Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2024-184. Messe propre de la fête de Notre-Dame de Consolation.

Le samedi dans l’octave de Saint Augustin,
Fête de Notre-Dame de Consolation et de la Ceinture (double de 1ère classe – cf. > ici).

Pietro Gagliardi - 1845 - Madonne de la Ceinture église Sainte-Marie du Val-vert corneto-Tarquinia

Pietro Gagliardi (1809-1890) : Madone de la Consolation et de la Ceinture (1845)
[église Sainte-Marie du Val vert (Santa Maria di Valverde), à Corneto-Tarquinia]

ceinture gif

Sabbato infra oct. S. P. N. Augustini

Festa Beatae Mariae Virginis de Consolatione
societ. Cinctur. Patr.

Duplex 1 classis

Fête de Notre-Dame de Consolation
Patronne de la Confrérie de ceux qui portent sa Ceinture

Introitus (Ps. XLIV) :

   Astitit Regina a dextris tuis in vestitu deaurato : circumdata varietate.
Ps. : Eructavit cor meum verbum bonum : dico ego opera mea Regi. Gloria Patri.

   La Reine s’est tenue debout à Votre droite dans un vêtement d’or : couverte de vêtements variés.
Ps. Mon cœur a produit une bonne parole : c’est moi qui adresse mes ouvrages au Roi. Gloire au Père.

Oratio :

   Domine Iesu Christe, Pater misericordiarum et Deus totius consolationis, concede propitius : ut sicut lumbos praecincti, purissimam genitricem tuam Mariam sub Consolationis titulo gaudentes veneramur in terris ; ita perenni ejusdem consortio perfrui mereamur in cœlis. Qui vivis et regnas…

   Seigneur Jésus-Christ, Père des miséricordes et Dieu de toute consolation, faites dans Votre bonté, que comme en portant sa ceinture nous vénérons avec joie sur la terre, Marie, Votre Mère très pure, sous le titre de Notre-Dame de Consolation, ainsi nous méritions de jouir de sa perpétuelle société dans les cieux ; ô Vous qui vivez et régnez…

Lectio Isaiae prophetae (Is. XI).

   Hæc dicit Dóminus Deus : Egrediátur virga de radíce Iesse, et flos de radíce eius ascéndet. Et requiéscet super eum spíritus Dómini : spíritus sapiéntiæ et intelléctus, spíritus consílii et fortitúdinis, spíritus sciéntiæ et pietátis ; et replébit eum spíritus timóris Dómini. Non secundum visiónem oculórum iudicábit : neque secúndum audítum áurium árguet : sed iudicábit in iustítia páuperes, et árguet in æquitáte pro mansuétis terræ : et percútiet terram virga oris sui, et spíritu labiórum suórum interfíciet ímpium. Et erit iustítia cíngulum lumbórum eius : et fides cinctórium renum eius.

   Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Un rameau sortira du tronc de Jessé, et de ses racines croîtra un rejeton. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur ; Il mettra ses délices dans la crainte du Seigneur. Il ne jugera point sur ce qui paraîtra à ses yeux, et il ne prononcera point sur ce qui frappera ses oreilles. Il jugera les petits avec justice, et prononcera selon le droit pour les humbles de la terre. Il frappera la terre de la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. La justice ceindra ses flancs, et la fidélité sera la ceinture de ses reins.

Graduale (Ps. XLIV).

   Unxit te Deus, Deus tuus oleo laetitiae, prae consortibus tuis.
V.: Myrrha, et gutta, et casia a vestimentis tuis.

   Dieu, votre Dieu vous a oint d’une huile d’allégresse, plus excellement que ceux qui partagent votre sort.
V. : La myrrhe, l’aloès et la cannelle s’exhalent de vos vêtements.

Alleluja, alleluja.
V. (Cant. II) : Sonet vox tua in auribus meis : vox enim tua dulcis, et facies tua decora. Alleluja.

Alléluia, alléluia. Que votre voix retentisse à mes oreilles : votre voix est douce en effet, et votre face gracieuse. Alléluia.

+ Sequentia Sancti Evangelii secundum Lucam (Luc. I).

   In illo témpore : Exsúrgens María ábiit in montána cum festinatióne in civitátem Iuda : et intrávit in domum Zacharíæ et salutávit Elísabeth. Et factum est, ut audivit salutatiónem Maríæ Elísabeth, exsultávit infans in útero eius : et repléta est Spíritu Sancto Elísabeth, et exclamávit voce magna et dixit : Benedícta tu inter mulíeres, et benedíctus fructus ventris tui. Et unde hoc mihi, ut véniat Mater Dómini mei ad me ? Ecce enim, ut facta est vox salutatiónis tuæ in áuribus meis, exsultávit in gáudio infans in útero meo. Et beáta, quæ credidísti, quóniam perficiéntur ea, quæ dicta sunt tibi a Dómino. Et ait María : Magníficat ánima mea Dóminum : et exsultávit spíritus meus in Deo, salutári meo.

   En ces jours-là : Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne, en une ville de Juda. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. Et elle s’écria à haute voix, disant : « Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a cru ! Car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur ! » Et Marie dit : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur ».

Credo.

Offertorium :

   Recordare, Virgo Mater, in conspectu Dei, ut loquaris pro nobis bona, et ut avertat indignationem suam a nobis.

   O Vierge Mère, souvenez-vous en face de Dieu de parler en bien en notre faveur, de sorte qu’Il détourne de nous Son indignation.

Secreta :

   Suscipe, Domine, munus quod tibi offerimus, memoriam recolentes purissimae Viriginis Mariae, quae consolatur nos in omni tribulatione nostra : et praesta, ut mens nostra superno lumine Sancti Spiritus irradiata, terrena despiciat, et ad cœlestia semper aspiret. Per Dominum… in unitate ejusdem…

   Recevez, Seigneur, le don que nous Vous offrons, rappelant la mémoire de la très pure Vierge Marie, qui nous console en toutes nos tribulations : et faites que notre esprit irradié par la lumière céleste du Saint-Esprit, méprise les choses de la terre et aspire toujours aux choses célestes. Par Jésus-Christ… dans l’unité de ce même Saint-Esprit…

Praefatio B. V. Mariae : « Et te in festivitate ».

Communio (Jerem. II).

   Numquid obliviscetur Virgo ornamenti sui, aut sponsa fasciae pectoralis suae ?

   Une vierge oubliera-t-elle ses ornements, ou une épouse son pectoral ?

Postcommunio.

   Fons vitae, Domine Jesu, reple mentem nostram torrente voluptatis tuae : ut beatissimae semper Virginis Mariae Consolationis matris praesidio, terrena calcantes, cœlestibus semper recreari valeamus. Qui vivis…

   Seigneur Jésus, Source de vie, remplissez notre esprit du torrent de Votre volupté : afin que, sous la protection de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de la Consolation, foulant aux pieds les choses terrestres, nous puissions toujours nous réjouir des choses célestes. O Vous qui vivez…

Madone de la Ceinture

2024-183. « En me rapprochant du dernier jour, plus est vive, plus est profonde et saisissante la pensée du compte que je dois rendre, pour vous, au Seigneur notre Dieu !»

28 août,
Fête de Saint Augustin d’Hippone, évêque et confesseur, docteur de l’Eglise.

Pinturicchio - 1499 - Gonfalon de Saint Augustin - blogue

Bernardino di Betto, dit Pinturicchio (vers 1452-1513) : Gonfalon de Saint Augustin (1499)
[Galerie nationale de l'Ombrie, Pérouse]

frise

Premier sermon de notre

Bienheureux Père Saint Augustin

pour le jour anniversaire de son sacre

(sermon CCCXXXIX)

La charge pastorale

   En s’adressant à ses fidèles au jour anniversaire de son sacre, Saint Augustin exprime à quel point ce jour l’oblige à réfléchir au poids de la charge pastorale qui pèse sur lui, et il leur demande d’alléger ce fardeau : fardeau terrible qui l’oblige, sous peine de mort éternelle, à les avertir des dangers qui les menacent.
« Ayez soin de vivre saintement pour ne pas vous perdre vous-mêmes », leur dit-il ; ajoutant qu’il ne sert de rien de rechercher en tout ce qui est bon sans s’appliquer à rendre bonne sa vie…

§ 1. La lourde charge du pasteur responsable devant Dieu du salut de ceux qui ont été confiés à son ministère :

   Ce jour me presse, mes frères, de réfléchir avec une attention plus grande au fardeau dont je suis chargé. Quoique je doive m’en occuper et le jour et la nuit, je ne sais comment il se fait qu’en cet anniversaire je sois tout pénétré de cette pensée, sans pouvoir même dissimuler combien elle me travaille.
Et même, plus croissent ou plutôt décroissent pour moi les années en me rapprochant du dernier jour, plus est vive, plus est profonde et saisissante la pensée du compte que je dois rendre, pour vous, au Seigneur notre Dieu.
Telle est, en effet, la différence qui existe entre chacun de vous et nous : vous n’avez presque à rendre compte que de vous seuls, tandis que nous devons, nous, rendre compte et de nous et de vous. Aussi notre fardeau est-il plus lourd.
Il est vrai que, bien porté, il nous prépare une gloire plus grande ; mais s’il est porté d’une manière infidèle, il plonge dans les plus affreux supplices.

   Aujourd’hui donc, qu’ai-je surtout à faire ? Je dois vous intéresser au danger que je cours, afin que vous deveniez ma joie. Mon danger, c’est d’être attentif aux éloges que vous me donnez, sans rien dire de la manière dont vous vivez.

   Ah ! Celui qui me voit parler, qui me voit même penser, sait que je suis moins charmé des louanges populaires, qu’inquiet et tourmenté de la manière dont vivent ceux qui m’applaudissent : je ne veux pas, j’abhorre, je déteste les louanges que me donnent ceux dont la conduite est mauvaise ! C’est peut moi une douleur et non pas un plaisir.
Dirai-je que je ne veux pas non plus des louanges de ceux qui mènent une vie vertueuse ? Ce serait mentir. Dirai-je que j’en veux ? J’aurais peur de convoiter plutôt ce qui est vain que ce qui est solide. Que dire alors ? Que sans les vouloir absolument, je ne les repousse pas absolument non plus. Je n’en veux pas absolument, pour éviter le péril où exposent les louanges humaines, et je ne les repousse pas absolument, pour ne faire pas des ingrats de ceux que j’évangélise.

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§ 2. Malheur au pasteur qui n’avertit pas ses ouailles lorsqu’elles sont sur le chemin de la perdition !

   Quant à la charge qui pèse sur moi, elle est exprimée par ces paroles que vous venez d’entendre du prophète Ezéchiel. C’est peu, en effet, que ce jour en lui-même nous invite à réfléchir à notre fardeau ; il nous a été fait, de plus, une lecture qui nous porte à penser avec grande crainte au devoir dont nous sommes chargé, car nous succombons, si Celui qui nous a imposé ce devoir n’en porte le poids avec nous.

   Voici donc ce que vous venez d’entendre : « Lorsque J’aurai amené l’épée sur une terre, et que cette terre se sera donné une sentinelle pour voir arriver l’épée, en avertir et l’annoncer, si la sentinelle, à l’approche de l’épée, se tait et que, le glaive frappe et mette à mort le pécheur, ce pécheur, sans doute, mourra à cause de son iniquité, mais Je rechercherai son sang dans les mains de la sentinelle ; si, au contraire, la sentinelle a vu accourir le glaive, qu’elle ait sonné de la trompette, qu’elle ait averti, et que le pécheur averti ne se soit pas tenu sur ses gardes, ce pécheur, sans doute encore, mourra à cause de son iniquité, mais la sentinelle a sauvé sa vie. Toi donc, fils de l’homme, Je t’ai établi en sentinelle pour les enfants d’Israël ».

   Ici le Seigneur fait connaître ce qu’il entend par la sentinelle, ce qu’il entend par le glaive, ce qu’il entend par la mort : il n’a point voulu que l’obscurité du texte fût un prétexte pour notre négligence.
« Je t’ai établi en sentinelle. Si je dis au pécheur : Tu mourras de mort, et que tu gardes le silence, et qu’il soit frappé de mort, sa mort, sans doute, sera juste et méritée, néanmoins Je rechercherai son sang dans tes mains. Mais si Je dis au pécheur : tu seras frappé de mort, et qu’il ne se tienne pas sur ses gardes, son iniquité, sans doute, sera cause de sa mort, mais tu auras sauvé ton âme » (Ezéch. XXXIII, 2-9).

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§ 3. L’évêque est dispensateur de la Parole du salut : Saint Augustin supplie ses fidèles à être attentif à ce qu’il leur enseigne – car ce ne sont pas des idées personnelles mais ce que Notre-Seigneur lui ordonne d’enseigner -, et à le mettre en pratique.

   Relevez donc, mes frères, relevez mon fardeau et portez-le avec moi. Vivez bien.
Nous voici tout près de la Nativité du Seigneur ; nous avons à nourrir ceux qui partagent notre pauvreté : étendons jusqu’à eux notre humanité.
Considérez mes paroles comme des mets que je vous présente ; je ne puis vous nourrir tous d’un pain matériel et visible ; je vous donne à manger ce qu’on me donne à moi-même.

   Je suis le serviteur, et non le Père de famille. Je vous présente de ce qui me fait vivre ; je puise dans les trésors du Seigneur, dans les celliers de ce Père de famille qui pour nous S’est fait pauvre, quand Il était riche, afin de nous enrichir par Sa pauvreté (2 Cor. VIII, 9).
Si je vous servais du pain, le pain une fois rompu, vous en emporteriez un morceau, et tant que j’en aie, chacun de vous n’en recevrait que bien peu. Mais ce que je dis maintenant arrive tout entier à tous et à chacun. Vous partagez-vous entre vous les syllabes de mes paroles ? Avez-vous emporté chaque mot de mon discours à mesure qu’il s’est poursuivi ?
Chacun de vous l’a entendu tout entier. Mais aussi c’est à chacun de voir comment il l’a entendu, car je suis, moi, le distributeur et non l’exacteur.

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§ 4. C’est l’enseignement du Saint Evangile, et il est redoutable : le pasteur qui a reçu une charge divine doit lui faire porter du fruit de salut dans l’âme de ses fidèles ; et les fidèles par leur docilité à ses enseignements ou par leur résistance, sont aussi responsables du jugement qui sanctionnera leur pasteur. 

   Si je ne distribuais pas, si je conservais l’argent, l’Evangile me glacerait d’effroi. Je pourrais dire : Qu’ai-je besoin d’ennuyer les hommes, de crier aux pécheurs : Gardez-vous d’agir injustement, agissez de telle manière, cessez d’agir de telle autre ? Qu’ai-je besoin d’être à charge au monde ? J’ai appris comment je dois vivre, je veux tenir compte de ce qui m’a été ordonné, prescrit, enseigné, ai-je besoin de rendre compte d’autrui ?
Mais l’Evangile me glace d’effroi, et nul au monde ne me ferait sortir de mon oisiveté et de ma tranquillité. Est-il rien de meilleur, de plus doux, que de puiser sans bruit extérieur dans les trésors divins ? Voilà ce qui est bon, ce qui est agréable. Mais prêcher, reprendre, corriger, édifier, s’inquiéter pour chacun, quelle charge, quel poids, quel travail ! Qui ne le fuirait ?

   Encore une fois l’Evangile m’épouvante. Un serviteur y paraît, qui dit à son maître : « Je savais que vous êtes un homme fâcheux, que vous moissonnez où vous n’avez pas semé ; j’ai conservé mon argent, je n’ai pas voulu le dépenser, prenez ce qui est à vous ». S’il y manque quelque chose, montrez-le ; s’il n’y manque rien, ne me faites pas de peine.
« Méchant serviteur », reprit le Maître, « c’est d’après ta propre bouche que je te condamnerai ». — Comment cela ? — Dès que tu m’accuses d’avarice, pourquoi as-tu négligé de me faire des profits ? — J’ai craint de perdre en donnant. — Voilà ce que tu dis. N’est-ce pas ainsi qu’on s’écrie souvent : Pourquoi tant corriger ? Ce que tu lui dis devient inutile, il ne t’écoute pas ? — Je n’ai pas voulu donner mon argent dans la crainte de le perdre, dit le serviteur. — « Je l’eusse, en arrivant, repris avec usure » (Luc, XIX, 21-23), ajoute le Maître, car je t’avais constitué distributeur, et non exacteur ; tu devais t’exercer à donner et me laisser le soin de réclamer ensuite.

   Que chacun donc craigne un pareil reproche et songe à la manière dont il reçoit. Si je tremble en donnant, celui qui reçoit doit-il être tranquille ?

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§ 5. Tu ne veux pas de mauvaises choses pour ta vie d’ici-bas, alors pourquoi désires-tu des choses mauvaises pour ta vie spirituelle ? Il y va de ton bonheur éternel.

   Que celui qui était mauvais hier soit bon aujourd’hui. Voilà ce que je vous donne.
Oui, que celui qui était mauvais hier soit bon aujourd’hui. Tel hier était mauvais, il n’est pas mort. S’il était mort, mort en mauvais état, il serait allé d’où l’on ne revient pas. Hier il était mauvais et il vit encore : ah ! qu’il profite de sa vie et ne vive plus mal. Pourquoi vouloir au jour mauvais d’hier ajouter un jour mauvais aujourd’hui ? Tu désires une 
longue vie, et tu ne veux pas qu’elle soit bonne ? En fait même de repas, qui veut d’un mauvais et long dîner ?
Tel est l’aveuglement prodigieux de l’esprit, telle est la surdité de l’homme intérieur, qu’à l’exception de soi-même, on ne veut rien que de bon. Tu voudrais posséder une villa. Je soutiens que tu ne désires pas qu’elle soit mauvaise. Tu désires une épouse ? Tu n’en veux qu’une bonne ; tu ne veux non plus qu’une bonne maison.
Pourquoi poursuivre cette énumération ? Tu ne veux pas d’une mauvaise chaussure, et tu veux d’une vie mauvaise ? Une chaussure mauvaise te fera-t-elle plus de mal qu’une mauvaise vie ? Quand une chaussure mauvaise et trop serrée te gêne, tu t’assois, tu l’ôtes, tu la jettes ou bien tu y remédies, ou bien encore tu en changes, pour ne pas te fouler les doigts du pied ; voilà comment tu te chausses.
Et pourtant ta vie reste mauvaise et te fait perdre ton âme !

   Je vois clairement ce qui t’égare. Une chaussure nuisible produit la douleur, une vie nuisible, le plaisir ; l’une fait souffrir, l’autre fait jouir. Mais ce qui cause un plaisir temporel, produira plus tard une douleur bien plus sensible ; au lieu que ce qui cause pour un temps une douleur salutaire, remplira ensuite d’un plaisir infini, d’une joie délicieuse et abondante, car il est écrit : « Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans la joie » (Ps. CXXV, 5), et encore : « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés » (Matth. V, 5).

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§ 6. Conclusion (dont les experts de l’œuvre de Saint Augustin pensent qu’elle est un ajout postérieur) :

   Plus attentifs donc à ces vérités, songeons à ces autres paroles de l’Ecriture relatives à la débauche et à la volupté : « Un moment elle flatte le palais, on la sent ensuite plus amère  que le fiel » (Prov. V, 3-4). De plus, comme notre vie dans ce monde ressemble à un chemin, mieux vaut pour nous aller du travail au repos que du repos au travail ; mieux vaut aussi nous fatiguer quelque temps sur la route, afin de pouvoir parvenir ensuite heureusement aux éternelles joies de la patrie, avec la gloire de Jésus-Christ Notre-Seigneur, Lequel vit et règne avec le Père, …etc.

On trouvera le second sermon de Saint Augustin sur la charge pastorale > ici.

Pinturicchio - 1499 - Gonfalon de Saint Augustin - détail

2024-182. De Saint Césaire, archevêque d’Arles, fervent disciple de Saint Augustin, que l’on fête le 27 août.

27 août,
Fête de Saint Césaire d’Arles, évêque et confesseur ;
Vigile de notre Bienheureux Père Saint Augustin ;
Mémoire du troisième jour dans l’octave de Saint Louis ;

Mémoire de Saint Joseph Calasanz, confesseur.

Saint Césaire d'Arles - blogue

Saint Césaire d’Arles (vers 470 – 27 août 542)

       Saint Césaire est né vers l’an 470 au sein d’une famille chrétienne nicéenne de la noblesse gallo-romaine, à Chalon-sur-Saône ou dans les environs, territoire alors occupé par les Burgondes.
Il montra dès son enfance un zèle ardent pour la piété et pour l’aumône, au point de se dépouiller de ses propres vêtements pour les donner aux nécessiteux, et dès l’âge de dix-huit ans, à l’insu de ses parents, il supplia l’évêque de Chalon, Saint Silvestre de l’admettre parmi les clercs de son Eglise : Silvestre, en considération de la haute vertu dont l’adolescent faisait déjà montre, lui donna la tonsure cléricale et l’engagea au service de l’Eglise.
Au bout de deux années (vers 490 donc), au cours desquelles il avait fait l’édification de tous, avide d’une plus grande perfection et de plus importantes austérités, désireux pour cela d’imiter le mode de vie angélique des Pères d’Orient (et ayant également conquis sa propre sœur, Césarie, à l’idéal monastique – cf. la biographie que nous en avons publié > ici), il partit pour le fameux monastère de Lérins, sans que sa mère, qui avait pourtant lancé des serviteurs à sa poursuite afin de l’en empêcher, ne pût arrêter son voyage.

   Reçu par l’abbé Saint Porchaire parmi les moines, il manifesta aussitôt, et de manière persévérante, un tel zèle pour les combats ascétiques ainsi que pour les veilles studieuses consacrées à l’étude des Saintes Ecritures et des écrits des saints Pères – principalement de Saint Augustin -, que ses jeûnes, macérations et veilles prolongées, compromirent sa santé ; Saint Porchaire dut donc l’envoyer se soigner en Arles.

actuelle abbaye de Lérins

Abbaye de Lérins (état actuel)

   La prestigieuse cité, qui avait été résidence impériale sous Saint Constantin 1er le Grand puis élevée au rang de préfecture du prétoire des Gaules, était alors soumise aux Wisigoths depuis 476 (elle passera sous domination ostrogothe en 508, puis franque en 536) : elle restait toutefois une métropole importante, où l’on s’efforçait de sauvegarder l’héritage de la culture classique.
Hébergé dans la demeure d’un noble citoyen, Firmin, et de son épouse Grégoria, on voulut lui faire suivre les cours d’un célèbre rhéteur réfugié d’Afrique, Julien Pomère. Cédant aux instances de ses hôtes, Césaire consentit alors à abandonner quelque peu l’étude de la Bible pour s’adonner à la lecture de Virgile. Mais, une nuit, la vision d’un redoutable serpent, qui lui dévorait le bras qui s’appuyait sur un livre, le persuada de renoncer à l’étude des lettres profanes.

   Remarqué par le vieil évêque de la ville, Saint Eon (Eonius), qui était d’ailleurs l’un de ses lointains cousins, ce dernier obtint de l’abbé Porchaire l’autorisation d’agréger le jeune moine à son clergé et de lui conférer le diaconat puis le sacerdoce (en 499).

   Désormais au service de l’Eglise d’Arles et de ses fidèles, Saint Césaire ne renonça néanmoins jamais au mode de vie ascétique et à la règle de prière qu’il avait reçus à Lérins. Il se distinguait entre tous les autres clercs par son humilité, sa mortification, son amour du culte divin et son détachement de toute affaire mondaine pour se tendre sans relâche vers la contemplation des biens à venir.
Saint Eon le nomma d’ailleurs bientôt supérieur d’un monastère situé un peu en dehors de la ville, sur une île du Rhône, et trois ans après, l’évêque Eone, se voyant malade, le désigna pour  successeur sur le siège métropolitain d’Arles, mais quand il apprit qu’il venait d’être élu évêque, effrayé, il alla se cacher dans un tombeau des Alyscamps. Mais il fut rapidement découvert et forcé de se soumettre à la décision du peuple, que le roi Alaric II venait de ratifier : il avait trente-trois ans (503).

Arles - les Alyscamps - état actuel

Arles : les Alyscamps (état actuel)

   Le nouvel évêque confia le soin des affaires temporelles à des diacres, afin de s’adonner tout entier à la tâche apostolique : Saint Césaire avait soin de dispenser la Parole de Dieu dans des sermons brefs, utilisant une langue facilement accessible et ayant recours à des images de la vie quotidienne, pour enseigner les exigences fondamentales de la vie chrétienne (deux cent trente-huit de ces homélies nous ont été conservées dans des manuscrits, certaines ayant parfois été attribuées à Saint Augustin). Il dénonçait les vices, décrivait avec enthousiasme la beauté de la vertu et des biens promis par Dieu à ceux qui Le suivraient. Il convertissait les uns par ses remontrances, et gagnait les autres à la vie spirituelle par sa douceur et le rayonnement de la grâce de Dieu qu’il montrait en sa propre personne. Tel un habile médecin, il appliquait à chacun de ses fidèles le remède qui lui convenait, et ne manquait pas d’exhorter sans relâche les membres du clergé, évêques compris, à se faire les modèles de conduite évangélique pour le troupeau que Dieu leur avait confié.
Pour empêcher que les fidèles ne bavardassent dans les églises, il fit obligation aux laïcs de chanter les psaumes, les antiennes et les hymnes avec les clercs.

   En ces temps d’invasions, les pauvres étaient nombreux et délaissés, aussi le nouvel évêque organisa-t-il les œuvres de bienfaisance aux frais de l’Eglise, et fit-il construire des hospices et des hôpitaux pour les malades.
Ces activités charitables lui attirèrent toutefois l’hostilité de certains membres du clergé, auxquels il avait reproché leur conduite relâchée. Par l’entremise de son secrétaire, Licuman, ils l’accusèrent auprès du roi Alaric d’être à la solde des Burgondes et de comploter pour leur livrer la cité. Exilé à Bordeaux, en 505, Saint Césaire y arrêta par sa prière un terrible incendie qui ravageait la ville, et il acquit ainsi une si grande renommée qu’Alaric dut reconnaître son innocence et lui permit de regagne son siège épiscopal.
Le saint fut accueilli triomphalement par les fidèles d’Arles et, en signe de la faveur divine qui l’assistait, dès qu’il entra en ville, une pluie bienfaisante vint mettre fin à une longue sécheresse.
Comme on s’apprêtait à lapider Licuman, son calomniateur, Saint Césaire intervint avec magnanimité pour le délivrer.

   Par la suite, ayant acquis la confiance d’Alaric, il obtint du roi la publication d’un code de loi qui garantissait à ses sujets gallo-romains les même droits qu’à ceux de race gothique.

Jose Leonardo (c1605-1656) Alaric II le Balthe

Jose Leonardo (1601-1653) : Alaric II le Balthe

   La compassion de l’homme de Dieu s’étendait sur tous, et en particulier envers les prisonniers et les victimes des invasions. Lors du terrible siège d’Arles par les Francs et les Burgondes coalisés, en 508, il se dépensa sans compter, et fut accusé de trahison et arrêté sous prétexte qu’il venait en aide aux prisonniers ennemis. Mais, à l’occasion d’une sortie, on découvrit la lettre qu’un de ses accusateurs avait écrite aux assiégeants, leur proposant de leur livrer la ville. La perfidie ayant été ainsi dévoilée, le saint fut libéré, et il reprit aussitôt ses activités charitables.

   Les Ostrogoths, qui avaient mis en fuite les assiégeants, occupèrent à leur tour la Provence et amassèrent un grand nombre de captifs francs et burgondes dans les églises d’Arles, sans leur procurer le moindre soin. Saint Césaire leur fit distribuer des vivres, et il se refusait à se nourrir alors que des hommes, fussent-ils barbares ou hérétiques, souffraient de la faim. Il dépouilla même son église, fit vendre les objets précieux, les ornements et « jusqu’aux vases sacrés du temple de Dieu, pour racheter le vrai temple ». Un jour, il rencontra un homme pauvre, qui lui demanda l’aumône pour racheter un captif. Comme l’évêque n’avait pas d’argent, il courut chercher des ornements solennels, et il les lui donna pour les vendre sans retard.

   De nouveau accusé de haute trahison par les Ostrogoths, en 513, Césaire fut convoqué à Ravenne par Théodoric 1er, devant lequel il se présenta le visage serein et rayonnant d’une telle majesté, que le roi, oubliant les accusations, le traita avec de grands égards et lui fit don d’un plat en argent d’une valeur considérable. Le saint le fit aussitôt vendre aux enchères pour racheter les prisonniers d’Orange et de la région de la Durance. Loin d’en être courroucé, Théodoric loua fort cet acte et, dès lors, les nobles et les gens puissants rivalisèrent pour faire connaissance avec l’homme de Dieu et lui prodiguer leurs offrandes.
Il accomplit plusieurs miracles à Ravenne, tels que la résurrection du fils unique d’une pauvre veuve et la délivrance d’un possédé.

   Se rendant alors à Rome, il y fut honoré comme un saint par le clergé, le sénat et le peuple, et le pape Symmaque, de ses propres mains, lui remit le sacré pallium, en signe d’une autorité de vicaire pontifical sur toutes les Eglises des Gaules ; le Pontife lui accorda aussi que désormais tous les diacres de son Eglise auraient le privilège de porter la dalmatique comme les diacres de l’Eglise de Rome.

Ceinture de Saint Césaire

Ceinture de Saint Césaire :
remarquable travail de cuir avec une boucle en ivoire finement sculptée
représentant les soldats postés devant le tombeau du Christ.
On pense qu’elle fut offerte à Saint Césaire par le Roi Théodoric 1er.

   Césaire revint à Arles plus glorieux que s’il avait triomphé à la guerre, et il répandit à profusion ses largesses pour délivrer les prisonniers et pour orner les églises.

   Outre son souci de manifester la miséricorde de Dieu partout où il se trouvait, soit par l’aumône soit par ses miracles, il portait un grand soin à la vie et à l’organisation de l’Eglise dans les nouvelles conditions où elle se trouvait désormais. En 506, il réunit un concile de tous les évêques soumis aux Wisigoths, pour rétablir la discipline ecclésiastique corrompue par le contact avec les occupants ariens.
Comme métropolitain, il présida des synodes locaux des évêques de Provence : à Arles (524), Carpentras (527), Orange (529), Vaison (529) et Marseille (533). Le concile d’Orange mit un terme à la controverse sur la grâce et le libre-arbitre, en sanctionnant la doctrine de saint Augustin, mais il condamna cependant les tenants extrémistes de la doctrines de la prédestination.

   Les fréquentes visites que le saint faisait dans les paroisses lui permirent de constater la grande nécessité de la prédication, jusque-là réservée aux évêques. C’est pourquoi, lors du concile de Vaison, il fit accorder aux prêtres le droit de prêcher et aux diacres celui de lire au peuple les homélies des saints Pères, et il prit également soin de l’enseignement et de la formation des clercs dans les écoles paroissiales. Lorsque son évêché fut réuni aux états francs (536), saint Césaire, trop âgé, ne put assister aux conciles d’Orléans (538 et 541), mais les évêques suffragants d’Arles y témoignèrent de son influence bienfaisante pour toute l’Eglise.

Reliquaire de Saint Césaire dans l'église Saint-Trophime en Arles

Reliquaire de Saint Césaire dans l’église Saint-Trophime en Arles

   De toutes les activités du saint évêque, c’est à la fondation du monastère de moniales Saint-Jean-Baptiste qu’allait pourtant sa prédilection. D’abord installé à l’extérieur de la ville, mais ruiné lors du siège des Francs et des Burgondes en 508, le monastère fut reconstruit (513), puis transféré à l’intérieur de la cité d’Arles. L’évêque désigna comme abbesse sa sœur Césarie, qu’il avait envoyée se former au monastère fondé par Saint Jean Cassien (cf. > ici) à Marseille, et il rédigea pour la communauté, qui devait atteindre près de deux cents religieuses à la fin de sa vie, une Règle, qui fut la première spécialement écrite pour des moniales et qui se répandit par la suite largement en Occident (cette Règle que la Reine Sainte Radegonde – cf. > ici – adopta pour son monastère de la Sainte-Croix à Poitiers). Il y prescrivait notamment à ses filles spirituelles de ne jamais sortir de l’enceinte du monastère, de manière à rester tout entières consacrées à Dieu, et à persévérer sans distractions, dans l’attente de l’Epoux, telles les vierges sages, « leurs lampes allumées et avec une conscience tranquille ».
Il adapta ensuite cette Règle à l’intention d’un monastère de moines qu’il avait également fondé.

 enluminure du Xe siècle - saint Césaire donnant sa Règle aux moniales

Saint Césaire donnant sa règle monastique (enluminure du Xème siècle)

   Après avoir ainsi œuvré pendant de longues années dans la Vigne du Seigneur, Saint Césaire reçut, deux ans avant qu’il n’advint, la révélation du jour de son trépas, et il vit la gloire qui lui était réservée en récompense de ses labeurs.

   Frappé d’une cruelle maladie, qui lui causait de très grandes douleurs, il rédigea son testament, léguant tous ses biens à son Eglise et au monastère des moniales.
Il demanda à ceux qui l’assistaient quand aurait lieu la fête de Saint Augustin, et on lui répondit que ce serait bientôt. Il déclara alors : « J’espère que mon décès ne sera pas éloigné de celui de ce grand docteur dont j’ai toujours chéri la doctrine et suivi les sentiments ».
Il se fit ensuite transporter sur une litière au monastère Saint-Jean, afin d’y exhorter les religieuses à persévérer avec ferveur dans leur vocation angélique et à garder fidèlement ses préceptes et leur donner une ultime bénédiction.
Puis il demanda qu’on le ramenât non pas dans ses appartements mais dans son église métropolitaine où, trois jours après, il rendit paisiblement son âme au Seigneur, en présence de son clergé, à l’heure de prime, le 27 août de l’an 542, à la veille de la fête de Saint Augustin, ainsi qu’il l’avait prédit.

reliquaire de la tunique de Saint Césaire

Reliquaire de la tunique de Saint Césaire en forme de diptyque (1429)
[musée d'art sacré de Pont-Saint-Esprit]

2024-181. Message royal à l’occasion de la fête de Saint Louis 2024.

25 août 2024,
Fête de Saint Louis IX, Roi de France et confesseur.

       Dans la soirée du dimanche 25 août 2024, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, a publié le message suivant à l’adresse des Français, message dans lequel Sa Majesté se livre à quelques commentaires concernant la situation plus que préoccupante de notre France, et rappelant où se trouvent les solutions à la crise présente…

Statue de Saint Louis sur la façade de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Chers Français,

       Quand je m’exprimai le 25 août dernier (cf. > ici), à l’occasion de la fête de la Saint-Louis, qui aurait pensé que les mois qui suivraient seraient à ce point tourmentés ?

   A l’exception de la fierté que l’on tirerait des résultats de nos athlètes olympiques, quel regard positif tirer de l’année écoulée sur un pays toujours plus divisé ? Même dans les moments qui devraient rassembler les Français comme une certaine cérémonie d’ouverture, les dirigeants réussissent à briser cette aspiration par des ferments de haine.

   Que retenir sinon une situation politique toujours plus dégradée dans laquelle notre pays est enferré avec une quasi vacance des pouvoirs ? La France traverse une crise telle qu’elle n’en a peut-être jamais connue en temps de paix.
Il y a un an nous formulions l’espoir que, malgré les difficultés croissantes, des changements pourraient advenir. Hélas, outre l’accumulation de mauvaises décisions prises (subversions sur le plan du respect des valeurs et de l’ordre public, poursuite d’un déficit chronique et alimentation d’une dette abyssale, conséquences de flux migratoires incontrôlés…), il nous faut considérer aussi l’esprit sciemment perverti dans lequel beaucoup de ces décisions ont été prises. Idées partisanes, intérêts privés ou communautaristes et options conjoncturelles chassent les règles de bon sens, d’équité, de justice, le souci des populations les plus fragiles, la pleine mesure des questions sociales et sociétales (sécurité intérieure et extérieure, politique familiale, personnes âgées, Défense nationale,…).
Au lieu de porter haut de saines ambitions pour le pays, les élections récentes n’ont pas permis de renouveler certaines élites politiques, et les véritables enjeux français et européens face aux dangers qui nous menacent ont été occultés.

   Force est de reconnaître que l’organisation de notre société et des institutions ne répond plus aux besoins qu’expriment la majorité des Français, une véritable fracture s’aggravant ainsi chaque jour. Comme pour toutes les crises profondes que notre cher Pays a traversées, nous devons espérer que celle-ci ne soit que temporaire et qu’en particulier cesse le plus rapidement possible cette inversion des valeurs.

   Cela passera, souvent à rebours d’idées ambiantes, par la fin du déni et l’acceptation de la réalité, même si cette dernière impose des efforts, voire des sacrifices. Comme nos sportifs, les Français devront avoir une mentalité de gagnants. Il sera indispensable de réaffirmer le primat des valeurs familiales, seule garantie d’une évolution à nouveau positive de notre société vieillissante et rempart naturel contre les dangers des immigrations. Défendre la vie de la conception à la mort doit demeurer également un objectif premier, en redonnant toute sa place à la morale sociale, notamment au « Tu ne tueras pas ».
Assurer enfin, dans l’esprit de Saint Louis, par la garantie du droit, la sécurité et le respect des personnes et des biens.
A un niveau supérieur, l’avenir de notre pays nécessite de réaffirmer son engagement européen sur la base du strict respect des intérêts nationaux de tous les Etats, en s’appuyant sur le principe de subsidiarité, toujours énoncé mais si souvent détourné en pratique.

   Puisse notre pays, en retrouvant le sens de sa mission civilisatrice, se reprendre à l’intérieur pour être fort vis-à-vis de l’extérieur.
Puisse Saint Louis, modèle des gouvernants, nous aider à retrouver à nouveau l’Espérance en l’avenir de la France.

Louis de Bourbon,
duc d’Anjou.

Pierre-Narcisse Guérin - Saint Louis Justice sous le chêne - Angers

Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833) : Saint Louis rendant la justice sous le chêne (1816)
[Musée des Beaux-Arts, Angers]

Prière de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin à Saint Louis son ancêtre et son saint patron.

Saint Louis IX - blogue

           O vous, dont une couronne immortelle fait la récompense dans les Cieux !
Vous, dont le dévouement le plus généreux au service du Roi des rois, vous donne des droits si mérités aux éloges que les fastes augustes de la Religion ont consacrés à la gloire des David, des Ezéchias, des Josias, des saints Rois ;
Vous, qui avez illustré, moins encore par vos faits éclatants que par vos hautes vertus, le Trône dont j’approche ; vous qui y fîtes régner, avec vous, le Dieu seul qui vous y avait élevé, et qui n’estimâtes rien de grand sur la terre, que ce qui vous conduisait à Son amour, à Son imitation, à Sa gloire ;
Grand Roi, grand homme, grand saint, obtenez-moi aujourd’hui, et pour tous les moments de ma vie, de participer aux grâces dont vous fûtes comblé, et, avec ces dons précieux, la correspondance que vous y eûtes vous-même.

   Destinée, par l’ordre de la Providence, à habiter un séjour semé de tant d’écueils, que j’apprenne, de vos exemples, à prévenir tous les dangers dont j’y suis menacée ; que j’y oppose sans cesse, comme vous, les armes de la prière, de la vigilance, de l’humilité, de la foi au Saint Sacrement ; que je paraisse aux pieds des Tabernacles, ou dans l’asile secret, qui est le dépositaire de mes hommages religieux, avec ces dispositions de recueillement et de ferveur, qui ne pénétraient votre âme, qu’à la suite de ces tendres entretiens avec le Dieu de mon cœur !

   Que je puisse édifier le monde, protéger la Religion, aider le prochain, sanctifier, en tout et partout, cette grandeur, dont vous avez fait l’instrument de ma sanctification !

Ainsi soit-il.

Révérende Mère Thérèse de Saint-Augustin (1737-1787)
in « Méditations Eucharistiques dédiées à Madame Adélaïde »
par Madame Louise de France pp. 223-224, chez Théodore Pitrat, 1810

Lys en vignette typographique - blogue

2024-180. Nos plus vifs remerciements pour l’aide à l’acquisition de la statue de Saint Joseph !

22 août 2024,
Octave de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. ici) ;
Mémoire des Saints Timothée, Hippolyte et Symphorien, martyrs.

Statue de Saint Joseph - oratoire du Mesnil-Marie

Très chers Amis et Bienfaiteurs,

   C’est très intentionnellement que j’ai attendu cette date du 22 août, jour octave de l’Assomption de Notre-Dame, pour remercier très chaleureusement ceux qui nous ont aidé de leurs généreuses offrandes pour l’acquisition de la statue de Saint Joseph dont nous vous avions parlé > ici.

   La statue est bien arrivée au Mesnil-Marie : c’était le vendredi 9 août, ce qui fait qu’elle a été dûment bénite par Monsieur l’Abbé dès le lendemain matin, c’est-à-dire le jour où nous fêtions notre chère Sainte Philomène.

   Il ne restait plus qu’à l’installer, sur le mur faisant face à l’autel de la Très Sainte Vierge Marie, au-dessus duquel trône une reproduction de la célèbre « Vierge Noire » du Puy.

autel de la Très Sainte Vierge - oratoire du Mesnil-Marie

   Cette installation n’a pas été sans quelques difficultés, parce que le mur en question – vieux mur en pierre du XVIIème siècle – n’est ni vraiment plat ni tout-à-fait droit : Frère Maximilien-Marie a dû déployer pas mal d’ingéniosité et faire preuve de patience pour que le support de la statue, réalisé en bois et dont le dossier, lui, est parfaitement droit, puisse se trouver bien centré et solidement fixé en tenant compte des inégalités de la muraille.
Bref ! Il a fini par arriver au résultat que vous pouvez constater vous-mêmes sur les photographies que je publie en illustration de ces quelques lignes. 

Statue de Saint Joseph - oratoire du Mesnil-Marie

   Comme je vous l’avais expliqué en vous présentant notre projet d’achat, cette statue nous avait particulièrement plu pour les raisons que je vous détaillais et que je me permets de citer à nouveau ici :

   1) Saint Joseph n’y est pas figuré comme un vieillard, 2) il tient un véritable bâton épanoui en fleurs de lys (en référence au miracle qui l’a fait désigner comme celui qui entre les descendants de David était choisi par Dieu pour époux de la Bienheureuse Vierge Marie), 3) le Saint Enfant Jésus qu’il porte sur son bras est clairement désigné comme le Messie Fils de David puisqu’Il tient dans Sa main le globe royal, 4) les visages sont doux et assez expressifs, et les couleurs ne sont pas agressives… 

   Nous ne sommes pas du tout déçus, et, encore une fois, je veux vous exprimer avec insistance notre immense gratitude !

Statue de Saint Joseph - oratoire du Mesnil-Marie

   Je dois même vous dire que la somme de vos généreuses oboles ayant dépassé le coût de la statue et de son transport depuis l’Italie, nous avons aussi pu acheter la suspension – qui, elle, a été commandée dans une boutique liturgique de Grèce – que Frère Maximilien-Marie a mise en place hier à côté de la statue : ainsi pourrons-nous en toute sécurité accompagner les intentions confiées à notre bon Saint Joseph, par l’allumage de veilleuses, conformément aux usages traditionnels attestés dès les premiers siècles de l’Eglise.

   D’ailleurs, dès que cette suspension a été installée, nous avons allumé une veilleuse à l’intention et aux intentions de tous nos bienfaiteurs, en chantant le cantique que nous aimons tant « Saint Joseph, ô pur modèle » composé sur une mélodie de Clérambault (voir > ici).

   Peut-être un jour trouverons-nous une couronne qui soit adaptée à cette statue ? Je sais que ce serait le désir de mon papa-moine…
En attendant, je vous redis encore une fois : « Merci ! Merci ! Merci ! », et je vous assure de nos prières à toutes vos intentions.

pattes de chatTolbiac.

veilleuse de Saint Joseph - oratoire du Mesnil-Marie

2024-179. La séquence lyonnaise « Plaudamus cum superis » pour l’Assomption de Notre-Dame.

22 août,
Octave de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. > ici) ;
Mémoire des Saints Timothée, Hippolyte et Symphorien, martyrs.

Philippe de Champaigne - Assomption vers 1629 - musée du Louvre

Philippe de Champaigne -1602-1674) : Assomption de la Vierge Marie (vers 1629)
[tableau réalisé pour l’église du couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques à Paris - musée du Louvre] 

       Après la publication de la prose de l’Assomption « Induant justitiam » du missel parisien, adoptée en de nombreux diocèses de France sous l’Ancien Régime (cf. > ici), un de nos lecteurs – qu’il en soit chaleureusement remercié – a eu la bonté d’attirer notre attention sur le fait que dans le rite lyonnais, il existe aussi une prose propre, différente quant au texte, sauf en ce qui concerne les deux derniers couplets qui sont absolument identiques.

   En revanche, pour l’heure, nous n’en avons trouvé ni la partition musicale ni non plus un quelconque enregistrement.
A l’occasion de l’octave de l’Assomption, et, en quelque manière en symétrie de la prose du missel romain à l’usage des diocèses de France, voici, ci-dessous, le texte et la traduction de cette prose du rite lyonnais :

Plaudamus cum superis :
Arca novis fœderis
Templo sedet gloriae.

Applaudissons avec les anges :
L’Arche de la nouvelle alliance
Repose au temple de la gloire.

Alto regnat solio,
Juncta Mater Filio,
Particeps victoriae.

Sur un trône élevé, la Mère
Règne en union avec son Fils,
Participant à Sa victoire.

Qos est passa pectore,
Quantos natus fœnore,
Dolores remunerat !

Les douleurs qu’elle a endurées
Dans son cœur, combien son Enfant
Les récompense avec usure !

Circumfusa lumine,
Solo minor Numine,
Quot bonis exuberata !

Elle baigne dans la lumière :
A Dieu seul elle est inférieure ;
De biens sans nombre elle est comblée !

Ipsa fit fons gratiae,
Quae fontem justitiae
Sinu suo protulit.

Elle devient source de grâce,
Ayant fait jaillir de son sein
La Source de la sainteté.

Quis per Matrem Filium
Rogavit auxilium,
Et dona non retulit ?

Qui a demandé le secours
Du Fils, passant par la Mère,
Sans repartir chargé de dons ?

Virgo caelo celsior,
Angelisque purior,
Nobis sis propitia.

Vierge élevée plus que les cieux,
Plus pure même que les anges,
Accordez-nous votre faveur.

Regnet in pectoribus,
Regnet in operibus,
Qua dives es, gratia.

Qu’elle règne au fond de nos cœurs,
Qu’elle règne aussi en nos œuvres,
La grâce dont vous êtes riche.

Ad Deum ut adeant,
Per te vota transeant :
Non fas Matrem rejici.

Pour qu’ils parviennent jusqu’à Dieu,
Que nos vœux passent par vos mains :
on ne repousse pas sa Mère !

Amet tuam Galliam ;
Regi det justitiam,
plebi pacem supplici.
Amen.

Qu’Il (Dieu) aime la France qui est vôtre ;
Qu’Il accorde au Roi la justice,
Et la paix au peuple qui prie.
Ainsi soit-il !

L'Assomption

2024-178. In memoriam : Monsieur l’abbé Louis Coache, inlassable combattant de la foi (+ 21 août 1994).

21 août,
Fête de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, veuve et fondatrice de l’Ordre de la Visitation ;

Anniversaire de la naissance de Saint François de Sales ;
Mémoire de Saint Privat de Mende, évêque et martyr ;
7ème jour dans l’octave de l’Assomption ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Louis Coache (+ 21 août 1994).

abbé Louis Coache

Monsieur l’abbé Louis Coache (10 mars 1920 – 21 août 1994)

   Le 10 mars 1920, à Ressons-sur-Matz, dans le diocèse de Beauvais, naquit Louis Coache, dans une famille modeste mais très profondément chrétienne. Il était le sixième de sept enfants et deux de ses sœurs seront religieuses.
Ayant très tôt entendu l’appel divin, il commença ses études ecclésiastiques au petit séminaire du Moncel, à Pont-Sainte-Maxence, fut ensuite envoyé au Séminaire français de Rome, dut revenir en France à cause de la guerre et rejoignit le grand séminaire de Beauvais, alors replié à Versailles en raison de l’occupation allemande. Il y fut ordonné le 24 avril 1943 par Mgr Roland-Gosselin, évêque de Versailles.
Son évêque le nomme d’abord vicaire à la cathédrale de Beauvais (juin 1943 – décembre 1947), puis curé de Salency, où il ne reste que quelques mois, car en août 1948 il est nommé curé de Sacy-le-Grand (août 1948 – 1953).

   En 1953, une maladie assez grave le contraint au repos. Repos assez relatif car il en profite pour approfondir des études de Droit canon au terme desquelles il obtient le Doctorat en soutenant une thèse sur « Le pouvoir ministériel du Pape » et que, dans le même temps, il dessert depuis Beauvais la paroisse de La-Neuville-en-Hez et assure un vicariat à Notre-Dame-de-Thil.
De juillet à novembre 1957, on lui confie l’aumônerie de l’hôpital de Senlis et enfin, à Pâques 1958, il reçoit ses lettres de curé de la paroisse de Montjavoult.

Vignette croix et calice - blogue

   Cet itinéraire de prêtre diocésain somme toute assez classique (vicaire, curé d’une petite paroisse, puis d’une paroisse moyenne, et enfin d’un paroisse plus importante), nous amène à la fin du règne du Vénérable Pie XII : bientôt les événements vont se précipiter.
Le temps de la maladie lui a donné le temps de devenir un canoniste, ce qui donnera du poids à ses prises de position et à ses publications. Dès 1955, alerté par certaines tendances qui se faisaient jour chez certains de ses confrères et dans la « pastorale », il avait commencé à prendre des notes en vue de la rédaction d’un ouvrage qu’il voulait intituler : « Jusqu’où va nous conduire l’esprit du monde ? ».

   L’annonce par Jean XXIII de la convocation d’un concile fut comparable à l’ouverture irréfléchie et incontrôlée des vannes d’un barrage : en quelques mois, le modernisme qui couvait sous les apparences conservatrices du pontificat pacellien va se révéler et faire déferler dans toute l’Eglise une vague dévastatrice de remises en cause de la foi et de la morale.
Effrayé, l’abbé Coache décide de publier son livre, mais se heurte aussitôt à de fortes oppositions : refus de l’Imprimatur, refus des éditeurs gagnés aux idées nouvelles… Finalement, il utilise une partie de son abondante documentation pour 
rédiger une « Lettre d’un curé de campagne à ses confrères », qu’il envoie aux prêtres du diocèse de Beauvais ainsi qu’à certains amis et correspondants à la Noël 1964. Elle sera suivie d’une « Nouvelle lettre d’un curé de campagne » (8 septembre 1965) qui connaîtra une diffusion plus importante.
En cette même année 1965, grâce à Michel de Saint-Pierre qu’il a rencontré à l’occasion de la publication de son roman « Les nouveaux prêtres »
, les éditions de La Table Ronde acceptent de publier, sous le titre «La foi au goût du jour » et sous le nom de plume de Jean-Marie Reusson, l’ouvrage qu’il préparait depuis 1955.

   En juin 1966, le mensuel « Le Monde et la Vie » (magazine grand format illustré qui faisait alors concurrence à Paris Match) publie un article de l’abbé Coache intitulé « La nouvelle religion » : article de quatre grandes pages qui eut un retentissement si considérable qu’il valut à son auteur un blâme de son évêque, et à la revue une condamnation émanant du Conseil permanent de la Conférence épiscopale de France (en même temps que Défense du FoyerLumière et Itinéraires).
En juin 1967 parut la « Dernière lettre d’un curé de campagne », dont le tirage fut de 150 000 exemplaires, preuve de la notoriété acquise en quelques années par l’abbé Coache.

   On le voit, c’est une période où le curé de Montjavoult essaie de s’opposer par ses écrits au modernisme dévastateur, bien qu’il ne se considère pas comme un « écrivain » : dans la débâcle générale de cette période de folie, des catholiques désemparés y trouvent une force, des prêtres découragés ou troublés se ressaisissent, et la résistance traditionnaliste commence à s’organiser. Les écrits de l’abbé Louis Coache jouent un rôle indéniable dans ce début.
Par la suite, et presque jusqu’à sa mort, l’abbé Coache continuera des publications, au premier rang desquelles il faut citer le très célèbre « Vade mecum du catholique fidèle », courte brochure rappelant les points essentiels au sujet de la prière, de la confession, de la communion, de la messe, des lectures, du catéchisme, de la morale.
Imprimé à la fin de 1968, il s’en était déjà écoulé 150 000 exemplaires à la fin janvier 1969, et il a été plusieurs fois réédité depuis. 

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   Quoique très mal vu par son évêque, jusque-là le curé de Montjavoult demeurait dans une situation canonique tout-à-fait régulière. Cela va rapidement évoluer au cours de l’année 1968, année au cours de laquelle il lance un bulletin bientôt connu de tous ceux qui ne veulent pas se soumettre à la déferlante moderniste : « le Combat de la Foi ».
Prévoyant une grande cérémonie eucharistique à l’occasion de la Fête-Dieu, l’abbé Coache invite son évêque, Mgr Stéphane Desmazières, à la présider.
Ce dernier n’attendait qu’une occasion pour engager les hostilités et lui répond en exigeant un acte de soumission, la cessation de ses publications, et l’annulation de la journée de vénération solennelle du Très Saint Sacrement.
La grève générale (événements de mai 1968) ayant rendue impossible l’annonce d’une annulation, la procession du Très Saint Sacrement annoncée  fut maintenue. Fureur de l’évêque qui, en mai 1969, à l’annonce d’une nouvelle célébration solennelle de la Fête-Dieu à Montjavoult, envoie à l’abbé Coache une monition canonique le menaçant de lui retirer sa charge de curé s’il persévère dans son combat.

   L’abbé décide d’un recours à Rome, retardé par une grève des postes italiennes, si bien que l’évêque de Beauvais lui inflige une première peine canonique et le destitue de sa charge de curé de Montjavoult.
Une longue procédure devant les tribunaux romains va suivre : elle durera six ans ! En juin 1975, une commission cardinalice approuvera la destitution de l’abbé qui quitte alors la cure de Montjavoult et se retire à Flavigny-sur-Ozerain, à la « Maison Lacordaire » qu’il a pu acquérir.

   La mention de cette « Maison Lacordaire » mérite quelques explications : en mai 1971, le curé de Montjavoult vit arriver au presbytère un homme qui lui offrit sans ambages un monastère. Il s’agissait du neveu de l’économe de la province dominicaine de Paris, chargé par ce dernier de vendre le très grand couvent de Flavigny. Grâce à une habile manœuvre, l’abbé Coache put l’acquérir sans que ses propriétaires ne soupçonnassent quel horrible intégriste en devenait le propriétaire. Il décida d’y installer ses œuvres et, au premier chef, « le Combat de la Foi ».

   Toutefois, dès le mois de décembre 1971, cette « Maison Lacordaire » va providentiellement permettre l’éclosion d’une congrégation de religieuses : en effet, sa propre sœur, Mère Thérèse-Marie et une autre religieuse, Mère Marie-Xavier, sorties de leur congrégation d’Angers devenue moderniste, firent appel à lui, se trouvant alors dans un complet dénuement ; la maison était vaste, l’abbé occupait encore le presbytère de Montjavoult, n’était-ce pas une disposition tout-à-fait providentielle ?
D’une part,
l’abbé Coache va favoriser le recrutement pour cette renaissance d’une congrégation traditionnelle (2 à la fin 1971, puis 4 en 1975, elles seront plus de trente en 1984 lorsque, quittant Flavigny, les Petites Sœurs de Saint François, iront s’installer au Trévoux, en Bretagne).
De 
1975 à 1984, il assura presque tous les cours du noviciat (théologie, Ecriture Sainte, histoire de l’Eglise …etc.), leur transmettant aussi sa profonde dévotion eucharistique, son amour de la liturgie et du chant grégorien (ce fut lui, en particulier, qui initia les religieuses aux rubriques du bréviaire et du missel, d’où est sorti le désormais célèbre Ordo avec répertoire des lieux de culte traditionnel).
Ses conseils de spiritualité étaient basés sur la foi : les Petites Sœurs se devaient d’être des « femmes de devoir » à la piété solide ; il les mettait en garde contre les « dévotionnettes », les fausses apparitions et le sentimentalisme ; et grâce à ses conférences sur les problèmes d’actualité, il leur inculquait une claire vision de la nocivité des erreurs modernistes et de la nécessité de maintenir le bon cap.

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   Désormais installé à Flavigny, aidé par les Petites Sœurs de Saint François, l’abbé Coache, fait de la « Maison Lacordaire » un centre névralgique de la Tradition : il y prêche des retraites qui attirent un public nombreux, reçoit des hôtes de passage, enseigne et soutient les fidèles… et il organise des pèlerinages de la Tradition à Lourdes (en 1978, 1979, 1980, 1982, 1983, 1986 et 1991) pèlerinages parfois émaillés d’incidents tragi-comiques en raison de l’opposition des autorités du sanctuaire.
Il organise aussi des pèlerinages à Rome (celui de l’Année Sainte 1975 présidé par Monseigneur Lefebvre aura un grand retentissement) ou en d’autres hauts lieux de la Chrétienté, tient des réunions publiques à la Mutualité et à la Salle Wagram, dirige des campagnes de destruction des mauvais journaux dans les églises (ce qui lui vaudra des procès), des réunions de prêtres contestataires, des interventions dans les médias, des « commandos » contre des cérémonies scandaleuses ou des emblèmes sacrilèges… etc.

   En 1984, la « Maison Lacordaire » fut le lieu d’une cérémonie exceptionnelle : un triduum de messes ininterrompues, pour obtenir du Ciel la reconnaissance officielle par les autorités romaines du droit à la Messe traditionnelle. Ces trois journées de Messes célébrées par une soixantaine de prêtres, attirèrent sans nul doute des grâces immenses sur le courant traditionnel. D’autant que plus de cent prêtres, qui n’avaient pu se déplacer, célébrèrent chez eux la messe aux mêmes intentions.

   C’est après ce triduum que se prépara la cession de la « Maison Lacordaire » à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour y établir le séminaire international Saint Curé d’Ars, où s’effectue désormais la première année des candidats au sacerdoce et leur prise de soutane avant de poursuivre leurs études à Ecône.

   Monsieur l’abbé Coache, lié d’une amitié profonde avec Monseigneur Ducaud-Bourget, prépara avec lui et l’abbé Serralda la libération et la restitution au culte catholique de l’église parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet, le dimanche 27 février 1977 (cf. nos publications > ici et > ici), et ce n’est pas le moindre de ses titres de gloire et de ses droits à notre gratitude.
Certains ont écrit qu’après cela il aspirait à « prendre sa retraite », mais il avait moins de soixante ans et nous avons vu, ci-dessus, que dans les années qui suivirent il continua avec fougue à mener le combat, soit depuis Flavigny, soit, après la cession des bâtiments à la Fraternité Saint Pie X, depuis le Moulin du Pin où il déménagea. Ainsi par exemple la grande journée de réparation des crimes de la Révolution, le 15 août 1989.

Vignette croix et calice - blogue

   En 1993, l’abbé Louis Coache eut la joie de voir les « vétérans » des combats passés, ainsi que la jeune génération sacerdotale et épiscopale, se rassembler autour de lui pour rendre grâce pour ses cinquante années de sacerdoce.

   Enfin, aux premières heures du dimanche 21 août 1994, Monsieur l’abbé Louis Coache rendit sa belle âme à Dieu à l’âge de 74 ans et demi. Une grande foule l’accompagna à sa dernière demeure, pendant que, dans le monde entier, des chrétiens qui lui étaient redevables priaient pour le repos de son âme.

   Il nous reste de lui le souvenir d’un prêtre vraiment rempli de zèle pour la gloire de Dieu, embrasé d’amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ et la Très Sainte Vierge Marie, modèle d’attachement à la Sainte Eglise catholique et à ses vérités immuables, qui eut le courage de se lever quand beaucoup renonçaient ou trahissaient, de parler haut quand tant d’autres se taisaient, de combattre quand les autres baissaient la garde ou s’enfuyaient.
Prêtre de feu, il a éclairé les âmes, les a nourries, soutenues et encouragées, au point que sans doute beaucoup lui doivent leur salut éternel.
Au terme d’une existence de fidélité et de droiture, il a amplement mérité d’être qualifié du titre d’inlassable combattant de la foi.

27 février 1977 - à l'issue de la Messe, exposition du Saint-Sacrement

Sur ce cliché pris le dimanche 27 février 1977 à Saint-Nicolas du Chardonnet,
on aperçoit, au fond à droite, tenant un micro, Monsieur l’abbé Louis Coache

Litanies de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal :

Sainte Jeanne-Françoise de Chantal - blogue

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte-Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Jeanne-Françoise, très digne Mère de l’Ordre de la Visitation, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, victime du Divin Amour, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, la joie et la couronne de Saint François de Sales, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, ferme colonne de l’Ordre de la Visitation, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, demeure des délices de l’Epoux, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, très pleine de foi, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, fidèle imitatrice de la Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, holocauste d’une très agréable odeur, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, très affectionnée à la vie intérieure, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, lampe ardente et luisante, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, martyre d’amour, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, notre avocate auprès de Dieu, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, conductrice fidèle des brebis de Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, palme très féconde, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, qui n’avez pas mangé votre pain dans l’oisiveté, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, remplie de la science des Saints, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, Mère féconde des épouses de Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, pénétrée d’une douce crainte du Seigneur, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, blessée de l’Amour de Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Jeanne-Françoise, zélatrice très ardente du culte de Dieu, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V/: Sainte Jeanne-Françoise, priez pour nous.
R/: Afin que nous servions Dieu en esprit et en vérité.

Prions :

   Dieu Tout-Puissant et tout Miséricordieux qui, après avoir embrasé la Bienheureuse Jeanne-Françoise du feu de Votre Amour, l’avez, dans les différents états de sa vie, douée d’une admirable force d’esprit pour se conduire dans la voie de la perfection et qui, par elle, avez voulu enrichir l’Église d’une nouvelle famille, faites, par ses mérites et ses prières que, connaissant toute notre faiblesse et comptant sur Votre Puissance, nous surmontions, par le secours de Votre Grâce, tout ce qui peut nous être contraire. Par notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec Vous dans les siècles des siècles.

Ainsi soit-il !

Médaillon reliquaire de Saint François de Sales et Sainte Jeanne de Chnatal - oratoire du Mesnil-Marie

Médaillon reliquaire de Saint François de Sales et Sainte Jeanne-Françoise de Chantal
(oratoire du Mesnil-Marie)

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