Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2025-72. Le 22 mars nous fêtons Saint Paul-Serge, premier évêque de Narbonne.

22 mars,
Fête de Saint Paul-Serge de Narbonne, évêque et confesseur ;
Chez les Ermites de Saint Augustin, fête du Bienheureux Hugolin de Cortone (cf. > ici) ;
Mémoire de la férie de Carême ;
Anniversaire de la mort de Jean-Baptiste de Lully (+ 22 mars 1687).

Au martyrologe romain :

   « A Narbonne, dans la Gaule, la naissance au ciel de saint Paul, évêque, disciple des Apôtres, que l’on regarde comme étant le même que Serge-Paul, proconsul, qui fut baptisé par l’apôtre Saint Paul : cet Apôtre, se rendant en Espagne, le laissa à Narbonne, avec la dignité épiscopale. Il s’acquitta avec activité du ministère de la prédication, et s’envola au ciel, éclatant de la gloire de ses miracles ».

Prédication de Saint Paul devant le proconsul Sergius Paulus

Prédication de Saint Paul devant le proconsul Sergius Paulus

       D’après les anciennes traditions des Eglises de France, d’Italie, d’Espagne et du monde catholique, Saint Paul, premier évêque de Narbonne, est le même que Paul-Serge (Sergius Paulus), proconsul, converti par l’apôtre Saint Paul, dans l’île de Chypre (voir Actes des Apôtres XIII, 6-13).
De savants hommes, il est vrai, l’ont contesté dans le dernier siècle : néanmoins, comme c’est le témoignage de plusieurs siècles, que beaucoup de martyrologes, et surtout le romain, n’ont pas fait difficulté d’y souscrire, et que, d’ailleurs, si l’opinion contraire a quelques preuves pour s’appuyer, l’on n’a pas manqué d’y répondre fort solidement, nous avons cru que, sans entrer plus avant dans la discussion, nous pouvions sûrement nous arrêter à l’ancienne tradition.

   Le Paul dont nous parlons était des plus illustres familles de Rome, et avait passé par les charges les plus considérables de la République : envoyé proconsul en Chypre, pour la gouverner au nom de l’empereur et du Sénat, il souhaita d’entendre Saint Paul qui prêchait l’Evangile de Jésus-Christ dans cette île, avec une grande réputation ; car sa prédication était soutenue par une admirable sainteté de vie, et par des miracles si fréquents et si inouïs, qu’il faisait bien voir que Dieu autorisait Lui-même sa doctrine.
Notre Saint résidait alors à Paphos ; et comme l’Apôtre y vint aussi, il lui fit témoigner le désir qu’il avait de le voir. Ce n’était pas, néanmoins, sans difficultés : car il avait auprès de lui un juif, magicien, nommé Elymas, ou Barjésu, qui, faisant le prophète, le détournait de tout son possible d’écouter ce nouveau Docteur et d’embrasser la religion qu’il annonçait ; mais la grâce naissante fut plus forte en lui que la suggestion de cet instrument du démon. L’Apôtre le vint donc trouver, accompagné de Saint Barnabé, qui était son collègue dans la prédication de l’Evangile ; il lui remontra la fausseté de la religion païenne, qui, en reconnaissant plusieurs dieux, n’en reconnaissait aucun véritable ; et la solidité de la religion chrétienne, qui n’adorait point d’autre Dieu que le Créateur du ciel et de la terre, avec Son Fils Jésus-Christ, venu au monde pour tirer les hommes des ténèbres de leur ignorance.
Elymas, présent à cette instruction, prit plaisir à contredire ce que disait le saint Apôtre, de peur que, le proconsul se convertissant, il ne perdît tout le crédit qu’il avait auprès de lui. Mais Saint Paul, le regardant d’un œil indigné et d’un visage sévère, lui dit, par un mouvement subit du Saint-Esprit :

   « O méchant séducteur ! Enfant du démon, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu donc jamais de traverser les voies droites du Seigneur ? Sache que la main de Dieu va s’appesantir sur toi, et que tu demeureras aveugle sans voir le soleil jusqu’à un certain temps que Sa justice a marqué ».

   Cette terrible sentence fut incontinent exécutée : le magicien perdit la vue, et fut contraint de demander quelqu’un qui le menât par la main.
Pour le proconsul, il en tira un fruit merveilleux ; et, admirant tout ensemble le bras de Dieu et la sainteté de sa doctrine, il crut en Jésus-Christ, et se fit gloire d’être le disciple de Saint Paul. On dit que ce fut de lui que l’Apôtre emprunta ce nom de Paul, car, auparavant, il n’est appelé, dans les Actes des Apôtres, que Saul, et c’est seulement après cette conversion qu’on commence à l’appeler Paul.

   C’est tout ce que le texte sacré nous apprend de Paul-Serge ; de sorte qu’il faut tirer, de la tradition de l’Eglise et des auteurs ecclésiastiques, le reste que nous avons à dire de sa vie.

Néron à Baïes - Jean Styka - blogue

Jean Styka (1858–1925) : Néron à Baïes (vers 1900)
collection privée

   Le nouveau néophyte, amené à la foi d’une manière si miraculeuse, n’hésita pas un instant à faire à ses convictions les sacrifices les plus pénibles. Fidèle à la voix de Dieu qui l’appelait à l’apostolat, il mit ordre aux affaires de son gouvernement, et suivit à Rome ceux dont il avait reçu le bienfait de la religion, voulant partager leurs travaux et leurs destinées. C’était courir au-devant de, plus grands dangers. En effet, à Claude avait succédé l’empereur Néron, trop connu par sa cruauté, pour que nos saints apôtres ignorassent qu’en se rendant à la ville des Césars, ils s’exposaient aux tourments et au martyre. Cette considération ne les arrêta pas ; peut-être même fut-elle pour eux un motif d’entreprendre ce voyage, tant était grand leur désir de souffrir pour le nom de Jésus-Christ.

   Ils ne furent pas plus tôt arrivés à Rome que le tyran donna l’ordre d’arrêter Saint Paul et de le jeter en prison.
Paul-Serge fut également saisi de son côté, et menacé des plus horribles supplices, s’il refusait de renier sa foi et de retourner au culte des idoles. Mais il refusa généreusement d’obéir à des ordres impies et confessa Jésus-Christ avec un courage admirable au milieu des plus cruelles tortures.

   « Dans le temps, dit l’auteur des Actes du saint, qu’un prince sacrilège poursuivait avec fureur les chrétiens et mettait leurs corps en pièces, on remarqua entre les généreux confesseurs notre évêque Paul, vaillant soldat de Jésus-Christ, courant au combat, ceint de l’épée de la religion, couvert du bouclier du dévouement, de la cuirasse de la foi et du casque de la confession. Il rendit gloire à Jésus-Christ, notre chef, devant la multitude, sans en craindre les menaces. Rien ne put ébranler le courageux athlète, ni la faim, ni les mépris, ni les tourments les plus affreux. Le démon irrité, en quelque sorte, par son héroïsme, inventa de nouveaux genres de supplices jusque-là inouïs. On déchira son corps, on lui arracha les ongles des doigts et on le meurtrit de coups. Mais ce raffinement de cruauté ne servit qu’à lui faire remporter une victoire plus éclatante sur les ennemis de la religion. Une foule de confesseurs cueillirent la palme du martyre, sans avoir souffert autant que Saint Paul. Dieu voulait, sans doute, lui conserver miraculeusement la vie pour qu’il devînt la lumière de nos contrées et procurât à nous et à nos descendants les bienfaits de la vocation à la foi. »

   En effet, l’Apôtre des nations, rendu à la liberté après une captivité de deux ans, songea sérieusement à exécuter le dessein qu’il avait formé d’aller évangéliser l’Espagne. Il partit avec plusieurs disciples parmi lesquels se trouvaient Saint Crescent (note : il sera par la suite le premier évêque de Vienne, en Dauphiné) et Saint Paul-Serge, traversa les Gaules en prêchant l’Evangile, et pour achever de gagner à Jésus-Christ ces belles contrées, vaincues par les armes romaines, il laissa au milieu d’elles quelques-uns des zélés missionnaires qui l’accompagnaient.

   Saint Paul-Serge s’arrêta d’abord à Béziers, qui se trouve sur la route de Narbonne et de l’Espagne. II y prêcha avec un grand succès et construisit plusieurs oratoires pour y célébrer les saints mystères. Le bruit des merveilles qu’il y opérait s’étant répandu jusqu’à Narbonne, où le culte des divinités païennes était en grand honneur, les habitants le firent prier de venir au milieu d’eux pour les instruire de la nouvelle religion qu’il annonçait. Le saint se rendit à leurs prières, ne croyant pas devoir laisser échapper une occasion si favorable d’étendre le Royaume de Dieu ; et après avoir ordonné évêque Saint Aphrodisius, dont il connaissait le mérite, il lui confia le gouvernement de l’Eglise de Béziers, et alla à Narbonne, où il fut reçu comme un père au milieu de ses enfants.
Bientôt la ville changea de face : les temples des faux dieux furent abandonnés, et sur leurs ruines s’élevèrent plusieurs églises ; les superstitions anciennes disparurent, et la vérité, annoncée avec le zèle dont notre Apôtre, était animé, fit chaque jour de nouvelles conquêtes, malgré les obstacles qu’elle rencontrait dans les passions et les préjugés de ce peuple idolâtre, fortement attaché à ses erreurs.
Ce séjour et ces prédications de Paul-Serge à Béziers paraissent d’autant plus vraisemblables que cette ville se trouve sur la route qu’il devait suivre pour aller à Narbonne.

Saint Paul envoyant des disciples en mission - blogue

L’apôtre Saint Paul envoyant deux de ses disciples en mission.

   Les Espagnols veulent aussi qu’il ait été leur Apôtre, et qu’en ayant reçu la mission de Saint Paul, il ait parcouru leurs plus belles provinces pour y propager l’Evangile. Le peu de distance qu’il y a de Narbonne en Espagne rend cette opinion assez probable ; d’ailleurs, comme nous le voyons par cent exemples, les premiers prédicateurs du christianisme ne s’attachaient point tant à une Eglise qu’ils ne portassent la foi en d’autres provinces, et même dans les lieux les plus éloignés [...].
Il est naturel de penser qu’étant parti de Rome avec l’apôtre Saint Paul, et l’ayant accompagné dans le midi de la Gaule, il eut le désir de le suivre dans cette contrée, où, selon les témoignages les plus graves, il annonça la Parole sainte avec de si grands fruits de salut, que les autorités païennes s’en émurent et prirent la résolution de chasser du pays tous les ouvriers évangéliques.

   Cette mission, attestée par une foule d’écrivains respectables, trouve une preuve d’une grande force dans une inscription qui semble faite pour en conserver le souvenir, et que les historiens nous rapportent en ces termes :

« A Néron, César Auguste, pour avoir purgé la province de brigands et de ceux qui enseignaient aux hommes une nouvelle superstition ».

   Ainsi, du temps de l’empereur Néron, le christianisme avait été prêché en Espagne, puisqu’on le félicite d’en avoir expulsé les missionnaires apostoliques, si visiblement désignés par « ceux qui enseignaient une nouvelle superstition ».

   Mais quels sont les missionnaires qui, à cette époque, ont répandu la bonne nouvelle dans cette contrée ?
Les traditions les plus anciennes et les plus universellement accréditées ne nous parlent-elles pas de l’apôtre Saint Paul et de Saint Paul-Serge, évêque de Narbonne ? De là la popularité dont le nom de ce saint prélat était entouré en Espagne, dès les temps apostoliques, et la vénération profonde qu’on y a conservée pour lui, au point de lui attribuer les premiers succès de la prédication évangélique dans ces diverses provinces et de l’en regarder comme l’Apôtre.

Cette tradition s’est perpétuée de siècle en siècle, et au témoignage des auteurs du Gallia Christiana, elle était encore tellement vivace au XVIIème qu’on voyait à certains temps de l’année une foule prodigieuse de fidèles accourir de toutes les parties de ce royaume aux lieux où reposent ses restes mortels.

   Tamaius Salazar, dans son martyrologe des saints d’Espagne, confirme cette croyance générale en ces termes :

« Saint Paul-Serge, disciple des Apôtres, vint en Espagne avec l’apôtre saint Paul et annonça l’évangile à Cordoue, à Barcelone et dans la plupart des villes de la province ».

   La prédication de saint Paul-Serge dans plusieurs parties de cette contrée paraît donc un fait acquis à l’histoire.
Plusieurs auteurs même prétendent qu’il y vint à deux époques différentes, et ils disent qu’après avoir quitté l’Espagne au moment où les missionnaires en furent expulsés, comme on l’a vu plus haut, il y retourna par suite d’un avertissement qu’il reçut du ciel.
Voici ce que rapporte à ce sujet Pierre Mulard, prêtre de l’église de Saint Paul de Narbonne, qui composa en 1364 la vie de ce saint évêque sur des manuscrits anciens :

   « L’apôtre Saint Paul, après son glorieux martyre sous l’empereur Néron, apparut miraculeusement à Saint Paul-Serge et lui ordonna d’aller à Narbonne et en Espagne pour y prêcher de nouveau le royaume de Dieu ».

   « Au retour de cette mission, où il fit des conversions nombreuses, il revint à Narbonne qu’il eut le bonheur d’amener tout entière à la foi. Ayant appris par trois apparitions successives de l’apôtre Saint Paul que sa fin approchait, il consacra évêques le diacre Etienne et le prêtre Rufus, désignant le premier pour son successeur à Narbonne, et le second pour occuper le siège d’Avignon. Ce fut le dernier acte de sa vie ; car bientôt après il rendit doucement son âme à son créateur dans son église même, où il était en prière, et où il fut inhumé au milieu des larmes de ses diocésains » (vie abrégée de Saint Paul de Narbonne par Pierre de Natalibus, contemporain de l’auteur précédent).

   Quelques auteurs ont écrit que Paul-Serge avait versé son sang pour la foi et cueilli la palme du martyre. Mais cette opinion ne paraît pas avoir d’autre fondement que les horribles supplices qu’il eut à souffrir à Rome, et qui devaient le conduire à la mort, s’il n’avait été conservé miraculeusement.

   Saint Paul a légué à la ville de Narbonne une gloire impérissable. Cette pensée est comme l’écho des siècles ; car déjà de son temps, Prudence l’avait exprimée dans ses poésies diverses où l’on trouve ces vers :

« Surget et Paulo pretiosa Narbo »,

que l’on a traduit par ces deux vers français plus fidèles qu’élégants :

   « Narbonne par son Paul illustre et précieuse,
Des plus grandes cités n’est pas la moins fameuse ».

   La métropole de Narbonne a toujours tenu un rang très distingué parmi celles des Gaules et même parmi les Eglises d’Espagne, au temps où Narbonne était placée sous la domination des Goths.

D’après Monseigneur Paul Guérin,
in « Les Petits Bollandistes », tome III pp. 593-597

Maître-autel de la basilique Saint-Paul à Narbonne

Maître-autel de la basilique Saint-Paul, à Narbonne,
où sont conservées les reliques de Saint Serge-Paul.

2025-71. Commentaire de Saint Augustin sur la parabole du « fils prodigue ».

Samedi de la 2ème semaine de Carême.

       La parabole de « l’enfant prodigue » que la liturgie traditionnelle nous fait approfondir et méditer au samedi de la deuxième semaine de Carême, a été commentée des centaines de milliers de fois : la plupart des prédicateurs profitent le plus souvent de cette péricope évangélique pour insister sur l’aspect personnel de la conversion et sur la confiance en la miséricorde de Dieu qu’elle nous doit inspirer, ce qui n’est évidemment pas faux.
Notre Bienheureux Père Saint Augustin, lui, dans son ouvrage « Questions sur les Evangiles », a adopté une approche bien différente cependant : il développe un commentaire moral dont le pivot est l’histoire du salut et où les deux fils symbolisent d’une part le peuple des païens, infidèles, et le peuple israélite, qui a gardé la foi au vrai Dieu mais qui a lui aussi besoin d’une conversion profonde.

Saint Augustin méditant les Ecritures - style impressionniste Fr.Mx.M. - blogue

Saint Augustin méditant les Saintes Ecritures

frise

Commentaires de

notre Bienheureux Père Saint Augustin

sur la parabole de L’enfant prodigue 

(Luc, XV, 11 -32)

[in "Questions sur les Evangiles" livre II, § XXXIII]

       Cet homme qui a deux fils, c’est Dieu, père de deux peuples qui sont comme les deux branches de la race humaine, le peuple des hommes demeurés fidèles au culte d’un seul Dieu, et le peuple des idolâtres, qui abandonnèrent le Seigneur. Mais il faut remonter à l’origine de la création de l’homme pour approfondir cette histoire.

1 - James Tissot départ du fils prodigue

James Tissot (1836-1902) : le départ du fils prodigue (vers 1880)
[musée des Beaux-Arts de Nantes]

- Saint Augustin va faire un commentaire moral de la parabole et il détaille le sens qu’ont tous les détails donnés par le texte évangélique :

   Le fils aîné est le type de la fidélité au culte du vrai Dieu.
L
e plus jeune part pour une contrée lointaine. Il a demandé à son père la portion d’héritage qui lui revient. Telle est l’âme que la jouissance de son pouvoir a séduite. Son patrimoine, c’est-à-dire la vie, l’intelligence, la mémoire, la sublimité et la promptitude du génie, tous ces dons de la munificence divine sont mis à sa disposition par le libre arbitre ; c’est pourquoi « le père distribua son bien à ses enfants ».
Le plus jeune partit pour un pays lointain. Il abusa des dons naturels, il abandonna son père, délaissant le Créateur pour se livrer à la jouissance des créatures. Il est représenté, « peu de jours après rassemblant tout ses biens, et s’en allant dans une contrée lointaine ».
C’est qu’en effet, peu de jours après la création du genre humain, l’âme, cette créature raisonnable, voulut être, par son libre arbitre, maîtresse absolue d’elle-même et de ses facultés, et se détacher de son Créateur pour s’appuyer sur ses propres forces. Mais plus elle s’éloigna de Celui qui était la source de sa vie, plus elle fut promptement épuisée. C’est pourquoi l’Evangile appelle une vie de débauche et d’excès la vie répandue et dissipée dans les pompes extérieures et vide au dedans : l’homme qui s’y livre poursuit 
les vanités qu’elle enfante, et abandonne Dieu qui est au dedans de lui.
Cette région lointaine, c’est donc l’oubli de Dieu. La famine survenue dans ce pays, c’est la privation de la parole de vérité. L’habitant de la contrée désigne quelque prince de l’air, faisant partie de la milice de Satan. Sa maison de campagne figure le genre de pouvoir qu’il exerce, et les pourceaux les esprits immondes qui sont au-dessous de lui. Les cosses dont il nourrissait les pourceaux figurent les maximes du siècle, vides et sonores, dont retentissent les poèmes et les divers discours consacrés à la louange des idoles ou aux fables des dieux des Gentils, et qui font la joie des démons. C’est pourquoi ce jeune homme voulant se rassasier cherchait dans cette vile pâture un aliment qui fût substantiel et sain, et qui procurât le bonheur, et il ne le trouvait pas. De là cette parole : « Et personne ne lui en donnait ».

- Il analyse maintenant la démarche intérieure de la conversion du prodigue :

   « Mais étant rentré en lui-même », c’est-à-dire s’arrachant aux trompeuses illusions et aux entraînements des vanités du monde extérieur et recueillant ses pensées dans l’intérieur de sa conscience, « combien de mercenaires, s’écrie-t-il, ont du pain en abondance dans la maison de mon père ». Comment ceci pourrait-il être connu de l’homme plongé, comme les idolâtres l’étaient, dans un si grand oubli de Dieu ? Ces paroles ne désigneraient-elles point le réveil de l’âme à la prédication de l’Evangile ?
On vit alors en effet de nombreux prédicateurs de la vérité, parmi lesquels plusieurs étaient guidés, non par l’amour de la vérité elle-même, mais par le désir des avantages terrestres. C’est d’eux que l’Apôtre disait : Que plusieurs qui annoncent l’Evangile, ne le font pas avec pureté (cf. Philip.1, 17), faisant de la piété un trafic (1 Tim. VI, 5). Ils ne prêchaient pas un autre Evangile comme les hérétiques, ils prêchaient l’Evangile de Paul, mais dans un autre esprit que celui de cet Apôtre. C’est pourquoi ils sont très justement appelés des mercenaires. Ils dispensent le même pain de la parole et dans la même maison, toutefois ils ne dont point appelés au céleste héritage, mais ils travaillent pour une récompense temporelle. C’est d’eux qu’il est dit : « En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense » (Matt. VI, 2).
Il s’écrie donc : « Je me lèverai » - car il était étendu dans un état de prostration -, « et j’irai » - il était en effet 
bien éloigné -, « vers mon père », il était devenu le serviteur de celui à qui appartenaient les pourceaux.
Les autres paroles indiquent la disposition d’un âme qui se prépare à la pénitence par l’aveu de ses péchés, mais qui ne la fait pas encore. Il ne s’ouvre pas encore à son père, mais il promet de s’ouvrir à lui, quand il le reverra.
Comprenez donc maintenant ce que signifie venir vers son père : c’est être établi dans l’Eglise par la foi, et pouvoir y trouver, dans la confession de ses fautes, l’accomplissement du devoir et la récompense qui en est le fruit.

   Qu’est-ce donc qu’il se propose de dire à son père ? « Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous, et je ne suis plus digne d’être appelé votre fils : traitez-moi comme l’un de vos mercenaires ».

   « J’ai péché contre le ciel » : ce mot a-t-il la même signification que « j’ai péché contre vous » ? Alors il faudrait entendre par « le ciel » la souveraine majesté du Père : c’est en ce sens que le Psalmiste a dit : « Il s’élance des hauteurs du ciel » (Ps. XVIII, 7), c’est-à-dire du sein du Père Lui-même.
Ou plutôt « j’ai péché contre le ciel » ne veut-il pas dire : en présence des âmes saintes, qui sont le trône de Dieu ; « et contre vous » : jusque dans le sanctuaire intime de la conscience ?

2 - James Tissot le fils prodique en pays étranger

James Tissot (1836-1902) : le fils prodigue en pays étranger (vers 1880)
[musée des Beaux-Arts de Nantes]

- Attitude du père et évolution de la contrition du fils prodigue :

« Et se levant, il vint vers son père. Et lorsqu’il était encore bien loin » - avant qu’il eût de Dieu une véritable idée, mais néanmoins dans le moment où il Le cherchait déjà de bonne foi -, « son père le vit ».
L’expression est donc juste, quand on dit de Dieu qu’Il ne voit pas les impies et les superbes, qu’Il ne les a pas en quelque sorte devant les yeux : car être devant les yeux, ne s’entend d’ordinaire que des personnes aimées.
« Et il fut touché de compassion : et courant à lui, il se jeta à son cou » : le Père n’a pas quitté Son Fils unique, par qui Il a fait cette course lointaine et S’est abaissé jusqu’à nous ; car Dieu était dans le Christ « se réconciliant le monde » (cf. 2 Cor. V, 19) ; et le Seigneur l’a déclaré Lui-même : « Mon Père, qui demeure en moi, fait lui-même les œuvres que Je fais » (Jean, XIV 10).
Or, que signifie « se jeter à son cou », si ce n’est incliner et abaisser son bras pour l’étreindre ? « Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ?» (Is. LIII, 1). Ce bras n’est autre assurément que Notre-Seigneur Jésus-Christ.

   « Et il lui donna un baiser » : Etre consolé par la parole de la grâce divine, qui fait naître l’espérance du pardon des péchés, c’est obtenir du Père, au retour de longs égarements, le baiser de charité.
Alors commence pour celui qui est établi dans l’Eglise la confession de ses péchés. Le prodigue ne dit pas tout ce qu’il s’était promis de dire ; il va seulement jusqu’à ces paroles : « Je ne suis pas digne d’être appelé votre fils », car Dieu veut opérer par la grâce ce dont il se reconnaît indigne à cause de ses fautes. Il n’ajoute pas ce qu’il s’était proposé d’abord dans sa première résolution : « Traitez-moi comme l’un de vos mercenaires ». Quand il était privé de pain, il allait jusqu’à souhaiter la condition de mercenaire ; mais après que son père l’a embrassé, il n’a plus pour elle qu’un noble et généreux dédain.

- Le sens mystique de détails qui marquent la réconciliation avec Dieu :

   La première robe symbolise la dignité perdue par Adam ; les serviteurs qui l’apportent sont les prédicateurs du pardon. L’anneau placé au doigt de la main, gage du Saint-Esprit, figure bien la participation à la grâce. Les chaussures aux pieds marquent la préparation à la prédication de l’Evangile par le détachement des biens de la terre. Le veau gras, c’est le Seigneur Lui-même, mais rassasié d’opprobres selon la chair. L’ordre est donné d’amener le veau gras : qu’est-ce à dire, sinon qu’il faut annoncer le Seigneur, et en L’annonçant, Le faire entrer dans les entrailles du fils exténué par la faim ?
L’ordre est donné aussi d’immoler la victime, de répandre le souvenir de la mort du Sauveur : or, Il est immolé réellement pour chacun de nous, lorsque nous croyons que pour nous Il est mort.

   « Et réjouissons-nous », ajoute le texte sacré ; ceci a trait aux motifs d’allégresse qui vont être allégués : « Parce que mon fils que voici était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé ».
Et maintenant ce festin et cette fête se célèbrent dans tout l’univers, où l’Eglise est répandue et disséminée. Car ce veau gras figure le Corps et le Sang du Seigneur qui S’offre au Père céleste et nourrit toute Sa famille.

- Le fils aîné est la figure d’Israël qui, d’une autre manière que le prodigue, s’est aussi éloigné de la miséricorde de Dieu :

   Le fils aîné, qui n’est pas parti pour une région lointaine, mais qui n’est pas néanmoins dans la maison, c’est le peuple d’Israël selon la chair. Il est aux champs, c’est-à-dire, qu’au sein même de l’héritage et des richesses de la Loi et des Prophètes, il se livre de préférence aux œuvres de la terre et à toutes sortes d’observations judaïques. Il s’est trouvé parmi eux un grand nombre d’hommes animés de ces sentiments, et souvent encore on en rencontre de semblables.
Revenant des champs, il s’approche de la maison : en d’autres termes, occupé sans amour d’un travail tout terrestre, il considère d’après les Saintes Ecritures la liberté faite à l’Eglise. Il entend la musique et la danse, c’est-à-dire, les hommes remplis de l’Esprit-Saint, qui annoncent l’Evangile d’une commune voix, suivant la recommandation de l’Apôtre : « Je vous a conjure, mes frères, leur dit-il, par le nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur, de faire en sorte que vous n’ayez qu’un même langage » (1 Cor. I, 10).
Il entend aussi les concerts de louanges qui s’élèvent vers Dieu, comme d’un seul cœur et d’une seule âme. Il appelle un des serviteurs et lui demande ce qui se passe, en d’autres termes il ouvre un des livres des Prophètes, et, le compulsant, il l’interroge en quelque sorte pour savoir ce que signifient les fêtes qu’on célèbre dans cette Eglise, en dehors de laquelle il se trouve placé.
Le serviteur de son père – le prophète – lui répond : « Votre frère est revenu, et votre père a tué le veau gras, parce qu’il l’a recouvré en santé ». Votre frère était, en effet, aux extrémités de la terre. Mais ce qui augmente l’allégresse de ceux qui chantent au Seigneur un cantique nouveau, c’est que ses louanges viennent des extrémités du monde (Is. XLII, 10) ; et, pour célébrer le retour de celui qui était absent, on a mis à mort l’homme de douleur et sachant l’infirmité (Is. LIII, 3) ; et ceux auxquels Il n’avait point été annoncé, L’ont vu ; et ceux qui n’ont point entendu parler de Lui, L’ont contemplé (Is. LII, 15).
Et maintenant encore Israël s’indigne et refuse d’entrer. Lors donc que la plénitude des nations sera entrée, son Père sortira au moment opportun, afin que tout Israël soit sauvé ; ce peuple est tombé en partie dans l’aveuglement, que figure l’absence du fils aîné à la campagne, jusqu’à ce que la plénitude du plus jeune revienne de son long égarement au milieu de l’idolâtrie des nations, pour manger le veau gras dans la maison paternelle (Rom. XI, 25). Car, un jour, la vocation des Juifs au salut, qui vient de l’Evangile, sera manifestée. Or, c’est ce que signifie la démarche du père pour appeler son fils aîné.

3 - James Tissot le retour du prodigue

James Tissot (1836-1902) : le retour du prodigue (vers 1880)
[musée des Beaux-Arts de Nantes]

- Israël, symbolisé par le fils aîné, n’est pont tombé dans l’idolâtrie, mais cependant il n’est plus dans une communion aux dispositions du cœur de Dieu :

   La réponse de ce dernier, fait naître deux questions : Comment peut-on dire du peuple Juif qu’il n’a jamais transgressé les ordres de Dieu ? et qu’est-ce à dire qu’il n’a jamais reçu de chevreau, pour se réjouir avec ses amis ?
En ce qui concerne le premier point, on devine facilement qu’il n’est pas question de tous les commandements, 
mais seulement de celui qui est le plus nécessaire, je veux parler, de celui qui défend d’adorer aucun autre Dieu que le souverain Créateur de toutes choses (Ex. XX, 3) : on comprend d’ailleurs que ce fils ne personnifie pas tous les Israélites indistinctement, mais ceux d’entre eux qui n’ont jamais quitté le culte du vrai Dieu pour celui des idoles. En effet, quoique ce fils, en quelque sorte placé aux champs, désirât les choses terrestres, cependant c’est du Dieu unique qu’il attendait ces biens, qui lui étaient communs avec les animaux.
Aussi la synagogue est-elle bien personnifiée dans ce psaume d’Asaph : « Je suis devant vous comme une bête ; mais néanmoins je suis toujours vous » (Ps. LXXII, 23). C’est ce que corrobore également le témoignage du père lui-même, formulé en ces termes : « Vous êtes toujours avec moi ».
Il ne reproche pas à son fils une sorte de mensonge, mais faisant l’éloge de sa persévérance à demeurer avec lui, il l’invite par là même à prendre une part plus grande et plus parfaite à la joie.

- Saint Augustin essaie de comprendre ce que symbolisent le chevreau et les reproches du fils aîné au père :

   Quel est maintenant ce chevreau, qu’il n’a jamais eu pour faire un festin ?
Il est certain d’abord que le chevreau est ordinairement le symbole du pécheur. Mais loin de moi de reconnaître ici l’Antéchrist. Car je ne vois pas comment on pourrait appliquer jusqu’au bout cette interprétation. Il serait trop absurde que le fils, à qui il est donné d’entendre ces paroles : « Vous êtes toujours avec moi », eût exprimé à son père le désir de croire à l’Antéchrist.
Il n’est pas non plus permis de voir dans ce fils la personnification de ceux d’entre les Juifs qui croiront à l’Antéchrist. Dans l’hypothèse où ce chevreau serait la figure de l’Antéchrist, comment ce fils pourrait-il en manger puis qu’il ne mettrait pas en lui sa foi ? Ou bien, si manger du chevreau ne signifie rien autre chose que la joie causée par la perte de l’Antéchrist, comment le fils, que le père accueille si bien, dit-il que cette joie ne lui a pas été accordée, tandis que tous les enfants de Dieu applaudiront à la condamnation de son adversaire ?

   A mon sens (et ce que je vais dire, dans une matière aussi obscure, ne doit pas empêcher un examen plus attentif,) il se plaint donc de ce que le Seigneur Lui-même lui a été refusé pour son festin, attendu que le Seigneur est un pécheur à ses yeux.
Ce peuple considérant le Sauveur comme un chevreau, 
en d’autres termes, voyant en Lui un violateur du sabbat et un profanateur de la Loi, n’a pas mérité de prendre part à Ses joies ; ainsi : « Vous ne m’avez jamais donné un chevreau pour en manger avec mes amis », reviendrait à dire : celui qui était à mes yeux un chevreau, vous ne me l’avez jamais donné pour me réjouir, et vous ne me l’avez point accordé, précisément parce que je le considérais comme un chevreau.
« Avec mes amis », s’entend des chefs en union avec le peuple, ou du peuple de Jérusalem assemblé avec les autres peuples de Juda.
Quant aux femmes perdues, avec lesquelles le plus jeune fils est accusé d’avoir dissipé son patrimoine, elles désignent très bien les passions honteuses, qui ont fait abandonner l’alliance unique et légitime du vrai Dieu, pour rechercher dans les superstitions païennes l’union adultère avec la foule des démons.

- Saint Augustin s’interroge sur ce « tout » dont le père dit qu’il est au fils aîné :

D’où vient ensuite que le père, après avoir dit : « Vous êtes toujours avec moi », — paroles expliquées, — continue en ces termes : « Et tout ce qui est à moi est à vous » ?
Gardez-vous d’abord de croire que ces mots : « Tout ce qui est à moi est à vous », signifient que le frère n’y a point de part, comme vous vous demanderiez avec anxiété, pour un héritage de ce monde, comment l’aîné pourrait avoir tout, dans le cas où le plus jeune aurait sa part.
Les enfants parfaits, d’une pureté très grande et déjà dignes du ciel, possèdent tout, de façon que chaque chose est à tous, et que tout est à chacun. Car la charité ignore les angoisses inséparables de la cupidité.

   Mais comment ce fils possède-t-il tout ?
Est-ce que Dieu – dira quelqu’un – met au-dessous de lui et les Anges, et les Vertus sublimes, et les puissances, et tous les esprits célestes, exécuteurs de ses volontés ?
Si l’on entend possesseur, dans le sens de maître, il est évident que Dieu ne lui a pas donné tout. Car ceux dont il est dit : « Ils seront comme les Anges de Dieu » (Matt. XXII, 30), ne seront point les maîtres, mais plutôt les cohéritiers des Anges. Que si la possession s’entend dans le sens, d’ailleurs légitime, attaché à cette phrase : les âmes en possession de la vérité, je ne vois pas pour quel motif nous ne pourrions pas admettre ici le mot tout, dans son sens vrai, propre et absolu. En effet, quand nous disons des âmes qu’elles sont en possession de la vérité, notre intention n’est pas d’affirmer qu’elles en sont les maîtresses.
Enfin, s’il nous est 
interdit d’entendre la possession en ce sens, mettons encore cela de côté. Car le père ne dit pas : Je vous donnerai tout en possession, ou : Vous possédez, vous possèderez tous mes biens ; mais : « Tout ce qui est à moi est à vous ». Tout cela cependant n’est pas à lui comme à Dieu.
En effet ce qui est dans notre bourse peut servir pour la nourriture ou le vêtement de notre famille, ou pour tout autre usage analogue. Et certes, comme il était en droit de l’appeler son père, je ne vois pas ce qu’il n’aurait pu appeler sien, dans ce qui appartenait à ce père, puisque c’était à lui mais à des titres différents.
Car quand nous aurons obtenu l’éternelle félicité, les choses élevées au dessus de nous seront à nous pour les voir ; nous vivrons avec ce qui sera près de nous, et ce qui sera au dessous nous appartiendra aussi pour le dominer. Que le frère aîné prenne donc part à la joie dans une sécurité parfaite, « parce que son frère était mort, et qu’il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé ».

4 - James Tissot - le veau gras

James Tissot (1836-1902) : le veau gras (vers 1880)
[musée des Beaux-Arts de Nantes]

2025-70. Litanies de Saint Benoît de Nursie.

21 mars,
Fête de Saint Benoît de Nursie, abbé et confesseur, co-patron de l’Europe ;
Mémoire de Saint Nicolas de Flüe, confesseur ;
Mémoire de la férie de Carême ;
Anniversaire de l’assassinat du Duc d’Enghien (cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de Sœur Marie Marthe Chambon (cf. > ici).

Saint Benoît de Nursie - blogue

Litanies de Saint Benoît de Nursie

(pour la récitation privée)

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Dieu le Père, ayez pitié de nous.
Dieu le Fils, rédempteur du monde, ayez pitié de nous.
Dieu, Saint-Esprit, ayez pitié de nous.
Trinite Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.

Saint Benoît, priez pour nous.
Saint Benoît, homme de Dieu, priez pour nous.
Saint Benoît, serviteur de Jésus-Christ, priez pour nous.
Saint Benoît, rempli de l’Esprit-Saint, priez pour nous.
Saint Benoît rempli de l’esprit de tous les justes, priez pour nous.
Saint Benoît sage législateur, priez pour nous.
Saint Benoît, patriarche des moines d’occident, priez pour nous.
Saint Benoît, père d’un grand nombre de saints, priez pour nous.
Saint Benoît, maître de vie spirituelle, priez pour nous?
Saint Benoit, invincible dans la foi, priez pour nous.

Saint Benoît, inébranlable dans l’espérance, priez pour nous.
Saint Benoît, animé de l’amour de Dieu, priez pour nous.
Saint Benoît, ferme appui des malheureux, priez pour nous.
Saint Benoît, toujours prêt à secourir, priez pour nous.
Saint Benoît, très bon pour les pauvres, priez pour nous.
Saint Benoît, très bon pour les malades, priez pour nous.
Saint Benoît, très bon pour les enfants, priez pour nous.
Saint Benoît, modèle de pureté, priez pour nous.
Saint Benoît, modèle d’humilité, priez pour nous.
Saint Benoît, modèle de charité, priez pour nous.
Saint Benoît, modèle de piété, priez pour nous.
Saint Benoît, vertueux dès la jeunesse, priez pour nous.
Saint Benoît, vainqueur du démon, priez pour nous.
Saint Benoît, doué du don des miracles, priez pour nous.
Saint Benoît, fidèle à recevoir les sacrements, priez pour nous.
Saint Benoît, mort debout dans l’église, priez pour nous.
Saint Benoît, retourné à Dieu en priant, priez pour nous.
Saint Benoît, protecteur de ceux qui vous invoquent, priez pour nous.
Saint Benoît, patron céleste de l’Europe, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous Seigneur.

V./: Priez pour nous saint Benoît.
R./: Afin que nous soyons dignes des promesses de Jésus-Christ.

Prions :

Père des miséricordes et Dieu de toute consolation, qui avez façonné le cœur de saint Benoît à votre image et à votre ressemblance, envoyez votre Saint-Esprit et créez en nous un cœur pur selon le cœur de votre fils Jésus-Christ.

Ainsi soit-il.

Revers de la médaille de Saint Benoît

2025-69. Prière à Saint Joseph, développée à partir de celle de Saint François de Sales.

       Vous trouverez ci-dessous le texte de la prière à Saint Joseph qui a été récitée le 19 mars 2025 - dans l’Oratoire du Mesnil-Mariedevant la statue de Saint Joseph après qu’elle a été couronnée : elle reprend, mais en la développant, la prière de Saint François de Sales (que l’on trouve déjà dans les pages de ce blogue, en deuxième position > ici).

Textes relatifs à la statue de Saint Joseph au Mesnil-Marie :
- Appel pour l’acquisition de la statue > ici
- Remerciements aux bienfaiteurs après l’installation de la statue > ici
- Présentation de la couronne de Saint Joseph > ici

Saint Joseph couronné au Mesnil-Marie

La statue de Saint Joseph couronnée
dans l’oratoire du Mesnil-Marie

Prière à Saint Joseph

(développée à partir de celle de Saint François de Sales)

       Glorieux Saint Joseph, époux de Marie, accordez-nous votre protection paternelle, nous vous en supplions par le Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie. 

   O vous dont la puissance s’étend à toutes nos nécessités et qui savez rendre possibles les choses les plus impossibles, ouvrez vos yeux de père sur les intérêts de vos enfants.
Lorsque l’embarras et la peine nous presseront, nous recourrons à vous avec confiance ; daignez dès à présent prendre sous votre charitable conduite toutes nos affaires, de quelque importance qu’elles soient, et quelque difficiles qu’elles puissent être : nous ne voulons plus nous en inquiéter ni les laisser instaurer le moindre trouble dans nos âmes, certains de votre sollicitude et de votre puissance d’intercession.
Nous vous demandons seulement qu’en toutes occurrences, leur issue concoure à la gloire de Dieu et au bien de ses dévoués serviteurs.

   O vous que l’on n’a jamais invoqué en vain, aimable saint Joseph ! Vous dont le crédit est si puissant auprès de Dieu qu’on a pu dire : Au ciel, Joseph commande plutôt quil ne supplie ; vous, notre Patriarche plein de tendresse, priez pour nous Jésus, priez pour nous Marie.
Soyez notre avocat auprès de ce divin Fils dont vous fûtes ici-bas le père nourricier si attentif, si chérissant et le protecteur fidèle.
Soyez notre avocat auprès de Marie dont vous fûtes l’époux si aimant et si tendrement aimé.
Ajoutez à toutes vos gloires celle de gagner les causes et les intentions que nous vous confions [ici on peut citer les grâces particulières que l'on sollicite de l'intercession de Saint Joseph].

   Nous croyons, oui, nous croyons que vous pouvez exaucer nos vœux en nous délivrant des peines qui nous accablent et des amertumes dont notre âme est abreuvée ; nous avons, de plus, la ferme confiance que vous ne négligerez rien en faveur des affligés qui vous implorent.
Humblement prosternés à vos pieds, bon Saint Joseph, nous vous en conjurons, ayez pitié de nos gémissements et de nos larmes ; couvrez-nous du manteau de vos miséricordes et bénissez-nous.

Ainsi soit-il.

Toutes les publications de ce blogue relatives à Saint Joseph > ici

Monogramme Saint Joseph vignette

2025-68. Des Bienheureux Evangéliste et Pérégrin de Vérone, prêtres ermites de Saint Augustin.

20 mars,
Fête des Bienheureux Evangéliste et Pérégrin, prêtres de notre Ordre et confesseurs (double) ;
Mémoire de la férie de Carême.

vignette avec symboles augustiniens - blogue

Martyrologe propre des Ermites de Saint Augustin pour le 20 mars :

   « A Vérone, la naissance au ciel des Bienheureux Evangéliste et Pérégrin, confesseurs de notre Ordre, qui furent célèbres par leurs vertus, surtout par l’obéissance, l’humilité et le don des miracles, avant et après leur mort ».

Bienheureux Evangéliste et Pérégrin de Vérone - blogue

       La vie des Bienheureux Evangéliste et Pérégrin de Vérone fut publiée en 1636 par Francesco Pona (1595-1655), médecin et homme de lettres véronais, c’est-à-dire quatre siècles après les événements qu’elle raconte, et, à cause de cela, elle est aujourd’hui tenue en suspicion par les tenants d’un certain rationalisme et du modernisme, qui ne veulent pas admettre que des traditions fort anciennes aient pu être transmises pendant quelque quatre-cents ans sans avoir été altérées par de pieuses exagérations et sans avoir été mêlées de légendes fantaisistes. C’est, à mon avis, faire peu de cas, d’une part, du caractère rigoureux et scientifique de l’auteur, avéré en d’autres publications, et d’autre part de l’examen du Saint-Siège lorsque celui-ci a officiellement approuvé le culte de ces deux prêtres de l’Ordre des Ermites de Saint Augustin.

   Ils seraient nés l’un et l’autre dans des familles nobles de Vérone, dans le deuxième quart du XIIIème siècle (à l’époque du tyran Ezzelino da Romano, soit entre 1226 et 1259).
Naturellement enclins dès leur plus jeune âge à la piété et à la méditation, dès leur rencontre, pendant leurs études, ils se lièrent d’une profonde amitié, s’encourageant l’un l’autre dans leur désir de se donner entièrement à Dieu. Ils fréquentaient avec une grande dévotion l’église de Santa Maria di Montorio, à moins de deux lieues de la ville, desservie par les Ermites de Saint Augustin.
Une nuit, dans un songe, la Très Sainte Vierge leur présenta la ceinture caractéristique des Augustins (cf. > ici), les invitant à embrasser cet Ordre : novices fervents et exemplaires, puis profès et élevés aux Ordres sacrés, en s’encourageant et se soutenant toujours mutuellement, ils s’adonnèrent à de sévères 
pénitences et surmontèrent les terribles tentations du diable et les séductions du monde.

   Ils préféraient prier en plein air, les genoux à même la terre, nonobstant les rigueurs de l’hiver ; lorsque le prieur leur en demanda la raison, ils avouèrent qu’ils y étaient attirés par la vision fréquente de la Bienheureuse Vierge, tenant son divin Fils, souvent accompagnée de Sainte Anne, telle qu’ils l’avaient vue auparavant, en songe.
Ces grâces de prière étaient accompagnées du don de miracles, qui attiraient des foules de nécessiteux autour des deux moines.
Bien qu’ils eussent reçu le sacerdoce, ils réclamaient pour eux-mêmes les services les plus humbles du monastère, ceux habituellement laissés aux frères lais.

   Le Père Evangéliste fut averti par un ange qu’il allait bientôt être appelé à la céleste patrie, et, au jour qui lui avait été indiqué, alors qu’il se trouvait à chanter l’office divin au chœur, il s’agenouilla soudain et rendit sereinement le dernier soupir.
Le Père Pérégrin fut très affligé de la séparation d’avec son frère d’âme, mais à peu de temps de là le Père Evangéliste lui apparut, resplendissant d’une lumière céleste, pour lui annoncer qu’il allait lui aussi bientôt terminer son pèlerinage terrestre, ce qui arriva effectivement.
On les ensevelit dans le même tombeau, et les fidèles ne tardèrent pas à venir prier auprès de lui pour se recommander à leur intercession et à revenir pour remercier des grâces qu’ils avaient reçues.

   Le catalogue des Saints et Bienheureux de l’Ordre des Augustins annexé aux Constitutions du même Ordre promulguées par le Cardinal Gerolamo Seripando en 1543, mentionne les Bienheureux Evangéliste et Pérégrin de Vérone.
Lorsque les Augustins de Santa Maria di Montorio s’installèrent à l’intérieur des murailles de Vérone, en 1262, à l’église de Sainte Euphémie (Sant’Eufemia), ils amenèrent avec eux les restes de leurs deux saints frères qu’ils placèrent initialement sous l’autel de Sainte Anne.
Il y eut une reconnaissance des restes, en 1637, à la suite de laquelle ils furent déposés près de celui de Saint Augustin où ils demeurèrent jusqu’en 1796, date à laquelle l’église fut réquisitionnée pour un usage profane par les troupes du général Buonaparte qui transformèrent le couvent en hôpital militaire.
En 1807, les reliques furent rapportées dans l’église et placées dans la chapelle des Saints Anges, jusqu’à ce qu’enfin, le 20 mars 1836, elles fusent déposées sous la table du maître-autel, où elles se trouvent encore aujourd’hui.

   Le 17 novembre 1837, le pape Grégoire XVI, par décret, reconnut leur culte immémorial et les déclara officiellement bienheureux. A cette occasion, ils furent proclamés protecteurs de la noblesse véronaise.
La ville de Vérone les fête de nos jours à la date du 27 juillet, mais avant la réforme liturgiques ils étaient célébrés à cette date du 20 mars, sous le rit double, comme dans le martyrologe propre des Ermites de Saint Augustin.

Eglise Sainte-Euphémie à Vérone

Vérone, église Sainte-Euphémie (état actuel),
ancienne église du couvent des Ermites de Saint Augustin
sous le maître-autel de laquelle se trouvent les corps des
Bienheureux Evangéliste et Pérégrin.

2025-67. Récapitulatif de tous les textes de ce blogue relatifs à Saint Joseph et à son culte :

       Veuillez trouver ci-dessous le récapitulatif – avec les liens pour les atteindre – de toutes les publications de notre blogue relatives à Saint Joseph et à son culte :

Saint Joseph (tableau de rétable)

A – Prières :

- Prières de Léon XIII, de Saint François de Sales et du Bienheureux Pie IX > ici
- Prière à Saint Joseph développée à partir de celle de Saint François de Sales > ici
Prière à Saint Joseph prescrite pour le mois du saint rosaire > ici
- Neuvaine à Saint Joseph (en particulier pour préparer sa fête) > ici
- Courts éléments de méditation pour commencer le mois de Saint Joseph > ici
- Cantique « Saint Joseph, ô pur modèle » > ici
- Salutations à Saint Joseph composées par Saint Jean Eudes > ici
- Méditations sur les sept douleurs de Saint Joseph > ici

B – Bandes dessinées :

- « Ite ad Joseph » > ici
« Saint Joseph et le Carême » > ici

C – Pour la fête du 19 mars :

- Pour entrer dans la neuvaine préparatoire à la fête du 19 mars : méditation sur la vie de foi de Saint Joseph > ici
- Neuvaine préparatoire à la fête de Saint Joseph ici

Saint Joseph

D – Pour la solennité de Saint Joseph (mercredi de la deuxième semaine après l’octave de Pâques) :

- Historique de la fête de la solennité de Saint Joseph et décret d’institution par le Bienheureux Pie IX > ici
- Messe de la solennité de Saint Joseph > ici
- Méditation pour la solennité de Saint Joseph > ici
-

E – Pèlerinages et lieux de dévotion à Saint Joseph :

- Saint Joseph de Bon Espoir à Espaly-Saint-Marcel (à côté du Puy) > ici
- La relique du manteau de Saint Joseph, à Rome > ici

F – Textes divers :

- Les exemples de Saint Joseph adaptés à tous les fidèles (Benoît XVI) > ici
- Saint Joseph et le Sacré-Cœur de Jésus > ici
- 23 janvier : les épousailles de Notre-Dame avec Saint Joseph > ici
- L’introduction du nom de Saint Joseph au canon romain > ici
- Saint Joseph et Sainte Thérèse de Jésus > ici
- La consécration de la France à Saint Joseph par Henri V (19 mars 1871) > ici
-  

E – Saint Joseph au Mesnil-Marie :

- Appel pour l’acquisition de la statue ici
- Remerciements aux bienfaiteurs après l’installation de la statue ici
- Présentation de la couronne de Saint Joseph ici
- Prière récitée après le couronnement de la statue de Saint Joseph (19 mars 2025) > ici

St Joseph patron de l'Eglise - église Saint-Joseph de Chambérat 03

2025-66. Les exemples de Saint Joseph sont adaptés à toutes les catégories de fidèles.

19 mars,
Fête de Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. > ici) ;
Mémoire de la férie de Carême.

       Voici le texte du message qu’adressa aux fidèles réunis sur la place Saint-Pierre feu le pape Benoît XVI à l’occasion de la prière de l’Angélus le 19 mars 2006 (c’était cette année-là le troisième dimanche de Carême, ce pourquoi nous omettons quelques passages du début de l’allocution, non essentiels, qui ont trait à cette occurrence).
En quelques phrases simples, le Souverain Pontifie – qui avait reçu au saint baptême le prénom de Joseph -, y résume tous les points principaux qui nécessitent la dévotion de tout le peuple chrétien envers Saint Joseph.

Saint Joseph avec la Vierge et l'Enfant Jésus - blogue

Les exemples de Saint Joseph

sont adaptés à toutes les catégories de fidèles.

   « Aujourd’hui, 19 mars, nous célébrons la solennité de Saint Joseph (…).
Elle nous invite à nous arrêter avec vénération sur la figure de l’Epoux de la Bienheureuse Vierge Marie et Patron de l’Eglise universelle (…).

   La figure de ce grand Saint, tout en demeurant plutôt cachée, revêt dans l’histoire du salut une importance fondamentale.
Tout d’abord, appartenant à la tribu de Juda, il relia Jésus à la descendance davidique, de sorte que, en réalisant les promesses sur le Messie, le Fils de la Vierge Marie peut se dire véritablement « fils de David ». L’Evangile de Matthieu souligne de façon particulière les prophéties messianiques qui trouvèrent leur accomplissement à travers le rôle de Joseph : la naissance de Jésus à Bethléem (II, 1-6) ; son passage en Egypte, où la Sainte Famille s’était réfugiée (II, 13-15) ; le surnom de « Nazaréen » (II, 22-23). A l’instar de son épouse, Marie, il s’est montré en tout cela l’héritier authentique de la foi d’Abraham, foi dans le Dieu qui guide les événements de l’histoire selon son mystérieux dessein salvifique. Sa grandeur, comme celle de Marie, ressort encore davantage du fait que sa mission s’est accomplie dans l’humilité et dans la vie cachée de la maison de Nazareth.
Du reste, Dieu lui-même, en la personne de son Fils incarné, a choisi cette voie et ce style – l’humilité et la vie cachée – dans son existence terrestre.

   L’exemple de saint Joseph est pour nous tous une puissante invitation à accomplir avec fidélité, simplicité et modestie le devoir que la Providence nous a confié.
Je pense avant tout aux pères et aux mères de famille, et je prie pour qu’ils sachent toujours apprécier la beauté d’une vie simple et consacrée au travail, en cultivant avec soin la relation conjugale et en accomplissant avec enthousiasme la grande et difficile mission éducative.
Que saint Joseph obtienne pour les prêtres, qui exercent la paternité à l’égard des communautés ecclésiales, d’aimer l’Eglise avec affection et un dévouement total, et qu’il aide les personnes consacrées à observer de façon joyeuse et fidèle les conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.
Qu’il protège les travailleurs du monde entier afin qu’ils contribuent à travers leurs diverses professions au progrès de l’humanité tout entière, et qu’il aide chaque chrétien à réaliser avec confiance et amour la volonté de Dieu, coopérant ainsi à l’accomplissement de l’œuvre de salut ».

vignette monogramme Saint Joseph

2025-65. Les saintes reliques des instruments de la Passion à Notre-Dame de Paris.

Vendredi de la 2ème semaine de Carême,
Fête des Saints Clous et de la Sainte Lance de la Passion (cf. > ici et > ici).

croix et couronne d'épines - vignette

       Nous reproduisons ci-dessous dans son intégralité (et en conservant la graphie originelle) une « Notice abrégée sur les reliques et les instruments de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui se conservent aujourd’hui dans le trésor de l’église métropolitaine de Paris », qui est le résumé d’une autre notice, plus développée, « publiée, avec les pièces justificatives, par ordre de Mgr l’Archevêque – 1 vol. in-8°, orné de cinq gravures en taille-douce : prix, 3 francs, chez Adrien Le Clère et Cie », que – malheureusement – nous ne possédons pas.

   Le texte publié ci-dessous, lui, se trouve en introduction d’un ouvrage intitulé « Exercice de dévotion en l’honneur de la Passion de N.S. Jésus-Christ et de la compassion de la Ste Vierge, établi dans l’église métropolitaine de Paris et dans les paroisses du diocèse pour les vendredis du carême » [nouvelle édition - chez Adrien Le Clère éditeur, Paris - 1846]. 

Reliques de la Passion à Notre-Dame

Basilique cathédrale Notre-Dame de Paris
exposition de la Sainte Couronne d’Epines avec une parcelle de la Croix et un Clou de la Passion

   « Les principales Reliques de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ qui se conservent aujourd’hui dans le trésor de l’Eglise Métropolitaine de Paris, sont : 1° plusieurs portions considérables de la vraie Croix ; 2° la sainte Couronne d’épines ; 3° deux portions considérables des Clous qui ont servi au crucifiement.

I. Du bois sacré de la Croix.

I. Découverte miraculeuse de la sainte Croix, sous l’empereur Constantin.

   La Croix de notre Seigneur Jésus-Christ, après avoir été longtemps inconnue aux hommes, fut miraculeusement découverte sous l’empereur Constantin, l’an 326 de l’ère- chrétienne. Voici comment le fait est rapporté par les auteurs contemporains.

   Depuis l’empereur Adrien, les païens n’avoient rien oublié pour profaner les saints lieux consacrés par les mystères de la vie et de la Passion de Notre-Seigneur. Ils avoient fait du Calvaire en particulier un lieu d’idolâtrie et de superstition. Ils avoient comblé la grotte du saint Sépulcre, élevé une grande terrasse au-dessus, et bâti en cet endroit un temple à Vénus, afin que les chrétiens parussent adorer cette fausse divinité, lorsqu’ils viendroient y rendre leur culte à Jésus-Christ.
Constantin, résolu de rétablir l’honneur de ce saint lieu, donna ordre d’y construire une église.
Il écrivit pour cet objet à saint Macaire, évêque de Jérusalem, et à Dracilien, gouverneur de la province, leur recommandant de ne rien négliger pour la magnificence de l’édifice.

   Sainte Hélène, mère de l’Empereur, et convertie au christianisme par ses soins, voulut se charger elle-même de veiller à l’exécution. Elle se transporta donc à Jérusalem, vers la fin de l’année 326, s’informa exactement de l’endroit où Jésus-Christ avoit été crucifié, et de toutes les autres circonstances de sa Passion. D’après ces informations, elle fit abattre l’idole et le temple de Vénus qui profanoient les lieux consacrés par la mort et la résurrection du Sauveur. On enleva ensuite les terres, et l’on creusa si avant, que l’on découvrit enfin le saint Sépulcre. On trouva aussi tout auprès trois croix de même grandeur et de même forme, avec les clous qui avoient percé les pieds et les mains du Sauveur, et le titre qui avoit été attaché au haut de sa croix. Il étoit naturel de penser que l’une des trois croix étoit celle qu’on cherchoit, et que les deux autres étoient celles des malfaiteurs au milieu desquels Jésus-Christ avoit été crucifié. Mais on ne savoit comment les distinguer, le titre étant, à ce qu’il paroît, séparé des trois croix. Dans cet embarras, on consulta saint Macaire, évêque de Jérusalem, à qui Dieu inspira un moyen de lever la difficulté : et il se fit à cette occasion un miracle dont les circonstances furent si éclatantes et si publiques, qu’elles ne laissèrent plus aucun doute sur celle des trois croix qui avoit servi d’instrument au salut du monde.

Agnolo Gaddi invention de la Sainte Croix

Agnolo Gaddi (1350-1396) : la découverte de la Sainte Croix -1385-87)
Basilique Sainte-Croix, à Florence

II. Ce que devint la Croix de Jésus-Christ depuis sa découverte miraculeuse.

   La pieuse impératrice, ravie de joie d’avoir trouvé le riche trésor qu’elle souhaitoit si ardemment, le partagea en deux parties principales, dont elle envoya l’une à l’empereur son fils, et laissa l’autre à Jérusalem. Elle fit enchâsser cette dernière portion, qui étoit la plus considérable, dans une boîte d’argent, qu’elle remit entre les mains de saint Macaire, patriarche de Jérusalem, pour conserver à la postérité ce précieux monument du grand mystère de la rédemption des hommes. On le garda soigneusement dans l’Eglise du saint Sépulcre, qui fut alors bâtie avec toute la magnificence dont nous avons parlé plus haut ; et où l’on accourut bientôt de tous côtés pour vénérer ce bois sacré. Les pèlerins les plus distingués regardoient comme une insigne faveur d’en obtenir quelque parcelle. L’évêque seul avoit le pouvoir d’accorder cette grâce ; mais il l’accordoit dès ces premiers temps à un si grand nombre de personnes, qu’au témoignage de saint Cyrille de Jérusalem, qui écrivoit environ vingt-cinq ans après la découverte de la sainte Croix, ce précieux trésor fut en peu de temps répandu par tout le monde.

   Constantin de son côté reçut avec beaucoup de vénération la partie du bois sacré que sa pieuse mère lui avoit envoyée ; et aussitôt qu’on eut achevé la nouvelle ville de Constantinople, c’est-à-dire, vers l’an 33o, il fit mettre une portion de la sainte Relique dans sa statue élevée au milieu de la grande place sur une colonne de porphyre, persuadé que ce pieux monument seroit, pour la ville impériale, une sauvegarde assurée contre toutes sortes de dangers. Le concours des pèlerins pour vénérer la sainte Croix n’étoit guère moindre à Constantinople qu’à Jérusalem ; et les empereurs chrétiens, à l’exemple des Patriarches de Jérusalem, ne faisoient pas difficulté d’en accorder assez souvent quelques portions à d’illustres personnages.
Constantin lui-même en fit porter un morceau considérable à Rome, pour être placé dans l’église de Sainte-Croix de Jérusalem, qui fut bâtie à cette époque.

   Environ trois siècles après la découverte miraculeuse de la sainte Croix, la ville de Jérusalem eut la douleur de se voir privée pour un temps de la sainte Relique, qu’elle regardoit comme son plus précieux trésor. Chosroès, roi des Perses, ayant pris cette ville, emporta avec lui toutes ses richesses, qui consistoient principalement en vases sacrés et en reliques. Parmi celles-ci, étoient plusieurs morceaux de la vraie Croix, enfermés dans une boîte d’argent sous le sceau du patriarche de Jérusalem, et qui demeurèrent ainsi au pouvoir des Perses pendant l’espace de quatorze ans. Mais après la mort de Chosroès, Héraclius les recouvra des mains de Siroès, son fils et son successeur, par un traité de paix qu’il fit avec lui l’an 628. A cette époque, on trouva la sainte Relique dans l’état où elle avoit été enlevée, les Perses n’ayant pas même ouvert la boîte qui la renfermoit, comme on s’en assura par l’inspection des sceaux qui furent trouvés entiers.

Palma le Jeune - Héraclius rapportant la Croix au mont Calvaire

Palma le Jeune (vers 1548-1628) :
Héraclius rapportant la Croix au Mont Calvaire (vers 1620-1625),

église Santa Maria Assunta, Venise.

   Après cette vérification, la sainte Croix fut solennellement replacée dans l’église du Saint-Sépulcre. L’empereur lui-même voulut porter sur ses épaules et nu-pieds, jusqu’au sommet du Calvaire, le bois sacré qu’il regardoit comme le plus glorieux trophée de ses victoires. Cette imposante cérémonie fut un sujet de joie pour toute l’Eglise, qui en célèbre encore la mémoire le 14 septembre, jour de l’Exaltation de la sainte Croix.

   L’apparition miraculeuse de la sainte Croix à Constantin , et la découverte de la Croix par sainte Hélène, avoient déjà fait établir cette fête, qui devint beaucoup plus solennelle depuis l’événement important que nous venons de rapporter.

   Les différentes portions de la vraie Croix que l’on a vénérées dans les diverses églises de la chrétienté, depuis la découverte de ce bois sacré, y sont venues, directement ou indirectement, de l’une des deux grandes églises de Jérusalem ou de Constantinople.
Parmi les nombreuses reliques de ce genre que la France possédoit avant la révolution, la principale se conservoit à la Sainte-Chapelle de Paris, où elle avoit été apportée de Constantinople en 1241. L’empereur Baudouin II, ayant été réduit à la triste nécessité d’engager aux Templiers plusieurs morceaux considérables de la vraie Croix, avec d’autres reliques de la chapelle impériale, pour remplir le vide occasionné dans son trésor par le fléau de la guerre, saint Louis, instruit de la résolution qu’il avoit prise, lui envoya des personnes de confiance, avec l’argent nécessaire pour retirer ces précieux objets.

   Ils furent apportés en France en 1241, et solennellement transférés dans la chapelle du Palais, le 14 septembre de la même année. L’église de Paris célèbre encore aujourd’hui la mémoire de cette translation le 14 septembre, jour même de l’Exaltation de la sainte Croix.

Sainte-Chapelle Paris - Ciborium de la grande châsse

Paris, la Sainte Chapelle :
le ciborium sous lequel était placée la Grande Châsse
qui renfermait, entre autres, les reliques de la Passion.

III. Origine des portions considérables de la vraie croix qui se conservent aujourd’hui dans l’Eglise métropolitaine de Paris.

   L’Eglise métropolitaine de Paris possède aujourd’hui plusieurs portions considérables de la vraie Croix, dont nous allons exposer en peu de mots l’origine.

   1) La première est la vraie Croix d’Anseau, ainsi nommée parce qu’elle fut envoyée en  à l’évêque et au Chapitre de Paris, par un ancien chanoine de cette Eglise, nommé Anselle ou Anseau, alors grand-chantre de l’Eglise du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Anseau lui-même, dans les lettres qu’il écrivit à Galon, évêque de Paris, et à son chapitre, en leur envoyant cette précieuse Relique , nous apprend qu’il la tenoit immédiatement de la supérieure des religieuses Géorgiennes de Jérusalem, qui, avant de venir habiter cette ville, avoit été mariée à David, roi de Géorgie. Cette pieuse reine, en quittant sa patrie après la mort de son époux, avoit emporté avec elle une partie de ses trésors, et spécialement la portion de la vraie Croix dont il s’agit, et qui provenoit de la partie du bois sacré que sainte Hélène avoit laissée à Jérusalem.

   Anseau envoya donc à l’évêque et au chapitre de Paris ce riche présent par un clerc de cette Eglise nommé Anselme. Celui-ci étant arrivé à Fontenay, près Bagneux, fit avertir de son arrivée l’évêque et les chanoines, qui se rendirent auprès de lui, et accompagnèrent solennellement la sainte Relique dans l’Eglise de Saint-Cloud, où ils la déposèrent le vendredi 3o juillet 1109. De là ils la transportèrent avec beaucoup de pompe, le dimanche suivant, dans l’Eglise cathédrale. Les évêques de Meaux et de Senlis , avec les processions des paroisses voisines, assistèrent à cette translation, dont l’Eglise de Paris célèbre encore aujourd’hui la mémoire le premier dimanche du mois d’août, jour de la Susception de la sainte Croix.

   En 1793 , lorsque la Municipalité de Paris eut fait enlever les objets précieux qui se conservoient dans le trésor de l’Eglise métropolitaine, M. Guyot de Sainte-Hélène, alors président du Comité révolutionnaire de la section de la Cité, obtint la permission de garder la Croix d’Anseau, qu’il partagea avec M. l’abbé Duflost, gardien au trésor de Notre-Dame. De la partie qu’il s’étoit réservée, M. Guyot de Sainte-Hélène forma depuis quatre croix différentes, dont trois seulement ont été rendues jusqu’ici à l’Eglise métropolitaine.
Avant cette Restitution, M. Guyot de Sainte-Hélène eut la précaution de faire reconnoitre les débris de l’ancienne Croix d’Anseau par plusieurs anciens chanoines et dignitaires de la Métropole, et spécialement par un ancien trésorier du Chapitre, qui avoit des notions exactes sur la sainte Relique et de toutes les circonstances qui pouvoient servir à en attester la conservation. Ce ne fut qu’après ces précautions que Mgr le cardinal de Belloy, archevêque de Paris, prononça lui-même en 18o3 l’authenticité des trois croix rendues à la Métropole, et permit de les exposer de nouveau à la vénération des fidèles.

Trésor de Notre-Dame reliquaires de la Croix

- Paul Brunet (actif 1871-1913) d’après Jules Astruc (1862-1955) :
Croix du reliquaire de la Vraie Croix de Saint-Claude avec fragments de la croix d’Anseau (1900).
- François Isaac Bertrand, dit Bertrand-Paraud (1774-1832) :
Croix reliquaire avec parcelles du bois de la Croix et de la Couronne d’épines (vers 1820 et entre 1843 et 1869 pour le pied).
- Maurice Poussielgue-Rusand (1861-1933) :
Monstrance avec portion de la croix d’Anseau (1901).

   2) Parmi les différentes portions de la vraie Croix qui se conservent aujourd’hui dans le trésor de l’Eglise métropolitaine, la plus considérable provient de la riche collection des Reliques de la Passion de Notre-Seigneur, conservées autrefois à la Sainte-Chapelle de Paris.

   A l’époque de la révolution, l’Assemblée nationale ayant supprimé tous les chapitres, la Municipalité de Paris fit mettre les scellés sur le trésor de la Sainte-Chapelle ; mais bientôt après, Louis XVI, voulant pourvoir à la conservation des saintes Reliques, donna ordre à M. Gilbert de la Chapelle, conseiller du Roi en ses conseils, de les retirer du trésor de la Sainte-Chapelle, et de les transporter provisoirement à l’abbaye de Saint-Denis. Cet ordre fut exécuté le 12 mars 1791, par M. de la Chapelle et M. l’abbé de Fénelon, aumônier du Roi, en présence de M. le président de la Chambre des Comptes, de M. Lourdet, commissaire particulier de ladite Chambre pour la Sainte-Chapelle de Paris, et du trésorier de la même Eglise. Les commissaires de la municipalité de Paris y furent aussi appelés pour reconnoitre et lever les scellés qu’ils y avoient mis.
Au sortir de la Sainte-Chapelle, M. l’abbé de Fénelon et M. de la Chapelle allèrent au château des Tuileries pour montrer les Reliques au Roi, qui avoit demandé à les voir ; et le même jour, ils les transportèrent et les déposèrent au trésor de l’abbaye de Saint-Denis, où elles demeurèrent jusqu’au lundi 11 novembre 1793. Dans la nuit qui suivit ce jour, les saintes Reliques furent enlevées par la Municipalité de Saint-Denis, et apportées à Paris, pour en faire hommage à la Convention, suivant l’expression du temps, comme d’objets servant d’aliment à la superstition. La Convention envoya les Reliques à son Comité des Inspecteurs de la salle, qui chargea un de ses membres, nommé Sergent, de les porter à l’Hôtel des Monnoies. Là on brisa les reliquaires, qui, aux yeux d’un gouvernement impie, étoient la partie la plus précieuse des richesses enlevées aux églises ; après quoi on fit porter les Reliques à la Commission temporaire des Arts, qui fut alors établie pour examiner les objets enlevés aux divers établissemens publics, et pour faire le discernement de ceux qui méritoient d’être conservés.
Ce fut pendant cet examen que M. Jean Bonvoisin, peintre, membre de la Commission, eut le bonheur de sauver en grande partie la portion de la vraie Croix que l’on avoit coutume d’exposer en certains jours à l’adoration des fidèles dans l’église de la Sainte-Chapelle. Comme on paroissoit faire très-peu de cas de ces objets sacrés, dépouillés de leurs riches ornemens, M. Bonvoisin eut la liberté de prendre sur la table où ils étoient rassemblés, la précieuse Relique dont nous venons de parler. Il s’empressa de la porter à sa mère, qui étoit une dame recommandable par sa piété, et qui, après l’avoir conservée religieusement pendant la révolution, se fit un devoir de la remettre en 1804 au Chapitre de Paris. M. Bonvoisin et sa pieuse mère attestèrent depuis avec serment, chacun pour ce qui les concernoit, la vérité des faits que nous venons de rapporter.
D’après cette déclaration , qui eut lieu le 13 avril 1808, Mgr le cardinal de Belloy, alors archevêque de Paris, fit enfermer, avec toutes les précautions convenables, cette précieuse portion de la vraie Croix dans le reliquaire de cristal où on la voit aujourd’hui.

Placide Poussielgue-Rusand d'après Eugene Viollet-le-Duc - reliquaire croix et clou

Placide Poussielgue-Rusand (1824-1889) d’après Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) :
Reliquaire réalisé pour exposer ensemble le saint Clou et le bois de la Croix (1862).

   3) L’Eglise métropolitaine a été enrichie, à la fin de l’année dernière, d’une nouvelle portion de la vraie Croix, non moins authentique que celles dont nous venons de parler. C’est de la Croix palatine, ainsi appelée parce qu’elle a autrefois appartenu à Anne de Gonzague de Clèves, princesse palatine, qui la laissa par testament à l’église de l’abbaye de Saint-Germain des Prés, à Paris (note : La princesse palatine dont il est ici question est la même dont Bossuet prononça l’oraison funèbre en 1685).

   Voici ce qu’on lit à ce sujet dans l’Histoire de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, publiée en 1724, par dom Bouillart : « L’église de l’Abbaye fut enrichie en 1684 de plusieurs Reliques très-considérables que Mme Anne de Gonzague de Clèyes, princesse de Mantoue et de Montferrat, veuve du prince Edouard de Bavière, prince Palatin du Rhin , lui avoit laissées par son testament, en date du 8 juin 1683, dont voici le contenu : Je donne le Clou de Notre-Seigneur, avec Il tous les papiers qui en autorisent la vérité et la permission de l’adorer, aux Pères Bénédictins de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Je donne encore ma croix de pierreries avec la sainte vraie Croix, que j’atteste avoir vue dans les flammes sans brûler. Cette Croix est double comme celles de Jérusalem, et il y a une double Croix d’or  avec des gravures de lettres grecques. Je donne encore à l’abbaye de Saint-Germain les Reliques que j’ai de saint Casimir, etc. etc. »
Ces Reliques , et les lettres authentiques qui en prouvent la vérité, avoient été examinées en 1673 par le sieur Benjamin, grand-vicaire du diocèse de Paris, chargé de cette commission par M. de Harlay, archevêque de Paris. Nonobstant cela, dom Claude Bretagne, prieur de l’Abbaye, fut encore délégué par le même archevêque, pour procéder à une seconde vérification, qu’il fit le 22 septembre de la présente année 1684. Les exécuteurs testamentaires lui remirent les Reliques entre les mains, et après les avoir examinées, dom Jean Barré les reçut au nom des religieux de Saint-Germain, qui l’avoient chargé de leur procuration. On lui donna aussi le procès-verbal du sieur Benjamin, où il est fait mention des mêmes Reliques et des papiers qui en certifient la vérité.

   Ce qu’il y a de plus remarquable dans la Croix dont nous venons de parler, c’est une inscription grecque qui se lit dans le revers, laquelle est composée de deux vers iambiques, dont le premier et la moitié du second sont sur la ligne droite, et l’autre moitié sur le travers du grand croisillon. Sur le petit il y a d’un côté IHS, c’est à-dire Jésus, et de l’autre, Xpistôs, c’est-à-dire Christus.
Le nom de Manuel Comnène, empereur de Constantinople, qui y est inséré, fait certainement connoître que cette Croix vient de lui. L’on prétend qu’il en fit présent à un prince de Pologne, et qu’elle a été conservée précieusement dans le trésor de la couronne.
On en peut voir la gravure dans l’Histoire de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Croix Palatine

Jean-Pierre Famechon (1787-1856) d’après Adrien Louis Lusson (1784-1864) :
Reliquaire de la « Croix Palatine » (1827-1828).

   Cette Croix est haute de huit pouces, sans y comprendre son pied de vermeil de pareille hauteur, et orné de pierreries en divers endroits.
Elle a deux travers, comme les croix de Jérusalem, qui sont remplis de bois de la vraie Croix.
Elle est bordée partout de diamans et d’améthystes.
La princesse palatine l’avoit reçue en présent de Jean-Casimir, roi de Pologne, qui l’avoit tirée du trésor de la couronne, et apportée avec lui lorsqu’il se retira en France.

   Il se trouve peu de portions de la vraie Croix plus considérables et mieux attestées ; car, outre les procès-verbaux et les autres titres, vus et examinés par le sieur Benjamin, les lettres grecques marquent l’antiquité de l’inscription et la vérité de la Relique.
Ce qui l’autorise encore davantage, c’est le miracle évident dont parle la princesse dans son testament, et qu’elle témoigna en mourant avoir vu de ses yeux, que cette Croix ayant été jetée dans le feu, y resta du temps sans en recevoir aucun dommage.
Madame la duchesse de Brunswick, fille de madame la princesse palatine, a aussi assuré que ce prodige étoit arrivé en présence de plusieurs princes et princesses, et de quelques personnes de qualité.

   Des Reliques si considérables laissées à l’abbaye Saint-Germain par une si pieuse princesse, et délivrées avec l’agrément et par les ordres de mesdames les duchesses d’Anguien et de Brunswick, demandoient qu’on les transférât de l’hôtel de la princesse à l’église de l’Abbaye avec toute la solennité convenable.
Le jour de saint Michel, 29 septembre, fut choisi pour cette cérémonie. Le Père dom Claude Bretagne, prieur de Saint-Germain, supplia, au nom de la communauté, M. de Harlay, archevêque de Paris, de faire cette translation par une procession solennelle. Tout le clergé séculier ou régulier du faubourg y assista ; les religieux de l’Abbaye tinrent le chœur, et M. l’Archevêque, revêtu de ses habits pontificaux, officia. Quand la procession fut arrivée dans l’église de l’abbaye, les saintes Reliques furent déposées sur un petit autel préparé au milieu du sanctuaire ; puis il entonna le Te Deum, qui fut chanté par les religieux, et à la fin il donna la bénédiction.

La Croix Palatine - détail 1

La « Croix Palatine » – détail.

   A l’époque de la révolution, c’est-à-dire au mois de novembre 1793, huit jours avant la spoliation du trésor de l’Abbaye, M. Roussineau, ancien curé de la Sainte-Chapelle de Paris, alors curé constitutionnel de l’église de Saint-Germain-des-Prés, et qui revint ensuite un des premiers à l’unité catholique, retira ces précieux objets du riche reliquaire où ils étoient enchâssés, et les enveloppa soigneusement de rubans scellés de son sceau, et de celui de dom Lièble, prêtre, ancien maître des cérémonies et bibliothécaire de l’Abbaye.
Non content de ces précautions, il fit reconnoître ces objets en 1797 par M. de Dampierre, vicaire-général de Paris, et aujourd’hui évêque de Clermont. Après cette vérification, M. de Dampierre renferma les saintes Reliques dans une boîte de bois, qu’il scella des sceaux de M. de Juigné, alors archevêque de Paris.
Cette boîte ainsi scellée fut conservée depuis par M. Roussinau, jusqu’à sa mort, qui arriva le 2 octobre 1827 à Dourdan, diocèse de Versailles, où il étoit curé. Il avoit plusieurs fois manifesté le désir de remettre cette boîte à M. de Quelen, archevêque de Paris, et elle lui fut en effet remise par ses héritiers le 25 octobre du même mois, scellée des mêmes sceaux de M. de Juigué, que M. de Dampierre y avoit apposés en 1797.

   M. l’archevêque de Paris, après avoir vérifié les sceaux, les avoir reconnus sains et entiers, a de nouveau constaté l’authenticité de la Relique : il l’a ensuite fait placer dans une riche croix de vermeil élégamment travaillée, fermée de deux cristaux, en sorte que l’on peut distinguer parfaitement d’un côté le bois de la vraie Croix, et de l’autre les lames d’or dont elle est demeurée revêtue, ainsi que l’antique inscription grecque qui se lit sur le revers.

   Le 22 février 1828, jour de la fête des Cinq Plaies de Notre-Seigneur, on fit une translation solennelle de cette précieuse Relique dans l’église de Notre-Dame, où elle fut confiée à la garde du Chapitre métropolitain.

Hyacinthe Louis de Quelen archevêque de Paris

Hyacinthe Louis de Quelen (1778-1839)
archevêque de Paris
sous le pontificat duquel la plupart des reliques de la Passion
rejoignirent le trésor de Notre-Dame

II. De la Sainte Couronne d’Epines.

I. Histoire de la sainte Couronne d’Épines avant la révolution.

   Ce fut en 1238 que Baudouin II, empereur de Constantinople, fit don à saint Louis de cette insigne Relique, qui se conservoit de temps immémorial dans la chapelle des empereurs grecs. Etant venu en France pour chercher du secours contre les Bulgares, il apprit que ses ministres, pour subvenir aux besoins extrêmes de l’Empire, songeoient à engager la sainte Couronne à des étrangers. A cette nouvelle, soit qu’il se piquât de générosité pour les bienfaits dont saint Louis l’avoit déjà comblé, soit qu’il espérât qu’un si riche présent lui attireroit infailliblement de nouvelles marques de la munificence du saint Roi, il le supplia de vouloir bien accepter la sainte Couronne. « Je sais certainement, lui dit-il, que les seigneurs enfermés dans Constantinople sont réduits à une telle extrémité, qu’ils seront obligés de vendre la sainte Couronne à des étrangers, ou du moins de la donner en gage. C’est pourquoi je désire ardemment de vous faire passer ce précieux trésor, à vous, mon cousin, mon seigneur et mon bienfaiteur, et au royaume de France, ma patrie. Je vous prie donc de vouloir bien le recevoir en pur don ».
Saint Louis accepta cette offre avec tout l’empressement d’une piété aussi tendre que solide et généreuse, et il ne perdit pas un moment pour s’assurer un dépôt si précieux, qui pouvoit lui être enlevé par divers contre-temps. 
Il envoya aussitôt à Constantinople deux religieux Dominicains, Jacques et André, dont l’un ayant été prieur dans un couvent de cette ville, avoit vu plus d’une fois la sainte Couronne, et étoit bien instruit de tout ce qui la concernoit.
Baudoin fit partir avec eux un de ses officiers, avec des lettres patentes par lesquelles il ordonnoit aux seigneurs de délivrer la sainte Relique aux envoyés du Roi.
Ceux-ci, étant arrivés à Constantinople, trouvèrent que les ministres de l’Empereur, pressés par une extrême nécessité, avoient déjà engagé la sainte Couronne aux Vénitiens, pour une grosse somme d’argent, à condition que, si on ne la retiroit de leurs mains dans le terme convenu, qui étoit assez court, elle appartiendroit aux Vénitiens, et qu’en attendant elle seroit transportée à Venise.
Les ministres de l’empereur, ayant lu ses lettres, convinrent avec les Vénitiens que la sainte Couronne seroit portée à Venise par les envoyés du Roi, accompagnés des ambassadeurs et des principaux citoyens de Constantinople ; qu’étant arrivés à Venise , les envoyés du Roi paieroient aux Vénitiens les sommes convenues, et se chargeroient ensuite de transporter en France le sacré dépôt.

La Sainte Couronne d'épines

La Sainte Couronne d’Epines dans son actuel reliquaire de cristal

   Avant de quitter Constantinople, toutes les précautions furent prises pour constater l’authenticité et la conservation de la sainte Relique. La caisse qui la renfermoit fut scellée des sceaux des seigneurs français. La confiance de ceux qui devoient la transporter éleva leur âme au-dessus de la crainte de tous les périls ; car ils ne firent pas difficulté de s’embarquer vers Noël de l’année 1238, c’est-à-dire, dans la saison la moins propre à la navigation. Cette confiance fut pleinement justifiée, et le danger des tempêtes ne fut pas le seul auquel ils échappèrent heureusement. L’empereur grec Vatace, étant instruit de cette translation, mit en mer plusieurs galères pour surprendre le vaisseau des Latins avec le sacré dépôt qu’il portoit ; mais la main qui le conservoit depuis tant de siècles le fit arriver à Venise sans aucun fâcheux accident.

   Aussitôt qu’on y fut arrivé, on déposa la sainte Couronne dans le trésor de la chapelle de Saint-Marc.
André, l’un des envoyés de saint Louis, resta pour la garder, tandis que Jacques, son compagnon, se rendit promptement auprès du Roi, pour l’informer de l’état des choses.
Le religieux monarque, ravi de joie à cette nouvelle, ne balança point à confirmer l’accord fait avec les Vénitiens ; et de concert avec l’empereur Baudouin, il renvoya Jacques à Venise, avec des ambassadeurs chargés d’ordonner aux marchands français qui se trouvoient dans cette ville, de payer les sommes promises.
Sa précaution alla jusqu’à demander à Frédéric, empereur d’Allemagne, une escorte pour protéger le transport de la sainte Couronne en France. Les Vénitiens eussent bien voulu s’y opposer ; mais, ne pouvant aller contre le traité, ils consentirent à l’exécution, et les ambassadeurs du Roi, ayant reconnu les sceaux, reprirent le chemin de la France.
Gauthier, archevêque de Sens, que le Roi chargea dans la suite d’écrire l’histoire de cette translation, rapporte à ce sujet une particularité que nous ne devons pas omettre : c’est que, pendant tout ce voyage il ne tomba pas une seule goutte d’eau sur ceux qui portoient ou qui accompagnoient la sainte Relique, quoique le ciel fût extrêmement chargé, et qu’il plut très souvent, lorsqu’ils étoient arrivés aux lieux où ils devoient s’arrêter.

   Quand ils furent à Troyes en Champagne, ils en donnèrent avis au roi, qui partit en diligence, accompagné de la Reine sa mère, des princes ses frères, de plusieurs prélats et seigneurs de sa cour.

Saint Louis portant la Sainte Couronne d'Epines à Notre-Dame de Paris le 19 août 1239

Saint Louis portant la Sainte Couronne d’Epines à Notre-Dame de Paris le 19 août 1239
[gravure de Jules David (1860) colorisée en 2012 par Jérôme Dumoux]

   Ce fut le 10 août 1239, jour de saint Laurent, qu’on rencontra la sainte Couronne, à Villeneuve-l’Archevêque, à cinq lieues de Sens. On ouvrit d’abord la caisse de bois qui renfermoit la sainte Relique, et l’on en vérifia les sceaux, avec les actes qui en établissoient l’authenticité. On ouvrit ensuite la châsse d’argent, puis le vase d’or qui renfermoit la sainte Couronne, et on la fit voir au Roi et à tous les assistans.
L’archevêque de Sens, qui étoit présent, dit qu’on se figureroit difficilement les vives émotions que le Roi, la Reine, et tant d’illustres personnages qui assistoient à l’ouverture de la châsse, éprouvèrent en ce moment, par l’impression religieuse que ce spectacle excitoit dans leurs âmes.

   Le lendemain, onzième jour d’août, la Relique fut portée à Sens. A l’entrée de la ville, le Roi et Robert son frère, comte d’Artois, la prirent sur leurs épaules, étant l’un et l’autre nu-pieds, et vêtus d une simple robe de laine. Ils étoient suivis des prélats et des seigneurs, qui marchoient aussi nu-pieds. Un clergé nombreux les précédoit avec les Reliques des églises voisines, et environné d’un peuple infini qui ne respiroit que la modestie et la componction. On eût dit que les sentimens du Roi avoient passé dans tous les assistans. On porta ainsi la sainte Couronne à l’Eglise métropolitaine, où elle fut exposée le reste du jour à la vénération du peuple.
Le lendemain, le Roi partit pour Paris, où se fit, huit jours après, la réception solennelle de la sainte Relique. On avoit dressé dans la campagne, près l’église de Saint Antoine, une estrade fort élevée, d’où l’on montra la châsse à tout le peuple.
Le Roi et son frère la portèrent ensuite sur leurs épaules à l’Eglise cathédrale, avec les mêmes marques d’humilité et de respect qu’ils avoient fait à Sens. Après avoir chanté l’office, on alla déposer la châsse dans la chapelle du Palais, qui étoit alors sous l’invocation de saint Nicolas. Depuis cette époque, l’Eglise de Paris célèbre chaque année la mémoire de cette translation solennelle le onzième jour d’août.

Reliquaire de la Sainte Couronne d'Epines de 1862

Placide Poussielgue-Rusand (1824-1889) d’après Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) :
Reliquaire réalisé pour la Sainte Couronne d’Epines en 1862.

II. Histoire de la sainte Couronne d’épines depuis la révolution.

   On a vu plus haut qu’à l’époque de la révolution, les Reliques de la Sainte-Chapelle, après avoir été d’abord portées à Saint-Denis, au mois de mars 1791, avoient été transférées, en 1793, à l’Hôtel des Monnoies. Là on dépouilla la sainte Couronne de son reliquaire ; on la rompit en trois parties à peu près égales, et on en porta les débris, avec les autres Reliques de la Sainte-Chapelle et de Saint-Denis, à la Commission temporaire des Arts, où ils furent mis sous la garde du secrétaire de cette Commission, nommé Oudry. Ce fut des mains de ce dernier que l’abbé Barthélemy, un des conservateurs des médailles antiques de la Bibliothèque nationale, obtint, en 1794, les débris de la sainte Couronne, pour les conserver parmi les objets confiés à sa garde.

   La sainte Couronne demeura ainsi à la Bibliothèque nationale jusqu’au mois d’octobre 1804. A cette époque, Mgr le cardinal de Belloy, archevêque de Paris, ayant été bien instruit de tous ces détails, et jugeant les circonstances favorables pour réclamer la sainte Couronne, avec plusieurs autres Reliques déposées dans le même établissement, s’adressa pour cet objet à M. Portalis, alors ministre des cultes, et en même temps ministre de l’intérieur par intérim.
Celui-ci donna ordre à M. Millin, conservateur des médailles antiques, de remettre les Reliques à l’église Notre-Dame, et M. Millin les remit en effet, le 26 octobre 18o4, à M. l’abbé d’Astros, grand-vicaire de Paris, maintenant évêque de Bayonne.

   Après le recouvrement de cette précieuse Relique, M. l’archevêque de Paris, avant de l’exposer de nouveau à la vénération publique, se procura tous les renseignemens propres à en certifier la conservation.
Le transport de la sainte Couronne à Saint-Denis en 1791, et l’identité de la couronne remise en 1804 avec celle qui avoit été déposée en 1791 au trésor de l’abbaye de Saint-Denis, furent établis par les témoignages uniformes de plusieurs personnes d’une sagesse et d’une probité à l’abri de tout soupçon.
Tant de témoignages réunis ayant pleinement dissipé tous les doutes, et ne permettant même plus de former à ce sujet la moindre difficulté, Mgr le cardinal de Belloy ne balança plus à rendre à la vénération publique une Relique si précieuse, et elle fut transférée avec une grande pompe dans l’église de Notre-Dame, le dimanche 10 août 1806.

Reliquaire de la sainte Couronne d'Epines de 1806

Jean-Charles Cahier (1772-1857) : 
Châsse reliquaire de la sainte Couronne d’Epines réalisée en 1806
pour la restitution de la relique

III. Des Clous qui ont percé les pieds et les mains du Sauveur.

   On a vu plus haut que sainte Hélène avoit trouvé, avec la Croix de Jésus-Christ, les Clous qui avoient servi à le crucifier. Les auteurs contemporains qui rapportent ce fait ne disent pas quel étoit le nombre des clous ; mais on convient généralement qu’il n’y en avoit pas moins de trois, et plusieurs savans, qui ont soigneusement examiné cette question, pensent qu’il devoit y en avoir quatre, soit parce que les plus anciennes images du crucifix représentent le Sauveur attaché à la Croix avec quatre clous, soit parce qu’il seroit difficile de supposer que les deux pieds eussent été attachés à la Croix avec un seul clou, sans qu’il se brisât quelqu’un des os ; ce qui seroit contraire à cette parole de l’Ecriture : Vous ne briserez aucun de ses os.

   L’Eglise métropolitaine de Paris possède aujourd’hui deux portions différentes des saints Clous ; l’une provenant du trésor de l’ancienne abbaye de Saint-Denis, et l’autre du trésor de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés.

   1) Une tradition très-ancienne regardoit le premier comme un présent fait à l’abbaye de Saint-Denis par l’empereur Charles-le-Chauve, qui l’avoit tiré d’Aix la Chapelle.
Cette tradition, qui remonte bien au-delà du dixième siècle, est d’ailleurs confirmée par l’histoire, qui nous apprend que la chapelle de Charlemagne avoit été enrichie de plusieurs précieuses Reliques de la Passion de Notre-Seigneur, dont le patriarche de Jérusalem lui avoit fait présent.
Quoi qu’il en soit de l’ancienneté de cette tradition, il est constant par l’histoire que le saint Clou conservé de temps immémorial à Saint-Denis, s’y voyoit encore à l’époque de la révolution, dans un magnifique reliquaire, dont on peut voir le dessin dans l’Histoire de l’abbaye de Saint-Denis par Félibien, p. 537.

   En 1793, le saint Clou ayant été apporté à Paris avec tes autres objets de ce genre provenant du trésor de l’abbaye de Saint-Denis, fut présenté à la Commission temporaire des Arts, dont nous avons déjà parlé. M. Le Lièvre, membre de l’Institut et inspecteur-général des mines, qui faisoit partie de cette commission, obtint la permission de prendre le saint Clou, comme un objet de minéralogie, qu’il vouloit examiner et analyser. L’ayant par ce moyen sauvé de la destruction et de la profanation, ainsi que plusieurs morceaux de la vraie Croix, qu’il lui fut aussi permis d’emporter, et qu’il partagea entre plusieurs personnes, il le conserva soigneusement jusqu’au mois d’avril 1824 ; à cette époque il le remit à M. l’archevêque de Paris, en lui assurant avec serment que c’étoit véritablement le saint Clou provenant du trésor de l’abbaye de Saint-Denis, qu’il avoit ainsi sauvé de la profanation en 1793. D’après ce témoignage, et d’après les enquêtes et examens préalables, M. l’archevêque reconnut la sainte Relique, et la fit placer dans le reliquaire où on la voit aujourd’hui.

le Saint Clou Notre-Dame de Paris provenant de Saint-Denis

Saint Clou de Notre-Dame de Paris
qui appartenait au trésor de l’abbaye de Saint-Denis avant la révolution

   2) Nous avons aussi rapporté plus haut l’origine du saint Clou provenant de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés.
Il avoit été légué en 1684 à cette abbaye par la princesse Palatine, qui l’avoit reçu, quelques années auparavant, du roi de Pologne Jean-Casimir. Ce prince lui-même l’avoit tiré du trésor de sa couronne, avec le morceau de la vraie Croix dont nous avons parlé ailleurs.

   Voici ce qu’on lit en particulier sur le saint Clou dans l’Histoire de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés : « La pointe d’un des clous dont notre Seigneur Jésus-Christ fut attaché à la croix, n’est pas moins avérée. Elle venoit aussi du trésor de la couronne de Pologne, et le roi Jean-Casimir, qui l’avoit apportée avec lui en France, en avoit gratifié la princesse Palatine. Le roi Michel, son successeur, le lui redemanda, comme une relique appartenant à sa couronne, et lui fit même des offres très-considérables ; mais la princesse en faisoit plus d’estime que de toutes les richesses du monde, et elle abandonna sans peine ces avantages temporels pour conserver un si précieux trésor ».

   Le saint Clou fut examiné et reconnu avec la vraie Croix en 1673 et en 1674 par les vicaires généraux de Paris, que M. de Harlay avoit chargés de cet examen. Depuis cette époque jusqu’à la révolution, il fut conservé avec la vraie Croix dans un magnifique reliquaire.

   Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit au même endroit, sur la conservation de ces précieuses Reliques pendant la révolution, et sur la remise qui en a été faite à M. l’archevêque de Paris au mois d’octobre dernier, au nom de M. Roussineau.
Cette Relique déplacée par ordre de M. l’archevêque dans un reliquaire de cristal en forme de clou, dont la tète et la pointe sont garnies de vermeil. Réunie à la Croix Palatine, elle a été également transférée à l’église métropolitaine, et confiée à la garde du Chapitre, le 22 février 1828.

Fragment du Clou de la Passion provenant de la Princesse Palatine

Fragment du Clou de la Passion
aujourd’hui inséré dans le reliquaire de la Croix Palatine (voir supra)
et provenant de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés

2025-64. Fête de la Pureté de Notre-Dame, et prière à Notre-Dame de la Pureté.

11 mars,
Chez les Ermites de Saint Augustin, fête de la Pureté de la Bienheureuse Vierge Marie ;
Mémoire de la férie de Carême.

Monogramme de Marie vitrail avec anges - blogue

       Le martyrologe propre des Ermites de Saint Augustin mentionne à la date du 11 mars la fête de la Pureté de la Bienheureuse Vierge Marie : c’est une fête de contemplation, de stimulation et de préparation.

- Contemplation de la Vierge Très Sainte dans son absolue pureté, qui lui vaut d’être saluée du qualificatif de « pleine de grâce » (mais l’adjectif grec évoque l’idée d’une parfaite plénitude) par l’archange qui s’adresse à elle au nom du Dieu trois fois saint.

- Stimulation, parce qu’étant entrés en Carême, temps de purifications plus intenses, la considération d’une telle pureté, qui est le fruit de la Rédemption (car Notre-Dame est la première et la plus parfaite des rachetés), met en évidence que « rien n’est impossible à Dieu », et donc que quel que soit notre degré de souillure – du fait de nos péchés personnels et des cicatrices et effets qu’ils ont laissés en nous -, il n’est pas vain d’espérer que Dieu nous purifie en totalité.

- Préparation à la fête de l’Annonciation : en nous aidant à considérer plus attentivement celle que le Très Haut a élue, préparée, merveilleusement comblée, afin de devenir le vivant Tabernacle du Verbe éternel S’incarnant.

Vierge très pure - blogue

O Notre-Dame de la Pureté,

Vierge sans tache, tabernacle du Dieu de toute pureté,
réceptacle de toutes les grâces,
j’ai recours à vous dans mes besoins,
mes peines, mes tentations et mes faiblesses.

O Marie, merveille de pureté,
je vous consacre mes yeux, mes oreilles, ma bouche, mon cœur,
mes pensées, mes paroles et mes actions,
afin que l’esprit du mal n’ait jamais la moindre part en moi
et que, tout mon être étant conservé dans une pureté parfaite,
je serve Dieu de tout mon cœur
et arrive, sous votre maternelle protection,
à la béatitude éternelle
pour jouir à jamais avec vous
de la possession de l’auguste Trinité dans le ciel.

Ainsi soit-il.

Nihil obstat : Paulus Lacouline, Censor
Imprimatur : + Lionellus Audet, V.G.
Quebeci, die 25 a martii 1954

Trois lys blancs

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