Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2015-33. Quel avenir ?

Mardi 24 février 2015,
Fête de Saint Mathias, apôtre.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

      Au mois d’août dernier, je vous présentais (> ici) l’ouvrage de Raphaël Debailiac intitulé « Gustave Thibon – La leçon du silence ».
Dès ma première lecture de ce livre que j’ai beaucoup apprécié, j’avais relevé et mis de côté une citation un peu longue, en vue de vous la communiquer un jour… et ce jour est venu.

   Ce paragraphe ne nécessite pas une grande introduction : il suffit de regarder les temps que nous vivons – dans l’Eglise comme dans la société civile - avec le simple recul, la lucidité et la liberté intérieure que donne un peu d’intelligence et de culture.

Je vous laisse lire, réfléchir, méditer…

 

Caspar David Friedrich l'abbaye dans une forêt de chênes

Caspar David Friedrich : l’abbaye dans une forêt de chênes (1810)

Et si seule restait la solution de l’exil intérieur,
en attendant que tout soit consommé et que sur un lit de cendres un nouvel avenir puisse se construire ?

       « Quel avenir ?

   « Quel avenir pour l’Occident ? Sur les ruines de sa prospérité (écornons au passage la dialectique absurde du « pouvoir d’achat » comme droit naturel quand il n’est que le fruit des efforts renouvelés d’un peuple), parmi les monuments effondrés de sa civilisation et de ses langues, loin de toute spiritualité, l’Occident attend la guerre et la barbarie. Après avoir perdu son combat intérieur, il lui reste la grande épreuve de la fracture et du choc entre barbarie matérialiste et barbarie islamiste. Les derniers flambeaux de l’antique civilisation humaniste chrétienne s’éteignent un à un. Et si seule restait la solution de l’exil intérieur, en attendant que tout soit consommé et que sur un lit de cendres un nouvel avenir puisse se construire ?
C’est les yeux grands ouverts qu’il faut contempler les ruines du monde d’hier. Les temples sont jetés à bas. Colonnes brisées et dômes éventrées ne doivent pas figer l’attention ; déjà un monde neuf s’est levé que « l’homme noble » si souvent interpellé par Thibon se doit de dominer. Dans sa course folle, la modernité n’est qu’une poursuite de l’histoire. Rome est bien tombée. Les Etats-nations d’Europe occidentale ont sombré. Pourtant, le mythe de leur existence persiste, néfaste, les solutions et discours prononcés s’appliquant à une structure morte. Il n’est pas temps de les pleurer. Le monde continue de tourner, les hommes de vivre et de s’agiter. L’homme noble moderne doit saisir son époque à bras-le-corps et la dominer. Ni nostalgiques narcissiques accrochés à l’histoire comme la moule à son rocher, ni feuille au vent.
Retrouver la noblesse en l’homme avant toute chose. La crise de l’Occident est d’abord une crise intellectuelle. L’homme de l’Ouest n’a plus d’idées, il est un ventre. Elle est ensuite une crise de la dignité.
L’avenir appartient aux bâtisseurs d’empire, ceux qui sauront jeter les fondations d’une société nouvelle pour enraciner l’homme et le pousser vers les cieux. Pour cela, il faudra se souvenir avant toute chose que : « La sagesse est une victoire sur soi et non sur les choses » (Gustave Thibon, in « Au soir de ma vie » p.88). »

Raphaël Debailiac, in « Gustave Thibon, la leçon du silence » pp.93-94.

Thibon-la-leçon-du-silence

2015-31. C’était le jeudi 21 février 2008…

Samedi 21 février 2015,
Fête du Bienheureux Noël Pinot (voir ici > ici et  ici)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Je ne veux pas laisser s’enfuir ce jour sans vous rejoindre par quelques lignes, parce que nous sommes le 21 février et que, en sus de la fête du Bienheureux Noël Pinot, pour lequel nous avons une grande dévotion, cela fait exactement sept ans aujourd’hui que notre Frère Maximilien-Marie est venu visiter pour la première fois cette vieille bâtisse, alors à l’abandon, qui est devenue depuis notre Mesnil-Marie.

Sept est un beau chiffre, un chiffre que l’on dit « parfait ».
Sept ans font un bel anniversaire : alors, si vous le voulez bien, célébrons-le dans l’action de grâces !
J’ai choisi pour cela le « Magnificat » du ton royal, ainsi nommé parce que la musique en est attribuée à Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XIII que nous aimons beaucoup…

[faire un clic droit sur l'image ci-dessous, puis "ouvrir dans un nouvel onglet"]

Image de prévisualisation YouTube

Je ne vais pas vous raconter une nouvelle  fois de quelle manière notre Frère Maximilien-Marie a trouvé cette maison : je l’ai déjà fait dans les pages de ce blogue. Ceux qui suivent mes publications depuis l’origine s’en souviennent sans doute, et ceux qui ne le savent pas encore en trouveront le récit ici > comment le Refuge Notre-Dame de Compassion est arrivé en Vivarais.

Ceux qui le souhaitent pourront aussi voir ou revoir les photos de la maison telle qu’elle était, lorsque Frère Maximilien-Marie en a résolu l’acquisition et que j’avais publiées à l’occasion du troisième anniversaire. C’est ici > après trois ans.

Hier, j’ai demandé à notre Frère d’escalader quelque peu les pentes de la montagne qui dominent immédiatement notre Mesnil-Marie pour en faire une photographie que je puisse vous adresser afin de marquer ce septième anniversaire.

Le Mesnil-Marie 20 février 2015

Avant de terminer, je souhaite vous copier ci-dessous, le texte d’une prière qui célèbre l’action de la divine Providence.
Cette Providence nous a si bien guidés, elle nous conduit encore, elle nous assiste de ses secours attentionnés, et – pour cela – elle inspire à des âmes généreuses des gestes de sollicitude pour lesquels nous leur sommes profondément reconnaissants.

Il s’agit d’un ancien cantique, extrait du « Manuel des cantiques de Saint-Sulpice à l’usage des enfants du catéchisme et de la jeunesse », de la fin du XVIIIe siècle, mais je n’en connais malheureusement pas la mélodie.
Je m’en approprie aujourd’hui les paroles pour exprimer notre vibrante action de grâces…

Lully.

frise avec lys naturel

O douce Providence.

1. O douce Providence,
    Dont les divines mains
    Sur nous en abondance
    Répandent tous les biens,
    Qui pourrait méconnaître 
    L’Auteur de ces présents,
    Et ne pas se remettre 
    Entre Ses bras puissants ?

2. O Sagesse profonde,
Qui veille, en même temps,
Sur les maîtres du monde
Et sur la fleur des champs,
Quelle force invincible
Conduit tout à Tes fins !
Quelle douceur paisible
Dispose les moyens !

3. Dans toute la nature
    On voit briller Ses dons,
    Jusque sur la verdure 
    Et l’émail des gazons. 
    Il donne leur parure 
    Aux lis éblouissants,
    Et fournit leur pâture 
    Même aux oiseaux naissants.

4. S’Il verse Ses richesses
    Sur la fleur du printemps,
    S’Il étend Ses largesses
    Jusqu’à l’herbe des champs,
    Que fera Sa tendresse
    Pour l’homme qu’Il chérit,
    Pour l’être où Sa sagesse
    Imprima Son Esprit ?

5. Si ce Dieu qui nous aime
Accorde Son secours
Au passereau lui-même
Dont Il soutient les jours ;
Auteur de la nature,
Mettra-t-Il en oubli
L’homme, Sa créature
La plus digne de Lui ?

6.Oui, Sa sollicitude
Veille à tous nos besoins ;
Sans nulle inquiétude
Jetons sur Lui nos soins.
Notre Dieu, c’est un Père
Qui nous porte en Son Cœur,

    Et la plus tendre mère
    N’eut jamais Sa douceur.

7. Avant tout, ô mon âme,
    Cherche Sa sainte loi.
    Que Son amour t’enflamme,
    Tout le reste est à toi.
    Doucement endormie
    Sur Son sein maternel,
    Le chemin de la vie 
    Doit te conduire au ciel.

frise avec lys naturel

Vous souhaitez nous aider à continuer les travaux  de restauration et d’aménagement
du Mesnil-Marie qui sont encore nombreux et importants ?
Pour faire un don, cliquez ci-dessous.

2015-31. C'était le jeudi 21 février 2008... dans Chronique de Lully btn_donateCC_LG

Publié dans:Chronique de Lully, Prier avec nous |on 21 février, 2015 |5 Commentaires »

2015-30. Métaphysique des vœux (7ème et dernière partie).

7ème partie :
Où le Maître-Chat dévoile enfin le seul sens qui lui paraisse pleinement cohérent
des voeux que nous formulons ici-bas…

frise

Nous voulons encore en ce jour
vous souhaiter

une très bonne et belle nouvelle année !!!

(selon le calendrier chinois)

Petit chinois tirant la queue d'un chat - 1907

Petit chinois tirant la queue d’un chaton :
carte de voeux de 1907
que le Maître-Chat Lully n’a que très modérément appréciée…

Jeudi soir 19 février 2015.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Certains de mes lecteurs s’impatientaient et m’ont adressé des messages en me disant : « Alors, quand donc finirez-vous, ô Maître-Chat, la publication de votre métaphysique des voeux ? ».
Si je vous ai intentionnellement fait « mijoter », c’est parce que j’attendais précisément ce 19 février 2015 : il me fournit l’occasion de vous présenter à nouveau de très fervents voeux de « Bonne Année », puisque nous sommes justement au jour de l’an du calendrier chinois !!!
Pour les asiatiques, nous sommes entrés aujourd’hui dans l’année du mouton (d’autres disent année de la chèvre). 

   Contrairement à ce que s’obstinent à croire certains de mes lecteurs – malgré mes précédentes dénégations et explications – , je ne suis pas contre la formulation de voeux : c’est même avec une ferveur très particulière qu’en ce jour je vous souhaite – dans le contexte très précis de notre société et des événements qui la secouent depuis le début de l’année grégorienne 2015 - de ne pas avoir de comportement moutonnier par rapport aux politiques et aux faiseurs d’opinion, par rapport à ceux qui distillent l’information  et aux distributeurs de prêt-à-penser, par rapport aux modes et aux idéologies… etc.

   La réflexion que j’ai voulu engager à travers cette modeste « métaphysique des voeux » n’avait pas d’autre ambition que de vous amener, amis lecteurs, à vous interroger sur la coutume, afin d’en mieux découvrir le sens et, en conséquence, pour la vivre d’une manière renouvelée et plus intense.

   Les réactions presque scandalisées, sinon agacées, suscitées par certaines de mes questions, ainsi que la fragilité de l’argumentation qui m’était opposée dans la plupart des cas, m’ont renforcé dans la certitude que, moins que jamais, nous ne pouvons poser des actes ou proférer des paroles simplement « parce que c’est comme ça », ou par pur formalisme, sans y croire vraiment, juste au nom d’une courtoisie dont la belle façade ne serait ni plus ni moins qu’un décor de théâtre masquant du vide.

lanterne chinoise gif

   La prise de conscience de ce que sont en réalité les repères temporels nécessaires à notre vie terrestre, et spécialement en ce qui concerne la vie sociale (avec leur part d’arbitraire et leur caractère conventionnel) aide à prendre du recul par rapport à ces jalons que sont certaines dates particulières : jour de l’an, jours de fête ou anniversaires…
Prendre du recul n’est pas mépriser, mais prépare en fait une meilleure appréciation de l’écoulement du temps, de la manière dont nous mesurons cet écoulement du temps, et de la façon dont nous nous situons dans cet inexorable flux temporel qui nous emporte.

   Comme je l’avais fait remarquer > ici, la prise de conscience du temps qui passe, apporte de manière quasi inévitable la compréhension que ce temps qui s’écoule – sans que nous puissions l’arrêter ni en remonter le cours – , d’une part nous rapproche de notre fin (la mort qui marquera pour chacun d’entre nous la fin du temps) ; et d’autre part sera peuplé d’événements tour à tour heureux ou malheureux.
C’est donc bien là que se situe tout l’enjeu des voeux que nous formulons à l’occasion des étapes dont nous marquons la mesure du temps : tous ces jours de l’an, toutes ces fêtes et tous ces anniversaires, occasions d’offrir des voeux.
Nos voeux sont-ils autre chose que l’affirmation d’une double volonté : volonté, en premier lieu, de repousser le plus loin possible cet instant qui sera la fin personnelle du temps – la mort – ; et volonté, en second lieu, d’éloigner le malheur de ces jours, de ces semaines, de ces mois et de ces années qu’il nous reste à vivre ?

   Je ne suis pas loin de penser que, pour un grand nombre de nos contemporains, ces espèces de « rites de passage » que sont les fêtes et voeux du nouvel an, constituent, plus ou moins consciemment, une manière de conjurer la peur (cf. > ici). Parce qu’en fait nous avons peur : peur que la mort nous prenne trop vite, peur de n’avoir pas assez de temps pour profiter pleinement de la vie, peur que la mort nous ravisse trop tôt ceux qui nous sont chers, peur de voir le malheur fondre sur ceux que nous aimons…
De là ces questions que je posais à propos de la formulation des voeux : Croyons-nous que la parole humaine peut influer sur l’avenir ? Le fait de prononcer certaines formules précises à certains moments précis serait-il efficace pour repousser le malheur et apporter le bonheur ? Serions-nous dans une démarche magique ?

   C’est aussi pour cela que j’interrogeais sur la nature de ce « bien » et de ce « meilleur » que l’on souhaite à ceux auxquels on offre des voeux (cf. > ici) : Quelles sont les perspectives qui donnent vraiment du sens à toutes ces bonnes choses que l’on se souhaite ? S’agit-il du bien selon le point de vue subjectif de celui qui formule les voeux, ou du bien selon le point de vue tout aussi subjectif, de celui auxquels ils sont adressés ? Y a-t-il un bien universel et objectif qui puisse convenir à toute l’humanité ?

petite chinoise et chat

   Peut-être eût-il été convenable, avant toute autre chose, de nous interroger sur le sens du mot vœu.
Il est en effet primordial, avant d’engager un débat, de préciser le sens des mots : sinon, comment être certain que tous les protagonistes de la discussion les emploient en pensant aux mêmes réalités ?
Vous-même, qui me lisez, avez-vous en votre for intérieur essayé, sans recourir à un dictionnaire, de définir pour vous-même le sens du mot « vœu » ?

   En ce qui me concerne, si j’ai attendu cette ultime publication pour venir à sa définition, c’est parce que mon dessein était bien réfléchi et arrêté avant même que je n’écrivisse la première partie de cette modeste « métaphysique ».

   Le mot français « vœu » provient du latin classique « votum » qui désigne originellement une promesse faite aux dieux en échange d’une faveur sollicitée ou accordée. Par extension, « votum » désigne ensuite l’objet que l’on offre en accomplissement de cette promesse : un objet votif, ou ex-voto. Enfin d’une manière générale, « votum » servit à désigner un souhait. Notons qu’à l’époque impériale, « votum » fut aussi employé pour parler des engagements des époux l’un envers l’autre.
En français, le mot « vœu » a tout d’abord conservé le même premier sens qu’en latin, à la différence qu’il ne s’agissait plus des divinités païennes mais du Dieu unique de la révélation chrétienne ; depuis le XIIe siècle le mot français « vœu«  signifie donc au premier chef : promesse faite à Dieu par laquelle on s’engage à quelque chose envers Lui. Ensuite, à partir du XVIe siècle, le mot « vœu«  a également pris le sens de « souhait adressé à Dieu » sans qu’il y soit associé une promesse explicite. C’est à partir du XVIIe siècle seulement que le mot fut employé pour désigner les souhaits adressés à une personne, en particulier au commencement de l’année nouvelle.
On le voit, à travers ce bref (car je passe sur quelques autres sens dérivés) rappel sémantique, le mot « vœu«  a une origine d’abord spirituelle, est d’abord investi d’un sens religieux.
Pour moi, là se trouve la clef !

lanterne chinoise gif

   A mes yeux, c’est ce sens spirituel et religieux du mot « vœu«  qui donne tout son sens, toute sa plénitude de sens à la coutume d’offrir des voeux à ceux que nous aimons ou pour lesquels, sans forcément être leurs intimes, nous éprouvons du respect et auxquels nous voulons du bien.
Si, en effet, je ne veux pas que mes souhaits ne soient que des formules creuses et sans efficacité exprimées par
 simple convenance, si je ne crois pas non plus qu’ils sont de la « magie », influant sur le destin par le seul fait de la récitation de la bonne formule selon un rituel bien défini, le seul sens cohérent, qui résout tous les problèmes que j’ai évoqués lors de mes précédentes publications, est donc d’en faire une forme de prière adressée à Dieu en faveur de ceux auxquels nous souhaitons du bien.

   En dehors de souhaits adressés à Dieu afin que Sa sainte grâce se répande en bénédictions abondantes pour la santé, pour la prospérité, pour le bonheur – terrestre et éternel – de ceux qui nous sont proches, de ceux que nous aimons, de ceux pour lesquels nous souhaitons ardemment ce qu’il peut y avoir de mieux, les voeux de « Bonne Année », mais aussi de « Bonne fête » ou de « Bon anniversaire », ne peuvent rien, ne sont qu’impuissance et vide, quelque aimable et fleurie que soit leur apparence, quelque chaleureuse et joyeuse que veuille être leur formulation !

   Compris ainsi, non seulement je ne suis pas « contre les voeux », mais j’en suis tellement « fan », que ce n’est pas seulement à l’occasion du jour de l’an – qu’il soit grégorien, julien ou chinois – , mais, en vérité, c’est bien tous les jours, inlassablement, que je forme des voeux pour vous : c’est tous les jours que je vous présente mes voeux, c’est tous les jours que je prie pour vous et que je demande pour vous à Dieu, qui connaît bien mieux que nous ce qui est bon pour nous et ce qui peut faire notre bonheur – ici bas et dans l’éternité – , la surabondance de Ses bénédictions !

   Et je ne puis terminer de manière plus belle qu’avec cette citation de Gustave Thibon, que j’ai déjà eu l’occasion de citer dans les pages de ce blogue, car je la répète souvent (mais peut-on s’en lasser ?), parce qu’elle exprime si bien la réalité :
« Prière. – Je prie pour vous – cela ne signifie pas que je prononce de temps en temps quelques paroles en pensant à vous ; cela signifie que je me sens responsable de vous dans ma chair et dans mon âme, que je vous porte en moi comme une mère porte son enfant, que je veux partager, et non seulement partager, mais attirer entièrement sur moi tout le mal, toute la douleur qui vous menacent et que j’offre à Dieu toute ma nuit pour qu’il vous la rende en lumière ».

Bon jour ! Bon mois ! Bon an !
Bonne vie, en tout le temps qui vous sera donné !
Et ensuite, bonne éternité !

pattes de chat Lully.

Les précédents textes publiés sous le titre de « Métaphysique des Voeux »
sont à retrouver à partir d’ici > www

Lully au regard perçant

2015-29. De la dévotion à la Sainte Face de Notre-Seigneur.

Mardi dans la Quinquagésime,
Fête de la Sainte Face de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

La gravure de la Sainte Face diffusée après le miracle et vénérée par Monsieur Dupont

L’image de la Sainte Face de Notre-Seigneur diffusée à la suite du miracle du 6 janvier 1849
et telle qu’elle est exposée dans l’« Oratoire de la Sainte Face », à Tours

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Le mardi dans la Quinquagésime est le jour particulier qui, à la veille de l’entrée dans le grand et saint Carême, a été assigné pour la célébration de la fête liturgique de la Sainte Face de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Ce n’est pas une fête inscrite au calendrier universel, mais une fête propre à certains diocèses, paroisses ou congrégations religieuses, et c’est aussi – bien évidemment – la fête patronale de l’Archiconfrérie de la Sainte Face.

   L’origine de cette archiconfrérie est liée à Monsieur Léon Papin-Dupont, surnommé « le saint homme de Tours » (1797-1876) : ce pieux laïc a marqué profondément le catholicisme du XIXe siècle et pas seulement à Tours, où il vécut, car il eut, en effet, un rayonnement qui dépassa les frontières de la France.
On lui doit en particulier l’initiative des fouilles qui permirent la redécouverte du tombeau de Saint Martin, perdu en raison de la destruction – lors de la grande révolution – de l’antique basilique qui lui servait d’écrin.
Il fut un chrétien très actif dans les oeuvres de charité et pour le renouveau spirituel catholique du milieu du XIXe siècle. Notons aussi que c’est à lui que fut envoyée la bannière du Sacré-Cœur brodée en 1870 par les Visitandines de Paray-le-Monial, bannière afin qu’il la remît au colonel-baron Athanase de Charette de La Contrie, qui rentrait de Rome avec les Zouaves Pontificaux (cf. > ici et ici), cette bannière qui serait bientôt après élevée au milieu de la terrible et célèbre bataille de Loigny.

   Monsieur Léon Papin-Dupont avait accueilli avec ferveur les révélations particulières transmises par Sœur Marie de Saint-Pierre (1816-1848), carmélite de Tours, concernant la dévotion réparatrice à la Sainte Face de Notre-Seigneur.

Monsieur Léon Papin-Dupont

Monsieur Léon Papin-Dupont, « le saint homme de Tours ».

   A la suite du miracle de l’apparition de la Sainte Face sur le voile dit de Véronique, à Rome le 6 janvier 1849 (voir ce que j’en ai publié > ici), Monsieur Dupont avait obtenu un fac-similé de cette relique qu’il exposa dans son salon transformé en oratoire.
Dès lors, cet « oratoire de la Sainte Face » devint un lieu de très grandes grâces, un foyer d’intense dévotion et le centre spirituel à partir duquel rayonna le culte de la Sainte Face.

   En 1884, Son Excellence Monseigneur l’Archevêque de Tours érigea canoniquement dans cet oratoire une confrérie, qui, dès l’année suivante, fut élevée au rang d’archiconfrérie par Sa Sainteté le pape Léon XIII (1er octobre 1885).
Tous les membres de la famille Martin d’Alençon (puis de Lisieux) étaient membres de l’Archiconfrérie de la Sainte Face, et l’on sait à quel point le culte de la Sainte Face tient une place de tout premier ordre dans la vie religieuse de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face

Oratoire de la Sainte Face à Tours dans son état originel

L’Oratoire de la Sainte Face, dans la maison de Monsieur Dupont, à Tours :
ci-dessus dans son état originel,
et ci-dessous dans l’état consécutif au passage de la tourmente post-concilaire
(seuls ont survécu le tableau de la Sainte Face et le lutrin de Monsieur Dupont)

Oratoire de la Sainte Face état après V2

   Après ce bref rappel historique, je vais me contenter de recopier ci dessous quelques textes, extraits des anciens manuels et livrets de dévotion de l’Archiconfrérie de la Sainte Face (Frère Maximilien-Marie en est membre depuis plus de vingt ans) : ils font ressortir combien – malheureusement ! – cette dévotion garde toute sa brûlante et douloureuse actualité, spécialement pour ce qui touche au blasphème et au respect du dimanche…

   A tous, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, je souhaite une très sainte et fervente entrée en Carême.

Lully.

Ostension de la Véronique - basilique Saint-Pierre du Vatican

Basilique Saint-Pierre au Vatican : Ostension de « la Véronique » pendant le Carême.

- Notions sur la dévotion à la Sainte Face -
(tirées d’un livret publié avec imprimatur en 1959)

       La dévotion à la Sainte Face a pour but principal de rendre à la Face adorable de Jésus-Christ défigurée dans la Passion, des hommages de respect et d’amour ; de réparer les blasphèmes et la violation du dimanche qui l’outragent de nouveau ; enfin, d’obtenir de Dieu la conversion des blasphémateurs et des profanateurs du saint jour.

   Cette touchante dévotion, que Notre-Seigneur semble avoir instituée Lui-même le jour de Sa mort, en imprimant miraculeusement Ses traits ensanglantés sur le voile de Véronique, a toujours été connue et pratiquée dans l’Eglise. Le saint voile, conservé précieusement à Rome dans la basilique Vaticane, y est entouré d’honneurs et de marques de confiance. Plusieurs fois l’an, on l’expose à la vénération des fidèles. Les Souverains Pontifes ont accordé de nombreuses indulgences à ceux qui visitent pieusement cette relique insigne.

   Plusieurs saints et saintes se sont distingués par leur piété envers la divine Face et en ont retiré toutes sortes de fruits de grâces pour le salut ; nous citerons parmi les personnes mortes en odeur de sainteté, la Soeur Marie de Saint-Pierre, carmélite de Tours, la Mère Marie-Thérèse, fondatrice de la congrégation de l’Adoration Réparatrice, enfin le vénéré M. Dupont, l’infatigable propagateur du culte de la Sainte Face. Cette dévotion a pris en ces derniers temps un développement considérable. C’est un souffle de l’Esprit-Saint qui semble passer sur tout l’univers catholique, c’est un remède providentiel offert au monde pour combattre les ravages de l’impiété et se prémunir contre les fléaux de la divine justice.

   Les magnifiques et consolantes promesses de Notre-Seigneur, confirmées par une heureuse expérience, montrent combien la dévotion à la Sainte Face est agréable à Dieu et utile à tous les chrétiens. Que de succès dans les affaires, que de lumières surnaturelles, que de conversions inespérées, que de grâces de choix obtenues par ce moyen ! En particulier, que de guérisons merveilleuses opérées par la vertu de l’huile qui brûle constamment à Tours devant la vénérable image.

   Il est à remarquer que Notre-Seigneur, en aucune partie de Son Corps adorable, n’a souffert autant de mauvais traitements, d’outrages et d’ignominies qu’en Son aimable Visage. Aucune circonstance de la Passion n’a été aussi clairement annoncée par les Prophètes, ni aussi minutieusement rapportée par les Evangélistes. Tous ces détails n’ont pas été consignés dans l’Ecriture sans un dessein particulier de Dieu. Ils nous exhortent éloquemment à donner, entre les différents mystères de la douloureuse Passion du Rédempteur, une place à part aux humiliations et aux douleurs de Sa Très Sainte Face.

   Chrétiens, qui avez à coeur la gloire de Dieu et le salut du prochain, avec une confiance absolue, priez devant l’image de la Face sanglante et humiliée de votre Sauveur. En réparation de toutes les impiétés du monde, offrez au Père adorable cette Face avec Ses tristesses, Ses larmes, Ses meurtrissures, Ses plaies, Son sang, Ses ignominies. Par là, vous apaiserez la colère de Dieu, vous obtiendrez la conversion de vos frères égarés, vous contribuerez puissamment au triomphe de l’Eglise et au salut de la patrie, et vous participerez aux magnifiques récompenses que promet Notre-Seigneur.

A. Dürer - la Ste Face portée par deux anges - Louvre

Albrecht Dürer : la Sainte Face portée par deux anges (1513 – musée du Louvre)

Promesses faites par Notre-Seigneur Jésus-Christ
en faveur de tous ceux qui honoreront Sa Sainte Face :
(promesses données à Sainte Gertrude, Sainte Mechtilde et Soeur Marie de Saint-Pierre)

1 –  « Ils recevront en eux, par l’impression de Mon humanité, un vif éclat de Ma divinité, et ils en seront éclairés au fond de l’âme, de sorte que, par la ressemblance de Mon Visage, ils brilleront plus que beaucoup d’autres dans la vie éternelle » (Sainte Gertrude, « Insinuations » livre I, chap. VII).

2 – Sainte Mechtilde demandant à Notre-Seigneur que ceux qui célèbrent la mémoire de Sa douce Face ne soient jamais privés de Son aimable compagnie, Il répondit : « Pas un d’eux ne doit être séparé de Moi » (Sainte Mechtilde, « de la grâce spirituelle » livre I, chap. XIII).

3 – « Notre-Seigneur, dit la Sœur Marie de Saint-Pierre, m’a promis d’imprimer dans les âmes de ceux qui honoreront Sa Très Sainte Face, les traits de Sa divine ressemblance » (21 janvier 1847). « L’image de cette face adorable est comme le cachet de la divinité qui a la vertu de réimprimer, dans les âmes qui s’appliquent à Elle, l’image de Dieu » (6 novembre 1845).

4 – « Vous obtiendrez par la dévotion à l’image de Ma Sainte Face le salut de beaucoup de pécheurs. Par cette offrande, rien ne vous sera refusé. Si vous saviez combien la vue de Ma Face est agréable à Mon Père ! » (22 novembre 1846).

5 – « Tous ceux qui s’appliqueront à honorer Ma Sainte Face en esprit de réparation feront en cela l’office de la pieuse Véronique » (27 octobre 1847).

6 – « Selon le soin que vous aurez de réparer Mon portrait défiguré par les blasphémateurs, de même J’aurai soin du vôtre qui a été défiguré par le péché ; J’y imprimerai Mon image et Je le rendrai aussi beau qu’il était au sortir des fonts du baptême » ( 3 novembre 1845).

7 – « Notre-Seigneur m’a promis, dit encore la Sœur Saint-Pierre, pour tous ceux qui défendraient Sa cause en cette oeuvre de réparation, par paroles, par prières ou par écrits, qu’Il défendrait leur cause devant Son Père ; à leur mort, Il essuiera la face de leur âme, en effaçant les taches du péché, et leur rendra leur beauté primitive » (12 mars 1846).

Oratoire du Mesnil-Marie exposition de  la Sainte Face

Exposition dans l’oratoire du Mesnil-Marie d’un fac-similé (avec son certificat d’authenticité)
de « la Véronique » de la basilique Vaticane
telle qu’elle apparut lors du miracle du 6 janvier 1849.

Voir aussi :
- Messe en l’honneur de la Sainte Face ici
- Neuvaine en l’honneur de la Sainte Face ici
- Litanies de la Sainte Face ici
- L’apparition de la Sainte Face le 6 janvier 1849 ici
- Cantique de Ste Thérèse de Lisieux à la Sainte Face ici

2015-28. Reportage infernal (3ème partie).

Dimanche de la Sexagésime.

le semeur - sexagésime

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Sans trop tarder, puisque, au dimanche de la Sexagésime, nous sommes très exactement à dix jours de l’entrée en Carême, voici la troisième partie de notre « Reportage infernal ».

   Vous l’allez voir, les démons sont capables d’exploiter la Sainte Ecriture elle-même, ainsi que les maximes des saints, au service de leurs manigances, afin de semer la confusion et pousser les hommes vers le mal.
Dit comme cela, cela peut paraître surprenant ; mais, en définitive, il n’y a pas à s’en étonner, puisque chaque année, à la lecture de l’Evangile du premier dimanche de Carême, il nous est rappelé que Satan s’est servi de cette « formule » pour mettre Notre-Seigneur à l’épreuve lors de la Sainte Quarantaine. Les disciples pourraient-ils donc se trouver à l’abri des stratagèmes dont le tentateur a voulu se servir contre leur Maître ?

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BD - Reportage infernal - 3e partie

à suivre > ici.

   Nous nous trouvons ici en face d’une tactique diabolique particulièrement perverse : en effet, le démon n’utilise pas toujours de « bons gros » mensonges, et n’a pas uniquement recours à des tentations portant sur de mauvaises choses pour amener les hommes au péché.
N’oublions jamais que l’un de ses noms est : « le Malin » ! Même déchu, il a conservé l’intelligence de sa nature angélique, c’est-à-dire une intelligence d’une indiscutable supériorité et d’une remarquable subtilité en comparaison de l’intelligence humaine.
La « tentation sous couvert de bien » est donc une réalité bien connue de tous les maîtres de la vie spirituelle : pour faire tomber une âme dans ses rets – souvent une âme religieuse qui cherche sincèrement à progresser – , le démon va jouer sur ses aspirations à la perfection, lui faire miroiter un bien spirituel supérieur (voire une vertu) et, au nom de ce bien spirituel, l’égarer tout doucement en dehors des voies de la prudence, de la tempérance, de l’obéissance… etc.

   C’est ainsi que Satan est capable de se servir avec habileté des Saintes Ecritures elles-mêmes – qu’il connaît très bien – , ou encore des plus sublimes citations des saints, pour incliner – presque insensiblement – une âme vers l’erreur.
C’est ainsi encore que Satan est capable d’envelopper une presque imperceptible insinuation maléfique dans 99 % de vérités claironnées avec force !

   Voilà pourquoi il importe aujourd’hui, après avoir dévoilé les principes généraux de son action, que nous nous attardions sur les habiles suggestions dont il se sert ici pour ce qui touche au Carême, et que nous prenions du temps pour en démonter la pernicieuse argumentation.
Notons aussi au passage que les modernistes, qui ruinent l’Eglise de l’intérieur, utilisent le même type de raisonnement ou d’arguments…

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   Il est bien vrai que Notre-Seigneur a fustigé le comportement de certains pharisiens (pas tous en effet) qui se montraient rigoureux et impeccables pour accomplir les prescriptions de la loi, mais ce n’est pas parce qu’ils observaient parfaitement la loi que Notre-Seigneur les a critiqués.
Il dit même : « Les scribes et les pharisiens siègent dans la chaire de Moïse ; ainsi, tout ce qu’ils vous disent, observez-le et mettez-le en pratique… » (Matth. XXIII, 2-3 a).
Là où ils encourrent les reproches de Notre-Seigneur, c’est en raison des dispostions intérieures avec lesquelles ils accomplissent ces prescriptions qui ne sont pas accordées à la démarche religieuse dont elles sont normalement l’expression :
« Ils disent et ne font pas » (Matth. XXIII, 3 c) ; « Ils font toutes leurs oeuvres pour être vus des hommes » (Matth. XXIII, 5 a) ; ils tirent orgueil et vanité de leur pratique religieuse scrupuleuse ; ils prennent prétexte de la rigueur avec laquelle ils sont fidèles aux préceptes pour juger et mépriser les autres… etc.

   En réalité, ce qui convient, c’est accomplir les préceptes divins et d’être fidèles aux observances religieuses dans un esprit d’humilité et de charité.

   Insistons encore : Jésus n’enseigne pas à faire fi des préceptes religieux sous prétexte que certains de ceux qui les accomplissent sont des hypocrites ; Jésus ne dit pas qu’il faut s’affranchir des observances rituelles qui nous sont enseignées par ceux qui ont autorité pour le faire en Son Nom ; Jésus n’apprend pas à Ses disciples à mépriser les pratiques de la loi ecclésiastique.
Notre-Seigneur, bien au contraire, exige que nous en soyons des observateurs attentifs, en y apportant toutes les dispositions intérieures de l’authentique vertu, en ne se recherchant pas soi-même mais avec d’humbles sentiments, et en faisant de notre zèle à les pratiquer des moyens de mieux entrer dans ces dispositions de miséricorde et de charité dont Son Coeur est l’exemple !

   Bien sûr, comme l’écrit Saint Paul, « la lettre tue mais l’esprit vivifie » (2 Cor. III, 6).
Toutefois cela ne signifie pas que l’esprit et la lettre soient deux réalités absolument inconciliables, qui ne pourraient pas co-exister harmonieusement dans un même acte.
C’est bien là justement que réside toute la ruse diabolique : suggérer que si l’on pratique « la lettre », c’est alors nécessairement aux dépens de « l’esprit » ; amener à penser que « l’esprit » n’est vivifiant qu’en dehors de l’observance de « la lettre » et en opposition radicale avec elle ; 
persuader que ceux qui pratiquent avec zèle et rigueur les observances religieuses sont obligatoirement des pharisiens hypocrites ; amener à croire que ceux qui ne les pratiquent pas et vont jusqu’à la négligence ou au mépris des lois ecclésiastiques sont forcément des personnes animées par « l’esprit qui vivifie » ; convaincre que la charité et la miséricorde sont nécessairement absentes de l’observation des règles et des préceptes imposées par l’Eglise … etc.

   Toute la perversité de l’action diabolique est là, et son levier s’appuie – bien évidemment – sur les faiblesses de la nature humaine : blessée par le péché originel et fragilisée par toutes les conséquences des péchés personnels de chacun, elle répugne à obéir aux préceptes divins, rechigne devant ce qui lui coûte, est prête à tout pour échapper à l’effort spirituel, et cherche toujours à justifier sa paresse, son manque de ferveur et son peu de générosité, par de beaux – et même par de pieux – arguments !
Or, comme Notre-Seigneur, Saint Paul n’appelle pas à mépriser la pratique « à la lettre » des préceptes religieux et des observances ecclésiastiques, mais veut encourager les fidèles à pratiquer en même temps et « la lettre » et « l’esprit ».

    »Aime et fais ce que tu veux : dilige et quod vis fac ! ».
La célèbre citation de notre glorieux Père Saint Augustin est très souvent mal comprise, et récupérée pour justifier le laxisme ou la « morale de situation ».
Or, Saint Augustin ne parle pas ici de n’importe quelle affection ou inclination terrestre pour n’importe quel objet ; Saint Augustin ne veut absolument pas signifier que, du moment qu’on prétendrait aimer on serait affranchi de toute règle ou de l’obéissance à tout précepte.
L’amour dont parle le Docteur d’Hippone est l’amour envers Dieu : il ne s’agit pas d’un sentiment, mais d’un acte de la volonté – une volonté ferme et résolue – inspiré par la foi surnaturelle.

   Or, comment prouve-t-on à Dieu qu’on L’aime ? En accomplissant ce qu’Il nous prescrit, à travers les Saintes Ecritures et l’enseignement que l’Eglise dispense en Son Nom : « Car l’amour de Dieu, c’est que nous gardions Ses commandements ; et Ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jean V, 3).
C’est comme cela que celui qui aime Dieu fait bien en vérité tout ce qu’il veut : non pas parce qu’il accomplit sa volonté propre, mais parce que l’amour a pour effet de conformer la volonté de celui qui aime à la volonté de Dieu qu’il aime, parce que la volonté de l’homme qui aime Dieu en vérité devient une avec la sainte volonté de Dieu, parce que l’homme qui aime vraiment Dieu ne peut pas vouloir autre chose que ce que Dieu veut et prescrit !

   Vous voici armés maintenant, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, pour résister à ces sophismes diaboliques, et, je l’espère de tout coeur, à une semaine du grand et saint Carême, pleins de zèle et de ferveur pour répondre aux appels à la pénitence généreuse et à l’expiation volontaire que Notre-Seigneur et Sa Sainte Eglise nous lancent, auxquels aussi Notre-Dame de Lourdes a fait écho en nous disant : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! »

Lully.

Petit catéchisme sur le Carême et la pénitence > ici
Les observances originelles du carême > ici

Ronces

2015-27. Reportage infernal (2ème partie).

Mercredi dans la Septuagésime.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   Il est bien temps de vous livrer la deuxième partie de notre « Reportage infernal », qui vous dévoile de quelle manière Satan et ses démons agissent pour faire obstacle – dès avant son commencement – aux fruits spirituels du Carême…

BD - Reportage infernal 2ème partie - détail 1

BD - Reportage infernal 2ème partie

voir la première partie de ce reportage > ici

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   Cette fois-ci encore, étant dûment prévenus, il ne vous reste plus qu’à prendre dès maintenant le contre-pied de l’action diabolique, et donc à travailler de manière intelligente, lucide et efficace, sur vos résolutions spirituelles de carême !

Lully.

à suivre > ici

BD - Reportage infernal 2ème partie - détail 2

Pour approfondir, on peut lire, relire et méditer les sermons de Saint Augustin :
- Sur l’obligation de faire pénitence > ici
- Sur la pénitence nécessaire à tous > ici
- Sur le jeûne > ici
- Sur le jeûne et la pratique de la charité > ici

On peut aussi relire les bandes dessinées suivantes :
– « Bas les masques ! » > ici
– « Ne brisez pas le miroir » > ici

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2015-26. Deux-cent-cinquantième anniversaire de l’approbation par le Saint-Siège du culte liturgique du Sacré-Coeur de Jésus.

1765 – 6 février – 2015

Sacré-Coeur - Pompeo Batoni - Gesù, Roma

Rome, église du Gesù : célèbre tableau du Sacré-Coeur de Jésus,
oeuvre de Pompeo Girolamo Batoni (1709-1787)

Vendredi 6 février 2015,
Premier vendredi du mois dédié à la réparation envers le divin Coeur de Jésus ;
Fête de Saint Vaast, catéchiste du Roi Clovis puis évêque d’Arras ;
Fête de Saint Tite, disciple de Saint Paul puis évêque en Crête.

* * * * *

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       La Providence a voulu qu’en cette année 2015 le 6 février coïncidât avec le premier vendredi du mois, jour spécialement dédié à la dévotion réparatrice en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus : ce 6 février, en effet, marque précisément le deux-cent-cinquantième anniversaire de l’approbation romaine du culte liturgique du Sacré-Cœur de Jésus.

   J’aurais l’occasion, au cours des prochains mois, de revenir sur cet évènement – et spécialement sur l’adoption de la fête du Sacré-Cœur par le Royaume de France, à la suite de cette approbation romaine – , mais je veux commencer aujourd’hui par résumer ici brièvement les faits :

   A – Sainte Marguerite-Marie (1647-1690), religieuse de la Visitation de Paray-le-Monial, avait reçu des révélations spéciales de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui lui dévoilait les mystères de Son divin Cœur, la chargeait d’en diffuser la dévotion en insistant sur son caractère réparateur, et lui demandait d’œuvrer pour que l’Eglise instituât une fête liturgique particulière où jour qu’Il lui désignait pour cela (*).

   B – Sainte Marguerite-Marie mourut sans autre consolation que d’avoir vu la dévotion au Cœur adorable de Notre-Seigneur commencer à s’implanter dans son propre monastère, et dans plusieurs autres monastères de l’Ordre. Elle avait pu dévoiler et expliciter les desseins divins à plusieurs supérieures visitandines et à des religieux de la Compagnie de Jésus qui, conquis, s’efforcèrent eux-aussi, de faire connaître et aboutir les demandes du Sacré-Cœur.

   C - C’est ainsi, en particulier, que se développèrent des Confréries du Sacré-Cœur qui eurent une grande influence pour le rayonnement de ce culte : les évêques qui approuvaient la création de ces confréries dans leurs diocèses ne pouvaient que constater les fruits de grâce et de sanctification de cette dévotion dans l’âme des fidèles.
Néanmoins, il n’existait pas, tant que le Saint-Siège ne l’avait pas autorisé, d’office liturgique ni de formulaire de messe propre, et les évêques pouvaient seulement autoriser, au jour demandé par Notre-Seigneur (c’est-à-dire le vendredi suivant l’octave de la fête du Très Saint Sacrement), la célébration de la messe déjà existante en l’honneur des Cinq Plaies de Notre-Seigneur.

   D - De nombreuses suppliques furent portées à Rome pour demander l’institution officielle de la fête du Sacré-Cœur, avec office et messe propres, ces demandes étaient parfois présentées ou soutenues par d’illustres personnages, en voici quelques exemples particulièrement représentatifs :

- en 1687, les Visitandines de Dijon, furent les premières à écrire au Saint-Siège pour demander une fête en l’honneur du Sacré-Cœur.
– en 1697, les Visitandines d’Annecy le firent à leur tour : leur demande était appuyée par l’intervention personnelle de Sa Majesté la Reine Marie-Béatrix d’Este, épouse de Sa Majesté le Roi Jacques II d’Angleterre (détrôné par la révolution de 1688), qui avait été la dirigée de Saint Claude de La Colombière et amenée par lui à la dévotion envers le Cœur de Jésus.
– la comtesse de Valdestheim, soutenue par le nonce apostolique près la Cour Impériale, demanda quelques mois plus tard, que soit accordée une fête liturgique du Sacré-Cœur aux Ursulines de Vienne (Autriche).
– à la suite de la peste de Marseille (1720) et de l’extirpation du fléau grâce à la consécration de la ville au Cœur de Jésus, Son Excellence Monseigneur de Belzunce demanda la permission d’instituer une fête solennelle du Sacré-Cœur dans le diocèse de Marseille.
– en 1725, les Visitandines de Paray-le-Monial au nom d’un grand nombre de monastères de l’Ordre, demandèrent à nouveau la concession d’une messe et d’un office propres.
– en 1726, l’archevêque de Cracovie, Son Excellence Monseigneur Constantin Szaniawsky, écrivit au Saint-Siège pour demander l’institution de la fête du Sacré-Cœur dans toute l’Eglise catholique ; sa démarche était appuyée par Sa Majesté Frédéric-Auguste, dit le Fort, Prince-électeur de Saxe et Roi de Pologne, qui écrivit personnellement au Souverain Pontife.
– en 1727, Sa Majesté Catholique le Roi Philippe V d’Espagne, petit-fils de Louis XIV, écrivit à son tour au Pape pour demander l’institution de la fête du Sacré-Cœur dans tous ses royaumes et domaines.
– en 1738 et 1745, les conciles provinciaux de Tarragone sollicitèrent à leur tour cette faveur, soutenus par un grand nombre de chapitres ou d’évêques, parmi lesquels Saint Alphonse de Ligori qui accompagna cette requête par l’envoi d’un traité sur la dévotion au Cœur de Jésus qu’il venait de publier.
– en 1740, Sa Majesté la Reine de France Marie Leczinska qui, profitant d’un courrier de félicitations au Pape Benoît XIV nouvellement élu, lui demanda l’institution de la fête du Sacré-Cœur.
– en 1762, c’est Sa Majesté le Roi Auguste III de Pologne qui écrivit au Souverain Pontife qu’il ne trouvait « pas de moyen plus propre à conjurer les graves calamités qui l’accablent, que de recourir au Sacré-Cœur, en procurant de rendre Son culte plus solennel dans son royaume ».
– en 1763, c’est l’ex-roi de Pologne et alors duc de Lorraine Stanislas Leczenski qui supplia le Pape Clément XIII de permettre la célébration de la fête dans les états de Lorraine.
– en 1764, c’est Clément-François de Paule, duc de Bavière (neveu de l’empereur Charles VII) qui pria à son tour le Souverain Pontife d’étendre la dévotion au Sacré-Cœur à toute l’Eglise…

Sacré-Coeur de Jésus

   E - Pendant tout ce temps, le Saint-Siège ne faisait pas à proprement parler la sourde oreille : Rome, tout en répondant que, pour le moment, la faveur d’une fête solennelle du Sacré-Cœur avec messe et office propres, ne pouvait pas être accordée, ne cessait néanmoins pas de dispenser des brefs accordant des indulgences aux monastères ou aux églises paroissiales qui demandaient l’autorisation d’ériger des confréries en l’honneur du Cœur de Jésus.
Ainsi Innocent XII publia-t-il trente-sept concessions en sept ans de pontificat (1691-1700), Clément XI deux-cent-quatorze en vingt-et-un ans (1700-1721), Innocent XIII trente-neuf en trois ans (1721-1724), Benoît XIII quatre-vingt-six en six ans (1724-1730), Clément XII deux-cent-quarante-six en neuf ans (1730-1740) et Benoît XIV quatre-cent-dix-neuf en dix-huit-ans (1740-1758).
C’est que, dans le même temps, le culte du Cœur de Jésus se heurtait à des objections théologiques, et, avant d’autoriser un culte officiel (sanctionné par une fête liturgique) en sus de la dévotion privée (celle des simples fidèles et des confréries), le Saint-Siège Apostolique voulait que la doctrine de ce culte fût solidement et irréprochablement établie.

   F - Enfin en 1764, une nouvelle demande, présentée conjointement par l’ensemble de l’épiscopat polonais et par l’archiconfrérie romaine du Sacré-Cœur, parvint à la Sacrée Congrégation des Rites, étayée cette fois par un mémoire dont l’argumentation venait à bout des précédentes objections théologiques : la Congrégation des Rites en apprécia la teneur et l’équilibre, le promoteur de la Foi (familièrement appelé « avocat du diable ») n’eut qu’à s’incliner, et le 26 janvier 1765 fut rédigé un décret que le Souverain Pontife Clément XIII approuva et parapha quelques jours plus tard : le 6 février 1765.

Voici la traduction en français du texte complet de ce décret :

       Instance faite pour la concession d’un Office et d’une Messe du très Sacré-Cœur de Jésus, par le plus grand nombre des très révérends évêques de Pologne et l’Archiconfrérie romaine érigée sous ce titre, la Sacrée Congrégation des Rites, dans la séance du 26 janvier 1765, reconnaissant que le culte du Cœur de Jésus est déjà répandu dans presque toutes les parties du monde catholique, favorisé par les évêques, enrichi par le Siège Apostolique d’un millier de brefs d’indulgences, donnés à des Confréries presque innombrables, érigées canoniquement en l’honneur du Cœur de Jésus ; comprenant en outre, que la concession de cette Messe et de cet Office n’a pas d’autre but que de développer un culte déjà établi, et de renouveler symboliquement la mémoire du divin amour, par lequel le Fils unique de Dieu a pris la nature humaine, et, obéissant jusqu’à la mort, a voulu montrer aux hommes, par son exemple, qu’il était doux et humble, comme il l’avait dit ; pour ces raisons, sur le rapport de l’Eminentissime et Révérendissime Seigneur Cardinal Evêque de Sabine, après avoir entendu le R.P.D. Cajétan Fortis, promoteur de la Foi, s’écartant des décisions du 30 juillet 1729 (**), ladite Sacrée Congrégation a pensé qu’il fallait consentir à la demande des évêques du royaume de Pologne et de ladite Archiconfrérie romaine. Elle prendra plus tard une décision sur la Messe et l’Office qu’il convient d’approuver.
Ce vœu de la Sacrée Congrégation a été soumis par moi, soussigné, secrétaire, à Notre Saint-Père le Pape, Clément XIII ; Sa Sainteté en ayant pris connaissance, l’a pleinement approuvé.

Ce 6 février 1765.
Joseph Maria, cardinal Feroni, préfet ;
Scipio Borghesi, secrétaire.
Rome MDCCLXV, de la typographie de la Chambre Apostolique.

Clément XIII portrait par Anton Raphaël Mengs

Sa Sainteté Clément XIII, pape de 1758 à 1769,
portrait par Anton Raphaël Mengs (1728-1779)

   G - Ce texte est important à plus d’un titre.
En tout premier lieu parce qu’il atteste de la diffusion du culte du Sacré-Cœur et de sa fécondité spirituelle ; et en second lieu parce qu’il résume le sens théologique de cette dévotion par cette phrase : « renouveler symboliquement la mémoire du divin amour, par lequel le Fils unique de Dieu a pris la nature humaine, et, obéissant jusqu’à la mort, a voulu montrer aux hommes, par son exemple, qu’il était doux et humble, comme il l’avait dit ».
Les précédentes demandes adressées au Saint-Siège avaient été recalées – si j’ose dire – parce qu’elles présentaient la dévotion au Sacré-Cœur comme une dévotion en quelque sorte « physiologique » en faisant du cœur de chair le siège de l’amour.
Le mémoire des évêques polonais emporta la décision du Saint-Siège parce qu’il ne présentait plus le cœur comme l’organe propre des affections sensibles, mais comme le symbole naturel de l’amour, et faisant ressortir que le culte du Sacré-Cœur célèbre en réalité l’amour que le divin Sauveur a pour les hommes.
Ce décret signé par Clément XIII ce 6 février 1765 contient donc – de la même manière que le gland contient le chêne – tous les développements que le Magistère romain dispensera dans les siècles suivants au sujet du culte du Sacré-Cœur, en particulier le Bienheureux Pie IX, Léon XIII, Pie XI et Pie XII.

   H - Au mois de mai 1765, nous aurons l’occasion d’en reparler, la Sacrée Congrégation des Rites publiera les textes de l’Office et de la Messe propre de la fête du Sacré-Cœur de Jésus, annoncés dans ce décret, qui, néanmoins, ne les concédaient qu’aux diocèses du royaume de Pologne et à l’Archiconfrérie romaine. 
Toutefois, dès le mois de juillet 1765, c’est l’Ordre de la Visitation puis les évêques du Royaume de France qui obtinrent la célébration de cette fête, et progressivement elle fut adoptée dans toute la Chrétienté, jusqu’à ce que, le 25 août 1856, un décret signé du Bienheureux Pie IX en rendit enfin la célébration obligatoire dans l’Eglise universelle.

   Vous le comprenez bien, chers Amis, le culte du divin Cœur de Jésus est si important dans la spiritualité du Refuge Notre-Dame de Compassion, qu’il était vraiment impossible que nous ne profitassions pas de ce deux-cent-cinquantième anniversaire pour en rappeler brièvement la genèse et, par dessus tout, pour le célébrer dans une fervente action de grâces.

Lully.

Armoiries du pape Clément XIII

Armoiries du pape Clément XIII

(*) Note 1 : On trouvera dans les pages de ce blogue plusieurs publications présentant ces révélations accordées à Sainte Marguerite-Marie : la première grande révélation > ici, la deuxième grande révélation > ici, la troisième grande révélation > ici, la grande révélation de 1675 > ici, les promesses du Sacré-Coeur > ici.
(**) Note 2 : Le 30 juillet 1729, sous le Pape Benoît XIII, un décret avait répondu de manière formellement négative aux demandes jusqu’alors adressées.

2015-24. Reportage infernal (1ère partie).

Dimanche de la Septuagésime.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Me croirez-vous, si je vous dis que j’ai réussi à envoyer une équipe de reporters incognitos qui ont espionné Satan et ses acolytes infernaux, et qui ont pu surprendre leurs conciliabules ?
C’est tout ce qu’il y a de plus vrai, je vous assure !

   Avec ce que mes enquêteurs m’ont rapporté, j’ai matière à plusieurs publications : en effet, il ne faut pas que toutes ces choses soient celées, mais tout au contraire vous devez en être avertis, de manière à pouvoir déjouer les pièges du malin et agir efficacement pour contrer ses manigances…

   Sans plus tarder donc, voici la première partie de ce reportage infernal !

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BD - Reportage infernal 1ère partie

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   Vous voici donc prévenus : et comme vous êtes intelligents, vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire – sans délai – afin d’éviter la première de ces embûches diaboliques… C’est à vous !

Lully.

A suivre > ici.

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Toutes les bandes dessinées de Fr.Mx.M. publiées sur ce blogue > ici

2015-22. Où, à l’occasion de la fête de Saint Polycarpe, le Maître-Chat évoque les liens du diocèse de Viviers avec cet illustre martyr, grâce à Saint Andéol.

26 janvier,
fête de Saint Polycarpe, évêque et martyr.

Martyre de Saint Polycarpe

Le martyre de Saint Polycarpe (fresque byzantine)

« (…) Abandonnons la vanité des foules et les enseignements mensongers
pour revenir à la parole qui nous a été transmise dès le commencement (…) »
- épître de Saint Polycarpe de Smyrne aux Philippiens, § 7 -

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       En ce 26 janvier, la fête de Saint Polycarpe me fournit l’occasion de vous parler un peu du diocèse de Viviers, sur le territoire duquel est implanté notre Mesnil-Marie.

   Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, né vers l’an 70 de notre ère, avait connu l’apôtre et évangéliste Saint Jean : l’opinion commune est même que c’est à son intention que fut dictée à Saint Jean, dans les révélations qu’il reçut, la lettre à « l’ange de l’Eglise de Smyrne » (cf. Apoc. II, 8-11).
C’est toujours avec un grand profit spirituel que l’on relit le seul texte de Saint Polycarpe qui nous soit parvenu – son épître aux Philippiens (par exemple > ici) – ou encore le récit de son martyre, écrit par un contemporain (cf. > ici).

   Nous le vénérons à un titre particulier parce que c’est lui qui missionna dans les Gaules non seulement les premiers pasteurs de l’Eglise de Lyon – les saints Pothin et Irénée -, mais également celui que de très antiques traditions nous disent avoir été le premier évangélisateur du territoire qui deviendra le Vivarais : Saint Andéol.
Ainsi, par Saint Andéol et Saint Polycarpe, l’Eglise diocésaine de Viviers peut-elle être, en quelque manière, directement rattachée à l’apôtre et évangéliste Saint Jean, le « disciple que Jésus aimait » (Joan. XIII, 23), qui reposa sur la poitrine de Notre-Seigneur à la dernière Cène, qui l’accompagna jusqu’à la Croix et contempla le Sacré-Cœur transpercé, puis qui « prit chez lui » (Joan. XIX, 27) la Très Sainte Vierge Marie.

   Saint Andéol n’était pas prêtre, mais seulement sous-diacre. Il évangélisa la vallée du Rhône et les provinces méridionales de la Gaule romaine pendant une quarantaine d’années.
C’est au moment du passage de l’empereur Septime-Sévère, alors en route vers la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), qu’il fut pris et martyrisé, le 1er mai 208.
La ville de Bergoïata, où il fut supplicié et mis à mort, deviendra par la suite Bourg-Saint-Andéol.

Statue de Saint Andéol façade de l'église de Bourg-Saint-Andéol

Statue de Saint Andéol sur la façade XVIIe siècle de l’église de Bourg-Saint-Andéol :
le saint est représenté avec la tunique du sous-diacre et avec le glaive de son martyre enfoncé dans le crâne.

   La Bienheureuse Tullia qui avait recueilli son corps, le cacha dans un sarcophage antique, dont l’un des côtés fut re-sculpté par la suite, en accord avec le précieux dépôt qu’il renfermait.
Ce sarcophage se trouve toujours dans l’actuelle église du Bourg-Saint-Andéol.

   Il ne contient malheureusement plus les reliques du saint martyr : si elles avaient heureusement échappé aux destructions et profanations des huguenots, elles furent malheureusement livrées aux flammes par la fureur révolutionnaire… Mais le sarcophage, considéré comme étant lui-même une relique, fut pendant très longtemps mis à l’honneur sous le maître-autel.
Lorsque ce dernier fut détruit à son tour, lors de la révolution liturgique post-concilaire, le sarcophage qui avait été tellement vénéré par des générations de fidèles, fut relégué dans une chapelle latérale, n’étant plus désormais présenté que comme une curiosité archéologique.

Maître-autel avec le sarcophage de Saint Andéol (église de Bourg-Saint-Andéol autrefois)

Le sarcophage de Saint Andéol placé à l’honneur sous la table du maître-autel de l’église de Bourg-Saint-Andéol
(avant les « aménagements » post-concilaires). 

   C’est au milieu du IXème siècle, que le tombeau de Saint Andéol, enfoui dans une crypte, qui avait été elle-même ensevelie lors des invasions et des bouleversements du haut Moyen-Age, fut redécouvert par Bernoin, évêque de Viviers.
Bernoin, après avoir prié et jeûné pour demander à Dieu la grâce de retrouver les précieuses reliques de Saint Andéol, vit en songe Saint Polycarpe lui-même, et c’est selon les indications données par ce dernier qu’il retrouva l’emplacement de la crypte antique renfermant le sarcophage du martyr.

   L’évêque Bernoin et ses successeurs promurent le culte de Saint Andéol dont ils firent un élément d’unification de leur diocèse et – il faut bien le dire aussi – , en un temps où le diocèse de Viviers, quoique théoriquement dépendant du Saint Empire Romain Germanique (jusqu’en 1308), devenait un comté ecclésiastique quasi indépendant, ce fut un moyen de renforcer le prestige et le pouvoir temporel des comtes-évêques de Viviers.

   Aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, les comtes-évêques résidèrent d’ailleurs principalement au Bourg-Saint-Andéol (dans un extraordinaire palais épiscopal qui fait aujourd’hui l’objet d’une remarquable restauration), tout près du tombeau de Saint Andéol, plutôt qu’en leur cité épiscopale.

Sarcophage de Saint Andéol

Le sarcophage de Saint Andéol, dans l’église du Bourg-Saint-Andéol (face paléochrétienne)

   Notre diocèse de Viviers, si peu reluisant de nos jours, possède, vous en avez ici une fois de plus un petit aperçu, mes chers Amis, une histoire fort riche, puisque ses origines antiques le rattachent directement aux temps apostoliques.
Nous en sommes particulièrement – et très légitimement – fiers.

   Néanmoins, et j’avais déjà eu l’occasion de l’évoquer en 2011 dans les pages de ce blogue en publiant une étude parue dans « Paix liturgique », c’est un diocèse actuellement sinistré : profondément et tragiquement sinistré par le modernisme (cf. > ici).
Les années passant, les choses ne se sont pas améliorées : les prêtres continuent de mourir et ne sont pas remplacés (il n’y aura sans doute pas d’ordination de prêtre diocésain avant de nombreuses années), les églises continuent à se vider, le nombre des baptêmes poursuit son déclin, la foi catholique n’est plus vraiment enseignée et la plupart des fidèles professe une vague croyance aux contours imprécis, les gens meurent sans les derniers sacrements, la célébration de la messe pour les funérailles tend à diminuer… etc.

   La situation d’aujourd’hui n’est finalement guère plus brillante qu’au début du XVIIe siècle lorsque Monseigneur Louis François de la Baume de Suze – coadjuteur en 1618, puis comte-évêque en titre de 1621 à 1690 – prit la charge d’un diocèse matériellement et spirituellement exsangue (on dit qu’il y avait alors moins de vingt curés en exercice et que plus de 75% des églises étaient en ruines) : mais il était animé d’un zèle ardent pour la rechristianisation du Vivarais, et il sut faire appel à des forces saines et vives pour cet immense labeur, spécialement à Saint Jean-François Régis (cf. > ici). C’est d’ailleurs dans son palais épiscopal de Bourg-Saint-Andéol que Monseigneur de la Baume de Suze accueillit le Père Régis et lui confia le diocèse de Viviers comme terre de mission où il fallait quasi tout reprendre à zéro…

Statue de Saint Andéol sur la façade de l'église de Bourg-Saint-Andéol - détail

Statue de Saint Andéol sur la façade de l’église de Bourg-Saint-Andéol – détail.

   Dans deux précédents articles, j’ai eu l’occasion de vous parler de l’évêque qui a ruiné en profondeur ce diocèse de Viviers pendant plus de 27 ans (cf. dans la biographie de Monsieur l’Abbé Bryan Houghton > ici, et dans une chronique d’août 2011 où je rapportais une anecdote tristement véridique « significative des étranges égarements d’esprit auxquels conduit le modernisme » dont ce mitré fut le protagoniste > ici). Ceux qui lui ont succédé depuis 1992 n’ont guère contribué à relever le niveau spirituel et le dynamisme de notre très antique diocèse riche de tant de saints aux âges passés.

   Depuis longtemps déjà, Frère Maximilien-Marie prie et supplie pour demander à Dieu un évêque selon Son Cœur : un évêque qui soit un véritable docteur de la foi catholique la plus authentique ; un évêque qui soit un pasteur à l’image du Bon Pasteur, avec une inlassable sollicitude pour le salut des âmes à lui confiées ; un évêque qui soit un véritable père, pas tant par la manière dont il se fera appeler que par les délicatesses de la charité avec laquelle il entourera les fidèles ; un évêque qui soit un digne successeur des saints Apôtres par son zèle inlassable et par sa force d’âme ; un évêque dont la ferveur spirituelle soit exemplaire et communicative ; un évêque qui soit moins un administrateur qu’un missionnaire ; un évêque dont l’ardeur ne se laisse pas entraver par la pesanteur des cadavres accumulés par quelque cinquante années de modernisme mortifère.

   Nous prions donc et supplions Saint Polycarpe et Saint Andéol - avec Saint Vincent, céleste protecteur de notre cathédrale (cf. > ici) – qui se dépensèrent sans compter et ne craignirent pas de verser leur sang pour la vérité de l’Evangile, afin qu’ils intercèdent puissamment pour ce diocèse de Viviers et lui obtiennent la grâce d’une véritable résurrection : selon les termes de la citation que j’ai mise en exergue de cette humble chronique, en abandonnant les enseignements mensongers et en revenant à la parole qui lui a été transmise dès le commencement…

patte de chat Lully.

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