Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2011-39. De la continuation de la Passion de Jésus et de la certitude du triomphe de Son Sacré-Coeur.

Samedi de la Passion.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Nous voici à la veille d’entrer dans la Semaine Sainte.
Du fond du coeur et au nom de Frère Maximilien-Marie, je vous souhaite de vivre cette Grande Semaine – comme on l’appelle aussi parfois – dans la ferveur de l’esprit et dans une profonde union avec le divin Coeur de Jésus et le Coeur douloureux et immaculé de Marie, Notre-Dame de Compassion.

la Compassion

Giovanni Bellini : compassion

La liturgie n’étant pas la simple commémoraison d’évènements d’un passé définitivement révolu, mais l’actualisation d’un mystère divin, nous allons vraiment revivre – pas à la manière d’une représentation théâtrale ou d’une reconstitution cinématographique – les évènements de la Pâque de Notre-Seigneur Jésus-Christ : son entrée messianique à Jérusalem, les dernières controverses avec les pharisiens et les sadducéens, la trahison de Judas, l’institution de la Sainte Eucharistie et du sacerdoce, la sainte Agonie de Gethsémani, l’arrestation et les diverses phases des procès de Jésus (procès devant le Sanhédrin et devant les autorités politiques), la condamnation à mort et le chemin de la Croix, la mort du Sauveur et son ensevelissement, son passage aux enfers et sa Résurrection glorieuse.

Au-delà des célébrations liturgiques ou para-liturgiques qui marquent la Semaine Sainte, la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ se perpétue dans les membres de son Corps mystique et à travers les atteintes, toujours plus nombreuses, contre les droits de Son Eglise et contre la civilisation chrétienne elle-même : « Je suis Jésus que tu persécutes ! » (cf. Act. IX, 5).

Les mêmes protestations qui jaillissaient des bouches des pharisiens et des sadducéens en entendant les « Hosanna ! » des enfants et de la foule, le jour des Rameaux, sortent encore aujourd’hui de celles des politiques, inféodés – de manière plus ou moins consciente – aux sectes anti-chrétiennes qui tirent les ficelles de l’économie mondiale, des agences de presse, et des partis…
« Maître, reprends tes disciples ! » (
Luc XIX, 39), demandaient les pharisiens indignés de constater qu’il était acclamé dans les rues comme le Christ-Roi ; « Reléguez le christianisme dans la seule sphère privée et ne lui accordez aucune influence dans la société », disent aujourd’hui en écho les « décideurs » et manipulateurs de l’opinion !
C’est, pour ne citer qu’un seul exemple – parce que, en réalité, il y aurait des centaines de faits similaires à produire -, ces villes, ces collèges, ces écoles ou ces entreprises dans lesquelles les cantines, au nom de la « diversité », imposent des produits halal mais où, au nom de la « laïcité », on refuse aux catholiques une alternative à la viande les vendredis…

Arrestation du Christ

Luca Signorelli : l’arrestation du Christ

Les mêmes trahisons, les mêmes lâchetés qui ont livré le Christ où l’ont abandonné aux mains de ses ennemis se renouvellent aujourd’hui lorsque les pasteurs – prêtres et évêques – au lieu de défendre l’honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ et le salut éternel des fidèles qui leur sont confiés, se taisent, n’osent pas dénoncer le mal, se livrent à des compromis, montrent de la complaisance envers des idéologies destructrices de l’ordre naturel autant que de la foi, multiplient ce qu’on ne peut pas considérer autrement que des injures envers le troupeau qui leur est confié, et lui refusent l’accès aux sources authentiques de la grâce… 

Ici, se présentent à mon esprit, sans aller chercher plus loin qu’en France, ces cas de prêtres dénonçant le marxisme criminel qui ont été mis à l’écart, tandis que ceux qui en faisaient la promotion et s’investissaient dans la « lutte des classes » ont été protégés ; ces cas où des évêques et des prêtres – au mépris des règles du droit canonique aussi bien que du plus élémentaire respect des personnes – acceptent, pour ne pas dire encouragent par leur silence complice (quand ce n’est pas à grand renfort de mensonges), des scandales et des abus de pouvoir ; ces cas où le droit à une liturgie vraiment digne et fidèle aux prescriptions de l’Eglise – que ce soit selon la « forme ordinaire du rite romain » ou bien selon la liturgie latine traditionnelle, dite « de Saint Pie V » – est traité avec un mépris non  dissimulé  et où, en revanche, on accepte que dans une majorité de paroisses l’ordonnancement de la « messe » (si c’en est encore une) soit chamboulé et la célébration des sacrements bouleversée par des inventions et innovations ; ces cas où des supérieurs ecclésiastiques, professeurs ou directeurs de séminaire, ont promu des candidats douteux dans l’accession aux ordres sacrés tandis qu’ils poursuivaient, par des vexations sans nombre, les séminaristes suspects d’être trop traditionnels ou trop « romains » ; ces cas d’évêques qui n’ont aucune réaction contre les groupes de prêtres contestataires (Jonas, Parténia et autres sectateurs du rabâchage sénilisant des Réseaux du Parvis) qui remettent en cause la discipline ecclésiastique et jettent le trouble ; ces cas où l’on interdit à des prêtres de célébrer la Sainte Messe pour des funérailles, où l’on démolit des paroisses vivantes, où l’on refuse la sainte communion à ceux qui gardent la manière traditionnelle (et toujours officielle) de recevoir la Sainte Eucharistie, où l’on chasse des églises les fidèles qui adorent le Saint-Sacrement ou prient avec le rosaire… etc.
Je ne parle – malheureusement ! – pas de cas remontant à la période de folie des années de l’« après-concile », mais je fais allusion à des faits précis qui ont moins de dix ans !

Les mêmes outrages du palais des grands prêtres, du prétoire, du chemin de la Croix et du Calvaire, se reproduisent encore dans ces populations chrétiennes massacrées ou persécutées dans les pays sous domination ou parfois seulement sous influence marxiste ou islamique : en Chine ou en Corée du nord, au Vietnam ou aux Comores, en Amérique latine et en Inde, au Pakistan et en Turquie, en Egypte et à Chypre, en Algérie ou en Ethiopie… etc.

Les mêmes indignités accomplies à la cour d’Hérode se renouvellent aujourd’hui en Europe où la « bien-pensance » si prompte à s’indigner quand on touche aux symboles des minorités se complait dans l’insulte et la dérision du christianisme, ne réagit pas lorsque des églises sont sauvagement vandalisées ou lorsque le Saint-Sacrement est profané, veut faire interdire par les tribunaux de l’Union Européenne le saint Crucifix dans les lieux publics et ne bronche pas lorsqu’il est plongé dans un verre d’urine !

Crucifixion

Francisco de Zurbaran : Jésus en Croix

Une fois de plus, car depuis quelques années on a l’impression que cela devient presque habituel à l’approche de la Semaine Sainte, nous constatons que l’anti-christianisme se fait plus virulent, plus agressif, plus lourd dans ses provocations.

Un coeur authentiquement chrétien ne peut qu’être attristé et douloureusement peiné quand il voit qu’en face du Roi d’Amour, en face du Roi de miséricorde et de grâce, les mêmes refus et les mêmes endurcissements se renouvellent : « Nous ne voulons pas du Christ! Enlève-le : Tolle, tolle eum ! (cf. Joan. XIX, 15). Nous n’avons pas d’autre souverain que César : nous ne voulons pas que les lois éternelles et spirituelles régissent notre vie, nous préférons le joug des tyrans et des idéologies de la terre ! »

Une âme qui aime véritablement son divin Rédempteur ne peut qu’aspirer à entrer plus profondément dans le mystère de la réparation, en répondant plus amoureusement aux appels du Coeur de Jésus, « propitiation pour nos péchés », « rassasié d’opprobres », « broyé pour nos crimes », « victime des pécheurs » (invocations des litanies du Sacré-Coeur).

Oui, en cette Semaine Sainte, en accompagnant Jésus dans sa douloureuse Passion, nous aurons au coeur de compenser, autant qu’il sera en notre pouvoir par un effort d’amour renouvelé, les ingratitudes, les irrévérences et les sacrilèges, les froideurs et les mépris dont le Coeur de Jésus est aujourd’hui abreuvé !

Et au-delà du spectacle affligeant de l’apostasie officielle et généralisée des nations occidentales, nous avons l’espérance et gardons la ferme conviction que, même si un jour les ennemis – extérieurs et intérieurs – de la Sainte Eglise croient avoir réussi à la mettre au tombeau et à sceller sur elle la lourde pierre d’une conspiration quasi universelle, Dieu aura le dernier mot : l’Agneau immolé sera vainqueur !
Et selon la promesse de Notre-Seigneur à Sainte Marguerite-Marie :
« Il règnera ce divin Coeur, malgré Satan et tous ceux qui s’y voudront opposer ! »

Francisco de Zurbaran Agnus Dei - vers 1635-1640

Francisco de Zurbaran : l’Agneau de Dieu

Bonne et fervente Semaine Sainte à tous !

Lully.    

Salutations à Saint Joseph composées par Saint Jean Eudes :

Saint Joseph

Je vous salue Joseph, image de Dieu le Père
Je vous salue Joseph, père de Dieu le Fils
Je vous salue Joseph, Sanctuaire du Saint-Esprit
Je vous salue Joseph, bien-aimé de la très Sainte Trinité
Je vous salue Joseph, très digne époux de la Vierge Mère
Je vous salue Joseph, père de tous les fidèles
Je vous salue Joseph, fidèle observateur du silence sacré
Je vous salue Joseph, amant de la sainte pauvreté
Je vous salue Joseph, modèle de douceur et de patience
Je vous salue Joseph, miroir d’humilité et d’obéissance
Vous êtes béni entre tous les hommes

Et bénis soient vos yeux qui ont vu ce que vous avez vu
et bénies soient vos oreilles qui ont entendu ce que vous avez entendu
et bénies soient vos mains qui ont touché le Verbe fait chair
et bénis soient vos bras qui ont porté Celui qui porte toutes choses
et béni soit votre coeur embrasé pour Lui du plus ardent amour
et béni soit le Père Eternel qui vous a choisi
et béni soit le Fils qui vous a aimé
et béni soit le Saint-Esprit qui vous a sanctifié
et bénie soit Marie, votre épouse, qui vous a chéri comme un époux et comme un frère
et bénis soient à jamais tous ceux qui vous aiment et qui vous bénissent.

Ainsi soit-il!

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Autres publications en l’honneur de Saint Joseph sur ce blogue :

- Prières pour le mois de mars (prière de Léon XIII, de St François de Sales & « Souvenez-vous »> ici
Neuvaine à Saint Joseph > ici
- Prière à Saint Joseph de Bon Espoir > ici
- Cantique « Saint Joseph, ô pur modèle » > ici

Bande dessinée « Saint Joseph et le placage » > ici
Bande dessinée « Allez à Joseph » > ici

2011-32. Supplique adressée au Cardinal Bertone au sujet des pouvoirs de la commission Ecclesia Dei.

Le 10 mars 2011, le Mouvement pour la Paix Liturgique et la réconciliation des catholiques dans l’Eglise a remis ce texte au Cardinal Bertone, Secrétaire d’État du saint-Siège, afin d’attirer son attention sur l’insuffisance de pouvoir de la Commission Pontificale Ecclesia Dei pour faire appliquer les mesures généreuses et apaisantes du motu proprio Summorum Pontificum en faveur des milliers de fidèles qui y aspirent.

Messe latine traditionnelle dans la chapelle de l'ancienne Visitation du Puy en Velay

Sainte Messe célébrée dans la chapelle de l’ancienne Visitation du Puy-en-Velay

* * * * * * *

TEXTE DE LA SUPPLIQUE  :

Éminence,

Nous voudrions attirer votre attention sur le fait que le Motu Proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 semble dépourvu de force obligatoire.

Les laïcs qui s’adressent à vous sont particulièrement sensibles aux effets bénéfiques qu’a produit et va continuer à produire sur les formes du culte divin cette Lettre apostolique de notre Saint-Père le Pape. Elle a sanctionné la liberté de célébration de la messe et des sacrements selon l’usus antiquior. Elle a aussi, ce qui est sans doute plus important encore, introduit le germe d’une émulation puissamment restauratrice de dignité et de beauté pour la liturgie réformée après le dernier concile. Elle est devenue pour de nombreux jeunes prêtres et séminaristes, dont le cœur de la vocation est par définition eucharistique et liturgique, bien au-delà des cercles qu’il est convenu de nommer traditionalistes, une source de grande espérance.

Mais pour que ce texte diffuse toutes ses virtualités ecclésiales, il faut qu’il soit réellement appliqué. La célébration privée de la liturgie ancienne ne pose pas de problème, justement parce qu’elle est privée. Mais, dans le domaine de la célébration publique du culte, qui exigerait une force exécutive, le motu proprio semble n’être qu’exhortatif. Certes, cela est déjà beaucoup quand l’exhortation émane du Pape, mais c’est aussi malheureusement, comme l’expérience le prouve, notoirement insuffisant dans un grand nombre de cas.

Depuis quelques semaines, vous le savez, des inquiétudes se sont manifestées à propos d’une possible interprétation plus restrictive de Summorum Pontificum. Pour notre part, notre souci porte plus formellement sur la force exécutive du texte lui-même : si sa disposition principale (la célébration de la liturgie antérieure à 1970 en paroisse) n’est pas accompagnée d’un dispositif qui puisse la faire respecter, il semble ne représenter, en définitive, qu’un souhait ardent du Souverain Pontife.

Sa lecture, en effet, éclairée par tout ce que l’on peut connaître de la volonté du Législateur, montre que sa disposition principale se trouve dans son article 5 § 1, qui invite à instaurer dans les paroisses une coexistence harmonieuse entre les deux formes du rite : « Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la messe selon le rite du Missel romain édité en 1962 ». En un certain nombre d’endroits, conformément au désir du Pape, cette coexistence s’est établie, avec des fruits tout à fait remarquables pour les pratiquants de l’une et l’autre formes, qui sont d’ailleurs en bien des cas les mêmes. Mais de nombreuses résistances ont aussi empêché l’heureuse propagation de ces bénéfices, tant sont pesantes les habitudes acquises et contraignants les malentendus entretenus.

Or, l’art. 1 (« Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 »), et son complément, l’art. 5 § 1 déjà cité, reconnaissent un droit spécifique aux fidèles du Christ laïcs. Il y aurait une haute convenance à ce que soit explicitée la force exécutive que ce droit appelle de soi.

En son état actuel, instituée le 2 juillet 1988 et refondée le 2 juillet 2009, la Commission Pontificale Ecclesia Dei voit ses diverses compétences encadrées par trois textes :

> 1°) Concernant les personnes et les groupes qui avaient été liées à la Fraternité Saint-Pie-X, le rescrit du 18 octobre 1988 a concédé des facultés spéciales au Cardinal Président la Commission Pontificale pour régler la situation des personnes (dispenses d’irrégularités, sanations in radice mariages) et des groupes (les ériger en Instituts, Sociétés, Associations, et exercer sur eux toute l’autorité du Saint-Siège).

> 2°) Concernant la résolution des questions doctrinales qui demeurent avec la Fraternité Saint-Pie-X, le Motu Proprio Ecclesiae unitatem, 2 juillet 2009, a disposé que la Commission soumettrait les questions faisant difficulté à l’étude et au discernement des instances ordinaires de la Congrégation pour la Doctrine de la foi.

> 3°) Et concernant enfin « l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 » le Motu Proprio Summorum Pontificum 7 juillet 2007 en a confié la charge à ladite Commission (art. 12 : « Cette commission, outre les facultés dont elle jouit déjà, exercera l’autorité du Saint-Siège, veillant à l’observance et à l’application de ces dispositions »).

Mais alors que le rescrit du 18 octobre 1988 concède à la Commission, en la personne de son Président, des pouvoirs déterminés sur les personnes et les communautés, et alors que le Motu Proprio du 2 juillet 2009 dispose que la Congrégation pour la Doctrine de la foi, à laquelle est désormais liée la Commission, traitera selon ses procédures ordinaires (et donc juridictionnelles) des questions doctrinales que lui soumettra la Commission, le Motu Proprio de 2007 ne précise aucune modalité d’exercice des pouvoirs de la Commission ou de son Président pour le faire appliquer. De sorte que sa disposition principale (art. 5 § 1), à savoir la demande à remplir par le curé d’une célébration paroissiale de la messe (sans parler de la demande de sacrements ou de cérémonies occasionnelles, art. 5 § 3 et art. 9), est généralement considérée comme purement incitative.

Un recours est certes prévu si le curé refuse au groupe de fidèles qui la demande la célébration paroissiale de la messe : ce groupe peut en informer l’évêque, et si l’évêque ne pourvoit pas à la demande du groupe, il peut en référer à la Commission Pontificale Ecclesia Dei (art. 7). 

La difficulté que nous vous signalons, comme le prouve amplement plus de trois années d’existence de Summorum Pontificum, marquée par une très grande quantité de refus suivis d’informations à l’évêque puis de recours, sans effet, à la Commission Pontificale, porte donc sur cette absence de précision juridique :

> un droit des fidèles du Christ laïcs, d’ordre liturgique, est affirmé (usage d’un missel jamais abrogé – art. 1 – dont un groupe de fidèles peut demander l’usage paroissial public – art. 5, § 1) ;

> une Commission Pontificale liée à un Dicastère de la Curie Romaine, et aujourd’hui présidée par le cardinal Préfet de la Congrégation, est déclarée compétente pour faire respecter ce droit (art. 12) ;

> un recours auprès de cette Commission est prévu pour faire respecter ce droit lorsqu’il n’est pas satisfait (art. 7) ;

> mais le moyen juridictionnel pour faire appliquer le droit des fidèles n’est pas donné à l’organisme compétent qui reçoit le recours au nom du Saint Siège. Plus exactement, ce moyen n’est pas explicité, car en bonne logique juridique il ne peut pas ne pas exister. Sauf à inviter les demandeurs déboutés par le curé et par l’évêque à se pourvoir devant les tribunaux ecclésiastiques.

Notre présente supplique porte donc uniquement sur une précision qui semble nécessaire à propos de l’art. 7 du Motu Proprio : lorsque le groupe de fidèles dont le droit n’est pas satisfait a introduit un recours auprès de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, que préside le cardinal Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, qu’il soit indiqué que la Commission a pouvoir de faire prendre au curé toutes dispositions pour satisfaire ce droit.

Nous demandons à Votre Éminence de considérer notre respectueuse demande visant une disposition ponctuelle mais essentielle de ce texte, avec toute l’attention que nous semble appeler ce problème technique, et nous La prions de recevoir l’hommage de notre profond et religieux respect.

Christian Marquant et tout le bureau du mouvement pour la Paix Liturgique et la réconciliation des catholiques dans l’Eglise autour du souverain pontife.

2011-31. De Saint Joseph et du Carême.


Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Nous sommes en Carême : j’espère que vous êtes tous animés d’une grande ferveur et remplis d’une mâle détermination pour ce grand temps du combat spirituel aux côtés de Notre-Seigneur (cf. Evangile du premier dimanche de Carême) !

   Nous sommes au mois de mars, et ce mois est traditionnellement dédié à Saint Joseph.
Dans les petites bandes dessinées de Frère Maximilien-Marie, j’en ai justement trouvé une qui associe la dévotion à Saint Joseph et le temps du Carême, aussi ai-je pensé qu’elle pourrait tout à la fois vous plaire et vous être de quelque utilité spirituelle. Elle ne nécessite pas de plus ample commentaire de ma part, et je vous laisse donc la découvrir et en méditer les leçons.

   Que Saint Joseph vous soit en aide pour correspondre toujours plus et mieux à l’amour du divin Coeur de Jésus !

pattes de chat  Lully.    

 Saint Joseph

Pour voir ces dessins dans un format plus grand faire dessus un clic droit
puis  : « ouvrir l’image dans un nouvel onglet »

Saint Joseph et le placage 1

Saint Joseph et le placage 2

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Rappels :

- Petit catéchisme sur le Carême et la pénitence > ici.
- Sermon de Saint Augustin sur le devoir que nous avons de faire pénitence > ici.

Quelques autres bandes dessinées précédemment publiées sur ce blogue :
- « Une lettre pour toi » (> ici) ; – « La préférée de Dieu » (> ici) ; – « Concurrence » (> ici) ; – « J’enrage! » (> ici) ; – « Pas meilleur que les autres » (> ici) ; – « Grindsel le séraphin se pose quelques bonnes questions » (> ici) ; – « Comment se forment les perles » (> ici).

Et aussi :
- Prières à Saint Joseph pour le mois de mars > ici
- Prière de Léon XIII à Saint Joseph « Nous recourrons à vous dans notre tribulation » > ici
- Salutations de Saint Jean Eudes à Saint Joseph > ici
et bande dessinée « Allez à Joseph » > ici.

2011-30. Sermon de Saint Augustin sur l’obligation de faire pénitence.

       Avec le Mercredi des Cendres, nous commençons la grande aventure spirituelle du carême.
Nous avons cru opportun de livrer  à votre méditation ce sermon de « notre glorieux Père Saint Augustin » sur la nécessité de la pénitence.

imposition des cendres - blogue

Synthèse de ce sermon :

1. La pénitence est nécessaire à tous. — 2. Cette nécessité se prouve par l’état de notre conscience et aussi dans l’Ecriture par l’exemple des Ninivites. — 3. La pénitence doit être pratiquée par les justes eux-mêmes. — 4. Personne ne peut se soustraire à la pénitence en prétextant d’être juste : une telle prétention serait à elle seule un crime. — 5. Conclusion.

Ronces

   1. Dans la lecture de l’Evangile, nous avons entendu ces paroles : «Faites pénitence, car le Royaume des Cieux est proche» (Matth. IV, 17). Le Royaume des Cieux, c’est Jésus-Christ, qui sait discerner les bons d’avec les méchants et juger de toutes choses. Prévenons donc le courroux de Dieu en confessant nos péchés et, avant de paraître en jugement, purifions nos âmes de toutes leurs erreurs. Le danger serait de ne point savoir quel remède nous devons appliquer au péché ; comprenons du moins que, devant expier les causes de notre négligence, c’est pour nous une obligation de faire pénitence. Sachez, mes frères, quel amour nous a prodigué le Seigneur notre Dieu, puisqu’il veut que nous expiions nos fautes avant de paraître à son tribunal, où nous ne trouverions que la justice. Il nous prévient donc à l’avance, afin de n’avoir pas à nous traiter dans toute sa sévère équité. Si donc notre Dieu demande que de nos yeux découlent des larmes abondantes, c’est afin de nous faire recouvrer par la pénitence ce que nous avons perdu par notre négligence. Dieu connaît toute la mobilité et la fragilité humaines ; il sait que notre corps est une cause fréquente de péchés et que nos discours sont pleins d’imperfections. Voilà pourquoi il nous prescrit la pénitence, afin que par elle nous corrigions nos défauts et réparions nos fautes. Si l’homme est assuré de son pardon, il n’en doit pas moins s’inquiéter de la satisfaction. Je sais qu’ici nous sommes exposés à bien des blessures, et cependant personne ne doit désespérer, car le Seigneur est infini dans sa miséricorde et il est tout-puissant pour guérir nos langueurs.

   2. Quelqu’un me dira peut-être qu’il ne trouve en lui-même aucun motif de pleurer. Mais alors qu’il rentre dans sa conscience, et il y rencontrera le souvenir toujours vivant de quelque péché. L’un soupire en raison d’une plaie du coeur, l’autre d’une injure du corps ; celui-ci est dominé par l’orgueil, celui-là brûle de telle ou telle cupidité ; ici c’est le mensonge, là c’est l’avarice qui a été peut-être jusqu’à réduire le prochain à la pauvreté ; tel a versé injustement le sang de son frère, tel s’est souillé par des relations criminelles avec une femme de mauvaise vie. Devant des plaies si grandes et si nombreuses de l’esprit ou du corps, se peut-il qu’il n’y ait lieu de pousser aucun gémissement, de verser aucune larme? Que personne ne rougisse de présenter à Dieu ses blessures. Si la honte vous empêche de découvrir vos plaies, jamais vous n’en obtiendrez le remède. Parmi les maladies, les unes sont plus faciles, les autres plus difficiles à guérir. Mais, de tous les malades, le plus difficile à soigner, c’est assurément celui qui ne veut pas l’être. C’est l’Ecriture elle-même qui en fait l’observation. Aucun de ceux qui ont cherché le remède n’a péri, tandis que celui qui l’a méprisé n’a pu échapper à la mort. Ninive était menacée de périr après trois jours si elle ne faisait pas pénitence. Voici ce qu’avait dit le Prophète : «Trois jours encore et Ninive sera détruite. Et cette parole arriva jusqu’aux oreilles du roi de Ninive ; il se leva de son siège, se dépouilla de ses vêtements, se couvrit d’un cilice et s’assit sur la cendre» (Jonas, III, 4, 6). Satisfaction bien méritoire, mes frères ; ce roi se dépouille de ses vêtements royaux et se couvre d’un cilice. Il aime mieux se sauver dans le cilice que de périr dans la pourpre. Où était alors ce faste du trône? Pour échapper au châtiment de son orgueil, il cherche un refuge dans les bras de l’humilité, afin de vous faire comprendre que Dieu attache plus de prix à l’humilité qu’à la puissance. En effet, c’en était fait du royaume de Ninive, si la pénitence n’était venue le protéger contre les châtiments du ciel.

   3. Une circonstance frappante dans cette pénitente des Ninivites, c’est que le jeûne fut imposé aux enfants et aux animaux eux-mêmes. Mais pourquoi faire jeûner des enfants qui étaient sans péché? C’est que les innocents jeûnaient, afin de procurer le salut aux coupables. L’enfant implorait pardon, afin que le vieillard ne pérît pas. Le jeûne des enfants, soit encore, mais pourquoi le jeûne des animaux? Pour que la faim ressentie par les animaux prouvât mieux la pénitence des hommes ; leur rugissement devait être comme une prière lancée vers le ciel pour en faire redescendre la miséricorde en faveur des coupables. Nous aussi, mes frères, formons un saint accord entre notre coeur et notre foi, afin de crier plus efficacement vers le Seigneur notre Dieu. Les Ninivites imploraient, après s’être rendus coupables ; pour nous, sachons implorer afin que nous ne tombions pas dans le péché. Bienheureux celui que la crainte de Dieu dispense de tout châtiment et qui, pour faire le bien, n’a besoin que de connaître la loi de Dieu, et non d’en subir la punition! Il n’y a pas de châtiment à redouter pour celui qui sait craindre la justice de Dieu.

   4. Quelqu’un de la foule me répondra peut-être : que puis-je craindre, puisque je ne fais aucun mal? Ecoutez cette parole de l’apôtre Saint Jean : «Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous» (I Jean, I, 8). Que personne ne vous séduise ; la pire espèce de péché, c’est de ne pas connaître ses péchés. Ceux qui les connaissent peuvent se réconcilier avec Dieu par la pénitence. Parmi les pécheurs, celui dont l’état est le plus alarmant, c’est celui qui se flatte qu’il n’y a pas eu en lui de quoi alarmer. Beaucoup de péchés sont regardés comme légers et n’en sont pas moins très-dangereux, précisément parce qu’ils ne sont pas considérés comme péchés. Le mal le plus séduisant, c’est celui qui ne paraît pas un mal. Je ne parle pas des homicides, des adultères, des mauvaises persuasions – plaise à Dieu qu’aucun chrétien ne s’y laisse entraîner!- et s’il succombe, le sentiment de son crime le portera à le pleurer aussitôt. Je parle de ces autres péchés qui passent pour beaucoup plus légers. Qui de vous pourrait se dire exempt de toute intempérance, de toute ambition, de toute jalousie, de toute cupidité, de toute avarice? Voilà pourquoi, selon la parole de l’Ecriture, je vous exhorte à vous humilier sous la puissante main de Dieu ; puisque personne n’est sans péché, que personne ne s’exempte de la pénitence, car ce serait être coupable que de se croire innocent. On peut n’avoir que des péchés légers, toujours est-il qu’on n’est jamais sans péché : «Personne n’est exempt de toute faute» (Job, XIV, 4).

   5. Que ceux donc qui sont plus gravement coupables, implorent leur pardon avec plus d’instance. Que ceux qui se sont abstenus des plus grandes fautes, demandent d’en être délivrés, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !

Ronces

2011-28. Saint François de Sales, témoin exemplaire de l’humanisme chrétien.

       Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI consacre les catéchèses de ses audiences générales hebdomadaires à présenter la vie et les enseignements des saints. Après avoir parlé des Pères de l’Eglise et des mystiques médiévaux, le Souverain Pontife, ce mercredi 2 mars 2011, a mis en évidence la personnalité exceptionnelle de Saint François de Sales et les leçons qu’il a données par sa vie et par ses écrits.
Voici une traduction de cette catéchèse.

Saint François de Sales prêchant au peuple en plein air

Chers frères et sœurs,

   «Dieu est le Dieu du cœur humain» (Traité de l’Amour de Dieu, I, XV) : dans ces paroles apparemment simples, nous percevons l’empreinte de la spiritualité d’un grand maître, dont je voudrais vous parler aujourd’hui, saint François de Sales, évêque et docteur de l’Eglise. Né en 1567 dans une région frontalière de France, il était le fils du Seigneur de Boisy, d’une antique et noble famille de Savoie. Ayant vécu à cheval entre deux siècles, le XVIe et le XVIIe, il rassemblait en lui le meilleur des enseignements et des conquêtes culturelles du siècle qui s’achevait, réconciliant l’héritage de l’humanisme et la tension vers l’absolu propre aux courants mystiques. Sa formation fut très complète ; à Paris, il suivit des études supérieures, se consacrant également à la théologie, et à l’Université de Padoue celles de droit, suivant le désir de son père, qu’il conclut brillamment par une maîtrise in utroque iure, droit canonique et droit civil. Dans sa jeunesse équilibrée, réfléchissant sur la pensée de Saint Augustin et de Saint Thomas d’Aquin, il traversa une crise profonde qui le conduisit à s’interroger sur son salut éternel et sur la prédestination de Dieu à son égard, vivant avec souffrance comme un véritable drame spirituel les questions théologiques de son époque. Il priait intensément, mais le doute le tourmenta si fort que pendant plusieurs semaines, il ne réussit presque plus à manger et à dormir. Au comble de l’épreuve, il se rendit dans l’église des dominicains à Paris, ouvrit son cœur et pria ainsi : «Quoi qu’il advienne, Seigneur, Vous qui détenez tout entre vos mains, et dont les voies sont justice et vérité; quoi que Vous ayez établi à mon égard…; Vous qui êtes toujours un juge équitable et un Père miséricordieux, je Vous aimerai Seigneur (…) je Vous aimerai ici, ô mon Dieu, et j’espérerai toujours en votre miséricorde, et je répéterai toujours vos louangesO Seigneur Jésus, Vous serez toujours mon espérance et mon salut dans la terre des vivants» (I Proc. Canon., vol. I, art. 4). François, âgé de vingt ans, trouva la paix dans la réalité radicale et libératrice de l’amour de Dieu : l’aimer sans rien attendre en retour et placer sa confiance dans l’amour divin ; ne plus demander ce que Dieu fera de moi : moi je l’aime simplement, indépendamment de ce qu’il me donne ou pas. Ainsi, il trouva la paix, et la question de la prédestination — sur laquelle on débattait à cette époque — s’en trouva résolue, car il ne cherchait plus que ce qu’il pouvait avoir de Dieu ; il l’aimait simplement, il s’abandonnait à sa bonté. Et cela sera le secret de sa vie, qui transparaîtra dans son œuvre principale : le Traité de l’amour de Dieu.

   En vainquant les résistances de son père, François suivit l’appel du Seigneur et, le 18 décembre 1593, fut ordonné prêtre. En 1602, il devint évêque de Genève, à une époque où la ville était un bastion du calvinisme, au point que le siège épiscopal se trouvait «en exil» à Annecy. Pasteur d’un diocèse pauvre et tourmenté, dans un paysage de montagne dont il connaissait aussi bien la dureté que la beauté, il écrivit: «[Dieu] je l’ai rencontré dans toute sa douceur et sa délicatesse dans nos plus hautes et rudes montagnes, où de nombreuses âmes simples l’aimaient et l’adoraient en toute vérité et sincérité ; et les chevreuils et les chamois sautillaient ici et là entre les glaciers terrifiants pour chanter ses louanges» (Lettre à la Mère de Chantal, octobre 1606, in Œuvres, éd. Mackey, t. XIII, p. 223). Et toutefois, l’influence de sa vie et de son enseignement sur l’Europe de l’époque et des siècles successifs apparaît immense. C’est un apôtre, un prédicateur, un homme d’action et de prière ; engagé dans la réalisation des idéaux du Concile de Trente ; participant à la controverse et au dialogue avec les protestants, faisant toujours plus l’expérience, au-delà de la confrontation théologique nécessaire, de l’importance de la relation personnelle et de la charité ; chargé de missions diplomatiques au niveau européen, et de fonctions sociales de médiation et de réconciliation. Mais Saint François de Sales est surtout un guide des âmes : de sa rencontre avec une jeune femme, Madame de Charmoisy, il tirera l’inspiration pour écrire l’un des livres les plus lus à l’époque moderne, l’Introduction à la vie dévote ; de sa profonde communion spirituelle avec une personnalité d’exception, Sainte Jeanne Françoise de Chantal, naîtra une nouvelle famille religieuse, l’Ordre de la Visitation, caractérisé — comme le voulut le saint — par une consécration totale à Dieu vécue dans la simplicité et l’humilité, en accomplissant extraordinairement bien les choses ordinaires : «… Je veux que mes Filles — écrit-il — n’aient pas d’autre idéal que celui de glorifier [Notre Seigneur] par leur humilité» (Lettre à Mgr de Marquemond, juin 1615). Il meurt en 1622, à cinquante-cinq ans, après une existence marquée par la dureté des temps et par le labeur apostolique.

   La vie de saint François de Sales a été une vie relativement brève, mais vécue avec une grande intensité. De la figure de ce saint émane une impression de rare plénitude, démontrée dans la sérénité de sa recherche intellectuelle, mais également dans la richesse de ses sentiments, dans la «douceur» de ses enseignements qui ont eu une grande influence sur la conscience chrétienne. Du mot «humanité», il a incarné les diverses acceptions que, aujourd’hui comme hier, ce terme peut prendre : culture et courtoisie, liberté et tendresse, noblesse et solidarité. Il avait dans son aspect quelque chose de la majesté du paysage dans lequel il a vécu, conservant également sa simplicité et son naturel. Les antiques paroles et les images avec lesquelles il s’exprimait résonnent de manière inattendue, également à l’oreille de l’homme d’aujourd’hui, comme une langue natale et familière.

   François de Sales adresse à Philotée, le destinataire imaginaire de son Introduction à la vie dévote (1607) une invitation qui, à l’époque, dut sembler révolutionnaire. Il s’agit de l’invitation à appartenir complètement à Dieu, en vivant en plénitude la présence dans le monde et les devoirs de son propre état. «Mon intention est d’instruire ceux qui vivent en villes, en ménages, en la cour [...]» (Préface de l’Introduction à la vie dévote). Le document par lequel le Pape Pie IX, plus de deux siècles après, le proclamera docteur de l’Eglise insistera sur cet élargissement de l’appel à la perfection, à la sainteté. Il y est écrit : «[la véritable piété] a pénétré jusqu’au trône des rois, dans la tente des chefs des armées, dans le prétoire des juges, dans les bureaux, dans les boutiques et même dans les cabanes de pasteurs [...]» (Bref Dives in misericordia, 16 novembre 1877). C’est ainsi que naissait cet appel aux laïcs, ce soin pour la consécration des choses temporelles et pour la sanctification du quotidien sur lesquels insisteront le concile Vatican II et la spiritualité de notre temps. L’idéal d’une humanité réconciliée se manifestait, dans l’harmonie entre action dans le monde et prière, entre condition séculière et recherche de perfection, avec l’aide de la grâce de Dieu qui imprègne l’homme et, sans le détruire, le purifie, en l’élevant aux hauteurs divines. Saint François de Sales offre une leçon plus complexe à Théotime, le chrétien adulte, spirituellement mûr, auquel il adresse quelques années plus tard son Traité de l’amour de Dieu (1616). Cette leçon suppose, au début, une vision précise de l’être humain, une anthropologie : la «raison» de l’homme, ou plutôt l’«âme raisonnable», y est vue comme une architecture harmonieuse, un temple, articulé en plusieurs espaces, autour d’un centre, qu’il appelle, avec les grands mystiques, «cime», «pointe» de l’esprit, ou «fond» de l’âme. C’est le point où la raison, une fois parcourus tous ses degrés, «ferme les yeux» et la connaissance ne fait plus qu’un avec l’amour (cf. livre I, chap. XII). Que l’amour, dans sa dimension théologale, divine, soit la raison d’être de toutes les choses, selon une échelle ascendante qui ne semble pas connaître de fractures et d’abîmes. Saint François de Sales l’a résumé dans une phrase célèbre: «L’homme est la perfection de l’univers ; l’esprit est la perfection de l’homme ; l’amour, celle de l’esprit ; et la charité, celle de l’amour» (ibid., livre X, chap. I).

   Dans une saison d’intense floraison mystique, le Traité de l’amour de Dieu est une véritable somme, en même temps qu’une fascinante œuvre littéraire. Sa description de l’itinéraire vers Dieu part de la reconnaissance de l’«inclination naturelle» (ibid., livre I, chap. XVI), inscrite dans le cœur de l’homme bien qu’il soit pécheur, à aimer Dieu par dessus toute chose. Selon le modèle de la Sainte Ecriture, Saint François de Sales parle de l’union entre Dieu et l’homme en développant toute une série d’images de relation interpersonnelle. Son Dieu est père et seigneur, époux et ami, il a les caractéristiques d’une mère et d’une nourrice, il est le soleil dont même la nuit est une mystérieuse révélation. Un tel Dieu attire l’homme à lui avec les liens de l’amour, c’est-à-dire de la vraie liberté : «Car l’amour n’a point de forçats ni d’esclaves, [mais] réduit toutes choses à son obéissance avec une force si délicieuse, que comme rien n’est si fort que l’amour, aussi rien n’est si aimable que sa force» (ibid., livre I, chap. VI). Nous trouvons dans le traité de notre Saint une méditation profonde sur la volonté humaine et la description de son flux, son passage, sa mort, pour vivre (cf. ibid., livre IX, chap. XIII) dans l’abandon total non seulement à la volonté de Dieu, mais à ce qui Lui plaît, à son «bon plaisir» (cf. ibid., livre IX, chap. I). Au sommet de l’union avec Dieu, outre les ravissements de l’extase contemplative, se place ce reflux de charité concrète, qui se fait attentive à tous les besoins des autres et qu’il appelle «l’extase de l’œuvre et de la vie» (ibid., livre VII, chap. VI).

   On perçoit bien, en lisant le livre sur l’amour de Dieu et plus encore les si nombreuses lettres de direction et d’amitié spirituelle, quel connaisseur du cœur humain a été saint François de Sales. A sainte Jeanne de Chantal, à qui il écrit : «[…] car voici la règle générale de notre obéissance écrite en grosses lettres : il faut tout faire par amour, et rien par force ; il faut plus aimer l’obéissance que craindre la désobéissance. Je vous laisse l’esprit de liberté, non pas celui qui forclos [exclut] l’obéissance, car c’est la liberté de la chair ; mais celui qui forclos la contrainte et le scrupule, ou empressement» (Lettre du 14 octobre 1604). Ce n’est pas par hasard qu’à l’origine de nombreux parcours de la pédagogie et de la spiritualité de notre époque nous retrouvons la trace de ce maître, sans lequel n’auraient pas existé saint Jean Bosco ni l’héroïque «petite voie» de sainte Thérèse de Lisieux.

   Chers frères et sœurs, à une époque comme la nôtre qui recherche la liberté, parfois par la violence et l’inquiétude, ne doit pas échapper l’actualité de ce grand maître de spiritualité et de paix, qui remet à ses disciples l’«esprit de liberté», la vraie, au sommet d’un enseignement fascinant et complet sur la réalité de l’amour. Saint François de Sales est un témoin exemplaire de l’humanisme chrétien avec son style familier, avec des paraboles qui volent parfois sur les ailes de la poésie, il rappelle que l’homme porte inscrite en lui la nostalgie de Dieu et que ce n’est qu’en Lui que se trouve la vraie joie et sa réalisation la plus totale.

* * * * * * *

   Je salue cordialement les pèlerins de langue française ! À l’école de saint François de Sales, puissiez-vous apprendre que la vraie liberté inclut l’obéissance et culmine dans la réalité de l’amour. N’ayez pas peur d’aimer Dieu par-dessus tout ! Vous trouverez en Lui seul la vraie joie et la pleine réalisation de votre vie ! Avec ma bénédiction !

Armoiries de Saint François de Sales

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2011-23. «Ensevelis avec le Christ lors du Baptême, vous êtes aussi ressuscités avec Lui» (cf. Coloss. II, 12)

Message de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI

adressé à tous les fidèles à l’occasion du Carême de l’an de grâce 2011.

Benoît XVI

Chers Frères et Sœurs,

Le Carême, qui nous conduit à la célébration de la Pâque très Sainte, constitue pour l’Eglise un temps liturgique vraiment précieux et important. Aussi est-ce avec plaisir que je vous adresse ce message, afin que ce Carême puisse être vécu avec toute l’ardeur nécessaire. Dans l’attente de la rencontre définitive avec son Epoux lors de la Pâque éternelle, la Communauté ecclésiale intensifie son chemin de purification dans l’esprit, par une prière assidue et une charité active, afin de puiser avec plus d’abondance, dans le Mystère de la Rédemption, la vie nouvelle qui est dans le Christ Seigneur (cf. Première préface de Carême).

1. Cette vie nous a déjà été transmise le jour de notre Baptême lorsque, «devenus participants de la mort et de la résurrection du Christ», nous avons commencé «l’aventure joyeuse et exaltante du disciple» (Benoît XVI, homélie prononcée pour la fête du Baptême de Notre-Seigneur, 10 janvier 2010). Dans ses épîtres, Saint Paul insiste à plusieurs reprises sur la communion toute particulière avec le Fils de Dieu, qui se réalise au moment de l’immersion dans les eaux baptismales. Le fait que le Baptême soit reçu le plus souvent en bas-âge, nous indique clairement qu’il est un don de Dieu : nul ne mérite la vie éternelle par ses propres forces. La miséricorde de Dieu, qui efface le péché et nous donne de vivre notre existence avec «les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus» (Phil. II,5), est communiquée à l’homme gratuitement.

Dans sa lettre aux Philippiens, l’Apôtre des Gentils nous éclaire sur le sens de la transformation qui s’effectue par la participation à la mort et à la résurrection du Christ, en nous indiquant le but poursuivi: «le connaître lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts» (Phil. III, 10-11). Le Baptême n’est donc pas un rite du passé, il est la rencontre avec le Christ qui donne forme à l’existence toute entière du baptisé, lui transmet la vie divine et l’appelle à une conversion sincère, mue et soutenue par la Grâce, lui permettant ainsi de parvenir à la stature adulte du Christ.

Un lien spécifique unit le Baptême au Carême en tant que période favorable pour expérimenter la grâce qui sauve. Les Pères du concile Vatican II ont lancé un appel à tous les pasteurs de l’Eglise pour que soient «employés plus abondamment les éléments baptismaux de la liturgie quadragésimale» (constitution « Sacrosanctum Concilium », 109). En effet, dès ses origines, l’Eglise a uni la Veillée Pascale et la célébration du Baptême : dans ce sacrement s’accomplit le grand Mystère où l’homme meurt au péché, devient participant de la vie nouvelle dans le Christ ressuscité, et reçoit ce même Esprit de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts (cf. Rom. VIII,11). Ce don gratuit doit être constamment ravivé en chacun de nous, et le Carême nous offre un parcours analogue à celui du catéchuménat qui, pour les chrétiens de l’Eglise primitive comme pour ceux d’aujourd’hui, est un lieu d’apprentissage indispensable de foi et de vie chrétienne : ils vivent vraiment leur Baptême comme un acte décisif pour toute leur existence.

2. Pour emprunter sérieusement le chemin vers Pâques et nous préparer à célébrer la Résurrection du Seigneur – qui est la fête la plus joyeuse et solennelle de l’année liturgique –, qu’est-ce qui pourrait être le plus adapté si ce n’est de nous laisser guider par la Parole de Dieu? C’est pourquoi l’Eglise, à travers les textes évangéliques proclamés lors des dimanches de Carême, nous conduit-elle à une rencontre particulièrement profonde avec le Seigneur, nous faisant parcourir à nouveau les étapes de l’initiation chrétienne : pour les catéchumènes en vue de recevoir le sacrement de la nouvelle naissance ; pour ceux qui sont déjà baptisés, en vue d’opérer de nouveaux pas décisifs à la suite du Christ, dans un don plus plénier.

Le premier dimanche de l’itinéraire quadragésimal éclaire notre condition terrestre. Le combat victorieux de Jésus sur les tentations qui inaugure le temps de sa mission, est un appel à prendre conscience de notre fragilité pour accueillir la Grâce qui nous libère du péché et nous fortifie d’une façon nouvelle dans le Christ, chemin, vérité et vie (cf. Ordo Initiationis Christianae Adultorum, n. 25). C’est une invitation pressante à nous rappeler, à l’exemple du Christ et en union avec lui, que la foi chrétienne implique une lutte contre les «Puissances de ce monde de ténèbres» (Eph. VI,12) où le démon est à l’œuvre et ne cesse, même de nos jours, de tenter tout homme qui veut s’approcher du Seigneur : le Christ sort vainqueur de cette lutte, également pour ouvrir notre cœur à l’espérance et nous conduire à la victoire sur les séductions du mal.

L’évangile de la Transfiguration du Seigneur nous fait contempler la gloire du Christ qui anticipe la résurrection et annonce la divinisation de l’homme. La communauté chrétienne découvre qu’à la suite des apôtres Pierre, Jacques et Jean, elle est conduite «dans un lieu à part, sur une haute montagne» (Matt.XVII,1) afin d’accueillir d’une façon nouvelle, dans le Christ, en tant que fils dans le Fils, le don de la Grâce de Dieu : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le» (Matt. XVII,5). Ces paroles nous invitent à quitter la rumeur du quotidien pour nous plonger dans la présence de Dieu: Il veut nous transmettre chaque jour une Parole qui nous pénètre au plus profond de l’esprit, là où elle discerne le bien et le mal (cf. Hebr. IV,12) et affermit notre volonté de suivre le Seigneur.

«Donne-moi à boire» (Joan. IV,7). Cette demande de Jésus à la Samaritaine, qui nous est rapportée dans la liturgie du troisième dimanche, exprime la passion de Dieu pour tout homme et veut susciter en notre cœur le désir du don de «l’eau jaillissant en vie éternelle» (Joan. IV,14): C’est le don de l’Esprit Saint qui fait des chrétiens de «vrais adorateurs», capables de prier le Père «en esprit et en vérité» (Joan. IV,23). Seule cette eau peut assouvir notre soif de bien, de vérité et de beauté! Seule cette eau, qui nous est donnée par le Fils, peut irriguer les déserts de l’âme inquiète et insatisfaite «tant qu’elle ne repose en Dieu», selon la célèbre expression de saint Augustin.

Le dimanche de l’aveugle-né nous présente le Christ comme la lumière du monde. L’Evangile interpelle chacun de nous : «Crois-tu au Fils de l’homme?» «Oui, je crois Seigneur!» (Joan. IX, 35-38), répond joyeusement l’aveugle-né qui parle au nom de tout croyant. Le miracle de cette guérison est le signe que le Christ, en rendant la vue, veut ouvrir également notre regard intérieur afin que notre foi soit de plus en plus profonde et que nous puissions reconnaître en lui notre unique Sauveur. Le Christ illumine toutes les ténèbres de la vie et donne à l’homme de vivre en «enfant de lumière».

Lorsque l’évangile du cinquième dimanche proclame la résurrection de Lazare, nous nous trouvons face au mystère ultime de notre existence: «Je suis la résurrection et la vie… le crois-tu? » (Joan. XI,25-26). A la suite de Marthe, le temps est venu pour la communauté chrétienne de placer, à nouveau et en conscience, toute son espérance en Jésus de Nazareth : «Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde» (Joan. XI,27). La communion avec le Christ, en cette vie, nous prépare à franchir l’obstacle de la mort pour vivre éternellement en Lui. La foi en la résurrection des morts et l’espérance en la vie éternelle ouvrent notre intelligence au sens ultime de notre existence: Dieu a créé l’homme pour la résurrection et la vie; cette vérité confère une dimension authentique et définitive à l’histoire humaine, à l’existence personnelle, à la vie sociale, à la culture, à la politique, à l’économie. Privé de la lumière de la foi, l’univers entier périt, prisonnier d’un sépulcre sans avenir ni espérance.

Le parcours du Carême trouve son achèvement dans le Triduum Pascal, plus particulièrement dans la Grande Vigile de la Nuit Sainte : en renouvelant les promesses du Baptême, nous proclamons à nouveau que le Christ est le Seigneur de notre vie, de cette vie que Dieu nous a donnée lorsque nous sommes renés «de l’eau et de l’Esprit Saint», et nous réaffirmons notre ferme propos de correspondre à l’action de la Grâce pour être ses disciples.

3. Notre immersion dans la mort et la résurrection du Christ, par le sacrement du Baptême, nous pousse chaque jour à libérer notre cœur du poids des choses matérielles, du lien égoïste avec la «terre», qui nous appauvrit et nous empêche d’être disponibles et accueillants à Dieu et au prochain. Dans le Christ, Dieu s’est révélé Amour (cf. 1 Joan. IV,7-10). La Croix du Christ, le «langage de la Croix» manifeste la puissance salvifique de Dieu (cf. 1 Cor. I,18) qui se donne pour relever l’homme et le conduire au salut : il s’agit de la forme la plus radicale de l’amour (cf. Encyclique « Deus caritas est », 12). Par la pratique traditionnelle du jeûne, de l’aumône et de la prière, signes de notre volonté de conversion, le Carême nous apprend à vivre de façon toujours plus radicale l’amour du Christ. Le jeûne, qui peut avoir des motivations diverses, a pour le chrétien une signification profondément religieuse : en appauvrissant notre table, nous apprenons à vaincre notre égoïsme pour vivre la logique du don et de l’amour ; en acceptant la privation de quelque chose – qui ne soit pas seulement du superflu –, nous apprenons à détourner notre regard de notre «moi» pour découvrir Quelqu’un à côté de nous et reconnaître Dieu sur le visage de tant de nos frères. Pour le chrétien, la pratique du jeûne n’a rien d’intimiste, mais ouvre tellement à Dieu et à la détresse des hommes ; elle fait en sorte que l’amour pour Dieu devienne aussi amour pour le prochain (cf. Marc. XII,31).

Sur notre chemin, nous nous heurtons également à la tentation de la possession, de l’amour de l’argent, qui s’oppose à la primauté de Dieu dans notre vie. L’avidité de la possession engendre la violence, la prévarication et la mort ; c’est pour cela que l’Eglise, spécialement en temps de Carême, appelle à la pratique de l’aumône, c’est à dire au partage. L’idolâtrie des biens, au contraire, non seulement nous sépare des autres mais vide la personne humaine en la laissant malheureuse, en lui mentant et en la trompant sans réaliser ce qu’elle lui promet, puisqu’elle substitue les biens matériels à Dieu, l’unique source de vie. Comment pourrions-nous donc comprendre la bonté paternelle de Dieu si notre cœur est plein de lui-même et de nos projets qui donnent l’illusion de pouvoir assurer notre avenir? La tentation consiste à penser comme le riche de la parabole : «Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années…». Nous savons ce que répond le Seigneur: «Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme…» (Luc. XIX,19-20). La pratique de l’aumône nous ramène à la primauté de Dieu et à l’attention envers l’autre, elle nous fait découvrir à nouveau la bonté du Père et recevoir sa miséricorde.

Pendant toute la période du Carême, l’Eglise nous offre avec grande abondance la Parole de Dieu. En la méditant et en l’intériorisant pour l’incarner au quotidien, nous découvrons une forme de prière qui est précieuse et irremplaçable. En effet l’écoute attentive de Dieu qui parle sans cesse à notre cœur, nourrit le chemin de foi que nous avons commencé le jour de notre Baptême. La prière nous permet également d’entrer dans une nouvelle perception du temps : Sans la perspective de l’éternité et de la transcendance, en effet, le temps n’est qu’une cadence qui rythme nos pas vers un horizon sans avenir. En priant, au contraire, nous prenons du temps pour Dieu, pour découvrir que ses «paroles ne passeront pas» (Marc.XIII,31), pour entrer en cette communion intime avec Lui «que personne ne pourra nous enlever» (cf. Joan.XVI,22), qui nous ouvre à l’espérance qui ne déçoit pas, à la vie éternelle.

En résumé, le parcours du Carême, où nous sommes invités à contempler le mystère de la Croix, consiste à nous rendre «conformes au Christ dans sa mort» (Phil. III,10), pour opérer une profonde conversion de notre vie : nous laisser transformer par l’action de l’Esprit Saint, comme saint Paul sur le chemin de Damas ; mener fermement notre existence selon la volonté de Dieu ; nous libérer de notre égoïsme en dépassant l’instinct de domination des autres et en nous ouvrant à la charité du Christ. La période du Carême est un temps favorable pour reconnaître notre fragilité, pour accueillir, à travers une sincère révision de vie, la Grâce rénovatrice du Sacrement de Pénitence et marcher résolument vers le Christ.

Chers Frères et Sœurs, par la rencontre personnelle avec notre Rédempteur et par la pratique du jeûne, de l’aumône et de la prière, le chemin de conversion vers Pâques nous conduit à découvrir d’une façon nouvelle notre Baptême. Accueillons à nouveau, en ce temps de Carême, la Grâce que Dieu nous a donnée au moment de notre Baptême, afin qu’elle illumine et guide toutes nos actions. Ce que ce Sacrement signifie et réalise, nous sommes appelés à le vivre jour après jour, en suivant le Christ avec toujours plus de générosité et d’authenticité. En ce cheminement, nous nous confions à la Vierge Marie qui a enfanté le Verbe de Dieu dans sa foi et dans sa chair, pour nous plonger comme Elle dans la mort et la résurrection de son Fils Jésus et avoir la vie éternelle.

Du Vatican, le 4 novembre 2010

BENEDICTUS PP. XVI

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2011-21. Appel international pour l’intégrité de « Summorum Pontificum ».

Missel romain traditionnel

Un appel urgent est relayé dans le monde entier par plusieurs sites de promotion et de défense de la liturgie latine traditionnelle ; nous reprenons ci-dessous la présentation qui en est faite sur le site de la Schola Sainte Cécile :

Des bruits persistants paraissent suggérer qu’une prochaine instruction romaine pourrait contenir des indications restrictives (ou pourrait contenir des éléments qui laisseraient entendre des interprétations restrictives) au motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007. L’alerte parait suffisamment grave pour qu’une initiative internationale se soit mise en place sur ce site motuproprioappeal.com.

Peut-être ces rumeurs sont-elles infondées. Si l’avenir montre que c’est le cas, au moins aurons-nous marqué à notre Très-Saint Père & à nos pasteurs l’attachement au texte qui nous a été donné le samedi béni du triple 7.

Si vous vous intéressez aux questions liturgiques, que ce soit pour la préservation de l’Usus Antiquior romain ou même plus largement pour la continuité des traditions liturgiques vénérables tant occidentales qu’orientales, nous vous recommandons la signature de ce texte, et vous demandons de participer à la diffusion à tous vos réseaux de cet appel international.

Signer la pétition > www.

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Nota bene : Si vous désirez avoir de plus amples détails sur les rumeurs persistantes qui  fondent et alimentent sérieusement ces inquiétudes, vous pouvez vous reporter au blog de Christophe de Saint-Placide et remonter quotidiennement jusqu’au 15 février dernier pour voir tous les articles circonstanciés sur cette opposition actuelle au motu proprio « Summorum Pontificum » et ses enjeux.

2011-19. Le temps de la Septuagésime.

       Le temps de la Septuagésime est une période de trois semaines qui précède l’ouverture du carême.

   Le temps de la Septuagésime commence toujours la neuvième semaine avant Pâques et compte trois dimanches qui sont respectivement appelés dimanches de la Septuagésime, de la Sexagésime et de la Quinquagésime.
Ces appellations proviennent du système de comptage en usage dans l’antiquité et désignent la décade dans laquelle tombe chacun de ces dimanches : si en effet l’on divise les neufs semaines qui précèdent Pâques en séries de dix jours, on constate que le premier de ces neuf dimanches tombe dans la septième dizaine, le deuxième dimanche dans la sixième dizaine, le troisième dimanche dans la cinquième dizaine ; de là viennent leurs noms respectifs de dimanches in Septuagesima, in Sexagesima et in Quinquagesima.

   Symboliquement, on fait correspondre ces (presque) septante jours aux septante années de la captivité à Babylone.
Dans le symbolisme biblique et liturgique, Babylone représente la cité terrestre corrompue, opposée à Jérusalem, la cité de Dieu.
La captivité à Babylone fut un châtiment : Dieu a permis que son peuple – vaincu et asservi – soit déporté en terre païenne. C’était la conséquence de ses infidélités répétées ; mais ce fut aussi le moyen  radical d’une guérison car le peuple élu ne retomba plus ensuite dans l’idolâtrie.

Juifs emmenés captifs à Babylone

Juifs captifs emmenés à Babylone.

   Ainsi nous est rappelée la gravité du péché et ses conséquences dramatiques. Ainsi nous est montrée la nécessité de lutter contre les séductions du mal. Ainsi nous est enseigné à désirer ardemment de quitter la terre de l’exil – le péché -, pour revenir vers la patrie véritable – la grâce divine!

   L’existence de la liturgie septuagésimale est attestée au VIème siècle par un lectionnaire conservé à la bibliothèque de l’université de Wurtzbourg : ce manuscrit montre qu’à l’époque de Saint Grégoire le Grand, les épîtres et les évangiles du temps de la Septuagésime étaient ceux que nous avons aujourd’hui encore dans nos missels (pour la forme extraordinaire du rite romain, bien entendu).

   Les lectures de ces trois dimanches sont particulièrement importantes : elles ont été choisies avec un très grand soin. Ce choix, leur répartition et leur progression manifestent une pédagogie remarquable tant par le sens que par son équilibre :

   a) le dimanche de la Septuagésime nous fait entendre une épître fameuse rappelant la nécessité du combat spirituel (1 Cor. IX, 24-27; X, 1-5), tandis que l’Evangile nous fait méditer sur les ouvriers de la onzième heure (Matth. XX, 1-16) : de la sorte l’Eglise nous rappelle dans un même temps que nous avons à combattre avec une véritable pugnacité pour accéder au salut, mais que ce dernier sera toujours un don gratuit de Dieu, et qu’aucun homme ne pourra l’attribuer à ses mérites personnels.

   b) dans l’épître du dimanche de la Sexagésime (2 Cor. XI, 19-33 ; XII, 1-9), nous entendons Saint Paul faire le résumé de toutes les épreuves qu’il a endurées mais au terme de cette énumération retentit cette sublime assurance : « Ma grâce te suffit, car Ma puissance s’accomplit dans la faiblesse ». L’Evangile de ce jour (Luc. VIII, 4-15) est celui de la parabole de la semence qui tombe en des sols variés avec l’explication donnée par Notre-Seigneur Lui-même : les hommes n’accueillent pas tous la Parole salvifique de Dieu de la même manière, ils ne sont pas égaux dans la façon dont ils lui font porter du fruit. Ces deux textes mis en parallèle nous redisent que si la toute puissante grâce de Dieu peut faire en nous des choses qui sont bien au-delà des capacités réelles de notre nature, nous ne sommes cependant pas dispensés de l’effort pour amender le terrain de notre âme si nous voulons que cette grâce y produise la plénitude de ses fruits.

   c) au dimanche de la Quinquagésime, est proclamé l’hymne à la charité (1 Cor. XIII, 1-13) ; puis dans l’Evangile (Luc. XVIII, 31-43) Jésus fait l’annonce solennelle de Sa Passion et de Sa Résurrection – « Voici que nous montons à Jérusalem » – avant de guérir l’aveugle de Jéricho. Par là, l’Eglise nous engage à crier comme cet aveugle : « Fils de David, aie pitié de moi! » afin que soit guérie la cécité de nos coeurs, et pour que nous nous engagions résolument, en pleine liberté et intelligence (pas comme les apôtres dont cet Evangile nous dit qu’ils ne comprirent rien aux paroles de Jésus), dans les pas du Sauveur qui va accomplir le mystère pascal : or ce ne sont pas des déterminations, des qualités ou des prouesses humaines qui nous permettront de le faire, mais la seule charité surnaturelle.

   On a pu dire du temps de la Septuagésime qu’il est le « vestibule du carême » : en effet, ces trois dimanches sont comme trois paliers qui nous conduisent, par une gradation très étudiée, jusqu’au seuil du grand temps liturgique où seront dispensées en abondance les grâces de la pénitence, de la conversion, de l’intériorité, de l’approfondissement de notre vie chrétienne et du salut…

   Cet « avant-carême » nous prédispose donc non seulement à y entrer mais surtout à y bien entrer. Ce n’est pas au matin du mercredi des cendres que nous devrons tout à coup nous mettre à penser aux efforts de conversion et de pénitence qui nous sont les plus nécessaires ; ce n’est pas le jour de l’entrée en carême que, de manière impromptue, nous devrons réfléchir à l’ascèse qui devra être la nôtre pendant ce temps et en déterminer les résolutions! Procéder ainsi serait le meilleur moyen de rater notre carême. Et voilà pourquoi l’Eglise – en Mère réaliste et en excellente pédagogue – a institué ce temps de la Septuagésime.

   En nous mettant en face des enjeux de notre vie et de nos responsabilités,  le temps de la Septuagésime nous invite à une réflexion – raisonnable, méthodique et posée – sur la stratégie qui s’impose à chacun de nous pour faire progresser notre propre conversion à l’amour divin en vérité, en profondeur et avec efficacité.

Chasuble violette du Mesnil-Marie (détail)

Motif central d’une chasuble violette du Mesnil-Marie.

   Pendant le temps de la Septuagésime il n’y a pas encore d’obligation du jeûne, mais déjà les ornements sont violets ; les chants joyeux (Gloria in excelsis et Alleluia) sont supprimés. Aux Messes de semaine, seul le graduel est récité ; le dimanche et les jours de fête, il est suivi d’un trait qui remplace l’Alleluia. Aux Messes solennelles du temps, le diacre et le sous-diacre portent encore la dalmatique et la tunique, et l’on peut toucher l’orgue. Avant le code des rubriques de 1960, qui a aboli cet usage, le « Benedicamus Domino » remplaçait l’ « Ite, missa est » à toutes les Messes de férie.

   A l’Office divin, l’Alleluia qui suit l’introduction « Deus, in adjutorium », est remplacé par « Laus tibi, Domine, Rex aeternae gloriae ». À la fin de Matines, le Te Deum est remplacé par un simple répons.

   La veille de la Septuagésime, à la fin des vêpres, les chantres ajoutent deux Alleluia au « Benedicamus Domino » et le chœur deux Alleluia au « Deo gratias ». C’est la déposition de l’Alleluia, que nos pères appelaient «Clausum Alleluia» (voir le texte de Dom Guéranger sur les adieux à l’Alléluia > ici).

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.

Voir aussi :
- Les Adieux à l’Alléluia > ici
- « Reportage infernal » > ici

* * * * * * *

   Un chant particulier au temps de la Septuagésime est le répons « Media vita« , dont vous pouvez – si vous le voulez – entendre un enregistrement par le moyen de la vidéo ci-dessous. En voici la traduction :

   Dès le milieu de la vie, nous voici à la mort : quel aide chercher, si ce n’est Vous, ô Seigneur? Vous, que nos péchés irritent avec raison : * ô Dieu Saint, ô Saint Fort, ô Saint Sauveur miséricordieux, ne nous livrez pas à l’amertume de la mort!

En Vous ont espéré nos pères : ils ont espéré et Vous les avez délivrés : * ô Dieu Saint…

Vers Vous crièrent nos pères : ils ont crié et ils n’ont pas été confondus : * ô Dieu Saint…

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit. * Ô Dieu Saint…

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