Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2017-5. « La monarchie se définit d’abord par sa référence au transcendant » (Gustave Thibon).

Jeudi 19 janvier 2017
Dans le diocèse de Viviers, fête de Saint Arconce, évêque et martyr ;
16e anniversaire du trépas de Gustave Thibon.

       Nous voici à la date du 19 janvier, date qui ramène l’anniversaire du rappel à Dieu de Gustave Thibon (+ 19 janvier 2001), auquel, après Dieu, je dois de manière indubitable l’éveil de ma réflexion – intellectuelle et spirituelle – au moment de l’adolescence, et donc aussi, de ce fait, la maturation de mon mode de pensée et le passage à une foi profondément personnelle et vivante.
J’ai choisi aujourd’hui (le Maître-Chat m’ayant laissé quartier libre pour le faire), de vous présenter ci-dessous un extrait de l’ouvrage de Philippe Barthelet intitulé « Entretiens avec Gustave Thibon », publié en 1983, mais qui a été –  fort heureusement – réédité il y a quelques mois.
A travers les réponses qu’il donne aux questions de Philippe Barthelet, Gustave Thibon nous permet, par son impitoyable réalisme et sa solide sagesse, d’étoffer et d’étayer toujours davantage notre argumentation en faveur de la royauté monarchique traditionnelle… 

   Que sa mémoire soit en bénédiction ; et que Dieu soit à jamais sa récompense pour avoir contribué à faire de moi ce que je suis aujourd’hui !

                                                                             Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Nota bene : Dans l’extrait publié ci-dessous, la mise en caractères gras de certains passages est de notre fait en raison de l’importance que nous leur attribuons.

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Sacre - miniature des Grandes Chroniques de France

Sacre du roi de France (miniature des « Grandes chroniques de France »)

Philippe Barthelet :
Le monde où nous vivons pourrait être caractérisé par l’éclipse de tout ce qu’il y a de suprême, dans tous les ordres… Un monde où les poètes se taisent, ou deviennent fous, un monde d’où les dieux se sont retirés ; un monde découronné. Ce qui vaut spécialement, bien sûr, pour la forme monarchique du gouvernement, qui n’est aujourd’hui plus guère de saison [...]. 

Gustave Thibon :
Il est vrai que les trônes ont sauté partout – et que là où ils demeurent, on leur a ôté toute signification profonde. Car l’idée royale est en dernière analyse une idée religieuse. Et aussi, car tout se tient, une idée poétique.
Voyez le rôle que jouent les rois dans la poésie, et avec quelle abondance les chante un Victor Hugo, qui était pourtant démocrate. Nul ne songerait à chanter ainsi, ès qualités, un dictateur ou même un président. Essayez d’employer le mot de « président » dans un poème, sans faire rire… Ou de placer M. Mitterrand « entre Auguste à l’oeil fier et Trajan au front pur »…
Il y a dans l’institution monarchique une sorte de transparence au divin, une délégation de pouvoir de Dieu Lui-même. « Toute autorité vient de Dieu », dit saint Paul. Certes, mais elle en vient quelquefois par des intermédiaires et des détours si bizarres, qu’on n’y retrouve, à première vue, plus grand-chose de son origine… Ce qui ne doit pas être le cas avec la monarchie. Il y a, ou il devrait y avoir, dans le roi quelque chose de divin…

P.B. : Quelque chose du principe dans le prince…

G.T. : … qui ne doit pas nous faire oublier toute l’épaisseur humaine dont il a la charge – et peut-être aussi le chargement… A côté de l’aspect mystique de la monarchie, l’investiture divine, il y a son aspect politique, tout le poids de la prudence humaine, de l’erreur humaine, de l’abus humain. Les choses les plus hautes sont aussi, par le fait même, les plus exposées au mélange et à l’altération.
Il reste que la monarchie se définit d’abord par sa référence au transcendant. Par le roi on peut en appeler à Dieu, dont il est le représentant sur la terre. Le « Porte-glaive de Dieu », comme on disait des Césars germaniques…

P.B. : Le véritable roi de France est Dieu, « Roi du Ciel », comme le rappelle Jeanne d’Arc. Et le roi couronné n’est ici-bas que son lieutenant…

G.T. : Henry Montaigu a montré – et Paul Barba-Negra, dans son film sur Reims – tout ce que le sacre pouvait conférer à un homme.
Reste que la psychologie et le social sont là, qui font que le roi n’est pas toujours un saint – il l’est même rarement. La politique elle aussi a ses exigences, dont Machiavel a parfaitement tracé la portée et les limites – et la portée en est grande, et les limites lointaines…

P.B. : Encore que Machiavel ait pris soin d’excepter la France de sa démonstration, comme « la monarchie la plus réglée par les lois qu’aucun autre Etat de son temps… »

G.T. : Reste ce qui fait que je me sens viscéralement royaliste : l’allégeance, sur quoi Simone Weil insistait tant, la fidélité que l’on doit à un homme : « C’est mon roi. » « Le roi que mon coeur nomme », comme dit le père Hugo… Ce rapport direct, de personne à personne, qui d’ailleurs a fait la solidité de la monarchie, pendant si longtemps ; cette connivence avec le peuple, le serment – toutes choses dont la démocratie a aboli jusqu’à l’idée…
Et toutes choses, encore une fois, éminemment poétiques. Ce sont les vers de Péguy dans Jeanne d’Arc :

La maison souveraine ainsi qu’au temps passé…
De Monsieur Charlemagne ou de Monsieur Saint Louis…
Quand le comte Roland mourait face à l’Espagne
Et face aux Sarrasins qu’il avait éblouis
Quand le comte Roland mourait pour Charlemagne…

   Maintenant, qui mourra pour ? Pour M. Giscard d’Estaing, pour M. Mitterand ? Dans La Chanson de Roland, le preux à l’agonie pense à « Charlemagne, son seigneur, qui l’a nourri… » Tout cela, l’hommage et la protection, constituait le climat monarchique [...].
Encore une fois, que les princes aient plus ou moins trahi, ou forfait, c’est incontestable. Il en va de même pour le prêtre : je vois mal une religion sans prêtre, et je vois mal un prêtre incarnant totalement la religion. Il faut faire, on ne le sait que trop, sa part à la pesanteur, au trop humain, au Gros Animal – et le Gros Animal est lourd…
Mais du moins peut-on l’empêcher de peser de tout son poids… La monarchie, par sa nature même, cet appel à un ordre transcendant, représentait une sauvegarde contre la tendance proprement totalitaire du Gros Animal à tout subordonner à sa pesanteur… Au lieu que les démocraties, étrangères, sinon opposées, à toute transcendance, réduiront tout à la logique sociale, c’est-à-dire aux caprices du Gros Animal. Camus définissait très justement les « vrais monarchistes » : « Ceux qui concilient l’amour vrai du peuple avec le dégoût des formes démocratiques. »

P.B. : Eugenio d’Ors remarquait que « tout ce qui n’est pas tradition est plagiat ». Il est assez piquant de voir quelle malédiction s’attache aux formes politiques modernes, condamnées à contrefaire ce qu’elles ont aboli. Voir nos présidents de la république plagiant pour leur compte le protocole de la monarchie, et paradant sous les ors de palais qui n’ont pas été faits pour eux…

G.T. : C’est une contradiction de plus du monde monderne. Mais que voulez-vous, nos présidents n’ont rien à se mettre, il faut bien qu’ils usurpent les oripeaux du vestiaire royal. Sans quoi ils iraient nus…
Que l’on doive conserver quelque chose de solennel dans l’exercice de l’autorité prouve assez le caractère sacré, sinon sacral, de celle-ci. A cette nuance près qu’avec les princes, le protocole est naturel, mais qu’il l’est beaucoup moins avec les élus du peuple – élus parce qu’ils ont su manier le peuple… Ils n’inspirent pas un respect spontané. Tout au plus peut-on leur donner les titres de leur fonction, sans y mettre rien de cordial, et moins encore de religieux. Ce qui fait qu’il est beaucoup plus humain de dire « Votre Majesté » que « Monsieur le président de la république » [...].

Philippe Barthelet, « Entretiens avec Gustave Thibon », pp. 69-74
(Editions du Rocher – 1983 / réédition Desclée de Brouwer, poche – 2016)

Entretiens-avec-Gustave-Thibon

2017-4. « Afin de lui inspirer une humilité salutaire, le Sauveur abandonna Pierre pour un temps. »

Premier sermon
de

notre glorieux Père Saint Augustin
sur
la chute de Pierre.

* * * * * * *

Rombouts Theodor - le reniement de Pierre

Theodor Rombouts (Anvers 1597 – Anvers 1637) :
le reniement de Pierre ["Liechtenstein Museum", Vienne (Autriche)]

       A l’occasion de la fête de la Chaire de Saint Pierre à Rome, je livre à votre réflexion et méditation ce premier sermon de notre glorieux Père Saint Augustin sur la chute de Pierre : je le tiens en réserve depuis le printemps 2013 – « Qui potest capere capiat » – et crois utile aux âmes et aux intelligences de le publier finalement en ce jour.
Utile pour chacune de nos âmes qui, toujours exposées aux dangers que leur fait courir leur propre fragilité ont toujours davantage besoin, comme le Prince des Apôtres lui-même, de s’humilier pour se mieux relever ; utile aussi pour être moins exposés aux scandales et conserver au mieux la sérénité intérieure dans les difficiles circonstances actuelles de la vie de la Sainte Eglise…

* * * * * * *

« Afin de lui inspirer une humilité salutaire,
le Sauveur abandonna Pierre pour un temps. »

§ 1. La présomption de Pierre. 

   De Saint Pierre, vous connaissez la sublime profession de foi au sujet de la divinité de Jésus-Christ ; vous savez aussi que, à la voix d’une servante, il renie Celui qu’il avait adoré.
Pour confondre sa présomption, le Sauveur lui avait dit : « Tu me renieras » (Matth. XXVI, 75) ; plus tard aussi, pour affermir son amour, Jésus-Christ lui posa cette question : « M’aimes-tu ? ». C’est donc au moment même où Saint Pierre chancelait dans sa foi, qu’il présuma le plus de ses propres forces.

   Le Psalmiste avait depuis longtemps formulé ce reproche : « Ceux qui mettent leur confiance dans leur vertu » (Ps. XLVIII, 7). Pierre méritait donc qu’on lui fît l’application de ces autres paroles : « J’ai dit dans mon abondance : jamais je ne me laisserai ébranler » (Ps. XXIX, 7). Dans son abondance, il avait dit au Sauveur : « Je suis avec Vous jusqu’à la mort » (Luc XXII, 33) ; dans son abondance, il avait dit : « Jamais je ne me laisserai ébranler ».

   Toutefois Jésus-Christ, en Sa qualité de suprême Médecin, savait mieux que le malade lui-même ce que réclamait sa maladie. Ce que font les médecins dans les maladies du corps, Jésus-Christ peut le faire dans les maladies de l’âme.
Qu’importe, après tout, au malade, que le médecin lui rende toujours raison du traitement qu’il lui applique ? Le malade peut connaître les souffrances qu’il supporte ; mais quand il s’agit de décider si la maladie est dangereuse, d’en connaître les causes, et de juger de l’efficacité des remèdes, c’est l’oeuvre propre du médecin qui, après avoir examiné le corps, reste libre de communiquer à son malade les raisons du traitement qu’il lui applique.

   Quand donc le Seigneur dit à Pierre : « Tu Me renieras trois fois », Il prouvait à Pierre qu’Il avait sondé son coeur.
Or, les prévisions du médecin se réalisèrent, et la présomption du malade se trouva confondue.

§ 2. Sa chute fut salutaire à Pierre parce qu’elle le fit entrer dans la voie de l’humilité.

   Continuons à étudier dans le même psaume les révélations que nous fait le Saint-Esprit.
Après avoir dit : « Dans mon abondance, je ne me laisserai jamais ébranler », le Psalmiste, se reprochant d’avoir ainsi présumé de ses propres forces, s’empresse d’ajouter : « Seigneur, par l’effet de Votre volonté, Vous avez ajouté la force à ma beauté ; Vous avez détourné Votre face, et je suis tombé dans le trouble et la confusion » (Ps. XXIX, 8).
Que dit-il ?
Ce que j’avais ne venait que de Vous, et je croyais ne le tenir que de moi ; « mais Vous avez détourné Votre face » ; Vous avez repris ce que Vous m’aviez donné et « je suis tombé dans le trouble et la confusion » ; en Vous retirant de moi, Vous m’avez montré ce que je suis par moi-même.

   Ainsi donc, afin de lui inspirer une humilité salutaire, le Sauveur abandonna Pierre pour un temps.
Jésus le regarda ensuite, et Pierre versa des larmes amères, comme parle l’Evangile ; c’est ainsi que s’accomplit la prédiction du Sauveur.

   Que lisons-nous ? « Le Seigneur regarda Pierre, et celui-ci se souvint » (Luc XXII, 61).
Si Jésus-Christ ne l’eût pas regardé, Pierre aurait tout oublié. « Le Seigneur regarda Pierre, et celui-ci se souvint que Jésus lui avait dit : avant que le coq chante, vous Me renierez trois fois, et, étant sorti, il pleura amèrement » (Ibid. 62).
Pour laver le crime de son reniement, Pierre avait donc besoin du baptême des larmes. Mais ce baptême lui-même il n’aurait pu l’avoir si Dieu ne lui en avait fait la grâce.

Rombouts Theodor - reniement détail

Theodor Rombouts : le reniement de Pierre (détail)

2017-3. La prière des ânes.

Jeudi 12 janvier,
7e jour dans l’octave de l’Epiphanie (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Césarie, vierge et abbesse (cf. > ici).

       J’avoue ne plus très bien savoir qui m’a fait parvenir – il y a déjà un peu de temps de cela – le texte qui va suivre, que j’avais alors mis de côté en vue de le publier. En effet, il m’avait beaucoup plu.

   Puisque nous arrivons à la fin de l’octave de l’Epiphanie, qui met un terme aux célébrations de la Nativité de Notre-Seigneur, j’ai résolu de vous le livrer aujourd’hui : d’une part parce que la présence de l’âne dans toutes les représentations relatives à la Naissance du Sauveur est très importante (arrivée à Bethléem, crèche, fuite en Egypte), et d’autre part parce que derrière un certain humour de surface, cette « prière des ânes » renferme des pépites spirituelles très sérieuses et véritablement précieuses pour la vie intérieure de tout chrétien… 

pattes de chat  Lully.

Prière des ânes - blogue

Prière des ânes :

   Donnez-nous, Seigneur, de garder les pieds sur terre…
et les oreilles dressées vers le ciel pour ne rien perdre de Votre Parole.

   Donnez-nous, Seigneur, un dos courageux…
pour supporter les hommes les plus insupportables.

   Donnez-nous, d’avancer tout droit,
en méprisant les caresses flatteuses, autant que les coups de bâton.

   Donnez-nous, Seigneur, d’être sourd aux injures et à l’ingratitude :
c’est la seule surdité que nous ambitionnons.

   Ne nous donnez pas d’éviter toutes les sottises,
car un âne fera toujours des âneries…
Mais donnez-nous simplement, Seigneur, de ne jamais désespérer de Votre miséricorde, si gratuite pour ces ânes si disgracieux que nous sommes,  d’après ce que disent les pauvres humains qui n’ont rien compris ni aux ânes, ni même à Vous, qui avez fui en Egypte avec un de nos frères, et qui avez fait Votre entrée messianique à Jérusalem sur le dos de l’un des nôtres.

Ainsi soit-il !

âne gif

Lire aussi
« La légende de la sauge » > ici

2017-2. Au-delà des vœux conventionnels.

4 janvier au soir,
fête de Sainte Angèle de Foligno (voir > ici),

& octave des Saints Innocents.

Véronèse - la foi guidant l'homme vers l'éternité - villa Barbaro à Maser fresque (1560-61)

« La foi guidant l’homme vers l’éternité »
Fresque de Véronèse (1560-1561) dans la Villa Barbaro, à Maser (Vénétie).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Après l’expression toute traditionnelle de voeux qui, pour conventionnels qu’ils soient, n’en sont toutefois pas moins l’expression d’une volonté de bien et de bonheur pour ceux auxquels ils sont adressés, surtout s’ils sont fondés dans la prière (cf. la « Métaphysique des voeux » publiée dans ce blogue en 7 parties au début de l’année 2015 à partir > d’ici), je voudrais, comme bien souvent aussi en pareille période, vous partager quelques réflexions en lien avec les temps que nous vivons et avec les perspectives qui se dessinent devant nous, puisque justement la période des voeux est souvent l’occasion de regarder l’avenir, de l’envisager, de le « planifier » parfois, de s’y projeter en quelque sorte au moyen des résolutions prises, bref d’y penser et même de tenter d’exercer une influence sur lui.

   Nous souhaitons à nos proches, à nos amis, à tous ceux qui nous sont chers – et d’une manière plus globale à nos connaissances – , une bonne et heureuse année.
Nous voudrions que toute la méchanceté disparaisse, que tout le mal qui est dans le monde cesse, que les conflits s’apaisent et que la vie de tous les hommes ne soit environnée que de choses « positives » : paix, lumière, douceur, santé, bienveillance, amour… etc.

   Bien sûr que, moi aussi, qui n’entretiens de mauvais sentiments envers personne, je souhaiterais que la vie de tous les hommes d’ici-bas se déroule dans une espèce de paradis terrestre, ignorant le mal et toutes ses conséquences porteuses de souffrances.
Mais nous savons bien que, quelles que soient la sincérité et la ferveur avec lesquelles nous appelons le bien et le bonheur sur les hommes et sur le monde, il n’en sera pas exactement ainsi et que le terrible quotidien des mesquineries, des méchancetés, des jalousies, de la cupidité, de la malveillance, de la violence psychologique et physique, de la volonté de domination perverse des autres… etc. aura tôt fait de nous rattraper, de nous encercler, et de nous assaillir.

   Et il y a bien pis !
Le mal n’est pas uniquement et exclusivement autour de nous : il est également et très réellement en nous.

   Parce que, en fait, vous aussi bien que moi, nous portons tous, en nous, des racines de malice et de perversion, conséquences intimes du péché originel hérité de nos premiers parents, et conséquences aussi de toutes les mauvaises actions et pensées auxquelles nous avons laissé de la place dans nos coeurs.

   Qui osera prétendre qu’il n’en est pas ainsi en lui ?
Qui osera rejeter la responsabilité de tout le mal qui est dans le monde sur « les autres », ou sur « la société », ou sur « les structures mauvaises héritées du passé » ?
Chacun de nous, s’il est un peu observateur et capable d’analyser ses propres actes, ne peut que faire ce constat, triste et amer : si je ne fais pas d’efforts quotidiens et continus, si je ne travaille pas à m’améliorer, si je me laisse glisser sur mes propres pentes de facilité – en raison de mon orgueil et de mes égoïsmes aux variantes infinies – , je contribue moi-même à la propagation du mal dans le monde.

   De la même manière, mais inverse, que « toute âme qui s’élève élève le monde », ainsi aussi toute âme qui s’abandonne au mal, même dans le secret de la plus intime solitude et sans conséquence apparente sur le prochain, oeuvre en réalité à l’enfoncement du monde dans le mal.
Et nul homme – ni vous ni moi – ne peut soutenir qu’il n’y est lui-même pour rien (le « c’est pas moi, c’est l’autre », qui nous est si spontané depuis notre petite enfance !).
Tous et chacun, nous portons notre part de responsabilité actuelle et quotidienne sur la malice des temps dans lesquels nous vivons
.

   Mais c’est aussi un fait que chacun possède, à sa propre mesure, à sa mesure exacte, des moyens – personnels et uniques – pour combattre la propagation du mal qui navre le monde, la société et les familles… etc. : cela s’appelle le travail sur soi, la lutte personnelle contre le péché, la conversion morale, la pénitence, la sanctification…
C’est ainsi que chacun peut neutraliser une partie des causes responsables du mal qui est dans le monde ; c’est ainsi que chacun, pour la partie qui lui incombe à lui, peut exercer une influence contre la prolifération de la malice et de la laideur morale du monde.
De la même manière qu’un lac n’est jamais que l’accumulation de simples petites gouttes d’eau, et qu’une prairie n’est jamais que le rassemblement de brins d’herbe uniques, le climat moral de la société n’est d’une certaine manière que la somme des dispositions morales des individus qui la composent.
Si chacun se repose sur les autres pour que « ça aille mieux », et se dispense de l’effort nécessaire pour contrer le mal à l’intérieur de lui-même et sur ce qui est dans son rayon d’influence immédiat, il est évident que la décadence et l’accélération vertigineuse du mal ne pourront qu’aller en empirant.

   Cela ne sera sans doute pas suffisant pour ôter tout le mal du monde – parce qu’il existe aussi des causes extérieures à nous-mêmes sur lesquelles nous n’avons que peu de prise – , mais si, toutefois, chacun, de manière très concrète et immédiate, au jour le jour, agit conformément au Vrai, au Beau et au Bien dans le champ d’action qui s’offre à lui, et parfois à lui seul, il est néanmoins certain que des résultats seront visibles.

   En résumé, pas de « bonne année » sans conversion.
Pas de « bonne année », s’il n’y a pas d’efforts réels, concrets et suivis d’effets.
Pas de « bonne année », s’il n’y a pas d’amendement personnel capable de se répercuter sur la société.
Parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, n’imaginez pas un seul instant que l’année 2017 sera meilleure que l’année 2016 ou que l’année 2015 s’il n’y a pas ces conversions intérieures profondes qui peuvent seules changer le cours de l’histoire et renouveler le monde.

   Vous avez détesté 2015, son climat social, sa dégringolade institutionnelle, son terrorisme et ses attentats sanglants ?
Vous avez détesté 2016, son climat social, sa dégringolade institutionnelle, son terrorisme et ses attentats sanglants ?
Malgré tous les souhaits de « bonne et heureuse année », vous aurez aussi en 2017 un climat social catastrophique, une dégringolade institutionnelle accélérée, un terrorisme toujours plus prégnant, des attentats horriblement sanglants, et même infiniment pis… si vous ne travaillez pas plus efficacement à votre conversion !

   Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Les plans gouvernementaux d’alerte et les dispositifs vigipirates renforcés, les états d’urgence mobilisant les forces de l’ordre et les manifestations populaires d’indignation n’y changeront rien ; pas plus que les propos lénifiants (léninifiants ?) des « curés » bisounours et œcuménisant ; pas davantage que les discours « fermes et résolus » des politiques, qu’ils soient de droite, de gauche, d’extrême centre, de l’infanterie, de la cavalerie ou de la marine (à voile et à vapeur)…
La seule, l’unique manière de faire en sorte qu’il n’y ait « plus jamais ça » réside dans la conversion profonde et continue des coeurs, des intelligences, des esprits, et des âmes.

   Voilà pourquoi, à l’occasion de cette nouvelle année 2017, je vous souhaite de n’avoir plus d’illusions, mais – tout au contraire – je vous souhaite par-dessus tout d’avoir les yeux grands ouverts sur la réalité, afin d’entrer dans le réalisme des conversions qui s’imposent.
Je ne vous souhaite pas de n’avoir pas de problèmes, mais je vous souhaite d’avoir la gnaque pour leur rentrer dedans et les combattre de la bonne manière.
Je ne vous souhaite pas des petits bonheurs de bourgeois bornés à leurs horizons bien cosy, mais je vous souhaite l’enthousiasme guerrier des chevaliers de jadis quand ils se préparaient aux mêlées sanglantes.
Je ne vous souhaite pas des espoirs de bonheur se limitant aux horizons du boulot, de la santé et de la paye mensuelle, pour vous et vos proches, mais je vous souhaite des espérances vraiment surnaturelles qui transfigurent le quotidien.
Je ne vous souhaite pas l’absence de souffrances (ce qui est le propre des corps anesthésiés), mais je vous souhaite des capacités de générosité jusqu’au sacrifice, pour porter la Croix et faire de vos vies offertes – voire sacrifiées – des instruments de Rédemption !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur       

Véronèse - la foi guidant l'homme vers l'éternité - villa Barbaro à Maser fresque (1560-61) - détail

2016-94. Se préparer à entrer dans le mystère de Noël avec la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin (Madame Louise de France).

23 décembre.

       En ce jour anniversaire du rappel à Dieu de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin, qui avait été dans le siècle Madame Louise de France, fille de Sa Majesté le Roi Louis XV (voir ici > Princesse et carmélite),  nous pouvons nous servir de l’une des méditations qu’elle a elle-même écrite pour se préparer à la fête de la Nativité de Notre-Seigneur, afin de mieux disposer nos âmes, nos coeurs et nos esprits à entrer dans la véritable dimension spirituelle du mystère de Noël, et à en vivre plus intensément.

Vénérable Thérèse de Saint-Augustin

La Vénérable Thérèse de Saint-Augustin, carmélite,
qui avait été dans le siècle Madame Louise de France.

       « Qu’un Prince puissant descendît de son trône pour venir se confondre dans les derniers rangs de ses sujets, s’asseoir à leur table, partager leur indigence, et essayer de leur rendre le fardeau de la pauvreté plus supportable, en le portant avec eux ; quelles impressions profondes d’amour et de vénération laisserait dans tous les coeurs le spectacle ou le récit d’un tel héroïsme de générosité !
Pour être plus accoutumés aux prodiges de la miséricorde divine, devons-nous en être moins touchés ? 
Ah ! Plutôt que de permettre, Seigneur, que je me rende coupable d’une ingratitude aussi monstrueuse, donnez-moi de recueillir dans mon âme toute la reconnaissance que l’univers vous doit.

   Parmi les réflexions qui viennent tumultueusement se présenter à mon esprit, à la vue de Jésus naissant, cinq objets doivent principalement fixer le désir qu’il veut bien m’inspirer, de lui préparer dans mon coeur une demeure digne de lui.

1 – Son amour infini pour moi.
J’étais présente à ses yeux, dès les premiers moments d’un sacrifice qui a commencé avec l’éternité. Il a daigné pourvoir à tous mes besoins. Pas une de mes misères qui ait échappé au dessein qu’il a formé, de venir lui-même apporter aux plaies du genre humain, les seuls remèdes que pût admettre la justice irritée de son Père ! Les intérêts de sa propre gloire, les ignominies et les besoins de cette chair mortelle qu’il n’a pas dédaigné de revêtir, pour m’élever jusqu’à lui, en s’abaissant jusqu’à moi, rien n’a pu l’arrêter.
O Amour ! qui faites disparaître dans une Dieu tout ce qu’il doit à sa grandeur, échapperez-vous au juste retour dont je me sens redevable ? Ne dois-je pas me donner sans partage à celui qui vient se donner tout entier à moi ?

2 – Sa miséricordieuse charité.
C’est pour tous les hommes, c’est pour les délivrer tous de l’esclavage du péché, pour leur ouvrir à tous l’entrée du Ciel qu’il paraît sur la terre ; j’étais comprise dans cette multitude innombrable de pécheurs qu’il avait la vue et le désir de sauver. Mes infidélités à sa grâce qu’il prévoyait, n’ont pas mis d’obstacle à la générosité de ses démarches pour moi. Sa charité, comme me l’apprend son Apôtre, s’est manifestée en ma faveur, malgré toute mon indignité. Combien ce regard de bonté d’un Dieu naissant doit-il m’apprendre à renfermer dans ma charité ceux-mêmes qui me paraissent si souvent la moins mériter !

3 – Ses profondes abjections.
En quel état paraît à mes yeux le Roi des Rois, le Dieu de l’univers, le dominateur suprême du Ciel et de la terre ! Quelle escorte va l’environner dans la crèche ! Une étable sera son palais ; une cabane exposée à toutes les injures de l’air sera son asile ; de pauvres bergers composeront sa cour, le souffle de deux animaux sera l’unique adoucissement à ses premières souffrances ; telle est l’image abrégée de l’anéantissement auquel il s’est condamné pour moi.
Puis-je croire cette vérité et souffrir encore que mon coeur soit susceptible de cet orgueil qui est le poison de toute la grandeur humaine. En peut-il être d’autre pour une âme chrétienne, que celle qui lui donne une conformité parfaite avec Jésus anéanti dans la crèche ? Qu’il est grand, ce Dieu caché, malgré le voile d’abjection qui le couvre à mes yeux ! Que je serai grande moi-même, quand je m’efforcerai de me rabaisser en sa présence !

4 – Son état d’infirmité et de souffrances.
Jésus les embrasse dès sa naissance, pour m’apprendre à sanctifier les miennes, pour m’y fortifier, et pour m’y consoler. Mais, si le Saint des Saints accepte déjà dans un corps innocent ce douloureux partage, puis-je ne pas m’estimer heureuse des traits de ressemblance qu’il me fournira lui-même dans mille circonstances, où je pourrai unir mes souffrances aux siennes. En qualité de chrétienne et de pécheresse, je suis condamnée à la mortification et à la pénitence. La leçon qu’il me présente dans son berceau est un nouveau motif pour moi de me crucifier dans mes sensualités, et encore plus dans ma volonté propre. Plus je trouve de facilités à la satisfaire, plus j’apprendrai, dans ce premier sacrifice de Jésus naissant, à m’immoler dans tout ce que j’ai de plus intime pour les sens, pour l’esprit et pour le coeur.

5 – L’étendue de ses satisfactions.
C’est un Dieu qui me prévient, qui me recherche, qui paye pour moi à la justice de son Père. Que pourrais-je craindre avec une caution d’une valeur et d’une vertu aussi efficaces ? Je porterai à ses pieds bien des misères qu’il connaît, et dont il compassion, mais qu’il est disposé à me pardonner, dès que je les détesterai toutes, dès que je n’en aimerai aucune. Indépendamment de tant de promesses miséricordieuses, qu’il m’a adressées tant de fois, ne s’offrira-t-il pas aux yeux de ma foi, avec tous les charmes qui peuvent lui attirer toute ma confiance ?
Non, il ne viendra point à moi en juge, ni en vengeur, mais en Sauveur et en Père. Je me hâterai donc de me jeter entre les bras qu’il daigne me tendre ; je recueillerai avec ardeur ses soupirs ; je le conjurerai d’être mon Jésus et mon libérateur, à l’appui de ces tendres sentiments que je solliciterai au premier trône de son indulgence ; que ne trouverai-je pas de ressources auprès d’un coeur qui ne désire que la pleine confiance du mien.

   Ce mystère d’un Dieu naissant, doit donc ranimer tout mon amour pour lui, servir de règle à ma charité pour le prochain, rectifier tous mes jugements et toute ma conduite sur ce qui fait la véritable grandeur, soutenir mon courage dans l’usage de la pénitence chrétienne, réveiller et confirmer toute ma confiance aux miséricordes si étendues, dont la crèche est la dépositaire.
Je demanderai donc avec un redoublement de ferveur, proportionné à tous mes besoins, ces heureux fruits de la fête qui approche ; je purifierai mon âme avec la plus exacte sincérité ; j’y ajouterai avec toutes les protestations de ma douleur, les promesses les plus sincères de ma fidélité future ; je réunirai tous mes désirs les plus ardents et les plus empressés pour attirer les grâces de ce divin Enfant.
Mille fois je lui réitérerai ma consécration entière à son service, ma dépendance, ma gratitude et mon amour.
Venez, lui dirai-je, venez, Auteur de tous les biens, répandez-les dans mon âme ; en la visitant, faites-lui goûter combien il est doux de vous aimer et d’être aimée de vous. Communiquez-moi ces saintes ardeurs dont le coeur de votre sainte Mère était pénétré ; faites passer dans le mien ce feu céleste qui en consume toutes les froideurs ; remplissez-moi de cet esprit de foi, de cette fervente piété, qui accompagnaient ce saint Roi, mon Patron, à votre divin banquet ; qu’il n’y ait rien en moi qui ne se ressente de ces profonds hommages que vous rendirent à la crèche les esprits bienheureux dont elle était investie ; couronnez enfin, ô Dieu naissant ! tous vos bienfaits par cette paix que vous apportez à la terre ; qu’elle règne en moi, comme un gage de votre grâce et de votre clémence ; et qu’elle y persévère par la confiance de ma fidélité et de mon amour !
Le péché seul peut m’en priver. Ah ! Que jamais il ne trouble, il ne ravisse un trésor dont la possession m’est plus chère que tous les biens de ce monde, que ma vie-même.
C’est, ô mon Jésus ! ce que je vous demande, et c’est ce que je ne cesserai de penser, et désirer jusqu’au dernier soupir ; il sera un soupir d’amour pour vous. »

Esquisse biographique de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin ici
Méditation de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin pour se préparer à Noël ici
Prière de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin à l’archange Saint Michel pour la conservation du Royaume de France ici

Relique de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin

Relique de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin.

Quelques autres textes pour se préparer spirituellement à Noël :

- Préparation au mystère de la Nativité avec Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix > ici
– « Chemin de Bethléem, école d’oraison » (Frère Maximilien-Marie) > ici

2016-92. Adaptation au monde moderne ?

       Parmi les reproches qui sont faits à l’encontre des Légitimistes qui, à la suite de Monseigneur le Comte de Chambord, de jure Sa Majesté le Roi Henri V, maintiennent coûte que coûte les principes de la royauté française traditionnelle et refusent toute compromission avec les idées qui ont causé la révolution ou en sont les conséquences, il y a celui de ne pas savoir « s’adapter au monde moderne ».
Cela peut se décliner avec des formes voisines, telles que « ne pas comprendre les aspirations de son temps », « ne pas savoir s’inscrire dans le mouvement général », « laisser passer les opportunités d’entrer dans la modernité que nous tend l’Histoire », et autres formules de pure rhétorique qui ne servent qu’à masquer l’abandon des principes pérennes et solides.

Il en est de même dans l’Eglise où l’abandon – la trahison – de la Tradition, reçue des Apôtres et développée organiquement au fil des siècles par les Pères, les saints Docteurs, les Pontifes fidèles (car il en est qui ne le furent pas), les conciles authentiques (car là encore il en est qui ne sont que des brigandages) …etc. , fait l’objet de pseudo justifications sous la formule incantatoire, quasi dogmatique et indéfiniment répétée par les chantres du « renouveau », d’ « adaptation au monde moderne » (ou « au monde de ce temps »).
Dans l’une des conférences de Gustave Thibon – encore et toujours ! – , j’ai relevé une citation qui n’a pas besoin d’être longue pour être percutante, comme souvent.
C’est une réflexion de simple bon sens, une fois de plus ; mais, parce que justement le bon sens est ce qui semble faire le plus défaut dans certains raisonnements, dans certaines intelligences, dans certaines structures d’enseignement, dans certaines sacristies, dans certains presbytères, évêchés ou palais apostoliques, il est bien nécessaire que ce que le bon sens inspire soit rappelé à temps et à contretemps : « opportune, importune » (2 Tim. IV, 2).
Dans ces quelques lignes qui suivent, je me suis autorisé à reproduire en caractères gras ce qui m’y apparaissait comme plus spécialement important.

Lully.

IMG_5245 - Copie

*  *  *

Adaptation au monde moderne ?

       « (…) Je crois que ceux qui parlent de s’adapter à tout prix au monde moderne ne savent pas ce dont le monde moderne a besoin : il a besoin de ce qui lui manque, il n’a pas besoin qu’on surabonde dans son propre sens. Il faut différer beaucoup de son siècle pour le servir.
Au reste, aujourd’hui, la modernité commence à se vomir elle-même. Si l’on nous accuse d’immobilisme, parce que, selon la belle formule d’un jeune philosophe contemporain, nous voulons « nous rapprocher de ce qui ne change jamais plus que nous adapter à ce qui change toujours », parce que nous sommes plus soucieux de nous dépasser nous-mêmes que de ne pas nous laisser dépasser, nous répondrons que se rapprocher du modèle divin, sculpter l’existence à l’image de l’essence, imprimer sur ce qui est la marque de ce qui doit être, cela exige tout de même beaucoup d’énergie, de vigilance, d’initiative et de liberté, infiniment plus que suivre passivement le courant de la mode et se laisser emporter comme une feuille morte par « l’air du temps »… ».

Gustave Thibon,
in « Morales de toujours et morales éternelles »,
conférence du 27 mars 1973 à Waremme (Belgique)
« Les hommes de l’éternel », ed. Mame – Paris 2012 – p. 89]

Gustave Thibon

Acte de donation à la Très Sainte Vierge.

15 décembre,
Octave de la Conception immaculée de la Très Sainte Mère de Dieu.

       Dans un vieux livre de piété provenant d’un monastère de la Visitation aujourd’hui fermé, j’ai découvert, entre les pages, un petit feuillet manuscrit, soigneusement calligraphié, contenant un « Acte de donation à la Très Sainte Vierge ».
En ce jour octave de la fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dame, je le recopie à votre intention car il me semble que les admirables dispositions de cette prière peuvent – et même doivent – être aussi celles de chacune de nos âmes, si elles aiment en vérité notre Très Sainte Mère du Ciel…

Nota : Je retranscris exactement le feuillet qui se trouve devant moi, tant pour la ponctuation que pour les majuscules.

Immaculée Conception

Acte de donation à la Très Sainte Vierge - titre

   O Marie ! Admirable Mère de Jésus et mon aimable Mère ! puissante Souveraine de l’univers et mon aimable Souveraine ! me voici à vos pieds avec une joie d’enfant, pour me donner à vous ! à vous, ô ma Bien Aimée, avec tout ce que je suis, tout ce que j’ai, tout ce que je possède et pourrai acquérir dans l’ordre de la nature et de la grâce. Je me remets entre vos mains d’une manière si parfaite, ô ma Mère ! ô Vie de mon âme ! que non seulement je n’aie plus rien après vous avoir tout donné, mais encore qu’à tout jamais, dans le temps, dans l’éternité, je ne puisse plus rien avoir ; mon âme, avec ses facultés, ses affections, ses espérances, mon corps avec ses sens et sa vie corruptible : tout mon être sans la moindre réserve, sans le moindre retour, étant, dès à présent, livré à vous, abandonné à vous, à votre Direction maternelle, à votre Providence pleine d’amour. Aujourd’hui en particulier, je vous donne toutes mes pensées, tous mes sentiments, toutes mes oeuvres de religion, de charité, de pénitence… Je ne suis plus à moi, ô Marie, je suis à vous.
Mais, ô ma ravissante Mère ! quelque absolue que soit ma donation, mon désir, mon vouloir, ne peuvent suffire aux besoins de mon coeur, à mon extrême amour. C’est pourquoi, vous qui êtes si bonne, ô ma Souveraine, faites, je vous prie, mieux encore que je ne puis faire moi-même. Daignez m’attacher et m’unir à vous, me faire votre bien, m’enclore en vos pouvoirs et privilèges de la manière la plus intime, la plus absolue, la plus irrévocable, de la manière que vous connaissez seule, et que je ne connais pas, de sorte que je sois à vous et que je vous serve non seulement par mes actions, mais encore par un état spécial et une condition nouvelle, dans lesquels vous m’aurez vous-même établi.

   O Jésus ! Fils du Dieu éternel et Fils de Marie ! qui unissez par votre grâce miséricordieuse nos âmes à votre aimable Mère, daignez me tenir et considérer désormais comme son serviteur et son esclave d’amour ; daignez daignez être vous-même, ô Lien de tous les coeurs ! l’indissoluble lien de mon coeur au Coeur très aimant de votre Mère.
O Jésus ! ô mon Bien ! ô mon Tout ! je vous demande cette précieuse grâce, avec toute l’ardeur dont mon pauvre coeur est capable ; je vous la demande pour la vie, pour l’heure de la mort et pour toute l’éternité.

Ainsi soit-il !

Trois lys blancs

2016-91. De la statue de Henri IV le Grand érigée à Rome au Latran.

Nota :
l’article que je publie ci-dessous aujourd’hui est le millième de ce blogue,
et je suis particulièrement heureux qu’il soit à la gloire de notre Royauté française
et des triomphes de notre foi catholique…

pattes de chatLully.

* * * * * * *

13 décembre,
Fête de Sainte Lucie de Syracuse, vierge et martyre ;
Mémoire de Sainte Odile de Hohenbourg, vierge et abbesse (cf. > ici) ;

Mémoire du 6ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici) ;
Anniversaire de la naissance d’Henri IV (cf. > ici).

lys.gif

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Outre les célébrations liturgiques de ce jour, nous n’omettons jamais, chaque 13 décembre, de commémorer dans la joie et l’action de grâces, l’anniversaire de la naissance de Henri IV le Grand (13 décembre 1553 – lire > ici), notre premier Roi Bourbon, et nous nous rendons par la pensée et la prière jusqu’en l’archibasilique du Très Saint Sauveur au Latran, à Rome, pour prier, avec l’insigne chapitre de la cathédrale de la Ville Eternelle, « pro felici ac prospero statu Galliae : pour le bonheur et la prospérité de la France ».

   Je vous ai déjà entretenu de l’origine de cette vénérable tradition, toujours maintenue (voir > ici), et je ne m’étendrai pas à son sujet ; mais je voudrais aujourd’hui, à l’occasion de ce 13 décembre, vous faire découvrir – ou redécouvrir – la belle statue de bronze érigée en l’honneur de Henri IV dans le narthex nord de la basilique du Latran.

1 - narthex nord basilique Latran

Rome : entrée nord de l’archibasilique du Très Saint Sauveur au Latran.
C’est dans ce narthex, sous la loggia des bénédictions, que se trouve la statue de bronze
célébrant les mérites et la catholicité de Henri IV le Grand.

   On a trop souvent calomnié la conversion de Henri IV. Le trop fameux « Paris vaut bien une messe » des livres d’histoire de la troisième république n’est en réalité qu’une citation apocryphe qui, si elle a fait florès, trahit néanmoins radicalement l’honnêteté et la profondeur de la conversion du Roi.

   L’abjuration solennelle de Henri IV, à Saint-Denys le 25 juillet 1593, devant l’archevêque de Bourges, n’était pas sans consistance (voir > ici) : son acceptation par le clergé du Royaume fut relativement rapide. C’est ce qui permit son sacre, célébré à Chartres le 25 février 1594.
Henri IV y reçut alors les sacrements, les évêques de France considérant qu’il n’était plus excommunié, même si la levée solennelle de l’excommunication par le Pape Clément VIII n’intervint qu’à l’automne 1595.

   Je précise au passage que l’une des dernières missions que le Ciel confia à Saint Philippe Néri (qui rendit sa belle âme à Dieu le 26 mai 1595) fut justement d’aller trouver le Souverain Pontife et de lui assurer, de la part de Notre-Seigneur, que la conversion du Roi de France était authentique et sérieuse.

2 - statue de Henri IV au Latran

Statue de Sa Majesté le Roi Henri IV dans le narthex nord de la basilique du Latran.

   Après la restitution au chapitre du Latran de ses bénéfices sur l’abbaye de Clairac et l’institution de la Messe annuelle « pro felici ac prospero statu Galliae » au jour anniversaire de la naissance du Roi, chaque 13 décembre, fut également décidée l’érection d’un monument commémoratif à la gloire de Henri IV dans le narthex de l’entrée nord de la basilique.

   Oeuvre de l’artiste lorrain Nicolas Cordier (1567-1612), qui était installé à Rome depuis 1592, cette statue de bronze représente le premier Roi Bourbon en imperator triomphant.
Commandée en 1606, elle fut achevée et érigée en 1608 à l’emplacement où elle se trouve toujours : dans une espèce de petite abside rectangulaire, voûtée, ornée de stucs et de trompe-l’œil, habituellement fermée par une grille.

   La couleur très sombre du bronze et le contre-jour, conséquence de l’éclairage donné par un oculus pratiqué au sommet de la voûte, font qu’il est souvent très malaisé d’en prendre des clichés satisfaisants. Celui que je publie ci-dessus a été pris par Frère Maximilien-Marie en avril 2010 ; mais pour en apprécier les détails il vaut finalement mieux les examiner sur cette gravure qui date du début de la régence de la Reine Marie et qui se trouve dans les collections du château de Pau.

3 - statue de Henri IV gravure

   J’ai néanmoins essayé, avec un résultat médiocre, de vous présenter un gros plan du visage du Bon Roi Henri tel qu’il est figuré sur cette statue :

4 - statue de Henri IV visage

   La statue est posée sur un haut piédestal cylindrique sur le devant duquel, dans un encadrement ouvragé où l’on admire les fleurs de lys de France, est enchâssée une plaque de marbre noir portant la dédicace.

5 - inscription du socle - statue Henri IV - Latran

   En voici le détail :

6 - inscription du socle gros plan - statue Henri IV - Latran

   Cette inscription rappelle que le chapitre et les chanoines de la sacrosainte église du Latran ont pris soin de faire ériger cette statue de bronze en reconnaissance, sous le pontificat de Paul V et l’ambassade de Charles de Neufville d’Alincourt.
Mais ce qui la rend spécialement remarquable ce sont les éloges qu’elle dédie au Roi Très Chrétien de France et de Navarre (Francorum et Navarrorum Regi Christianissimo) Henri IV, comparé à Clovis pour sa piété (pietate alteri Clodoveo), à Charlemagne pour l’abondance de ses combats (varietate praeliorum Carolo Magno), et à Saint Louis pour son zèle en faveur de l’extension de la religion (amplificandae studio religionis Sancto Ludovico).

   En ce 13 décembre donc, c’est plein de reconnaissance envers le premier Roi Bourbon que nous chantons : « Vive Henri IV, vive ce Roi vaillant ! … Que Dieu maintienne en paix ses descendants ! »
Et, dans les prières que nous faisons monter vers le Ciel pour le salut, la paix et le bonheur de la France, nous demandons avec ferveur le rétablissement du trône de Henri IV et le glorieux avènement effectif de son descendant, héritier et successeur, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX.

7 - lys du socle de la statue de Henri IV

Hymne de foi et d’espérance pour la restauration du Roi légitime > ici

2016-90. L’alliance adultère de l’Eglise et de la révolution.

Vendredi 9 décembre 2016,
2e jour dans l’octave de l’Immaculée Conception.

Vierge séraphique

La Vierge séraphique :
« Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti in universo mundo »
(Réjouissez-vous ô Vierge Marie, vous seule avez vaincu toutes les hérésies dans le monde entier)

       Alors que le mois de décembre file à la vitesse « grand V » et entraîne cette année 2016 vers sa fin, je veux revenir sur un anniversaire  que nous n’avons pas eu le temps de mentionner à sa date exacte, le 29 août dernier, mais sur lequel nous avons abondamment réfléchi et médité pendant des mois et des mois : le quarantième anniversaire de ce que, in illo tempore, l’on a appelé « la Messe de Lille », au cours de cet été 1976 qui a manifesté d’une manière médiatique retentissante le courage exemplaire de Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre.
Je devine déjà que certaines personnes, qui ne nous aiment guère, vont s’empresser de tirer profit de cette publication pour nous clouer au pilori du « lefebvrisme », crime que certains ecclésiastiques – surtout lorsqu’ils se gargarisent de tolérance et de miséricorde – considèrent comme absolument impardonnable, tant en ce monde que dans l’autre.

   Pour ce qui me concerne, je n’étais alors que dans la pensée de Dieu. Mais notre Frère, qui était alors âgé de 14 ans, s’en souvient parfaitement ; et pour cause.
Dégoûté – c’est exactement le terme qui convient, car il y avait vraiment de quoi inspirer la nausée – du pseudo catholicisme que son entourage familial, paroissial, diocésain et scolaire (car il était scolarisé dans un collège tenu par des religieux totalement sécularisés et sinistrés par le modernisme triomphant), le futur Frère Maximilien-Marie s’éloignait de l’Eglise, de Notre-Seigneur Jésus-Christ et même de Dieu, puisque cette « Eglise conciliaire » ne lui apportait rien de consistant, liturgiquement, spirituellement et doctrinalement.
En revanche, il gardait au coeur le souvenir fervent de la Messe qu’il avait connue avant la réforme liturgique : Messe dont il n’avait pas besoin de comprendre matériellement les mots latins pour comprendre spirituellement les mystères qu’elle célébrait, et pour être comme irrésistiblement élevé vers Dieu…
Mais tous – parents, éducateurs, prêtres et religieux – lui répétaient à satiété que tout cela était révolu, définitivement révolu, et qu’il fallait « vivre avec son temps » : ce temps du « printemps de l’Eglise » et d’une « dynamique nouvelle », « plus évangélique »… Tu parles ! On n’a jamais vu l’Eglise en perte de dynamisme et d’influence autant qu’en ces années-là : les fidèles en masse abandonnaient la pratique religieuse et s’éloignaient de la morale évangélique aussi bien que de la foi, tandis que les clercs apostasiaient et défroquaient comme jamais ! 

   Bref ! Lorsque, le 29 juin 1976, les médias commencèrent à parler des ordinations sacerdotales conférées par Son Excellence Monseigneur Lefebvre malgré la défense qui lui en avait été signifiée par le Saint-Siège, lorsque le 22 juillet 1976 fut fulminée contre lui une suspens a divinis, et lorsque le 29 août suivant Monseigneur Lefèbvre prononça, à Lille, une homélie fleuve – véritablement historique – , celui qui deviendrait Frère Maximilien-Marie recommença à s’intéresser à l’Eglise catholique et se sentit envahi par une espérance jamais éprouvée jusqu’alors ;  espérance qui ne l’a jamais quitté depuis.
Car c’est cette homélie fleuve – et particulièrement les extraits que je vais publier ci-dessous – qui lui donnèrent le goût et le courage d’ouvrir le livre du catéchisme qu’on ne lui avait jamais enseigné – ni à la paroisse ni au collège – , de s’instruire de la foi catholique authentique (dont on peut dire qu’on avait pris grand soin de lui cacher jusque là), de l’approfondir et d’en vivre.
Car cet adolescent dégoûté, qui sera quelques années plus tard Frère Maximilien-Marie, n’est pas devenu « lefebvriste » à ce moment-là. Il est tout simplement devenu vraiment catholique, dans un milieu et en un moment où quasi tous – parents, éducateurs, prêtres et religieux – cessaient en réalité de l’être, même s’ils continuaient à « aller à la Messe » et à fréquenter les structures institutionnelles de l’Eglise.

   Quarante ans plus tard, il est bon et salutaire de relire les paroles fortes et quasi prophétiques de Monseigneur Lefebvre, à Lille, ce 29 août 1976.
La dénonciation vigoureuse de « l’alliance adultère de l’Eglise et de la révolution » a peut-être pris davantage de force et de sens de nos jours, en 2016, qu’alors, puisque plus encore qu’en 1976 nous constatons que les vocations sacerdotales sont en chute libre, que la pratique religieuse se raréfie encore, que les paroisses rurales – territorialement surdimensionnées – sont réduites à des coquilles vides ou presque, que des diocèses autrefois florissants se retrouvent avec beaucoup moins de prêtres qu’au sortir de la grande révolution, que ceux qui se disent catholiques remettent en question des pans entiers de la doctrine révélée (la divinité du Christ et Sa Résurrection, le Saint-Sacrifice de la Messe et la Présence réelle, le purgatoire, voire – excusez du peu – le dogme de la Sainte Trinité, puisqu’ils affirment avoir le « même Dieu » que les mahométans qui nient catégoriquement la Sainte Trinité et la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ !) …etc.

   Pour marquer donc, dans l’action de grâces, ce quarantième anniversaire, après en avoir longuement parlé avec notre Frère Maximilien-Marie, il nous a semblé important et utile de reproduire ci-dessous ces extraits – non pas « lefebvristes » mais tout simplement pleinement catholiques – de cette fameuse homélie de Lille.

Lully.

Lille 29 août 1976 Monseigneur Lefèbvre

Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre
à Lille, le dimanche 29 août 1976.

L’alliance adultère de l’Eglise et de la révolution.

   « (…) Que s’est-il passé dans ce concile?
Nous pouvons le savoir facilement en lisant les livres de ceux qui ont été précisément les instruments de ce changement dans l’Eglise qui s’est opéré sous nos yeux. Lisez par exemple : « L’oecuménisme vu par un franc-maçon » de Marsaudon. Lisez le livre du sénateur du Doubs, Monsieur Prélot, « Le Catholicisme libéral », écrit en 1969. Il vous dira que c’est le concile qui est à l’origine de ce changement, lui catholique libéral, il le dit dans les premières pages de son livre : «Nous avons lutté pendant un siècle et demi pour faire prévaloir nos opinions à l’intérieur de l’Eglise, et nous n’y avons pas réussi. Enfin est venu Vatican II et nous avons triomphé. Désormais les thèses et les principes du catholicisme libéral sont définitivement et officiellement acceptés par la Sainte Eglise».
Vous croyez que ce n’est pas là un témoignage ? Ce n’est pas moi qui le dis, cela. Mais lui le dit en triomphant, nous, nous le disons en pleurant.

   Qu’est-ce qu’ont voulu en effet les catholiques libéraux pendant un siècle et demi ?
Marier l’Eglise et la révolution, marier l’Eglise et la subversion, marier l’Eglise et les forces destructrices de la société et de toutes sociétés, la société familiale, civile, religieuse.
Ce mariage de l’Eglise, il est inscrit dans le concile. Prenez le schéma « Gaudium et Spes », et vous y trouverez : «Il faut marier les principes de l’Eglise avec les conceptions de l’homme moderne». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il faut marier l’Eglise, l’Eglise catholique, l’Eglise de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec des principes qui sont contraires à cette Eglise, qui la minent, qui ont toujours été contre l’Eglise.

   C’est précisément ce mariage qui a été tenté dans le concile par des hommes d’Eglise, et non par l’Eglise, car jamais l’Eglise ne peut admettre une chose comme celle-là.
Pendant un siècle et demi précisément, tous les Souverains Pontifes ont condamné ce catholicisme libéral, ont refusé ce mariage avec les idées de la révolution, de ceux qui ont adoré la Déesse-Raison.
Les papes n’ont jamais pu accepter des choses semblables. Et pendant cette révolution, des prêtres sont montés à l’échafaud, des religieuses ont été persécutées et également assassinées. Souvenez-vous des pontons de Nantes où étaient amassés tous les prêtres fidèles et que l’on coulait au large. Voilà ce qu’a fait la révolution !
Eh bien ! je vous le dis, mes biens chers frères, ce qu’a fait la révolution n’est rien à côté de ce qu’a fait le concile Vatican II, rien !
Il eut mieux valu que les 30, les 40, les 50000 prêtres qui ont abandonné leur soutane, qui ont abandonné leur serment fait devant Dieu, soient martyrisés, aillent à l’échafaud, ils auraient au moins gagné leur âme. Maintenant, ils risquent de la perdre (…).

   En définitive, la révolution française lorsqu’elle faisait des martyrs accomplissait l’adage des premiers siècles : «Sanguis martyrum, semen christianorum», le sang des martyrs est une semence de chrétiens. Et ils le savent bien ceux qui persécutent les chrétiens, ils ont peur d’en faire des martyrs. Et on ne veut plus faire de martyrs !
Cela a été le summum de la victoire du démon : détruire l’Eglise par obéissance. Détruire l’Eglise par obéissance. Nous la voyons détruite tous les jours sous nos yeux : les séminaires vides, ce beau séminaire de Lille qui était rempli de séminaristes, où sont-ils ces séminaristes ? Qui sont-ils encore ces séminaristes ? Savent-ils qu’ils vont être prêtres ? Savent-ils ce qu’ils vont faire quand ils vont être prêtres ?
Ah ! Et cela précisément parce que cette union voulue par les catholiques libéraux entre l’Eglise et la Révolution est une union adultère ! De cette union adultère ne peut venir que des bâtards.
Et qui sont ces bâtards ? Ce sont nos rites. Le rite de la nouvelle messe est un rite bâtard. Les sacrements sont des sacrements bâtards. Nous ne savons plus si ce sont des sacrements qui donnent la grâce ou qui ne la donnent pas. Nous ne savons plus si cette messe nous donne le Corps et le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ ou si elle ne les donne pas. Les prêtres qui sortent des séminaires ne savent plus eux-mêmes ce qu’ils sont. C’est le cardinal de Cincinnati qui, à Rome, disait : « Pourquoi il n’y a plus de vocations ? parce que l’Eglise ne sait plus ce qu’est un prêtre ».
Alors, comment peut-elle encore former des prêtres si elle ne sait plus ce qu’est un prêtre ? Les prêtres qui sortent des séminaires sont des prêtres bâtards. Ils ne savent pas ce qu’ils sont. Ils ne savent pas qu’ils sont faits pour monter à l’Autel, pour offrir le Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et pour donner Jésus-Christ aux âmes, et appeler les âmes à Jésus-Christ. Voilà ce que c’est qu’un prêtre, et nos jeunes qui sont ici le comprennent bien. Toute leur vie va être consacrée à cela, à aimer, à adorer, à servir Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, parce qu’ils y croient, à la présence de Notre-Seigneur dans la Sainte Eucharistie !

   Cette union adultère de l’Eglise et de la révolution se concrétise par le dialogue.
L’Eglise, si elle a à dialoguer, c’est pour convertir. Notre-Seigneur a dit : «Allez, enseignez toutes les nations, convertissez-les». Mais il n’a pas dit : «Dialoguez avec elles pour ne pas les convertir, pour essayer de vous mettre sur le même pied qu’elles».
L’erreur et la vérité ne sont pas compatibles. Si on a de la charité pour les autres (…), on doit leur donner Notre-Seigneur, leur donner la richesse que l’on a et non pas converser avec eux, dialoguer avec eux sur un pied d’égalité.
La vérité et l’erreur ne sont pas sur un pied d’égalité. Ce serait mettre Dieu et le diable sur le même pied, puisque le diable est le père du mensonge, le père de l’erreur (…) ».

Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre (1905-1991),
ancien archevêque de Dakar, ancien délégué apostolique pour l’Afrique française,
archevêque-évêque émérite de Tulle, ancien supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit,
homélie du dimanche 29 août 1976, Lille. 

Armoiries de Mgr Lefèbvre

Armoiries de S.Exc. Mgr. Marcel Lefebvre

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