Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2016-34. Où le Maître-Chat publie le témoignage d’une amie qui se trouvait à Andria ce Vendredi-Saint 25 mars 2016, lors du miracle de la Sainte Epine.

       Andria est une cité épiscopale des Pouilles (sud de l’Italie), dont la cathédrale, depuis le XIVe siècle, conserve précieusement une épine détachée de la sainte couronne de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

   Cette épine fut offerte au chapitre cathédral en 1308 par la comtesse Béatrice, fille de Char­les II d’Anjou, roi de Naples et de Jérusalem (Charles II était fils de Charles I d’Anjou qui était lui-même frère du Roi Saint Louis de France qui avait acquis la sainte couronne d’épines en 1239 : Charles 1er d’Anjou avait porté la Sainte Couronne d’Epines avec le Roi son frère lors de la réception de celle-ci – cf. > ici).

   A l’état ordinaire, cette épine est desséchée ; on y aperçoit des taches roussâtres.
Or, quand le Vendredi Saint, coïncide avec le 25 mars - date traditionnellement reçue pour celle de la mort de Notre-Seigneur, et aussi anniversaire de l’Annonciation – , la sainte épine d’Andria présente des phénomènes scientifiquement inexplicables dûment constatés depuis des siècles : les taches sus-mentionnées deviennent rouge sang ; parfois une excroissance sanguinolente s’y manifeste, comme de petits bourgeons.

   Le miracle s’est reproduit en cette année 2016, le Vendredi Saint 25 mars.
Une de nos fidèles amies, qui vit en Italie, s’était rendue à Andria pour l’occasion. Nous lui avons demandé de nous faire le récit de ce dont elle a été témoin.

Sainte Epine d'Andria dans son état ordinaire

La Sainte Epine d’Andria dans son état ordinaire

J’étais à Andria, ce Vendredi Saint 25 mars 2016…

par Marie-Christine Ceruti-Cendrier (note 1)

       « Nous avions, avec un groupe d’amies catholiques, quand nous étions à Lusaka en Zambie, décidé de nous retrouver toutes à Andria.
En effet nous avions entendu parler d’un miracle qui se reproduit chaque fois que le jour de l’Annonciation tombe un Vendredi Saint : c’est à dire quand le début et la fin de la vie terrestre de Jésus, si on exclut les quarante jours après Sa Résurrection, se retrouvent « résumés » dans un seul jour.
Il s’agit d’une épine qui se trouve dans cette ville d’Italie du sud parce qu’une petite nièce de Saint Louis avait épousé un seigneur de cette ville, et nous savons bien que la famille de Saint Louis, si ce n’est lui, a offert toutes les épines qui restaient attachées à cette couronne, si bien qu’on en retrouve (et sans doute même des fausses !) un peu partout.

   Trois de ces épines reçoivent du Seigneur la grâce d’un miracle qui consiste à saigner, ou à changer de couleur, généralement vers le rouge, ou encore à faire éclore un ou plusieurs bourgeons.
Celle d’Andria est la plus fidèle, les autres sont moins régulières à accomplir un miracle (note 2). C’est pourquoi nous avions choisi Andria.

   C’est une petite épine grande comme le petit doigt, qu’il n’est pas facile d’observer de près pour la plupart des très nombreux fidèles qui se pressent pour l’apercevoir, derrière une grille et un reliquaire de verre et de métal précieux.
Heureusement la ville installe ce jour-là deux écrans géants qui permettent de la voir beaucoup mieux, jour et nuit.
Notre petit groupe a eu la chance d’être chaperonné par Monseigneur Girasoli, nonce apostolique à Lusaka, quand nous y habitions : ce qui nous a valu l’honneur d’être invités, nos maris et nous, à nous approcher de cette extraordinaire relique et de nous faire expliquer - 
nous étions le matin – que le miracle semblait avoir débuté puisque l’épine commençait à changer de couleur.
Bouleversées nous étions toutes en pleurs. »

Deux clichés du 25 mars 2016 - début du miracle et après

Deux prises de vue extraites des films réalisés pendant le miracle à Andria
ce Vendredi Saint 25 mars 2016 :
à gauche, il est 16 h 10, les taches rougeâtres et le bourgeonnement apparaissent
à droite, il est 18 h 10, le miracle s’achève et l’épine reprend son aspect habituel

   « Le miracle à proprement parler n’a eu lieu qu’entre 16 h 10 et 17 h 10, et bien que nous soyons retournées plusieurs fois faire la queue à la basilique nous n’avons plus vu l’épine que de loin.
En revanche nous avons bien vu à la télévision – qui filmait en continu ce qui se passait à l’intérieur de l’église – les bourgeons qui étaient apparus.

   Ainsi donc, encore une fois, le Seigneur a voulu faire ce cadeau à ceux qui L’aiment – et ils sont nombreux dans les Pouilles où toute la population des villes participe aux processions de la Semaine Sainte.

   Ne le voient, ce miracle, que ceux qui le veulent bien, mais il les touche au cœur.
Il n’aura plus lieu avant 2157 ; c’est pourquoi sans doute Dieu a permis qu’il ait lieu cette année à la fois à Bari, à Bergame et à Andria.
Prions qu’Il fasse pour notre siècle et le prochain beaucoup de miracles pour nous garder et nous fortifier dans la foi. »

Note 1 : Marie-Christine Ceruti-Cendrier est l’auteur de « Les Evangiles sont des reportages n’en déplaise à certains » (ed. Téqui 1997, réédité en 2005) et de « Les vrais rationalistes sont les chrétiens » (ed. DMM 2012), ouvrage dont nous avions parlé > ici. Depuis l’automne 2015, elle est présidente de l’Association Jean Carmignac : c’est elle qui a traduit de l’italien le témoignage de Vittorio Messori sur l’abbé Carmignac que nous avons publié > ici.

Note 2 : Comme cela sera indiqué en fin de texte, les saintes épines conservées à Bergame et à Bari, ont elles aussi présenté des phénomènes miraculeux du même ordre le Vendredi Saint 25 mars de cette année 2016.

observation du miracle par les autorités religieuses et les scientifiques

Les autorités religieuses et des scientifiques observent le miracle

       Alors qu’en France le miracle de la Sainte Epine d’Andria a été fort peu signalé, on peut trouver, sur des sites italiens des comptes-rendus et de nombreuses photographies, en particulier > ici (17 photos).

2016-33. Discours de Sa Sainteté le Pape Pie XII à l’occasion de la canonisation de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

- 28 avril -

Anniversaire de la mort
de

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Chapelet

        A l’occasion de l’anniversaire de la mort de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, survenue le 28 avril 1716, date qui est devenue le jour de sa fête liturgique, nous pouvons relire et méditer le discours prononcé par Sa Sainteté le Pape Pie XII à l’adresse des pèlerins présents à Rome à l’occasion de la canonisation du grand missionnaire des provinces de l’Ouest de la France, qui avait été célébrée la veille, dimanche 20 juillet 1947 (note : en ce temps-là, le Souverain Pontife ne prêchait pas aux messes de canonisation, mais il s’adressait aux fidèles le lendemain lors d’une audience au cours de laquelle il mettait en lumière les exemples du nouveau saint).

Statue de Saint Louis-Marie basilique vaticane

Statue de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort
dans la basilique vaticane.

Chapelet

Discours de
Sa Sainteté le Pape Pie XII
à l’adresse des pèlerins présents à Rome

à l’occasion de la canonisation de
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

- 21 juillet 1947 -

   Soyez les bienvenus, chers fils et chères filles, accourus en grand nombre pour assister à la glorification de Louis-Marie Grignion de Montfort, l’humble prêtre breton du siècle de Louis XIV, dont la courte vie, étonnamment laborieuse et féconde, mais singulièrement tourmentée, incomprise des uns, exaltée par les autres, l’a posé devant le monde « en signe de contradiction », « in signum, cui contradicetur » (Luc II, 34). Réformant, sans y penser, l’appréciation des contemporains, la postérité l’a rendu populaire, mais, par dessus encore le verdict des hommes, l’autorité suprême de l’Église vient de lui décerner les honneurs des saints.

   Salut d’abord à vous, pèlerins de Bretagne et du littoral de l’Océan. Vous le revendiquez comme vôtre et il est vôtre en effet. Breton par sa naissance et par l’éducation de son adolescence, il est resté breton de cœur et de tempérament à Paris, dans le Poitou et en Vendée ; il le restera partout et jusqu’au bout, même dans ses cantiques de missionnaire, où par une pieuse industrie, — qui réussirait peut-être moins heureusement à une époque plus critique et volontiers gouailleuse, il adaptait des paroles religieuses aux airs populaires de son pays. Breton, il l’est par sa piété, sa vie très intérieure, sa sensibilité très vive, qu’une délicate réserve, non exempte de quelques scrupules de conscience, faisait prendre par des jeunes gens primesautiers, et par quelques-uns même de ses Supérieurs, pour gaucherie et singularité. Breton, il l’est par sa droiture inflexible, sa rude franchise, que certains esprits, plus complaisants, plus assouplis, trouvaient exagérée et taxaient avec humeur d’absolutisme et d’intransigeance.

   C’est en l’épiant malicieusement à son insu, en le voyant et en l’entendant traiter avec les petits et les pauvres, enseigner les humbles et les ignorants, que plus d’un découvrit avec surprise, sous l’écorce un peu rugueuse d’une nature qu’il mortifiait et qu’il forgeait héroïquement, les trésors d’une riche intelligence, d’une inépuisable charité, d’une bonté délicate et tendre.

   On a cru parfois pouvoir l’opposer à saint François de Sales, prouvant ainsi qu’on ne connaissait guère que superficiellement l’un et l’autre. Différents, certes, ils le sont, et voilà bien de quoi dissiper le préjugé qui porte à voir dans tous les saints autant d’exemplaires identiques d’un type de vertu, tous coulés dans un même moule ! Mais on semble ignorer complètement la lutte, par laquelle François de Sales avait adouci son caractère naturellement aigre, et l’exquise douceur avec laquelle Louis-Marie secourait et instruisait les humbles. D’ailleurs, l’amabilité enjouée de l’évêque de Genève ne l’a pas plus que l’austérité du missionnaire breton, mis à l’abri de la haine et des persécutions de la part des calvinistes et des jansénistes et, d’autre part, la rudesse fougueuse de l’un, aussi bien que la patience de l’autre au service de l’Église leur ont valu à tous les deux l’admiration et la dévotion des fidèles.

   La caractéristique propre de Louis-Marie, et par où il est authentique breton, c’est sa ténacité persévérante à poursuivre le saint idéal, l’unique idéal de toute sa vie : gagner les hommes pour les donner à Dieu. À la poursuite de cet idéal, il a fait concourir toutes les ressources qu’il tenait de la nature et de la grâce, si bien qu’il fut en vérité sur tous les terrains — et avec quel succès ! — l’apôtre par excellence du Poitou, de la Bretagne et de la Vendée ; on a pu même écrire naguère, sans exagération, que « la Vendée de 1793 était l’œuvre de ses mains ».

   Salut à vous, prêtres de tous les rangs et de tous les ministères de la hiérarchie ecclésiastique, qui portez tous sur le cœur ce souci, cette angoisse, cette « tribulation », dont parle saint Paul (2 Cor. I, 8) et qui est aujourd’hui, presque partout, le partage des prêtres dignes de leur beau nom de pasteurs d’âmes. Votre regard, comme celui de milliers de vos frères dans le sacerdoce, se lève avec fierté vers le nouveau saint et puise en son exemple confiance et entrain. Par la haute conscience qu’il avait de sa vocation sacerdotale et par son héroïque fidélité à y correspondre, il a fait voir au monde le vrai type — souvent si peu et si mal connu — du prêtre de Jésus Christ et ce qu’un tel prêtre est capable de réaliser pour la pure gloire de Dieu et pour le salut des âmes, pour le salut même de la société, dès lors qu’il y consacre sa vie tout entière, sans réserve, sans condition, sans ménagement, dans le plein esprit de l’Évangile. Regardez-le, ne vous laissez pas impressionner par des dehors peu flatteurs : il possède la seule beauté qui compte, la beauté d’une âme illuminée, embrasée par la charité ; il est pour vous un modèle éminent de vertu et de vie sacerdotale.

   Salut à vous, membres des familles religieuses, dont Louis-Marie Grignion de Montfort a été le Fondateur et le Père. Vous n’étiez, de son vivant et lors de sa mort prématurée, qu’un imperceptible grain de froment, mais caché dans son cœur comme au sein d’une terre fertile, mais gonflé du suc nourricier de sa surhumaine abnégation, de ses mérites surabondants, de son exubérante sainteté. Et voici que la semence a germé, grandi, qu’elle s’est développée et propagée au loin, sans que le vent de la révolution l’ait desséchée, sans que les persécutions violentes ou les tracasseries légales aient pu l’étouffer.

   Chers fils et chères filles, restez fidèles au précieux héritage que vous a légué ce grand saint ! Héritage magnifique, digne que vous continuiez, comme vous l’avez fait jusqu’à présent, à y dévouer, à y sacrifier sans compter vos forces et votre vie ! Montrez-vous les héritiers de son amour si tendre pour les humbles du plus petit peuple, de sa charité pour les pauvres, vous souvenant qu’il s’arrachait le pain de la bouche pour les nourrir, qu’il se dépouillait de ses vêtements pour couvrir leur nudité, les héritiers de sa sollicitude pour les enfants, privilégiés de son cœur, comme ils l’étaient du cœur de Jésus.

   La charité ! voilà le grand, disons le seul secret des résultats surprenants de la vie si courte, si multiple et si mouvementée de Louis-Marie Grignion de Montfort : la charité ! voilà pour vous aussi, soyez-en intimement persuadés, la force, la lumière, la bénédiction de votre existence et de toute votre activité.

   Salut enfin à vous aussi, pèlerins accourus de divers pays et apparemment bien différents entre vous, mais dont l’amour envers Marie fait l’unité, parce que, tous, vous voyez en celui que vous êtes venus honorer le guide qui vous amène à Marie et de Marie à Jésus. Tous les saints, assurément, ont été grands serviteurs de Marie et tous lui ont conduit les âmes ; il est incontestablement un de ceux qui ont travaillé le plus ardemment et le plus efficacement à la faire aimer et servir.

   La Croix de Jésus, la Mère de Jésus, les deux pôles de sa vie personnelle et de son apostolat. Et voilà comment cette vie, en sa brièveté, fut pleine, comment cet apostolat, exercé en Vendée, en Poitou, en Bretagne durant à peine une douzaine d’années, se perpétue depuis déjà plus de deux siècles et s’étend sur bien des régions. C’est que la Sagesse, cette Sagesse à la conduite de laquelle il s’était livré, a fait fructifier ses labeurs, a couronné ses travaux que la mort n’avait qu’apparemment interrompus : « complevit labores illius » (Sag. X, 10). L’œuvre est toute de Dieu, mais elle porte aussi sur elle l’empreinte de celui qui en fut le fidèle coopérateur. Ce n’est que justice de la discerner.

   Notre œil, presque ébloui par la splendeur de la lumière qui émane de la figure de notre Saint, a besoin, pour ainsi dire, d’en analyser le rayonnement. Il se pose d’abord sur les dons naturels, plus extérieurs, et il a la surprise de constater que la nature n’avait pas été vis-à-vis de lui aussi avare qu’il a pu sembler à première vue. Louis-Marie n’offrait pas, c’est vrai, le charme de traits agréables qui conquièrent soudain la sympathie, mais il jouissait — avantages en réalité bien plus appréciables — d’une vigueur corporelle qui lui permettait de supporter de grandes fatigues dans son ministère de missionnaire et de se livrer quand même à de rudes et très rudes pénitences. Sans s’amuser à éblouir son auditoire par les faciles artifices du bel esprit, par les fantasmagories d’une élégance recherchée et subtile, il savait mettre à la portée des plus simples le trésor d’une théologie solide et profonde — en quoi il excellait — et qu’il monnayait de manière à éclairer et convaincre les intelligences, à émouvoir les cœurs, à secouer les volontés avec une force de persuasion qui aboutissait aux courageuses et efficaces résolutions. Grâce à son tact, à la finesse de sa psychologie, il pouvait choisir et doser ce qui convenait à chacun, et s’il avait, par abnégation et pour être plus entièrement aux études et à la piété, renoncé aux beaux-arts, pour lesquels il avait beaucoup de goût et de remarquables dispositions, il avait gardé les richesses d’imagination et de sensibilité, dont son âme d’artiste savait user pour produire dans les esprits l’image du modèle divin. Toutes qualités humaines, sans doute, mais dont il s’aidait pour conduire les pécheurs au repentir, les justes à la sainteté, les errants à la vérité, conquérant à l’amour du Christ les cœurs desséchés par le souffle glacé et aride de l’égoïsme.

   Incomparablement plus que sa propre activité humaine, il mettait en jeu le concours divin qu’il attirait par sa vie de prière. Toujours en mouvement, toujours en contact avec les hommes, il était en même temps toujours recueilli, toujours livré à l’intimité divine, luttant, pour ainsi dire, contre la justice sévère de Dieu pour obtenir de sa miséricorde les grâces victorieuses de l’obstination des plus endurcis ; il semblait, comme le patriarche en lutte contre l’ange, répéter sans cesse la prière irrésistible : « Je ne vous laisserai point que vous ne m’ayez béni » (Gen. XXXII, 27).

   Il n’ignorait pas non plus que, sans la pénitence, l’abnégation, la mortification continuelle, la prière toute seule ne suffit pas à vaincre l’esprit du mal : « in oratione et ieiunio » (Marc IX, 29). Et notre missionnaire joignait aux fatigues des plus intrépides apôtres les saintes cruautés des plus austères ascètes. N’a-t-il pas observé presque à la lettre la consigne donnée par le Maître à ses envoyés : « N’emportez rien pour la voyage, ni bâton, ni pain, ni sac, ni argent, et n’ayez point deux tuniques » (Luc IX, 3) ? La seule soutane, usée et rapiécée, qu’il portait sur lui était si pauvre, que les mendiants qui le rencontraient se croyaient en devoir de l’assister de leurs aumônes.

   Crucifié lui même, il était en droit de prêcher avec autorité le Christ crucifié (cf. 1 Cor. I, 23). Partout, envers et contre tous, il érigeait des Calvaires et il les réédifiait avec une indéfectible patience, lorsque l’esprit du siècle, inimicus crucis Christi (cf. Phil. III, 18), les avait fait abattre. Il traçait moins un programme de vie qu’il ne peignait son propre portrait dans sa lettre « aux Amis de la Croix» : « Un homme choisi de Dieu entre dix mille qui vivent selon les sens et la seule raison, pour être un homme tout divin, élevé au-dessus de la raison et tout opposé aux sens, par une vie et lumière de pure foi et un amour ardent pour la Croix ».

   Le grand ressort de tout son ministère apostolique, son grand secret pour attirer les âmes et les donner à Jésus, c’est la dévotion à Marie. Sur elle il fonde toute son action : en elle est toute son assurance, et il ne pouvait trouver arme plus efficace à son époque. À l’austérité sans joie, à la sombre terreur, à l’orgueilleuse dépression du jansénisme, il oppose l’amour filial, confiant, ardent, expansif et effectif du dévot serviteur de Marie, envers celle qui est le refuge des pécheurs, la Mère de la divine Grâce, notre vie, notre douceur, notre espérance. Notre avocate aussi ; avocate qui placée entre Dieu et le pécheur est toute occupée à invoquer la clémence du juge pour fléchir sa justice, à toucher le cœur du coupable pour vaincre son obstination. Dans sa conviction et son expérience de ce rôle de Marie, le missionnaire déclarait avec sa pittoresque simplicité que « jamais pécheur ne lui a résisté, une fois qu’il lui a mis la main au collet avec son rosaire ».

   Encore faut-il qu’il s’agisse d’une dévotion sincère et loyale. Et l’auteur du « Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge » distingue en traits précis celle-ci d’une fausse dévotion plus ou moins superstitieuse, qui s’autoriserait de quelques pratiques extérieures ou de quelques sentiments superficiels pour vivre à sa guise et demeurer dans le péché comptant sur une grâce miraculeuse de la dernière heure.

   La vraie dévotion, celle de la tradition, celle de l’Église, celle, dirions-Nous, du bon sens chrétien et catholique, tend essentiellement vers l’union à Jésus, sous la conduite de Marie. Forme et pratique de cette dévotion peuvent varier suivant les temps, les lieux, les inclinations personnelles. Dans les limites de la doctrine saine et sûre, de l’orthodoxie et de la dignité du culte, l’Église laisse à ses enfants une juste marge de liberté. Elle a d’ailleurs conscience que la vraie et parfaite dévotion envers la Sainte Vierge n’est point tellement liée à ces modalités qu’aucune d’elles puisse en revendiquer le monopole.

   Et voilà pourquoi, chers fils et chères filles, Nous souhaitons ardemment que, par dessus les manifestations variées de la piété envers la Mère de Dieu, Mère des hommes, vous puisiez tous, dans le trésor des écrits et des exemples de notre saint, ce qui a fait le fond de sa dévotion mariale : sa ferme conviction de la très puissante intercession de Marie, sa volonté résolue d’imiter autant que possible les vertus de la Vierge des vierges, l’ardeur véhémente de son amour pour elle et pour Jésus.

   Avec l’intime confiance que la Reine des cœurs vous obtiendra de l’Auteur de tout bien cette triple faveur, Nous vous donnons en gage, à vous, à tous ceux qui vous sont chers, à tous ceux qui se recommandent du patronage de saint Louis-Marie Grignion de Montfort et qui l’invoquent en union avec vous, Notre Bénédiction apostolique.

Pius pp. XII

Armoiries de Pie XII

Gisant de Saint Louis-Marie à Saint Laurent sur Sèvre

Gisant de cire de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Maison-mère des Filles de la Sagesse, à Saint-Laurent-sur-Sèvre

« Je mets ma confiance », cantique du Père de Montfort > ici
Prières et litanies à Saint Louis-Marie Grignion de Montfort > ici

Chapelet

2016-31. Des trésors versaillais dans la sacristie d’un village piémontais ?

Armes de France gif

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   Connaissez-vous Craveggia ?
Non ?
Moi non plus, je ne savais rien de ce village jusqu’à ce qu’un chat piémontais de mes amis me fasse parvenir un article du journal italien « La Stampa » (article disponible en italien dans sa version numérique > ici).
Cet article a retenu toute mon attention, et je l’ai porté à la connaissance de Frère Maximilien-Marie qui, s’il n’avait pas été assis et bien calé dans son fauteuil, serait probablement tombé à la renverse tant il en a été ému…

   De quoi s’agit-il donc ?
Commençons dans l’ordre.

   Craveggia est un village italien, dont la population est aujourd’hui inférieure à 800 habitants ; sis dans la vallée de Viggezzo, il appartient à la province de Verbano-Cusio-Ossola, dans le Piémont italien.
Craveggia est un village très pittoresque avec ses toitures traditionnelles en gneiss. 
Son église principale, dédiée aux Saints Jacques et Christophe (chiesa dei Santi Giacomo e Cristoforo), est un bel édifice du XVIIIe siècle : elle a été consacrée en 1770 et renferme de nombreuses oeuvres d’art.

Craveggia dans  la vallée de Viggezzo

Dans la vallée de Viggezzo, le village de Craveggia avec ses toitures traditionnelles en gneiss,
dominées par le clocher de l’église des Saints Jacques et Christophe.

   Mais l’église des Saints Jacques et Christophe de Craveggia est aussi connue au-delà des Alpes pour son trésor.
Un trésor composé de nombreuses pièces liturgiques : vases sacrés, tableaux, reliquaires, parements d’autel, ornements sacerdotaux, statues… etc.
Or plusieurs pièces de ce trésor intéressent au plus haut point les Français, surtout s’ils sont passionnés d’histoire, encore plus s’ils ont gardé l’amour de leur monarchie sacrée, et davantage encore s’ils entretiennent et font vivre la pieuse mémoire de leurs souverains.

   C’est qu’en effet, la sacristie de Craveggia revendique de posséder plusieurs pièces et ornements liturgiques qui proviendraient – excusez du peu ! – de la chapelle royale de Versailles.
C’est cela qui a failli faire tomber à la renverse Frère Maximilien-Marie.

   L’arrivée de ces pièces exceptionnelles est liée à l’histoire des émigrés de cette vallée du Piémont.
La légende rapporte qu’un jeune ramoneur originaire de la vallée de Viggezzo, qui travaillait dans les cheminées du palais du Louvre en 1612, découvrit un complot visant le jeune Louis XIII ; sa loyauté permit d’éventer la conjuration et valut, en contrepartie, une protection particulière des Bourbons sur les émigrés de la province d’Ossola venus travailler à Paris, et des conditions privilégiées pour leurs activités commerciales (ramoneurs, négociants de bois, parfumeurs… etc.).
Certains, venus pauvres du Piémont, se firent en France, à Paris ou à Versailles, des situations honorables, voire s’enrichirent, et, quoique éloignés géographiquement de leur pays d’origine, lui restaient proches par le coeur et par l’attachement à l’église de leur village : l’église des Saints Jacques et Christophe doit une bonne partie de sa splendeur à la pieuse et généreuse reconnaissance des ressortissants de Craveggia établis au loin.

   La famille Mellerio – nom qui fut ensuite francisé en Meller – est originaire de Craveggia : venus en France comme colporteurs et marchands de rue en 1515, les Mellerio obtinrent de la Reine-régente Marie de Médicis, en 1613, le privilège d’exercer librement leurs activités de colporteurs sur toute l’étendue du Royaume de France sans être soumis aux statuts corporatifs.
Selon la tradition familiale, en 1777 le jeune Jean-Baptiste Mellerio avait placé son étal devant le château de Versailles, et l’attention de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette aurait été attirée par le petit coffre, en forme de marmotte, dans lequel l’adolescent présentait sa marchandise (petit coffre toujours précieusement gardé par les descendants) et lui aurait acheté quelques bijoux : « Le lien privilégié qui unit Mellerio à la plus charmante et la plus majestueuse des reines se tisse en 1777. Cette année-là, Jean-Baptiste Mellerio, petit orfèvre-joaillier italien de douze ans s’est installé avec quelques marchandises devant les grilles du château de Versailles. La Reine Marie-Antoinette, revenant de sa promenade, remarque ce singulier marchand et donne ordre à sa suite d’aller regarder ce qu’il propose. La table est arrangée avec soin et Jean-Baptiste fait valoir ses bijoux avec tant de persuasion que la dame d’honneur est séduite et acquiert quelques pièces. Rapidement, le jeune homme intéresse, se fait connaître, exécute avec promptitude et intelligence les petites commandes qu’on lui passe, et devient bientôt fournisseur de la Reine », affirment les archives familiales.
Les Mellerio feront fortune au XIXe siècle et deviendront les fournisseurs attitrés des cours successives. Joailliers des têtes couronnées, ils seront
 aussi les créateurs d’ornements prestigieux pour nos sanctuaires les plus illustres (couronnes des statues de l’archange Saint Michel, de Notre-Dame de Fourvière ou de Notre-Dame de Lourdes, orfévrerie sacrée pour la basilique de Montmartre…).

   Une autre famille originaire de Craveggia, la famille Gallanty, est celle qui, au moment de la sinistre révolution, prétend avoir pu acquérir – et donc sauver de la destruction – le drap funèbre du Roi Soleil : en velours noir, brodé d’or et d’argent, orné de six médaillons en tapisseries des Gobelins représentant des scènes de la Passion et de la Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Drap funèbre de Louis XIV dans la sacristie de Craveggia

Dans l’un des tiroirs de la sacristie de Craveggia, le drap funèbre de Louis XIV.

   D’après l’article de « La Stampa » les archives paroissiales, encore largement inexplorées, outre le certificat d’achat qui, lui, est bien connu et authentifié, conserveraient d’autres documents sur la manière dont les Gallanty se seraient portés acquéreurs de ce trésor et l’auraient fait parvenir à Craveggia.
Des historiens de l’art et des spécialistes des tissus confirmeraient l’authenticié de cette pièce exceptionnelle, tandis que d’autres – disons-le aussi – émettent des doutes sur cette histoire.

Détail du drap funèbre de Louis XIV

Détail du drap funèbre de Louis XIV : l’un des médaillons en tapisserie des Gobelins.

   Sans pouvoir tout détailler des pièces remarquables que renferme le trésor de Craveggia, et des objets précieux de la chapelle royale de Versailles sauvés de la profanation et de la destruction, il y en a toutefois une pour laquelle je veux faire une mention particulière.

   Il s’agit d’un ornement réalisé dans un somptueux tissu de soie blanche brodé de fleurs, dont la tradition locale nous affirme qu’il aurait été confectionné dans le vêtement de mariage de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette : originellement long d’une vingtaine de mètres, ce manteau à traîne aurait été sauvagement tailladé par les stupides révolutionnaires ; les morceaux, pieusement récupérés par les émigrés de Craveggia et offerts à leur paroisse d’origine, auraient donc été réutilisés pour réaliser cet ensemble liturgique…

Ornements liturgiques de la sacristie de Craveggia

Ornement liturgique réputé confectionné à partir du manteau de mariage de la Reine Marie-Antoinette.

   Je connais plus d’un prêtre qui serait heureux de célébrer la Sainte Messe avec de tels ornements, non seulement pour leur beauté, mais surtout pour leur valeur historique et leur qualité de quasi reliques !

   Pour moi – et je sais que c’est aussi le cas de mon papa-moine - j’ai été véritablement consolé d’apprendre que dans la sacristie d’un petit village d’une vallée reculée du Piémont, on conserverait avec soin et vénération des pièces inestimables réputées venir de Versailles, et que la silencieuse reconnaissance des familles de Craveggia libéralement accueillies par les Bourbons auraient préservées du grand naufrage révolutionnaire.

pattes de chatLully.

Armes de France gif

Triomphez ! Triomphez, ô Jésus !

Prière du Vénérable Pie XII
à
Jésus Ressuscité

(Prière extraite du discours prononcé en italien le Saint Jour de Pâques 25 mars 1951. Encore une fois, nous ne pouvons pas ne pas être frappés par l’actualité de cette prière du « Pasteur angélique »…)

Passignano le Christ ressuscité

Domenico Cresti, dit Le Passignano : la Résurrection – détail (Pinacothèque Vaticane)

       Afin que la joie pascale ne s’éteigne pas avec le déclin du jour, mais qu’elle se prolonge longtemps et qu’elle pénètre les coeurs plus fortement frappés par la tourmente qui bouleverse aujourd’hui le monde, que Votre bénédiction, ô Jésus, descende, pour apporter le renouveau et la paix sur ce peuple qui fait monter vers Vous, d’une voix unanime, un hymne de louange, de gratitude et d’imploration !

   Bénissez, ô divin Rédempteur, la hiérarchie sacrée, les ministres du sanctuaire et les aspirants au sacerdoce, tous ceux qui renonçant au monde, se sont consacrés à Vous sous les formes les plus diverses de la vie religieuse.

   Bénissez les troupes hardies de l’apostolat des laïques et ravivez en eux, dans la mesure la plus complète, le courage de professer la foi chrétienne, l’ardeur du zèle, la fermeté virile de la fidélité !

   Bénissez les dirigeants des nations et inspirez-leur des desseins de justice et de paix, de fraternelle entente et d’aide réciproque, afin que libérés de toute soif de domination et de violence, les peuples puissent vivre et servir Dieu dans un travaill pacifique et une sereine tranquillité, et passer ainsi de la laborieuse journée terrestre à la béatitude de la céleste patrie !

   Bénissez les familles dans le sein protecteur desquelles croissent les générations qui formeront l’Eglise de demain ! Bénissez et soutenez les jeunes gens et les jeunes filles, dont la pureté, la valeur, la joie spirituelle sont une des plus ferventes sollicitudes de votre Epouse immaculée !

   Bénissez et réconfortez ceux que les plaisirs terrestres et les erreurs insidieuses ont atteints dans leurs sentiments et dans leurs pensées, dans leur conduite et dans leurs oeuvres, et, dans la confusion de la tiédeur, de l’indifférence, de l’éloignement de Dieu, aidez-les à retrouver la voie qui seule conduit à la Vérité et au salut !

   Répandez Votre bénédiction sur tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme !
Suscitez en nombre toujours plus grand des âmes généreuses, prêtes à accourir partout où se fait entendre un cri, une plainte, un soupir, prêtes à consacrer leur esprit, leurs bras et leurs biens au soin de tant d’enfants abandonnés dans les rues, au soutien de tant de vieillards privés de tout secours, de tant de miséreux qui ont peine à vivre entre la nécessité et la maladie, de tant de réfugiés errant à la recherche d’une nouvelle patrie, de tant d’opprimés victimes des injustices humaines !
Donnez le courage à tous ceux qui gémissent dans les hôpitaux, dans les prisons, dans les lieux d’exil et de souffrance, injustement peut-être !
Accroissez la fermeté de ceux qui pâtissent dans leur honneur, leur liberté et leur chair pour la défense de leur foi : exemples lumineux de fidélité à Vous, divin Triomphateur de l’enfer et de la mort !

   Triomphez !
Triomphez, ô Jésus !
Que Votre règne arrive et s’étende !
Que Votre empire resplendisse sur la terre, mieux connu, mieux aimé, plus puissant, comme est infinie la puissance de Votre Sang divin, répandu pour la rédemption du monde entier !

Ainsi soit-il.

Armoiries de Pie XII

2016-23. La Messe fait progresser le Royaume du Christ ici-bas.

Samedi in Albis.

       Dans le bulletin « Introibo » N° 171 (1er trimestre 2016) – bulletin de liaison et d’information de l’Association Sacerdotale Noël Pinot (cf. > ici) – ,  j’ai trouvé un texte intéressant que je tiens à reproduire ci-dessous.

   Il a été écrit par le Rd. Père Jean Galot sj.
Né en 1919 à Ougrée, près de Liège (Royaume de Belgique), Jean Galot est entré en 1941 dans la Compagnie de Jésus ; docteur en théologie, il a enseigné la dogmatique à l’université catholique de Louvain (1953-1972), puis à l’université pontificale grégorienne, à Rome, ainsi que dans divers instituts ou séminaires à travers le monde. Il fut également consulteur de la Congrégation romaine pour le clergé et collaborateur régulier de la revue jésuite « Civiltà cattolica ». Il a été rappelé à Dieu en 2008.
Le Père Galot ne fait pas du tout figure de « conservateur » et encore moins de « traditionnaliste » ; je n’eusse donc pas du tout imaginé que je le citerai un jour… Toutefois, au-delà du style et des expressions un peu particuliers qui lui sont propres, j’ai été enchanté de découvrir sous sa plume une telle mise en valeur de l’importance primordiale de la Sainte Messe : une telle insistance est même plutôt rare chez les « conciliaires » !

   A la fin de cet octave de Pâques, ne manquons donc pas l’occasion – à travers cette citation (dont j’ignore de quel ouvrage elle est extraite, « Introibo » ne le mentionnant pas) – de souligner avec insistance que la Sainte Messe est ce qu’il y a de plus grand, de plus important et de plus « efficace » pour le bien de l’humanité, puisque la Sainte Messe est l’actualisation du Saint Sacrifice du Calvaire et qu’il n’y a rien de plus grand, de plus important et de plus « efficace » pour le bien de l’humanité que le Sacrifice que Notre-Seigneur Jésus-Christ a offert de Lui-même sur la Croix.

Lully.

Sainte Eucharistie

R. van der Weyden retable des sept sacrements détail

Le Saint Sacrifice de la Croix et la Sainte Messe
détail du panneau central du rétable des sept sacrements (1445-1450)
oeuvre de Roger van der Weyden
(musée royal des beaux-arts, Anvers)

La Messe fait progresser le Royaume du Christ ici-bas.

       « La Messe fait avancer l’emprise du Sauveur sur la communauté humaine, y implante plus largement Sa Présence. Elle réalise une venue immédiate du Sauveur, Sa venue sur l’autel ; et cette venue est en même temps une pénétration plus grande du Christ dans l’humanité. Lorsque le Christ vient sur l’autel, en vertu du Sacrifice par lequel Il S’offre de nouveau au Père, Il vient avec une énergie victorieuse qui poursuit l’Oeuvre de Rédemption. Venir, ce n’est pas seulement pour Lui descendre sur l’autel, mais pénétrer dans le milieu humain, agir dans les âmes. Le Christ qui vient par la Consécration étend par cette venue Son empire sur le monde.

   La Messe fait donc progresser le Royaume du Christ ici-bas. Elle est même l’instrument le plus efficace de l’apostolat de l’Eglise. Elle précède toutes les activités apostoliques et est destinée à les animer. Elle les précède comme le Sacrifice du Calvaire précède l’instauration du Royaume. Tout le dynamisme apostolique de l’Eglise est le fruit du Sacrifice rédempteur, comme toute grâce d’ailleurs résulte de ce Sacrifice. En renouvelant le Sacrifice du Calvaire, la Messe fait de nouveau jaillir la source de l’apostolat. Elle détermine une venue invisible du Sauveur, offert pour les hommes, venue qui se traduira ensuite par l’expansion visible due aux activités apostoliques. C’est par le Sacrifice de la Messe que l’Eglise s’étend et marque sans cesse des progrès.

   Si la Messe effectue la conquête du monde par le Christ qui vient, on doit donc la considérer dans une perspective dynamique. La Messe est un grand levier de l’histoire, son plus grand levier, car elle développe la christianisation de l’humanité, et pousse ainsi l’histoire humaine vers le stade final où la communauté humaine entièrement christianisée n’attendra plus que la manifestation glorieuse du triomphe du Christ.

   Il y a des hommes qui apparaissent comme les artisans du progrès et de le l’expansion de l’humanité : grands explorateurs, grands conquérants, grands savants ou inventeurs, grands politiques, grands capitaines d’industrie. Ce sont eux qui semblent mener l’histoire humaine. L’aspect le plus fondamental de cette histoire, son aspect religieux, se signale également par la présence et l’action de grands apôtres, de grands pasteurs d’Eglise, de grands saints. Mais le progrès du christianisme, tout en se traduisant extérieurement par l’action de ces personnalités, s’acquiert d’abord dans l’ombre du sanctuaire, là où se célèbre la Messe. Les prêtres qui offrent le Sacrifice sont les artisans humbles mais efficaces de la venue du Christ, et les fidèles qui s’associent à l’offrande élargissent le champ de cette venue. C’est la Messe qui est, dans l’invisible, le plus grand moyen d’apostolat, l’acte le plus décisif d’une Eglise en continuelle expansion.

   Si elle fait avancer l’Eglise, elle n’accroît pas seulement l’étendue de son influence ; elle ne cesse de donner plus de consistance et de profondeur à la sainteté du Corps Mystique, à sa charité et à son unité. Dans la Messe se refait et s’affermit l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Par le Sacrifice de l’autel, l’Eglise se conquiert davantage elle-même de manière à conquérir plus totalement le monde. »

R.P. Jean Galot, sj. (1919-2008)

R. van der Weyden retable des sept sacrements détail - Copie

2016-21. Pâques félines et cartes anciennes.

Pâques !!!

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       « Une lumière éclatante brille pour nous aujourd’hui, parce que le bon Larron est entré dans le ciel sur les pas du Roi des rois. La foule des morts s’est levée, et la conscience des vivants a triomphé. Contemplez l’Eglise, voyez la multitude des élus, les légions des anges, l’armée des fidèles entourant le précieux autel du Seigneur. La foule est dans la joie, parce que le Seigneur des anges est ressuscité ! »  disait notre glorieux Père Saint Augustin dans l’un des  sermons qu’il prononça à l’occasion d’une fête de Pâques.

   Pour illustrer cette joie de Pâques et pour être auprès de vous les ambassadrices de mes voeux amicaux, j’ai choisi de vous adresser quelques cartes anciennes, choisies dans les collections de mon papa-moine.

   Vous ne serez nullement étonnés, je pense, que celles que j’ai sélectionnées, portent toutes des représentations de chats !!!

Blogue Pâques 2016 - 1

   En effet, pourquoi les chats ne participeraient-ils pas à la joie de Pâques ?
Ce ne sont pas seulement les hommes, mais c’est vraiment toute la création qui reçoit une grâce de renouveau et d’espérance en cette sainte solennité.

   Si la carte reproduite ci-dessus date des années 1950, celle qui est ci-dessous a 110 ans (le cachet de la poste indique qu’elle a voyagé en 1906) ; c’est une carte gaufrée : les chats et les bourgeons y sont en reliefs.

Blogue Pâques 2016 - 2

   Avec les cloches, les œufs constituent l’un des symboles les plus anciens de la fête de Pâques.

   Historiquement cela s’explique par le fait que la discipline ancienne du carême (voir > ici) prohibait toute nourriture d’origine animale pendant toute la durée de la sainte quarantaine : ni viande, ni poisson, ni laitages ou fromages, ni œufs…
Les œufs pondus pendant le carême étaient donc conservés dans la cendre – certains cuits et d’autres crus – pour être consommés au temps pascal.
Quand arrivait Pâques, les œufs mis en réserve étaient décorés – comme pour fêter leur retour dans l’alimentation – , et on les offrait aussi comme des présents symboles de cette joie pascale.

   La carte suivante remonte elle aussi aux premières années du XXe siècle.

Blogue Pâques 2016 - 3

   Ne prend-il pas bien au sérieux sa tache de veiller sur les enfants dans leur quête aux œufs, mon confrère chat ici représenté ?

   L’œuf est aussi devenu un symbole spirituel de la fête de Pâques parce qu’il est le signe naturel de la vie nouvelle : d’ailleurs n’est-il pas tout-à-fait révélateur que l’on parle d’éclosion de la vie ?

   Le Christ mort, enfermé dans le tombeau bien clos, est ressuscité : le poussin qui, de l’intérieur de l’œuf apparemment sans vie, casse la coquille et paraît bien vivant au grand jour devient donc l’un des symboles du Christ ressuscité.

Blogue Pâques 2016 - 4

   Les cartes ci-dessus et ci-dessous – des toutes premières années du XXe siècle elles aussi – montrent des chatons découvrant, amusés ou perplexes, cette éclosion de la vie nouvelle.

Blogue Pâques 2016 - 5

   Et la suivante, encore un « chromo » de la même époque, nous montre un poussin et un chaton unis par une tendre complicité sous l’oeil étonné de Madame chatte dont on admirera la coiffe tuyautée !

Blogue Pâques 2016 - 6

    »Voici le jour que le Seigneur a fait ; en lui, exultons et soyons en liesse : exultemus et laetemur in ea ! »
Tout à la joie de Pâques, qui ne s’exprime pas seulement par de savants neumes grégoriens, je vous invite même à guincher un p’tit coup avec nos amis les poussins, au son de l’accordéon dont joue mon congénère de la fin des années 50 ou du début des années 60 du précédent siècle : Alléluia ! Alléluia !

Patte de chat Lully.

Blogue Pâques 2016 - 7

Cloches

Publié dans:Chronique de Lully, De liturgia |on 28 mars, 2016 |8 Commentaires »

2016-19. De quelques réflexions pertinentes – mais qui paraîtront sans doute bien impertinentes à certains quand elles ne sont que de bon sens – au sujet de la récente réforme du rite du Mandatum dans la « forme ordinaire » du missel romain…

Mardi Saint 22 mars 2016,
329e anniversaire de la mort de Jean-Baptiste Lully (+ 22 mars 1687).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Le 21 janvier dernier (je n’en ai pas parlé à ce moment-là parce que, vous le savez bien, chaque 21 janvier, nous avons des choses bien plus importantes et graves qui nous occupent l’esprit), la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, à la suite d’une demande expresse et insistante du pape François qui, dans la pratique, avait déjà lui-même contrevenu aux règles jusqu’alors en vigueur, a publié un décret réformant le  rite du Mandatum – ou lavement des pieds – pratiqué dans la liturgie du Jeudi Saint.

Faut-il le préciser ? La Congrégation Romaine en charge de la liturgie, par ce décret, modifie les rubriques du seul missel romain dit « de Paul VI » entré en vigueur au premier dimanche de l’Avent 1969, appelé parfois « forme ordinaire du rite romain ».
Il ne s’applique en aucune manière à la « forme extraordinaire du rite romain », c’est-à-dire à la messe dite – selon un raccourci pratique mais relativement inexact - « de Saint Pie V », en réalité le missel de 1962 utilisé dans les églises, chapelles et communautés faisant usage de la liturgie latine traditionnelle.
Ouf !…

Puisque le Refuge Notre-Dame de Compassion est attaché de manière exclusive à la pratique du rite romain antiquior, nous ne sommes donc pas directement concernés par les innovations introduites par ce décret.
Il m’est néanmoins loisible d’avoir quelque opinion à ce sujet, et – depuis deux mois – je m’étais bien promis de vous faire part, en temps opportun, de certaines de mes réflexions (pas toutes : j’en garde encore quelques unes en mon for interne).

Mandatum -  Eglise de Brushford, Somerset

Le Mandatum, ou lavement des pieds
(vitrail de l’église de Brushford, dans le comté du Somerset – Angleterre)

Dans la tradition liturgique depuis les origines, le lavement des pieds (en latin : lotio pedum) – rite institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même le Jeudi Saint, après l’institution de la Sainte Eucharistie et du sacerdoce – , est reproduit par l’Eglise chaque année lors d’une cérémonie sacrée, communément appelée Mandatum.
Le nom de Mandatum, mot latin qui signifie « commandement », donné à cette action liturgique se rapporte aux paroles mêmes de Notre-Seigneur (cf. Jean XIII, 34) qui sont reprises par l’antienne chantée au commencement du rite : « Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres, de la même manière que Je vous ai aimés, dit le Seigneur… »

Dans son « Dictionnaire pratique de liturgie romaine », le Chanoine Robert Lesage écrit :
« De tous temps, les Prélats, les Princes, les Rois et les Saints ont imité l’exemple du Christ. En France, depuis Robert le Pieux, les rois lavèrent ainsi les pieds de douze pauvres, qu’ils servaient ensuite à table, accompagnés des Princes du sang et des grands Officiers de la couronne (note *).
La coutume se conserva longtemps dans les cours chrétiennes, même protestantes. En 1907, l’Empereur d’Autriche le fit encore à douze vieillards dont la somme totale des années était de mille ans. En 1909, l’antique cérémonie, qui est célébrée chaque année dans la cathédrale de Westminster, fut rehaussée par la présence de la Reine d’Angleterre et de l’Impératrice douairière de Russie.
A Rome, il y avait autrefois deux lotiones pedum : le matin, le Pape lavait les pieds à douze Sous-Diacres, le soir à treize pauvres. Le diacre Jean nous rapporte un épisode de la vie du Pape S. Grégoire, qui vit un jour un treizième jeune homme, que personne n’avait vu entrer, s’adjoindre aux douze pauvres. Il déclara être un Ange envoyé du ciel pour montrer à Grégoire combien son geste était considéré par le Christ comme fait à Lui-même. Le savant Benoît XIV (De Festis D.N.J.C., liv. I, c. VI, n. 57) et de nombreux liturgistes ont expliqué le nombre treize par ce récit merveilleux. Mais d’autres auteurs ont donné des explications différentes : le treizième pauvre représenterait le Christ Lui-même (Sarnelli) auquel l’Eglise lave les pieds comme l’avait fait Marie dans la maison du Pharisien, ou bien S. Paul (Orlendi), ou bien encore le propriétaire du cénacle (Frescobaldi) qui aurait été joint aux Apôtres le Jeudi Saint.
Tout cela pour justifier la coutume existant en de nombreux endroits, et à Rome même, de laver les pieds à treize personnes. Le missel romain ne dit rien du nombre de ceux qui sont convoqués, mais le Cérémonial des Evêques (liv. II, c. XXIV, nn. 2, 3, 4) mentionne à plusieurs reprises le nombre de treize, tout en laissant la liberté relative à la qualité de ces personnes : pauvres, Chanoines ou autres. Dans la plupart des lieux, d’ailleurs, on les nomme « Apôtres » (…) ».

Je précise que le Chanoine Robert Lesage publia l’ouvrage sus-cité en 1952, c’est-à-dire peu de temps avant les réformes de la liturgie de la Semaine Sainte opérées sous le pontificat du Pape Pie XII, réformes dont le maître d’oeuvre fut – horresco referens – le catastrophique Monseigneur Annibale Bugnini.
Depuis l’Antiquité et jusqu’en 1955, le Mandatum était un rite pratiqué en dehors de la Sainte Messe. La réforme bugniniesque l’a intégré à la Messe du Jeudi Saint, au mépris de toute tradition et de toute cohérence.
Je profite donc de ce rappel pour vous encourager vivement à vous plonger dans les très remarquables études critiques qu’a publiées notre ami Henri Adam de Villiers au sujet de cette regrettable réforme dite « de Pie XII », sur le blogue « Liturgia » (introduction générale > ici, et pour ce qui concerne le Jeudi Saint et le Mandatum > ici).

Mandatum -  Brushford, Somerset - détail 1

Ainsi que cela ressort des lignes citées ci-dessus rappelant brièvement quelques éléments historiques au sujet du Mandatum, depuis toujours les personnes qui ont été choisies pour participer à ce rite – qu’il s’agisse d’ecclésiastiques ou de laïcs – ont représenté de manière symbolique les Apôtres.

Comme, d’une part, les Apôtres étaient des personnes de sexe masculin, et comme aussi, d’autre part, la tradition liturgique continue a réservé aux seules personnes de sexe masculin de tenir un rôle dans une action liturgique, il n’a jamais été question que le Mandatum fut pratiqué avec des femmes, des jeunes filles ou des fillettes, depuis les origines de l’Eglise et jusqu’à nos jours.

Jusqu’à nos jours…
C’est-à-dire jusqu’à une époque où s’affirment sans vergogne l’ignorance crasse de la doctrine divinement révélée et des traditions liturgiques antiques les mieux assurées, la confusion des esprits, les remises en question systématiques des usages les plus vénérables, les revendications des furies féministes, les modes ecclésiastiques à la remorque des idéologies ambiantes, et que sais-je encore.

C’est bien peu de chose que de dire que le sens originel du rite du lavement des pieds se trouve aujourd’hui édulcoré et dévoyé - comme d’ailleurs beaucoup d’autres éléments de la liturgie, dans la « forme ordinaire du rite romain ».
De sa compréhension mystique, héritée des Apôtres eux-mêmes et transmise par l’authentique Tradition des Pères, on est passé à une interprétation très humaine de type philanthropique et sociologique – voire socialiste – qui n’a vraiment plus grand chose de surnaturel ! 

Ainsi, selon les nouvelles directives définies par le décret de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, ceux qui sont choisis pour recevoir le lavement des pieds doivent-ils désormais être « un groupe de fidèles qui représente la diversité et l’unité de chaque portion du peuple de Dieu » (sic).
On trouve également en filigrane, derrière ce genre d’affirmation, cette pitoyable autocélébration de l’assemblée, caractéristique de la liturgie postconciliaire, qu’avait naguère dénoncée un certain cardinal Ratzinger.

Cette énième réforme du missel réformé, imposée par le pape François, à travers les termes employés par le décret du Saint-Siège qui ouvre donc le rite du lavement des pieds à des personnes de sexe féminin, laisse entendre que ces dernières doivent être catholiques (c’est du moins le sens traditionnel des mots « fidèles » et « peuple de Dieu »).
Mais on notera que le même pape François est déjà allé lui-même bien au-delà, puisque il a lavé les pieds de personnes non-catholiques : des infidèles (c’est-à-dire étymologiquement des personnes qui n’ont pas la foi), en particulier des mahométans et mahométanes…

Mandatum -  Brushford, Somerset - détail 2

Cette manière de faire n’est pas nouvelle, puisque ce fut le cas déjà bien avant la fin du second concile du Vatican : les modernistes de tout poil n’ont jamais attendu que les réformes – ou pseudo réformes – soient mises en oeuvre par les autorités compétentes pour s’engager dans des innovations aventureuses… jusqu’au scandale.

Dans la « forme ordinaire du rite romain », les prêtres progressistes et leurs sinistres équipes liturgiques – dont les membres semblent spécialement choisis en fonction d’une ignorance proportionnelle à leur capacité de tout oser (et là je renvoie à un fameux dialogue de Michel Audiard à propos de ceux qui osent tout : « … c’est même à ça qu’on les reconnaît ! ») – ,  ont déjà largement « exercé leur créativité » pour mettre en oeuvre avec une application toute particulière ce qui était interdit. Ils n’ont donc pas attendu le décret du Saint-Siège publié en janvier dernier pour transformer le rite du lavement des pieds en énumération à la Prévert où les ratons-laveurs se retrouvent fort opportunément à leur place.
Le Père Bergoglio lui-même, jésuite, puis évêque et cardinal, était notoirement connu pour les « libertés » et « l’audace » de ses « célébrations eucharistiques ».
Il m’est arrivé de regarder la vidéo de l’une d’elles, qui avait lieu dans un stade pour une assemblée d’enfants : cela s’apparentait davantage à ces « shows » qu’organisent les prédicateurs évangélistes sud-américains qu’à la Sainte Messe catholique. Je précise que je n’ai pas pu aller jusqu’au bout de la dite vidéo, car c’était pour moi un spectacle insoutenablement douloureux qui m’a fait verser des larmes bien amères.

Qu’on me permette ici une question à l’adresse des inconditionnels de l’admission des femmes au lavement des pieds : avez-vous bien pensé, avant la cérémonie, à certains détails très pratico-pratiques ?
Je m’explique : dans nos contrées occidentales, lorsqu’un homme est choisi pour participer au Mandatum, il n’a habituellement qu’à retirer sa chaussure et sa chaussette et à remonter légèrement le bas de son pantalon. C’est relativement simple et sans conséquences.
Mais une femme – à moins de lui imposer de participer à la cérémonie habillée comme un homme, ce qui procède là encore d’un machisme d’autant plus insoutenable qu’il ne dit pas son nom et qu’il se cache insidieusement sous le prétexte de l’égalité des sexes – , si elle est vraiment féminine, qu’elle est en jupe et qu’elle porte un collant ou des bas (car il fait encore souvent frais sous nos latitudes au moment de la Semaine Sainte), devra-t-elle retrousser sa jupe pour retirer le-dit collant devant tout « le peuple de Dieu » rassemblé, avant de se faire laver le pied par le célébrant ? L’aura-t-on prévenue avant la cérémonie pour qu’elle prenne ses dispositions – car il ne conviendrait pas qu’elle soit prise au dépourvu, mais il faut qu’elle ait eu le temps de s’épiler les jambes et de se vernir les ongles – ? Ou bien faudra-t-il instituer, avant le début du rite, un déplacement liturgique de toutes les femmes désignées pour le lavement des pieds vers un recoin discret de l’église ou dans une sacristie, afin qu’elles y retirent, à l’abri des regards fraternels, les pièces de leur habillement qui ne permettraient pas d’atteindre directement leurs pieds droits ? Mais dans ce cas, ne faudrait-il pas les obliger de revenir déchaussées des deux pieds, car il serait plutôt cocasse de les voir arriver toutes ensemble claudiquant (surtout si le pied qui reste chaussé l’est d’un escarpin à talon aiguille) ?
Vous le savez, nous autres chats avons un sens pratique souvent beaucoup plus aiguisé que ces humains qui refont le monde, l’Eglise et la liturgie dans leurs bureaux de pseudo-intellectuels en étant coupés des réalités concrètes : si je me suis permis cette question et ses développements, c’est – bien évidemment – par pure charité…

Mandatum -  Brushford, Somerset - détail 3

Avec ces adaptations multiformes, dont on a l’impression qu’elles vont toujours dans le sens d’un mépris de la plus authentique tradition et d’une imitation des modes du monde, la liturgie issue du second concile du Vatican me fait l’effet d’un caillou roulant sur une pente : sa vitesse s’accélère au fur et à mesure qu’il descend vers l’abîme, entraînant avec lui tout ce qui n’est pas bien accroché et qui manque de racines.
De décadence en décadence, la « forme ordinaire » devient quasi profane, de plus en plus vulgaire, se délite dans son inconsistance même, et finira par disparaître.

Nous ne la regretterons pas.
Nous ne pleurerons pas sur elle.
Peut-être même faut-il souhaiter que sa disparition totale soit hâtée…

En attendant, ce prochain Jeudi Saint, que les modernichons s’éclatent autant qu’ils le peuvent en lavant tous les pieds de « la diversité » !

Je leur suggère d’ailleurs de ne pas se limiter à une unique parité hommes/femmes, qui ne rend plus du tout compte de l’entière diversité du « peuple de Dieu », mais qu’ils enrichissent avec encore plus de soin leurs sélections pour l’admission au lavement des pieds, s’ils ne veulent pas susciter de nouvelles ségrégations.
En effet, il ne conviendrait pas d’oublier les pieds des hermaphrodites et ceux des transexuels, ni d’ailleurs – pour lutter efficacement contre l’exclusion – les roues des fauteuils roulants des culs-de-jatte !
Qu’ils n’omettent pas non plus les pieds de ces « migrants » interstellaires que sont les petit
s-hommes-verts (et les petites-femmes-vertes, bien sûr) s’il y en a qui ont stationné leur soucoupe volante sur les platanes de la place de l’église…

Pour nous, je le redis, nous ne nous sentons absolument pas concernés par toutes ces innovations dont, selon une savoureuse expression argotique qu’utilise parfois mon papa-moine, nous nous tamponnons le coquillard… avec une patte d’aligator femelle.

pattes de chatLully

Note * : voir, dans ce même blogue, l’article que j’ai publié le 28 mars 2013 : « Le dernier Jeudi Saint de la monarchie très chrétienne » > ici.

2016-18. « Je puis bien dire avec vérité, ô Sainte Vierge, que votre âme fut transpercée de l’amour, de la douleur et des paroles de votre Fils… »

Vendredi de la Passion,
Fête de la Compassion de la Bienheureuse Vierge Marie.

Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire (en particulier ici), ce vendredi de la semaine de la Passion est le jour de la plus ancienne des fêtes des Douleurs – ou de la Compassion – de Notre-Dame, et c’est donc l’une des fêtes patronales du Refuge Notre-Dame de Compassion.
A cette occasion, voici un extrait du sermon de Saint François de Sales prononcé en l’église Saint-Jean-en-Grève, à Paris, pour la fête de l’Assomption de Notre-Dame de l’an 1602. Le saint évêque de Genève y  fait un long développement sur les douleurs de la Très Sainte Vierge dont voici quelques paragraphes.

Mater Dolorosa

Je puis bien dire avec vérité, ô Sainte Vierge, que votre âme fut transpercée de l’amour, de la douleur et des paroles de votre Fils…

« (…) Notre-Dame, Mère de Dieu, est morte de la mort de son Fils ; la raison fondamentale est parce que  Notre-Dame n’avait qu’une même vie avec son Fils, elle ne pouvait donc avoir qu’une même mort ; elle ne vivait que de la vie de son Fils, comment pouvait-elle mourir d’autre mort que de la Sienne ?
C’étaient à la vérité deux personnes, Notre-Seigneur et Notre-Dame, mais en un coeur, en une âme, en un esprit, en une vie ; car si le lien de charité liait et unissait tellement les chrétiens de la primitive Eglise que Saint Luc assure qu’ils n’avaient qu’un coeur et une âme, aux Actes deuxièmes, combien avons-nous plus de raison de dire et de croire que le Fils et la Mère, Notre-Seigneur et Notre-Dame, n’étaient qu’une âme et qu’une vie.
Oyez le grand apôtre Saint Paul, il sentait cette union et liaison de charité envers son Maître et lui, qu’il faisait profession de n’avoir point d’autre vie que celle du Sauveur : « Vivo ego, etc. Je vis, mais non jà moi, ains Jésus-Christ vit en moi ». O peuple ! cette union, ce mélange et liaison du coeur était grande, qui faisait dire telles paroles à Saint Paul ; mais non pas comparable avec celle qui était entre le coeur du Fils Jésus et celui de la Mère Marie ; car l’amour que Notre-Dame portait à son Fils surpassait celui que Saint Paul portait à son Maître, d’autant que les noms de mère et de fils sont plus excellents en matière d’affection, que les noms de maître et de serviteurs : c’est pourquoi si Saint Paul ne vivait que de la vie de Notre-Seigneur, Notre-Dame aussi ne vivait que de la même vie, mais plus parfaitement, mais plus excellement, mais plus entièrement que si elle vivait de sa vie ; aussi est-elle morte de Sa mort.

Et certes, le bon vieillard Siméon avait longtemps auparavant prédit cette sorte de mort à Notre-Dame quand tenant son enfant en ses bras il lui dit : « Tuam ipsius animam pertransibit gladius, Ton âme sera transpercée par le glaive, le glaive transpercera ton âme » ; car considérons ces paroles, il ne dit pas : Le glaive transpercera ton corps ; mais il dit : Ton âme. Quelle âme ? La tienne même, dit le prophète. L’âme donc de Notre-Dame devoit être transpercée, mais par quelle épée ? par quel couteau ? et le prophète ne le dit pas ; néanmoins puisqu’il s’agit de l’âme, et non pas du corps, de l’esprit, et non pas de la chair, il ne faut pas l’entendre d’un glaive matériel et corporel, ains d’un glaive spirituel et qui puisse atteindre l’âme et l’esprit.

Or je trouve trois glaives qui peuvent porter leurs coups en l’âme. Premièrement le glaive de la parole de Dieu, lequel, comme parle l’apôtre, est plus pénétrant qu’aucune épée à deux taillants. Secondement le glaive de douleur duquel l’Eglise entend les paroles de Siméon : « Tuam, dit-elle, ipsius animam doloris gladius pertransibit : cujus animam moerentem, contristatam et dolentem, pertransivit gladius ». Troisièmement le glaive d’amour, duquel Notre-Seigneur parle : « Non veni mittere pacem, sed gladium, Je ne suis pas venu mettre la paix mais le glaive », qui est le même que quand Il dit : « Ignem veni mittere, Je suis venu mettre le feu ». Et au Cantique des Cantiques, l’Epoux estime que l’amour soit une épée par laquelle il a été blessé, disant : « Tu as blessé mon coeur, ma soeur, mon épouse ».
De ces trois glaives fut transpercée l’âme de Notre-Dame en la mort de son Fils, et principalement du dernier qui comprend les deux autres.

Quand on donne quelque grand et puissant coup sur une chose, tout ce qui la touche de plus près en est participant et en reçoit le contre-coup : le corps de Notre-Dame n’était pas joint et ne touchait pas à celui de son Fils en la Passion ; mais quant à son âme, elle était inséparablement unie à l’âme, au coeur, au corps de son Fils, si que les coups que le béni corps du Sauveur reçu en la croix ne firent aucune blessure au corps de Notre-Dame, mais ils firent des grands contre-coups en son âme, dont il fut vérifié ce que Siméon avait prédit.

L’amour a accoutumé de faire recevoir les contre-coups des afflictions de ceux que l’on chérit : « Quis infirmatur, et ego non infirmor ? Qui est malade, que je ne le sois ? Qui reçoit un coup de douleur, que je n’en reçoive le contre-coup ? » dit le saint apôtre ; et néanmoins l’âme de Saint Paul ne touchait pas de si près au reste des fidèles, comme l’âme de Notre-Dame touchait et attouchait de fort près, et de si près que rien plus, à Notre-Seigneur, à Son âme et à Son corps, duquel elle était la source, la racine, la mère. Ce n’est donc pas merveille si je dis que les douleurs du Fils furent les épées qui transpercèrent l’âme de la Mère. Disons un peu plus clairement : une flèche dardée rudement contre une personne, ayant outre-percé son corps, percera encore celui qui se trouvera tout touchant et joint à lui. L’âme de Notre-Dame était jointe en parfaite union à la personne de son Fils, elle était collée sur elle (…) ; et partant les épines, les clous, la lance qui percèrent la tête, les mains, les pieds, le côté de Notre-Seigneur, passèrent encore et outre-percèrent l’âme de la Mère.

Or, je puis bien dire avec vérité, ô Sainte Vierge, que votre âme fut transpercée de l’amour, de la douleur et des paroles de votre Fils ; car quand à Son amour, ô comme il vous blessa, lorsque vous voyez mourir un Fils qui vous aimait tant, et que vous adoriez tant ? Quant à Sa douleur, comme elle vous toucha vivement, touchant si mortellement tout votre plaisir, votre joie, votre consolation ? Et quant à Ses paroles si douces et si aigres tout ensemble, hélas ! ce vous furent autant de vents et d’orages pour enflammer votre amour et vos douleurs, et pour agiter le navire de votre coeur presque brisé en la tempête d’une mer tant amère ! L’amour fut l’archer ; car sans lui la douleur n’eût pas eu assez de mouvement pour atteindre votre âme ; la douleur fut l’arc qui lançait les paroles intérieures et extérieures, comme autant de dards qui n’avaient d’autre but que votre coeur. Hélas ! Comme fut-il possible que des sagettes tant amoureuses fussent si douloureuses ? Ainsi les aiguillons emmiellés des abeilles font extrême douleur à ceux qui en sont piqués, et semble que la douceur du miel avive la douleur de la pointe. C’est la vérité, ô peuple ! plus les paroles de Notre-Seigneur furent douces, et plus furent-elles cuisantes à la Vierge Sa Mère, et le seraient à nous si nous aimions son Fils. Quelle plus douce parole que celle qu’Il dit à Sa Mère et à Saint Jean, paroles témoins assurés de la constance de Son amour, de Son soin, de Son affection à cette sainte Dame ; et néanmoins ce furent des paroles qui sans doute lui furent extrêmement douloureuses. (…) Ce fut donc alors que l’âme de Notre-Dame fut transpercée du glaive… »

Coeur douloureux et immaculé de Marie

Autres textes publiés dans ce blogue relatifs à la dévotion envers les Sept Douleurs et la Compassion de Notre-Dame :
–  « Ave, Maria » à la Vierge de Compassion ici
– Méditations de Monsieur Olier sur « Marie au Calvaire » à partir d’ ici
– Neuvaine à Notre-Dame des Douleurs ici
– Chapelet des Sept Douleurs ici
– Confiante supplication à Notre-Dame de Compassion ici
– Prières de St Alphonse pour honorer les Sept Douleurs de Notre-Dame ici
- Texte du Rd Père Lépicier sur le mystère des Douleurs de Marie > ici

2016-17. Où, à l’occasion du 280ème anniversaire de la mort de Jean-Baptiste Pergolèse, l’on évoque bien évidemment son célèbre « Stabat Mater ».

1736 – 17 mars – 2016

Jean-Baptiste Pergolèse

Jean-Baptiste Draghi, dit Pergolèse

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

En ce 17 mars 2016, nous ne célébrons pas seulement la mémoire de Sainte Gertrude de Nivelles, céleste protectrice des chats (cf. > ici) – fête patronale que mon papa-moine n’a pas manqué de me fêter, vous le pensez bien ! – mais nous commémorons aussi le rappel à Dieu d’un jeune artiste de 26 ans, qui s’éteignit en ce jour il y a 280 ans : Jean-Baptiste Draghi, dit Pergolèse.
Ce surnom de PergolèsePergolesi en italien – lui vient de ce que sa famille était originaire de la ville de Pergola, dans les Marches.

Né le 4 janvier 1710, à Jesi, dans la province d’Ancône, Giovanni-Battista Draghi était un enfant remarquablement doué : ce pourquoi, à l’âge de 12 ans, il fut envoyé pour étudier au « Conservatoire des pauvres de Jésus-Christ » (Conservatorio dei poveri di Gesù Cristo) où il fut un élève brillant sous la férule de professeurs exigeants et réputés de l’école napolitaine de musique alors en pleine gloire. La formation musicale y était axée sur les beautés et les prouesses de l’opéra napolitain et de la polyphonie religieuse en vogue.
A sa sortie du Conservatoire, à l’âge de 21 ans (1731), porté par un véritable succès, Jean-Baptiste Pergolèse reçoit des commandes d’opéras et d’oeuvres religieuses : dès l’année suivante (1732), il est appelé à la charge de maître de chapelle du prince Ferdinando Colonna Stigliano, écuyer du vice-roi de Naples.

Je ne m’étends pas ici sur sa carrière et sur sa production musicale… fort courte, puisque dès l’année 1735 il commence à manifester les signes de la maladie qui va l’emporter : la tuberculose.
Au début de l’année 1736, alors qu’il vient tout juste de célébrer son 26e anniversaire, son état de santé l’oblige à se retirer hors de Naples : il est accueilli au couvent des Capucins de Pouzzoles.
Il compose là quelques dernières œuvres religieuses pour l’église conventuelle des Pères Capucins ; et c’est aussi très probablement là qu’il a écrit la toute dernière, son Stabat Mater, commande du duc de Maddaloni, son mécène, qui lui aurait demandé cette pièce pour l’église napolitaine de la Vierge des Sept Douleurs (Santa Maria dei Sette Dolori), église dans laquelle le duc possédait une chapelle votive et où il faisait exécuter des œuvres religieuses chaque troisième dimanche de septembre (pour la fête des Sept Douleurs de Notre-Dame).

Jean-Baptiste Pergolèse rend son âme à Dieu le 17 mars 1736, âgé de 26 ans deux mois et treize jours.

Dernier chef d’œuvre d’un jeune compositeur qui a traversé le firmament de la musique baroque napolitaine avec la fulgurance d’une étoile filante d’un éclat particulier, le Stabat Mater de Pergolèse est bien justement l’un des plus célèbres du genre.
Sa renommée fut rapide à travers l’Europe baroque au point que plusieurs compositeurs de renom lui feront des emprunts, le reprendront ou l’adapteront. Pour n’en citer qu’un, et non des moindres : Jean-Sébastien Bach, dès 1740, dans sa cantate « Tilge, Höchster, meine Sünde » (BWV 1083).
En France, le « Manuscrit des Menus Plaisirs du Roy » en conserve aussi une transcription comportant quelques variantes.

En ces jours proches de la Commémoraison solennelle des Sept Douleurs de Notre-Dame, fête liturgique assignée au vendredi de la Passion, et qui est si importante pour le Refuge Notre-Dame de Compassion, il m’a semblé opportun de rappeler ce deux-cent-quatre-vingtième anniversaire et de vous offrir les enregistrements de deux interprétations de ce sublime Stabat Mater : le premier est un enregistrement public réalisé au Théâtre des Champs-Elysées le 27 janvier 2014, avec Andreas Scholl et Klara Ek, accompagnés par l’ « Academy of Ancient Music » ; le second restitue la version du « Manuscrit des Menus Plaisirs du Roy » évoquée ci-dessus, interprétée par « les Pages & les chantres de la Chapelle Royale » sous le direction d’Olivier Schneebeli.

Puisse cette écoute être pour vous, comme elle l’est pour nous au Mesnil-Marie, bien chers Amis, le support d’une méditation fervente à l’occasion de cette Commémoraison solennelle de la Compassion de Notre-Dame

Lully.

Image de prévisualisation YouTube

frise

Image de prévisualisation YouTube

Note :
On trouvera encore une autre interprétation de cette œuvre sublime > ici

Coeur de Marie aux sept glaives

1...6061626364...109

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi