Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2025-29. Des Bienheureux Ange de Furci et Antoine Migliorati d’Amandola, prêtres Ermites de Saint Augustin que l’on fête le 6 février.

6 février,
Fête de Saint Vaast, évêque et confesseur (cf. > ici) ;
Dans l’Ordre des Ermites de Saint Augustin, mémoire des Bienheureux Ange de Furci et Antoine Migliorati d’Amandola, prêtres de notre Ordre et confesseurs ;
Mémoire de Sainte Tite, disciple de Saint Paul, évêque et confesseur ;
Mémoire de Sainte Dorothée de Césarée, vierge et martyre ;
Anniversaire de la mort de Jean de Ockeghem, premier chapelain puis maître de chapelle de LL.MM. les Rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII (+ 6 février 1497 – cf. > ici) ;
Anniversaire de l’approbation du culte du Sacré-Cœur de Jésus par le Saint-Siège apostolique (6 février 1765 – cf. > ici).

vignette avec symboles augustiniens - blogue

Martyrologe pour l’Ordre de Saint Augustin à la date du 6 février :

   « A Naples, le Bienheureux Ange de Furci, prêtre de notre Ordre, remarquable par son enseignement et sa prédication au service du salut des âmes en leur faisant connaître les voies pour accéder au Royaume de Dieu. »

Statue du Bienheureux Ange de Furci

Statue du Bienheureux Ange de Furci,
prête pour être portée en procession dans la ville de Furci

       Le Bienheureux Ange est né à Furci (cité de la province de Chieti, dans les Abbruzes) en 1246 de parents riches et pieux dont l’union fut stérile pendant de longues années, mais qui, s’étant rendus en pèlerinage au sanctuaire du Mont Gargan, obtinrent de l’Archange Saint Michel la naissance de ce garçon, auquel, en reconnaissance, il donnèrent au saint baptême le prénom d’Ange (Angelo en italien), qui lui sera conservé dans la vie religieuse. 

   Il reçut une éducation exemplaire de ses parents, puis fut confié à un oncle maternel, qui était abbé du monastère bénédictin de Cornacchiano, près de Furci : il fit de rapides progrès tant dans la science que dans la vertu. 

   A la mort de cet oncle, Ange revint à Furci, puis après la mort de son père, âgé d’une vingtaine d’années, il entra au couvent des Ermites de Saint Augustin à Vasto (toujours dans la province de Chieti), où il acheva ses études en vue de l’ordination sacerdotale (il avait environ 25 ans), après  laquelle il fut envoyé étudier à la Sorbonne, à Paris, où il demeura cinq ans.

   A son retour en Italie, il fut assigné à enseigner la théologie dans plusieurs couvents jusqu’à ce qu’il soit affecté à l’enseignement au studium augustinien de Naples, qu’il ne quitta plus jusqu’à sa mort.
Il a été très apprécié comme théologien et prédicateur : on sait qu’il écrivit un commentaire de l’Evangile selon Saint Matthieu ainsi qu’un recueil de sermons, qui sont l’un et l’autre perdus.
En 1287, il fut élu Prieur provincial de la province de Naples, et par humilité, il déclina l’épiscopat des sièges d’Acerra et de Melfi auxquels il avait été promu.

   Il mourut à Naples, le 6 février 1327, âgé de 81 ans, dans le couvent de Saint Augustin alla Zecca, où il fut enterré.
Le peuple, qui l’avait déjà vénéré comme un saint de son vivant, commença à se recommander à lui, obtenant des faveurs et des grâces. Il fut ensuite ajouté aux saints patrons de Naples.
En août 1808, son corps fut ramené à Furci, sa ville natale, où son culte est très vivant et populaire.

Le 20 décembre 1888, le pape Léon XIII a officiellement approuvé son culte immémorial.

Procession avec la châsse du Bienheureux Ange de Furci

Procession avec la châsse du Bienheureux Ange dans les rues de Furci

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Bienheureux Antoine d'Amandola

Martyrologe pour l’Ordre de Saint Augustin toujours à la date du 6 février :

   « A Amandola, dans la Marche d’Ancône, le Bienheureux Antoine, confesseur de notre Ordre, très illustre par son admirable pénitence, sa charité exemplaire pour les pauvres et le don des miracles. Son corps y est honoré par la grande vénération des fidèles. »

       Le Bienheureux Antoine d’Amandola est né le 17 janvier 1355, fils de Simplicien et Jeanne Migliorati, un ménage modeste d’agriculteurs, dans un hameau de cette petite cité de la province de Fermo, dans la Marche d’Ancône.

   Dans son enfance, il fréquenta avec assiduité les offices d’une abbaye bénédictine proche, et sans doute aussi y reçut-il un enseignement élémentaire.
On pense que c’est aux alentours de l’âge de 18 ans que, orphelin de père et de mère, il entra chez les Ermites de Saint Augustin d’Amandola : le choix de cet Ordre est en rapport avec la très grande dévotion qu’il nourrissait pour Saint Nicolas de Tolentino (1245-1305).
Il s’appliqua avec ferveur et générosité à suivre la Règle et les observances claustrales, édifiant tout le couvent par ses vertus. Vers l’âge de 25 ans, vers  1380, il fut ordonné prêtre.

   Très rapidement, il fut réputé pour sa compassion et sa charité envers les âmes en quête d’aide dans les voies de la conversion et de la sainteté : son confessionnal fut bientôt assiégé par les pécheurs et les âmes en quête de perfection.
Les extases, la bilocation, l’esprit de prophétie, le don des miracles, la préscience de l’avenir et les révélations célestes lui furent largement donnés par Dieu, à la mesure des austérités, de la privation de sommeil et des pénitences qu’il s’infligeait sans complaisance.

   Vers 1390, il fut envoyé au couvent de Tolentino, où il fut en charge de la sacristie.
S’il avait moins de loisir pour visiter les pauvres et les malades, il se réjouissait de continuer le précieux ministère du confessionnal, et de devoir demeurer de longues heures dans l’église pour l’entretenir, préparer les cérémonies, être à disposition des visiteurs pour bénir… et accompagner les bénédictions qu’il donnait par des paroles de consolation et d’encouragement.
Après un rapide passage dans un couvent des Pouilles, vers l’âge de 45 ans, ses supérieurs lui assignèrent de résider à nouveau au couvent d’Amandola, où il restera jusqu’à la fin de sa vie, et dont il sera peu après élu Prieur. Il fit considérablement agrandir le couvent.

   L’année 1450 commença : il eut 95 ans le 17 janvier et il reçut de la Très Sainte Mère de Dieu l’annonce de sa mort prochaine, qu’il communiqua à ses frères. Il ne fut pas malade : les moines qui étaient présents dirent qu’il s’éteignit comme une bougie, de simple vieillesse.
Quand il sentit que la fin était imminente, il appela tous ses frères dans sa cellule et, avec humilité et sincérité, il leur demanda que, s’il avait donné quelque mauvais exemple ou causé quelque déplaisir, ils lui accordassent leur pardon pour l’amour de Dieu et de sa Très Sainte Mère. Puis il se confessa, et reçut avec la plus grande dévotion la communion comme viatique pour l’éternité, avec l’extrême-onction.
Finalement, avec une pleine lucidité d’esprit, toujours entouré de ses frères, il demanda que son corps soit enterré dans la terre nue devant la porte du chœur, afin qu’en y entrant pour prier les religieux le foulassent aux pieds et qu’ils se souviennent d’implorer pour lui la miséricorde du Seigneur. Enfin il s’endormit dans la mort, c’était le 25 janvier 1450.

   A la suite de la guérison miraculeuse d’un religieux du couvent qui souffrait de calculs rénaux et auquel il apparut, en 1453, son corps fut exhumé pour être placé dans un lieu plus digne, où les fidèles pourraient le vénérer : on trouva son habit pourri, mais son corps absolument intact, incorrompu et souple, comme s’il venait de rendre le dernier soupir, et répandant une odeur paradisiaque. On l’enferma alors dans un coffre de noyer qui fut déposé sous l’autel de la Vierge des Douleurs (devant lequel il avait passé de longues heures en prière) : les miracles se multiplièrent et les frères Augustins en consignèrent plus de 155 (protections miraculeuses, guérisons, conversions, résurrections de morts…).

   Le 11 juillet 1759, le pape Clément XIII, reconnaissant son culte immémorial, l’inscrivit au nombre des Bienheureux : la reconnaissance des restes qui fut pratiquée après cette béatification, révéla que le corps était toujours incorrompu et souple.

   Malheureusement, ces restes sacrés furent horriblement profanés par des soldats français le 11 juin 1798 : ces soldats de la révolution s’étant installés au couvent des Augustins, après avoir pillé ou vandalisé tous les objets de valeur, brisèrent l’urne qui contenait le corps du Bienheureux, l’en retirèrent, le déshabillèrent, puis le profanèrent au milieu d’un vacarme infernal, tandis que l’orgue jouait à plein volume « la Marseillaise ».

   Ce qu’on récupéra du corps souillé et disloqué fut placé dans une urne de marbre et, le 20 avril 1890, le pape Léon XIII accorda l’indulgence plénière aux fidèles qui visiteraient son sanctuaire.

   Nous l’avons vu, son « dies natalis » est le 25 janvier, jour où l’on célèbre la fête de la conversion de Saint Paul, c’est pourquoi le martyrologe propre des Ermites de Saint Augustin, approuvé par ce même Léon XIII, reporte sa fête au 6 février (sauf à Amandola où elle prime sur la conversion de Saint Paul). 

Châsse du Bienheureux Antoine d'Amandola

Amandola : sanctuaire du Bienheureux Antoine Migliorati
(la châsse contenant les restes du Bienheureux Antoine a été déplacée dans une chapelle,
en partie souterraine, aménagée à l’emplacement de l’ancien cloître, à côté de l’église
en raison de travaux rendus nécessaires consécutivement à plusieurs tremblements de terre ;
à gauche de la châsse, on conserve la planche qui servait d’ « oreiller » au Bienheureux)

2025-28. Du chanoine Jean de Ockeghem, « fleur des musiciens » et « vray trésorier de Musique ».

6 février,
Fête de Saint Vaast, évêque et confesseur (cf. > ici) ;
Dans l’Ordre des Ermites de Saint Augustin, mémoire des Bienheureux Ange de Furci et Antoine Migliorati d’Amandola, prêtres de notre Ordre et confesseurs (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Tite, disciple de Saint Paul, évêque et confesseur ;
Mémoire de Sainte Dorothée de Césarée, vierge et martyre ;
Anniversaire de la mort de Jean de Ockeghem, premier chapelain puis maître de chapelle de LL.MM. les Rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII (+ 6 février 1497) ;
Anniversaire de l’approbation du culte du Sacré-Cœur de Jésus par le Saint-Siège apostolique (6 février 1765 – cf. > ici).

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       Dans la liste, assez longue il est vrai, des compositeurs que nous aimons particulièrement au Mesnil-Marie, se trouve Jean de Ockeghem (beaucoup, aujourd’hui, préfèrent l’appeler : Johannes Ockeghem) qui fut rappelé à Dieu le 6 février 1497, à Tours.
Sa notoriété fut grande de son vivant : ses contemporains ne l’appelaient-ils pas « fils et perle de la Musique », « fleur des musiciens » ou encore « vray trésorier de Musique » ? Et c’était avec raison !

   Ockeghem était et demeure en effet l’un des compositeurs les plus importants du XVème siècle. Sa personnalité et son art ont forcé le respect et l’admiration non seulement de sa génération, mais aussi des musiciens de la suivante, pour laquelle il devint un modèle de perfection.
Sa musique a eu une influence considérable pour l’évolution du langage musical, puisque dans son œuvre s’accomplit le passage vers la musique de la Renaissance. 

Portrait supposé de Jean de Ockeghem

Portrait supposé de Jean de Ockeghem

       Jean de Ockeghem est un compositeur franco-flamand né vers 1410-1420, probablement à Saint-Ghislain près de Mons, dans le Hainaut.
On pense avec vraisemblance qu’il fut l’élève de Gilles Binchois (vers 1400 – 1460), mais à la vérité on sait très peu de chose sur ses origines, son enfance, sa formation.
Sa biographie nous est connue essentiellement à travers les fonctions qu’il occupa… et les livres de comptes dans lesquels son nom apparaît avec ses émoluments. 

   Ainsi, en 1443-1444, apparaît-il pour la première fois comme vicaire-chantre à la cathédrale Notre-Dame d’Anvers ; puis les livres comptables de 1445-1448 le mentionnent comme l’un des sept chanteurs de la fastueuse cour du duc Charles Ier de Bourbon (1401-1456), dont la résidence principale est à Moulins. Peut-être est-ce le patronage de ce dernier qui lui permit d’entrer au service du Roi Charles VII ?
On le trouve en effet en 1450 comme membre de la Chapelle Royale, et en 1454, il devient « premier chapelain », et offre au Roi « ung livre de chant », dont le contenu nous est malheureusement inconnu.

   Le 5 novembre 1458, il chante le Te Deum dans l’église du château de Vendôme (résidence royale), en l’honneur de l’élection du pape Pie II. Quelques semaines plus tard, à l’occasion du nouvel an 1459, il offre au Roi « une chanson bien richement enluminée ». Cette année 1459 lui vaut d’être nommé à une fonction grandement honorifique (et lucrative), celle de « trésorier de Saint-Martin de Tours », malgré l’opposition des chanoines de la collégiale ; cette charge l’astreint normalement à résidence.

   Deux ans plus tard, il est présent aux obsèques de Charles VII (+ 22 juillet 1461), qui, quelques jours avant sa mort, l’a fait dispenser de l’obligation de résidence.

Louis XI

Louis XI (1423-1483)
[portrait attribué à Jacob de Littemont, vers 1469]

   Dans un premier temps, l’accession de Louis XI au trône ne change pas sa situation. Il voyage un peu (mais il ne sera jamais un grand voyageur et ne se rendra jamais en Italie).
En 1463, il est pourvu d’un canonicat à Notre-Dame de Paris. Comme à Tours, cette nomination est contestée par les autres chanoines et lui vaudra quatre années de chicanes devant les tribunaux ecclésiastiques : Ockeghem semble n’avoir jamais vraiment rempli ses obligations capitulaires, et il renoncera à cette charge en 1470, pour devenir chapelain de l’église Saint-Benoît de Paris.
La source de ces procédures judiciaires tient au fait qu’Ockeghem n’a pas reçu les ordres majeurs : il est tonsuré, certes, mais on ne sait pas s’il a reçu les ordres mineurs ni à quel moment. En 1463, nous savons qu’il est sous-diacre mais on ignore depuis combien de temps.
Il est finalement ordonné prêtre à la fin de l’année 1463, à la cathédrale de Cambrai semble-t-il.

   Son ordination semble avoir éteint les litiges. Et c’est peut-être aussi elle qui lui permet d’accéder à la charge de « maître de la chapelle de chant du Roi », attestée en 1465 (mais on ignore la date de sa nomination).
On lui connaît aussi un rôle dans certaines missions diplomatiques au service de Louis XI.

   On est peu renseigné sur la carrière d’Ockeghem après la mort de Louis XI (+ 30 août 1483), en raison d’une documentation lacunaire. On sait par exemple qu’il se trouve aux côtés du Roi Charles VIII lors de la cérémonie du lavement des pieds le Jeudi Saint 1488. 

   Dans son testament, qu’il rédige en 1487, Jean lègue tous ses biens à la collégiale Saint-Martin de Tours.
Il apparaît dans les rôles du chapitre jusqu’au 6 février 1497 jour de son trépas : la date est certaine puisqu’elle est mentionnée dans les archives du chapitre de Saint-Martin de Tours, qui chante une Messe de Requiem pour le repos de son âme… et procède à la désignation d’un nouveau trésorier.

Johannes Ockeghem

Jean de Ockeghem et ses chantres : miniature posthume (1523)
[Ms. fr.1537 fol. 58v - Bibliothèque Nationale, Paris]

   Même s’il a excellé dans des compositions profanes (une vingtaine de chansons nous sont parvenues), c’est évidemment à la musique religieuse qu’Ockeghem a donné la priorité, en cherchant à transmettre une réelle impression de grandeur et de puissance.
On a conservé de lui treize Messes, un Requiem (cf. ci-dessous), un credo isolé, ainsi qu’une dizaine de motets. 

   Son habileté contrapuntique éclate par exemple dans son Deo gratias à 36 voix (on peut en écouter un extrait en cliquant ici). Sa Missa cujusvis toni peut – comme son nom l’indique – être transposée dans n’importe quel ton (on peut en écouter le Kyrie en cliquant ici). Une autre preuve de sa virtuosité dans sa Missa Prolationum (dans le manuscrit, une seule voix est copiée mais elle est écrite pour deux chanteurs à des vitesses différentes. Pour obtenir une polyphonie à quatre voix, le manuscrit ne comporte donc que deux parties ; en outre, le compositeur emploie dans ses canons tous les intervalles possibles : à l’unisson, à la tierce, à la quarte, à la quinte, à la sixte, à la septième et à l’octave).
Mais ces prouesses techniques n’empêchent pas la spontanéité du compositeur ni son goût de l’expression. L’intérêt intellectuel va de pair chez Ockeghem avec l’émotion immédiate.

   Le Requiem de Jean de Ockeghem est une œuvre d’une importance historique considérable.
Il s’agit du premier exemple connu de Requiem polyphonique [on sait par les documents que Guillaume du Faÿ (1397-1474) a composé lui aussi un Requiem polyphonique, durant les dernières années de sa vie où il se fut chanoine de la cathédrale de Cambrai et de Sainte-Waudru de Mons, probablement le premier de l’histoire, mais il est aujourd’hui perdu] : il a probablement été composé en 1461 à la mort de Charles VII, ou en 1483 pour Louis XI. Il se distingue par sa complexité et sa profondeur émotionnelle, utilisant la polyphonie pour créer une texture musicale riche et variée tout en exprimant la solennité et le deuil associés à la liturgie des défunts.
Malgré sa complexité technique, ce Requiem d’Ockeghem ne perd jamais de vue l’objectif expressif de l’œuvre, ce qui en fait une pièce d’une exceptionnelle beauté et d’une rare puissance ém
otionnelle.

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anges chanteurs - blogue

2025-27. Leçons historiques des matines de la fête de Sainte Agathe.

5 février,
Fête de Sainte Agathe, vierge et martyre ;
Anniversaire du martyre de la Bienheureuse Françoise Mézière, vierge, modèle des institutrices catholiques (cf. > ici) ;
Anniversaire de la naissance de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné (5 février 1626).

       Sainte Agathe est l’une des plus illustres parmi les vierges martyres des premiers siècles : au canon romain, son nom est cité juste après ceux des Saintes Félicité et Perpétue, les célèbres martyres de Carthage, et juste avant celui de Sainte Lucie, autre vierge martyre sicilienne ; les noms des plus fameuses vierges martyres de Rome, Agnès et Cécile, ne viennent qu’ensuite, puis Sainte Anastasie clôt la liste de ce diptyque.

Sainte Agathe de Catane - Fr.Mx.M. blogue

Leçons historiques du deuxième nocturne des matines

de la fête de Sainte Agathe de Catane

Quatrième leçon :

   La vierge Agathe naquit en Sicile, de parents nobles : Palerme et Catane se disputent l’honneur d’avoir été le lieu de sa naissance.
C’est à Catane qu’elle obtint la couronne d’un glorieux martyre pendant la persécution de l’empereur Dèce. Comme elle était également renommée pour sa beauté et sa chasteté, Quintianus, gouverneur de Sicile, s’éprit d’amour pour elle. Après avoir cherché par tous les moyens à la faire consentir à ce qu’il désirait, ne pouvant y parvenir, il la fit arrêter comme étant engagée dans la superstition chrétienne, et il la livra pour la corrompre, à une femme nommée Aphrodise. Les relations d’Agathe avec cette femme n’ayant pu ébranler sa fermeté dans sa foi, ni sa résolution de garder la virginité, Aphrodise annonça à Quintianus que tous ses efforts étaient inutiles.
Alors le gouverneur ordonne qu’on lui amène la vierge : « N’as-tu pas honte, lui dit-il, étant d’une naissance illustre, de mener la vie humble et servile des chrétiens ? » Mais Agathe répond : « L’humilité et la servitude chrétienne sont préférables aux trésors et à l’élévation des rois ».

Giovanni Lanfranco - Sainte Agathe dans sa prison - blogue

Giovanni Lanfranco (1582–1647) : Saint Pierre guérissant Sainte Agathe (1613-1614)
[Galerie nationale de Parme]

Cinquième leçon :

   Irrité par cette réponse, le gouverneur lui donne le choix, ou d’honorer les dieux ou de subir la violence des tourments.
Comme la Sainte demeure constante dans la foi, il la fait souffleter, puis conduire en prison. Le lendemain, elle en est tirée, et comme elle n’a pas changé de sentiment, on la tourmente sur le chevalet par l’application de lames ardentes ; ensuite, on lui coupe la mamelle. Pendant ce supplice, la vierge, s’adressant à Quintianus : « Cruel tyran, lui dit-elle, n’as-tu pas honte de mutiler dans une femme, ce que tu as sucé dans ta mère ? »
Jetée de nouveau en prison, elle fut guérie la nuit suivante par un vieillard qui se disait être Apôtre du Christ.
Appelée encore une fois devant le gouverneur et persévérant à confesser le Christ, on la roula sur des fragments de pots cassés et sur des charbons ardents.

Reliquaire du chef de Sainte Agathe - cathédrale de Catane

Reliquaire du chef de Sainte Agathe, cathédrale de Catane.

Sixième leçon :

   Au même moment un grand tremblement de terre ébranla toute la ville, et deux murailles en s’écroulant écrasèrent Sylvain et Falconius, familiers du gouverneur.
Aussi la ville étant en proie à une vive émotion, Quintianus, qui craignait une sédition dans le peuple, commande de ramener secrètement dans sa prison Agathe à demi morte. Elle pria Dieu en ces termes : « Seigneur, qui m’avez gardée dès mon enfance, qui avez enlevé de mon cœur l’amour du siècle et qui m’avez rendue victorieuse des tourments des bourreaux, recevez mon âme ».
Achevant cette prière, elle s’en alla au ciel le jour des nones de février ; son corps fut enseveli par les chrétiens.

Catane - procession des reliques de Sainte Agathe

Catane : procession des reliques de Sainte Agathe.
Le « fercolo » – ainsi appelle-t-on l’espèce de baldaquin d’argent abritant le reliquaire – est porté à travers la ville au milieu d’un immense concours de peuple et dans une ferveur incomparable…

Prière à Sainte Jeanne de France :

Sainte Jeanne de France (2)

       « Nous honorons, ô sainte Princesse, les vertus héroïques dont votre vie a été remplie, et nous glorifions le Seigneur qui vous a admise dans Sa gloire. Mais que vos exemples nous sont utiles et encourageants, au milieu des épreuves de cette vie ! Qui plus que vous, a connu les disgrâces du monde ; mais aussi qui les a vues venir avec plus de douceur, et les a supportées avec plus de tranquillité ? Les grâces extérieures vous avaient été refusées, et votre cœur ne les regretta jamais ; car vous saviez que l’Epoux des âmes ne recherche pas dans ses élues les agréments du corps, qui trop souvent seraient un danger pour elles.

   Le sceptre que vos saintes mains portèrent un instant leur échappa bientôt, et nul regret ne s’éleva en vous, et votre âme véritablement chrétienne ne vit dans cette disposition de la Providence qu’un motif de reconnaissance pour la délivrance qui lui était accordée. La royauté de la terre n’était pas assez pour vous ; le Seigneur vous destinait à celle du ciel.
Priez pour nous, servante du Christ dans Ses pauvres, et faites-nous l’aumône de votre intercession.

   Ouvrez nos yeux sur les périls du monde, afin que nous traversions ses prospérités sans ivresse, et ses revers sans murmure.
Souvenez-vous de la France qui vous a produite, et qui a droit à votre patronage.
Un jour, la tombe qui recelait votre sainte dépouille fut violée par les impies, et des soupirs s’échappèrent de votre poitrine, au sentiment des malheurs de la patrie. C’était alors le prélude des maux qui depuis se sont appesantis sur la nation française ; mais du moins la cause de la foi trouva, dans ces temps, de généreux défenseurs, et l’hérésie fut contrainte de reculer. Maintenant, le mal est à son comble ; toutes les erreurs dont le germe était renfermé dans la prétendue Réforme se sont développées, et menacent d’étouffer ce qui reste de bon grain.
Aidez-nous, conservez la précieuse semence de vérité et de vertus qui semble prête à périr. Recommandez-nous à Marie, l’objet de votre tendre dévotion sur la terre, et obtenez-nous des jours meilleurs. »

Dom Prosper Guéranger,
in « L’Année liturgique », sanctoral – IV février.

Gisant de Sainte Jeanne de France

Gisant (XVIIème siècle) de Sainte Jeanne de France, à l’aplomb de son tombeau,
dans la chapelle militaire Sainte-Jeanne-de-France, à Bourges

2025-26. « Restez imperturbablement fidèles à l’héritage que le Christ vous a confié et transmis par la longue chaîne de vos saints ! »

4 février,
Fête de Sainte Jeanne de France, Reine puis moniale ;
Mémoire de Sainte Véronique, veuve, modèle des âmes réparatrices ;
Mémoire de Saint Raban Maur, évêque et confesseur ;
Mémoire de Saint Joseph de Léonisse, martyr, dont nous possédons une relique au Mesnil-Marie ;
Mémoire de Saint André Corsini, évêque et confesseur.

Canonisation de Sainte Jeanne de France - procession d'entrée - bannière

Dimanche de Pentecôte 29 mai 1950 : canonisation de Sainte Jeanne de France.
Procession d’entrée dans la basilique vaticane avec la bannière de Sainte Jeanne de France.

       A l’occasion de la fête de Sainte Jeanne de France, il n’est pas inutile, je crois, de lire et de relire le discours de Sa Sainteté le Pape Pie XII à l’adresse des pèlerins français qui s’étaient rendus très nombreux à Rome (ils étaient plus de 25.000) pour la canonisation de cette Fille de France.
Cette canonisation fut célébrée le dimanche 28 mai 1950, dimanche de Pentecôte de l’Année Sainte.

   Rappelons – ce n’est jamais inutile compte-tenu du fait que nous sommes, malgré tout, tous pollués par les pratiques qui se sont imposées depuis le concile vaticandeux – que, dans la liturgie traditionnelle, le Souverain Pontife ne prêche pas aux fonctions solennelles.
En 1950, on n’avait pas encore échangé le « sermon sur la montagne » en une montagne de sermons !
C’est donc le lendemain, lundi de Pentecôte 29 mai 1950, que le Vénérable Pie XII reçut la délégation française en audience et qu’il prononça l’allocution dont nous reproduisons ci-dessous le texte intégral.

Canonisation de Sainte Jeanne de France - Pie XII pendant le rite de canonisation

Dimanche de Pentecôte 29 mai 1950 : canonisation de Sainte Jeanne de France.
Le Vénérable Pie XII préside aux rites de la canonisation.

   Un lecteur attentif et non superficiel fera de ce discours du Vénérable Pie XII un véritable aliment de sa méditation, non seulement en ce qui concerne la vie et les exemples de Sainte Jeanne de France, mais aussi en ce qui concerne la France, sa vocation catholique et royale, et les devoirs qui incombent aux Français.

   Pie XII aimait la France : il l’aimait en Dieu, en raison de la mission particulière qui lui a été assignée par la divine Providence en ce monde. Pie XII aimait l’histoire sainte de la France. Pie XII aimait aussi la langue française, en laquelle il s’exprimait parfaitement et avec style (ce discours a été entièrement rédigé par lui, et directement en français) ; il aimait la culture française classique…

   Mon Dieu, que la lecture de ce discours fait du bien à l’âme et nous change de la grossièreté de la pensée et de l’expression vulgaire des hiérarques d’aujourd’hui !!!

Tolbiac.

Canonisation de Sainte Jeanne de France - Pie XII lisant la collecte de la nouvelle canonisée

Dimanche de Pentecôte 29 mai 1950 : canonisation de Sainte Jeanne de France.
Le Vénérable Pie XII chantant la collecte de la nouvelle canonisée.

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« Restez imperturbablement fidèles à l’héritage

que le Christ vous a confié et transmis

par la longue chaîne de vos saints ! »

       La Pentecôte ! la Pentecôte de l’Année Sainte, année d’effusion, extraordinairement abondante, de l’onction divine : spiritalis unctio ! Quelle fête ! quelle joie pour l’univers chrétien, pour les pèlerins accourus des quatre points cardinaux à la Ville éternelle, autour de la Chaire du successeur de Pierre !

   Mais quelle fête et quelle joie spéciales pour vous, chers fils et filles de France, de la nation qui vient de voir couronner du diadème lumineux et impérissable de la sainteté une de ses reines, une reine qui s’était, avec la majesté d’une incomparable humilité et d’une incomparable dignité, laissée frustrer de la couronne terrestre, dont Bossuet, citant les paroles mêmes de saint Grégoire le Grand, disait qu’elle était « autant au-dessus des autres couronnes du monde que la dignité royale surpasse les fortunes particulières » (Oraison funèbre d’Henriette-Marie de France – Cf. S. Gregorius I Childeberto, regi Francorum, 595 sept. 1. VI ep. 6 – Monum. Germaniae hist. Epist. t. I pag. 384).

   Cette affluence, ce fleuve imposant de pèlerins, après tant d’autres déjà venus cette année de votre patrie, porte aujourd’hui ses flots, dans un élan de gratitude, aux pieds de celui qui a eu l’honneur et la consolation de mettre au rang des saints de l’Eglise, près d’un demi millénaire depuis sa naissance, cette fille de sang royal, Jeanne de France. Peut-on n’y voir pas comme le plébiscite de la foi d’un peuple fier d’une galerie de saints, qui difficilement le cède en ampleur et en magnificence à celle de tous les autres pays du monde ?

   Qu’est-elle donc cette nouvelle sainte que, de toutes les provinces et diocèses, pèlerins de tous âges, de toutes conditions, de toutes professions, prêtres, religieux, laïques, vous êtes venus honorer et vénérer ici dans la capitale de la chrétienté ? Elle est une de ces héroïnes silencieuses, dont la silhouette, d’une grandeur morale exceptionnelle, loin de s’estomper au cours des âges, semble commencer seulement à prendre dans la lumière de l’histoire, des contours plus nets, un coloris plus éclatant.

   Telle est Jeanne de France. Elle est du nombre de ces saints, dont la lumière, naissante et croissante à l’écart du monde, était restée, au cours de leur vie d’ici-bas, presque entièrement cachée sous le boisseau. Mais cette lumière, aujourd’hui, élevée sur le flambeau, rayonne aux yeux de tous les fidèles ; elle marche, elle monte, entraînant dans son sillage de clarté tous ceux qui savent encore regarder, comprendre, apprécier les vraies valeurs de la vie. Jeanne prend place en reine glorieuse sur un trône que jamais ses contemporains n’eussent songé à lui assigner. Et voici que ce temple même, où viennent de se dérouler les cérémonies solennelles de sa canonisation, est, en ce moment, témoin de l’affectueuse rencontre du Père de la grande famille chrétienne avec sa fille aînée, la France catholique !

   Aussi, tout rempli encore de l’émotion de cette inoubliable matinée, Nous sentons Notre cœur se dilater et Nos lèvres s’ouvrir pour un paternel souhait de bienvenue, qui spontanément se mue aussitôt en une prière ardente et une tendre exhortation. Nous vous disons à tous : écoutez et suivez l’appel intérieur de cette sainte de la terre de France, le message qu’elle adresse à l’âme et à la conscience de tous ceux qui, vivant dans une ambiance, trop souvent hélas ! bien éloignée du Christ, prennent au sérieux leur dignité de chrétiens.

   Il Nous semble voir la vie et l’œuvre de Jeanne de France marquée d’un triple sceau divin : dons intérieurs, dont l’Esprit Saint l’enrichit dès sa prime jeunesse — intelligence exceptionnellement pénétrante de la vie et de l’action efficace de la Vierge Mère du Rédempteur — et, fruit de l’union de sa vie avec la vie de la Mère de Dieu, union d’autant plus étroite avec le Christ, sans limite ni réserve, haussée d’un élan généreux au-dessus de toutes les épreuves et de toutes les humiliations, victorieuse de toutes les amertumes et de toutes les douleurs.

   Chers fils et chères filles, de retour dans votre patrie, si belle et, quand même, secouée par les troubles de l’heure présente, restez imperturbablement fidèles à l’héritage que le Christ vous a confié et transmis par la longue chaîne de vos saints. Restez fidèles à l’Esprit que l’Eglise invoque en cette fête de Pentecôte : sans le secours de votre divin pouvoir, l’homme n’a plus rien en lui, plus rien qui ne soit pour son mal et sa perte : sine tuo numine, nihil est in homine, nihil est innoxium.

   Regardez-le notre temps, avec ses misères et ses angoisses, avec ses erreurs et ses égarements, avec ses soulèvements et ses injustices : ne vous offre-t-il pas une trop fidèle peinture de l’horreur qui menace l’humanité tout entière et chacun des individus qui la composent, dès qu’ils prétendent se soustraire au joug aimable de l’Esprit de Dieu ? Seule une France docile à cet Esprit divin, purifiée, obéissante à son essentielle vocation, appliquée à valoriser toujours davantage ses plus belles ressources, sera capable d’apporter à l’humanité, à la chrétienté, en toute plénitude, une contribution digne d’elle pour l’œuvre de réconciliation et de restauration.

   La profonde pénétration de Jeanne de France dans la vie de la Bienheureuse Mère de Dieu, la totalité absolue de sa consécration à Marie, le reflet resplendissant des sentiments et des vertus mariales dans sa propre vie et dans son Ordre de « l’Annonciade », donnent de nos jours à ses exemples et à ses règles l’aspect d’un nouveau Message à la France. Dans les grandes luttes spirituelles de ces temps, où les tenants du Christ et ses négateurs se trouvent confondus dans la foule, la dévotion à la Mère de Jésus est une pierre de touche infaillible pour discerner les uns des autres. Catholiques de France, votre histoire, dont toute la trame est tissue des grâces et des faveurs de Marie, vous fait un devoir tout spécial de veiller sur l’intégrité et sur la pureté de votre héritage marial. Défendez-le contre ceux qui ont rompu leurs liens avec vos antiques et glorieuses traditions, par votre courageuse persévérance dans la poursuite de vos intérêts les plus sacrés, unie à l’exemple du respect des justes lois et de l’ordre légitime de l’Etat. Vous allez quitter ces lieux, où vous venez d’assister au triomphe de votre sainte ; vous allez de nouveau fouler la terre, qui tant de fois a éprouvé les effets de la protection et de l’intercession puissante de Marie : faites alors monter vers le ciel d’azur et de lumière le grand désir de votre cœur, l’ardente prière de votre âme : Vierge sainte, rendez nous forts dans le combat contre vos ennemis : Virgo sacrata, da mihi virtutem contra hostes tuos !

   La vie de Jeanne porte enfin le sceau de son union avec le Christ. Cette union l’imprègne, jusque dans les profondeurs de son âme, de grandeur héroïque. Sa naissance de sang royal, sa destinée de reine, fille, sœur, épouse, de rois, réservaient à la pauvre créature disgraciée aux yeux du monde, mais toute gracieuse de charmes divins, un sort des plus douloureux. De bien rares éclairs de joie et d’honneur allaient faire descendre un peu de lumière dans la nuit d’une vie de douleur et d’humiliation ; à peine quelques gouttes de douceur allaient atténuer un peu l’amertume de son calice d’affliction. Quel cœur resterait impassible à mesurer la distance de la félicité, qui aurait dû être la sienne, à l’abîme de tribulations, où s’est écoulée son existence mortelle. Elle traverse la vallée de larmes et gravit les sommets avec la sérénité de ceux qui, formés à l’école sublime de la folie de la Croix, ont su y tremper et affiner leurs esprits.

   Au cœur des femmes de France, à qui dans les conjonctures actuelles, incombe une mission de souveraine importance, daigne Dieu, le Seigneur tout-puissant, infuser en une mesure riche et débordante, le courage dans la souffrance et dans la lutte, par où s’est héroïquement signalée la vie intérieure de Jeanne de France.

   Elle est admirable la part des femmes dans l’histoire de la France. Clotilde la délivre de l’infidélité et de l’hérésie, et par la baptême de Clovis elle est donnée au Christ ! Blanche de Castille est l’éducatrice de Saint Louis, « le bon sergent du Christ » ! Jeanne d’Arc rend à la France sa place dans le monde, et son étendard porte les noms de Jésus et de Marie ! La glorification, aujourd’hui, de Jeanne de France n’est-elle pas un présage que son message de paix, resté si longtemps, comme le grain, enfoui dans la terre et stérile en apparence, va germer enfin et monter en épis dorés, dont porteront joyeusement les gerbes, pour la France et pour le monde, ceux qui l’avaient semé dans les larmes et dans leur sang ?

   A une condition ! que la femme française continue de répondre à sa vocation, de remplir sa mission. Ces héroïnes providentielles ont rempli la leur par la sagesse de leur esprit, la force de leur volonté, la sainteté de leur vie, la générosité dans le sacrifice total d’elles-mêmes, en somme par l’imitation des vertus de Marie, trône de la Sagesse, femme forte, servante du Seigneur, Vierge compatissante au cœur percé du glaive, Mère de l’Auteur de la Paix et Reine de la Paix. Soyez telles, femmes de France. Par votre jeunesse virginale, par votre dévouement filial et conjugal, par votre sollicitude maternelle, par la dignité de votre vie chrétienne, privée et sociale, vous ferez plus encore pour la vraie, la grande paix que ne pourraient faire, sans vous, les conquérants, les législateurs, les génies.

   C’est dans cette pensée et avec cet espoir que Nous appelons sur la France, par l’intercession de sainte Jeanne, les plus belles faveurs de Dieu, en gage desquelles Nous vous donnons de tout cœur Notre Bénédiction apostolique.

A.A.S., vol. XXXXII (1950), n. 5 – 6, pp. 481 – 484.

Sainte Jeanne de France - gravure XVIIIème siècle

Prières et invocations à Saint Blaise de Sébaste :

Vitrail de Saint Blaise

Prière à Saint Blaise thaumaturge et martyr

pour obtenir le courage dans l’adversité et la guérison d’une maladie :

       Grand Saint dont la vie si pure et la foi, si vive vous ont mérité la palme glorieuse du martyre, vous pour qui Dieu témoigne si souvent Sa prédilection, en Se rendant à votre intercession pour les âmes qu’Il inspire de vous prier, vous dont la sainteté opéra des prodiges si étonnants dans les déserts ; je viens me jeter à vos pieds pour implorer votre secours.

   Rappelez-vous la prière que vous adressâtes au Seigneur après le miracle qu’il vous accorda en faveur d’un malheureux qui allait succomber sous le poids de ses maux. En exauçant vos prières, le Seigneur Jésus montra visiblement qu’Il serait toujours disposé à accorder la guérison ou du moins le soulagement des malades et des infirmes qui auraient recours à Lui par votre intercession.

   O vous donc, qui avez toujours eu les entrailles d’un père pour les pauvres affligés qui ont imploré votre assistance, je vous en conjure, ayez pitié de moi, priez pour moi, obtenez-moi premièrement un cœur pur et ensuite ma guérison.
Je vous promets d’imiter votre pureté, votre foi, votre patience pour plaire à Dieu, que vous contemplez maintenant dans le ciel.

   Oui, grand saint et martyr, vous qui versâtes si généreusement votre sang pour Jésus-Christ, laissez-vous toucher par mes prières, et daignez renouveler en ma faveur les grâces que vous avez obtenues si souvent à ceux qui vous invoquent avec les dispositions nécessaires ; ou bien, si, ma guérison n’est pas dans les desseins de Dieu, obtenez-moi le courage et la patience avec lesquels vous souffrîtes pour l’amour de Jésus-Christ, et faites qu’un jour je puisse aller Le contempler éternellement avec vous dans Sa gloire.

Ainsi soit-il.

Nota bene : on peut faire une Neuvaine à Saint Blaise, en récitant chaque jour cette prière, et ensuite cinq Pater et cinq Ave.
Tirée du livre de prières « Délices des pèlerins de La Louvesc ou Exercices de Dévotion qui se font à La Louvesc, et des réflexions spirituelles de J.M.B. Vianney, Curé d’Ars ».

cierges de la Saint Blaise

Invocation à Dieu par l’invocation de Saint Blaise :

   Mon sauveur et mon Dieu, qui nous avez nourris avec une céleste bonté, préservez-nous, par les prières de Votre martyr, Saint Blaise, de tout ce qui peut être nuisible à nos corps ; de tout accident funeste et de toute maladie dangereuse qui nous priverait en ce moment de jouir de Vous éternellement.

Ainsi soit-il.

Saint Blaise, puissant intercesseur pour tous ceux qui vous invoquent dans les plus pressantes nécessités, priez pour nous !

cierges de la Saint Blaise

Courte prière à Saint Blaise :

   Saint Blaise, vous avez guéri et conservé en vie un enfant qui étouffait, la gorge percée par une arête de poisson qu’il avait avalée. C’est pourquoi nous nous tournons vers vous : éloignez de nous tous les maux de gorge qui nous menacent, et guérissez tous ceux qui en sont atteints.
Mais veillez aussi sur nos âmes : arrachez-les à la tiédeur, et embrasez-les d’un amour généreux et fort pour fuir tout ce qui conduit au péché.
Nous vous en prions instamment : aidez-nous à rester fermement attachés au Christ Jésus, notre unique Sauveur, dans la foi, l’espérance et la charité.

Ainsi soit-il.

cierges de la Saint Blaise

Autre prière à Saint Blaise :

   Saint Blaise, évêque et martyr, qui êtes l’honneur du clergé et qui avez été un exemple de compassion envers les créatures qui souffrent, soyez-nous en aide dans toutes les affections de la gorge ; protègez-nous de toute maladie de la gorge, et de tous les maux du corps et de l’âme.
En raison de votre grand amour pour le prochain et pour vos ennemis, nous vous prions de nous préserver aussi de l’affreux vice de la calomnie, et de toutes les formes de la médisance pour qu’à votre exemple nous glorifiions Dieu, et que nous édifiions le prochain par nos paroles et par nos actes.

Ainsi soit-il.

Statue de Saint Blaise

La vie et le martyre de Saint Blaise > ici
Les bénédictions du rituel romain à l’occasion de la fête de Saint Blaise > ici

2025-25. La vie de Saint Blaise de Sébaste dans la « Legenda aurea ».

3 février,
Dans le diocèse de Viviers, la fête de Sainte Anne-Marie Rivier, vierge, fondatrice de la Congrégation de la Présentation de Marie ;
Dans l’Ordre des Ermites de Saint Augustin, la fête du Bienheureux Simon de Cascia, confesseur ; 
Mémoire de Saint Blaise de Sébaste, évêque et martyr.

Saint Blaise et les animaux fresque ombrienne du XVIIe siècle

   « Blaise excellait en douceur et en sainteté, ce qui le fit élire par les chrétiens évêque de Sébaste, ville de Cappadoce. Après avoir reçu l’épiscopat, il se retira dans une caverne où il mena la vie érémitique, à cause de la persécution de Dioclétien (Note : le Bienheureux Jacques de Voragine cite ici le bréviaire qu’il utilisait en son temps). Les oiseaux lui apportaient sa nourriture, et s’attroupaient véritablement ensemble autour de lui, et ne le quittaient que quand il avait levé les mains pour les bénir. Si quelqu’un d’eux avait du mal, il venait aussitôt à lui et retournait parfaitement guéri.

   Le gouverneur du pays avait envoyé des soldats pour chasser ; et après s’être fatigués longtemps en vain, ils vinrent par hasard à l’antre de Saint Blaise, où ils trouvèrent une grande multitude de bêtes rangées devant lui. Or, n’ayant pu prendre aucune d’elles, ils furent remplis d’étonnement et rapportèrent cela à leur maître, qui aussitôt envoya plusieurs soldats avec ordre de lui amener Blaise avec tous les chrétiens.
Mais cette nuit-là même, Jésus-Christ était apparu au saint par trois fois en lui disant : « Lève-toi et offre-Moi le sacrifice ». Voici que les soldats arrivèrent et lui dirent : « Sors d’ici, le gouverner t’appelle ». Saint Blaise répondit : « Soyez les bienvenus, mes enfants ; je vois à présent que Dieu ne  m’a pas oublié ».
Pendant le trajet qu’il fit avec eux, il ne cessa de prêcher, et en leur présence il opéra beaucoup de miracles.
Une femme apporta aux pieds du saint son fils qui était mourant d’un os de poisson arrêté dans la gorge ; elle lui demanda avec larmes la guérison de son enfant. Saint Blaise lui imposa les mains et fit une prière pour que cet enfant, aussi bien que tous ceux qui demanderaient quoi que ce fût en son nom, obtinssent le bienfait de la santé, et sur-le-champ, il fut guéri (ibid.).

guérison de l'enfant étouffé par une arrête

   Une pauvre femme n’avait qu’un seul pourceau qu’un loup lui ravit, et elle priait Saint Blaise de lui faire rendre son pourceau. Il lui dit en souriant : « Femme, ne te désole pas : ton pourceau te sera rendu ». Et aussitôt le loup vint et rendit la bête à cette veuve.

   Or Saint Blaise ne fut pas plutôt entré dans la ville que, par ordre du prince, il fut jeté en prison.
Le jour suivant, le gouverneur le fit comparaître devant lui. En le voyant, il le salua en lui adressant ces paroles flatteuses : « Blaise, l’ami des dieux, soyez le bienvenu ». Blaise lui répondit : « Honneur et joie à vous, illustre gouverneur ; mais n’appelez pas dieux ceux qui sont des démons, parce qu’ils seront livrés au feu éternel avec ceux qui les honorent ».
Le gouverneur irrité le fit meurtrir à coups de bâton, puis rejeter en prison. Blaise lui dit : « Insensé, tu espères donc par tes supplices enlever de mon cœur l’amour de mon Dieu qui me fortifie lui-même ? »
Or, la veuve à laquelle il avait fait rendre son pourceau, entendit cela ; elle tua l’animal, et en porta la tête et les pieds, avec une chandelle et du pain, à Saint Blaise. Il l’en remercia, mangea, et lui dit : « Tous les ans, offre une chandelle à une église qui porte mon nom, et tu en retireras bonheur, toi, et ceux qui t’imiteront ». Ce qu’elle ne manqua pas de faire, et il en résulta en sa faveur une grande prospérité.
Après quoi, le gouverneur fit tirer Blaise de sa prison, et comme il ne le pouvait amener à honorer les dieux, il ordonna de le suspendre à un arbre et de déchirer sa chair avec des peignes de fer ; ensuite il le fit reporter en prison.

Saint Blaise déchiré par les peignes de fer

   Or, sept femmes qui le suivirent dans le trajet ramassaient les gouttes de son sang. On se saisit d’elles aussitôt et on les força de sacrifier aux dieux. Elles dirent : « Si tu veux que nous adorions tes dieux, fais-les porter avec révérence à l’étang afin qu’après avoir été lavés, ils soient plus propres quand nous les adorerons ».
Le gouverneur devient joyeux et fait exécuter au plus vite ce qu’elles ont demandé. Mais elles prirent les dieux et les jetèrent au milieu de l’étang en disant : « Si ce sont des dieux, nous le verrons ».

   A ces mots le gouverneur devint fou de colère et se frappant lui-même, il dit à ses gardes : « Pourquoi n’avez-vous pas tenu nos dieux afin qu’ils ne fussent pas jetés au fond du lac ? »
Ils répondirent : « Vous vous êtes laissé mystifier par les paroles trompeuses de ces femmes et elles les ont jetés dans l’étang ».
« Le vrai Dieu n’autorise pas les tromperies, reprirent-elles ; mais s’ils étaient des dieux, ils auraient certainement prévu ce que nous leur voulions faire ».
Le gouverneur irrité fit préparer du plomb fondu et des peignes de fer ; de plus, il fit préparer d’un côté sept cuirasses rougies au feu, et il fit placer d’un autre côté sept chemises de lin. Il leur dit de choisir ce qu’elles préféraient ; alors une d’entre elles, qui avait deux jeunes enfants, accourut avec audace, prit les chemises et les jeta dans le foyer.
Ces enfants dirent à leur mère : « O mère chérie, ne nous laisses pas vivre après toi ; mais de même que tu nous as rassasiés de la douceur de ton lait, rassasie-nous encore de la douceur du royaume du ciel ».

   Alors le gouverneur commanda de les suspendre et de réduire leurs chairs en lanières avec des peignes de fer. Or, leur chair avait la blancheur éclatante de la neige et, au lieu de sang, il en coulait du lait.
Comme elles enduraient les supplices avec répugnance, un ange du Seigneur vint vers elles et leur communiqua une force virile en disant : « Ne craignez point : un  bon ouvrier qui commence bien et qui mène son œuvre à bien, mérite la bénédiction de celui qui le fait travailler. Pour ce qu’il a fait, il reçoit le prix de son labeur, et il est joyeux de posséder son salaire ».
Alors le gouverneur les fit détacher et jeter dans le foyer ; mais Dieu permit que le feu s’éteignît et qu’elles sortissent sans avoir éprouvé aucune douleur.
Le gouverneur leur dit : « Cessez donc d’employer la magie et adorez nos dieux ».
Elles répondirent : « Achève ce que tu as commencé, parce que déjà nous sommes appelées au royaume céleste ».
Alors il porta une sentence par laquelle elles devaient avoir la tête tranchée.
Au moment où elles allaient être décapitées, elles se mirent à genoux et adorèrent Dieu en disant : « O Dieu qui nous, avez ôtées des ténèbres et qui nous, avez amenées à cette très douce lumière, qui nous avez choisies pour vous être sacrifiées, recevez nos âmes et faites-nous parvenir à la vie éternelle ».
Elles eurent donc la tête tranchée et passèrent au Seigneur.

Martyre de Saint Blaise

   Après cela, le gouverneur se fit présenter Saint Blaise et lui dit : « Adore à l’instant nos dieux, ou ne les adore pas ».
Blaise lui répondit : « Impie, je ne crains pas tes menaces ; fais ce que tu veux ; je te livre mon corps tout entier ».
Alors il le fit jeter dans l’étang. Mais Saint Blaise fit le signe de la croix sur l’eau qui s’endurcit immédiatement comme une terre sèche ; et il dit : « Si vos dieux sont de vrais dieux, faites-nous voir leur puissance et entrez ici ». Et soixante-cinq qui s’avancèrent furent aussitôt engloutis dans l’étang.
Mais il descendit un ange du Seigneur qui dit au saint : « Sors, Blaise, et reçois la couronne que Dieu t’a préparée ».
Quand il fut sorti, le gouverneur lui dit : « Tu es donc bien déterminé à ne pas adorer les dieux ? »
« Apprends, misérable, répondit Blaise, que je suis le serviteur de Jésus-Christ et que je n’adore pas les démons ».
Et à l’instant l’ordre fut donné de le décapiter.
Quant à Blaise, il pria le Seigneur que si quelqu’un réclamait son patronage pour le mal de gorge, ou pour toute autre infirmité, il méritât aussitôt d’être exaucé. Et voici qu’une voix du ciel se fit entendre à lui qu’il serait fait comme il avait demandé.
Ainsi fut décapité ce saint avec deux petits enfants, vers l’an du Seigneur 283. »

Bienheureux Jacques de Voragine,
in « Legenda aurea – la légende dorée »

Saint Blaise (2)

2025-24. Une couronne de lumière dans notre Oratoire.

2 février 2025,
Chandeleur : fête de la Purification de la Très Sainte Mère de Dieu (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Hadeloge de Kitzingen (cf. > ici).

Chers Amis et Bienfaiteurs,

   Avez-vous su que, pour la restitution au culte de la cathédrale métropolitaine Notre-Dame de Paris, Son Excellence Monseigneur l’Archevêque de Paris a refusé qu’y fût réinstallé le grand lustre que, en 2014 – après sa restauration -, son prédécesseur avait « banni » de la croisée du transept et qui, de ce fait, a trouvé refuge à la basilique-nécropole royale de Saint-Denis ?
Je vous renvoie à l’article que « La Tribune de l’Art » a consacré à cette triste affaire > ici.

Basilique Saint-Denis - couronne de lumière de Notre-Dame de Paris

Basilique de Saint-Denis : couronne de lumière de Notre-Dame de Paris

   Au Mesnil-Marie, nous ne partageons pas (mais alors pas du tout du tout du tout) les « goûts » liturgiques et décoratifs de la plupart de Nos Seigneurs les Evêques de France ; « goûts » bien souvent sous-tendus de beaucoup d’ignorance, d’un évident défaut d’éducation, et d’effrayantes lacunes en ce qui touche l’histoire de la liturgie, mais qui, en revanche, sont nourris jusqu’à satiété d’idéologie et de suffisance.

   Sans prétendre en aucune manière rivaliser avec la moindre cathédrale ou basilique, nous sommes nous-mêmes désormais très heureux d’avoir – installée depuis vendredi matin par les électriciens – notre modeste couronne de lumière dans notre Oratoire.

   Un concours de circonstances tout à fait providentiel a en effet permis que les électriciens vinssent ce 31 janvier pour la suspendre et la mettre en service, alors que, depuis exactement deux années entières, mon papa-moine la leur avait confiée afin qu’ils l’électrifiassent, après sa restauration.
« Tout vient à point pour qui sait attendre », nous dit la sagesse populaire.

installation de la couronne de lumière dans l'oratoire

Installation de la couronne de lumière dans l’oratoire du Mesnil-Marie
vendredi 31 janvier 2025
(la qualité de la photo n’est pas excellente, mais du moins permet-elle de garder le souvenir de cette installation)

   Ainsi donc notre propre couronne de lumière a-t-elle été mise en service juste avant que la liturgie nous donnât de célébrer, en cette fête de la Chandeleur (mot dérivé de « candelarum festa : la fête des chandelles », ainsi qu’on l’appelait de manière populaire au Moyen-Age), Notre-Seigneur Jésus-Christ Lumière pour éclairer les nations, selon la prophétie de Saint Siméon que nous avons chantée en ce jour magnifique.

   Mon papa-moine a acquis ce lustre d’église en 2022 : il avait énormément souffert depuis que le prétendu « renouveau liturgique » l’avait chassé du sanctuaire, et il se trouvait épouvantablement oxydé et sale.
Un artisan spécialisé dans la restauration d’objets du culte, l’a entièrement nettoyé et réparé, puis les électriciens lui ont permis d’avoir à nouveau une fonction éclairante, parfaitement « aux normes » aujourd’hui requises, mais avec des fils électriques dits « en tissu tourné », restituant l’aspect ancien, et avec des ampoules LED qui, tout en diffusant davantage de clarté, devraient permettre une baisse appréciable de la facture d’électricité, puisque jusqu’ici notre éclairage provisoire était constitué de projecteurs de chantier de 600 watts chacun !

Oratoire du Mesnil-Marie avec la couronne de lumière

L’Oratoire du Mesnil-Marie avec la couronne de lumière

   Les couronnes de lumière, appelées aussi lustres à roue, ou encore chandeliers à roue, existent dans les églises au moins depuis que le culte chrétien – grâce à Saint Constantin 1er le Grand – put sortir des catacombes : nous savons en effet que dans la basilique de l’Anastasis, qu’il fit édifier à Jérusalem pour englober le Calvaire et le Saint Sépulcre après que Sainte Hélène a retrouvé le bois de la Sainte Croix, Saint Constantin avait fait placer au-dessus du rocher du Golgotha un grand lustre richement orné, qui devint en quelque manière le modèle et la référence des luminaires d’église.
Tantôt placé au milieu du sanctuaire, ou bien au milieu de l’église (puis à partir de l’époque romane souvent à la croisée du transept), le lustre à roue, par sa forme circulaire, représente la Jérusalem céleste : le cercle, en effet, qui n’a ni commencement ni fin, symbolise l’éternité.

   Le chiffre 12 a une part importante dans ces couronnes de lumière : il renvoie aux données numérologiques de la description des portes et des tours de la Cité céleste révélées à Saint Jean dans les visions de l’Apocalypse. La plupart des lustres à roue est donc composée d’éléments qui se trouvent par douze ou par des multiples de douze (bobèches et cierges, tours figurées ou représentées de manière symbolique, représentations de portes de villes crénelées… etc.).
De la même manière, les pierres précieuses ou semi-précieuses dans lesquelles sont taillées les portes de la Jérusalem céleste, sont évoquées par le fait que les couronnes de lumières sont fréquemment ornées de pierres ou de cabochons de couleur.

   La présence d’un lustre à roue dans une église ou une chapelle, symbolise ainsi l’Eglise triomphante du Ciel qui éclaire l’Eglise militante sur terre, l’invite à marcher à sa lumière, lui permet d’avancer hors des sentiers de ténèbres, lui donne déjà – dans ses liturgies terrestres – d’avoir un avant-goût de la liturgie céleste.

Couronne de lumière du Mesnil-Marie - détail 3

Couronne de lumière du Mesnil-Marie :
détail des chaînes de suspension

   La couronne de lumière du Mesnil-Marie possède au total 24 bobèches, disposées sur deux cercles superposés ; toutefois une sur deux seulement ont été munies d’une fausse bougie portant une ampoule électrique, sinon l’éclairage eût été beaucoup trop fort : ainsi nous avons douze lampes, et sur les douze bobèches libres nous allons placer de véritables bougies de cire (lesquelles, en cas de panne électrique, pourront d’ailleurs être allumées).
Les fleurs de bronze qui en sont le motif ornemental principal (il ne faut jamais oublier que le mot « paradis » vient du grec « paradeisos », qui signifie parc, jardin) ont toutes un cabochon de couleur en guise de cœur.

Couronne de lumière du Mesnil-Marie

Couronne de lumière du Mesnil-Marie - détail 1

Couronne de lumière du Mesnil-Marie - détail 2

   Vous imaginer aisément, chers Amis, à quel point notre Frère Maximilien-Marie est heureux de l’installation de cette couronne de lumière dans notre oratoire : nous tenons à ce qu’elle soit dûment bénite, évidemment, et profiterons du prochain passage d’un prêtre au Mesnil-Marie pour que ce soit fait.

   Pour achever mon propos, je vous invite à méditer avec nous ces paroles de notre Bienheureux Père Saint Augustin commentant le Psaume XXVI :

   « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, que pourrai-je craindre ? » C’est Lui qui m’éclaire ; arrière les ténèbres ! c’est Lui qui est mon salut, arrière l’infirmité ! En marchant dans la force et dans la lumière, qu’ai-je à craindre ? Ce salut qui vient de Dieu n’est point un salut qu’on puisse m’arracher ; ni Sa lumière un flambeau que l’on puisse éteindre. C’est donc Dieu qui nous éclaire, et nous qui sommes éclairés, c’est Dieu qui nous sauve, et nous qui sommes sauvés. Si donc c’est Dieu qui est lumière, nous qui sommes éclairés, Lui qui est sauveur, nous qui sommes sauvés, sans Lui nous ne serions que ténèbres et que faiblesse. Ayant donc en Lui une espérance ferme, fondée, inébranlable, qui pouvons-nous craindre ? Le Seigneur est donc ta lumière, le Seigneur est ton sauveur… » (Saint Augustin, « Discours sur les Psaumes » : 2ème discours sur le Ps. XXVI,  3).

   Que le Christ-Lumière soit toujours avec vous, chers Amis, et qu’Il écarte de vos âmes toute espèce de ténèbres !

Patte de chat Tolbiac.

Nota bene : si vous désirez nous aider pour régler les frais de restauration de cette couronne de lumière, et le travail des électriciens > ici

Oratoire du Mesnil-Marie avec la couronne allumée

2025-23. Le « Stabat Mater » de Palestrina

2 février,
Fête de la Purification de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Hadeloge de Kitzingen, vierge et abbesse (cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de Giovanni Pierluigi da Palestrina (+ 2 février 1594).

Palestrina

   « Mercredi 2 février 1594. Ce matin, Monsieur Giovanni Pier Luigi, un très excellent musicien, notre compagnon et maître de la chapelle de Saint-Pierre, est décédé de celle-ci à une vie meilleure et à 24 heures il a été conduit à ladite église accompagnée non seulement de tous les musiciens de Rome, mais aussi d’une multitude de personnes ».

   C’est par cette note relativement sobre que le diariste de la Chapelle Sixtine a signalé la mort de Giovanni Pierluigi da Palestrina : quelques lignes simples, sans effusions démonstratives, presque austères, qui révèlent toutefois la renommée de ce grand musicien chez ses contemporains. Sur son cercueil, descendu dans la « capella nova » de Saint-Pierre, fut gravée cette inscription : « Joannes Petraloysius Praenestinus musicae princeps : Jean Pierluigi Préneste (tel est le gentilé des habitants de la cité de Palestrina), prince de la musique » .

   Nous n’allons pas ici vous donner une biographie du compositeur qui a particulièrement marqué l’histoire de la musique religieuse, mais nous profitons de l’anniversaire de son trépas, au début de ce mois de février qui, pour nous, est dédié à l’approfondissement du mystère de la Compassion de la Très Sainte Mère de Dieu (voir > ici), pour vous proposer d’écouter (et pas une unique fois, car cette pièce se médite, se « rumine »), son « Stabat Mater ».

Mater Dolorosa Fr.Mx.M. - blogue

   Il semblerait que ce « Stabat Mater » fut pour le pape Grégoire XIV qui régna sur l’Eglise du 5 décembre 1590 au 16 octobre 1591.
L’œuvre fut dès lors précieusement gardée dans le répertoire du chœur de la Chapelle pontificale pour lequel elle avait été écrite et était traditionnellement interprétée le dimanche des Rameaux sur un rythme lent ; au milieu de la seconde moitié du XVIIIème siècle, l’historien anglais Charles Burney put en obtenir une copie qu’il publia dans un recueil intitulé « La Musica che si canta annualmente nelle Funzioni della Settimana Santa nella Capella Pontificia » (Londres, 1771).

   Ce motet est composé pour être interprété a cappella par deux chœurs (voix d’enfants et d’hommes uniquement chantant à quatre voix : soprani, alti, ténors et basses) qui alternent la plupart du temps les vingt strophes, mais on trouve aussi des strophes chantées à chœur complet, où les deux chœurs chantent ensemble, et quelques moments avec des solistes au sein des deux chœurs.
La texture est dite « épaisse », s’accordant au caractère dramatique de la description de la souffrance de la Vierge, et le mode de la composition est plus homophonique que contrapuntique.
On y trouve aussi des changements de tempo : commençant par Adagio ma non troppo, il ralentit jusqu’à Largo au début de la neuvième strophe, revient au premier tempo au début du onzième couplet, mais cette fois avec cette nuance : un poco animato. Ce tempo diminue ensuite jusqu’à Piu Lento au début de la vingtième strophe, puis ralentit encore jusqu’à Largo pour les 9 dernières mesures.

   C’est une œuvre en définitive profondément contemplative, au service d’un texte liturgique cher à la dévotion catholique dans le contexte de la Semaine Sainte et de la méditation du mystère de la Compassion de Notre-Dame à laquelle nous sommes appelés à prendre part à notre tour.

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Coeur de Marie aux sept glaives

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