Archive pour la catégorie 'Textes spirituels'

2012-43. Le Monastier-sur-Gazeille, un patrimoine d’exception.

Le Monastier sur Gazeille (plan)

Le Monastier-sur-Gazeille : plan

   La petite ville du Monastier-sur-Gazeille, comme son nom l’indique, s’est développée autour d’un monastère, qui fut même au Moyen-Age une abbaye très importante à la tête de prieurés et de dépendances dans tout le Royaume de France, et jusqu’au-delà de ses frontières.

   Cette importance spirituelle et historique, s’accompagne d’une importance patrimoniale et artistique de premier ordre : au Monastier, malgré les ravages des époques troublées et les destructions consécutives à la grande révolution, se dresse une très belle église abbatiale, en majeure partie romane.

Le Monastier : façade de l'église abbatiale

Le Monastier : façade de l’église abbatiale.

   Je ne vais pas réécrire ici ce que d’autres ont écrit bien que mieux moi et d’une manière bien plus complète que ce que je pourrais mentionner sur un simple blogue : tous ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire de l’abbaye (origines et développements), sur son architecture et ses sculptures, se reporteront avec grand profit à ce site > ici.

   A côté de l’abbatiale, se dressent d’une part les bâtiments abbatiaux reconstruits au XVIIIe siècle et d’autre part le château abbatial du XVIe siècle (dans les belles salles du rez-de-chaussée duquel on visitera avec intérêt le « Musée des Croyances Populaires », qui résulte d’un extraordinaire travail de collecte et de restitution scénographique des traditions du Velay).

Le Monastier : château abbatial

Le Monastier : château abbatial

   Il faudrait aussi mentionner nombre de vieilles maisons ou hôtels particuliers aux façades remarquables et l’église Saint-Jean, du XVe siècle.

   Les municipalités successives ont eu à coeur de préserver et/ou de restaurer autant qu’il était en leur pouvoir ce patrimoine d’exception.
En cette année 2012, a été inauguré l’ Espace Culturel Européen (nous avons évoqué cette inauguration > ici) à l’issue de longs, patients et – il faut le souligner – remarquables travaux de restauration et d’aménagement des anciens bâtiments claustraux du XVIIIe siècle, contigus à l’abbatiale, dont l’espace muséographique s’enrichit régulièrement de nouveaux objets et pièces intéressantes).

le Monastier : galerie du cloître du XVIIIe siècle

Le Monastier : galerie du cloître XVIIIe siècle

   L’unique galerie du XVIIIe siècle qui a succédé au quadrilatère du cloître roman est devenue un bel et lumineux espace permettant d’accéder, de plein pied, à droite de la grande entrée à une belle et agréable bibliothèque, et  sur la gauche à un vaste espace d’exposition.

   En contournant le bâtiment, on arrive sur la place du Vallat : c’est là que donne le perron de l’office du tourisme, par lequel on accède à la partie muséale de l’ Espace Culturel Européen.
Saluons au passage l’amabilité et la disponibilité de l’hôtesse d’accueil.

   Deux salles voûtées qui ont été réunies permettent de bénéficier, dans la première, d’explications claires sur les origines de l’abbaye et son histoire, dans la seconde, de renseignements intelligemment présentés sur la vie monastique et la manière dont elle est organisée.

Salle présentant l'histoire de l'abbaye

Salle présentant la vie monastique et son organisation

Salles présentant l’histoire de l’abbaye et la vie monastique

   On y est introduit par une salle de projection où est présenté le film documentaire (j’en ai déjà parlé > ici) qui permet de situer le Monastier non seulement dans l’ensemble du massif du Mézenc et de son patrimoine naturel et humain, mais encore à travers ses activités et sa vie présente…

   On accède ensuite dans l’espace où est désormais conservé la partie la plus précieuse et la plus fragile du trésor de l’abbatiale : au premier chef l’exceptionnel buste reliquaire de Saint Théofrède (populairement appelé Saint Chaffre) du XIe siècle…

Buste-reliquaire de Saint Théofrède

Le Monastier : buste-reliquaire de Saint Théofrède

… mais le trésor, ce sont aussi d’autres pièces d’orfèvrerie religieuse, de très belles toiles (du XVe au XVIIIe siècles, actuellement en restauration : des copies les remplacent) et de remarquables tissus précieux rapportés d’Ouzbékistan qui enveloppaient jadis les reliques.

   Enfin, cet Espace Culturel Européen comprend une vaste et très belle salle de musique : Le Monastier est le siège d’une école intercommunale de musique très dynamique, et, toutes les années depuis 1989, la ville accueille pendant l’été un Festival des Cuivres.

   Si cette présentation, de manière tout à fait délibérée, n’est pas entrée dans de nombreux détails, c’est parce que je souhaite vous avoir « mis l’eau à la bouche » et que j’espère susciter en vous, bien plus que l’envie, la ferme résolution d’aller – ou de retourner – passer au moins une demi-journée au Monastier : il faut en effet prendre le temps d’une visite guidée de l’abbatiale (monsieur le Maire s’y prête avec une vraie passion), découvrir posément les richesses offertes par l’ Espace Culturel Européen, et finir l’après-midi en déambulant dans les ruelles auxquelles les rayons du soleil couchant donnent une lumière incomparable…

Patte de chat Lully.

2012-41. Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias (Vivarais).

Mercredi 18 juillet 2012.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Je vous avais annoncé la « journée de mémoire » organisée par Frère Maximilien-Marie le 14 juillet dernier à l’occasion du deux-cent-vingtième anniversaire de la tentative de soulèvement dirigée par le comte de Saillans et, consécutivement à son échec, du massacre d’une douzaine d’ecclésiastiques et d’un certain nombre de fidèles sujets du Roi (cf. > www).
Je vous ferai un peu plus tard le compte-rendu de cette journée, mais je veux profiter aujourd’hui de la fête de Notre-Dame de Bonne Délivrance (dont je vous avais entretenu ici > www) pour vous présenter un petit sanctuaire marial du bas Vivarais dont le nom est presque semblable : Notre-Dame de la Délivrance.
La chapelle dans laquelle notre douce Mère céleste est invoquée sous ce vocable, est sise au hameau de Chapias, qui appartient à la commune de Labeaume (07120 – site de la commune > www).
Nos pèlerins du 14 juillet dernier y ont fait une étape, parce que ce lieu est lié à la grande révolution, même s’il n’est pas directement en rapport avec les évènements de juillet 1792. En l’occurrence – et fort heureusement – on ne déplore ici ni massacre ni évènement malheureux…

2012-41. Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias (Vivarais). dans Chronique de Lully hameau-de-Chapias-Copie-300x225

Le hameau de Chapias dans la garrigue
(cliquer sur la photo pour la voir en plus grand format)

Au centre du hameau de Chapias, on arrive sur une petite place ombragée qui sert de parvis à une chapelle de dimensions respectables.
En face de la porte d’entrée, au centre de la placette, a été érigée une croix de mission.
La chapelle, comme toutes les maisons du hameau, est construite avec les pierres calcaires dont la garrigue environnante n’est pas avare. Au dessus de la porte d’entrée, sur le linteau, est gravée la date 1814.
Au XIXème siècle, et jusqu’au milieu du XXème siècle, ce hameau, qui était assez peuplé et à une distance assez importante du chef-lieu, fut même érigé en paroisse indépendante, avec un curé résident : un presbytère est attenant à l’église.

Chapelle-Chapias-Copie-225x300 abbés Sévenier dans De Maria numquam satis

La chapelle de Chapias.

Gravissant les trois marches du perron, nous pouvons entrer dans la chapelle.

Aussitôt, nous pouvons constater avec plaisir que les fureurs iconoclastes qui, sous le fallacieux prétexte de l’aggiornamento - dans les années consécutives au second concile du Vatican – , ont dépouillé nos églises pour en faire des copies de sinistres temples huguenots, n’ont eu ici qu’une action limitée.
A Chapias, on peut seulement déplorer la disparition de la table de communion au niveau des degrés qui marquent la séparation entre le sanctuaire et la nef et l’ajout, tout à fait inutile, d’une espèce de meuble sans goût ni grâce – il a l’élégance d’une verrue! – pour servir, plus encore que d’autel face au peuple, d’impitoyable témoin à charge contre le mauvais goût et le manque de solide formation liturgique d’une part importante du clergé.
Cela mis à part, on ne peut que se réjouir de voir que toutes les statues, les stations du chemin de Croix, les ex-votos, les tableaux des saints, les autels de marbre recouverts de nappes et parés de chandeliers sont tous en place, comme attendant la véritable restauration d’un authentique culte catholique…
Dans la lumière doucement tamisée par les vitraux, la sérénité du lieu vous imprègne.

3-Intérieur-chapelle-Chapias-Copie-300x225 Chapias dans Nos amis les Saints

Intérieur de la chapelle de Chapias. 

Frère Maximilien-Marie a été particulièrement sensible au fait que notre glorieux Père Saint Augustin est représenté par l’un des vitraux du sanctuaire, et en outre qu’il y a un beau tableau représentant Saint François de Sales :

Chapias-St-Augustin-Copie-144x300 Notre-Dame de la Délivrance dans Prier avec nous   Chapias-St-françois-de-Sales-229x300 pèlerinage dans Vexilla Regis

Mais surtout, dès le moment où le visiteur entre, son oeil est attiré par le grand tableau qui est accroché au fond du sanctuaire, bien au centre :

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Le voeu des abbés Sévenier
(cliquer sur la photo pour la voir en grand)

Regardons le tableau plus en détail :

Voeu-des-abbés-Sévenier-Copie-2-300x246 prêtres réfractaires

Le voeu des abbés Sévenier (détail)

Aux pieds d’une Vierge assise, tenant en sa main droite un sceptre fleurdelisé, portant sur ses genoux un Enfant Jésus qui bénit de la main droite tandis que de la gauche il s’enveloppe dans le manteau protecteur de sa mère, deux ecclésiastiques sont à genoux.
Celui de gauche, comme en témoigne sa chevelure blanche, est plus âgé. Leur attitude à tous deux et leurs regards montrent qu’ils prient, qu’ils se recommandent avec ferveur (il y a même une nuance d’inquiétude sur leurs visages) à l’intercession de Notre-Dame.
Le geste de bénédiction de l’Enfant Jésus, la tête tendrement inclinée de la Madone et le sourire qu’on lit sur ses lèvres laissent entendre que la requête des deux prêtres est agréée, que leur prière est exaucée.
Sur la droite du tableau, en haut de la montée d’escalier, ont été figurés des soldats (ou des gardes nationaux) les armes à la main, effectuant une perquisition. 

Ces deux prêtres sont les deux abbés Sévenier
Le plus âgé – né en 1733 – était en 1789 curé-prieur de la petite ville de Valgorge, dans les Cévennes vivaroises.  Le plus jeune – il était né en 1760 – était le neveu et le vicaire du premier.
L’un comme l’autre refusèrent le serment schismatique à la constitution civile du clergé et devinrent donc des réfractaires, c’est-à-dire de dangereux hors-la-loi aux yeux des révolutionnaires : s’ils ne faisaient pas le choix de l’exil volontaire, ils étaient passibles de la déportation ou de la mort.
Dans un premier temps, ils se cachèrent chez certains de leurs paroissiens, et continuèrent à exercer leur ministère clandestinement. Mais le danger grandissant auquel ils exposaient ceux-là même qui les protégeaient les détermina à quitter le territoire de leur paroisse et à se retirer dans leur famille, au hameau de Chapias.

La famille Sévenier possédait une propriété relativement importante et devait faire appel à de la main d’oeuvre extérieure.
Les deux abbés – en habits civils – pouvaient donc se faire passer pour des domestiques, mais il fallut rapidement multiplier les mesures de discrétion pour que des employés à la langue trop bien pendue (et ce d’autant plus que des récompenses étaient promises aux délateurs) ne divulgassent point des informations susceptibles de mettre les deux prêtres et leur famille en danger.

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Chapias : la « maison Sévenier » où les abbés se cachaient dans leur famille.

Un jour, la garde nationale pénétra à l’improviste dans la maison alors que Madame Sévenier était auprès du feu avec son neveu, le plus jeune des prêtres ; elle eut alors la promptitude d’esprit de lui tendre un sac en lui disant sur le ton avec lequel on s’adresse à un domestique : « Prends ton goûter et va garder le troupeau! » Les soldats laissèrent partir le « berger » ne se doutant pas de son identité et leur perquisition s’avéra, bien évidemment, infructueuse.
Une autre fois, les soldats vinrent en pleine nuit : à peine eurent-ils commencé de tambouriner à la porte que Madame Sévenier fit entrer les abbés dans une cache aménagée derrière une armoire, puis elle vida un seau d’eau sur le sol et alla se coucher dans le lit précédemment occupé par les prêtres. Pendant ce temps, Monsieur Sévenier, à la porte, avait un peu retardé l’entrée des révolutionnaires : ils fouillèrent la maison sans rien trouver, car – à cause du sol mouillé – ils ne mirent pas les genoux à terre pour se pencher et regarder sous l’armoire, se contentant d’y faire passer la baïonnette d’un fusil : cette fois encore la famille Sévenier avait eu chaud!

Les alentours de Chapias sont hérissés de rochers calcaires aux formes bizarres et la garrigue est un enchevêtrement d’arbustes méditerranéens, de haies épineuses, de sentiers tortueux, de petits clos entourés de murailles de pierres sèches, au milieu desquels il est bien malaisé à quelqu’un qui n’en est pas familier de ne pas se perdre.
En raison de la surveillance toujours plus suspicieuse et des perquisitions, il fut donc convenu que les deux abbés se réfugieraient pendant la journée à l’intérieur de l’un de ces gros rochers, situé à quelque 400 mètres de la maison : en effet, la Providence a fait que ce rocher est creux!
Depuis lors cette cachette naturelle est restée dans la mémoire collective comme « le rocher des curés » et sur le cliché ci-dessous vous apercevez sur l’avant (à hauteur de visage d’homme, car ce rocher mesure près de 4m de hauteur) une ouverture allongée par laquelle on pouvait faire passer de la nourriture aux deux réfractaires.

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Le « rocher des curés » (cliquer pour agrandir)

Lors de leur passage, 14 juillet dernier, Frère Maximilien-Marie et ses amis sont allés le visiter, bien sûr.
C’est le filleul de notre Frère qui, à l’arrière du rocher, a découvert le passage étroit à travers lequel il faut ramper pour entrer dans la  cachette.

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L’entrée de la cache.

Si un enfant de dix ans peut s’y faufiler sans problème, notre Frère – qui n’a ni la même souplesse ni la même circonférence (!!!) – a eu un peu plus de mal pour s’y faufiler et, lui qui n’aime pas les espaces étroits et confinés, n’a pas eu l’envie de demeurer très longtemps dans ce rocher, qui fut cependant sanctifié par les longues heures de prière et de véritable pénitence des deux abbés Sévenier.
Voici un cliché pris lorsqu’on est accroupi à l’intérieur de la cachette et qui montre la seule chose que l’on peut voir en levant la tête : le ciel à travers les branches…

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Lorsque Frère Maximilien-Marie m’a montré cette photo, j’ai pensé que lorsqu’on est en butte à un monde hostile, nous n’avons plus qu’à lever les yeux et à crier vers le Ciel…
C’est ce que firent nos bons abbés : redoublant de confiance et de ferveur, ils se mirent sous la protection très spéciale de la Très Sainte Vierge et firent le voeu de lui bâtir une chapelle, s’ils sortaient saufs de la persécution révolutionnaire.
Cette scène, outre le tableau sus-cité, est sculptée en bas-relief sur le maître-autel de la chapelle :

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Le voeu des abbés Sévenier, bas-relief du maître-autel de la chapelle.

Le 28 septembre 1798, le plus âgé des abbés, alors qu’il se dégourdissait un peu les jambes en dehors de la cache, se trouva nez à nez avec un révolutionnaire qui le fit prisonnier : emmené d’abord à Joyeuse, il fut transféré à Privas le 2 octobre, puis enfin à Orange où il devait comparaître devant le tribunal révolutionnaire.
Mais Notre-Dame de la Délivrance veillait! La révolution s’épuisait et le procès traîna en longueur… Des négociations eurent lieu et le vieil abbé fut libéré en échange de 1400 livres!
Il revint à Chapias.
Peu à peu les prêtres réfractaires pouvaient sortir de la clandestinité et reprendre leur ministère sans rien craindre : sitôt le concordat signé, les deux abbés Sévenier reprirent leurs postes à Valgorge. 

Ils n’oublièrent pas leur promesse et, dès que ce fut possible, ils s’acquittèrent de la construction de la chapelle qu’ils avaient promise à la Madone.
Elle fut achevée en 1814, année du décès du plus âgé des deux prêtres.
Elle fut agrandie à deux reprises par la suite, et le plus jeune des abbés Sévenier en fut officiellement nommé chapelain, fonction qu’il exerça jusqu’à sa mort, en 1841.
Il fut inhumé aux pieds de Notre-Dame de la Délivrance.

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Tombe du plus jeune des abbés Sévenier dans la chapelle.

Dès que la chapelle fut ouverte au culte, un véritable pèlerinage se développa : les fidèles des paroisses alentours vinrent de plus en plus nombreux se confier à la Très Sainte Vierge Marie, solliciter son intercession dans leurs nécessités spirituelles et temporelles, et la remercier lorsqu’ils étaient exaucés.
Cela rendit nécessaire la présence à temps plein d’un prêtre pour accueillir les pèlerins, diriger les exercices de dévotions, célébrer la Sainte Messe et administrer le sacrement de pénitence… 
De là, dans un premier temps, la nomination de l’abbé Pierre Sévenier comme chapelain, puis, dans la seconde partie du XIXème siècle, l’érection du hameau en paroisse, comme je l’ai signalé plus haut.

En 1884, à quelques centaines de mètres du hameau, sur une petite éminence de ce plateau calcaire (à 252 m. d’altitude, pour être précis), fut construite une tour crénelée de 12 mètres de haut, au sommet de laquelle fut placée une statue de pierre représentant la Vierge, couronnée, portant le Saint Enfant Jésus sur son bras gauche.
En ces temps de grande foi populaire, la tour devint le but vers lequel se rendaient les processions qui se faisaient à l’extérieur à l’occasion de toutes les grandes fêtes mariales.

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Chapias : la tour de la Vierge à l’extérieur du hameau.

Frère Maximilien-Marie et ses amis s’y sont bien évidemment rendus et en ont fait l’ascension (du sommet on découvre, à 360°, un somptueux panorama) ; son filleul a même compté les marches : il y en a 53, comme le nombre des « Ave, Maria » d’un chapelet.
Au dessus de la porte d’entrée, le linteau porte gravé le monogramme de Marie, accompagné de cette inscription : 12 octobre 1884 – Notre-Dame du Très Saint Rosaire, priez pour nous.

Voilà donc, chers Amis, la présentation et l’histoire du sanctuaire de Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias, en notre bas Vivarais, et j’espère qu’elles vous ont touchés autant que j’en fus ému lorsque notre Frère m’en a fait le récit.

Je ne veux pas terminer ma publication de ce jour sans vous avoir invités à prier Notre-Dame de la Délivrance avec beaucoup de confiance et d’amour, en contemplant la statue qui la représente dans le transept droit de la chapelle…

Lully.

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Statue de N.D. de la Délivrance dans la chapelle de Chapias
(cliquer sur l’image pour la voir en grand)

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O très Sainte Vierge Marie,
dont Jésus a fait notre Mère dans l’ordre de la grâce,
convaincu qu’une Mère est
 capable de tout
pour délivrer son enfant du mal et du danger,
je me présente devant Vous :

Notre-Dame de la Délivrance,
délivrez, si cela est possible, mon corps de toute atteinte de la maladie ;
 délivrez-moi surtout des atteintes de ce mal suprême qu’est le péché ;
délivrez-moi de tout ce qui m’est un obstacle
pour vivre pleinement en enfant de Dieu !

 Délivrez aussi, je Vous en supplie,
mon esprit de toute forme d’erreur, de mensonge et de mauvais jugement ;
délivrez enfin mon coeur de toute affection désordonnée,
de toute forme d’égoïsme, de jalousie, de rancune,
d’amertume et d’orgueil !

De même que Vous avez autrefois protégé ces bons prêtres
qui se confièrent à Vous au temps de la persécution,
daignez aujourd’hui tendre une oreille favorable
aux supplications que je fais monter vers Vous ;
daignez regarder favorablement les intentions dont mon coeur est rempli (…)
et Vous faire mon Ambassadrice devant le trône de la Très Sainte Trinité !
Ainsi soit-il.

(prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur)

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2012-39. Les Capucins de Nîmes, premiers martyrs de la révolution.

14 juin.

Il convient, chaque année à cette date du 14 juin, de commémorer l’anniversaire du massacre des premiers religieux victimes de la révolution, et cela est d’autant plus nécessaire que le souvenir de ces faits est occulté ou du moins minimisé, à tel point que l’histoire officielle n’en parle que sous le nom de « bagarre de Nîmes ».

Ce que je vais publier ci-dessous est essentiellement le résumé d’un opuscule que nous avons dans la bibliothèque du Mesnil-Marie et qui est intitulé « Premières victimes religieuses de la révolution ». Il avait été publié à Valence en 1916 avec l’imprimatur de l’évêque du lieu.
Tout en le résumant, j’ai dû aussi toutefois le compléter  par des recherches personnelles dans les sources historiques les plus fiables.

Lully.

2012-39. Les Capucins de Nîmes, premiers martyrs de la révolution. dans Memento lys

A – Les Capucins à Nîmes.

Les Capucins étaient déjà présents à Nîmes au XVIème siècle, mais leur couvent avait été dévasté par les protestants en décembre 1561.
L’ « Edit de grâce » signé le 28 juin 1629, appelé aussi Paix d’Alais (aujourd’hui orthographié Alès), avait marqué la véritable fin de ces guerres civiles dites « guerres de religion » : tout en confirmant la liberté de culte pour les huguenots, il permettait enfin le rétablissement du culte catholique dans tous les endroits dont les protestants l’avaient jusqu’alors banni, et il mettait fin à la puissance politique du parti protestant qui menaçait l’unité et la paix du Royaume.

Quinze jours après l’ « Edit de grâce », par un brevet du 13 juillet 1629, Louis XIII rappelait les Capucins à Nîmes. Les travaux du couvent ne purent commencer qu’en 1631 alors que déjà ces religieux particulièrement fervents et zélés rayonnaient vers les Cévennes, et travaillaient à ramener à la plénitude de la vérité chrétienne les esprits égarés par le calvinisme.
Cette fondation entrait dans le plan de nouvelle évangélisation du Royaume conçu par le célèbre (et très injustement calomnié) Père Joseph de Paris  - né François Leclerc du Tremblay – , capucin et conseiller du Cardinal de Richelieu.

Le Révérend Père Joseph de Paris (né François Leclerc du Tremblay)

Le Révérend Père Joseph de Paris, capucin, né François Leclerc du Tremblay

B – Situation au début de la révolution.

Cent cinquante ans plus tard, à la veille de la révolution, les Capucins de Nîmes formaient toujours une communauté prospère et fervente, gardienne de l’orthodoxie et foyer de vitalité catholique pour la ville et ses environs.
En 1789, on estime la population catholique nîmoise à environ 40 000 âmes, tandis que les protestants étaient environ 14 000. Ces derniers compensaient leur infériorité numérique par leur situation sociale : l’industrie et le commerce étant pour une très grande part entre leurs mains.

Le couvent des Capucins consistait en un ensemble relativement spacieux situé à l’extrémité de ce que l’on appelle l’Esplanade.
Il abritait, si mes comptes sont exacts, vingt-trois religieux, très estimés de la population : lorsque, en application des décrets de l’assemblée dite nationale, les officiers municipaux se présentèrent à la fin  de l’année 1789 pour procéder à l’interrogation des Capucins et à l’inventaire du couvent, ils se heurtèrent – nous disent les témoins - « à une barrière vivante de poitrines humaines ».
La délégation du conseil municipal avait donc dû rebrousser chemin, par crainte d’être molestée par la foule.

Le 10 mai 1790, les représentants de la loi revinrent et, employant des formes plus respectueuses, pénétrèrent à l’intérieur du couvent. Tous les religieux comparurent et furent unanimes pour déclarer leur intention de rester fidèles à leur profession et à la vie commune.

Or, dès l’édit de tolérance de 1787, les protestants avaient convoité le couvent pour y établir un temple et une école de prédicants : ils pensaient pouvoir réaliser leur dessein en 1789, après les premières mesures de l’assemblée qui tendaient à l’extinction de la vie religieuse, et ils offrirent d’acheter l’église et le couvent pour la somme de 200 000 livres. Leur proposition fut rejetée avec indignation, si bien que, blessés dans leur orgueil, ils résolurent de s’approprier les lieux par tous les moyens. C’est aussi cela qui explique la fureur et la cruauté des évènements que nous détaillerons plus loin.

Nîmes, détail de la carte de Cassini

Nîmes, détail de la carte de Cassini :
l’implantation des Capucins y est marquée sous le « N » de « Nismes »


C – Protestantisme et maçonnerie.

Avant de poursuivre, il faut faire remarquer que, à Nîmes, comme en beaucoup d’autres lieux, les idées révolutionnaires étaient professées majoritairement par des hommes issus du protestantisme.
C’est ici qu’il faut en particulier signaler la famille Rabaut.

Le père, Paul Rabaut (1718 – 1794), ministre calviniste, était pénétré de « l’esprit des lumières » et, quoique ayant démissionné en 1785, il restait une personnalité influente.
Sous son apparent esprit de tolérance et d’humanité, il dissimulait un anti-catholicisme virulent. C’est lui qui avait été à l’origine de la première des loges maçonniques de Nîmes, la « loge de la bienfaisance », dont il avait présidé la première séance le 15 juin 1749.
Il signait ses lettres « le chevalier de l’Etoile » (« l’Etoile » étant une société fondée à Lausanne par Antoine Court de Gébelin).
Ses trois fils avaient continué dans son sillage.

L’aîné, Jean-Paul Rabaut (1743 – 1793), est entré dans l’histoire sous le nom de Rabaut Saint-Etienne. Pasteur adjoint de son père en 1764, il lui avait succédé en 1785.
Député du Tiers-Etat aux Etats généraux, membre particulièrement agissant de l’assemblée dite Constituante (il travailla sur l’un des projets de la « constitution civile du clergé »), il sera ensuite député à la Convention où il siégera avec les Girondins (ce qui lui vaudra finalement la guillotine).
A Paris, Rabaut Saint-Etienne avait retrouvé Court de Gébelin à la fameuse « loge des neuf soeurs », qui était celle où Voltaire avait été initié.

Le second, Jacques-Antoine Rabaut (1744 – 1820), dit Rabaut-Pommier, fut lui aussi ministre calviniste. Elu à la Convention (où il vota la mort du Roi avec sursis), proche des Girondins, il échappa toutefois à la guillotine.

Le troisième, Pierre-Antoine Rabaut (1745 – 1808), appelé Rabaut-Dupuis (ou Dupuy), n’embrassa pas la carrière de pasteur comme ses frères mais fut d’abord commerçant.
Il était vénérable de la « loge de la bienfaisance », fondée par son père, et avait en outre oeuvré à la fondation, en 1783, d’une deuxième loge : la « loge philanthropique ».
Une troisième loge fut créée en 1788, la « loge d’Henri IV et Sully ».

Lorsque les troubles commencèrent, les loges furent les pourvoyeuses des membres des clubs révolutionnaires.
Le « club des amis de la constitution » de Paris avait de nombreuses ramifications en province, parmi lesquelles le « club des amis de la constitution » de Nîmes, extrêmement agissant, qui se composait de 417 citoyens ainsi répartis : 354 d’origine huguenote et 63 d’origine catholique (et dans ceux-ci une majorité étaient des apostats ou d’anciens repris de justice, c’est donc dire que ces clubistes n’appartenaient pas d’âme au catholicisme).

L’examen des discours prononcés au sein du club et de la correspondance échangée avec Paris démontre que francs-maçons, protestants et clubistes voulaient le triomphe de l’anti-catholicisme.
Rabaut Saint-Etienne, bien que n’étant pas à Nîmes au moment des faits, peut cependant, par l’influence de sa correspondance sur ses coreligionnaires nîmois et confrères maçons, être considéré comme l’un des principaux instigateurs et responsables du massacre.

Jean-PaulRabautSaint-Etienne-230x300 Capucins dans Nos amis les Saints

Jean-Paul Rabaut, dit Rabaut Saint-Etienne.

D. Les prémices de la « Bagarre ».

Le 13 avril 1790 avait été déposée à l’assemblée une motion en vue d’obtenir que le catholicisme fût déclaré religion de l’Etat, mais les efforts du parti révolutionnaire avaient conduit à l’ajournement puis au rejet de cette motion.
L’émotion fut grande dans la France entière et de nombreuses protestations furent envoyées à l’assemblée.
Les catholiques de Nîmes se réunirent le 20 avril et envoyèrent à l’assemblée une adresse signée par quelque 6000 personnes demandant que la religion catholique, apostolique et romaine fût, par un décret solennel, proclamée religion d’Etat et qu’elle seule jouît des honneurs du culte public.

Cette adresse des catholiques nîmois eût un retentissement considérable, d’autant qu’elle ne fut pas seulement envoyée à l’assemblée mais diffusée dans toute la France pour que d’autres municipalités y souscrivent et que le plus grand nombre de fidèles s’unisse à cette protestation.

Les révolutionnaires, les clubistes, les francs-maçons et les protestants se déchaînèrent : ils crièrent au fanatisme et, à grand renfort de mensonges et de subversion, entreprirent une vaste campagne d’opinion pour déconsidérer les catholiques, suscitèrent troubles et désordres, et agitèrent le spectre des plus criminelles intolérances… 

La tension monta d’un cran lorsque les élections donnèrent la majorité aux catholiques au sein du conseil municipal. Les protestants s’agitèrent plus violemment et intriguèrent pour renverser cette municipalité.
Au cours du mois de mai, un premier incident grave eut lieu : des soldats du régiment de Guyenne (au sein duquel l’influence maçonnique était très forte), poussés par des gardes nationaux protestants, s’en prirent à des catholiques.
Le baron de Marguerittes, maire de Nîmes, parvint à juguler les troubles pour un temps : par un décret municipal du 31 mai, le port d’armes fut interdit en ville.

Pendant ce temps, le Roi avait rejeté l’adresse des catholiques nîmois, mais ceux-ci, faisant remarquer que la décision royale portait l’empreinte de la contrainte, se réunirent à nouveau et signèrent une nouvelle déclaration, le 1er juin 1790
Peu s’en fallut que ce jour-là Nîmes ne fût ensanglantée : la municipalité dut réquisitionner près de 600 soldats pour maintenir l’ordre et spécialement pour sécuriser le parcours de la procession de la Fête-Dieu.

« On ne peut pas en rester là, il faut se réunir, s’armer et se disposer à partir au premier moment ; il faut que les communautés protestantes se procurent des armes, de la poudre et des balles… » Tel était le mot d’ordre qui circulait depuis le mois de mai, relayé par les ministres calvinistes et les révolutionnaires.

E – La « Bagarre ».

Le dimanche 13 juin 1790, à partir du milieu de l’après-midi, des protestants en armes confluèrent massivement vers Nîmes, certains venant de communes éloignées de huit, dix, voire douze lieues. 
En fin de journée, ces protestants armés commencèrent à s’en prendre aux catholiques qui, pour la plupart, étaient désarmés en raison de l’arrêté municipal du 31 mai. Il y eût des troubles dans toute la ville et déjà plusieurs morts.
Le comble est que des huguenots allèrent se poser en victimes auprès des soldats du régiment de Guyenne et qu’on leur remit des pièces d’artillerie !
La tombée de la nuit vint interrompre les troubles et la municipalité crut qu’on en resterait là…

Les huguenots venus de l’extérieur allèrent camper sur l’Esplanade, en face du couvent des Capucins, et pendant la nuit leur nombre s’augmenta.
Certains historiens n’hésiteront pas à parler d’un total de 15 000 huguenots armés présents à Nîmes pour la journée du 14.

m500202_atpico070742_p francs-maçons dans Prier avec nous

Le lundi 14 juin, comme d’habitude, les Capucins ouvrirent les portes de leur église à 5 h du matin, psalmodièrent l’office divin et assistèrent à la Messe conventuelle.
Un peu après celle-ci, une compagnie de gardes nationaux se présenta au couvent pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’armes ou de « ligueurs » cachés : ils se livrèrent à une fouille minutieuse et furent forcés de reconnaître qu’il n’y avait rien de suspect dans le couvent.
Le chef de la compagnie recommanda aux religieux de tenir closes portes et fenêtres, ce qui fut fait.

Les choses restèrent en l’état jusque vers midi où quelques coups de feu furent tirés sur l’Esplanade. Personne ne fut blessé, car c’était en réalité un signal.
Environ deux heures plus tard, prétextant que les coups de feu avaient été tirés depuis le couvent (ce qui était impossible puisque la visite domiciliaire avait démontré qu’il n’y avait point d’armes !), les huguenots se ruèrent à l’attaque et commencèrent à enfoncer les portes à coup de hache. 
Au moment de l’attaque, les religieux étaient pour la plupart au choeur, achevant le chant des vêpres. Je détaillerai plus loin ce qu’ils eurent à subir.

Après la mise à sac du couvent des Capucins, les bandes protestantes se répandirent par la ville et s’y livrèrent au pillage et au massacre : « Plus de trois-cents citoyens ont péri », écrivit le maire, Monsieur de Marguerittes, et ce chiffre n’est certainement pas exagéré. Pour certains historiens, on pourrait monter jusqu’à cinq cent.
Pour empêcher l’identification des victimes et leur dénombrement précis, les massacreurs jetèrent de la chaux vive sur les cadavres entassés dans la grande fosse commune de l’Hôtel-Dieu.

Les survivants ont témoigné des atrocités inouïes qui furent commises, et ont donné des détails épouvantables sur la manière dont certains cadavres furent mutilés et outragés.
On a même parlé d’un repas qui eût lieu le soir dans la maison d’un révolutionnaire et au cours duquel les mâchoires inférieures et les barbes des capucins immolés auraient été exposées sur un plat au milieu de la table !

G – Le martyre des Capucins.

Au moment où les portes du couvent commencèrent à être attaquées à coups de hache, nous l’avons vu, les Capucins achevaient les vêpres au choeur.
La plupart des religieux (dix-neuf) parvint à s’enfuir : certains coururent se cacher au dessus de l’église, entre la voûte et la toiture, et d’autres dans le clocher ; plusieurs parvinrent à se blottir au-dessus des lambris du plafond des cellules, de la bibliothèque… etc. ; enfin quelques autres parvinrent à s’enfuir dans les champs après avoir escaladé les murs du jardin… On relate même le cas d’une famille protestante des environs du couvent qui, émue de compassion, sauva la vie de l’un des pères en le faisant monter sur le toit de sa maison.

Pillage d'une église pendant la révolution

Pillage d’une église pendant la révolution

L’église et la sacristie furent pillées et saccagées, le tabernacle profané. La bibliothèque, riche de précieux volumes (Antoine-Balthazar Fléchier – neveu de l’illustre évêque et prédicateur qui avait illustré le siège épiscopal de Nîmes au XVII ème siècle – avait légué quelque deux mille volumes à la bibliothèque du couvent), fut dévastée. La pharmacie, une des plus belles du Royaume grâce à laquelle d’abondants secours étaient dispensés aux pauvres, fut entièrement détruite. Toutes les représentations du Crucifix, toutes les images ou statues de la Vierge et des Saints qui se trouvaient dans le couvent furent lacérées, brisées ou mutilées…
On a recueilli des témoignages selon lesquels, dans les jours qui suivirent, des protestants dansaient à Massillargues, vêtus en Capucins ou arborant des surplis, des étoles ou des chapes, et buvant « à la santé de la nation » (!!!) dans des vases sacrés.

Cinq religieux subirent le martyre. Ce sont :

1) Le Père Benoît de Beaucaire, âgé de 58 ans, qui fut massacré dans l’église. 
En entendant les coups de hache à la porte de l’église, il se munit d’une étole et se précipita pour soustraire le Saint-Sacrement à la profanation. Il n’en eut pas le temps car déjà un huguenot se jetait sur lui ; il l’implora : « Laissez-moi le temps d’achever ma prière ! ».
« Je t’accorde cinq minutes… »
Alors le Père s’inclinant vers l’autel entreprit de consommer les Saintes Espèces. Mais à peine les cinq minutes étaient-elles écoulées qu’il fut abattu à bout portant, sur l’autel, par un coup de fusil puis transpercé de baïonnettes : il avait la bouche encore pleine d’Hosties et son cadavre fut traîné dans l’église et la sacristie.

2) Le Père Siméon de Sanilhac, âgé de 44 ans, fut trouvé agenouillé en prière dans sa cellule, et transpercé d’un nombre incalculable de coups de fourche et de baïonnettes.

3) Le Père Séraphin de Nîmes, âgé d’environ 27 ans, n’appartenait pas à la communauté de Nîmes mais au couvent du Pont-Saint-Esprit. Il était arrivé la veille pour rendre visite à sa famille. La tradition familiale rapporte qu’il était chez ses parents, le 13 juin au soir, lorsque les troubles commencèrent ; sa famille voulut le retenir en lui présentant les dangers qu’il encourrait, mais il s’y refusa énergiquement : « Mon devoir est de rentrer au couvent ». Il fut lui aussi trouvé dans sa cellule et subit d’horribles mutilations.

4) Le Frère Célestin de Nîmes, âgé de 22 ans, novice clerc, fut ensuite massacré avec une grande sauvagerie dans sa cellule après avoir été torturé pour lui faire dire où se cachaient les autres membres de la communauté : « Dis-nous donc où sont les autres! Allons, ils sont bien plus nombreux ! Il faut bien en finir avec tous ces jean-foutre… »

5) Le Frère Fidèle d’Annecy, âgé de 82 ans, infirme, sourd et aveugle, ne pouvait plus quitter sa paillasse : il y fut démembré et découpé à la hache, puis ses bourreaux tentèrent de mettre le feu à son grabat. C’est après ce meurtre que les barbares pillèrent la pharmacie ; ils s’enivrèrent avec les potions à base d’alcool, en particulier avec de l’ « eau d’angélique », et ils se félicitaient mutuellement en riant : « Le barbu, l’avons-nous assez bien traité ? Buvons à sa santé ! »

Les Capucins cachés dans les lambris des plafonds entendirent les massacreurs ricaner : « C’est être bons patriotes et bons amis de la constitution que de faire ce que nous faisons ! »

couvent des capucins Nîmes

L’ancien couvent des Capucins à Nîmes 

H – Après le massacre.

Les massacres auraient pu se continuer encore plusieurs jours après le 14 juin si des troupes de Montpellier n’étaient arrivées, avec une artillerie imposante, pour assurer le maintien de l’ordre. Néanmoins les meurtriers ne furent pas arrêtés.

Dans la soirée du 14 juin, alors que les protestants continuaient leurs exactions dans d’autres quartiers de la ville, quelques catholiques s’introduisirent discrètement dans le couvent : ils purent plus tard témoigner de l’état des lieux et des corps des martyrs. Ils en firent sortir les survivants et les cachèrent dans leurs maisons.
Les corps des suppliciés furent ensuite ensevelis à la hâte dans un caveau situé devant l’autel de l’Immaculée Conception.

Au lendemain de la « Bagarre », parce qu’on était en plein dans les préparatifs de la Fête de la Fédération qui devait être célébrée exactement un mois plus tard à Paris, tout fut fait pour minimiser ce massacre et pour étouffer l’affaire.
On insista pour que les religieux survivants réintègrent le couvent, et « on » exerça des pressions sur Monsieur Henri-Claude Clémenceau de La Bouillerie, curé de la cathédrale et vicaire général de Nîmes, pour qu’il rédige un certificat relativisant les faits…

Néanmoins la nouvelle de ces atrocités se répandit et ne laissa pas d’inquiéter les catholiques de toute la région : ce fut même l’un des motifs qui suscita le rassemblement du 18 août 1790 entré dans l’histoire comme le « premier camp de Jalès », réuni à l’instigation de Monsieur Louis Bastide de Malbosc, maire de Berrias (dans l’actuel département de l’Ardèche) dont le frère n’avait trouvé le salut qu’en s’enfuyant de Nîmes pendant la « Bagarre ».
Quant à l’abbé Clémenceau de La Bouillerie, il est le grand oncle du célèbre Georges Clémenceau et nous le retrouverons parmi les prêtres martyrisés aux Vans, le 14 juillet 1792.

Les dix-neuf Capucins de Nîmes survivants commençaient à peine à remettre leur couvent en état lorsque, en mars 1791, ils furent frappés par les décrets de l’assemblée qui interdisaient les voeux monastiques et supprimaient les ordres religieux. Malgré leur volonté ferme de persévérer dans leur vocation, ils furent expulsés et dispersés. L’un d’eux, le Père Bruno de Carpentras, sera guillotiné à Orange pendant la grande terreur.
Les protestants ne purent cependant s’approprier le couvent et l’église, qui devint pour un peu de temps le siège de la paroisse constitutionnelle Saint-Denis.
La terreur installa la guillotine sur l’Esplanade et transforma l’église et le couvent en prison : huit-cent prisonniers y étaient entassés à la chute de Robespierre.

I – Au XIX ème siècle.

Rendue au culte par le concordat, l’église des Capucins fut ensuite érigée en paroisse sous le vocable des Saintes Perpétue et Félicité et fit l’objet d’une reconstruction totale de 1852 à 1862. Ce qui subsistait du couvent fut détruit en 1857 pour laisser place à d’autres bâtiments.

Nîmes église Ste Perpétue

Nîmes : l’Esplanade et la nouvelle église Sainte Perpétue
(photo du début du XXème siècle)

Les restes de ces glorieux martyrs furent déposés dans la chapelle de cette nouvelle église dédiée aux âmes du Purgatoire.

A la fin du XIXème siècle, l’Ordre Capucin se préoccupa d’introduire leur cause de béatification et c’est dans cette perspective que fut édité l’opuscule que nous avons résumé ici, mais nous ne savons pas si cette volonté fut suivie d’effets et s’il y eût un commencement d’instruction.

Voici toutefois la prière qui avait été composée alors « pour qu’il plaise à Dieu d’accélérer l’heure de la glorification de Ses serviteurs » :

O Dieu tout puissant qui, dans le gouvernement du monde, atteignez vos fins avec force et suavité, nous Vous demandons, pour la glorification de Votre Nom, que Vos serviteurs Benoît et ses compagnons, de l’Ordre des Frères Mineurs Capucins, massacrés par les ennemis de la religion catholique, soient, après mûr examen, jugés dignes des honneurs réservés aux véritables martyrs morts pour la défense de la Foi.
Nous Vous le demandons par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec Vous en l’unité du Saint-Esprit, dans les siècles des siècles.

Ainsi soit-il. 

Piéta Ste perpétue Nîmes

Nîmes : Piéta dans l’église Sainte Perpétue 

Salutations au Sacré-Coeur de Jésus

composées par Sainte Marguerite-Marie

in « Vie et oeuvres », édition du monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, 1920
( tome II, p.779) 

Salutations au Sacré-Coeur de Jésus dans De liturgia apparition-Ste-Marguerite-Marie-Alacoque-Copie

Je Vous salue, Coeur de mon Jésus,
sauvez-moi!

Je Vous salue, Coeur de mon Créateur,
perfectionnez-moi!

Je Vous salue, Coeur de mon Sauveur,
délivrez-moi!

Je Vous salue, Coeur de mon Juge,
pardonnez-moi!

Je Vous salue, Coeur de mon Père,
gouvernez-moi!

Je Vous salue, Coeur de mon Maître,
enseignez-moi!

Je Vous salue, Coeur de mon Pasteur,
gardez-moi!

Je Vous salue, Coeur de mon Jésus Enfant,
attirez-moi!

Je Vous salue, Coeur de Jésus mourant en Croix,
payez pour moi!

Je Vous salue, Coeur de mon Frère,
demeurez avec moi!

Je Vous salue, Coeur charitable,
opérez en moi!

Je Vous salue, Coeur miséricordieux,
répondez pour moi!

Je Vous salue, Coeur très humble,
reposez en moi!

Je Vous salue, Coeur très patient,
supportez-moi!

Je Vous salue, Coeur très fidèle,
payez pour moi!

Je Vous salue, Coeur pacifique,
calmez-moi!

Je Vous salue, Coeur de Jésus, consolation des affligés,
consolez-moi!

Je Vous salue, Coeur tout aimant, fournaise ardente,
consumez-moi!

Je vous salue, Coeur de Jésus, modèle de perfection,
éclairez-moi!

Je Vous salue, Coeur divin, origine de tout bonheur,
fortifiez-moi!

coeurdejsuscopie prière dans Prier avec nous

Autres prières au Sacré-Coeur publiées dans ce blogue :
- le texte de la « neuvaine de confiance » > www.
- la prière composée par Sainte Madeleine-Sophie Barat > www.
- la prière de confiance en Dieu de Saint Claude de La Colombière > www
- l’acte d’offrande de Saint Claude de la Colombière > www
- le Souvenez-Vous au Sacré-Coeur > www.
- une prière au Coeur eucharistique de Notre-Seigneur > www
- une prière d’union aux dispositions du Coeur de Jésus en forme de litanies > www.
- un texte de consécration au Sacré-Coeur > www.

et le texte des Promesses du Sacré-Coeur > www.

Publié dans:De liturgia, Prier avec nous |on 1 juin, 2012 |3 Commentaires »

2012-37. Principaux évènements et activités prévus pour le mois de juin 2012.

2012-37. Principaux évènements et activités prévus pour le mois de juin 2012. dans Annonces & Nouvelles DSC00210-2-Copie-239x300

Pour nous rejoindre (pour ceux qui nous sont géographiquement les plus proches) ou vous associer par l’intention (pour ceux qui sont loin) aux principaux évènements qui vont jalonner ce mois en notre Mesnil-Marie :

1) Les dimanches et jours de fêtes : participation à la Messe paroissiale (paroisse de rite latin traditionnel), à 10h30, en l’église de Ceyssac (43000).

2) Le chapelet récité dans l’oratoire du Mesnil-Marie devant la statue de Notre-Dame de Compassion est l’occasion de recommander au Coeur douloureux et immaculé de Marie les intentions qui nous sont confiées.

3) Les intentions recommandées par notre Saint-Père le Pape pour ce mois de juin 2012 sont les suivantes :
- intention générale : « Pour que les croyants sachent reconnaître dans l’Eucharistie la présence vivante du Ressuscité, qui les accompagne dans la vie quotidienne ».
- intention missionnaire : « Pour que les chrétiens d’Europe redécouvrent leur identité et participent avec plus d’élan à l’annonce de l’Evangile ».

4) Le mois de juin est le « mois du Sacré-Coeur de Jésus ». Pour prier le divin Coeur de Jésus, vous trouverez dans les pages de ce blogue :
- le texte de la « neuvaine de confiance » > www.
- la prière composée par Sainte Madeleine-Sophie Barat > www.
- la prière de confiance en Dieu de Saint Claude de La Colombière > www
- l’acte d’offrande de Saint Claude de la Colombière > www
- le Souvenez-Vous au Sacré-Coeur > www.
- une prière au Coeur eucharistique de Notre-Seigneur > www
- une prière d’union aux dispositions du Coeur de Jésus en forme de litanies > www.
- un texte de consécration au Sacré-Coeur > www.

coeurdejsuscopie activités dans Chronique de Lully

Calendrier prévisionnel du Mesnil-Marie pour ce mois de juin :

- Vendredi 1er juin (premier vendredi du mois) : Vendredi des Quatre-temps d’été (jeûne) ; au Mesnil-Marie, journée de silence et de solitude.

- Samedi 2 juin (premier samedi du mois) : Samedi des Quatre-Temps d’été (jeûne).
Frère Maximilien-Marie, qui est membre du bureau de l’association « la Ronde des Sucs » (cf. > www), est présent tout le jour au point de départ et d’arrivée des marcheurs qui participent aux randonnées organisées ce jours dans le cadre du « Printemps de la randonnée » autour du village de Borée.

- Dimanche 3 juin : Fête de la Très Sainte Trinité.

Nota bene : le mardi 5 juin la circulation sera quasi impossible dans les cantons du Cheylard et de Saint-Martin de Valamas en raison du passage du critérium du Dauphiné Libéré.

- Mercredi 6 juin : début de la neuvaine préparatoire à la fête du Sacré-Coeur de Jésus.

- Jeudi 7 juin : Fête du Très Saint-Sacrement.

- Vendredi 8 juin : 217ème anniversaire de la mort de Sa Majesté le Roi Louis XVII, enfant martyr, dans la prison du Temple à Paris.

- Samedi 9 juin :
Le matin, frère Maximilien-Marie sera à une réunion de préparation du festival « Montagne, ouvre-toi! » (cf. > www).
L’après-midi, aura lieu la première des promenades contées « Sur les pas du Grand Chanéac », voir ici > www.

- Dimanche 10 juin : Deuxième dimanche après la Pentecôte.
En France, on célèbre ce jour la solennité de la Fête-Dieu : à Ceyssac, nous ferons la procession du Très Saint-Sacrement après la Grand’Messe.

- Vendredi 15 juin : fête du Sacré-Coeur de Jésus (une des fêtes patronales de Frère Maximilien-Marie).

- Samedi 16 juin : fête de Saint Jean-François Régis, apôtre du Vivarais et du Velay (cf > www).
Nota bene : en raison de la course cycliste « l’Ardéchoise », la circulation sera quasi impossible sur les routes autour du Mesnil-Marie depuis le 15 juin en fin de matinée et pendant la journée du 16 juin : il ne sera donc pas possible de se rendre en pèlerinage à La Louvesc ou au Puy en Velay.

- Dimanche 17 juin : Troisième dimanche après la Pentecôte.
Solennité du Sacré-Coeur (le Sacré-Coeur de Jésus et la Sainte Croix sont les titulaires de notre église de Ceyssac). 
Nous commémorerons aussi l’anniversaire du martyre de Monsieur l’abbé Jean-Baptiste Abeillon, né à Coucouron, curé d’Arlempdes (paroisse du diocèse de Viviers avant la révolution): il avait refusé le serment schismatique et fut guillotiné au Puy le 17 juin 1794.

- Jeudi 21 juin : fête de Saint Louis de Gonzague.
A l’occasion de la fête de la musique, Frère Maximilien-Marie propose une audition de chant grégorien, au Mesnil-Marie, à 20h30 :
le second concile du Vatican a rappelé que le chant grégorien est le chant propre de l’Eglise latine et cependant on déplore sa disparition du répertoire des paroisses, cette soirée sera donc l’occasion de découvrir ou de redécouvrir la spiritualité de ce chant plus que millénaire à travers des pièces simples couvrant toute l’année liturgique.

- Samedi 23 juin : vigile de Saint Jean-Baptiste.
Ce soir-là, dans notre hameau, nous allumerons le feu de la Saint Jean

- Dimanche 24 juin : Fête de la nativité de Saint Jean-Baptiste (mémoire du 4ème dimanche après la Pentecôte).

- La semaine du 24 au 30 juin sera marquée par les préparations du festival « Montagne, ouvre-toi! » (cf. > www) et par la présence de plusieurs choeurs des pays de volcans et de sources.

- Mercredi 27 juin : fête de Notre-Dame du Perpétuel Secours.
Frère Maximilien-Marie servira de guide pour la visite de la cathédrale et de la vieille ville du Puy-en-Velay pour la chorale Mater divinae gratiae de Nicolosi (Sicile), qui donnera ce soir-là un concert dans l’église de Saint-Martin de Valamas.

- Vendredi 29 juin : fête des Saints Apôtres Pierre et Paul.

- Samedi 30 juin : fête de Saint Martial.
Festival « Montagne, ouvre-toi! » (cf. > www) et, le soir, concert des Cosaques de Kouban dans l’église Sainte-Marie de Borée.

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2012-34. De Sainte Monique.

En ce 4 mai, jour de sa fête, nous reproduisons ci-dessous le récit des derniers instants de Sainte Monique tel qu’il a été rédigé par son fils, notre glorieux Père Saint Augustin au livre IX des Confessions :

« Seigneur, tu sais que ce jour-là, alors que j’étais avec ma mère, comme nous parlions ainsi et que ce monde pour nous au fil des paroles perdait tout intérêt avec tous ses plaisirs, ma mère dit alors :
« - Mon fils, en ce qui me concerne, plus rien n’a de charme pour moi dans cette vie. Que pourrais-je faire encore ici-bas? Pourquoi y serais-je? Je ne sais pas ; je n’ai plus rien à espérer en ce siècle. Une seule chose me faisait désirer de rester assez longtemps dans cette vie : te voir chrétien catholique avant ma mort. Je suis plus que comblée dans ce que mon Dieu m’a accordé : tu es allé jusqu’à mépriser les félicités de la terre et je te vois son serviteur. Qu’est-ce que je fais ici? »
Que lui ai-je répondu? Je ne m’en souviens pas bien, d’autant que sur ces entrefaites, dans les cinq jours à peine ou ce ne fut guère plus, la fièvre la mit au lit.
Et pendant sa maladie, un jour, elle subit une défaillance et son esprit perdit un instant conscience de ce qui l’entourait. Nous accourûmes, mais elle eut vite repris ses sens ; elle nous vit, mon frère et moi, debout près d’elle, et nous dit avec l’air de quelqu’un qui cherche quelque chose :
– Où étais-je ?
Puis arrêtant ses regards sur nous que la tristesse consternait :
– Vous enterrerez ici votre mère, dit-elle.

Moi, je me taisais et maîtrisais mes larmes ; mais mon frère lui dit quelque chose pour souhaiter, comme un sort plus heureux, qu’elle ne finît pas ses jours sur une terre étrangère, mais dans la patrie. Dès qu’elle entendit cela, son visage devint anxieux, et ses yeux lui lançaient des reproches parce qu’il avait de tels sentiments. Et puis, le regard fixé sur moi :
– Vois ce qu’il dit ! me fit-elle ;
et presque aussitôt, elle ajouta pour tous les deux :
– Enterrez ce corps n’importe où ! Ne vous troublez pour lui d’aucun souci ! Tout ce que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, où que vous soyez.
Elle expliqua sa pensée en s’exprimant comme elle pouvait, puis se tut ; la maladie qui s’aggravait la faisait souffrir.

Mais moi, qui songeais à tes dons, ô Dieu invisible, à ce que tu sèmes dans le cœur de tes fidèles et d’où proviennent les moissons admirables, je me réjouissais et te rendais grâce, me rappelant ce que je savais, l’inquiétude si grande qui l’avait toujours agitée au sujet de la sépulture, qu’elle avait prévue et préparée pour elle près du corps de son mari. Oui, parce qu’ils avaient vécu en parfaite concorde, elle voulait encore, tant l’âme humaine a de peine à comprendre les choses divines, ajouter à ce bonheur et faire dire à son sujet par la postérité : il lui fut accordé, après un long voyage outre-mer, qu’une terre conjointe couvrît la terre des deux conjoints.

Mais à quel moment cette vanité, par la plénitude de ta bonté, avait-elle cessé d’occuper son cœur ?
Je l’ignorais et j’étais dans la joie, tout surpris que ma mère me fut apparue ainsi. Déjà cependant, lors de notre entretien à la fenêtre, elle avait dit : « Que fais-je encore ici ? » et rien n’avait laissé voir qu’elle désirait mourir dans sa patrie. De plus, je l’appris plus tard, à peine étions-nous à Ostie que quelques-uns de mes amis, avec qui en toute confiance maternelle elle s’entretenait un jour sur le mépris de cette vie et le bienfait de la mort, en mon absence, furent stupéfaits d’une telle vertu dans une femme – c’est toi qui la lui avais donnée -, et lui demandèrent si elle ne redoutait pas de laisser son corps si loin de son pays.
– Rien n’est loin pour Dieu, répondit-elle, et il n’y a pas à craindre qu’il ne sache point où me retrouver à la fin du monde pour me ressusciter.
Ainsi donc, au neuvième jour de sa maladie, à la cinquante-sixième année de son âge, à la trente-troisième de mon âge, cette âme religieuse et pieuse se détacha du corps. Je lui fermais les yeux et dans mon cœur s’amassaient les flots d’une immense tristesse… »

la mort de Ste Monique - B. Gozzoli

Benozzo Gozzoli : mort de Sainte Monique

Prière de Saint Augustin pour le repos de l’âme de sa mère :

« O mon Dieu, je ne laisse pas de pleurer en votre présence pour celle qui vous a si fidèlement servi, pour celle qui, après m’avoir porté dans son sein pour me faire naître à la lumière passagère de ce monde, me porta depuis dans son coeur, afin de me faire renaître à votre lumière éternelle.

O Dieu de mon coeur, Dieu de miséricorde, quelque sujet que j’aie de me réjouir en vous et de vous rendre grâces de tout le bien que fit ma mère pendant sa vie, je veux laisser à part, quant à présent, toutes ses bonnes oeuvres, et je viens implorer auprès de vous le pardon de ses péchés.

Exaucez-moi, je vous en conjure, par les mérites de celui qui fut attaché pour nous à une croix, et qui, maintenant assis à votre droite, ne cesse d’intercéder pour nous.

Je sais que votre servante a pratiqué les oeuvres de miséricorde, et qu’elle a pardonné du fond de son coeur à ceux qui l’avait offensée : pardonnez-lui donc aussi, mon Dieu, les fautes qu’elle a pu commettre envers vous pendant tout le temps qui s’est passé depuis son baptême jusqu’à sa mort.
Pardonnez-lui, Seigneur, je vous en supplie ; que votre miséricorde l’emporte sur votre justice, parce que vous êtes fidèle dans vos promesses, et que vous avez promis la miséricorde à ceux qui auront été miséricordieux.

Je crois que vous avez déjà fait pour mère ce que je vous demande ; et cependant, Seigneur, puissent les prières que je vous offre être agréables à vos yeux. Elle-même nous recommanda de vous les adresser, et de nous souvenir d’elle à l’autel du Seigneur.

N’oubliez pas, mon Dieu, que celle pour qui je vous prie avait fortement attaché son âme, par les liens d’une foi inébranlable, à cet admirable mystère de notre rédemption. Que rien ne puisse donc l’arracher à la protection de son Dieu ! Que l’ennemi ne réussisse, ni par la ruse, ni par la force, à la séparer de vous ; que son âme repose dans la paix éternelle. Ainsi soit-il!

S. Agostino Roma - Urna di S.Monica

Sarcophage contenant les restes de Sainte Monique dans la basilique Saint Augustin à Rome

2012-33. Reposez en paix, Madame!

Nous venons d’apprendre avec tristesse le rappel à Dieu

ce 2 mai 2012

de 

Madame la duchesse douairière d’Anjou et duchesse de Ségovie 

2012-33. Reposez en paix, Madame! dans Annonces & Nouvelles 577288_10150870642778210_564603209_11827949_281331196_n

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Née Emmanuelle de Dampierre des ducs de San Lorenzo
le 8 novembre 1913,
Madame vient de s’éteindre, ce 2 mai 2012,
dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année,

en sa résidence du Palais Massimo, à Rome. 

Elle était veuve de feu Monseigneur le duc d’Anjou et de Ségovie
(de jure Sa Majesté le Roi Henri VI),

la mère de feu Monseigneur le duc d’Anjou et de Cadix
(de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II),

la grand-mère de Monseigneur le duc d’Anjou et de Bourbon
(de jure Sa Majesté le Roi Louis XX)
et l’arrière-grand-mère de Monseigneur le Dauphin Louis, duc de Bourgogne. 

Madame fut pendant plusieurs décades l’âme du Légitimisme.
Nous avions eu le grand honneur de lui être présentés
soit à Paris, à l’occasion des cérémonies organisées autour du 21 janvier,
soit à Rome, à l’occasion des pèlerinages avec l’association des descendants des Zouaves Pontificaux.

Que le Christ-Roi accueille son âme dans Son céleste Royaume ! 

 

fleur-de-lys 3 mai 2012 dans Intentions de priere

2012-31. Principaux évènements prévus en mai 2012.

2012-31. Principaux évènements prévus en mai 2012. dans Annonces & Nouvelles DSC06653-Copie-300x225

Pour nous rejoindre (pour ceux qui nous sont géographiquement les plus proches) ou vous associer par l’intention (pour ceux qui sont loin) aux principaux évènements qui vont jalonner ce mois en notre Mesnil-Marie :

1) Les dimanches et jours de fêtes : participation à la Messe paroissiale (paroisse de rite latin traditionnel), à 10h30, en l’église de Ceyssac (43000).

2) Le chapelet récité dans l’oratoire du Mesnil-Marie devant la statue de Notre-Dame de Compassion est l’occasion de recommander au Coeur douloureux et immaculé de Marie les intentions qui nous sont confiées.

3) Mardi 8 mai : fête de Marie médiatrice de toutes grâces, pèlerinage en l’honneur de Notre-Dame (lieu à préciser, nous contacter > www)

3) Dimanche 13 mai : solennité de Sainte Jeanne d’Arc – fête nationale.

4) Mardi 15 mai : Veillée Culture & Patrimoine, au Mesnil-Marie = « les Contes de Nannette Lévesque », par notre amie Elodie Blanc, historienne et conteuse.

A préciser : l’un des trois jours des Rogations (14, 15 ou 16 mai), Sainte Messe dans l’oratoire du Mesnil-Marie et procession pour implorer la bénédiction et la protection de Dieu sur les travaux et activités des hommes.

5) Du vendredi 18 au samedi 26 mai : neuvaine au Saint-Esprit préparatoire à la fête de la Pentecôte, voir ici > www.

6) Dimanche de la Pentecôte 27 mai : Baptême et première communion de Jean-Baptiste (9 ans et demi, préparé par Frère Maximilien-Marie qui sera son parrain), recommandé aux prières de tous les amis du Refuge Notre-Dame de Compassion.

arms-Copie dans De liturgia

Intentions recommandées par notre Saint-Père le Pape Benoît XVI
pour le mois de mai 2012 :

Intention de prière générale : « Pour que soient prises des initiatives qui défendent et renforcent dans la société le rôle de la famille »

Intention missionnaire : « Pour que Marie, Reine du monde et Etoile de l’évangélisation, accompagne tous les missionnaires dans l’annonce de son Fils Jésus ».

2012-28. Sainte Lydwine de Schiedam (fêtée le 14 ou le 15 avril).

La vie de Sainte Lydwine, fêtée le 14 ou le 15 avril (cela dépend des calendriers particuliers : au Mesnil-Marie nous la fêtons le 15, en raison de la fête de Saint Bénézet, cf. > ici) nous conduit à nous approcher – non sans que la nature humaine ne s’en effraie – à l’un des mystères les plus bouleversants de notre vocation chrétienne : la communion aux souffrances du Seigneur Jésus-Christ. Celle-ci, chez certaines âmes d’élite, peut arriver au point qu’elles vont endurer de véritables « supplices » physiques et moraux qui paraissent cruels et épouvantables, mais au travers desquels se réalise la parole de Saint Paul : « Ce qui manque à la Passion du Christ, je l’achève en ma propre chair, pour Son Corps qui est l’Eglise » (Col. I, 24).

2012-28. Sainte Lydwine de Schiedam (fêtée le 14 ou le 15 avril). dans De liturgia 100px-Ordem_Avis.svg_

Lydwine est née le dimanche des Rameaux 18 mars 1380 à Schiedam – petite ville des Pays-Bas -, dans une famille qui était d’origine noble mais tombée dans la pauvreté. Elle était la cinquième, et l’unique fille, de neuf enfants : quatre garçons naquirent avant elle et quatre autres garçons après elle.

Enfant pleine de charme, elle était aussi dès son plus jeune âge attirée par les choses de Dieu au point que vers l’âge de sept ans elle était déjà résolue de se consacrer entièrement au service du Christ.
A partir de son adolescence, sa beauté lui valut des admirateurs et, bien qu’encore très jeune, elle fit l’objet de demandes en mariage. Lydwine les repoussa énergiquement en disant à ses parents : « Je demanderais plutôt à Dieu de me rendre laide pour repousser les regards des hommes. »
Dieu la prit au mot.

Dunselman chute de Lydwine

Chute de Lydwine sur la glace

Elle avait une quinzaine d’années lorsqu’elle fit une chute – en faisant du patin sur un étang gelé – : elle eût une côte brisée.
On la transporta sur son lit et … elle ne le quitta plus jusqu’à sa mort, trente-huit ans plus tard !
Car, malgré tous les soins prodigués, le mal ne fit qu’empirer : d’abord un abcès se forma qui ne lui permettait plus de rester ni couchée, ni assise, ni levée ; perdant l’usage de ses jambes, elle se traînait sur les genoux, sur les coudes, se cramponnant aux meubles.

Ses pleurs, ses cris, ses gémissements effrayaient et éloignaient tout le monde, sauf ses admirables parents, qui ne cessèrent de la soigner avec amour. Mais peu à peu il lui devint même impossible de ramper ainsi.

Trois plaies profondes s’ouvrirent dans son pauvre corps, dont l’une se remplit de vers, qui y grouillaient en telle quantité qu’on en retirait jusqu’à deux cents en vingt-quatre heures. Comme on soulageait les ulcères, une tumeur lui vint à l’épaule, à laquelle s’ajouta bientôt le « mal des ardents » qui dévora ses chairs jusqu’aux os.
Ainsi Lydwine, couchée sur le dos, impuissante à se remuer, n’avait plus que l’usage de la tête et du bras gauche, torturée sans cesse, perdant son sang, dévorée de vers, et pourtant vivant et gardant assez de forces pour ne pas mourir.
À cette nomenclature incomplète de ses maux, il faut ajouter la torture des remèdes inventés par l’ignorante bonne volonté des médecins, qui ne réussirent guère qu’à remplacer une maladie par une autre. 

Malgré ces tourments qui semblent inhumains tellement ils font frémir, Lydwine intensifia son union à Dieu et vécut une intense union au Rédempteur. Elle avait compris que ce qui lui arrivait était une disposition particulière de la Providence dans laquelle elle entra totalement, offrant ses souffrances pour les âmes et pour l’Eglise.

Car en fait, les maladies, les plaies et l’espèce de décomposition physique dans laquelle elle vivait sans mourir étaient en quelque sorte la transposition dans sa chair de la décadence dont la Sainte Eglise souffrait en Occident à cette terrible époque. Lydwine portait tout cela avec un esprit surnaturel, victime de substitution, pour obtenir à l’Eglise la grâce du renouveau spirituel et du retour à l’unité autour du Pape légitime (Lydwine est en effet contemporaine du grand schisme d’Occident qui vit la division de l’Eglise autour de deux puis de trois papes!!!). Elle reçut les sacrés stigmates de la Passion du Seigneur. Et à partir de 1414, jusqu’à sa mort, c’est à dire pendant dix-neuf ans, elle ne se nourrit que de la Sainte Eucharistie.

Dunselman l'Enfant Jésus apparait à Lydwine dans la Sainte Hostie

Sainte Lydwine a une apparition de l’Enfant Jésus dans la Sainte Eucharistie

Jusqu’à la fin, ses maux s’aggravèrent ; mais ses plaies, ses vomissements n’exhalaient plus que des odeurs suaves et parfumées. Aussi on venait plus volontiers la voir, entretenir et écouter ses pieuses exhortations. Rien de plus ardent que sa charité, toujours au service des malheureux qu’elle secourait malgré son indigente pauvreté, et des affligés qui trouvaient auprès d’elle consolation.
On doit aussi ajouter d’incroyables grâces mystiques : bilocation, lecture dans les âmes, réception des sacrés stigmates et participation régulière à la Passion de Jésus, visions du Christ et de la Vierge, compagnie familière de son Ange Gardien qui l’emmena – alors que son corps restait sur son lit de souffrance – visiter les lieux saints et lui fit rencontrer de pieux personnages contemporains qui vivaient à des milliers de kilomètres de là… etc.

Dunselman vie mystique de Lydwine

Quelques unes des grâces mystiques de Sainte Lydwine

Ce fut le mardi de Pâques de l’an 1433 – à l’âge de 53 ans – que Lydwine acheva la montée de son Calvaire : sa passion avait duré un peu plus de trente-sept ans.
Aussitôt son pauvre corps exténué, défiguré, reprit ses couleurs, son embonpoint et la beauté de sa jeunesse ; il exhalait un parfum plus suave que jamais.
Ce corps fut conservé intact, miraculeusement, mais au XVIème siècle les protestants le brûlèrent et on ne conserve plus, en guise de reliques, que les os calcinés retrouvés dans le bûcher…
Aujourd’hui, en nos temps où les chrétiens eux-mêmes ont tellement perdu le sens de la communion aux souffrances rédemptrices du Christ, l’exemple de Sainte Lydwine vient nous « secouer » et nous ramener à cette grande leçon : la grâce ne peut être obtenue que par l’union à Jésus crucifié !

Schiedam : basilique de Sainte Lydwine (le sancturaire)

Vue du sanctuaire de la basilique de Sainte Lydwine

Nota :
la vie de Sainte Lydwine a été écrite en détail avec brio par J.K. Huysmans

Huysmans : vie de Sainte Lydwine

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