Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2015-93. Deux amours ont bâti deux cités…

31 octobre,
Vigile de la Toussaint.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       En ce jour de vigile de la Toussaint, nos regards sont déjà tournés vers cette Sainte Cité – la Jérusalem céleste – , qui est le terme de notre espérance et le but auquel tend toute notre vie chrétienne : la Sainte Cité à laquelle nous devons aspirer, la Sainte Cité où nous attendent tous les saints qui nous ont précédés et montré la voie, la Sainte Cité dont la liturgie de demain détaillera la gloire et la félicité de la foule immense des sauvés qui la peuplent, parce que, ici-bas, ils ont vécu les Béatitudes évangéliques, la Sainte Cité en laquelle ne peuvent entrer et vivre à jamais que ceux qui meurent dans la grâce et la miséricorde du Seigneur…

   Pour nous mieux préparer à célébrer cette fête de tous les Saints, permettez-moi de vous inviter à lire ou à relire, à méditer dans le recueillement et le silence, cette célèbre page de notre glorieux Père Saint Augustin : celle extraite de « La Cité de Dieu », où le saint docteur d’Hippone parle des « deux cités », celle de la terre et celle du ciel, et de leurs caractéristiques.
La fameuse phrase « deux amours ont bâti deux cités… » commence le chapitre vingt-huit du quatorzième livre de « La Cité de Dieu », mais, parce qu’il y a en réalité dans le texte un « donc » : « Deux amours ont donc bâti deux cités » (en latin : itaque), il m’a semblé important de vous retranscrire ci-dessous la partie du chapitre vingt-sept qui précède et justifie le développement de Saint Augustin lorsqu’il commence à parler de ces « deux cités ».
Avec Saint Augustin, c’est dans la vision globale du mystère de la chute (des anges et des hommes) et de la Rédemption, et donc de la tentation et du combat spirituel – par lequel l’homme, fidèle à la grâce divine, parvient à la victoire – , qu’il nous faut sans cesse nous replacer.

   La fête de tous les Saints, qui – en ce monde de ténèbres – entrouvre aux yeux de nos âmes la lumineuse vision du Ciel, doit être pour nous un vif stimulant à nous montrer forts et généreux dans le combat spirituel, un encouragement à nous livrer davantage à l’action de la grâce, un puissant motif pour mettre à mort en nous tout ce qui est contraire à l’amour divin, et un tremplin spirituel pour décupler toutes nos énergies afin de vivre toujours plus intensément l’esprit des Béatitudes. 

Belle, fervente et très sainte fête de tous les Saints !

Lully.

Le Christ en sa gloire entouré des saints

Le Christ en Sa gloire, entouré des Saints

« Deux amours ont bâti deux cités… »

       De même que nous ne saurions vivre ici-bas sans prendre des aliments, et que nous pouvons néanmoins n’en pas prendre, comme font ceux qui se laissent mourir de faim, ainsi, même dans le paradis, l’homme ne pouvait vivre sans le secours de Dieu, et toutefois il pouvait mal vivre par lui-même, mais en perdant sa béatitude et tombant dans la peine très-juste qui devait suivre son péché. 

   Qui s’opposait donc à ce que Dieu, lors même qu’Il prévoyait la chute de l’homme, permît que le diable le tentât et le vainquît, puisqu’Il prévoyait aussi que sa postérité, assistée de Sa grâce, remporterait sur le diable une victoire bien plus glorieuse ?
De cette sorte, rien de ce qui devait arriver n’a été caché à Dieu ; Sa prescience n’a contraint personne à pécher, et Il a fait voir à l’homme et à l’ange, par leur propre expérience, l’intervalle qui sépare la présomption de la créature de la protection du Créateur.
Qui oserait dire que Dieu n’ait pu empêcher la chute de l’homme et de l’ange ?
Mais Il a mieux aimé la laisser en leur pouvoir, afin de montrer de quel mal l’orgueil est capable, et ce que peut sa grâce victorieuse.

   Deux amours ont donc bâti deux cités : l’amour de soi-même jusqu’au mépris de Dieu, celle de la terre, et l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi-même, celle du ciel.
L’une se glorifie en soi, et l’autre dans le Seigneur ; l’une brigue la gloire des hommes, et l’autre ne veut pour toute gloire que le témoignage de sa conscience ; l’une marche la tête levée, toute bouffie d’orgueil, et l’autre dit-à Dieu : « Vous êtes ma gloire, et c’est Vous qui me faites marcher la tête levée » (Ps. III, 4) ; en l’une, les princes sont dominés par la passion de dominer sur leurs sujets, et en l’autre, les princes et les sujets s’assistent mutuellement, ceux-là par leur bon gouvernement, et ceux-ci par leur obéissance ; l’une aime sa propre force en la personne de ses souverains, et l’autre dit à Dieu : « Seigneur, qui êtes ma vertu,  je Vous aimerai » (Ps. XVII, 2).

   Aussi les sages de l’une, vivant selon l’homme, n’ont cherché que les biens du corps ou de l’âme, ou de tous les deux ensemble ; et si quelques-uns ont connu Dieu, ils ne Lui ont point rendu l’honneur et l’hommage qui Lui sont dus, mais ils se sont perdus dans la vanité de leurs pensées et sont tombés dans l’erreur et l’aveuglement.
En se disant sages, c’est-à-dire en se glorifiant de leur sagesse, ils sont devenus fous et ont rendu l’honneur qui n’appartient qu’au Dieu incorruptible à l’image de l’homme corruptible et à des figures d’oiseaux, de quadrupèdes et de serpents ; car, ou bien ils ont porté les peuples à adorer les idoles, ou bien ils les ont suivis, aimant mieux rendre le culte souverain à la créature qu’au Créateur, qui est béni dans tous les siècles (Rom. I, 21-25). 

Dans l’autre cité, au contraire, il n’y a de sagesse que la piété, qui fonde le culte légitime du vrai Dieu et attend pour récompense dans la société des saints, c’est-à-dire des hommes et des anges, l’accomplissement de cette parole : « Dieu tout en tous » (1 Cor. XV, 28).

Saint Augustin,
« La Cité de Dieu », livre XIV, 2 ème moitié du chap. 27 et chap. 28.

Christ de gloire (détail)

« Alors Dieu sera tout en tous ! » (1 Cor. XV, 28)

2015-91. Lettres par lesquelles Sainte Marguerite-Marie a révélé les desseins du Sacré-Cœur du Christ-Roi pour le Roi de France.

Vendredi 23 octobre 2015,
fête des Bienheureuses Ursulines de Valenciennes, martyres (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

     Nous approchons de la fête du Christ-Roi, aussi, en cette année du troisième centenaire de la mort du Grand Roi, et pour compléter ce que j’avais publié à l’occasion du trois-cent-soixante-quinzième anniversaire de sa naissance au sujet de son prétendu « refus d’obéir au Sacré-Cœur » (le 5 septembre 2013 > ici), je voudrais publier ci-dessous les textes exacts de Sainte Marguerite-Marie concernant Sa Majesté le Roi Louis XIV et le message particulier que le divin Cœur de Jésus voulait que la sainte visitandine de Paray-le-Monial lui fît parvenir.
Il s’agit bien ici du règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur les nations et les sociétés terrestres, en commençant par la France, pour qu’ensuite l’exemple de celle-ci entraîne tous les peuples de la terre à se soumettre au Cœur adorable du Christ-Roi.

   Avant de lire ces textes, il convient d’insister pour rappeler que l’existence et le contenu de ce message ne sont pas discutables pour un catholique fidèle : en effet, dans la bulle de canonisation de Sainte Marguerite-Marie (Benoît XV, Acta Apostolicae Sedis, 13 mai 1920) cette mission à l’intention du Roi de France est explicitement mentionnée ; or une bulle de canonisation est un acte du magistère pontifical infaillible.

   Ces textes de Sainte Marguerite-Marie sont extraits de deux longues lettres écrites à la Révérende Mère de Saumaise, supérieure du monastère de la Visitation de Dijon. Nous en citons le texte d’après la troisième édition de « Vie et œuvres de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque », par Monseigneur Gauthey (1915 – tome 2).

Apparition du Sacré-Coeur à Sainte Marguerite-Marie

A – Lettre N° 100.

   Cette lettre a été écrite « après la fête du Sacré-Cœur, juin 1689″ (note : la fête du Sacré-Cœur, c’est-à-dire le vendredi qui suit l’octave de la fête du Saint-Sacrement, fut célébrée cette année-là le vendredi 17 juin ; cela ne signifie toutefois pas que les communications célestes dont fait état Sainte Marguerite-Marie dans cette lettre lui aient été révélées le jour de cette fête du Sacré-Cœur comme l’ont hâtivement conclu quelques auteurs).

   Sainte Marguerite-Marie commence par se réjouir de la ferveur avec laquelle la fête du Sacré-Cœur a été marquée dans les monastères de Paray-le-Monial et de Dijon. C’est alors qu’elle écrit : « Il règnera cet aimable Coeur, malgré Satan. Ce mot me transporte de joie et fait toute ma consolation. » Puis elle parle de toutes les grâces et bénédictions que l’Ordre de la Visitation va recevoir par cette dévotion, et va faire découler sur les âmes.
C’est alors qu’elle ajoute :

   Mais Il ne veut pas s’en arrêter là : Il a encore de plus grands desseins qui ne peuvent être exécutés que par Sa toute-puissance qui peut tout ce qu’elle veut. Il désire donc, ce me semble, entrer avec pompe et magnificence dans la maison des princes et des rois, pour y être honoré autant qu’il y a été outragé, méprisé et humilié en Sa Passion, et qu’Il reçoive autant de plaisir de voir les grands de la terre abaissés et humiliés devant Lui, comme Il a senti d’amertume de Se voir anéanti à leurs pieds. Et voici les paroles que j’entendis au sujet de notre Roi : « Fais savoir au fils aîné de Mon Sacré-Cœur, que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de Ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même à Mon Cœur adorable, qui veut triompher du sien, et par son entremise de celui des grands de la terre. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis, en abattant à ses pieds ces têtes orgueilleuses et superbes, pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la sainte Eglise. »

   La sainte Visitandine continue ensuite sa lettre en parlant du rôle que doit jouer la Compagnie de Jésus dans la diffusion du culte du Sacré-Cœur, et l’achève en faisant allusion aux communautés et aux coeurs qui sont réfractaires à cette dévotion.

lys vitrail

B – Lettre N° 107.

   Cette lettre est datée du 28 août 1689 : il semble qu’entre la lettre du mois de juin (cf. supra) et celle-ci, il y ait eu des échanges entre Sainte Marguerite-Marie et la Mère de Saumaise, dont les textes ne nous soient point parvenus.
On est frappé par le ton particulièrement solennel avec lequel elle commence, qui fonde d’emblée le contenu du message qui va suivre dans la volonté du Père Eternel Lui-même : selon toute vraisemblance, il avait été entendu entre elles que Sainte Marguerite-Marie rédigerait le texte de sa lettre de manière à ce que, conformément aux inspirations reçues sur la manière dont il fallait procéder pour atteindre le Roi, la Révérende Mère de Saumaise puisse la transmettre telle quelle à la supérieure du monastère de la Visitation de Chaillot, afin que cette dernière la porte à la connaissance du Révérend Père de La Chaise, confesseur de Sa Majesté (voir ce que nous avons expliqué à ce sujet > ici).
C’est le texte intégral de la lettre 107 que nous publions ci-dessous.

Vive + Jésus !

Ce 28 août 1689.

   Le Père Eternel voulant réparer les amertumes et angoisses que l’adorable Cœur de Son divin Fils a ressenties dans la maison des princes de la terre, parmi les humiliations et outrages de Sa Passion, veut établir Son empire dans la cour de notre grand monarque, duquel Il Se veut servir pour l’exécution de ce dessein qu’Il désire s’accomplir en cette manière, qui est de faire faire un édifice où serait le tableau de ce divin Cœur pour y recevoir la consécration et les hommages du Roi et de toute la cour. De plus, ce divin Cœur se voulant rendre protecteur et défenseur de sa sacrée personne, contre tous ses ennemis visibles et invisibles, dont Il le veut défendre, et mettre son salut en assurance par ce moyen ; c’est pourquoi Il l’a choisi comme Son fidèle ami pour faire autoriser la messe en Son honneur par le Saint-Siège apostolique (*), et en obtenir tous les autres privilèges qui doivent accompagner cette dévotion de ce Sacré-Cœur, par laquelle Il lui veut départir les trésors de Ses grâces de sanctification et de salut, en répandant avec abondance Ses bénédictions sur toutes ses entreprises, qu’Il fera réussir à sa gloire, en donnant un heureux succès à ses armes, pour le faire triompher de la malice de ses ennemis. Heureux donc qu’il sera, s’il prend goût à cette dévotion, qui lui établira un règne éternel d’honneur et de gloire dans ce Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lequel prendra soin de l’élever et le rendre grand dans le ciel devant Dieu Son Père, autant que ce grand monarque en prendra de relever devant les hommes les opprobres et anéantissements que ce divin Cœur y a soufferts ; qui sera en Lui rendant et Lui procurant les honneurs, l’amour et la gloire qu’Il en attend.
Mais comme Dieu a choisi le Révérend Père de La Chaise pour l’exécution de ce dessein, par le pouvoir qu’Il lui a donné sur le cœur de notre grand Roi, ce sera donc à lui de faire réussir la chose, en procurant cette gloire à ce Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; secondant en cela l’ardent désir qu’Il a de Se faire connaître en Se manifestant aux hommes, pour en être aimé et en recevoir un honneur et hommage tout particulier. Si donc Sa bonté inspire à ce grand serviteur de Sa divine Majesté d’employer le pouvoir qu’Il lui a donné, pour Lui faire ce plaisir qu’Il désire si ardemment, il peut bien s’assurer qu’il n’a jamais fait d’action plus utile à la gloire de Dieu ni plus salutaire à son âme, et dont il soit mieux récompensé, et toute sa sainte congrégation, dont il se rendra par ce moyen l’honneur et la gloire, par les grands trésors de grâce et de bénédictions que ce Sacré-Cœur y répandra, Lequel, S’étant communiqué premièrement aux Filles de la Visitation, auxquelles Il a donné de Le manifester et faire connaître par l’établissement de cette même dévotion de ce Cœur tout aimable, de laquelle dévotion Il veut que les RR. PP. Jésuites fassent connaître l’utilité et la valeur, cela leur étant réservé. C’est pourquoi vous ferez bien, si vous en trouvez de bonne volonté, de les y employer, car par ce moyen la chose réussira plus facilement, quoique tout y paraisse très difficile, tant pour les grands obstacles que Satan se propose d’y mettre, que pour toutes les autres difficultés. Mais Dieu est sur tout, Lequel Se plaît souvent de Se servir des moindres et des plus méprisables choses pour l’exécution de Ses plus grands desseins, tant pour aveugler et confondre le raisonnement humain, que pour faire voir Sa puissance, qui peut tout ce qui Lui plaît, quoiqu’Il ne le fasse pas toujours, ne voulant pas violenter le coeur de l’homme, afin que le laissant en liberté, Il ait plus de moyens de le récompenser ou châtier. Il me semble, ma chère Mère, que vous ferez chose fort agréable à ce divin Cœur, de vous servir du moyen qu’Il vous a inspiré, d’écrire à ma très honorée sœur la supérieure de Chaillot pour le dessein que Votre Charité nous marque. Au reste, il faut beaucoup prier et faire prier pour cela. Je crois que vous ferez bien de lui envoyer un petit livre de Moulins, avec un des vôtres (**).
Voilà tout ce que je vous peux dire pour le présent, n’ayant pas d’autre intelligence que celle qui m’est donnée à moi pauvre pécheresse, l’indigne esclave et victime de l’adorable Cœur de mon Sauveur, qui se sert d’un sujet plus propre à détruire un si grand dessein qu’à le faire réussir ; mais c’est afin que toute la gloire soit donnée au souverain Maître, et non à l’outil dont Il Se sert, lequel est de même que cette boue dont ce divin Sauveur Se servit pour mettre sur les yeux de l’aveugle-né. Suivez donc courageusement les vues qu’Il vous donnera ; car pour moi je ne peux rien ajouter de moi-même, ni chercher d’ajustement à tout ce que je vous dis par obéissance, et de la part de ce Sacré-Cœur, qui veut que je vous manifeste tout simplement ce qu’Il me fait connaître, car si j’en usais autrement, Il rendrait tout ce que je pourrais dire inutile, d’autant qu’Il en retirerait Sa grâce. De plus, Il me rend si ignorante que je ne peux rien ajouter. Suppléez donc à mon ignorance, et demeurons toujours en paix, de quelle manière qu’Il veuille faire réussir nos peines. Je Le prie de tout mon coeur qu’Il bénisse vos saintes entreprises et vous donne le courage de supporter généreusement toutes les difficultés. Que nous serions heureuses, ma chère Mère, si nous pouvions sacrifier nos vies pour cela ! Amen.

D.S.B. (***)

note (*) : la messe en l’honneur du Sacré-Cœur n’existait alors que dans le diocèse de Langres, instituée par l’autorité diocésaine, or ce qui est demandé ici c’est une autorisation apostolique pour tous les diocèses de la catholicité.
note (**) : Sainte Marguerite-Marie fait ici allusion aux livrets sur la dévotion au Sacré-Cœur, contenant une explication et des prières, qui avaient été réalisés par les soins des monastères de Moulins et de Dijon.
note (***) : abréviation de la formule « Dieu soit béni ! », qu’utilisent les religieuses de la Visitation pour se saluer.

Corrolaire :

Louis XIV a-t-il refusé d’obéir aux demandes du Sacré-Cœur ? : voir > ici

Vitrail du Christ Roi

Autres textes concernant la Royauté du Christ :
– L’importance significative de la fête du Christ Roi au dernier dimanche d’octobre > ici
– Le Christ veut régner par la vertu de Son Sacré-Cœur > ici

-  Dieu vivra, Il règnera pleinement et éternellement (Cardinal Pie) > ici
– Comme les nations font à Dieu, Dieu fait aux nations (Cardinal Pie) > ici

Et bien sûr, prescrit (et indulgencié) à l’occasion de la fête du Christ-Roi :
Acte de consécration du genre humain au Sacré-Cœur du Christ-Roi > ici

lys vitrail

Méditation devant l’image de la Vierge Adolescente « Mater Admirabilis ».

       Le 20 octobre 2007 déjà, dans les toutes premières semaines d’existence de mon blogue, j’avais tenu à vous parler de « la sainte image de Mater Admirabilis » (cf. > ici) dont la dévotion s’est répandue dans le monde entier, sous l’impulsion des Dames du Sacré-Coeur, à partir du couvent de la Trinité des Monts, à Rome.
En ce 20 octobre 2015, la découverte de deux belles images anciennes (vous savez que nous les aimons et en avons une petite collection au Mesnil-Marie), me donne l’occasion de vous rappeler cette belle dévotion envers la Mère Admirable, modèle et maîtresse de vie intérieure, et de vous recopier ci-dessous, le texte d’une belle méditation en rapport avec l’image de Mater Admirabilis : texte tiré d’un opuscule publié en 1865 (c’était alors sa troisième édition) par l’abbé Alfred Monnin (qui est aussi l’auteur d’une célèbre biographie du Saint Curé d’Ars) avec l’imprimatur de Son Excellence Monseigneur Pierre-Henri Gérault de Langalerie, évêque de Belley ; texte remarquable parce qu’il est nourrit et comme tissé de références bibliques ; texte remarquable aussi parce qu’il remet bien des choses à l’endroit pour nous qui vivons en un monde qui a oublié le sens véritable de la vie sur terre et de la vocation chrétienne…

   Puisse la Mère Admirable vous envelopper tous dans sa propre contemplation pour vous introduire dans la douce intimité du Dieu Trois Fois Saint.

Lully.

Mater admirabilis - image dévotion XIXe siècle

Elévation à la Très Sainte Adolescente dans le Temple :

       Vierge bénie entre toutes les vierges, c’est avec bonheur que je vous vois cacher dans le Temple de Jérusalem les grâces inestimables dont Dieu vous a remplie. Le monde n’était pas encore digne de les apercevoir. Je vénère, en vous, ce terrain virginal où Dieu va déposer le fruit divin de son amour.

   Le Temple est pour vous le jardin fermé du Cantique. La rosée du Seigneur tombe sur vous, continue et féconde. Le Christ germe de vous comme un lis : sa racine pousse avec force comme celle des plantes du Liban ; ses branches s’étendent en vigoureux rameaux ; sa gloire est celle de l’olivier, son parfum celui de l’encens (cf. Os. XIV). Mère future et très admirable de mon Dieu, laissez-moi vous admirer de plus près. Laissez-moi dire un mot des secrets que vous me révélez ! Avant d’adorer Jésus dans vos bras, et penché sur votre Coeur, c’est votre Coeur que je vénère. Je le proclame après celui de Jésus le chef-d’oeuvre de la création. Tout ce qui avait été vertu avant vous, au ciel et sur la terre, vous le résumez en vous seule ; tout ce qui sera vertu après vous, seule vous l’exprimez déjà en une perfection sublime. Je vénère en vous la femme chrétienne par excellence, et je recueille près de vous tous ces fruits de vertu qui feront plus tard les jeunes filles, les mères, les veuves de la Sainte Eglise. Mais vous m’apparaissez plus belle encore : c’est comme Vierge des vierges que je vous salue dans le Temple, comme le type parfait des âmes consacrées à Dieu par les voeux de la Religion.

   La première, vous avez fait entendre le cantique de la pauvreté, de la chasteté, de l’obéissance ; cantique qui permet aux hommes de louer Dieu comme le font les anges ! Près de vous tout ce que l’état religieux offre de charme, de sécurité et de paix se retrouve avec sa grâce primitive : la virginité avec ses isolements, la solitude avec ses silences, le désert sacré avec ses clôtures impénétrables, la modestie avec ses voiles, le recueillement avec ses prières, le travail avec ses saints offices… Tout ce qui assure l’innocence, tout ce qui entretient et calme à la fois ses pudiques alarmes, tout ce qui la fait courir dans les voies de la perfection !…

   C’est vous, ô Enfant admirable, qui inaugurez cette nouvelle alliance qui s’appelle du doux nom de paix et qui est toute fondée sur l’amour ! Vous parlez avec Dieu la langue de l’amour, la langue de l’âme réparée, la langue de l’homme innocent, la langue des anges !

   Femme incomparable de l’Ecriture, vous avez découvert la perle perdue depuis quatre mille ans ! Vous avez appelé vos voisines, et, dans votre joie, vous leur avez appris cette vie supérieure de la créature, qui croit n’en pouvoir jamais faire assez pour se séparer du créé et se mieux unir  à son Créateur… cette vie du véritable exil, où tout est compliqué, vide, froid et insipide, si ce n’est le souvenir et l’attente de Dieu !

   Laissez-moi donc m’agenouiller devant votre Coeur virginal, sainte fileuse du Temple ! Laissez-moi admirer en vous ces grâces qui vont devenir le germe de tous les ordres de l’Eglise. De la surabondance de vos mérites, très-sainte Adolescente, l’Eglise constituera un trésor réservé, où toutes les âmes d’élite viendront puiser pour atteindre la plénitude de leur vocation.

   Les pasteurs s’approcheront, et, comme les bergers de Bethléem, vous les consolerez et vous les fortifierez durant les longues veilles de la nuit qui semble près de s’étendre sur le monde…
Les religieux s’approcheront et ils trouveront en vous l’esprit d’immolation qui les fera demeurer sur l’autel comme des victimes qu’on égorge.
Les prêtres s’approcheront et vous leur apprendrez à offrir, dans la pureté, l’Agneau de Dieu.
Les hommes de la génération présente s’approcheront, et, dans ces temps laborieux, vous en ferez les ouvriers de la vérité et de la justice, pour mettre un terme  aux grandes iniquités, essuyer les larmes des faibles, et hâter cette moisson divine qui nourrira les âmes d’une plus abondate et plus efficace effusion de la lumière divine.
Les jeunes gens s’approcheront, et vous leur donnerez le courage de la lutte ; vous leur apprendrez l’emploi de la force, et, renonçant à cet avenir matériel de faux biens, de plaisirs décevants, de paresse immorale, d’ennuis et de désenchantements prévus, ils iront, eux aussi, travailler à la vigne du Maître.
Les mères s’approcheront, et elles sauront de vous comment on se rend apte à préparer, par le sublime devoir de l’éducation, les germes de l’avenir ; quelle est la force qui raffermit, bénit et glorifie la famille, et, par la famille, la société tout entière.
Les jeunes filles s’approcheront, et votre modestie, s’insinuant en elles, leur fera connaître ses charmes, mille fois plus aimables que tous les prestiges de la vanité et toutes les séductions du monde.
Les fidèles de tous les âges et de toutes les conditions accourront de toutes parts, et vous leur donnerez, en abondance, ces grâces de pureté, de dévoûment, de patience, de douceur et de force qui les feront passer, à leur tour, dans cette grande et unique oblation des élus que la sainte Epouse de Notre-Seigneur, depuis les jours du Calvaire, ne cesse d’offrir à son divin Epoux.

Mater admirabilis ora pro nobis canivet

2015-88. « La Couronne de France, en son incarnation, quittant, après treize siècles d’éclat, la scène de ce monde, avec toute la majesté crépusculaire du soleil, lors de ses couchers du début de l’automne… »

Vendredi 16 octobre 2015,
en France, la fête de l’apparition de Saint Michel au Mont Tombe (cf. > ici),
222ème anniversaire de l’assassinat de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

       Le sinistre anniversaire dont est à jamais marquée la date du 16 octobre, nous est l’occasion d’approfondir un peu plus chaque année, à rebours de l’image imposée par l’histoire officielle et par les clichés romantiques ou post-romantiques, notre connaissance de la personnalité de la Reine-martyre, du courage et de l’héroïsme dont elle fit montre face aux suppôts déchaînés de l’enfer en cette révolution – fille de Satan – ,  de sa grande âme, et du sens spirituel (sinon mystique) de son sacrifice…

   Le Révérend Père Jean Charles-Roux, dont nous avions évoqué l’extraordinaire figure à l’occasion de son décès (cf. > ici), a été l’un de ceux qui a le plus et le mieux mis en lumière la vérité surnaturelle de cette vie et de ce martyre.
C’est donc à lui que j’emprunte aujourd’hui les lignes qui suivent : serrant au plus près les récits, dont il fait d’abondantes citations, laissés par les témoins oculaires des derniers instants de la Reine, il nous entraîne dans une sorte de méditation, afin de nous élever à la contemplation des réalités invisibles présentes au-delà des apparences qui nous sembleraient au premier abord purement anecdotiques et banales.
Voici donc ce qu’il a écrit au sujet du trajet en charette depuis la Conciergerie jusqu’à l’échafaud.

Armes de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

Armoiries de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

« La Couronne de France, en son incarnation, quittant, après treize siècles d’éclat, la scène de ce monde, avec toute la majesté crépusculaire du soleil, lors de ses couchers du début de l’automne. »

       Extraordinaire et unique en les annales, non pas seulement de la France, mais de toute la Chrétienté, a été ce trajet de la Reine du cachot au couperet. Car, au lieu d’être, comme l’avaient voulu ses auteurs, humiliant et infamant à l’extrême, il avait été, comme celui de Jésus du prétoire au Calvaire, une apothéose, en le ton le plus contenu et le plus prenant de l’héroïsme.
La Reine y avait démontré que, par cette « possession de son âme » qu’avait remarqué en elle Louis XVI, il lui avait été possible de s’imposer un comportement qui avait élevé sa présence physique au-dessus de son plus piteux état corporel et de ces conditions pires que misérables en lesquelles elle s’était actuellement trouvée. Ainsi s’était-il fait que, lorsqu’en cette date, si accablante pour la conscience française, du 16 octobre, après une attente qui, pour certains, en ces foules immenses, avait duré depuis les cinq heures du matin, un commandement militaire un peu avant onze heures avait retenti ; et que toutes les troupes, massées autour de la Conciergerie, avaient mis l’arme en main et fait face au palais ; et que là la grande porte se soit ouverte, pour laisser paraître et s’avancer « la victime », elle avait été « pâle, mais toujours Reine », comme l’a écrit Charles Desfossez, garde national en l’un des détachements stationnés dans la cour.
« Pâle », avait-elle été, en effet, et très évidemment une condamnée, conduite à son supplice avec « ses mains liées par une grosse ficelle, tirant ses coudes en arrière », très pauvrement vêtue « d’un jupon blanc dessus, un noir dessous, d’une camisole de nuit blanche, d’un ruban de faveur aux poignets, et d’un fiche de mousseline blanc » ; coiffée d’un « bonnet avec un bout de ruban noir, et les cheveux tout blancs – quoiqu’elle n’ait eu que trente-sept ans – cou au ras du bonnet, avec les pommettes un peu rouges, les yeux injectés de sang – (son dernier écrit n’avait-il été en ce 16 octobre à quatre heures et demi du matin : « Mon Dieu, ayez pitié de moi ! Je n’ai plus de larmes pour pleurer pour vous, mes pauvres enfants. Adieu ! Adieu ! ») et néanmoins, selon un observateur à avoir été à quelques pas d’elle : « toujours Reine! »
Souveraine avait-elle même été au point que ses bourreaux et ses gardes, qui, en son cachot l’avaient traitée brutalement, lui coupant les cheveux au sabre, et lui replaçant son bonnet sur la tête en manière de celui d’un pitre, en étaient venus à adopter à son égard, inconsciemment, le comportement d’une escorte de Cour. Ainsi, lorsque arrivée devant l’escabeau permettant de monter en la charette, dont un garde national à en avoir touché les roues a écrit qu’elle avait été « sale et crottée », le bourreau à la tenir par la corde dont elle avait été liée, et qui avait eu à lui indiquer où poser le pied, puis où s’asseoir sur la planche, y avait mis les formes d’un maître de cérémonie, s’inclinant à la mode de Versailles, devant la majesté de la Reine de France. Par la suite, lui et son second s’étaient placés sur le véhicule, derrière la Reine, debout, au garde-à-vous, le tricorne à la main. Rien n’avait-il fallu de plus pour que le tombereau de l’infamie en ait été transformé en un trône roulant, d’où la reine avait jeté ses regards tranquilles et attentifs sur une multitude atterrée, massée le long des rues, entre le double rang des troupes et le pied des maisons, dont toutes les fenêtres avaient été scellées par la police. De cette foule, en outre, un bon nombre s’étaient détachés de ceux pressés sur les bords des trottoirs, pour suivre, de par derrière, la progression de la charette, et parfois la devancer jusqu’en des points d’où elle pouvait être mieux aperçue, formant de la sorte, de part et d’autre de la Reine, comme deux immenses ailes humaines de fidèles sujets, s’ouvrant et se repliant sur elle, en manière de celles des chérubins. Tout cela « sans cris, sans murmures, sans insultes », mais avec de la prière, comme celle du Père de Clorivière de la Compagnie de Jésus, et de tant d’autres. Tandis que sur l’ensemble de la capitale avait pesé une ambiance d’apocalypse, chacun ayant eu « le sentiment de vivre une de ces heures graves et solennelles, dont nul ne peut dire ce qui en découlera ».
L’équipage avait donc pu être sordide, l’aspect de la suppliciée celui d’une créature en l’extrémité de la misère, l’impression faite sur la masse des Parisiens, y compris les Jacobins, avait été d’avoir vu la Couronne de France, en son incarnation, quittant, après treize siècles d’éclat, la scène de ce monde, avec toute la majesté crépusculaire du soleil, lors de ses couchers du début de l’automne.

Révérend Père Jean Charles-Roux
in « Louis XVII – La Mère et l’Enfant martyrs », ed. du Cerf, 2007. pp. 345-347

Départ de la Conciergerie pour l'échafaud

La Reine quittant la Conciergerie pour monter dans la charette qui va l’emmener au supplice

Voir aussi :
– Le dernier billet écrit par la Reine > ici
– La dernière lettre de la Reine (dite « testament ») > ici
– Une remarquable oraison funèbre pour la Reine publiée en 1814 > ici
– Le requiem de Charles-Henri Plantade à la mémoire de Marie-Antoinette > ici
- Toute la série des articles relatant l’exhumation des restes des Souverains

et leur transfert à la basilique de Saint-Denis, à partir d’ > ici

frise lys deuil

2015-85. Du lion de Saint Jérôme.

30 septembre,
fête de Saint Jérôme.

Saint Jérôme - Thierry Bouts 1458 triptyque du martyre de St Erasme

Saint Jérôme
Thierry Bouts, triptyque du martyre de Saint Erasme (1458)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   Vous n’ignorez sans doute pas à quel point, au Mesnil-Marie, nous avons une grande vénération pour Saint Jérôme (cf. sa présentation par Sa Sainteté le pape Benoît XVI > ici), tant en raison de la radicalité avec laquelle il s’est donné à Dieu dans la vie monastique, de l’ardeur impitoyable qu’il a mise en oeuvre pour dompter son caractère et ses passions, du zèle qu’il a déployé pour la défense de la Vérité, et de la ferveur et de la compétence avec lesquelles il a étudié, commenté et traduit les Saintes Ecritures.
Pour ce qui me concerne très personnellement, je dois ajouter à toutes ces vertus celle d’être presque toujours représenté en compagnie d’un mien parent : un lion (chacun sait en effet qu’un lion n’est jamais qu’un gros chat).

   L’iconographie de Saint Jérôme est particulièrement intéressante par le fait qu’elle a consacré, dans les attributs donnés à ce très grand saint, deux confusions historiques :
1) d’une part, Saint Jérôme est représenté soit en tenue de cardinal, soit avec un chapeau de cardinal posé près de lui, et la couleur rouge – couleur des cardinaux – se retrouve souvent prédominante dans ses vêtements (même lorsque il n’est revêtu que d’une espèce de pagne) ;
2) et d’autre part, on retrouve quasi systématiquement un lion à ses côtés.

   Saint Jérôme ne fut en réalité jamais cardinal. Il fut pendant un temps le secrétaire du pape Saint Damase 1er, et c’est parce que – par la suite – ce poste de secrétaire fut souvent dévolu à un cardinal que Saint Jérôme s’est trouvé transformé en cardinal par les artistes.
Quant à l’histoire du lion – popularisée par la « Légende dorée » (vous pourrez en lire le texte ci-dessous) – , c’est probablement une confusion entre le nom de Saint Jérôme (en latin Hieronymus) et celui de Saint Gérasime (en latin Gerasimus) qui a finalement fait attribuer au premier une anecdote arrivée au second : Saint Gérasime fut en effet lui aussi un moine vivant en Palestine, quelques années après Saint Jérôme.

   Il n’en demeure pas moins que, dans mes études d’histoire de l’art, je porte une attention très spéciale aux représentations du chat… heu non, pardon ! du lion de Saint Jérôme : certaines sont parfois très fantaisistes – voire très drôles – , car les peintres du Moyen-Age et de la Renaissance n’avaient pas toujours vu un lion « pour de vrai », alors ils essayaient de le figurer d’après des descriptions écrites ou à partir de dessins ou de peintures plus ou moins réussis réalisés par des artistes venus avant eux.

   Aujourd’hui toutefois, je veux vous présenter un magnifique bronze du XVème siècle qui montre Saint Jérôme avec son lion : cette oeuvre se trouve à Paris, au musée du Louvre (département des objets d’art – période Renaissance).
Ce petit bronze (14 cm sur 20 cm à la base et haut de 25 cm) est attribué à Bartolomeo Bellano (né vers 1437 et mort vers 1497), dit aussi Vellano da Padova, sculpteur et architecte padouan, élève et continuateur de Donatello.
Sur le cliché ci-dessous, prenez le temps d’admirer la délicatesse des détails et l’harmonie de la composition.

   Saint Jérôme, assis sur une espèce de chaise curiale, est représenté en costume de cardinal du XVème siècle, enveloppé dans une cappa prélatice dont le chaperon est relevé sur sa tête, on aperçoit même le rochet qui dépasse du drapé de la cappa.
A ses pieds, on voit son chapeau de cardinal avec ses houppes, mais aussi le livre qui symbolise ses travaux sur les Saintes Ecritures.
Le lion, quoique représenté avec la taille d’un chien, est un lion adulte, comme le montre sa crinière ; son regard est planté, avec une expression d’attente confiante, dans le regard de Saint Jérôme qui, les paupières baissées, est concentré sur la patte de l’animal de laquelle il retire délicatement l’écharde qui s’y trouve plantée.

   Il y a dans ce bronze une espèce d’intensité touchante : le lourd drapé des vêtements prélatices et la barbe du saint moine de Bethléem faisant mieux ressortir, par contraste, la sollicitude quasi maternelle de Saint Jérôme pour l’animal blessé et l’attitude de gracieuse confiance enfantine du félin appuyé sur ses genoux.

   Alors, même si l’anecdote est finalement apocryphe, en raison de l’abondante et remarquable iconographie qu’elle a suscitée, je souhaite une très bonne fête de Saint Jérôme à tous les amis des félins !

Patte de chat Lully.

Saint Jérôme et le lion - Bartolomeo Bellano musée du Louvre

Saint Jérôme et le lion – bronze attribué à Bartolomeo Bellano XVème siècle (Louvre)

Saint Jérôme et le lion :

   Une fois, vers le soir, alors que Saint Jérôme était assis avec ses frères pour écouter une lecture de piété, tout à coup un lion entra tout boitant dans le monastère.
A sa vue, les frères prirent tous la fuite ; mais Jérôme s’avança au-devant de lui comme il l’eût fait pour un hôte. Le lion montra alors qu’il était blessé au pied, et Jérôme appela les frères en leur ordonnant de laver les pieds du lion et de chercher avec soin la place de la blessure. On découvrit que des ronces lui avaient déchiré la plante des pieds. Toute sorte de soins furent employés et le lion, guéri, s’apprivoisa et resta avec la communauté comme un animal domestique.
Mais Jérôme voyant que ce n’était pas tant pour guérir le pied du lion que pour l’utilité qu’on en pourrait retirer que le Seigneur le leur avait envoyé, de l’avis des frères, il lui confia le soin de mener lui-même au pâturage et d’y garder l’âne qu’on emploie à apporter du bois de la forêt. Ce qui se fit : car l’âne ayant été confié au lion, celui-ci, comme un pasteur habile, servait de compagnon à l’âne qui allait tous les jours aux champs, et il était son défenseur le plus vigilant durant qu’il paissait çà et là. Néanmoins, afin de prendre lui-même sa nourriture et pour que l’âne pût se livrer à son travail d’habitude, tous les jours, à des heures fixes, il revenait avec lui à la maison.

   Or, il arriva que, comme l’âne était à paître, le lion s’étant endormi d’un profond sommeil, passèrent des marchands avec des chameaux : ils virent l’âne seul et l’emmenèrent au plus vite.
A son réveil, le lion ne trouvant plus son compagnon, se mit à courir çà et là en rugissant. Enfin, ne le rencontrant pas, il s’en vint tout triste aux portes du monastère, et n’eut pas la hardiesse d’entrer comme il le faisait d’habitude, tant il était honteux.
Les frères le voyant rentrer plus tard que de coutume et sans l’âne, crurent que, poussé par la faim, il avait mangé cette bête, et ils ne voulurent pas lui donner sa pitance accoutumée, en lui disant : « Va manger ce qui t’est resté de l’ânon, va assouvir ta gloutonnerie ».
Cependant comme ils n’étaient pas certains qu’il eût commis cette mauvaise action, ils allèrent aux pâtures voir si, par hasard, ils ne rencontreraient pas un indice prouvant que l’âne était mort, et comme ils ne trouvèrent rien, ils vinrent raconter le tout à Saint Jérôme. D’après les avis du saint, on chargea le lion de remplir la fonction de l’âne ; on alla couper du bois et on le lui mit sur le dos. Le lion supporta cela avec patience : mais un jour qu’il avait rempli sa tâche, il alla dans la campagne et se mit à courir çà et là, dans le désir de savoir ce qui était advenu de son compagnon, quand il vit venir au loin des marchands conduisant des chameaux chargés, et un âne en avant. Car l’usage de ce pays est que quand on va au loin avec des chameaux, ceux-ci afin de pouvoir suivre une route plus directe, soient précédés par un âne qui les conduit au moyen d’une corde attachée à son cou.
Le lion ayant reconnu l’âne, se précipita sur ces gens avec d’affreux rugissements et les mit tous en fuite.
En proie à la colère, frappant avec force la terre de sa queue, il força les chameaux épouvantés d’aller par devant lui à l’étable du monastère, chargés comme ils l’étaient. Quand les frères virent cela, ils en informèrent Saint Jérôme : « Lavez, très chers frères, dit le saint, lavez les pieds de nos hôtes ; donnez-leur à manger et attendez là-dessus la volonté du Seigneur ».
Alors le lion se mit à courir plein de joie dans le monastère comme il le faisait jadis, se prosternant aux pieds de chaque frère. Il paraissait, en folâtrant avec sa queue, demander grâce pour une faute qu’il n’avait pas commise. Saint Jérôme, qui savait ce qui allait arriver, dit aux frères : « Allez, mes frères, préparer ce qu’il faut aux hôtes qui viennent ici ».
Il parlait encore quand un messager annonça qu’à la porte se trouvaient des hôtes qui voulaient voir l’abbé. Celui-ci alla les trouver ; les marchands se jetèrent de suite à ses pieds, lui demandant pardon pour la faute dont ils s’étaient rendus coupables. L’abbé les fit relever avec bonté et leur commanda de reprendre leur bien et de ne pas voler celui des autres. Ils se mirent alors à prier Saint Jérôme d’accepter la moitié de leur huile et de les bénir. Après bien des instances, ils contraignirent le saint à accepter leur offrande. Or, ils promirent de donner aux frères, chaque année, une pareille quantité, d’huile et d’imposer la même obligation à leurs héritiers.

in « Légende dorée », du Bienheureux Jacques de Voragine.

Lazzaro Bastiani - les funérailles de Saint Jérôme - 1470-72

Les funérailles de Saint Jérôme… auxquelles assiste dévotement le lion attristé
(huile sur toile des années 1470-1472, par Lazzaro Bastiani – Galerie de l’Académie, Venise)

Voir aussi le conte « Des Saints et des animaux » > ici

2015-84. La révolution fut essentiellement une conspiration contre Dieu et contre Son Christ.

26 septembre,
Fête de Sainte Thérèse Couderc, vierge, fondatrice de la congrégation du Cénacle ;
Mémoire des Saints Cyprien et Justine, martyrs ;
Anniversaire de la naissance de Louis-Edouard cardinal Pie.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       En sus des célébrations liturgiques de ce jour, nous y commémorons l’anniversaire de la naissance, le 26 septembre 1815, du très grand évêque de Poitiers, élevé à la pourpre romaine un an et six jours avant son trépas (+ 18 mai 1880), Louis-Edouard Pie.
Comme, en furetant dans les livres du bureau de Frère Maximilien-Marie, j’ai eu l’occasion de me replonger dans la dizaine de volumes qui rassemblent ses écrits, j’y ai relevé à votre intention un texte assez remarquable bien propre à alimenter vos réflexions et méditations : il est extrait de l’éloge funèbre de Madame la Marquise de La Rochejaquelein prononcé lors de ses funérailles à Saint-Aubin de Baubigné, le 28 février 1857 ; Monseigneur Pie (il n’était pas encore cardinal) y utilise des citations de la Sainte Ecriture – en particulier les Psaumes qui se lamentent sur les infidélités d’Israël et décrivent la ruine du Temple -, afin de décrire ce que fut dans son essence la révolution, la satanique révolution...

Lully.

Cardinal Pie portrait par E. Lejeune

Le Cardinal Louis-Edouard Pie, évêque de Poitiers
(portrait par Eugène Lejeune – huile sur toile, musée des Beaux-Arts de Chartres)

La révolution fut essentiellement une conspiration contre Dieu
et contre Son Christ.

       Depuis longtemps, on entendait un secret frémissement des nations, une sourde fermentation des peuples. Enfin le cri de guerre a retenti ; l’impiété a rassemblé sous ses étendards mille soldats divers qui ont oublié leurs préjugés de naissance, d’opinion, de rang, pour se coaliser contre l’ennemi commun. Désunis sur mille autres points, ils n’ont ici qu’une pensée unanime : Cogitaverunt unanimiter, simul  adversum Te testamentum disposuertunt (Ps. LXXXII, 6 : « Ils ont conspiré unaniment, ensemble contre Vous ils ont fait alliance »).
Et quel est-il cet ennemi contre lequel je vois marcher ces bataillons si serrés ?
Ah ! Que d’autres s’arrêtent à discuter les passions secondaires, à déplorer l’ébranlement des contre-coups et les accidents de la mêlée. Pour moi, m’élevant au-dessus de ces calamités communes, je dirai avec un roi, grand homme d’Etat, que, dans son fond et dans son essence, la conspiration a été ourdie contre Dieu et contre Son Christ : Convenerunt in unum adversus Dominum et adversus Christum ejus (Ps. II, 2 : « ils se sont rassemblés comme un seul contre le Seigneur et contre son Messie »).
C’est Dieu, c’est Son Christ, dont on veut briser les chaînes, dont on veut secouer le joug : Dirumpamus vincula eorum, et projiciamus a nobis jugum ipsorum (Ps. II, 3 : « Rompons leurs liens, et rejetons loin de nous leur joug »). Ils ont dit à Dieu et surtout à Son Christ : Retire-Toi, nous ne voulons pas de la science de Tes voies (Job. XXI, 14).
Et il fut fait comme il fut dit.

   Il existait un pacte ancien, une longue alliance entre la religion et la société, entre le christianisme et la France ; le pacte fut déchiré, l’alliance rompue : Et averterunt se, et non servaverunt pactum (Ps. LXXVII, 57 : « Et ils se détournèrent [de Dieu] et n’observèrent plus l’alliance »).
Dieu était dans les lois, dans les institutions, dans les usages ; Il en fut chassé, le divorce fut prononcé entre la constitution et l’Evangile, la loi fut sécularisée, et il fut statué que l’esprit de la nation moderne n’aurait rien à déméler avec Dieu, Duquel elle s’isolait entièrement : Et in lege ejus noluerunt ambulare… et non est creditus cum Deo spiritus ejus (Ps. LXXVII, 10 b et 8 b : « …et ils n’ont pas voulu marcher dans Sa loi… et son esprit [du peuple] ne s’est point confié en Dieu »).
Dieu avait sur la terre des temples majestueux que surmontait le signe du Rédempteur des hommes ; les temples sont abattus ou fermés ; on n’y entend, au lieu des chants sacrés, que le bruit de la hache ou le cri de la scie ; la Croix du Sauveur est renversée et remplacée par des signes vulgaires : Posuerunt signa sua, signa… in securi et ascia dejecerunt eam ; incenderunt igni sanctuarium tuum (Ps. LXXIII, 4b, 6 b et 7a : « Ils ont planté leurs étendards en grand nombre… avec la cognée et la hache à double tranchant, ils l’ont renversé ; ils ont brûlé par le feu Votre sanctuaire »).

   Dieu avait sur la terre des jours qui Lui appartenaient, des jours qu’Il S’était réservés et que tous les siècles et tous les peuples avaient respectés unanimement ; et toute la famille des impies s’est écriée : Faisons disparaître de la terre les jours consacrés à Dieu : Dixerunt in corde suo cognatio eorum simul : quiescere faciamus omnes dies festos Dei a terra (Ps. LXXIII, 8 : « Ils ont dit dans leur coeur, eux et tous leurs alliés ensemble : faisons cesser de dessus la terre tous les jours de fête de Dieu »).
Dieu avait sur la terre des représentants, des ministres, qui parlaient de Lui et Le rappelaient aux peuples ; les prisons, l’exil, l’échafaud, la mer et les fleuves ont tout dévoré.
Enfin, disaient-ils, il n’y a plus de prophète, et Dieu ne trouvera plus de bouche pour Se faire entendre : Jam non est propheta, et nos non cognoscet amplius (Ps. LXXIII, 9b : « il n’y a plus de prophètes et Dieu ne nous connaîtra plus »).

   O vous tous qui portiez sur votre front l’onction sainte qui fait les pontifes et les prêtres, les rois et les prophètes, de quelque prétexte que l’on s’arme contre vous, rassurez-vous : c’est à cause du Nom de Jésus-Christ que vous êtes un objet de haine ; et le Seigneur, qui sait discerner entre les cupidités accessoires et la passion dominante, vous dit, comme à Samuel : « Ce n’est pas vous qu’ils ont rejeté, mais c’est Moi, de peur que Je ne règne sur eux : Non enim te abjecerunt, sed Me, ne regnem surper eos » (1 Rois VIII, 7).
C’en est fait : tous les droits de Dieu sont anéantis ; il ne reste debout que les droits de l’homme. Ou plutôt, l’homme est Dieu, sa raison est le Christ, et la nation est l’Eglise.

In « Oeuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers »
Poitiers, Oudin 1868 - tome II, pages 627-629.

armoiries de Mgr Pie dosseret de son trône à la cathédrale de Poitiers

Armoiries de Monseigneur Pie
sculptées sur la boiserie de son trône épiscopal (cathédrale de Poitiers) :
Monseigneur Pie avait voulu que ses armes portassent la figure de « Notre-Dame du Pilier »
vénérée dans la cathédrale de Chartres.

Autres textes du Cardinal Pie publiés dans ce blogue :
- Eloge de Sainte Jeanne d’Arc à Orléans le 8 mai 1844 > ici
- Sur l’apostasie et le règne du Christ > ici
- Sur la venue de l’antéchrist > ici
- Sur Saint Benoît-Joseph Labre > ici
- Sur les nations qui refusent le règne de Dieu > ici
- Sur les révélations privées > ici

Neuvaine du 20 au 28 septembre pour préparer la fête de l’Archange Saint Michel.

Neuvaine en l’honneur de Saint Michel Archange
et
des neuf Choeurs des Anges

   Le texte de cette neuvaine est justement célèbre et largement répandu, en raison même des grâces qu’elle obtient à ceux qui la pratiquent avec ferveur et confiance.
Néanmoins, dans la progression des jours de cette neuvaine, il nous a paru plus conforme à l’ordre des choses – contrairement au texte habituellement diffusé – de « remonter » depuis le Chœur des Anges jusqu’au Chœur des Séraphins, Chœur qui est le plus près de Dieu et auquel appartient Saint Michel.

   Si chacun a, bien sûr, à cœur de se placer personnellement sous la protection du Grand Archange et de le prier à ses intentions particulières, chacun a aussi le devoir de recommander instamment la Sainte Eglise à la protection du Prince des Armées Célestes dans les combats qu’elle doit mener aujourd’hui contre l’esprit des ténèbres, et également d’invoquer l’archange victorieux très spécialement pour la France, que plusieurs de nos Souverains ont placée d’une manière spéciale sous sa protection.

   Conformément à l’usage traditionnel de l’Eglise, nous proposons d’accomplir cette neuvaine préparatoire à la fête de Saint Michel en la faisant débuter le 20 septembre, de sorte qu’elle s’achève le 28, au moment des premières vêpres de la fête.

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Archange Saint Michel

Chaque jour de la neuvaine :

  1. Réciter le « Confiteor » ;

  2. Puis réciter cette prière :
    Saint Michel Archange, rempli de la Sagesse de Dieu, fort dans le combat, venez à mon aide, soutenez-moi dans les difficultés, les épreuves, quand je souffre, quand je doute, quand je pleure. Obtenez-moi le courage, la force, la volonté, pour ne pas me laisser abattre. Saint Michel Archange, soyez mon défenseur et mon protecteur contre les forces du Mal. Me confiant en l’intercession du Bienheureux Archange Saint Michel, je Vous supplie, Seigneur, Père, Fils et Saint Esprit, de m’accorder la grâce…

  3. Réciter ensuite la prière attribuée à chaque jour (voir ci-dessous).

  4. Terminer en récitant un « Pater noster », un « Ave, Maria » et un « Gloria Patri », suivis de l’invocation :
    « Saint Michel Archange, priez pour nous, défendez-nous !».

Premier jour : en l’honneur des Anges.

   Glorieux Archange Saint Michel, grand zélateur de la gloire de Dieu et protecteur de l’Église universelle, vous à qui le Tout-Puissant a confié la mission de recevoir les âmes à la sortie du corps pour les présenter au très juste Juge ; daignez me secourir dans mon dernier combat. Accompagné de mon bon Ange gardien, venez à mon aide et chassez loin de moi tous les esprits infernaux. Ne permettez pas qu’ils m’épouvantent alors. Fortifiez-moi dans la Foi, l’Espérance et la Charité, afin que mon âme, portée par vous à son juge, soit introduite aussitôt au lieu du repos, pour y régner éternellement avec son Rédempteur, dans la société des Esprits bienheureux.
Ainsi soit-il.

* * *

 Deuxième jour : en l’honneur des Archanges.

   Archange Saint Michel, qui avez pour mission de recueillir nos prières, de diriger nos combats et de peser nos âmes, je rends hommage à votre beauté, – si semblable à celle de Dieu, qu’après Son Verbe éternel aucun autre esprit céleste ne vous est comparable, – à votre pouvoir sans limites en faveur de ceux qui vous sont dévots, à votre volonté, harmonieusement unie à celle du Cœur Sacré de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie, pour le bien de l’homme. Défendez-moi contre les ennemis de mon âme et de mon corps. rendez-moi sensible au réconfort de votre assistance invisible et les effets de votre vigilante tendresse.
Ainsi soit-il.

 * * *

Troisième jour : en l’honneur des Principautés.

   Ô Saint Michel, Prince trois fois saint de la Milice sacrée, chargé par Dieu d’organiser et conduire les phalanges angéliques, très digne de tout culte, de toute louange et de tout éloge : éclairez mes sens intérieurs, fortifiez mon pauvre cœur agité par les tempêtes de cette vie, élevez vers les hauteurs de la céleste sagesse mon esprit incliné vers les choses de la terre ; affermissez mes pas chancelants et ne permettez pas que j’abandonne le sentier qui conduit aux Cieux ; guérissez les plaies de mon âme ; faites disparaître la trace de toutes les souffrances qu’engendrent en moi mes misères et mes malheurs.
Ainsi soit-il.

 * * *

Quatrième jour : en l’honneur des Vertus.

   Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat, afin que nous ne périssions pas au jour du redoutable jugement. Prince très glorieux, souvenez-vous de nous, partout et toujours. Quand vous combattiez le dragon, on entendit dans le ciel la voix de ceux qui disaient : « Salut, honneur et gloire au Dieu Tout-Puissant ! » La mer se souleva, la terre trembla, quand vous descendîtes du Ciel, venez au secours du peuple de Dieu.
Ainsi soit-il.
 

* * *

Cinquième jour : en l’honneur des Puissances.

   Saint Michel Archange, vous que la sainte Église vénère comme son gardien et protecteur, à vous le Seigneur a confié la mission d’introduire dans la Céleste Félicité les âmes rachetées. Priez donc le Dieu de paix d’écraser Satan sous nos pieds afin qu’il ne puisse plus retenir les hommes dans ses chaînes et nuire à l’Église. Présentez au Très-Haut nos prières, afin que, sans tarder, le Seigneur nous fasse Miséricorde. Vous-même, saisissez le dragon, l’antique serpent, qui est le diable et Satan, et jetez-le enchaîné dans l’abîme, pour qu’il ne séduise plus les nations.
Ainsi soit-il.

 * * *

Sixième jour : en l’honneur des Dominations.

   Ô vous, qui êtes le Prince et le Porte-Étendard des bons Anges, assistez-moi toujours dans votre bonté et sauvez-moi. Des légions de l’ange des ténèbres préservez-moi, afin que, sous votre conduite, je partage la lumière des bons Anges. Devant le trône du Juge Suprême, soyez mon défenseur, plaidez ma cause et conjurez la colère du Juste Vengeur. Que, par vous, à mes travaux, à mon repos, à mes jours et à mes nuits soit donnée la prospérité ; que ma pensée soit toujours prête pour les œuvres de Dieu.
Ainsi soit-il.

* * *

Septième jour : en l’honneur des Trônes.

   Grand défenseur du peuple chrétien, Saint Michel Archange, pour remplir dignement la mission qui vous a été confiée de défendre l’Église, terrassez l’hérésie, exterminez les schismes et confondez l’incrédulité. Multipliez vos victoires sur les monstres infernaux qui veulent détruire notre Foi. Que l’Église de Jésus-Christ accueille de nouveaux fidèles et s’agrège des royaumes entiers afin qu’elle puisse peupler le Ciel d’âmes élues, pour la plus grande Gloire du Divin Rédempteur, à qui vous-même devez vos triomphes, vos mérites et votre éternelle félicité.
Ainsi soit-il.

* * *

Huitième jour : en l’honneur des Chérubins.

   Saint Michel, Prince de la Milice des Anges, je vous invoque, exaucez-moi. Je vous supplie de prendre mon âme, au dernier jour, sous votre très sainte garde et de la conduire au lieu de rafraîchissement, de la paix et du repos, où les âmes des saints attendent dans la joie ineffable le jugement à venir et la gloire de la résurrection glorieuse. Que je parle ou me taise, que je veille, que je marche ou me repose, gardez-moi dans l’accomplissement de toutes mes œuvres, dans tous les actes de ma vie. Préservez-moi des tentations des démons et des peines de l’enfer.
Ainsi soit-il.

* * *

Neuvième jour : en l’honneur des Séraphins.

   Prince très Glorieux de la Milice Céleste, Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat contre les princes et les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants répandus dans l’air. Venez au secours des hommes que Dieu a faits à l’image de Sa propre Nature, et rachetés à grand prix de la tyrannie du démon.
Ainsi soit-il.

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Autres prières à Saint Michel publiées dans ce blogue :
– prières pour demander l’assistance de St Michel > ici
– Collecte de la Messe de l’apparition de St Michel le 16 octobre > ici
–  Litanies de St Michel et prière pour toute nécessité > ici
– Prière à St Michel pour la France > ici
– Prière pour solliciter le secours de l’archistratège St Michel > ici
- Prière à St Michel pour le Royaume de France composée par la Vénérable Thérèse de St-Augustin > ici
et aussi
- Invocations aux neuf Choeurs des Anges > ici

2015-82. De la lutte que tout chrétien doit soutenir, de la connaissance de l’adversaire qu’il doit affronter, de la façon dont Satan établit sa domination sur l’homme, et de Celui dans lequel la victoire est donnée.

Jeudi 17 septembre 2015,
Fête de Sainte Hildegarde de Bingen (cf. > ici).

       La célébration de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, il y a quelques jours, et, bientôt, la fête de l’archange Saint Michel orientent les regards de notre esprit vers les graves réalités du combat spirituel : tant de chrétiens, surtout en nos temps, en escamotent la réalité au profit d’une (fausse) spiritualité qui n’est pas sans rappeler le quiétisme (hérésie condamnée).
A ce pseudo catholicisme de « bisounours », on peut – on doit – rappeler cet aphorisme de Gustave Thibon : « Aux pacifistes. – Tuez d’abord la fausse paix. Après vous tuerez la guerre… » (in « L’Echelle de Jacob », p. 189 de l’édition de 1946).
Je livre donc aujourd’hui à votre méditation un texte de notre glorieux Père Saint Augustin résumant ce qu’est le combat spirituel, le nécessaire combat sans lequel il n’y a pas de vie chrétienne authentique, le combat qu’il faut soutenir tous les jours et jusqu’à son dernier souffle, le combat qu’ont dû soutenir tous les saints, le combat dont nous devons toujours nous souvenir qu’il n’est pas le nôtre mais celui du Christ en nous

Lully.

Domenico Beccafumi Sienne église San Niccolò al Carmine chute des anges rebelles

La chute des anges rebelles,
chef-d’oeuvre de Domenico Beccafumi (vers 1526-1535)
église San Niccolo del Carmine, Sienne.

La couronne est promise aux vainqueurs :
le combat qu’il faut soutenir et l’adversaire qu’il faut affronter
c’est par et dans le Christ qu’est donnée la victoire.

       La palme de la victoire n’est offerte qu’à ceux qui combattent.
Dans les Saintes Écritures, nous trouvons à chaque pas la promesse de la couronne, si nous sortons victorieux de la lutte ; mais – pour éviter une foule de citations – ne lit-on pas en termes clairs et précis dans l’apôtre saint Paul : « J’ai achevé mon oeuvre, j’ai fourni ma course, il ne me reste plus qu’à recevoir la couronne de justice qui m’est réservée » (2 Tim. IV, 7-8) ?

   Il faut donc connaître quel adversaire nous avons à vaincre pour être couronnés.
C’est celui que Notre-Seigneur Lui-même a vaincu le premier, afin que nous aussi, en Lui demeurant unis, nous puissions le vaincre à notre tour.

   La Vertu et la Sagesse de Dieu – le Verbe par qui tout a été fait, c’est-à-dire le Fils unique de Dieu – demeure éternellement, immuable au-dessus de toute créature.
Or, si toute créature que n’a pas souillée le péché, est sous Sa dépendance, à plus forte raison en est-il de même pour celle que le péché a dégradée. Si tous les anges restés purs sont sous Lui, encore ne sont-ils pas bien davantage sous Lui, tous ces anges prévaricateurs dont Satan est le chef ?

   Mais, comme Satan avait séduit notre nature, le Fils unique de Dieu a daigné revêtir notre humanité pour vaincre Satan avec elle, et pour mettre sous notre dépendance celui qu’Il tient sans cesse sous la sienne ; c’est ce qu’il fait entendre Lui-même quand Il dit : « Le prince du monde a été chassé » (Jean XII, 31).
Non qu’il ait été chassé hors du monde, comme le pensent quelques hérétiques, mais il a été rejeté hors des âmes de ceux qui restent fidèles à la parole de Dieu, loin de s’attacher au monde dont Satan est le maître ; car s’il exerce un pouvoir absolu sur ceux qui recherchent les biens éphémères du siècle, il n’est pas pour cela le maître du monde ; mais il est le prince de toutes ces passions qui nous font convoiter les biens périssables ; de là vient l’empire qu’il exerce sur tous ceux qui négligent Dieu, dont le règne est éternel, pour n’estimer que des frivolités que le temps change sans cesse : « car la cupidité est la racine de tous les maux, et c’est en s’y laissant aller que quelques-uns se sont écartés de la foi et se sont attirés de nombreux chagrins » (1 Tim. VI, 10).
C’est à cause de cette concupiscence que Satan établit sa domination sur l’homme, et prend possession de son coeur. Voilà l’état de ceux qui aiment ce monde.

   Or, nous bannissons Satan, toutes les fois que nous renonçons du fond du coeur aux vanités du monde ; car on se sépare de Satan, maître du monde, quand on renonce à ses attraits corrupteurs, à ses pompes, à ses anges.
Aussi Dieu Lui-même, une fois revêtu de la nature triomphante de l’homme, nous dit-Il : « Sachez que j’ai vaincu le monde » (Jean XVI, 33).

Saint Augustin, « Du combat chrétien », chap. 1er.

Chute des anges rebelles D. Beccafumi détail

D. Beccafumi : la chute des anges rebelles (détail)

2015-81. Où, à l’occasion de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, on se rend en pèlerinage à la montagne de l’Etoile pour se préparer à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs.

Lundi 14 septembre 2015,
Fête de l’Exaltation de la Sainte Croix ;
Cinquième centenaire de la victoire de Marignan.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   En cette fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, et en guise de préparation spirituelle à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, que nous fêtons avec une ferveur particulière puisqu’elle est la patronne principale du Mesnil-Marie, Frère Maximilien-Marie a profité de ce jour pour accomplir un petit pèlerinage en un lieu dont notre amie Valérie lui avait parlé : un lieu dans lequel se trouvent réunis beaucoup d’éléments accordés à la spiritualité du Refuge Notre-Dame de Compassion, comme vous l’allez voir.

Frère Maximilien-Marie a en effet rapporté des clichés de sa pieuse escapade, afin que je puisse vous en faire un peu profiter…

Le Mézenc vu depuis la montagne de l'étoile

Le Mézenc vu du nord depuis la Montagne de l’étoile

A environ trois lieues au nord/nord-ouest du Mont Mézenc, se trouve le village de Montusclat, blotti dans une petite vallée, à quelque 1065 m d’altitude.

Montusclat vue du sud

Blotti dans sa vallée, aperçu depuis la Montagne de l’étoile, le village de Montusclat vu du sud.

   Le village est  absolument remarquable, avec ses vieilles maisons typiques dans lesquelles ont été réutilisés des éléments de l’ancien château, détruit après que l’on en eût délogé les huguenots qui s’y étaient retranchés.
Mais c’est bien sûr vers l’église, dont les parties les plus anciennes datent des XIème et XIIème siècles, que Frère Maximilien-Marie a dirigé ses pas.

Montusclat l'église des XIe et XIIe siècles

Montusclat : l’église Saint-Pierre et Saint-Paul :
édifiée par les moines de l’abbaye Saint-Chaffre du Monastier aux XIème et XIIème siècles,
(toutefois le clocher actuel ne date que de 1704).

   Saluons au passage le fait que cette église est ouverte, propre et accueillante.

   Parmi les humbles merveilles de la dévotion populaire qu’elle renferme, se trouve une naïve, mais ô combien touchante, représentation de Notre-Dame de La Salette en conversation avec Mélanie et Maximin, probablement sculptée par un imagier local.

Montusclat - statue naïve de ND de La Salette dans l'église

Eglise de Montusclat : statue de Notre-Dame de La Salette.

   Mais la dévotion de notre cher Frère a été particulièrement sensible à cette très émouvante petite Piéta du XVème siècle, que de fervents paroissiens cachèrent pendant la grande révolution afin de la soustraire aux profanations et au vandalisme des impies.

Montusclat - petite Piéta du XVe siècle dans l'église

Eglise de Montusclat : petite Piéta du XVème siècle
(la photo n’était pas facile à réaliser car cette statuette est bien protégée par une vitre épaisse…
mais une vitre occasionne toujours des reflets !)

   La dévotion à la Mère des Douleurs a dû être particulièrement implantée dans cette paroisse aux temps de Chrétienté, puisqu’on retrouve sa représentation jusqu’au revers de certaines très anciennes croix de carrefour.

Montusclat - revers d'une croix de carrefour

Montusclat : naïve représentation de la Piéta au revers d’une grande croix de carrefour.

   Je pense que vous commencez à comprendre, chers amis, les raisons qui ont attiré Frère Maximilien-Marie à Montusclat en ce jour de l’Exaltation de la Sainte Croix et veille de la fête de Notre-Dame des Douleurs
Mais vous n’avez pas encore tout vu !!!

   Quittant le village, notre Frère a gravi la Montagne de l’étoile, qui domine le village au sud.
La journée était douce ; les nuages passant par toutes les nuances de gris et donnant parfois l’impresssion qu’il allait pleuvoir, se déchiraient par moments pour laisser passer les rayons du soleil…
Au terme de son ascension, au bout d’un chemin de terre, à l’orée d’un bois dont les teintes annoncent déjà l’automne, Frère Maximilien-Marie est arrivé à une chapelle : une toute petite chapelle – à peine cinq mètres de longueur et quatre mètres de largeur sans doute – , couverte en lauzes, avec un joli clocheton au-dessus de la porte… et une étoile qui rappelle le nom de la montagne sur laquelle on se trouve.

Montusclat, chapelle Saint-Joseph sur la montagne de l'étoile

Montusclat : chapelle Saint Joseph sur la Montagne de l’Etoile.

   Cette chapelle est dédiée à Saint Joseph : la porte est fermée à clef, mais comme elle est vitrée, il est néanmoins possible d’en voir l’intérieur et d’adresser une prière au saint patriarche du Nouveau Testament.

Montusclat, chapelle Saint Joseph - l'intérieur

Intérieur de la chapelle Saint Joseph

   Ce qui a spécialement ravi Frère Maximilien-Marie, c’est de voir qu’il y a, avec une autre statue de Saint Joseph sur la façade extérieure de la chapelle, une boite aux lettres pour déposer les messages par lesquels on lui recommande ses intentions.
Et moi je me demande si ceux qui sont loin et ne peuvent pas venir jusque là peuvent envoyer à Saint Joseph des lettres par la poste, que le facteur vient déposer dans cette boite aux lettres : je serais vraiment enchanté s’il en était ainsi…

Montusclat la boite aux lettres de Saint Joseph

La boite aux lettres du bon Saint Joseph

   Derrière la chapelle, commence un sentier montant, assez large et bien entretenu, bordé de croix de trachyte.
Ces croix sont au nombre de sept et sur le socle de chacune est inscrite l’une des Sept Douleurs de Notre-Dame : ce sont des stations en l’honneur de Marie désolée.

Montusclat - Sentier des Sept Douleurs

Montusclat - croix des stations de Marie désolée

   La distance entre chacune de ces croix est exactement celle qui est nécessaire pour réciter un « Ave, Maria » de la Compassion (cf. > ici) et la strophe « Sancta Mater, istud agas… »

   Au terme du sentier, c’est-à-dire sur le sommet de la Montagne de l’étoile, est aménagée une espèce de petite esplanade sur laquelle ont été dressées des croix et des statues.

Montusclat - la croix de l'étoile

Au sommet de la Montagne de l’étoile, le lieu-dit « la croix de l’étoile » aménagé pour les pèlerinages.

   Il faut remonter quelque trois siècles en arrière pour bien comprendre la raison de cette espèce de sanctuaire à ciel ouvert.

   En mai 1721, une épidémie terriblement contagieuse ravageait la contrée. Les paroissiens de Montusclat prononcèrent alors un vœu : celui de se rendre chaque année en pèlerinage auprès de Notre-Dame  de Tout Pouvoir, à Araules (à trois lieues et demi au nord de Montusclat), si le village était préservé de cette peste.
Il semble bien qu’il le fut puisque l’étude des registres paroissiaux montre que le nombre des décès à Montusclat cette année-là ne dépasse pas le nombre des morts des années ordinaires !
Toutefois, au bout de quelques années, ce pèlerinage annuel à Notre-Dame de Tout Pouvoir, à pied par des sentiers de chèvres avec les gros sabots de l’époque, se révéla difficile à maintenir : Monseigneur l’Evêque du Puy, en vertu de son autorité spirituelle, commua donc le vœu de la paroisse de Montusclat en une procession solennelle qui serait célébrée chaque année au premier dimanche de juillet et qui devrait se rendre à la croix érigée au sommet de la Montagne de l’étoile qui domine le village.
Ainsi fut fait, et la procession du premier dimanche de juillet jusqu’à la Croix de l’étoile fut fidèlement accomplie d’année en année.

   En 1882, la Croix de l’étoile allait connaître des changements : cette année-là, l’abbé Charre, prêtre particulièrement fervent et zélé, arriva comme curé à Montusclat. Il fut surpris de ne trouver qu’une simple croix sur le lieu du terme de la procession annuelle du vœu, et suggéra qu’on y érige quelque chose qui rappellerait de manière plus significative que c’était grâce à l’intercession de la Sainte Vierge que Montusclat avait été préservé de l’épidémie.

   Dans ce pays de montagne, peuplé de gens simples à la foi profonde, qui souvent récitaient leur chapelet en gardant leurs troupeaux, le récit de l’apparition de la Très Sainte Mère de Dieu sur la sainte montagne de La Salette revêtait un sens peut-être plus fort qu’ailleurs…
Alors, pourquoi ne pas ériger à la Croix de l’étoile une belle statue de Notre-Dame de La Salette, dont les graves avertissements et les sages conseils ne pouvaient qu’être profitables aux paroissiens de Montusclat ?

Montusclat - Croix de l'étoile, Vierge en pleurs

Montusclat : la Croix de l’étoile
statue de la Vierge en pleurs de La Salette

   Mais une statue de Notre-Dame de La Salette convenable par la taille et pour une implantation extérieure, cela coûte cher.

   Le fervent abbé Charre n’avait pas le premier sou pour réaliser un tel projet ; les caisses de la paroisse avaient été vidées par les dernières réparations opérées à l’église.
Mais si la Sainte Vierge le veut, après tout…
Le bon curé monta à la Croix de l’étoile et y déposa une petite statue de plâtre rapportée de La Salette : « Et maintenant, si vous voulez que je vous élève ici une statue convenable, débrouillez-vous pour me trouver l’argent nécessaire ! »

   Or la Sainte Vierge devait bien le vouloir si on en juge par la suite des événements ; et puisqu’elle avait été priée de se débrouiller… elle se débrouilla !

   Le lendemain même du jour où l’abbé Charre l’avait ainsi priée, il fut appelé auprès d’une femme malade qui voulait lui remettre de l’argent « pour ses bonnes oeuvres ».
S’étant rendu auprès d’elle, le zélé curé l’entretint donc de son projet pour la Croix de l’étoile, et reçut une somme qui lui permettrait de payer une statue en fonte d’une centaine de kilos !

Montusclat - la Croix de l'étoile, statue de la Vierge parlant aux enfants

Montusclat : la Croix de l’étoile
La conversation de Notre-Dame avec les petits bergers de La Salette

   Ce premier don en suscita d’autres.
L’abbé Charre décida alors d’ériger à proximité de la statue de la Vierge en pleurs quatorze croix de trachyte qui formeraient un chemin de croix.
Et puisqu’il y avait une statue de la Vierge en pleurs, une famille offrit la statue représentant la conversation de la Mère des Douleurs avec les petits bergers ; puis les dons permirent aussi d’acquérir une statue de la Vierge qui s’élève vers les cieux à la fin de l’apparition.

   Les quatorze croix figurant les stations du chemin de croix furent donc disposées de telle sorte qu’elles permettent en même temps de parcourir la représentation des trois phases de l’apparition.

   Le dimanche 5 septembre 1886 eut lieu la bénédiction solennelle du chemin de croix et des statues de Notre-Dame de La Salette :  les chroniques de l’époque rapportent qu’il vint pour l’occasion plus de deux mille personnes, accourues de toutes les paroisses alentour.
L’année suivante (29 mai 1887) furent bénites les sept croix représentant les stations à Marie désolée qui jalonnent le sentier d’accès à la Croix de l’étoile.
La chapelle de Saint Joseph que l’on trouve en arrivant fut construite en dernier.

Montusclat - la Croix de l'étoile, groupe de la conversation détail

Montusclat : la Croix de l’étoile
détail du groupe de la conversation

   N’était-ce donc pas un lieu magnifique pour accomplir un pèlerinage aujourd’hui, jour de la Sainte-Croix, et pour se préparer à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, fête patronale du Refuge Notre-Dame de Compassion ?

   Vous savez que notre Frère vous a tous « emportés dans son sac à prières » (pour reprendre la belle expression de notre amie Béatrice) jusqu’au sommet de la Montagne de l’étoile, et qu’il a déposé toutes vos intentions dans le Coeur maternel de Notre-Dame, avec aussi tous les malades qui nous sont recommandés, toutes les situations de détresse spirituelle et morale qui constituent la croix portée par tant de personnes, sans oublier notre pauvre et chère France aux abois et son Roi légitime en qui nous plaçons de grandes et vives espérances surnaturelles… (cf. > ici)

Patte de chatLully. 

Montusclat - la Croix de l'étoile, Vierge remontant aux cieux

Montusclat : la Croix de l’étoile
statue de la Vierge remontant aux cieux à la fin de l’apparition

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