Archive pour la catégorie 'De Maria numquam satis'

2024-277. La Très Sainte Mère de Dieu est aussi notre Mère et la Médiatrice universelle.

12 décembre,
Fête de Notre-Dame de Guadalupe (cf. > ici) ;
Mémoire du 5ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire du Bienheureux Calixte II, pape et confesseur (cf. > ici) ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

       Nous continuons notre lecture de l’encyclique « Ad diem illum » du Saint Pape Pie X, dont nous avons déjà donné des extraits (cf. ici et > ici). Dans le passage suivant le saint pontife résume l’enseignement de la Tradition concernant la maternité spirituelle de la Très Sainte Vierge Marie et sa médiation universelle.

5ème jour octave Immaculée illustration encyclique de Saint Pie  - blogue

       « Et maintenant, pour peu que nous considérions combien de motifs et combien pressants invitent cette Mère très sainte à nous donner largement de l’abondance de ces trésors, quels surcroîts n’y puisera pas notre espérance !

   Marie n’est-elle pas la Mère de Dieu ? Elle est donc aussi notre Mère.

   Car un principe à poser, c’est que Jésus, Verbe fait chair, est en même temps le Sauveur du genre humain. Or, en temps que Dieu-Homme, Il a un corps comme les autres hommes ; en tant que Rédempteur de notre race, un corps spirituel, ou, comme on dit, mystique, qui n’est autre que la société des chrétiens liés à lui par la foi. Nombreux comme nous sommes, nous faisons un seul corps en Jésus-Christ (Rom. XII, 5).
Or, la Vierge n’a pas seulement conçu le Fils de Dieu afin que, recevant d’elle la nature humaine, Il devint homme ; mais afin qu’Il devînt encore, moyennant cette nature reçue d’elle, le Sauveur des hommes. Ce qui explique la parole des anges aux bergers : Un Sauveur vous est né, qui est le Christ, le Seigneur (Luc II, 11).

   Aussi, dans le chaste sein de la Vierge, où Jésus a pris une chair mortelle, là même Il S’est adjoint un corps spirituel formé de tous ceux qui devaient croire en Lui : et l’on peut dire que, tenant Jésus dans son sein, Marie y portait encore tous ceux dont la vie du Sauveur renfermait la vie.

   Nous tous donc, qui, unis au Christ, sommes, comme parle l’Apôtre, les membres de Son corps issus de Sa chair et de Ses os (Ephes. V, 30), nous devons nous dire originaires du sein de la Vierge, d’où nous sortîmes un jour à l’instar d’un corps attaché à sa tête.

   C’est pour cela que nous sommes appelés, en un sens spirituel, à la vérité, et tout mystique, les fils de Marie, et qu’elle est, de son côté, notre Mère à tous. Mère selon l’esprit, Mère véritable néanmoins des membres de Jésus-Christ, que nous sommes nous-mêmes (S. Aug., Lib. de S. Virginitate, c. VI). Si donc la bienheureuse Vierge est tout à la fois Mère de Dieu et des hommes, qui peut douter qu’elle ne s’emploie de toutes ses forces, auprès de son Fils, tête du corps de l’Eglise (Coloss. I, 18), afin qu’Il répande sur nous qui sommes Ses membres les dons de Sa grâce, celui notamment de la connaître et de vivre par Lui (1 Joan. IV, 9) ?

   Mais il n’est pas seulement à la louange de la Vierge qu’elle a fourni la matière de sa chair au Fils unique de Dieu, devant naître avec des membres humains (S. Bède le Vénérable., l. IV, in Luc. XI), et qu’elle a ainsi préparé une victime pour le salut des hommes ; sa mission fut encore de la garder, cette victime, de la nourrir et de la présenter au jour voulu, à l’autel.

   Aussi, entre Marie et Jésus, perpétuelle société de vie et de souffrance, qui fait qu’on peut leur appliquer à égal titre cette parole du Prophète : Ma vie s’est consumée dans la douleur et mes années dans les gémissements (Ps. XXX, 11). Et quand vint pour Jésus l’heure suprême, on vit la Vierge debout auprès de la croix, saisie sans doute par l’horreur du spectacle, heureuse pourtant de ce que son Fils S’immolait pour le salut du genre humain, et, d’ailleurs, participant tellement à Ses douleurs que de prendre sur elle les tourments qu’Il endurait lui eût paru, si la chose eût été possible, infiniment préférable (S. Bonav., I Sent., d. 48, ad Litt., dub. 4).

   La conséquence de cette communauté de sentiments et de souffrances entre Marie et Jésus, c’est que Marie mérita très légitimement de devenir la réparatrice de l’humanité déchue (Eadmer, De Excellentia Virg. Mariæ, c. IX), et, partant, la dispensatrice de tous les trésors que Jésus nous a acquis par Sa mort et par Son sang.

   Certes, l’on ne peut dire que la dispensation de ces trésors ne soit un droit propre et particulier de Jésus-Christ, car ils sont le fruit exclusif de Sa mort, et Lui-même est, de par Sa nature, le médiateur de Dieu et des hommes.
Toutefois, en raison de cette société de douleurs et d’angoisses, déjà mentionnée, entre la Mère et le Fils a été donné à cette auguste Vierge d’être auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du monde entier (Pie IX, in Bull. Ineffabilis).

   La source est donc Jésus Christ : de la plénitude de qui nous avons tout reçu (Joan. I, 16) ; par qui tout le corps, lié et rendu compact moyennant les jointures de communication, prend les accroissements propres au corps et s’édifie dans la charité (Ephes. IV, 16).
Mais Marie, comme le remarque justement Saint Bernard, est l’aqueduc (Serm. de temp.in Nativ. B. V.,  « De Aquæductu », n. 4) ; ou, si l’on veut, cette partie médiane qui a pour propre de rattacher le corps à la tête et de transmettre au corps les influences et efficacités de la tête, Nous voulons dire le cou.
Oui, dit Saint Bernardin de Sienne, elle est le cou de notre chef, moyennant lequel celui-ci communique à Son corps mystique tous les dons spirituels (S. Bernardin de Sienne, Quadrag. de Evangelio æterno, Serm. X, a. III, c.3).
Il s’en faut donc grandement, on le voit, que Nous attribuions à la Mère de Dieu une vertu productrice de la grâce, vertu qui est de Dieu seul. Néanmoins, parce que Marie l’emporte sur tous en sainteté et en union avec Jésus-Christ et qu’elle a été associée par Jésus-Christ à l’œuvre de la rédemption, elle nous mérite de congruo, comme disent les théologiens, ce que Jésus-Christ nous a mérité de condigno, et elle est le ministre suprême de la dispensation des grâces. Lui, Jésus, siège à la droite de la majesté divine dans la sublimité des cieux (Hebr. I, 3). Elle, Marie, se tient à la droite de son Fils ; refuge si assuré et secours si fidèle contre tous les dangers, que l’on n’a rien à craindre, à désespérer de rien sous sa conduite, sous ses auspices, sous son patronage, sous sa protection (Pie IX, in Bull. Ineffabilis).

   Ces principes posés, et pour revenir à notre dessein, qui ne reconnaîtra que c’est à juste titre que Nous avons affirmé de Marie que, compagne assidue de Jésus, de la maison de Nazareth au plateau du Calvaire, initiée plus que toute autre aux secrets de Son Cœur, dispensatrice, comme de droit maternel, des trésors de Ses mérites, elle est, pour toutes ces causes, d’un secours très certain et très efficace pour arriver à la connaissance et à l’amour de Jésus-Christ ?
Ces hommes, hélas ! nous en fournissent dans leur conduite une preuve trop péremptoire qui, séduits par les artifices du démon ou trompés par de fausses doctrines, croient pouvoir se passer du secours de la Vierge. Infortunés, qui négligent Marie sous prétexte d’honneur à rendre à Jésus-Christ ! Comme si l’on pouvait trouver l’Enfant autrement qu’avec la Mère ! »

Saint Pie X,
dans l’encyclique « Ad diem illum » du 2 février 1904
pour célébrer le 50ème anniversaire de la proclamation du dogme
de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Vignette typographique Vierge Marie attitude Médaille miraculeuse - blogue

2024-276. La Vierge immaculée est le moyen privilégié pour connaître Jésus et pour acquérir Sa vie divine.

11 décembre,
Fête de Saint Damase 1er, pape et confesseur (cf. > ici) ;
Mémoire du 4ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
Anniversaire de la publication de l’encyclique « Quas primas » (11 déc. 1925 – cf. > ici).

       En avançant dans les jours de l’octave de l’Immaculée Conception, avançons aussi dans l’approfondissement de notre dévotion mariale en continuant de lire et de méditer des passages de l’encyclique « Ad diem illum » du Saint Pape Pie X, dont nous avons déjà donné un premier extrait (cf. > ici ).

Vierge à l'Enfant type vitrail Fr.Mx.M. - blogue

       « Qu’il appartienne à la Vierge, surtout à elle, de conduire à la connaissance de Jésus, c’est de quoi l’on ne peut douter, si l’on considère, entre autres choses, que, seule au monde, elle a eu avec Lui, dans une communauté de toit et dans une familiarité intime de trente années, ces relations étroites qui sont de mise entre une mère et son fils.
Les admirables mystères de la naissance et de l’enfance de Jésus, ceux notamment qui se rapportent à Son Incarnation, principe et fondement de notre foi, à qui ont-ils été plus amplement dévoilés qu’à Sa Mère ? Elle conservait et repassait dans son cœur (Luc II, 19) ce qu’elle avait vu de Ses actes à Bethléem, ce qu’elle en avait vu à Jérusalem dans le temple ; mais initiée encore à Ses conseils et aux desseins secrets de Sa volonté, elle a vécu, doit-on dire, la vie même de son Fils.
Non, personne au monde comme elle n’a connu à fond Jésus ; personne n’est meilleur maître et meilleur guide pour faire connaître Jésus.

   Il suit de là, et Nous l’avons déjà insinué, que personne ne la vaut, non plus, pour unir les hommes à Jésus.
Si, en effet, selon la doctrine du divin Maître, la vie éternelle consiste à Vous connaître, Vous qui êtes le seul vrai Dieu, et Celui que Vous avez envoyé, Jésus-Christ (Jean XVII, 3) : comme nous parvenons par Marie à la connaissance de Jésus-Christ, par elle aussi, il nous est plus facile d’acquérir la vie dont Il est le principe et la source ».

Saint Pie X,
dans l’encyclique « Ad diem illum » du 2 février 1904
pour célébrer le 50ème anniversaire de la proclamation du dogme
de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Monogramme de Marie vitrail avec anges - blogue

2024-275. Nous aimons écouter inlassablement : les « litaniae lauretanae » de Jan-Dismas Zelenka.

10 décembre,
Fête de la Translation de la Sainte Maison de Lorette (cf. ici) ;
Mémoire du 3ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Melchiade, pape et martyr ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

Litaniae lauretanae

       Les litanies de la Sainte Vierge, devenues litanies officielles de la Sainte Eglise romaine pour prier la Très Sainte Mère de Dieu, sont appelées litanies de Lorette (litaniae lauretanae) parce que c’est dans ce sanctuaire qu’elles ont été d’abord chantées, probablement à partir du XVème siècle, avant d’être très largement diffusées au cours du XVIIème siècle (approbation pontificale en 1601 par Clément VIII qui les intégra dans le rite romain) et de devenir particulièrement chères à la piété catholique.

   En cette fête de la Translation de la Sainte Maison de Nazareth jusqu’à Lorette, dans la Marche d’Ancône, nous vous invitons à découvrir (ou réécouter pour ceux qui le connaissent déjà) l’un des nombreux chefs d’œuvres musicaux composés pour ces litanies de Lorette, et que nous devons au merveilleux Jan-Dismas Zelenka (1679-1745) : l’âme est portée par la sublimité baroque de ces invocations égrenées de façon extatique.

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   Quelle merveilleuse prière contemplative que la récitation de ces invocations magnifiant notre très douce Mère céleste auxquelles nous ajoutons inlassablement « Ora pro nobis : priez pour nous ! »

gravure du XVIIe siècle avec les invocations des litanies de Lorette

Gravure de la fin du XVIème siècle avec des invocations à la Vierge de Lorette
avant leur fixation définitive et leur intégration au rite romain

2024-274. La Très Sainte Vierge Marie est au fondement de notre foi.

10 décembre,
Fête de la Translation de la Sainte Maison de Lorette (cf. > ici) ;
Mémoire du 3ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire de Saint Melchiade, pape et martyr ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

       L’octave de l’Immaculée Conception est une invitation à approfondir sans cesse les incommensurables merveilles que Dieu a accomplies en celle qui deviendrait la Mère du Verbe incarné : faisons-le aujourd’hui en relisant et méditant ces lignes du pape Saint Pie X.

Immaculée Conception - illustration  pour le 3ème jour de l'octave texte St Pie X - blogue

       « (…) Qui ne tient pour établi qu’il n’est route ni plus sûre ni plus facile que Marie par où les hommes puissent arriver jusqu’à Jésus-Christ, et obtenir, moyennant Jésus-Christ, cette parfaite adoption des fils, qui fait saint et sans tache sous le regard de Dieu ?

   Certes, s’il a été dit avec vérité à la Vierge : Bienheureuse qui avez cru, car les choses s’accompliront qui vous ont été dites par le Seigneur (Luc I, 45), savoir qu’elle concevrait et enfanterait le Fils de Dieu ; si, conséquemment, elle a accueilli dans son sein Celui qui par nature est Vérité, de façon que, engendré dans un nouvel ordre et par une nouvelle naissance …, invisible en Lui-même, Il Se rendît visible dans notre chair (S. Léon le Grand, Serm. 2 de Nativ. Domini, c. II) ; du moment que le Fils de Dieu est l’auteur et le consommateur de notre foi (Héb. XII, 2), il est de toute nécessité que Marie soit dite participante des divins mystères et en quelque sorte leur gardienne, et que sur elle aussi, comme sur le plus noble fondement après Jésus-Christ, repose la foi de tous les siècles.

   Comment en serait-il autrement ? Dieu n’eût-Il pu, par une autre voie que Marie, nous octroyer le Réparateur de l’humanité et le Fondateur de la foi ? Mais, puisqu’il a plu à l’éternelle Providence que l’Homme-Dieu nous fût donné par la Vierge, et puisque celle-ci, L’ayant eu de la féconde vertu du divin Esprit, L’a porté en réalité dans son sein, que reste-t-il si ce n’est que nous recevions Jésus des mains de Marie ?

   Aussi, voyons-nous que dans les Saintes Écritures, partout où est prophétisée la grâce qui doit nous advenir(1 Petr. I, 10), partout aussi, ou peu s’en faut, le Sauveur des hommes y apparaît en compagnie de Sa Sainte Mère. Il sortira, l’Agneau dominateur de la terre, mais de la pierre du désert ; elle montera, la fleur, mais de la tige de Jessé. A voir, dans l’avenir, Marie écraser la tête du serpent, Adam contient les larmes que la malédiction arrachait à son cœur. Marie occupe la pensée de Noé dans les flancs de l’arche libératrice ; d’Abraham, empêché d’immoler son fils ; de Jacob, contemplant l’échelle où montent et d’où descendent les anges ; de Moïse, en admiration devant le buisson qui brûle sans se consumer ; de David, chantant et sautant en conduisant l’arche divine ; d’Elie, apercevant la petite nuée qui monte de la mer. Et, sans nous étendre davantage, nous trouvons en Marie, après Jésus, la fin de la loi, la vérité des images et des oracles… »

Saint Pie X,
dans l’encyclique « Ad diem illum » du 2 février 1904
pour célébrer le 50ème anniversaire de la proclamation du dogme
de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Monogramme de Marie couronné - vignette blogue

2024-271. « Elle a été la seule à contenir Celui que le monde ne peut pas contenir ».

5 décembre,
Fête de Saint Pierre de Ravenne, dit Chrysologue, évêque, confesseur et docteur de l’Eglise ;
Mémoire de Saint Sabas, abbé et confesseur.

       La fête de Saint Pierre de Ravenne nous incline à prêter quelque attention à ces fameux sermons qui lui ont valu le surnom de Chrysologueparole d’or -, et dans ce temps de l’Avent, voici celui qui porte le n° CXLIII et porte sur le mystère de l’Annonciation à la Bienheureuse Vierge Marie et à l’Incarnation du Verbe.

Jean Restout - Annonciation

Jean II Restout, dit le Jeune (1692-1768) : Annonciation
[Musée des Beaux Arts, Orléans].

Monogramme de Marie couronné - vignette

Sermon de Saint Pierre Chrysologue

sur

l’Annonciation à la Bienheureuse Vierge Marie

       Le sacrement de l’ineffable naissance du Seigneur,  il convient de le croire plutôt que d’en débattre.
La vierge a enfanté. Comment un sermon humain pourrait-il raconter ce qui n’est pas au pouvoir de la nature, ce dont on a jamais eu l’expérience, ce que la raison ignore, ce que l’esprit ne comprend pas, ce qui épouvante le ciel, stupéfie la terre, met la créature dans tous ses états ?
Et pourtant, l’évangéliste dévoile la conception et l’enfantement de la Vierge avec des mots humains de tous les jours, le scellant ainsi du sceau divin. Et il agit ainsi pour que ce que l’homme a l’obligation de croire il ne présume pas de le discuter.
Qui peut pénétrer les mystères divins comme l’enfantement de la Vierge, les causes des êtres, l’ordre du cosmos, les échanges entre la Divinité et la chair ? Qui peu comprendre que l’homme et Dieu sont un seul et même Dieu ?
L’évangéliste parle ainsi : « L’ange Gabriel a été envoyé par Dieu dans une cité de Galilée dont le nom était Nazareth, à une femme accordée en mariage à un homme du nom de Joseph, et le nom de la Vierge était Marie » (cf. Luc I, 26-27).

   Un ange a été envoyé par Dieu.
Là où c’est un ange qui est le médiateur, l’homme doit cesser de se faire une opinion par lui-même. Là où l’envoyé vient du ciel, toute interprétation purement humaine doit être rejetée. La curiosité humaine entre en torpeur là où l’ambassadeur est céleste.
L’ange a été envoyé par Dieu. Celui qui porte toute son  attention sur le  fait qu’il a été envoyé par Dieu s’interdit de scruter en profondeur le secret de la Déité. Ce que Dieu communique, par l’intermédiaire de Son ange, seul mérite de le savoir celui qui craint de le savoir.
Ecoute le Seigneur qui dit : « Sur qui poserai-Je Mes yeux si ce n’est sur l’humble, le doux, et sur celui qui tremble en entendant Ma parole ?» (cf. Is. LXVI, 2).
L’humble et le doux. Autant il est docile celui qui obéit aux ordres, autant il est indocile celui qui les conteste.

Monogramme de Marie couronné - vignette

   L’ange est envoyé à une vierge. Parce que la virginité est toujours connue des anges. Vivre dans la chair en marge de la chair, ce n’est pas une vie terrestre, mais céleste.
Et si  vous voulez le savoir, acquérir la gloire angélique est une plus grande chose que la posséder. L’ange n’a que le bonheur de l’être, mais la virginité, c’est la vertu qui la faite. La virginité obtient par l’ascèse ce que l’ange possède par nature.
L’ange et la vierge remplissent donc une fonction divine, non humaine.
Après être entré, l’ange lui dit :  « Salut, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes » (Luc I, 28).

   « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ».
Vous voyez les présents qui  sont donnés en gage à la Vierge ?  « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ».
« Salut »,  ce qui veut dire :  recevez !  Quoi ?  Les vertus en don, mais non la pudeur.
« Salut, pleine de grâce » ! Voici la grâce qui a donné la gloire aux cieux, Dieu à la terre, la foi aux Gentils, un terme aux vices, une règle de vie, une discipline morale.
Cette grâce que l’ange a apportée, la Vierge  l’a reçue pour rendre le salut aux siècles.
« Salut, pleine de grâce ». Parce qu’à chacun, la grâce est donnée par bribes ; mais à Marie, c’est toute la plénitude de la grâce qui s’est donnée à elle en entier.
« Tous, dit l’évangéliste, nous avons reçu de Sa plénitude » (Jean I, 16). David a dit lui aussi dans le même sens : « Elle descendit comme de la pluie dans une toison » (Ps. XVIII, 5). La laine, bien qu’elle appartienne au corps, ne connaît pas les passions du corps. Ainsi en va-t-il de la virginité : bien qu’elle soit dans la chair, elle ignore les vices de la chair. La pluie céleste  se répand donc dans la toison virginale en y pénétrant goutte par goutte. Et comme des gouttes qui s’infiltrent dans la terre. Pour que les temps, qui sont dévolus à la foi, irriguent les semences avec des gouttes vivifiantes, au lieu de les tuer.

Monogramme de Marie couronné - vignette

   « Salut, pleine de grâce,  le Seigneur est avec vous ».
L’ange est envoyé par Dieu, et que dit-il ? « Le Seigneur est avec vous ».
Dieu était donc déjà avec la Vierge quand l’ange lui a été envoyé. Dieu a précédé Son messager, sans s’éloigner de Sa divinité.
Il ne peut pas être contenu par les lieux Celui qui est présent dans tous les lieux. Et Il est tout entier partout Celui sans Lequel rien n’est tout.   

   « Vous êtes bénie entre toutes les femmes ».
Elle est vraiment bénie la Vierge qui a rempli jusqu’au bout la dignité de la maternité, sans perdre la gloire de la virginité.
Oui, elle est vraiment bénie celle qui a mérité la grâce d’une conception céleste, tout en maintenant la couronne de l’intégrité.
Elle est vraiment bénie celle qui a reçu la gloire d’un divin fœtus, sans cesser d’être la reine de la chasteté dans toute sa plénitude.
Vraiment bénie celle qui a été plus grande que le ciel, plus forte que la terre, plus élevée que tout ce qu’il y a dans la création, car elle a été la seule à contenir Celui que le monde ne peut pas contenir. Elle a porté Celui qui porte l’univers. Elle a engendré son Géniteur. Elle a nourri Celui qui nourrit tous les vivants.

Monogramme de Marie couronné - vignette

   Mais jetons un coup d’œil à ce que dit l’évangéliste : Quand Marie vit l’ange, elle fut troublée par ses paroles.
La chair est troublée, les viscères sont secoués, l’esprit frémit, son cœur magnanime est frappé de stupeur.
Le temple du corps humain était troublé, et l’étroitesse du domicile charnel comprimait les organes, quand, dans le sein de la Vierge, s’est cachée toute la grandeur de Dieu.

   Mais, si le cœur vous en dit, avant de pénétrer plus avant dans le mystère de la foi chrétienne, adressons-nous à ceux qui considèrent injurieux à la divinité l’enfantement virginal, le sacrement de la piété, la réparation du genre humain par le Sauveur.
Dieu est venu chez la Vierge, l’Artisan chez Son œuvre, le Créateur chez Sa créature.
Quand donc la restauration d’une œuvre ne rejaillit-elle pas  sur l’honneur de l’artisan ? Quand donc l’honneur n’est-il pas réputé de la gloire, si le fabriquant répare ce qu’il a  fabriqué ? Quand l’homme vieillit, ne retourne-t-il pas à son œuvre pour ne pas la perdre ? Si elle se détériore, ne la  rajeunira-t-il pas ? Et si elle s’effondre, ne la reconstruira-t-il pas en mieux ?
L’enfantement d’une Vierge n’est donc pas une injure au Créateur, mais le salut de la créature. Si Dieu a fait l’homme, qui trouve mauvais qu’Il le refasse ? Et si l’on pense qu’il a été digne de Dieu de former l’homme avec du limon,  pourquoi  juge-t-on qu’il a été indigne de Lui de le réformer avec une chair ? Qu’est-ce qui est le plus précieux, le limon ou la chair ?
Donc, plus est précieuse la matière de notre réparation, plus grande est la gloire.

Monogramme de Marie couronné - vignette

   Mais quand donc le Créateur n’est-Il pas à l’intérieur de l’utérus humain ? Ecoute Job : « Vos mains m’ont fait, Vos mains m’ont façonné » (Job X, 8). Et David :  « Vous m’avez formé et Vous avez posé sur moi Votre main » (Ps. CXXXVIII, 5). Et Dieu à Jérémie : « Avant que tu sois dans le sein de ta mère, Je t’ai connu, et dans l’utérus, Je t’ai sanctifié » (Jér. I, 5).
Si donc Dieu a fixé les linéaments de Job quand il était dans le sein de sa mère,  s’Il a façonné les membres de David quand il était  dans l’utérus de sa mère,  s’Il a sanctifié Jérémie dans le ventre de sa mère,  s’Il a rempli du Saint-Esprit Jean le Baptiste dans le sein de sa mère,  pourquoi s’étonner s’Il a habité dans le sein d’une vierge, Lui qui a tiré la femme d’une côte de l’homme ?
Il est allé rechercher l’Homme dans le sein de la Vierge Celui qui avait formé la vierge du corps de l’homme.
Tu vois donc, ô homme, que ce qui te parait une nouveauté est pour Dieu une vieillerie.

   Mais tu dis :  quelle nécessité y avait-il à la naissance d’un Dieu qui peut faire tout ce qu’Il veut ?  Laquelle ?
Pour refaire en naissant la nature qu’Il avait faite en la façonnant. Parce que celle qui avait été faite pour engendrer des vivants a engendré des mortels. Par le péché du premier homme, la nature a reçu un coup mortel, et ce qui était l’entame de la vie a commencé à être l’origine de la mort.

   Voilà donc quel est cet échange admirable de la Nativité qui a forcé le Christ à naître, pour que la naissance du Créateur procure la guérison à la nature, et pour que la guérison de la nature soit la reviviscence des fils.

Jean Restout II le Jeune Annonciation Orléans - détail

Jean II Restout, dit le Jeune : Annonciation (détail)

2024-266. Afin qu’elle fût toujours sans aucune tache, entièrement exempte de l’esclavage du péché, toute belle, toute parfaite, dans une plénitude d’innocence et de sainteté…

29 novembre,
Commencement de la neuvaine préparatoire à la fête de la Conception immaculée de la Très Sainte Mère de Dieu.
Pour la neuvaine, voir la prière du saint pape Pie X > ici.

       Pour accompagner la neuvaine préparatoire à la fête de la Conception immaculée de la Très Sainte Mère de Dieu et la pratiquer avec autant de ferveur que d’émerveillement devant ce que Dieu a accompli dans ce mystère, pourquoi ne pas relire et méditer chaque jour un passage de la Constitution apostolique « Inneffabilis Deus » publiée le 8 décembre 1854 par le Bienheureux Pie IX ?
C’est un texte certes un peu long (on peut le trouver en intégralité par exemple > ici), mais il ne présente pas le caractère alambiqué et tortueux de certains documents romains plus récents : on le lit aisément et on y trouve dans le même temps une nourriture doctrinale et un aliment substantiel pour la piété.  

Garofalo - Benvenuto Tisi - Pinacothèque de Brera

Benvenuto Tisi, dit Il Garofalo (1481-1559) et atelier :
La Sainte Trinité avec l’Immaculée Conception entourée de saints et de docteurs
[Pinacothèque de Brera]

       « Dieu ineffable, dont les voies sont miséricorde et vérité, dont la volonté est toute‑puissante, dont la sagesse atteint d’une extrémité jusqu’à l’autre avec une force souveraine et dispose tout avec une merveilleuse douceur, avait prévu de toute éternité la déplorable ruine en laquelle la transgression d’Adam devait entraîner tout le genre humain ; et dans les profonds secrets d’un dessein caché à tous les siècles, Il avait résolu d’accomplir, dans un mystère encore plus profond, par l’Incarnation du Verbe, le premier ouvrage de Sa bonté, afin que l’homme, qui avait été poussé au péché par la malice et la ruse du démon, ne pérît pas, contrairement au dessein miséricordieux de son Créateur, et que la chute de notre nature, dans le premier Adam, fût réparée avec avantage dans le second.
Il destina donc, dès le commencement et avant tous les siècles, à Son Fils unique, la Mère de laquelle, S’étant incarné, Il naîtrait, dans la bienheureuse plénitude des temps ; Il la choisit, Il lui marqua sa place dans l’ordre de Ses desseins ; Il l’aima par‑dessus toutes les créatures, d’un tel amour de prédilection, qu’Il mit en elle, d’une manière singulière, toutes Ses plus grandes complaisances.
C’est pourquoi, puisant dans les trésors de Sa divinité, Il la combla, bien plus que tous les esprits angéliques, bien plus que tous les saints, de l’abondance de toutes les grâces célestes, et l’enrichit avec une profusion merveilleuse, afin qu’elle fût toujours sans aucune tache, entièrement exempte de l’esclavage du péché, toute belle, toute parfaite et dans une telle plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut, au‑dessous de Dieu, en concevoir une plus grande, et que nulle autre pensée que celle de Dieu même ne peut en mesurer la grandeur.

   Et certes, il convenait bien qu’il en fût ainsi, il convenait qu’elle resplendît toujours de l’éclat de la sainteté la plus parfaite, qu’elle fût entièrement préservée, même de la tache du péché originel, et qu’elle remportât ainsi le plus complet triomphe sur l’ancien serpent, cette Mère si vénérable, elle à qui Dieu le Père avait résolu de donner Son Fils unique, Celui qu’Il engendre de Son propre sein, qui Lui est égal en toutes choses et qu’Il aime comme Lui‑même, et de le Lui donner de telle manière qu’Il fût naturellement un même unique et commun Fils de Dieu et de la Vierge ; elle que le Fils de Dieu Lui‑même avait choisie pour en faire substantiellement Sa Mère ; elle enfin, dans le sein de laquelle le Saint‑Esprit avait voulu que, par Son opération divine, fût conçu et naquît Celui dont Il procède Lui-même.

   Cette innocence originelle de l’auguste Vierge, si parfaitement en rapport avec son admirable sainteté et avec sa dignité suréminente de Mère de Dieu, l’Eglise catholique qui, toujours enseignée par l’Esprit‑Saint, est la colonne et le fondement de la vérité, l’a toujours possédée comme une doctrine reçue de Dieu même et renfermée dans le dépôt de la révélation céleste… »

Bienheureux Pie IX
Premières lignes de la Constitution « Ineffabilis Deus » du 8 décembre 1854
définissant le dogme de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

2024-264. Sainte Catherine Labouré légitimiste : sa prière pour la restauration monarchique.

27 novembre,
Fête de la manifestation de la Médaille miraculeuse (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Catherine Labouré (cf. > ici, > ici et aussiici) ;
Anniversaire de la mort de S.M. le Roi Clovis 1er le Grand (+ 27 nov. 511 – cf. > ici, > ici) ;
Anniversaire de la mort de S.M. la Reine Blanche de Castille (+ 27 nov. 1252) ;
Anniversaire de la naissance de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon (27 novembre 1635).

Lys couronné - vignette blogue

       Profitons de cette fête de la manifestation de la médaille de l’Immaculée Conception, plus populairement nommée « médaille miraculeuse », dans la chapelle du séminaire des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, rue du Bac à Paris, et de la mémoire liturgique que nous ajoutons, pour ce qui nous concerne, de la mystique qui en reçut la révélation, Sainte Catherine Labouré, pour rappeler que, comme le plus grand nombre des saints de France qui se sont exprimés à ce sujet, cette dernière était naturellement légitimiste.

   Les saints, en effet, sont respectueux de l’ordre voulu par Dieu, et adhèrent spontanément aux desseins de la Providence sur les nations et les peuples, parce que, selon la belle sentence du cher vicomte de Bonald, « la Légitimité n’est que la conformité aux lois dont Dieu est l’auteur ».
On ne peut donc être saint et révolutionnaire, car on ne saurait être saint en professant des opinions, même en ce qui concerne l’ordonnancement de la société, contraires aux dispositions divines.

27 novembre 1830 - manifestation de la médaille miraculeuse à Sainte Catherine Labouré

27 novembre 1830, à l’heure de l’oraison du soir,
Sainte Catherine Labouré, alors novice, reçoit la révélation de la médaille miraculeuse

   Celle qui avait vu, en plusieurs apparitions, au mois d’avril précédent, le cœur de Saint Vincent de Paul affligé à la perspective des malheureux changements politiques qui allaient arriver (cf. > ici), celle devant laquelle la Très Sainte Mère de Dieu avait versé d’abondantes larmes en lui annonçant le renversement du Trône et les révolutions et persécutions des quarante années qui suivraient (cf. > ici), celle aussi qui avait vu Notre-Seigneur Jésus-Christ S’identifier à Son lieu-tenant en France, Sa Majesté le Roi Charles X, consacré par les saintes onctions de son Sacre à Reims (29 mai 1825), ne pouvait pas être autre chose que légitimiste !

   Ces lignes ont déjà été publiées dans les pages de ce blogue, mais il n’est pas inutile de les citer à nouveau :

   « Le jour de la Sainte Trinité, Notre-Seigneur m’apparut dans le Très Saint-Sacrement pendant la Sainte Messe, comme un roi, avec la croix sur sa poitrine. Au moment de l’Evangile, il m’a semblé que la croix et tous ses ornements royaux coulaient à terre sous ses pieds, et que Notre-Seigneur restait dépouillé. C’est là que j’ai eu les pensées les plus noires et les plus tristes, comprenant que le roi serait dépouillé de ses habits royaux et les dommages qui en résulteraient » (récit de Sainte Catherine Labouré elle-même, relatant l’apparition du dimanche 6 juin 1830).

   Aussi lorsqu’après la dégringolade qui fit basculer la France dans la « monarchie de juillet », puis dans l’éphémère deuxième république, le second empire (en-pire), l’écrasement sous la botte prussienne, la Commune insurrectionnelle et la répression bourgeoise, on espérait une authentique restauration monarchique, sous un Souverain légitime, profondément chrétien, rigoureusement fidèle aux principes de la monarchie capétienne traditionnelle – Henri V, dit « le comte de Chambord »  -, Sainte Catherine Labouré s’adressait-elle ainsi au Roi des rois :

   « Rendez et consolidez le trône que vous avez rendu tant de fois au fils de Saint Louis ; éclairez son esprit, remplissez son cœur ; soyez son conseil et son appui ; qu’il marche constamment dans les voies de la justice et soit enfin un jour Roi selon votre Cœur, qui captive celui de tous ses sujets » (prière manuscrite trouvée dans les papiers de Sainte Catherine Labouré après sa mort).

   On le voit, celle qu’on réduit souvent à une simple « visionnaire » chargée de manière quasi anecdotique de faire frapper une « insignifiante » médaille et vivant ensuite dans l’humilité et l’éprouvante patience du service à des vieillards pas toujours très affables, était aussi, dans l’effacement persévérant de cette vie d’abnégation, une sainte éminemment politique, qui portait le souci de la conformité de la France aux desseins divins, et qui offrait des prières – ainsi que bien sûr aussi des sacrifices – pour la restauration du Royaume des Lys et de son Roi légitime, parce qu’elle savait que la restauration monarchique est une grâce, une grâce qu’il faut instamment demander à Dieu, par l’intercession de la Vierge immaculée.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Vierge aux lys - blogue

Prière de Saint Pie X à Marie conçue sans péché à l’intention de la France :

Vierge à l'Enfant aux lys - Fr.Mx.M. blogue

O Marie, conçue sans péché,

regardez la France,

priez pour la France,

sauvez la France !

Plus la France est coupable,

plus elle a besoin de votre intercession.

Un mot à Jésus reposant dans vos bras,

et la France est sauvée !

O Jésus, obéissant à Marie,

sauvez la France !

Trois lys blancs

2024-226. Une célébration baroque de la victoire de Lépante (1ère partie) : la grande galerie du Palais Colonna à Rome.

7 octobre,
Fête de Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire (cf. > ici),
Anniversaire de la victoire navale de Lépante (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Marc, pape et confesseur ;
Mémoire des Saints Serge et Bacchus, Marcel et Apulée, martyrs.

blason de la famille Colonna - blogue -

Une colonne d’argent au chapiteau d’or, couronnée à l’antique d’or,
sur un champ de gueules
(blason de la famille Colonna)

       La famille Colonna est une illustre famille princière romaine d’antique extraction, qui s’enorgueillit d’avoir donné à la Sainte Eglise trois papes et une vingtaine de cardinaux.

   Toutefois, en cette fête de Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire - qui commémore la victoire de la flotte chrétienne, laquelle, en anéantissant la flotte ottomane dans le golfe de Lépante, le 7 octobre 1571, sauva, pour un temps, la Chrétienté occidentale de l’invasion mahométane -, c’est en toute justice que nous allons, à travers quelques clichés, nous intéresser à Marc-Antoine II Colonna (Marcantonio, en italien), vice-amiral de la flotte chrétienne qui défit la Sublime Porte.

   Au Palais Colonna (Palazzo Colonna), à une cinquantaine de mètres de la Place de Venise, au XVIIème siècle, le Cardinal Girolamo 1er Colonna, puis son neveu Lorenzo Onofrio, firent réaliser un cycle de fresques à la gloire de Marc-Antoine II, en exaltant la victoire de Lépante.
Ces fresques se trouvent aux plafonds de la Grande Galerie, appelée aussi Grande Salle et des deux salons d’apparat qui, en chacune des extrémités, en constituent les vestibules.
L’ensemble fut inauguré par Philippe II, fils de Lorenzo Onofrio, en 1700. Il est considéré comme l’un des chefs d’œuvre du baroque romain, sans doute même sa réalisation la plus aboutie.

Grande Galerie du Palais Colonna

Grande Galerie, ou Grande Salle du Palais Colonna à Rome

   Le plafond de cette Grande Salle a été peint par deux disciples de Pierre de Cortone : Giovanni Coli (1636-1681) et Filippo Gherardi (1643-1704), deux peintres qui ont très souvent travaillé ensemble, pour des ensembles monumentaux

   Ces fresques furent peintes en 1673 et 1675.

voûte de la grande salle - Palais Colonna

Vue générale de la voûte de la Grande Salle, ou Grande Galerie, du Palais Colonna,
peinte par Giovanni Coli et Filippo Gherardi.

   On trouve sur cette voûte, au milieu d’éléments ornementaux foisonnants, trois scènes : la principale est de forme carrée, encadrée par deux autres de forme ovale. Il y a une suite logique et chronologique à ces trois scènes.

   La première représente Marcantonio II Colonna à genoux aux pieds de Saint Pie V qui lui confie  le commandement des douze galères pontificales.
Le pape eût voulu que Marcantonio fût l’amiral de l’ensemble de la flotte armée par la Sainte Ligue, mais, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il dut accepter que Don Juan d’Autriche fût cet amiral et que Marcantonio ne fût que vice-amiral.

Coli & Gherardi - Marcantonio Colonna aux pieds de St Pie V - blogue

Giovanni Coli & Filippo Gherardi :
Marcantonio Colonna aux pieds de Saint Pie V
reçoit de lui le commandement des galères pontificales

Coli & Gherardi - Marcantonio Colonna aux pieds de St Pie V

   La scène centrale représente le cœur de la bataille et met face à face Marcantonio et l’un des chefs ottomans. Les détails de ce chef d’œuvre sont extrêmement précis : débris de navires, hommes à la mer, soldats chrétiens sautant à l’abordage du vaisseau ennemi, costumes, armement, et, au-dessus de la scène, les anges qui soutiennent l’armée chrétienne et lui présentent les palmes de la victoire.

Coli & Gherardi - Bataille de Lépante

Giovanni Coli & Filippo Gherardi :
Marcantonio Colonna au cœur des combats le 7 octobre 1571

Coli & Gherardi - Bataille de Lépante détail

   La troisième scène représente le triomphe de Marcantonnio, puisque, en effet, Saint Pie V voulut que Rome célébrât un hommage solennel à son vainqueur et que ce fût une cérémonie qui reproduisît les triomphes des généraux vainqueurs dans la Rome antique, avec le défilé des troupes victorieuses et celui des prisonniers enchaînés, l’exhibition du butin remporté (ici en l’occurrence les étendards ennemis promenés tête en bas), les acclamations populaires sur un trajet somptueusement pavoisé, la procession de tous les corps constitués, des maisons nobles et des représentants de toutes les institutions en tenue d’apparat… etc.

   Pour ce triomphe, Marcantonio Colonna chevauchait un splendide cheval blanc offert par le pape.

   Ce triomphe s’acheva ce jour-là par un Te Deum solennel à la basilique vaticane et une réception du vainqueur au sein d’un consistoire exceptionnel tenu dans le palais apostolique, mais il fut suivi de huit jours de festivités tant populaires qu’officielles, civiles et religieuses, qui culminèrent le 13 décembre par des cérémonies au Capitole et dans la basilique de l’Aracœli qui y est édifiée.

Coli & Gherardi - Triomphe de Marc-Antoine Colonna - blogue

Giovanni Coli & Filippo Gherardi :
le triomphe à l’antique de Marcantonio Colonna, à Rome le 4 décembre 1571

Coli & Gherardi - Triomphe de Marc-Antoine Colonna - détail

   Ceux qui souhaitent « visiter » en quelques minutes le Palais Colonna (au sein duquel se trouve, en sus de cette « Grande Salle » l’une des plus prestigieuses collection de tableaux de Rome) peuvent le faire en visionnant la vidéo officielle, que l’on trouvera en suivant ce lien > ici.

   Dans une seconde partie, nous nous intéresserons aux deux autres salles de cette somptueuse mise-en-scène baroque où se trouvent d’autres fresque exaltant la victoire de Lépante…

   Achevons ce jour en admirant cet extraordinaire « portrait » de Marcantonio II Colonna, isolé du reste de la représentation de la bataille, au centre de la Grande Galerie.

Giovanni Coli & Filippo Gherardi - Marcantonio pendant la bataille - blogue

Giovanni Coli & Filippo Gherardi :
Marcantonio Colonna pendant la bataille de Lépante.
Le vice-amiral de la flotte de la Sainte Ligue était alors âgé de 36 ans ;
remarquez derrière lui les étendards portant les armes de Saint Pie V et des Colonna.

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