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2023-46. La consécration de la France à Saint Joseph par S.M.T.C. le Roi Henri V, le 19 mars 1871.

19 mars,
Fête de Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie.

Trois lys blancs

       Une erreur ne devient pas une vérité par le fait qu’un grand nombre de personnes y croient et la colportent, fut-ce en toute bonne foi. 
La consécration de la France à Saint Joseph par S.M. le Roi Louis XIV le 19 mars 1661 est l’exemple parfait de ces fausses vérités indéfiniment répétées auxquelles de pieuses personnes accordent leur créance.
J’ai moi-même commencé à protester contre cette erreur, il y a plusieurs années, sur le « Forum du Royaume de France » après avoir procédé à un certain nombre de vérifications, en particulier avec l’aide de feu le baron Hervé Pinoteau (on peut retrouver mon intervention 
> ici - sous le pseudonyme “Semper Fidelis”- en 7ème position dans le fil de discussion), plus tard, sur le site UCLF.org, un résumé assez pertinent de la problématique a été publié (cf. > ici), suffisant pour démontrer l’inanité et l’inconsistance de cette « légende urbaine ».

   En revanche, l’un des cofondateurs de la Confrérie Royale, Monsieur l’Abbé Louis de Saint-Taurin, en approfondissant l’affaire a eu l’heur de découvrir que la France a bien été consacrée à Saint Joseph par l’un de ses Souverains, qui n’est pas le Grand Roi, mais l’un de ses descendants et successeurs : Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Henri V, Roi de France de jure, contraint à l’exil, et le plus souvent appelé « le comte de Chambord ».
Monsieur l’Abbé de Saint-Taurin en avait rendu compte dans l’une des lettres mensuelles de la Confrérie Royale. Nous reproduisons ci-dessous, à sa suite, l’intégralité de l’article contemporain de l’événement qui fut publié dans la revue 
Le Propagateur de la dévotion à saint Joseph (Périsse, Paris/Tournai, 1872, pp. 185-190).

Statue de Saint Joseph couronnée - sanctuaire Saint Joseph de Bon Espoir Espaly

Statue couronnée de Saint Joseph
Basilique de Saint-Joseph de Bon Espoir, à Espaly-Saint-Marcel (Le Puy-en-Velay)

Reconstitution de la couronne de Charles X

Henri de Bourbon consacre sa Personne, sa Maison et sa Patrie
à Saint Joseph

       « D’après des auteurs graves, parmi lesquels nous citerons le docte et pieux Père Faber, la dévotion à saint Joseph fut apportée de l’Orient dans la Provence par Lazare, Marthe et Marie. La pieuse cité d’Avignon fut le berceau d’où elle se répandit en Europe. Gerson, chancelier de l’Université de Paris, fut suscité pour en être le docteur et le théologien, et saint François de Sales pour l’enseigner et la répandre parmi le peuple. Les Carmélites de France, fidèles aux leçons et aux exemples de sainte Thérèse, contribuèrent efficacement à augmenter la confiance des âmes dévotes et fidèles en ce glorieux patriarche. Les écrivains français de la Compagnie de Jésus fournirent dans des ouvrages pieux et savants, de riches matériaux aux panégyristes du virginal Epoux de Marie.

   De nos jours, c’est de la France catholique qu’est parti ce mouvement providentiel qui entraîne tous les peuples vers saint Joseph, et dont le consolant résultat a été de faire proclamer par l’auguste Pie IX ce glorieux Patriarche Patron de l’Église universelle. Fidèle aux traditions de ses aïeux (c’est à la demande de Louis XIV que la fête de saint Joseph fut chômée en France), le noble chef de la Maison de France a voulu, pour répondre à l’invitation du souverain Pontife, se consacrer d’une manière solennelle au puissant protecteur des Chrétiens.

   Un de nos amis qui a eu le bonheur d’assister à la consécration de Monseigneur le comte de Chambord et de toute sa Maison au glorieux saint Joseph, protecteur de l’Église universelle, nous transmet la relation suivante dont l’importance exceptionnelle n’échappera à aucun de nos lecteurs.

   L’année dernière, pendant la guerre de la France avec l’Allemagne, Monseigneur le comte de Chambord était dans les environs de Genève avec un petit nombre de personnes ; la plupart de ses serviteurs étaient restés à Frohsdorf. Le samedi soir, 18 mars 1871, un serviteur, parti l’avant-veille de Genève, arrivait au château de Frohsdorf, porteur d’un ordre du prince pour son aumônier. Cet ordre adressé au secrétaire intime était exprimé en ces termes : « Faites mes amitiés à M. l’abbé N*** [cf. note en bas de page], dites-lui qu’il serait bon de faire la consécration de la colonie à saint Joseph, le 19 ». — On appelle la colonie, à Frohsdorf, la petite société de serviteurs et d’amis qui entourent le prince et qui forment à l’extrémité de l’Autriche comme un petit coin de terre française.

   Le lendemain à la grand’messe, M. l’aumônier annonça à ses auditeurs que d’après le désir du prince, la colonie serait consacrée solennellement à saint Joseph, après le Salut qui aurait lieu dans l’après-midi. Tout le monde devait s’y trouver, et en effet personne n’y manqua. Le neveu de Monseigneur le comte de Chambord, S.A.R. le comte de Bardi, frère du duc de Parme [et donc beau-frère du roi de France, celui-là ayant épousé la sœur de celui-ci, NDLR], était présent et représentait tous les autres membres de la famille de Bourbon alors absents. Avec lui était son aide de camp, M. le marquis Malaspies, qui représentait l’Italie ; son précepteur, un vénérable religieux franc-comtois, qui représentait la France ; Madame la vicomtesse de Ch***, dame d’honneur de Madame la comtesse de Chambord, était là au nom de son Auguste Maîtresse. Le Prince était représenté par trois de ses secrétaires, son médecin, son aumônier et tous ses autres serviteurs restés au château. Un vénérable religieux rédemptoriste, confesseur de la Princesse depuis la mort du vénérable abbé Trébuquet, se trouvait là au nom de l’Allemagne catholique. De plus il y avait les Frères de Marie, chargés des écoles de garçons à Frohsdorf, les Sœurs de sainte Chrétienne de Metz, avec leurs pensionnaires et une foule de fidèles du village et des villages environnantsLa magnifique chapelle du château, décorée de ses plus beaux ornements, était au grand complet.

   Au moment de la consécration, toute l’assistance, pénétrée de la plus vive émotion, tomba à genoux et s’unit de cœur et d’âme au digne aumônier, qui prononça d’une voix forte et pleine de larmes celte touchante consécration au Bienheureux saint Joseph proclamé par l’Auguste Pie IX, patron de l’Église universelle.

   Après la cérémonie, cette consécration fut envoyée à Mgr le comte de Chambord, qui daigna l’approuver comme ayant parfaitement rendu toute sa pensée. Depuis lors, quelques copies en ont été faites par des personnes qui assistaient à la fête, et c’est une de ces copies, parfaitement conforme à l’original, que nous reproduisons ici :

Consécration à Saint Joseph.

    « Adorable Jésus, Fils unique et bien-aimé du Père avant tous les siècles, devenu dans le temps, par le choix libre de Votre amour, Fils unique et bien-aimé de Marie et Fils adoptif de son virginal époux saint Joseph, permettez que nous profitions de ce moment solennel et mille fois précieux, où entouré de Vos anges, et présent sur cet autel, Vous daignez agréer nos humbles hommages et Vous préparer à nous bénir, pour venir nous placer, comme Vous le fîtes Vous-même, sous la protection spéciale du bienheureux Patriarche votre Tuteur, Votre Guide et Votre Père pendant la première partie de Votre vie mortelle. Déjà bien des fois nous nous sommes donnés à Vous, ô divin Maître. Nous avons eu aussi le bonheur dans diverses circonstances solennelles de nous consacrer spécialement à Votre céleste Mère, en la suppliant de vouloir nous accepter pour enfants.

   Aujourd’hui nous voulons compléter notre œuvre et assurer de plus en plus notre persévérance, le salut de nos âmes en les remettant entre les mains de Votre Père nourricier. Nous sommes heureux de confier à saint Joseph nos destinées temporelles et éternelles en même temps que les intérêts sacrés de notre chère Patrie, de nos augustes Princes, de la sainte Église et de son Chef vénéré. Fidèles à Vos divines inspirations, ô divin Rédempteur, nous cherchons un abri contre les coups de Votre justice dans les bras paternels de Celui qui porta et nourrit Votre Enfance. Puissions-nous, selon la mesure de grâce que nous avons reçue, éprouver pour saint Joseph les sentiments d’amour, de vénération, de tendresse et d’affectueuse confiance que Vous lui manifestâtes si souvent par Vos regards, Vos paroles et Vos divines caresses, qui en faisaient ici-bas le plus heureux des hommes. C’est donc pour répondre aux désirs de Votre Cœur filial que nous allons nous consacrer au Protecteur bien-aimé qui vous tînt lieu de père et que Vous appelâtes de ce nom si doux.

   Déjà l’Auguste Pontife, Votre vicaire, a jugé opportun de placer l’Église sous le puissant patronage du glorieux saint Joseph. Mais ce n’est pas assez pour nous de cette consécration générale, si nous n’y ajoutions de notre côté la consécration personnelle de Nous-même et de tout ce qui nous est cher. Nous allons donc sous Vos auspices, ô Jésus, et sous les auspices de Votre Mère Immaculée, exprimer au bienheureux Patriarche les sentiments et les désirs que Vous nous inspirez Vous-même.

   C’est au nom de tous Vos fidèles serviteurs que nous parlons, au nom des fils de saint Louis et de tous ceux à qui Vous avez fait la grâce de leur servir de cortège, au nom des présents et des absents, au nom des plus élevés comme des plus humbles, au nom des Princes comme des derniers de leurs serviteurs, au nom des Français d’adoption comme des Français de naissance, au nom des jeunes gens et des jeunes filles, des enfants et des vieillards, des prêtres et des séculiers, des âmes consacrées à Dieu dans la vie religieuse et des personnes engagées dans les liens du mariage, au nom des justes et des pécheurs, des parfaits et des imparfaits, au nom de tous, en un mot, car tous nous voulons devenir les clients et les protégés du puissant saint Joseph, comme nous espérons être les vôtres, ô Jésus, et ceux de Votre divine Mère.

   Ô chaste Époux de la Mère de Dieu, Père nourricier de son adorable Fils, gardien, conservateur, confident, imitateur et coopérateur de l’Un et de l’autre ! en vue de vos illustres prérogatives, en vue du pouvoir que Dieu vous a accordé sur la terre et dans le ciel, nous vous consacrons aujourd’hui nos cœurs. Nous voulons qu’après les cœurs de Jésus et de Marie, le vôtre soit l’objet constant de nos respects et de nos hommages.

   Que ne pouvons-nous, ô grand Saint ! enchaîner tous les cœurs à votre trône !mais nous n’avons que les nôtres, nous vous les offrons et nous les soumettons à votre empire. Qu’après l’amour et la gloire de Jésus et de Marie, votre gloire et votre amour soient le principe et le germe de toutes nos pensées, de tous nos désirs, de toutes nos paroles et de toutes nos actions !

   Jamais cœur ne fut plus enflammé que le vôtre du désir de voir régner l’amour de Jésus et de Marie. Allumez-le dans les nôtres et qu’il les possède, qu’il les pénètre, qu’il les embrase, qu’il les consume ! Nous le désirons, nous vous le demandons. Que ce soit dans les ardeurs sacrées de cet amour et du vôtre que nous rendions le dernier soupir, et que les dernières paroles que prononceront nos lèvres expirantes, soient les saints, les doux, les aimables noms de Jésus, Marie, Joseph.

   Ô bienheureux Joseph, Père nourricier de Jésus, digne époux de Marie, Reine des vierges, nous nous consacrons à votre culte et nous nous donnons tout à vous. Soyez notre Père, notre Protecteur et notre Guide dans les voies du salut ; soyez le Sauveur de notre patrie et le puissant Libérateur de l’Église. Obtenez-nous à tous une grande pureté de corps et d’âme et la grâce de faire à votre exemple toutes nos actions pour la plus grande gloire de Dieu, en union à votre cœur très-pur et aux Cœurs sacrés de Jésus et de Marie. Assistez-nous tous les jours et surtout à l’heure de notre mort. Ainsi-soit-il.

Ô bon saint Joseph, protégez-nous, protégez la sainte Église, protégez notre patrie et la famille de nos rois.

Ainsi-soit-il. »

   « Cette consécration, qui avait lieu le 19 mars 1871, a été renouvelée cette année pour la fête de saint Joseph en présence de Leurs Altesses Royales le comte et la comtesse de Chambord et de toute leur suite. La fête n’était pas d’obligation, mais elle fut célébrée avec la pompe des plus grandes solennités et cela sur l’ordre de l’auguste chef de la Maison de France, qui tenait à rendre à saint Joseph toute la gloire que mérite son puissant patronage. Tous les assistants furent édifiés de la piété des Princes qui s’unissaient avec une ferveur touchante aux sentiments exprimés par le ministre de Jésus-Christ, agenouillé devant le saint Tabernacle.

   Nous l’avouons sans détour, cette consécration solennelle au glorieux Patriarche, proclamé solennellement par Pie IX, Patron de l’Église universelle, remplit notre cœur d’espérance. Nous voyons dans ces témoignages de la piété d’un Prince, sur la personne duquel reposent tant d’intérêts sacrés, un gage précieux de régénération et de triomphe pour notre chère France.

   Que les nouveaux barbares mettent toute leur confiance dans leurs engins meurtriers, dans le nombre et la rapidité de leurs coursiers, hi in curribus et in equis, pour nous, éclairés des plus pures lumières de la foi, nous plaçons notre ferme espérance dans le nom du Seigneur : Nos autem in nomine Domini ».

   Note :
L’abbé anonyme est très vraisemblablement M. l’abbé Amédée-Alexandre Curé (1838-1905), ordonné prêtre en 1861 au diocèse de Châlons, précepteur du duc de Parme puis aumônier de la famille royale en exil à Frohsdorf, membre du tiers-ordre dominicain à partir de 1878 et camérier d’honneur du pape (1887). Il succéda comme Grand-Aumônier de France au chanoine Stanislas-Barnabé Trébuquet (1796-1868), prêtre du diocèse de Beauvais, chanoine de Beauvais et de Paris, mort le 28 mars 1868, et dont il composa l’éloge funèbre.

Buste en bronze de SMTC le Roi Henri V - comte de Chambord

Buste en bronze de SMTC le Roi Henri V
dit « le comte de Chambord »

2023-45. Méditation pour le dimanche de Laetare : la multiplication des pains.

Quatrième dimanche de Carême,
Dimanche de Laetare.

multiplication des pains - baie de de l'église Saint-Gilles à Malestroit en Bretagne

« Comment sur la montagne N.S. rassasie miraculeusement la foule qui l’avait suivi pour ouïr Sa parole »
Baie de l’église Saint-Gilles, à Malestroit (Bretagne)

La multiplication des pains

Présence de Dieu.

Jésus, vrai Pain de vie éternelle, apaisez ma faim.

Méditation.

   1 – Ce dimanche constitue une halte de sainte allégresse, de réconfort spirituel, que l’Église, telle une bonne mère, nous offre à mi-chemin de l’austérité quadragésimale, comme pour rentre retremper nos forces. « Réjouis-toi, ô Jérusalem – chante l’introït de la Messe -, et vous tous qui l’aimez, tressaillez d’allégresse et rassasiez-vous dans l’abondance de ses délices ».
Quelles sont ces délices ?
L’Evangile du jour nous répond par la narration de la multiplication des pains, le grand miracle par lequel Jésus voulut disposer les foules à l’annonce d’un miracle bien plus éclatant encore, l’institution de l’Eucharistie, par laquelle Lui, le Maître, deviendrait notre pain, « pain vivant descendu du ciel » (Jean VI, 41), pour nourrir nos âmes.
Tel est le motif de notre joie, la source de nos délices : Jésus est le pain de vie, toujours à notre disposition pour apaiser notre faim.
Tout en appréciant beaucoup mieux que nous les valeurs spirituelles, Jésus n’oublie ni ne méprise les nécessités matérielles de l’homme. L’Évangile nous le montrent aujourd’hui entouré de la foule qui L’avait suivi pour entendre Ses enseignements ; Jésus pense à la faim de tout ce monde, et afin d’y pourvoir, accomplit l’un de Ses plus éclatants miracles : sous Sa bénédiction, cinq pains et deux poissons servent à rassasier cinq mille hommes, laissant en outre douze corbeilles de restes.
Jésus sait que lorsque l’homme est tourmenté par la faim, par les nécessités matérielles, il est incapable de s’appliquer aux choses de l’esprit.
La charité exige aussi de nous cette compréhension des besoins matériels d’autrui, compréhension effective, qui se traduit en action efficace. « Si un frère ou une sœur – enseigne Saint Jacques – sont dans la nudité et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un de vous leur dise : Allez en paix… sans leur donner les choses nécessaires au corps, à quoi cela sert-il ? » (Jacques II, 15 & 16). Les apôtres avaient proposé au Maître de renvoyer la foule « afin qu’ils aillent s’acheter des vivres » (Matth. XIV, 15). Jésus n’a pas accepté, et a voulu y pourvoir par Lui-même. Tâche, toi aussi, autant qu’il est en ton pouvoir, de ne jamais renvoyer le prochain dans le besoin sans lui avoir prêté ton secours.

Multiplication des pains - baie de l'église saint gilles à Malestroit - Bretagne - détail

(détail du précédent)

   2 – Avant d’accomplir le miracle, Jésus interroge Philippe : « Où achèterons nous du pain pour que ces gens aient à manger ? », et l’évangéliste observe : « Il disait cela pour l’éprouver, car Lui, Il savait ce qu’Il devait faire ».
Il n’est pas de circonstances difficiles en notre vie, dont Dieu ne connaisse la solution ; de toute éternité, Il a prévu et tient prêt le remède nécessaire à chaque cas, aussi compliqué soit-il.
Toutefois, dans les circonstances pénibles, Il semble quelquefois nous laisser seuls, comme si la solution dépendait de nous, mais Il le fait uniquement pour nous éprouver. Il veut que nous nous mesurions avec les difficultés, que nous nous rendions davantage compte de notre impuissance, de notre insuffisance, et d’autre part, Il veut nous exercer dans la foi, dans la confiance en Lui.
En réalité, le Seigneur ne nous abandonne jamais, si nous ne sommes pas les premiers à L’abandonner ; seulement, Il Se cache, et couvre également Son action d’un voile obscur : c’est alors l’heure de croire, de croire fortement et d’attendre avec une humble patience et une confiance totale.
Les apôtres avisent Jésus qu’un jeune homme a cinq pains et deux poissons : c’est bien peu de chose, et même rien du tout pour nourrir cinq mille hommes, mais le Seigneur demande ce rien et S’en sert pour accomplir le grand miracle.
Il en va toujours de même ; vis-à-vis de Sa créature libre, le Dieu tout-puissant, qui peut tout accomplir et tout créer de rien, ne veut pas agir sans son concours.
Ce que l’homme peut faire est bien peu, mais ce peu, Dieu le veut, le demande, l’exige comme condition de Son intervention.
Le Seigneur seul peut te sanctifier, comme Lui seul pouvait multiplier les petites provisions du jeune homme ; et cependant, Il demande ton concours.
De même que le jeune homme de l’Évangile, donne Lui, toi aussi, tout ce qui est en ton pouvoir, c’est-à-dire présente-Lui chaque jour tes bonnes résolutions, toujours renouvelées avec constance et amour, et Il opérera aussi pour toi un grand miracle, le miracle de ta sanctification.

Pélican - rosace de l'église de Grolley - détail

Le Pélican : symbole du sacrifice du Christ, de l’Eucharistie et de la charité
(détail d’une rosace de l’église de Grolley, dans le canton de fribourg)

Colloque :

    « Seigneur Jésus-Christ, fils du Dieu vivant qui, sur la Croix, les bras étendus, avait bu, pour la rédemption de tous les hommes, le calice d’inénarrables douleurs, daignez aujourd’hui me porter secours. Moi, pauvre, je viens à Vous, qui êtes riche ; misérable, je me présente à Vous, Miséricordieux. Ah ! faites que je ne Vous quitte pas vide et déçu. Affamé, je viens à Vous ; ne permettez pas que je parte à jeun. Famélique, j’approche de Vous ; ah ! que je ne m’en retourne pas sans avoir été rassasié ! Et si je soupire avant de manger, accordez-moi ensuite la grâce d’être nourri » (Saint Augustin).

   Oui, j’ai faim de Vous, vrai pain, pain vivant, pain de vie. Vous savez quelle est ma faim, faim de l’âme, faim du corps, et Vous avez voulu pourvoir tant à l’une qu’à l’autre.
Par Votre doctrine, par Votre Corps et Votre Sang, Vous rassasiez mon esprit, Vous le rassasiez abondamment, sans garder aucune mesure, sauf celle que je garde moi-même par la froideur de mon amour, l’exiguïté de mon cœur.
Vous m’avez dressé une table riche et opulente au-delà de ce que l’on peut imaginer, de laquelle je n’ai qu’à m’approcher pour être nourri ; et non seulement Vous m’accueillez, mais Vous Vous faites ma nourriture et mon breuvage, en Vous donnant tout entier en moi, tout entier dans Votre Divinité, tout entier dans Votre Humanité.
Et puis, dans Votre bonté infinie, Vous avez même dressé une table pour mon corps, et Votre providence le nourrit, le vêt, le maintient en vie comme les lis des champs et les oiseaux du ciel.
Vous connaissez mes nécessités, mes angoisses, mes préoccupations pour le passé, le présent, l’avenir, et Vous pourvoyez à tout, avec un amour paternel. Oh ! Seigneur, comment ne pas me confier en Vous, comment ne pas jeter en Vous toutes mes sollicitudes, sûr que Vous trouverez remède à tout ?
Je Vous confie donc ma vie : vie du corps, vie terrestre avec toutes ses nécessités, tous ses travaux ; vie de l’esprit avec toutes ses exigences, ses angoisses, avec toute sa faim d’infini. Vous seul pouvez combler le vide de mon cœur, Vous seul pouvez me rendre heureux, Vous seul pouvez réaliser mon idéal de Sainteté, d’union à vous.

Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine,
in « Intimité divine », 4ème dimanche de Carême.

La communion - église St-Romain Sèvres

La sainte communion
(église Saint-Romain, à Sèvres)

2023-44. De Sainte Gertrude de Nivelles, vierge et abbesse, céleste protectrice des chats.

17 mars,
Fête de Saint Patrick, évêque et confesseur ;
Mémoire de Saint Joseph d’Arimathie ;
Mémoire de Sainte Gertrude de Nivelles (cf. aussi > ici).

Sainte Gertrude de Nivelles - statue dans l'église collégiale

Sainte Gertrude de Nivelles
(statue dans la collégiale de Nivelles)
remarquez le rat à ses pieds…  

       Fille de Saint Pépin de Landen, ancêtre des Carolingiens, et de Sainte Itte (ou Yduberge), princesse d’Aquitaine, Gertrude – désormais Sainte Gertrude de Nivelles – naquit entre le 18 mars 625 et le 16 mars 626.
Son père, maire du palais d’Austrasie jusqu’en 629 puis proche du Roi Dagobert Ier, envisagea, sur la suggestion de ce dernier, de la marier au fils d’un duc d’Austrasie, « poussé par une ambition séculière et afin de sceller une amitié entre les deux familles », précise la Vie de Sainte Gertrude rédigée vers 670. Consultée au sujet de cette promesse d’alliance, la jeune fille refusa catégoriquement ce brillant parti et manifesta  avec une grande fermeté son intention de vouer sa vie à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

   Élevée par sa mère, comme le voulait la coutume, elle la suivit dans sa retraite de veuve après la mort de Pépin, survenue le 21 février 640.
La mère et la fille s’installèrent alors à Nivelles, l’un des domaines familiaux situé en Brabant, pour y mener une vie pieuse.
Encouragée par l’évêque missionnaire Saint Amand de Maastricht, Itte décida, vers 648, de fonder un monastère sur son domaine et d’y prendre elle-même le voile. Des aristocrates austrasiens tentèrent de s’opposer à ce projet, et voulurent encore une fois contraindre Gertrude au mariage.
Pour écarter définitivement les prétendants et couper court aux convoitises dont sa fille faisait l’objet, Itte manifesta publiquement la vocation de cette dernière à la vie religieuse en lui coupant elle-même la chevelure en forme de couronne : ce détail fut remarqué, et il est en effet remarquable, car la couronne c’est la manière dont on pratique la tonsure des moines, et, aux dires de plusieurs historiens, nous avons ici la seule mention d’une telle manière de faire dans toutes les vies de saintes de cette époque. Gertrude, selon la belle expression de Mgr Guérin, « s’estima plus glorieuse que si elle eût porté sur sa tête tous les diadèmes des royaumes et des empires » (Petits Bollandistes, notice sur la vie de Sainte Gertrude au 17 mars).

Sainte Gertrude de Nivelles - détail d'un vitrail de la basilique Notre-Dame de Tongres

Sainte Gertrude de Nivelles
(détail d’un vitrail de la basilique Notre-Dame de Tongres)

   Itte et Gertrude furent assez rapidement rejointes par un nombre assez remarquable de filles (en particulier de la noblesse franque) qui prirent elles aussi le voile : ces moniales prirent le nom de chanoinesses.
Sainte Itte confia à Gertrude la charge abbatiale : « Ainsi, la mère obéit à sa fille, et la fille commanda à sa mère » (Mgr Guérin).
La Bienheureuse Itte rendit son âme à Dieu le 8 mai 652.

   Afin de ne pas être accaparée par la gestion matérielle du monastère et soustraite à la contemplation, Sainte Gertrude « confia le soin des affaires temporelles du dehors à des chanoines, et celles du dedans à quelques une de ses sœurs, et ne se réserva d’autorité que sur le spirituel pour la conduite de ses filles » (ibid.).
Elle s’appliqua avec tellement d’application à la lecture de l’Ecriture Sainte qu’ « elle la savait presque toute par cœur ; et ce qui est plus admirable, elle en pénétrait le sens et les mystères pour les expliquer aux autres. Ce n’est pas difficile à croire, vu les communications intérieures et divines qu’elle recevait du Saint-Esprit durant ses prières » (ibid.)

   Très mortifiée, pratiquant avec assiduité jeûnes et veilles, et multipliant les austérités, Sainte Gertrude fut une grande abbesse, riche de vertus.
En l’an 659, vers le commencement du Carême, elle connut par une révélation que l’heure de la rencontre avec son Epoux céleste était proche : elle se démit alors de sa charge et nomma l’une de ses nièces, âgée de vingt ans, pour lui succéder comme abbesse : Sainte Wilfetrude.
Cette annonce de sa mort fut aussi communiquée à d’autres saintes âmes avec lesquelles elle était liée d’amitié. 

Image de Sainte Gertrude de Nivelles XVI-XVIIIe s

Image de dévotion représentant Sainte Gertrude de Nivelles
gravée par Jérôme Wierix (1553-1619)

   D’après sa Vita, elle demanda elle-même l’extrême-onction et le saint viatique, puis, selon ce qu’elle avait annoncé, elle rendit son âme à Dieu au moment de la Messe capitulaire où le prêtre récitait la secrète (à la fin de l’offertoire). C’était le deuxième dimanche de Carême 17 mars 659, jour de la Saint Patrick. Elle était âgée de 33 ans.
Au moment de sa mort, un parfum céleste envahit sa cellule, et elle apparut à Sainte Modeste, abbesse de Rombach, dans les Vosges.

   Gertrude avait donné des ordres stricts pour ses funérailles. Elle fut donc, selon son désir, ensevelie dans son cilice, sans drap ni suaire, affirmant : « Les ornements superflus des tombeaux ne sont utiles ni aux vivants ni aux morts ! »

   Le culte de Sainte Gertrude commença dès après sa mort ; puis il se diffusa rapidement dans tout le Brabant, puis au-delà.
Deux récits, rédigés l’un vers 691 et l’autre après 783, rapportent les nombreux miracles qui se sont déjà accomplis au contact de ses reliques : guérisons, résurrection d’un enfant mort noyé, extinction d’incendie… etc.
L’abbaye de Nivelles est à l’origine de la ville, qui s’est développée autour d’elle et devint au XIIIème siècle une ville fortifiée.

Châsse contemporaine de Sainte Gertrude de Nivelles

Châsse de Sainte Gertrude de Nivelles
œuvre de Félix Roulin
dans laquelle se trouvent depuis 1982 les reliques de la sainte abbesse :
elle remplace la châsse de 1296 en grande partie détruite en 1940

   Ses reliques furent placées dans une première châsse, carolingienne, dont on sait qu’elle fut portée par l’empereur Henri III du Saint-Empire germanique. En 1296, elles furent transférées dans une magnifique châsse gothique d’or, d’argent et de pierreries, dont on ne peut plus admirer que des restes dans la collégiale, car celle-ci fut en partie détruite par le feu, en mai 1940, lors d’un bombardement.
Les reliques se trouvent toujours dans la collégiale : en 1982, elles ont été déposées dans la nouvelle châsse, œuvre du sculpteur-bronzier Felix Roulin, qui a aussi réalisé la châsse de Sainte Aldegonde, pour Maubeuge.

   Nivelles devint une abbaye noble, peut-être dès le IXème siècle : il fallait quatre quartiers de noblesse du côté paternel et autant du côté maternel pour y être admise comme chanoinesse.
Depuis l’organisation voulue par Sainte Gertrude, c’était devenue une abbaye capitulaire « double », composée d’une quarantaine de chanoinesses et d’une trentaine de chanoines ; ils ne vivaient évidemment pas dans les mêmes bâtiments : les chanoines avaient leurs propres bâtiments claustraux et leur lieu de culte (Saint-Paul), mais pour certaines grandes fêtes ils venaient chanter l’office avec les chanoinesses. L’abbesse était la supérieure des deux communautés.

Reliquaire appelé Chef de Sainte Gertrude

Appelé « Chef de Sainte Gertrude »
ce reliquaire qui renferme, depuis 2006, quelques parcelles d’ossements de Sainte Gertrude de Nivelles,
est l’œuvre du dinandier-ciseleur Marcel Nulens :
il a été réalisé à partir de deux lingots d’or donnés par une nivelloise à la suite de la destruction de la châsse en mai 1940,
afin de donner à Sainte Gertrude un reliquaire plus digne que le coffret de bois dans lequel durent alors être placés les ossements.

   Sainte Gertrude est invoquée comme patronne des voyageurs à partir du XIème siècle. Puis, à partir du XVème siècle, elle est prise pour céleste protectrice par les jardiniers qui l’invoquent contre l’invasion des rongeurs. C’est pourquoi elle est souvent représentée avec sa crosse, entourée de rats ou de souris (qui parfois montent – presque en procession – sur la hampe), et, comme nous l’avons déjà expliqué (cf. > ici), c’est ainsi qu’elle est devenue la sainte patronne des chats, prédateurs naturels des rats, souris, mulots et autres petits nuisibles.

   Comme Sainte Burgondofare (communément dite Sainte Fare) à Faremoutiers, Sainte Aldegonde à Maubeuge ou Sainte Clotsinde à Marchiennes, pour n’en citer que trois parmi un grand nombre d’autres, Sainte Gertrude témoigne de cet engouement des familles aristocratiques franques pour les fondations monastiques qui permit, dès la fin du VIème siècle, un profond enracinement du christianisme et son rayonnement.
Malheureusement supprimé par la grande révolution (1798), le chapitre de Nivelles ne s’est pas relevé : la collégiale, initialement dédiée à Saint Pierre, puis à Sainte Gertrude, est aujourd’hui l’église paroissiale primaire de la ville.

Sainte Gertrude de Nivelles - console sculptée Utrecht

Sainte Gertrude de Nivelles sur une console sculptée
Utrecht

2023-43. Messe propre des Saintes Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Vendredi de la troisième semaine de Carême,
Fête des Saintes Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

       Au vendredi de la troisième semaine de Carême, après avoir successivement honoré les précédents vendredis la Sainte Couronne d’Epines, la Sainte Lance et les Saints Clous, puis le Saint Suaire, nous commémorons d’une manière plus particulière les Saintes Plaies de Notre-Seigneur.
Vous trouverez ci-dessous les textes de la Messe propre de cette fête, telle qu’elle se trouve dans le Missel d’autel contenant les formulaires propres aux Ermites de Saint-Augustin.

Crucifixion

In IV feria VI Quadragesimae

Missa de Quinque Plagis D.N.J.C.

Introitus :
Humiliavit semetipsum Dominus Jesus Christus usque ad mortem, mortem autem crucis ; propter quod et Deus exaltavit illum, et donavit illi nomen quod est super omne nomen.
V./ Misericordias Domini in aeternum cantabo. Gloria Patri. Humiliavit.

Le Seigneur Jésus-Christ s’est humilié Lui-même jusqu’à la mort, et la mort de la croix ; voilà pourquoi Dieu L’a exalté, et Il Lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom.
V./ Je chanterai les miséricordes du Seigneur pour l’éternité. Gloire au Père… 

Collecta :
Deus, qui unigeniti Filii tui passione, et per quinqua vulnera ejus Sanguinis effusione humanam naturam peccato perditam reparasti : tribue nobis, quaesumus, ut qui ab eo suscepta vulnera veneramur in terris, ejusdem pretiosissimi Sanguinis fructum consequi mereamur in caelis. Per Dominum…

O Dieu, qui avez restauré la nature humaine perdue par le péché, par la Passion de Votre Fils unique et par l’effusion de Son Sang au travers de Ses cinq plaies, nous Vous le demandons, accordez-nous que nous méritions de recevoir dans le ciel le fruit du Sang très précieux de Celui dont sur la terre nous vénérons les Plaies qu’Il a reçues. Per Jésus-Christ…

Lectio Zachariae Prophetae (Zach. 12 & 13) :
Haec dicit Dominus : Efundam super Domum David, et super habitatores Jerusalem spiritum gratiae, et precum : et aspicient ad me, quem confixerunt : et plangent eum planctu quasi super unigenitum, et dolebunt super eum, ut doleri solet in morte primogeniti. In die illa magnus erit planctus in Jerusalem, et dicetur ei : Quid sunt plagae istae in medio manuum tuarum ? Et dicet : His plagatus sum in domo eorum, qui diligebant me.  Framea suscitare super pastorem meum, et super virum cohaerentem mihi, dicit Dominus exercituum : percute pastorem, et dispergentur oves ; ait Dominus omnipotens.

Voici ce que déclare le Seigneur : Je répandrai sur la Maison de David et sur les habitants de Jérusalem l’esprit de grâce et de prières ; et ils regarderont vers Moi, qu’ils ont transpercé ; et ils Le pleureront amèrement comme sur un fils unique, et ils seront dans la douleur à cause de Lui comme on a coutume de s’affliger sur la mort d’un premier-né. En ce jour-là il y aura une grande lamentation dans Jérusalem, et on Lui dira : Que sont ces plaies au milieu de Tes mains ? Et Il dira : J’ai été percé de ces plaies que J’ai reçues dans la maison de ceux qui M’aimaient. O épée à double tranchant, réveille-toi contre Mon pasteur, et contre l’homme qui se tient attaché à Moi, dit le Seigneur des armées : frappe le pasteur, et les brebis seront dispersées, dit le Seigneur tout puissant.

Graduale (Psalm. LXVIII) :
Improperium exspectavit cor meum, et miseriam : et sustinui, qui simul mecum contristaretur, et non fuit : consolantem me quaesivi, et non inveni.
V./ Dederunt in escam meam fel, et in siti mea potaverunt me aceto.

Mon cœur a attendu l’opprobre et la misère : et j’ai attendu avec constance quelqu’un qui prît part à ma tristesse, et nul ne l’a fait ; et quelqu’un qui me consolât, et je n’ai trouvé personne. V./ Pour nourriture ils m’ont donné du fiel, et dans ma soif ils m’ont abreuvé de vinaigre.

Tractus (Is. LIII) :
Vere languores nostros ipse tulit, et dolores nostros ipse portavit.
V./ Et nos putavimus eum quasi leprosum, et percussum a Deo, et humiliatum.
V./ Ipse autem vulneratus est propter iniquatates nostras, attritus est propter scelera nostra.
V./ Disciplina pacis nostrae super eum, et livore ejus sanati sumus.

Vraiment lui-même a porté nos langueurs, et lui-même a porté nos douleurs. V./ Et nous pensions qu’il était comme un lépreux, et frappé par Dieu, et humilié. V./ Or lui-même a été blessé à cause de nos iniquités, il a été écorché en raison de nos souillures. V./ Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris.

+ Sequentia Sancti Evangelii secundum Ioannem (Joan. XIX) :
In illo tempore : Sciens Jesus, quia omnia consummata sunt, ut consummaretur Scriptura, dixit : Sitio. Vas ergo erat positum aceto plenum. Illi autem spongiam plenam aceto, hyssopo circumponentes, obtulerunt ori ejus. Cum ergo accepisset Jesus acetum, dixit : Consummatum est. Et inclinato capite tradidit spiritum. Judaei ergo (quoniam Parasceve erat) ut non remanerent in cruce corpora sabbato, (erat enim magnus dies ille sabbati) rogaverunt Pilatum, ut frangerentur eorum crura, et tollerentur. Venerunt ergo milites ; et primi quidem fregerunt crura, et alterius qui crucifixus est cum eo. Ad Jesum autem cum venissent, ut viderunt eum jam mortuum, non fregerunt ejus crura, sed unus militum Lancea latus ejus aperuit, et continuo exivit sanguis et aqua. Et qui vidit, testimonium perhibuit : et verum est testimonium ejus.

En ce temps là, Jésus sachant que toutes choses étaient accomplies, afin que fussent accomplies les Ecritures, dit : J’ai soif. Or il y avait là un vase plein de vinaigre. C’est pourquoi les soldats entourant d’hysope une éponge pleine de vinaigre, la présentèrent à sa bouche. Lors donc que Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est consommé. Et ayant incliné la tête, il rendit l’esprit. Les Juifs donc (parce que c’était la Parascève) afin que les corps ne demeurassent point en croix le jour du sabbat, (car ce jour de sabbat était très solennel) demandèrent à Pilate qu’on leur rompît les jambes et qu’on les enlevât. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier puis du second qui avait été crucifié avec lui. Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, et qu’ils le virent déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes, mais un des soldats avec une lance lui ouvrit le côté, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et celui qui a vu en a rendu témoignage : et son témoignage est vrai.

Credo. 

Offertorium :
Insurrexerunt in me viri iniqui, absque misericordia quaesierunt me interficere ; et non pepercerunt in faciem meam spuere : lanceis suis vulneraverunt me, et concussa sunt omnia ossa mea.

Des hommes iniques se sont levés contre moi, sans miséricorde ils ont cherché à me tuer ; et ils ne se sont pas retenus de me cracher au visage : avec leurs lances ils m’ont blessé, et tous mes os ont été ébranlés.

Secreta :
Majestati tuae, quaesumus Domine, accepta sint dona, in quibus ipsa Unigeniti tui vulnera tibi offerimus, nostrae pretia libertatis. Per eumdem Dominum nostrum…

Nous Vous le demandons, Seigneur : que soient acceptés de Votre Majesté les dons dans lesquels nous Vous offrons les plaies elles-mêmes de Votre Fils unique qui sont le prix de notre délivrance. Par ce même Jésus-Christ Notre-Seigneur…

Prefatio de Cruce.

Communio :
Foderunt manus meas et pedes meos : dinumeraverunt omnia ossa mea.

Ils ont percé mes mains et mes pieds : ils comptèrent tous mes os.

Postcommunio :
Refecti vitalibus alimoniis, quaesumus Domine Deus noster : ut, qui vulnera Domini nostri Jesu Christi hodie devote colimus ; haec in nostris cordibus impressa, moribus, et vita teneamus. Per eumdem Dominum…

Rassasiés par les aliments de vie, nous Vous demandons, ô Seigneur notre Dieu, que nous, qui honorons aujourd’hui dévotement les plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous les ayons imprimées dans nos cœurs, nos mœurs et nos vies. Par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur…

Mont St-Odile Crucifixion d'après Herrade de Landsberg - hortus deliciarum

2023-41. Guérissez-moi, Seigneur !

Jeudi de la troisième semaine de Carême :
Mi-carême.

Guérison de la belle-mère de Pierre - Denys Calvaert -Eglise Saint-Jacques du Haut Pas - Paris

La guérison de la belle-mère de Pierre
[Denys Calvaert, dit Denis le Flamand (1540-1619), église Saint-Jacques du Haut Pas - Paris]

Guérissez-moi, Seigneur !

   Dans le passage évangélique qui est lu aujourd’hui dans le missel traditionnel (Luc IV, 38-44), nous voyons Notre-Seigneur opérer des guérisons : la belle-mère de Simon-Pierre tout d’abord ; mais aussitôt après on voit les gens de Capharnaüm accourir pour amener à Jésus tous les malades de la bourgade et des environs. « Et Jésus imposant les mains à chacun d’eux les guérit ».
De la même manière, on amène aussi des possédés en grand nombre dont Notre-Seigneur expulse les démons.

   Nous sommes terriblement habitués à ces récits de l’Evangile qui nous montrent Jésus guérissant les maladies, physiques, psychiques et spirituelles.
Cette habitude est véritablement terrible, parce que, à force d’entendre la lecture des péricopes évangéliques qui relatent ces guérisons, nous n’en percevons plus la nouveauté, la force, la pertinence.
Et surtout, nous ne voyons plus le lien qu’il pourrait y avoir avec nous-mêmes.
Nous les entendons lire avec un esprit habitué, saturé, blasé, comme s’il s’agissait d’une rubrique de faits divers dans un médiocre journal local !

   Il importe pourtant de se poser les bonnes questions :

- Suis-je véritablement convaincu que Jésus a opéré des guérisons miraculeuses et chassé des démons ?
- Et si je suis profondément convaincu de la réalité historique de ces miracles rapportés par l’Evangile, n’ai-je pas tendance à penser que ceci n’est valable que pour le passé, que pour le temps où Jésus était sur la terre ?
- Me suis-je déjà dit, avec une foi inébranlable, que Jésus qui a accompli des guérisons et chassé des démons, peut toujours le faire aujourd’hui en faveur de ceux qui le Lui demandent ?
- Me suis-je déjà présenté devant Jésus – qui est réellement et substantiellement présent dans le saint tabernacle avec Son Corps, Son Sang, Son âme et Sa divinité – pour Lui dire : « Seigneur, j’ai telle infirmité – physique ou spirituelle -, je suis accablé par telle tentation, tourmenté par tel esprit impur… : si Vous voulez Vous pouvez me guérir !» ?
- Qu’est-ce qui m’empêche d’agir de la sorte ?
- Notre-Seigneur Jésus-Christ manque-t-Il de puissance aujourd’hui ? N’est-ce pas plutôt moi qui manque de foi ?

   Dans l’Evangile il est précisé que, en certains endroits, Jésus ne put accomplir de miracles « en raison de leur manque de foi » (Matth. XIII, 58)…
En revanche, presque à chaque fois qu’Il accomplit un miracle, Il S’assure auparavant la foi de ceux qui le Lui demandent : « Crois-tu que Je le puisse faire ? » (Matth. IX, 28), « Qu’il advienne selon ta foi » (Matth. VIII, 13)…

   A chacun de nous, aujourd’hui, dans le fond du cœur, Notre-Seigneur peut dire comme à Sainte Marthe : « Ne vous ai-Je pas dit que, si vous croyiez, vous verriez la gloire de Dieu ? » (Jean XI,40).

   Eh bien, Seigneur… « je crois, mais venez en aide à mon manque de foi » (Luc IX, 24), pouvons-nous souvent répéter à notre tour, comme l’a fait le père de l’enfant possédé que Notre-Seigneur délivra de l’esprit mauvais après Sa Transfiguration.

Seigneur, je suis malade : je porte en moi telle infirmité, telle blessure, telle cicatrice mal refermée…
Seigneur, je sais, et je crois fermement que Vous pouvez me guérir !
Seigneur, je viens à Vous, comme les gens simples de Capharnaüm et je Vous implore : Guérissez-moi, Seigneur !
Seigneur, je sais et je crois fermement que Vous me pouvez guérir, voilà pourquoi, comme les sœurs de Lazare je vous fais dire, non par un messager, mais par l’intercession de Votre Sainte Mère, des anges et de mes saints protecteurs : « Seigneur, voilà que celui que Vous aimez est malade ! », car je suis sûr de Votre amour pour moi !

Guérissez-moi, Seigneur ! Je ne Vous le dirai pas une fois, deux fois, dix fois, mais je « ferai le siège » devant Vous, comme la syro-phénicienne (Marc VII, 24-30) et je Vous casserai les oreilles – car c’est bien ainsi que la réflexion des apôtres agacés (Matth. XV, 23) nous fait comprendre qu’elle agissait – jusqu’à ce que Vous m’ayez guéri !
Guérissez-moi, Seigneur ! Je dévoile devant Vous les plaies de mon âme, les blessures de mon esprit, les infirmités de mon cœur, pour que Vous imposiez sur elles Vos mains qui guérissent !
Guérissez-moi, Seigneur !
Kyrie, eleison !

   Seigneur Jésus, Fils de Dieu Sauveur, ayez pitié de moi, pécheur !

homme en prière - contrition

Du 16 au 24 mars : Neuvaine préparatoire à la fête de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie.

     Note liturgique : Il peut arriver, certaines années, que la fête de l’Annonciation ne soit pas célébrée à la date du 25 mars, en raison d’une occurrence avec un dimanche de Carême ou avec la Semaine Sainte. En ce cas, on déplacera aussi cette neuvaine, bien sûr, pour la pratiquer sur les neuf jours précédant la date où la fête est célébrée cette année-là.

Annonciation - Antoine Paillet - Musée des Augustins à Toulouse

Antoine Paillet (1626-1701) : Annonciation [peinte entre 1671 et 1692]
Collections du Musée des Augustins, à Toulouse

Monogramme Marie 2

       O Très Sainte Vierge Marie,
la plus pure et la plus humble de toutes les créatures,
choisie de toute éternité par le Père des miséricordes pour être la nouvelle Eve et la porte du salut pour l’humanité pécheresse,
merveilleusement préservée des suites de la faute de nos premiers parents,
en laquelle le Saint-Esprit a déposé la plénitude de Ses grâce et la surabondance de Ses dons,
pour faire de vous le vivant tabernacle de Son Verbe incarné !
J’exulte en contemplant toutes les grâces dont le Très Haut vous a comblée,
et je m’incline avec bonheur devant la Femme choisie entre toutes pour être la Mère du Rédempteur,
et notre Mère :
Ave, Maria !

   En répétant avec ferveur les paroles que Dieu Lui-même vous a adressées par l’ambassade de Son Archange,
je vous supplie de regarder avec une douce compassion celui qui, pauvre pécheur, se présente maintenant devant vous
et vous vient présenter sa prière :
Ave, Maria !

   En m’inclinant avec confiance devant la sainteté immaculée et resplendissante de votre âme,
devant laquelle les Puissances célestes se prosternent avec une admiration sans limite,
je vous conjure de ne pas repousser mes pauvres hommages et mes supplications :
Ave, Maria, gratia plena !

   Le Seigneur est avec vous :
le Père Eternel a fait de vous Sa Fille de prédilection,
le Saint-Esprit vous a épousée et fécondée,
et le Verbe divin S’est incarné dans votre sein virginal :
Ave, Maria : Dominus tecum !

   Parce que la Très Sainte Trinité a placé en vous toutes Ses délices,
et a fait de vous la plus digne et la plus sainte de toutes les vierges, de toutes les mères, de toutes les âmes rachetées,
et le canal de Ses miséricordes infinies,
je me présente à vous, pauvre et misérable pécheur,
pour avoir, par votre secourable et maternelle intercession, part au salut dont vous fûtes l’aurore bénie :
Ave, Maria : benedictus est fructus ventris tui, Jesus !

   Mère de miséricorde, Reine toute compatissante, Eve nouvelle, Mère de la Divine Grâce,
je viens à vous, gémissant sous le poids de l’héritage de la première Eve,
et sous le poids de tant de fautes personnelles accumulées ;
c’est justement pour cela que j’implore de vous compassion, intercession et protection,
et que je vous demande instamment de m’obtenir du Dieu Trois Fois Saint
la grâce d’une pleine et entière conversion à Son amour
et la fidélité à Ses commandements et préceptes,
pour ne plus désormais, à votre exemple, que Lui dire en tout et toujours : oui !

   Ave, Maria !
Ave, gratia plena !
Ave, in mulieribus benedicta !
En m’approchant de vous sur les pas de l’Archange,
et en reprenant les termes de sa salutation,
je vous prie d’être à jamais la médiatrice de mon salut :
Priez pour moi, pauvre pécheur, dès maintenant et jusqu’à l’heure de mon dernier soupir.

   Ainsi je l’espère, et ainsi je l’attends avec confiance de votre Cœur maternel :
Ave Maria !
Ainsi soit-il !

(Prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur)

Annonciation - Antoine Paillet - Musée des Augustins à Toulouse - détail

2023-40. De la Bienheureuse Eve de Saint-Martin.

14 mars,
Fête de Sainte Mathilde, impératrice, aïeule maternelle d’Hugues Capet ;
 A Liège, la Bienheureuse Eve de Saint-Martin, vierge de l’Ordre cistercien et recluse ;
Anniversaire de la sainte mort de Sa Majesté Impériale et Royale Zita de Bourbon-Parme (cf. > ici).

image néo-gothique représentant Sainte Eve de Saint-Martin

(image de style néogothique de la fin du XIXème ou du début du XXème siècle)

       Comme cela est signalé ci-dessus, la date du 14 mars est, dans l’ordo traditionnel du diocèse de Liège où elle est née et où elle a rendu sa belle âme à Dieu, le jour retenu pour célébrer la fête de la Bienheureuse Eve de Saint-Martin, dont on ne connaît pas la date exacte de la mort, date qui est choisie de préférence pour fêter les saints.
Cette date du 14 mars, où donc elle est fêtée, correspond probablement à l’un des jours où fut accomplie la reconnaissance de ses reliques ou leur translation.

   Nous avons déjà évoqué dans les pages de ce blogue la figure de la Bienheureuse Eve de Saint-Martin (cf. > ici), puisqu’elle fut une grande amie et un soutien indéfectible de Sainte Julienne du Mont-Cornillon : de ce fait, la Bienheureuse Eve de Saint-Martin se trouve étroitement mêlée à l’institution de la fête du Très Saint-Sacrement.

   Un de nos fidèles amis, aussi docte que pieux, ayant eu la bonne idée de publier une courte notice de présentation de la Bienheureuse Eve, et de l’accompagner de plusieurs photographies, nous lui avons demandé l’autorisation de les reproduire dans les pages de ce blogue, et il y a consenti avec générosité : qu’il trouve ici l’expression de notre très vive gratitude !   

Collégiale Saint-Martin de Liège (gravure de 1649)

La collégiale Saint-Martin de Liège représentée sur une gravure de 1649

       « Eve naquit vers 1190 à Liège. On connaît peu de choses des premières années de sa vie, si ce n’est qu’elle était proche des milieux béguinaux. Elle devint recluse près de la collégiale Saint-Martin sous la règle de Cîteaux. Sa vie fut désormais partagée entre la prière et la pénitence. De sa cellule, Eve pouvait suivre l’ensemble des cérémonies qui se célébraient dans la collégiale.

Entrée de la Bienheureuse Eve en réclusion

  « Très proche de sainte Julienne de Cornillon, elle partagea le désir de cette dernière de voir instituée dans l’Église une fête en l’honneur de la Sainte Eucharistie, suite aux visions de la lune barrée de Julienne. Eve appuya de toutes ses forces et de sa prière les démarches de Julienne auprès de l’évêque de Liège pour que soit reconnue la nouvelle solennité.

   « Eve assista probablement à la première célébration de la Fête-Dieu, à Liège, en la collégiale Saint-Martin, par le cardinal Hugues de Saint-Cher, légat pontifical, en 1252. Elle fut également en relation avec Jacques Pantaléon, archidiacre de Liège qui, en 1261, fut élu pape et prit le nom d’Urbain IV.
Le 8 septembre 1264, le Pontife envoya une lettre à Eve pour lui signaler l’institution de la Fête-Dieu pour l’Eglise universelle par la bulle Transiturus, cette missive de l’évêque de Rome était accompagnée d’une copie du nouvel Office liturgique de la solennité, rédigé par saint Thomas d’Aquin.

Statue de la Bienheureuse Eve avec le texte de la Bulle Transiturus - collégiale Saint-Martin de Liège

La Bienheureuse Eve de Saint-Martin, présentant la Bulle Transiturus
Statue visible dans la basilique-collégiale Saint-Martin à Liège
(courtoisie de Patrick M.)

  Eve rendit son âme à Dieu en l’année 1265 (ou 1266) à une date inconnue.
En 1542, Erard de la Marck, prince évêque de Liège, décida de reconstruire la collégiale Saint-Martin où l’on aménagea un autel dédié au Saint-Sacrement dans lequel furent placées les reliques de Eve. Il s’agit là d’une preuve du culte public dont bénéficiait la bienheureuse Eve, probablement dès le XVème siècle.
Le 3 juin 1622, les reliques de la bienheureuse vierge furent placées en un autre endroit. On procéda alors à un examen minutieux des précieux restes.
En 1896, on plaça les reliques dans une châsse, conservée en la collégiale Saint-Martin de Liège.
Le 22 avril 1902, le pape Léon XIII ratifiait un décret de la S. Congrégation des Rites reconnaissant définitivement et officiellement le culte de Eve et lui décernait le titre de “bienheureuse”.»

Patrick M.

Oraison propre de la Bienheureuse Eve - diocèse de Liège

Oraison de la Bienheureuse Eve au propre du diocèse de Liège
(courtoisie de Patrick M.)

Traduction :

       O Dieu, qui avez accordé à la Bienheureuse vierge Eve de s’appliquer à faire croître dans Votre Eglise le culte de la Très Sainte Eucharistie, accordez-nous, nous Vous le demandons, que nos cœurs méritent d’être enflammés de ce même amour pour ce mystère divin dont elle-même fut embrasée. Nous vous le demandons par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Ainsi soit-il !

2023-39. « Celui qui est uni à Dieu devient fort de Sa force. »

Troisième dimanche de Carême,
Evangile de l’expulsion du démon muet et enseignement de NSJC sur l’action des démons (Luc.XI, 14-28).

Gargouille 2

Présence de Dieu :

« Je viens à Vous, ô Jésus, pour chercher en Votre Force divine, l’appui de ma faiblesse, de mon infirmité… »

Méditation :

   1 – Dès le premier dimanche de Carême, l’Eglise nous a présenté Jésus en lutte avec le démon, mais tandis qu’elle nous Le montrait alors dans une humble position défensive devant les tentations du malin, elle nous Le fait voir, aujourd’hui, dans une attitude d’attaque et de victoire éclatante.
Voici un pauvre possédé, dit l’Evangile, qui « était muet ». Par un seul acte de Sa force divine, Jésus « chassa le démon, et lorsqu’il fut sorti, le muet parla et le peuple était dans l’admiration ».
Mais l’ennemi, comme pour se venger de la défaite, insinue dans l’esprit des pharisiens la honteuse calomnie : « C’est par le prince des démons qu’Il chasse les démons ». Jésus est accusé d’être un possédé et d’avoir reçu du Malin le pouvoir de délivrer le démoniaque. Mais le Seigneur veut démasquer à fond l’ennemi et avec une logique serrée, Il répond que Satan ne peut Lui donner un pareil pouvoir, puisque ce serait coopérer à la destruction de son royaume. Non, il ne peut en être ainsi : Jésus chasse les démons par « le doigt de Dieu », c’est-à-dire par la vertu divine.
Si Satan est fort et si ses satellites luttent avec lui pour régner sur l’homme, Jésus est plus fort que lui et le vaincra en lui arrachant sa proie. Il est venu précisément pour libérer l’humanité du pouvoir des ténèbres, détruire le royaume de Satan et instaurer celui de Dieu.
Si, de nos jours encore, Dieu permet que le démon travaille à entraîner dans le mal les individus et la société, Jésus, en mourant sur la Croix, a déjà versé la rançon de notre victoire. Ce trésor est à notre disposition : par la vertu et la grâce du Christ, tout chrétien a le pouvoir de vaincre n’importe quelle attaque de l’ennemi. Ne nous laissons donc pas déconcerter devant le triomphe du mal qui n’est que victoire apparente, puisque Jésus est le plus fort, l’unique et suprême vainqueur.

gargouille 1

   2 – Pour faire nôtre la victoire de Jésus sur le mal, notre collaboration est évidemment requise. Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus nous en indique divers aspects.
« Tout royaume divisé contre lui-même, se détruit » ; le Seigneur affirme ainsi que l’union est le secret de la victoire. Avant tout, union avec Lui, car sans Lui nous ne pouvons rien faire, mais ensuite, également, union avec le prochain. Si nous voulons travailler pour le triomphe du bien, collaborons avec nos Supérieurs et nos frères, pour ne former qu’un cœur et qu’une âme. Souvent, on pourrait agir avec beaucoup plus d’efficacité dans le domaine du bien si, renonçant à des vues personnelles, on travaillait en parfait accord. Il pourra même être nécessaire, quelquefois, de renoncer à des idées, des plans, des moyens meilleurs en eux-mêmes, mais ne nous laissons pas tromper : l’union est toujours préférable. La division ne mènera jamais à la victoire.
« Qui n’est pas avec Moi est contre Moi » ajoute Jésus. Le christianisme n’admet pas les indifférents. Celui qui ne se rallie pas résolument au Christ, qui ne travaille pas avec Lui pour l’avènement de Son règne, s’oppose à Lui, par le fait même, ainsi qu’à la diffusion du bien ; il est l’ennemi du Christ et partisan du mal. Omettre le bien qu’on pourrait et devrait faire, c’est déjà faire le mal et consentir à son développement.
La première condition de la victoire sur le mal est la collaboration active à l’œuvre du Christ, en union avec les frères. La seconde est la vigilance. Jésus nous avertit que l’ennemi du bien est aux aguets et que même après avoir quitté une âme, il est prêt à y retourner, plus fort qu’auparavant, « avec sept autres esprits plus méchants que lui », lorsqu’il la trouve vide et désarmée contre ses embûches. Le grand moyen pour empêcher l’accès du mal est de veiller dans la prière et remplir son cœur de Dieu, afin qu’il n’y ait plus de place pour l’ennemi. Et il n’y a plus aucune place lorsque l’âme est totalement unie à Dieu par l’acceptation et l’observance de sa parole, de sa volonté.
Jésus répond en effet, à la femme qui loue Sa Mère : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la gardent ». Certes, la Très Sainte Vierge Marie est bienheureuse d’avoir donné le jour au Rédempteur, mais elle l’est bien davantage encore de Lui être parfaitement unie dans l’observance de Sa parole.
Or, cette béatitude n’est pas réservée à Marie, elle est offerte à toute âme de bonne volonté, et constitue la plus grande garantie de la victoire sur le mal, car celui qui est uni à Dieu devient fort de Sa force.

ange en prière

Colloque :

   « Mes regards vont sans cesse vers Vous, ô Seigneur, car c’est Vous qui dégagez mes pieds du piège. Regardez-moi et prenez pitié de moi, car je suis isolé et pauvre. Gardez mon âme et délivrez-moi ; je ne rougirai pas, car j’ai placé mon refuge et ma confiance en Vous » (Ps. XXIV, 15-20).

   « O Trinité éternelle, ô très haute et éternelle Trinité, Vous dressez devant nous le Verbe doux et plein d’amour. O doux et amoureux Verbe, Fils de Dieu, de même que notre nature est faible et capable de tout mal, ainsi la Vôtre est forte et propre à tout bien, parce que Vous l’avez reçue de Votre Père éternel et tout puissant. Vous donc, ô doux Verbe, avez fortifié notre faible nature en Vous unissant à elle. Par cette union, notre nature est fortifiée, car la vertu de Votre Sang enlève notre faiblesse. Et nous sommes aussi fortifiés par Votre doctrine, puisque l’homme qui la suit en vérité, en s’en revêtant parfaitement, devient si fort et si capable de bien que la rebellion de la chair contre l’esprit s’éteint pour ainsi dire et qu’il est à même de vaincre tout mal. Vous donc, ô Verbe éternel, substituez à notre faiblesse la force de la nature divine que Vous avez reçue du Père ; et cette force, Vous nous l’avez donnée par Votre Sang et Votre doctrine.
O doux Sang, Vous fortifiez l’âme, Vous l’illuminez ; en Vous, elle devient angélique, Vous la couvrez tellement du feu de Votre charité qu’elle s’oublie entièrement elle-même et ne peut plus rien voir en dehors de Vous.
O doctrine de vérité, Vous donnez tant de force à l’âme revêtue de Vous-même qu’elle ne défaille jamais, ni sous le poids des adversités, ni sous celui des peines ou des tentations ; chaque lutte est couronnée d’une éclatante victoire. Misérable que je suis de ne Vous avoir point suivie, ô vraie doctrine ; voilà la raison pour laquelle ma faiblesse est telle que la moindre tribulation m’abat » (Sainte Catherine de Sienne).

ange montrant la croix

2023-38. Huitième pèlerinage de la Confrérie Royale, pour le Roi et la France, au Puy-en-Velay, du 18 au 20 mai 2023.

Blason de la Confrérie Royale

       Pour la huitième année consécutive, la Confrérie Royale organise son pèlerinage annuel au Puy-en-Velay, pèlerinage légitimiste pour le Roi et la France.
Selon les dates habituelles (qui avaient été bouleversées en 2020 et 2021 en raison des contraintes à prétention sanitaire), il se déroulera au cours du pont de l’Ascension, c’est-à-dire depuis l’après-midi du jeudi de l’Ascension 18 mai jusqu’au samedi 20 mai 2023 en début d’après-midi.

Bannière de la Confrérie Royale auprès de Notre-Dame du Puy

Rappel historique :

   La ville actuelle du Puy-en-Velay est le siège d’un pèlerinage qui est au nombre des plus anciens du Royaume de France, puisqu’il tire ses origines de deux apparitions de la Très Sainte Mère de Dieu (la première en l’an 45 et la seconde en l’an 225 [nota bene : nous donnons ici les dates traditionnelles authentifiées par les autorités ecclésiastiques compétentes avant les ravages du modernisme]). Depuis lors, la Très Sainte Vierge Marie n’a cessé de répandre ses grâces en ce lieu, sur la « pierre des fièvres », explicitement désignée par la Bienheureuse Vierge comme lieu des guérisons  – physiques et spirituelles – qu’elle veut accorder, et aux pieds de la « Vierge Noire », copie ancienne de celle qui avait été offerte par le Roi Saint Louis et qui fut – hélas ! – brûlée par les terroristes lors de la grande révolution.

   Tout au long des siècles, d’innombrables pèlerins, parmi lesquels un très grand nombre de nos Rois, des papes et des saints – eux aussi en grand nombre -, sont venus prier au Puy et y confier à la Très Sainte Vierge Marie leurs intentions personnelles et familiales aussi bien que celles du Royaume, sa paix et sa prospérité.
Le flux des pèlerins n’y cesse pas de nos jours, puisque Le Puy est l’un des plus remarquables points de départ (ou de passage) pour Saint Jacques de Compostelle, mais c’est encore lors des jubilés de Notre-Dame du Puy (qui sont célébrés les années où le Vendredi Saint coïncide avec le 25 mars, c’est-à-dire environ deux fois par siècle) que la foule des pèlerins est la plus importante.
Lors du jubilé de 1429, Sainte Jeanne d’Arc, partie rencontrer le Roi Charles VII à Chinon, députa sa mère et ses frères au Puy.

   Enfin, Le Puy n’est pas seulement une ville mariale : au culte de la Bienheureuse Vierge Marie, s’ajoutent ici ceux de l’archange Saint Michel (dont la chapelle au sommet du rocher d’Aiguilhe attire les pèlerins depuis plus de mille ans – voir > ici) et de Saint Joseph, à la basilique d’Espaly (voir > ici).

Notre-Dame du Puy - Vierge Noire - 12 mai 2018

L’actuelle statue de la Vierge Noire du Puy
présentée à la vénération des fidèles au-dessus du maître-autel de l’insigne basilique-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation :
c’est la plus ancienne copie de la statue offerte par le Roi Saint Louis, laquelle a malheureusement été brûlée à la révolution.

La Confrérie Royale au Puy-en-Velay :

   La Confrérie Royale a vu le jour le 25 août 2015, en la fête de Saint Louis de France : elle réunit en un mouvement de prières et de supplications des fidèles désireux de soutenir spirituellement le mouvement légitimiste, avec la conviction forte que la restauration royale, si attendue et si désirée, ne pourra s’accomplir que dans le cadre d’un retour général à la fidélité à ce que Saint Pie X appelait « le pacte de Reims ».
La prière pour le Roi légitime – actuellement Monseigneur le Prince Louis de Bourbon de jure Sa Majesté le Roi Louis XX – et pour la France est donc personnelle et quotidienne pour chacun des membres de la Confrérie Royale : elle se manifeste aussi de manière plus visible à l’occasion des pèlerinages qu’elle organise.
Ces pèlerinages ne sont d’ailleurs pas réservés aux seuls membres de la Confrérie, mais toute personne « de bonne volonté » y est volontiers accueillie.

   Le premier pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay, a eu lieu en juin 2016 à l’occasion du jubilé de Notre-Dame du Puy, organisé conjointement avec l’UCLF dont le président d’alors, feu Monsieur Pierre Bodin, insista aimablement ensuite pour que la Confrérie Royale prît en charge l’organisation d’un pèlerinage annuel pour le Roi et la France en ce lieu qui est lié de tant de manières à l’histoire du Royaume, et à ses Souverains.
Comme cela a été écrit ci-dessus, ce pèlerinage annuel se déroule lors du pont de l’Ascension : il commence le jeudi de l’Ascension en fin d’après-midi et s’achève le samedi après midi. Ainsi les personnes qui ont des obligations paroissiales peuvent-elles être présentes dans leur paroisse ou chapelle habituelle et le matin de l’Ascension et le dimanche après l’Ascension.
En sus des cérémonies liturgiques (messes quotidiennes et autres temps de prière : il s’agit avant tout d’un pèlerinage, pas d’un colloque ni d’un voyage touristique, soyons clairs !), le pèlerinage est néanmoins l’occasion d’enseignements historiques et spirituels (3 conférences) et de découvertes patrimoniales (Le Puy et ses environs sont riches d’un patrimoine exceptionnel).

Pèlerinage Légitimiste le Puy-en-Velay 4 juin 2016

Le premier pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay en juin 2016
avec l’Union des Cercles Légitimistes de France (UCLF)
dans le grand escalier de la basilique-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation.

Le pèlerinage 2023 :

   Cette année 2023 marque le 8ème centenaire de la mort de S.M. le Roi Philippe II Auguste (+ 14 juillet 1223). Le grand-père de Saint Louis vint lui-même en pèlerinage aux pieds de Notre-Dame du Puy en 1188 avant de partir en croisade. Les légitimistes du XXIème siècle se doivent de mieux connaître ce Roi dont le règne marqua une étape importante dans le rayonnement de la dynastie capétienne.

Aperçu du programme :
Jeudi 18 mai à partir de 15 h : accueil au lieu d’hébergement ; à 17 h 30 (pour ceux qui n’auraient pu y assister le matin) Messe lue de l’Ascension.
Vendredi 19 mai : Messe solennelle ; conférences : 1) « Philippe Auguste, un règne charnière » & 2) « Le patriotisme ne se confond pas avec le nationalisme » ; visites.
– Samedi 20 mai : Messe solennelle ; conférence : « Les mariages de Philippe Auguste » ; départs après le déjeuner.
Le programme détaillé ne sera communiqué qu’aux personnes inscrites.

   La Confrérie réserve des hébergements dans une structure  d’accueil, là encore, les renseignements ne sont communiqués que de façon individuelle aux personnes qui nous contactent directement.
Ceux qui le désirent peuvent aussi choisir de résider en hôtel : en ce cas, ils font eux-mêmes leurs réservations.

Une seule adresse électronique de contact : pelerinage.confrerie@gmail.com , ou bien un numéro de téléphone : 06 65 74 41 45 (laisser un message sur la boite vocale en indiquant distinctement votre nom et vos coordonnées téléphoniques pour pouvoir être rappelé).

Covoiturage & organisation des transports :
En principe, chacun vient au Puy par ses propres moyens. Il y a bien une gare SNCF au Puy, mais elle n’est pas très bien desservie…
Si des personnes qui n’ont pas d’automobile souhaitent venir, elles peuvent nous contacter de manière à ce que, si cela est possible, nous les mettions en contact avec d’autres pèlerins qui pourraient les prendre dans leur véhicule.
De même, si des personnes qui viennent en automobile disposent de places et accepteraient de transporter d’autres passagers, qu’elles nous le signalent sans retard.

Philippe Auguste au soir de Bouvines - détail du tableau d'Horace Vernet

Philippe Auguste au soir de la bataille de Bouvines
(détail du grand tableau d’Horace Vernet – 1827 – exposé dans la Galerie des Batailles au château de Versailles)

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