Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

Prier Notre-Dame avec Saint François de Sales.

Saint François de Sales aux pieds de la Très Sainte Vierge

       Ayez mémoire et souvenance, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que je suis votre fils ; et que vous êtes puissante et que je suis un pauvre homme, vil et faible.

   Je vous supplie, très douce Mère, que vous me gouverniez dans toutes mes voies et actions.

   Ne dites pas, gracieuse Vierge, que vous ne pouvez !
Car votre bien-aimé Fils vous a donné tout pouvoir, tant au ciel comme en terre.

   Ne dites pas que vous ne devez ;
car vous êtes la commune Mère de tous les pauvres humains et particulièrement la mienne.

   Si vous ne pouviez, je vous excuserais disant : il est vrai qu’elle est ma Mère et qu’elle me chérit comme son fils, mais la pauvrette manque d’avoir et de pouvoir.

   Si vous n’étiez ma Mère, avec raison je patienterais, disant : elle est bien assez riche pour m’assister ; mais, hélas ! n’étant pas ma Mère, elle ne m’aime pas.

   Puis donc, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère, et que vous êtes puissante, comment vous excuserais-je si vous ne me soulagez et ne me prêtez votre secours et assistance ?

   Vous voyez, ma Mère, que vous êtes contrainte d’acquiescer à toutes mes demandes.
   Pour l’honneur et la gloire de votre Fils, acceptez-moi comme votre enfant, sans avoir égard à mes misères et à mes péchés.
   Délivrez mon âme et mon corps de tout mal et me donnez toutes vertus, surtout l’humilité.

   Enfin, faites-moi présent de tous les dons, biens et grâces qui plaisent à la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit.

Ainsi soit-il.

2007-39. De la couronne de l’Avent

Sur le territoire de Saint-Martial - Mont Gerbier de Jonc

Sur le territoire de Saint-Martial, le Mont Gerbier de Jonc (alt. 1454 m),
au pied duquel sourdent les sources de la Loire,
à l’occasion de l’un des épisodes neigeux fréquents vers la fin novembre ou le début décembre

Dans la semaine qui précède le premier dimanche de l’Avent.

       Dans très peu de temps désormais, nous allons entrer dans le temps de l’Avent ; voilà pourquoi Frère Maximilien-Marie m’a demandé de l’accompagner au grenier pour aller chercher ce qu’il faut pour préparer la couronne de l’Avent.
Pendant qu’il déballait les cartons où tout est soigneusement emballé et rangé, il m’a parlé de cette période préparatoire à l’avènement du Rédempteur, qui va commencer samedi à la tombée du jour, par les premières vêpres du premier dimanche de l’Avent, et il m’a expliqué le sens de cette couronne.
J’ai ouvert tout grand mes oreilles, de manière à pouvoir vous répéter l’essentiel de ses explications.

   La coutume de la couronne de l’Avent est née il y a très longtemps, dans les pays rhénans… au XVIème siècle, si je me souviens bien.
Mais entendons-nous bien : la couronne de l’Avent n’est nullement un objet liturgique et il n’existe pas de « rubriques » qui la prescrivent à l’église ou pour les offices liturgiques ; elle appartient à ces traditions « paraliturgiques » des familles chrétiennes, qui, en particulier à l’occasion de la prière du soir qui rassemble la maisonnée, peuvent matérialiser les temps de l’année chrétienne et les mettre en relief dans la pièce principale de leurs maisons, ou dans l’oratoire domestique, au moyen de symboles expressifs qui marquent spécialement les enfants et les stimulent.

couronne de l'Avent

   La forme circulaire de la couronne représente le cycle de la liturgie, dont les fêtes nous reviennent chaque année ; le cercle est aussi un très ancien symbole pour représenter l’éternité.
Pour les fidèles, cela symbolise également le fait que Jésus – qui est déjà venu dans le monde – reviendra, et que l’Avent n’est donc pas seulement la préparation de la joyeuse célébration d’un anniversaire (un événement appartenant au passé), mais également l’attente du retour glorieux du Christ, vers lequel leurs cœurs sont tendus.
Le cercle, qui n’a ni commencement ni fin, représente encore les efforts continuels, sans cesse renouvelés, jamais interrompus, que les chrétiens doivent accomplir pour être toujours prêts pour cet avènement, ainsi que nous l’enseignent nombre de paraboles par lesquelles les Saints Evangiles nous tiennent en éveil et décuplent notre nécessaire vigilance.

   La couleur verte de la couronne, celle du sapin ou du pin, représente, elle aussi, l’éternité puisque ces conifères ne perdent pas leur feuillage quand vient l’hiver, et symbolisent par là l’idée de permanence, la durée, la non-mortalité, au moment où tous les autres arbres, dépouillés de leurs feuilles, ressemblent à des arbres morts..

   Le vert est également couleur d’espérance : à l’image de ces arbres qui, restant verts, ne semblent pas entrer comme les autres dans le « sommeil hivernal », nous ne devons jamais cesser de veiller et de prier, nous devons toujours être revêtus de la grâce, ne pas être dépouillés de vertus.

   Sur la couronne, on dispose quatre bougies pour représenter les quatre dimanches préparatoires à Noël, qui marquent quatre étapes spirituelles.
Certains, justement à cause de cette représentation des dimanches, choisissent la couleur de ces bougies en fonction de la couleur liturgique de ces quatre dimanches de l’Avent : ils disposent donc sur leur couronne trois bougies de couleur violette et une de couleur rose.
Chaque dimanche on en allume une de plus. Ainsi, plus la fête de la Nativité approche et plus il y a de lumière : c’est très représentatif des thèmes de la liturgie pendant l’Avent et au moment de la naissance de notre Sauveur : cela nous rappelle que Jésus est la Lumière du monde, « Lux mundi », et que Son avènement dissipe les ténèbres de nos cœurs.

   On peut ajouter bien sûr quelques autres éléments décoratifs à la couronne, mais l’essentiel est là.
Allez ! je ne vais pas vous distraire davantage, il faut que je vous laisse préparer votre couronne de l’Avent.

Lully.                                

bougie avent/noël

Voir aussi :
- Lully dirige la préparation de la couronne de l’Avent > ici
- la spiritualité de l’Avent > ici
- la B.D. « Tendus vers Son Avènement » > ici

2007-38. Ces deux Cœurs en disent assez…

27 novembre,
Fête de la manifestation de la Médaille Miraculeuse ;
Mémoire de Sainte Catherine Labouré (cf. > ici).

Chapelle de la Médaille miraculeuse - oraison des soeurs

Chapelle du « séminaire » des Filles de la Charité, au 140 de la rue du Bac, avant « le concile » :
on y voit les Sœurs (à droite) et les novices (à gauche) au moment de l’oraison du soir,
exactement comme cela se pratiquait en 1830

       Samedi 27 novembre 1830 : il est environ 17h30 et les « Filles de la Charité » sont réunies dans leur chapelle pour l’oraison du soir. Parmi elles, une novice : Sœur Catherine Labouré.

   Sœur Catherine a déjà un peu « inquiété » son confesseur.
Depuis quelques mois en effet, elle lui a parlé de visions dont elle serait favorisée : plusieurs visions du cœur de Monsieur Vincent en avril, vision de Notre-Seigneur Lui-même au mois de juin, vision de la Sainte Vierge au mois de juillet.
Tout cela est bien étrange et le bon prêtre n’est pas homme à s’enthousiasmer pour de prétendues apparitions : il se méfie de l’imagination des femmes, surtout lorsqu’elle sont ferventes !!!
Pourtant, Sœur Catherine est la moins imaginative de toutes les filles de Saint Vincent et on ne trouve en elle aucune tendance à l’exaltation mystique. Et – ce qui est le plus troublant – c’est qu’elle a annoncé à son confesseur des évènements politiques qui se sont effectivement réalisés au cours de cet été 1830.

   Ce 27 novembre donc, Sœur Catherine, recueillie dans cette chapelle sise au 140 de la rue du Bac, croit percevoir « le frou-frou d’une robe de soie », de la même manière qu’elle l’avait entendu dans la nuit du 18 au 19 juillet au moment de l’arrivée de la Sainte Vierge. Et effectivement, elle la revoit : Marie est resplendissante !

Vierge au globe d'origine - chapelle de La médaille miraculeuse

   Mais ce n’est pas cette fois une apparition toute d’intimité et de proximité, comme en juillet où la Très Sainte Vierge Marie s’était assise dans le fauteuil du prêtre, et où Catherine avait posé ses mains sur ses genoux…
Ce soir, l’apparition a quelque chose de plus solennel : la Sainte Vierge n’est pas au niveau du sol, elle se tient en hauteur, un peu en avant du sanctuaire, du côté de l’épître. Elle est debout, ses pieds sont posés sur un globe terrestre autour duquel s’agite un serpent de couleur verdâtre, avec des taches jaunes. Le pied de Marie est posé sur la tête de la bête, qu’elle tient ainsi en respect. Dans ses mains, à la hauteur de la poitrine, Notre-Dame tient un autre globe – plus petit – surmonté d’une croix d’or : elle le tient dans une attitude d’offrande et d’intercession suppliante. Soeur Catherine entend la voix de Marie lui expliquer :
« Cette boule représente le monde entier, la France, et chaque personne en particulier ».

   Soudain, ce globe disparaît, les doigts de la Vierge se remplissent d’anneaux (Catherine peut en compter quinze) porteurs de pierres précieuses resplendissantes ; Marie abaisse les bras et les tient légèrement écartés du corps. L’éclat des pierreries descend en rayons lumineux vers le globe sur lequel elle est debout.
Elle dit : « Ceci est l’image des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent… »
Et comme Sœur Catherine s’étonne en silence de voir qu’il y a des rayons plus courts, qui semblent ne pas arriver jusqu’en bas, elle entend la voix lui expliquer encore : « Ce sont les grâces que l’on oublie de me demander… »

Médaille miraculeuse apparition du 27 novembre 1830

  Alors, autour de la Vierge, se dessine une sorte de tableau ovale à l’intérieur duquel Catherine voit apparaître en lettres d’or : « Ô MARIE, CONÇUE SANS PECHE, PRIEZ POUR NOUS QUI AVONS RECOURS À VOUS ! »

   Sœur Catherine entend encore la voix de Marie qui lui demande : « Faites, faites frapper une médaille sur ce modèle, les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces ».

La médaille miraculeuse

   Puis le tableau paraît se retourner afin de montrer ce que doit représenter le revers de la médaille : un grand M, monogramme de Marie, surmonté d’une croix. Au-dessous, sont représentés deux Cœurs : celui de Jésus, couronné d’épines, et celui de Marie, transpercé d’un glaive ; douze étoiles entourent ce tableau.
Lorsque Sœur Catherine demande intérieurement s’il faut aussi mettre une inscription de ce côté de la médaille, la voix de Notre-Dame lui répond : « L’ M et ces deux Cœurs en disent assez ! »

La Médaille Miraculeuse

   Pour nous, qui sommes réunis en ce Mesnil-Marie sous le patronage de Notre-Dame de Compassion, les symboles sont éloquents, explicites, et s’accordent parfaitement aux aspirations de la fondation :
- L’ M au pied de la Croix, c’est la présence de Notre-Dame dans l’oeuvre de notre rédemption, sa Compassion, sa co-rédemption.
- L’ M qui semble « porter » la Croix, c’est le rôle suréminent de Marie, appelée à donner au monde le Sauveur, mise à part pour former en elle le Corps de l’Agneau immaculé, c’est-à-dire pour façonner en quelque sorte la « matière du sacrifice » du Calvaire.
- Et les deux cœurs, côte-à-côte portant les symboles de la souffrance rédemptrice de Jésus et de la Compassion de Marie, montrent à quel point la dévotion au divin Cœur de Jésus – ainsi que nous le disions à l’occasion de la fête de Sainte Gertrude (cf. > 
ici) – à laquelle le Cœur de Marie est étroitement associé, est fondamentale pour « ces derniers temps » dans lesquels nous nous trouvons.

« Ces deux Cœurs en disent assez ! »

   Le symbole de ces deux Cœurs unis contient le symbole – et comme le résumé – de tout ce que nous devons croire et faire désormais pour mieux répondre aux appels du Ciel.

2007-38. Ces deux Cœurs en disent assez... dans Chronique de Lully 2saintscoeurscopie.vignette

2007-37. Le 24 novembre, nous fêtons Saint Jean de la Croix.

24 novembre,
Fête de Saint Jean de la Croix, confesseur, docteur de l’Eglise ;
Anniversaire de l’entrée en application de l’Edit de Thessalonique (cf. > ici).

Blason du Carmel

       Carme espagnol, Docteur de l’Église, figure essentielle de la réforme du Carmel, maître de la théologie dite négative, Saint Jean de la Croix enseigne une voie de dépouillement pour parvenir à l’union d’amour mystique avec Dieu.

   Pour Jean, l’âme qui aime doit « travailler à se dépouiller et dénuer pour Dieu de tout ce qui n’est point Dieu« .
Souvent appelé le « Docteur des Nuits », ses écrits (qui ont pour titres : « La montée du Carmel », « La nuit obscure », « La vive flamme d’amour » & « Les cantiques spirituels ») ont profondément marqué la mystique chrétienne par leur intensité et par la sureté de leur doctrine : Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus – à une époque où les ouvrages de Saint Jean de la Croix étaient peu lus dans les Carmels (!!!) – y puisa de grandes lumières et forces spirituelles.
La radicalité de son enseignement et la rigueur de sa vie ont fait dire au philosophe Gustave Thibon qu’il fut le «plus extrémiste de tous les saints».
De fait, la réputation qui a été faite aux enseignements de Saint Jean de la Croix inspire parfois une certaine crainte, parce qu’on les a présentés comme une espèce d’ascétisme « effrayant », sans faire ressortir combien toute cette doctrine était fondée sur l’amour, et sur la recherche d’un amour toujours plus grand, plus beau, plus fort, plus pur, qui mérite qu’on fasse pour lui d’authentiques renoncements.
D’un autre côté, il n’est pas rare non plus de trouver de faux maîtres spirituels ou mystiques qui prétendent se couvrir de son autorité ou se référer à sa doctrine spirituelle!

St Jean de la Croix

   Jean de Yépès est né en 1542, en vieille Castille, dans une famille noble mais pauvre, qui vivait du tissage. En 1545, la famille de Jean fut éprouvée par des deuils cruels: le père et l’un des garçons furent emportés soudainement. Ce fut alors le début d’une période de véritable misère pour Jean, sa mère et son autre frère. En 1551, ils s’installèrent à Médina del Campo, où ils avaient pu trouver un peu de travail. C’est à cette époque que les dons de Jean se manifestèrent : curiosité intellectuelle, amour du beau, piété, dévouement exceptionnel pour autrui.
En 1563, à l’âge de vingt ans, il prit l’habit chez les Carmes sous le nom de Frère Jean de Saint-Matthias.
Quatre ans plus tard, à Médina, il rencontra Thérèse d’Avila qui venait d’y fonder un Carmel de femmes selon l’ancienne observance. Elle convainquit Jean – qui était maintenant prêtre – de se joindre à elle dans sa réforme de l’Ordre. Il prit alors le nom de Jean de la Croix et devint un élément essentiel de la Réforme thérésienne, développant un lien privilégié avec Mère Thérèse de Jésus. Celle-ci, impressionnée par son sérieux et son zèle ascétique, l’appelait avec humour son «petit Sénèque».
En décembre 1577, le Père Jean de la Croix fut enlevé par des Carmes adversaires résolus de la réforme : ils l’enfermèrent pendant plusieurs mois dans un réduit du couvent de Tolède, le soumettant à toutes sortes de brimades et humiliations.
Toutefois, le 17 août 1578, Jean – aidé par la Sainte Vierge – parvint à s’évader. Durant cette captivité il avait reçu de grandes grâces d’union à Dieu et composé ses grands poèmes qui expriment cette expérience mystique de tout premier ordre.
En 1582, après la mort de Sainte Thérèse, il devint prieur du couvent de Grenade. Il rédigea alors ses traités « didactiques  » qui se présentent comme une sorte de commentaire des oeuvres poétiques. En 1589, il fut élu prieur du couvent de Ségovie. Il mourut le 14 décembre 1591, à l’âge de quarante-neuf ans.

   Béatifié en 1675, canonisé en 1726 et proclamé Docteur de l’Église par le pape Pie XI en 1926, il fut en outre déclaré par Pie XII patron des poètes espagnols le 21 mars 1952, et par Jean-Paul II patron des poètes de langue espagnole le 8 mars 1993.

   Voici justement l’un de ses poèmes, très connu, mais dont la lecture est toujours très émouvante :

Je la connais la source qui coule et se répand,
Quoique ce soit de nuit !

Cette fontaine éternelle est cachée,
Mais comme je sais bien où elle est,
Quoique ce soit de nuit !

Dans cette nuit obscure de cette vie
Comme je connais bien, par la foi, la fontaine,
Quoique ce soit de nuit !

Son origine, je l’ignore; elle n’en a pas
Mais je sais que tout être tire d’elle son origine,
Quoique ce soit de nuit !

Je sais qu’il ne peut y avoir chose plus belle,
Que la terre et les cieux vont s’y abreuver,
Quoique ce soit de nuit !

Je sais bien que c’est un abîme sans fond
Et que personne ne peut y passer à gué,
Quoique ce soit de nuit !

Sa clarté n’est jamais obscurcie
Et je sais que toute lumière vient d’elle,
Quoique ce soit de nuit !

Je sais que ses eaux coulent si abondantes
Qu’elles arrosent enfers, cieux et peuples,
Quoique ce soit de nuit !

Le ruisseau qui sort de cette source
Est, je le sais, aussi vaste et puissant qu’elle,
Quoique ce soit de nuit !

Le ruisseau qui procède de ces deux
N’est précédé ni par l’un ni par l’autre,
Quoique ce soit de nuit !

Je sais bien que les trois, dans une seule eau vive,
Résident, et que l’une dérive de l’autre,
Quoique ce soit de nuit !

Cette fontaine éternelle est cachée
Dans ce pain vivant pour nous donner vie,
Quoique ce soit de nuit !

Elle est là appelant toutes les créatures
Et elles vont s’y abreuver dans les ténèbres,
Parce qu’il fait nuit.

Cette source vive, vers laquelle je soupire,
Je la vois dans ce pain de vie,
Quoique ce soit de nuit !

Voir aussi :
- La catéchèse de Benoît XVI > ici
- la B.D. « Libérer le vol de l’âme » > ici
- Et le texte de Gustave Thibon > ici

Saint Jean de la Croix

2007-36. De la Présentation de Marie au Temple.

21 novembre.

Présentation de Marie (Le Titien-détail)

Tiziano Vecellio, dit Le Titien (vers 1488 – 1576) :
Présentation de la Vierge au Temple (détail)

       La fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple est un jour particulièrement cher à ceux qui se consacrent à Dieu, en particulier dans « l’Ecole Française » de spiritualité : dans le sillage de Saint François de Sales, du Cardinal de Bérulle, de Monsieur Olier, de Saint Jean Eudes, de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort et du Vénérable Père Libermann (pour ne citer que quelques un des plus grands noms) beaucoup de sociétés ecclésiastiques ou de congrégations placent en ce jours le renouvellement des voeux de religion ou des promesses cléricales.

   Toute la Tradition, en Orient comme en Occident, honore en effet en ce jour – plus qu’un événement extérieur qui pourrait paraître seulement anecdotique – le don plénier que la Vierge très pure fit d’Elle-même, en entrant dans cet espèce de « pensionnat » dans lequel des « jeunes filles de bonnes familles », particulièrement choisies, étaient admises pour – en sus de l’éducation soignée qui leur y était dispensée – œuvrer à l’ornementation du Temple, travailler à la confection et à l’entretien des ornements sacrés, participer plus assidûment aux cérémonies du culte divin.

   Les Saints et les mystiques de tous les temps, depuis les premiers siècles, ont développé de magnifiques considérations sur les dispositions intérieures de Notre-Dame en cette circonstance.

   Cette fête d’une richesse spirituelle extraordinaire a aussi été illustrée par de nombreux artistes qui ont tenté de traduire dans leurs oeuvres la résolution ferme, la détermination courageuse et la maturité d’âme de cette toute petite fille qui est la véritable Arche d’Alliance.

   Je veux retranscrire pour vous ci-dessous la traduction de l’hymne particulier qu’on trouve au propre de l’archidiocèse de Paris et dont Frère Maximilien-Marie a fait la base de sa méditation ce matin.

   Nous restons bien évidemment unis par la ferveur et la joie spirituelle en cette belle fête, présentant au cœur très pur de Marie toutes les intentions que nous portons en nos propres cœurs, si souvent chargés de soucis et d’inquiétudes diverses…

Lully.                                       

Nota bene :
vous trouverez aussi dans ce blogue d’autres textes concernant cette fête :

1) une méditation (in « Intimité divine ») pour s’unir à l’offrande de Notre-Dame > ici.
2) la méditation de Jean-Jacques Olier pour la fête de la Présentation de la Vierge > ici.
3) un extrait des « Gloires de Marie » de Saint Alphonse de Liguori, dédié à ce mystère > ici.
4) un extrait d’un sermon de Saint François de Sales > ici.

Monogramme Marie 2

   Comme elle est belle, la fille du Roi
S’avançant vers le seuil du Temple qu’elle a hâte d’atteindre !
Elle prélude ainsi à l’offrande qu’elle fera bientôt
D’une victime plus parfaite.

   Des bras de sa mère, enfant,
D’un pas sûr elle vole vers le Cœur de Dieu.
Vierge qui sera l’autel de Dieu,
Elle s’offre aux autels comme victime.

   Elle consacre son jeune corps à Dieu qu’elle choisit comme Epoux,
Elle lui dédie l’intime de son cœur de vierge ;
Elle qui est réservée au Verbe, comme mère,
Elle consacre au Verbe ses entrailles.

   Pendant que vous vous vouez à Dieu, Vous et tout ce que Vous avez,
O Vierge qui tenez pour rien les biens de la terre,
Avec quels intérêts Dieu qui est l’hôte de votre cœur
Vous rémunère-t-il !

   Pourquoi de mauvais plaisirs nous enchaînent-ils ?
Pourquoi n’avons nous pas encore l’énergie pour briser nos liens ?
La Vierge Prêtre nous montre le chemin :
Elle se hâte vers Dieu, suivons-la !

   Maintenant donc votre race choisie se consacre à Vous,
Vous demeurez donc notre part d’héritage,
O Dieu, qui, né de la Vierge,
Souvent par nous renaissez.

   Gloire suprême soit au Père,
Gloire suprême soit au Fils,
Gloire égale à Vous, ô Saint-Esprit !
Si de votre amour vous enflammez nos cœurs,
D’un cœur pur nous offrirons le Saint Sacrifice !

Ainsi soit-il !

Collin de Vermont cathédrale St-Louis Versailles, Présentation de la Vierge

Hyacinthe Collin de Vermont (1693- 1761) :
Présentation de la Vierge au Temple
[cathédrale Saint-Louis, Versailles]

2007-35. « Personne n’en est jamais revenu pour nous en attester l’existence… »

Mardi 20 novembre 2007.

Frère Maximilien-Marie m’a raconté comment, dernièrement encore, il a dû « remettre les pendules à l’heure » auprès d’une personne – se prétendant chrétienne – qui se moquait de la croyance en l’enfer : elle affirmait que c’était complètement « ringard », qu’au XXIème siècle on ne pouvait pas reprendre tels quels les mythes du Moyen-Age qui procédaient d’une pédagogie dépassée, basée sur la crainte, qu’enfin nous étions affranchis de ces fariboles par la connaissance du Dieu-Amour, qu’il était grand temps de dépasser une conception de Dieu vétéro-testamentaire, et que d’ailleurs personne n’était jamais revenu de l’enfer pour nous en prouver l’existence… etc.

Je lui ai donc demandé ce qu’il fallait répondre à cela. Il m’a alors dit qu’un prêtre qu’il avait connu se contentait de répondre par l’histoire suivante :

Poissons

« Il y avait une fois deux jeunes poissons qui se promenaient ensemble.
Soudain, l’un d’eux s’écria : « Hé, dis donc, regarde un peu ce joli petit ver tout dodu… Nous allons nous faire un petit goûter bien sympa! »

- Non, non! répondit son compagnon. Ce joli petit ver appétissant est accroché à un hameçon ; l’hameçon est attaché à un fil invisible ; le fil invisible est retenu par une canne à pêche ; et au bout de la canne à pêche il y a un homme ! Si tu avales le petit ver, tu seras pris à l’hameçon et l’homme, tirant la canne à pêche, te sortira de l’eau et tu finiras dans une poêle à frire…

- Ha ha ha ! ricana le premier. Cette histoire de la poêle à frire, ma grand’mère me la racontait déjà quand j’étais petit pour me faire peur et m’empêcher ainsi de faire des bétises ! Mais ta poêle à frire n’est qu’une sorte de mythe moralisateur pour nous apprendre à rester dans le bon chemin, rien de plus… D’ailleurs aucun des poissons qui se sont affranchis de cette vieille histoire n’est jamais revenu pour nous en attester l’existence de ta fameuse poêle à frire ! Tu peux bien en rester à ces racontars de grand’mère, mais en ce cas tu ne seras jamais vraiment un poisson adulte, tu resteras dans un esprit de crainte puérile n’osant pas faire les expériences qui te permettent de juger par toi même…

Il alla donc croquer le petit ver dodu, fut tiré hors de l’eau, et finit lui aussi dans cette poêle à frire, dont il ne revint pas plus que les autres pour en attester l’existence à ses frères poissons. »

* * * * * * *

Dieu est amour, nous n’en doutons pas un seul instant.
C’est bien justement parce qu’Il nous aime qu’Il veut nous arracher au pouvoir de Satan et au péril de la damnation. Mais l’amour ne s’impose pas : Dieu nous a créés libres et, ce faisant, Il respecte notre liberté jusqu’à nous laisser le choix de refuser son amour en toute responsabilité et conscience.

Dieu ne ment pas : Il ne peut ni se tromper ni nous tromper.
Or la Révélation, contenue dans les Saintes Ecritures inspirées, nous enseigne de manière catégorique la réalité de l’enfer. Et si le Fils de Dieu S’est incarné, dans le but de souffrir la Passion ; s’Il est mort sur la Croix dans des tourments inouïs, c’est justement pour nous racheter par Son Sang précieux…
Etait-il besoin de toute cette souffrance et de ce sacrifice, sans cesse réactualisé et offert sur l’autel de la Sainte Messe, si tous les hommes étaient automatiquement sauvés ?

Les Saints Evangiles parlent en de nombreux endroits du « feu éternel préparé pour le démon et ses anges », de la « géhenne de feu », des « ténèbres extérieures, là où sont les cris et les grincements de dents » …etc.
Le Christ, en nous avertissant ainsi, ne nous prend pas pour des enfants, des éternels mineurs, des personnes incapables de choisir : bien au contraire, Il travaille à former notre jugement et à nous donner les éléments pour décider en toute liberté et responsabilité.

En ces dernières semaines de l’année liturgique, les textes que la Sainte Eglise soumet à notre méditation sont axés sur les fins dernières, non pour nous maintenir dans une crainte servile et paralysante, mais pour nous encourager à être pleinement adultes dans nos choix de vie, nos orientations, nos décisions quotidiennes, au regard de l’éternité…

Et Jésus lui-même a répondu à l’argument de ceux qui prétendent que personne n’est jamais revenu de l’enfer : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent… S’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourrait bien revenir de chez les morts qu’ils ne le croiraient point » (Luc XVI, 29-31).

Lully.

Prière de Sainte Madeleine-Sophie au Sacré-Cœur de Jésus.

Sacré-Coeur église de Loigny-la-Bataille

(Statue du Sacré-Cœur dans l’église de Loigny-la-Bataille – Photo frère  Maximilien-Marie : reproduction autorisée à condition de mentionner la source)

Cœur Sacré de Jésus,

je cours et je viens à Vous,

parce que Vous êtes mon unique refuge,

ma seule mais certaine espérance :

Vous êtes le remède à tous mes maux,

le soulagement de toutes mes misères,

la réparation de toutes mes fautes,

le supplément à tout ce qui me manque,

la certitude de toutes mes demandes,

la source infaillible et intarissable pour moi de lumière,

de force, de constance, de paix et de bénédiction.

Je suis sûr que Vous ne Vous lasserez pas de moi

et que Vous ne cesserez de m’aimer, de m’aider et de me protéger,

parce que Vous m’aimez d’un amour infini.

Ayez donc pitié de moi, Seigneur, selon Votre grande miséricorde

et faites de moi, en moi et pour moi

tout ce que Vous voudrez,

car je m’abandonne à Vous avec la pleine et entière confiance

que Vous ne m’abandonnerez jamais!

Ainsi soit-il.

Sacré Coeur de Jésus.jpg

Publié dans:Prier avec nous |on 17 novembre, 2007 |10 Commentaires »

2007-33. Lorsque la charité du monde alangui ira se refroidissant…

16 novembre,
Fête de Sainte Gertrude d’Helfta, dite la Grande.

           C’est aujourd’hui la fête de Sainte Gertrude d’Helfta.
Bien que le prénom Gertrude ne soit pas très courant en France, Frère Maximilien-Marie m’a expliqué que c’est une très grande sainte ; d’ailleurs on l’appelle Sainte Gertrude la Grande !
Comme je lui demandai pour quelle raison elle était ainsi surnommée, il m’a expliqué que c’était pour la distinguer de plusieurs autres saintes (au moins cinq) qui ont porté le même prénom – dont une qui fut sa contemporaine et vécut dans le même monastère qu’elle – et aussi parce que les révélations dont elle fut gratifiée par Notre-Seigneur Jésus-Christ la mettent à une place éminente dans l’histoire de la sainteté et de la spiritualité.

   Ces quelques mots me donnèrent envie d’en savoir davantage, et je priais donc Frère Maximilien-Marie de me raconter la vie de cette Sainte Gertrude :

   Oh, me répondit-il, on ne sait finalement pas beaucoup de choses sur sa vie elle-même. Née probablement en 1256, dans une famille noble, elle fut confiée dès l’âge de cinq ans aux moniales de l’abbaye cistercienne d’Helfta – près d’Eisleben, en Saxe – qui était alors dirigée par l’abbesse Sainte Gertrude de Hackeborn (une puissante famille apparentée aux Hohenstaufen). La sœur de Sainte Gertrude de Hackeborn est aussi une sainte : Sainte Mechtilde [ou Mathilde], qui sera la maîtresse des novices et l’amie de Sainte Gertrude d’Helfta… Tu ne t’embrouilles pas trop dans toutes ces Gertrude, mon petit Lully ?

   Il est vrai que ce n’était pas très facile à suivre toutes ces généalogies de saintes moniales, d’autant plus que – je l’avoue – mon attention avait été un peu distraite par un petit mouvement de fierté en pensant que, moi, j’étais entré au couvent encore plus jeune que Sainte Gertrude : je n’avais qu’un mois et demi !…
Bref, j’ai demandé à Frère Maximilien-Marie de continuer la suite de l’histoire.

Ste Gertrude

   Donc, la petite Gertrude – qui deviendra la Grande Sainte Gertrude – a passé toute sa vie, depuis l’âge de cinq ans, dans ce monastère dont elle n’est jamais sortie, jusqu’à sa mort qui survint le 17 novembre de l’année 1302: elle avait donc environ 46 ans.
Sa vie avait été tout ordonnée à l’étude et à la contemplation. Elle acquit une science tout à fait hors du commun et fut favorisée de visions qu’elle consigna par écrit en cinq volumes. On peut dire à juste titre qu’elle fut l’une des plus grandes mystiques du XIIIème siècle…
Les biographes ne peuvent guère dire davantage. Le plus important est ce qu’elle a rapporté dans ses ouvrages, dans lesquels la dévotion au Cœur de Jésus – telle que Notre-Seigneur viendra en demander l’établissement officiel dans l’Eglise quatre siècles plus tard – se trouve en quelque sorte annoncée et préparée. Ecoute bien

   Sainte Gertrude, le jour de la fête de Saint Jean l’Evangéliste (27 décembre), reçut dans sa prière la visite de ce « disciple que Jésus aimait », et il l’entraîna dans une expérience mystique peu commune : il lui fit partager ce qu’il avait vécu et éprouvé le soir de la Sainte Cène quand il reposa sur la poitrine de Notre-Seigneur.
Gertrude rapporte elle-même qu’il lui fut donné de goûter d’ineffables délices en percevant les pulsations du Sacré-Cœur. Elle demanda à Saint Jean s’il avait ressenti cela au soir du Jeudi Saint, et l’Apôtre lui répondit que oui.
Alors elle se permit de lui faire une sorte de reproche 
:
« Pourquoi donc avez-vous gardé un tel silence sur ce mystère, et n’en avez-vous pas écrit un seul mot pour notre profit spirituel ? »
Et Saint Jean de répondre : « Ma mission fut d’écrire, pour l’Eglise naissante, au sujet du Verbe incréé de Dieu le Père, une seule parole: une parole qui suffirait jusqu’à la fin du monde pour nourrir l’intelligence humaine, bien qu’elle ne puisse jamais être parfaitement entendu de quiconque… Mais de dire la suavité de ces battements a été mis en réserve pour les derniers temps, afin que lorsque la charité du monde alangui ira se refroidissant, il éprouve un renouveau de ferveur à la révélation de semblables merveilles… »

Ste Gertrude d'Helfta - vision de Saint Jean - église Assomption Bonnay  diocèse d'Autun

Sainte Gertrude : vision de Saint Jean l’Evangéliste
(détail d’un vitrail de l’église N.D. de l’Assomption, à Bonnay – diocèse d’Autun, Châlons et Mâcon)

   Moi, je sais bien ce que c’est que d’être tenu tout contre le cœur plein d’amour de quelqu’un qu’on aime passionnément parce que je demande souvent à Frère Maximilien-Marie de me prendre dans ses bras où j’aime à me blottir en ronronnant voluptueusement… Alors je n’ai pas de difficulté à imaginer ce que ce doit être auprès du Cœur de Jésus qui est la source de tout amour, un amour brûlant et infini, dont les litanies nous disent qu’il est comparable à une fournaise ardente !

   Mais Frère Maximilien-Marie a continué son récit :

   Ainsi donc, à la fin du XIIIème siècle, Sainte Gertrude a reçu l’annonce que la révélation du Cœur de Jésus était réservée pour les derniers temps comme un remède au refroidissement de la charité dans le monde.
C’est ce qui s’est passé, en effet : au XVIIème siècle, Sainte Marguerite-Marie (cf. > ici), au Monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, a reçu de Jésus la mission de transmettre au Roy de France et à toute l’Eglise Ses demandes concernant l’établissement du culte de Son Sacré-Cœur. Il disait que par cette dévotion il tentait « un dernier effort » pour retirer les hommes du chemin de la perdition. S’il est intervenu à la fin du XVIIème siècle, ainsi qu’il l’avait fait savoir à sainte Gertrude, c’est bien parce que nous sommes entrés dans une phase déterminante de l’histoire du monde et de l’Eglise, une période particulièrement importante « en ces temps qui sont les derniers »(Heb. I,2), qui sont tellement perturbés par un assaut plus intense des forces d’opposition à l’œuvre divine.
Vois-tu, l’esprit qui tend à dominer le monde depuis la fin du Moyen-Age – cet esprit qui a paru triompher dans les périodes troubles et violentes, marquées par de nouvelles persécutions comme on n’imaginait plus qu’il puisse y en avoir depuis la conversion de l’Empire romain – est fondamentalement destructeur pour les valeurs spirituelles. Seul l’amour véritable, puisé à la Fontaine de grâce et de charité qu’est le Cœur de notre divin Sauveur, permet de résister et de s’opposer aux flots corrupteurs et destructeurs par lesquels l’enfer déchaîné voudrait engloutir l’humanité.
Aujourd’hui, donc, nous demanderons à Sainte Gertrude d’Helfta de nous aider à être attentifs aux suaves pulsations du Sacré-Cœur de Jésus, de nous apprendre à recevoir de Lui une plus grande charité, et d’être ainsi de bons et fidèles chevaliers au service du Règne de Dieu dans les cœurs !

2007-33. Lorsque la charité du monde alangui ira se refroidissant... dans Chronique de Lully patteschatsLully.                        

Voir aussi la B.D. et la prière tirée des œuvres de Sainte Gertrude publiés > ici 

sacrec15 16 novembre dans De liturgia

N.B. : Il ne faut pas confondre Sainte Gertrude d’Helfta – appelée aussi « la Grande » – avec une autre sainte qui porte le même prénom
et qui est la céleste protectrice des chats : Sainte Gertrude de Nivelles - voir > ici
.

2007-32. Explication et origine de l’image de « Marie qui défait les noeuds ».

Mardi 13 novembre 2007.

Hier soir, comme vous avez pu le lire dans le précédent message, nous avons  donc commencé une neuvaine – c’est-à-dire neuf jours consécutifs où l’on récite une prière particulière – au cours de laquelle nous allons supplier particulièrement la Très Sainte Vierge sous le vocable de « Marie qui défait les noeuds »

Lorsque Frère Maximilien-Marie a déposé cette annonce sur mon blogue, j’ai été surpris par ce nom donné à Notre-Dame, et je lui ai donc demandé des explications sur cette appellation pas très ordinaire.

Il m’a alors expliqué que ce vocable tirait son origine d’un tableau intitulé « Maria Knotenlöserin« , peint par un inconnu (qui avait sans doute plus de piété que de talent), vénéré dans l’église de Sankt-Peter am Perlack, à Augsbourg, depuis l’année 1700.

Pour la réalisation de ce tableau, l’artiste s’est vraisemblablement inspiré d’un texte de Saint Irénée, évêque de Lyon et martyr en 208, qui déclare: « Par sa désobéissance, Eve a noué pour l’humanité un noeud de malheur que, par son obéissance au contraire, Marie a dénoué.« 

Maria Knotenlöserin

Sur cette toile, en effet, la Vierge Marie est représentée avec les symboles de la vision de Saint Jean au chapitre XII de l’Apocalypse (revêtue de soleil, la lune sous les pieds et une couronne de douze étoiles nimbant son visage), auxquels sont ajoutés d’une part la figuration du serpent de la Genèse – qu’elle écrase sous son pied (ce qui montre bien que Marie est en quelque sorte l’antidote d’Eve) -, et d’autre part la colombe du Saint-Esprit qui montre que Notre-Dame est son épouse, celle qu’il a comblée de la plénitude de ses grâces, celle qu’il a rendue féconde pour faire d’elle la Mère du Rédempteur. Jusqu’ici, en définitive, rien que de très habituel dans l’iconographie mariale, avec les incontournables angelots joufflus qui jouent à cache-cache dans les nuages!

Là où le peintre devient véritablement original, c’est lorsqu’il nous montre la Très Sainte Vierge absorbée dans un minutieux et patient travail: elle dénoue avec application les noeuds complexes d’un ruban qui lui est présenté sur sa gauche par un ange, tandis qu’un second ange reçoit – à droite de la Madonne – ce ruban parfaitement lisse, libéré de tout noeud… Ce ruban symbolise les situations, plus ou moins inextricables, dont nos vies sont encombrées – voire empoisonnées – et ce sont les mains très douces et maternelles de Notre-Dame qui travaillent à y remettre ordre et clarté.

Dans le bas du tableau, sombre, sont figurés un jeune homme et un ange qui le tient par la main et l’entraîne vers une église. Certains y voient la réprésentation du jeune Tobie et de son guide, l’archange Raphaël, car le livre de Tobie nous raconte en effet comment la divine Providence est intervenue dans cette famille pour dénouer des situations qui paraissaient absolument insolubles. Cette évocation de cette histoire biblique est justement bien propre à nous stimuler à la confiance et à la prière persévérante, afin d’obtenir l’heureux dénouement des problèmes et des difficultés qui nous affligent.

Moi, le petit chat, j’ai très bien compris le symbolisme de ce tableau, parce qu’il m’est déjà arrivé de jouer avec une pelote de ficelle et parce que j’ai ensuite vu Frère Maximilien-Marie – pas très content du résultat – qui passait du temps à tout déméler… Je sais bien aussi qu’il n’est pas du tout confortable d’être entravé par un lien noué: alors de tout mon coeur, je demande au Bon Dieu, par l’intercession de Marie qui défait les noeuds d’intervenir maternellement dans les paquets d’intentions embrouillées que nous remettons entre ses mains patientes et efficaces.

Bonne neuvaine à tous… Pour moi, je file dans les champs pour voir s’il reste quelque mulot qui serait volontaire pour me servir d’apéritif.

Lully.

Publié dans:Chronique de Lully, De Maria numquam satis |on 13 novembre, 2007 |2 Commentaires »
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