Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2025-163. Lettre du Prieur de la Confrérie Royale en date du 17 octobre 2025.

Vendredi 17 octobre 2025,
Fête de Sainte Marguerite-Marie, vierge de l’Ordre de la Visitation et messagère du divin Cœur de Jésus (cf. > ici) ;
Mémoire du 2ème jour dans l’octave de Saint Michel ;
Anniversaire du Sacre de S.M.T.C. le Roi Louis XIII (17 octobre 1610) ;
Anniversaire du massacre de la Glacière en Avignon (17 octobre 1791 – cf. ici).

Blason de la Confrérie Royale

Chers Membres et Amis de la Confrérie Royale,   

   Ces derniers jours nous ont valu deux communications importantes de Sa Majesté le Roi :

  • 1) une tribune publiée le 8 octobre dans le « JDD » à l’occasion de la crise politique qui afflige notre pays ;
  • 2) une intervention dans « Le Figaro », hier 16 octobre, à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Sa Majesté la Reine Marie-Antoine de Habsbourg-Lorraine.

   Pour le cas où vous ne les auriez pas lues (et plus que d’une simple lecture, il s’agit de les lire et relire de manière attentive et approfondie) je me permets cette lettre supplémentaire pour vous signaler que vous pouvez retrouver ces textes sur ce modeste blogue 1) > ici, et 2 ici.

    Redoublons de prières et de générosité pour soutenir l’action de notre Roi légtime, et pour que sa parole atteigne le cœur des hommes « de bonne volonté » (bonae voluntatis, selon les mots chantés par les anges dans le ciel de Bethléem), capables d’intelligence et de réflexion en dépit du matraquage idéologique par lequel la satanique république lobotomise les consciences et les capacités de réaction de nos contemporains…

   Ne soyons pas naïfs, il faudra encore BEAUCOUP de prières, BEAUCOUP de sacrifices, et une véritable CONVERSION GENERALE des cœurs et des intelligences pour arriver à une nécessaire restauration de la royauté catholique en notre Royaume, prostitué aux « valeurs » des « Lumières » par des « maquereaux »  prêts à tout pour tenir en échec le plan divin.

   Ne nous décourageons pas, et « mettons le turbo » pour, de notre côté, contrebalancer les attaques de l’enfer et de ses suppôts, bien en place, dans les Loges, les institutions de la république, au parlement, à l’Elysée, au Conseil d’Etat, au Conseil constitutionnel, dans la Magistrature, à l’Université, dans l’éducation (sic) nationale (re-sic)… etc. et - hélas ! trois fois hélas ! - dans la Sainte Eglise elle-même.

   Que Dieu, Notre-Dame, messire Saint-Michel, tous les anges et tous les saints nous soient en aide :

   Auguste Reine des Cieux, souveraine Maîtresse des Anges, Vous qui, dès le commencement, avez reçu de Dieu le pouvoir et la mission d’écraser la tête de Satan, nous Vous le demandons humblement, envoyez vos Légions célestes pour que, sous Vos ordres, et par Votre puissance, elles poursuivent les démons, les combattent partout, répriment leur audace et les refoulent dans l’abime.

   Qui est comme Dieu ?
Ô bonne et tendre Mère, Vous serez toujours notre Amour et notre Espérance.
Ô divine Mère, envoyez les saints Anges pour me défendre et repousser loin de moi le cruel ennemi.
Saints Anges et Archanges, défendez nous, gardez nous.

Ainsi soit-il !

   En vous assurant de ma prière quotidienne et dévouée,

In Corde Iesu & Mariae.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

La Très Sainte Mère de Dieu investit ses chevaliers de la Confrérie Royale

2025-162. Message de Sa Majesté le Roi à l’occasion du deux-cent-trente-deuxième anniversaire de l’assassinat de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

Jeudi 16 octobre 2025,
Anniversaire de l’assassinat de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg.

frise lys deuil

   Ce 16 octobre, à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, a publié dans Le Figaro puis sur les réseaux sociaux un nouveau message à l’adresse des Français :

Départ de Sa Majesté la Reine pour l'échafaud

       Aujourd’hui nous commémorons avec tristesse la décapitation de mon aïeule la Reine Marie-Antoinette. Et à cette occasion je veux, avec tous les Français, que nous nous interrogions à nouveau. Mais cette fois-ci, les institutions actuelles ne seront pas mon propos.

   Il s’agit des symboles et du récit fondateur que certains ont imposés à la France depuis 150 ans.
Chaque peuple, chaque pays se construit autour de figures fédératrices, d’une histoire commune plus ou moins mythifiée et de moments fondateurs. En France, malheureusement, nos moments fondateurs sont racontés à travers l’histoire macabre de la Révolution.

   Au sein de celle-ci, les assassinats du Roi et de la Reine tiennent lieu d’actes paroxystiques pour un peuple soi-disant régénéré.
Encore aujourd’hui, on veut faire peuple, comme il est d’usage de formuler, autour de cet acte : l’assassinat d’une mère, d’une femme, d’une personne d’origine étrangère. Quel paradoxe au XXIème siècle !

   Nos gouvernants, toujours si prompts à s’excuser de notre passé, semblent au contraire s’enorgueillir de cet acte, pourtant aux antipodes des valeurs de notre société. Nos responsables ont alors beau jeu d’honorer la mémoire de Robert Badinter, s’ils n’hésitent pourtant pas à montrer la tête sanguinolente de la Reine aux yeux du monde entier lors de l’ouverture des JO.
Plutôt que d’évoquer des figures inspirantes, des moments de grandeur ou des références communes qui ont fait la grandeur et la noblesse de notre pays, ils s’accrochent à une culture de la mort, à des souvenirs de destruction quand d’autres voix parlent au contraire de relever le pays.

   Et ne nous y trompons pas. La Révolution n’est pas finie.
La laïcisation du calendrier scolaire, les luttes récentes autour des croix, la destruction de notre patrimoine religieux sont autant de signes que certains veulent encore détruire, veulent encore saccager, veulent encore purifier notre pays de ses racines.
Ils ne s’arrêteront pas tant qu’il restera encore des traces de ce qui a fait l’unité des peuples de France.

   Je propose de briser ce cycle. D’en finir avec l’œuvre de divisions et de destructions. Retrouvons le chemin de l’unité, retrouvons la culture de ce qui fédère par le beau et le bon. Voyons dans notre histoire ce qu’il y a de vivificateur, d’inspirant et de pacificateur.
Peut-être qu’il est temps de retrouver le chemin d’un régime source d’unité, en paix avec son passé, et solidement arrimé à l’histoire millénaire de la France pour affronter avec courage et apaisement les épreuves actuelles et ainsi envisager sereinement notre futur.

Louis de Bourbon, duc d’Anjou.

Louis XX à la Chapelle expiatoire

2025-161. De Sainte Aurélie, Fille de France, vierge et recluse à Ratisbonne.

15 octobre,
Fête de Sainte Thérèse de Jésus, vierge, réformatrice du Carmel (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Aurélie, Fille de France, vierge et solitaire.

Sainte Aurélie de Ratisbonne

       Selon la tradition, Sainte Aurélie de France, mais plus couramment appelée Sainte Aurélie de Ratisbonne, était fille du Roi Hugues 1er le Grand, dit Capet, et de la Reine Adélaïde d’Aquitaine ; sa naissance serait survenue environ trois ans après celle de son frère Robert (972), futur Roi Robert II dit le Pieux.

   La jeune princesse était dotée d’une grande beauté, mais surtout riche d’une très profonde piété. Désireuse d’être entièrement à Dieu et à Lui seul, lorsque, vers l’âge de quinze ans, elle apprit que son père avait le dessein de la marier à un jeune prince du nom d’Elwien, elle résolut de s’enfuir de la cour sous un déguisement et dirigea ses pas vers la Bavière.

   A Ratisbonne (Regensburg), Saint Wolfgang, évêque de cette cité depuis 972, qui avait reçu le don de prophétie, fut instruit par Dieu de l’identité de celle qui, sous des apparences de pèlerine mendiant sa subsistance, lui avait demandé l’aumône : il s’entretint avec elle, admira sa vertu, fut édifié par son mépris des honneurs et des richesses, vit la solidité de son amour du Christ crucifié et de Sa Croix, et la voyant disposée à passer toute sa vie dans la retraite et la contemplation, lui fit bâtir un ermitage dans lequel il l’enferma.

Saint Wolfgang reconnaît Sainte Aurélie

Saint Wolfgang de Ratisbonne reconnaît Sainte Aurélie
malgré son déguisement de mendiante

   Sainte Aurélie demeura de nombreuses années dans son ermitage : les cinquante-deux années dont parlent certaines relations, si l’on veut conserver l’année 1027 donnée par la tradition comme étant celle de sa mort, doivent donc vraisemblablement être comprises comme l’âge qu’elle avait atteint lorsqu’elle rendit son âme à Dieu et non comme cinquante-deux années dans son ermitage, ce qui retardait sa bienheureuse mort à l’année 1042.
Mais, à la limite, ces calculs sont de peu d’importance en regard de la réalité spirituelle, qui est celle d’une vie uniquement consacrée à la prière et à l’humilité : ignorée des hommes, mais chérie de Dieu, Aurélie fut semble-t-il gratifiée de grandes grâces mystiques, et opéra de son vivant plusieurs miracles en faveur de personnes qui venaient à la grille de son réclusoir se recommander à ses prières.

   Ce fut le 15 octobre 1027 que l’Epoux céleste vint la chercher. Sa dépouille fut solennellement transportée à l’abbaye de Saint-Emmeran (Kloster Sankt Emmeram) de Ratisbonne, où les bénédictins honorèrent presque aussitôt sa tombe comme celle d’une sainte, en y faisant graver cette inscripion : « Hic pia florescit Aurelia virgo sepulta : quae pœnas nescit, cœli dulcedine fulta » dont Monseigneur Paul Guérin donne la traduction dans cette forme versifiée :

« Sous ce marbre est le corps de la vierge Aurélie,
que le ciel favorisa de mille bienfaits ;
elle goûte sans fin la véritable vie,
pour l’éclat des faux biens que son cœur sut mépriser ».

   Au XIVème siècle, on plaça au-dessus de sa tombe un gisant tel qu’on en réalisait à l’époque et qui est parvenu jusqu’à nous :

Tombe de Sainte Aurélie

Détail de la tombe de Sainte Aurélie

2025-160. « C’est à l’ombre des lys que vos libertés se sont épanouies et que la France a connu son apogée ».

       Ce 8 octobre 2025, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX de France, a publié dans le « JDD » (Journal du dimanche) la tribune suivante :

Prince Louis de Bourbon - SM le Roi Louis XX

Source > ici

       L’état politique, institutionnel et social de notre pays ne cesse d’empirer. J’estime être dans mon rôle de chef de la Maison de Bourbon et d’héritier de la dynastie qui a fait la France, en prenant la parole sur le sujet.
C’est avec douleur que je vois mon pays s’enfoncer dans une crise politique chaque jour un peu plus insoluble où, une fois de plus, les partis et les politiciens, loin d’agir pour l’intérêt supérieur de la France et donc des Français, préfèrent mener leur propre jeu. La République, fidèle à son histoire, est soumise aux logiques partisanes. Si la constitution voulue par le général de Gaulle semblait vouloir corriger ce travers, force est de constater que, cinquante ans plus tard, ce fléau qui a tant fait souffrir la France, ressurgit avec force.

   Alors que les tensions sociales, tant pour des raisons économiques qu’identitaires, traversent le pays de manière de plus en plus violente, et que des menaces extérieures s’accumulent, l’Etat est à l’arrêt. Comme à de nombreuses reprises par le passé, les institutions républicaines et la classe politique ne sont pas à la hauteur des défis du temps. La Vème République, comme ses sœurs avant elle, semble être au bord de l’effondrement. Les gouvernements se succèdent et se ressemblent. Ils appliquent les mêmes méthodes et les mêmes mesures. Inlassablement.
Je constate une absence totale de remise en question et une absence de réelle volonté réformatrice. Alors que la politique est souvent décrite comme étant le champ de tous les possibles, aujourd’hui en France, elle est devenue un espace d’immobilisme, d’impuissance et d’incapacité.

A la croisée des chemins

   Notre pays, à nouveau, va se retrouver à la croisée des chemins de son histoire. A nouveau un choix va peut-être se poser. Et même si ces temps sont nécessairement source d’inquiétudes voire de souffrances, ils sont également porteurs d’espoir.
En effet, c’est dans ces moments que, grâce aux hommes de bien, grâce à ceux qui sont animés d’un réel souci du bien commun, de grands et bons changements peuvent advenir. Qui connaît l’histoire de France sait que, plusieurs fois, nous avons connu des situations similaires. Il n’appartient donc qu’à nous de saisir ces opportunités pour que la France retrouve le chemin de sa destinée glorieuse et de son heureuse prospérité, si nécessaire à l’épanouissement des peuples.

   Ainsi, j’invite les Français à bien considérer la situation actuelle de nos institutions et de la classe dirigeante dont la grande incurie rend insupportable sa pratique de la cooptation.
A l’heure des choix, j’espère que l’héritage monarchique dont je suis le dépositaire soit encore suffisamment vivace dans le cœur de mes compatriotes, pour être une source d’inspiration et, je le dis, d’espérance. La stabilité, le temps long, la vision sur plusieurs générations, et des chefs d’Etat soucieux de ne pas transmettre le chaos à leur successeur : autant de points qui seraient à remettre au centre de la vie politique française. Je ne parle pas que de données institutionnelles.

   Je parle également de tout un système de pensée et de valeurs. Une réflexion intégrale à faire sur notre mode de vie et de gouvernement.
Français, n’oublions pas que c’est à l’ombre des lys que vos libertés se sont épanouies et que la France a connu son apogée. Il nous faut des gouvernants qui sachent que le bonheur des peuples est leur ultime mission.

   Que Saint Louis, modèle des chefs d’État, protège la France et les Français en ces heures d’incertitude grandissante.

Louis de Bourbon, duc d’Anjou.

Armes de France & Navarre

2025-159. Méditation pour la fête de la Maternité divine de la Très Sainte Vierge Marie.

11 octobre,
Fête de la Maternité divine de la Très Sainte Vierge Marie (double de 2ème classe).

Marie Mère de Dieu - 11 octobre - blogue

Présence de Dieu :

Marie, Mère de Dieu, agréez mes humbles hommages
et faites que je puisse goûter, moi aussi, les doux fruits de votre maternité !

Méditation :

   1 – La fête que nous célébrons a pour objet le plus beau titre de Marie, sa prérogative la plus glorieuse, solennellement proclamée par le concile d’Ephèse contre l’hérésie de Nestorius : Marie est Mère de Dieu.
Aujourd’hui, l’Eglise félicite Marie de cette dignité suprême qui la place au-dessus de toute créature ordinaire, aux confins de l’infini, et la constitue non seulement Reine des hommes, mais aussi des anges.

   Toute la Messe du jour s’inspire de ce thème.
L’introït rapporte la prophétie d’Isaïe qui avait entrevu, dès l’Ancien Testament, la grandeur de cette femme unique : « Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un Fils et Il sera appelé Emmanuel », c’est-à-dire Dieu avec nous.
L’épître, appliquant à la Vierge un passage du livre de la Sagesse, chante les louanges de sa maternité divine : « Marie est la vigne féconde qui produit le plus beau des fruits : Jésus ; elle est la Mère du bel amour », en elle est « toute la grâce de la voie et de la vérité, toute l’espérance de la vie et de la vertu » puisque c’est par elle seule que Dieu a donné au monde Son Fils unique, le Sauveur des hommes.

   Qui veut Jésus, doit le chercher entre les bras de Marie. Si nous voulons nous rendre propice le Sauveur, recourons à Sa Mère.
Qu’elle est donc douce, l’invitation maternelle : « Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et rassasiez-vous des fruits que je porte ».

   Oui, allons à Marie, et nous ne serons jamais déçus. En elle, nous trouverons de quoi nous rassasier, car Marie nous donne Jésus, le Rédempteur, le Père, l’Aliment de nos âmes.
En outre, par les exemples de sa vie admirable, Marie nous apprend à L’aimer, à L’imiter, à Le suivre, à profiter aussi pleinement que possible, de Son œuvre rédemptrice et sanctificatrice. De la sorte, Marie étend sa maternité également à nous, elle remplit à notre égard sa fonction de mère et nous permet de répéter en toute confiance la prière que l’Eglise met aujourd’hui sur nos lèvres : « Faites, Seigneur, que croyant qu’elle est vraiment la Mère de Dieu, nous soyons secourus par ses prières auprès de Vous » (collecte).

Monogramme de Marie couronné - vignette

   2 – La fête de la Maternité de Marie doit éveiller en nos cœurs la confiance en celle qui, en raison de sa dignité de Mère, a tous les pouvoirs auprès de son divin Fils.
En louant la Mère de Dieu, prions-la d’user en notre faveur de son pouvoir maternel : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pécheurs ».

   Quel meilleur avocat pourrions-nous trouver ? Quelle plus puissante patronne ? Jésus ne peut résister à la prière de Sa Mère, et Marie ne refuse rien à ceux qui l’invoquent par sa très douce maternité.
Toute femme qui s’ententend appeler « maman » est attendrie ; combien plus Marie ne sera-t-elle pas émue de s’entendre appeler « Mère de Dieu » ?
Invoquons-la donc sous ce titre, traitons-la en mère, Mère de Dieu avant tout et aussi notre Mère, car Jésus, en mourant sur la Croix, a voulu mettre à notre disposition les trésors de sa maternité.

   La Sainte Vierge a une mission maternelle à accomplir envers nos âmes ; Jésus Lui-même la lui a confiée. Elle lui est donc très chère et elle désire vivement l’accomplir.
Oui, Marie veut être notre Mère, elle veut user à notre avantage des privilèges et des trésors de sa maternité, mais elle ne peut le faire si nous ne nous confions à elle comme des enfants dociles et aimants.

   Même parmi les consacrés à Dieu, tous ne comprennent pas suffisamment la nécessité de se donner à Marie en enfants, d’ouvrir leur âme à son influence maternelle, de recourir à elle avec une confiance totale, d’implorer son secours dans toutes les difficultés, tous les périls, de mettre leur vie spirituelle sous son patronage.

   De même que, dans l’ordre naturel, l’enfant a besoin de sa mère et qu’il souffre moralement et spirituellement quand elle vient à lui manquer, ainsi dans l’ordre surnaturel, les âmes ont besoin d’une mère, la Très Sainte Vierge Marie.
Sans elle, sans ses soins maternels, les âmes souffrent, leur vie spirituelle est pénible, souvent étiolée, ou tout au moins elle n’est pas aussi vigoureuse qu’elle pourrait l’être.
lorsqu’au contraire les âmes se donnent à Marie, la cherchent et se confient en elle, leur vie intérieure progresse rapidement, leur marche vers Dieu devient plus aisée et plus agile, tout est plus facile, grâce au réconfort d’un cœur maternel.

Vierge avec des saints anonyme 17e siècle - blogue

La Vierge Marie entourée de saints (anonyme XVIIème siècle)

Colloque :

   « Votre nom, ô Mère de Dieu, est rempli de toutes les grâces et bénédictions divines. Vous avez porté dans votre sein Celui que les cieux ne peuvent contenir. Vous avez nourri Celui qui nourrit tout le créé. Le Seigneur de l’univers a voulu avoir besoin de vous, parce que que vous Lui aviez donné cette chair qu’Il n’avait pas auparavant. Réjouissez-vous, ô Mère et Servante de Dieu ! Réjouissez-vous ! Vous avez pour débiteur Celui qui donne l’être à toutes les créatures. Tous, nous sommes débiteurs de Dieu, mais Dieu est votre débiteur !
O très Sainte Vierge, vous avez plus de bonté, plus de charité que tous les autres saints ; plus qu’eux, vous avez accès auprès de Dieu, puisque vous êtes sa Mère. Je vous supplie donc, moi qui célèbre vos gloires et loue votre grande bonté, de vous souvenir de moi et de mes misères » (Saint Méthode).

   « O grande Mère de Dieu, je vous dirai, moi aussi, avec Saint Bernard : ‘Parlez, ô Dame, car votre Fils écoute, et Il vous accordera tout ce que vous Lui demanderez’. Parlez donc, ô Marie, ô mon avocate, en faveur du misérable que je suis. Souvenz-vous que c’est également pour mon bien que vous avez reçu tant de puissance et de dignité ! Dieu a voulu être votre débiteur en prenant de vous la nature humaine, afin que vous puissiez dispenser librement aux misérables les richesses de la divine miséricorede.
Si vous faites du bien à tous, ô vous, l’immensément Bonne, même à ceux qui ne vous connaissent ni ne vous honrent, à combien plus forte raison pourrons-nous espérer en votre bonté, nous qui voulons vous honorer, vous aimer, et qui nous confions en votre secours ? O Marie, vous pouvez nous sauver, même si nous sommes pécheurs, parce que Dieu vous a enrichie d’une miséricorde et d’une puissance plus grande que toute notre iniquité. O très douce Mère, je vous offre mon âme, daignez la purifier, la sanctifier et faire en sorte qu’elle appartienne toute à Jésus » (Saint Alphonse).

Rd. Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine,
in « Intimité divine »

Monogramme de Marie - roses et lis - couronne - vignette blogue

2025-158. Des Saints Firmin, Aule, Eumachius et Longin, évêques de Viviers et confesseurs.

10 octobre,
Fête des Saints Firmin, Aule, Eumachius et Longin, évêques de Viviers et confesseurs ;
Mémoire de Saint François de Borgia, confesseur.

Viviers - beffroi de la cathédrale et toits de la cité

Viviers, capitale religieuse du Vivarais :
le beffroi de la cathédrale dominant les toits de la vieille cité.

       Le calendrier particulier du diocèse de Viviers mentionne, à la date du 10 octobre, Saint Firmin, évêque et confesseur, qu’il ne faut pas confondre avec Saint Firmin d’Uzès, lui aussi évêque et confesseur, fêté le lendemain.
Au Mesnil-Marie, avec un certain nombre d’anciens ouvrages hagiographiques, nous associons à Saint Firmin, en une même fête, ses trois successeurs : Saint Aule, Saint Eumachius et Saint Longin.
Nous allons brièvement présenter ces quatres saints évêques dont les quatre pontificats couvrent la presque totalité du VIIème siècle.

Blason Vivarais

   La fin du VIème siècle fut terrible dans le Vivarais, principalement en raison de plusieurs passages des troupes franques du Roi Gontran (futur Saint Gontran) avec leurs inévitables pillages et dévastations, puis épidémies et famines à partir de 590 : Saint Grégoire de Tours place Viviers parmi les villes les plus dépeuplées cette année-là.

   Saint Firmin était un noble gallo-romain, marié à Aula et père d’au moins un fils et une fille : Aulus – ou Aule – et Macedonia, laquelle épousa un patricien du nom d’Alcinius.
Firmin était donc engagé dans les liens du mariage lorsqu’il fut élevé à l’épiscopat, succédant à Saint Eucher (dont l’épiscopat dure une trentaine d’années, environ 580 à 610).
En accord avec son épouse, qui, alors, fit aussi ses adieux au monde, il disposa d’une partie de ses richesses et terres en faveur de l’Eglise de Viviers et de ses œuvres. Ses enfants ne furent pas en reste, et ils contribuèrent eux aussi à de généreuses dotations. Macedonia et Alcinius, en particulier, fondèrent l’église de Notre-Dame de Coussignac, sur le territoire de l’actuel Bourg-Saint-Andéol.
On estime que l’épiscopat de Saint Firmin couvre, plus ou moins, la deuxième partie du premier quart du VIIème siècle.

   Saint Aule, est le fils de Saint Firmin. Remarqué pour sa piété, sa ferveur, sa connaissance des Saintes Ecritures et des écrits des Pères dès son adolescence, il ajouta à sa sure doctrine une éloquence particulière qu’il utilisait, évidemment, pour prêcher inlassablement la bonne parole et répandre des consolations sur les affligés. Respecté des grands, en raison de sa noblesse et de son autorité naturelles, et aimé des humbles en raison de ses abondantes charités, il combattit l’esclavage et l’éradiqua des terres d’Eglise. Il travailla aussi à embellir les églises et à y faire célébrer des offices les plus solennels possibles.
A sa mort (vers 650), il fut enseveli dans une église édifiée hors-les-murs qui fut détruite par les Anglais lors de la guerre de Cent-Ans et ses reliques, alors mises en sûreté à la cathédrale, furent brûlées par les calvinistes deux siècles plus tard.

   Saint Eumachius, fut désigné par Saint Aule lui-même pour être son successeur. Il se montra en tout digne de la confiance de celui qui l’avait remarqué et désigné comme l’un des plus vertueux parmi ses clercs, et continua l’œuvre entreprise par ses deux prédécesseurs : évangélisation des campagnes, lutte contre l’esclavage, soin apporté aux œuvres de charité, embellisement des édifices du culte et  développement de la liturgie… etc.
Son épiscopat semble avoir duré une vingtaine d’années.

   Saint Longin, enfin, eut le malheur de régner à Viviers lorsque, en 673, le roi des Wisigoths, le terrible Wamba, ravagea la Septimanie qui avait voulu s’affranchir du joug des rois de Tolède. Wanda, ayant pris la ville de Nîmes, fit des incursions dans les territoires francs voisins. Viviers fut mise à sac, et c’était la cinquième ou sixième fois dans l’espace de deux-cents ans !
Le reste de son épiscopat fut employé à relever les ruines matérielles, morales et spirituelles.

Saint Firmin - Saint Aule - Saint Eumachius - Saint Longin

Saint Firmin, Saint Aule, Saint Eumachius et Saint Longin,
priez pour l’Eglise diocésaine de Viviers,
priez pour le Vivarais,
et priez pour ceux qui, à votre exemple, doivent en protéger les fidèles
contre les invasions, contre l’ignorance religieuse,
contre l’esprit du monde et contre les nouvelles hérésies !

2025-157. Saint Denis : son culte, ses reliques (l’abbaye), et ses écrits.

9 octobre,
– En France, fête de Saint Denis l’Aréopagite, premier évêque d’Athènes et de Paris, et de ses compagnons, Saint Rustique et Saint Eleuthère, martyrs (selon les diocèses, la fête est de rit semidouble, double ou double majeur – A Paris, où il est saint patron du diocèse, double de 1ère classe ; cf. ici) ;
– Anniversaire du mariage de SMTC le Roi Louis XIV avec Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon (9 octobre 1683) ;
– Anniversaire de la naissance de Charles-Philippe de France, futur Charles X (9 octobre 1757) ;
– Anniversaire de la reddition de Lyon après 50 jours de siège par les troupes de la Convention et début d’une sanglante répression (9 octobre 1793 – cf. ici) ;
– Anniversaire de la mort du Général-baron Athanase de Charette (+ 9 octobre 1911 – cf. ici) ;
– Anniversaire du rappel à Dieu du Vénérable Pie XII (+ 9 octobre 1958 – cf. ici).

Saint Denys céphalophore - fresque de l'église de la Sainte Trinité Paris

Saint Denys céphalophore (fresque de l’église de la Sainte-Trinité, à Paris)

Vignette typographique saint évêque

Culte et reliques de Saint Denys

Le texte qui suit reproduit dans son intégralité
les précisions données par Monseigneur Paul Guérin dans « Les Petits Bollandistes »
à la suite de la biographie de Saint Denys que nous avons déjà reproduite > ici
(mais les sous-titres sont de notre fait pour rendre la lecture plus aisée)

A – Sainte Geneviève et Dagobert :

   Sainte Geneviève, qui avait une dévotion merveilleuse envers les saints Martyrs et visitait souvent leurs sépultures, étant inspirée de Dieu et prévenue d’un secours extraordinaire de sa Providence, fit bâtir sur leurs tombeaux une chapelle de pierre, beaucoup plus ample que celle de bois qu’y avait fait bâtir Catulle. C’est celle où se réfugia Dagobert, encore jeune, pour éviter la colère de Clotaire II, son père, qui le cherchait pour le punir d’un outrage qu’il avait fait à son gouverneur. Pendant qu’il y fut, saint Denis lui apparut en songe, et lui promit de le tirer du danger où il était, s’il voulait s’obliger à faire bâtir en ce lieu une nouvelle église pour placer plus honorablement son corps et celui de ses compagnons. Dagobert s’y engagea, et, depuis, étant arrivé à la couronne, il s’acquitta de son vœu avec toute la magnificence que l’on pouvait attendre du zèle et de la ferveur d’un roi très-chrétien.

   Notre-Seigneur consacra lui-même cette église avec une troupe de bienheureux esprits, la nuit même que les évêques se disposaient à la cérémonie de la consécration, et il en fit donner l’assurance par un lépreux qui s’y était caché et qu’il guérit de sa lèpre pour rendre un témoignage assuré de cette insigne faveur (voir notre article > ici). Ce fut le 24 février 630, jour de la saint Mathias, selon la supputation de Guillaume de Nangis.
Ce prince fit aussi bâtir un monastère joignant cette église, qu’il donna à des religieux Bénédictins, pour être à perpétuité les dépositaires et les gardiens des reliques de son illustre bienfaiteur ; ainsi ce lieu, qui n’était auparavant qu’un petit bourg, appelé le bourg de Catulle, à cause de cette pieuse dame qui avait enseveli ces saints corps, est devenu une ville qui a pris le nom de Saint-Denis.

Vignette typographique saint évêque

B – Reconnaissance des reliques au XIème siècle et miracles les authentifiant :

   Au milieu du XIème siècle, les religieux de Saint-Emmeran, de Ratisbonne, ayant fait courir le bruit qu’ils possédaient le vénérable corps de saint Denis l’Aréopagite, et qu’il leur avait été donné par le roi Arnould, Henri Ier, qui était alors en France, fit faire une grande assemblée de prélats et de princes à Saint-Denis, pour visiter sa chasse et s’assurer de la vérité.
Odon, frère de Sa Majesté, la reine Adèle, les évêques de Meaux et d’Orléans, et quantité d’abbés y assistèrent ; la châsse fut ouverte, et l’on y trouva heureusement tous les ossements du bienheureux Martyr, à la réserve d’un que le pape Etienne III avait emporté.
Une odeur merveilleuse sortit de ces précieuses reliques, et parfuma toute l’église. Le roi, ayant appris ce qui s’était passé, vint lui-même nu-pieds de son palais de Paris à cette abbaye, pour honorer cet illustre patron de la France. Un des abbés obtint quelques restes déjà tout usés des voiles dont les ossements avaient été enveloppés, et, les ayants mis sur la tête d’un démoniaque furieux, il le guérit en un instant.

Découverte de la crypte du martyrium de Saint Denys

Découverte de la crypte du martyrium de Saint Denys

C – Le Martyrium de Saint Denys à Montmartre et l’abbaye des Bénédictines :

   Outre la célèbre église dont nous venons de parler, on en bâtit une autre au lieu même où les Saints avaient été décapités, que l’on nomma pour cela les Martyrs, sur la pente de la colline appelée Montmartre, du côté nord de Paris.
C’était au commencement un prieuré de l’Ordre de Cluny, dépendant de celui de Saint-Martin des Champs ; mais le roi Louis le Gros, à la persuasion de la pieuse reine Adèle, son épouse, transféra les religieux de ce monastère à Saint-Denis de la Chartre, dans l’enceinte de Paris, et mit à Montmartre, en leur place, des religieuses Bénédictines, pour lesquelles il fit élever une grande et riche abbaye, qui a toujours été gouvernée par des abbesses illustres par leur piété et par leur naissance.
La nouvelle église de ce couvent fut dédiée par le pape Eugène III, qui avait été disciple de saint Bernard et qui eut en cette cérémonie le même saint Bernard pour diacre, et saint Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, pour sous-diacre.

   On ne peut croire le concours de peuple qui allait autrefois continuellement à ce sanctuaire pour y rendre ses vœux au glorieux saint Denis, et pour y baiser la terre qui a été baignée de son sang.
Ce fut là que saint Ignace de Loyola mena ses premiers compagnons pour s’y consacrer à Jésus-Christ, et y commencer son Ordre.

   Les religieux de la grande abbaye de Saint-Denis y portèrent, tous les sept ans, le chef de leur patron avec beaucoup de pompe et de magnificence.

Vignette typographique saint évêque

D – Dévotion des Papes et des Rois envers Saint Denys :

   Les Papes, les Rois de France et plusieurs autres princes ont rendu de grands honneurs à la mémoire de ce glorieux apôtre des Gaules.
Saint Zacharie, confirmant de son pouvoir apostolique l’exemption que Saint Landry, évêque de Paris, avait donnée à son abbaye, dit expressément qu’il le fait pour l’amour et en considération d’un si grand martyr. Eugène III ne dédia l’église de Montmartre que par un profond respect envers ce saint évêque qui en devait être le patron. Alexandre III, étant venu en France, visité avec beaucoup de dévotion toutes les chapelles et les reliques de l’abbaye de Saint-Denis ; ce qui donna occasion au remuement prodigieux des ossements de Saint Hippolyte. Enfin, le pape Etienne III, s’étant réfugié en France, pour éviter l’oppression des Lombards, choisit sa demeure dans cette abbaye ; puis, y étant tombé si malade que ses propres domestiques commençaient déjà à l’abandonner, il y fut guéri par le même Saint Denis, qui lui apparut avec Saint Pierre et Saint Paul, et le toucha de ses mains sacrées. Une si grande faveur augmenta beaucoup sa dévotion envers ce médecin céleste. Ainsi, il demanda un ossement de son corps, et l’ayant obtenu et emporté à Rome, il y fit bâtir en son honneur une belle église qu’il destina pour les religieux grecs. Il est vrai qu’il n’eut pas le temps de l’achever ; mais Paul Ier, son frère, y mit la dernière main, et, pour satisfaire à l’intention d’Etienne, il en mit les Grecs en possession. On l’appelait communément l’école ou le collège des Grecs.

   Nos Rois ont commencé à honorer Saint Denis dès qu’ils ont commencé d’être chrétiens.
Clovis le Grand apprit cette dévotion de son épouse, Sainte Clotilde, et l’on tient que c’est de lui qu’est venu cet ancien cri : Mon jou saint Denis, qui veut dire : je ne connais plus Jupiter, mais mon Jupiter est saint Denis. Il a été depuis changé en cet autre : Monjoie-Saint-Denis.
Clotaire II pardonna à son fils Dagobert, contre lequel il était extrêmement indigné, en considération de Saint Denis, à qui il avait eu recours. Le même Dagobert ne se contenta pas de bâtir une superbe basilique en son honneur ; mais il fit faire aussi trois châsses d’or fin et enrichies d’une infinité de perles précieuses, dont on croit que Saint Eloi fut l’ouvrier, pour enfermer ses reliques et celles de Saint Rustique et de Saint Eleuthère, ses compagnons. Il fit couvrir d’argent la partie du toit de l’église qui devait répondre à ces châsses. Et pour témoigner davantage son respect envers son bienheureux protecteur, il lui fit concession de son royaume, ne voulant plus le tenir qu’en fief et en hommage de lui. En foi de quoi, il mit sa propre couronne sur l’autel de sa chapelle, avec quatre besans d’or, comme un tribut qu’il lui devait en qualité de vassal.
Pépin le Bref, premier roi de la seconde race, avait tant d’estime et de vénération pour ses mérites, qu’il ne voulut pas être enterré dans son église, mais seulement au dehors, à l’exemple de Constantin le Grand, qui, au rapport de Saint Jean Chrysostome, choisit sa sépulture à la porte d’une église où il y avait des reliques de Saint Pierre.
Charlemagne, son fils, et le plus glorieux de nos rois, imita la piété de Dagobert ; car, avant de sortir de France pour aller à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, il lui fit hommage de ses Etats par quelques pièces d’argent qu’il lui offrit, et par un ordre qu’il donna à ses trésoriers de lui payer tous les ans la même redevance.
On ne peut rien ajouter aux éloges que Louis le Débonnaire lui donne dans sa lettre à l’abbé Hilduin. Il y fait un dénombrement des grâces que les rois, ses prédécesseurs, avaient reçues de sa bienveillance, et il avoue que c’est par son pouvoir que lui-même avait recouvré son royaume, dont les princes, ses enfants, l’avaient dépossédé.
Charles le Chauve, dernier fils de Louis le Débonnaire, qu’il avait mis en mourant sous la tutelle de Saint Denis, ne fut pas moins héritier de cette insigne piété que de sa couronne. Il eut toute sa vie une affection très-tendre pour notre Saint, auquel il eut recours dans toutes les nécessités de son Etat, et, ayant dissipé par son assistance une armée formidable de Danois qui venaient saccager la France, il fit en reconnaissance de grands présents à son abbaye.
Le saint roi Robert, dans un acte authentique de plusieurs donations qu’il fait à ce monastère, assure qu’il y a longtemps qu’il a mis toute sa confiance dans l’intercession de ce Saint et de ses compagnons.
Nous avons déjà remarqué que Louis le Gros fit construire en son honneur l’abbaye de Montmartre, près de Paris, et qu’il alla nu-pieds à Saint-Denis pour y vénérer ses reliques ; mais ce qui est plus remarquable, c’est qu’il présenta lui-même ses épaules royales pour les porter, et qu’il ne crut pas faire tort à la majesté de son empire de se charger de ces précieux ossements qui doivent un jour participer à la gloire que l’âme de ce bienheureux Martyr possède déjà dans le ciel.
Louis VII, dit le Jeune, fils et successeur de Louis le Gros, se chargea du même fardeau ; et, sachant combien le secours d’un si grand serviteur de Dieu est puissant dans les armées, il ne voulut point quitter la France pour marcher contre les Sarrasins, sans avoir imploré par beaucoup de larmes sa puissante intercession au pied de ses autels et sans avoir reçu au même lieu les étendards bénits qui devaient servir de signal à son armée.
Philippe-Auguste fit la même chose ; et, attribuant à Saint Denis tous les avantages qu’il avait eus depuis dans la Terre Sainte, il lui en vint rendre des actions de grâces dans sa propre église.
Saint Louis, qui avait réuni en lui seul toute la piété de ses ancêtres, ne leur céda point en ces pratiques. Dès qu’il fut sacré, il apporta sa couronne sur l’autel de Saint Denis, et, avant de passer en Palestine et en Afrique, il vint dans son abbaye l’intéresser par son humilité et par ses prières dans ces glorieuses entreprises.
Enfin, pour ne pas nous étendre davantage, presque tous nos rois de la troisième race et beaucoup de rois des deux précédentes, ont choisi leur sépulture dans cette célèbre basilique de Saint-Denis, et ils lui ont donné tant d’objets sacrés d’un prix inestimable, qu’ils composaient, au XVIIIème siècle, un des plus riches trésors qui fût en Europe.

   Le monastère de Saint-Denis avait en dépôt l’Oriflamme, ce célèbre étendard de couleur de feu et parsemé de flammes d’or, que l’on croit avoir été envoyé du ciel, qui était originairement la bannière de l’abbaye de Saint-Denis, et qui, après l’avènement des Capétiens, devint la bannière de la France ; c’est elle qui guidait les Français à la victoire au vieux cri de guerre : Mont-joie et Saint-Denis.

Oriflamme de Saint-Denis - blogue

E – Eléments divers de l’histoire de l’abbaye de Saint-Denys :

   Non-seulement les rois de France, mais des princes et d’autres personnages furent aussi inhumés à Saint-Denis. Des évêques se retirèrent souvent dans ses cloîtres pour y finir leurs jours. Nos rois y firent souvent leur séjour.

   Il se tint plusieurs assemblées ou conciles à Saint-Denis, savoir, en 997, en 1052, pour constater l’authenticité du corps de saint Denis. En 1382, on tint sous les voûtes de l’abbaye une conférence au sujet des impôts dont l’augmentation avait excité une sédition dans Paris.
Le pape Alexandre III permit à l’abbé, vers l’an 1179, de faire usage de la mitre, de l’anneau et des sandales. Guillaume de Gap s’en servit le premier.
L’abbé de Saint-Denis était un des principaux seigneurs de France. Hugues Capet était abbé de Saint-Denis et de Saint-Riquier.

   Cette antique abbaye subit plusieurs Réformes, mais son voisinage de la capitale et la protection spéciale des souverains la préservèrent de ces affreux désastres dont tant d’autres monastères furent victimes. Nous voyons seulement les moines de Saint-Denis s’exiler de leur cloître, au temps des guerres des Normands, et se réfugier à Reims (de 887 à 890) avec les reliques de leur saint patron.

   Le rétablissement des commendes dans Saint-Denis au début du XVIème siècle plaça successivement dans la chaire abbatiale du monastère neuf princes de l’Eglise, dont le cardinal de Retz devait être le dernier.
Dans cette période de plus d’un siècle, les deux palais abbatiaux de Bourbon et de Lorraine furent construits dans la clôture ; dans le même intervalle aussi la mense abbatiale s’accrut aux dépens de celle des religieux, le monastère s’appauvrit, et la discipline monastique ne garda plus de sectateurs dans l’abbaye dégénérée.

   En 1633, la Réforme de Saint-Maur raviva, mais tardivement, l’esprit de la Règle et le goût des lettres. Cependant, à raison de son contact perpétuel avec le roi et la cour, le monastère, déjà ravagé par les Huguenots pendant la guerre des trois Henri, fut de nouveau presque ruiné durant les troubles de la Fronde. Il aliénait ses domaines pour couvrir ses nombreux emprunts, et ses édifices tombaient en ruines à la mort de l’abbé cardinal de Retz.

   L’événement qui influa alors davantage sur l’avenir de Saint-Denis ne fut point le report de sa mense abbatiale sur celle de la maison de Saint-Cyr, mais la suppression du titre et de la dignité de l’abbé en 1691. En détachant du monastère tout ce que, depuis tant de siècles, cette dignité avait réuni de prérogatives, de privilèges, de juridiction extérieure, de suprématie et d’autorité sur cette abbaye souveraine, cet arrêt ne lui ôtait qu’un éclat toujours fatal à sa discipline et à sa régularité ; mais, en lui enlevant son chef, il la privait subitement de son protecteur obligé et de la puissance la plus intéressée et la plus apte à défendre.
Du reste, son temps était fini. La Révolution fançaise, qui déjà grondait sourdement, décida la chute de cet arbre chargé de siècles, mais bouillonnant de jeune sève à cette heure où il reverdissait.

   C’est à l’expiration du XVIIème siècle que les Bénédictins de Saint-Denis s’occupèrent sérieusement de démolir leur abbaye pour accomplir la reconstruction de ses édifices. La démolition du vieux monastère commença en 1700, sous le grand priorat de Dom Augustin de Loo, et les travaux se poursuivent sous seize autres grands prieurs successifs, dont les plus actifs furent Dom de Saint-Marthe, Dom du Biez et Dom de Malaret.
Le plan du nouveau monastère est l’œuvre de Robert de Cotte, élève du Hugues Mansart ; celui des bâtiments circulaires qui environnent la cour d’honneur est dû à un autre architecte son successeur, Christofle père. Les dortoirs du sud et de l’est, la salle capitulaire, le parlement et le réfectoire furent inaugurés en décembre 1718 ; l’hôtellerie, après sept ans seulement avant l’époque où les maîtres de ces demeures subirent l’exil et la mort.

bâtiments abbatiaux du XVIIIe siècle

Les magnifiques bâtiments abbatiaux du XVIIIème siècle

F – La grande révolution :

   L’année 1789 fut l’époque des premiers effets des passions populaires dans la ville de Saint-Denis.
Le 16 septembre 1792, la basilique fut déclarée église paroissiale par l’autorité séculière, et reçut un clergé étranger. C’est un an plus tard seulement qu’eurent lieu le pillage et l’enlèvement du trésor, le dépôt le plus rare et le plus magnifique qui fût alors en France.
Un mois après , un décret émané de l’autorité déclarait que la ville de Saint-Denis s’appellerait dorénavant Denis-Franciade.
Le 6 août 1793, commença la violation et la spoliation des tombes royales. Ce sacrilège sans exemples se prolongea plus de deux mois. Dans le cours de cette année désastreuse, la basilique profanée avait vu substituer dans ses murs les fêtes décadaires aux cérémonies chrétiennes. Tour à tour temple de la Raison, dépôt d’artillerie, théâtre de saltimbanques, magasin de fourrages, dépouillée de ses vitraux, de ses monuments et de sa toiture, elle recéla quelque temps des moulins à bras. On en établit simultanément dans l’intérieur de l’abbaye, devenue le siège du club révolutionnaire et des administrateurs du district.
L’année 1795 balaya ces envahisseurs, et le monastère fut transformé en hôpital militaire pour les blessés des armées républicaines.

   Aujourd’hui les anciens bâtiments claustraux sont occupés par la maison d’éducation des filles des membres de la légion d’honneur, et la vénérable basilique de Saint-Denis brille à son tour d’un nouvel éclat. Grâce à une habile restauration, à laquelle se sont empressés de concourir tous les gouvernements qui se sont succédé depuis cinquante années, elle rappelle aujourd’hui son ancienne magnificence. Un illustre Chapitre de Chanoines, attaché à ce poste d’honneur est chargé de prier sur les tombes de nos rois.

Hubert Robert - Violation des sépultures royales à Saint-Denis

Hubert Robert (1733-1808) : Violation des sépultures royales à Saint-Denis.

G – Autres éléments signalés du culte de Saint Denys :

   Saint Suibert, apôtre des Frisons, le bienheureux Notger, évêque aux Pays-Bas, et sainte Edith, sœur de Saint Edouard, roi d’Angleterre et martyr, firent tous trois bâtir des églises magnifiques en son honneur.
Un autre Saint Edouard, aussi roi d’Angleterre et confesseur, fit présent à son abbaye de France d’une seigneurie fort considérable au comté d’Oxford ; Sainte Brigitte mérita que ce glorieux apôtre des Gaules apparût pour lui déclarer les volontés de Dieu sur sa personne et sur celle du prince Wulfon, son mari ; la vénérable Adèle, femme de Louis le Gros, étant devenue veuve de ce roi, se retira à Montmartre, où elle passa le reste de sa vie dans le service du Saint.

   Plusieurs martyrologues, entre autres ceux d’Usuard et l’ancien romain de Rosweide, marquent deux fois la mémoire de Saint Denis, à savoir : le 3 octobre à Athènes, et le 9 du même mois à Paris.
Mais il ne faut pas inférer de là que celui d’Athènes et celui de Paris sont deux Saints différents, comme on ne distingue pas beaucoup d’autres Saints qui sont marqués deux fois dans un même martyrologe. Usuard en a usé ainsi, parce qu’il a trouvé la fête de cet illustre Martyr célébrée par les Grecs et les Latins en divers jours ; ce qui n’est que trop ordinaire en une infinité d’autres Saints.

Vignette typographique saint évêque

H – Reliques de Saint Denys sauvées de la révolution :

   On gardait, avant la révolution française, les reliques de saint Denis, de saint Rustique et de saint Eleuthère dans trois châsses d’argent, à l’abbaye de Saint-Denis. A cette époque, le trésor de l’abbaye fut pillé, mais les saintes reliques furent sauvées de la profanation par dom Warenflot, religieux de la maison, cachées avec soin et déposées ensuite dans l’église paroissiale de Saint-Denis, en 1795.
Elles furent transférées avec beaucoup de solennité dans l’église de l’ancienne abbaye, le 26 mai 1819, et elles y sont maintenant conservées dans des châsses de bronze doré.

   L’église métropolitaine de Paris possède un ossement de son saint fondateur.

Châsses des Saints Denys, Rustique et Eleuthère - blogue

Châsses des Saints Denys, Rustique et Eleuthère.

I – La relique du chef de Saint Denys à Longpont :

   Dans le diocèse de Soissons, au village de Longpont (Longus pons), à trois lieus de Villers-Cotterets, se conserve religieusement, non pas caput integrum, comme le disent peu exactement les Bollandites, mais le crâne tout entier de Saint Denis l’Aréopagite, et cela depuis l’année 1205, sans interruption ni conteste.

   Voici l’origine et les preuves de son existence dans l’abbaye des Bernardins de Longpont. Nivelon Ier de Cherizy, cinquante-neuvième ou soixantième évêque de Soissons (1175-1207) et ancien chanoine de la cathédrale de la même ville, se croisa en 1202, sous le règne de Philippe-Auguste, accompagna les croisés à Constantinople et joua un grand rôle dans cette expédition qui est la quatrième croisade. Après la prise de Constantinople, il présida l’assemblée des douze électeurs qui choisirent pour empereur latin de cette ville le seigneur Baudouin, comte de Flandre et de Hainaut. Ce fut l’évêque de Soissons qui le couronna dans l’église de Sainte-Sophie.
Nivelon profita de cette circonstance pour enrichir de diverses reliques sa cathédrale et plusieurs églises de son diocèse. Il apporta lui-même à l’abbaye, apud Longum pontem : Caput beati Dionysii Areopagitae, cum unâ cruce de ligno Domini. Tels sont les propres termes qu’on peut lire encore à la bibliothèque impériale de Paris, dans un manuscrit du XIIIème siècle, appelé Rituel de Nivelon. La société archéologique de Soissons l’a fait imprimer en 1856. Il forme un magnifique vol. in-4° rouge et noir.

   A partir de Constantin, les empereurs grecs avaient réuni beaucoup de reliques dans la chapelle impériale. C’est de cette chapelle même que Nivelon a tiré le chef de Saint Denis l’Aréopagite, et c’est l’empereur Baudouin qui, par un sentiment de reconnaissance, le lui a cédé avec beaucoup d’autres reliques.

   La relique de Longpont est le crâne, c’est-à-dire le sinciput ou le front, l’occiput et les deux côtés sans aucune fracture (sine ullâ fracturâ) de Saint Denis. Les mots grecs suivants se lisent sur le crâne : Keyxah tom agiou Dionmsiom ‘ Dreopagit (ce dernier mot n’est pas achevé). L’écriture paraît très-ancienne. Il n’est pas étonnant que Longpont ait eu la préférence pour la possession de cette relique, les père et mère de Nivelon étant seigneurs de ce village.

   Il est fait mention de cette portion de tête dans tous les ouvrages qui parlent de l’abbaye de Longpont. On lit dans une ancienne prose : Nostri tenent coenobitae caput Areopagitae. Mudrac, dans son Chronicon, imprimé en 1652, dit : Coenobium Longipontis parte notabili capitis S. Dionysii Areopagitae exornavit (Nivelo). Or, Muldrac était religieux de Longpont depuis l’âge de seize ans. Dans son Valois-Royal, édité en 1662, il dit : « Longpont se console encore de posséder une bonne partie du chef de saint Denis, Aréopagite ». Les bréviaires du diocèse, celui de Charles Bourlon, sous Louis XIV ; celui de M. de Fitzjames en 1742 ; le bréviaire de Paris en 1700, constatent le même fait. De plus, le général de l’Ordre de Cîteaux ayant demandé, en 1690, qu’on fit une reconnaissance authentique de cette relique, la châsse fut ouverte et on trouva que tout était conforme à ce que nous avons indiqué plus haut.
Les Bollandistes, dans le 2ème tome d’octobre, édité en 1780, transcrivaient en entier le procès-verbal dressé à cette occasion, et qui est signé de noms connus dans la contrée : MM. Quinquet et Lallouette. L’Histoire du Valois, par Carlier, fait également mention de cette relique comme existant à l’abbaye de Longpont.

   A l’époque désastreuse de la révolution de 1793, le chef de saint Denis et la petite châsse ou coffret qui le renfermait ont été sauvés du pillage, cachés soigneusement par la famille du sacristain et portier du couvent. C’est un fait qui est de notoriété publique dans le pays. Au rétablissement du culte ce précieux trésor fut remis au curé chargé de desservir la paroisse de Longpont, lequel l’a transmis religieusement à ses successeurs.

   Le petit coffret qui renferme encore aujourd’hui le crâne de saint Denis l’Aréopagite est celui-là même qui l’a renfermé depuis le xiiie siècle. Sa structure porte tous les caractères de cette époque. Il est en argent damasquiné, d’un travail exquis, long de vingt-deux centimètres sur treize de large. Avant la révolution, ce coffret d’argent était renfermé dans une autre châsse d’ivoire artistement travaillée et ornée de cristaux et de statuettes en argent. Aujourd’hui ce même coffret est au milieu d’une châsse de bois doré, de cinquante-six centimètres de long sur trente-neuf de large. Le comble est surmonté d’un clocheton terminé par une croix.

   Le dimanche 4 octobre 1846, Mgr Jules-François de Simony, quatre-vingt-treizième évêque de Soissons, s’est transporté lui-même à Longpont, et là, en présence d’un nombreux clergé et des divers membres de la famille de M. le comte de Montesquiou, il procéda à la reconnaissance solennelle de la relique. Après l’audition des témoins qui l’avaient vénérée avant la révolution et de ceux dont les parents avaient contribué à la soustraire à la profanation, le chef de saint Denis l’Aréopagite fut déclaré authentique, procès-verbal fut dressé et signé par l’évêque et par toute sa noble assistance ; enfin le sceau épiscopal fut apposé sur la double châsse que l’on peut voir exposée, près de celle de Jean de Montmirail, dans l’église du château qui sert au culte paroissial. La magnifique église du monastère était presque aussi vaste que la cathédrale de Soissons. Elle avait trois cent vingt-huit pieds de long, quatre-vingt-deux de large, quatre-vingt-quatre d’élévation et cent cinquante-cinq pieds à la croisée. Ses majestueuses ruines et les curiosités du château attirent chaque année à Longpont de nombreux visiteurs.

Reliquaire de St Denis à Longpont - blogue

Châsse du Chef de Saint Denys à Longpont.

J – Les écrits de Saint Denys :

   Les écrits qui nous restent de Saint Denis sont : Ses livres de la Hiérarchie céleste, de la Hiérarchie ecclésiastique, des Noms divins et de la Théologie mystique, avec huit lettres à diverses personnes ; mais nous avons perdu ce qu’il avait écrit de la théologie symbolique, de l’âme, des hymnes sacrées, des informations de la théologie, du juste jugement de Dieu et des choses qui se connaissent par le sens ou par l’intelligence.

   Le cardinal Bellarmin, parlant de ceux qui restent, ne fait point difficulté de dire que les hommes doctes et catholiques tiennent indubitablement qu’ils sont de Saint Denis l’Aréopagite, et qu’il n’y a que les hérétiques avec quelques demi-savants qui le nient.
Ce n’est pas ici le lieu d’établir cette vérité historique : disons seulement que les papes Saint Grégoire le Grand, Saint Martin, Saint Agathon, Adrien et Nicolas 1er, et plusieurs conciles généraux avec un grand nombre de Pères et de Docteurs, entre autres Saint Sophrone, patriarche de Jérusalem, Saint Anastase le Sinaïte, le bienheureux Albert le Grand, Saint Thomas et Saint Bonaventure lui ont attribué ces ouvrages.

   Il semble même que Dieu ait voulu confirmer cette vérité par des miracles : car, lorsque ces précieux livres, dont l’empereur Michel le Bègue envoya les manuscrits à Louis le Débonnaire, furent apportés à Saint-Denis par un de ses légats, Théodore, diacre et économe de l’Eglise de Constantinople, la nuit même il se fit, par leur vertu, dix-neuf guérisons miraculeuses sur des personnes fort connues et qui ne demeuraient pas loin de l’abbaye.
Deux siècles après, Saint Mayeul, abbé de Cluny, étant venu à Saint-Denis, et ayant demandé le livre de la Hiérarchie céleste pour le lire, la bougie qu’il tenait à la main, et qu’il laissa tomber dessus par assoupissement, s’usa et se consuma entièrement, non-seulement sans le brûler, mais même sans y laisser aucune tache.

   Les ouvrages de Saint Denis ont été traduits par Mgr Darboy, archevêque de Paris.

Manuscrit de Denis l'Aréopagite, recouvert d'une reliure sertissant deux feuillets d'un diptyque de la Passion

Manuscrit des œuvres de Saint Denis
(fin XIVème siècle – premières années du XVème siècle)
recouvert d’une reliure sertissant deux feuillets d’un diptyque de la Passion
provenant du trésor de l’abbaye de Saint-Denis, aujourd’hui conservé au Louvre,
et portant cette mention :

« Ce livre a été envoyé de la part du très haut basileus et autocrator des Romains, Manuel Paléologue, au monastère de Saint-Denis de Paris en France ou en Gaule depuis Constantinople, par moi, Manuel Chrysoloras, ambassadeur délégué par ledit basileus, l’an 6916 de la création du monde et l’an 1408 de l’Incarnation du Christ ; ledit basileus était venu à Paris quatre ans auparavant ».

2025-156. Pie XII : une béatification discutée…

9 octobre,
– En France, fête de Saint Denis l’Aréopagite, premier évêque d’Athènes et de Paris, et de ses compagnons, Saint Rustique et Saint Eleuthère, martyrs (selon les diocèses, la fête est de rit semidouble, double ou double majeur – A Paris, où il est saint patron du diocèse, double de 1ère classe ; cf. > ici) ;
– Anniversaire du mariage de SMTC le Roi Louis XIV avec Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon (9 octobre 1683) ;
– Anniversaire de la naissance de Charles-Philippe de France, futur Charles X (9 octobre 1757) ;
– Anniversaire de la reddition de Lyon après 50 jours de siège par les troupes de la Convention et début d’une sanglante répression (9 octobre 1793 – cf. ici) ;
– Anniversaire de la mort du Général-baron Athanase de Charette (+ 9 octobre 1911 – cf. ici) ;
– Anniversaire du rappel à Dieu du Vénérable Pie XII (+ 9 octobre 1958 – cf. ici).

Armoiries et devise de Pie XII

   L’article qui suit, signé de Monsieur Pierre Gelin, a été publié en 2008 dans la perspective des célébrations du cinquantième anniversaire de la mort du Vénérable Pie XII (cf. ) et se trouvait originellement, dans ce blogue, à la suite de l’homélie prononcée le 9 octobre 2008 par feu le pape Benoît XVI. La conséquence en était que, en définitive, très peu de personnes ne le lisaient, alors que sa pertinence et son impirtance ne se sont jamais démenties : nous prenons donc le parti de l’extraire de la page où il se trouvait pour lui consacrer une page spéciale, qui, je l’espère, sera profitable à beaucoup.

Tolbiac.

Vénérable Pie XII

Pie XII photographié lors de l’un de ses messages radiodiffusés

Tiare et clefs de Saint Pierre

Pie XII : une béatification discutée.

par Pierre Gelin.

       Le cinquantenaire de la mort de Pie XII, le 9 octobre prochain (note : comme dit dans l’introduction, cet article date de 2008), promet de nouveaux bras de fer entre les partisans de sa « culpabilité » et ceux de sa béatification. La moindre annonce, même infondée, est un prétexte pour relancer la polémique du vide.

   A ce sujet, l’année 2007 peut être considérée comme « l’année Pie XII » tant les « révélations » se sont multipliées en dépit du bon sens historique. Afin de bien comprendre la situation actuelle, il convient de revenir sur ces temps forts qui ont amené le pape Benoît XVI à retarder la béatification de son prédécesseur

Beaucoup de bruit pour rien :

   En janvier 2007, le général Ion Pacepa, ancien haut dirigeant du KGB, révèle que les communistes ont créé de toutes pièces la légende noire autour de Pie XII : la pièce « Le Vicaire », écrite par Rolf Hochhut, participerait de cette campagne des services secrets visant à briser l’influence d’un pape profondément anticommuniste. Si des soupçons existaient déjà dans les années soixante sur le rôle du KGB dans la parution de cette pièce, jamais une telle preuve n’avait été apportée. Deux mois plus tard éclate la polémique entre Israël et le Saint-Siège – via Mgr Antonio Franco, nonce en Terre Sainte – à propos d’une présentation critique de Pie XII par le Mémorial de Yad Vashem en mars de la même année. La venue du prélat ne s’est faite qu’à la condition de réexaminer les propos tenus sur le pape Pacelli. En avril, le cardinal Bertone publie une circulaire de Pie XII, dont fait mention le père Pierre Blet dans son ouvrage (1), adressée aux instituts religieux et datée du 25 octobre 1943, demandant aux religieux d’accueillir et de sauver tous les Juifs qui le demandent.

   Les mois de mai et juin furent particulièrement denses : Pie XII fut au centre de nombreux débats. Tout d’abord, le mardi 15 mai 2007, la Congrégation pour la cause des saints a approuvé à l’unanimité une déclaration sur les vertus du pape Pie XII, laissant dorénavant au pape le soin de reconnaître l’héroïcité de ses vertus. La réaction fut immédiate : la fin du mois de mai vit ressurgir une polémique qui ne fut pas sans rappeler l’affaire de « l’encyclique cachée »… texte qui n’était ni encyclique, ni cachée : Emma Fattorini, historienne reconnue, aurait découvert un discours qu’aurait dû prononcer Pie XI s’il n’était pas mort la veille. Pie XII se serait empressé, sitôt son élection au siège de Pierre, de faire disparaître ce texte dénonçant violemment l’antisémitisme. Bien entendu, cette affaire n’était qu’un vaste tissu d’erreurs ; la première d’entre toutes fut que ce texte avait déjà été publié par… Jean XXIII dans « la Documentation catholique ».

   Le 5 juin 2007, Andrea Tornielli publia la première biographie complète de Pie XII, qui fit l’objet d’une présentation officielle au Vatican (2). Cet ouvrage, considéré comme le travail le plus sérieux réalisé jusqu’à présent, souligne tous les aspects de la personnalité du pape Pacelli et de son pontificat. Quelques jours plus tard, le 21 juin, parut en France l’étude du rabbin David Dalin sur l’attitude de Pie XII envers les Juifs (3). La conclusion est sans appel : le pape mériterait d’être « Juste parmi les nations », haute distinction d’un peuple outragé envers ceux qui l’ont aidé.

   Cette énumération fastidieuse est destinée à rappeler que la situation, sur le plan international, est tendue dès qu’il s’agit d’aborder le pontificat de Pie XII. C’est cet enchaînement de faits qui a influencé Benoît XVI et l’a amené à reporter la promulgation reconnaissant l’héroïcité des vertus de Pie XII, ouvrant ainsi la voie à sa possible béatification. Avant de porter tout jugement sur cet acte, il nous faut examiner la raison pour laquelle Benoît XVI a agi de la sorte, le 17 décembre dernier : Pie XII ne figurait pas dans la liste des huit personnes promises à une béatification prochaine, avec la grâce de Dieu. Parallèlement, Benoît XVI nomma une commission pour étudier le dossier de son prédécesseur. Il n’en fallut pas plus pour que certains journaux, notamment français, interprètent outrancièrement cette décision, en évoquant une « remise en question », voire « l’enterrement du dossier ». Le journaliste Hervé Yannou compara subtilement, et de manière détournée, ce cas avec celui du père Léon Dehon dont le procès de béatification fut suspendu par Benoît XVI suite à la découverte d’écrits antisémites de ce prêtre français. Le pape demanda à une commission d’étudier la question, qui remit un rapport négatif amenant Benoît XVI à classer le dossier. À première vue, que de points communs entre le père Léon Dehon et le pape Pie XII ! Mais que de raccourcis également ! Tout d’abord, il n’y a strictement aucune trace d’antisémitisme dans les écrits de Pie XII, même lorsqu’il n’était encore que l’abbé ou le cardinal Eugenio Pacelli. De plus, la commission qui a été nommée par le pape pour étudier le cas de cette béatification ne laisse aucune ambiguïté sur les intentions de Benoît XVI : il s’agit d’une commission interne à la Secrétaire d’Etat.

   Précisons, pour qui n’est pas habitué des procédés du Vatican, qu’il s’agit d’une décision diplomatique et non théologico-spirituelle ; le vote de la Congrégation pour la cause des saints n’est pas abrogé. Ainsi que l’explique le père Peter Gumpel, jésuite et relateur de la cause (l’équivalent du juge d’instruction) : « Ce ne sont pas les vertus héroïques de Pie XII qui sont en cause, car, de ce point de vie, la Secrétairie d’Etat, qui est l’organisme diplomatique du Saint-Siège, n’est pas compétente. [C’est donc] une décision sage qui devrait permettre d’évaluer les conséquences d’une béatification de Pie XII à la lumière des relations entre Israël et le Saint-Siège ».

La voie de la prudence :

   Loin de remettre en cause l’action de son prédécesseur, ainsi que ses vertus, Benoît XVI choisit la voie de la prudence. L’affaire, certes inhabituelle, est diplomatique, politique et contemporaine. Nous pouvons l’approuver ou la déplorer. La récente parution, en mars dernier, de l’ouvrage de Saul Friedländer (4), relayé par tous les grands médias nationaux et internationaux, tend à donner raison au Pape. En effet Saul Friedländer n’est pas un inconnu ; grand historien du nazisme, mondialement connu, ce rescapé de la Shoah s’est fait connaître par un livre publié dès 1964, intitulé « Pie XII et le IIIe Reich », et qui connut un très vif succès, malgré la fragilité de ses sources. Son nouvel ouvrage évoque de nouveau et à plusieurs reprises l’attitude négative du Vatican avec, en première ligne, Pie XII. Un excellent article de Frédéric Le Moal revient longuement sur cette récente parution (5).

   Mais Pie XII a agi. Jean-Marie Mayer, Philippe Levillain, Andrea Tornielli, David Dalin, Pierre Blet, Jean Chaunu, Jean Chélini, Philippe Chenaux, etc., sont autant d’historiens qui, par leurs études, confirment l’action bénéfique de Pie XII, de son ordination sacerdotale à sa mort. Son influence fut palpable sur tous les plans : politique, culturel, humain, théologique, spirituel. Il n’est pas un domaine qui n’ait été traité par ce grand pape.

Sagesse de Benoît XVI :

   Face à ces témoignages et à ce foisonnement de documents, la thèse d’un « silence » de Pie XII est un mythe qui ne puise sa force que dans la répétition assourdissante menée par des moyens de communication modernes étouffant réflexion et esprit critique. Mais le mal est fait. Benoît XVI, en retardant l’échéance, ne choisit plus seulement une voie de prudence, mais une voie de sagesse. Certes nous aurions aimé une béatification retentissante pour le 50e anniversaire de la mort de Pie XII ; mais le pape sait que les médias se nourrissent de polémiques pour faire éclore le mensonge et la calomnie. La vérité sur Pie XII ne naîtra pas d’une provocation : elle sera le fruit de l’attitude sapientale de l’Eglise.

S.S. Pie XII médaille commémorative année sainte 1950

Notes de l’article :

(1) Pierre Blet, s.j., Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d’après les archives du Vatican, Perrin, 1997.
(2) Andrea Tornielli, Pio XII. Eugenio Pacelli. Un uomo sul trono di Pietro, Mondadori, 2007.
(3) David Dalin, Pie XII et les Juifs, Tempora, 2008.
(4) Saul Friedländer, L’Allemagne nazie et les Juifs. Les années d’extermination, 1939-1945, Seuil, 2008.
(5) Frédéric Le Moal, « Saul Friedländer et Pie XII », sur www.pie12.com, 7 avril 2008.

Pie XII - Couronnement

2025-155. De Sainte Pélagie d’Antioche, la comédienne aux mœurs dissolues qui fut convertie et élevée à un haut degré de sainteté.

8 octobre,
Fête de Sainte Brigitte de Suède, veuve (cf. ici, et ici) ;
Mémoire de Sainte Pélagie, pénitente ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Pierre Le Gouvello de Kériolet, pénitent et prêtre (+ 8 octobre 1660 – cf. ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Sa Grandeur Monseigneur Marie-Joseph de Galard de Terraube, comte-évêque du Puy (+ 8 octobre 1804).

Ste Pélagie - blogue

       Sainte Pélagie vivait à Antioche (Syrie), dans la deuxième moitié du Vème siècle, sous le règne de Théodose le Jeune (408-450).
Elle se faisait appeler Marguerite (nom qui désigne la perle précieuse) : elle était la plus connue et la plus débauchée des comédiennes de la ville, et elle avait tiré de sa vie dissolue une fortune considérable, qu’elle n’utilisait qu’à parer son corps de vêtements aussi recherchés et précieux qu’impudiques, de parfums voluptueux, et de bijoux de grands prix.
Elle possédait de nombreux esclaves et serviteurs, qui l’escortaient lorsqu’elle se promenait dans la ville en joyeuse et brillante compagnie.

   Un jour qu’il avait convoqué une assemblée de quatre-vingts évêques pour régler les affaires ecclésiastiques de la région, le saint patriarche Maximien d’Antioche demanda à l’un d’eux, Saint Nonne (en grec Nonnos), évêque d’Edesse, de prêcher au peuple devant l’église Saint-Julien.
Or, comme il exhortait ses auditeurs au repentir et à l’amour de la vertu, Pélagie la pécheresse vint justement à passer devant l’assemblée, accompagnée de son cortège habituel d’adulateurs et de débauchés, tête nue et seins découverts, plus resplendissante et voluptueuse que jamais.
Tandis que les évêques présents et les gens pieux détournaient les yeux, Saint Nonne regarda cette femme en pleurant et déclara à ceux qui l’entouraient : « Malheur à nous, paresseux et négligents, qui devrons rendre compte de nos actes au jour du Jugement, car nous n’avons pas mis pour plaire à Dieu, le zèle et le soin que met cette pauvre femme à orner son corps en vue d’un plaisir passager ».
Et il passa le reste du jour à verser des larmes sur son propre sort, et à prier ardemment le Seigneur pour la conversion de cette créature.

Sainte Pélagie avant sa conversion

   Le dimanche suivant, Pélagie, qui n’était jamais entrée dans une église, y vint ce jour-là, poussée par un peu de curiosité… et surtout avec le dessein d’être vue, car elle n’était point encore résolue à changer de vie.

   Elle se trouvait donc dans l’assistance lorsque, encore une fois à la demande du patriarche, Saint Nonne d’Edesse exhorta le peuple après le chant du Saint Evangile au cours de la Divine Liturgie.
Les paroles de l’évêque à propos de l’horreur du péché, du Jugement dernier, de l’éternité des peines de l’enfer et de la récompense des justes, non seulement tirèrent des larmes à ses auditeurs, mais pénétrèrent aussi dans le cœur de la jeune femme à la manière d’une épée effilée ; elles réveillèrent sa conscience, et suscitèrent en elle le seul véritable amour : celui de l’Epoux céleste.

   De retour dans sa somptueuse demeure, elle écrivit au saint évêque, le suppliant de ne pas la mépriser, malgré ses turpitudes, et le priant, s’il était vraiment disciple de Celui qui est venu pour appeler non pas les justes mais les pécheurs à la pénitence (cf. Matth. IX,13), de la recevoir.

   Saint Nonne lui fit répondre qu’il ne consentait pas à la recevoir de manière privée, parce qu’il craignait les ruses du démon et redoutait sa propre fragilité, mais que, si elle était vraiment décidée à se repentir, elle devrait se présenter à l’église, devant toute l’assemblée des clercs et du peuple pour confesser ses fautes.
Pélagie n’eut pas plus tôt pris connaissance de ce message qu’elle se précipita vers l’église dans laquelle se réunissait le synode.
Oubliant son orgueilleuse et impudique ostentation de naguère, elle se jeta à genoux aux pieds de l’évêque, confessa publiquement ses fautes avec une grande abondance de larmes, et supplia qu’on la fît renaître à la vie divine par le saint baptême, pour que le démon et l’habitude ne la rappellassent pas à sa vie de débauche.
Les évêques étaient partagés entre l’admiration d’une si spectaculaire conversion et l’obéissance aux canons de l’Eglise qui ne permettaient d’admettre au saint baptême une pécheresse publique qu’après un temps suffisant de pénitence qui manifestât, par une longue persévérance, qu’elle ne retournerait pas à sa vie de scandale.
Cependant, elle les supplia avec tant de ferveur et de contrition, qu’ils résolurent de relâcher en sa faveur la discipline ecclésiastique et de lui administrer le sacrement de la régénération.

conversion de Sainte Pélagie

   Lorsqu’on apprit dans la ville que la comédienne était convertie, tous les chrétiens exultèrent, tandis que les libertins exprimèrent bruyamment leur regret de la perte d’une créature dont les charmes leur plaisaient si fort !
Le démon lui-même se manifesta de diverses manières pour faire sentir combien il était furieux que Saint Nonne lui eût enlevé celle qui le servait jusqu’alors si bien, et qui lui procurait tant de puissance sur de nombreuses âmes.

   Pélagie fut confiée, pour un peu de temps, à une moniale de très haute vertu et d’une expérience spirituelle éprouvée, du nom de Romane : cette derbnière l’initia au combat spirituel et à la vie pénitente.
Par la prière et le signe de la Croix, Pélagie vainquit les tentations de retour à sa vie de péché, qui, bien sûr, ne n’avaient pas tardé à fondre sur elle.

   Dûment exorcisée, lavée et purifiée par le saint baptême, confirmée et nourrie du Corps Très Sacré de son Rédempteur, Pélagie la régénérée, voulut rompre radicalement tout attachement au monde. Elle distribua toutes ses richesses aux pauvres et affranchit ses esclaves. Ensuite elle prit un rude cilice, changea ses vêtements féminins contre de grossiers vêtements d’homme, et quitta secrètement Antioche pour se retirer à Jérusalem, sur le Mont des Oliviers, où elle s’aménagea une petite cellule.

   Pendant trois ou quatre années, elle y vécut dans les exercices de la plus grande austérité et de la plus fervente prière, sous le nom de Pélage, luttant chaque jour contre les passions qui s’étaient enracinées dans son corps. Tout le soin qu’elle avait déployé autrefois pour ses toilettes et ses parfums, elle l’employait désormais à l’ornement de son âme pour la vie éternelle.
Et bien qu’elle vécût solitaire, la renommée de sa vie pénitente exemplaire et de sa vertu se répandit parmi les ascètes de Palestine, lesquels croyaient qu’il s’agissait d’un homme.

ermitage de Sainte Pélagie

   Le diacre Jacques d’Edesse vint en pèlerinage aux Lieux Saints, et, selon les instructions reçues de Saint Nonne, son évêque, il s’enquit du pieux « solitaire Pélage », auquel il alla rendre visite.
Il eut bien du mal à reconnaître celle qui avait été d’une si resplendissante beauté, tant Pélagie était exténuée par ses austérités.

   A la fin de son séjour, il revint pour avoir la consolation de lui parler une dernière fois, mais il la trouva morte. Il en avertit les autres solitaires et moines qui vinrent pour l’ensevelir, et ils furent bien étonnés d’apprendre que le saint ermite était en réalité une femme… et ce qu’elle avait été auparavant.
La nouvelle ne s’en répandit que plus vite, si bien qu’un grand nombre de religieux et de vierges des monastères et ermitages des environs de Jérusalem et de Jéricho vinrent pour sa sépulture, avec des cierges et des lampes allumés, rendant à Dieu de vibrantes actions de grâce et proclamant  Ses merveilles.

   Le culte de Sainte Pélagie se répandit en Orient et en Occident, et les Grecs la célèbrèrent à ce jour du 8 octobre que l’on croit être celui de son départ pour le Ciel ou celui de ses triomphantes funérailles, aux alentours de l’an 460.

   Les comédiens ont tout naturellement pris pour sainte patronne Sainte Pélagie, dont deux localités, en France, revendiquent de posséder des reliques : l’abbaye de Jouarre, dans la Brie, et l’église de Mont-Saint-Jean, en Bourgogne.

   Tous les fidèles, trouveront un grand profit intérieur à la prier et à lui demander des grâces de conversion (car notre conversion intérieure à la parfaite charité du Christ n’est jamais achevée), de contrition du mal commis, et d’esprit d’expiation et de réparation.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Châsse de Sainte Pélagie dans l'église St-Pierre et St-Paul de Jouarre

Châsse de Sainte Pélagie dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Jouarre.

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