Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2023-112. De Sainte Richarde d’Andlau, impératrice d’Occident, reine des Francs et vierge.

18 septembre,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête de Saint Thomas de Villeneuve, archevêque et confesseur ;
Fête de Saint Joseph de Cupertino, confesseur (cf. > ici) ;

Fête de Sainte Richarde d’Andlau, impératrice et reine, vierge et abbesse ;
Anniversaire de la bataille de Castelfidardo (cf. > ici).

Sainte Richarde - vitrail de l'église Saint-Barthélemy à Muhlbach-sur-Munster

Vitrail de l’église Saint-Barthélémy à Muhlbach-sur-Munster (archidiocèse de Strasbourg) 

       Sainte Richarde (en latin : Richgardis ou Richardis) est issue d’une très importante maison de la noblesse carolingienne, toutefois tous les auteurs ne s’accordent pas.
Selon les « Annales Alamannicorum » elle appartiendrait à celle des Alaholfinger, et son père serait Berthold 1er (alias Erchanger II) comte palatin d’Alsace ; pour d’autres elle appartiendrait à la descendance d’Etichon d’Alsace (père de Sainte Odile) en étant fille d’Erchanger le Jeune (+ 864), comte de Nordgau ; pour d’autres enfin, elle descendrait, par sa mère des comtes d’Andlau.

   Elle est née aux alentours de l’an 840. Le bourg de Kintzheim revendique d’être le lieu de sa naissance.
Belle, vertueuse et spirituelle, Richarde grandit dans le Nordgau (partie septentrionale du duché d’Alsace) : cette contrée sera rattachée au duché de Souabe en 925, et c’est la raison pour laquelle Richarde passera à la postérité sous le nom de Richarde de Souabe.

   En 862, elle épouse un jeune prince carolingien, Charles III, (839-888), arrière petit-fils de Saint Charlemagne, fils de Louis II dit le Germanique, dit Charles le Gros, qui sera le dernier carolingien à porter le titre d’empereur (« Empereur Auguste des Romains »), et qui sera aussi le dernier des descendants de Charlemagne à réunir sur sa tête les couronnes de Roi d’Alémanie (865-882), Roi d’Italie (879-887), Roi de Francie Orientale (882-887) et Roi de Francie Occidentale – c’est-à-dire ce qui deviendra la France – (885-887). Il ne faut pas le confondre avec son petit cousin, Charles III, dit le Simple, qui règnera sur la France un peu après lui.

   Charles III le Gros fut couronné Empereur d’Occident, à Rome, par le pape Jean VIII le 12 février 881, et son épouse Richarde est couronnée en même temps que lui.

Généalogie simplifiée des Carolingiens

   C’est une période extrêmement troublée, sous fond d’invasions normandes (les Vikings ne se contentant plus de pillages côtiers mais remontant les fleuves, semant dévastation et terreur à l’intérieur des terres), de raids sarrasins dans le sud et d’incursions hongroises à l’est. L’empire carolingien est en pleine décomposition interne et ne sait comment faire face aux menaces extérieures. La suspicion est partout, d’autant que l’empereur, faible, est sujet à des accès de folie…

   Richarde, à laquelle Charles doit en grande partie ses premiers succès politiques et son ascension, tente de prendre en mains l’administration de l’Empire, au grand dam d’un certain nombre de courtisans. Manipulé par quelques conseillers jaloux, Charles accuse sa femme d’adultère avec son principal ministre et archichancelier, Liutward, évêque de Verceil, et la répudie en arguant du fait que leur mariage n’a jamais été consommé.

   « La calomnie essaya de noircir la vertu de Sainte Richarde ; mais elle ne réussit  qu’à la faire briller davantage. On l’accusa de trahir la fidélité conjugale. L’empereur, trop crédule, la força de se justifier devant tous les grands de l’empire rassemblés. La sainte impératrice parut avec intrépidité devant ce tribunal, disant dans son cœur : « Seigneur, je suis innocente, ne me livrez pas à ceux qui me calomnient ». Elle offrit de prouver son innocence par le jugement de Dieu. Un grand feu fut allumé tout autour d’elle ; Sainte Richarde se tint immobile au milieu des flammes, puis en sortit sans recevoir la moindre lésion…» -Mgr. Paul Guérin, in « Les Petits Bollandistes » 18 septembre).
La chemise enduite de cire que portait Sainte Richarde lors de cette ordalie était conservée dans l’abbatiale d’Etival, au diocèse de Saint-Dié : si l’ancien reliquaire a été pillé lors de la grande révolution, la précieuse relique a été sauvée et se trouve toujours offerte à la vénération des fidèles dans cette église abbatiale, devenue paroissiale.

Thierry Bouts l'ancien, ordalie de Sainte Richarde

Thierry Bouts l’Ancien : ordalie de Sainte Richarde

Statue et châsse de Sainte Richarde dans l'église d'Etival

Statue et châsse de la tunique de Sainte Richarde dans l’église d’Etival (diocèse de Saint-Dié)

   Après la destitution de Charles III (en 887), dont les accès de folie ne permettent plus qu’il exerce le moindre pouvoir, Richarde sera réhabilitée et sa virginité sera dûment constatée, ce qui fera définitivement taire toute calomnie.

   Après l’épreuve de l’ordalie, Sainte Richarde, qui avait déjà été une bienfaitrice des monastères et abbayes de l’empire, choisit de se retirer dans l’abbaye d’Andlau, qu’elle avait fondée quelques années auparavant : c’était à l’origine une abbaye bénédictine, mais qui devint plus tard abbaye de chanoinesses régulières de Saint Augustin, une place tout-à-fait particulière dans la société dans tous les siècles suivants, et jusqu’à la grande révolution qui la réduisit à néant.
En effet, c’était une abbaye noble, qui n’accueillait donc que des filles ou des veuves de la plus haute noblesse, qui était dite « fondation du Saint Empire », et dont l’abbesse devenait « princesse d’Empire » et avait le droit de vote aux diètes du Saint Empire Romain Germanique.
Lors du rattachement de l’Alsace à la France (traité de Westphalie), les chanoinesses conservèrent le privilège d’élire leur abbesse librement (et non une candidate désignée par le Roi de France) et la plupart de leurs privilèges particuliers : jusqu’à la révolution, l’abbesse d’Andlau demeurera donc « princesse du Saint Empire » nonobstant le fait que l’abbaye n’était plus dans les frontières du Saint Empire.

   Une belle légende (mais nous savons tous qu’une légende ne signifie pas que ce qu’elle rapporte soit faux, fictif ou le fruit de pieuses affabulations) nous rapporte que la fondation de l’abbaye d’Andlau fut consécutive à l’apparition d’un ange qui enjoignit à Richarde de fonder un monastère au lieu qui lui serait indiqué par un ours.
Se promenant dans la forêt d’Andlau, Richarde rencontra une ourse pleurant son ourson mort. S’approchant, Richarde prit l’ourson dans ses bras, et il revint à la vie : dès lors l’ourse et son petit restèrent attachés à Richarde, ce pourquoi, pendant des siècles, les chanoinesses d’Andlau gardèrent un ours vivant à l’abbaye et offrirent l’hospitalité aux montreurs d’ours qui allaient de ville en ville, de château en château.
Cette ourse désigna à Richarde le lieu où elle devait fonder l’abbaye, conformément à la prédiction de l’ange, en creusant le sol dans le Val d’Eléon, proche de la rivière qui est appelée Andlau et qui donnera son nom à la petite ville qui se développera autour de l’abbaye.
Ceci explique pourquoi Sainte Richarde est représentée accompagnée par une ourse.

Abbatiale d'Andlau - statue de Sainte Richarde

Statue de Sainte Richarde dans l’abbatiale d’Andlau

   Richarde finit ses jours à l’abbaye d’Andlau, dans la prière et les bonnes œuvres : elle rendit sa belle âme à Dieu un 18 septembre, entre 894 et 896.
En 1049, le pape Saint Léon IX, né Bruno von Egisheim-Dagsburg, canonisa Sainte Richarde, sous le nom de Sainte Richarde d’Andlau, lorsqu’il vint en personne à Andlau pour y consacrer l’église abbatiale qui venait d’être reconstruite par l’abbesse Brigitte de Bavière, sœur de l’empereur Henri II dit le Saint.

   Sainte Richarde, avec Sainte Clotilde, Sainte Radegonde (cf. > ici) et Sainte Bathilde (cf. > ici), Sainte Hildegarde de Vintzgau (cf. > ici) et Sainte Jeanne de France (cf. > ici) est donc une sixième Reine de France a avoir été élevée sur les autels, et vers laquelle nous pouvons faire monter de ferventes prières pour notre cher Royaume des Lys.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Eglise abbatiale d'Andlau - châsse du chef de Sainte Richarde

Eglise abbatiale d’Andlau : autel de Sainte Richarde et châsse contenant son chef

2023-110. Récapitulatif des textes et des prières en l’honneur des Douleurs et de la Compassion de la Très Sainte Mère de Dieu.

       Voici le « catalogue » de textes publiés sur ce blogue concernant la dévotion à la Mère des Douleurs, Notre-Dame de Compassion : on y trouvera de véritables trésors pour nourrir et faire croître sa vie spirituelle, et pour alimenter les exercices de piété à l’occasion des deux fêtes liturgiques par lesquelles la tradition catholique honore les douleurs de la Très Sainte Mère de Dieu.

Canivet de Notre-Dame des Sept-Douleurs

A – Prières en l’honneur de la Vierge des Douleurs et de Compassion :

- « Ave Maria » à la Vierge de Compassion > ici
– Le chapelet des Sept Douleurs de Notre-Dame > ici
– Confiante supplication à Notre-Dame de Compassion > ici
– Prières de Saint Alphonse de Liguori pour honorer les Sept Douleurs de Notre-Dame > ici
– Litanies de Noter-Dame des Douleurs (du pape Pie VII) > ici
– Prière à la Vierge de Compassion en faveur des âmes du Purgatoire > ici
– Neuvaine à Notre-Dame des Douleurs > ici
– Chemin de Croix avec la Mère des Douleurs > ici
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B – Stabat Mater :

- De Jean-Baptiste Pergolèse > ici et aussi > ici
– De Zoltan Kodaly > ici
– De Marc-Antoine Charpentier > ici
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C – Textes spirituels pour approfondir la Compassion de la Mère de Dieu :

- Marie au Calvaire (Vénérable Jean-Jacques Olier de Verneuil) > ici, > ici, et > ici
– Homélie du pape Benoît XVI sur la Compassion de Marie (Lourdes – 2008) > ici
– « Mater Dolorosa » (Rd.P. Augustin-Marie Lépicier) > ici
– Extrait de « L’Imitation de la Sainte Vierge » : l’amour de la Croix > ici
– Extrait d’un sermon de Saint François de Sales sur la Compassion de Marie > ici
– Extrait d’un ouvrage de l’abbé Henry Baudrand sur la dévotion aux Douleurs de Notre-Dame > ici
– Méditation de Sainte Marie-Eugénie de Jésus > ici

D – Pèlerinages en l’honneur de la Vierge des Douleurs :

- Pèlerinage à Notre-Dame de l’Etoile à Montusclat > ici
– Pèlerinage à l’ermitage de la Vierge de Pitié, à Ucel > ici
– Notre-Dame des Ardilliers à Saumur > à paraître
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E – Histoire du culte de Notre-Dame des Douleurs :

- Les sept saints fondateurs des Servites et le scapulaire de Notre-Dame des Douleurs > ici
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F – Au Refuge Notre-Dame de Compassion :

- La grande statue de Notre-Dame de Compassion au Mesnil-Marie > ici
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Litanies de Notre Dame des Sept Douleurs :

       Il existe plusieurs formulaires de litanies en l’honneur de la Vierge des Douleurs, celles qui se trouvent ci-après auraient été composées par le pape Pie VII (+ 20 août 1823).
Dans les anciens recueils d’indulgences antérieurs au concile vaticandeux, les concessions suivantes avaient été accordées à leur récitation : 1) indulgence de deux ans toutes les fois qu’on les récite ; 2) indulgence plénière pour chaque vendredi, si l’on y joint le Credo, le Salve Regina et trois Ave Maria en l’honneur du sacré et douloureux Cœur de la Bienheureuse Vierge Marie.

Vierge des Douleurs Philippe de Champaigne - Louvre

Vierge de Douleur au pied de la Croix
par Philippe de Champaigne (vers 1655-1660)
Tableau réalisé pour l’église Sainte-Opportune de Paris, aujourd’hui au musée du Louvre

* * * * * * *

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Père éternel, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous,
Sainte Vierge des Vierges, priez pour nous,

Ô Mère crucifiée, priez pour nous.
Ô Mère de Douleurs, priez pour nous.
Ô Mère éplorée, priez pour nous.
Ô Mère affligée, priez pour nous.
Ô Mère délaissée, priez pour nous.
Ô Mère désolée, priez pour nous.
Ô Mère privée de votre Fils, priez pour nous.
Ô Mère transpercée d’un glaive au pied de la Croix, priez pour nous.
Ô Mère dévorée par les angoisses, priez pour nous.
Ô Mère abîmée dans un océan d’amertume, priez pour nous.
Ô Mère ensevelie dans les chagrins, priez pour nous.
Ô Mère dont le cœur fut attaché à la Croix, priez pour nous.
Fontaine de larmes, priez pour nous.
Comble de souffrance, priez pour nous.
Miroir de patience, priez pour nous.
Sublime roc de constance, priez pour nous.
Ancre de confiance, priez pour nous.
Refuge des délaissés, priez pour nous.
Bouclier des opprimés, priez pour nous.
Victorieuse des incrédules, priez pour nous.
Consolation des malheureux, priez pour nous.
Guérison des malades, priez pour nous.
Force des faibles, priez pour nous.
Port du salut contre le naufrage, priez pour nous.
Calme aux tempêtes, priez pour nous.
Douce paix aux affligés, priez pour nous.
Terreur des malfaiteurs, priez pour nous.
Trésor des fidèles, priez pour nous.
Œil des prophètes, priez pour nous.
Bâton des apôtres, priez pour nous.
Couronne des martyrs, priez pour nous.
Lumière des confesseurs, priez pour nous.
Perle des vierges, priez pour nous.
Soutien des veuves, priez pour nous.
Joie de tous les saints, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui effacez le péché du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez le péché du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez le péché du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

Prions :

   Daignez, ô tendre Mère, abaisser sur nous vos regards compatissants : délivrez-nous et préservez-nous de tous les dangers qui nous entourent, par la vertu de Jésus-Christ.
Ainsi soit-il.

Gravez ma Souveraine, vos sacrées plaies dans mon cœur afin que je puisse y lire votre douleur, pour supporter par vous toute douleur ; et votre amour, pour mépriser pour vous tout autre amour.
Ainsi soit-il.

2023-109. Leçons du deuxième nocturne des matines de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix.

14 septembre,
Fête de l’Exaltation de la Sainte Croix.

Palma le Jeune - Héraclius rapportant la Croix au mont Calvaire

Jacopo di Antonio Negretti, dit Palma le jeune (vers 1550 – 1628) :
Héraclius rapportant la Sainte Croix sur le mont Calvaire
[sacristie de l'église de l'Assomption - Santa Maria Assunta -, à Venise]

nika

       Les leçons du deuxième nocturne des matines de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, au bréviaire romain traditionnel, rappellent les circonstances historiques qui sont à l’origine de cette fête :

Quatrième leçon. 

   Vers la fin du règne de Phocas, Chosroës, roi des Perses, après avoir envahi l’Egypte et l’Afrique et s’être emparé de Jérusalem, où il fit périr plusieurs milliers de chrétiens, emporta en Perse la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’Hélène avait déposée sur le mont Calvaire. Fatigué des vexations et des calamités innombrables de la guerre, Héraclius, successeur de Phocas, demanda la paix. Mais Chosroës, enorgueilli par ses victoires, ne voulut à aucun prix la lui accorder. Dans cette extrémité, Héraclius eut recours aux jeûnes et aux prières multipliées, implorant avec beaucoup de ferveur le secours de Dieu. Sur l’inspiration du ciel, il rassembla une armée et, ayant engagé le combat, il défit les trois généraux de Chosroës avec leurs trois armées.

Cinquième leçon. 

   Abattu par ces défaites, Chosroës prit la fuite ; et lorsqu’il se disposait à traverser le Tigre, il désigna son fils Médarsès, comme devant partager avec lui l’autorité royale. Son fils aîné ne supporta pas cet affront sans un cruel dépit, et en vint à méditer la perte commune de son père et de son frère : dessein qu’il exécuta bientôt au retour de ces deux fugitifs. Après quoi il sollicita d’Héraclius le droit de régner et l’obtint à certaines conditions, dont la première était la restitution de la Croix du Seigneur. C’est ainsi que la Croix fut recouvrée, quatorze ans après qu’elle était tombée en la possession des Perses. De retour à Jérusalem, Héraclius la prit sur ses épaules et la reporta, en grande pompe, sur la montagne où le Sauveur l’avait Lui-même portée.

Sixième leçon. 

   Cette action fut marquée par un éclatant miracle. Héraclius, tout chargé d’or et de pierreries, sentit une force invincible l’arrêter à la porte qui donnait accès au mont Calvaire ; plus il faisait d’efforts pour avancer, plus il semblait être fortement retenu. Comme l’empereur et avec lui tous les témoins de cette scène étaient stupéfaits, Zacharie, évêque de Jérusalem, lui dit : « Prenez garde, ô Empereur, qu’avec ces ornements de triomphe, vous n’imitiez point assez la pauvreté de Jésus-Christ et l’humilité avec laquelle il a porté sa Croix ». Héraclius se dépouillant alors de ses splendides vêtements, et détachant ses chaussures, jeta sur ses épaules un vulgaire manteau et se remit en route. Cela fait, il accomplit facilement le reste du trajet et replaça la Croix sur le mont Calvaire, à l’endroit même d’où les Perses l’avaient enlevée. La solennité de l’Exaltation de la sainte Croix, que l’on célébrait chaque année en ce même jour, prit alors une grande importance, en mémoire de ce qu’elle avait été remise, par Héraclius, au lieu même où on l’avait dressée la première fois pour le Sauveur.

Palma le Jeune - Héraclius rapportant la Croix au mont Calvaire - détail

Palma le jeune (vers 1550 – 1628) :
Héraclius rapportant la Sainte Croix sur le mont Calvaire (détail)

2023-108. « Te Deum » pour le seizième anniversaire du Blogue du Mesnil-Marie.

Dimanche soir 10 septembre 2023.

2007 – 10 septembre – 2023

Seizième anniversaire de la création de ce modeste blogue

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Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   Il est impossible d’achever cette journée sans faire monter vers le Ciel de très vives actions de grâces pour l’anniversaire de la « fondation » de ce blogue.
En référence à celui qui s’en trouve à l’origine, mon prédécesseur au Mesnil-Marie, feu Monseigneur le Maître-Chat Lully, il était tout naturel que j’optasse pour la publication, ci-dessus,  du très fameux (et à juste titre) Te Deum de Monsieur le Surintendant des musiques royales du Grand Roi, Jean-Baptiste de Lully.

   Pour ceux, plus ou moins nouveaux lecteurs ou abonnés de ce modeste blogue qui n’en connaîtraient pas l’histoire, je me permets de vous proposer quelques liens qui leur permettront, s’ils le désirent, d’en prendre connaissance.
Voici donc :

1) Le premier prologue du Maître-Chat, avec lequel commença cette aventure > ici ;
2) Le prologue qui l’a remplacé après le trépas du Maître-Chat Lully > ici ;
3) Le premier article, daté du 11 septembre 2007, dans lequel le Maître-Chat Lully, brossait un rapide historique > ici ;
4) Et un article de 2012, où le Maître-Chat revenait sur cette histoire > ici

   Ce dimanche 10 septembre 2023 au soir, le compteur du blogue totalise plus de 4.346.400 visiteurs, et 1.815 articles y ont été publiés avant celui-ci.

   Au tout petit groupe des  destinataires d’origine, composé d’amis que nous connaissions tous directement, se sont rajoutées des centaines d’autres, que nous n’avons jamais rencontrés – ou du moins pas encore -, mais avec lesquels se sont tissés des liens, amicaux et spirituels, authentiques. Certains mêmes, sont venus jusqu’en cette thébaïde pour faire connaissance avec mon papa-moine ou avec feu le Maître-Chat Lully.
Certes, ces publications nous valent bien sûr de solides inimitiés ou des critiques tenaces ; mais nous recevons aussi très fréquemment des témoignages bien plus intéressants de personnes qui, sans qu’elles se fassent forcément connaître, ou du moins pas tout de suite, grâce à la lecture de ces articles, sont venues à plus de ferveur religieuse ; ont davantage pris conscience de la crise de l’Eglise ; ont résolu de se mieux former pour s’ancrer davantage dans la sainte Tradition spirituelle, doctrinale et 
liturgique et résister au modernisme mortifère ; ont été gagnées à la Légitimité… etc.

   C’est pour tout cela que nous faisons monter vers Dieu, ce soir, de vibrantes actions de grâce, et que, Frère Maximilien-Marie et moi-même, nous renouvelons devant vous nos résolutions et engagements, avec joie et avec une détermination renforcée.

Que Dieu nous soit en aide et soit Lui-même notre force.
Ainsi soit-il !

Patte de chatTolbiac.

Pour s’inscrire aux publications et mises à jour du blogue > ici

Tolbiac 10 septembre 2023

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2023-107. 10 septembre 2023 : Son Altesse Félinissime le Prince Tolbiac a un an et demi.

10 septembre 2023,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête de Saint Nicolas de Tolentino, confesseur ;
15ème dimanche après la Pentecôte ;
Mémoire de Sainte Pulchérie, impératrice et vierge ;
Mémoire de Saint Aubert d’Avranches, évêque et confesseur ;
16ème anniversaire de la création de ce blogue par le Maître-Chat Lully (cf. > ici).

1 - 21 juin 2023

       « Selon un petit tableau de correspondance que mon papa-moine avait jadis rapporté de la clinique vétérinaire, il semblerait que ces dix-huit mois de vie que j’accomplis en ce jour correspondent à vint-et-un ans et demi de l’âge d’un homme : il y a déjà longtemps que je ne suis plus un chaton ; j’ai largement dépassé l’âge de la majorité ; et je fais bien comprendre à ceux qui m’approchent que je ne suis pas une espèce de peluche décorative…
Je suis un chat. Un jeune chat, certes, mais pleinement un chat ! 
Je suis Tolbiac, le jeune guerrier, dont le regard est aussi acéré que les griffes, dont la vivacité à bondir est impitoyable pour les sauterelles, lézards, souris, mulots, musaraignes, libellules, araignées, passereaux et chauves-souris…

   Mais je suis un Prince monastique.
De fait, je dois être de la race de ces moines-soldats qui virent le jour au temps glorieux des croisades : je suis impitoyable et sans état d’âme pour l’extermination des ennemis, ces nuisibles que Dieu mon Créateur et Maître, m’a donné vocation de combattre.
Désormais, les livres et les réserves de cierges, tout comme les provisions alimentaires de notre ermitage, sont en pleine sécurité.

   Notre Oratoire est un lieu que j’affectionne particulièrement : on y trouve une telle quiétude ! On y est si près du Bon Dieu !
Ne vous fiez pas aux apparences : si je semble dormir, je suis néanmoins toujours les sens en éveil, prêt à bondir sur l’impudent rongeur qui aurait eu la téméraire audace de s’introduire dans le lieu saint : « comme une flèche dans la main d’un archer vigoureux » (cf. Ps. CXXVI, 4) ainsi le chat, dévot et zélé, dans l’Oratoire du Mesnil-Marie ».

2 - 7 juillet 2023

   « Bon, je confesse néanmoins qu’il m’arrive de me livrer à quelques facéties, même dans la sacristie, où normalement le silence et le plus grand calme sont de rigueur, lorsque Frère Maximilien-Marie prépare des cérémonies : il ouvre alors les grands tiroirs où sont soigneusement rangées les chasubles, et j’y trouve alors de merveilleuses cachettes…
J’avais particulièrement aimé le tiroir des chasubles vertes : certaines avaient des nuances de couleur qui s’accordaient parfaitement à la couleur opalescente de mes yeux ! »

3 - 22 juillet 2023

   « L’une des preuves irréfragables que je suis bien un véritable chat, c’est mon enthousiasme pour les sacs ; surtout si j’arrive à me glisser à l’intérieur.
En ce qui concerne celui que l’on peut voir sur ce cliché ci-dessous, Frère Maximilien-Marie m’a beaucoup taquiné, à cause de l’inscription qu’il porte… ou plutôt qu’il portait.
Il est bien vrai qu’il a eu une double vie : la première, pour transporter les courses depuis le magasin jusque chez nos amis ; la seconde, pour transporter jusqu’en notre thébaïde diverses choses que nos amis ont offertes à notre Frère. Je lui en ai alors offert une troisième, qui a consisté à me divertir pendant un joyeux moment lors de son arrivée ici.
Mais j’avoue qu’après moins d’une demi heure de jeu, il a été absolument impossible de lui prévoir une quatrième vie… »

4 - 3 août 2023

   « Cela m’amène à vous parler de l’un de mes jeux favoris, celui de cligne-musette, ainsi qu’on l’appelait au Grand Siècle, et que, de nos jours, l’on nomme plus communément cache-cache.

   Le soir, après que je suis rentré de mes escapades et chasses diurnes, au moment où l’ombre descend doucement dans la maison, c’est devenu une vraie tradition que de jouer à cligne-musette pendant quelques minutes : je trouve toujours des recoins à ma mesure, dans lesquels mon moine de compagnie ne peut en aucune manière envisager de se glisser ; je m’y tapis furtivement ; puis, lorsque Frère Maximilien-Marie est passé devant moi, sans me voir, j’en bondis comme le Zébulon du « Manège enchanté » et lui attrape les mollets par derrière.
S’il se met à courir, pour aller se cacher à son tour, je cours derrière lui et le rattrape bien souvent avant qu’il ne soit parvenu à se cacher.
Je suis donc toujours gagnant au jeu de cligne-musette !

   Une variante du jeu consiste à m’installer sur l’une des chaises bien sagement rangée autour de la table, et d’y attendre patiemment que Frère Maximilien-Marie passe à proximité. Alors, vif comme l’éclair, par l’espace libre entre le dossier et l’assise, je fais jaillir ma patte pour attraper son scapulaire… et avoir le plaisir de l’entendre s’écrier : Oh, le coquinou !!! »

6 - 5 septembre 2023

   « J’ai gardé pour la fin de ma publication de ce jour cette photo qui a été prise par l’un de nos amis le 25 août, après la Sainte Messe de la fête de Saint Louis, parce que c’est un cliché que j’aime très spécialement : il témoigne de l’affection qui nous unit, mon papa-moine et moi, et je crois qu’elle n’a finalement pas besoin de commentaires.

   Je suis vraiment très heureux de ma condition de Prince monastique, et très fier d’avoir été choisi par la divine Providence pour être investi de la charge de guerrier défenseur des biens du Mesnil-Marie.

   En définitive, si j’ai quelque souhait à formuler à votre intention, c’est que votre âme soit entre les mains du Bon Dieu dans la même confiance et le même abandon que ceux dont je vous donne l’exemple entre les mains de mon moine de compagnie…

Que notre commun et divin Créateur, vous bénisse et vous garde !

pattes de chatTolbiac.  

5 - 25 août 2023

2023-105. Retranscription de l’allocution de Sa Majesté au Mont des Alouettes le 2 septembre 2023.

Samedi 9 septembre 2023,
En certains lieux : fête de Notre-Dame de Miséricorde de Pellevoisin (cf. > ici).

       En l’absence de publication écrite officielle du texte complet de l’allocution prononcée par Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, le samedi 2 septembre dernier à l’occasion du rassemblement organisé au Mont des Alouettes (cf. > ici), nous en publions ci-dessous une retranscription réalisée par l’une de nos amies – que nous remercions chaleureusement -, à partir de l’enregistrement et de la vidéo qui ont déjà été publiés sur plusieurs médias (voir le lien vers la vidéo en bas de cette page).
Nous ne pouvons garantir que le découpage du texte et sa ponctuation, tels que publiés ci-dessous, sont de manière absolue ceux qui se trouvent sur la feuille lue par Sa Majesté, mais du moins, la transcription est-elle rigoureusement fidèle à ce que notre Souverain légitime a dit.

Louis XX au Mont des Alouettes 2 septembre 2023

Très Révérend Père,
Chers abbés,
Monsieur le Vice-Président du Conseil Départemental,
Messieurs les Présidents des associations,
Chers amis,

   Quel plaisir et quelle émotion d’être aujourd’hui en Vendée !
Quelle émotion de constater votre présence en nombre et votre accueil si chaleureux et enthousiaste !
Quelle émotion d’être ici au Mont des Alouettes, parmi vous tous, accompagné de ma famille : quel symbole aussi d’être ainsi parmi vous !

   La Vendée occupe une place très forte dans l’histoire de France : elle est la région qui a défendu le plus ardemment la foi et le Roi à la fin du XVIIIe siècle, le payant au prix de milliers de victimes.
S’il y a eu, dès 1790, d’autres soulèvements, celui de la Vendée, à partir de mars 1793, demeurera pour toujours le plus important et le plus connu, et celui qui, par son ampleur, les résume tous.
Sur cette terre ont été défendus par tout un peuple, uni et soudé, les principes qui de tous temps ont fait la France, sa grandeur et sa gloire : la foi en Dieu et la fidélité au Roi, père naturel de toutes les familles.

   Saluons la Vendée, terre des valeurs défendues jusqu’au sacrifice !
Combien cela résonne encore de nos jours où notre société, trop souvent, semble manquer du nécessaire souci de se dépasser.
Notre pays a tant besoin du rappel des principes fondamentaux qui ont forgé la civilisation française.
Merci à toutes vos associations et groupements, réunis pour cette journée de fête, de contribuer à les rappeler.

   A l’occasion de la commémoration de la venue en 1823, en ces lieux, sur cette colline, de mon auguste parente la duchesse d’Angoulême, quelle belle et grande idée, d’avoir voulu célébrer ainsi en  quelque  sorte le jubilé de la Vendée.
Je m’y suis associé dès que le projet m’a été soumis.
Cela est pour moi l’occasion d’évoquer la mémoire d’un soulèvement, et plus encore, celle de ce que ce soulèvement représentait d’audace et de clairvoyance :
Audace, de prendre les armes quand rien ne vous y a préparé.
Clairvoyance vis-à-vis de la société nouvelle, dont les Vendéens ont rapidement compris qu’elle ne serait pas celle du bien commun mais celle des contraintes insupportables et inacceptables.

   Ainsi, en 1823, avec la Restauration et le retour de la famille royale, la Vendée pouvait véritablement renaître.
Il y a exactement 200 ans, le Roi Louis XVIII, mon aïeul, celui qui en 1795, dès l’annonce connue de la mort du Roi Louis XVII, avait assumé contre vents et marées la permanence de la Royauté française, demande à sa nièce, fille du Roi martyr, de venir en Vendée. Geste fort et hautement symbolique : Madame Royale, duchesse d’Angoulême, par sa personne, marque la continuité de la Dynastie en montrant son attachement à la chère province meurtrie.

   La princesse, ma grand’ tante, qui avait ressenti elle-même dans sa chair et son âme, toute l’horreur de la révolution, vient se recueillir sur le Mont des Alouettes, et pose la première pierre de la chapelle qui désormais la couronne. Il s’agissait à la fois de rendre hommage aux combattants de la grande épopée de l’Ouest, tout autant que de montrer les liens que la Famille Royale entendait tisser de manière solennelle avec la Vendée.
On peut imaginer aisément ce que cela représentait en 1823 : une génération après les événements, survivants et témoins étaient nombreux. Pas une famille n’avait été épargnée par la barbarie et le feu des bourreaux « bleus ». La présence royale montrait la hauteur du sacrifice consenti, du don absolu fait à Dieu et au Roi.

   Commémorer la venue de Madame Royale, et, encore plus, sa volonté de mettre à nouveau Dieu au cœur du pays meurtri avec l’érection de cette chapelle du souvenir, est donc un acte de mémoire essentiel pour notre pays.
Quand les morts peuvent reposer en paix et sont honorés, les vivants peuvent assumer leurs devoirs, et légitimement exercer leurs droits.
La Vendée l’a bien compris. Dès le sang séché, dès les derniers incendies éteints, dès les plaies pensées, elle s’est remise courageusement au travail, et a montré que si elle avait été la terre de grands exploits dans la guerre, elle pouvait l’être tout autant dans la paix.
La Vendée s’est relevée d’abord à travers ses paysans qui ont redonné vie à leur ferme ; puis avec les villes, où les artisans ont repris le travail. En quelques décennies, tout est reconstruit et la Vendée se trouve renouvelée, et continue à être l’une des régions les plus dynamiques de France. Elle est en tête en matière économique et en matière d’emplois ; en matière de tourisme, elle sait conjuguer la quantité pour son accueil et la qualité.
Je suis heureux de pouvoir le redire aujourd’hui en adressant mes félicitations à ceux qui contribuent à ces réussites.
Le sacrifice peut ainsi être rédempteur. L’épreuve peut être source de progrès, quand il s’agit de ne pas se conduire en assistés mais en responsables. Les vendéens ont manifesté cet esprit dans les cruelles années 1790, leurs descendants le font toujours.

   Mais je voudrais ajouter deux idées plus personnelles.

   La première concerne les commémorations et leur portée symbolique.
Commémorer, n’était pas courant au temps de la Royauté : le Te Deum marquant les victoires semblait suffisant. Une fois l’action passée, le Roi pensait à l’avenir.
C’est avec l’évocation de la Vendée, et plus largement celle de toutes les victimes de la révolution, à commencer par le Roi et sa famille, que des commémorations expiatoires ont été organisées. Les actions en effet étaient si sacrilèges, qu’il était nécessaire de s’en souvenir afin qu’elles ne se reproduisent plus.
Pour maintenir cette mémoire, les chapelles, comme celle-ci édifiée au Mont des Alouettes, ont été érigées. Elles doivent continuer à nous faire réfléchir au destin de notre société, qui, comme elle a pu paraître le faire à partir de 1789, ne doit pas renier les fondements sur lesquels elle repose : comme il y a deux siècles, ce sont ceux du Décalogue, ceux du Droit naturel, qui fixent d’heureuses bornes aux hommes qui auraient trop tendance à privilégier leur seul égoïsme. En ce sens, les commémorations comme celle-ci sont loin d’être passéistes : elles ont toute leur importance pour notre temps et le futur.
Je voulais le rappeler ici sous peine, qu’à défaut, de telles commémorations ne soient plus toujours bien comprises.

   Le second point personnel, que je veux évoquer, est un remerciement tout particulier à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée.
J’ai pu revoir cette terre meurtrie de l’Ouest, où j’étais venu déjà à plusieurs reprises, avec toujours autant d’émotion.

   La Vendée permet de comprendre la grandeur d’une région qui a su tout donner pour conserver ses valeurs.
Merci à vous tous de votre présence, et que l’esprit de la Vendée continue à animer les Français pour affronter les combats du futur.

   Merci.

Louis,
duc d’Anjou

 Le Mont des Alouettes, samedi 2 septembre 2023

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2023-104. Méditation pour la fête de la Nativité de Notre-Dame : la vie cachée en Dieu avec Marie.

8 septembre,
Nativité de la Très Sainte Vierge Marie.

Jean Restout - Nativité de la Vierge 1744

Jean Restout (1692-1768) : la Nativité de la Vierge (1744)

Présence de Dieu :

       O Marie, ma Mère, apprenez-moi à vivre caché avec Vous à l’ombre de Dieu.

Méditation :

       1 – La liturgie célèbre avec enthousiasme la naissance de Marie et en fait une des fêtes les plus populaires de la dévotion mariale.
« Votre Nativité, ô Vierge Mère de Dieu, chante l’Office d’aujourd’hui, annonce la joie à toute la terre, car de vous est né le Soleil de justice, le Christ notre Dieu !» La naissance de Marie est le prélude de celle de Jésus, parce qu’elle est le point initial de la réalisation du grand mystère du Fils de Dieu fait homme pour le salut de l’humanité. Comment l’anniversaire de la Mère du Rédempteur pourrait-il passer inaperçu aux cœurs des rachetés ? La Mère annonce d’avance le Fils, elle dit que le Fils est sur le point de venir, que les promesses divines, faites depuis des siècles, vont se réaliser. La naissance de Marie est l’aurore de notre Rédemption ; son apparition projette une lumière nouvelle sur toute l’humanité : lumière d’innocence, de pureté, de grâce, anticipation resplendissante de la grande lumière qui inondera la terre à l’apparition du Christ, « Lux mundi ».
Marie, préservée du péché, en prévision des mérites du Christ, n’annonce pas seulement une Rédemption prochaine, mais elle en porte les prémices en elle-même, elle, la première rachetée de son divin Fils. Par elle, la toute pure et pleine de grâce, la Très Sainte Trinité jette enfin sur la terre un regard de complaisance, car elle y trouve, finalement, une créature dans laquelle Elle puisse refléter Sa beauté infinie.

   Aucune naissance, après celle de Jésus, ne fut aussi importante aux yeux de Dieu, aussi féconde pour le bien de l’humanité. Néanmoins, cette naissance demeure complètement dans l’ombre ; la Sainte Ecriture ne nous en dit rien, et lorsque nous cherchons la généalogie du Christ, dans l’Evangile, nous lisons seulement celle qui se rapporte à Joseph. Hors l’allusion à sa descendance de David, nous ne trouvons rien d’explicite concernant la généalogie de Marie. Les origines de la Vierge s’effacent dans le silence, de même que toute sa vie. La Nativité de Marie nous parle d’humilité : celui qui veut être le plus grand aux yeux de Dieu, doit se cacher davantage à ceux des créatures ; ce que nous ferons pour Dieu sera d’autant plus grand que nous l’effectuerons dans un silence et un effacement plus profonds.

Jean Restout - Nativité de la Vierge 1744 - détail

Jean Restout : Nativité de la Vierge (détail)

       2 – Dans l’Evangile, la figure de Marie disparaît presque entièrement derrière celle de son divin Fils ; les Evangélistes nous en disent à peine ce qu’il faut pour nous faire connaître la Mère du Rédempteur et, de fait, elle entre en scène seulement au début de l’histoire de l’Incarnation du Verbe. La vie de Marie se confond, se perd en celle de Jésus : elle a vécu vraiment cachée avec le Christ en Dieu. Notons qu’elle a vécu dans l’ombre non seulement pendant les années de l’enfance de Jésus, mais encore aux jours de sa maternité divine, ainsi qu’aux heures du triomphe de son Fils, et même lorsqu’une femme enthousiaste des miracles accomplis par Jésus, éleva la voix du milieu de la foule, disant « Heureux le sein qui Vous a porté ! Heureuses les mamelles qui Vous ont allaité ! » (Luc XI, 27). 

   La fête mariale, que nous célébrons aujourd’hui, nous sera donc une invitation à la vie cachée avec Marie dans le Christ, et avec le Christ en Dieu. Souvent, Dieu Se charge Lui-même, par les circonstances de notre vie ou par les dispositions des supérieurs, de nous faire vivre à l’ombre. Il faut Lui en être très reconnaissant et profiter de ces occasions pour avancer dans la pratique de l’humilité et de l’effacement. D’autres fois, au contraire, le Seigneur nous confie des charges, des emplois, des œuvres d’apostolat qui nous mettent un peu en évidence. Eh bien ! Tâchons, même en ces circonstances-là, de disparaître autant que possible. Il ne faut certes pas refuser le travail, mais arrangeons-nous pour nous éclipser dès que notre parole n’est plus strictement nécessaire pour la bonne réussite de l’œuvre qui nous a été confiée. Tout le reste : les louanges, les applaudissements, le récit des succès ou la justification des insuccès, ne doit pas nous intéresser ; nous devons avoir pour tactique de nous retirer de tout cela avec une sainte désinvolture.
Une âme de vie intérieure doit s’ingénier à se cacher autant que possible à l’ombre de Dieu, car si elle a pu réaliser un peu de bien, elle est convaincue que Dieu en a été l’auteur et elle cherche, dès lors, avec délicatesse et empressement, à ce que tout revienne uniquement à Sa gloire.

   La vie humble et cachée de Marie doit être le modèle de la nôtre et si, pour lui ressembler, il nous faut lutter contre les tendances toujours renaissantes de l’orgueil, recourons en toute confiance à son aide maternelle : Marie nous fera triompher de toute vaine gloire.

La Vierge protégeant un pauvre et un soldat - église de Montbrun-les-Bains attribué à Pierre Parrocel

La Vierge protégeant un pauvre et un soldat
attribué à Pierre Parrocel (1670-1739)
retable dans l’église de Montbrun-les-Bains

Colloque :

       « Dans la mer de ce monde, lorsque je me sens balloté par les orages, je tiens les yeux fixés sur vous, Marie, astre éclatant, pour ne pas être englouti par la tempête.
Si le vent des tentations se lève, si je heurte les écueils des tribulations, je lève les yeux vers vous et vous invoque, ô Marie. Si je suis secoué par les vagues de l’orgueil, par celles de l’ambition, de la médisance, de la jalousie, je vous regarde et vous invoque, ô Marie. Si la colère ou l’avarice ou les séductions de la chair agitent le frêle esquif de mon âme, je jette un regard vers vous, ô Marie. Si troublé par l’énormité de mes crimes, confus de la laideur de ma conscience, effrayé des sévérités du jugement, je me sens entraîné dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir, je lève encore le regard vers vous, vous invoquant toujours, ô Marie !
Dans les périls, dans les angoisses, dans les perplexités, je penserai toujours à vous et vous invoquerai, Marie ! Que votre nom, ô Vierge, soit constamment sur mes lèvres, qu’il ne quitte pas mon cœur ; et afin d’obtenir l’appui de vos prières, faites que je ne perde point de vue l’exemple de votre vie.
En vous suivant, ô Marie, je ne m’égare pas, en pensant à vous, je ne me trompe pas, si vous me soutenez, je ne tombe pas ; si vous me protégez, je ne crains rien, si vous me guidez, je ne me fatiguerai pas, si vous m’êtes favorable, j’atteindrai le but ! »
 (d’après Saint Bernard).

Monogramme Marie 2

2023-103. De saint Clodoald, ou Cloud, Fils de France, solitaire, prêtre et confesseur, dont on célèbre la fête le 7 septembre.

7 septembre,
Fête de Saint Clodoald, Fils de France, solitaire, prêtre et confesseur ;
Premier prince de la Maison de France à avoir été honoré d’un culte public par la Sainte Eglise.

Saint Clodoald, gravure du XIXe siècle inspirée d'une enluminure du XIVe siècle

Saint Clodoald, ou Cloud,
gravure du XIXème siècle inspirée par une miniature du XIVème siècle

       Nous reproduisons ci-dessous l’intégralité de la notice, rédigée d’après Saint Grégoire de Tours et Dom Mabillon, que Monseigneur Paul Guérin a publiée dans les Petits Bollandistes (tome X, pp.551-553).

       Saint Clodoald, vulgairement appelé saint Cloud, est le premier prince français que l’Église ait honoré d’un culte public. Il naquit en 522. Son père, Clodomir, roi d’Orléans, l’aîné des fils de sainte Clotilde, ayant défait en bataille rangée saint Sigismond, roi de Bourgogne, et l’ayant fait son prisonnier de guerre, avec sa femme et ses enfants, les fit tous cruellement mourir, sans que ni le respect de la dignité royale dont Sigismond était revêtu, ni la considération de la parenté (car il était son cousin issu de germain), ni les remontrances de saint Avit, abbé de Micy, qui fit son possible pour le détourner de ce meurtre, pussent rien gagner sur la férocité de son esprit. Cette inhumanité fut bientôt sévèrement punie, non seulement dans sa personne, mais aussi en celle de ses propres enfants. Ayant remporté une seconde victoire près de Vienne, en Dauphiné, sur Gondemar, frère de saint Sigismond, comme il poursuivait les fuyards avec ardeur, il s’éloigna trop de ses gens et tomba entre les mains d’une troupe d’ennemis qui le tuèrent, lui coupèrent la tête et la mirent au bout d’une lance pour la faire voir aux Francs.

   Après sa mort, ses enfants : Thibault, Gonthaire et Clodoald, vulgairement Cloud, se trouvèrent sous la conduite de sainte Clotilde, leur grand-mère, qui les éleva chrétiennement, et avec le plus grand soin, en attendant qu’ils partageassent les États de leur père, gouvernés pendant ce temps par des lieutenants.

assassinat des enfants de Clodomir - gravure du XVIIIe siècle

(gravure du XVIIIème siècle)

   Mais Childebert, roi de Paris, leur oncle, qui convoitait le royaume d’Orléans, leur héritage, invita Clotaire, roi de Soissons, à partager son infâme dessein. Il s’agissait de faire mourir leurs neveux ou de les reléguer dans un cloître. Clotaire opina pour la mort. Ces oncles barbares égorgèrent de leurs propres mains les deux aînés, Thibault et Gonthaire. Cloud, par une protection spéciale de la Providence, échappa au massacre. Bientôt après, il se coupa lui-même les cheveux, cérémonie par laquelle il déclarait qu’il renonçait à la royauté. Depuis, il trouva diverses occasions de recouvrer les États de son père. Mais il ne voulut point en profiter. La grâce lui avait ouvert les yeux sur la vanité des grandeurs terrestres. Il préféra une vie humble et tranquille dans les rigueurs de la solitude, à une vie éclatante, mais périlleuse dans un palais royal et au milieu d’une foule de courtisans ; il se consacra entièrement au service de Dieu. Son étude ne fut plus que la lecture des livres sacrés ; son plaisir, de coucher sur le cilice, et sa joie de mortifier son corps par des austérités continuelles.

Saint Cloud se coupe lui-même les cheveux - détail du tableau de Charles Durupt 1831

Saint Clodoald, en signe de consécration à Dieu et de renonciation au trône, se coupe lui-même les cheveux
(détail du tableau de Charles Durupt – 1831 – dans l’église de Saint-Cloud)

   Après avoir distribué aux églises et aux pauvres les biens que ses oncles n’avaient plus lui ravir, il se retira auprès d’un saint religieux, nommé Séverin, qui menait une vie solitaire et contemplative dans un ermitage aux portes de Paris. Le jeune prince reçut de ses mains l’habit religieux et demeura quelque temps en sa compagnie, pour s’y former à toutes les vertus monastiques. Childebert et Clotaire ne purent pas ignorer que c’était lui ; mais, comme ils le virent sans prétention, ils le laissèrent en liberté et lui donnèrent même quelques héritages pour vivre plus commodément dans le lieu de sa retraite. Cependant, ne se croyant pas assez solitaire, ou pour quelques raisons que son histoire ne marque pas, il quitta les environs de Paris et se retira secrètement en Provence, hors de la vue et de l’entretien de toutes les personnes de sa connaissance.

   Pendant qu’il se construisait, de ses propres mains, une petite cellule, un pauvre, se présenta devant lui et lui demanda l’aumône. Il était lui-même si pauvre, qu’il n’avait ni or, ni argent, ni provisions qu’il pût lui donner ; mais il se dépouilla généreusement de sa propre cuculle et lui en fit présent. Cet acte de charité fut si agréable à Dieu, que, pour en découvrir le mérite, il rendit la nuit suivante cette cuculle toute lumineuse entre les mains du pauvre qui l’avait reçue. Les habitants des environs furent témoins de ce miracle, et reconnurent par là que saint Cloud était un excellent serviteur du Christ. Ils le virent donc trouver pour honorer sa sainteté et pour recevoir ses instructions ; mais leurs trop grandes déférences leur firent perdre un si précieux trésor : car saint Cloud, voyant qu’il n’était pas plus caché en Provence qu’à Paris, s’en retourna dans son premier ermitage. Peut-être que l’appréhension d’être élevé à la prélature l’avait fait fuir, et que le sujet de sa crainte était passé par l’élection d’un autre à cette dignité.

Saint Clodoald est ordonné prêtre - peinture murale de Jules-Alexandre Duval-Lecamus dans le chœur de l'église de Saint-Cloud

Saint Clodoald est ordonné prêtre par l’évêque Eusèbe de Paris
(détail de l’une des peintures murales de Jules-Alexandre Duval-Lecamus ornant le chœur de l’église de Saint-Cloud)

   A peine fut il revenu qu’Eusèbe, alors évêque de Paris, l’ordonna prêtre à la sollicitation du peuple, qui ne put souffrir un si saint homme dans un Ordre inférieur. Les exemples des vertus qu’il fit paraître dans cette dignité, le firent encore plus respecter qu’auparavant. On admirait en lui le pouvoir de la grâce, qui, d’un prince, ou pour mieux dire d’un roi légitime, avait fait un humble serviteur de la maison de Dieu. On louait hautement son humilité virgule, sa modestie, son détachement des choses du monde, son amour pour la pénitence et sa charité incomparable. Ce grand homme ne put souffrir longtemps ces honneurs, et, pour les éviter, il se retira sur une montagne, le long de la Seine, à deux lieues au-dessous de Paris, en un lieu que l’on appelait Nogent, mais qui, depuis, a changé de nom pour prendre celui de Saint-Cloud. Après y avoir vécu quelques temps solitaire, il y fit bâtir un monastère qu’il dota des biens que les rois, ses oncles, lui donnèrent. Il le fit dépendant, avec son église et tous ses revenus, de l’église cathédrale de Paris, dont il était le prêtre, comme ils en dépendaient encore en 1685. Il y gagna plusieurs personnes à Jésus-Christ, qui furent ravies d’y vivre religieusement sous sa conduite. Enfin, il y mourut saintement le 7 septembre, vers l’an 560. Sa mort, qu’il avait prédite avant qu’elle arrivât, fut suivie de plusieurs miracles. On enterra son corps dans le même monastère, qui, depuis, a été changé en collégiale. Cette église est aujourd’hui paroissiale, et l’on y garde encore quelques-unes des reliques du Saint.

   Les quatre martyrologes ordinaires font une honorable mention de ce bienheureux prince. Les Parisiens célèbrent sa fête avec beaucoup de piété ; et, durant toute son octave, il y a un grand concours de peuple qui visite son église.

   On peut voir dans toute son histoire, que ce que le monde appelle infortune est souvent le chemin du vrai bonheur, et que Dieu sait admirablement tirer le bien du mal, l’élévation de la plus grande humiliation. Ainsi, la véritable prudence est de s’abandonner entièrement à la conduite de sa divine Providence, et d’aimer les états, même les plus bas et les plus humiliés, où il lui plaît de nous mettre.

   On le représente çà et là comme solitaire, agenouillé devant une croix, et la couronne à terre près de lui.

Châsse des reliques de Saint Clodoald - église de Saint-Cloud

Châsse contenant les reliques de Saint Clodoald
(église de Saint-Cloud)

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