Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2007-37. Le 24 novembre, nous fêtons Saint Jean de la Croix.

24 novembre,
fête de Saint Jean de la Croix, confesseur, docteur de l’Eglise ;
anniversaire de l’Edit de Thessalonique (cf. > ici).

Blason du Carmel

       Carme espagnol, Docteur de l’Église, figure essentielle de la réforme du Carmel, maître de la théologie dite négative, Saint Jean de la Croix enseigne une voie de dépouillement pour parvenir à l’union d’amour mystique avec Dieu.

   Pour Jean, l’âme qui aime doit « travailler à se dépouiller et dénuer pour Dieu de tout ce qui n’est point Dieu« .
Souvent appelé le « Docteur des Nuits », ses écrits (qui ont pour titres : « La montée du Carmel », « La nuit obscure », « La vive flamme d’amour » & « Les cantiques spirituels ») ont profondément marqué la mystique chrétienne par leur intensité et par la sureté de leur doctrine : Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus – à une époque où les ouvrages de Saint Jean de la Croix étaient peu lus dans les Carmels (!!!) – y puisa de grandes lumières et forces spirituelles.
La radicalité de son enseignement et la rigueur de sa vie ont fait dire au philosophe Gustave Thibon qu’il fut le «plus extrémiste de tous les saints».
De fait, la réputation qui a été faite aux enseignements de Saint Jean de la Croix inspire parfois une certaine crainte, parce qu’on les a présentés comme une espèce d’ascétisme « effrayant », sans faire ressortir combien toute cette doctrine était fondée sur l’amour, et sur la recherche d’un amour toujours plus grand, plus beau, plus fort, plus pur, qui mérite qu’on fasse pour lui d’authentiques renoncements.
D’un autre côté, il n’est pas rare non plus de trouver de faux maîtres spirituels ou mystiques qui prétendent se couvrir de son autorité ou se référer à sa doctrine spirituelle!

St Jean de la Croix

   Jean de Yépès est né en 1542, en vieille Castille, dans une famille noble mais pauvre, qui vivait du tissage. En 1545, la famille de Jean fut éprouvée par des deuils cruels: le père et l’un des garçons furent emportés soudainement. Ce fut alors le début d’une période de véritable misère pour Jean, sa mère et son autre frère. En 1551, ils s’installèrent à Médina del Campo, où ils avaient pu trouver un peu de travail. C’est à cette époque que les dons de Jean se manifestèrent : curiosité intellectuelle, amour du beau, piété, dévouement exceptionnel pour autrui.
En 1563, à l’âge de vingt ans, il prit l’habit chez les Carmes sous le nom de Frère Jean de Saint-Matthias.
Quatre ans plus tard, à Médina, il rencontra Thérèse d’Avila qui venait d’y fonder un Carmel de femmes selon l’ancienne observance. Elle convainquit Jean – qui était maintenant prêtre – de se joindre à elle dans sa réforme de l’Ordre. Il prit alors le nom de Jean de la Croix et devint un élément essentiel de la Réforme thérésienne, développant un lien privilégié avec Mère Thérèse de Jésus. Celle-ci, impressionnée par son sérieux et son zèle ascétique, l’appelait avec humour son «petit Sénèque».
En décembre 1577, le Père Jean de la Croix fut enlevé par des Carmes adversaires résolus de la réforme : ils l’enfermèrent pendant plusieurs mois dans un réduit du couvent de Tolède, le soumettant à toutes sortes de brimades et humiliations.
Toutefois, le 17 août 1578, Jean – aidé par la Sainte Vierge – parvint à s’évader. Durant cette captivité il avait reçu de grandes grâces d’union à Dieu et composé ses grands poèmes qui expriment cette expérience mystique de tout premier ordre.
En 1582, après la mort de Sainte Thérèse, il devint prieur du couvent de Grenade. Il rédigea alors ses traités « didactiques  » qui se présentent comme une sorte de commentaire des oeuvres poétiques. En 1589, il fut élu prieur du couvent de Ségovie. Il mourut le 14 décembre 1591, à l’âge de quarante-neuf ans.

   Béatifié en 1675, canonisé en 1726 et proclamé Docteur de l’Église par le pape Pie XI en 1926, il fut en outre déclaré par Pie XII patron des poètes espagnols le 21 mars 1952, et par Jean-Paul II patron des poètes de langue espagnole le 8 mars 1993.

   Voici justement l’un de ses poèmes, très connu, mais dont la lecture est toujours très émouvante :

Je la connais la source qui coule et se répand,
Quoique ce soit de nuit !

Cette fontaine éternelle est cachée,
Mais comme je sais bien où elle est,
Quoique ce soit de nuit !

Dans cette nuit obscure de cette vie
Comme je connais bien, par la foi, la fontaine,
Quoique ce soit de nuit !

Son origine, je l’ignore; elle n’en a pas
Mais je sais que tout être tire d’elle son origine,
Quoique ce soit de nuit !

Je sais qu’il ne peut y avoir chose plus belle,
Que la terre et les cieux vont s’y abreuver,
Quoique ce soit de nuit !

Je sais bien que c’est un abîme sans fond
Et que personne ne peut y passer à gué,
Quoique ce soit de nuit !

Sa clarté n’est jamais obscurcie
Et je sais que toute lumière vient d’elle,
Quoique ce soit de nuit !

Je sais que ses eaux coulent si abondantes
Qu’elles arrosent enfers, cieux et peuples,
Quoique ce soit de nuit !

Le ruisseau qui sort de cette source
Est, je le sais, aussi vaste et puissant qu’elle,
Quoique ce soit de nuit !

Le ruisseau qui procède de ces deux
N’est précédé ni par l’un ni par l’autre,
Quoique ce soit de nuit !

Je sais bien que les trois, dans une seule eau vive,
Résident, et que l’une dérive de l’autre,
Quoique ce soit de nuit !

Cette fontaine éternelle est cachée
Dans ce pain vivant pour nous donner vie,
Quoique ce soit de nuit !

Elle est là appelant toutes les créatures
Et elles vont s’y abreuver dans les ténèbres,
Parce qu’il fait nuit.

Cette source vive, vers laquelle je soupire,
Je la vois dans ce pain de vie,
Quoique ce soit de nuit !

Voir aussi :
- La catéchèse de Benoît XVI > ici
- la B.D. « Libérer le vol de l’âme » > ici
- Et le texte de Gustave Thibon > ici

Saint Jean de la Croix

2007-36. De la Présentation de Marie au Temple.

21 novembre.

       La fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple est un jour particulièrement cher à ceux qui se consacrent à Dieu, en particulier dans « l’Ecole Française » de spiritualité : dans le sillage de Saint François de Sales, du Cardinal de Bérulle, de Monsieur Olier, de Saint Jean Eudes, de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort et du Vénérable Père Libermann (pour ne citer que quelques un des plus grands noms) beaucoup de sociétés ecclésiastiques ou de congrégations placent en ce jours le renouvellement des voeux de religion ou des promesses cléricales.

   Toute la Tradition, en Orient comme en Occident, honore en effet en ce jour – plus qu’un événement extérieur qui pourrait paraître seulement anecdotique – le don plénier que la Vierge très pure fit d’Elle-même, en entrant dans cet espèce de « pensionnat » dans lequel des « jeunes filles de bonnes familles », particulièrement choisies, étaient admises pour – en sus de l’éducation soignée qui leur y était dispensée – œuvrer à l’ornementation du Temple, travailler à la confection et à l’entretien des ornements sacrés, participer plus assidûment aux cérémonies du culte divin.

   Les Saints et les mystiques de tous les temps, depuis les premiers siècles, ont développé de magnifiques considérations sur les dispositions intérieures de Notre-Dame en cette circonstance.

   Cette fête d’une richesse spirituelle extraordinaire a aussi été illustrée par de nombreux artistes qui ont tenté de traduire dans leurs oeuvres la résolution ferme, la détermination courageuse et la maturité d’âme de cette toute petite fille qui est la véritable Arche d’Alliance.

   Je veux retranscrire pour vous ci-dessous la traduction de l’hymne particulier qu’on trouve au propre de l’archidiocèse de Paris et dont Frère Maximilien-Marie a fait la base de sa méditation ce matin.
Nous restons bien évidemment unis par la ferveur et la joie spirituelle en cette belle fête, présentant au cœur très pur de Marie toutes les intentions que nous portons en nos propres cœurs, si souvent chargés de soucis et d’inquiétudes diverses…

Lully.                                       

Nota bene :
vous trouverez aussi dans ce blogue d’autres textes concernant cette fête :
1) la méditation de Jean-Jacques Olier pour la fête de la Présentation de la Vierge > ici.
2) un extrait des « Gloires de Marie » de Saint Alphonse de Liguori, dédié à ce mystère > ici.
3) un extrait d’un sermon de Saint François de Sales > ici.

Présentation de Marie (Le Titien-détail)

Comme elle est belle, la fille du Roi
s’avançant vers le seuil du Temple qu’elle a hâte d’atteindre !
Elle prélude ainsi à l’offrande qu’elle fera bientôt
d’une victime plus parfaite.

Des bras de sa mère, enfant,
d’un pas sûr elle vole vers le Cœur de Dieu.
Vierge qui sera l’autel de Dieu,
elle s’offre aux autels comme victime.

Elle consacre son jeune corps à Dieu qu’elle choisit comme Epoux,
Elle lui dédie l’intime de son cœur de vierge ;
Elle qui est réservée au Verbe, comme mère,
Elle consacre au Verbe ses entrailles.

Pendant que vous vous vouez à Dieu, Vous et tout ce que Vous avez,
ô Vierge qui tenez pour rien les biens de la terre,
avec quels intérêts Dieu qui est l’hôte de votre cœur
Vous rémunère-t-il !

Pourquoi de mauvais plaisirs nous enchaînent-ils ?
Pourquoi n’avons nous pas encore l’énergie pour briser nos liens ?
La Vierge Prêtre nous montre le chemin :
Elle se hâte vers Dieu, suivons-la !

Maintenant donc votre race choisie se consacre à Vous,
Vous demeurez donc notre part d’héritage,
ô Dieu, qui, né de la Vierge,
souvent par nous renaissez.

Gloire suprême soit au Père,
Gloire suprême soit au Fils,
Gloire égale à Vous, ô Saint-Esprit !
Si de votre amour vous enflammez nos cœurs,
d’un cœur pur nous offrirons le saint sacrifice !

Ainsi soit-il !

2007-35. « Personne n’en est jamais revenu pour nous en attester l’existence… »

Mardi 20 novembre 2007.

Frère Maximilien-Marie m’a raconté comment, dernièrement encore, il a dû « remettre les pendules à l’heure » auprès d’une personne – se prétendant chrétienne – qui se moquait de la croyance en l’enfer : elle affirmait que c’était complètement « ringard », qu’au XXIème siècle on ne pouvait pas reprendre tels quels les mythes du Moyen-Age qui procédaient d’une pédagogie dépassée, basée sur la crainte, qu’enfin nous étions affranchis de ces fariboles par la connaissance du Dieu-Amour, qu’il était grand temps de dépasser une conception de Dieu vétéro-testamentaire, et que d’ailleurs personne n’était jamais revenu de l’enfer pour nous en prouver l’existence… etc.

Je lui ai donc demandé ce qu’il fallait répondre à cela. Il m’a alors dit qu’un prêtre qu’il avait connu se contentait de répondre par l’histoire suivante :

Poissons

« Il y avait une fois deux jeunes poissons qui se promenaient ensemble.
Soudain, l’un d’eux s’écria : « Hé, dis donc, regarde un peu ce joli petit ver tout dodu… Nous allons nous faire un petit goûter bien sympa! »

- Non, non! répondit son compagnon. Ce joli petit ver appétissant est accroché à un hameçon ; l’hameçon est attaché à un fil invisible ; le fil invisible est retenu par une canne à pêche ; et au bout de la canne à pêche il y a un homme ! Si tu avales le petit ver, tu seras pris à l’hameçon et l’homme, tirant la canne à pêche, te sortira de l’eau et tu finiras dans une poêle à frire…

- Ha ha ha ! ricana le premier. Cette histoire de la poêle à frire, ma grand’mère me la racontait déjà quand j’étais petit pour me faire peur et m’empêcher ainsi de faire des bétises ! Mais ta poêle à frire n’est qu’une sorte de mythe moralisateur pour nous apprendre à rester dans le bon chemin, rien de plus… D’ailleurs aucun des poissons qui se sont affranchis de cette vieille histoire n’est jamais revenu pour nous en attester l’existence de ta fameuse poêle à frire ! Tu peux bien en rester à ces racontars de grand’mère, mais en ce cas tu ne seras jamais vraiment un poisson adulte, tu resteras dans un esprit de crainte puérile n’osant pas faire les expériences qui te permettent de juger par toi même…

Il alla donc croquer le petit ver dodu, fut tiré hors de l’eau, et finit lui aussi dans cette poêle à frire, dont il ne revint pas plus que les autres pour en attester l’existence à ses frères poissons. »

* * * * * * *

Dieu est amour, nous n’en doutons pas un seul instant.
C’est bien justement parce qu’Il nous aime qu’Il veut nous arracher au pouvoir de Satan et au péril de la damnation. Mais l’amour ne s’impose pas : Dieu nous a créés libres et, ce faisant, Il respecte notre liberté jusqu’à nous laisser le choix de refuser son amour en toute responsabilité et conscience.

Dieu ne ment pas : Il ne peut ni se tromper ni nous tromper.
Or la Révélation, contenue dans les Saintes Ecritures inspirées, nous enseigne de manière catégorique la réalité de l’enfer. Et si le Fils de Dieu S’est incarné, dans le but de souffrir la Passion ; s’Il est mort sur la Croix dans des tourments inouïs, c’est justement pour nous racheter par Son Sang précieux…
Etait-il besoin de toute cette souffrance et de ce sacrifice, sans cesse réactualisé et offert sur l’autel de la Sainte Messe, si tous les hommes étaient automatiquement sauvés ?

Les Saints Evangiles parlent en de nombreux endroits du « feu éternel préparé pour le démon et ses anges », de la « géhenne de feu », des « ténèbres extérieures, là où sont les cris et les grincements de dents » …etc.
Le Christ, en nous avertissant ainsi, ne nous prend pas pour des enfants, des éternels mineurs, des personnes incapables de choisir : bien au contraire, Il travaille à former notre jugement et à nous donner les éléments pour décider en toute liberté et responsabilité.

En ces dernières semaines de l’année liturgique, les textes que la Sainte Eglise soumet à notre méditation sont axés sur les fins dernières, non pour nous maintenir dans une crainte servile et paralysante, mais pour nous encourager à être pleinement adultes dans nos choix de vie, nos orientations, nos décisions quotidiennes, au regard de l’éternité…

Et Jésus lui-même a répondu à l’argument de ceux qui prétendent que personne n’est jamais revenu de l’enfer : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent… S’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourrait bien revenir de chez les morts qu’ils ne le croiraient point » (Luc XVI, 29-31).

Lully.

Prière de Sainte Madeleine-Sophie au Sacré-Cœur de Jésus.

Sacré-Coeur église de Loigny-la-Bataille

(Statue du Sacré-Cœur dans l’église de Loigny-la-Bataille – Photo frère  Maximilien-Marie : reproduction autorisée à condition de mentionner la source)

Cœur Sacré de Jésus,

je cours et je viens à Vous,

parce que Vous êtes mon unique refuge,

ma seule mais certaine espérance :

Vous êtes le remède à tous mes maux,

le soulagement de toutes mes misères,

la réparation de toutes mes fautes,

le supplément à tout ce qui me manque,

la certitude de toutes mes demandes,

la source infaillible et intarissable pour moi de lumière,

de force, de constance, de paix et de bénédiction.

Je suis sûr que Vous ne Vous lasserez pas de moi

et que Vous ne cesserez de m’aimer, de m’aider et de me protéger,

parce que Vous m’aimez d’un amour infini.

Ayez donc pitié de moi, Seigneur, selon Votre grande miséricorde

et faites de moi, en moi et pour moi

tout ce que Vous voudrez,

car je m’abandonne à Vous avec la pleine et entière confiance

que Vous ne m’abandonnerez jamais!

Ainsi soit-il.

Sacré Coeur de Jésus.jpg

Publié dans:Prier avec nous |on 17 novembre, 2007 |9 Commentaires »

2007-33. Lorsque la charité du monde alangui ira se refroidissant…

16 novembre,
Fête de Sainte Gertrude d’Helfta, dite la Grande.

       C’est aujourd’hui la fête de Sainte Gertrude d’Helfta. Bien que le prénom Gertrude prête parfois à sourire en France (il y a même des amis du Mesnil-Marie dont l’automobile est ainsi nommée !), Frère Maximilien-Marie m’a expliqué que c’est une très grande sainte ; d’ailleurs on l’appelle Sainte Gertrude la Grande !
Comme je lui demandai pour quelle raison elle était ainsi surnommée, il m’a expliqué que c’était pour la distinguer de plusieurs autres saintes (au moins cinq) qui ont porté le même prénom – dont une qui fut sa contemporaine et vécut dans le même monastère qu’elle – et aussi parce que les révélations dont elle fut gratifiée par Notre-Seigneur Jésus-Christ la mettent à une place éminente dans l’histoire de la sainteté et de la spiritualité.

   Ces quelques mots me donnèrent envie d’en savoir davantage, et je priais donc Frère Maximilien-Marie de me raconter la vie de cette Sainte Gertrude :
Oh, me répondit-il, on ne sait finalement pas beaucoup de choses sur sa vie elle-même. Née probablement en 1256, dans une famille noble, elle fut confiée dès l’âge de cinq ans aux moniales de l’abbaye cistercienne d’Helfta – près d’Eisleben, en Saxe – qui était alors dirigée par l’abbesse Sainte Gertrude de Hackeborn (une puissante famille apparentée aux Hohenstoffen). La sœur de Sainte Gertrude de Hackeborn est aussi une sainte : Sainte Mechtilde [ou Mathilde], qui sera la maîtresse des novices et l’amie de Sainte Gertrude d’Helfta… Tu ne t’embrouilles pas trop dans toutes ces Gertrude, mon petit Lully ?

   Il est vrai que ce n’était pas très facile à suivre toutes ces généalogies de saintes moniales, d’autant plus que – je l’avoue – mon attention avait été un peu distraite par un petit mouvement de fierté en pensant que, moi, j’étais entré au couvent encore plus jeune que Sainte Gertrude : je n’avais qu’un mois et demi !…
Bref, j’ai demandé à Frère Maximilien-Marie de continuer la suite de l’histoire.

Ste Gertrude

   Donc, la petite Gertrude – qui deviendra la Grande Sainte Gertrude – a passé toute sa vie, depuis l’âge de cinq ans, dans ce monastère dont elle n’est jamais sortie, jusqu’à sa mort qui survint le 17 novembre de l’année 1302: elle avait donc environ 46 ans.
Sa vie avait été tout ordonnée à l’étude et à la contemplation. Elle acquit une science tout à fait hors du commun et fut favorisée de visions qu’elle consigna par écrit en cinq volumes. On peut dire à juste titre qu’elle fut l’une des plus grandes mystiques du XIIIème siècle…
Les biographes ne peuvent guère dire davantage. Le plus important est ce qu’elle a rapporté dans ses ouvrages, dans lesquels la dévotion au Cœur de Jésus – telle que Notre-Seigneur viendra en demander l’établissement officiel dans l’Eglise quatre siècles plus tard – se trouve en quelque sorte annoncée et préparée. Ecoute bien

   Sainte Gertrude, le jour de la fête de Saint Jean l’Evangéliste (27 décembre), reçut dans sa prière la visite de ce « disciple que Jésus aimait », et il l’entraîna dans une expérience mystique peu commune : il lui fit partager ce qu’il avait vécu et éprouvé le soir de la Sainte Cène quand il reposa sur la poitrine de Notre-Seigneur.
Gertrude rapporte elle-même qu’il lui fut donné de goûter d’ineffables délices en percevant les pulsations du Sacré-Cœur. Elle demanda à Saint Jean s’il avait ressenti cela au soir du Jeudi Saint, et l’Apôtre lui répondit que oui.
Alors elle se permit de lui faire une sorte de reproche 
: « Pourquoi donc avez-vous gardé un tel silence sur ce mystère, et n’en avez-vous pas écrit un seul mot pour notre profit spirituel ? »
Et Saint Jean de répondre : « Ma mission fut d’écrire, pour l’Eglise naissante, au sujet du Verbe incréé de Dieu le Père, une seule parole: une parole qui suffirait jusqu’à la fin du monde pour nourrir l’intelligence humaine, bien qu’elle ne puisse jamais être parfaitement entendu de quiconque… Mais de dire la suavité de ces battements a été mis en réserve pour les derniers temps, afin que lorsque la charité du monde alangui ira se refroidissant, il éprouve un renouveau de ferveur à la révélation de semblables merveilles… »

Ste Gertrude d'Helfta - vision de Saint Jean - église Assomption Bonnay  diocèse d'Autun

Sainte Gertrude : vision de Saint Jean l’Evangéliste
(détail d’un vitrail de l’église N.D. de l’Assomption, à Bonnay – diocèse d’Autun, Châlons et Mâcon)

   Moi, je sais bien ce que c’est que d’être tenu tout contre le cœur plein d’amour de quelqu’un qu’on aime passionnément parce que je demande souvent à Frère Maximilien-Marie de me prendre dans ses bras où j’aime à me blottir en ronronnant voluptueusement… Alors je n’ai pas de difficulté à imaginer ce que ce doit être auprès du Cœur de Jésus qui est la source de tout amour, un amour brûlant et infini, dont les litanies nous disent qu’il est comparable à une fournaise ardente !
Mais Frère Maximilien-Marie a continué son récit :

   Ainsi donc, à la fin du XIIIème siècle, Sainte Gertrude a reçu l’annonce que la révélation du Cœur de Jésus était réservée pour les derniers temps comme un remède au refroidissement de la charité dans le monde.
C’est ce qui s’est passé, en effet : au XVIIème siècle, Sainte Marguerite-Marie (cf. > ici), au Monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, a reçu de Jésus la mission de transmettre au Roy de France et à toute l’Eglise Ses demandes concernant l’établissement du culte de Son Sacré-Cœur. Il disait que par cette dévotion il tentait « un dernier effort » pour retirer les hommes du chemin de la perdition. S’il est intervenu à la fin du XVIIème siècle, ainsi qu’il l’avait fait savoir à sainte Gertrude, c’est bien parce que nous sommes entrés dans une phase déterminante de l’histoire du monde et de l’Eglise, une période particulièrement importante « en ces temps qui sont les derniers »(Heb. I,2), qui sont tellement perturbés par un assaut plus intense des forces d’opposition à l’oeuvre divine.
Vois-tu, l’esprit qui tend à dominer le monde depuis la fin du Moyen-Age – cet esprit qui a paru triompher dans les périodes troubles et violentes, marquées par de nouvelles persécutions comme on n’imaginait plus qu’il puisse y en avoir depuis la conversion de l’Empire romain – est fondamentalement destructeur pour les valeurs spirituelles. Seul l’amour véritable, puisé à la Fontaine de grâce et de charité qu’est le Cœur de notre divin Sauveur, permet de résister et de s’opposer aux flots corrupteurs et destructeurs par lesquels l’enfer déchaîné voudrait engloutir l’humanité.
Aujourd’hui, donc, nous demanderons à Sainte Gertrude d’Helfta de nous aider à être attentifs aux suaves pulsations du Sacré-Cœur de Jésus, de nous apprendre à recevoir de Lui une plus grande charité, et d’être ainsi de bons et fidèles chevaliers au service du Règne de Dieu dans les cœurs !

2007-33. Lorsque la charité du monde alangui ira se refroidissant... dans Chronique de Lully patteschatsLully.                        

Voir aussi la B.D. et la prière tirée des œuvres de Sainte Gertrude publiés > ici 

sacrec15 16 novembre dans De liturgia

N.B. : Il ne faut pas confondre Sainte Gertrude d’Helfta – appelée aussi « la Grande » – avec une autre sainte qui porte le même prénom et qui est la céleste protectrice des chats : Sainte Gertrude de Nivelles > ici.

2007-32. Explication et origine de l’image de « Marie qui défait les noeuds ».

Mardi 13 novembre 2007.

Hier soir, comme vous avez pu le lire dans le précédent message, nous avons  donc commencé une neuvaine – c’est-à-dire neuf jours consécutifs où l’on récite une prière particulière – au cours de laquelle nous allons supplier particulièrement la Très Sainte Vierge sous le vocable de « Marie qui défait les noeuds »

Lorsque Frère Maximilien-Marie a déposé cette annonce sur mon blogue, j’ai été surpris par ce nom donné à Notre-Dame, et je lui ai donc demandé des explications sur cette appellation pas très ordinaire.

Il m’a alors expliqué que ce vocable tirait son origine d’un tableau intitulé « Maria Knotenlöserin« , peint par un inconnu (qui avait sans doute plus de piété que de talent), vénéré dans l’église de Sankt-Peter am Perlack, à Augsbourg, depuis l’année 1700.

Pour la réalisation de ce tableau, l’artiste s’est vraisemblablement inspiré d’un texte de Saint Irénée, évêque de Lyon et martyr en 208, qui déclare: « Par sa désobéissance, Eve a noué pour l’humanité un noeud de malheur que, par son obéissance au contraire, Marie a dénoué.« 

Maria Knotenlöserin

Sur cette toile, en effet, la Vierge Marie est représentée avec les symboles de la vision de Saint Jean au chapitre XII de l’Apocalypse (revêtue de soleil, la lune sous les pieds et une couronne de douze étoiles nimbant son visage), auxquels sont ajoutés d’une part la figuration du serpent de la Genèse – qu’elle écrase sous son pied (ce qui montre bien que Marie est en quelque sorte l’antidote d’Eve) -, et d’autre part la colombe du Saint-Esprit qui montre que Notre-Dame est son épouse, celle qu’il a comblée de la plénitude de ses grâces, celle qu’il a rendue féconde pour faire d’elle la Mère du Rédempteur. Jusqu’ici, en définitive, rien que de très habituel dans l’iconographie mariale, avec les incontournables angelots joufflus qui jouent à cache-cache dans les nuages!

Là où le peintre devient véritablement original, c’est lorsqu’il nous montre la Très Sainte Vierge absorbée dans un minutieux et patient travail: elle dénoue avec application les noeuds complexes d’un ruban qui lui est présenté sur sa gauche par un ange, tandis qu’un second ange reçoit – à droite de la Madonne – ce ruban parfaitement lisse, libéré de tout noeud… Ce ruban symbolise les situations, plus ou moins inextricables, dont nos vies sont encombrées – voire empoisonnées – et ce sont les mains très douces et maternelles de Notre-Dame qui travaillent à y remettre ordre et clarté.

Dans le bas du tableau, sombre, sont figurés un jeune homme et un ange qui le tient par la main et l’entraîne vers une église. Certains y voient la réprésentation du jeune Tobie et de son guide, l’archange Raphaël, car le livre de Tobie nous raconte en effet comment la divine Providence est intervenue dans cette famille pour dénouer des situations qui paraissaient absolument insolubles. Cette évocation de cette histoire biblique est justement bien propre à nous stimuler à la confiance et à la prière persévérante, afin d’obtenir l’heureux dénouement des problèmes et des difficultés qui nous affligent.

Moi, le petit chat, j’ai très bien compris le symbolisme de ce tableau, parce qu’il m’est déjà arrivé de jouer avec une pelote de ficelle et parce que j’ai ensuite vu Frère Maximilien-Marie – pas très content du résultat – qui passait du temps à tout déméler… Je sais bien aussi qu’il n’est pas du tout confortable d’être entravé par un lien noué: alors de tout mon coeur, je demande au Bon Dieu, par l’intercession de Marie qui défait les noeuds d’intervenir maternellement dans les paquets d’intentions embrouillées que nous remettons entre ses mains patientes et efficaces.

Bonne neuvaine à tous… Pour moi, je file dans les champs pour voir s’il reste quelque mulot qui serait volontaire pour me servir d’apéritif.

Lully.

Publié dans:Chronique de Lully, De Maria numquam satis |on 13 novembre, 2007 |2 Commentaires »

Neuvaine à « Marie qui défait les noeuds » du 12 au 20 novembre, pour préparer la fête de la Présentation de Marie au Temple.

Nous vous proposons une neuvaine de prière du 12 au 20 novembre, pour préparer la fête de la Présentation de la Sainte-Vierge au Temple (21 novembre).

Comme il y a de nombreuses intentions douloureuses dans celles qui nous sont confiées (maladies graves, soucis de famille et de travail, décès récents, projets apostoliques ou éducatifs qui rencontrent des obstacles… etc.), nous vous proposons d’adresser cette neuvaine à « Marie qui défait les noeuds », en utilisant la prière suivante :

Prions aux intentions des uns et des autres, prions pour demander la triomphe de la charité en nous, prions aussi aux grandes intentions de l’Eglise et pour notre Pape, prions enfin pour que l’oeuvre du « Refuge Notre-Dame de Compassion » se développe selon la Sainte Volonté de Dieu.

Maria Knotenlöserin

Neuvaine à Marie qui défait les nœuds.

* * * * * * *

 » Très Sainte Vierge Marie, Mère du bel Amour,

Mère qui n’avez jamais abandonné un enfant qui crie au secours,

Mère dont les mains travaillent sans cesse pour vos enfants bien aimés,

car elles sont poussées par l’Amour divin et l’infinie Miséricorde qui déborde de votre cœur, tournez votre regard plein de compassion vers nous.

Voyez le paquet de « nœuds » qui étouffent nos vies…

Vous connaissez nos épreuves et nos difficultés.

Vous savez combien ces nœuds nous paralysent.

Marie, Mère que Dieu a chargée de défaire les « nœuds » de la vie de vos enfants,

nous déposons le ruban de nos intentions dans vos mains.
Personne, pas même le Malin, ne peut le soustraire à votre aide miséricordieuse.
Dans vos mains, il n’y a pas un seul nœud qui ne puisse être défait.

Mère toute puissante, par votre grâce et par votre pouvoir d’intercession auprès de votre Fils Jésus, notre Rédempteur, recevez aujourd’hui ces « nœuds »……

(les nommer, si possible)

Pour la gloire de Dieu, nous vous demandons de les défaire,

et de les défaire pour toujours.

Nous avons confiance en Vous.

Vous êtes la grande Consolatrice que Dieu nous a donnée,

vous êtes la forteresse pour nos forces fragiles, la richesse pour nos misères, la délivrance pour tout ce qui nous entrave dans notre marche ici-bas…
Accueillez nos appels.

Gardez-nous, guidez-nous, protégez-nous.

Marie, Vous qui défaites les nœuds, priez pour nous! « 

2007-31. Des Saints et des animaux (4ème et dernière partie).

lully.gif

J’étais véritablement enchanté d’entendre, moi le petit chat du Mesnil-Marie, l’histoire du chien de Saint Roch avec tous les développements qui s’en étaient suivis…
Mais arrivé à ce point du récit, je me suis permis d’interrompre mon papa et de lui demander : « Mais ceci est-il vraiment vrai? Ne s’agit-il pas d’un conte pour faire seulement rêver? Les animaux seront-ils bien admis un jour dans le Paradis de Dieu? Puis-je espérer, moi Lully, aller au Ciel avec toi?« 

Frère Maximilien-Marie m’a souri et il a ajouté:

« Vois-tu, Lully, Saint Thomas d’Aquin, dans la Somme Théologique, n’a fait qu’aborder ce sujet à la seule lumière de la science de son époque ; mais j’ose dire qu’il n’a pas vraiment répondu de manière satisfaisante à la question…
A l’exception de la grande école franciscaine, avec en particulier Saint Bonaventure – qui est lui aussi un Docteur de l’Eglise et qui répond de manière positive à cette question – , des générations de théologiens ont négligé de se poser les bonnes questions à propos du dessein de Dieu sur les animaux…

« Or nous lisons dans la Sainte Ecriture des affirmations très claires. Ainsi Dieu dit-il à Noé après le déluge : « Et moi, je vais établir mon Alliance avec vous et avec votre postérité après vous, avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, oiseaux, animaux domestiques et toutes les bêtes de la terre, depuis ceux qui sont sortis de l’arche jusqu’à tout animal de la terre«  (Gen.IX, 9-11).
Dans le Psaume XXXV, au verset 7 nous lisons aussi: « Vous sauverez, Seigneur, les hommes et les bêtes ».
Et Saint Paul écrit aux Romains : « La création attend avec un ardent désir la manifestation des enfants de Dieu. La création, en effet, a été assujettie à la vanité – non de son gré mais par la volonté de celui qui l’y a soumise, – avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Car nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l’enfantement » (Rom.VIII, 19-22). Dans ce texte Saint Paul enseigne clairement que la faute d’Adam n’a pas introduit un désordre seulement dans l’âme de l’homme, par le péché, mais que tout l’ordre créé a été perturbé en conséquence du péché de l’homme ; cela lui permet d’affirmer que c’est donc l’ensemble de la création – et pas seulement l’humanité – qui est tendue vers la rédemption et à laquelle une régénération est promise.

Les animaux, comme aussi les plantes, appartiennent à la perfection du monde matériel que Dieu a créé pour Sa gloire ainsi que pour le bien et le service des hommes. Nous savons aussi que Dieu n’a de mépris pour aucune de ses créatures, Lui qui nous donne l’exemple de sa propre sollicitude pour nourrir les oiseaux du ciel afin de nous porter à la confiance en Sa Providence paternelle (cf. Matth. VI, 26).
Il y a une véritable convenance à ce que les animaux, les plantes et tout ce qui fait la perfection de la création d’ici-bas, demeurent dans le monde nouveau, dans le monde renouvelé et transformé, qui subsistera après la fin des temps : en effet, selon une hiérarchie qui est adaptée au mode de chacun, tout être créé est appelé à atteindre sa fin, qui est Dieu. Les animaux et les plantes appartiennent donc très logiquement à la perfection de la création renouvelée.

Le Christ nous donne un « moyen théologique » très simple pour résoudre certains problèmes: en demander la solution à un enfant. Ne souriez pas! « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans le Ciel contemplent sans cesse la face de mon Père qui est dans les Cieux » (Matth. XVIII, 10).
Si donc l’on demande à un enfant qui, dans la mouvance des dons reçus reçus au Baptême, a conservé son âme limpide: « Si tu étais à la place de Dieu tout-puissant, à la fin des temps, pour orner le monde nouveau, redonnerais-tu la vie aux animaux, étant bien entendu qu’alors ils n’auraient plus le pouvoir de faire aucun mal, ou bien ne placerais-tu dans ce monde nouveau que les anges et les hommes? »
La réponse ne fait pas l’ombre d’un doute et se passe de toute forme de démonstration.

Pourquoi a-t-on pendant des siècles (sous le fallacieux prétexte que ce serait là l’enseignement de la Révélation transmis par notre Mère la Sainte Eglise), répondu – et fait de la peine – à des milliers d’enfants qui ont un jour ou l’autre demandé si leur animal de compagnie irait au Ciel, que les animaux n’ont pas d’âme et qu’en conséquence ils rentrent dans le néant au moment de leur mort?

Si les animaux meurent, c’est justement qu’ils ont une âme puisque la définition de la mort c’est précisément la séparation de l’âme et du corps! L’âme est immatérielle, elle est le principe de la vie. Les animaux ont un psychisme, siège des facultés vitales, ils ont une intuition, une sensibilité, une mémoire et une certaine forme d’imagination ; ils sont capables de développer une affectivité et même – pour les plus développés – d’avoir une forme de réflexion intelligente et une véritable « personnalité ».
Le fait qu’ils ne soient pas capables de spéculer sur les réalités immatérielles, qu’ils n’aient pas une volonté dotée de libre-arbitre, qu’ils ne soient pas appelés à vivre de la grâce surnaturelle ni à jouir de la vision béatifique, signifie-t-il pour autant qu’ils sont « néantisés » quand leur corps meurt?
L’affirmer paraît singulièrement simpliste et bien peu en accord avec tout ce que les sciences de la nature nous révèlent sans cesse de l’inouïe richesse, complexité et diversité de la création, qui témoigne de l’intelligence et de la sagesse infinies du Créateur.
Pourquoi limiterait-on, sur la base d’une logique aristotélicienne purement humaine – donc très limitée – la puissance de Dieu?

Cette espérance de « l’affranchissement de la servitude de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » dont parle Saint Paul se trouve dans toute la création ici-bas. Il y a en tout être vivant un appétit naturel à exister perpétuellement, sinon comme individu au moins en tant qu’espèce (la génération tend à cela). Il ne convient pas qu’un appétit naturel soit frustré. En outre, rappelons-le, tout être créé est ordonné à une fin, qui est Dieu, et qu’il doit atteindre selon une hiérarchie et des modes divers. Rien ne s’oppose à ce que les animaux soient « glorifiés » au temps de la régénération : c’est-à-dire que la puissance divine les revête d’incorruptibilité et de clarté. Leur recherche de nourriture n’aura plus lieu d’être, et donc il n’y aura plus de plus fort dévorant un plus faible (tu n’auras plus besoin ni envie de croquer les souris, mon Lully!), comme il n’y aura plus de génération. Les animaux et les plantes seront présents en raison de leur beauté, vivant une vie commune paisible, jouissant – selon la capacité de chacun – d’une certaine béatitude sensible en laquelle leur appétit naturel sera comblé.

Alors on verra la réalisation de ce qui a été prophétisé par Isaïe : « Le loup habitera avec l’agneau, la panthère reposera sur le chevreau; le veau, le lion et le boeuf gras vivront ensemble, et un jeune enfant les conduira. La vache et l’ourse auront même pâturage, leurs petits un même gîte, et le lion mangera du fourrage comme le boeuf. Le nourrisson s’ébattra sur le trou de la vipère, et l’enfant à peine sevré mettra sa main sur la prunelle du basilic. On ne fera point de mal et on ne causera point de dommage sur toute ma montagne sainte; car le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur, comme le fond des mers par les eaux qui le couvrent » (Is.XI, 6-9). »

C’est ainsi que Frère Maximilien-Marie a achevé l’histoire des Saints et des animaux, et moi je me suis endormi sur ses genoux en ronronnant… Et tous les battements de mon petit coeur de chat étaient une louange amoureuse au Créateur tandis que je voyais en rêve le beau Ciel du Bon Dieu.

Patte de chatLully.                                         

Chat coussin

Publié dans:Chronique de Lully, Nos amis les Saints |on 10 novembre, 2007 |2 Commentaires »

Prière à la Vierge de Compassion en faveur des âmes du Purgatoire.

Le suffrage pour les âmes du Purgatoire

Antoine Guerra, dit « le jeune », retable de l’église Saint-André de Cattlar (1709) :
La Très Sainte Vierge Marie et Saint André intercédant pour les âmes du Purgatoire.

       O très glorieuse Vierge Marie, ayez pitié de ces âmes qui sont actuellement retenues loin de Dieu et loin de Vous, dans le lieu des dernières expiations et de la purification.
Mère compatissante et toute miséricordieuse, intercédez pour leur prompte délivrance et abrégez le temps douloureux où elles doivent encore satisfaire à la justice.

   En présentant Vous-même au Père des miséricordes le Précieux Sang de Son Fils – qui est aussi le vôtre -, et les mérites infinis de Sa Passion, faites que, déliées des ultimes conséquences de leurs fautes, elles puissent bientôt être introduites dans la Patrie céleste vers laquelle elles tendent avec tant d’espérance et d’amour!

   Prenez surtout en pitié, Reine de douce bonté, les âmes les plus délaissées, celles dont personne ne se soucie, pour lesquelles nulle famille ne prie, pour qui nul ami n’intercède : soyez touchée par leurs soupirs et hâtez le moment de leur délivrance.

   O très Sainte Vierge Marie, nous confions à votre coeur douloureux et immaculé, nos frères et sœurs du Purgatoire qui aspirent au moment si ardemment désiré de leur complète purification, et nous Vous demandons de leur ouvrir Vous-même les portes du Ciel pour les introduire dans le lieu du repos et de la paix où nous espérons les rejoindre un jour auprès de Vous.

Notre-Dame de Compassion, priez pour les âmes du Purgatoire!

Prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

- Le « musée du Purgatoire » à Rome > ici
- Les indulgences applicables aux défunts > ici
- la prose « Languentibus » > ici

Publié dans:Chronique de Lully, De liturgia, De Maria numquam satis, Prier avec nous |on 9 novembre, 2007 |Commentaires fermés
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