Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2020-11. De Saint Paul, premier ermite.

15 janvier,
Fête de Saint Paul, premier ermite.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       La Sainte Eglise nous donne de célébrer, à la date du 15 janvier, la fête de Saint Paul, premier ermite. Il est aussi appelé Saint Paul de Thèbes. Le martyrologe de l’Ordre des Ermites de Saint Augustin le mentionne avec un texte plus développé que le martyrologe romain : « La fête de Saint Paul, premier ermite, qui demeura seul dans le désert de la Thébaïde, depuis la seizième jusqu’à la cent-treizième année de son âge. Le 10 janvier, jour de sa naissance au ciel, Saint Antoine vit son âme emportée par les Anges au milieu des chœurs des Apôtres et des Prophètes »

   C’est un saint aujourd’hui peu ou mal connu.
L’une des raisons en est, à notre époque de rationalisme où l’on remet très souvent en doute tout ce qu’il y a de merveilleux en le mettant sur le compte d’affabulations, que la vie de Saint Paul nous est connue essentiellement par le récit qu’en a fait Saint Jérôme (cf. > ici et > ici) et que ce récit contient des choses extraordinaires qui semblent totalement impossibles aux mentalités prétendument modernes.
Pensez donc : un homme qui vit dans le désert jusqu’à l’âge de cent-dix-huit ans ! Auquel un corbeau apporte quotidiennement pendant soixante ans un demi pain pour sa nourriture ! Et lorsque Saint Antoine le vient visiter, celui-ci rencontre en chemin un centaure puis un faune !
Aux âges de foi, cela ne posait pas de problèmes à ceux qui sont sûrs, selon la parole de l’ange Gabriel à la Très Sainte Vierge Marie, que « rien n’est impossible à Dieu ».
Je me souviens moi-même, lorsque j’étais jeune religieux et que j’avais découvert le récit de Saint Jérôme, avoir été copieusement moqué par un supérieur – lequel passait pour un homme de tradition ! – parce que j’accordais ma créance à ce récit ! Je lui avais alors demandé s’il considérait que Saint Jérôme, docteur de l’Eglise, était un menteur…

   J’ai résolu de vous livrer ci-dessous ce texte de Saint Jérôme : j’en ai seulement omis l’introduction et la conclusion qui n’ont pas directement trait à la vie de Saint Paul.
En effet, Saint Jérôme commence par donner quelques anecdotes concernant les persécutions de Dèce (en 250) et de Valérien (en 257), qui déterminèrent le jeune Paul de Thèbes à partir dans le désert, et il termine par une exhortation au mépris des richesses et des mondanités.

   Vous noterez que les détails du texte de Saint Jérôme ont été particulièrement bien retenus et illustrés par les peintres de la période baroque, dont j’ai reproduit ci-dessous quelques unes de mes toiles préférées représentant le premier ermite de l’histoire de l’Eglise.
Si l’on ne connaît pas la vie de Saint Paul écrite par Saint Jérôme (et résumée par Jacques de Voragine dans sa « Légende dorée »), ces tableaux sont pratiquement incompréhensibles à celui qui les regarde aujourd’hui.

   Je souhaite qu’ils vous plaisent autant qu’à moi et qu’ils vous aideront à vénérer, aimer et développer quelque dévotion envers le grand et admirable Saint Paul ermite.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.   

Saint Paul ermite - José de Ribera

Saint Paul ermite, par José de Ribera (1591-1652)

       « (…) Paul, n’étant âgé que de quinze ans et n’ayant plus ni père ni mère mais seulement une sœur déjà mariée, se trouva maître d’une grande succession en la basse Thébaïde. Il était fort savant dans les lettres grecques et égyptiennes, de fort douce humeur et plein d’un grand amour de Dieu.

   La tempête de cette persécution éclatant de tous côtés, il se retira en une maison des champs assez éloignée et assez à l’écart.
Son beau-frère résolut de dénoncer celui qu’il était si obligé de cacher, sans que les larmes de sa femme, les devoirs d’une si étroite alliance ni la crainte de Dieu, qui du haut du ciel regarde toutes nos actions, fussent capables de le détourner d’un si grand crime ; et la cruauté qui le portait à cela se couvrait même d’un prétexte de religion.
Ce jeune garçon qui était très sage, ayant appris ce dessein et se résolvant à faire volontairement ce qu’il était obligé de faire par force, s’enfuit dans les déserts des montagnes pour y attendre que la persécution cessât. En s’y avançant peu à peu, et puis encore davantage, et continuant souvent à faire la même chose, enfin il trouva une montagne pierreuse au pied de laquelle était une grande caverne dont l’entrée était fermée avec une pierre, qu’il retira : regardant attentivement de tous côtés par cet instinct naturel qui porte l’homme à désirer de connaître les choses cachées, il aperçut au-dedans comme un grand vestibule qu’un vieux palmier avait formé de ses branches en les étendant et les entrelaçant les unes dans les autres, et qui n’avait rien que le ciel au-dessus de soi.
Il y avait là une fontaine très claire d’où il sortait un ruisseau, qui à peine commençait à couler qu’on le voyait se perdre dans un petit trou, et être englouti par la même terre qui le produisait. Il y avait aussi aux endroits de la montagne les plus difficiles à aborder diverses petites maisonnettes où l’on voyait encore des burins, des enclumes et des marteaux dont on s’était autrefois servi pour faire de la monnaie ; quelques mémoires égyptiens portent que ç’avait été une fabrique de fausse monnaie, durant le temps des amours d’Antoine et de Cléopâtre.

Saint Paul ermite - Carlo Dolci

Saint Paul ermite recevant son demi-pain quotidien d’un corbeau, par Carlo Dolci (1616-1686)

   Notre saint, concevant de l’attrait pour cette demeure qu’il considérait comme lui ayant été présentée de la main de Dieu, y passa toute sa vie en oraisons et en solitude. Le palmier dont j’ai parlé lui fournissait tout ce qui lui était nécessaire pour sa nourriture et son vêtement ; ce qui ne doit pas passer pour impossible, puisque je prends à témoin Jésus-Christ et Ses anges que, dans cette partie du désert qui en joignant la Syrie tient aux terres des Arabes, j’ai vu parmi des solitaires un frère qui, étant reclus il y avait trente ans, ne vivait que de pain d’orge et d’eau bourbeuse, et un autre qui, étant enfermé dans une vieille citerne, vivait de cinq figues par jour. Je ne doute pas néanmoins que cela ne semble incroyable aux personnes qui manquent de foi parce « qu’il n’y a que ceux qui croient, à qui telles choses soient possibles ».

   Mais pour retourner à ce que j’avais commencé de dire, il y avait déjà cent treize ans que le bienheureux Paul menait sur la terre une vie toute céleste. Antoine, âgé de quatre-vingt-dix ans (comme il l’assurait souvent), demeurant dans une autre solitude, il lui vint en pensée que nul autre que lui n’avait passé dans le désert la vie d’un parfait et véritable solitaire ; mais, alors qu’il dormait, il lui fut, la nuit, révélé en songe qu’il y en avait un autre, plus avant dans le désert, meilleur que lui, et qu’il se devait hâter d’aller voir.

   Dès la pointe du jour ce vénérable vieillard, soutenant son corps faible et exténué avec un bâton qui lui servait aussi à se conduire, commença à marcher sans savoir où il allait ; et déjà le soleil, arrivé à son midi, avait échauffé l’air de telle sorte qu’il paraissait tout enflammé, sans que néanmoins il se pût résoudre à différer son voyage, disant en lui-même : « Je me confie en mon Dieu, et ne doute point qu’il ne me fasse voir son serviteur ainsi qu’il me l’a promis ».
Comme il achevait ces paroles, il vit un homme qui avait en partie le corps d’un cheval et était comme ceux que les poètes nomment hippocentaures. Aussitôt qu’il l’eut aperçu il arma son front du signe salutaire de la croix et lui cria : « Holà! en quel lieu demeure ici le serviteur de Dieu ?» Alors ce monstre, marmottant je ne sais quoi de barbare et entrecoupant plutôt ses paroles qu’il ne les proférait distinctement, s’efforça de faire sortir une voix douce de ses lèvres toutes hérissées de poil, et, étendant sa main droite, lui montra le chemin tant désiré. Puis en fuyant il traversa avec une incroyable vitesse toute une grande campagne, et s’évanouit devant les yeux de celui qu’il avait rempli d’étonnement. Quant à savoir si le diable pour épouvanter le saint avait pris cette figure, ou si ces déserts si fertiles en monstres avaient produit celui-ci, je ne saurais en rien assurer.

Francesco Guarino - 1642 - Saint Antoine et le centaure

Saint Antoine et le centaure, par Francesco Guarino (1611-1654)

   Antoine, pensant tout étonné à ce qu’il venait de voir, ne laissa pas de continuer son chemin ; et à peine avait-il commencé à marcher qu’il aperçut dans un vallon pierreux un fort petit homme qui avait les narines crochues, des cornes au front et des pieds de chèvre. Ce nouveau spectacle ayant augmenté son admiration, il eut recours, comme un vaillant soldat de Jésus-Christ, aux armes de la foi et de l’espérance ; mais cet animal, pour gage de son affection, lui offrit des dattes pour le nourrir durant son voyage. Le saint s’arrêta et lui demanda qui il était. Il répondit : « Je suis mortel et l’un des habitants des déserts que les païens, qui se laissent emporter à tant de diverses erreurs, adorent sous le nom de faunes, de satyres et d’incubes. Je suis envoyé vers vous comme ambassadeur par ceux de mon espèce, et nous vous supplions tous de prier pour nous celui qui est également notre Dieu, lequel nous avons su être venu pour le salut du monde, et dont le nom et la réputation se sont répandus par toute la terre ».
A ces paroles ce sage vieillard et cet heureux pèlerin trempa son visage des larmes que l’excès de sa joie lui faisait répandre en abondance, et qui étaient des marques évidentes de ce qui se passait dans son cœur, car il se réjouissait de la gloire de Jésus-Christ et de la destruction de celle du diable, et admirait en même temps comment il avait pu entendre le langage de cet animal et être entendu de lui.
En cet état, frappant la terre de son bâton, il disait : « Malheur à toi, Alexandrie, qui adores des monstres en qualité de dieux ! malheur à toi, ville adultère qui es devenue la retraite des démons répandus en toutes les parties du monde. De quelle sorte t’excuseras-tu maintenant ? Les bêtes parlent des grandeurs de Jésus-Christ, et tu rends à des bêtes les honneurs et les hommages qui ne sont dus qu’à Dieu seul ! »
A peine avait-il achevé ces paroles que cet animal si léger s’enfuit avec autant de vitesse que s’il avait eu des ailes. S’il se trouve quelqu’un à qui cela semple si incroyable qu’il fasse difficulté d’y ajouter foi, il en pourra voir un exemple dont tout le monde a été témoin et qui est arrivé sous le règne de Constance, car un homme de cette sorte ayant été mené vivant à Alexandrie, fut vu avec admiration de tout le peuple ; et, étant mort, son corps, après avoir été salé, de crainte que la chaleur de l’été ne le corrompit, fut porté à Antioche pour le faire voir à l’empereur.

   Mais, pour revenir à mon discours, Antoine, continuant à marcher dans le chemin où il s’était engagé, ne considérai autre chose que la piste des bêtes sauvages et la vaste solitude de ce désert, sans savoir ce qu’il devait faire ni de quel côté il devait tourner.
Déjà le second jour était passé depuis qu’il était parti, et il en restait encore un troisième afin qu’il acquit par cette épreuve une entière confiance de ne pouvoir être abandonné de Jésus-Christ. Il employa toute cette seconde nuit en oraisons, et à peine le jour commençait à poindre qu’il aperçut de loin une louve qui, toute haletante de soif, se coulait le long du pied de la montagne. Il la suivit des yeux et, lorsqu’elle fut fort éloignée, s’étant approché de la caverne et voulant regarder dedans, sa curiosité lui fut inutile, à cause de son obscurité qui était si grande que ses yeux ne la pouvaient pénétrer. Mais, comme dit l’Écriture « le parfait amour bannissant la crainte »,  après s’être un peu arrêté et avoir repris haleine, ce saint et habile espion entra dans cet antre en s’avançant peu à peu et s’arrêtant souvent pour écouter s’il n’entendrait point de bruit.
Enfin, à travers l’horreur de ces épaisses ténèbres, il aperçut de la lumière assez loin de là. Alors, redoublant ses pas et marchant sur des cailloux, il fit du bruit.
Paul l’ayant entendu, il tira sur lui sa porte qui était ouverte, et la ferma au verrou.

Visite de Saint Antoine à Saint Paul - David II Teniers

Visite de Saint Antoine à Saint Paul, par David II Teniers dit le jeune (1610-1690)

   Antoine, se jetant contre terre sur le seuil de la porte, y demeura jusqu’à l’heure de sexte et davantage, le conjurant toujours de lui ouvrir et lui disant : « Vous savez qui je suis, d’où je viens, et le sujet qui m’amène. J’avoue que je ne suis pas digne de vous voir, mais je ne partirai néanmoins jamais d’ici jusqu’à ce que j’aie reçu ce bonheur. Est-il possible que, ne refusant pas aux bêtes l’entrée de votre caverne, vous la refusiez aux hommes ? Je vous ai cherché, je vous ai trouvé, et je frappe à votre porte afin qu’elle me soit ouverte : que si je ne puis obtenir cette grâce, je suis résolu de mourir en la demandant ; et j’espère qu’au moins vous aurez assez de charité pour m’ensevelir ».
« Personne ne supplie en menaçant et ne mêle des injures avec des larmes », lui répondit Paul. « Vous étonnez-vous donc si je ne veux pas vous recevoir, puisque vous dites n’être venu ici que pour mourir ?»

   Ainsi Paul en souriant lui ouvrit la porte.
Alors, s’étant embrassés à diverses fois, ils se saluèrent et se nommèrent tous deux par leurs propres noms. Ils rendirent ensemble grâces à Dieu, et après s’être donné le saint baiser, Paul s’étant assis auprès d’Antoine, li lui parla en cette sorte : 
« Voici celui que vous avez cherché avec tant de peine, et dont le corps flétri de vieillesse est couvert par des cheveux blancs tout pleins de crasse ; voici cet homme qui est sur le point d’être réduit en poussière ; mais, puisque la charité ne trouve rien de difficile, dites-moi, je vous supplie, comment va le monde : fait-on de nouveaux bâtiments dans les anciennes villes ? Qui est celui qui règne aujourd’hui ? et se trouve-t-il encore des hommes si aveuglés d’erreur que d’adorer les démons ? »

Panneau central de retable - Saint-Antoine l'abbaye

Le corbeau apportant un pain entier à Saint Paul et Saint Antoine
(panneau central d’un retable du XVIIe siècle – église abbatiale, à Saint-Antoine l’abbaye – voir > ici)

   Comme ils s’entretenaient de la sorte ils virent un corbeau qui, après s’être reposé sur une branche d’arbre, vint de là, en volant tout doucement, apporter à terre devant eux un pain tout entier. Aussitôt qu’il fut parti Paul commença à dire : « Voyez, je vous supplie, comme Dieu, véritablement tout bon et tout miséricordieux, nous a envoyé à dîner. Il y a déjà soixante ans que je reçois chaque jour de cette sorte une moitié de pain ; mais depuis que vous êtes arrivé, Jésus-Christ a doublé ma portion, pour faire voir par là le soin qu’Il daigne prendre de ceux qui, en qualité de Ses soldats, combattent pour Son service ».

   Ensuite, ayant tous deux rendu grâces à Dieu, ils s’assirent sur le bord d’une fontaine aussi claire que du cristal, et voulant se déférer l’un à l’autre l’honneur de rompre le pain, cette dispute dura quasi jusqu’à vêpres : Paul insistant sur ce que l’hospitalité et la coutume l’obligeaient à cette civilité, et Antoine la refusant à cause de l’avantage que l’âge de Paul lui donnait sur lui. Enfin ils résolurent que chacun de son côté, prenant le pain et le tirant à soi, en retiendrait la portion qui lui demeurerait entre les mains. Après, en se baissant sur la fontaine et mettant leur bouche sur l’eau, ils en burent chacun un peu, et puis, offrant à Dieu un sacrifice de louanges, ils passèrent toute la nuit en prières.

Visite de Saint Antoine à Saint Paul - Diego Velasquez

Visite de Saint Antoine à Saint Paul, par Diego Velasquez (1599-1660)

   Le jour étant venu, Paul parla ainsi à Antoine : « Il y a longtemps, mon frère, que je savais votre séjour en ce désert ; il y a longtemps que Dieu m’avait promis que vous emploieriez comme moi votre vie à Son service ; mais parce que l’heure de mon heureux sommeil est arrivé, et qu’ayant toujours désiré avec ardeur d’être délivré de ce corps mortel pour m’unir à Jésus-Christ, il ne me reste plus, après avoir achevé ma course, que de recevoir la couronne de justice, Notre-Seigneur vous a envoyé pour couvrir de terre ce pauvre corps, ou, pour mieux dire, pour rendre la terre à la terre ».
A ces paroles Antoine, fondant en pleurs et jetant mille soupirs, le conjurait de ne le point abandonner et de demander à Dieu qu’il lui tint compagnie en ce voyage ; à quoi il lui répondit : «Vous ne devez pas désirer ce qui vous est plus avantageux, mais ce qui est plus utile à votre prochain : il n’y a point de doute que ce ne vous fût un extrême bonheur d’être déchargé du fardeau ennuyeux de cette chair pour suivre l’agneau sans tache, mais il importe au bien de vos frères d’être encore instruits par votre exemple. Ainsi, si ce ne vous est point trop d’incommodité, je vous supplie d’aller quérir le manteau que l’évêque Athanase vous donna, et de me l’apporter pour m’ensevelir ».
Or si le bienheureux Paul lui faisait cette prière, ce n’est pas qu’il se souciât beaucoup que son corps fût plutôt enseveli que de demeurer nu, puisqu’il devait être réduit en pourriture, lui qui depuis tant d’années n’était revêtu que de feuilles de palmier entrelacées, mais afin que, Antoine étant éloigné de lui, il ressentit avec moins de violence l’extrême douleur qu’il recevrait de sa mort.

   Antoine fut rempli d’un merveilleux étonnement de ce qu’il lui venait de dire de saint Athanase et du manteau qu’il lui avait donné ; et, comme s’il eût vu Jésus-Christ dans Paul et adorant Dieu résidant dans son cœur, il n’osa plus lui rien répliquer ; mais, pleurant sans dire une seule parole, après lui avoir baisé les yeux et les mains il partit pour s’en retourner à son monastère, qui fut depuis occupé par les Arabes ; et, bien que son esprit fit faire à son corps affaibli de jeûnes et cassé de vieillesse une diligence beaucoup plus grande que son âge ne le pouvait permettre, il s’accusait néanmoins de marcher trop lentement. Enfin après avoir achevé ce long chemin, il arriva tout fatigué et tout hors d’haleine à son monastère.

   Deux de ses disciples qui le servaient depuis plusieurs années ayant couru au-devant de lui et lui disant : « Mon père, où avez-vous demeuré si longtemps ?» Il leur répondit : « Malheur à moi, misérable pécheur, qui porte si indignement le nom de solitaire ! J’ai vu Elie, j’ai vu Jean dans le désert, et, pour parler selon la vérité, j’ai vu Paul dans un paradis ».
Sans en dire davantage et en se frappant la poitrine il tira le manteau de sa cellule ; et ses disciples le suppliant de les informer plus particulièrement de ce que c’était, il leur répondit : « Il y a temps de parler et temps de se taire ».
Sortant ainsi de la maison sans prendre aucune nourriture, il s’en retourna par le même chemin qu’il était venu, ayant le cœur tout rempli de Paul, brûlant d’ardeur de le voir et l’ayant toujours devant les yeux et dans l’esprit, parce qu’il craignait, ainsi qu’il arriva, qu’il ne rendit son âme à Dieu durant son absence.

Saint Paul ermite - Mattia Preti

Saint Paul ermite, par Mattia Preti (1613-1699)

   Le lendemain au point du jour, lorsqu’il y avait déjà trois heures qu’il était en chemin, il vit au milieu des troupes des anges et entre les chœurs des prophètes et des apôtres Paul, tout éclatant d’une blancheur pure et lumineuse, monter dans le ciel.
Soudain, se jetant le visage contre terre, il se couvrit la tête de sable et s’écria en pleurant : « Paul, pourquoi m’abandonnez-vous ainsi ? pourquoi partez-vous sans me donner le loisir de vous dire adieu ? Vous ayant connu si tard, faut-il que vous me quittiez si tôt ? »

   Le bienheureux Antoine contait, depuis, qu’il acheva avec tant de vitesse ce qui lui restait de chemin qu’il semblait qu’il eût des ailes, et non sans sujet puisque, étant entré dans la caverne, il y vit le corps mort du saint qui avait les genoux en terre, la tête levée et les mains étendues vers le ciel.
Il crut d’abord qu’il était vivant et qu’il priait, et se mit de son côté en prières ; mais, ne l’entendant point soupirer ainsi qu’il avait coutume de le faire en priant, il s’alla jeter à son cou pour lui donner un triste baiser, et reconnut que, par une posture si dévote, le corps de ce saint homme, tout mort qu’il était, priait encore Dieu auquel toutes choses sont vivantes.

   Ayant roulé et tiré ce corps dehors, et chanté des hymnes et des psaumes selon la tradition de l’Eglise catholique, il était fort fâché de n’avoir rien pour fouiller la terre, et pensant et repensant à cela avec inquiétude d’esprit, il disait : « Si je retourne au monastère il me faut trois jours pour revenir, et si je demeure ici, je n’avancerai rien : il vaut donc beaucoup mieux que je meure et que, suivant votre vaillant soldat, ô Jésus-Christ, mon cher maître, je rende auprès de lui les derniers soupirs ».
Comme il parlait ainsi en lui-même, voici deux lions qui, sortant en courant du fond du désert, faisaient flotter leurs longs crins dessus le cou. Ils lui donnèrent d’abord de la frayeur, mais, élevant son esprit à Dieu, il demeura aussi tranquille que s’ils eussent été des colombes.
Ils vinrent droit au corps du bienheureux vieillard et, s’arrêtant là et le flattant avec leurs queues, ils se couchèrent à ses pieds, puis jetèrent de grands rugissements pour lui témoigner qu’ils le pleuraient en la manière qu’ils le pouvaient. Ils commencèrent ensuite à gratter la terre avec leurs ongles, en un lieu assez proche de là, et, jetant, à l’envi le sable de côté et d’autre, firent une fosse capable de recevoir le corps d’un homme.
Aussitôt après, comme s’ils eussent demandé récompense de leur travail, ils vinrent, en remuant les oreilles et la tête basse, vers Antoine, et lui léchaient les pieds et les mains. Il reconnut qu’ils lui demandaient sa bénédiction, et soudain, rendant des louanges infinies à Jésus-Christ de ce que même les animaux irraisonnables avaient quelque sentiment de la divinité, il dit : « Seigneur, sans la volonté duquel il ne tombe pas même une seule feuille des arbres ni le moindre oiseau ne perd la vie, donnez à ces lions ce que vous savez leur être nécessaire ». Après, leur faisant signe de la main, il leur commanda de s’en aller.

Velasquez - Détail - funérailles de Saint Paul

Vélasquez : Saint Antoine prépare la sépulture de Saint Paul tandis que deux lions creusent la tombe
(détail de l’arrière-plan de la visite de Saint Antoine à Saint Paul)

   Lorsqu’ils furent partis il courba ses épaules affaiblies par la vieillesse sous le fardeau de ce saint corps, et, l’ayant porté dans la fosse, jeta du sable dessus pour l’enterrer selon la coutume de l’Eglise.
Le jour suivant étant venu, ce pieux héritier, ne voulant, rien perdre de la succession de celui qui était mort sans faire de testament, prit pour soi la tunique qu’il avait tissue de ses propres mains avec des feuilles de palmier, en la même sorte qu’on fait des paniers d’osier, et retournant ainsi à son monastère, il conta particulièrement à ses disciples tout ce qui lui était arrivé.
Et aux jours solennels de Pâques et de la Pentecôte, il se revêtait toujours de la tunique du bienheureux Paul (…)».

 Saint Jérôme, in « Vie de Saint Paul ermite »

Saint Paul ermite - José de Ribera 1647

Saint Paul ermite, par José de Ribera (1591-1652)

2020-10. Samedi 18 janvier 2020 : Messe commémorative de la mort du Roi-Martyr.

annonce Messe de Requiem Louis XVI Montélimar 2020

Le Cercle Légitimiste du Dauphiné « Crillon le Brave » et le Cercle Légitimiste du Vivarais « abbé Claude Allier », vous encouragent à venir nombreux, ou à défaut à vous unir par la prière, à cette cérémonie qui constitue toujours un moment important en lequel s’exprime d’une manière suréminente notre devoir de fidélité filiale, en même temps qu’il est une protestation surnaturelle contre l’abomination révolutionnaire.

Chapelle Notre-Dame de la Rose
36 Avenue Saint-Martin
26200 Montélimar

Fleur de Lys

2020-4. La bénédiction de l’or, de l’encens et de la myrrhe & la bénédiction de la craie en la fête de l’Epiphanie.

       Le rituel traditionnel propose plusieurs bénédictions à l’occasion de la fête de l’Epiphanie : il y a d’abord une bénédiction solennelle de l’eau assignée au jour de la vigile de l’Epiphanie, il y a ensuite une très belle bénédiction des maisons pour le jour de l’Epiphanie, et il y a enfin deux bénédictions très spécifiques d’objets : tout d’abord a) la bénédiction de l’or, de l’encens et de la myrrhe, en rapport évidemment avec les présents apportés par les Mages, et b) la bénédiction de la craie, avec laquelle on marque les linteaux des portes des initiales des Saints Rois Mages, encadrées par les chiffres de l’année de notre salut qui vient de commencer, ainsi que le Maître-Chat Lully l’avait expliqué > ici.

       Voici le texte et la traduction de ces deux dernières bénédictions.

Bénédictions de l'Epiphanie

Benedictio auri, thuris et myrrhae in Festo Epiphaniae
Bénédiction de l’or, de l’encens et de la myrrhe en la fête de l’Epiphanie

V/. Adjutorium nostrum in nomine Domini.
Notre secours est dans le nom du Seigneur

R/. Qui fecit caelum et terram.
Qui a fait le ciel et la terre.

V/. Dominus vobiscum.
Le Seigneur soit avec vous.

R/. Et cum spiritu tuo.
Et avec votre esprit.

Oremus :

   Suscipe, sancte Pater, a me indigno famulo tuo haec munera, qua in honorem nominis tui sancti, et in titulum omnipotentiae tuae majestatis, humiliter tibi offero : sicut suscepisti sacrificium Abel justi, et sicut eadem munera a tribus Magis tibi quondam offerentibus suscepisti.

Recevez, Père Saint, par moi qui suis votre indigne serviteur ces présents que je vous offre humblement en l’honneur de votre saint Nom et en l’honneur de votre toute puissante Majesté : de même que Vous avez reçu le sacrifice d’Abel le juste, et de même que Vous avez reçu ces mêmes présents des trois Mages qui Vous les offrirent.

   Exorcizo te, creatura auri, thuris et myrrhae, per Pa + trem omnipotentem, per Jesum + Christum Filium ejus unigenitum, et per Spiritum + Sanctum Paraclitum : ut a te discedat omnis fraus, dolus et nequitia diaboli, et sis remedium salutare humano generi contra insidias inimici : et quicumque, divino freti auxilio, te in suis loculis, domibus aut circa se habuerint, per virtutem et merita Domini et Salvatoris nostri, ac intercessionem ejus sanctissimae Genitricis et Virginis Mariae, ac eorum, qui hodie similibus muneribus Christum Dominum venerati sunt, omniumque Sanctorum, ab omnibus periculis animae et corporis liberentur, et bonis omnibus perfrui mereantur.

   R/. Amen.

Je vous exorcise, créatures d’or, d’encens et de myrrhe, par le Père tout puissant, par Jésus-Christ son Fils unique, et par le Saint-Esprit Paraclet : afin que de vous s’éloignent toute tromperie, ruse et méchanceté du diable, et que vous soyez un remède salutaire au genre humain contre les embûches de l’ennemi : et pour que quiconque, se confiant dans le secours divin, vous aura dans sa cellule, sa demeure ou auprès de lui, par la puissance et les mérites de Notre-Seigneur et Sauveur, et par l’intercession de Sa Très Sainte Mère et Vierge Marie, et de tous ces Saints qui aujourd’hui ont honoré le Christ Seigneur par de semblables présents, soient délivrés de tous les périls de l’âme et du corps, et obtiennent de jouir de tous les biens.

R/. Ainsi soit-il.

Oremus :

   Deus invisibilis et interminabilis, pietatem tuam, per sanctum et tremendum Filii tui nomen, suppliciter deprecamur : ut in hanc creaturam auri, thuris, myrrhae bene + dictionem ac operationem tuae virtutis infundas : ut, qui ea penes se habuerint, ab omni aegritudinis et laesionis incursu tuti sint ; et omnes morbos corporis et animae effugiant, nullum dominetur eis periculum, et laeti, ac incolumes tibi in Ecclesia tua deserviant : Qui in Trinitate perfecta vivis et regnas Deus per omnia saecula saeculorum.

   R/. Amen.

O Dieu invisible et sans limites, par le Nom saint et redoutable de votre Fils, en suppliant nous invoquons votre bienveillance : afin que vous répandiez votre bénédiction et l’oeuvre de votre puissance sur ces créatures d’or, d’encens et de myrrhe : de sorte que ceux qui les posséderont soient préservés de toute maladie et de toute blessure ; et qu’ils échappent à toutes les affections mortelles du corps et de l’âme, qu’aucun péril ne l’emporte sur eux, et que, joyeux et sains et saufs, ils soient à votre Service dans l’Eglise : ô Vous qui, dans une Trinité parfaite, vivez et régnez, Dieu, pour les siècles des siècles.

R/. Ainsi soit-il.

Et benedictio Dei omnipotentis, Pa + tris, et Fi + lii, et Spiritus + Sancti, descendat super hanc creaturam auri, thuris et myrrhae, et maneat semper.

   R/. Amen.

Et que la bénédiction de Dieu tout puissant, le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit, descende sur ces créatures d’or, d’encens et de myrrhe, et y demeure à jamais.

R/. Ainsi soit-il.

Et aspergantur aqua benedicta.
Et ils sont aspergés d’eau bénite.

Or, encens et myrrhe bénits

Etoiles

Benedictio cretae in Festo Epiphaniae
Bénédiction de la craie en la fête de l’Epiphanie

V/. Adjutorium nostrum in nomine Domini.
Notre secours est dans le nom du Seigneur

R/. Qui fecit caelum et terram.
Qui a fait le ciel et la terre.

V/. Dominus vobiscum.
Le Seigneur soit avec vous.

R/. Et cum spiritu tuo.
Et avec votre esprit.

Oremus :

   Bene + dic, Domine Deus, creaturam istam cretae : ut sit salutaris humano generi ; et praesta per invocationem nominis tui sanctissimi, ut, quicumque ex ea sumpserint, vel in ea in domus suae portis scripserint nomina sanctorum tuorum Gasparis, Melchioris et Baltassar, per eorum intercessionem et merita, corporis sanitatem, et animae tutelam percipiant. Per Christum Dominum nostrum.

   R/. Amen.

Bénissez, ô Seigneur Dieu, cette créature de craie : pour qu’elle soit salutaire au genre humain ; et accordez par l’invocation de votre Nom très saint, que, tous ceux qui en emporteront ou qui avec elle écriront sur les portes de leur maison les noms de vos saints Gaspard, Melchior et Balthazar, par leur intercession et leurs mérites reçoivent la santé du corps et la protection de l’âme. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

R/.  Ainsi soit-il.

Et aspergatur aqua benedicta.
Et elle est aspergée d’eau bénite.

craie bénite

Etoiles

2020-3. Enseignements de Sainte Angèle de Foligno sur l’oraison.

4 janvier ;
Fête de Sainte Angèle de Foligno (cf. > ici, > ici, > ici et > ici) ;
Octave des Saints Innocents
.

       En cette fête de Sainte Angèle de Foligno, je vous invite à lire et approfondir le soixante-deuxième chapitre du livre contenant le récit de ses visions et les instructions que celle que la Sainte Eglise honore du titre de « Magistra theologorum – maîtresse des théologiens » délivra à ses fils spirituels. C’est un texte long, mais il eût été bien difficile de le découper parce que c’est un enseignement complet sur l’oraison, ses formes, son importance et les dispositions que nous y devons apporter. Chacun de nos lecteurs saura prendre le temps de le « ruminer », pour en assimiler toute la richesse et la substance, en le lisant à son rythme, et en y revenant avec patience et persévérance pour son plus grand profit.

Sainte Angèle de Foligno - châsseFoligno : châsse de Sainte Angèle

frise

L’oraison :

       La connaissance du Dieu éternel et de l’Homme-Dieu crucifié, qui est absolument nécessaire à la transformation spirituelle de l’homme, suppose la lecture assidue du livre de vie, du livre où sont écrites la vie et la mort de Jésus-Christ.
Or cette lecture, pour être intelligente, suppose une oraison dévouée, pure, humble, violente, profonde et assidue. Je ne parle pas seulement de la prière vocale, je parle de la prière mentale, celle qui part du cœur et de toutes les puissances de l’âme réunies. Après avoir parlé du livre de vie, parlons de l’oraison.

   L’oraison est la force qui attire Dieu, et le Sanctuaire où Il Se trouve.
Il y a trois sortes d’oraisons au fond desquelles on rencontre le Seigneur : l’oraison corporelle, l’oraison vocale, l’oraison surnaturelle.

   L’oraison corporelle suppose le concours de la voix et des membres ; on parle, on articule, on fait le signe de la croix ; les génuflexions ont leur place dans cette prière. Cette oraison, je ne l’abandonne jamais. J’ai voulu autrefois la sacrifier entièrement à l’oraison mentale. Mais quelquefois le sommeil et la paresse intervenaient, et je perdais l’esprit de prière. C’est pourquoi je ne néglige plus l’oraison corporelle : elle est la route qui mène aux autres. Mais il faut la faire avec recueillement. Si vous dites : Notre Père, considérez ce que vous dites. N’allez pas vous hâter pour répéter la prière un certain nombre de fois. Je vous prie seulement de ne pas imiter ces pauvres petites bonnes femmes qui croient avoir bien prié, quand elles ont prié longtemps. On dirait qu’elles ont un certain ouvrage à faire, qui sera payé suivant la longueur et la quantité.

   Il y a oraison mentale quand la pensée de Dieu possède tellement l’esprit que l’homme ne se souvient plus de rien en dehors de son Seigneur. Et si quelque pensée qui ne soit pas la pensée de Dieu entre dans l’esprit, ce n’est plus l’oraison mentale. Cette oraison coupe la langue, qui ne peut plus remuer. L’esprit est tellement plein de Dieu, qu’il n’y a pas place en lui pour la pensée des créatures.

   L’oraison mentale mène à l’oraison surnaturelle. Il y a oraison surnaturelle quand l’âme, ravie au-dessus d’elle-même par la pensée et la plénitude divine, est transportée plus haut que sa nature, entre dans la compréhension divine plus profondément que ne le comporte la nature des choses, et trouve la lumière dans cette compréhension, Mais les connaissances qu’elle puise aux sources, l’âme ne peut pas les expliquer, parce que tout ce qu’elle voit et sent est supérieur à sa nature.

   Dans ces trois genres d’oraison, l’âme obtient une certaine connaissance d’elle-même et de Dieu. Elle aime dans la mesure où elle connaît ; elle désire dans la mesure où elle aime ; et le signe de l’amour ce n’est pas une transformation partielle, c’est une transformation absolue.

   Mais cette transformation n’est pas continuelle. Aussi l’âme s’applique tout entière à chercher une transformation nouvelle, et à rentrer dans l’union divine.

   La Sagesse divine aime l’ordre en toutes choses, parce qu’elle porte en soi l’ordre absolu.
Cette Sagesse ineffable a donné l’oraison corporelle pour marchepied de l’oraison mentale, et l’oraison mentale pour marchepied de l’oraison surnaturelle. Elle a voulu que chaque chose fût faite à son heure, à moins que dans l’oraison mentale ou surnaturelle il ne survienne une joie envahissante qui ferme les lèvres absolument. Excepté, bien entendu, le cas d’une indisposition physique, il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, dans toute la mesure des forces humaines, et veiller autour du repos de l’âme pour qu’aucun souci temporel n’approche de sa paix divine.

   La loi de l’oraison c’est l’unité. Il exige la totalité de l’homme, et non une partie de lui. L’oraison demande le cœur tout entier ; et si on Lui donne une partie du cœur, on n’obtient rien de Lui, Le contraire arrive dans les actes de la vie humaine ; s’il s’agit de boire ou de manger, ou d’accomplir quoi que ce soit, il faut réserver son intérieur. Mais, dans l’oraison, il faut donner tout son cœur, si l’on veut goûter le fruit de cet arbre ; car la tentation vient d’une division du cœur.
Priez et priez assidûment. Plus vous prierez, plus vous serez illuminé ; plus profonde, plus évidente, plus sublime sera votre contemplation du souverain Bien. Plus profonde et sublime sera la contemplation, plus ardent sera l’amour ; plus ardent sera l’amour, plus délicieuse sera la joie, et plus immense la compréhension. Alors vous sentirez augmenter en vous la capacité intime de comprendre, ensuite vous arriverez à la plénitude de la lumière, et vous recevrez les connaissances dont votre nature n’était pas capable, les secrets au-dessus de vous.

   De cette glorieuse oraison nous trouvons la science, l’exemplaire et la forme en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui a enseigné par la parole et enseigné par le fait. Il nous a enseigné la prière, quand il a dit aux disciples : « Veillez et priez, de peur que vous n’entriez en tentation ».

   Dans mille endroits de l’Évangile, Il a recommandé l’oraison à tous nos respects. Il a montré qu’elle était l’aliment de Son cœur ; Elle nous est conseillée par Celui qui nous aime sans mensonge, et qui nous souhaite tout bien. Pour enlever toute excuse à qui refuse la grâce, ayant posé sur notre prière la promesse de la toute-puissance : «Demandez, et vous recevrez »; Il a voulu prier Lui-même pour nous attirer là où Il est, pour régler sur le Sien notre amour.

   L’Évangéliste nous dit qu’au fort d’une longue oraison, la sueur de sang sortit de Son corps et coula sur la terre. Placez ce spectacle devant vos yeux : regardez l’exemplaire de l’oraison, et souvenez-vous qu’Il priait, non pour Lui, mais pour vous : « Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi. Cependant que votre volonté soit faite, et non la mienne ». Voyez et imitez la soumission de cette prière.

   Il a prié quand Il a dit : « Père, je remets mon esprit entre vos mains ». En un mot, Son oraison dura autant que Sa vie, qui fut prière, science, et révélation.

   Pensez-vous que le Christ ait prié en vain ? Pourquoi négligez-vous la chose sans laquelle tout est impossible ? Puisque Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, a prié pour vous donner l’exemple, si vous voulez quelque chose de Lui, priez, priez, priez, sinon rien. Si le vrai Dieu n’a voulu recevoir qu’en demandant humblement, vous, misérable créature, recevrez-vous sans demander et sans demander à genoux ? Ainsi, priez.

   Vous savez, cher enfant, que sans lumière et sans grâce le salut n’est pas possible. La lumière divine est le principe, le milieu, et le centre de toute perfection.

   Voulez-vous commencer la route ? priez. Voulez-vous grandir ? priez. Voulez-vous la montagne ? priez. La perfection ? priez. Voulez-vous monter plus haut que la lumière ? priez. Voulez-vous la foi ? priez. L’espérance ? priez. La Charité ? priez. L’amour de la pauvreté ? priez. L’obéissance ? priez. La chasteté ? priez. Une vertu quelconque ? priez.
Vous prierez de cette façon, si vous lisez le livre de vie, la vie de Jésus-Christ, qui fut pauvreté, douleur, opprobre et obéissance. Après les premiers pas et ceux qui les suivront, les tribulations de la chair, du monde et du démon vous attaqueront. La persécution sera peut-être horrible. Voulez-vous la victoire ? priez.

   Quand l’âme veut prier, il lui faut conquérir la pureté pour elle et pour le corps. Il faut qu’elle approfondisse ses intentions, bonnes on mauvaises, qu’elle descende au fond de ses prières, de ses jeûnes et de ses larmes pour les scruter dans leurs secrets ; qu’elle interroge ses bonnes oeuvres ; qu’elle considère ses négligences dans le service de Dieu, ses irrévérences et ses absences. Qu’elle entre dans la contemplation profonde, attentive et humiliée de ses misères, qu’elle confesse son péché, qu’elle le reconnaisse ; qu’elle s’abîme dans le repentir. Dans cette confession, dans ce brisement, elle trouvera la pureté. O mes enfants, allez à la prière comme le publicain, et non pas comme le pharisien.

   Voulez-vous recevoir le Saint-Esprit ? priez. Les apôtres priaient quand il est descendu.

   Priez et gardez-vous, et ne donnez pas prise à l’ennemi, qui est toujours en observation. Vous ouvrez la place à l’ennemi, dès que vous cessez de prier. Plus vous serez tenté, plus il faut persévérer dans la prière. La tentation vient quelquefois à raison même de la prière, tant les démons désirent l’empêcher. Ne vous en souciez que pour redoubler ! C’est elle qui délivre, c’est elle qui illumine, c’est elle qui purifie, c’est elle qui unit à Dieu. L’oraison est la manifestation de Dieu et de l’homme. Cette manifestation est l’humilité parfaite, qui réside dans la connaissance de Dieu et de soi. L’humilité profonde est la source d’où sort la grâce divine pour se verser dans l’âme où elle veut entrer et grandir. Suivez cet enchaînement. Plus la grâce creuse l’abîme de l’humilité, plus elle grandit elle-même, s’élançant du fond de cet abîme, d’autant plus haute qu’il est plus profond : plus la grâce grandit, plus l’âme creuse l’abîme de l’humilité, et elle s’y couche comme dans un lit, et elle s’enfonce dans l’oraison, et la lumière divine grandit dans l’âme, et la grâce creuse l’abîme, et la hauteur et la profondeur s’enfantent l’une l’autre.

   Tels sont les fruits du livre de vie.

   Connaître le tout de Dieu et le rien de l’homme, telle est la perfection. Je viens de dire la route qui y mène. Repoussez donc, cher fils, toute paresse et négligence.

   J’ai encore un conseil à vous donner. Si la grâce de la ferveur sensible vous est soustraite, soyez aussi assidu à la prière et à l’action qu’aux jours des grandes ardeurs. Vos prières, vos soins, vos travaux, vos oeuvres sont très agréables au Seigneur, quand Son amour vous embrase. Mais le sacrifice le plus parfait et le plus agréable à Ses yeux, c’est de suivre la même route avec Sa grâce, quand cette grâce n’embrase plus. Si la grâce divine vous pousse à la prière et à l’acte, suivez-la, tant que vous avez le feu. Mais si par votre faute, car c’est ainsi que les soustractions d’amour arrivent le plus souvent, si, par votre faute, ou par quelque dessein plus grand de la miséricorde éternelle qui vous prépare à quelque chose de sublime, l’ardeur sensible vous est un moment retirée, insistez dans la prière, dans la surveillance, insistez dans la charité ; et si la tribulation, si la tentation surviennent avec leur force purificatrice, continuez, continuez, ne vous relâchez pas ; résistez, combattez, triomphez, à force d’importunité et de violence : Dieu vous rendra l’ardeur de Sa flamme ; faites votre affaire, Il fera la sienne. La prière violente qu’on arrache de ses entrailles en les déchirant, est très puissante auprès de Dieu. Persévérez dans la prière et si vous commencez à sentir Dieu plus pleinement que jamais, parce que votre bouche vient d’être préparée pour une saveur divine, faites le vide, faites le vide ; laissez-lui toute la place : car une grande lumière va vous être donnée pour vous voir et pour Le voir. 

   Ne vous livrez à personne avant d’avoir appris à vous séparer de tout le monde.

   Surveillez vos ardeurs, éprouvez l’esprit qui vous les donne. Prenez garde de vous abandonner à celui qui fait les ruines. Examinez d’où part le feu, où il vous mène, où il vous mènera. Comparez vos inspirations au livre de vie ; suivez-les tant qu’il les autorise, non pas plus loin.

   Défiez-vous des personnes à l’air dévot qui n’ont à la bouche que paroles mielleuses. Promptes à mettre en avant les communications divines dont elles sont favorisées, elles vous tendent un piège pour vous attirer à elles, et l’esprit de malice est là.

   Défiez-vous, oh ! défiez-vous des apparences de la sainteté ; défiez-vous, défiez-vous des étalages de bonnes oeuvres. Prenez garde qu’on ne vous entraîne dans la voie indigne des apparences. Regardez, regardez encore ; éprouvez toutes choses, comparez au livre de vie, et ne marchez que quand il le permet.

   Défiez-vous de ceux qui prétendent avoir l’esprit de liberté, mais dont la vie est la contradiction vivante du christianisme. Fondateur de la loi, Jésus-Christ s’est soumis à elle. Libre, il s’est fait serviteur : ses disciples ne doivent pas chercher la liberté dans la licence qui brise la loi divine.

   Cette illusion est fréquente. Soyez docile à la loi, aux préceptes, et ne méprisez pas les conseils. Il y a de grands chrétiens qui font un cercle autour d’eux, et un ordre sublime est inscrit dans ce cercle. Cet ordre vient du Saint-Esprit, qui les fait vivre, qui les conduit par la main. Il ne s’agit pas pour eux de savoir si cette chose est permise ou défendue. Il y a telle chose permise en elle-même dont le Saint-Esprit les écarte, parce qu’elle n’est pas comprise dans l’ordre immense inscrit dans le cercle.

Sainte Angèle de Foligno,
in « Visions et instructions », chap. LXII (traduction d’Ernest Hello).

Le Christ apparaissant à Sainte Angèle de Foligno

2020-2. « Notre résolution : la contre-révolution ! »

Vœux du Prieur de la Confrérie Royale
pour l’an de grâce 2020

Blason de la Confrérie Royale

Vendredi 3 janvier 2020 ;
Fête de Sainte Geneviève, vierge (cf. > ici et > ici) ;
Premier vendredi du mois.

Sainte Geneviève

Bien chers Membres et Amis de la Confrérie Royale,

Il me semble particulièrement opportun de venir à vous en cette fête de Sainte Geneviève, dont la vie, la prière et l’œuvre furent d’une importance capitale pour le passage de la Gaule romaine, livrée aux envahisseurs (dont la plupart étaient hérétiques), à la France catholique.
Au moyen de ces quelques mots, je tiens en premier lieu à vous présenter mes vœux de bonne et surtout sainte année 2020 ; sachant que, du point de vue de notre humble – et néanmoins si importante - Confrérie, il importe, avant toute autre chose, que ce soit par notre vie spirituelle, notre ferveur, notre générosité et notre zèle que cette année soit bonne et sainte ! 

Bien sûr, vous avez entendu dire que, au début de la nouvelle année, il faut prendre des « bonnes résolutions » (lesquelles, avouons-le, ne vont souvent pas beaucoup plus loin que la période des vœux !!!).
Je veux insister sur le fait qu’il n’est pas nécessaire d’en prendre beaucoup, mais qu’en définitive une seule est nécessaire : une seule qui, en étant renouvelée tous les matins au réveil, est capable de fédérer toutes les autres et de leur donner la cohérence et la force dont toutes les autres, dispersées, manquent bien souvent.                      

Une seule résolution : la contre-révolution !
Notre résolution : la contre-révolution !

Je l’ai dit, je le redis et je le redirai encore : la révolution a commencé dans le Ciel aux origines, par la révolte de Lucifer qui a entraîné après lui une multitude d’anges qui ont refusé à Dieu l’obéissance et le service qui Lui étaient dus ; elle s’est poursuivie par la désobéissance de nos premiers parents qui, à l’instigation de l’ange déchu, ont voulu « être comme des dieux » en se faisant eux-mêmes la norme du bien et du mal ; elle se perpétue tout au long de l’histoire de l’humanité par l’accumulation des refus d’obéissance à la Loi divine et des refus de coopération aux desseins divins ; elle s’incarne d’une manière toute particulière dans la révolution française qui substitue aux affirmations de la Sainte Ecriture qui fait de Dieu la source et le fondement de toute autorité terrestre - « Omnis potestas a Deo » (cf. Rom. XIII, 1) - le principe blasphématoire selon lequel « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément », avec sa conséquence logique : « La loi est l’expression de la volonté générale » (articles 3 et 6 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789).

La contre-révolution est d’abord spirituelle, et parce qu’elle est spirituelle elle défend les vérités de la Révélation (il n’y en a qu’une !), les vérités de la Sainte Ecriture et de la Tradition authentique de l’Eglise : voilà pourquoi la contre-révolution est nécessairement dogmatique.
Parce qu’elle est dogmatique, elle est logiquement liturgique puisque la liturgie est l’expression et la célébration de la Foi (« lex orandi, lex credendi »), et elle est tout aussi logiquement morale et donc sociale et politique. Tout se tient, tout est cohérent : à nous de nous montrer rigoureusement obéissants à cette cohérence.              

Je lis très souvent des messages, qui ne manquent certes ni d’enthousiasme ni de ferveur, souhaitant que notre Souverain légitime, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, prenne rapidement les rênes du pouvoir (il en est même qui voudraient qu’il se présente aux élections !!!) ou fasse un « coup d’état », voire aille très prochainement à Reims pour y recevoir le Sacre. 
A lire ou entendre ceux qui professent ainsi leur légitimisme, il semble que, dès que Louis XX sera sacré ou aux postes de commande, tout rentrera dans l’ordre en France, comme par un coup de baguette magique.

Mais Louis XX n’est pas un « deus ex machina » !
Qui peut raisonnablement penser que la restauration royale – à laquelle nous aspirons ardemment et à laquelle nous nous efforçons de travailler selon toutes nos possibilités et forces – puisse devenir une réalité sans une conversion générale des intelligences polluées, sans une conversion générale des mœurs – privées et publiques -, sans une conversion générale des cœurs ?
Qui peut raisonnablement penser que le Royaume de France, occupé par près de deux siècles de régimes impies, puisse être rétabli sans pénitence, sans les efforts longs et patients, sans les sacrifices généreux des sujets fidèles de Sa Majesté œuvrant chacun à leur place à gagner profondément à Dieu et au Roi les cœurs de ceux qu’il côtoie chaque jour ?
Qui peut raisonnablement imaginer que notre Roi pourrait se maintenir et changer les choses, seul, en se plaçant à la tête d’un pays où la majorité des habitants n’en a rien à fiche de Dieu et de Ses commandements, où la majorité des habitants n’adore pas le vrai Dieu comme il convient, où la majorité des habitants ne va pas à la Messe le dimanche (et où le clergé lui-même participe à l’apostasie générale), où la majorité des habitants accepte le divorce, la contraception, l’avortement, les unions illégitimes et contre-nature, le concubinage et toutes les formes du libertinage ?

Il ne faut pas voir les choses à l’envers ! La restauration du Roi Très Chrétien au Royaume des Lys sera la conséquence et non la cause du retour des peuples de France à la foi catholique et à l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ !
Or ce n’est pas au Roi à « faire le boulot » de la conversion de la France, mais à chacun d’entre nous (en commençant par notre propre amendement et notre propre conversion, laquelle est un travail qu’il faut recommencer et approfondir chaque jour).
C’est tout le sens de la phrase par laquelle Sa Majesté le Roi Henri V a résumé tout ceci : « Pour que la France soit sauvée, il faut que Dieu y rentre en Maître pour que je puisse régner en roi » !

Retenez d’ailleurs que cette année 2020 va marquer, entre autres, le bicentenaire de la naissance de Henri V, dit « comte de Chambord » (29 septembre 1820), le centenaire de la canonisation de Sainte Jeanne d’Arc (16 mai 1920), et le seizième centenaire de la naissance de Sainte Geneviève (420 – date supposée – à un jour inconnu).
Ce sont trois modèles de cohérence légitimiste absolue, trois modèles de parfaite cohérence dans la manière de recevoir les principes chrétiens et de les mettre en œuvre, trois modèles de cette cohérence que je vous souhaite, pleinement et en toute votre vie, à l’occasion de ces vœux !       

Très bonne et très cohérente année légitimiste !

 Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.
Armoiries Frère Maximilien Marie

 Et n’oubliez pas nos rendez-vous :

1) Quotidiens : avec les trois angélus suivis de l’oraison pour le Roi ;
2) Mensuels : le 25 de chaque mois ;
3) Annuels, avec cette année en particulier trois importants pèlerinages : les 16 & 17 mai à Domremy avec l’Ordre de Saint Remy ; du 21 au 23 mai au Puy pour le cinquième pèlerinage annuel de la Confrérie Royale ; et les 26 & 27 septembre à Sainte-Anne d’Auray avec l’UCLF.

La Croix et lys - le Puy 2019

2020-1. Vœux pour l’an de grâce 2020 !

Jeudi soir 2 janvier 2020 ;
Fête de Saint Fulgence de Ruspe, évêque et confesseur ;
Commémoraison de l’octave de Saint Etienne, protomartyr.

O Jésus
La joie de mon âme !

Canivet Enfant Jésus

O aimable Dieu Enfant !
Captivez-moi en m’attachant étroitement à vous
par les douces chaînes de votre saint amour.
                                                                     St Alphonse de Liguori

Guirlande de sapin - gif

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Des centaines de noms et de visages défilent dans ma mémoire et dans mon cœur en ce début d’année, en ces jours où l’on échange des vœux amicaux, en ces jours où je reçois des dizaines et des dizaines de messages – par textos ou par courriels, sur mon répondeur téléphonique ou sur « Whatsapp », et par bien d’autres moyens modernes de communication rapide tellement prisés aujourd’hui -, tous témoignant d’une amitié sincère et d’attentions pleines de délicatesse à travers les formules de souhaits propres à cette période, qu’elles restent classiques ou se montrent plus originales…

Soyez en très chaleureusement remerciés !

Ce soir, à travers les quelques lignes que je trace ici, je veux tout simplement vous dire, cette année encore, que bien davantage que des vœux conventionnels, en recevant vos marques de sympathie et de fidélité, ce sont des prières que je formule pour vous, pour chacune de vos personnes et pour toutes vos intentions particulières, pour vos soucis de santé ou de travail, pour vos familles et pour vos vies tout entières, dans toutes leurs composantes concrètes, et je les place dans le Cœur adorable de Jésus, qui, dans Sa Crèche, Se montre à nous sous les dehors tellement touchants et aimables de la petite enfance.

Je Le prie de vous bénir et de ne point vous ménager Ses grâces, aujourd’hui et tout au long des jours, semaines et mois de cette année 2020.

Cette année encore, je n’hésite pas à vous inviter à relire ce que j’écrivais au début de l’année 2015 dans ma « Métaphysique des Vœux » (en sept parties, en commençant > ici) ou dans ce que j’intitulais « Au-delà des vœux conventionnels » (cf. > ici) car à mes yeux ces textes conservent toute leur pertinence et leur actualité, et ils vous rediront combien, en vous souhaitant une « Bonne Année », je me veux situer en dehors de toute superficialité et routine…

Bonne, heureuse, fervente et surtout sainte année 2020 !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Et vous pouvez aussi relire ce que le Maître-Chat Lully vous écrivait en vous présentant ses vœux en 2016 > ici, et en 2018 > ici, en les illustrant avec de belles images anciennes.

couronne de Noël Meilleurs voeux

2019-101. La Crèche du Mesnil-Marie – Noël 2019.

Lundi 30 décembre 2019.

Crèche 2019 2

La Crèche du Mesnil-Marie – vue générale.

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Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

L’octave de la Nativité s’écoule dans la contemplation de l’inépuisable mystère de Noël dans toute sa profondeur de grâce.  Près de la Crèche, nous sommes invités à méditer sur les anéantissements sublimes du Verbe de Dieu fait chair et à nous répandre en ferventes actions de grâces à Dieu qui a « inventé » un tel moyen pour nous racheter : « qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit de cœlis«  !

A la fin novembre (cf. > ici), j’avais proposé à ceux qui le désiraient de nous aider à acquérir de nouveaux santons pour la Crèche de notre oratoire. Je veux avec chaleur remercier publiquement ceux qui nous ont généreusement adressé des dons pour cela ; les dons reçus n’ont pas seulement permis de commander les six santons que j’avais présentés, mais d’en ajouter 3 autres : une femme allant remplir ses cruches à la fontaine, ainsi qu’un éléphant et un dromadaire pour le cortège des saints rois mages.  Merci ! Merci !

En particulier pour nos amis qui sont très loin, à défaut de venir physiquement visiter notre Crèche et vous recueillir devant elle, je vous invite à en regarder quelques clichés.

Voici d’abord les soldats romains proclamant l’édit d’Auguste ordonnant le recensement (avec sur la droite la femme aux cruches acquise cette année grâce à vos dons) :

Crèche 2019 3

Et l’arrivée de la Très Sainte Vierge et de Saint Joseph à Bethléem :

Crèche 2019 4

Scènes de la vie villageoise :

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Animaux de nos Boutières :

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L’auberge… qui n’est rien moins que la représentation du Mesnil-Marie (avec son campanile sur le pignon et sa statue de la Mère de Dieu à l’entrée de la terrasse !!!) :

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L’apparition des anges aux bergers qui veillent la nuit :

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L’un de nos nouveaux bergers, en situation :

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Les bergers autour de la Crèche :

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La caravane des saints rois mages s’avançant vers la Crèche à travers le massif du Mézenc :

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Conformément à la prophétie d’Isaïe les chameaux (mais aussi dromadaires, chevaux et éléphants) sont nombreux dans la caravane des saints rois :

Crèche 2019 12

Vue dans l’intérieur de l’étable (en fond de laquelle on aperçoit le Mont Gerbier de Jonc) :

Crèche 2019 13

L’absence du Maître-Chat Lully s’est fait cruellement sentir lors de la préparation de la Crèche : Son Altesse félinissime en effet y prenait toujours une part active ! A défaut de sa présence physique, je maintiens sa représentation toujours tout proche de Notre-Dame et tourné vers le Saint Enfant Jésus…
Comme lui, en ces dernières heures de l’année civile, demeurons indéfectiblement tournés vers Notre-Seigneur qui, dans son humble berceau de fortune, nous ouvre les bras et nous invite à L’aimer toujours davantage :
« Pro nobis egenum et fœno cubantem, piis foveamus amplexibus ; sic nos amantem quis non redamaret ? Venite, adoremus Dominum !  » (*)

« A l’an que vèn » (cf. > ici), mes bien chers Amis ! « A l’an que vèn… » 

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

(*) Traduction : Embrassons pieusement ce Dieu devenu pauvre pour nous et gisant sur la paille : Celui qui nous aime ainsi qui ne L’aimerait pas en retour ? Venez, adorons le Seigneur ! (Hymne « Adeste fideles » - XVIIe siècle). 

Crèche 2019 1

Nota bene :
1) Pour lire l’article paru dans « L’Hebdo de l’Ardèche » fichier pdf Hebdo de l’Ardèche 26 décembre 2019
2) On peut visiter la Crèche du Mesnil-Marie tous les dimanches de janvier (sauf le 12 janvier) de 15 h à 18 h. Pour une visite en semaine, prendre rendez-vous.

2019-100. Le Noël de Frère Alexis.

Noël 2019.

       J’ai exhumé de mes archives où il était enseveli un tout petit conte de Noël rédigé à l’occasion des fêtes de la Nativité… 1987 (!!!) – un temps où j’exerçais quelques responsabilités pour la formation de jeunes religieux -, avec les illustrations au trait que j’avais réalisées à l’époque. Trente-deux ans plus tard, je me permets de vous les offrir comme humble présent à méditer devant la Crèche.

Cloches

Noël de Frère Alexis - titre

       Ding ! Ding ! Dong ! Ding !
Les cloches du monastère remplissaient la nuit de leurs notes de cristal et faisaient retentir à tous les échos l’annonce de la grande Nouvelle : « Cette nuit même, un Sauveur vous est né ! »

   Déjà les fidèles se pressaient dans la grande abbatiale illuminée par mille chandelles dont les chauds reflets faisaient danser dans tous les yeux les doux souvenirs de cette fête merveilleuse : … des Anges et des bergers chantant en chœurs alternés, … la majesté de Notre-Dame, en son grand manteau d’azur, penchée sur le bel Enfant blond qui sourit dans sa pauvre crèche, … et les grands yeux extasiés du saint âne et du saint bœuf !!!

    »Iesu, Redemptor omnium… »
Sous la voûte de pierre un chant magnifique s’éleva : « O Jésus, Rédempteur de l’univers, que le Père Suprême engendra égal à Sa propre gloire, avant l’origine de la lumière… »
La voix des moines portait vers l’Enfant-Dieu, sur la splendide mélodie venue du fond des siècles, le cœur de tout homme assoiffé du vrai salut, de la seule vraie joie, du seul Amour véritable.

   Bien calé dans sa grande stalle de chêne sculpté, mon petit Frère Alexis écoutait.
Un tout petit moinillon celui-là ! On ne faisait guère attention à lui, qui allait et venait à travers le potager du monastère, remuant arrosoirs et paniers presque plus gros que lui.
Il admirait la science et la sainteté des bons pères, mais sa cervelle à lui – pauvre petit moinillon de rien du tout – était bien rétive aux subtilités du latin et de la théologie ! Comme il était bon garçon, généreux et bien pieux, et qu’il avait un grand cœur, on l’avait cependant admis dans la grande abbaye où l’on forge les saints…

Noël de Frère Alexis 1

   Et c’est ainsi qu’en cette belle nuit de Noël mon petit Frère Alexis écoutait le chant savant de ses grands frères moines ; et son cœur de moinillon était lui aussi tout tendu vers ce bel Enfant de la Crèche : Oh ! Comme il voulait L’aimer, comme il aurait voulu, lui aussi, Lui dire de grandes et belles choses… en latin, et – pourquoi pas ? – en grec aussi !!!
Une ombre de tristesse passa sur son âme : Jésus accepterait-Il ses pauvres mots sans art après avoir reçu tant de belles louanges sorties de la bouche des bons pères ?

   A la fin du grand office nocturne, l’église se vida : les moines regagnèrent leurs cellules, en silence le long des grands cloîtres, tandis qu’en dehors s’estompaient les exclamations joyeuses des fidèles.
Mais Frère Alexis s’attarda près de la grande Crèche…

   Ah oui ! J’en connais un qui fut bien étonné !…
Lorsque notre Frère Jérôme vint pour ouvrir l’église, il trouva – Ooooooh ! – dans la Crèche, entre l’âne et le bœuf, blotti près de Dame Marie et serrant sur son cœur le « Bambino » de cire, mon Frère Alexis qui dormait en souriant, tandis qu’autour de lui les angelots bouclés paraissaient gazouiller de bonheur !

   Près du pauvre bercelet, Frère Alexis avait entendu en son cœur cette réponse de paix et de joie :
« Ne sois pas triste, ce ne sont pas les grandes paroles savantes qui font le plus grand amour. Je te connais, Moi, tel que tu es, moinillon de Mon Cœur ! Et si, en cette nuit, Je viens à toi comme un enfant pauvre et faible, c’est pour que, toi aussi, tu te donnes à Moi dans une confiance d’enfant limpide et fraîche… Oh ! La simplicité de tes élans d’amour Me ravit : Viens toujours plus près de Mon Cœur, c’est là que se trouvent ta Richesse, ta Science, ta Sagesse !… »

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Noël de Frère Alexis 2

Cloches

2019-98. Alors que nous allons entrer dans la Nuit Sainte…

Mardi 24 décembre,
Vigile de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Alors que nous attendons avec une certaine impatience le moment où « le soir étend sur la terre son grand manteau de velours », alors que les heures qui viennent vont s’écouler empreinte d’une sobre gravité jusqu’à cette minuit où la Mère de Dieu toujours vierge (vierge avant, pendant et après l’enfantement) va mettre au monde le Fils de Dieu fait chair, alors que nous allons entrer dans la nuit sainte qui dévoilera une fois encore, par la foi, aux yeux de notre âme le mystère adorable de l’Incarnation du Verbe, et tandis que le monde s’abrutit de superficialités et de joies artificielles, laissez ces quelques lignes vous approcher pour vous présenter mes modestes mais très fervents vœux de bon et saint Noël.
Et que peut-on souhaiter à ses amis à Noël sinon Celui-là même qui est le Don supersubstantiel que Dieu fait aux hommes de bonne volonté dans le silence de la nuit ?

Église Notre-Dame Magny-en-Vexin Adoration des bergers attribuée à Louis de Boullogne dit le Jeune 1654-1733

Adoration des bergers attribuée à Louis de Boullogne II, dit le jeune (1654-1733)
Eglise Notre-Dame, Magny-en-Vexin

   Je vous souhaite Jésus !
Je souhaite que Jésus, notre divin Rédempteur, soit tout entier dans votre esprit, dans votre âme et dans votre corps : Jésus tout entier en vous tout entier, en tout votre être et en toute votre vie.
Qu’Il vive et règne totalement en vous, en toutes vos puissances et en toutes vos facultés, en toutes vos pensées et en tous vos sentiments, dans les petites et les grandes choses de vos vies, dans les événements les plus ordinaires et dans les circonstances extraordinaires.  

   Je vous souhaite Jésus !
Et je souhaite qu’à travers vous, Il rayonne et conquière les cœurs, les intelligences et les âmes de ceux qui vous approchent.

   Je vous souhaite Jésus !
Et je prie tout spécialement pour chacun de vous, que je déposerai en silence près de la pauvre mangeoire qui sert de berceau au Roi des rois : très spécialement ceux qui sont aux prises avec l’épreuve, avec la maladie, avec la souffrance – physique, morale ou spirituelle -, avec la solitude (et l’on peut être terriblement seul parfois au milieu de ceux que l’on appelle pourtant des proches…).

   Je vous souhaite le Tout Compatissant et Tout Puissant caché dans l’infirmité d’un tout nouveau-né, pour qu’Il vivifie votre foi, pour qu’Il comble votre espérance et qu’Il fasse surabonder votre charité !

   Je vous souhaite Celui qui, seul, peut remplir dès ici-bas votre cœur d’une consolation et d’une joie que le monde ne connaît pas, et que nul ne vous pourra ravir.

C’est cette joie et cette paix surnaturelles de Noël que je vous souhaite :
Bonne, belle, fervente et sainte fête de la Nativité de notre divin Sauveur !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Vous pourrez aussi, avec grand profit, lire la lettre aux membres et amis de la Confrérie Royale pour ce 25 décembre 2019 > ici

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