2025-49. « Je me glorifierai dans mes infirmités, afin qu’habite en moi la force du Christ ».
25 février 2025,
Mardi après le dimanche de la Septuagésime ;
« 25 du mois » : dans la Confrérie Royale, journée spéciale de prières et d’offrandes à l’intention de Sa Majesté le Roi.
Note :
Les membres de la Confrérie Royale s’engagent à sanctifier d’une manière particulière le 25 de chaque mois de la manière suivante, en sus des 3 angélus quotidiens qu’ils offrent habituellement en y ajoutant l’oraison pour le Roi extraite du Missel romain. Chaque 25 du mois donc, ils redoublent de prières, et offrent avec encore davantage de ferveur qu’à l’accoutumée les exercices de leur devoir d’état ainsi que les peines et les joies de ce jour ; ils travaillent plus méticuleusement à leur sanctification ; et, lorsque cela leur est possible, ils assistent à la Sainte Messe et offrent la sainte communion à l’intention du Roi ; ou bien encore, ils accomplissent quelque petit pèlerinage ou acte de dévotion supplémentaire, offerts à l’intention de Sa Majesté et du Royaume des Lys.
La lettre mensuelle, envoyée à tous les membres ainsi qu’aux amis qui ont manifesté le désir de la recevoir, à l’occasion de ce 25 de chaque mois, est écrite par les prêtres, religieux ou clercs membres de la Confrérie Royale. Le but de cette lettre est de raviver la ferveur et la détermination des membres, en leur proposant des réflexions et des approfondissements, qui sont toujours nécessaires.
« Je me glorifierai dans mes infirmités,
afin qu’habite en moi la force du Christ ».
Chers Membres et Amis de la Confrérie Royale,
La longue et néanmoins sublime épître du dimanche dans la Sexagésime (2 Cor. XI, 19-33 ; XII, 1-9) s’achève par ces paroles si consolantes que nous pouvons, tous, faire nôtres : « Bien volontiers, donc, je me glorifierai dans mes infirmités, afin qu’habite en moi la force du Christ ».
Tous, à quelque âge que nous soyons, à quelque degré de vie spirituelle ou d’oraison que nous nous trouvions, à quelque échelon de l’échelle de la vertu que nous nous soyons hissés, tous – oui absolument tous ! -, nous sommes des êtres de faiblesses et d’infirmités.
Bien pis : nous sommes de pauvres pécheurs !
La considération de nos péchés, de nos infirmités et de nos faiblesses ne saurait cependant être un motif d’amertume et de tristesse ; du moins pas à la manière humaine, pas selon les critères de l’estime mondaine.
Nous pouvons être « tristes » d’avoir offensé Dieu, notre Créateur et notre Sauveur, « tristes » de L’avoir offensé, « tristes » d’avoir fait de la peine à Son Cœur très aimant, mais cette tristesse-là doit s’exprimer en repentir et en contrition, lesquels se doivent aussitôt muer en volonté de rebondir, en détermination de réparation et en reprise de notre marche sur le chemin caillouteux, étroit et escarpé, qui nous conduit vers les sommets. Cette tristesse-là doit se métamorphoser en une démarche de confiance et d’humilité – d’humble confiance et de confiante humilité – pour nous précipiter vers Dieu et en recevoir, avec gratitude et joie, des flots de pardon miséricordieux.
Ce ne doit, en aucune manière, être une tristesse tournée vers soi-même et alimentée par la rancœur de paraître à nos propres yeux si loin de l’image idéalisée que nous nous faisons de nous-mêmes. Cette tristesse-là est une forme plus ou moins subtile de l’amour-propre et de l’orgueil : elle n’est que du dépit, du ressentiment.
Celui qui est dans la tristesse amère à cause de ses échecs et de ses fautes ne peut vraiment comprendre ce que Saint Paul écrit, dans une véritable exultation spirituelle, à la conclusion de cette extraordinaire épître de la Sexagésime ; il ne peut se glorifier de ses infirmités afin que la force du Christ habite en lui ; il ne peut entendre avec les oreilles de l’âme le sens si profond et si exaltant de la parole entendue par l’Apôtre des Gentils : « Ma grâce te suffit, car Ma puissance est amenée à sa perfection dans (ton) infirmité » !
Celui qui est véritablement humble et spirituel ne s’étonne pas d’être tombé, à la vérité, et donc il ne peut éprouver ce dépit amer qui est alimenté par l’orgueil : il s’étonne plutôt de ne pas être tombé plus souvent et plus bas.
Et quand il se tourne vers Dieu il est plutôt dans la disposition d’esprit de Saint Philippe Néri qui disait à Dieu : « Méfiez-Vous de moi, Seigneur, car je pourrais bien Vous trahir », plutôt que de celle qui consiste à penser avec une folle inconscience : « Cœur Sacré de Jésus, ayez confiance en moi ! »
Pour moi, Seigneur, je veux avoir de plus en plus la conscience vive et concrète, chaque jour et à chaque instant du jour, que Vous m’avez mis au monde pour que Votre puissance se déploie pleinement et démontre toute l’infinie perfection de Sa miséricorde rédemptrice et sanctificatrice dans ma faiblesse et mes infirmités !
Pour moi, Seigneur, je veux avoir de plus en plus la conscience vive et concrète que n’ayant, par moi-même, ni force ni vertu ni perfection ni sainteté, mon inanité et ma faiblesse appelleront irrésistiblement le déploiement de Votre puissance.
A quelques jours du grand et saint carême, je veux avec une conscience toujours plus vive et plus concrète, me présenter devant Vous pour Vous exposer mes infirmités et ma faiblesse, et Vous dire, éperdu de confiance et d’amour : Puisque je ne suis par moi-même, ô mon divin Sauveur, que vide de vertus, je place mon âme béante sous le flot miséricordieux qui s’écoule de Votre divin Cœur, afin qu’elle en soit remplie !
Puisque je n’ai point de force, Vous me remplirez de la Vôtre !
Puisque je n’ai point de vertu, Vous me comblerez des Vôtres !
Puisque je manque de tout, Vous serez Vous-même le tout qui vient combler mon vide et me remplir de Votre plénitude !
Votre grâce toute puissante se fera mienne en se déversant en moi, et Votre puissance démontrera à tous les regards sa perfection en se déployant dans mon infirmité !
C’est dans ces dispositions que je veux sérieusement me préparer à ce grand chemin de conversion et d’amour, de générosité et de ferveur, que Votre Sainte Eglise m’appelle à parcourir, en entrant en carême, avec une joie intérieure renouvelée, avec une confiance renouvelée, avec un enthousiasme spirituel renouvelé… et ce faisant être Votre instrument pour que, conformément à ce que je Vous ai promis dans mes divers engagements, Vos grâces surabondent sur la Sainte Eglise, sur la France et sur « le Fils de Votre droite », notre Souverain, Votre lieu-tenant au Royaume des Lys !
Ainsi soit-il !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
prieur.
