2011-39. De la continuation de la Passion de Jésus et de la certitude du triomphe de Son Sacré-Coeur.
Samedi de la Passion.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Nous voici à la veille d’entrer dans la Semaine Sainte.
Du fond du coeur et au nom de Frère Maximilien-Marie, je vous souhaite de vivre cette Grande Semaine – comme on l’appelle aussi parfois – dans la ferveur de l’esprit et dans une profonde union avec le divin Coeur de Jésus et le Coeur douloureux et immaculé de Marie, Notre-Dame de Compassion.
Giovanni Bellini : compassion
La liturgie n’étant pas la simple commémoraison d’évènements d’un passé définitivement révolu, mais l’actualisation d’un mystère divin, nous allons vraiment revivre – pas à la manière d’une représentation théâtrale ou d’une reconstitution cinématographique – les évènements de la Pâque de Notre-Seigneur Jésus-Christ : son entrée messianique à Jérusalem, les dernières controverses avec les pharisiens et les sadducéens, la trahison de Judas, l’institution de la Sainte Eucharistie et du sacerdoce, la sainte Agonie de Gethsémani, l’arrestation et les diverses phases des procès de Jésus (procès devant le Sanhédrin et devant les autorités politiques), la condamnation à mort et le chemin de la Croix, la mort du Sauveur et son ensevelissement, son passage aux enfers et sa Résurrection glorieuse.
Au-delà des célébrations liturgiques ou para-liturgiques qui marquent la Semaine Sainte, la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ se perpétue dans les membres de son Corps mystique et à travers les atteintes, toujours plus nombreuses, contre les droits de Son Eglise et contre la civilisation chrétienne elle-même : « Je suis Jésus que tu persécutes ! » (cf. Act. IX, 5).
Les mêmes protestations qui jaillissaient des bouches des pharisiens et des sadducéens en entendant les « Hosanna ! » des enfants et de la foule, le jour des Rameaux, sortent encore aujourd’hui de celles des politiques, inféodés – de manière plus ou moins consciente – aux sectes anti-chrétiennes qui tirent les ficelles de l’économie mondiale, des agences de presse, et des partis…
« Maître, reprends tes disciples ! » (Luc XIX, 39), demandaient les pharisiens indignés de constater qu’il était acclamé dans les rues comme le Christ-Roi ; « Reléguez le christianisme dans la seule sphère privée et ne lui accordez aucune influence dans la société », disent aujourd’hui en écho les « décideurs » et manipulateurs de l’opinion !
C’est, pour ne citer qu’un seul exemple – parce que, en réalité, il y aurait des centaines de faits similaires à produire -, ces villes, ces collèges, ces écoles ou ces entreprises dans lesquelles les cantines, au nom de la « diversité », imposent des produits halal mais où, au nom de la « laïcité », on refuse aux catholiques une alternative à la viande les vendredis…
Luca Signorelli : l’arrestation du Christ
Les mêmes trahisons, les mêmes lâchetés qui ont livré le Christ où l’ont abandonné aux mains de ses ennemis se renouvellent aujourd’hui lorsque les pasteurs – prêtres et évêques – au lieu de défendre l’honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ et le salut éternel des fidèles qui leur sont confiés, se taisent, n’osent pas dénoncer le mal, se livrent à des compromis, montrent de la complaisance envers des idéologies destructrices de l’ordre naturel autant que de la foi, multiplient ce qu’on ne peut pas considérer autrement que des injures envers le troupeau qui leur est confié, et lui refusent l’accès aux sources authentiques de la grâce…
Ici, se présentent à mon esprit, sans aller chercher plus loin qu’en France, ces cas de prêtres dénonçant le marxisme criminel qui ont été mis à l’écart, tandis que ceux qui en faisaient la promotion et s’investissaient dans la « lutte des classes » ont été protégés ; ces cas où des évêques et des prêtres – au mépris des règles du droit canonique aussi bien que du plus élémentaire respect des personnes – acceptent, pour ne pas dire encouragent par leur silence complice (quand ce n’est pas à grand renfort de mensonges), des scandales et des abus de pouvoir ; ces cas où le droit à une liturgie vraiment digne et fidèle aux prescriptions de l’Eglise – que ce soit selon la « forme ordinaire du rite romain » ou bien selon la liturgie latine traditionnelle, dite « de Saint Pie V » – est traité avec un mépris non dissimulé et où, en revanche, on accepte que dans une majorité de paroisses l’ordonnancement de la « messe » (si c’en est encore une) soit chamboulé et la célébration des sacrements bouleversée par des inventions et innovations ; ces cas où des supérieurs ecclésiastiques, professeurs ou directeurs de séminaire, ont promu des candidats douteux dans l’accession aux ordres sacrés tandis qu’ils poursuivaient, par des vexations sans nombre, les séminaristes suspects d’être trop traditionnels ou trop « romains » ; ces cas d’évêques qui n’ont aucune réaction contre les groupes de prêtres contestataires (Jonas, Parténia et autres sectateurs du rabâchage sénilisant des Réseaux du Parvis) qui remettent en cause la discipline ecclésiastique et jettent le trouble ; ces cas où l’on interdit à des prêtres de célébrer la Sainte Messe pour des funérailles, où l’on démolit des paroisses vivantes, où l’on refuse la sainte communion à ceux qui gardent la manière traditionnelle (et toujours officielle) de recevoir la Sainte Eucharistie, où l’on chasse des églises les fidèles qui adorent le Saint-Sacrement ou prient avec le rosaire… etc.
Je ne parle – malheureusement ! – pas de cas remontant à la période de folie des années de l’« après-concile », mais je fais allusion à des faits précis qui ont moins de dix ans !
Les mêmes outrages du palais des grands prêtres, du prétoire, du chemin de la Croix et du Calvaire, se reproduisent encore dans ces populations chrétiennes massacrées ou persécutées dans les pays sous domination ou parfois seulement sous influence marxiste ou islamique : en Chine ou en Corée du nord, au Vietnam ou aux Comores, en Amérique latine et en Inde, au Pakistan et en Turquie, en Egypte et à Chypre, en Algérie ou en Ethiopie… etc.
Les mêmes indignités accomplies à la cour d’Hérode se renouvellent aujourd’hui en Europe où la « bien-pensance » si prompte à s’indigner quand on touche aux symboles des minorités se complait dans l’insulte et la dérision du christianisme, ne réagit pas lorsque des églises sont sauvagement vandalisées ou lorsque le Saint-Sacrement est profané, veut faire interdire par les tribunaux de l’Union Européenne le saint Crucifix dans les lieux publics et ne bronche pas lorsqu’il est plongé dans un verre d’urine !
Francisco de Zurbaran : Jésus en Croix
Une fois de plus, car depuis quelques années on a l’impression que cela devient presque habituel à l’approche de la Semaine Sainte, nous constatons que l’anti-christianisme se fait plus virulent, plus agressif, plus lourd dans ses provocations.
Un coeur authentiquement chrétien ne peut qu’être attristé et douloureusement peiné quand il voit qu’en face du Roi d’Amour, en face du Roi de miséricorde et de grâce, les mêmes refus et les mêmes endurcissements se renouvellent : « Nous ne voulons pas du Christ! Enlève-le : Tolle, tolle eum ! (cf. Joan. XIX, 15). Nous n’avons pas d’autre souverain que César : nous ne voulons pas que les lois éternelles et spirituelles régissent notre vie, nous préférons le joug des tyrans et des idéologies de la terre ! »
Une âme qui aime véritablement son divin Rédempteur ne peut qu’aspirer à entrer plus profondément dans le mystère de la réparation, en répondant plus amoureusement aux appels du Coeur de Jésus, « propitiation pour nos péchés », « rassasié d’opprobres », « broyé pour nos crimes », « victime des pécheurs » (invocations des litanies du Sacré-Coeur).
Oui, en cette Semaine Sainte, en accompagnant Jésus dans sa douloureuse Passion, nous aurons au coeur de compenser, autant qu’il sera en notre pouvoir par un effort d’amour renouvelé, les ingratitudes, les irrévérences et les sacrilèges, les froideurs et les mépris dont le Coeur de Jésus est aujourd’hui abreuvé !
Et au-delà du spectacle affligeant de l’apostasie officielle et généralisée des nations occidentales, nous avons l’espérance et gardons la ferme conviction que, même si un jour les ennemis – extérieurs et intérieurs – de la Sainte Eglise croient avoir réussi à la mettre au tombeau et à sceller sur elle la lourde pierre d’une conspiration quasi universelle, Dieu aura le dernier mot : l’Agneau immolé sera vainqueur !
Et selon la promesse de Notre-Seigneur à Sainte Marguerite-Marie :
« Il règnera ce divin Coeur, malgré Satan et tous ceux qui s’y voudront opposer ! »
Francisco de Zurbaran : l’Agneau de Dieu
Bonne et fervente Semaine Sainte à tous !
Lully.