Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2013-82. « Il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais d’offrande de pure créature, plus grande et plus parfaite que celle que Marie fit à Dieu à l’âge de trois ans… »

Saint Alphonse de Ligori :

« De la Présentation de Marie »
(in « Les Gloires de Marie »  - 2e partie : Les Vertus de Marie)
extraits

La Présentation de Marie (église Saint-Martin, Vals-les-Bains)

La Présentation de Marie (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

(…) Il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais d’offrande de pure créature, plus grande et plus parfaite que celle que Marie fit à Dieu à l’âge de trois ans, lorsqu’elle se présenta au temple pour offrir, non des aromates, des animaux, des talents d’or, mais toute sa personne en parfait holocauste, se consacrant comme une victime perpétuelle en Son honneur. Elle entendit la voix de Dieu qui dès lors l’invitait à se dévouer toute à Son amour (Cant. II), elle vola donc vers son Seigneur, oubliant sa patrie, ses parents, tout en un mot, pour ne s’attacher qu’à L’aimer et à Lui complaire (Ps. XLIV). Sur le champ, elle obéit à la voix divine.
Considérons donc combien fut agréable à Dieu cette offrande que Marie lui fit d’elle-même, puisqu’elle s’offrit à Lui promptement et entièrement (…).

Premier point : Marie s’offrit promptement à Dieu.

(…) Dès le premier moment où cette céleste enfant fut sanctifiée dans le sein de sa mère, et ce fut le premier de son immaculée conception, elle reçut le parfait usage de la raison, pour pouvoir commencer dès lors à mériter, suivant l’opinion commune des docteurs (…). Si ce privilège a été accordé aux anges et à Adam, comme le dit le docteur angélique, il faut admettre à bien plus forte raison qu’il a été accordé à la divine Mère ; car, Dieu ayant daigné la choisir pour Sa Mère, on doit supposer certainement qu’Il lui a conféré de plus grands dons qu’à toutes les autres créatures. En sa qualité de Mère, dit Suarez, elle a en quelque sorte un droit particulier à tous les dons de son Fils. Comme, à raison de l’union hypostatique, Jésus dut avoir la plénitude de toutes les grâces, il convint aussi, à raison de la divine maternité de Marie, que Jésus, en retour de l’obligation naturelle qu’Il lui avait, lui conférât des grâces plus grandes que celles qui étaient accordées à tous les anges et aux autres saints.

C’est pourquoi, dès le premier instant de sa vie, Marie connut Dieu, et Le connut si bien, qu’aucune langue, dit l’ange à sainte Brigitte, ne saurait expliquer combien l’intelligence de la sainte Vierge réussit à pénétrer Dieu dès le premier moment qu’elle Le connut. Et dès lors aussi, éclairée des premiers rayons de la divine lumière, elle s’offrit toute entière au Seigneur, se dévouant sans réserve à Son amour et à Sa gloire, comme l’ange continua à le dire à sainte Brigitte : Aussitôt notre Reine se détermina à sacrifier à Dieu sa volonté avec tout son amour pour le temps de sa vie. Et nul ne peut comprendre combien sa volonté se soumit alors à embrasser toutes les choses qui plaisaient au Seigneur.

Mais cette enfant immaculée, apprenant ensuite que ses parents, saint Joachim et sainte Anne, avaient promis à Dieu, même avec voeu, que, s’Il leur accordait un rejeton, ils le consacreraient à Son service dans le temple, et les Juifs ayant l’antique coutume de placer leurs filles dans des cellules, autour de cet édifice, pour y être élevées, comme le rapportent Baronius, Nicéphore, Cedranus et Suarez, d’après l’historien Josèphe et le témoignage de saint Jean Damascène, de saint Grégoire de Nicomédie, de saint Anselme, de saint Ambroise ; et comme cela est d’ailleurs établi clairement par un passage du livre 2e des Macchabées (III, 20), relatif à Héliodore, qui voulut pénétrer dans le temple pour s’emparer du trésor ; Marie apprenant cela, dirons-nous, lorsqu’elle avait à peine trois ans, ainsi que l’attestent saint Germain et saint Epiphane, c’est-à-dire à l’âge où les jeunes filles ont un plus grand désir et un plus grand besoin de l’assistance de leurs parents, voulut être solennellement offerte et consacrée à Dieu, en se présentant dans le temple ; aussi fut-elle la première à prier ses parents avec instance de l’y conduire pour accomplir leur voeu. Et sa sainte Mère, dit saint Grégoire de Nysse, s’empressa de le faire.
Saint Joachim et sainte Anne, sacrifiant généreusement à Dieu ce que leur coeur chérissait le plus sur la terre, partirent de Nazareth, portant tour à tour dans leurs bras leur fille bien-aimée, car elle n’aurait pu franchir à pied la longue distance de 80 milles qui sépare Nazareth de Jérusalem. Ils voyageaient accompagnés d’un petit nombre de parents ; mais des légions d’anges, dit saint Grégoire de Nicomédie, formaient leur cortège, et servaient durant ce voyage la Vierge immaculée qui allait se consacrer à la majesté divine.
Oh ! qu’ils sont beaux, devaient alors chanter les anges, qu’ils sont agréables à Dieu, les pas que vous faites pour aller vous offrir à Lui, ô Fille bien-aimée de notre commun Seigneur (Cant. VII, 1).

La Vierge enfant, Sainte Anne et Saint Joachim, à la Présentation (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

La Vierge enfant, Sainte Anne et Saint Joachim, à la Présentation (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Dieu, dit saint Bernardin, fit en ce jour une grande fête avec toute la cour céleste, en voyant conduire Son Épouse au temple, car Il ne vit jamais de créature plus sainte et plus aimable s’offrir à Lui. Allez donc, s’écrie saint Germain, archevêque de Constantinople, allez, ô Reine du monde, ô Mère de Dieu, allez avec joie à la maison du Seigneur, attendre la venue du divin Esprit qui vous rendra Mère du Verbe éternel !

Lorsque cette sainte société arriva au temple, l’aimable enfant se tourna vers ses parents, s’agenouilla en baisant leurs mains, et leur demanda leur bénédiction ; puis, sans jeter aucun regard en arrière, elle franchit les quinze marches du temple (comme le rapporte Arias Montanus d’après Josèphe), et se présenta au prêtre saint Zacharie, dit saint Germain. Renonçant alors au monde, renonçant à tous les biens qu’il promet à ses serviteurs, elle s’offrit et se consacra à son Créateur.

Au temps du déluge, le corbeau, envoyé par Noé hors de l’arche, s’y arrêta pour se repaître de cadavres ; mais la colombe, sans même poser le pied, retourna aussitôt a l’arche. Bien des hommes envoyés par Dieu en ce monde s’y arrêtent aussi malheureusement à se nourrir des biens terrestres. Il n’en fut pas de même de Marie, notre céleste colombe ; elle connut que Dieu doit être notre unique bien, notre unique espérance, notre unique amour ; elle connut que le monde est plein de périls, et que plus tôt on le quitte, plus tôt on est délivré de ses pièges ; aussi voulut-elle le fuir dès sa plus tendre enfance, et alla-t-elle s’enfermer dans la sainte retraite du temple, pour y mieux entendre la voix du Seigneur, pour L’honorer et L’aimer davantage. Ainsi la sainte Vierge, des ses premières actions, se rendit chère et agréable à son Dieu, comme l’Église le lui fait dire. C’est pourquoi on la compare à la lune ; car, de même que la lune achève son cours plus vite que les autres planètes, de même Marie atteignit la perfection plus vite que tous les saints, en se donnant à Dieu promptement, sans délai, et entièrement sans réserve (…).

Le prêtre Zacharie accueillant la Vierge enfant (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Le prêtre Zacharie accueillant la Vierge enfant (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Deuxième point : Marie s’offrit à Dieu sans réserve.

Eclairée d’en haut, cette enfant savait bien que Dieu n’accepte pas un coeur divisé, mais qu’Il veut qu’on le consacre tout entier à Son amour, suivant le précepte qu’Il en a donné. Aussi, dès le premier instant de sa vie, commença-t-elle à aimer Dieu de toutes ses forces, et se donna-t-elle à Lui toute entière. Mais son âme très sainte soupirait avec ardeur après le moment de se consacrer tout à fait à Lui en effet, et d’une manière publique et solennelle.
Considérons donc avec quelle ferveur cette Vierge aimante, se voyant enfermée dans le saint lieu, se prosterna pour en baiser le parvis, comme celui de la maison du Seigneur, puis elle adora Son infinie majesté, et Le remercia d’avoir daigné l’admettre à habiter pendant quelque temps Sa maison ; ensuite elle s’offrit toute entière à son Dieu, sans réserve d’aucune chose, Lui offrant toutes ses facultés et tous ses sens, tout son esprit et tout son coeur, toute son âme et tout son corps ; car ce fut alors, comme on le croit, que pour plaire à Dieu elle fit le voeu de virginité, voeu que Marie forma la première, suivant l’abbé Rupert. Et elle s’offrit, sans limitation du temps, comme l’affirme Bernardin de Busto. Car elle avait alors l’intention de se dévouer à servir la divine majesté dans le temple, durant toute sa vie, si Dieu l’avait ainsi voulu, et sans jamais sortir du lieu saint. Oh ! avec quel amour dut-elle s’écrier alors : « Mon Seigneur et mon Dieu, je ne suis venue que pour Vous plaire et pour Vous rendre tout l’honneur que je puis ; je ne veux vivre et mourir que pour Vous, si Vous l’agréez ; acceptez le sacrifice que Vous fait votre pauvre servante, et aidez-moi à Vous être fidèle ».

Considérons combien fut sainte la vie de Marie dans le temple ; en l’y voyant croître en perfection, comme l’aurore en lumière, qui pourrait expliquer comment resplendissaient en elle, et plus belles de jour en jour, toutes les vertus, la charité, la modestie, l’humilité, le silence, la mortification, la mansuétude ?
Planté dans la maison de Dieu, ce bel olivier, dit saint Jean Damascène, arrosé par l’Esprit saint, devint le séjour de toutes les vertus. Le même saint dit ailleurs : Le visage de la Vierge était modeste, son esprit humble, et ses paroles, expression d’une âme recueillie, étaient douces et pleines de charmes ; il ajoute autre part : La Vierge éloignait la pensée de toutes les choses terrestres, pour embrasser toutes les vertus ; s’occupant ainsi de la perfection, elle y fit en peu de temps de si grands progrès qu’elle mérita de devenir le temple de Dieu.

Saint Anselme, traitant de la vie de la sainte Vierge dans le temple, dit que Marie était docile, parlait peu, demeurait recueillie, sans rire ni se troubler jamais. Elle persévérait dans l’oraison, dans la lecture des livres saints, dans le jeûne et dans toutes les pratiques de vertu. Saint Jérôme entre dans de plus grands détails : Marie réglait ainsi sa journée : depuis le matin jusqu’a tierce, elle restait en oraison ; de tierce jusqu’à none, elle s’occupait de quelque travail ; à none reprenait l’oraison jusqu’à ce que l’ange lui apportât sa nourriture comme de coutume. Elle était la première dans les veilles, la plus exacte à accomplir la loi divine, la plus profonde en humilité, la plus parfaite dans chaque vertu. On ne la vit jamais en colère : toutes ses paroles respiraient tant de douceur qu’on reconnaissait l’Esprit de Dieu à son langage.

La Vierge enfant dans son oblation totale (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

La Vierge enfant dans son oblation totale (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

La divine Mère révéla elle-même à sainte Elisabeth, vierge de l’ordre de saint Benoît, que, lorsque ses parents l’eurent laissée dans le temple, elle résolut de n’avoir que Dieu pour père, et elle songeait à ce qu’elle pouvait faire pour Lui être agréable. Elle se détermina à Lui consacrer sa virginité, et à ne posséder quoi que ce fut au monde, soumettant toute sa volonté au Seigneur. Entre tous les préceptes, elle se proposait surtout d’observer celui de l’amour de Dieu ; elle allait, au milieu de la nuit, prier le Seigneur, à l’autel du temple, de lui accorder la grâce de pratiquer Ses commandements, et de lui faire voir en ce monde la Mère du Rédempteur, Le suppliant de lui conserver les yeux pour la contempler, la langue pour la louer, les mains et les pieds pour la servir, et les genoux pour adorer dans son sein son divin Fils.
Sainte Elisabeth, à ces mots de Marie, lui dit : « Mais, ô ma Souveraine, n’étiez-vous pas pleine de grâce et de vertu ? » Et Marie répondit : « Sachez que je me regardais comme la plus vile des créatures, et comme indigne de la grâce de Dieu ; c’est pourquoi je demandais ainsi la grâce et la vertu ». Enfin, pour nous convaincre de la nécessité absolue où nous sommes tous de demander à Dieu les grâces dont nous avons besoin, Marie ajouta : « Pensez-vous que j’aie obtenu la grâce et la vertu sans peine ? Sachez que je n’ai reçu de Dieu aucune grâce sans une grande peine, sans de continuelles oraisons, des désirs ardents, et beaucoup de larmes et de pénitences ».

Mais on doit s’attacher surtout aux révélations faite à sainte Brigitte, touchant les vertus et les exercices pratiques par la sainte Vierge dans son enfance.
Dès son bas âge, y est-il dit, Marie fut remplie de l’Esprit saint, et à mesure qu’elle croissait en années, elle croissait aussi en grâce. Des lors, elle résolut d’aimer Dieu de tout son coeur, de manière à ne L’offenser ni par ses paroles, ni par ses actions, aussi méprisait-elle tous les biens de la terre. Elle donnait aux pauvres tout ce qu’elle pouvait. Elle était si sobre qu’elle ne prenait que la nourriture absolument nécessaire pour soutenir son corps. Ayant appris, dans l’Ecriture Sainte, que Dieu devait naître d’une vierge afin de racheter le monde, elle s’enflamma tellement du divin amour, qu’elle ne désirait que Dieu et ne pensait qu’à Lui, ne se plaisant que dans le Seigneur, elle fuyait la conversation même de ses parents, pour n’être point détournée du souvenir de Dieu. Enfin, elle souhaitait de se trouver au temps de la venue du Messie, afin d’être la servante de l’heureuse Vierge qui aurait mérite de devenir Sa Mère. Voila ce que contiennent les révélations faites à sainte Brigitte (Livres 1 et 3).

Visage et mains de la Vierge enfant dans son offrande (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Visage et mains de la Vierge enfant dans son offrande (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Ah! c’est pour l’amour de cette sublime enfant que le Rédempteur hâta sa venue au monde ; tandis que, dans son humilité, elle ne se croyait pas digne d’être la servante de la divine Mère, elle fut choisie pour la devenir elle-même ; par l’odeur de ses vertus, par la puissance de ses prières, elle attira dans son sein virginal le Fils de Dieu. Voila pourquoi Marie a reçu du divin Époux le nom de tourterelle (Cant. II, 12), non seulement parce qu’à l’exemple de la tourterelle elle aimait la solitude, vivant en ce monde comme dans un désert, mais parce que, comme la tourterelle fait retentir les campagnes de ses gémissements, ainsi Marie gémissait dans le temple, en compatissant aux misères du monde perdu et en demandant à Dieu notre commune Rédemption. Oh! avec quel amour, avec quelle ferveur, elle répétait à Dieu dans ce temps les supplications et les soupirs des prophètes, pour qu’il envoyât le Rédempteur (Isaïe XVI, 1 ; XLV, 8).

Enfin Dieu se plaisait à voir cette Vierge s’élever de plus en plus vers le sommet de la perfection, semblable à une colonne de parfums, qui exhalait les odeurs de toutes les vertus, comme l’Esprit saint le dit dans les cantiques (Cant. III, 6). En vérité, déclare saint Sophrone, cette enfant était le jardin de délices du Seigneur, parce qu’Il y trouvait toutes les sortes de fleurs, et toutes les odeurs de vertus. Aussi saint Jean Chrysostome affirme-t-il que Dieu choisit Marie pour Sa Mère sur la terre, parce qu’Il n’y trouva point de Vierge plus sainte et plus parfaite, ni de lieu plus digne de Sa demeure, que son sein très sacré, parole confirmée par saint Bernard ; et saint Antonin assure que la Bienheureuse Vierge, pour être élue et destinée à la dignité de Mère de Dieu, dut posséder une perfection si grande et si consommée qu’elle surpassât en perfection toutes les autres créatures.

Comme cette sainte enfant se présenta et s’offrit à Dieu dans le temple promptement et sans réserve, ainsi présentons-nous en ce jour à Marie entièrement et sans délai, et prions-la de nous offrir à Dieu, qui ne nous repoussera pas, en nous voyant présentés par la main de celle qui fut le temple vivant du Saint-Esprit, les délices du Seigneur, et la Mère destinée au Verbe éternel. Mettons tout notre espoir en cette sublime et excellente souveraine, qui récompense avec tant d’amour les honneurs que lui rendent ses serviteurs.

Les lys, symboles de la perpétuelle virginité vouée par Marie à sa Présentation (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Les lys, symboles de la perpétuelle virginité vouée par Marie à sa Présentation (église Saint-Martin de Vals-les-Bains)

Sur la Présentation de la Bse Vierge Marie au Temple voir aussi :
- l’hymne liturgique du propre parisien > www
- la méditation de Monsieur Olier > www
- le sermon de St François de Sales > www

2013-80. Des trois états de l’unique Eglise.

Novembre.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

     On ne dit jamais assez à quel point il est important de prier pour les défunts : ceux de notre famille, de notre parentèle, ceux de nos amis ou de nos bienfaiteurs qui nous ont quitté.
Pendant le mois de novembre très spécialement l’Eglise nous encourage d’une manière encore plus instante à prier pour les défunts ; et elle nous y stimule par l’octroi de précieuses indulgences (cf. > ici).

   Faut-il préciser que nos prières pour les défunts sont à l’intention des âmes qui attendent, depuis le moment où elles ont quitté leur corps, leur entrée au Ciel ? Faut-il préciser que ce sont des âmes qui étaient en état de grâce au moment où elles ont été séparées de leur corps ?
Pour un catholique qui connaît son catéchise cela va de soi, mais en nos temps de confusion et d’édulcoration de la doctrine, il n’est peut-être pas superflu de le redire.

   Les âmes de ceux qui n’étaient pas en état de grâce au moment de leur mort, ne peuvent pas entrer au Ciel : elles vont en enfer ! Nous ne pouvons pas prier pour elles ; nous ne pouvons pas les aider par des prières, par l’obtention d’indulgences ou par l’offrande de messes à entrer au Ciel. Leur sort est scellé.

   Evidemment, nous ne savons pas ici-bas quelles sont les âmes qui sont sauvées et celles qui sont damnées. Cette incertitude est d’ailleurs salutaire.
Les âmes qui sont en état de grâce, elles : celles qui ne sont pas en état de péché mortel (non absous, non pardonné), sont toutes unies entre elles par la vie-même de Dieu, cette vie surnaturelle reçue au baptême qui fait qu’habite en elles la Très Sainte Trinité.
C’est là l’origine du dogme de la communion des saints : dogme affirmé par le symbole des Apôtres.
Pourtant, malheureusement, le commun des fidèles, apporte trop peu d’attention à ce point important de la foi qui nous a été transmise par les Saints Apôtres, dogme qui est souvent mal compris (souvent parce qu’il est mal expliqué).
Voici le texte d’un sermon prononcé en novembre 2013 par un ami prêtre. J’ai résolu de vous en faire profiter vous aussi, de sorte que vous puissiez, tout comme nous, redire avec une attention et une ferveur renouvelées : « je crois à la communion des saints » !

Lully.

2013-80. Des trois états de l'unique Eglise. dans Chronique de Lully la-communion-des-saints

La communion des saints (gravure du catéchisme en images) :
Les trois états de l’Eglise – triomphante, militante et souffrante – réunis autour de la Sainte Trinité. 

La communion des saints,
une seule Eglise en trois états différents :
l’état de gloire,
l’état de souffrance
et l’état de milice.

       « Ce mois de novembre nous invite à prier pour nos morts.

   Chers Amis, il faut reconnaître que le vocable dont nous nous servons pour les désigner exprime mal leur nouvel état de vie.
En réalité, nos morts sont bien plus vivants que nous. « Je ne meurs pas, disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’entre dans la vie ».
Le vieux français, souvent inspiré, usait du mot « trépassé », qui signifie « ayant passé au-delà ».

   Dans sa liturgie, l’Eglise, qui a toujours le mot juste, parle de « défunts ».
« De-functus » : « de » marque l’achèvement ; « functus » : – d’où est venu le mot fonction - qui s’est acquitté. Le défunt est celui qui a achevé sa fonction terrestre, qui a déposé sa charge ; ce qui suggère l’idée de « repos ».

Voyons avec quelle douceur Saint Paul parle de nos chers défunts : « Frères, nous ne voulons pas que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous attristiez pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance » (1 Thess. IV, 13).

   Ceux que nous appelons morts, brillent par milliards comme des escarboucles sur le manteau d’or de l’Eglise, dont nous ne sommes, nous les vivants de la terre, que la frange fragile.
Certes, le corps meurt pour renaître au jugement général, mais en attendant, l’âme séparée en qui subsiste la personne, jouit d’une vie intense qui décuple nos puissances vitales.

   Nos défunts sont-ils en Purgatoire ? Alors ces âmes souffrent, mais elles sont heureuses : elles se savent sauvées, et aiment Dieu d’une très ardente charité qui s’accroît et se purifie douloureusement à mesure qu’elles s’approchent de la vision béatifique.
Il convient de prier et de mériter pour elles.
En retour, une fois au Paradis, ces âmes, alors près de Dieu, vont intercéder pour nous.

   Il n’y a que les chrétiens de la terre qui peuvent aider, soulager et délivrer les âmes du Purgatoire. Pas les Saints du Ciel, parce que ceux-ci – ayant obtenu la récompense – ne peuvent plus mériter ; mériter est le propre de l’Eglise militante.
Les Saints s’unissent aux âmes du Purgatoire par une sympathie, une solidarité et une fraternité vécues dans le Christ, mais sans exercer d’intervention.

   En revanche, par rapport à nous, comment douter que les Saints puissent exercer sur nous leur charité parfaite ?
Ainsi, l’amour qui se déploie au Ciel dans l’état de béatitude, continue d’unir les âmes qui s’aimaient durant leur vie mortelle.
La grâce ne détruit pas la nature, mais elle la perfectionne.
L’amour filial, l’amour qui unit deux époux, la charité de l’amitié en Dieu, ne disparaissent pas. L’état de gloire qui n’est que le développement de l’état de grâce, ne distend pas les liens naturels sacrés : il les ennoblit et les transfigure.
La vie et les liens terrestres qui lui donnaient sa consistance charnelle et affective sont transformés par l’état de béatitude en Dieu, non pas supprimés.

   On trouve une illustration de cette grande vérité dans la piété populaire. La piété garde le contact avec les morts. L’homme a besoin de savoir que les liens ne sont pas coupés : on rêve de ceux qui nous ont quittés, on prie pour eux, on les prie, on se confie à eux, voire on les interroge.

   Il n’existe pas trois Eglises, l’une qui serait l’Eglise de la terre, la deuxième l’Eglise du Purgatoire, la troisième l’Eglise du Ciel.
Il y a une seule Eglise en trois états différents : l’état de gloire, l’état de souffrance et l’état de milice. Ces états n’impliquent aucune séparation, aucun mur ; seulement un simple voile, au-delà de l’univers visible.
Une même vie circule de l’un à l’autre de ces état s de vie : une même communion, la communion des saints, dont le mystère de charité découle du Christ. L’Eglise est Son Corps mystique : elle vit d’un même amour.

   Le temps de ce monde prépare l’éternité de l’Eglise, appelée à rassembler tous les élus dans l’état de gloire.
En attendant, s’il est vrai, comme le dit magnifiquement Bossuet, que les dons de Dieu sont sans repentance, alors l’époux, le père, la mère de famille, le curé de paroisse introduits auprès de Dieu au Ciel, non seulement n’oublient pas la terre, mais exercent sur les leurs une amitié, une permanence d’attraction, de protection et de vigilance, infiniment supérieures, plus aimantes, plus actives, plus intimes que jamais.

   C’est davantage que de l’espérance.
C’est une conviction, une certitude enracinée, et dans notre être et dans le mystère de Dieu.
Et c’est une joie propre aux chrétiens. » 

cierges Ciel dans De liturgia

On trouvera aussi dans ce blogue :
– Le « musée du Purgatoire », à Rome > ici
- Prière à la Vierge de Compassion en faveur des âmes du Purgatoire > ici

Litanies de Notre-Dame des Victoires :

(pour la récitation privée)

       Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire (cf. > ici), en rappelant les origines historiques de ce célèbre sanctuaire parisien, la fête de Notre-Dame des Victoires (qu’il faut distinguer de la fête patronale de l’archiconfrérie du Coeur immaculé de Marie refuge des pécheurs, célébrée le 16 janvier) se célèbre le quatrième samedi d’octobre.
Nous venons de retrouver, sur une ancienne image de dévotion, des litanies de Notre-Dame des Victoires, approuvées pour la dévotion privée (c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas être récitée au cours d’une cérémonie liturgique, contrairement aux litanies de la Sainte Vierge dites de Lorette), et nous en recopions avec plaisir le texte à l’intention de nos amis, dont  un grand nombre sont de fervents dévots de la Très Sainte Vierge honorée sous ce vocable.

   Ces litanies ont l’originalité de nous faire méditer, dans leur première partie, sur tous les événements de la vie de Notre-Dame, compris comme des épisodes triomphants de la grâce, lors même qu’ils peuvent apparaître au premier abord comme des moments de contradiction et d’épreuve ; puis dans un second temps de mettre en valeur le caractère universel de la médiation triomphante de notre Sainte Mère céleste, en faisant ressortir sa maternité spirituelle sur tous les élus de Dieu…

Litanies de Notre-Dame des Victoires : dans Chronique de Lully notre-dame-des-victoires

Seigneur, ayez pitié de nous (bis).
Jésus-Christ, ayez pitié de nous (bis).
Seigneur, ayez pitié de nous (bis).

Jésus-Christ, écoutez-nous (bis).
Jésus-Christ, exaucez-nous (bis).

Père Céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Notre-Dame des Victoires, priez pour nous.
Notre-Dame des Victoires, triomphante Fille du Père, priez pour nous.
Notre-Dame des Victoires, triomphante Mère du Fils, priez…
Notre-Dame des Victoires, triomphante Épouse du Saint Esprit,
Notre-Dame des Victoires, triomphante élue de la Très Sainte Trinité,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans votre conception immaculée,
Notre-Dame des Victoires, triomphant en écrasant la tête du serpent,
Notre-Dame des Victoires, triomphant de l’héritage d’Adam,
Notre-Dame des Victoires, triomphant sur tous nos ennemis,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans l’ambassade de l’Ange Gabriel,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans vos épousailles avec saint Joseph,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans la Crèche de Bethléem,
Notre-Dame des Victoires, triomphant au cours de la fuite en Égypte,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans votre exil,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans Votre humble logement de Nazareth,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans le recouvrement de l’Enfant divin au Temple,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans la vie terrestre de Notre Seigneur,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans Sa Passion et dans Sa Mort,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans Sa victorieuse Résurrection,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans Sa glorieuse Ascension,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans la venue de l’Esprit-Saint Paraclet,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans vos Douleurs,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans vos allégresses,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans votre accession à la céleste Jérusalem,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans la béatitude éternelle,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par les anges qui sont restés fidèles,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par les grâces données aux justes,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par les annonces des Prophètes,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par l’espérance sans faille des Patriarches,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par le zèle des Apôtres,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par la lumière des Evangélistes,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par la constance des Martyrs,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par la sagesse des Docteurs,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par l’héroïsme des Confesseurs,
Notre-Dame des Victoires, triomphant par la pureté des Vierges,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans votre intercession toute-puissante,
Notre-Dame des Victoires, triomphant dans tous vos nombreux vocables,
Notre-Dame des Victoires qui intercédez pour nous maintenant et à l’heure de notre mort,

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V./ : Priez pour nous, ô Notre Dame des Victoires,
R./ : Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prions :

Dieu Éternel et Tout-Puissant, qui, par la maternité virginale de la Bienheureuse Vierge Marie, avez offert au genre humain les trésors du salut éternel, accordez-nous, nous Vous en supplions, de sentir qu’intervient en notre faveur Celle qui nous permit d’accueillir l’Auteur de la Vie, Jésus-Christ, Votre Fils, qui,avec Vous, vit et règne dans l’unité du Saint Esprit, un seul Dieu pour les siècles et les siècles.

Ainsi soit-il !

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2013-78. « Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations ».

       Nous approchons de la fête du Christ-Roi, célébrée bien sûr le dernier dimanche d’octobre selon le calendrier catholique traditionnel (voir > ici).
Dans cette perspective, il m’a paru important de vous inviter à méditer sur quelques courts passages particulièrement forts de l’ouvrage du Rd. Père Théotime de Saint-Just intitulé « La Royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, d’après le Cardinal Pie » (1923 – réédité par les éditions de Chiré en 1988).
A défaut de pouvoir recopier ci-dessous la totalité du chapitre deux, de la section deux de la deuxième partie de cet ouvrage, en voici quelques lignes qui me paraissent d’une effrayante actualité, et ne peuvent que nous stimuler à prier – dans une ferveur décuplée – avec les paroles embrasées de l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Coeur du Christ-Roi prescrit pour la récitation publique en cette fête (cf. > ici) : « Beaucoup ne vous ont jamais connu, beaucoup ont méprisé vos commandements et vous ont renié. Miséricordieux Jésus, ayez pitié des uns et des autres et ramenez-les tous à votre Sacré Cœur ! »

2013-78. « Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations ». dans Chronique de Lully christ-roi

Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations !

       Guidés par le grand évêque de Poitiers, considérons les périls et les maux occasionnés à la société elle-même, par son refus de reconnaître les droits de Jésus-Christ sur elle.

   Dieu a fait de la loi du talion la grande loi de l’histoire. C’est là un principe que nous rappelle constamment Mgr Pie : « La grande loi, nous dit-il, la loi ordinaire de la Providence dans le gouvernement des peuples, c’est la loi du talion. Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations ».
La société moderne ignore Dieu, Jésus-Christ, l’Eglise. « Eh bien ! conclut-il, nous ne craignons pas de le dire : à un tel ordre de choses, partout où il existera, Dieu répondra par cette peine du talion qui est une des grandes lois du gouvernement de sa Providence. Le pouvoir qui comme tel, ignore Dieu, sera comme tel ignoré de Dieu… Or, être ignoré de Dieu, c’est le comble du malheur, c’est l’abandon et le rejet le plus absolu ». Et encore : « Œil pour œil, dent pour dent, quand il s’agit des nations qui ne doivent point revivre pour recevoir le châtiment dans l’autre monde, cette loi du talion finit toujours par s’accomplir sur la terre. Quiconque me confessera devant les hommes, dit le Seigneur, je lui rendrai témoignage pour témoignage, mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai à la face du ciel et de la terre ».

   Ainsi, pour Mgr Pie, Dieu use de très justes représailles contre la société rebelle à son Fils Roi.
Quelles ont été et quelles sont encore ces représailles? (…) L’évêque de Poitiers a étudié tout particulièrement les conséquences terribles de l’apostasie de notre patrie et il nous a montré que cette grande nation, rejetant la royauté de Jésus-Christ, avait attiré sur elle les plus grands malheurs et introduit dans son organisme social tous les germes de la mort et de la décomposition.

   Tous les fléaux qui se sont abattus sur nous depuis la grande révolution (…) ont été la punition de cette apostasie (…).
Les fléaux, première représaille de la justice divine, mais ils sont transitoires. A une apostasie qui devient permanente, Dieu veut répondre par un châtiment permanent.
Ce châtiment, plus terrible que les fléaux, c’est la décadence morale de la société. (…) Mgr Pie établit, par des arguments irrésistibles, que toute société qui rejette Dieu ne tarde pas à tomber dans la plus profonde décadence morale. Ecoutons-le :
« (…) Tout s’en va, tout dépérit. Cela encore vous étonne ; il eût été facile de le prévoir…
Car la législation qui fait profession de neutralité et d’abstention concernant l’existence de Dieu, sur quel fondement établira-t-elle sa propre autorité ?
En me permettant de ne pas reconnaître Dieu, ne m’autorise-t-elle pas à la méconnaître elle-même ?
Nous n’avons pas voulu, me dites-vous, mettre le dogme dans la loi.
Et moi je vous réponds : si le dogme de l’existence de Dieu ne se trouve plus dans la loi, la raison de la loi ne se trouve plus dans la loi, et la loi n’est qu’un mot, elle n’est qu’une chimère ».

cardinal-edouard-pie apostasie dans De liturgia

Monseigneur Pie, évêque de Poitiers, futur cardinal.

Prière et litanies en l’honneur de la Bienheureuse Agnès de Jésus :

     Au Mesnil-Marie, où nous avons la joie de posséder l’une de ses reliques, nous avons une vénération particulière pour la Bienheureuse Agnès de Jésus (Galand), souvent appelée Agnès de Langeac, dont la fête se célèbre le 19 octobre.
Je vous avais résumé sa vie dès les premières pages de ce blogue (cf. > ici). Voici aujourd’hui une prière pour obtenir des grâces par son intercession, ainsi que des litanies en son honneur (approuvées pour la récitation privée en juin 1934).

Prière et litanies en l'honneur de la Bienheureuse Agnès de Jésus : dans Chronique de Lully frise-avec-lys-naturel-300x40

Prière pour demander une grâce
par l’intercession de la Bienheureuse Agnès de Jésus :

   Seigneur Jésus-Christ, qui avez accordé à la Bienheureuse Agnès d’accomplir en toutes choses Votre sainte volonté, de chercher en toutes circonstances Votre gloire, et de se livrer entièrement à Votre amour pour travailler au salut des âmes, nous Vous supplions, par son intercession, de nous accorder la grâce de …….., si elle peut contribuer à la glorification de Votre Saint Nom et être utile à notre bien véritable.

   O Bienheureuse Agnès de Jésus, nous ne pouvons douter de votre compassion pour nous : priez donc, nous vous le demandons humblement, pour nous obtenir par dessus tout, d’être toujours fidèles à Notre-Seigneur et chaque jour plus généreux dans son service.

Ainsi soit-il !

agneslangeacph1 19 octobre dans De liturgia

Litanies de la Bienheureuse Agnès de Jésus :

Seigneur, ayez pitié de nous (bis).
Jésus-Christ, ayez pitié de nous (bis).
Seigneur, ayez pitié de nous (bis). 

Jésus-Christ, écoutez-nous (bis).
Jésus-Christ, exaucez-nous (bis).

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des Vierges, priez pour nous.

Bienheureuse Agnès, chef d’oeuvre et prodige de la grâce, priez pour nous.
Bienheureuse Agnès, sanctuaire de toutes les vertus, priez…
Bienheureuse Agnès, trésor des dons du Saint Esprit,
Bienheureuse Agnès, vase de perfection,
Bienheureuse Agnès, fidèle épouse de l’Agneau Céleste,
Bienheureuse Agnès, vivante image de Jésus Crucifié,
Bienheureuse Agnès, amante passionnée de l’eucharistie,
Bienheureuse Agnès, esclave bien-aimée de la très sainte Vierge,
Bienheureuse Agnès, sœur et amie des anges,
Bienheureuse Agnès, vraie fille de Saint Dominique,
Bienheureuse Agnès, parfaite imitatrice de Sainte Catherine de Sienne,
Bienheureuse Agnès, séraphin d’amour,
Bienheureuse Agnès, admirable contemplative,
Bienheureuse Agnès, exemple de prière continuelle,
Bienheureuse Agnès, fleur de piété et de modestie,
Bienheureuse Agnès, vierge innocente,
Bienheureuse Agnès, lys de pureté,
Bienheureuse Agnès, colombe de simplicité,
Bienheureuse Agnès, abîme d’humilité,
Bienheureuse Agnès, rose de patience,
Bienheureuse Agnès, modèle de pénitence et de mortification,
Bienheureuse Agnès, victime avide de souffrances et de sacrifices,
Bienheureuse Agnès, encens de suave odeur devant Dieu,
Bienheureuse Agnès, foyer de Charité,
Bienheureuse Agnès, ange de douceur,
Bienheureuse Agnès, apôtre altéré du Salut des âmes,
Bienheureuse Agnès, mère et providence des pauvres,
Bienheureuse Agnès, lumière de la vie religieuse,
Bienheureuse Agnès, miroir d’obéissance,
Bienheureuse Agnès, gardienne scrupuleuse de la Règle,
Bienheureuse Agnès, prieure très prudente,
Bienheureuse Agnès, précurseur et prophète de l’oeuvre des séminaires,
Bienheureuse Agnès, confidente des secrets du Paradis,

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V./ Priez pour nous, Bienheureuse Agnès de Jésus,
R./ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prions :

     Seigneur, qui avez daigné faire de la Bienheureuse Agnès de Jésus une merveille de grâce, accordez-nous par ses mérites et son intercession, de pratiquer, selon son exemple, de solides et généreuses vertus, et de croître de plus en plus dans Votre doux Amour. Nous Vous le demandons par Jésus-Christ, Votre Fils et Notre-Seigneur qui vit et règne avec Vous dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles.

Ainsi soit-il.

frise-avec-lys-naturel Bienheureuse Agnès de Jésus dans Nos amis les Saints

2013-76. « Le caractère ferme et résolu dont cette princesse était éminemment douée ne lui permit jamais de plier aux circonstances même les plus difficiles ».

1793 – 16 octobre – 2013

Deux-cent-vingtième anniversaire de l’exécution
de

Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

   Indépendamment des fêtes liturgiques qui illustrent ce jour, le 16 octobre ramène le triste anniversaire de l’exécution de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.
Après avoir publié la dernière lettre de l’infortunée souveraine, improprement appelée « testament » (cf. > ici) ainsi que la photographie des toutes dernières lignes qu’elle traça sur la page de garde de son livre d’heures (cf. > ici), à l’occasion du deux-cent-vingtième anniversaire de son martyre nous voulons vous faire connaître une oraison funèbre publiée en 1814, oeuvre d’un certain F. Roullion-Petit dont nous confessons ne rien connaître par ailleurs.
Si cette oeuvre présente d’évidentes imperfections d’ordre historique – mais qui pouvait alors connaître avec précision ces détails que d’actuels chercheurs commencent seulement à mettre en valeur ? – , elle n’en est pas moins remarquable par le style (tant de prêtres actuellement sont incapables de parler et d’écrire correctement notre belle langue !) et par les sentiments qui l’animent.
Afin d’en faciliter la lecture nous avons modernisé l’orthographe, mais avons scrupuleusement conservé la ponctuation de l’opuscule que nous avons eu en mains.
Nous avons été spécialement sensibles aux dernières lignes de cette oraison funèbre qui, même en dehors du contexte de la Restauration et de la dédicace à Madame la duchesse d’Angoulême – l’unique survivante de l’horrible tour du Temple – , peuvent encore aujourd’hui exprimer nos plus chères espérances pour la France à travers le rétablissement providentiel des Lys et des légitimes héritiers de la couronne. A cette belle péroraison pouvons-nous dire autre chose qu’un vibrant « ainsi soit-il » ?
« Dieu tout puissant, vous seul pouvez opérer cet éclatant phénomène ; vous seul pouvez recueillir et rétablir sur leur sol natal ces rameaux épars et dispersés ; vous seul pouvez assurer un abri tutélaire à cette fleur tendre et délicate, échappée, comme par miracle, aux secousses les plus violentes des vents les plus impétueux : sauvée sous l’égide de votre divine bonté, elle offrira un jour le spectacle le plus touchant et le plus admirable ; elle paraîtra au milieu de ce peuple naguère livré aux plus funestes égarements : sa présence sera celle de l’ange consolateur ; devant elle marcheront la paix, la concorde et le bonheur. Avec quel ravissement tout un peuple, ivre d’amour, de joie et d’espérance, contemplera cette heureuse production sur laquelle la nature s’est plu à verser ses dons les plus riches, et la Providence ses faveurs les plus signalées et les plus extraordinaires. »

2013-76. « Le caractère ferme et résolu dont cette princesse était éminemment douée ne lui permit jamais de plier aux circonstances même les plus difficiles ». dans Chronique de Lully frise-lys-300x40

vitrail-de-lexecution-de-s.m.-la-reine-marie-antoinette-eglise-de-la-boissiere-de-montaigu 16 octobre dans Lectures & relectures

Vitrail représentant l’exécution de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette
(église de La Boissière de Montaigu – Vendée) 

Oraison funèbre
de
Marie-Antoinette,
archiduchesse d’Autriche,
fille de l’Impératrice-Reine Marie-Thérèse,
femme de Louis XVI

dédiée à Son Altesse Royale Madame,
Duchesse d’Angoulême

par F. Rouillion-Petit,
ancien professeur d’éloquence et de philosophie.

Paris
1814

   Il est des âmes privilégiées à qui la nature semble avoir départi des forces surnaturelles qui les élèvent au-dessus de tous les événements, en leur inspirant, au milieu des plus grands périls, cette courageuse fermeté que rien ne peut ébranler. Ces caractères augustes, bien faits pour exciter l’étonnement et l’admiration, n’empruntent leur éclat, ni de la fortune, ni de la grandeur : il semble au contraire que c’est dans les épreuves de la plus cruelle adversité qu’ils puisent leur force et leur résistance ; et que plus les obstacles se multiplient et les dangers s’accroissent ; plus leur volonté se roidit, plus leur caractère se raffermit. Horace s’était dignement pénétré de l’énergie de ces sortes de caractères, lorsque parlant de l’homme, fort et robuste, il dit, pour peindre d’un seul trait, ce courage inébranlable, qui n’est susceptible d’aucune crainte ; que l’univers entier s’écroulerait vainement sous ses pieds, on le verrait calme et paisible au milieu de cette épouvantable catastrophe.
Ces êtres d’une espèce rare et extraordinaire semblent commander par eux-mêmes le respect et l’admiration. Tant est grand et irrésistible l’ascendant d’un noble caractère, le pouvoir d’une vertu qui ne se laisse ni séduire ni intimider ! Un pareil spectacle est imposant, et mérite bien sans doute de fixer les regards des faibles mortels. Mais si à cette admirable qualité viennent se joindre la pompe des grandeurs, l’éclat du rang, la splendeur des dignités, une origine des plus illustres, de quelle vive émotion, de quels transports de respect et d’enthousiasme ne sommes-nous pas pénétrés, en contemplant l’auguste victime qui, livrée aux traits de la plus affreuse persécution, en butte à tous les outrages de l’infortune et de la calamité, voyant se ramasser sur sa tête toutes sortes d’orages et de tempêtes, aperçoit autour d’elle les éclats de la foudre ; et après avoir vu périr de la manière la plus épouvantable tout ce qui l’intéresse, tout ce qui l’attache à l’existence, est-elle même frappée du coup funeste ; et tombe victime courageuse des coups terribles auxquels la fragilité humaine ne peut se soustraire ; sans que sa vertu découvre la moindre faiblesse, sans que son courage se démente un seul instant.
Tel est le spectacle intéressant que nous présente Marie-Antoinette, Reine de France, dans cette lutte pénible et douloureuse, où la révolte aux prises avec l’autorité, après avoir déchiré la monarchie par lambeaux, porta ses mains criminelles, sur les dépositaires de la puissance souveraine ; et se souilla du sang de ces victimes illustres, qui méritèrent à tant de titres les respects et l’admiration du monde entier.

   Digne fille de Marie-Thérèse, dès l’aurore de sa vie, tout annonçait dans cette princesse une âme grande et fière. A peine âgée de quinze ans, elle fut mariée à Louis XVI, et fut reçue en France, comme un ange consolateur qui devait faire oublier les malheurs du long règne de Louis XV. Elle parut au milieu du peuple le plus aimant de la terre sous le cortège des grâces et de la beauté : au port le plus majestueux, aux yeux les plus beaux et les plus expressifs, à la taille la plus élégante et la plus noble, elle joignait un esprit vif, une humeur enjouée, un caractère ferme et décidé, un ton de grandeur et de fierté même, qui décélait l’éclat et la majesté du rang, et qui semblait annoncer l’auguste fille des Césars. Des fêtes et des réjouissances célébrèrent cette glorieuse union que tous les français accueillirent avec les transports de l’enthousiasme : un accident funeste qu’une sage prévoyance aurait dû prévoir et empêcher, couvrit d’un crêpe funèbre des jours consacrés à la joie et aux plus douces réjouissances ; et sembla préluder à ce long tissu de peines et de souffrances, dont l’auguste couple devait être enveloppé.
Ainsi dès le début d’une navigation, s’il survient dans le bâtiment quelqu’accident funeste, la tristesse s’empare de tout l’équipage, qui dès lors calcule et prévoit en quelque sorte tous les périls attachés à sa périlleuse entreprise.
L’événement pénible qui avait attristé tous les coeurs développa l’âme sensible et généreuse de Marie-Antoinette. On la vit, avec autant d’attendrissement que de reconnaissance, partager avec son époux le soin douloureux de secourir et consoler les familles infortunées, qu’une circonstance malheureuse avait condamnées aux larmes et à la douleur. Tout annonçait dans la jeune princesse une âme grande et généreuse ; et le peuple se plaisait à la contempler comme le digne objet qui devait fixer ses plus chères espérances. Fatiguées de ce tableau journalier de relâchement et de licence, dont les derniers temps du règne de Louis XV présentaient l’affligeant spectacle, la cour et la ville voyaient avec ravissement la jeune dauphine offrir le modèle des moeurs pures et innocentes et de la beauté embellie par la décence : ses grâces, son esprit, son amabilité enchantaient tout le monde, et la rendaient chaque jour plus chère aux français ; les tracasseries que lui faisait éprouver la favorite, ne faisaient qu’ajouter au vif intérêt dont elle était l’objet.
Forte de la tendresse de l’attachement de son auguste époux, elle supporta avec calme et dignité des dégoûts, qui ne pouvant être que passagers et de peu de durée, ne firent qu’effleurer son âme sensible et fière. Occupée uniquement du bonheur de Louis XVI, elle oubliait les torts injustes du vieux monarque ; et les écarts d’une créature, vile à ses yeux, ne devaient point altérer la douce sérénité de son coeur.
Le temps, ce destructeur impitoyable, qui, dans sa marche constante et rapide, entraîne indifféremment le monarque et les sujets, devait changer cet ordre de choses ; et en arrachant les jeunes époux à une dépendance pénible devait aussi leur faire parcourir le cercle douloureux des vicissitudes les plus accablantes. A peine assis sur le trône de ses pères, Louis XVI vit s’entr’ouvrir sous ses pas un abîme profond qui dut l’effrayer et l’intimider. Dans la circonstance difficile où il se trouva placé, Marie-Antoinette lui traça plus d’une fois la marche qu’il devait suivre, et lui offrit souvent des conseils, où brillèrent à la fois sa pénétration, sa politique et son courage ; et l’histoire, en peignant ces temps désastreux, prouvera sans doute, que, si Marie-Antoinette avait tenu les rènes de l’état, elles n’eussent point flotté incertaines dans ses mains ; que la révolte et la violation des principes eussent été comprimés dès leur origine ; qu’un prince du sang n’aurait pas offert impunément l’exemple scandaleux d’un perturbateur et d’un factieux qui poussa l’oubli de ses devoirs les plus sacrés, au point de venir jusques sur les marches du trône, prêt à l’ensanglanter et à s’y assoir ; et si la fortune injuste et capricieuse eût trahi son noble courage et sa ferme intrépidité, elle aurait su du moins par un courageux dévouement tracer aux têtes couronnées un exemple illustre et mémorable.

   Le caractère ferme et résolu dont cette princesse était éminemment douée ne lui permit jamais de plier aux circonstances même les plus difficiles : courageuse au point de braver les plus grands périls et de vouloir maîtriser les événements par le seul ascendant d’une volonté inflexible, elle dédaigna trop peut-être cet art mensonger d’une politique prévoyante qui sait composer avec la nécessité, en ménageant ou caressant même des passions dangereuses : l’esprit de condescendance ne pouvait dans elle s’allier avec cette marche fixe et régulière que lui traçait son grand caractère : aussi, nous ne craignons pas de l’avouer, cette volonté poussée quelquefois en quelque sorte jusqu’à l’opiniâtreté put compromettre sans doute les intérêts de la monarchie, tandis qu’en s’écartant momentanément de la règle austère des principes, il eut été possible, facile même de produire les plus heureux changements : en effet, si l’on transporte sa pensée vers ces temps orageux qui nous offrirent les premiers actes du drame révolutionnaire, qui pourrait disconvenir que les hommes influents qui dirigeaient la révolution et sapaient chaque jour le trône jusqu’aux fondements, pouvaient être accessibles aux faveurs de la cour, et se laisser influencer par les chatouillements de l’ambition ? N’est-on pas persuadé, convaincu, que des talents fameux qui mettaient impitoyablement la monarchie en lambeaux, auraient certainement changé de rôle, si la Reine par l’inflexibilité de ses principes, n’eût empêché les résultats d’une politique commandée impérieusement par la nécessité la plus rigoureuse. Mirabeau, le célèbre Mirabeau, eût sans contredit cessé d’être l’orateur du peuple, dès le moment où il serait devenu le ministre de Louis XVI ; et ce colosse révolutionnaire, après avoir ébranlé la monarchie, et l’avoir poussée jusques sur le pendant de l’abîme, aurait pu la rétablir peut-être dans toute sa force et sa splendeur, si Marie-Antoinette dirigée par des principes immuables qui ne lui permettaient point de capituler avec les ennemis de la couronne, ne s’était opposée à ce qu’il fût appelé au ministère.
Ainsi le chêne majestueux, dédaignant la souplesse du roseau, n’incline point sa tête superbe sous les coups redoublés des vents les plus impétueux ; et le roi des forêts sera déchiré, déraciné, plutôt que de se courber devant les plus fiers ouragans.

   Cependant les événements se pressent de plus en plus ; ils s’accumulent avec une rapidité effrayante ; chaque jour on voit arracher une colonne du temple monarchique ; chaque jour avilie, dégradée, la royauté semble pencher vers sa ruine : au milieu des outrages sans nombre et de toute espèce dont la cour est sans cesse abreuvée, tout semble ployer sous la force irrésistible des circonstances ; tout cède à l’empire tumultueux des passions déchaînées ; et dans cette lutte trop inégale, où la force et la fureur sont aux prises avec la douceur et la bonté d’un monarque, qui semble assurer le triomphe de ses ennemis par la tendresse inépuisable qui le porte à ménager ses sujets, Marie-Antoinette toujours ferme et résolue, fait seule tête à l’orage qu’elle semble braver avec un noble dédain ; son caractère se déploie toujours avec cette noble assurance, avec cette imposante majesté qui fait plus d’une fois frémir ses ennemis, et qui commandent le respect et l’admiration de la postérité. Quelle noble fierté ne montre-t-elle point, lorsqu’on vient l’insulter jusques dans son palais ! Que de fermeté, que de grandeur d’âme, lorsque des hordes nombreuses cherchent à l’effrayer de leurs horribles menaces !
Entourée de son auguste famille, elle semble protéger de la force de sa grande âme la faiblesse de ces rejettons illustres, qui dans des temps plus heureux, feraient la gloire et l’ornement de la France.
A quelles pénibles souffrances dut être livré le coeur généreux d’une mère sensible, au milieu de cette troupe de forcenés, qui foulant aux pieds la majesté du pouvoir souverain, brisant en quelque sorte la dignité du trône, venait insulter ses maîtres jusques dans leur asile sacré ! De quelle grandeur d’âme ne fallait-il pas être doué pour en imposer à ces furieux livrés aux débordements des passions les plus féroces ? Qu’on se rappelle le caractère magnanime que déployé la Reine, dans ces terribles circonstances : plusieurs fois elle traversa ces dangereux attroupements composés d’individus capables de se porter aux derniers excès, aux plus sanglants outrages ; et toujours on la vit, le front calme et serein, déployant cette majestueuse dignité, qui semblait dire aux rebelles : Je ne vous crains point ; et malgré vos fureurs, je vous forcerai à respecter votre souveraine. Tel est l’ascendant irrésistible d’un caractère ferme et résolut, qu’il arrête comme par enchantement, les flots tumultueux des passions les plus furieuses et les plus acharnées ! Telle était l’égide protectrice qui préserva si souvent la princesse des plus grands périls, et l’arracha comme par miracle aux fureurs de la multitude. Ce noble élan d’un caractère si magnanime ne se démentit pas un seul instant : ce n’était point chez la Reine de ces éclairs passagers qui brillent de loin en loin, pour disparaître ensuite, et se cacher dans l’ombre et les ténèbres : cette flamme sublime jetta constamment la lumière la plus vive et la plus soutenue : et dans les conjonctures les plus difficiles, dans ces moments redoutables, où  tous les esprits étaient épouvantés, Marie-Antoinette conserva son courage, et ne se laissa point intimider par les dangers même les plus graves et les plus imminents. Funeste et cruelle journée du dix août, tu fis briller dans tout son éclat ce caractère grand et magnanime : tu nous montras la Reine disposée à braver et les fureurs du peuple et les foudres de la guerre ; prête à affronter la mort, et à rallier autour du trône par son courage et sa noble intrépidité ses appuis et ses défenseurs. Quelle scène imposante et terrible ! De nombreux bataillons investissaient toutes les avenues du château des Tuileries : la cour, entourée d’une faible garde et de quelques serviteurs fidèles qui, à la vue du péril, s’étaient ralliés autour du monarque, ne pouvait opposer qu’une poignée d’hommes à une armée immense : le mouvement d’une artillerie formidable, les cris de rage et de fureur d’une partie des assaillants, un tel spectacle était bien fait sans doute pour intimider le courage le plus intrépide. Cependant à la vue des ces préparatifs menaçants, bien loin de s’effrayer, la digne fille de Marie-Thérèse sentit en quelque sorte sa grande âme se développer : inaccessible à la faiblesse et à la crainte, elle ne vit point la chance meurtrière des combats ; elle ne calcula point les dangers d’une défense presque impossible ; elle ne connut, elle n’éprouva qu’un seul sentiment, celui de vaincre, ou de s’ensevelir sous les décombres de la monarchie. Dans cette circonstance urgente et décisive, elle se présente à Louis XVI, un pistolet à la main.
« Le moment est venu, lui dit-elle, où vous devez prouver que vous êtes digne de régner : on menace votre couronne ; vous devez la défendre : paraissez à la tête de vos gardes ; montrez-vous disposé à repousser la force par la force ; et tout rentrera dans l’ordre : le temps presse, ajouta-t-elle, tout est perdu, si vous ne prenez de suite le seul parti qui vous prescrivent les circonstances : ne croyez pas que ce peuple qui vous brave, parce qu’il vous croit faible, vous respectera davantage, lorsqu’il vous aura vaincu et enchaîné : craignez les effets de sa fureur ; craignez-les, et pour vous et pour votre famille ».

   Le vertueux monarque était capable sans doute d’écouter et de suivre les nobles inspirations du courage : mais sa douceur et sa bonté ne lui permirent pas de supporter la pensée de voir couler sous ses yeux le sang de ses sujets, quelque coupables qu’ils fussent. Le doigt de l’Eternel avait marqué ce moment redoutable pour celui de la chute de la monarchie, soit pour offrir à la terre un exemple mémorable de la fragilité des grandeurs terrestres, soit pour faire connaître aux nations à quels terribles fléaux elles s’exposent, en brisant de leurs coupables mains l’égide tutélaire d’un pouvoir paternel et protecteur, qui peut seul opposer un mur d’airain, soit aux sanglantes factions, soit au féroce despotisme.
Les décrets terribles sont accomplis ; l’arbre majestueux qui avait jeté de profondes racines sur le sol de la France, à laquelle il offrait un abri bienfaisant, a succombé sous la hache meurtrière des partis : la bannière de la révolte a usurpé sa place, après avoir dispersé ses utiles rameaux : bientôt elle couvrira ce sol infortuné de ruines et de cadavres ; et cette terre si féconde, devenue stérile, ne sera plus arrosée que de sang et de larmes : bientôt l’ordre des temps, la saison des âges seront invertis ; et la faux meurtrière de la mort frappera impitoyablement cette vive et brillante jeunesse qui, par une destruction anticipée, laissera sans consolation la vieillesse triste et délaissée, et sans appui, cet âge faible et tendre, qui appelera vainement ses protecteurs naturels.

   Mais suivons l’auguste famille dans l’indigne demeure qu’on lui a fixée : contemplons la dignité souveraine déchue de ses prérogatives et de ses droits, pour être précipitée du faîte des grandeurs dans l’abîme profond de la plus cruelle adversité. L’héritier de soixante-sept monarques est arraché de son palais, pour être enfermé dans la tour du Temple : son illustre compagne, la fille des Césars, a été dépouillée de ce rang élevé, où sa naissance et ses qualités personnelles l’avaient également appelée, pour être mise dans les fers. Ces tendres rejetons, l’espoir de l’état, le gage de la prospérité publique, qui ont à peine salué l’aurore de leur existence, voeint tout-à-coup s’éclipser la grandeur de leur rang, disparaître les hommages qu’ils étaient appelés par leur illustre naissance à recueillir : ainsi, la rose printannière, après s’être épanouie sous la douce influence de l’astre lumineux, perd tout-à-coup son éclat et sa fraîcheur, que lui a ravis le souffle empoisonné d’un vent brûlant. Désormais c’est à l’école du malheur, c’est sous le poids des plus cruelles tribulations, sous les yeux des infortunés auteurs de leurs jours, que les Enfants de France vont faire le dur et pénible apprentissage de la royauté. Tristes et fâcheuses vicissitudes des grandeurs d’ici-bas, et qui nous prouvent bien toute la fragilité ou plutôt le néant des dignités humaines. O vous qui connaissez les douces émotions du sentiment ! vous que les vices du siècle n’ont point dégradés, corrompus, portez vos regards sur ce touchant spectacle, qui doit exciter à la fois votre attendrissement et votre admiration. Marie-Antoinette n’est plus cette princesse auguste qui, assise sur un trône puissant, déploya toujours ces qualités sublimes qui rendront sa mémoire chère à la postérité : elle n’est plus cette Reine adorée, qui embellissait le trône par ses vertus et par cette dignité majestueuse qui frappait et attirait tous les regards : c’est une victime touchante des caprices injustes de la fortune ; c’est une mère de famille qui concentre ses nobles occupations sur les dignes objets de sa tendresse ; c’st là que ses regards ainsi que sa pensée se portent continuellement : avec quelle généreuse sollicitude ne veille-t-elle pas sur sout ce qui peut intéresser leur existence. Son coeur souffre, sa grande âme est souvent attérée ; mais ses souffrances personnelles ne sont comptées pour rien dans les larmes amères qu’elle est forcée de répandre. Si ses yeux versent souvent des pleurs, c’est en les portant sur cet époux vertueux, si digne d’amour et de respect : si son coeur se gonfle de chagrin, c’est lorsque sa pensée se fixe sur ces jeunes et intéressantes victimes dont elle pressent la douloureuse destinée : ses alarmes sont souvent cruelles et terribles, parce que le sentiment qui les produit est aussi vif que profond. Qui pourra consoler cette intéressante famille au milieu de tant et de si pénibles tribulations ? La vertu peut-elle donc supporter de si fortes épreuves ? L’auguste fille du ciel, cette vierge pure et respectable qui sait si bien alléger les maux des mortels infortunés, tristes jouets de la perversité humaine, a pu seule créer ces sublimes consolations qui soutiennent avec tant de force et de sécurité les victimes illustres précipitées dans un abîme de souffrance. Ce noble caractère que la nature a départi à la Reine, puise surtout dans les principes sacrés d’une religion révérée, ses forces et sa constance ; et si, vaincue, prête à succomber sous le poids excessif des tourments qui s’accroissent chaque jour, cette princesse sent quelquefois son courage s’affaiblir et sa force l’abandonner, bientôt cet ange de paix, de doucer et de bonté, que les liens du sang ont associée à ses malheurs, lui présente ces pensées sublimes et entraînantes qui élèvent l’âme jusqu’au Créateur suprême, et effacent, en quelque sorte, jusqu’aux sentiments des plus horribles souffrances. Sans doute il fallait la réunion et le secours d’un si puissant auxiliaire, pour pouvoir supporter un sort qui excède les forces humaines. Qu’on se peigne cette Reine illustre en butte à tous les outrages, à toutes les tracasseries, inquiète sur le sort qu’on prépare à son auguste époux, effrayée des traitements cruels qu’on lui fait souffrir, privée fréquemment de toute consolation par la séparation brusque et douloureuse de tout ce qu’elle a de plus cher au monde, ne prévoyant que trop la destinée inévitable qui l’entraîne, et à laquelle aucune puissance ne saurait la soustraire : obligée souvent de dissimuler sa tendresse pour ne pas offrir à ses persécuteurs de nouveaux moyens de torturer son coeur : forcée tant de fois à dévorer seule et en silence sa douleur : privée à la fois de ses douces et touchantes consolations et ne pouvant épancher son âme, entourée de ses bourreaux qui épiaient jusqu’aux plus douces affections de la nature, pour les étoufer ou les punir, par un raffinement de persécution et de cruauté. Dieu ! quelle fermeté a pu supporter tant de souffrances ; et quelle âme a pu résister à tant de secousses ! Cependant l’événement le plus cruel ne s’est point encore appesanti sur elle ; ils sont dans les fers ; ils souffrent tous les tourments ; mais ils vivent tous encore ; et une séparation éternelle n’a point frappé du coup le plus funeste l’auguste victime : hélas ! le plus cruel sacrifice est résolu : Marie-Antoinette a pu survivre à la perte du trône ; mais comment survivra-t-elle à la perte de cet époux qui ne vécut, qui ne respira que pour elle, et qui lui donna tant de marques de son amour ? Clartés célestes, couvrez-vous des ombres de la nuit ! ô terre, séjour de crimes et de larmes, couvre-toi d’un crêpe funêbre ! le meilleur des Rois a péri victime de son amour pour son peuple ! Puissance divine, vous seule avez pu soutenir jusqu’à ce jour le courage surnaturel de cette princesse digne d’un sort aussi heureux qu’il est cruel : vous seule pouvez l’empêcher de succomber sous le poids de sa douleur : vous seule pouvez lui montrer qu’il est des devoirs auxquels on doit se sacrifier : inspirée par cette tendresse inépuisable qui l’attache si fortement à ces augustes orphelins qui réclament jusqu’aux dernières étincelles de son amour, l’infortunée Reine va supporter encore l’accablant fardeau de la vie, pour boire, hélas ! jusqu’à la dernière goutte, la liqueur dégoûtante qu’elle doit prendre dans le calice de la douleur. Ainsi, elle était réservée à souffrir tous les genres de supplice qui pouvaient froisser et tourmenter sa grande âme.
Bientôt elle arrivera au terme de ses malheurs et de ses souffrances : bientôt elle partagera le sort funeste de son vertueux époux. Tendresse maternelle, à quels cruels tourments serez-vous livrée ! quel affreux avenir ! Laisser sur cette terre sanglante, dans les fers et la captivité ces chers orphelins, seuls, sans appui, au milieu de leurs ennemis les plus implacables, quel coeur ne serait brisé, anéanti, à cette triste et accablante pensée ? En vain la force et la raison cherchent à éloigner cette affreuse image ; le cri perçant de la nature, l’accent touchant de l’amour maternel viennent frapper à chaque instant l’imagination effrayée de la princesse. Ils n’auront plus d’appui, ils n’auront plus de consolation : tout leur sera ravi ; l’espérance elle-même, qui se plaît à verser sur les plus cruelles blessures un baume vivifiant et consolateur, l’espérance s’enfuira épouvantée ; et désertera ce triste séjour où le crime compte ses victimes, pour les précipiter dans le gouffre de l’éternité. Dieu ! quel sort affreux ! et ce sont là les tristes préludes du sacrifice que le crime et la fureur doivent ordonner.

   C’en est fait ; la catastrophe approche : l’âme oppressée sous le poids accablant des tourments les plus horribles, l’esprit affaissé, anéanti, l’infortunée mère a dit un éternel adieu à ses tristes et malheureux enfants. Pour la dernière fois, elle connaît les étreintes de la tendresse, d’une tendresse, hélas ! bien douloureuse ! Princesse adorable, ange de douceur et de bonté, vertueuse Elisabeth, c’est sur vous seule désormais que doit porter tout le fardeau de la douleur ; c’est à vous qu’est confiée le précieux dépôt : c’est vous qui devez présider aux destinées de ces tristes orphelins, de ces intéressantes victimes. Ah ! sans doute, vous étez bien digne de cette honorable confiance, et le sort de ces précieux enfants du malheur ne pouvait être confié à des mains plus pures : mais, hélas ! pouviez-vous échapper à la fureur des factions ? vos vertus touchantes et sublimes n’étaient-elles pas un titre suffisant à la proscription et à la mort ? Cette douloureuse pensée n’avait point échappé aux tristes pressentiments de la Reine, et cette cruelle conviction dut ajouter un grand poids à l’amertume de ses chagrins.

   Mais quittons ce tableau déchirant, et suivons l’infortunée Marie-Antoinette au lieu redoutable où l’on doit décider de son sort. Contemplons cette scène terrible où l’auguste princesse déploya plus que jamais ce caractère sublime qui attache autant qu’il étonne : voyez avec quel calme, avec quelle dignité elle répond à ses accusateurs ; avec quelle présence d’esprit elle repousse leurs odieuses calomnies ; avec quel art elle évite, dans ses réponses, tout ce qui pourrait compromettre quelques serviteurs fidèles. Elle écarte avec une sagacité qui ferait honneur au plus habile légiste, toutes les questions insidieuses qui tendaient à envelopper d’autres infortunés dans sa disgrâce. Qui pourrait lire les pièces de ce célèbre procès, sans être pénétré d’admiration pour le caractère magnanime et les talents supérieurs que la Reine déploya dans ces terribles circonstances ? Le trouble et l’inquiétude ne la dominèrent pas un seul instant ; et ses réponses, faites avec autant de justesse que de précision, durent exciter un étonnement universel. Mais ce qui frappe, ce qui transporte, ce qui ravit, c’est cette réponse sublime, admirable, extraordinaire que lui dictèrent à la fois son coeur et son génie, lorsqu’on eut la coupable audace de lui faire l’interpellation la plus monstrueuse : « Je demande, s’écria-t-elle avec l’accent d’une noble et généreuse indignation, s’il est dans cette enceinte une seule mère de famille qui n’ait pas frémi, en entendant prononcer une pareille infamie. »
Mais que pouvaient les talents et le courage, ou même la vertu, contre ce courant destructeur, qui, dans ses affreux ravages, devait épouvanter la terre et les siècles futurs de ses horribles fureurs ? L’épouse de Louis XVI était destinée, comme lui, à recevoir la palme du martyre.
Augustes Enfants de France, que deviendrez-vous ? Nobles et intéressantes victimes, qui pourra désormais alléger vos souffrances, vous consoler dans vos douleurs ? qui pourra essuyer ces tristes larmes que votre cruelle destinée va vous forcer chaque jour à répandre ? qui cicatrisera ces plaies sanglantes qui, chaque jour, vont s’agrandir ? Hélas ! la dernière consolation, le dernier appui qui vous restent, vont vous être inhumainement ravis : vous ne verrez plus autour de vous que la destruction, le carnage et la mort. Quelle puissance protectrice pourra donc vous arracher de cet odieux séjour ? Que deviendra l’héritage de vos pères ? quel sera votre sort ? abandonnés de la nature entière, jetés au milieu des hommes, comme un voyageur au milieu d’une île déserte, vous serez les tristes jouets du sort le plus rigoureux. Passions affreuses, factions sanglantes ; dévorerez-vous jusqu’au dernier rejeton de l’illustre famille ? Est-ce donc ainsi que sera foulée, brisée, anéantie la fleur des lys à qui la France doit tant de siècles de jouissances, de bonheur et de gloire ? Déjà cette plante majestueuse se courbe languissamment ; un bouton précieux de cette auguste tige va se flétrir et disparaître sans retour : son existence a été mutilée par le souffle impur du plus cruel Aquilon. Qui protégera et sauvera les précieux restes qui échapperont à la faux meurtrière ? Dieu tout puissant, vous seul pouvez opérer cet éclatant phénomène ; vous seul pouvez recueillir et rétablir sur leur sol natal ces rameaux épars et dispersés ; vous seul pouvez assurer un abri tutélaire à cette fleur tendre et délicate, échappée, comme par miracle, aux secousses les plus violentes des vents les plus impétueux : sauvée sous l’égide de votre divine bonté, elle offrira un jour le spectacle le plus touchant et le plus admirable ; elle paraîtra au milieu de ce peuple naguère livré aux plus funestes égarements : sa présence sera celle de l’ange consolateur ; devant elle marcheront la paix, la concorde et le bonheur. Avec quel ravissement tout un peuple, ivre d’amour, de joie et d’espérance, contemplera cette heureuse production sur laquelle la nature s’est plu à verser ses dons les plus riches, et la Providence ses faveurs les plus signalées et les plus extraordinaires.

monogramme-de-la-reine-192x300 duchesse d'Angoulème dans Memento

La dernière lettre de Sa Majesté la Reine > ici
Fac-similé des dernières lignes écrites de sa main > ici

frise-lys-300x40 exécution de la Reine dans Vexilla Regis

2013-75. Eglise catholique : la fin et les moyens.

par le professeur Roberto de Mattei

2013-75. Eglise catholique : la fin et les moyens. dans Chronique de Lully robertodemattei

   Forts de l’autorisation que nous en a donnée le professeur Roberto de Mattei, nous reproduisons ici un texte qu’il a publié le 1er octobre de cette année 2013 dans la version française de « Correspondance Européenne » (cf. > ici).
Dans l’actuel état de confusion où se trouve l’Eglise, confusion développée et entretenue par des déclarations et des attitudes qui nous blessent profondément dans notre conscience catholique et dans notre attachement au Saint Siège Apostolique, il est bon de se rappeler de manière sereine et objective les solides principes sur lesquels se fonde l’obéissance surnaturelle authentique.
Je vous laisse donc lire, relire et méditer sur cet excellent texte.

Lully.                                       

60pxemblemofthepapacysesvg conseils spirituels pour la crise de l'Eglise dans Commentaires d'actualité & humeurs

   Dans le monde déséquilibré dans lequel nous vivons, bien des erreurs de comportement naissent de la confusion des idées et des concepts. L’une des principales équivoques concerne le rapport entre la fin et les moyens des actes humains. Nous avons eu la possibilité d’expliquer pourquoi, pour un catholique, la fin, aussi bonne soit-elle, ne justifie jamais l’emploi de moyens illicites pour y parvenir (cf. CE 270/01 du 20 juillet 2013). Il n’est pas possible d’accomplir le mal pour obtenir un bien. Le respect de la loi morale doit être absolu et ne peut tolérer d’exceptions. Il existe cependant un autre principe fondamental de la vie chrétienne : celui selon lequel les moyens, aussi nobles et élevés soient-ils, ne prévalent jamais sur la fin, mais doivent toujours être subordonnés à cette dernière. Dans le cas contraire, on assisterait à une inversion de valeurs entre la fin et les moyens.

   Les fins des actions humaines peuvent être multiples et les moyens permettant de les atteindre encore plus nombreux. Il existe cependant une fin ultime dont nous dépendons tous. Cette fin est Dieu, cause première et fin ultime de tout ce qui existe, dont tout dérive et auquel tout revient : « alpha et oméga, premier et dernier, commencement et fin » comme l’indique l’Apocalypse (XXII, 13). La gloire de Dieu est la seule fin de toutes choses ainsi que leur seul bien.

   Le Père François Pollien (1853-1936) rappelle que le Ciel et la terre, les Anges et les hommes, l’Église et la société, la grâce et les sacrements, les animaux et les plantes, l’activité et la force des êtres, les événements historiques et cosmiques, en tant que créatures doivent être considérés comme des instruments et seulement en tant que tels, moyens en vue de notre fin : la gloire de Dieu à laquelle est liée notre bonheur (« La vie intérieure simplifiée et ramenée à son fondement », Beauchesne, 1933). Ceci vaut pour toute créature, la plus élevée soit-elle.

   La personne même du Pape, en tant que Vicaire du Christ, est la plus noble des créatures mais elle est un instrument et non une fin en soi. C’est en tant que telle qu’elle doit être utilisée si nous ne voulons pas renverser le rapport entre les moyens et la fin.

   Il est important de le souligner à une époque où il existe, surtout parmi les catholiques les plus fervents, une grande confusion à cet égard. Le catéchisme nous enseigne qu’il faut obéir au Pape parce que l’obéissance est une vertu morale qui nous lie à la volonté du supérieur et, parmi toutes les autorités sur la terre, il n’en existe de plus haute que celle du Pape. Mais l’obéissance au Pape est aussi un instrument et non une fin en soi.

   L’obéissance au sein de l’Église comporte pour le sujet le devoir d’accomplir non pas la volonté du supérieur mais uniquement celle de Dieu. C’est pourquoi l’obéissance n’est jamais aveugle ou inconditionnée. Elle a ses limites dans la Volonté de Dieu qui s’exprime au travers de la loi naturelle et divine et de la Tradition de l’Église, dont le Pape est le gardien et non le créateur.

   La tendance aujourd’hui si largement répandue de considérer comme infaillible toute parole et tout comportement du Pape, naît d’une mentalité historiciste et immanentiste, qui recherche le divin chez les hommes et dans l’histoire et est incapable de juger les hommes et l’histoire à la lumière de cette loi divine et naturelle qui est le reflet direct de Dieu.

   L’Église du Christ qui transcende l’histoire est remplacée par l’église moderniste qui vit immergée dans l’histoire. Au Magistère pérenne vient se substituer le magistère « vivant », exprimé par un enseignement pastoral, évocatoire et allusif qui se transforme chaque jour et a sa regula fidei dans le sujet de l’autorité et non pas dans l’objet de la vérité transmise.

   Ceux qui utilisent vis-à-vis du Pape des paroles sarcastiques ou irrévérentes se trompent. Mais le respect dû au Vicaire du Christ ne s’adresse par à l’homme mais à Celui qu’il représente. À l’homme, au docteur privé, il est même possible, dans des cas exceptionnels, de résister. Les fidèles catholiques se sont glorifiés d’être « papolâtres » ou « papistes », titres qui leur avaient été attribués de manière méprisante par les ennemis de l’Église. Mais aucun vrai catholique n’est jamais tombé dans la « papolâtrie » qui consiste à diviniser le Vicaire du Christ au point de le substituer au Christ Lui-même.

   La papolâtrie exprime la confusion entre les moyens et la fin et constitue une attitude psychologique reposant sur une erreur doctrinale.

   Le théologien passionniste Enrico Zoffoli (1915-1996), dans un essai intitulé « Potere e obbedienza nella Chiesa » (Segno, 1996), nous rappelle que Pierre, premier Vicaire du Christ, manqua à son devoir, sinon en trahissant la vérité, du moins en permettant que les fidèles puissent demeurer dans le doute et la confusion jusqu’à ce que saint Paul ose le reprendre publiquement (Gal. II, 11) parce que le devoir de « marcher droit selon la vérité de l’Évangile » (Gal. II, 14) prévaut sur l’autre, consistant à obéir et à se taire.

   L’autorité humaine cesse – en ce qui concerne son exercice – lorsqu’elle outrepasse ses limites et offense la vérité ou ne la défend pas comme cela serait nécessaire et dans la mesure nécessaire afin qu’elle ne soit pas trahie. « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Act. V, 29), avait déclaré saint Pierre lui-même devant le Sanhédrin de Jérusalem. À propos du comportement de saint Pierre, saint Thomas, lui aussi, en accord avec saint Augustin, considère qu’il ne faut jamais renoncer à la vérité par crainte d’un scandale : « Veritas numquam dimittenda est propter timorem scandali » (S. Thom. super epistolam B. Pauli ad Galatas II, 11-14, lect. 3, n. 80).

   Il est possible de pécher par excès contre l’obéissance, en obéissant dans les choses illicites, ou par défaut, en désobéissant dans les choses licites. Face à un ordre injuste, si l’ordre lèse seulement notre personne, il est possible de se comporter héroïquement en obéissant. Mais si l’ordre lèse la loi divine et naturelle, ou le bien commun, l’héroïsme se manifeste dans la résistance : obéir deviendrait alors un simple servilisme.

   Il ne faut pas avoir peur à cet égard. Le père Enrico Zoffoli rappelle qu’aucune censure – même pontificale – n’a de valeur si elle est fondé sur des motifs objectivement faux ou si elle ne concerne pas le domaine de la foi et des mœurs (« Potere e obbedienza », p. 50). En effet, selon le Droit canonique, « Nul ne sera puni à moins que la violation externe de la loi ou du précepte ne lui soit gravement imputable du fait de son dol ou de sa faute » (Can.1321 § 1).

   Le critère selon lequel le fidèle peut résister à un ordre injuste de la suprême autorité ecclésiastique ne se fonde pas sur le libre examen, qui affirme par principe l’indépendance de la raison humaine par rapport à toute autorité, mais sur le sensus fidei commun à tout baptisé, c’est-à-dire sur cette foi qui fait de tout catholique un homme libre dans le service de la Vérité.

   Si un Pape voulait, par exemple, imposer la prière commune avec les musulmans, abroger le Rite romain antique, introduire le mariage des prêtres, il serait nécessaire d’opposer une résistance respectueuse mais ferme. Le sensus fidei s’opposerait à cela mais plus forte serait l’opposition, plus elle devrait être accompagnée d’un amour renouvelé envers la Papauté, l’Église et son Fondateur, Jésus Christ.

   Entre Dieu et les créatures, il existe une cascade inépuisable de médiations, c’est-à-dire de moyens au travers desquels les créatures peuvent plus facilement parvenir à leur fin. Après Jésus Christ, Fils de Dieu et Dieu Lui-même, à Qui tout est configuré, il existe une seule médiation parfaite, celle de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, co-rédemptrice et Médiatrice de toutes les grâces, conçue sans péché originel et immune en cela de toute erreur et de tout péché. Notre Dame, Fille élue du Père, Mère du Fils, Épouse du Saint-Esprit, est considérée par les théologiens comme un « complementum Trinitatis » depuis toute éternité. Elle et Elle seule, après Jésus Christ, est la Médiatrice parfaite.

   Aux heures de doute, de confusion, d’obscurité, le chrétien lève les yeux vers la fin et s’abandonne avec confiance au moyen par excellence, le seul toujours infaillible, pour parvenir au but : la Très Sainte Vierge Marie, Celle qui, seule, la nuit du Samedi Saint, ne vacilla pas et, alors que les Apôtres s’enfuyaient, prit sur Elle la foi de l’Église naissante.

Roberto de Mattei.

mater-ecclesiae crise de l'Eglise dans Lectures & relectures

2013-73. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n’ayant été offert qu’une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes.

   Sainte Thérèse Couderc (cf. > ici), dans l’enfouissement et l’ombre où elle était maintenue, a été gratifiée par Dieu d’expériences mystiques de premier ordre. Malheureusement, la plupart des écrits dans lesquels elle les a consignées ont été détruits et il n’en subsiste que quelques vestiges parmi lesquels le texte suivant, habituellement diffusé sous ce titre : « Se livrer ».
Il date du 26 juin 1864, Sainte Thérèse se trouvait alors au Cénacle de Montpellier.
A travers ces lignes, nous pouvons comprendre l’essentiel de ce qu’a vécu cette âme si intimement unie à l’immolation du divin Cœur de Jésus.

2013-73. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n'ayant été offert qu'une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes. dans Chronique de Lully sacre-coeur-cenacle-la-louvesc

Statue du Sacré-Cœur sur l’angle extérieur de la chapelle du Cénacle de La Louvesc

Se livrer :

   Déjà plusieurs fois Notre-Seigneur m’avait fait connaître combien il était utile pour l’avancement d’une âme qui désire sa perfection de se livrer sans réserve à la conduite de l’Esprit-Saint. Mais ce matin il a plu à sa divine Bonté de m’en donner encore une vue toute particulière.
Je me disposais à commencer ma méditation lorsque j’ai entendu le son de différentes cloches qui appelaient les fidèles à l’assistance aux divins Mystères. Dans ce moment, j’ai désiré m’unir à toutes les messes qui se disaient et ai pour cela dirigé mon intention afin d’y participer. Alors, j’ai vu d’une vue générale, tout l’univers catholique et une multitude d’autels où s’immolait en même temps l’adorable Victime. Le sang de l’Agneau sans tache coulait en abondance sur chacun de ces autels qui m’apparaissaient environnés d’une fumée fort légère qui s’élevait vers le ciel. Mon âme était saisie et pénétrée d’un sentiment d’amour et de reconnaissance à la vue de cette satisfaction si abondante que Notre-Seigneur offrait pour nous. Mais j’étais aussi dans un grand étonnement de ce que le monde entier n’en était pas sanctifié. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n’ayant été offert qu’une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes. Voici la réponse que j’ai cru entendre : Le sacrifice est sans doute suffisant par lui même, et le sang de Jésus-Christ plus que suffisant pour la sanctification d’un million de mondes, mais les âmes manquent de correspondance et de générosité. Or, le grand moyen d’entrer dans la voie de la perfection et de la sainteté, c’est de se livrer à notre bon Dieu.

   Mais qu’est-ce que « se livrer » ? Je comprends toute l’étendue du sens de ce mot : se livrer, mais je ne puis l’expliquer.

   Je sais seulement qu’il est très étendu, qu’il embrasse le présent et l’avenir.

   Se livrer, c’est plus que se dévouer, c’est plus que se donner, c’est même quelque chose de plus que s’abandonner à Dieu.

   Se livrer enfin, c’est mourir à tout et à soi-même, ne plus s’occuper du moi que pour le tenir toujours tourné vers Dieu.
Se livrer, c’est encore ne plus se chercher en rien, ni pour le spirituel, ni pour le temporel, c’est-à-dire ne plus chercher de satisfaction propre mais uniquement le bon plaisir divin.
il faut ajouter que se livrer, c’est aussi cet esprit de détachement qui ne tient à rien, ni pour les personnes, ni pour les choses, ni pour le temps, ni pour les lieux. C’est adhérer à tout, accepter tout, se soumettre à tout.

   Mais on va croire peut-être que cela est bien difficile à faire. Qu’on se détrompe, il n’y a rien de si facile à faire et rien de si doux à pratiquer. Le tout consiste à faire une seule fois un acte généreux, en disant avec toute la sincérité de son âme : « Mon Dieu, je veux être tout à vous, daignez accepter mon offrande ».
Et tout est dit.
Avoir soin désormais de se tenir dans cette disposition d’âme et ne reculer devant aucun des petits sacrifices qui peuvent servir à notre avancement dans la vertu. Se rappeler que l’on s’est livré.
Je prie Notre-Seigneur de donner l’intelligence de ce mot à toutes les âmes désireuses de lui plaire, et de leur inspirer un moyen de sanctification si facile.
Oh ! si l’on pouvait comprendre à l’avance quelles sont les douceurs et la paix que l’on goûte quand on ne met pas de réserve avec le Bon Dieu ! Comme il se communique à l’âme qui le cherche sincèrement et qui a su se livrer. Que l’on en fasse l’expérience et l’on verra que c’est là où se trouve le vrai bonheur que l’on cherche en vain sans cela.

   L’âme livrée a trouvé le paradis sur la terre, puisqu’elle y jouit de cette douce paix qui fait en partie le bonheur des élus.

portrait-grave-de-ste-therese-couderc Sainte Thérèse Couderc dans De liturgia

Sainte Thérèse Couderc,
portrait gravé sur une image répandue avant sa béatification.

* * * * * * *

Prière de Sainte Thérèse Couderc à la Très Sainte Trinité > ici

2013-72. De Sainte Thérèse Couderc.

26 septembre,
Fête de Sainte Thérèse Couderc, vierge ;
Mémoire des Saints Cyprien et Justine, martyrs.

   Le 26 septembre, dans le diocèse de Viviers où le Mesnil-Marie est implanté, nous célébrons la fête de Sainte Thérèse Couderc, envers laquelle nous avons une très grande ferveur et dévotion.

2013-72. De Sainte Thérèse Couderc. dans Chronique de Lully sainte-therese-couderc-au-lapin

Sainte Thérèse Couderc,
photographie dite « au lapin » prise au Cénacle de Fourvière (Lyon)

   Marie-Victoire Couderc est née le 1er février 1805 dans le mas familial, à Sablières, paroisse rurale de la partie cévenole du diocèse de Viviers.
Dans ce milieu rude et fervent des familles chrétiennes paysannes au sortir de la grande révolution, elle manifeste très tôt une profondeur spirituelle remarquable.
En 1826, âgée de 21 ans, alors que la Restauration permet la reconstitution et la fondation des congrégations religieuses, elle entre au noviciat d’une petite communauté fondée pour l’éducation des enfants pauvres, à Aps (aujourd’hui Alba la Romaine), par un prêtre vivarois zélé : l’abbé Etienne Terme. Marie-Victoire devient alors Sœur Thérèse.

   L’abbé Terme ayant été nommé curé de La Louvesc (cf. > ici), il entreprend de réorganiser et de redonner de l’élan au pèlerinage auprès de la tombe de Saint Jean-François Régis (cf. > ici). Il demande à Sœur Thérèse de venir à La Louvesc afin d’y ouvrir une maison d’accueil pour les pèlerines (1827).
Rapidement, Sœur Thérèse comprend que ce n’est pas seulement une « pieuse hôtellerie » que Dieu l’appelle à diriger, mais une maison où les femmes qui viennent faire leurs dévotions au tombeau de Saint Régis pourront profiter d’exercices spirituels leur permettant de bénéficier pleinement des grâces de leur pèlerinage. Ainsi sont jetées les fondations de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame de la Retraite au Cénacle (appelée le plus souvent Congrégation des Sœurs du Cénacle) dont, à 23 ans, Mère Thérèse se retrouve la supérieure et l’âme.

   La fondation du Cénacle réunit trois courants spirituels :
- la lignée ignatienne : les femmes qui seront accueillies en retraite suivront les exercices spirituels de Saint Ignace, et – chose absolument novatrice pour l’époque – ce sont les religieuses, et non des prêtres, qui les guideront dans cet itinéraire spirituel ;
- l’Ecole Française de spiritualité et son attention particulière au mystère de « l’intérieur de Jésus et Marie » : en particulier l’union des Sacrés Cœurs de Jésus et Marie dans le sacrifice rédempteur ;
-  l’approfondissement de la présence et du rôle de Notre-Dame au milieu des Apôtres et des disciples pendant les neuf jours passés en prière au Cénacle entre l’Ascension et la Pentecôte.

vitrail-notre-dame-du-cenacle Cénacle dans De liturgia

Vitrail de Notre-Dame du Cénacle
(chapelle du Cénacle – La Louvesc) 

   L’œuvre se développa, essaima en des fondations qui prospérèrent.
La mort prématurée de l’abbé Terme avait fait que Mère Thérèse s’était tournée vers les jésuites pour conseiller et soutenir l’oeuvre naissante : peu à peu, les Pères exercent une véritable mainmise sur la fondation et, s’ils savent favoriser son expansion, ils deviennent aussi les instruments du « martyre » spirituel de Mère Thérèse.
En effet, cette femme simple, issue du milieu paysan cévenol, à la parole sans apprêt, leur semble trop peu « représentative » pour une  congrégation qui s’implante dans de grands centres urbains, qui est fréquentée par des dames de l’aristocratie, et dans laquelle entrent pour devenir religieuses des jeunes filles de la « meilleure société »…

En 1835, Mère Thérèse est donc reléguée à l’arrière-plan, le titre de supérieure-fondatrice est donnée à une religieuse qui fera preuve de bien peu de jugement mais qui, aux yeux des « bons pères », a le grand mérite de porter un nom à particule et d’être alliée avec la « bonne société » : singulier discernement de ces fils de Saint Ignace qui s’enorgueillissent d’en être les spécialistes les plus autorisés !

   Pendant cinquante ans, Mère Thérèse vivra donc dans l’ombre, humiliée et méconnue, portant, dans la prière et le sacrifice, cette fondation, dont on ne lui reconnaît pas la maternité. Dans les toutes dernières années de sa vie seulement, la supérieure de l’époque commencera tout doucement à faire connaître le rôle de Mère Thérèse à l’origine de la Congrégation.

   Mère Thérèse s’éteint au Cénacle de Fourvière, à Lyon, le 26 septembre 1885, âgée de 80 ans et presque huit mois.
Son corps, incorrompu dans la tombe, a été ramené à La Louvesc dans la chapelle qu’elle avait faite construire, au lieu de la fondation.

Elle a été béatifiée par le vénérable Pie XII le 4 novembre 1951, et canonisée par Paul VI le 10 mai 1970.

corps-de-sainte-therese-couderc-dans-sa-chasse La Louvesc dans Lectures & relectures

Corps incorrompu de Sainte Thérèse Couderc tel qu’il était présenté dans la chapelle du Cénacle, à La Louvesc.

frise-avec-lys-naturel-300x40 Sainte Thérèse Couderc dans Nos amis les Saints

En septembre 2018, après que les religieuses du Cénacle ont décidé de fermer et de vendre la maison de leur fondation, le corps incorrompu de Sainte Thérèse Couderc a fait l’objet d’une translation depuis la chapelle qu’elle avait fait construire et où il était exposé depuis sa béatification, jusqu’à la basilique de La Louvesc – voir les articles que nous avons publiés à ce propos > ici, ici et ici
Prière de Sainte Thérèse Couderc en l’honneur de la Très Sainte Trinité > ici
« Se livrer »,
texte majeur qui permet de comprendre ce qu’a été la vie et la spiritualité de Sainte Thérèse Couderc > ici

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