Archive pour la catégorie 'De liturgia'

2012-25. « Le temps de la souffrance et de l’épreuve, s’il est vécu avec le Christ, avec foi en Lui, renferme déjà la lumière de la Résurrection… »

Paroles prononcées par notre Saint-Père le Pape Benoît XVI
à l’issue du Chemin de Croix au Colisée
ce Vendredi Saint 6 avril 2012. 

Crucifix chapelle Rome

Chers frères et sœurs,

Nous avons rappelé, dans la méditation, dans la prière et dans le chant, le parcours de Jésus sur le chemin de la Croix : un chemin qui semblait sans issue et qui au contraire a changé la vie et l’histoire de l’homme, a ouvert le passage vers les « cieux nouveaux et la terre nouvelle » (cf. Apoc. XXI, 1). Spécialement en ce jour du Vendredi Saint, l’Église célèbre, avec une intime adhésion spirituelle, la mémoire de la mort en croix du Fils de Dieu, et dans sa Croix elle voit l’arbre de la vie, fécond d’une nouvelle espérance.

L’expérience de la souffrance marque l’humanité, marque aussi la famille ; combien de fois le chemin se fait éprouvant et difficile ! Incompréhensions, divisions, préoccupation pour l’avenir des enfants, maladies, difficultés de toutes sortes. En notre temps, ensuite, la situation de nombreuses familles est aggravée par la précarité du travail et par les autres conséquences négatives provoquées par la crise économique. Le chemin de la Via Crucis, que nous avons spirituellement parcouru à nouveau ce soir, est une invitation pour nous tous, et spécialement pour les familles, à contempler le Christ crucifié pour avoir la force d’aller au-delà des difficultés. La Croix de Jésus est le signe suprême de l’amour de Dieu pour chaque homme, c’est la réponse surabondante au besoin qu’a chaque personne d’être aimée. Quand nous sommes dans l’épreuve, quand nos familles doivent affronter la souffrance, la détresse, regardons vers la Croix du Christ : là nous trouvons le courage pour continuer à marcher ; là nous pouvons répéter, avec une ferme espérance, les paroles de saint Paul : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ? la détresse? l’angoisse? la persécution? la faim? le dénuement? le danger? le supplice?…Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés » (Rom. VIII, 35.37).

Dans les malheurs et dans les difficultés nous ne sommes pas seuls ; la famille n’est pas seule : Jésus est présent avec son amour, il la soutient de sa grâce et lui donne l’énergie pour aller de l’avant, pour affronter les sacrifices et pour surmonter les obstacles. Et c’est à cet amour du Christ que nous devons nous adresser quand les déviations humaines et les difficultés risquent de blesser l’unité de notre vie et de la famille. Le mystère de la passion, mort et résurrection du Christ encourage à aller de l’avant avec espérance : le temps de la souffrance et de l’épreuve, s’il est vécu avec le Christ, avec foi en lui, renferme déjà la lumière de la résurrection, la vie nouvelle du monde ressuscité, la pâque de chaque homme qui croit à sa Parole.

Dans cet Homme crucifié, qui est le Fils de Dieu, la mort elle-même aussi acquiert un nouveau sens et une nouvelle orientation, elle est rachetée et vaincue, elle est un passage vers la nouvelle vie : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 24). Confions-nous à la Mère du Christ. Elle qui a accompagné son Fils sur le chemin douloureux, elle qui était au pied de la Croix à l’heure de sa mort, elle qui a encouragé l’Église à sa naissance pour qu’elle vive en présence du Seigneur, qu’elle conduise nos cœurs, les cœurs de toutes les familles à travers le vaste mysterium passionis vers le mysterium paschale, vers cette lumière qui déborde de la Résurrection du Christ et montre la victoire définitive de l’amour, de la joie, de la vie, sur le mal, sur la souffrance, sur la mort. Amen.

2012-25.

Litanies de la Passion.

Nota bene :

   Ces litanies n’appartiennent pas au Rituel Romain et il n’est pas permis de les réciter dans un acte du culte public de la Sainte Eglise. Le texte de ces litanies est traduit des livres d’office propres aux moniales de la Visitation auxquelles le saint Pape Pie X avait accordé, par un décret du 21 mai 1906, de les réciter privément mais en commun au chœur, ce qu’elles accomplissaient depuis le premier vendredi du carême jusqu’au Mercredi Saint inclusivement.

Litanies de la Passion. dans Chronique de Lully Philippe-de-Champaigne-Sainte-Face

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, qui pour notre rédemption êtes descendu du Ciel, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, qui avez daigné naître de la glorieuse Vierge Marie, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, qui pour nous avez voulu être circoncis, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, qui avez été adoré par les Mages, ayez…
Jésus-Christ, qui, pauvre et exilé, avez dû fuir en Egypte,
Jésus-Christ, qui avez voulu être baptisé par Jean dans le Jourdain,
Jésus-Christ, qui avez célébré la Cène avec vos disciples,
Jésus-Christ, qui avez institué le Sacrement de votre précieux Corps,
Jésus-Christ, qui avez prié pour nous jusqu’à suer du sang en abondance,
Jésus-Christ, qui avez été trahi par un baiser de Judas,
Jésus-Christ, qui n’avez pas refusé d’être lié à une colonne,
Jésus-Christ, qui pour nous avez été frappé jusqu’au sang,
Jésus-Christ, qui avez été couronné de très dures épines,
Jésus-Christ, qui avez été condamné par Pilate,
Jésus-Christ, qui, chargé du bois très lourd de la Croix, avez gravi le mont du Calvaire, 
Jésus-Christ, qui avez été élevé sur la Croix,
Jésus-Christ, qui avez prié votre Père pour ceux qui Vous crucifiaient,
Jésus-Christ, qui avez été abreuvé de fiel et de vinaigre,
Jésus-Christ, qui en mourant sur la Croix avez incliné votre très doux visage,
Jésus-Christ, qui avez été transpercé par la lance et avez racheté le monde par votre propre Sang,
Jésus-Christ, qui avez été enseveli dans le sépulcre,
Jésus-Christ, qui, le troisième jour, êtes ressuscité par votre propre puissance,
Jésus-Christ, qui êtes monté au Ciel le quarantième jour,
Jésus-Christ, qui avez envoyé l’Esprit Paraclet sur vos disciples,
Jésus-Christ, qui siégez à la droite de Dieu le Père,
Jésus-Christ, qui viendrez pour juger les vivants et les morts, ayez pitié de nous.

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V/. Ô Vous qui avez souffert pour nous,
R/. Seigneur, ayez pitié de nous.

Prions.

   Seigneur Jésus-Christ, qui pour le salut du genre humain avez voulu souffrir par vos cinq Plaies : accordez-nous, nous Vous en supplions, que, en raison du culte que nous rendons à vos blessures sacrées, nous méritions d’être absous de tous nos péchés ; accordez-nous aussi d’achever la vie présente par une bonne fin et que nous ne soyons jamais séparés de la contemplation de votre très douce vision, ô Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles.

Ainsi soit-il !

P. de Champaigne  - le Christ mort

2012-22. Vexilla Regis prodeunt !

Samedi de la quatrième semaine de Carême,
Premières vêpres du dimanche de la Passion.    

« Vexilla Regis prodeunt, fulget Crucis mysterium :
les étendards du Roi s’avancent, le mystère de la Croix resplendit…»

   Voici le temps liturgique de la Passion (voir les textes sur l’excellent site « Introibo » > ici), où l’attention de toute l’Eglise se concentre sur le mystère de la Croix rédemptrice de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Même après vingt siècles, la Croix reste « choquante » pour les hommes s’ils ne la regardent qu’avec leur sensibilité ou avec leur raison « terrestres ».
Aujourd’hui encore, ainsi que l’écrivait Saint Paul aux Corinthiens, « la doctrine de la Croix est une folie pour ceux qui vont à leur perte ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une force divine » (1 Cor. I, 18).

   Je livre donc à votre réflexion (car c’est bien de cela qu’il s’agit malgré l’apparence « légère » suggérée par la présentation et les dessins), en rapport avec le thème de la Croix et de la souffrance rédemptrice, une autre de ces petites bandes dessinées de Frère Maximilien-Marie, que vous êtes assez nombreux à apprécier si j’en crois certains de vos messages.
A tous, je souhaite un bon et surtout très fervent Temps de la Passion.

Lully.

2012-22. Vexilla Regis prodeunt ! dans Bandes dessinées 100px-Ordem_Avis.svg_


Si-la-Croix-vous-fait-peur1 bande dessinée dans Chronique de Lully

Si-la-Croix-vous-fait-peur2 Croix dans De liturgia

100px-Ordem_Avis.svg_ mystère du salut

Les autres bandes dessinées de Frère Maximilien-Marie publiées sur ce blog sont > ici

2012-20. « Le spectacle du monde moderne, dont l’orgueil a repoussé Dieu… »

       Les quelques mots qui servent de titre à ma publication de ce jour, sont extraits d’un texte de Gustave Thibon, que l’un de nos amis a eu la bonne idée de nous faire parvenir ce matin (qu’il en soit chaleureusement remercié!).

   L’espèce de tourbillon infernal qui entraîne dans sa folie les familles et les sociétés, le spectacle plus qu’affligeant donné par les dirigeants des états (et par ceux qui, en ce moment, briguent à le devenir), le scandale permanent que représentent les systèmes politiques et économiques malheureusement régnant, les rouleaux compresseurs psychologiques et médiatiques qui broient les consciences et tendent à briser les dernières résistances des derniers esprits libres… etc., sont les signes évidents d’une faillite qui n’a peut-être pas de précédents dans l’histoire humaine.

   Ce texte de notre cher « paysan philosophe » date de 1946 : il appartient à un recueil publié à l’occasion du centenaire de l’apparition de Notre-Dame de La Salette.
Soixante-six ans plus tard, il reste d’une actualité prophétique, comme d’ailleurs nombre de textes de Thibon.
En nous rappelant que l’homme, tournant le dos à Dieu et refusant les sollicitudes de Sa grâce, se fait lui-même l’instrument de son malheur, la lucidité de Gustave Thibon, si étrangère aux sottises de l’optimisme humain, nous prémunit une fois de plus contre le désespoir, parce qu’elle relaie l’appel à la conversion, demandée par Notre-Dame de La Salette, et parce que cette conversion – toujours possible – est finalement le seul fondement de l’espérance.
Pour qui sait lire, ce que Thibon traduit ici dépasse largement les perspectives du monde paysan de 1946, et peut s’accorder à la spiritualité de ce temps du carême, mais aussi à la manière dont nous devons réagir devant les tristes pitreries de la campagne pour les élections pestilentielles…

Lully.

2012-20.

Le Message de Notre-Dame de La Salette au monde paysan :

        »C’est à l’univers entier que la Vierge immaculée s’est adressée il y a cent ans par l’intermédiaire de Maximin et de Mélanie.  Mais le fait qu’elle ait choisi pour transmettre son message, deux pauvres enfants de la terre,  témoigne assez haut de sa sollicitude pour le monde paysan.  Nous avons eu la primeur de ce message ; c’est donc à nous qu’il s’adresse en premier lieu.

   Certains esprits superficiels ont été choqués par les terribles menaces contenues dans le discours de Notre-Dame de la Salette.  Nous ne pouvons pas croire à un Dieu si cruel, ai-je entendu dire.  C’est oublier que les menaces divines ne sont que des promesses retournées.  Dieu n’est cruel que dans la mesure où les hommes, en fermant leur cœur à sa grâce, l’empêchent d’être bon. « Je ne peux plus retenir le bras de mon Fils… » Le premier refus vient de nous.  Cette main de Dieu qui nous frappe, c’est la main toute miséricordieuse, pleine de dons, préparés pour nous de toute éternité, et que nous contraignons, par notre indifférence, à se refermer sur ses présents.  Dieu n’a pas même à nous punir positivement : il suffit qu’il se détourne de nous pour qu’abandonnés à la pesanteur du péché nous roulions fatalement au fond de l’abîme.  Le spectacle du monde moderne, dont l’orgueil a repoussé Dieu, témoigne de cette vérité avec une féroce évidence.

   L’appel de Marie à la pénitence et à la prière, avec les menaces matérielles qui l’accompagnent revêt, pour nous paysans, un sens particulièrement précis.  Le message de la Vierge pourrait être résumé dans ces simples mots : si vous ne cherchez pas le ciel, vous perdrez la terre.  Et cet avertissement s’applique à nous mieux qu’à personne.  Courbé vers la terre par son travail, le paysan court toujours le risque de s’enliser dans la terre.  Son réalisme et son sens de l’effort ont pour contre-partie le matérialisme et l’avarice.  Ces fruits du sol, ces biens charnels obtenus au prix d’un si dur labeur, il est toujours tenté de s’en faire des idoles et d’oublier que Dieu, suivant le mot de Mistral « travaille de moitié avec lui ». Marie est descendue du ciel pour lui rappeler, en parlant sa propre langue, en se servant des images les plus adaptées à son esprit, que le réalisme de la terre, s’il n’est pas prolongé et couronné par la prière, aboutit tôt ou tard à la ruine de l’homme.  Ces « pommes de terre qui pourriront », ce sont aussi les âmes des paysans qui n’auront aimé que la terre.  Et cette terre, ces biens d’ici-bas trop aimés, ils les perdront, car tout vient de Dieu et la matière, coupée de l’esprit, se flétrit dans nos mains, comme un rameau séparé de l’arbre.  A celui qui cherche Dieu, tout sera donné par surcroît, mais à celui qui n’a rien (c’est-à-dire qui n’a que la terre), on enlèvera ce qu’il a. Marie est venue apprendre aux paysans que les racines ne restent vivantes que si leur adhérence à la terre s’unit à l’élan de la tige vers le ciel. »

Gustave Thibon,
in « La Salette, témoignages » (Bloud & Gay, 1946, p.160).

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On trouvera aussi dans ce blogue plusieurs publications consacrées à Notre-Dame de La Salette :
 voir > ici ;  le récit de l’apparition avec le texte des « secrets » > ici ; et la prière de Mélanie pour les temps de calamités > ici.

Nous renvoyons aussi aux publications que nous avons déjà consacrées à Gustave Thibon > ici ;  ou > ici ; et encore > ici.

2012-17. De l’anniversaire de la Constitution Apostolique Veterum Sapientia sur l’enseignement de la langue latine et son maintien dans la liturgie et les études cléricales.

22 février,
Fête de la chaire de Saint Pierre à Antioche ;
Mémoire de Sainte Marguerite de Cortone.

       Le 22 février 1962, à l’occasion de la fête de la Chaire de Saint Pierre (en 1962, il n’y avait plus qu’une seule fête de la chaire de Saint Pierre), le Pape Jean XXIII signa et promulgua une Constitution Apostolique intitulée Veterum Sapientia (texte > ici), concernant l’enseignement du latin et son maintien ferme dans la liturgie et dans l’enseignement, tout spécialement dans les études cléricales.
Il est à noter que, à moins de huit mois de l’ouverture des travaux du second concile du Vatican, Jean XXIII voulut donner un éclat particulier à la signature de cette Constitution Apostolique, puisque elle n’eut pas lieu dans son bureau, ni même dans l’une des pièces les plus prestigieuses du Palais Apostolique, mais dans la Basilique Saint-Pierre elle-même, au cours d’une cérémonie qui revêtit une solennité inaccoutumée pour ce genre de signature.

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Basilique Vaticane : reliquaire de la Chaire de Saint Pierre (Le Bernin)

   Le cinquantième anniversaire de cette Constitution Apostolique n’a pas donné lieu, en France, à un foisonnement de publications, mis à part le rappel judicieux de cet anniversaire par Riposte Catholique (cf. > ici).

   La curieuse mémoire sélective des instances officielles de l’ « Eglise de France » a retenu de célébrer – jusqu’à plus soif – le cinquantième anniversaire de l’ouverture du second concile du Vatican, et nous vaut déjà d’abondants publications et commentaires, mais oublie de célébrer le cinquantième anniversaire de la promulgation d’un texte officiel, qui a toujours force de loi (puisque, à ma connaissance, il n’a jamais été abrogé) et qui, de toute évidence – par la volonté même du Pontife qui avait annoncé la convocation de ce concile et allait en présider la première session – , était une préparation importante à l’ouverture des travaux du dit concile.

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   Avec la souveraine liberté qui est le privilège donné par Dieu à tout chat (et aux chats des Souverains Pontifes eux-mêmes !), je me permets aujourd’hui quelques réflexions :

1) En premier lieu, vous avez peut-être remarqué que j’écris l’expression « Eglise de France » en italiques et entre guillemets.
En effet, cette expression me fait toujours un peu tiquer et, pour reprendre un verbe cher aux modernichons, elle « m’interpelle » : l’ « Eglise de France » est-elle donc une réalité différente et séparée de l’Eglise Catholique Romaine ?
Du point de vue de la constitution de l’Eglise, parler d’ « Eglise de France » a-t-il un sens ?
S’il y a bien des « évêques de l’Eglise Catholique en France », a-t-on le droit de dire qu’il y a une « Eglise de France » ?
Dans l’ordre normal des choses, dans l’ordre catholique des choses, il y a, sur le territoire d’une entité géo-politique précise – que nous appelons la France – , des évêques et des diocèses de l’Eglise Catholique Romaine. Ces évêques sont légitimement réunis dans ce que l’on appelle la « conférence épiscopale », mais ils ne peuvent en aucune manière constituer l’ « Eglise de France » ni même l’ « Eglise Catholique de France », comme s’il s’agissait d’une Eglise à part, Eglise plus ou moins indépendante, Eglise plus ou moins autocéphale… à moins qu’elle ne soit à proprement parler schismatique !

2) Ma deuxième remarque, porte sur la nature de ce texte : une Constitution Apostolique, ce n’est pas n’importe quoi !
Dans la hiérarchie des textes législatifs de l’Eglise Catholique Romaine, une Constitution Apostolique se situe pratiquement au sommet de la pyramide : ce n’est pas un « rescrit », ce n’est pas une « lettre apostolique », ce n’est pas une « encyclique », ce n’est pas un « motu proprio », c’est un texte qui a une autorité encore supérieure. Une Constitution Apostolique est une loi que le Pape promulgue pour toute l’Eglise en vertu de son autorité de pasteur universel.
Les constitutions apostoliques sont toujours rédigées en latin et sont habituellement revêtues du grand sceau pontifical. Elles commencent toutes par une formule caractéristique : vient d’abord le prénom du Pape, suivi de la mention « pape » (PP.) ou « évêque » (episcopus) – parfois avec son numéro d’ordre – , la deuxième ligne porte la mention « serviteur des serviteurs de Dieu » (servus servorum Dei), en usage depuis Saint Grégoire le Grand, et enfin vient une formule qui est le plus souvent « pour mémoire éternelle » (ad perpetuam rei memoriam).
Ainsi donc, à moins d’être explicitement rapportée ou modifiée postérieurement par une autre Constitution Apostolique, ce qui est promulgué par ce type de document oblige les pasteurs et les fidèles de l’Eglise Catholique.
La Constitution Apostolique Veterum Sapientia n’ayant pas été abrogée, elle a toujours force de loi dans l’Eglise Catholique.

60pxemblemofthepapacysesvg Constitution Apostolique dans De liturgia

3)  Ma troisième réflexion est en tous points conforme à ce que faisait remarquer le blogue « Summorum Pontificum »  (< cliquer sur ce lien) ce pourquoi je n’ai pas mieux à faire que le citer :

    »Comme beaucoup de textes conformes à la Tradition de l’Église, celui-ci devait être enterré très vite, l’autorité ne mettant rien en œuvre pour qu’il entre dans les faits et les épiscopats nationaux ne lui donnant aucun écho ou presque. La destinée de cette Constitution Apostolique montre, s’il en était besoin, que ce qui manque le plus, ce ne sont pas les textes, mais le courage et la volonté politique de les faire passer dans les faits. Et qu’il manque également un épiscopat prêt à appliquer les textes que l’on publie. On en est loin du compte, même aujourd’hui. À part les séminaires traditionnels, quels sont les séminaires français qui appliquent cette constitution apostolique d’un pape dont certains se réclament sans cesse au nom du Concile ? »

C’est moi qui ait mis en gras les passages qui me paraissent les plus importants dans cette citation.

   J’ajoute ici qu’il est pour le moins curieux, que tout comme pour un certain nombre d’autres textes officiels dont la portée juridique est universelle (c’est en particulier le cas du motu proprio Summorum Pontificum!), sur le site du Saint-Siège, le texte de la Constitution Apostolique Veterum Sapientia n’est mis en ligne que dans sa version officielle, le texte latin, accompagné de sa traduction dans une seule langue vernaculaire, l’espagnol ! (> ici).
J’en connais évidemment qui vont ironiser en me disant : « Puisque vous tenez tant à la langue latine, ça ne doit donc pas poser un problème pour vous ! » Néanmoins, pour des raisons évidentes, il semblerait pour le moins normal que le Saint-Siège présente aussi au minimum les versions italienne, portugaise, allemande, anglaise et française de ce grand texte !!!

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4) Mon quatrième et dernier point (pour aujourd’hui du moins) est une autre citation.
Dans l’Osservatore Romano en langue française et disponible sur Internet, sont en ce jour publiés des extraits de l’une des interventions prononcées au cours du congrès du 23 février 2012 organisé par le Pontificium Istitutum Altioris Latinitatis, à l’Université Pontificale Salésienne (Rome), congrès qui était justement consacré au cinquantième anniversaire de la Constitution Apostolique Veterum sapientia.
Cet article est intitulé en gros caractères : « Pourquoi les prêtres doivent étudier le latin », et il est précédé de cet exergue, extrait de l’article : « L’importance de retrouver sans intermédiaire un héritage culturel extraordinairement riche ».
Voici donc la reproduction de cet article :

    »La deuxième moitié du XXe siècle a marqué — et pas seulement au niveau ecclésial — une ligne de division dans l’histoire de l’usage de la langue latine. Disparue depuis déjà des siècles comme instrument de la communication érudite, elle a résisté à l’école, comme matière d’étude dans les programmes éducatifs de niveau secondaire supérieur, et, dans l’Eglise catholique, en général, comme moyen d’expression de la liturgie et véhicule de transmission des contenus de la foi et d’un vaste patrimoine littéraire, qui va de la spéculation théo-philosophique au droit, de la mystique et de l’hagiographie aux traités sur les arts, à la musique et même au sciences exactes et aux sciences naturelles.
Mais avec le temps, tout au moins sous le profil de sa diffusion, la langue latine a fini par devenir, en majeure partie, l’apanage toujours plus caractéristique de la formation cléricale dans l’Eglise catholique, au point de donner naissance à une identification spontanée, peut-être tout autant qu’inappropriée, entre l’Eglise Romaine et l’entité linguistique latine, qui dans celle-ci a trouvé, en cette phase critique, une vigueur tout au moins apparente.
«Apparente» car, si l’on considère a posteriori les circonstances actuelles, tout laisserait penser que la voix du bienheureux Jean XXIII, qui s’adressait le 7 septembre 1959 à un congrès d’amateurs de langue latine, non seulement n’a pas été écoutée, mais que la question de l’usage et de l’enseignement même de la langue latine, également dans le contexte ecclésial, se trouvait déjà probablement sur la voie d’une diminution radicale. «Malheureusement de nombreuses personnes, exagérément séduites par le progrès extraordinaire des sciences, ont la présomption de rejeter ou de limiter l’étude du latin et d’autres disciplines de ce genre».
Toutefois, malgré les difficultés, on rencontre aujourd’hui chez les prêtres la conviction que le but de l’initiation au latin est celui d’approcher une civilisation et d’en mesurer les valeurs, les intérêts et les significations, en évaluant ses enseignements et ses fondements théorétiques dans la perspective d’une compréhension critique du présent. Il s’agit d’un signal décidément encourageant du monde et de l’Eglise contemporaine, décidée à ne pas observer la leçon et l’étude du passé comme un regard superflu ou rétrograde visant inutilement à récupérer quelque chose de disparu, mais comme une réappropriation, directe et sans intermédiation, d’un message d’une extraordinaire richesse culturelle et pédagogique, d’un héritage intellectuel trop vaste, fécond et enraciné pour qu’on puisse imaginer une coupure quelconque de ses racines.
A l’état actuel, il apparaît improbable que l’on réussisse à faire apprécier au prêtre, encore moins dans la phase intiale de son parcours de formation, la valeur du latin comme une langue dotée d’une noblesse de structure et de lexique, capable de promouvoir un style concis, riche, harmonieux, plein de majesté et de dignité, qui soit bénéfique à la clarté et à la gravité, apte à promouvoir toute forme de culture, l’humanitas cultus, entre les peuples.
C’est dans ce recouvrement d’une identité culturelle propre, dans cette reprise à partir de la base des motivations de la présence même de l’Eglise dans la société que se configure l’importance du latin dans le curriculum scolaire des aspirants à la prêtrise, en la libérant de toute remise en cause simpliste — ainsi qu’incorrecte et réductrice — sur sa fonctionnalité pratique et en réhabilitant son rôle de matière largement formatrice.
C’est dans cette perspective que Paul VI, dans le Motu Proprio Studia latinitatis — avec lequel il instituait l’Institut Pontifical Supérieur de Latinité au sein de l’Université Pontificale Salésienne — réaffirmait avec décision, au début même du texte, le lien étroit entre l’étude de la langue latine et la formation au sacerdoce, réaffirmant le caractère inéluctable d’une non exigua scientia du latin. »

  Celso Morga Iruzubieta

60pxemblemofthepapacysesvg latin dans Memento

   Pour terminer mes réflexions de ce jour, je ne puis donc que vous encourager tous, clercs et laïcs, à porter une amoureuse attention au latin, qui est véritablement la langue maternelle de tous ceux qui reconnaissent pour Mère, dans l’ordre de la grâce et de la vie spirituelle, la Sainte Eglise Catholique Romaine.

patteschats Veterum SapientiaLully.

2012-16. Constitution Apostolique Veterum Sapientia.

Pour voir le texte latin officiel de cette Constitution Apostolique > ici.

JEAN, ÉVÊQUE,
SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU,
POUR LA PERPÉTUELLE MÉMOIRE DE LA CHOSE

1. La sagesse des Anciens, recueillie dans la littérature des Grecs et des Romains, ainsi que les illustres enseignements des peuples de l’Antiquité, peuvent être considérés comme une aurore annonciatrice de la vérité évangélique que le Fils de Dieu, arbitre et maître de la grâce et de la doctrine, lumière et guide de l’humanité [1], est venu apporter sur la terre. Les Pères et les docteurs de l’Église ont, en effet, vu dans ces importants monuments de la littérature de l’Antiquité une certaine préparation des âmes à recevoir les richesses surnaturelles que Jésus-Christ dans l’économie de la plénitude des temps [2] a communiquées aux hommes ; il apparaît ainsi manifestement qu’avec l’avènement du christianisme rien n’a péri de ce qu’il y avait de vrai, de juste, de noble et de beau dans ce que les siècles précédents avaient produit.

2. C’est pourquoi la sainte Église a toujours eu une grande vénération pour ces monuments de sagesse, et particulièrement pour les langues grecque et latine, qui sont comme un manteau d’or de sa propre sagesse. Elle a aussi admis l’usage d’autres langues vénérables qui se sont épanouies en Orient et dont l’apport a été grand pour le progrès du genre humain et de la civilisation ; utilisées soit dans la liturgie, soit dans les versions de la Sainte Écriture, elles sont toujours en vigueur dans certaines régions, comme l’expression d’un antique usage qui n’a pas cessé de rester vivant.

3. Au milieu de cette variété de langues, il y en a une qui surpasse les autres, celle qui, née dans le Latium, est devenue ensuite un admirable instrument pour la diffusion du christianisme en Occident. Ce n’est pas sans une disposition de la providence divine que cette langue, qui pendant de nombreux siècles avait réuni une vaste fédération de peuples sous l’autorité de l’Empire romain, est devenue la langue propre du Siège apostolique [3], et que, transmise à la postérité, elle a constitué un étroit lien d’unité entre les peuples chrétiens d’Europe.
Le latin en effet, de sa nature même, convient parfaitement pour promouvoir dans tous les peuples toutes les formes de culture. En effet, il ne suscite pas de jalousies, il est impartial envers toutes les nations, il n’est le privilège d’aucune, il est accepté par toutes tel un ami. De plus, il ne faut pas oublier que le latin est empreint d’une noblesse caractéristique ; il a un style concis, varié, harmonieux, plein de majesté et de dignité [4] qui incite d’une façon inimitable à la précision et à la gravité.

4. C’est pour ces raisons que le Siège apostolique a toujours veillé jalousement à maintenir le latin, et qu’il a toujours estimé que ce splendide vêtement de la doctrine céleste et des saintes lois [5] était digne d’être utilisé dans l’exercice de son magistère, et devait également être utilisé par ses ministres. Les ecclésiastiques en effet, de quelque nationalité qu’ils soient, peuvent aisément, grâce au latin, prendre connaissance de ce qui vient du Saint-Siège, et communiquer avec celui-ci ou entre eux.
Cette langue est unie à la vie de l’Église, et sa connaissance, acquise par l’étude et l’usage, intéresse les humanités et la littérature, mais plus encore la religion [6], pour reprendre les termes de Notre prédécesseur d’immortelle mémoire, Pie XI, qui indiquait, en donnant des arguments à l’appui, trois qualités rendant cette langue particulièrement adaptée à la nature de l’Église : En effet, l’Église qui groupe en son sein toutes les nations, qui est destinée à vivre jusqu’à la consommation des siècles… a besoin de par sa nature même d’une langue universelle, définitivement fixée, qui ne soit pas une langue vulgaire [7].

5. Puisqu’il est nécessaire que toute Église s’unisse [8] à l’Église Romaine, et puisque les Souverains Pontifes ont un pouvoir vraiment épiscopal, ordinaire et immédiat sur toutes et chacune des Églises, sur tous et chacun des pasteurs et fidèles [9] de quelque rite, nationalité ou langue qu’ils soient, il semble éminemment convenable qu’il y ait un instrument de communication universel et uniforme, tout spécialement entre le Saint-Siège et les Églises de rite latin. C’est pourquoi tant les Pontifes Romains, s’ils veulent transmettre un enseignement aux peuples catholiques, que les dicastères de la Curie Romaine, s’ils ont à traiter une affaire, publier un décret intéressant tous les fidèles, utilisent toujours le latin, que d’innombrables nations écoutent comme la voix de leur mère.

6. La langue de l’Église doit non seulement être universelle, mais immuable. Si en effet les vérités de l’Église Catholique étaient confiées à certaines ou à plusieurs des langues modernes changeantes dont aucune ne fait davantage autorité que les autres, il résulterait certainement d’une telle variété que le sens de ces vérités ne serait ni suffisamment clair ni suffisamment précis pour tout le monde : et de plus, aucune langue ne pourrait servir de règle commune et stable pour juger du sens des autres. Par contre, le latin, à l’abri depuis longtemps de l’évolution que l’usage quotidien introduit généralement dans le sens des mots, doit être considéré comme fixe et immuable ; les sens nouveaux qu’ont revêtus certains mots latins pour répondre aux besoins du développement, de l’explication et de la défense de la doctrine chrétienne, sont en effet depuis longtemps stabilisés.

7. Enfin, l’Église Catholique, parce que fondée par le Christ Seigneur, surpasse de loin en dignité toutes les sociétés humaines, et il est juste qu’elle utilise une langue non pas vulgaire, mais noble et majestueuse.

8. Par ailleurs, le latin, qu’on peut à bon droit qualifier de langue catholique [10] parce que consacrée par l’usage ininterrompu qu’en a fait la chaire apostolique, mère et éducatrice de toutes les Églises, doit être considéré comme un trésor… d’un prix inestimable [11], et comme une porte qui permet à tous d’accéder directement aux vérités chrétiennes transmises depuis les temps anciens et aux documents de l’enseignement de l’Église [12] ; il est enfin un lien précieux qui relie excellemment l’Église d’aujourd’hui avec celle d’hier et avec celle de demain.

9. Il n’est personne qui puisse mettre en doute l’efficacité spéciale du latin ou de la culture humaniste pour le développement et la formation des tendres intelligences des adolescents. En effet, le latin cultive, mûrit, perfectionne les principales facultés intellectuelles et morales ; il aiguise l’intelligence et le jugement ; il rend l’esprit de l’enfant plus à même de bien comprendre toutes choses et de les estimer à leur juste valeur ; il apprend enfin à penser ou à s’exprimer avec méthode.

10. Si l’on pèse bien tous ces mérites, on comprendra facilement pourquoi les Pontifes Romains, si souvent et abondamment, ont non seulement exalté l’importance et l’excellence du latin, mais en ont prescrit l’étude et l’usage aux ministres sacrés de l’un et l’autre clergé et ont dénoncé clairement les dangers qui découleraient de son abandon.
Ces motifs très graves Nous incitent, Nous aussi, tout comme Nos prédécesseurs et des synodes provinciaux [13], à vouloir fermement Nous efforcer de promouvoir toujours davantage l’étude et l’usage de cette langue, rendue à sa dignité. De nos jours l’usage du latin est l’objet de controverses en de nombreux endroits, et en conséquence beaucoup demandent quelle est la pensée du Siège Apostolique sur ce point ; c’est pourquoi Nous avons décidé de prendre des mesures opportunes, énoncées dans ce document solennel, pour que l’usage ancien et ininterrompu de la langue latine soit maintenu pleinement, et rétabli là où il est presque tombé en désuétude.
D’ailleurs Nous croyons avoir déjà exprimé avec suffisamment de clarté Notre pensée sur ce sujet lorsque Nous avons dit à d’illustres latinistes : Beaucoup, malheureusement, sont démesurément captivés par l’extraordinaire progrès des sciences et veulent rejeter ou réduire l’étude du latin et d’autres de ce genre… C’est précisément la pression de cette nécessité qui Nous fait penser qu’il faut suivre une voie inverse. Lorsque l’esprit se pénètre plus intensément de ces choses qui conviennent hautement à la nature humaine et à sa dignité, il n’en doit que davantage acquérir ce qui fait sa culture et son ornement, pour que les pauvres mortels ne deviennent pas semblables aux machines qu’ils fabriquent : froids, durs et sans amour  [14].

11. Après avoir bien examiné et pesé toutes ces choses, dans la sûre conscience de Notre charge et de Notre autorité, Nous décidons et ordonnons ce qui suit :

§1. Les évêques et les supérieurs généraux des ordres religieux veilleront à ce que dans leurs séminaires ou leurs écoles, où des jeunes gens se préparent au sacerdoce, tous aient à cœur d’obéir à la volonté du Saint-Siège sur ce point et observent scrupuleusement Nos prescriptions ici énoncées.

§2. Ils veilleront avec une paternelle sollicitude à ce qu’aucun de leurs subordonnés, par goût de la nouveauté, n’écrive contre l’usage de la langue latine, soit dans l’enseignement des sciences sacrées, soit dans la liturgie, ou bien, par préjugé, n’atténue la volonté du Siège apostolique sur ce point ou n’en altère le sens.

§3. Comme il est dit dans le Code de droit canon (can. 1364) ou dans les prescriptions de Nos prédécesseurs, les séminaristes, avant de commencer les études proprement ecclésiastiques, doivent apprendre le latin selon des méthodes appropriées pendant un temps suffisant, avec des maîtres bien capables, pour éviter aussi cet autre inconvénient de voir les élèves, quand ils passeront aux matières supérieures, incapables, par ignorance de cette langue, de pénétrer à fond le sens de la doctrine comme de prendre part aux discussions scolastiques où s’aiguise si harmonieusement l’esprit des jeunes gens en vue de la défense de la vérité [15]. Et Nous voulons que cela s’applique également à ceux qui ont été appelés au sacerdoce à l’âge mûr après avoir fait des études classiques insuffisantes ou sans en avoir fait du tout. Personne en effet ne sera admis à faire des études de philosophie ou de théologie s’il n’est pleinement et parfaitement formé dans cette langue et s’il n’en possède l’usage.

§4. Nous voulons que là où, pour se conformer aux programmes des écoles publiques, l’étude du latin a connu un certain recul au détriment de la vraie et solide formation, l’enseignement de cette langue retrouve intégralement la place traditionnelle qui lui revient ; car chacun doit être bien persuadé que là aussi il faut maintenir religieusement le caractère propre de la formation des séminaristes, en ce qui concerne non seulement le nombre et le genre des matières, mais le temps qui est consacré à leur enseignement. Si les circonstances de temps et de lieu exigent que d’autres matières soient ajoutées à celles qui sont habituelles, on devra alors soit prolonger le cours des études, soit enseigner ces disciplines d’une façon abrégée, soit en reporter l’étude à un autre moment.

§5. Les principales disciplines sacrées, comme cela a été prescrit à plusieurs reprises, doivent être enseignées en latin, langue qui est, comme nous le montre une expérience multiséculaire, très apte à expliquer avec beaucoup de facilité et de clarté la nature intime et profonde des choses [16] ; outre qu’elle a été enrichie depuis longtemps de termes propres et bien définis permettant de défendre l’intégrité de la foi catholique, elle est en effet aussi particulièrement propre à couper court au verbiage creux. Ceux qui enseignent ces disciplines dans les universités ou dans les séminaires sont en conséquence tenus de parler latin et d’utiliser des ouvrages d’enseignement écrits en latin. Ceux qui, à cause de leur ignorance du latin, ne peuvent pas appliquer ces prescriptions, seront progressivement remplacés par des professeurs qui en sont capables. Les difficultés qui peuvent surgir de la part soit des élèves soit des professeurs, devront être surmontées tant par la ferme résolution des évêques et des supérieurs que par la bonne volonté des maîtres.

§6. Le latin est la langue vivante de l’Église. Et afin de l’adapter aux nécessités linguistiques sans cesse croissantes, en l’enrichissant donc de nouveaux termes précis et appropriés, d’une façon uniforme, universelle et correspondant au caractère propre de la vieille langue latine – ainsi que l’ont fait les Pères et les meilleurs scolastiques –  Nous ordonnons à la congrégation des Séminaires et Universités de pourvoir à la création d’une Académie de la langue latine. Cet institut, qui devra être constitué de professeurs spécialisés dans le latin et le grec, provenant des diverses parties du monde, aura pour fin principale – tout comme les diverses académies nationales destinées à développer la langue de leur pays – de veiller au progrès bien ordonné du latin, en enrichissant s’il le faut le dictionnaire latin de mots qui correspondent au caractère et à la saveur de cette langue ; il devra en même temps y avoir des écoles pour le latin de chaque époque, particulièrement de l’époque chrétienne. Dans ces écoles seront formés à une connaissance plus parfaite du latin et à son usage, à un style écrit propre et élégant, ceux qui sont destinés soit à enseigner le latin dans les séminaires et les collèges ecclésiastiques, soit à rédiger des décrets et des sentences, soit à faire la correspondance dans les dicastères du Saint-Siège, dans les curies épiscopales et dans les organismes des ordres religieux.

 §7. Le latin étant très étroitement lié au grec par sa structure et l’importance des œuvres qui nous ont été transmises, il est nécessaire que les futurs prêtres apprennent cette dernière langue dès les classes inférieures et celles de l’enseignement secondaire, ainsi que cela a été prescrit à plusieurs reprises par Nos prédécesseurs ; de sorte que lorsqu’ils arriveront à l’enseignement supérieur, particulièrement s’ils aspirent aux grades académiques en Écriture sainte ou théologie, ils soient à même de lire et de bien comprendre non seulement les sources grecques de la philosophie scolastique, mais les textes originaux de la Sainte Écriture, de la liturgie et des Pères grecs [17].

§8. Nous ordonnons de plus à cette même sacrée congrégation de préparer un programme de l’étude du latin, auquel tous devront fidèlement se conformer, et qui permettra à ceux qui le suivent d’acquérir une connaissance et une pratique convenables de cette langue. Ce programme pourra, si cela est nécessaire, être organisé d’une façon différente par les Commissions des Ordinaires, sans cependant en changer ou atténuer la nature. Cependant, avant d’appliquer ces décisions, les Ordinaires devront les soumettre à la sacrée congrégation.

12. Nous voulons et ordonnons, de par Notre autorité apostolique, que tout ce que Nous avons établi, décrété et ordonné dans cette Constitution reste définitivement ferme et arrêté, nonobstant toutes choses contraires, même dignes de mention particulière.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, en la fête de la Chaire de Saint Pierre Apôtre, le 22 février de l’année 1962, de Notre pontificat la quatrième.

IOANNES PP. XXIII

2012-16. Constitution Apostolique Veterum Sapientia. dans De liturgia 150px-John_23_coa.svg_-105x150

Notes :

[Note 1]   Tertull., Apol. 21 ; Migne, PL 1, 394.

[Note 2]   Eph. 1, 10.

[Note 3]   Epist. S. Congr. Stud. Vehementer sane, ad Ep. universos, 1 Iul. 1908 : Ench. Cler., n. 820. Cfr etiam Epist. Ap. Pii XI, Unigenitus Dei Filius, 19 Mar. 1924 :A.A.S. 16 (1924), 141.

[Note 4]   Pius XI, Epist. Ap. Officiorum omnium, 1 Aug. 1922 : A.A.S. 14 (1922), 452-453.

[Note 5]   Pius XI, Motu Proprio Litterarum latinarum, 20 Oct. 1924 : A.A.S. 16 (1924), 417.

[Note 6]   Pius XI, Epist. Ap. Officiorum omnium, 1 Aug. 1922 : A.A.S. 14 (1922) 452.

[Note 7]   Ibidem.

[Note 8]   S. Iren., Adv. Hær. 3, 3, 2 ; Migne, PG 7, 848.

[Note 9]   Cfr C. I. C., can. 218, § 2.

[Note 10]   Cfr Pius XI, Epist. Ap. Officiorum omnium, 1 Aug. 1922 : A.A.S. 14 (1922), 453.

[Note 11]   Pius XII, Alloc. Magis quam, 23 Nov. 1951 : A.A.S. 43 (1951) 737.

[Note 12]   Leo XIII, Epist. Encycl. Depuis le jour, 8 Sept. 1899 : Acta Leonis XIII 19 (1899) 166.

[Note 13]   Cfr Collectio Lacensis, præsertim : vol. III, 1918s. (Conc. Prov. Westmonasteriense, a. 1859) ; vol. IV, 29 (Conc. Prov. Parisiense, a. 1849) ; vol. IV, 149, 153 (Conc. Prov. Rhemense, a. 1849) ; vol. IV, 359, 361 (Conc. Prov. Avenionense, a. 1849) ; vol. IV, 394, 396 (Conc. Prov. Burdigalense, a. 1850) ; vol. V, 61 (Conc. Strigoniense, a. 1858) ; vol. V, 664 (Conc. Prov. Colocense, a. 1863) ; vol. VI, 619 (Synod. Vicariatus Suchnensis, a. 1803).

[Note 14]   Ad Conventum internat. « Ciceronianis Studiis provehendis », 7 Sept. 1959 ; in Discorsi Messaggi Colloqui del Santo Padre Giovanni XXIII, I, pp. 234-235 ; cfr etiam Alloc. ad cives diœcesis Placentinæ Romam peregrinantes habita, 15 Apr. 1959 : L’Osservatore Romano, 16 apr. 1959 ; Epist. Pater misericordiarum, 22 Aug. 1961 : A.A.S. 53 (1961), 677 ; Alloc. in sollemni auspicatione Collegii Insularum Philippinarum de Urbe habita, 7 Oct. 1961 : L’Osservatore Romano, 9-10 Oct. 1961 ; Epist. Iucunda laudatio, 8 Dec. 1961 : A.A.S. 53 (1961), 812.

[Note 15]   Pius XI, Epist. Ap. Officiorum omnium, 1 Aug. 1922 : A.A.S. 14 (1922), 453

[Note 16]   Epist. S. C. Studiorum, Vehementer sane, 1 Iul. 1908 : Ench. Cler., n. 821.

[Note 17]   Leo XII, Litt. Encycl. Providentissimus Deus, 18 Nov. 1893 : Acta Leonis XIII, 13 (1893), 342 ; Epist. Plane quidem intelligis, 20 Maii 1885, Acta, 5, 63-64 ; Pius XII, Alloc. Magis quam, 23 Sept. 1951 : A.A.S. 43 (1951), 737.

Prière au Bienheureux Noël Pinot.

       Le 21 février, nous fêtons le Bienheureux Noël Pinot, dont nous avons déjà évoqué la figure héroïque ici > ici.
Prions-le avec ferveur pour le clergé, pour les vocations, pour les besoins de la Sainte Eglise et de tous les fidèles.

Bx Noël Pinot

Cathédrale d’Angers : statue du Bx Noël Pinot.

Bienheureux Noël Pinot,
qui avez été associé au Sacerdoce de Jésus, Souverain Prêtre, daignez manifester votre puissance d’intercession envers vos serviteurs. 

Eclairez et fortifiez les prêtres,
rendez-les, comme vous, invincibles dans la défense de la foi. 

Suscitez dans nos paroisses des vocations sacerdotales et religieuses;
remplissez de zèle généreux les aspirants au Sacerdoce et à la vie religieuse. 

Obtenez aux fidèles la grâce de mieux connaître leur religion et de la mieux pratiquer. 

Affermissez dans les familles la fidélité à tous les devoirs, la docilité et le respect envers leurs pasteurs. 

Préservez l’enfance et la jeunesse de tant de périls qui menacent leurs croyances et leur vertu; déjouez les complots de ceux qui veulent les arracher au sein maternel de l’Eglise. 

Comme autrefois, secourez les malades et les infirmes;
fortifiez ceux qui peinent et ceux qui luttent. 

Bénissez enfin et couronnez de succès les apostoliques labeurs des ministres du Christ et de tous les militants,
en vue de restaurer dans notre chère France le règne du Cœur de Jésus. 

Bienheureux Noël Pinot, priez pour nous. 

Permis d’imprimer 
Angers, le 10 juillet 1944 
A. Oger vic. gén.

Prière au Bienheureux Noël Pinot. dans Chronique de Lully 591115t8qpmw0bs5

2012-12. A la veille du grand carême, méditation sur la Magdeleine repentante de Georges de La Tour.

2012-12. A la veille du grand carême, méditation sur la Magdeleine repentante de Georges de La Tour. dans Chronique de Lully 11repent-1

Georges de La Tour – la Magdeleine repentante

       Point d’auréole, point d’extase, aucune emphase : juste cette femme, assise à une table, la tête appuyée sur la main droite, tandis que de la gauche elle semble caresser un crâne.
Toute la scène, noyée d’obscurité, n’est éclairée que par une chandelle que l’on devine derrière le crâne.
Devant elle, un miroir dans lequel se reflète le crâne : la femme ne regarde pas le crâne lui-même, mais ses yeux sont rivés sur son reflet dans le miroir. 

   Toutefois, c’est plus encore à l’intérieur d’elle-même qu’elle donne l’impression de regarder…

   Cette toile de Georges de La Tour appartient à la série des « Magdeleine » : il y a les deux « Magdeleine à la veilleuse » (l’une au Louvre et l’autre à Los Angeles), la « Magdeleine pénitente » (au Musée Métropolitain de New York) et cette « Magdeleine  repentante » (datée des années 1635-1640, probablement la plus ancienne de la série, actuellement conservée à la Galerie Nationale d’Art de Washington).
J’ignore si le titre attribué à cette oeuvre remonte à l’artiste lui-même ou s’il lui a été donné postérieurement, cependant, pour ce qui me concerne, je l’eusse plus volontiers appelée « Magdeleine pensive ».

   L’enseignement délivré par cette oeuvre est simple : c’est une sorte de Memento mori (« Souviens-toi que tu vas mourir »). Sont ici représentés des éléments de ces « vanités » prisées par l’époque baroque : le miroir, le crâne, la chandelle… Ce sont les symboles de la fugacité des bonheurs terrestres, de la fragilité de notre existence, de la précarité de la beauté.

   Marie, dite Magdeleine – c’est-à-dire de Magdala : Magdala était une bourgade sur la rive du lac de Tibériade où Marie possédait un domaine – , avait été délivrée de sept démons par le Seigneur Jésus-Christ (cf. Luc. VIII, 2 ; la tradition spirituelle y voit les sept péchés capitaux alors que les amateurs d’histoires croustillantes n’ont voulu se souvenir que de la luxure). Elle s’attacha aux pas de Notre-Seigneur et le suivit jusqu’au Calvaire : ainsi peut-elle être considérée comme l’une de ses plus fidèles disciples. Présente au pied de la Croix et lors de la mise au tombeau (tandis que les Apôtres, hormis Saint Jean, avaient fui), elle est aussi la première au tombeau, le matin de Pâques, la première à laquelle les Saints Evangiles nous rapportent que le Ressuscité apparut, lui donnant mission de prévenir les Apôtres. De là le titre d’Apostola Apostolorum – Apôtre des Apôtres – qui lui est décerné. Après l’Ascension, la tradition nous rapporte qu’elle évangélisa la région de Marseille avant de se retirer à la Sainte Baume où elle vécut une trentaine d’années dans la contemplation.

   Le tableau de La Tour semble nous placer à l’instant charnière où la Magdeleine, bouleversée par la rencontre du Christ Sauveur, abandonne sa vie de mondaine pour se mettre à la suite de Jésus.
Le livre évoque celui des Ecritures Sacrées, le crâne renvoie bien entendu à la mort : la Parole de Dieu et la compréhension de la vanité des plaisirs terrestres se sont frayé un chemin dans le coeur de la courtisane et l’ont mise en face des enjeux éternels dont la vie d’ici-bas n’est que le prélude.

   Plus de bijoux ou de produits de beauté sur cette table qui, il n’y a pas si longtemps encore, était peut-être une coiffeuse.
La chevelure déliée, la chemise entrouverte laissant l’épaule nue ne sont plus les signes des provocations de la débauche, mais indiquent plutôt qu’il y eu un moment de tempête et d’agitation, maintenant calmé. L’attitude générale rayonne d’une détermination réfléchie, apaisée.
Le miroir, attribut par excellence de la coquetterie, n’est plus là pour refléter des parures et des poses aguichantes, mais intervient comme témoin d’une vérité salutaire : ce que Magdeleine contemple dans le miroir, ce n’est plus son propre visage, mais le reflet du crâne.  Memento mori !

   Regardons maintenant plus attentivement encore ce tableau ; une chose étonnante doit y être remarquée : alors que nous nous trouvons dans une position latérale par rapport à Marie-Magdeleine et par rapport au miroir – qui se font face – nous pouvons nous-mêmes voir le reflet du crâne dans la glace. Normalement, si nous voyons le crâne, Magdeleine ne le voit pas ; et si c’est elle qui le voit, c’est nous qui ne devrions pas le voir! Or la composition de l’oeuvre, avec en particulier le jeu du regard de la Magdeleine et du miroir ne laissent pas de place à l’hésitation : elle voit le crâne dans son miroir.
Car en fait l’artiste n’a pas peint la réalité telle qu’elle apparaîtrait sur une photographie : la manière dont il a représenté la scène traduit une intention. Ce que voit le spectateur dans le miroir, c’est aussi ce que voit la Magdeleine. Le spectateur est comme obligé par le peintre de se mettre à la place de la Magdeleine et à voir à travers son regard à elle.
Ce faisant, Georges de La Tour nous délivre un message particulièrement fort.

   En effet, la figure évangélique de Marie-Magdeleine peut être comprise comme la représentante de l’humanité auprès du Christ : marquée par le péché, séduite par les vanités terrestres et se laissant entraîner par ses penchants désordonnés, elle est elle-aussi appelée à rencontrer le Sauveur, à être absoute de ses fautes, à Le suivre jusqu’au Calvaire afin d’avoir part à la joie de la vie nouvelle du Ressuscité!
Ainsi, à travers cette toile, Marie-Magdeleine engage-t-elle chacun de ceux qui regardent le tableau autrement que superficiellement à suivre son exemple. Nous devons, comme elle, abandonner les voies de la perdition, quitter les sentiers du péché et nous défier des faux semblants puisque le miroir, en définitive, dit toujours la vérité : à celui qui ne s’arrête pas à la surface des choses, il renvoie l’image de la mort.

   Memento, homo, quia pulvis es et in pulverem reverteris : souviens-toi, ô homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière!

20606276.461F9530lou-148x150 Magdeleine dans De liturgia

Pour mieux connaître la figure de Sainte Marie-Magdeleine > ici.

2012-10. La place d’honneur, la place centrale, doit revenir à Jésus!

Le 15 janvier 2012, a eu lieu la quatrième « Rencontre pour l’Unité Catholique » (appelée aussi « Réunicatho », voir le site > www).

Un mois après, ce 15 février, a été publié le très intéressant texte de l’intervention de Son Excellence Monseigneur Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Sainte-Marie d’Astana, et secrétaire de la Conférence des évêques catholiques du Kazakhstan.
Cet exposé était intitulé : « La nouvelle évangélisation et la sainte liturgie ». On en trouvera le texte complet ici > www, et je ne peux que vous encourager à le lire et à le relire avec la plus grande attention.
Les premiers paragraphes – paragraphes introductifs – contiennent, fort bien exprimées, des réflexions sur l’orientation de la célébration et la place du tabernacle qui ne sont finalement que de bon sens (mais le bon sens n’est pas la chose au monde la mieux partagée, surtout dans certains milieux ecclésiastiques!). J’y souscris totalement ; j’ai déjà eu l’occasion d’écrire à ce sujet (cf. > www ou encore > www), et je ne résiste pas au plaisir de reprendre ci-dessous le texte de ces quatre premiers paragraphes.

Lully.

2012-10. La place d'honneur, la place centrale, doit revenir à Jésus! dans De liturgia 591115t8qpmw0bs5

C’est Dieu, c’est Jésus Eucharistie, c’est la Croix
qui sont au centre du culte chrétien authentique. 

Extraits de l’intervention de
Monseigneur Athanasius Schneider,
intitulée « la nouvelle évangélisation et la sainte liturgie »

« Pour parler correctement de la nouvelle évangélisation il est indispensable de porter tout d’abord notre regard sur Celui qui est le véritable évangélisateur, à savoir Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, le Verbe de Dieu fait Homme. Le Fils de Dieu est venu sur cette terre pour expier et racheter le plus grand péché, le péché par excellence. Et ce péché par excellence de l’humanité consiste dans le refus d’adorer Dieu, dans le refus de Lui réserver la première place, la place d’honneur. Ce péché des hommes consiste dans le fait qu’on ne porte pas attention à Dieu, dans le fait qu’on n’a plus le sens des choses, voire des détails qui relèvent de Dieu et de l’adoration qui Lui est due, dans le fait qu’on ne veut pas voir Dieu, dans le fait qu’on ne veut pas s’agenouiller devant Dieu.

Face à une telle attitude, l’Incarnation de Dieu est gênante, gênante également et par contrecoup la Présence Réelle de Dieu dans le mystère eucharistique, gênante la centralité de la présence eucharistique de Dieu dans les églises. L’homme pécheur veut en effet se mettre au centre, tant à l’intérieur de l’église que lors de la célébration eucharistique, il veut être vu, il veut être remarqué.

C’est la raison pour laquelle Jésus Eucharistie, Dieu incarné, présent dans le tabernacle sous la forme eucharistique, on préfère Le placer sur le côté. Même la représentation du Crucifié sur la croix au milieu de l’autel lors de la célébration face au peuple est gênante, parce que le visage du prêtre s’en trouverait occulté. Donc l’image du Crucifié au centre aussi bien que Jésus Eucharistie dans le tabernacle également au centre de l’autel, sont gênants. En conséquence la croix et le tabernacle sont déplacés sur le côté. Pendant l’office, les assistants doivent pouvoir observer en permanence le visage du prêtre, et celui-ci prend plaisir à se mettre littéralement au centre de la maison de Dieu. Et si par hasard Jésus Eucharistie est quand même laissé dans son tabernacle au centre de l’autel, parce que le ministère des Monuments Historiques, même sous un régime athée, a interdit pour des raisons de conservation du patrimoine artistique de le déplacer, le prêtre, souvent tout au long de la célébration liturgique, lui tourne sans scrupules le dos.

Combien de fois de braves fidèles adorateurs du Christ, dans leur simplicité et leur humilité, se seront écriés : « Bénis soyez-vous, les Monuments Historiques! Vous nous avez au moins laissé Jésus au centre de notre église». »

Maître-autel-avant-réforme-liturgique-Copie-215x300 Athanasius Schneider dans Lectures & relectures

Basilique de Lalouvesc : le sanctuaire avant la « réforme liturgique »
un somptueux maître-autel de marbre et de bronzes dorés (anges & saints)
surélevé du sol par trois degrés
surmonté d’un ciborium couvrant la châsse et la statue de St Jean-François Régis.

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Basilique de Lalouvesc : le sanctuaire après la « réforme liturgique »
l’autel n’est plus qu’une dalle de pierre carrée sur un cylindre de pierre bouchardée
posé à même le sol.
Le tabernacle a été relégué au fond de la chapelle absidale
le reliquaire de St Régis a été mis sur le côté, tous les ornements de bronze et même les insignes de la basilique ont disparu.

Sur ce même sujet voir aussi la B.D. :
« Grindsel le séraphin se pose quelques bonnes questions », ici > www.

Grindsel-se-pose-de-bonnes-questions-001-Copie-3-Copie liturgie

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