Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2024-179. La séquence lyonnaise « Plaudamus cum superis » pour l’Assomption de Notre-Dame.

22 août,
Octave de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. > ici) ;
Mémoire des Saints Timothée, Hippolyte et Symphorien, martyrs.

Philippe de Champaigne - Assomption vers 1629 - musée du Louvre

Philippe de Champaigne -1602-1674) : Assomption de la Vierge Marie (vers 1629)
[tableau réalisé pour l’église du couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques à Paris - musée du Louvre] 

       Après la publication de la prose de l’Assomption « Induant justitiam » du missel parisien, adoptée en de nombreux diocèses de France sous l’Ancien Régime (cf. > ici), un de nos lecteurs – qu’il en soit chaleureusement remercié – a eu la bonté d’attirer notre attention sur le fait que dans le rite lyonnais, il existe aussi une prose propre, différente quant au texte, sauf en ce qui concerne les deux derniers couplets qui sont absolument identiques.

   En revanche, pour l’heure, nous n’en avons trouvé ni la partition musicale ni non plus un quelconque enregistrement.
A l’occasion de l’octave de l’Assomption, et, en quelque manière en symétrie de la prose du missel romain à l’usage des diocèses de France, voici, ci-dessous, le texte et la traduction de cette prose du rite lyonnais :

Plaudamus cum superis :
Arca novis fœderis
Templo sedet gloriae.

Applaudissons avec les anges :
L’Arche de la nouvelle alliance
Repose au temple de la gloire.

Alto regnat solio,
Juncta Mater Filio,
Particeps victoriae.

Sur un trône élevé, la Mère
Règne en union avec son Fils,
Participant à Sa victoire.

Qos est passa pectore,
Quantos natus fœnore,
Dolores remunerat !

Les douleurs qu’elle a endurées
Dans son cœur, combien son Enfant
Les récompense avec usure !

Circumfusa lumine,
Solo minor Numine,
Quot bonis exuberata !

Elle baigne dans la lumière :
A Dieu seul elle est inférieure ;
De biens sans nombre elle est comblée !

Ipsa fit fons gratiae,
Quae fontem justitiae
Sinu suo protulit.

Elle devient source de grâce,
Ayant fait jaillir de son sein
La Source de la sainteté.

Quis per Matrem Filium
Rogavit auxilium,
Et dona non retulit ?

Qui a demandé le secours
Du Fils, passant par la Mère,
Sans repartir chargé de dons ?

Virgo caelo celsior,
Angelisque purior,
Nobis sis propitia.

Vierge élevée plus que les cieux,
Plus pure même que les anges,
Accordez-nous votre faveur.

Regnet in pectoribus,
Regnet in operibus,
Qua dives es, gratia.

Qu’elle règne au fond de nos cœurs,
Qu’elle règne aussi en nos œuvres,
La grâce dont vous êtes riche.

Ad Deum ut adeant,
Per te vota transeant :
Non fas Matrem rejici.

Pour qu’ils parviennent jusqu’à Dieu,
Que nos vœux passent par vos mains :
on ne repousse pas sa Mère !

Amet tuam Galliam ;
Regi det justitiam,
plebi pacem supplici.
Amen.

Qu’Il (Dieu) aime la France qui est vôtre ;
Qu’Il accorde au Roi la justice,
Et la paix au peuple qui prie.
Ainsi soit-il !

L'Assomption

2024-178. In memoriam : Monsieur l’abbé Louis Coache, inlassable combattant de la foi (+ 21 août 1994).

21 août,
Fête de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, veuve et fondatrice de l’Ordre de la Visitation ;

Anniversaire de la naissance de Saint François de Sales ;
Mémoire de Saint Privat de Mende, évêque et martyr ;
7ème jour dans l’octave de l’Assomption ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Louis Coache (+ 21 août 1994).

abbé Louis Coache

Monsieur l’abbé Louis Coache (10 mars 1920 – 21 août 1994)

   Le 10 mars 1920, à Ressons-sur-Matz, dans le diocèse de Beauvais, naquit Louis Coache, dans une famille modeste mais très profondément chrétienne. Il était le sixième de sept enfants et deux de ses sœurs seront religieuses.
Ayant très tôt entendu l’appel divin, il commença ses études ecclésiastiques au petit séminaire du Moncel, à Pont-Sainte-Maxence, fut ensuite envoyé au Séminaire français de Rome, dut revenir en France à cause de la guerre et rejoignit le grand séminaire de Beauvais, alors replié à Versailles en raison de l’occupation allemande. Il y fut ordonné le 24 avril 1943 par Mgr Roland-Gosselin, évêque de Versailles.
Son évêque le nomme d’abord vicaire à la cathédrale de Beauvais (juin 1943 – décembre 1947), puis curé de Salency, où il ne reste que quelques mois, car en août 1948 il est nommé curé de Sacy-le-Grand (août 1948 – 1953).

   En 1953, une maladie assez grave le contraint au repos. Repos assez relatif car il en profite pour approfondir des études de Droit canon au terme desquelles il obtient le Doctorat en soutenant une thèse sur « Le pouvoir ministériel du Pape » et que, dans le même temps, il dessert depuis Beauvais la paroisse de La-Neuville-en-Hez et assure un vicariat à Notre-Dame-de-Thil.
De juillet à novembre 1957, on lui confie l’aumônerie de l’hôpital de Senlis et enfin, à Pâques 1958, il reçoit ses lettres de curé de la paroisse de Montjavoult.

Vignette croix et calice - blogue

   Cet itinéraire de prêtre diocésain somme toute assez classique (vicaire, curé d’une petite paroisse, puis d’une paroisse moyenne, et enfin d’un paroisse plus importante), nous amène à la fin du règne du Vénérable Pie XII : bientôt les événements vont se précipiter.
Le temps de la maladie lui a donné le temps de devenir un canoniste, ce qui donnera du poids à ses prises de position et à ses publications. Dès 1955, alerté par certaines tendances qui se faisaient jour chez certains de ses confrères et dans la « pastorale », il avait commencé à prendre des notes en vue de la rédaction d’un ouvrage qu’il voulait intituler : « Jusqu’où va nous conduire l’esprit du monde ? ».

   L’annonce par Jean XXIII de la convocation d’un concile fut comparable à l’ouverture irréfléchie et incontrôlée des vannes d’un barrage : en quelques mois, le modernisme qui couvait sous les apparences conservatrices du pontificat pacellien va se révéler et faire déferler dans toute l’Eglise une vague dévastatrice de remises en cause de la foi et de la morale.
Effrayé, l’abbé Coache décide de publier son livre, mais se heurte aussitôt à de fortes oppositions : refus de l’Imprimatur, refus des éditeurs gagnés aux idées nouvelles… Finalement, il utilise une partie de son abondante documentation pour 
rédiger une « Lettre d’un curé de campagne à ses confrères », qu’il envoie aux prêtres du diocèse de Beauvais ainsi qu’à certains amis et correspondants à la Noël 1964. Elle sera suivie d’une « Nouvelle lettre d’un curé de campagne » (8 septembre 1965) qui connaîtra une diffusion plus importante.
En cette même année 1965, grâce à Michel de Saint-Pierre qu’il a rencontré à l’occasion de la publication de son roman « Les nouveaux prêtres »
, les éditions de La Table Ronde acceptent de publier, sous le titre «La foi au goût du jour » et sous le nom de plume de Jean-Marie Reusson, l’ouvrage qu’il préparait depuis 1955.

   En juin 1966, le mensuel « Le Monde et la Vie » (magazine grand format illustré qui faisait alors concurrence à Paris Match) publie un article de l’abbé Coache intitulé « La nouvelle religion » : article de quatre grandes pages qui eut un retentissement si considérable qu’il valut à son auteur un blâme de son évêque, et à la revue une condamnation émanant du Conseil permanent de la Conférence épiscopale de France (en même temps que Défense du FoyerLumière et Itinéraires).
En juin 1967 parut la « Dernière lettre d’un curé de campagne », dont le tirage fut de 150 000 exemplaires, preuve de la notoriété acquise en quelques années par l’abbé Coache.

   On le voit, c’est une période où le curé de Montjavoult essaie de s’opposer par ses écrits au modernisme dévastateur, bien qu’il ne se considère pas comme un « écrivain » : dans la débâcle générale de cette période de folie, des catholiques désemparés y trouvent une force, des prêtres découragés ou troublés se ressaisissent, et la résistance traditionnaliste commence à s’organiser. Les écrits de l’abbé Louis Coache jouent un rôle indéniable dans ce début.
Par la suite, et presque jusqu’à sa mort, l’abbé Coache continuera des publications, au premier rang desquelles il faut citer le très célèbre « Vade mecum du catholique fidèle », courte brochure rappelant les points essentiels au sujet de la prière, de la confession, de la communion, de la messe, des lectures, du catéchisme, de la morale.
Imprimé à la fin de 1968, il s’en était déjà écoulé 150 000 exemplaires à la fin janvier 1969, et il a été plusieurs fois réédité depuis. 

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   Quoique très mal vu par son évêque, jusque-là le curé de Montjavoult demeurait dans une situation canonique tout-à-fait régulière. Cela va rapidement évoluer au cours de l’année 1968, année au cours de laquelle il lance un bulletin bientôt connu de tous ceux qui ne veulent pas se soumettre à la déferlante moderniste : « le Combat de la Foi ».
Prévoyant une grande cérémonie eucharistique à l’occasion de la Fête-Dieu, l’abbé Coache invite son évêque, Mgr Stéphane Desmazières, à la présider.
Ce dernier n’attendait qu’une occasion pour engager les hostilités et lui répond en exigeant un acte de soumission, la cessation de ses publications, et l’annulation de la journée de vénération solennelle du Très Saint Sacrement.
La grève générale (événements de mai 1968) ayant rendue impossible l’annonce d’une annulation, la procession du Très Saint Sacrement annoncée  fut maintenue. Fureur de l’évêque qui, en mai 1969, à l’annonce d’une nouvelle célébration solennelle de la Fête-Dieu à Montjavoult, envoie à l’abbé Coache une monition canonique le menaçant de lui retirer sa charge de curé s’il persévère dans son combat.

   L’abbé décide d’un recours à Rome, retardé par une grève des postes italiennes, si bien que l’évêque de Beauvais lui inflige une première peine canonique et le destitue de sa charge de curé de Montjavoult.
Une longue procédure devant les tribunaux romains va suivre : elle durera six ans ! En juin 1975, une commission cardinalice approuvera la destitution de l’abbé qui quitte alors la cure de Montjavoult et se retire à Flavigny-sur-Ozerain, à la « Maison Lacordaire » qu’il a pu acquérir.

   La mention de cette « Maison Lacordaire » mérite quelques explications : en mai 1971, le curé de Montjavoult vit arriver au presbytère un homme qui lui offrit sans ambages un monastère. Il s’agissait du neveu de l’économe de la province dominicaine de Paris, chargé par ce dernier de vendre le très grand couvent de Flavigny. Grâce à une habile manœuvre, l’abbé Coache put l’acquérir sans que ses propriétaires ne soupçonnassent quel horrible intégriste en devenait le propriétaire. Il décida d’y installer ses œuvres et, au premier chef, « le Combat de la Foi ».

   Toutefois, dès le mois de décembre 1971, cette « Maison Lacordaire » va providentiellement permettre l’éclosion d’une congrégation de religieuses : en effet, sa propre sœur, Mère Thérèse-Marie et une autre religieuse, Mère Marie-Xavier, sorties de leur congrégation d’Angers devenue moderniste, firent appel à lui, se trouvant alors dans un complet dénuement ; la maison était vaste, l’abbé occupait encore le presbytère de Montjavoult, n’était-ce pas une disposition tout-à-fait providentielle ?
D’une part,
l’abbé Coache va favoriser le recrutement pour cette renaissance d’une congrégation traditionnelle (2 à la fin 1971, puis 4 en 1975, elles seront plus de trente en 1984 lorsque, quittant Flavigny, les Petites Sœurs de Saint François, iront s’installer au Trévoux, en Bretagne).
De 
1975 à 1984, il assura presque tous les cours du noviciat (théologie, Ecriture Sainte, histoire de l’Eglise …etc.), leur transmettant aussi sa profonde dévotion eucharistique, son amour de la liturgie et du chant grégorien (ce fut lui, en particulier, qui initia les religieuses aux rubriques du bréviaire et du missel, d’où est sorti le désormais célèbre Ordo avec répertoire des lieux de culte traditionnel).
Ses conseils de spiritualité étaient basés sur la foi : les Petites Sœurs se devaient d’être des « femmes de devoir » à la piété solide ; il les mettait en garde contre les « dévotionnettes », les fausses apparitions et le sentimentalisme ; et grâce à ses conférences sur les problèmes d’actualité, il leur inculquait une claire vision de la nocivité des erreurs modernistes et de la nécessité de maintenir le bon cap.

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   Désormais installé à Flavigny, aidé par les Petites Sœurs de Saint François, l’abbé Coache, fait de la « Maison Lacordaire » un centre névralgique de la Tradition : il y prêche des retraites qui attirent un public nombreux, reçoit des hôtes de passage, enseigne et soutient les fidèles… et il organise des pèlerinages de la Tradition à Lourdes (en 1978, 1979, 1980, 1982, 1983, 1986 et 1991) pèlerinages parfois émaillés d’incidents tragi-comiques en raison de l’opposition des autorités du sanctuaire.
Il organise aussi des pèlerinages à Rome (celui de l’Année Sainte 1975 présidé par Monseigneur Lefebvre aura un grand retentissement) ou en d’autres hauts lieux de la Chrétienté, tient des réunions publiques à la Mutualité et à la Salle Wagram, dirige des campagnes de destruction des mauvais journaux dans les églises (ce qui lui vaudra des procès), des réunions de prêtres contestataires, des interventions dans les médias, des « commandos » contre des cérémonies scandaleuses ou des emblèmes sacrilèges… etc.

   En 1984, la « Maison Lacordaire » fut le lieu d’une cérémonie exceptionnelle : un triduum de messes ininterrompues, pour obtenir du Ciel la reconnaissance officielle par les autorités romaines du droit à la Messe traditionnelle. Ces trois journées de Messes célébrées par une soixantaine de prêtres, attirèrent sans nul doute des grâces immenses sur le courant traditionnel. D’autant que plus de cent prêtres, qui n’avaient pu se déplacer, célébrèrent chez eux la messe aux mêmes intentions.

   C’est après ce triduum que se prépara la cession de la « Maison Lacordaire » à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour y établir le séminaire international Saint Curé d’Ars, où s’effectue désormais la première année des candidats au sacerdoce et leur prise de soutane avant de poursuivre leurs études à Ecône.

   Monsieur l’abbé Coache, lié d’une amitié profonde avec Monseigneur Ducaud-Bourget, prépara avec lui et l’abbé Serralda la libération et la restitution au culte catholique de l’église parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet, le dimanche 27 février 1977 (cf. nos publications > ici et > ici), et ce n’est pas le moindre de ses titres de gloire et de ses droits à notre gratitude.
Certains ont écrit qu’après cela il aspirait à « prendre sa retraite », mais il avait moins de soixante ans et nous avons vu, ci-dessus, que dans les années qui suivirent il continua avec fougue à mener le combat, soit depuis Flavigny, soit, après la cession des bâtiments à la Fraternité Saint Pie X, depuis le Moulin du Pin où il déménagea. Ainsi par exemple la grande journée de réparation des crimes de la Révolution, le 15 août 1989.

Vignette croix et calice - blogue

   En 1993, l’abbé Louis Coache eut la joie de voir les « vétérans » des combats passés, ainsi que la jeune génération sacerdotale et épiscopale, se rassembler autour de lui pour rendre grâce pour ses cinquante années de sacerdoce.

   Enfin, aux premières heures du dimanche 21 août 1994, Monsieur l’abbé Louis Coache rendit sa belle âme à Dieu à l’âge de 74 ans et demi. Une grande foule l’accompagna à sa dernière demeure, pendant que, dans le monde entier, des chrétiens qui lui étaient redevables priaient pour le repos de son âme.

   Il nous reste de lui le souvenir d’un prêtre vraiment rempli de zèle pour la gloire de Dieu, embrasé d’amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ et la Très Sainte Vierge Marie, modèle d’attachement à la Sainte Eglise catholique et à ses vérités immuables, qui eut le courage de se lever quand beaucoup renonçaient ou trahissaient, de parler haut quand tant d’autres se taisaient, de combattre quand les autres baissaient la garde ou s’enfuyaient.
Prêtre de feu, il a éclairé les âmes, les a nourries, soutenues et encouragées, au point que sans doute beaucoup lui doivent leur salut éternel.
Au terme d’une existence de fidélité et de droiture, il a amplement mérité d’être qualifié du titre d’inlassable combattant de la foi.

27 février 1977 - à l'issue de la Messe, exposition du Saint-Sacrement

Sur ce cliché pris le dimanche 27 février 1977 à Saint-Nicolas du Chardonnet,
on aperçoit, au fond à droite, tenant un micro, Monsieur l’abbé Louis Coache

Litanies de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal :

Sainte Jeanne-Françoise de Chantal - blogue

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte-Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Jeanne-Françoise, très digne Mère de l’Ordre de la Visitation, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, victime du Divin Amour, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, la joie et la couronne de Saint François de Sales, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, ferme colonne de l’Ordre de la Visitation, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, demeure des délices de l’Epoux, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, très pleine de foi, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, fidèle imitatrice de la Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, holocauste d’une très agréable odeur, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, très affectionnée à la vie intérieure, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, lampe ardente et luisante, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, martyre d’amour, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, notre avocate auprès de Dieu, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, conductrice fidèle des brebis de Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, palme très féconde, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, qui n’avez pas mangé votre pain dans l’oisiveté, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, remplie de la science des Saints, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, Mère féconde des épouses de Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, pénétrée d’une douce crainte du Seigneur, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, blessée de l’Amour de Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, zélatrice très ardente du culte de Dieu, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V/: Sainte Jeanne-Françoise, priez pour nous.
R/: Afin que nous servions Dieu en esprit et en vérité.

Prions :

   Dieu Tout-Puissant et tout Miséricordieux qui, après avoir embrasé la Bienheureuse Jeanne-Françoise du feu de Votre Amour, l’avez, dans les différents états de sa vie, douée d’une admirable force d’esprit pour se conduire dans la voie de la perfection et qui, par elle, avez voulu enrichir l’Église d’une nouvelle famille, faites, par ses mérites et ses prières que, connaissant toute notre faiblesse et comptant sur Votre Puissance, nous surmontions, par le secours de Votre Grâce, tout ce qui peut nous être contraire. Par notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec Vous dans les siècles des siècles.

Ainsi soit-il !

Médaillon reliquaire de Saint François de Sales et Sainte Jeanne de Chnatal - oratoire du Mesnil-Marie

Médaillon reliquaire de Saint François de Sales et Sainte Jeanne-Françoise de Chantal
(oratoire du Mesnil-Marie)

2024-177. « La Sagesse céleste S’est élevée en elle une demeure ».

20 août,
Fête de Saint Bernard de Clairvaux, abbé, confesseur et docteur de l’Eglise (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Philibert, abbé et confesseur ;
Anniversaire de la mort de Saint Pie X (cf. ici).

       Puisque la fête de Saint Bernard, particulièrement réputé pour sa dévotion mariale, se trouve au sixième jour de l’octave de l’Assomption, profitons de cette occurrence pour lire, ou relire, et surtout pour méditer sur ce petit sermon tout à la gloire de la Très Sainte Mère de Dieu.

Filippino Lippi - apparition de la Vierge à Saint Bernard

Filippino Lippi (1457-1504) : apparition de la Vierge à Saint Bernard (1486)
[Florenze, église de la Badia]

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

Cinquante-deuxième sermon de Saint Bernard :

De la maison de la sagesse divine, c’est-à-dire de la Vierge Marie.

« La Sagesse s’est bâtie une maison… etc.» (Prov. IX, 1).

   1. Comme le mot sagesse se prend en plusieurs sens, il faut rechercher qu’elle est la sagesse qui s’est bâtie une maison. En effet, il y a la, sagesse de la chair qui est ennemie de Dieu (Rom. VIII, 7), et la sagesse de ce monde qui n’est que folie aux yeux de Dieu (cf. 1 Cor. III, 19). L’une et l’autre, selon l’apôtre saint Jacques, font la sagesse de la terre, la sagesse de la terre « la sagesse animale, diabolique » (Jac. III, 15). C’est suivant cette sagesse que sont sages ceux qui ne le sont que pour faire le mal, et qui ne savent pas faire le bien ; mais ils sont accusés et condamnés dans leur sagesse, selon ce mot de l’Écriture : « Je saisirai les sages dans leurs ruses, Je perdrai la sagesse des sages, et Je rejetterai la science des savants » (1 Cor. I, 19). Il me semble qu’on peut parfaitement et proprement appliquer à ces sages cette parole de Salomon : « Il est encore un mal que j’ai vu sous le soleil, c’est l’homme qui est sage à ses yeux ».
Ni la sagesse de la chair, ni celle du monde, n’édifie, loin de là, elle détruit plutôt la maison, où elle habite. Il y a donc une autre sagesse qui vient d’en haut ; elle est avant tout prodigue, puis elle est pacifique.
Cette Sagesse, c’est le Christ, la vertu de Dieu, la sagesse de Dieu, dont l’Apôtre a dit : « Il nous a été donné pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption » (1 Cor. I, 30).

   2. Ainsi cette Sagesse, qui était la sagesse de Dieu et qui était Dieu, venant à nous du sein du Père, S’est édifié une demeure, je veux parler de la Vierge Marie Sa mère, et dans cette demeure Il a taillé sept colonnes.
Qu’est-ce à dire, Il a taillé dans cette maison sept colonnes, si ce n’est qu’Il l’a préparée par la foi et par les œuvres à être une demeure digne de Lui ? Le nombre trois est le nombre de la foi à cause de la Sainte Trinité, et le nombre quatre est celui des mœurs à cause des quatre vertus principales.
Je dis donc que la Sainte Trinité S’est trouvée dans la Bienheureuse Marie, et S’y est trouvée par la présence de Sa majesté, bien qu’elle n’ait reçu que le Fils quand Il S’est uni la nature, humaine : et j’en ai pour garant le témoignage même du messager céleste qui lui découvrit en ces termes le secret de ce mystère : « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous », et un peu après : « Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de Son ombre » (Luc I, 28).
Ainsi vous avez le Seigneur, vous avez la vertu du Très-Haut et vous avez le Saint-Esprit : en d’autres termes, vous avez le Père, le Fils et le Saint- Esprit. D’ailleurs le Père ne va point sans le Fils, non plus que le Fils sans le Père, de même que le Saint-Esprit, qui procède des deux, ne va ni sans l’Un ni sans l’Autre, s’il faut en croire ces paroles du Fils : « Je suis dans le Père et le Père est en Moi ». Et ailleurs : « Quant à Mon Père qui demeure en Moi, c’est Lui qui fait tout » (Joan. XIV, 10).
Il est clair que la foi de la Sainte Trinité se trouvait dans le cœur de la Vierge.

   3. Mais eut-elle aussi les quatre autres colonnes, je veux dire les quatre vertus principales ?
Le sujet mérite que nous nous en assurions.
Voyons donc d’abord si elle eut la vertu de force. Comment cette vertu lui aurait-elle fait défaut quand, rejetant les pompes du siècle et méprisant les voluptés de la chair, elle conçut le projet de vivre pour Dieu seul dans sa virginité  Si je ne me trompe, la Vierge est la femme dont Salomon parle en ces termes : « Qui trouvera une femme forte? Elle est plus précieuse que ce qu’on va chercher au bout du monde » (Prov. XXXI, 10). Telle fut sa force, en effet, qu’elle écrasa la tête du serpent à qui le Seigneur avait dit : « Je mettrai des inimitiés entre la femme et toi, entre sa race et la tienne ; elle t’écrasera la tête » (Gen. III, 15).
Pour ce qui est de la tempérance, de la prudence et de la justice, on voit plus clair que le jour, au langage de l’Ange, et à sa réponse à elle, qu’elle possédait ces vertus. En effet, à ce salut si profond de l’Ange : « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous », au lieu de s’élever dans sa pensée, en s’entendant bénir pour ce privilège unique de la grâce, elle garde le silence, et se demande intérieurement ce que pouvait être ce salut extraordinaire. N’est-ce point la tempérance qui la fait agir en cette circonstance ? Puis, lorsque l’Ange l’instruit des mystères du ciel, elle s’informe de lui, avec soin, de la manière dont elle pourrait concevoir et enfanter un fils, puisqu’elle ne connaissait point d’homme ; évidemment, dans ces questions, éclate sa prudence. Quant à sa justice, elle la prouve lorsqu’elle se déclare la servante du Seigneur. En effet, on trouve la preuve que la confession est le propre des justes dans ces paroles du Psalmiste : « Ainsi les justes confesseront votre nom, et ceux qui ont le cœur droit demeureront en votre présence » (Ps. CXXXIX, 14). Ailleurs, on lit encore, à propos des justes : « Et vous direz, en confessant Ses louanges, les œuvres souverainement bonnes du Seigneur » (Eccli. XXXIX, 21).

   4. Ainsi la Bienheureuse Vierge Marie s’est montrée forte dans ses desseins, tempérante dans son silence, prudente dans ses questions et juste dans sa confession. C’est sur ces quatre colonnes des mœurs et sur les trois de la foi dont j’ai parlé plus haut, que la Sagesse céleste S’est élevée en elle une demeure ; elle remplit si bien son cœur que, de la plénitude de son âme, sa chair fut fécondée et que toute Vierge qu’elle fût, elle enfanta, par une grâce singulière, cette même Sagesse qui S’était revêtue de notre chair, et qu’elle avait commencé par concevoir auparavant dans son âme pleine de pureté.
Et nous aussi, si nous voulons devenir la demeure de cette même Sagesse, il faut que nous Lui élevions également en nous une demeure qui repose sur les sept mêmes colonnes, c’est-à-dire que nous nous préparions à La recevoir par la foi et les mœurs.
Or, dans les vertus morales je crois que la justice toute seule peut suffire, mais à condition qu’elle se trouve entourée et soutenue par les autres vertus. Aussi, pour ne point nous trouver induits en erreur par l’ignorance, il faut que la prudence marche devant ses pas, que la tempérance et la force marchent à ses côtés, la soutiennent et l’empêchent de tomber soit à droite, soit à gauche.

On trouvera un autre sermon de Saint Bernard, sur la prière > ici

Filippino Lippi - apparition de la Vierge à Saint Bernard - détail

2024-176. Samedi 14 septembre 2024, fête de l’Exaltation de la Sainte Croix au Mesnil-Marie.

Samedi 14 septembre 2024

Fête de l’Exaltation de la Sainte Croix

au Refuge Notre-Dame de Compassion

Le Crucifix aux anges

Charles Le Brun (1619-1690 : Le Crucifix aux anges (après l’été 1661)
[musée du Louvre, provient de l'oratoire privé de SM. la Reine Anne d'Autriche]

Programme :

- 10 h très précises (ce qui signifie que l’on est arrivé avant !) : Entretien spirituel « Glorifier la Croix en toute notre vie »
- 11 h 30 : Sainte Messe chantée
- 13 h : repas tiré du sac
- 15 h 30 : Chapelet des Sept-Douleurs et vénération de la relique de la Sainte Croix

Inscriptions obligatoires soit au moyen de l’espace prévu ci-dessous pour les commentaires [ce ne sera pas publié] soit par courriel.

fin de texte croix glorieuse 1 - blogue

2024-175. « Après avoir purifié votre cœur de toute lèpre spirituelle, placez-le haut pour le guérir de toute infirmité, et rendez grâces à Dieu ! »

13ème dimanche après la Pentecôte ;
Lectures : épitre Gal. III, 16-22 ; Evangile Luc XVII, 11-19.

   Voir aussi la méditation proposée pour ce dimanche (extraite de « Intimité divine »> ici, ainsi que les explications de notre Bienheureux Père Saint Augustin dans les « Questions sur l’Evangile » > ici.

Carlo Cignani - Saint Augustin musée national Varsovie

Carlo Cignani (1628-1719) : Saint Augustin
[musée national, Varsovie]

vignette augustinienne

Sermon CLXXVI
de
notre Bienheureux Père Saint Augustin
sur
la grâce de Dieu

prêché le jour où l’on entendait l’Evangile de
la guérison des dix lépreux

ANALYSE. — Les trois saintes lectures que vous venez d’entendre  se rapportent à la même vérité. Elles montrent 1° combien la grâce de Dieu est nécessaire à tous, même aux petits enfants ; 2° combien nous devons avoir confiance en elle, puisqu’elle sanctifie les plus grands pécheurs ; 3° enfin, avec quelle fidélité et quelle reconnaissance nous devons lui attribuer tout le bien qui peut se trouver en nous.

§ 1 – Introduction : Saint Augustin se propose de commenter les trois passages de la Sainte Ecriture que ses fidèles viennent d’entendre et dont il résume la teneur :

   Ecoutez attentivement, mes frères, ce que le Seigneur daigne nous enseigner par ces divines lectures ; c’est de Lui que vient la vérité, recevez-la par mon ministère.

   La première lecture (1 Tim. I, 15-16) est tirée de l’Apôtre : « Une vérité sûre et digne de toute confiance, dit-il, c’est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. Mais j’ai obtenu miséricorde, afin que le Christ Jésus montrât en moi toute Sa patience, pour servir de leçon à ceux qui doivent croire en Lui, en vue de la vie éternelle ». Voilà ce que nous a rappelé le texte de l’Apôtre.
Nous avons ensuite chanté un psaume (Ps. XCIVpour nous exciter les uns les autres ; d’une même voix et d’un même cœur nous y disions : « Venez, adorons le Seigneur, prosternons-nous et pleurons en présence du Dieu qui nous a créés » ; nous y disions encore : « Hâtons-nous d’accourir devant Lui pour célébrer Ses louanges, et chantons avec joie des cantiques à Sa gloire ».
Enfin l’Evangile (Luc XVII, 12-19) nous a montré dix lépreux guéris, et l’un d’eux – il était étranger – rendant grâces à son Libérateur.
Etudions ces trois textes, autant que nous le permet le temps dont nous pouvons disposer ; disons quelques mots sur chacun d’eux, évitant, avec la grâce de Dieu, de nous arrêter trop longuement sur l’un au détriment des autres.

§ 2 – Apprendre à rendre grâces – Les motifs de notre action de grâce :

   L’Apôtre veut d’abord nous apprendre à rendre grâces.
Or, souvenez-vous que dans la dernière leçon, celle de l’Evangile, le Seigneur Jésus loue le lépreux guéri qui Le remercie, et blâme les ingrats qui conservent dans le cœur la lèpre qu’Il a effacée de leur corps.
Comment donc s’exprime l’Apôtre ? « Une vérité sûre et digne de toute confiance ». Quelle est cette vérité ? « C’est que Jésus-Christ est venu au monde ». Pourquoi ? « Pour sauver les pécheurs ». Et toi, qu’es-tu ? « Dont je suis le premier ». Et toi, qu’es-tu ? « Dont je suis le premier ». C’eût été de l’ingratitude envers le Sauveur, de dire : Je ne suis, je n’ai jamais été pécheur. Car il n’est aucun des descendants mortels d’Adam, il n’est aucun homme absolument qui ne soit malade et qui n’ait besoin pour guérir de la grâce du Christ.

§ 3 – Saint Augustin ouvre ici une parenthèse  : même les tout petits enfants qui n’ont pas commis de péché personnel ont besoin d’être guéris par le Christ Sauveur.

   Que penser des petits enfants, si tous les descendants d’Adam sont malades ? Mais on les porte à l’Eglise ; ils ne peuvent y courir encore sur leurs propres pieds ; ils y courent sur les pieds d’autrui pour y chercher la guérison. L’Eglise notre mère leur prête en quelque sorte les pieds des autres pour marcher, le cœur d’autrui pour croire et, pour confesser la foi, la bouche d’autrui encore. Si la maladie qui les accable vient d’un péché qu’ils n’ont pas commis, n’est-il pas juste que la santé leur soit rendue par une profession de foi faite par d’autres en leur nom ?
Que nul donc ne vienne murmurer à vos oreilles des doctrines étrangères. Tel est l’enseignement auquel l’Eglise s’est toujours attachée, qu’elle a professé toujours ; l’enseignement qu’elle a puisé dans la foi des anciens et qu’elle conserve avec persévérance jusqu’à la fin des siècles.

   Dès que le médecin n’est pas nécessaire à ceux qui se portent bien, mais à ceux qui sont malades, l’enfant, s’il n’est pas malade, a-t-il donc besoin du Christ ? Pourquoi, s’il a la santé, ceux qui l’aiment le portent-ils au Médecin ? S’il était vrai qu’au moment où ils courent à Lui entre des bras dévoués, ils n’eussent aucune souillure originelle, pourquoi ne dirait-on pas dans l’Eglise même à ceux qui les présentent : Loin d’ici ces innocents ; ceux qui se portent bien n’ont pas besoin de Médecin, mais ceux qui sont malades ; le Christ n’est pas venu appeler les justes, mais les pécheurs (cf. Matt. IX, 12, 13)?
Jamais pourtant l’Eglise n’a tenu ce langage ; elle ne le tiendra jamais. A chacun donc, mes frères, de dire ce qu’il peut en faveur de ces petits qui ne peuvent rien dire. Si l’on a soin de recommander aux évêques de veiller sur le patrimoine des orphelins ; avec combien plus de soin encore ne doit-on pas leur recommander de veiller sur la grâce des petits enfants ? Si pour empêcher les étrangers d’opprimer l’orphelin après la mort de ses parents, l’évêque s’en fait le tuteur, quels cris d’alarmes ne doit-on pas pousser en faveur des petits, lorsqu’on craint que leurs parents mêmes ne les mettent à mort ? Ne doit-on pas répéter avec l’Apôtre : « Une vérité sûre et digne de toute confiance, c’est que Jésus-Christ est venu au monde » uniquement « pour sauver les pécheurs » ? Quiconque recourt au Christ a sans doute quelque infirmité à guérir ; pourquoi, si l’on n’a rien, courrait-on au Médecin ? Que les parents choisissent donc entre ces deux partis : avouer que le Christ guérit dans leurs enfants la maladie du péché, ou cesser de les lui offrir ; car ce serait conduire au Médecin celui qui est en pleine santé.
Que présentes-tu ? — Quelqu’un à baptiser. — Qui ? — Un enfant. — A qui le présentes-tu ? —  Au Christ. — Au Christ qui est venu au monde ? — Oui. — Pourquoi y est-il venu ? — « Pour guérir les pécheurs ». — L’enfant que tu présentes a donc en lui quelque chose à guérir ? Si tu dis oui, cet aveu sert à dissiper son mal ; il le garde, si tu dis non.

§ 4 – Pourquoi Saint Paul a-t-il écrit qu’il est le premier des pécheurs ?

   « Pour guérir les pécheurs, dont je suis le premier ». N’y avait-il point de pécheurs avant Paul ? Mais Adam fut sûrement le premier de tous ; la terre était couverte de pécheurs lorsqu’elle en fut purifiée par le déluge, et combien, depuis, se sont multipliés les pécheurs ! Comment dire alors : « Dont je suis le premier » ?
Il est le premier, non en date, mais en énormité. C’est l’énormité de son péché qui lui a fait dire qu’il était le premier des pécheurs. Ne dit-on point, par exemple, qu’un homme est le premier des avocats, pour exprimer, non pas qu’il plaide depuis plus longtemps que les autres, mais qu’il l’emporte sur eux ? Aussi bien, voici comment il dit ailleurs qu’il était le premier des pécheurs : « Je suis le dernier des Apôtres, je suis indigne du nom d’Apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu » (1 Cor. XV, 9). Aucun persécuteur ne fut plus ardent, ni, conséquemment, aucun pécheur plus coupable.

§ 5 – L’exemple de Saint Paul nous est donné pour que nous ne désespérions pas de la miséricorde du Seigneur, pour que nous soyons convaincus qu’Il peut nous guérir, Lui qui a guéri ce grand pécheur pour en faire Son apôtre.

   « Cependant, poursuit-il, j’ai obtenu miséricorde ». Pour quel motif ? Il l’expose en ces termes : « Afin que le Christ Jésus montrât en moi toute Sa patience pour l’instruction de ceux qui croiront en Lui, en vue de la vie éternelle ». En d’autres termes : Le Christ voulait pardonner aux pécheurs qui se convertiraient à Lui, fussent-ils Ses ennemis ; or, Il m’a choisi, moi, Son plus ardent adversaire, afin que nul ne désespérât en me voyant guéri par Lui.
N’est-ce pas ce que font les médecins ? Arrivent-ils dans une contrée où ils sont inconnus ? ils choisissent d’abord, pour les guérir, des malades désespérés ; ils veulent ainsi exercer sur eux leur humanité et donner de leur habileté une haute idée ; ils veulent que dans cette contrée chacun puisse dire à son prochain malade : Adresse-toi à ce médecin, aie pleine confiance, il te guérira. Il me guérira ? reprend l’infirme, tu ne sais donc ce que je souffre ? Je connais tes souffrances, car j’en ai enduré de semblables.
— C’est ainsi que Paul dit à chaque malade, fût-il porté au désespoir : Celui qui m’a guéri m’envoie près de toi ; Il m’a dit Lui-même : Cours vers ce désespéré, raconte-lui ce que tu souffrais, de quoi et avec quelle promptitude je t’ai guéri. Je t’ai appelé du haut du ciel ; avec une première parole Je t’ai abattu et renversé ; avec une autre Je t’ai relevé et J’ai fait de toi un élu ; Je t’ai comblé de Mes dons et envoyé prêcher avec une troisième ; avec une quatrième enfin, Je t’ai sauvé et couronné (Act. IX). Va donc, dis aux malades, crie à ces désespérés : « Une vérité sûre et digne de toute confiance, c’est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs ». Que craignez-vous ? Que redoutez-vous ? « Je suis le premier » de ces pécheurs.
Oui, moi qui vous parle, moi que vous voyez plein de santé, pendant que vous êtes malades ; debout, pendant que vous êtes renversés ; pénétré de confiance, pendant que vous vous abandonnez au désespoir : « Si j’ai obtenu miséricorde, c’est que le Christ Jésus voulait montrer en moi toute Sa patience ». Longtemps Il a souffert de mon mal, et c’est ainsi qu’Il m’en a délivré ; tendre Médecin, Il a patiemment supporté ma fureur, enduré mes coups, puis Il m’a accordé le bonheur de souffrir pour Lui. Vraiment « Il a montré en moi toute Sa patience pour l’édification de ceux qui croiront en Lui en vue de la vie éternelle ».

§ 6 – Exhortation à la confiance totale envers le divin Médecin.

   Gardez-vous par conséquent de vous désespérer. Etes-vous malades ? Allez à Lui et vous serez guéris. Etes-vous aveugles ? Allez à Lui et vous serez éclairés. Avez-vous la santé ? Rendez-Lui grâces. Vous surtout qui souffrez, courez à Lui pour chercher votre guérison, et dites tous : « Venez, adorons-Le, prosternons-nous devant Lui et pleurons devant le Seigneur qui nous a créés », qui nous a donné la vie et la santé. S’Il ne nous avait donné que l’existence, et que la santé fût notre œuvre, notre œuvre vaudrait mieux que la Sienne, puisque la santé l’emporte sur la simple existence. Oui donc, si Dieu t’a fait homme et que tu te sois fait bon, tu as fait mieux que Lui.
Ah ! ne t’élève pas au-dessus de Dieu, soumets-toi à Lui, adore-Le, abaisse-toi, bénis Celui qui t’a créé. Nul ne rend l’être, que Celui qui l’a donné ; nul ne refait, que Celui qui a fait. Aussi lit-on dans un autre psaume : « C’est Lui qui nous a faits, ce n’est pas nous » (Ps. XCIC, 3).

§ 7 – La grâce prévenante et toute puissante de Dieu, des dons duquel nous aurons à rendre compte.

   Quand Il t’a créé, tu n’avais de ton côté rien à faire ; mais aujourd’hui que tu existes, il en est autrement : il te faut recourir à ce Médecin qui est partout, L’implorer. Et pourtant c’est Lui encore qui excite ton cœur à recourir à Lui, qui t’accorde la grâce de Le supplier. « Car c’est Dieu, est-il dit, qui produit en vous le vouloir et le faire, selon Sa bonne volonté » (Philip. II, 13). Il a fallu en effet, pour t’inspirer bonne volonté, que Sa grâce te prévînt. Crie donc : « Mon Dieu, Sa miséricorde me préviendra » (Ps. LVIII, 11). Oui, c’est Sa miséricorde qui t’a prévenu pour te donner l’être, pour te donner le sentiment, pour te donner l’intelligence, pour te donner la soumission ; elle t’a prévenu en toutes choses : préviens au moins, toi, Sa colère en quelque chose.
Comment ? reprends-tu. Comment ? En publiant que de Dieu te vient ce qu’il y a de bon en toi, et de toi ce qu’il y a de mal. Garde-toi de le mettre de côté pour t’exalter à la vue de ce que tu as de bien ; de t’excuser pour l’accuser à la vue de ce qui est mal en toi c’est le moyen de le bénir réellement.

Rappelle-toi aussi qu’après t’avoir comblé d’abord de tant d’avantages, Il doit venir à toi pour te demander compte de Ses dons et de tes iniquités ; déjà Il considère comment tu as usé de Ses grâces. Mais s’Il t’a prévenu de Ses dons, examine comment à ton tour tu préviendras Sa face quand Il arrivera. Ecoute le Psaume : « Prévenons Sa présence en Le bénissant ».
« Prévenons Sa présence » : rendons-Le-nous propice avant qu’Il vienne ; apaisons-Le avant qu’Il Se montre. N’y a-t-il pas un prêtre qui puisse t’aider à apaiser ton Dieu ? Et ce prêtre n’est-Il pas en même temps Dieu avec Son Père et homme pour l’amour de toi ? C’est ainsi que tu chanteras avec allégresse des psaumes à Sa gloire, que tu préviendras Sa présence en Le bénissant.
Chante donc : préviens Sa présence par tes aveux, accuse-toi ; tressaille en chantant, loue-Le. Si tu as soin de t’accuser ainsi et de louer Celui qui t’a fait, Celui qui est mort pour toi viendra bientôt et te donnera la vie.

§ 8 – Exhortation finale : se préserver de la lèpre de l’âme et ne pas négliger l’action de grâces à Dieu duquel nous tenons tout.

   Attachez-vous à cette doctrine, persévérez-y.
Que nul ne change, ne devienne lépreux ; car un enseignement qui varie, qui n’offre pas toujours le même aspect, est comme la lèpre de l’âme ; et c’est de cette lèpre que le Christ nous guérit.
Peut-être as-tu changé de quelque manière et, après y avoir regardé de plus près, adopté un sentiment meilleur : tu aurais dans ce cas rétabli l’harmonie. Mais ne t’attribue pas ce changement heureux ; ce serait te mettre au nombre des neuf lépreux qui n’ont pas rendu grâces. Un seul vint remercier. Les premiers étaient des juifs, et celui-ci était un étranger ; il représentait les gentils et donna au Christ comme la dîme qui Lui était due.

Il est donc bien vrai que nous sommes redevables au Christ de l’existence, de la vie, de l’intelligence ; si nous sommes hommes, si nous nous conduisons bien, si nous avons l’esprit droit, c’est à Lui encore que nous en sommes redevables. Nous n’avons, de nous, que le péché. Eh ! qu’as-tu, que tu ne l’aies reçu ? (1 Cor. IV, 7).
O vous donc, vous surtout qui comprenez ce langage, après avoir purifié votre cœur de toute lèpre spirituelle, placez-le haut - sursum cor -, pour le guérir de toute infirmité, et rendez grâces à Dieu !

Doze jean-Marie Melchior - le lépreux reconnaissant - musée de l'oise Beauvais

Melchior Doze (1827-1913) : le lépreux reconnaissant (vers 1863)
[musée de l'Oise, Beauvais]

2024-174. A la pieuse mémoire de Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut.

- 17 août 2013 -

memento mortuaire abbé Chanut

       Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut était né à Talence, commune limitrophe de Bordeaux, le 7 août 1948. Il s’était d’abord engagé dans des études de Droit et de Lettres modernes, avant de se plonger dans l’histoire moderne (rappelons qu’en histoire le mot moderne désigne les XVIIème et XVIIIème siècles), puis d’entrer au séminaire de Saint-Sulpice pour le compte du diocèse de Corbeil-Essonnes (renommé depuis diocèse d’Evry-Courcouronnes). Ordonné prêtre le 9 juin 1979, il fut alors nommé curé de Saulx-les-Chartreux dont il fit une paroisse atypique, attirant de nombreux fidèles.

   Peu de temps après son ordination, il fut choisi comme aumônier par le Mémorial de France à Saint-Denis, et il exercera dès lors une influence grandissante dans la sphère légitimiste : le Prince Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou et de Cadix, de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II de France (+ 30 janvier 1989) le choisira pour aumônier personnel, faisant de lui, officiellement le Grand Aumônier de France. Il aura une importante influence sur l’évolution spirituelle de la Princesse Emmanuelle de Dampierre, duchesse de Ségovie (cf. > ici) dont il célèbrera les funérailles en l’église du Val-de-Grâce, à Paris.
En 1988, il participa à la fondation des Compagnons de Saint Michel Archange, dont il fut le premier chapelain-prieur jusqu’en 2006.

   Prédicateur et orateur d’un immense talent, il a particulièrement impressionné et ému ses auditoires avec l’oraison funèbre du Prince Alphonse, de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II, lors de la Messe de Requiem célébrée à la basilique de Saint-Denis en février 1989, et celle qu’il prononça, toujours à Saint-Denis, en juin 2004, lors du dépôt du cœur authentifié du jeune Louis XVII.

   Ami personnel de l’écrivain Jean Raspail (+ 13 juin 2020), il le réconciliera avec la foi catholique et le conseillera également pour les questions historiques de certains de ses romans, en particulier « L’Anneau du pêcheur ».

   Monsieur l’Abbé Chanut fut ensuite, dans son diocèse, nommé curé-doyen de Milly-la-Forêt, puis exorciste et archiviste du diocèse, et enfin responsable de l’application du motu proprio Summorum Pontificum. A côté de son ministère diocésain, il a également enseigné l’histoire de l’Eglise, l’homilétique et la patristique au séminaire de la Fraternité Saint-Pierre à Wigratzbad.

   Longuement éprouvé par un cancer, il est pieusement décédé en son domicile de Boutigny-sur-Essonne le samedi 17 août 2013. Ses funérailles furent célébrées le 22 août en la Collégiale Notre-Dame de l’Assomption de Milly-la-Forêt et a été ensuite inhumé au cimetière de la Chartreuse, à Bordeaux.

Monsieur l'abbé Christian-Philippe Chanut

Dans les pages de ce blogue vous trouverez plusieurs textes concernant Monsieur l’Abbé Chanut ou nés sous sa plume :

- Une lettre ouverte publiée lors de son trépas (2013) > ici
- Le dixième anniversaire de sa mort (2023) avec la publication de plusieurs enregistrements vidéo > ici

- L’enregistrement d’une homélie prononcée à l’occasion de la solennité de Saint Michel > ici

- Un texte extraordinaire de profondeur spirituelle sur l’offrande de soi > ici

- La fondation de la monarchie capétienne, œuvre indubitablement divine > ici

frise lys

 

2024-173. La vie de Saint Roch, établi par Dieu dans Son Eglise comme spécial intercesseur contre les maladies contagieuses.

16 août,
Fête de Saint Roch, céleste protecteur en second du Mesnil-Marie.
On trouvera ses litanies > ici
Et une prière en temps d’épidémie > ici

Saint Roch

       Saint Roch est né à Montpellier entre 1348 et 1350 (en France, nous sommes au tout début de la Guerre de Cent ans), fils unique d’un haut magistrat, Jean Roch de La Croix, et de sa pieuse épouse, dame Libère (Libéria). Il portait sur la poitrine, au côté droit, une sorte de tache de naissance en forme de croix : signe d’une vocation particulière de dévouement et de sacrifice.

   Montpellier, auparavant ville appartenant à la Couronne d’Aragon puis aux Rois de Majorque, fut achetée par le Roi de France Philippe VI en 1349 : elle fut alors l’une des villes les plus peuplées du Royaume, et son université de médecine (fondée en 1220) était l’une des plus réputées de la Chrétienté.
Toutefois Montpellier n’était pas alors un évêché, elle ne le deviendra qu’en 1536 lorsque le siège épiscopal de Maguelonne y sera transféré.

   Roch reçut sa première éducation de sa pieuse mère, et se montra dès l’enfance d’une piété bien au-dessus de la moyenne, ainsi que d’une charité sans bornes pour les pauvres : il avait grande joie à les accueillir dans la maison paternelle et à leur distribuer toutes ses petites épargnes.

   A seize ans, il commença à fréquenter l’université et il y reçut la formation médicale qui y était dispensée.
C’est lorsqu’il atteignit sa vingtième année qu’il perdit successivement son père et sa mère, à peu de temps d’un de l’autre. Avant de rendre son âme à Dieu, Jean de La Croix avait fait à son fils ces suprêmes recommandations : « Mon fils, sois toujours le serviteur dévoué de notre Rédempteur et Maître, Jésus-Christ. Assiste les veuves et les orphelins ; emploie en bonnes œuvres les trésors que je te laisse ; visite souvent les hôpitaux où sont les pauvres et les infirmes, ces membres souffrants de notre Sauveur, et que Dieu te bénisse »

Tableau populaire église Notre-Dame Bellegarde

Détail d’un tableau de facture naïve dans l’église Notre-Dame à Bellegarde

   Après avoir distribué tous ses biens aux pauvres, Roch, ayant pris l’habit des pèlerins, décida de partir pour Rome.
L’épidémie de peste, à laquelle bien plus tard on donnera le nom de peste noire, avait touché l’Europe occidentale à partir de 1347 et, en cinq ou six ans, avait emporté, estime-t-on, quelque vingt-cinq millions de victimes (selon les lieux 30 à 60 % de la population) pour la seule Europe.
Au moment où Roch se mit en route, la période de plus grande mortalité était passée ; toutefois l’épidémie subsistait sous forme de foyers de contagion restreints.

   Vêtu de sa houppelande de toile grossière, couvrant des vêtements tels qu’en portaient les plus humbles de la société, coiffé d’un chapeau à larges bords, protection aussi bien contre la pluie que contre les ardeurs du soleil, un bourdon à la main (pour assurer la marche et, le cas échéant, se défendre des attaques d’animaux), Roch n’emporta de son immense patrimoine qu’une gourde et une panetière pour y ranger les aumônes recueillies le long de la route.

   En chemin, il s’arrête dans quelques hôpitaux pour soigner et panser les plaies des malades, surtout ceux victimes de la peste. Il opère des guérisons par ses prières et par le signe de la croix.
En juillet 1367, il arrive à Acquapendente, dans la province de Viterbe, au nord du Latium, où l’épidémie connaît une forme de regain. Il supplie qu’on l’accepte pour servir dans l’hôpital des pestiférés, ce qu’on lui refusait d’abord en raison de sa jeunesse. Avec un admirable dévouement il y reste trois mois, humble serviteur des pestiférés, réconfortant et embrassant les malades, ranimant leur foi en même temps que leurs forces, prodiguant soins et paroles encourageantes, manifestant la plus tendre et délicate charité à tous.
L’épidémie régresse les habitants d’Acquapendente considèrent que Roch est le principal instrument de cette victoire sur la maladie, mais il se dérobe aux témoignages de gratitude et poursuit sa route.

Saint Roch - détail d'un tableau de l'église Notre-Dame Versailles

Détail d’un tableau de l’église Notre-Dame, à Versailles

   Au début de l’année 1368, il arrive à Rome où la peste sévit : pendant trois années, il va là aussi se mettre avec ardeur et zèle au service des malades, probablement à l’Hôpital du Saint-Esprit.
Un cardinal (il pourrait s’agir de Gaillard de Boisvert, régent de la Sacrée Pénitencerie Apostolique), qu’il avait guéri et qui avait aussi été le témoin admiratif de son inlassable dévouement aux malades et de plusieurs guérisons miraculeuses, le présenta U Bienheureux Urbain V, qui, saisi d’une mystérieuse intuition, s’écria en le voyant : « Toi… Il me semble que tu viens du Paradis ! ».
Et il lui accorda sa bénédiction apostolique avec l’indulgence plénière.

Saint Roch aux pieds du Bienheureux Urbain V détail Le Tintoret

Jacopo Robusti, dit Tintoretto, en français le Tintoret (v. 1518 – 1594) :
Saint Roch aux pieds du Bienheureux Urbain V (détail)

[Venise, Scuola Grande San Rocco]

   Saint Roch quitta Rome en 1370 pour s’en retourner vers sa patrie. Au mois de juillet 1371, on le trouve à Plaisance, à l’hôpital Notre-Dame de Bethléem, près de l’église Sainte-Anne, où il assista, réconforta et guérit les malades. Mais il fut alors à son tour touché par la peste.

   Certains disent que c’était une décision personnelle volontaire, afin de ne pas contaminer les autres, mais pour d’autres ce serait parce qu’on l’aurait chassé sans ménagement de la cité, il se retira dans une forêt entre Plaisance et Sarmato.
Manquant des soins qu’il avait prodigués à tant de malades avec tant de générosité, il se sentit défaillir, et se laissa tomber au pied d’un arbre, pour y mourir seul. Mais un ange lui apparut et le consola en lui suggérant que ses souffrances seraient agréables à Dieu.
Roch allait entrer dans la seconde partie de sa vocation et passer de la pratique des œuvres de miséricorde corporelle à celle de l’immolation mystique : « Ce qui manque à la Passion du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour Son Corps qui est l’Eglise… »
Quand l’ange disparut, au lieu-même où il s’était tenu, jaillit une source vive dont l’eau apaisa sa fièvre et lui permit de laver sa plaie.

   Non loin de cette forêt, dans une agréable vallée, s’élevait le manoir du seigneur Gothard Palastrelli, qui passait son temps en joyeuse compagnie, occupé aux parties de chasse et aux festins. II s’était établi dans cette confortable demeure relativement éloignée des centres urbains pour mieux se préserver de l’épidémie.
Or, tandis qu’entouré de ses amis il faisait bonne chère et tenait joyeux propos, un de ses chiens s’étant approché de la table prit un pain tout entier et s’enfuit au plus vite. Gothard n’y fit pas attention. Mais le lendemain, le même fait s’étant reproduit, intrigué, il se leva aussitôt et suivit le chien. Il le vit bientôt s’enfoncer dans un bois et s’arrêter à l’entrée d’une misérable hutte. Là, sur un lit de feuilles sèches, gisait un homme jeune encore, dont le visage pâle accusait de cruelles souffrances.
Très impressionné, Gothard résolut, à son tour, de quitter le monde pour passer le reste de sa vie dans la solitude. Ayant mis ordre à ses affaires et distribué son bien aux malheureux, il se retira auprès de Saint Roch.

Pordenone - Saint Roch trouvé par Gothard Palastrelli

Giovanni Antonio de’Sacchis, dit le Pordenone (1484-1539) :
Saint Roch trouvé par Gothard Palastrelli

      Roch, ayant retrouvé quelques forces, reprit sa route pour rentrer chez lui.

Concernant la fin de la vie du saint pèlerin existent deux traditions :

   a) Selon la première, qui semble la mieux établie, lors de sa traversée de la Lombardie, alors que des luttes intestines troublaient la province, il aurait été pris pour un espion et arrêté à Broni, puis transféré à Voghera par Beccaria, intendant militaire des Visconti.
Sa renommée était déjà grande, et, grâce à sa marque de naissance en forme de croix sur sa poitrine, il eût aisément pu être identifié par son oncle, gouverneur de la ville ou par l’un des plus proches collaborateurs de ce dernier. Mais, fidèle au vœu d’anonymat de tout pèlerin, Roch ne révéla pas son identité et demanda à pouvoir reprendre son chemin en tant qu’ « humble serviteur de Dieu ». Sa requête fut rejetée et il fut mis au cachot.
Son emprisonnement dura cinq années.
Il ne dévoila son identité qu’à un prêtre, la veille de sa mort, survenue le mardi
 16 août 1379, alors qu’il était âgé d’environ 30 ans.
Il fut enterré avec dévotion à Voghera et, dès 1382, on sait qu’il y était fêté et célébré comme un saint.

   2) La seconde tradition reprend ces mêmes éléments, de l’arrestation et des cinq années de captivité, mais les situe à Montpellier même, lors de son arrivée dans sa ville de naissance : elle semble moins certaine, tout simplement parce qu’on n’a pas la trace de la sépulture de Saint Roch à Montpellier et que cela n’expliquerait pas qu’on fût allé l’ensevelir à Voghera, seule cité à pouvoir attester du lieu de son inhumation.

Rubens - église Saint-Martin d' Alost

Pierre-Paul Rubens (1577-1640) :
Le Christ établissant Saint Roch comme céleste protecteur des malades de la peste (1623-1626)
[retable de l'église Saint-Martin d'Alost - Belgique]

   Sa dépouille mortelle fut conservée dans l’église de Voghera, qui lui est dédiée, jusqu’en février 1485, date à laquelle elle fut soit volée soit fut l’objet au centre d’une transaction avec la Sérénissime…
Toujours est-il que depuis lors, à l’exception de deux petits os du bras restés à Voghera, la majeure partie de son corps se trouve à Venise, en l’église de la Scuola Grande di San Rocco que le Tintoret a ornée de très célèbres tableaux consacrés à la vie édifiante de saint Roch.
Au XIXe siècle, un tibia du saint fut remis solennellement comme relique au sanctuaire de Montpellier, qui possède également son bâton de pèlerin.

   Le culte de Saint Roch s’est rapidement répandu dans le nord de l’Italie, dans les provinces du Midi, puis dans le reste de la France et dans toute l’Europe.
Il est invoqué contre les maladies contagieuses des hommes, mais aussi du bétail, et il est également considéré comme l’un des saints protecteurs des animaux.

Venise église Saint Roch autel majeur avec l'urne contenant le corps de Saint Roch

Venise, église Saint-Roch : l’autel majeur au-dessus duquel se trouve l’urne renfermant les reliques de Saint Roch

2024-172. Bref, mais dense, message de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la fête patronale de la France, 15 août 2024.

    Dans la soirée de ce 15 août 2024, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux un court message (deux phrases) dont la concision, toutefois, n’empêche pas que l’essentiel de ce qui constitue la fête patronale du Royaume y soit exprimé, tant dans l’ordre à strictement parler spirituel que dans l’ordre royal dont il est le légitime successeur :

Philippe de Champaigne - Louis XIV renouvelant le vœu de Louis XIII

Philippe de Champaigne (1602-1674) : Louis XIV enfant renouvelant le vœu de Louis XIII son père

En la fête de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie,
je confie la France à sa sainte Patronne.

Que ses prières maternelles fassent pleuvoir
sur les Français et notre pays
les grâces spirituelles et temporelles dont ils ont besoin,
en particulier l’Espérance
en demeurant « sans cesse tournés vers les choses d’en-haut ».

Grandes armes de France

 

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