à Dieu, pourquoi les « prières universelles » sont-elles presque toujours des textes qui paraissent être écrits à l’adresse des fidèles ?

- 12) Si on se permet de sabrer allégrement dans les textes liturgiques, en revanche on ne se permet pas d’omettre la quête, annoncée « pour l’église » (sans qu’on sache si c’est pour l’Eglise, institution, ou pour l’église bâtiment : son entretien, le chauffage …etc.).

- 13) Le prêtre a ensuite expliqué qu’il préparait « le pain et le vin » sur « la table ».
Je n’ai pas pu voir s’il y avait un corporal sur cette « table » (que je croyais être un autel, pardonnez ma méprise) : ce détail n’est en pas vraiment un dans la mesure où, normalement – c’est du moins ce que j’avais appris dans mes cours de théologie sacramentelle – , lorsqu’un prêtre célèbre la messe il a l’intention de consacrer ce qui se trouve sur le corporal. S’il n’y a pas de corporal (et je n’ai pas lu que le missel post-vaticandeux en dispensait) le prêtre a-t-il l’intention de consacrer « ce qui se trouve sur l’autel » ? Alors, en ce cas, si la burette contenant le vin est posée sur l’autel (comme ce samedi), le prêtre qui veut consacrer « ce qui est sur l’autel » ne consacre-t-il pas non seulement le vin qui est dans le calice mais aussi celui qui est resté dans la burette ?
Les textes officiels pour l’offertoire furent eux aussi trafiqués et écourtés, et il n’y eu pas de « lavabo ».

- 14) La préface : on y retrouvait quelques bribes éparses de la préface des défunts, mais il semblait bien que ce fut essentiellement de l’improvisation.

- 15) La « prière eucharistique » fut de la même veine : les paroles de la consécration y étaient, mais tout le reste était brodé, glosé, …etc.
A l’élévation, me trouvant dans un doute bien légitime, je priais dans mon coeur : « Mon Dieu, si Vous êtes là, je Vous adore ; et si Vous n’y êtes pas, je Vous adore… dans le Ciel ! »
Car la validité de la messe ne peut-être que douteuse dans de tels cas.
Comme je l’écrivais en novembre 2012 :
« Pour qu’une Messe soit valide, il faut qu’elle soit célébrée par un prêtre validement ordonné, qui prononce, sur le pain et sur le vin, les paroles de la consécration reçues par l’Eglise, avec l’intention de faire ce que veut faire l’Eglise.
L’intention du prêtre n’est pas son intention « subjective », mais l’intention qu’il manifeste à travers le rite qu’il utilise.
Je me répète et j’insiste : il est nécessaire que le prêtre aie l’intention de faire ce que l’Eglise fait. Or ce que l’Eglise fait est codifié par le rite et par les règles liturgiques précises qui ont été édictées par le Saint-Siège.
Un prêtre qui, malgré ce qui est écrit dans le missel et malgré les multiples rappels à l’ordre de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, n’utilise pas les ornements prescrits, invente les oraisons ou va les prendre dans des « fiches » non approuvées par l’autorité compétente, modifie les textes, fait des ajouts ou bien retranche des parties entières des formules liturgiques, montre à l’évidence qu’il se fiche complètement de ce que veut faire l’Eglise.
Si, en outre, dans une discussion, ce même prêtre a nié devant vous la doctrine catholique du Saint-Sacrifice telle qu’elle a été définie par le Concile de Trente, comme aussi d’autres points non négligeables de la foi catholique, et que vous savez qu’il lui arrive de « concélébrer » avec un pasteur, il vous est très légitimement permis de douter de la validité de la « messe » (ou prétendue telle) qu’il célèbre ».

- 16) Le « Notre Père » fut privé de son embolisme (« Délivre-nous de tout mal… ») et directement suivi de la doxologie « car c’est à toi qu’appartiennent… ».
La prière « Seigneur Jésus-Christ, tu as dit à tes apôtres… » fut également omise et l’ « Agneau de Dieu » remplacé par un « chant de paix » aux paroles incertaines qui n’en reprenait qu’une seule invocation.

- 17) Après la distribution de la « communion » (j’écris le mot entre guillements car je ne sais pas s’il y avait Présence Réelle ou pas), la « prière après la communion » prévue par le missel fut remplacée par un texte un peu long, lu par une dame dans ce qui m’a semblé être une revue : le texte s’adressait à Dieu en Lui disant, entre autres, qu’Il ne juge personne et qu’Il ne pèse pas le bien et le mal dans une balance…
Et moi qui, avec vingt siècles de Tradition chrétienne, répète tous les jours dans le « Symbole des Apôtres » ou le « Symbole de Nicée » que Jésus siège à la droite du Père « d’où Il viendra pour juger les vivants et les morts », je dois donc être bien nigaud de croire en cela !

- 18) Ce que nous appelons l’absoute dans le rite latin traditionnel, était remplacé ici par un « chant d’au revoir » dont je vous scanne le texte, tel qu’il figurait sur les feuilles qui nous avaient été remises ; ainsi ne pourrais-je pas être accusé d’affabuler ou d’exagérer.
Je regrette toutefois de ne pouvoir vous en livrer la musique, car ce que j’ai entendu évoquait irrépressiblement à mes oreilles la mélodie – savante et fort spirituelle – de « Prom’nons-nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas… »

Il était notr'ami (sic) chant d'au revoir

Puis le célébrant fit sur le cercueil une aspersion avec de l’eau dont je n’affirmerai pas qu’elle avait été bénite : ce prêtre n’a jamais parlé d’eau bénite, mais uniquement de « signe de l’eau », et quand, avant la cérémonie, le bénitier avait été rempli, il m’avait semblé que c’était au moyen d’une bouteille d’eau minérale naturelle du commerce dont c’était la première ouverture.

Voilà donc toutes les raisons qui font que je ne puis parler que d’une pseudo-messe de funérailles, et non d’une messe selon la liturgie de l’Eglise Catholique Romaine, car même dans le missel issu de la réforme liturgique post-concilaire il y a des règles précises, dont le second concile du Vatican lui-même avait affirmé : « Le droit de régler l’organisation de la liturgie revient uniquement à l’autorité de l’Eglise : celle-ci appartient au Siège apostolique et, selon les règles du droit, à l’évêque. (…) C’est pourquoi absolument personne d’autre, fut-ce un prêtre, n’ajoutera, n’enlèvera, ou ne changera rien, de sa propre initiative, à la liturgie. » (Vatican II, constitution « Sacrosanctum concilium » sur la liturgie paragraphe 22, §1 et §3).

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.

Eglise de Saint-Clément - cul de lampe de la chapelle des cardinaux Flandrin 4

Eglise de Saint-Clément – cul de lampe de la chapelle des Cardinaux Flandrin (XVe siècle)

2015-47. Où le Maître-Chat Lully donne le compte-rendu d’un petit pélerinage au pays natal de Saint Bénézet à l’occasion de sa fête.

Jeudi soir 16 avril 2015,
fête de Saint Benoît-Joseph Labre (cf. > ici).

Jean Laurent - Saint Bénézet, pâtre burzétin - 1996

Saint Bénézet, le pâtre Burzétin fondateur du pont d’Avignon,
opuscule publié par Jean Laurent en  1996.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Je vous ai expliqué qui est Saint Bénézet (cf. > ici), et vous avez pu lire au passage qu’il est natif de ce diocèse de Viviers dans lequel est établi notre Mesnil-Marie.

   Mardi dernier, 14 avril, jour de la fête liturgique de Saint Bénézet, Frère Maximilien-Marie a réalisé un souhait qui l’habitait depuis longtemps : se rendre en pélerinage au lieu où est né ce saint que nous aimons beaucoup, c’est-à-dire au hameau du Villard, sur la paroisse de Burzet, à 8 ou 9 lieues d’ici.

   Le village de Burzet est célèbre pour son chemin de croix du Vendredi Saint, pour lequel, comme dans les mistères médiévaux, les habitants sont costumés pour une représentation sacrée qui aide les fidèles à entrer dans la méditation de la Passion de Notre-Seigneur. J’avais déjà eu l’occasion de vous en parler (voir ici).

Burzet - église Saint André vue depuis le calvaire

Burzet, l’église Saint-André (XVe siècle),  vue depuis le calvaire.

   La divine Providence, dans son admirable disposition des choses, a fait que Frère Maximilien-Marie a rencontré, à l’église Saint-André – où il s’est rendu en premier lieu – , Monsieur Jean Laurent, qui a publié en 1996 un opuscule fort bien fait résumant l’histoire de Saint Bénézet et de son culte, dont il a offert un exemplaire à notre Frère (cf. photographie du tout début de ce compte-rendu).

   L’église Saint-André a été rebâtie au XVe siècle ; elle n’est donc pas celle qu’a connue Saint Bénézet.
Toutefois, ayant été reconstruite au même emplacement que la précédente, il est néanmoins permis de dire que c’est dans ce lieu que Saint Bénézet reçut la grâce du saint baptême.

   Quand on rentre dans l’édifice, relativement austère, on est aussitôt attiré par le sanctuaire et son élégant retable.

Burzet église Saint-André, le sanctuaire et le rétable du 19e siècle

Le sanctuaire de l’église Saint-André de Burzet avec son retable.

   En 1794, l’église de Burzet avait été entièrement dépouillée de son mobilier (un précieux retable du XVIIIe siècle disparut alors).
Le retable actuel, de style classique, fut commandé en 1810 par un curé zélé, l’abbé Riffard : le tableau central représente l’apôtre Saint André, titulaire de l’église ; il est encadré par deux niches dans lesquelles se trouvent, du côté de l’Evangile Saint Jean-François Régis – apôtre du Vivarais et du Velay (voir > ici) – , et du côté de l’épître Saint Bénézet.

Eglise de Burzet, rétable - statue de Saint Bénézet

Statue de Saint Bénézet – rétable de l’église de Burzet (XIXe siècle)

   Le jeune Burzétin est représenté en berger, dans un costume du XVIIIe siècle, une houlette à la main.
L’expression donnée au visage de cette statue est empreinte d’une douceur tout angélique.

Eglise de Burzet, rétable - statue de Saint Bénézet - détail

   En dessous de cette statue, une sculpture en bas relief représente la rencontre de Saint Bénézet avec l’ange qui le guida jusqu’au Rhône et l’instruisit de sa mission.

Eglise de Burzet, détail du rétable -  Saint Bénézet rencontre l'ange

   Monsieur Laurent étant le gardien des clefs de l’église, il a eu l’extrême obligeance d’inviter Frère Maximilien-Marie à la sacristie, dans laquelle sont conservées d’une part une statue de Saint Bénézet du XVIIIe siècle, vraisemblablement taillée par un imagier local et qui a échappé au vandalisme de 1794…

Eglise de Burzet - statue de Saint Bénézet du XVIIIe s.

… et d’autre part une chasse renfermant deux reliquaires :

- l’un est un médaillon comme on en confectionna beaucoup au XIXe siècle,
- l’autre a été réalisé dans un coffret de cristal semblable à une boite à bijoux, et renferme la tête d’un os de la jambe de Saint Bénézet.

   Vous connaissez tous, chers Amis, la dévotion de notre Frère envers les saintes reliques, et vous pouvez donc sans peine imaginer la ferveur et l’émotion avec lesquelles il vénéra ce précieux ossement !!!

Eglise de Burzet relique de Saint Bénézet

   L’église Saint-André de Burzet possède encore deux autres éléments liés au culte de Saint Bénézet :

   1) un vitrail, posé au milieu du XXe siècle, où l’on peut reconnaître - en haut, le jeune berger sur lequel repose la colombe symbolisant le Saint Esprit, agenouillé face à l’ange qui fut son guide ; - au centre, Saint Bénézet et ses compagnons en train de construire le pont ; - et en bas, la mort de Saint Bénézet.

Eglise de Burzet vitrail Saint Bénézet XXe siècle

   2) une statue taillée dans la pierre en 1996 par un monsieur natif de Burzet dont la carrière professionnelle s’exerça en Avignon et qui, de ce fait, se sentait encore plus spécialement lié à Saint Bénézet

Eglise de Burzet statue de Saint Bénézet 1996

   … Pour cette statue, on sent que le sculpteur s’est inspiré des traits du visage de la statue du XVIIIe siècle ; il a aussi voulu, par l’agneau et le chien, évoquer l’enfance pastorale du jeune saint, tandis que la construction du pont et l’oeuvre des Frères Pontifes sont symbolisées par le chapiteau du premier plan et le pilier de l’arrière plan.

   Monsieur Jean Laurent a ensuite fort obligeamment accompagné Frère Maximilien-Marie jusqu’au hameau du Villard, à quelque trois kilomètres du village.

   En cette radieuse et chaude après-midi de printemps, le hameau était splendide. A travers les arbres, on aperçoit la chapelle édifiée à partir de 1727 en avant des maisons.

Burzet - le Villard et sa chapelle

Burzet : le hameau du Villard et sa chapelle aperçus depuis la route en contrebas.

   Pillée par les révolutionnaires, la chapelle du Villard fut restaurée et agrandie au XIXe siècle, puis fit l’objet d’une nouvelle restauration intérieure en 1970.

Burzet - hameau du Villard, la chapelle

La chapelle du Villard, extérieur.

Burzet - chapelle du Villard porte d'entrée

Chapelle du Villard, porche.

Burzet, chapelle du Villard - intérieur

Chapelle du Villard, intérieur.

   Ayant échappé au vandalisme sacrilège des patriotes, la chapelle conserve un tableau sculpté dans un panneau de noyer qui fut offert en 1729 par Son Excellence Monseigneur François Renaud de Villeneuve Forcalqueiret, évêque de Viviers de 1723 à 1748. Cette oeuvre représente Saint Bénézet gardant son troupeau lorsque Dieu se communique à lui.

Burzet, chapelle du Villard - tableau offert en 1729 par Mgr de Villeneuve

Vocation de Saint Bénézet :
panneau sculpté offert en 1729 par Monseigneur de Villeneuve
.

   La maison natale de Saint Bénézet est l’une des plus anciennes du hameau, au sommet duquel elle se trouve : elle ne se visite pas et nécessiterait une restauration.

Burzet, le Villard - maison natale de Saint Bénézet

   Il ne faut pas quitter le Villard sans saluer Monsieur René Chabaud, dont la maison est voisine de la chapelle : le rayonnement de cet homme a beaucoup touché Frère Maximilien-Marie.
Marchant avec peine, appuyé sur deux cannes, Monsieur Chabaud est le gardien de la chapelle dont il vient, avec une exemplaire fidélité, tous les matins ouvrir la porte et revient la fermer à clef tous les soirs.
Notre Frère a été touché par son accueil souriant et par la conversation qu’il a eu avec lui.

Monsieur René Chabaud fidèle gardien de la chapelle de Saint Bénézet

Le fidèle gardien de la chapelle de Saint Bénézet au Villard.

   Après cette pieuse visite au Villard, Monsieur Laurent et Frère Maximilien-Marie, redescendant dans la vallée, se sont rendus, sur la départementale 26, jusqu’au lieu dit Lamadès.
Là, sur le bord de la route, se trouve une pierre sculptée sur laquelle, à une date très récente, a été fixée une croix en fer.
Cette pierre est dite « pierre de Saint Bénézet » et garde le souvenir de son départ : ce serait à cet endroit qu’il aurait rencontré l’ange, caché sous les apparences d’un pèlerin, qui devait le conduire jusqu’au Rhône.

Lamadès - la pierre de Saint Bénézet au bord de la route

Lamadès : la « pierre de Saint Bénézet »
- ci-dessus, dans son site ;

- et ci-dessous, gros plan sur l’inscription gravée. 

Lamadès - la pierre de Saint Bénézet gros plan

   Voilà, bien chers Amis, le compte-rendu détaillé de ce pèlerinage : soyez certains que, dans son coeur, Frère Maximilien-Marie emportait toutes les intentions qui lui sont confiées et qu’il a recommandées à l’intercession de Saint Bénézet : puisse aujourd’hui celui auquel Dieu demanda jadis de construire un pont sur le Rhône, établir de nouveaux ponts de grâces et de bénédictions pour nous relier en toutes circonstances à Notre-Seigneur, le Roi du Ciel !

Lully.

Burzet, hameau du Villard, campanile de la chapelle Saint Bénézet

Campanile de la chapelle du Villard sur fond de nature vivaroise au printemps.

2015-46. De Saint Benoît du Pont, couramment appelé Saint Bénézet, dont nous célébrons la fête le 14 avril.

Reconstitution numérique en 3 D du Pont Saint Bénézet, tel qu’il pouvait se présenter au milieu du XVIe siècle :
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Image de prévisualisation YouTube

16 avril,
fête de Saint Benoît-Joseph Labre (cf. > ici)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Si je vous parle du pont d’Avignon, vous allez probablement immédiatement penser à la célèbre chanson enfantine… et peut-être même vous mettre à la fredonner de façon spontanée.
Mais le « grand public » sait-il que le nom propre de ce pont fameux entre tous est « Pont Saint Bénézet » ?
Et combien savent encore qui est ce Saint Bénézet qui a donné son nom à ce pont ?
C’est ce que je me propose de vous expliquer maintenant, avant de vous emmener – un peu plus tard – en pèlerinage sur les lieux de sa naissance.

Sur le pont d'Avignon refrain

La célèbre chanson « Sur le Pont d’Avignon » remonterait au XVe siècle
mais elle a connu un regain de popularité depuis le milieu du XIXe siècle.

   Bénézet est un diminutif provençal du prénom latin Benedictus, en francais Benoît.
Dans les livres liturgiques, Saint Bénézet est donc officiellement appelé tantôt « Saint Benoît le jeune » ou « le petit » (en latin : Benedictus junior), en rapport avec sa petite taille et son jeune âge – nuances exprimées par la forme provençale – , tantôt « Saint Benoît du Pont » (en latin : Benedictus de Ponte), ce qui est bien sûr le rappel de l’oeuvre pour laquelle Dieu le suscita.

   Selon toute vraisemblance, son patronyme était Chautard.
Il naquit au hameau du Villard, paroisse de Burzet, au diocèse de Viviers, dans la seconde moitié du XIIe siècle (d’aucuns disent en 1165, d’autres entre 1154 et 1159).
Tous les textes néanmoins sont unanimes pour situer en l’an 1177 son arrivée en Avignon.

   Les sources de l’histoire de Saint Bénézet sont des plus fiables. Elles se trouvent principalement

- 1) dans deux chartes, de 1180 et 1181, donc rédigées du vivant du jeune saint ;
- 2) dans une charte de 1185 (année qui suivit sa mort), qui nous est parvenue à travers une copie authentique qui en fut réalisée au XIVe siècle ;
- 3) dans la chronique de Robert d’Auxerre (+ 1212), commencée en 1190 ;
- 4) dans une « légende » du début du XIIIe siècle, en langue provençale : le mot légende ne doit pas être entendu au sens de « récit fantaisiste sans consistance historique », mais compris dans son sens latin le plus strict : « ce qui doit être lu ». Ainsi la « légende de Saint Bénézet » est-elle bien un texte historique (on pourrait dire une version officielle) destiné à faire connaître l’oeuvre de Saint Bénézet et de ses continuateurs.

Lithographie fin XIXe s - Pont Saint Bénézet vu du rocher des Doms

Le Pont Saint Bénézet vu depuis le rocher des Doms – lithographie de la fin du XIXe siècle..

   Sans qu’il ne nous soit rien révélé sur la vie du jeune homme depuis sa naissance, les récits les plus anciens nous racontent d’emblée sa vocation.
Alors que le jeune homme était en train de garder les brebis, il entendit distinctement des paroles qui s’adressaient à lui, sans voir cependant qui lui parlait.
Voici une traduction de ce que rapporte la « légende » en provençal : 

- Bénézet, mon fils, entends la voix de Jésus-Christ.
- Qui êtes-vous, Seigneur, qui me parlez ? J’entends votre voix mais ne vous vois pas.
- Ecoute donc, Bénézet, et n’aie point peur. Je suis Jésus-Christ qui, par une seule parole, ai créé le ciel, la terre et la mer et tout ce qu’ils renferment.
- Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?
- Je veux que tu quittes les brebis que tu gardes, car tu me feras un pont sur le fleuve Rhône.
- Seigneur, je ne sais où est le Rhône et je n’ose abandonner les brebis de ma mère !
- Ne t’ai-je pas dit de croire ? Viens donc hardiment, car je ferai surveiller tes brebis et je te donnerai un compagnon qui te conduira jusqu’au Rhône. 

   L’injonction divine se serait renouvelée à trois reprises avant que Bénézet ne se mette en route.

   Comme le lui avait assuré la voix divine, il rencontra bientôt un homme vêtu comme un pèlerin qui s’offrit à lui comme compagnon de route. Il s’agissait en réalité, comme pour le jeune Tobie dans l’Ancien Testament, d’un ange qui avait revêtu une apparence humaine.
L’ange conduisit Bénézet jusqu’au Rhône : Bénézet fut d’abord effrayé par la taille du fleuve et se demandait comment il serait possible de mener à bien une telle mission. Mais son céleste compagnon lui prodigua des conseils pour arriver jusqu’en Avignon et pour ce qu’il devrait y accomplir.

Statue reliquaire de Saint Bénézet - Avignon

Statue reliquaire de Saint Bénézet, Avignon :
elle représente le jeune homme portant une énorme pierre (voir ci-dessous).

   Bénézet, entré dans la cité d’Avignon, alla trouver l’Evêque qui était en train de prêcher au peuple ; il lui dit à haute voix : « Ecoutez-moi et comprenez-moi, car Jésus-Christ m’a envoyé vers vous afin que je fasse un pont sur le Rhône » (texte traduit de la « légende » provençale).

   En entendant ces paroles, l’évêque pensa avoir affaire à un insensé et perturbateur de l’ordre public ; il fit donc appel au prévot (ou viguier), devant lequel Bénézet maintint ses allégations :  

« Mon Seigneur Jésus-Christ m’a envoyé en cette cité afin que je fasse un pont sur le Rhône ». 
Le viguier lui répondit : 
« C’est toi, si chétif personnage et qui ne possède rien, qui déclare que tu feras un pont où Dieu, ni Saint Pierre, ni Saint Paul, ni encore Charlemagne, ni aucun autre n’a pu le faire ? Ce serait merveilleux.
Attends ! je sais qu’un pont est fait de pierres et de chaux : je te donnerai une pierre que j’ai dans mon palais et, si tu peux la remuer et la porter, je croirais que tu pourras faire le pont ».

Bénézet, mettant sa confiance en Notre-Seigneur, retourna vers l’évêque et lui dit qu’il le ferait aisément.
L’Evêque dit : « Allons donc, et voyons les merveilles que tu nous promets ! » 
Il partit avec l’évêque, et le peuple avec eux ; et Bénézet prit seul la pierre que trente hommes n’auraient pu déplacer, aussi légèrement que s’il se fût agi d’un caillou, et il la mit au lieu où le pont a son pied. 
Les gens voyant cela crièrent au miracle et disaient que grand et puissant est Notre-Seigneur dans ses œuvres.  Et alors le viguier fut le premier à le nommer Saint Bénézet, lui baisant les mains et les pieds, et lui offrit trois cents sous, et dans ce lieu lui furent donnés cinq mille sous.
Maintenant vous avez entendu de quelle manière, frères, le pont fut commencé afin que vous tiriez profit de ce grand bienfait.
Et Dieu fit nombre de miracles en ce jour : par lui, il rendit la vue, fit entendre les sourds et marcher les paralytiques
 (texte traduit de la « légende » provençale).

Les deux chapelles superposées dédiées à Saint Bénézet et à Saint Nicolas

Avignon, Pont Saint Bénézet : les deux chapelles superposées.
La chapelle inférieure est dédiée à Saint Bénézet et la chapelle supérieure à Saint Nicolas.

   Des compagnons, les « Frères de l’œuvre du pont » ou « Frères pontifes », rejoignirent Bénézet. Après la mort de Bénézet, ce sont eux qui achevèrent la construction du pont (1188).

   A côté du chantier, Bénézet avait acquis une maison qui, en sus d’être le lieu où ces pieux laïcs menaient une forme de vie commune, partagée entre les exercices de piété, le travail et la mendicité – car il fallait recueillir des aumônes pour la construction – , était ouverte à l’accueil des pélerins et au soin des malades.

   Bénézet rendit son âme à Dieu le 14 avril 1184, entouré d’une immense vénération populaire, une vénération principalement due aux miracles de guérison qu’il accomplissait.
Les diverses enquêtes ecclésiastiques menées après sa mort citent un grand nombre de témoins directs attestant de ses dons de thaumaturge.

   Son corps fut d’abord enseveli dans la chapelle construite sur le pont même : la chapelle Saint Bénézet (par la suite, le pont sera exhaussé et cette chapelle se retrouva en contrebas : on édifia au-dessus une deuxième chapelle, dédiée à Saint Nicolas, si bien que la chapelle Saint Bénézet en devint en quelque sorte la crypte).
En 1331, sans qu’il s’agisse à proprement parler d’une « canonisation » au sens moderne du mot, le pape Jean XXII, officialisa le culte qui était rendu à Saint Bénézet depuis sa mort, et que ses prédécesseurs avaient accepté, en composant pour lui un office liturgique propre et en fixant sa fête au 14 avril.

   Le corps de Saint Bénézet fut retiré de la chapelle du pont au XVIIe siècle, à la suite d’une série de crues exceptionnelles qui avaient fait craindre pour la sécurité du lieu, et il fut déposé dans l’église du couvent des Célestins : à cette occasion, on constata que ce corps était incorrompu et exhalait une odeur suave.

   Lors de la détestable révolution, malheureusement, la tombe fut violée et les restes de Saint Bénézet furent horriblement profanés. Une partie cependant put ensuite être récupérée, mise en lieu sûr, puis finalement déposée dans la collégiale Saint-Didier d’Avignon.
En 1849, l’archevêque d’Avignon procéda à une nouvelle reconnaissance des reliques de Saint Bénézet : il en donna une partie au diocèse de Viviers, où ces reliques furent distribuées entre la cathédrale, le grand séminaire et sa paroisse natale de Burzet.

   L’examen des ossements montre qu’il devait avoir entre 25 et 30 ans au moment de sa mort, et qu’il mesurait environ 1,60 m.

Tombeau de Saint Bénézet dans la collégiale Saint-Didier - Avignon

Actuel tombeau de Saint Bénézet dans la collégiale Saint-Didier, en Avignon.

A suivre : petit pélerinage à la maison natale de Saint Bénézet > ici

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2015-45. La foi de Marie-Magdeleine au matin de Pâques donnée en exemple.

Cinquième sermon de

notre glorieux Père Saint Augustin

sur la fête de Pâques

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Χριστός ἀνέστη !
 Ἀληθῶς ἀνέστη ! 

« Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! »

Jeudi de Pâques.

       Le jour poignait à peine dans le jardin du Nouvel Adam, lorsque la touchante fidélité de Marie-Magdeleine fut récompensée et que ses larmes d’affliction furent changées en larmes d’émotion joyeuse, faisant entrer à flot la Lumière surnaturelle en son âme : avec l’aide de notre glorieux père Saint Augustin, méditons sur cette scène – qui nous est rappelée dans l’Evangile du jeudi dans l’octave de Pâques -, scène qui ne peut que nous toucher, chacun, au plus intime de l’âme.

Hans Holbein le jeune, 1524 apparition à Marie-Magdeleine

L’apparition à Marie-Magdeleine : Noli me tangere
Hans Holbein le jeune (1524 – Collections royales, Hampton Court, Londres)

La foi de Marie-Magdeleine au matin de Pâques donnée en exemple.

§ 1 – Saint Augustin compare la foi de Marie-Magdeleine et celle de Pierre.

   « Le lendemain du sabbat », dit l’Evangéliste, « lorsque les ténèbres couvraient encore la terre, Marie-Magdeleine vint au tombeau, s’aperçut que la pierre avait été enlevée du sépulcre et courut raconter ces événements à Simon Pierre et à l’autre disciple que Jésus aimait » (Joan. XX, 1-2).
Voyez, mes frères, voyez avec quelle ardeur cette femme se rend au tombeau du Sauveur. Elle ne considère ni l’heure ni le temps, mais elle veut contempler le Créateur de toutes choses. Simple femme, elle court avant les hommes et les prévient.

   O bienheureux Pierre, qu’est devenue la promesse que vous faisiez au Seigneur : « Dussé-je mourir avec vous, je ne vous renierai pas » (Matth. XXVI, 3) ?
Si vous ne pouviez mourir pour le Seigneur, du moins, puisque vous aviez tant présumé de vous-même, vous deviez vous rendre au tombeau avant tout autre ! Vous n’avez pu accomplir la promesse que vous aviez faite, car il a suffi d’une servante pour vous conduire à l’apostasie ; et voici que Marie-Magdeleine arrive encore avant vous au tombeau. Veuillez, bienheureux Pierre, me pardonner l’amertume de mes paroles. Quand vous croyiez d’une foi complète, vous marchiez sur les eaux ; mais aussitôt que vous avez conçu du doute, vous avez senti la mer fuir sous vos pas. En ce moment, du moins, levez-vous ! car une femme vous a déjà précédé au tombeau.

Hans Holbein le jeune, noli me tangere - détail 4

Hans Holbein le jeune « Noli me tangere » – détail : L’intérieur du tombeau.

§ 2 – Marie-Magdeleine comparée à l’Eglise.

   Mes frères, en lisant attentivement les Saintes Ecritures, vous avez appris à connaître cette femme du nom de Marie-Magdeleine. Comme quelques-uns pourraient encore être dans l’ignorance sur ce point, rappelons que Magdeleine est cette femme que le Seigneur a délivrée de sept démons, et à laquelle beaucoup de péchés furent pardonnés parce qu’elle avait beaucoup aimé.

   Que l’Eglise coure donc, qu’elle coure à la Pierre : « Or, la Pierre était le Christ » (1 Cor. X, 4). Ne craignez pas de comparer à l’Eglise Marie-Magdeleine, qui, délivrée des esprits immondes, doit s’empresser la première d’accourir au tombeau du Seigneur.

Hans Holbein le jeune, noli me tangere - détail 3

Hans Holbein le jeune « Noli me tangere » – détail : Les apôtres Pierre et Jean.

§ 3 – La foi des apôtres comparée à celle de Marie-Magdeleine.

   « Elle s’adressa donc à Pierre et à l’autre disciple que Jésus aimait, et leur raconta les faits en ces termes : Ils ont enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons où ils L’ont placé. Les Apôtres accoururent et, étant entrés dans le tombeau, ils virent les linceuls qui y avaient été laissés ».

   Mais ils ne purent voir les anges, parce que les ténèbres de la crainte refoulaient encore dans ces Apôtres la lumière de la foi. Ils regardèrent et retournèrent à Jérusalem ; quant à Magdeleine, elle ne retourna pas, mais elle se tenait en pleurant à l’entrée du sépulcre, et parce que Dieu ne refuse jamais rien à ceux qui Le cherchent, « elle s’inclina en pleurant vers le tombeau, et elle vit deux anges vêtus de blanc et assis l’un à la tête et l’autre au pied du sépulcre dans lequel Jésus avait été déposé. Les anges lui disent : Femme, pourquoi pleurez-vous ? ou qui cherchez-vous ? » (Joan. XX, 11-13).
Madeleine répondit : Je cherche mon Maître, mon Sauveur ; Il m’a beaucoup gratifiée, car Il m’a délivrée de sept esprits impurs. Malheureuse esclave, j’étais conduite où je ne voulais pas, mais à l’arrivée du Sauveur les chaînes de mes péchés furent rompues et je méritai de suivre Celui que je ne méritais pas. Maintenant ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils L’ont placé.

   O femme, les Apôtres n’ont pu voir les anges, parce qu’ils ont douté ; vous les avez vus parce que vous avez cru. Mais à votre tour vous avez commencé à douter. Et qui donc pouvait enlever le Seigneur, s’Il n’avait voulu ressusciter le troisième jour, comme il l’avait promis ?

Hans Holbein le jeune, noli me tangere - détail 2

Hans Holbein le jeune « Noli me tangere » – détail : le visage de Marie-Magdeleine.

§ 4 – La foi de Marie-Madeleine récompensée.

   « S’étant retournée, elle vit le Seigneur debout » (Joan. XX, 14). Voilà, mes frères, ce que peuvent l’amour de Dieu et la foi.

   Dieu se laisse vaincre par les larmes et par l’humilité : si Magdeleine ne s’était pas inclinée en pleurant, elle n’aurait pas vu les anges ; si elle ne s’était pas retournée, elle n’aurait pas mérité de voir le Seigneur.

   « Jésus lui dit : Marie, pourquoi pleurez-vous ? qui cherchez-vous ? » (Joan. XX, 15).
Madeleine, ouvrant les yeux, Le reconnut et s’écria : Seigneur, vous êtes mon Roi et mon Dieu.
Abstenez-vous de me toucher, lui dit Jésus, car Je ne suis pas encore monté à mon Père.
Madeleine reprit : Mon Seigneur et mon Dieu. Vous vous montrez à moi, que me reste-t-il à désirer ?

Hans Holbein le jeune, noli me tangere - détail 1

Hans Holbein le jeune « Noli me tangere » – détail : le regard entre le Christ ressuscité et Marie-Magdeleine.

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2015-44. Etant revêtus du sacerdoce de Jésus-Christ, nous sommes obligés d’être revêtus de Sa sainteté.

nous dédions très spécialement ce texte à tous

nos Amis Prêtres,

auxquels nous présentons nos vœux les plus fervents
à l’occasion du Jeudi Saint,
fête du Sacerdoce Catholique.

Sacerdos, alter Christus

       A l’occasion du Jeudi Saint, jour où nous revivons sacramentellement, par la liturgie – qui le rend actuel – , le Mystère de l’Institution de l’Eucharistie et du Sacerdoce, nos pensées et nos prières rejoignent tous les prêtres, et d’une manière très particulière bien sûr les prêtres qui honorent de leur amitié le Refuge Notre-Dame de Compassion, auxquels, avec nos vœux de fête, nous adressons aussi nos plus vifs remerciements.

   Nous leur dédions ce magnifique texte de Saint Jean Eudes, résumant la sublime quintessence du sacerdoce.
Tous nos amis laïcs, je n’en doute pas, sauront eux aussi faire leur miel de ce texte qui contribue à vivifier en nos âmes l’action de grâces et le respect pour ce grand mystère de grâce déposé en nos prêtres…

Très beau, très fervent et très saint Jeudi Saint à tous !

frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Sainte Eucharistie

       « Puisque Notre-Seigneur Jésus-Christ nous associe avec Lui dans Son sacerdoce éternel et dans Ses plus divines qualités, et que nous sommes obligés, étant revêtus de Son sacerdoce, de Ses pouvoirs et de Ses privilèges, d’être aussi revêtus de Sa sainteté et de continuer Sa vie, Ses exercices et Ses fonctions sacerdotales sur la terre, considérons ce qu’Il est et ce qu’Il fait :

1 – au regard de Son Père ;
2 – au regard de tous les hommes, spécialement de Son Eglise ;
3 – au regard de Soi-même, afin de Le suivre en ces trois choses comme une règle.

   Si nous considérons ce qu’Il est et ce qu’Il fait au regard de Son Père, nous verrons qu’Il est tout à Son Père et que Son Père Lui est tout : Il ne regarde et n’aime que Son Père, et Son Père ne regarde et n’aime que Lui.
Toute Sa prétention est de faire connaître, adorer et aimer Son Père, et tout le dessein de Son Père est de Le manifester et de Le faire adorer à tous les hommes.
Il est la complaisance, la gloire et le trésor de Son Père ; et toutes Ses richesses, Son honneur et Son contentement sont de chercher la gloire de Son Père, et d’accomplir Sa très sainte volonté. Et à cette fin Il S’est comporté très saintement dans toutes les fonctions sacerdotales, et les a faites avec des dispositions toutes divines.
Aussi le Prêtre, étant l’héritage de Dieu, et Dieu étant tout son partage, selon la profession qu’il en a faite entrant dans l’état de la cléricature, en disant ces paroles : le Seigneur est ma part d’héritage (Ps. XV, 1), il doit être tout à Dieu, et Dieu lui doit être tout. Il doit être possédé de Dieu comme son héritage, et ne doit point prétendre en ce monde d’autre fortune ni d’autre possession que Dieu, qui est son unique trésor, auquel il doit donner tout son cœur et toutes ses affections. Surtout il doit prendre un très grand soin de faire saintement toutes les fonctions sacerdotales, comme le Saint Sacrifice de l’autel, l’office divin, l’administration des sacrements et de la Parole de Dieu, etc.
Toutes ces choses sont très saintes et divines ; c’est pourquoi elles doivent être faites d’une manière digne de Dieu, digne de l’excellence de notre ministère, digne de l’excellence de ces divines fonctions, digne de la sainteté du Souverain Prêtre avec Lequel nous les faisons, digne enfin du prix infini de Son Précieux Sang, par lequel Il nous a élevés à la dignité en laquelle nous sommes, et nous a mérité la grâce pour en exercer les emplois.

   Si nous désirons voir ce que Jésus-Christ est et ce qu’Il fait au regard des hommes, et spécialement de Son Eglise, nous n’avons qu’à jeter les yeux de la foi sur toutes les choses qu’Il a faites et qu’Il a souffertes, pendant qu’Il était sur la terre ; nous verrons que ce sont autant de bouches et de langues qui nous crient : C’est ainsi que Dieu a aimé le monde. C’est ainsi que Jésus a aimé l’Eglise. C’est ainsi que le Christ a aimé les âmes.
Et en même temps ces mêmes voix nous diront : c’est ainsi qu’il faut aimer l’Eglise de Jésus ; c’est ainsi qu’il faut travailler pour le salut des âmes qui Lui sont si chères ; c’est ainsi qu’il faut tout faire, tout quitter, tout souffrir, tout donner, tout sacrifier, fût-ce le Sang et la vie d’un Dieu, si on l’avait, pour contribuer au salut d’une seule âme : la plus divine des choses divines est de coopérer avec Dieu au salut des âmes.

   Si nous considérons ce que Jésus est et ce qu’Il fait au regard de Soi-même, nous verrons qu’étant le Souverain Prêtre, Il veut prendre aussi la qualité d’hostie, et que, Se regardant comme une hostie (*) destinée à la mort et au sacrifice pour la gloire de Son Père, Il S’humilie et S’anéantit Soi-même incessamment (Phil. II, 7) ; et toute Sa vie n’est autre chose qu’une mort perpétuelle à toutes les choses de ce monde et à toutes Ses volontés : Je suis descendu du ciel pour faire non pas Ma volonté mais la volonté de Celui qui M’a envoyé (Jean VI, 38). Et Sa vie est un sacrifice continuel de tout ce qui est en Lui, à l’honneur de Son Père.
Aussi, celui qui a été appelé à la participation du sacerdoce de Jésus-Christ, doit-il entrer aussi avec Lui dans la qualité d’hostie. »

Saint Jean Eudes
in « Mémorial de la vie ecclésiastique » (5e partie, § 10).

(*) Hostie = victime.

Sainte Eucharistie

2015-42. Où au jour anniversaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus il est rappelé, par son exemple, qu’on n’entre dans les voies de l’amour de Dieu et de la sainteté qu’en passant par la porte de la Passion du Verbe Incarné.

28 mars,
Fête de Saint Jean de Capistran
Anniversaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus.

Statue de Sainte Thérèse par Gregorio Fernandez - 1625

Sainte Thérèse de Jésus, réformatrice du Carmel et « mère des spirituels »
(oeuvre de Gregorio Fernandez – 1625)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

            A cette date du 28 mars nous sommes, selon les années, tantôt à la veille d’entrer dans la Grande Semaine, et quelque autres fois nous y sommes déjà. Or, le 28 mars est l’anniversaire de la naissance de celle que l’on appelle couramment Sainte Thérèse d’Avila. En 2015, l’Ordre du Carmel réformé, le Royaume d’Espagne et très spécialement la ville d’Avila, ont donné un certain éclat au cinquième centenaire de la naissance de Teresa Sanchez de Cepeda Davila y Ahumada, qui était son nom dans le siècle avant d’être religieuse carmélite, réformatrice de son Ordre, fondatrice de monastères, maîtresse de vie spirituelle, et pour l’éternité Sainte Thérèse de Jésus.

   J’ose espérer que tous nos amis ont déjà lu l’autobiographie de Sainte Thérèse (on peut même la lire « en ligne » en totalité).
Il n’y a rien de mieux, en effet, que d’aller puiser à la source même, plutôt que dans des récits de tiers – aussi remarquables soient-ils – : pour ceux qui « cherchent Dieu », pour ceux qui veulent « voir Dieu », lire et relire les textes sortis de la plume de la Grande Thérèse, demeure une source incomparable de leçons spirituelles et d’encouragments précieux ; aussi me garderai-je bien d’en tenter ici un maladroit résumé !

   Néanmoins, comme le 28 mars est toujours dans les parages des célébrations de la Passion, je voudrais profiter de cette occurrence pour mettre en évidence qu’il a fallu attendre l’année 1555 - l’année de son quarantième anniversaire donc – pour que Sœur Thérèse de Ahumada, comme l’on disait couramment alors dans son monastère de l’Incarnation, se convertisse vraiment à une vie fervente, entre dans les voies de l’oraison et de la véritable union à Dieu.

Sainte Thérèse aux pieds du Christ à la colonne - Gregorio Fernandez

La « conversion » de Sainte Thérèse devant une représentation du Christ à la colonne, en 1555
(oeuvre de Gregorio Fernandez)

   Après avoir raconté sans fard qu’elle était sa vie de tiédeur et ses résistances à la grâce, Sainte Thérèse commence le chapitre IX de son autobiographie par ces lignes :

   « Mon âme fatiguée aspirait au repos, mais de tristes habitudes ne lui permettaient pas d’en jouir. Or, il arriva un jour qu’entrant dans un oratoire, j’aperçus une image de Jésus-Christ couvert de plaies, qui se trouvait là pour être exposée dans une fête prochaine. Elle était si touchante, c’était une représentation si vive de ce que Notre-Seigneur endura pour nous, qu’en voyant le divin Maître dans cet état, je me sentis profondément bouleversée. Au souvenir de l’ingratitude dont j’avais payé tant d’amour, je fus saisie d’une si grande douleur qu’il me semblait sentir mon cœur se fendre. Je tombai à genoux près de mon Sauveur, en versant un torrent de larmes, et je le suppliai de me fortifier enfin de telle sorte que je ne l’offense plus désormais. »

   Après cet événement déterminant, la carmélite s’attacha à méditer sur les mystères de la vie de notre divin Rédempteur, elle précise que la contemplation de la Sainte Agonie de Gethsémani lui fut spécialement profitable :

   « Je méditais avec prédilection sa prière au jardin des Olives. Là, je me plaisais à lui tenir compagnie. Je considérais la sueur et la tristesse qu’il avait endurées en ce lieu. »

   Notons bien cette constante que l’on retrouve dans la vie de très nombreux saints : la contemplation de la douloureuse Passion de Jésus, la méditation assidue de la Passion du Sauveur, l’approfondissement jamais épuisé des mystères sacrés de la Passion de Notre-Seigneur sont essentiels à la connaissance de l’amour de Jésus-Christ et au progrès dans la vie spirituelle.

   Nul besoin d’en dire beaucoup plus.
En ces célébrations de la Semaine Sainte, puissiez-vous, chers Amis, à l’exemple de Sainte Thérèse de Jésus, entrer vous aussi toujours plus avant dans les voies de l’amour de Dieu et de la sainteté, en passant avec ferveur et générosité par la seule véritable porte de la vie spirituelle, la seule véritable porte de la vie nouvelle, la seule véritable porte de la vie éternelle : la bienheureuse Passion du Verbe Incarné.

Lully.

Christ à la colonne, détail - Gregorio Fernandez

Christ à la colonne, détail
(oeuvre de Gregorio Fernandez – couvent d’Avila)

2015-41. « Crucifiée dans son amour pour Jésus, et crucifiée avec Lui par son amour pour nous ! »

Vendredi de la Passion,
Commémoraison solennelle de la compassion de Notre-Dame.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Ce vendredi dans la semaine de la Passion a été consacré, depuis de très nombreux siècles, à honorer les douleurs de la Très Sainte Vierge Marie, et à célébrer liturgiquement sa compassion.

   Historiquement c’est la première, et donc en un sens la plus importante, des deux fêtes de Notre-Dame des Douleurs célébrées au calendrier liturgique traditionnel. Celle que l’on trouve actuellement fixée au 15 septembre est, en effet, d’institution récente.
Aussi ne peut-on qu’être étonné par le fait que ceux qui, à partir du milieu du XXe siècle, ont prétendu réaliser un travail de « restauration de la liturgie » se sont employés à minimiser (jusqu’à faire la disparaître totalement dans le calendrier liturgique de la réforme consécutive au second concile du Vatican) la fête de la compassion de la Vierge célébrée le vendredi de la Passion.

   Au Refuge Notre-Dame de Compassion, nous maintenons bien sûr cette célébration, la considérant comme l’une de nos fêtes patronales.

   A cette occasion, je veux proposer à votre réflexion un très bel extrait d’un ouvrage qu’il est aujourd’hui devenu assez difficile – voire quasi impossible – de trouver : « Mater Dolorosa », du Révérend Père Augustin-Marie Lépicier (1880-1963) de l’Ordre des Servites de Marie, livre publié en 1948.
Chacune des phrases, chacun des mots de ce texte doivent être approfondis, longuement médités, lentement assimilés et compris avec le coeur de notre âme.

Nota bene : les phrases ou extraits de phrases qui sont en caractères gras dans le texte ci-dessous, l’ont été mis par nous, parce qu’ils nous semblaient particulièrement importants.

Statue de N.D. de Compassion du Mesnil-Marie

Notre-Dame de Compassion
(Piéta de taille naturelle conservée au Mesnil-Marie)

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« Crucifiée dans son amour pour Jésus, et crucifiée avec Lui par son amour pour nous ! »

       Quiconque a tant soit peut médité « le mystère de Marie » n’ignore rien de la tragique réalité de la souffrance dans sa vie – de la cause et des sources de ses souffrances – de l’immensité de cet océan d’amertume dont les flots inondèrent son âme. Il sait que depuis le Fiat de l’Annonciation auquel devait faire écho le Fiat du Calvaire, la vie de la Mère du Rédempteur fut surtout une suite de jours dont l’angoisse enveloppa de brumes ses heures les plus heureuses.
Ne devait-il pas en être ainsi ? La Toute Sainte, Celle que les générations proclameront bienheureuse ne devait-Elle pas être plongée dans l’abîme de toutes les afflictions ?
Car la sainteté est faite d’amour et le degré de sainteté est en proportion du degré d’amour pour Dieu. Or, ici-bas, la mesure de notre amour pour Dieu c’est la somme de souffrances que nous endurons par amour pour Lui.

   Puisque Marie fut prédestinée, en tant que Mère du Verbe Incarné, à aimer Dieu comme jamais créature ne pourra L’aimer, il fallait, dans son amour pour Celui qui devait, par Sa Passion et par Sa Croix, sauver le monde, qu’Elle endurât une somme de souffrances supérieure à celle de toutes les créatures.
Aussi la dévotion à ses douleurs est-elle la « reine des dévotions envers Marie », comme l’assure le Père Faber : elle est à la base de ses grandeurs, le témoignage de son amour et de sa sainteté.

   Quand on pense à tout cela, on se demande comment ils se fait que la dévotion aux Douleurs de Marie n’est pas mieux comprise et davantage pratiquée dans le monde foncièrement chrétien, voire dans le monde sacerdotal ; qu’elle n’occupe pas l’une des premières places dans les associations mariales et que, dans la plupart des ouvrages de mariologie, l’on en fassse, trop souvent, si peu mention…
« Enfermons-nous donc dans le jardin secret des Douleurs de Marie. C’est un des plus chers paradis de Dieu » (Père Faber).

   Mais avant d’aller plus loin, répondons à une objection qui se présente peut-être, naturellement, à l’esprit de beaucoup : ne devons-nous pas croire que les joies de Marie compensèrent largement ses Douleurs ?
Tout d’abord, qui pénétrera assez intimement dans le mystère de Marie pour les départager et établir dans quelles proportions les joies contrebalancèrent ses souffrances ?
Certes, l’amour de Dieu est le suprême bonheur et, dès ici-bas, depuis Saint Paul (cf. 2 Cor. VII, 4), que de saints n’ont pas laissé échapper le cri de leur surabondante allégresse au milieu de leurs tribulations ?

   Remarquons toutefois qu’entre Marie et les saints la distance est immense. Car la cause principale des souffrances de la Mère des Douleurs fut précisément Celui qui était aussi l’objet de son incomparable amour – Celui dont Elle était, d’une façon ineffable, la Mère et l’Epouse, comme Elle en était la sublime rachetée – , tandis que les saints mettaient leur joie dans la souffrance, par imitation et en esprit d’amoureuse immolation pour le Christ qui S’était immolé par amour pour eux.
Ensuite, si la présence de Jésus, depuis la Crèche jusqu’à ce qu’Il la quittât pour sauver Ses frères, fut pour Sa divine Mère une source de fréquentes joies, elle Lui fut aussi source de douleurs qui assombrissaient singulièrement ses instants de bonheur. Car, en ces moments, son âme profonde ne pouvait oublier le souvenir des douleurs passées et la certitude de plus grandes douleurs à venir.
Enfin, graduellement, tandis qu’Elle voyait sous ses yeux grandir l’Agneau pour le sacrifice, la souffrance s’implantait en son âme d’une façon de plus en plus permanente, ne lui laissant guère, surtout au cours de la douloureuse Passion, pendant et après la mort effroyable de son Fils et de son Dieu, que l’ineffable, mais aussi bien amère jouissance de réaliser dans son coeur tout ce que réalisait dans Son corps comme dans Son âme sainte le Divin Rédempteur.

   Joie toute surnaturelle qui se nourrit de larmes et de souffrances : joie faite d’admiration pour le courage de son Divin Fils ; joie aussi dans l’union du martyre de Jésus à son propre martyre – du partage de Son immolation expiatrice, pour venger l’honneur dû à Dieu et réhabiliter, par son courage maternel, joint à celui du Christ, toute l’humanité.

   Marie est heureuse, enfin, car c’est dans cette union de ses souffrances avec celles de Jésus, qu’Elle devient, au pied de la Croix, la Mère de tous les rachetés.
C’est ainsi qu’il faut entendre certains auteurs qui nous assurent que Marie, au pied de la Croix, connut plus grande joie qu’aux jours de l’Annonciation et de Noël. N’offrit-Elle pas de grand coeur, et même « avec joie », comme l’asssure Sainte Mechtilde, « son Fils bien-aimé à l’immolation pour le salut du monde » ?

   D’autre part, nouvelle Eve du nouvel Adam, Elle devait être aussi, dans son amour sublime pour son divin Fils comme pour l’humanité qu’Elle enfantait à la grâce, par son offrande et son sacrifice, la Mère des Douleurs de l’Homme des Douleurs, Sa Co-Rédemptrice dans l’oeuvre de la Rédemption.

   Elle fut donc doublement Mater Dolorosa : crucifiée dans son amour pour Jésus, et crucifiée avec Lui par son amour pour nous !

Rd.P. Augustin-Marie Lépicier, « Mater Dolorosa » p.2 et suivantes.

Statue de N.D. de Compassion du Mesnil-Marie - détail

Pour honorer Notre-Dame de Compassion :
-  « Ave, Maria » à la Vierge de Compassion > ici
- Méditations de Monsieur Olier sur « Marie au Calvaire » à partir d’ > ici
- Neuvaine à Notre-Dame des Douleurs > ici
- Chapelet des Sept Douleurs > ici
- Confiante supplication à Notre-Dame de Compassion > ici
- Prières de St Alphonse pour honorer les Sept Douleurs de Notre-Dame > ici

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Les sept offrandes du Précieux Sang de Jésus-Christ au Père Eternel.

Vendredi de la quatrième semaine de carême,
Commémoraison solennelle du Très Précieux Sang de Notre-Seigneur ;
&
1er juillet,
Fête du Très Précieux Sang.

       Déjà, dans les pages de ce blogue, on peut trouver (cf. > ici) les litanies du Précieux Sang de Notre-Seigneur et une supplique au Père Eternel par l’invocation des mérites du Précieux Sang.
Comme nous l’expliquions alors en introduction, si, dans le Missel traditionnel, il existe une fête très solennelle du Précieux Sang à la date du 1er juillet, les anciens calendriers propres de plusieurs diocèses et congrégations religieuses font aussi des commémoraisons particulières de certains mystères ou de certaines reliques de la Passion lors des vendredis du carême, et il existe donc une autre célébration du Précieux Sang de Notre-Seigneur au vendredi de la quatrième semaine de carême.

   Le retour de cette date nous est donc l’occasion de publier, ci-dessous, une belle prière que l’on trouve dans quelques vieux ouvrages de dévotion ou dans le manuel de l’archiconfrérie du Précieux Sang.

Elévation du Calice

Ceci est le Calice de Mon Sang, le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle
- mystère de foi -
qui sera répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés.

Première offrande :

   Père éternel et tout-puissant, je Vous offre les mérites du Précieux Sang de Jésus-Christ, Votre Fils bien-aimé et mon divin Rédempteur, pour la propagation et l’exaltation de notre mère la sainte Eglise, pour la conservation et la prospérité de son chef visible, le souverain Pontife, pour les cardinaux, les évêques, les pasteurs d’âmes, et pour tous les ministres du sanctuaire.

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit… etc.

Louanges et action de grâces éternelles
à Jésus qui nous a sauvés par Son Sang !

Deuxième offrande :

   Père éternel et tout-puissant, je Vous offre les mérites du Précieux Sang de Jésus-Christ, Votre Fils bien-aimé et mon divin Rédempteur, pour la conservation de la paix et de la concorde entre les rois et princes catholiques, pour l’humiliation des ennemis de la sainte foi, et pour la félicité du peuple chrétien.

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit… etc.

Louanges et action de grâces éternelles
à Jésus qui nous a sauvés par Son Sang !

Troisième offrande :

   Père éternel et tout-puissant, je Vous offre les mérites du Précieux Sang de Jésus-Christ, Votre Fils bien-aimé et mon divin Rédempteur, pour le retour des incrédules à la lumière de la foi, pour l’extirpation des hérésies et pour la conversion des pauvres pécheurs.

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit… etc.

Louanges et action de grâces éternelles
à Jésus qui nous a sauvés par Son Sang !

Quatrième offrande :

   Père éternel et tout-puissant, je Vous offre les mérites du Précieux Sang de Jésus-Christ, Votre Fils bien-aimé et mon divin Rédempteur, pour mes parents, pour mes amis et pour mes ennemis, pour les indigents et pour les malades, pour tous ceux qui souffrent, et aussi pour tous ceux qui se confient en mes pauvres prières et dont Vous connaissez les besoins…

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit… etc.

Louanges et action de grâces éternelles
à Jésus qui nous a sauvés par Son Sang !


Cinquième offrande :

   Père éternel et tout-puissant, je Vous offre les mérites du Précieux Sang de Jésus-Christ, Votre Fils bien-aimé et mon divin Rédempteur, pour tous ceux qui vont mourir aujourd’hui : daignez les arracher aux peines de l’enfer, abréger leur séjour au Purgatoire, et les admettre au plus tôt à la jouissance de Votre gloire.

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit… etc.

Louanges et action de grâces éternelles
à Jésus qui nous a sauvés par Son Sang !

Sixième offrande :

   Père éternel et tout-puissant, je Vous offre les mérites du Précieux Sang de Jésus-Christ, Votre Fils bien-aimé et mon divin Rédempteur, pour tous ceux qui ont au coeur une fervente et sincère dévotion envers un si grand trésor, pour tous ceux qui me sont unis dans l’adoration et la vénération de ce Sang adorable, et pour ceux qui propagent cette sainte dévotion.

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit… etc.

Louanges et action de grâces éternelles
à Jésus qui nous a sauvés par Son Sang !

Septième offrande :

   Père éternel et tout-puissant, je Vous offre les mérites du Précieux Sang de Jésus-Christ, Votre Fils bien-aimé et mon divin Rédempteur, pour tous mes propres besoins spirituels et temporels, pour le soulagement des âmes du Purgatoire, spécialement celles qui ont été dévotes à ce Sang adorable, ainsi qu’aux douleurs et souffrances de la Très Sainte Vierge Marie, notre Mère.

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit… etc.

Louanges et action de grâces éternelles
à Jésus qui nous a sauvés par Son Sang !

Prière conclusive :

   Dieu éternel et tout-puissant qui avez constitué Votre Fils unique, Rédempteur du monde, et avez voulu être apaisé par Son Sang, accordez-nous, nous Vous en prions, que, vénérant le prix de notre salut et étant, par lui, protégés sur la terre contre les périls de cette vie, nous recueillions la récompense éternelle dans le Ciel.
Nous Vous le demandons par ce même Jésus-Christ, Votre Fils, Notre-Seigneur, qui vit et règne avec Vous et le Saint-Esprit, un seul Dieu, pour les siècles des siècles.

Ainsi-soit-il !

Autre prières en l’honneur du Précieux Sang > ici

Calice & Sacré-Coeur

2015-40. De Saint Joseph et Sainte Thérèse de Jésus.

Avila - carmel St Joseph - statue de St Joseph au centre du retable de l'église

Avila, carmel Saint Joseph : statue de Saint Joseph au centre du retable du maître-autel.

Jeudi 19 mars 2015,
fête de Saint Joseph.

Pour l’Ordre du Carmel réformé, cette année 2015 est une année jubilaire : le 28 mars 2015 marque en effet le cinquième centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus, la grande réformatrice de l’Ordre du Carmel.
En cette fête de Saint Joseph, il est bon de rappeler le rôle très important joué par Sainte Thèrèse de Jésus dans la propagation du culte de ce très grand saint, car, jusqu’au XVIe siècle, il n’avait pas eu de grande extension ni de véritable popularité.
Les écrits de la « Madre », lorsqu’ils seront publiés et diffusés à travers toute la Chrétienté, contribueront énormément à inciter les fidèles à recourir à Saint Joseph : au chapitre VI de son autobiographie, en effet, Sainte Thérèse évoque quelques unes des grâces qu’elle a obtenues par son intercession, depuis sa guérison physique – alors qu’elle était clouée au lit depuis trois années – , la fondation du premier monastère réformé – placé justement par la volonté expresse de Notre-Seigneur sous le vocable de Saint Joseph – , les grâces de vie intérieure et d’oraison qu’il accorde à ses dévôts, mais aussi des aides remarquables dans certaines nécessités temporelles.

Laissons donc la parole à Sainte Thérèse (nota : c’est nous qui mettons en caractères gras les phrases les plus remarquables de la sainte réformatrice)

Saint Joseph protecteur du carmel réformé - Joaquín Gutiérrez - Collection privée, Bogotá

Saint Joseph protecteur du Carmel réformé et guide de Sainte Thérèse de Jésus
(tableau de Joaquin Gutiérrez, XVIIIe siècle – collection privée, Bogota)

« Je pris pour avocat et patron le glorieux Saint Joseph et je me recommandai instamment à lui. J’ai vu bien clairement que c’est lui, mon père et mon protecteur qui m’a guérie de cette infirmité, comme il m’a tirée également de dangers très grands où il s’agissait de mon honneur et du salut de mon âme. Son assistance m’a procuré plus de bien que je ne savais lui en demander.
Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé, jusqu’à ce jour, qu’il ne me l’ait accordé. C’est une chose merveilleuse que les grâces insignes dont Dieu m’a favorisée, et les dangers tant du corps que de l’âme dont il m’a délivrée par la médiation de ce bienheureux Saint.

« Le Très-Haut donne seulement grâce aux autres saints pour nous secourir dans tel ou tel besoin. Mais le glorieux Saint Joseph, je le sais par expérience, étend son pouvoir à tous nos besoins. Notre Seigneur veut nous faire comprendre que, s’il a été soumis sur la terre à celui qu’il appelait son père, parce que c’était son gouverneur qui pouvait lui commander, il défère également au Ciel, à toutes ses suppliques.
Et c’est ce qu’ont vu comme moi par expérience, d’autres personnes auxquelles j’avais conseillé de se recommander à cet incomparable protecteur. A l’heure actuelle, elles sont nombreuses les âmes qui l’honorent et constatent de nouveau la vérité de ce que j’avance.

« Il m’a toujours exaucée au-delà de mes prières et de mes espérances (…).
Je faisais célébrer sa fête avec toute la solennité dont j’étais capable (…).
Je voudrais porter tout le monde à la dévotion envers ce glorieux Saint tant j’ai d’expérience de son crédit auprès de Dieu. Je n’ai jamais vu personne lui être vraiment dévoué et l’honorer d’un culte spécial sans avancer dans la vertu, car il favorise singulièrement les progrès spirituels des âmes qui se recommandent à lui. Depuis plusieurs années, ce me semble, je lui demande une grâce le jour de sa fête, et je l’ai toujours obtenue. Lorsque ma supplique est quelque peu de travers, il la redresse pour le plus grand bien de mon âme (…).
Je demande, pour l’amour de Dieu, à celui qui ne me croirait pas d’en faire l’épreuve. Il verrait, par sa propre expérience, combien il est avantageux de se recommander à ce glorieux patriarche et d’avoir pour lui une dévotion spéciale. »

Avila - carmel Saint Joseph - statue de Saint Joseph sur la façade de l'église

Avila, carmel Saint Joseph : statue de Saint Joseph sur la façade principale de l’église conventuelle.

« Les âmes d’oraison, en particulier, lui doivent un culte tout filial. Je ne sais d’ailleurs comment on pourrait penser à la Reine des Anges et à toutes les souffrances qu’elle a endurées en compagnie de l’Enfant Jésus, sans remercier Saint Joseph de les avoir si bien aidés alors, l’un et l’autre.
Que celui qui n’a pas de maître pour lui enseigner l’oraison prenne ce glorieux Saint pour guide, et il ne risquera pas de s’égarer (…).
Il m’a bien montré ce qu’il est, puisque, grâce à lui, j’ai pu enfin me lever, marcher et être délivrée de ma paralysie. »

A propos des travaux de construction du premier monastère du Carmel réformé, à Avila : le carmel Saint Joseph :
« Un jour, me trouvant dans la nécessité, ne sachant que devenir, ni comment payer quelques ouvriers, Saint Joseph, mon véritable Père et soutien, m’apparut. Il me fit comprendre que l’argent ne me manquerait pas et que je devais passer le marché avec les ouvriers. Je lui obéis sans avoir le moindre denier, et le Seigneur pourvut à tout d’une manière qui parut digne d’admiration. »

Sainte Thérèse en bergère, tableau de Joaquin Gutiérrez - carmel de Bogota

Sainte Thérèse de Jésus en bergère
(tableau de Joaquin Gutiérrez, XVIIIe siècle – carmel de Bogota)

Et puis il y a cette fameuse histoire, que beaucoup d’entre vous connaissent déjà sans doute, mais elle en dit long sur la confiance de Sainte Thérèse de Jésus en Saint Joseph, au point que ce dernier se manifesta de manière éclatante.
L’anecdote eut lieu à l’occasion de l’un de ces voyages de la « Madre » pour la fondation d’un nouveau monastère.
Partie de Valladolid en direction de Veas, en Andalousie, celle que Marcelle Auclair a magnifiquement surnommée « la dame errante de Dieu », voyageait avec un essaim de carmélites, dans un lourd chariot bâché tiré par des mules.
Ce jour-là, d
ans les défilés de la Sierra Morena, les conducteurs s’égarèrent, s’engagèrent sur une mauvaise piste – de plus en plus étroite – et, bientôt le chariot se trouva en grand danger de verser dans le précipice : « Prions, mes filles ! dit Thérèse. Demandons à Dieu, par l’intercession de Saint Joseph,  de nous délivrer de ce péril ».

A l’instant même, on entendit, venant du ravin, une voix d’homme qui criait avec force aux muletiers : « Arrêtez ! Arrêtez ! Vous êtes perdus si vous avancez… »
Les conducteurs ne voyaient pas l’homme qui leur intimait cet ordre, mais ils interrogèrent : « Comment faire ? Il est impossible de faire demi-tour en raison de l’étroitesse du chemin… »
La voix reprit : « Reculez tout doucement. Vous ne craignez rien. A cent tours de roue en arrière vous retrouverez le bon chemin… »

On le retrouva en effet, dissimulé par un éboulement facilement déblayé.
Un valet des charretiers courut à la recherche de l’homme qui les avait sauvés, tandis que les autres scrutaient le ravin pour l’apercevoir : tous tenaient à le remercier… Mais on ne trouva personne.
A l’intérieur du chariot, radieuse, Mère Thérèse de Jésus déclarait à ses soeurs avec un grand sourire : 
« Vraiment,  je ne sais pourquoi nous laissons chercher ces bonnes gens, car c’est la voix de Saint Joseph que nous avons entendue, et ils ne le trouveront pas… »

Sainte Thérèse d'Avila priant Saint Joseph

Sainte Thérèse de Jésus priant Saint Joseph.

On trouvera aussi dans les pages de ce blogue
- une proposition de neuvaine pour préparer la fête de St Joseph > ici
- les salutations de Saint Jean Eudes à Saint Joseph > ici
- une prière à Saint Joseph de Bon Espoir > ici
- le cantique « Saint Joseph, ô pur modèle »  > ici
Plus plaisamment, vous pourrez aussi vous reporter aux deux petites B.D. consacrées à Saint Joseph :
« Saint Joseph et le placage » > ici

et « Ite ad Ioseph ! » > ici

Publié dans:De liturgia, Memento, Nos amis les Saints |on 18 mars, 2015 |2 Commentaires »
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