Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2023-122. Méditation pour la fête de Notre-Dame du Rosaire.

7 octobre,
Fête de Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire.

Simone Cantarini - Vierge du Rosaire

La Vierge du Rosaire : tableau de Simon Cantarini (1612-1648)

Présence de Dieu :

« O Vierge Sainte, que votre Rosaire béni me soit une arme de défense et une école de vertus ! »

Méditation :

       1 – La fête célébrée aujourd’hui est une manifestation de reconnaissance pour les grandes victoires remportées par le peuple chrétien grâce au Rosaire de Marie ; c’est, en même temps, le témoignage le plus beau et le plus autorisé de la valeur de cette prière. La liturgie du jour est un commentaire et une amplification du Rosaire : les trois hymnes de l’Office, les antiennes des Matines et des Laudes en parcourent les divers mystères, les leçons en chantent les gloires et les rappels incessants à la Vierge, qui « germe parmi les fleurs, est environnée des roses et des lis des vallées », font clairement allusion aux mystiques couronnes de roses que les dévots de Marie tressent à ses pieds par la récitation du Rosaire.
La fête nous apprend qu’honorer le Rosaire, c’est honorer Marie, puisqu’il consiste à méditer la vie de la Vierge, en répétant pieusement l’Ave Maria. C’est justement sous cet aspect que l’Eglise loue le Rosaire et le recommande avec tant d’insistance aux fidèles : « O Dieu, prie l’oraison du jour, faites qu’en méditant ces mystères par le très saint Rosaire de la Bienheureuse Vierge Marie, nous imitions les exemples qu’ils proposent et obtenions ce qu’ils promettent ».
Le Rosaire bien récité est, tout à la fois, prière et enseignement. Ses mystères nous révèlent que, dans la vie de la Vierge, tout est apprécié en fonction de Dieu : ses joies et ses allégresses sont de celles qui font plaisir à Dieu, tandis que ses douleurs coïncident, pour ainsi dire, aux douleurs mêmes de Dieu qui, s’étant fait Homme, a voulu souffrir pour les péchés de l’humanité. L’unique joie de Marie, est Jésus : être Sa Mère, L’étreindre dans ses bras, L’offrir à l’adoration du monde, Le contempler dans la gloire de la Résurrection, s’unir à Lui au Ciel. La seule douleur de Marie est la Passion de Jésus : Le voir trahi, flagellé, couronné d’épines, crucifié à cause de nos péchés.
Tel est le premier fruit qu’il nous faut retirer de la récitation du Rosaire : juger les événements de notre vie par rapport à Dieu ; jouir de ce qui Lui plaît, de ce qui nous unit à Lui, souffrir à cause du péché qui nous éloigne de Lui et est cause de la Passion et de la mort de Jésus.

Les Mystères du Rosaire

       2 – Le second fruit de la récitation quotidienne du Rosaire, est la pénétration des mystères du Christ, par et avec Marie,, qui nous entr’ouvre la porte. Le Rosaire nous aide à pénétrer les ineffables grandeurs de l’Incarnation, de la Passion et de la gloire de Jésus.
Qui, mieux que Marie, a compris et vécu ces mystères ? Qui, mieux qu’elle, peut nous en donner l’intelligence ? Si nous pouvions vraiment nous mettre en contact avec Marie, pendant la récitation du Rosaire, pour l’accompagner dans les diverses étapes de sa vie, nous pourrions recueillir quelque chose des sentiments de son cœur dans le déroulement des grands mystères dont elle fut le témoin et souvent même la protagoniste, et notre âme en serait merveilleusement nourrie. De cette manière, le Rosaire se transformerait en une méditation, je dirais presque : une contemplation, sous la conduite de Marie. Tel est justement ce que veut la Sainte Vierge, et non un certain nombre de Rosaires récités du bout des lèvres, tandis que la pensée divague de mille manières ! Les Ave répétés sans cesse, doivent exprimer l’attitude de l’âme qui s’efforce de s’élever vers Marie, de s’élancer vers elle pour être prise par elle et introduite dans la compréhension des mystères divins. « Ave Maria ! » disent les lèvres, et le cœur murmure : enseignez-moi, ô Marie, à connaître et aimer Jésus, comme vous L’avez connu et aimé.
Réciter le Rosaire de cette façon, demande le recueillement. Avant de commencer, dit Sainte Thérèse de Jésus, l’âme se demande à qui elle va parler et qui elle est, pour mieux savoir comment se comporter (cf. Chemin de la perfection, XXII). La Sainte rit finement des personnes « tellement avides de réciter et de dire des prières vocales qu’elles ressemblent à celui qui, s’étant fixé la tâche d’en réciter tous les jours un nombre déterminé, se hâte des les achever promptement » (ibid. XXXIII). Le Rosaire récité de cette manière ne peut alimenter la vie intérieure ; l’âme en recueille peu de fruit, et la Sainte Vierge peu de gloire. Récité, au contraire, dans un véritable esprit de dévotion, le rosaire devient un moyen très efficace pour cultiver la piété mariale, pour pénétrer dans l’intimité de Notre-Dame et celle de son divin Fils.

Chapelet

Colloque :

       « O Marie, parmi les esprits bienheureux, il n’en est aucun qui aime Dieu plus que vous ne L’aimez ; de même, nous n’avons ni ne pouvons avoir, après Dieu, quelqu’un qui nous aime plus que vous, notre Mère très aimante. Si l’on pouvait unir l’amour de toutes les mères pour leurs enfants, celui de toutes les épouses pour leurs époux, de tous les saints et de tous les anges pour leurs dévots, on n’arriverait pas à l’amour que vous portez à une seule âme, donc aussi à la mienne.
O Marie, puisque vous m’aimez, rendez-moi semblable à vous. Vous détenez le pouvoir de changer les cœurs, prenez donc mon cœur et transformez-le. Sanctifiiez-moi, faites de moi votre digne fils.
Que les autres vous demandent ce qu’ils veulent, santé, richesse, avantages terrestres ; pour moi, je vous demande, ô ma Mère, ce que vous-même désirez de moi et qui vous tient le plus au cœur. Vous, si humble, obtenez-moi l’humilité et l’amour du mépris. Vous si patiente dans les douleurs de cette vie, obtenez-moi la patience dans les contrariétés. Vous, toute pleine d’amour pour Dieu, obtenez-moi le don du saint et pur amour. Vous, toute charité envers le prochain, demandez pour moi la charité envers tous, surtout envers ceux qui me sont opposés. Vous la plus sainte de toutes les créatures, sanctifiez-moi. Ni l’amour, ni le pouvoir ne vous manquent, vous voulez et pouvez tout m’obtenir ! Seule ma négligence à recourir à vous, seul mon manque de confiance dans votre secours, peut m’empêcher de recourir à vous » (Saint Alphonse).

Père Gabriel de Saint Marie-Madeleine,
in « Intimité divine »,  7 octobre.

récitation du chapelet

Prière avec le chapelet

2023-121. « Trois Cœurs qui ne sont qu’un seul Cœur ».

Premier vendredi du mois d’octobre.

Tableau trinitaire du Sacré-Cœur

frise

Ce qu’est le Cœur de Jésus :

      « Nous avons trois Cœurs à adorer dans notre Sauveur, qui ne sont néanmoins qu’un seul Cœur par l’union étroite qu’ils ont ensemble.

   Le premier est Son Cœur divin, c’est-à-dire Son amour incréé, qui n’est autre chose que Dieu Lui-même. C’est aussi l’amour qu’Il a de toute éternité dans le sein adorable de Son Père, et qui, avec l’amour de Son Père, est le principe du Saint-Esprit.
Le second, c’est Son Cœur spirituel, c’est-à-dire la partie supérieure de Son âme sainte, où le Saint-Esprit est vivant et régnant d’une manière ineffable et où Il renferme les trésors infinis de la science et de la sagesse de Dieu ; c’est aussi Sa volonté humaine, faculté spirituelle dont le propre est d’aimer, et qu’Il a sacrifiée pour opérer notre salut par la seule volonté de Son Père.
Le troisième Cœur de Jésus est le très saint Cœur de Son corps uni hypostatiquement à la Personne du verbe, Cœur que le Saint-Esprit a bâti du sang virginal de la Mère d’amour et qui, sur la croix, fut transpercé d’un coup de lance.

   Ce très aimable Cœur de Jésus est une fournaise d’amour. Il aime Son divin Père d’un amour éternel, immense et infini. Il aime Sa Mère, et les grâces inconcevables dont notre Sauveur l’a comblée font voir manifestement que cet amour est sans mesure et sans borne. Il aime l’Eglise triomphante, souffrante et militante dont les sacrements – spécialement l’Eucharistie, abrégé de toutes les merveilles de la bonté de Dieu – sont autant de fontaines inépuisables de grâce et de sainteté qui ont leur source dans l’océan immense du Sacré-Cœur de notre Sauveur.
Il nous aime enfin tous et chacun comme Son Père L’aime. C’est pourquoi Il a tout fait et tout souffert pour nous délivrer de l’abîme de maux dans lequel le péché nous avait jetés et pour faire de nous des enfants de Dieu, des membres du Christ, des héritiers de Dieu, des cohéritiers du Fils, possédant le même royaume que le Père de Jésus a donné à Son Fils.

   Nos devoirs envers cet aimable Cœur sont de l’adorer, de le louer, bénir, glorifier et remercier, de lui demander pardon de tout ce qu’il a souffert pour nos péchés, de lui offrir en réparation toutes les joies qui lui ont été données par ceux qui l’aiment et toutes nos afflictions acceptées pour l’amour de lui et enfin de l’aimer avec ferveur.
Nous devons aussi faire usage de ce Cœur, car il est à nous : le Père éternel, le Saint-Esprit, Marie et Jésus Lui-même nous l’ont donné pour être notre refuge en tous nos besoins, notre oracle dans nos doutes et difficultés, et pour être notre trésor.
Ils nous l’ont donné enfin, non seulement pour être notre modèle et la règle de notre vie, mais pour être lui-même notre propre cœur, afin que par ce grand Cœur nous puissions rendre à Dieu et au prochain tous nos devoirs. »

Saint Jean Eudes,
in « Cœur admirable », livre 12.

Sacré-Coeur gif

2023-120. De Sainte Enimie, Fille de France, vierge et abbesse.

5 octobre,
Fête de Sainte Enimie, Fille de France, vierge et abbesse ;
Mémoire de Saint Apollinaire de Valence, évêque et confesseur ;
Mémoire de Saint Placide, abbé, et de ses compagnons, martyrs ;
Anniversaire de l’assassinat du comte François-Dominique de La Motte (cf. > ici).

 

Lettrine d'incipit avec Sainte Enimie

       Fille de Clotaire II (né en 584, roi de Neustrie de 584 à 613, puis de la totalité du royaume Franc de 613 à 629), Enimie - dans les textes latins médiévaux on la nommera Enimia - (parfois orthographiée Enémie ou encore Ermie), était donc arrière-arrière-petite-fille de Clovis et de Sainte Clotilde. Toutes les biographies anciennes la disent (en toute logique) sœur de Dagobert 1er (né entre 602 et 605), mais elles ne précisent pas si elle était né avant ou après lui, ni si elle était née de la première épouse de Clotaire, Hadeltrude (Adaltrudis), ou de la deuxième, Bertrude (Bertrudis).

   Elle semble avoir eu une éducation chrétienne soignée à laquelle, dès son enfance, elle adhéra de toute son âme : on remarqua très tôt son souci pour les pauvres, la charité avec laquelle elle s’attachait à faire l’aumône, sa sollicitude pour les malades et son empressement à les soigner. On raconte aussi qu’elle préférait des vêtements simples aux robes richement brodées et aux bijoux. On peut sans doute voir là un premier indice de sa résolution de n’être qu’à Dieu et à Son service dans la virginité consacrée.
De fait, Enimie s’opposera à la volonté de son père de la donner en mariage à quelque baron de sa cour :

   « La noblesse de sa naissance et toutes les belles qualités qui brillaient en elle, la firent bientôt demander en mariage ; ce à quoi ses parents consentirent et voulurent même la contraindre. Les préparatifs étaient déjà faits, et la cérémonie allait avoir lieu. La nuit d’auparavant, la jeune vierge, se voyant sans ressources du côté des hommes, se retira dans ses appartements et se mit à prier Dieu de tout son cœur, de ne pas permettre qu’elle eût un autre époux que Lui-même. Ses vœux furent exaucés. Au moment où on venait la chercher pour la cérémonie, on la trouva toute couverte de lèpre. A cette nouvelle, ses parents et ses amis furent saisis de douleur ; mais, de son côté, elle rendait de ferventes actions de grâces à Dieu, au fond de son cœur, pour la faveur insigne qu’Il venait de lui accorder. on s’empressa de lui essayer tous les remèdes de l’art pour obtenir sa guérison, mais ils furent tous inutiles. Dieu seul pouvait faire disparaître une maladie dont Il était directement l’auteur » (Mgr Paul Guérin, in « les Petits Bollandistes » tome XII, 5 octobre p.61).

   Après plusieurs mois dans le cours desquels on essaya donc en vain de la guérir et pendant lesquels elle édifia  tout le monde par sa patience, Enimie eut l’apparition d’un ange qui lui dit : « Dieu veut vous rendre votre santé première. Vous la retrouverez en allant vous laver dans la fontaine de Burle, en Gévaudan ».
Ayant informé ses parents de cette vision céleste, ils s’en réjouirent et lui fournirent l’argent et l’escorte pour ce voyage.
Plusieurs semaines étaient nécessaires pour un tel trajet de plus de cent-cinquante lieues. Arrivée aux confins du Gévaudan, Enimie s’informa du lieu où pouvait se trouver cette source de Burle.
La personne à laquelle elle s’adressa d’abord ignorait où se trouvait Burle (en latin Burlatis) mais connaissait les vertus bénéfiques des eaux thermales du bourg de Balneum (aujourd’hui Bagnols-les-Bains) sur le flanc nord du mont Lozère. Mais à Balneum, Enimie – déjà dubitative parce que ce n’était pas ici le nom avec lequel l’ange avait désigné la source vers laquelle il l’envoyait – eut une nouvelle apparition du messager céleste qui lui déclara : « Les eaux de Balneum ne sont point celles qu’il faut ; vous ne devez pas être purifiée dans des bains de ce genre. Dieu vous veut guérir par Sa propre vertu, au moyen d’une eau froide ordinaire. Il vous faut aller un peu plus loin… »

Sainte-Enimie - source de Burle

Sainte-Enimie, en Gévaudan : la source de Burle (état actuel)

   Après encore sept ou huit lieues de voyage, en bordure du Causse de Sauveterre, Enimie fut correctement renseignée par des bergers qui la guidèrent jusqu’à la source de Burle, aux remarquables eaux turquoises : Enimie, après s’être longuement recueillie, s’y baigna et fut aussitôt guérie.

   Le lendemain, elle voulut reprendre le chemin du retour, mais lorsque, avec son escorte, elle atteignit la couronne du Causse, la lèpre réapparut. Pensant que Dieu voulait mettre sa foi et sa patience à l’épreuve, elle retourna à la source et s’y plongea à nouveau : comme la première fois, sa peau et ses chairs furent guéries. Elle rendit donc à Dieu de plus vives et plus longues actions de grâces, et songea à repartir. Comme précédemment, à une certaine distance de la source, son mal reparut… et fut une troisième fois purifié par un nouveau bain dans la bienfaisante fontaine.

   « Alors, se tournant vers ceux qui l’avaient accompagnée, elle leur dit : « Le Dieu qui m’a guérie veut évidemment que je Le serve en ces lieux. Je ne puis résister à Sa volonté sainte, et je me sens le courage de m’y conformer. Quant à vous, que je remercie du fond de mon cœur pour tous les soins que vous avez bien voulu me donner durant mes longues épreuves, il vous est permis de reprendre le chemin de la patrie. Cependant si quelques uns d’entre vous voulaient rester avec moi, j’en bénirai Dieu, les traitant désormais, non plus comme des serviteurs et des servantes, mais comme des frères et des sœurs » (Mgr Paul Guérin, ibid.).

   Au cœur de ces gorges sauvages où vivaient des populations qui n’avaient pas encore reçu les lumières de l’Evangile, Enimie s’établit à Burlatis, où n’existaient alors que quelques maisons. Ceux de sa suite qui avaient désiré rester auprès d’elle furent organisés en deux communautés voisines : une d’hommes, et une de femmes. Il est évident qu’Enimie avait été accompagnée par des prêtres, ses aumôniers attitrés, qui devinrent les chapelains de ces embryons de communautés religieuses, lesquelles purent bientôt se développer grâce au soutien royal : en effet, ceux qui avaient choisi de retourner à la cour n’avaient pas manqué d’informer le roi et la reine, parents d’Enimie, de sa guérison miraculeuse ainsi que des signes par lesquels Dieu lui avait manifesté Sa volonté.
Clotaire II, puis Dagobert 1er après lui, furent donc les bienfaiteurs de ce qui allait devenir une abbaye, qui reçut également les encouragements et bénédictions de l’évêque de Mende Saint Ilère (ou Ylès).
Certains auteurs pensent qu’une petite communauté de moines avait été établie à Burlatis par Saint Ilère antérieurement à l’arrivée de Sainte Enimie, et que les hommes de la suite de cette dernière qui firent le choix de demeurer auprès d’elle s’y adjoignirent, tandis que la communauté de femmes, elle seule, aurait été fondée par la jeune princesse.

Sainte-Enimie village et abbaye

Sainte-Enimie (état actuel), anciennement Burlatis :
le village en bordure du Tarn s’est développé autour de l’abbaye,
dont les bâtiments subsistant dominent le bourg

   Enimie, elle, choisit de s’établir à environ un quart de lieu de là, dans une grotte à flanc de falaise, accompagnée de sa seule filleule, prénommée elle aussi Enimie (probablement une jeune fille des environs qui fut convertie grâce à Sainte Enimie et qui demanda le saint baptême).
En ce lieu, appelé depuis l’Ermitage de la Roche, se maintient la tradition d’un pèlerinage, chaque premier dimanche d’octobre. Des chapelles troglodytes superposées ont été aménagées dans ce qui fut l’ermitage de la sainte princesse, devenue abbesse de moniales et de moines.

L'ermitage de la Roche à Sainte-Enimie

Sainte-Enimie : l’ermitage de la Roche où vécut Sainte Enimie – vue de l’extérieur

L'ermitage de la Roche à Sainte-Enimie chapelle troglodyte

Sainte-Enimie : l’ermitage de la Roche où vécut Sainte Enimie – vue d’une des chapelles à l’intérieur

   Encouragée par l’évêque Saint Ilère, Enimie œuvra à l’évangélisation de la contrée. Dans un premier temps ce fut seulement en raison du fait qu’on publiait sa guérison et les signes divins qui avaient présidé à son installation à Burlatis. Puis la renommée de sa charité et de la puissance de son intercession attirèrent de plus en plus de visiteurs, édifiés par ses enseignements et renforcés dans leur foi par les miracles et guérisons opérés par la sainte abbesse.

   Parmi ces miracles, celui qui est le plus cité, est celui de la victoire sur le Drac.
Dans les pays de langue d’Oc, comme en provençal, un Drac est une créature malfaisante, souvent une des formes que prend le démon pour nuire à la tranquillité des fidèles et à leur salut : son action peut aller de la seule facétie, pour se moquer des humains ou les déranger pendant leur prière, jusqu’à la rage diabolique, destructrice et haineuse, et jusqu’à l’homicide, car il cherche à entraîner en enfer ceux auxquels il s’en prend.
Le Drac est habituellement associé à l’eau, résidant près des sources ou des rivières ; ainsi va-t-il par exemple essayer de faire perdre l’équilibre au pauvre pécheur qui s’aventure trop près d’une rivière dangereuse, passe près d’un gour profond, ou franchit un gué périlleux, pour qu’il meure sans confession.
A Burlatis, le Drac s’acharna pendant plusieurs semaines à dévaster le chantier de construction du monastère et à troubler la quiétude de la jeune communauté. Il fallut les supplications conjointes de Saint Ilère et de Sainte Enimie pour le faire fuir loin dans les gorges.
Des légendes locales font du spectaculaire Chaos du Pas de Soucy, le vestige de la lutte de Sainte Enimie contre le dragon infernal, sur lequel, à sa prière, une partie de la montagne se serait écroulée.

victoire de Saint Ilère et Sainte Enimie sur le Drac

   Ayant été informée par une lumière surnaturelle de la fin de son séjour terrestre, la sainte abbesse Enimie dicta ses dernières volontés à ses moniales : elle annonça en particulier que sa filleule, prénommée elle aussi Enimie comme nous l’avons déjà dit, la suivrait de peu dans la tombe, et elle ordonna que le nom d’Enimie ne fut gravé que sur le cercueil de cette dernière et placé au-dessus du sien.

   Elle s’endormit paisiblement dans le Seigneur un 5 octobre. Certains historiens pensent que ce fut en l’an 628, ce qui signifierait qu’Enimie n’avait pas plus d’une trentaine d’années lors de son trépas. Ce fut, de toute façon, avant la mort de Dagobert 1er lui-même (+ 19 janvier 638 ou 639), comme le montre la tradition suivante.

   Lorsqu’il apprit la mort de sa sœur, le bon roi Dagobert vint chercher son corps qu’il voulait inhumer à Saint-Denys (c’est aux alentours de l’an 630 que Dagobert fit entreprendre les travaux du petit sanctuaire préexistant au lieu de la sépulture de Saint Denis et de ses compagnons, pour en faire l’abbatiale-nécropole des souverains francs, dont la dédicace fut célébrée le 24 février 636). Comme Enimie l’avait prévu – et préparé -, il emporta le cercueil de la filleule, tandis que les précieux restes de la sainte princesse et abbesse demeurèrent en Gévaudan.

Sainte Enimie - tableau naïf conservé à l'ermitage

Tableau naïf représentant Sainte Enimie dans une des chapelles de l’ermitage de la Roche

   Un 18 janvier, mais l’année n’a pas été retenue – ce fut toutefois antérieurement à l’an 951 -, le tombeau de Sainte Enimie, qui avait été caché (peut-être au moment des raids sarrasins au début du VIIIème siècle), fut retrouvé grâce aux visions surnaturelles dont fut gratifié un saint moine, prénommé Jean.
On avait averti l’évêque de Mende de ces faits, et il vint en personne présider aux travaux de recherches. Il avait aussi convoqué les dignitaires ecclésiastiques de la contrée. Le creusement du lieu désigné par le moine Jean permit de dégager un petit caveau contenant un sarcophage où l’on retrouva le corps de la sainte, qui dégageait « une odeur si suave que tous les assistants croyaient éprouver un avant-goût des célestes douceurs » (Mgr Guérin). Une nuée lumineuse emplit l’église, et lorsqu’elle se dissipa, les cierges du sanctuaire s’allumèrent tout seuls. Plusieurs malades furent guéris.
Des guérisons insignes sont également rapportées à d’autres occasions : les évêques de Mende, en plusieurs occurrences, firent venir la châsse de la sainte princesse dans leur ville épiscopale, où elle répandit des grâces signalées ; en l’an 1036, elle fut même transportée jusqu’au Puy et exposée un temps dans la cathédrale, opérant de véritables prodiges.

   Le monastère fondé par Sainte Enimie connut une période de décadence jusqu’à, semble-t-il, être pratiquement dépeuplé vers le milieu du Xème siècle. L’évêque de Mende Etienne décida de « rétablir dans son ancienne splendeur le monastère en l’honneur de la Mère de Dieu, où reposent les restes de la Bienheureuse Énimie ». Pour cela, en l’an 951, il y fit venir les bénédictins de l’abbaye Saint-Chaffre du Monastier (cf. > ici). D’abord simple prieuré bénédictin, ce monastère fut semble-t-il érigé en abbaye au XVème siècle. Les bénédictins y demeurèrent jusqu’à la grande révolution qui vendit bâtiments et terres comme biens nationaux : démolitions successives, incendie… Il n’en subsiste aujourd’hui que l’une des églises, dite chapelle Sainte-Madeleine, ainsi que l’ancien réfectoire.
A également disparu lors de la révolution le voile de Sainte Enimie qui était conservé dans un reliquaire spécial que l’on portait en procession lors des calamités publiques.

   Le principal reliquaire contenant des ossements de Sainte Enimie, qui se trouvait alors à l’Ermitage de la Roche, a été volé en 1970 ; on n’a plus aujourd’hui que des parcelles d’ossements renfermés dans de petits reliquaires.

Statue de Sainte Enimie dans l'église du village de Sainte-Enimie

Statue de Sainte Enimie dans l’église paroissiale du village éponyme

2023-119. Du Sacre de nos Rois.

1er octobre,
Fête de Saint Remi de Reims, évêque et confesseur, apôtre des Francs.

       A jamais, l’évocation du nom de Saint Remi (vers 437 – 13 janvier 533) suscite spontanément celle du baptême de Clovis et de la conversion du peuple Franc à la foi catholique, la foi de Nicée, la foi trinitaire.
Et nous savons aussi que c’est dans ce baptême de Clovis, traditionnellement associé à la date du saint jour de Noël de l’an 496, que prend son origine la tradition du Sacre des Rois Francs, des Rois de France. Voilà pourquoi, en cette fête du glorieux et à jamais béni Saint Remi de Reims, nous donnons (ou redonnons) à votre lecture et méditation, ce beau texte du Rd Père Jean-François Thomas s.j., écrit en octobre 2018, et qui avait été adressé aux membres de la Confrérie Royale en guise de lettre mensuelle.

Baptême de Clovis par Saint Remi - église Saint-Vaast Béthune

Saint Remi recevant miraculeusement, lors du baptême de Clovis, la Sainte Ampoule
dont le Saint Chrême servit ensuite au Sacre de nos Rois
[vitrail de l'église Saint-Vaast, à Béthune]

Du Sacre de nos Rois :

       Dans le régime républicain que la France subit depuis des décennies, chaque investiture de nouveau président, – passant de façon si fugace -, se veut une maigre et pâle copie des cérémonies royales d’antan. Mais comme tout est horizontal, glorification de l’idéologie maçonne et laïcarde, tout est sans goût, se réduisant à un événement médiatique permettant au chef de distribuer sourires, embrassades, poignées de mains et « selfies ». Nous sommes bien loin du roi touchant et guérissant les écrouelles après avoir reçu l’onction du sacre, véritable sacrement. La monarchie française n’est pas une royauté d’opérette, un système constitutionnel, un décor de carton-pâte. Sa fondation n’est pas un simple accord de légitimité entre le souverain et ses peuples. Elle est ancrée dans la Révélation chrétienne, puisque le roi ne peut l’être que s’il est revêtu de la grâce divine, une grâce extraordinaire et particulière, reçue au moment du sacre. Seule la monarchie anglaise a essayé de singer, dans ses rites, le couronnement français, sans réaliser qu’il lui manquait, depuis son schisme, la dimension sacramentelle qui est la seule à donner son sens à la pompe et au faste. Les insignes du sacre ne seraient que colifichets sans cette dimension transcendante uniquement présente dans le rituel français.

   Tout d’abord, notre roi, étant dépositaire d’un véritable ministère, -celui d’aimer tous ses sujets, de pratiquer la justice et la miséricorde, de veiller à l’intégrité du royaume et à son rayonnement, à sa prospérité-, doit se préparer au couronnement par une veillée de prière dans la cathédrale de Reims, ceci comme pour la pratique chevaleresque de l’adoubement. Il va devenir le chevalier du Christ en terre et doit ainsi être habité par la grâce nécessaire à cette nouvelle nature. Il se confesse durant cette nuit d’adoration et de silence, ne recevant l’absolution qu’au dernier moment, juste avant la sainte communion du lendemain, ceci afin qu’il soit en parfait état de grâce. Prenant un court repos au palais du Tau voisin, résidence de l’archevêque, il y est réveillé par les évêques de Laon et de Beauvais, portant les reliques. Il les attend dans l’attitude d’un gisant, les yeux ouverts, comme l’effigie des monarques sur les tombeaux de Saint-Denis revêtus des insignes royaux avec des vêtements dont les plis tombant droit semblent indiquer que les morts sont vivants et debout. Ce symbole est essentiel car il signifie que le roi possède deux corps : le corps moral, qui ne meurt jamais car la chaîne royale est ininterrompue, et le corps naturel, mortel, qui prenait la place de son prédécesseur, là aussi sans rupture. La légitimité est continuité dans la stabilité. Aucun événement, même le plus tragique, ne peut faire que le roi soit mort à jamais : lorsqu’il meurt, aussitôt il vit.

   L’abbé de Saint-Denis veille sur les insignes royaux dont il est le dépositaire, tandis que l’abbé de Saint-Remi veille sur la Sainte Ampoule contenant le saint chrême pour l’onction, ceci depuis Clovis. Cette huile sainte est l’élément central du sacre qui est sacrement. Tous les autres objets pourraient venir à manquer mais celui-ci est nécessaire. Grâce à Dieu, en 1793, lorsque la Convention ordonna sa destruction en place Nationale (ci-devant Royale) sur le piédestal d’où avait jeté à bas la statue de Louis XV, le curé jureur de Saint-Remi, devenu église paroissiale, retira de la précieuse fiole une grande quantité d’huile sainte, ce qui permit à Charles X d’être consacré comme ses prédécesseurs. Une nouvelle fois, en 1906, lorsque l’archevêque Mgr Luçon, fut expulsé du palais du Tau, il sauva dans un simple flacon le contenu du reliquaire dont l’état anticlérical exigeait la remise. Ce saint flacon est toujours conservé à l’archevêché, attendant le prochain sacre…

   Le rite du couronnement commence par le serment du roi, dialogue entre le monarque et l’archevêque de Reims, par lequel est scellé l’engagement royal à défendre l’Église et ses privilèges canoniques dans toutes les provinces du royaume. L’Ordo de Charles V, traduit par Patrick Demouy dans son magnifique ouvrage Le Sacre du Roi (éd La Nuée bleue, 2016), rapporte les mots exacts de ce pacte qui respecte les deux ordres, royal et religieux, tout en instituant un lien indéracinable entre eux. Les différents ordos conservés contiennent des variantes selon les époques et selon les souverains. Il fut d’usage aussi de préciser que les hérétiques devaient être chassés du royaume. Le coeur en est toujours les tria precepta, à savoir paix, justice et miséricorde.

   Ensuite a lieu le rite de passage, chevaleresque, où le roi est dépouillé de tous ses vêtements, à l’exception d’une tunique et d’une chemise dont les ouvertures permettraient les onctions. Il reçoit l’épée et les éperons, ceci dans un véritable ballet qui souligne l’axe vertical du pouvoir royal s’inscrivant dans la généalogie des rois de l’Ancien Testament et dans une dimension cosmique. Ces insignes ont échappé à la fureur révolutionnaire. Ils reposent aujourd’hui au Louvre. L’épée Joyeuse, dite « de Charlemagne », attend ainsi des jours meilleurs.

   L’onction, septuble, revêt alors le roi de sa charge de pasteur, intermédiaire entre Dieu et son peuple. L’archevêque de Reims mélange le Saint Chrême du Jeudi saint précédent avec une parcelle, « grosse comme un pois », du baume desséché de la Sainte Ampoule. Le souverain reçoit cette huile sainte sur la tête, comme pour les consécrations épiscopales, sur la poitrine, entre les épaules, sur chaque épaule et à la jointure des bras, ceci afin que tout son être soit inondé, jusqu’au coeur, comme David sur lequel la corne d’huile fut renversée par Samuel.

   Le chambellan revêt le monarque oint avec la tunique, la dalmatique et le manteau, tous trois fleurdelisés : le roi est pontife et sa charge est quasi sacerdotale, même s’il n’est pas prêtre pour l’autel. Il est habité par un caractère, semblable à celui de l’ordination ; Recouvert par les fleurs de lys, il devient le chevalier par excellence de la Très Sainte Vierge qui protège son royaume de façon privilégiée. Il devient lui-même un lys, comme le Christ l’est pour l’Église selon la belle image du Cantique des cantiques. Ces vêtements fleurdelisés ne sont pas ceux du monde mais ceux des cieux. Ils préfigurent la Jérusalem nouvelle où chaque élu est un lys à la ressemblance du Maître. La couleur bleue est celle de l’azur mais aussi celle réservée au grand prêtre dans l’Ancien Testament. Il prend aussi les gants épiscopaux et reçoit l’anneau, symbole de l’union mystique entre lui et son peuple. L’archevêque lui remet aussi le sceptre et la verge de justice. La marque de la puissance monarchique est le sceptre, image de la droiture et de la vertu. En l’acceptant, le roi s’engage à mener une vie irréprochable, à lutter contre le mal et à défendre la justice. Ce sceptre est le canal entre le ciel et la terre car, pour le couronnement royal français, il n’est pas court mais aussi long qu’une crosse d’évêque, jouant d’ailleurs un rôle identique, celui du bâton de berger guidant le troupeau et du messager transmettant ce qu’il reçoit de l’autorité divine. Quant à la verge de justice, elle est le symbole de la vertu et de l’équité. Elle est la clef de David et sa dimension, 59 cm, est exactement une coudée biblique. Là aussi l’Ancien Testament est constamment présent comme héritage, montrant la continuité de l’élection divine de l’ancienne Alliance dans le lieutenant choisi par le Christ pour le royaume de France. Seul le roi de France a conservé ces deux sceptres alors que les autres souverains ont remplacé la main de justice par un globe, à la suite de l’empereur germanique. Notre roi est vraiment le successeur de David et de Salomon, le fils du Nouveau David et du Nouveau Salomon. Il réalise ce que chante David dans le psaume XXII : « Près de moi ton bâton, ta houlette, sont là qui me consolent. » Le roi de France doit être consolateur pour son peuple.

   Vient alors le couronnement proprement dit. La couronne symbolise la clarté de l’âme et le passage à la lumière éternelle. Elle est l’héritière de la coiffe du grand prêtre et de la mitre épiscopale. Les pierreries qui l’ornent sont au nombre de douze, quatre émeraudes pour la foi, quatre pour l’espérance et quatre rubis pour la charité. Elle fut détruite par les ligueurs et les acres suivants utilisèrent la couronne de la reine, en tous points semblables, jusqu’à ce que cette dernière fût fondue par la révolution. Le roi ne garde pas longtemps cette couronne officielle, très lourde. Il ceint une deuxième couronne, plus légère, sa couronne personnelle. La galerie d’Apollon, au Louvre, conserve la couronne personnelle de Louis XV (mais avec de fausses pierres), et la couronne officielle de Napoléon I, ornée de camées, utilisée également pour le sacre de Charles X. Le roi ainsi couronné d’or et de pierres précieuses devient celui qui, par la pratique des vertus qui brillent, doit mener ses sujets vers le Royaume céleste.

   Enfin le roi est intronisé, revêtu de tous ses insignes, ployant sous leur poids (surtout lorsque le souverain est encore un enfant) sur un trône placé en haut du jubé de la cathédrale, devenant alors visible des assistants qui se trouvent dans la nef. Il vole ainsi sur la montagne sainte. Le Te Deum éclate pour exalter celui qui devient le médiateur entre Dieu et son peuple, entre le Ciel et la terre. La grand messe pontificale clôt cette admirable cérémonie, avec le calice dit de Saint Remi qui échappa par miracle à la fureur révolutionnaire.

   Tout s’achève par le festin au palais du Tau, également très ritualisé, et le lendemain par la guérison des écrouelles lorsque le roi imposera les mains sur les malades.

   Cette courte et incomplète description ne veut pas être un hymne à la nostalgie mais une préparation intérieure pour comprendre, au-delà de l’anecdotique, que le sacre est de l’ordre de la transcendance et qu’il perpétue l’Alliance entre Dieu et les hommes initiée dans l’Ancien Testament. Aucun détail n’est superficiel dans un tel rite. Comme pour la messe pontificale papale traditionnelle, il serait (il sera) très malaisé de le rétablir dans sa pureté et son unité d’origine, car bien des fonctions de cette liturgie doivent être occupées par des personnages dont la lignée est morte. Ce fut d’ailleurs un problème majeur du sacre de Charles X qui composa avec les idées nouvelles, ce qui explique sans doute l’échec de cette restauration incomplète.

   Le prochain roi qui sera couronné à Reims devra retourner aux ordos les plus anciens afin de s’assurer de la pleine validité de son sacre qui ne dépend pas de cérémonies humaines mais d’une investiture reçue d’en haut. En attendant, notre devoir est de prier et d’offrir des sacrifices afin que cette résurrection soit possible pour le bien de notre pauvre royaume défiguré.

P. Jean-François Thomas s.j.
(le 3 octobre 2018)

La Sainte Ampoule du Sacre de Charles X et son aiguillette

La Sainte Ampoule du Sacre de Charles X (Reims, palais du Tau)

Consécration personnelle à Saint Michel :

Saint Michel - statue dans l'église Saint-Roch à Paris

[statue dans l'église Saint-Roch, à Paris]

       Très noble prince des hiérarchies angéliques, vaillant héraut du Dieu Très-Haut, champion de la Gloire divine, terreur des anges rebelles et délices des anges fidèles, daignez m’accepter parmi vos dévots.

   Je m’offre à vous, je me donne à vous, je me consacre à vous, plaçant sous votre toute-puissante protection ma personne, ma famille et mes biens.

   Pécheur, je sais que l’offrande de moi-même est fort peu de chose, mais je ne doute pas que vous voudrez faire grandir en mon cœur la ferveur et protéger celui qui a recours à vous.
Veuillez désormais m’assister dans toutes les difficultés de mon existence terrestre, et implorer de Dieu le pardon de mes fautes et la grâce de L’aimer, avec Jésus mon Rédempteur et Marie ma douce Mère, de toute ma volonté.
Que votre assistance me prépare à recevoir en Paradis la couronne de gloire.
Défendez mon âme contre tous ses ennemis, et lorsque viendra pour moi l’heure de quitter ce monde, venez alors, Prince très glorieux, me soutenir dans la lutte finale : que votre glaive étincelant repousse au loin, dans les abîmes de la mort et de l’enfer, l’ange prévaricateur dont vous avec vaincu l’absurde orgueil.

Ainsi soit-il.

Cette prière a été composée par Son Eminence le cardinal Pietro Maffi (1858-1931), archevêque de Pise.

Saint Michel - statue dans l'église Saint-Roch à Paris - détail

2023-118. De Saint Elzéar de Sabran et de sa virginale épouse la Bienheureuse Delphine.

27 septembre,
Fête de Saint Elzéar de Sabran, comte d’Arrian, confesseur ;
Mémoire des Saints Cosme et Damien, médecins anargyres, martyrs ;
Anniversaire de la naissance de Sa Majesté le Roi Louis XIII.

Blason de la famille de Sabran

Famille de Sabran : « de gueules au lion d’argent »

       La Maison de Sabran est une illustre famille de la noblesse, établie en Provence, descendant de Charles Martel, de Pépin le Bref, de Louis 1er le Pieux, et alliée à un très grand nombre de familles de la très haute noblesse européenne, ainsi qu’à des familles royales : la mère de Raymond-Béranger de Provence était une Sabran, et on se souvient que les quatre filles de Raymond-Béranger épousèrent toutes des rois. Marguerite de Provence, en particulier, épousa en 1234 Louis IX de France. Ainsi, un peu du sang des Sabran coule dans les veines de tous les descendants de Saint Louis.
Mais l’une des plus grandes gloires de cette famille, qui en compte pourtant beaucoup, dans l’armée, dans les prélatures, dans les charges honorifiques… etc., est d’avoir donné à la Sainte Eglise un très grand saint : Saint Elzéar de Sabran.

   Elzéar (qui est l’une des formes provençales du prénom Lazare, et qui signifie secours de Dieu) naquit en 1285 au château de Roubians, près de Cabrières-d’Aigues, dans le comté de Provence. Son père, Ermangaud de Sabran, possédait de nombreux titres, parmi lesquels celui de comte d’Arrian, dans le royaume de Naples.
Arrian, en italien Ariano Irpino, est un fief important de Campanie, et il manifeste combien Ermangaud de Sabran était proche des souverains capétiens régnant sur la Sicile.

   L’année de la naissance de d’Elzéar est aussi celle de la mort de Charles 1er d’Anjou, frère puiné de Saint Louis, comte de Provence, roi de Naples et de Sicile, et donc de l’accession au trône de Naples de Charles II d’Anjou (c’est lui qui avait fait réaliser les fouilles dans la vieille église de Saint-Maximin, fouilles qui avaient abouti, en 1279, à la redécouverte du tombeau de Sainte Marie-Magdeleine, à la suite de quoi il avait magnifiquement entrepris la reconstruction de cette église : l’actuelle basilique royale. Charles II est aussi le père de Saint Louis d’Anjou, franciscain et archevêque de Toulouse).

Saint Elzéar et la Bienheureuse Delphine - détail d'un tableau de l'église de Puimichel

Saint Elzéar de Sabran et la Bienheureuse Delphine de Signes, époux virginaux,
détail d’un tableau de l’église de Puimichel

   Elzéar (dont une tradition rapporte que, déjà pénétré de piété et d’esprit de pénitence dès sa naissance, il refusait de prendre le sein les vendredis), reçut une éducation soignée, en particulier, à l’abbaye Saint-Victor de Marseille, dont l’un de ses oncles, Guillaume de Sabran, était l’abbé. On rapporte qu’il portait sur la peau une ceinture garnie de pointes de fer mais qu’il fut trahi par un filet de sang qui transperça ses vêtements : l’abbé son oncle l’en reprit et lui enseigna à pratiquer la pénitence avec davantage de mesure.

   Charles II d’Anjou, qui avait remarqué la beauté de Delphine (ou Dauphine) de Signes, héritière de plusieurs fiefs, orpheline, élevée dans une abbaye dont l’une de ses parentes était l’abbesse, décida, en 1295, de la fiancer à Elzéar de Sabran : il n’avait que 10 ans, Delphine en avait 12 ! Le mariage fut célébré quatre ans plus tard, en 1299, au château de Puimichel, fief de la famille de Signes.
Delphine plaçait au-dessus de tout la virginité et elle convainquit Elzéar de rester l’un et l’autre vierges dans le mariage.
Vivant d’abord au château d’Ansouis, sous l’autorité du grand père d’Elzéar (son père était à ses charges à la cour de Naples) les jeunes époux souffraient des mondanités. Ils furent tentés de se retirer l’un et l’autre dans la vie religieuse, mais Elzéar, qui demandait à Dieu de l’éclairer, entendit une voix lui dire distinctement : « Ne changez rien à votre état actuel ».
En 1306, ils furent néanmoins autorisés à quitter Ansouis pour s’installer à Puimichel.

   Elzéar récitait tous les jours les heures canoniales, passait une partie de ses nuits en oraison, s’adonnait strictement aux jeûnes de l’Eglise et en rajoutait aux obligations imposées au commun des fidèles : ainsi jeûnait-il pendant tout l’Avent, et préparait-il toutes les grandes fêtes par trois jours de jeûne.
Il dit un jour à Delphine : « Je ne pense pas que l’on puisse imaginer une joie semblable à celle que je goûte à la table du Seigneur. La plus grande consolation sur la terre est de recevoir très fréquemment le Corps et le Sang de Jésus-Christ ».
La domesticité d’Elzéar et Delphine était soumise à des règles religieuses strictes : tout le personnel du château devait assister chaque jour à la Messe, avoir de bonnes mœurs, et recevoir les sacrements (confession et communion) chaque mois ; les jeux de hasard étaient rigoureusement prohibés ; les jurons, blasphèmes ou paroles indécentes étaient sévèrement punis.
Elzéar recevait quotidiennement à sa table douze pauvres, qui repartaient avec une aumône ; il visitait les malades et se mettait à leur service, voyant en eux des images du Christ souffrant.

Saint Elzéar en prière - détail de son tombeau détruit à la révolution

Saint Elzéar en prière
sculpture subsistante de son tombeau de marbre détruit à la révolution

   A la mort de son père, en 1308, Elzéar hérita de tous ses biens et titres, et dut se rendre à la cour de Naples et dans son comté d’Arrian, où il supporta avec patience et longanimité l’opposition locale pendant près de trois années. A la mort de Charles II d’Anjou (6 mai 1309), son fils et successeur, Robert 1er de Naples, dit le Sage, fit de lui son homme de confiance : Elzéar, avec Hugues IV des Baux, se vit ainsi confier la tête de l’armée napolitaine qui eut, en 1312, la mission d’arrêter l’empereur Henri VII de Luxembourg qui tentait de s’emparer de Rome ; à Elzéar fut confiée la régence du royaume de Naples lors des déplacements de Robert 1er le Sage dans son comté de Provence ou à la cour pontificale d’Avignon ; Robert 1er le chargea encore de l’éducation de son fils aîné, Charles de Calabre.

   Les préceptes de l’Evangile n’étaient pas seulement la règle de conduite personnelle d’Elzéar, mais dictaient évidemment son action politique. Lorsqu’un criminel était condamné à mort, et qu’il apprenait que les prêtres ne réussissaient point à le convertir, il lui arriva plusieurs fois d’aller les trouver lui-même et de les ramener à des sentiments de pénitence et de piété. La loi prévoyait la confiscation des biens des condamnés, mais Elzéar les fit souvent restituer à leurs veuves ou à leurs orphelins.

   En 1313, Elzéar et Delphine confirmèrent leur vie de continence parfaite en prononçant le vœu de chasteté, et ils entrèrent dans le tiers-ordre franciscain.

   Parmi les très nombreux miracles qu’Elzéar accomplit de son vivant, on retiendra celui qu’il fit en faveur de son filleul, Guillaume de Grimoard, futur pape Urbain V (cf. > ici). Selon la tradition, le petit Guillaume de Grimoard était né avec un visage difforme ; lors du baptême, à la prière d’Elzéar de Sabran – qui avait des liens de parenté avec les Grimoard et avait été choisi pour parrain – l’enfant retrouva des traits normaux. Cinquante-neuf ans plus tard, cet enfant devenu le pape Urbain V, canonisa Elzéar.

Saint Elzéar guérissant des lépreux - fragment de son tombeau détruit à la révolution

Saint Elzéar soignant (et guérissant) des lépreux
fragment des sculptures qui ornaient son tombeau détruit à la révolution

   En 1323, Elzéar est envoyé à Paris, ambassadeur du roi Robert de Naples, pour négocier le mariage de son élève, Charles de Calabre, avec Marie de Valois, petite-fille du roi Philippe le Hardi.
Au cours de ce séjour, Elzéar croisa dans la rue un prêtre portant le saint viatique. Bien sûr, tout le monde mit genou en terre… sauf le comte d’Arrian. Le fait fut rapporté à l’évêque, Etienne III de Bouret, qui convoqua Elzéar afin qu’il rendît compte de cette conduite scandaleuse. Elzéar lui répondit : « Faites venir le prêtre et je m’expliquerai devant lui ». Aux questions que lui posa Elzéar le curé finit par avouer : « J’avais refusé le saint viatique à un marchand, parce que je m’étais vu obligé de lui refuser l’absolution, pour la raison que le malade ne voulait pas restituer des biens mal acquis. Mais ses proches m’ayant menacé des plus grands maux, si je persistais dans mon refus, je lui ai porté en viatique une hostie non consacrée ». Le curé fut destitué.

   C’est à l’occasion de son ambassade à la cour de France qu’Elzéar écrivit ces lignes admirables à son épouse demeurée à la cour de Naples : « Vous désirez apprendre souvent de mes nouvelles ? Allez souvent visiter Jésus-Christ dans le Saint-Sacrement. Entrez en esprit dans son Cœur sacré. Vous savez que c’est là ma demeure ordinaire ; vous êtes sûre de m’y trouver toujours ».

   Elzéar tomba malade à Paris : il obtint que la messe fût célébrée dans sa chambre, fit une confession générale et se confessa encore chaque jour… alors que ses confesseurs assurèrent par la suite qu’il ne pécha jamais mortellement. Chaque jour, il se faisait lire la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Il rendit son âme à Dieu le 27 septembre 1323, ayant reçu l’extrême-onction et la sainte communion en viatique. Il était âgé de 38 ans.

Saint François d'Assise avec Saint Louis et Saint Elzéar de Sabran - église d'Orange

Saint François d’Assise avec Saint Louis et Saint Elzéar de Sabran
(tableau de l’église Saint-Florent, à Orange)

   Son corps fut ramené en Provence et inhumé dans l’église des franciscains d’Apt. Plus tard il sera transféré dans la cathédrale de cette même ville. Quelques mois plus tard, Delphine le contempla dans une vision. Le pape Clément VI fit procéder en 1352 à la vérification des miracles attribués à Elzéar, et son filleul, le Bienheureux Urbain V, le canonisa en 1370.

   Sa veuve, Delphine de Signes, lui survécut pendant 37 ans : elle demeura encore à la cour de Naples, confidente de la reine Sancia, seconde épouse du roi Robert 1er, jusqu’en 1345, où elle revint en Provence, menant une vie pauvre et pénitente jusqu’à sa mort, le 26 novembre 1360. Ses liens avec les franciscains dits « spirituels », dont beaucoup furent suspects d’hérésie, ont entravé sa canonisation dans des formes régulières. Elle figure toutefois au martyrologe propre de l’Ordre séraphique et bénéficie localement d’un culte public, la plupart du temps en même temps que son virginal époux.

église d'Ansouis - autel et reliques de Saint Elzéar et de la Bienheureuse Delphine

Autel et bustes reliquaires de Saint Elzéar et de la Bienheureuse Delphine
dans l’église paroissiale d’Ansouis

2023-117. « Ce sont les grandes épreuves qui façonnent les grandes âmes et les rendent propres aux grandes choses que le Bon Maître veut faire par elles ».

26 septembre,
Fête de Sainte Thérèse Couderc (cf. > ici) ;
Mémoire des Saints Cyprien et Justine, martyrs.

       En ce mois marqué par les fêtes de l’Exaltation de la Sainte Croix et de Notre-Dame des Sept-Douleurs, la fête de Sainte Thérèse Couderc, cette sainte vivaroise particulièrement chère à notre dévotion, vient encore nous rappeler les grandes lois de la vie chrétienne et de la vie spirituelle, qui ne sont véritables que lorsqu’elles sont marquées du sceau de la croix du Christ Notre-Seigneur.
Cette page, extraite d’un ouvrage consacré à Sainte Thérèse Couderc, nous offre, à partir de citations des lettres de cette grande mystique méconnue, de splendides et fortes leçons.

Croix à Sablières, village natal de Sainte Thérèse Couderc

Grande croix de mission au centre du village de Sablières (Vivarais),
village natal de Sainte Thérèse Couderc

nika

« Ce sont les grandes épreuves qui façonnent les grandes âmes
et les rendent propres aux grandes choses
que le Bon Maître veut faire par elles ».

       « Très tôt, Mère Thérèse a su d’expérience que la volonté divine n’est pas nécessairement d’accord avec nos désirs spontanés, et elle en prend acte avec humour : « … Le Bon Dieu se plaît à nous contrarier en faisant surgir des obstacles pour nous empêcher de faire notre volonté ; je ne m’en plains pas cependant, car j’espère que je ferai la sienne toutes les fois que je renonce à la mienne de bon cœur… » (lettre du 27 décembre 1857 à son frère l’Abbé Jean Couderc). Elle a appris aussi que cette volonté nous atteint souvent sous la forme de la croix, « sceau » que Dieu met sur ses œuvres. Aucune épreuve ne peut ébranler sa conviction profonde : en tout et toujours, Dieu est bon, « et si nous ne pouvons souffrir avec joie, souffrons du moins avec une parfaite soumission à tous ses desseins qui ne sont que des desseins de miséricorde et d’amour, quelque rigoureux qu’ils nous paraissent » (lettre du 12 janvier 1867 à son neveu l’Abbé Adrien Rouvier).

   Elle sait encore reconnaître cette Bonté dans la croix : « La croix, ce pain des forts, n’est pas toujours de notre goût » (lettre du 27 mai 1867 à la Rde Mère de Larochenégly) mais elle est toujours « l’arbre de vie » (lettre du 20 décembre 1867 à la Rde Mère Dambuent). Mère Thérèse n’hésite pas à nous dire que la croix doit être « embrassée » comme toute autre volonté de Dieu, « puisqu’elle sanctifie tout ce qu’elle touche, depuis qu’elle a été sanctifiée elle-même par celui qui est la source de toute sainteté ; aimons-la, s’il est possible, car plus nous l’aimerons et plus elle nous sera profitable » (lettre du 29 mai 1862 à la Rde Mère Lysie Adam). « S’il est possible… » cette incise témoigne de la compréhension et compassion de Mère thérèse pour ceux qui souffrent : elle les aborde avec respect et ce n’est pas le stoïcisme qu’elle leur propose, mais l’union d’amour avec celui qui est la source de toute sainteté.

   Son adhésion à la croix, Thérèse Couderc l’exprime volontiers, surtout dans les vingt dernières années de sa vie, par le mot fiat qui doit évoquer pour elle tout à la fois le « oui » de Marie et celui du Christ à l’Agonie.

   Devant la croix, l’esprit de foi de Mère Thérèse semble être avant tout une confiance filiale, participation à la confiance du Fils Bien-Aimé qui embrasse le dessein du Père jusqu’à la mort de la croix pour le salut du monde [...].
Contemplant la croix, en portant sa propre part ou aidant les autres à la porter, le regard de Mère Thérèse s’oriente au-delà des souffrances immédiates, vers les fruits de vie et de gloire : la croix étant « l’arbre de vie, l’espoir que la foi nous donne d’y cueillir des fruits de vie ranime le courage pour l’accepter avec toutes ses rigueurs de la main de Notre-Seigneur qui a lui-même choisi celle qui devait le plus efficacement servir à notre sanctification » (lettre du 20 décembre 1867 à la Rde Mère Dambuent). Un peu plus tôt, dans une perspective nettement apostolique, elle avait écrit à Mère Lautier alors Maîtresse des Novices : « ce sont les grandes épreuves qui façonnent les grandes âmes et les rendent propres aux grandes choses que le Bon Maître veut faire par elles » (lettre du 23 octobre 1867).

   Tant que notre volonté ne s’est pas fondue avec celle de Dieu, pour n’en faire plus qu’une l’accomplissement de celle de Dieu demandera souvent le renoncement à la nôtre. Mère Thérèse le sait bien et elle met aussi sur ce renoncement l’accent de son amour : « de bon cœur » (lettre du 27 décembre 1857 à son frère l’Abbé Jean Couderc) et celui de sa foi : « que ma volonté ne se fasse pas, mais la vôtre, ô mon Dieu ! » (expression qui revient en de très nombreuses lettres) ».

Mère Paule de Lassus Saint-Geniès, religieuse du Cénacle
in « Thérèse Couderc 1805-1885 la femme – la sainte », 1985, pp. 75-77

Voir aussi :
- « Se livrer » > ici

Sainte Thérèse Couderc au lapin

Sainte Thérèse Couderc (1805-1885)
photographie dite « au lapin », qui est particulièrement populaire

2023-116. « Le déguisement du démon en serpent se continue par ses transformations en hérétique, en schismatique, en faux savant, faux littérateur, faux artiste, faux sociologue, en moderniste, et combien d’autres ! »

25 septembre,
Fête de Saint Prince (ou Principe) de Soissons, évêque et confesseur,
frère aîné de Saint Remi de Reims.

       Chers Amis, vous trouverez ci-dessous le texte de la lettre mensuelle de la Confrérie Royale, dont le contenu sera médité et approfondi aussi avec grand profit par tous les lecteurs de ce blogue, par tous les catholiques qui ont le sens des enjeux des combats présents, par tous les authentiques fidèles qui ont conscience de la crise de l’Eglise et de la société civile…

frise lys

Lettre mensuelle aux membres et amis de la
Confrérie Royale

- 25 septembre 2023 -

frise lys

Triduum en l’honneur de Saint Michel
avant sa fête liturgique

Bien chers membres et amis,

   Nous sommes à quelques jours de la fête de Saint Michel archange (29 septembre) et, en guise de lettre mensuelle, voici un texte qui figure dans les Actes du pontificat de Saint Pie X et réalise une sorte de commentaire de la prière que son prédécesseur, le pape Léon XIII, avait promulguée pour être récitée à la fin de toutes les Messes basses :

Sancte Michael Archangele, defende nos in proelio ;
contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium.
Imperet illi Deus, supplices deprecamur :
tuque, Princeps militiae caelestis,
satanam aliosque spiritus malignos,
qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo,
divina virtute in infernum detrude.
Amen.

Saint Michel Archange,
défendez-nous dans le combat ;
soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon.
Que Dieu lui commande, nous vous en supplions :
et vous, Prince de la Milice Céleste,
repoussez en enfer, par la force divine,
Satan et les autres esprits mauvais
qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes.
Ainsi soit-il.

   Ce texte donc est signé du cardinal Pietro Respighi (1843-1913), qui était à l’époque où il le publia par mandat du pape Saint Pie X, camerlingue du Sacré Collège (nota : poste supprimé en 1995 par Jean Paul II, qu’il ne faut pas confondre avec celui de camerlingue de la Sainte Eglise romaine), et il constitue une forme de méditation développant cette courte prière à Saint Michel, pour en montrer toute la nécessité et la pressante actualité.

   Ce qui était vrai en 1907, est, d’une certaine manière, encore plus nécessaire et actuel en 2023 ! C’est la raison pour laquelle il vous est adressé aujourd’hui…
Et puisque le pape Saint Pie X demandait aux fidèles de son diocèse de Rome d’accomplir un triduum – les 26, 27 et 28 septembre – pour préparer avec davantage de ferveur la fête de Saint Michel, reprenons aujourd’hui cette recommandation et, même si nous faisons déjà une neuvaine à Saint Michel, ne manquons pas d’intensifier encore notre prière en ces trois jours, afin de demander à Saint Michel sa protection sur le Royaume de France qui fut spécialement placé sous sa protection par Saint Charlemagne déjà, puis au cours des siècles par nombre de nos pieux Souverains et Princes.

   Que le Prince des armées célestes, victorieux contre le démon et ses anges rebelles, nous soit en aide et protection : qu’il protège très spécialement Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX et sa famille, qu’il protège le Royaume des Lys et en chasse les esprits maléfiques qui y sont répandus, et qu’il nous aide à être chaque jour, par la prière et le sacrifice, des membres fidèles de notre Confrérie, milice spirituelle au service du Roi légitime. Ainsi soit-il.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

 Vitrail de Saint Michel au bouclier de lys

Invito sacro

promulgué au nom de Saint Pie X
par le cardinal Respighi

le 17 septembre 1907

       L’invocation « Saint Michel Archange » que des millions de fidèles récitent chaque jour après la célébration du très saint Sacrifice retentit plus vive et plus ardente en ces jours qui nous préparent à la fête du glorieux prince de la milice céleste.

   Defende nos in praelio. Défendez-nous, ô saint archange, dans la lutte ici-bas. Notre passage en ce monde a été défini par ces paroles mémorables de Job : « La vie de l’homme sur terre est un combat » (Job VII, 1). C’est à ce combat que nous exhorte saint Paul en ces termes : « Mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de Sa vertu. Revêtez-vous de l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister à toutes les embûches du démon ; car nous avons à combattre, non contre la chair et le sang, mais contre les princes et les puissances, contre les gouverneurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans l’air… Soyez fermes, ceignez vos reins de la vérité et revêtez la cuirasse de la justice ; que vos pieds soient chaussés et prêts à marcher dans la voie de l’Evangile, sur le chemin de la charité et de la paix. Et surtout prenez le bouclier de la foi, pour que vous puissiez éteindre sur lui les traits enflammés du malin esprit » (Eph. VI, 10-16).

   C’est donc une guerre, non pas contre les hommes de ce monde, mais contre les perfidies et les embûches des esprits infernaux, ennemis obstinés et puissants, qui se servent de ce monde lui-même et des hommes, comme d’instruments pour nous faire la guerre.

   Contre nequitias et insidias diaboli esto praesidium. Les perfidies du démon, c’est la mort, puisque la mort est entrée dans le monde par l’envie du démon (Sag. II, 24) ; ce sont les persécutions qu’il inflige aux personnes et aux nations catholiques, puisque ceux-là l’imitent qui lui appartiennent.

   Les embûches du démon, ce sont toutes les machinations capables de tromper, si c’est possible, les élus eux-mêmes (Matth. XXIV, 24).

   Le déguisement du démon en serpent se continue par ses transformations en hérétique, en schismatique, en faux savant, faux littérateur, faux artiste, faux sociologue, en moderniste, et combien d’autres !

   Les embûches du démon, ce sont les tentations pour lesquelles il se sert des circonstances extérieures, des passions internes, de nos sens, de l’imagination ; ce sont les opérations divinatoires ou prédictions de l’avenir, les pratiques merveilleuses par lesquelles ce trompeur, père du mensonge, séduit tant d’esprits. Ces perfidies et ces embûches croîtront en puissance à l’arrivée de l’antéchrist, « arrivée qui se produira par l’opération de Satan, avec toutes sortes de miracles et de signes, et des prodiges menteurs, ainsi qu’avec toutes les séductions de l’iniquité, pour ceux qui se perdent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité, afin d’être sauvés » (2 Thess. II, 9-10).

   Imperet illi Deus. Quand l’archange saint Michel lutta contre le démon à l’occasion de la sépulture de Moïse, il lança à l’esprit mauvais ces paroles : « Que le Seigneur te dompte ! » (Jude 9). Dans les tristes jours où nous vivons, répétons avec une confiance tranquille et ferme ces paroles de saint Michel contre Satan et les esprits mauvais qui parcourent le monde pour la perdition des âmes : « Que le Seigneur te dompte ! »

   Mais observons l’avertissement de l’Apôtre : « Ne donnez point place au démon » (Eph. IV, 27). Détestons de toute la force de notre âme cette figure horrible, cette fumée et ce feu d’agitation, de désordre et de rébellion, dont s’entoure le roi de tous les fils de l’orgueil (Job IV, 1, 25).

   Contre le prince de l’orgueil, suivons le doux archange. Dans son triomphe, lui, au contraire, s’enveloppe de l’humilité, de la beauté et de l’amabilité de Jésus-Christ.

   Honorons, acclamons, invoquons saint Michel, et, sous son patronage, avec l’aide de Dieu, durant toute notre vie et à l’heure de la mort, nous repousserons Satan vaincu dans les abîmes. Eternellement reconnaissants à Dieu nous répéterons avec Judith : Custodivit me angelus ejus. L’ange du Seigneur a combattu et triomphé pour nous !

 Par la volonté du saint-père on célèbrera dans les journées du 26, 27 et 28 septembre le triduum de saint Michel dans toutes les églises paroissiales de Rome.

Miniature Ordre Saint Michel - Louis XI

Litanies de Sainte Thècle :

23 septembre,
Fête de Sainte Thècle, vierge, égale aux Apôtres et protomartyre ;
Mémoire de Saint Lin de Volterra, pape et martyr ;
Mémoire de Saint Pie de Pietrelcina, confesseur.

   Nous avons publié précédemment (> ici) plusieurs prières en l’honneur de la très grande martyre Sainte Thècle, vierge, vénérée par les chrétiens d’Orient comme « égale aux Apôtres », voici maintenant ci-dessous des litanies en son honneur, adaptées d’un ancien formulaire découvert dans un livre de dévotion pour jeunes filles.

Sainte Thècle - image de dévotion Italie

Litanies de Sainte Thècle
(pour la récitation privée)

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus- Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Reine des Vierges, priez pour nous.

Sainte Thècle, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui êtes restée pure au milieu des païens, priez pour nous.
Sainte Thècle, convertie par le Saint Apôtre Paul, qui êtes devenue sa première disciple, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui vous êtes laissée ardemment façonner par la Parole de Dieu, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui vous êtes fidèlement mise au service de l’Apôtre des Gentils, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui l’avez visité et nourri en prison, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui, pour l’amour du Christ, avez quitté votre fiancé terrestre, priez pour nous.
Sainte Thècle, dont la mère païenne a voulu, de multiples façons, vous détourner du Christ, priez pour nous.
Sainte Thècle, dont les parents vous ont battue pour votre attachement à la foi chrétienne, priez pour nous.
Sainte Thècle, dont les proches vous ont dénoncée auprès des impies, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui avez été condamnée au bûcher, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui, par le signe de la Croix, avez provoqué la pluie qui éteignit le feu, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui avez été jetée en pâture aux fauves, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui avez été miraculeusement protégée par une lionne, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui avez été préservée de la morsure des serpents, priez pour nous.

Sainte Thècle, qui, par la force de Dieu, avez été préservée de toute les tortures, priez pour nous.
Sainte Thècle, première martyre parmi les femmes, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui, par vos paroles et vos exemples, avez gagné au Christ Sauveur des âmes innombrables, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui avez servi Dieu fidèlement jusqu’à un âge très avancé, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui avez été visitée par votre Epoux céleste pendant votre prière, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui avez été merveilleusement préservée des embûches de vos ennemis, priez pour nous.
Sainte Thècle qui, en toutes tribulations, êtes devenue pour nous un refuge très sûr, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui êtes le secours des veuves et des orphelins, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui venez en aide aux pécheurs repentis, priez pour nous.

Sainte Thècle, qui intercédez pour nous devant le Trône de Dieu, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui avez été louée et magnifiée par les saints, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui nous êtes donnée en exemple par les plus grands Docteurs, priez pour nous.

Sainte Thècle, dont l’intercession obtient des miracles, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui obtenez à tous ceux qui vous invoquent consolation et protection, priez pour nous.
Sainte Thècle, modèle et protectrice des vierges, priez pour nous.
Sainte Thècle, dont les exemples encouragent ceux qui souffrent pour le nom du Christ, priez pour nous.
Sainte Thècle, dont la prière accompagne les agonisants, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui viendrez à notre aide dans les derniers combats, priez pour nous.
Sainte Thècle, qui nous présenterez à Jésus et Marie à notre dernier soupir, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

V. Priez pour nous, Sainte Thècle, vierge et première des martyres,
R. Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

       Prions :

   O Dieu, notre secours et notre force, qui avez merveilleusement tiré de l’obscurité du paganisme la sainte vierge et martyre Thècle, qui l’avez choisie comme épouse pour Votre Fils, qui l’avez rendue invincible dans les épreuves, et l’avez revêtue de grâces particulières pour la consolation de Vos fidèles, veuillez nous accorder, par ses mérites et son intercession, d’être illuminés et réconfortés par la grâce, pour que nous parvenions à une vraie et profonde conversion, de sorte qu’après cette vie mortelle nous partagions, en sa compagnie, Votre béatitude éternelle dans le Ciel.
Nous Vous le demandons par Jésus-Christ, Votre Fils et Notre-Seigneur, qui vit et règne avec Vous, dans l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles et les siècles.

Ainsi soit-il !

Statuette de Sainte Thècle - détail

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