Archive pour la catégorie 'De Maria numquam satis'

2024-170. Le 15 août est-il « la véritable fête nationale » de la France ?

15 août,
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie :
Principale fête patronale du Royaume de France (cf. > ici),
(double de 1ère classe avec octave commune).

Consécration de la France à la Très Sainte Vierge

Consécration de la France à la Très Sainte Vierge Marie
(vitrail de la basilique Notre-Dame des Victoires)

       Il arrive assez fréquemment que j’entende des catholiques dire du 15 août qu’il est le jour de « la véritable fête nationale » (sic) de la France.
Cela arrive en particulier aux alentours du 14 juillet comme une forme de protestation contre cette célébration républicaine honteuse (je vous renvoie pour cela à ce que feu mon prédécesseur le Maître-Chat Lully avait écrit à ce sujet > ici), et j’entends tout ce qu’il y a de bonnes intentions derrière cette assertion qui cherche à rappeler que la France n’a pas commencé avec la révolution, que la France est – par essence – catholique et royale depuis ses origines, et qui place la consécration du Royaume à la Très Sainte Vierge Marie par Sa Majesté le Roi Louis XIII au premier rang de nos principales célébrations nationales, alors que la république impie veut mettre à la place la glorification du parjure, du crime et de la révolte contre l’ordre voulu par Dieu.

   Néanmoins, cette « bonne intention » qui consiste à dire : « Notre vraie fête nationale est le 15 août » est exactement du même ordre que cette stupidité qui affirme avec autant de naïveté que d’approximation : « Le carême, c’est le ramadan des catholiques » !

   Ne dit-on pas que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » ?
Il me semble que de semblables procédés, qui voudraient s’opposer à l’erreur ou à l’impiété en utilisant le langage et les concepts de « l’ennemi », sont absolument contreproductifs, et même dangereux.
Dangereux, oui, parce qu’en nous engageant dans les méandres obscurs de la phraséologie révolutionnaire, ils risquent d’enfermer ceux qui les utilisent dans les pièges de l’idéologie qui la sous-tend.

   Dans la saine mentalité antérieure à l’immonde révolution, l’idée de « fête nationale » n’existe pas, pour la bonne et simple raison que l’idée de « nation » qui la fait exister n’existe pas – du moins dans le sens dont elle a été revêtue depuis -, parce que c’est une idée révolutionnaire.
L’idée de « fête nationale » est une notion conséquente aux faux principes révolutionnaires ; elle est étrangère aux principes de l’Ancien Régime.

   Certes, le mot « nation » a existé et a été utilisé avant l’idéologie issue des prétendues « Lumières », mais il était alors un quasi synonyme du mot « peuple », lequel était compris dans son sens historique et quasi ethnique.
Nul alors n’eût pensé à parler de la « nation » au sens où cela est compris de nos jours.

   Pour les révolutionnaires et leurs continuateurs (eux qui terminent leurs discours par « Vive la république ! Vive la France ! » , en mettant significativement l’une avant l’autre), ce qui prime c’est la « nation républicaine », et cette « nation » est une construction idéologique faite de « valeurs », ou prétendues telles, substituées à la patrie réelle, physique, quasi charnelle.
Lorsqu’ils parlent de « patrie » ou de « nation », ils entendent par là un système politique, un système révolutionnaire, un système opposé aux valeurs traditionnelles catholiques et royales qui ont construit la France et l’ont faite grandir pendant treize siècles : c’est ce qui explique qu’ils utilisent des expressions telles que « le territoire de la république » ou « la langue de la république ».

   Dans cette perspective, l’expression « fête nationale » a été créée comme une manipulation mentale supplémentaire afin d’assujettir les consciences à l’idéologie révolutionnaire, afin de dévoyer l’amour naturel de la patrie pour le détourner vers la célébration de la république – patrie idéologique – destructrice des valeurs traditionnelles.

   A rebours de l’ordre naturel, préservé par l’histoire et par le développement organique du Royaume de France, lequel était une mosaïque de peuples possédant chacun – de manière tout-à-fait légitime – leurs langues, leurs coutumes, leurs traditions, leurs costumes, leurs privilèges… etc., mais dont l’unité se faisait en la personne du Roi, la révolution a voulu instituer une « république une et indivisible » qui a détruit tous les particularismes provinciaux, qui a détruit tous les usages et coutumes immémoriaux, qui a détruit tous les corps intermédiaires, et qui ne considère plus que l’individu, seul en face de « la république » : un individu qui, là encore, n’est plus qu’un « citoyen » fait d’abstractions idéologiques, et non un être réel inscrit dans une lignée, enraciné dans un terroir, héritier de longues traditions multiséculaires.
Pour cette république, les « citoyens » sont des êtres interchangeables dont on nie les caractères particuliers : son « égalité » n’est qu’un nivellement radical tendant à la stricte uniformité.
La république est par essence dictatoriale, et le concept même de « fête nationale » n’a pour but que de travailler à cette uniformisation des individus dans le creuset de l’idéologie révolutionnaire

   Au contraire, le Royaume, lui, comme la Sainte Eglise, est une sorte de corps mystique composé de peuples, naturellement et légitimement divers et différents, qui ne doivent en aucune manière devenir tous semblables les uns aux autres, et qui trouvent leur harmonie organique et leur complémentarité dans  l’unité de la personne du Roi, dont le pouvoir est d’essence paternelle.

   Ainsi, un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles, n’a que faire d’une « fête nationale ».
Un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles va célébrer la fête patronale de son Roi, son principe d’unité.
Un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles va célébrer, dans une authentique ferveur religieuse, la fête patronale du Royaume.

   Une fête patronale exprime une réalité infiniment supérieure à une « fête nationale ».
Une fête patronale nous place dans une réalité surnaturelle : elle nous situe dans la logique de l’Incarnation et de ses conséquences, elle nous insère dans l’histoire du salut, elle nous fait considérer les réalités d’ici-bas dans une perspective où les domaines temporels et spirituels, tout en étant clairement distincts, ne sont pas séparés, ne divorcent pas, ne sont pas antagonistes, mais – chacun selon son ordre, conforme à sa nature – collaborent pour que chacun des sujets de ce Royaume parvienne à son épanouissement naturel et spirituel, et réalise sa vocation terrestre et éternelle. 

   Si je proteste contre cette naïve (et quelque part touchante en raison même de cette naïveté) affirmation du caractère de « fête nationale » de cette fête de l’Assomption de Notre-Dame, le 15 août, c’est parce que c’est tellement autre chose ; nous sommes dans une réalité infiniment supérieure, infiniment plus grande, infiniment plus belle  : c’est la principale fête patronale du Royaume !

   C’est la célébration joyeuse de la collaboration du ciel et de la terre dans l’histoire d’un Royaume : cette célébration est d’abord spirituelle et religieuse, mais elle déborde en saines réjouissances humaines, et, dans l’unité d’un corps mystique, elle magnifie et rend grâces au Très-Haut pour Ses sollicitudes à l’égard de ce Royaume, pour Ses interventions dans son histoire, pour les miracles qu’Il a accomplis à toutes les générations à travers Ses saints, à travers les Rois qu’Il a oint d’un chrême miraculeux, à travers la fidélité des sujets conscients de cette « gesta Dei per Francos : geste de Dieu par les Francs », et à laquelle ils ont prêté leur concours et se sont soumis avec amour.

pattes de chat  Tolbiac.

Armes de France & Navarre

2024-169. La prose « Induant justitiam » propre aux diocèses du Royaume de France pour la fête de l’Assomption de Notre-Dame.

15 août,
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie :
Principale fête patronale du Royaume de France
(double de 1ère classe avec octave commune).

Abraham Bosse voeu de Louis XIII

Abraham Bosse (v. 1602-1676) : « Les Vœux du Roy et de la Reyne à la Vierge » (1638)
[Eau-forte, Bibliothèque nationale de France]

       Voici le texte, la traduction, puis la notation de la prose de l’Assomption telle qu’elle figure au Missel propre de l’archidiocèse de Paris depuis le Cardinal de Noailles (1651-1729) et telle qu’elle s’y trouve toujours dans la dernière édition publiée avant le second concile du Vatican.
Cette prose se retrouve aussi dans les propres de nombreux diocèses du Royaume.

Prose de l'Assomption - blogue

   En voici maintenant la notation musicale :

Prose de l'Assomption notes - blogue

   Nous en avons même trouvé un enregistrement ici (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet »). :

Image de prévisualisation YouTube

   Nous sommes ici, bien évidemment, dans un authentique plain-chant tel qu’il se pratiquait sous l’Ancien Régime dans notre beau Royaume de France, avant que les modes d’inspiration romantico-monastique (ou monastico-romantique), sous prétexte de « restauration » du chant grégorien [restauration de choses qui n'avaient jamais existé sans doute !], ne vinssent priver de toute virilité l’interprétation du chant d’église.
Certes, cet enregistrement peut dérouter quelque peu ceux qui ne sont habitués qu’aux exécutions de type solesmnien (ou solemniaque), mais il est de toute évidence bien plus proche de la réalité factuelle qu’une interprétation de style monastico-romantique.

Vous trouverez aussi dans ce blogue :

- Les rites liturgiques à accomplir pour renouveler le Vœu de Louis XIII > ici.

- Des prières de dévotion pour consacrer la France à la Très Sainte Vierge :

- Une prière attribuée à la Vénérable Elisabeth de France > ici
- Une prière publiée en 1825 > ici

- Le texte de l’Edit de Saint-Germain (10 février 1638) improprement appelé « Vœu de Louis XIII » (puisqu’en effet il ne s’agit pas du texte du vœu royal lui-même mais de celui du document officiel par lequel Sa Majesté a informé son clergé et ses peuples du Vœu accompli et de la manière dont il doit être renouvelé chaque 15 août > ici
- La lettre apostolique de Pie XI (1922) qui confirme la Vierge Marie comme céleste patronne de la France sous le vocable de son Assomption > ici

- Des strophes de la liturgie grecque pour célébrer l’Assomption > ici
- La paraphrase du « Salve, Regina », par Saint Bonaventure > ici
- Une prière du Vénérable Pie XII à Notre-Dame de l’Assomption > ici
- Un beau sermon sur le mystère de l’Assomption > ici
- .

Assomption - Charles-Antoine Bridan - Chartres

Charles-Antoine Bridan (1730-1805) : l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie
(groupe sculpté surmontant le maître-autel de la cathédrale de Chartres)

2024-162. Pitié pour le « Salve, Regina » !

5 août,
Fête de la dédicace de la Basilique de Sainte-Marie aux Neiges (cf. > ici, et > ici) ;
Anniversaire du martyre du Père Rouville et de ses compagnons (5 août 1794 – cf. > ici et suivants).

Mater misericordiae - blogue

Salve, Regina, Mater misericordiae…

       Pendant le temps après la Pentecôte, c’est-à-dire après l’office de nones du samedi des Quatre-Temps d’été jusqu’à celui de nones du samedi qui précède le premier dimanche de l’Avent, dans le rite romain, vous le savez, l’antienne mariale est le « Salve, Regina », dont la tradition du Puy attribue la composition à l’évêque Adhémar de Monteil (+ 1er août 1098) qui laissa son diocèse pour accompagner la Première Croisade en qualité de légat pontifical du Bienheureux Urbain II.

   Toutefois, toujours selon la tradition immémoriale, les invocations finales « O clemens ! O pia ! O dulcis Virgo Maria ! » auraient été ajoutées au XIIème siècle par Saint Bernard de Clairvaux (cf. > ici) dans une sorte d’élan extatique, plein d’aimante et fervente vénération.

   Comme nous l’aimons, ce « Salve, Regina » !
Comme il est chargé d’émotion spirituelle et de filiale dévotion !
Combien nous avons du plaisir à l’entonner à la fin de la Sainte Messe dominicale, à la fin de l’office divin, ou encore lors de nos pieuses visites à la Sainte Vierge, dans nos églises et chapelles !
Et nous avons bien raison de l’aimer !…

   Mais alors, pourquoi est-il si mal chanté ?
Souvent.
Trop souvent !

   Il me semble que c’est en raison de l’habitude, génératrice de routine.
Je partage pleinement l’opinion de cet auteur qui a écrit quelque chose comme : « Ce qui est le plus contraire à la sainteté, ce n’est pas le péché : c’est l’habitude ! »
Cette habitude, ou plus exactement routine, qui fait que l’on répète – avec une certaine piété, je veux bien le croire, mais sans vraiment penser aux paroles et sans une forte détermination présente à chaque mot - des formules et des mélodies, sans plus percevoir leur intensité quasi dramatique, leur acuité spirituelle, la profondeur de leur actualité.
Mortelle routine !

   Et que l’on ne me dise pas : « C’est du latin, or je ne suis pas latiniste… », car ce pseudo argument est véritablement idiot.
Il est en effet à la portée de tout fidèle d’ouvrir son propre missel, ou bien le carnet de chant mis à disposition dans son église ou sa chapelle, pour y trouver le texte latin du « Salve, Regina » avec sa traduction.
Il n’est donc pas du tout compliqué de faire en sorte que la manière avec laquelle on chante donne une idée du sens des mots que l’on prononce, montre que l’on comprend ce que l’on chante.

   Ajoutons ici que le respect de la ponctuation – puisque la ponctuation est une merveilleuse invention au service de la compréhension et de l’expression d’un texte -, doit être pratiqué lorsqu’on chante.

   Le « Salve, Regina », n’est pas une comptine enfantine sur laquelle on sautille en faisant la ronde !
C’est un appel au secours. L’appel au secours d’enfants en détresse, affrontés aux vexations du monde, aux tentations du démon, et aux pièges intérieurs que leur tend leur propre nature blessée par le péché : les termes employés, le rythme de la phrase latine, les incises, les apostrophes (qui en outre permettent de reprendre sa respiration), procèdent de l’expression dramatique de notre pauvre condition d’enfants qui appellent à l’aide leur Reine secourable et puissante, leur Mère aimante et compatissante.
On doit donc les entendre, dans le chant.
Et c’est pour cela qu’on ne le chante pas comme s’il s’agissait de « il était un petit navire » !
Et c’est pour cela qu’on ne le chante pas sans y mettre l’expression qui convient !

   Obligez-vous vous-même, une prochaine fois, à vous taire et à écouter avec attention – au besoin en suivant dans un livre le texte et sa ponctuation -, comment la plupart des groupes exécutent (dans tous les sens de ce verbe) ce « Salve, Regina », et demandez-vous si ce que vous entendez est bien cohérent avec le sens des mots lors même que ceux-ci disent « fils d’Eve, exilés, nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant, dans cette vallée de larmes », tandis que le rythme du chant s’emballe de manière incompréhensible, et devient dansant comme si l’on était dans une guinguette.

   Voilà pourquoi j’ai envie de crier : Pitié pour le « Salve, Regina » !
Voilà pourquoi je supplie avec insistance : dans nos familles, dans nos chapelles, dans nos paroisses, redonnons tout son sens et toute sa vigueur au chant du « Salve, Regina » !

   Car l’on ne chante pas « ad-te-cla-ma-mus-e-xu-les-fi-li-i-E-vae-ad-te-sus-pi-ra-mus-ge-men-tes-et-flen-tes-in-hac-la-cry-ma-rum-va-lle », comme si on enchaînait des « la-la-la-la-la-la-la » sans respirer, ou en ânonnant à la manière d’un enfant qui apprend à lire.

   Pour l’amour de Dieu et de Sa Très Sainte Mère, faites comprendre à tous la supplication de votre âme aux prises avec les vexations du monde et du démon, afin que l’on n’entende pas « E-ia-er-go-ad-vo-ca-ta-nos-tra-il-los-tu-os-mi-se-ri-cor-des-o-cu-los-ad-nos-con-ver-er-te » avec un rythme et des intonations qui pourraient évoquer ceux de « La Madelon » !
Non ! Vous implorez, vous êtes à bout, la détresse vous étreint, vous criez : « Mère, au secours ! Si vous ne me venez pas en aide, je suis perdu ! »

   Puissent, enfin, les invocations finales – avec leurs extatiques vocalises sur ces « O » qui intensifient la supplication en même temps qu’ils expriment l’admiration et l’émerveillement devant la clémence, la miséricorde et la douceur de la Très Sainte Vierge Marie -, s’épanouir en efflorescence contemplative et non sur des accélérations de clique municipale pressée d’en finir...

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

ad te suspiramus gementes et flentes in hac lacrymarum valle

« Ad te clamamus, exsules filii Evae,
ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle… »

Prière pour consacrer le Royaume de France au Cœur Immaculé de Marie

1er août,
Commencement du mois dédié au Cœur immaculé de Marie ;
Fête de Saint Pierre aux Liens (double majeur) ;
Mémoire de Saint Paul, apôtre ;
Mémoire des Saints Frères Macchabées, martyrs ;
Mémoire de Saint Pierre-Julien Eymard, confesseur ;
Anniversaire de la mort d’Adhémar de Monteil, évêque du Puy (+ 1er août 1098) ;
Deuxième jour du carême de la Dormition de la Mère de Dieu (cf. > ici).

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

       Dans un certain nombre de pieux ouvrages, il est écrit que le mois d’août est particulièrement dédié à la dévotion au Cœur immaculé de Marie (probablement en raison de l’institution de la fête du Cœur immaculé de Marie instituée par le Vénérable Pie XII au jour octave de l’Assomption, le 22 août, ce qui laisse à penser que la dédicace de ce mois au Cœur immaculé de Marie est relativement récente, dans un esprit de développement de cette dévotion explicitement demandée par la Très Sainte Vierge Marie elle-même à l’occasion de ses apparitions à Fatima).

   Pour nous, Français, cette dévotion au Cœur douloureux et immaculé de notre Mère céleste et spéciale Reine et protectrice du Royaume de France, prend une intensité encore plus forte du fait que le 15 août, fête de l’Assomption, est la principale fête patronale de notre pays, en vertu du vœu de Louis XIII.

   On nous a communiqué la prière suivante en nous assurant qu’elle était de Madame Elisabeth de France (+ 10 mai 1794) : cela m’a un peu surpris parce que je ne l’avais jamais trouvée dans aucun ouvrage consacré à cette pieuse Princesse… mais je ne prétends en aucune manière tout connaître de ses écrits !
Cette prière ne manque – malheureusement ! – pas d’actualité, et chacun de nos amis et lecteurs ne disconviendra pas qu’elle se prête parfaitement à être une espèce de « fil conducteur » de notre dévotion mariale et de piété filiale envers le Royaume des Lys, chaque jour de ce mois d’août.

Reine de France priez pour nous

   O Vierge Sainte !
Vous avez toujours si spécialement protégé la France : t
ant de monuments nous attestent combien elle vous a toujours été chère !
Et à présent qu’elle est malheureuse, et plus malheureuse que jamais, elle semble vous être devenue étrangère !

   Il est vrai qu’elle est bien coupable,
Mais tant d’autres fois, elle le fut aussi et vous lui obtîntes son pardon.
D’où vient donc qu’aujourd’hui vous ne parlez plus en sa faveur ?
Car si vous disiez seulement à votre Divin Fils : « Ils sont accablés de maux », bientôt nous cesserions de l’être…
Qu’attendez-vous donc, ô Vierge Sainte ?
Qu’attendez-vous pour faire changer notre malheureux sort ?

   Ah ! Dieu veut peut-être qu’il soit renouvelé par nous, le vœu que fit un de nos Rois pour vous consacrer la France ?
Eh bien ! O Marie, ô très Sainte Mère de Jésus-Christ, nous vous la vouons, nous vous la consacrons à nouveau !

   Si cet acte particulier pouvait être le prélude d’un renouvellement plus solennel et public…
Ou si, plutôt, elle pouvait retentir depuis le trône jusqu’aux extrémités du royaume, cette parole qui lui a attiré tant de bénédictions.

   Vierge Sainte, nous nous vouons tous à vous, mais le désir que nous en avons ne peut-il pas y suppléer ?
Mais les liens sacrés qui nous unissent à tous les habitants de ce royaume comme à nos frères, mais la charité qui étend nos vues et dilate nos coeurs pour les comprendre tous dans notre offrande, ne peut-elle pas donner à une consécration particulière le mérite de l’efficacité d’une consécration générale ?

   Nous vous en prions, ô Vierge Sainte, nous vous en conjurons,
Nous l’espérons et, dans cette confiance, nous vous offrons notre Roi, notre Reine et sa famille ;
Nous vous offrons nos Princes ; nous vous offrons nos armées et ceux qui les commandent ; nous vous offrons nos magistrats ; nous vous offrons toutes les conditions et tous les états ; nous vous offrons surtout ceux qui sont chargés du maintien de la religion et des mœurs.

   Enfin, nous vous rendons la France toute entière.
Reprenez, ô Vierge Sainte, vos premiers droits sur elle :
Rendez-lui la Foi ; rendez-lui votre ancienne protection ; rendez-lui la paix.
Rendez-lui, rendez-lui Jésus-Christ qu’elle semble avoir perdu.
Enfin que ce Royaume, de nouveau adopté par vous, redevienne tout entier le Royaume de Jésus-Christ.

Ainsi soit-il.

Ingres : le voeu de Louis XIII

Jean-Dominique Ingres : le vœu de Louis XIII

2024-152. De la sainte montagne du Carmel et de la vision prophétique de Saint Elie annonçant la Très Sainte Vierge, ses vertus et ses prérogatives.

16 juillet,
Fête de Notre-Dame du Mont Carmel (cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de Dom Augustin de Lestrange (16 juillet 1827).

Notre-Dame du Mont-Carmel

Notre-Dame du Mont-Carmel

       « [...] Le Carmel est une montagne assise en Palestine, dans le partage de la tribu d’Issachar, ayant les monts de Nazareth au levant, et la mer Méditerranée au couchant. L’Ecriture Sainte en parle toujours comme d’un lieu souverainement fertile et agréable.
Nabal, mari d’Abigaïl, laquelle fut depuis femme de David, n’était riche que par les belles terres et les excellent pâturages qu’il y possédait. Quand l’Epoux du Cantique des cantiques veut relever les grâces de son Epouse, il lui dit que sa tête est florissante comme le Carmel : Caput tuum ut Carmelus. Et quand le prophète Isaïe nous veut représenter avec de vives couleurs l’éclat et la majesté du Messie qu’il voyait en esprit, comme s’il eût déjà été dans le monde, il nous assure que « la gloire du Liban lui a été donnée », et qu’on l’a revêtu des beautés du Carmel et de Saron : Gloria Libani data est ei, decor Carmeli et Saron.
Au contraire lorsque les prophètes nous veulent faire paraître une grande désolation et un dégât universel, ils disent que le Carmel a été changé en désert, que ses arbres, qui avaient coutume d’être toujours verts, se sont desséchés ; que la joie et les divertissements en ont été bannis, et que, tout ferme et immobile qu’il paraisse, il a été secoué et ébranlé.

Paysage du Mont Carmel

Paysage du Mont-Carmel

   Sur cette montagne, le prophète Elie, remporta, contre les 850 prêtres de l’idole de Baal, l’illustre victoire si admirablement décrite au troisième Livre des Rois, chapitre XVIII. Sur cette montagne, un de ses disciples, qu’il envoya sept fois vers la mer, vit à la septième fois une nuée mystérieuse se fondre en pluie et changer en une heureuse fertilité la stérilité des campagnes, qui avait duré trois ans et demi, pour punir les crimes d’Achab et de Jézabel. Plus tard, ce divin prophète y établit sa demeure, avec le grand Elisée, le premier et le plus célèbre de tous ses enfants spirituels, et y assembla une compagnie de saints personnages, qui furent appelés les Enfants des Prophètes ; il leur prescrivit certaines règles d’abstinence, de jeûnes, de prières et autres exercices de piété, qui les distinguaient du commun des Juifs.

Gustave Doré - le prophète Elie fait périr les prophètes de Baal

Gustave Doré : le prophète Elie fait périr les prêtres et prophètes de Baal

   Plusieurs auteurs ont écrit que ces religieux de l’Ancien Testament se sont perpétués jusqu’au temps de la venue du Sauveur, autant que la longue domination des rois de Babylone, de Perse, de Syrie, d’Egypte, et les guerres des princes Ammonites le leur pouvaient permettre; que Notre-Seigneur, la Sainte Vierge et Saint Jean-Baptiste les y honorèrent de leur visite ; qu’après la Passion et la Résurrection du Fils de Dieu, quelques uns des nouveaux chrétiens s’y retirèrent aussi et y continuèrent la vie solitaire de ces illustres disciples d’Elie et Elisée, et qu’enfin, dans tout le temps qui s’est écoulé depuis l’établissement de la religion chrétienne jusqu’à Berthold, premier général latin de l’Ordre des Carmes, c’est-à-dire jusqu’au XIIème siècle, cette sainte montagne a toujours été habitée par quelques ermites, qui, demeurant dans les cavernes qui y sont en grand nombre, ou en des cellules qu’ils bâtissaient de terre et de branches d’arbres, y ont conservé l’esprit de religion que les anciens prophètes, et ensuite ces premiers chrétiens y avaient établi.
Ils en interfèrent que l’institut de Notre-Dame du Mont-Carmel a le grand Elie pour chef et premier fondateur, et qu’ils n’embrasse  pas seulement les dix-huit siècles de la loi de la grâce, qui se sont écoulés jusqu’à nos jours, mais aussi près de neuf siècles de la loi écrite, savoir depuis Elie jusqu’à la naissance du Sauveur du monde.

Statue de Saint Elie fondateur de l'Ordre des Carmes - basilique Saint-Pierre au Vatican

Le Saint Prophète Elie
explicitement nommé comme fondateur de l’Ordre des Carmes
statue dans la basilique vaticane

   Cette succession, sans interruption notable, a été combattue par d’autres célèbres auteurs, principalement par Baronius (en l’année 444 de ses Annales) ; mais les preuves sur lesquelles elle est établie, quoiqu’elles ne soient pas tout-à-fait convaincantes, sont néanmoins fort vraisemblables : un grand nombre de papes, de cardinaux, d’évêques l’ont autorisée, en approuvant les offices ecclésiastiques où elle est rapportée ; Sainte Madeleine de Pazzi, Sainte Thérèse, le Bienheureux Jean de la Croix et beaucoup d’autres saints et saintes de cet Ordre, à qui Dieu a révélé de grands secrets, n’en ont jamais douté : ils ont, au contraire,  fondé plusieurs de leurs dévotions sur cette tradition ; nous ne faisons pas non plus difficulté d’y souscrire ; nous sommes persuadé que Dieu a donné, dans tous les âges du monde, une inclination pour la vie retirée et solitaire, qui, en séparant les hommes du commerce du monde, les rend intérieurs et spirituels et les fait approcher de la pureté des anges ; et que les déserts du Mont-Carmel et des environs étant des lieux fort propres à cette vie, il y a bien de l’apparence qu’après le séjour des Prophètes, ils n’ont guère été sans quelques saints habitants qui aient voulu être les héritiers de leurs cellules aussi bien que de leur zèle.

Notre-Dame du Mont-Carmel monastère stella Maris - blogue

Statue de Notre-Dame du Mont-Carmel
au monastère Stella Maris, à Haïfa, sur les pentes du Mont Carmel
au-dessus de la grotte du prophète Elie

   Beaucoup de raisons ont fait donner à la Sainte Vierge le surnom de cette montagne sainte : ces raisons se trouvent marquées en ce jour dans les leçons de son office. La première est qu’elle y a été figurée, reconnue et honorée dès le temps des anciens Prophètes, et près de neuf cents ans avant sa naissance.
En effet on ne peut douter que la nuée que le prophète Elie aperçut en ce lieu  après son disciple, et qu’il avait lui-même attirée par la sainte opportunité de ses prières, ne fût le symbole et la figure de cette auguste Mère de Dieu.
L’Ecriture dit qu’elle était comme la trace du pied d’un homme ; que, sortant de la mer, elle s’éleva au milieu de l’air, et que, s’étant ensuite répandue de tous les côtés, elle donna une pluie abondante qui délivra la terre de la sécheresse et de la stérilité dont elle était affligée. Nous avons, dans cette description, une image des vertus et des prérogatives de Marie : elle a été comme la trace du pied d’un homme par son humilité, parce que, comme dit Saint Bernard, elle s’est humiliée au-dessous de toutes les créatures. Elle s’est élevée au-dessus de la mer par sa pureté, parce qu’elle est tellement sortie du sein de notre nature corrompue par la voie d’une génération ordinaire, qu’elle n’a rien contracté de sa pesanteur ni de son amertume, et que son innocence et sa sainteté ordinaire l’ont distinguée de tous les autres enfants d’Adam. Enfin, elle a donné une pluie abondante et salutaire par sa fécondité, parce qu’elle a mis au monde Celui que les Prophètes et tout l’Ancien Testament nous avaient si souvent promis sous les noms de rosée et de pluie.

grotte d'Elie dans la basilique du monastère stella maris à Haïfa

La grotte du Saint Prophète Elie, depuis laquelle il vit la nuée miraculeuse annonçant la Vierge Marie,
aujourd’hui englobée dans la basilique du monastère Stella Maris à Haïfa

     Ce mystère ne fut pas caché au divin Elie ; Dieu lui ouvrit les yeux de l’âme pour reconnaître que cette petite nuée, qui était si salutaire au peuple d’Israël, était la figure d’une Vierge incomparable, qui devait être la source du bonheur de toutes les nations ; il en informa Saint Elisée et ses autres disciples : ce qui fit qu’ils eurent dès lors beaucoup de respect et une affection singulière pour elle. Et, certes, si les druides, parmi les Gaulois, tout païens et idolâtres qu’ils étaient, n’ont pas laissé de lui dédier un autel, longtemps avant sa naissance, avec cette inscription : Virgini pariturae, « à la Vierge qui enfantera », pourquoi douterons-nous que ces saints solitaires, qui vivaient sur le Carmel avec tant d’innocence et de pureté, et qui, outre la lumière de la foi, possédaient excellement le don de prophétie et avaient une parfaite intelligence des Saintes Ecritures, où les mérites de la glorieuse Vierge avaient déjà été marquées en divers endroits, pourquoi douterons-nous qu’ils ne se soient dévoués à son service, et ne l’aient par avance adorée et bénie comme la Mère de leur Rédempteur ?
Ainsi, nous pouvons dire qu’elle était, dès ce temps-là, la Dame et la Souveraine du Mont-Carmel, et que, cette montagne sainte lui appartenant comme son héritage, elle en pouvait légitimement porter le nom. »

Monseigneur Paul Guérin,
in « Les Petits Bollandistes » tome VIII pp. 375-377

Statue de Saint Elie dans la sainte grotte du monastère Stella Maris

Statue de Saint Elie sur l’autel érigé dans la grotte où il eut la vision de la nuée prophétisant la Vierge Marie,
dans la basilique du monastère Stella Maris à Haïfa

2024-151. De la dédicace de l’insigne basilique-cathédrale angélique Notre-Dame de l’Annonciation au Puy.

11 juillet,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, la fête de Sainte Véronique Giuliani, vierge (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Hélène (née Olga) de Kiev ;
Mémoire de Saint Pie 1er, pape et martyr ;
Au diocèse du Puy, la dédicace de la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation.

Le Puy-en-Velay

Le Puy-en-Velay : la ville haute, avec son remarquable ensemble cathédral
blotti sous le rocher Corneille sur lequel a été érigée au XIXème siècle la statue de Notre-Dame de France.

* * * * * * *

       Nos amis savent combien nous sommes attachés à la ville du Puy-en-Velay, à son histoire et à ses traditions. C’est la ville de quelque importance la plus proche du Mesnil-Marie (à peine une heure de route en automobile dans des conditions normales de circulation), et nous nous y rendons souvent, soit pour des raisons spirituelles soit pour des raisons pratiques.
Voilà pourquoi, dans ce modeste blogue, il se trouve déjà bon nombre de publications relatives à la capitale du Velay, dont certaines ont déjà évoqué les faits dont je vais présenter ci-dessous en un résumé conforme aux anciennes traditions, déclarées authentiques par la Sainte Eglise, puisqu’elles figurent par exemple dans les lectures des matines des offices propres au diocèse du Puy approuvés par le Saint-Siège avant les réformes d’inspiration moderniste qui se sont imposées de manière tout-à-fait abusive depuis le milieu du XXème siècle.

ange porte flambeau volant vers la droite

La mission et l’apostolat de Saint Georges :

   Le premier évêque du Velay fut, au premier siècle, Saint Georges (qu’il ne faut évidemment pas confondre avec Saint Georges le mégalomartyr qu’on fête le 23 avril) : il fut envoyé dans les Gaules par Saint Pierre, avec Saint Front, premier évêque de Périgueux, pour seconder Saint Martial (cf. > ici) dans l’évangélisation de la Gaule Aquitaine.
Nous avons déjà consacré un article entier à Saint Georges et à la moitié du bâton miraculeux de Saint Pierre, avec lequel Saint Front ressuscita Saint Georges à Bolsena, tandis qu’ils étaient en route pour les Gaules : cette insigne relique que nous avons pu photographier et présenter > ici.
Le premier siège épiscopal du Velay fut placé par Saint Georges à Ruessium, aujourd’hui Saint-Paulien, cité où le bâton miraculeux fut conservé jusqu’à la révolution.

   Saint Georges évangélisa le Velay pendant une quarantaine d’années, il inculqua à ses fidèles une vénération particulière pour la Très Sainte Mère de Dieu, et il rendit paisiblement son âme à son Seigneur – une seconde fois (!) -, un 10 novembre, vraisemblablement en l’an 84.
Il fut enseveli sur le Mont Anis (Anicium est l’ancien nom de la cité du Puy et reste le nom latin de l’évêché), près du lieu où la Bienheureuse Vierge Marie était apparue, comme nous l’allons rappeler ci-dessous, et là où s’élève aujourd’hui l’église Saint-Georges du grand séminaire, ancienne collégiale.

Pierre des fièvres - Cathédrale du Puy

La « Pierre des fièvres », dans sa présentation actuelle dans la cathédrale du Puy

La première apparition de Notre-Dame, vers l’an 45 :

   C’est sous l’épiscopat de Saint Georges, vers l’an 45, que Notre-Dame se manifesta à l’une des nouvelles converties vellaves, une veuve qui avait été baptisée par Saint Front, très malade, bien qu’elle se fût soumise à tous les traitements de la médecine des hommes… sans succès.
Elle s’était alors adressée à la Sainte Vierge qui lui fit entendre ces paroles :

« Levez-vous, ma fille, du lit où vous ne sauriez trouver la santé, et allez la chercher sur le Mont Anis où elle vous sera rendue ».

   La femme se fit donc porter au lieu indiqué, et y trouva, comme cela lui avait été dit, une grande pierre noire rectangulaire (c’était un ancien autel druidique, semble-t-il), sur laquelle elle s’allongea. Elle fut alors prise d’un sommeil mystérieux durant lequel lui apparut une Dame rayonnante de clarté entourée d’anges. Elle s’enhardit à demander quelle était cette Reine :

« C’est, répondit l’un des anges, l’auguste Mère du Sauveur qui, entre tous les lieux du monde, s’est choisi spécialement cet endroit, pour y être servie et honorée jusqu’à la fin des siècles ; et afin que vous ne preniez pas ce que vous voyez pour un vain songe, sachez que la guérison que vous désirez vous est accordée ».

   Averti de ce miracle, Saint Georges accourut sur le Mont Anis et fut doublement étonné car, en ce 11 juillet, il trouva le lieu couvert de neige, neige dans laquelle un cerf gambadant traça l’enceinte du sanctuaire que Notre-Dame voulait voir ériger en ce lieu.
Saint Georges ne put alors que planter des branches d’aubépines sur le tracé de la course du cerf, et le lendemain, 12 juillet, si la neige avait disparu on pouvait en revanche voir l’aubépine qui avait pris racine et s’épanouissait comme une couronne virginale.

   Saint Martial fut bien évidemment informé de ces événements et, premier pèlerin du Mont Anis, il vint, bénit l’enclos miraculeux, y consacra le premier autel, et laissa à l’Eglise naissante des Vellaves une relique de très grand prix : une chaussure de la Très Sainte Vierge (qui se trouve toujours conservée dans le trésor de la cathédrale).

   Toutefois, les circonstances ne permirent pas à ce moment-là d’édifier un véritable sanctuaire.

Chaussure de la Très Sainte Vierge - trésor de la cathédrale du Puy

Chaussure de la Très Sainte Vierge Marie (trésor de la cathédrale du Puy)

La seconde apparition de Notre-Dame vers l’an 220 :

   Il fallut attendre l’épiscopat de Saint Evode (en latin Evodius), dont le nom est devenu Vosy du fait des déformations populaires, septième évêque du Velay, vers l’an 220 selon la tradition, et une nouvelle guérison miraculeuse pour que fût enfin entreprise la construction du sanctuaire réclamé à nouveau par la Vierge Marie.

   La Madone apparut à « la Dame de Ceyssac » [ Note : Ceyssac est un village périphérique du Puy, très ancien, où la Sainte Messe latine traditionnelle fut célébrée pendant une dizaine d’années, jusqu’en août 2016, cf. > ici. La noble et illustre famille de Polignac s’enorgueillit de descendre de la « Dame de Ceyssac »], très malade, lui enjoignant de se rendre elle aussi sur le Mont Anis et de se coucher sur cette pierre où elle avait déjà opéré une guérison au temps de Saint Georges, et qu’on appellera désormais « la Pierre des fièvres ».

   « La Dame de Ceyssac » se fit donc transporter sur cette grande pierre rectangulaire, qui se trouvait depuis l’intervention de Saint Georges et de Saint Martial à l’intérieur de l’enclos qu’avait désigné la neige miraculeuse, et, allongée sur la pierre, elle fut elle aussi favorisée d’une vision de la Très Sainte Mère de Dieu :

« Ma fille, dit-elle à la malade, c’en est fait, vous êtes guérie. Allez trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui, de ma part, qu’il ne manque pas de jeter ici au plus tôt les fondements du sanctuaire que n’ont pu m’y élever ses prédécesseurs. C’est ici que j’accorderai aux supplications de la piété le soulagement des malades et la consolation des affligés. J’ai choisi cette montagne entre mille pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m’y présenter leurs demandes et leurs requêtes ».

   En confirmation de cela, la neige tomba à nouveau sur ce lieu prédestiné.
Saint Vosy décida alors de transférer le siège épiscopal de Saint-Paulien, où il avait été établi par Saint Georges, à Anicium ou Mont Anis, devenant – si l’on veut être rigoureux – le premier évêque du Puy, puisque ce nom sera finalement donné au Mont Anis au début du XIème siècle : les prédécesseurs de Saint Vosy sont plutôt appelés « évêques des Vellaves ».

   Aidé de Saint Scutaire (en latin Scutarius), un patricien romain qui s’y entendait en architecture, qu’il ordonna prêtre, et qui sera l’un de ses successeurs, il fit édifier en pierre le sanctuaire demandé par la Très Sainte Vierge, sur l’emplacement qui correspond actuellement à l’abside (là où se trouve le maître-autel surmonté de la Vierge Noire), à l’espace compris à la croisée du transept, sous le dôme, là où a été aménagé le sanctuaire de la liturgie réformée, et au début de la première travée de la nef. Cet espace est appelé « la chambre angélique » (nous allons voir pourquoi). Il renfermait la « Pierre des fièvres ».

Statue de la Vierge Noire

« J’ai choisi cette montagne entre mille
pour donner une audience favorable
à ceux qui viendront m’y présenter leurs demandes et leurs requêtes
 »

La consécration angélique, le 11 juillet 225 :

   Lorsque les travaux furent achevés, il fallut procéder à la consécration de cette nouvelle cathédrale : Saint Vosy et Saint Scutaire voulurent se rendre à Rome pour y obtenir des reliques, mais à peine avaient-ils parcouru un quart de lieue que, au lieu-dit Corsac (on y trouve aujourd’hui un rond-point qui porte le nom de Saint-Vosy), ils furent abordés par deux vieillards vêtus de blanc qui les arrêtèrent, leur remirent deux coffrets contenant des reliques, leur enjoignirent de retourner à la cathédrale nouvellement édifiée en leur expliquant que la consécration en avait été faite par le ministère des Anges.

   Se déchaussant, par respect pour les reliques qui leur avaient été confiées, ils s’en retournèrent au Mont Anis : les portes de l’église qu’ils avaient édifiée s’ouvrirent toute seules à leur approche, et ils purent constater que l’on trouvait sur les murs et sur l’autel les marques de leur récente chrismation, tandis que d’innombrables torches célestes illuminaient l’édifice.
Les anciennes chroniques disent qu’on recueillit 300 de ces flambeaux, et le trésor de la cathédrale en conserve encore de nos jours (mais ces dernières années ils n’étaient pas exposés, malheureusement !).

   C’était le 11 juillet de l’an 225, et cette consécration accomplie par les Anges a valu depuis à la cathédrale du Puy le surnom de « chambre angélique « .

ange porte flambeau volant vers la gauche

Encore une précision :

   Nous le savons, les traditions que j’ai résumées ici, sont aujourd’hui combattues, même par des personnes qui – en principe – font profession de piété et de dévotion mariale : c’est ainsi que, lorsque l’on visite la cathédrale du Puy de nos jours, il vous y est dit qu’il y « aurait eu une apparition de la Vierge », et que l’on vous y enseigne péremptoirement que la dévotion mariale au Puy n’a pas pu être initiée avant le concile d’Ephèse (431).

   Pourtant ces traditions ont été crues pendant deux millénaires, et pas uniquement par des imbéciles dépourvus d’esprit critique dont on aurait abusé de la crédulité, mais par des papes, de grands et doctes prélats, des théologiens sûrs, de très nombreux saints, des rois et des princes, qui y sont venus en pèlerinage justement à cause de ces vénérables traditions dont l’Eglise romaine – ne serait-ce que par les textes des offices liturgiques qu’elle a autorisés – assurait le caractère authentique !

   Mais il y a toujours, en nos temps, des impies qui, sous prétexte de rigueur scientifique, se révèlent n’être que de pauvres rationalistes, sans originalité véritable, niant le surnaturel et les miracles, tristes et pitoyables exemplaires de l’incrédulité de notre époque, même parmi les prêtres et les religieux.

   Pour nous, nous ne nous pensons pas supérieurs en intelligence et en science à tous les saints et pieux évêques qui se sont succédé sur le siège épiscopal du Puy, à tous les papes qui y sont venus en pèlerinage et ont délivré bulles et indulgences qui attestent l’authenticité de ces traditions, à tous les savants chanoines, prêtres et religieux qui ont, pendant plusieurs siècles, publié des études corroborant les antiques récits, à tous les saints qui sont venus prier dans la Chambre angélique en ayant foi en ces vénérables traditions, sans lesquelles on ne peut expliquer ni comprendre que Le Puy fut un pèlerinage aussi réputé et aussi couru aux âges de foi.
Nous n’ambitionnons que de nous inscrire dans leur continuité, et de ne point opposer de limites à la toute puissance de Dieu. Donc « si quelqu’un paraît amer à contester, pour nous, ce n’est point notre coutume ni celle de l’Eglise de Dieu » (1 Cor. XI, 16).

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Maître-autel de la cathédrale du Puy avec la statue de la Vierge Noire - 25 mars 2019

Le maître-autel de la cathédrale du Puy avec la célèbre « Vierge Noire » couronnée

2024-148. La fête des Prodiges de la Bienheureuse Vierge Marie.

9 juillet,
Chez les Augustins, la fête des Prodiges de la Bienheureuse Vierge Marie ;

La mémoire de Saint Jean Lenaerts d’Oosterwijk, chanoine régulier et de ses 18 compagnons, martyrs de Gorcum ;
Au couvent de Picpus, à Paris, la fête de Notre-Dame de Paix (cf. > ici).

Très Sainte Vierge Marie reine de gloire - blogue

       Dans l’Ordre de Saint Augustin (mais cette fête existait aussi dans un très grand nombre de diocèses de France avant que de véritables purges staliniennes ne viennent « épurer » les calendriers particuliers au cours du XXème siècle), est assignée à la date du 9 juillet une fête des miracles de la Très Sainte Mère de Dieu plus couramment appelée fête des Prodiges de la Bienheureuse Vierge Marie.

   Monseigneur Paul Guérin écrit :

   « Ce n’est pas sans raison que l’Eglise honore la Sainte Vierge sous ce titre, car tout est miraculeux dans cette Créature incomparable :

  1. Prodiges dans sa Conception : par une grâce spéciale et par un privilège tout particulier de la Bonté divine, Marie est non-seulement sanctifiée dans le sein de sa mère, mais elle est exempte et entièrement préservée de toute tache du péché originel au premier instant de sa Conception ;
  2. Prodiges dans sa naissance : par une faveur toute céleste, Marie vient au monde avec le parfait usage de sa raison et de sa liberté, ornée de toute la plénitude de la grâce ;
  3. Prodiges dans l’Incarnation et la naissance du Fils de Dieu : Marie, par le miracle le plus inconcevable, devient la Mère de Dieu, et, par l’opération de l’Esprit-Saint, et sans cesser d’être vierge, Marie conçoit dans son sein et de son propre sang elle enfante, elle nourrit de son lait le Fils de l’Eternel, le Créateur et le Sauveur du monde ;
  4. Prodiges dans sa mort : pour la récompenser de son exemption de tout péché, Dieu la préserve de toute douleur dans son trépas ;
  5. Prodiges dans son sépulcre, car si Marie descend dans le sein de la terre, elle triomphe de la corruption du tombeau, pour prix de sa pureté angélique et de sa maternité divine ;
  6. Prodiges dans son Assomption et son couronnement dans le ciel, car, tandis que les corps des autres mortels tombent en dissolution et demeurent dans le sein de la terre jusqu’au jour de la résurrection, le corps de Marie sort de la tombe trois jours après sa mort, et, revêtu de toutes les qualités des corps glorieux, il est porté triomphalement vers le ciel sur les ailes des anges. »

(in « Les Petits Bollandistes », tome VIII pp. 187-188)

   Nous pouvons, bien évidemment, ajouter à cette liste des prodiges accomplis par Dieu dans la personne de la Très Sainte Vierge Marie, celle des prodiges qu’Il a accomplis à travers elle, grâce à son intercession et sa médiation, que ce soit dans l’histoire de la Sainte Eglise universelle, à travers d’éclatants et célèbres miracles, dans l’histoire plus particulière des Ordres religieux – en général ou bien dans leurs couvents et monastères particuliers -, dans l’histoire des Royaumes et des pays, dans l’histoire des diocèses, ou dans l’histoire personnelle de chacun des fidèles…

   Ainsi, au jour octave de la Visitation de Notre-Dame, est-ce une vibrante et amoureuse fête de louange et d’action de grâces qui monte vers son trône céleste en application de la prophétie sortie de sa bouche sous l’effet de l’inspiration du Saint-Esprit :

« Quia respexit humilitatem ancillae suae, ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes ;
Quia fecit mihi magna qui potens est – et sanctum nomen ejus ! -
Et misericordia ejus a progenie in progenies timentibus eum… »

(Magnificat cf. Luc  I, 48-50)

   Oui, nos âmes magnifient le Seigneur avec elle parce qu’Il a jeté les yeux sur l’humilité de Sa servante et qu’Il a accompli en elle d’incommensurables merveilles : ainsi, de génération en génération, à travers toute l’histoire humaine et dans toute la Chrétienté, ceux qui les contemplent la proclament bienheureuse, puisque, ayant réalisé en sa faveur de grands prodiges, le Tout-Puissant accomplit désormais encore par elle d’éclatants prodiges et miracles, et que nous sommes certains qu’Il ne cessera d’en opérer jusqu’à la consommation des siècles.

pattes de chat  Tolbiac. 

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

Prière pour la fête de la Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie :

La Visitation - église St-Médard Epinay-sur-Seine

La Visitation
[église Saint-Médard, Epinay-sur-Seine]

       Seigneur, qui dès le sein de Votre Mère, commencez par la sanctification de Votre Précurseur le grand ouvrage de notre Salut, vivifiez-nous par Votre grâce :
faites-Vous connaître à nous, ouvrez notre cœur, afin que comme Saint Jean Vous adora dès le sein de sa mère, nous Vous honorions par toutes les actions de notre vie ;
sanctifiez nos visites, soyez-en le principe et la fin, comme Vous l’avez été de celle de la Sainte Vierge ;
soyez-y le sujet de nos entretiens et louanges.

   Donnez-nous, mon Dieu, cette foi qui a rendu Marie la Mère de son Dieu ; cette profonde et constante humilité qui lui a fait ignorer son mérite, pour ne considérer que sa bassesse, et attribuer tout à Votre pure miséricorde ; faites, Seigneur, que, comme Elle, nous soyons petits à nos yeux, pour être vraiment grands devant Vous.

   O Très Sainte Vierge, qui, dans le mystère de la Visitation, avez particulièrement fait éclater l’humilité et la charité qui étaient en vous : obtenez-moi de Dieu, que mon âme soit souvent visitée de votre cher Fils, et qu’elle éprouve quelque chose des impressions sanctifiantes que Sa Présence fit autrefois dans Son bienheureux Précurseur.

Ainsi soit-il. 

Prière pour la fête de la Visitation, in « Règles et exercices pour les Congrégations de la Très-Sainte Vierge à l’usage du diocèse de Metz »
publié par ordre de Mgr Gaspard-André Jauffret (1759-1823),  pp. 152-153, chez Collignon, 1816

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

2024-138. « Invoque-moi dans le péril, et ne crains rien ! »

27 juin,
Fête de Notre-Dame du Perpétuel Secours (cf. > ici & > ici) ;
Fête de Saint Crescent, évêque et martyr ;
4ème jour dans l’octave de Saint Jean-Baptiste ;
11ème jour du Jeûne des Apôtres (cf. > ici).

       A l’occasion de la fête de Notre-Dame du Perpétuel Secours, lisons ou relisons cet exemple donné par Saint Alphonse-Marie de Ligori au sujet de la sollicitude maternelle de la Très Sainte Mère de Dieu pour nous et de la puissance des secours que nous pouvons espérer de son intercession.

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

       « Vincent de Beauvais raconte que, dans une ville d’Angleterre, un jeune homme de sang noble, nommé Ernest, avait donné aux pauvres tout son patrimoine, et était entré dans un monastère, où il avait bientôt conquis l’estime de ses supérieurs par une vie très parfaite et spécialement par sa grande dévotion à la Sainte Vierge.
Survint une peste qui obligea les habitants de la ville à s’adresser aux moines et à réclamer le secours de leurs prières. L’abbé commanda à Ernest d’aller se mettre en prières devant l’autel de Marie, et de ne pas se retirer que la Reine du ciel ne lui eût donné une réponse.
Au bout de trois jours, Marie lui indiqua certaines prières que l’on devait réciter ; on le fit, et le fléau cessa.

Gloires de Marie exemple - blogue

   Or, il advint qu’Ernest s’étant ensuite refroidi dans sa dévotion à Notre-Dame, se vit assailli de fréquentes tentations, principalement contre la pureté ; le démon lui suggéra même l’idée de sortir du monastère ; et, faute de s’être recommandé à Marie, le malheureux en vint à former le projet de s’enfuir en escaladant le mur de clôture.
Comme donc il passait dans un corridor vis-à-vis d’une image de Marie, il entendit la Mère de Dieu qui lui disait : « Mon fils, pourquoi me quittes-tu ? » A ces mots, Ernest, interdit et confus, tomba par terre et répondit : « Mais, Vierge Sainte, ne voyez-vous pas que je ne puis plus résister ? pourquoi ne venez-vous pas à mon secours ? » La bonne Mère reprit : « Et toi, pourquoi ne m’as-tu pas invoquée ? si tu n’avais pas négligé de te recommander à moi, tu n’en serais pas venu là. A l’avenir, invoque-moi dans le péril, et ne crains rien ».

   Le jeune homme retourna à sa cellule ; mais, les tentations revenant à la charge, il négligea comme par le passé de se recommander à Marie, et il finit par s’enfuir du couvent.

   Dès lors, il se livra à une vie criminelle, et, de péché en péché, il en vint jusqu’à louer une auberge pour y assassiner de nuit les voyageurs et s’emparer de leurs dépouilles. Il égorgea ainsi entre autres le cousin du gouverneur de l’endroit. Celui-ci lui fit son procès, et, sur les indices qu’il put recueillir, il le condamna à la potence.
Mais, pendant que le procès s’instruisait, arriva à l’auberge un jeune cavalier, et aussitôt le scélérat de songer à le traiter, comme d’ordinaire il traitait ses hôtes. Il entre la nuit dans la chambre de l’étranger pour l’assassiner, et que voit-il ? Au lieu du cavalier il voit sur le lit un crucifix tout couvert de plaies, qui, le regardant avec bonté, lui dit : « Ne te suffit-il pas, ingrat, que je sois mort une fois pour toi ? veux-tu de nouveau m’ôter la vie ? eh bien ! lève le bras, et tue-moi ».
Tout hors de lui-même à cette vue, Ernest fond en larmes : « Seigneur, s’écrie-t-il en sanglotant, je me rends à Vous ; puisque Vous daignez me faire miséricorde, je veux me convertir ».

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

   Il quitte aussitôt l’auberge et se dirige vers son monastère pour y faire pénitence ; mais, rencontré en chemin par les ministres de la justice, il est saisi et mené au juge ; il avoue tous ses forfaits ; on le condamne à la corde, on ne lui donne pas même le temps de se confesser.
Pendant qu’on le traînait au supplice, il se recommanda à Marie ; elle lui conserva la vie, le détacha elle-même de la potence et lui dit : « Retourne au couvent, fais pénitence ; et, quand tu me verras à la main la sentence du pardon de tes péchés, prépare-toi à la mort ».

   Ernest rentra au monastère, raconta le tout à l’abbé, et fit une rigoureuse pénitence. Plusieurs années après, il vit Marie tenant à la main l’acte de son pardon ; aussitôt, il se prépara à la mort, et il mourut saintement.»

Exemple rapporté par Saint Alphonse-Marie de Ligori dans les « Gloires de Marie » en illustration du chapitre intitulé : « Marie est aussi la Mère des pécheurs repentants ».

Gloires de Marie exemple 2 - blogue

1...34567...27

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi