Samedi 21 mars 2020,
Fête de Saint Benoît de Nursie, abbé et confesseur, céleste protecteur de l’Europe ;
Samedi de la 3ème semaine de Carême ;
Commémoraison de Saint Nicolas de Flüe ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Sœur Marie-Marthe Chambon (cf. > ici).

Ce samedi 21 mars en début d’après-midi
le campanile du Mesnil-Marie se détache sur un ciel radieux…
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Dans la continuité du magnifique message de foi, d’espérance et de charité, mais aussi de lucidité humaine publié par notre Souverain bien-aimé dans la matinée du 19 mars (cf. > ici), je désire vous rejoindre par quelques mots amicaux.
Oh ! Pas pour vous parler du virus en lui-même ni pour spéculer sur le présent ou l’avenir…
Je peux lire en ce moment de multiples commentaires – et commentaires de commentaires -, parce que l’on m’envoie quantité de textes, de vidéos, d’articles relatifs aux circonstances inhabituelles dans lesquelles nous sommes plongés : je ne veux pas en rajouter ici !
Tout d’abord parce qu’il y a des domaines de compétence qui ne sont pas les miens et parce que je ne suis donc pas en mesure d’apporter un avis éclairé permettant de trancher entre les déclarations de tel médecin, de tel spécialiste, de tel chercheur ou de tel professeur. Je constate que tous ne sont pas du même avis sur l’origine réelle, les facteurs de développement, les modes de transmission et la dangerosité de ce fameux coronavirus, et surtout sur les solutions à apporter pour faire cesser cette épidémie. Certains se montrent très alarmistes, d’autres se veulent plus rassurants, et entre les deux on a droit à tous les camaïeux d’opinions… Qui croire ? à qui faire confiance ? En vérité, je n’ai ni les connaissances ni le recul nécessaires pour en juger !
Je n’ai, d’autre part, pas davantage d’avis autorisé sur le bien fondé du confinement et des mesures un peu coercitives imposées par un gouvernement, dont il est vrai que le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne brille ni par sa cohérence d’action, ni par sa capacité à anticiper les problèmes. Néanmoins, puisque confinement il y a, en l’occurrence il m’incombe de m’y conformer au mieux.
Cependant je ne veux céder ni à la panique ni à la paranoïa, dans lesquels certains semblent trouver une espèce de plaisir morbide, et je veux me garder du catastrophisme autant que d’un optimisme naïf.
Il faut garder la tête sur les épaules, les pieds sur la terre… et notre cœur près du Bon Dieu, dont la divine Providence, qui jamais ne se trompe en ses desseins, permet l’épreuve pour des raisons qui n’appartiennent qu’à Lui et dont Il n’a pas à nous rendre compte.
Ne me demandez donc pas – car je n’ai pas de révélations du Ciel à ce sujet – si ce que nous vivons est la réalisation de tel « secret » donné par la Très Sainte Mère de Dieu à l’occasion de telle apparition, ou si nous sommes proches de la fin du monde…

La sainte image de Notre-Dame du Perpétuel Secours
dans l’entrée du Mesnil-Marie
Ce dont il faut être certain, c’est que ce temps de confinement qui nous est imposé sera encore long et que nous connaîtrons selon toute vraisemblance quelques moments difficiles : sur ce point il ne faut pas se faire d’illusions.
Et alors qu’ici, après un hiver particulièrement clément, nous connaissons les jours d’un printemps précoce et radieux, je jouis des joies simples que procure la vie dans une nature retirée et relativement préservée, je pense avec une véritable compassion aux citadins enfermés dans des espaces restreints.
Je pense évidemment à toutes les victimes de cette peste moderne, aux souffrances de leurs proches, et à tous ceux qui se dévouent dans les hôpitaux…
Je pense surtout et plus que jamais à toutes ces âmes qui entrent dans leur éternité sans le secours des sacrements, sans aucune préparation spirituelle, sans contrition de leurs fautes, sans regret de leurs péchés, sans demande de pardon à Dieu, sans état de grâce… et de ce fait menacées de l’éternelle damnation.
En ces jours du carême, où nous méditons plus assidûment sur les souffrances salvatrices de Notre-Seigneur Jésus-Christ, je suis plus encore qu’à l’accoutumée saisi d’effroi et pénétré de douleur en pensant à ces âmes pour lesquelles l’effusion du Précieux Sang rédempteur aura été vaine ; et je pense avec non moins d’effroi et de douleur à tous ces prêtres et évêques qui, vivant avec la conviction hérétique selon laquelle pratiquement tous les hommes sont sauvés, ne sont pas tourmentés par l’obsession du salut des âmes !…
A moi, pauvre petit moine insignifiant au fond de mon ermitage vivarois, il incombe de prier, d’offrir des sacrifices, de jeûner et de supplier Notre-Seigneur pour que ceux qui vont mourir aient la grâce d’un moment de lucidité, la grâce de se convertir, la grâce de se repentir, la grâce de se tourner intérieurement vers Dieu avant qu’il ne soit trop tard….
Je me permets de vous recopier ici quelques lignes qu’a envoyées à ses ouailles, un excellent prêtre de mes amis : « Dans ce que nous vivons en ce moment, le plus important est de considérer les choses avec foi, avec un regard surnaturel, en n’oubliant jamais que le bien des âmes et leur Salut éternel dépassent infiniment les plus grands bien naturels dont fait partie la santé du corps. Ce qu’il faut craindre au dessus de tout ce n’est pas la mort de notre enveloppe corporelle, mais la mort de l’âme qu’est le péché grave ainsi que l’oubli de Dieu et de sa Loi sainte. »

Statue et relique de Saint Roch exposées dans l’oratoire du Mesnil-Marie
en ces jours d’épidémie :
J’invoque quotidiennement Saint Roch pour qu’il protège tout particulièrement nos amis fidèles !
Il faut ici préciser quelques points à l’intention de ceux qui se désolent de ne pouvoir se rendre à l’église et de ne pouvoir assister à la Sainte Messe, puisque, en raison des mesures prises par le pouvoir civil et les autorités religieuses, l’assistance à la Messe est devenue quasi impossible pour beaucoup de fidèles.
Rappelons donc qu’il faut distinguer :
- le commandement de Dieu, qui est général (« Tu sanctifieras le jour du Seigneur »),
- et le commandement de l’Église qui vient préciser le commandement de Dieu en imposant l’assistance au Saint Sacrifice de la Messe.
En temps normal, l’observance du commandement de Dieu et du commandement de l’Eglise s’imposent, sous peine de faute grave, à tout baptisé ayant atteint l’âge de raison.
Cependant, l’Eglise a aussi toujours enseigné que certaines circonstances peuvent dispenser du commandement de l’assistance à la messe, sans que cela dispense du commandement de Dieu.
Quand l’assistance à la messe est impossible, ainsi que c’est le cas en ces jours d’épidémie, il faut sanctifier le dimanche autrement, en donnant du temps à la prière et à l’instruction chrétienne : c’est-à-dire qu’il faut prendre au moins le temps équivalent à celui de l’assistance à une Messe basse dominicale (qui comprend, normalement, un sermon) pour prier et approfondir sa connaissance de la doctrine du salut.
Pour cela, on prendra son missel : on y lira avec attention les textes de la Messe du jour en s’unissant aux Messes qui sont célébrées en ce moment à travers le monde ; on pourra aussi se « déplacer » par la pensée dans une église auprès du Saint Tabernacle où Notre-Seigneur réside pour L’adorer et pour faire la communion spirituelle ; on relira quelque passage du catéchisme ou quelque texte des Pères de l’Eglise ou des saints papes expliquant la doctrine catholique… etc.
Bien évidemment, on a tout avantage aussi à réciter quotidiennement son chapelet, si possible en famille.
Et puisque le temps du confinement laisse à quelques uns davantage de « temps libre », qu’ils en profitent pour s’adonner chaque jour à de saintes lectures, à l’oraison, à la méditation de la Passion, et à prier plus assidûment pour les malades, les pauvres pécheurs à l’agonie, le personnel soignant, les prêtres qui peuvent encore aller exercer leur ministère de salut auprès des malades au péril de leur vie (il y en a tout de même quelques uns).
Compte-tenu des circonstances particulières dans lesquelles nous nous trouvons plongés, on fera aussi de ferventes prières pour demander à Dieu la cessation de l’épidémie, par la médiation de Sa Très Sainte Mère et des saints, nos grands et puissants intercesseurs (Saint Roch et Saint Sébastien tout particulièrement dont les siècles de foi nous ont montré leur « efficacité » en pareilles occurrences).

Veilleuse devant les saintes reliques conservées dans l’oratoire du Mesnil-Marie
Des diocèses, des paroisses, des instituts (et en particulier beaucoup d’instituts traditionnels ou de prêtres responsables de chapellenies pour la Sainte Messe latine traditionnelle) ont mis en place des diffusions d’offices, de prédications et de Messes par le moyen d’internet.
Malgré la privation de la communion sacramentelle, il ne faut pas négliger ces propositions qui peuvent être une aide puissante pour maintenir vie spirituelle et ferveur…
Ces moyens modernes de communication, ne sont pas uniquement des sources de distractions et de péchés, mais ils se révèlent également des instruments au service du maintien d’une forme de Chrétienté, à l’heure où la visibilité de celle-ci s’estompe.
Pour terminer, en guise de message d’amitié et d’espérance, permettez-moi de vous offrir ces quelques jonquilles du Mesnil-Marie : leur couleur éclatante n’est-elle pas là pour nous rappeler qu’après l’hiver le printemps revient toujours, qu’après l’épreuve il y a la consolation, et qu’après les ténèbres du Vendredi Saint il y aura toujours la douce clarté du matin de Pâques ?
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Jonquilles du Mesnil-Marie ce 21 mars 2020