Archive pour la catégorie 'De Maria numquam satis'

2024-206. Messe propre de Notre-Dame de La Salette.

Apparition de Notre-Dame de La Salette image - blogue

Messe de Notre-Dame de La Salette

Réconciliatrice des pécheurs

Introït :

   Adeamus cum fiducia ad thronum gratiae, ut misericordiam consequamur, et gratiam inveniamus in auxilio opportuno.
Ps. Misericordias Domini in aeternum cantabo : in generationem et generationem annuntiabo veritatem meam in ore meo. Gloria Patri…

   Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus en temps opportun.
Ps. Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur ; de génération en génération ma bouche annoncera Votre vérité. Gloire au Père…

Oratio :

   Domine Jesu Christe, qui sanguine tuo pretioso mundum Deo Patri reconciliasti, et Matrem tuam peccatorum Reconciliatricem constituere dignatus es : tribue, quaesumus, ut ejusdem Beatissimae Virginis Mariae pia intercessione nostrorum delectorum veniam consequamur : Qui vivis et regnas…

   Seigneur Jésus-Christ, qui, par Votre Précieux Sang avez réconcilié le monde avec Dieu le Père et daigné établir Votre Mère Réconciliatrice des pécheurs : par la pieuse intercession de cette même Bienheureuse Vierge Marie, accordez, nous Vous le demandons, que nous obtenions le pardon de nos péchés : ô Vous qui vivez et régnez…

Lectio libri Genesis (IX 8-17) :

   Haec dixit Deus ad Noe, et ad filios ejus cum eo : Ecce ego statum pactum meum vobiscum, et cum semine vestro post vos ; et ad omnem animam viventem, quae est vobiscum, tam in volucribus quam in jumentis et pecudibus terrae cunctis, quae egressa sunt de arca, et universis bestiis terrae.
Statuam pactum meum vobiscum, et nequaquam ultra interficietur omnis caro aquis diluvii, neque erit deinceps diluvium dissipans terram.
Dixitque Deus : Hoc signum foederis quod do inter me et vos, et ad omnem animam viventem, quae est vobiscum in generationes sempiternas : arcum meum ponam in nubibus, et erit signum faederis inter me et inter terram. Cumque obduxero nubibus caelum, apparebit arcus meus in nubibus : et recordabor foederis mei vobiscum, et cum omni anima vivente quae carnem vegetat : et non erunt ultra aquae diluvii ad delendum universam carnem. Eritque arcus in nubibus, et videbo illum, et recordabor foederis sempiterni quad pactum est inter Deum et omnem animam viventem universae carnis quae est super terram.
Dixitque Deus ad Noe : Hoc erit signum foederis, quod constitui inter me et omnem carnem super terram.

   Voici les choses que Dieu dit à Noé, et à ses fils avec lui : Voici que Moi, Je vais établir Mon alliance avec vous et avec votre postérité après vous, et avec toute âme vivante qui est avec vous, tant parmi les oiseaux que parmi les animaux domestiques et toutes les bêtes de la terre, qui sont sorties de l’arche, et tous les animaux de la terre.
J’établirai Mon alliance avec vous, et toute chair ne sera plus détruite par les eaux d’un déluge, car il n’y aura plus à l’avenir de déluge ravageant la terre.
Et Dieu dit : Voilà le signe de l’alliance que J’établis entre Moi et vous et toute âme vivante qui est avec vous pour des générations sempiternelles : Je placerai mon arc dans les nues, et il sera un signe d’alliance entre Moi et la terre. Et quand J’aurai couvert le ciel de nuages, Mon arc paraîtra dans les nues : et Je Me souviendrai de Mon alliance avec vous, et avec toute âme vivante qui anime la chair : et il n’y aura plus d’eaux de déluge pour détruire toute chair. L’arc sera dans les nues, et Je le verrai, et Je Me souviendrai de l’alliance éternelle qui est établie entre Dieu et toute âme vivante de toute chair qui est sur la terre.
Et Dieu dit à Noé : Voici le signe de l’alliance que J’ai établie entre Moi et toute chair sur la terre.

Graduale :

   Domine in caelo misericordia tua, et veritas tua usque ad nubes.
V./ Multiplicasti misericordiam tuam, Deus : Filii autem hominum in tegmine alarum tuarum sperabunt.

   Seigneur, Votre miséricorde est dans le ciel, et Votre vérité s’élève jusqu’aux nues.
V./ Votre miséricorde est infinie, ô Dieu : les enfants des hommes espèreront à l’ombre de Vos ailes.

   Alleluia, alleluia.
V./ Hoc erit singum faederis, quod constitui inter me et inter omnem carnem super terram. Alleluia.

   Alléluia, alléluia.
V./ Tel sera le signe de l’alliance que J’ai conclue entre Moi et toute chair qui vit sur la terre. Alléluia.

+ Sequentia Sancti Evangelii secundum Joannem (XIX 25-27) :

   In illo tempore, stabant juxta crucem Jesu Mater ejus, et soror Matris ejus, Mariae Cleophae, et Maria Magdalene. Cum vidisset ergo Jesus Matrem, et discipulum stantem, quem diligebat, dicit Matria suae : Mulier, ecce filius tuus. Deinde dicit discipulo : Ecce Mater tua.
Et ex illa hora accepit eam discipulus in sua.

   En ce temps-là, étaient debout près de la croix de Jésus, Sa Mère, et la sœur de Sa Mère, Marie de Cléophas, et Marie-Magdeleine. Lors donc que Jésus eut vu Sa Mère, et, près d’elle, le disciple qu’Il aimait, Il dit à Sa Mère : Femme, voilà votre fils. Ensuite, Il dit au disciple : Voilà ta Mère.
Et depuis cette heure-là, le disciple la prit avec lui.

Offertorium :

   Recordare, Virgo Mater, in conspectu Dei, ut loquaris pro nobis bona, et ut avertat indignationem suam a nobis.

   Souvenez-vous, ô Vierge Mère, d’intercéder pour nous auprès de Dieu, et de Lui faire détourner de nous Son indignation.

Secreta :

   Hostias tibi, Domine, placationis et laudis offerimus : ut, intercedente Beatissima Virgine Maria, peccatorum Reconciliatrice, et delicta nostra miseratus absolvas et nutantia corda tu dirigas. Per Dominum…

   Nous Vous offrons, Seigneur, des hosties d’apaisement et de louange, afin que, par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Réconciliatrice des pécheurs, Vous nous pardonniez miséricordieusement nos fautes, et dirigiez nos cœurs chancelants. Par Notre-Seigneur…

Communio :

   Regina mundi dignissima, Maria, Virgo perpetua, intercede pro nostra pace et salute, quae genuisti Christum Dominum, Salvatorem omnium.

   O très digne Reine du monde, Marie, perpétuellement Vierge, intercédez pour que nous obtenions la paix et le salut, vous qui avez mis au monde le Christ Seigneur et Sauveur de tous.

Postcommunio :

   Subveniat nobis, Domine, Beatissimae Virginis Mariae Reconciliatricis jugis intercessio : ut, per haec sacrosancta commercia, et miserationis tuae gratiam et redemptionis aeternae praemimum consequamur. Per Dominum…

   Que la perpétuelle intercession de la Bienheureuse Vierge Marie Réconciliatrice vienne à notre secours, Seigneur : afin que, par ces très saints échanges, nous obtenions la grâce de Votre miséricorde et la récompense de l’éternelle Rédemption. Par Notre-Seigneur…

Vitrail de l'apparition de Notre-Dame de La Salette

2024-199. Deux pèlerinages angevins à l’origine desquels se trouve Saint Maurille : Notre-Dame du Marillais & Notre-Dame de Béhuard.

Apparition de Notre-Dame à Saint Maurille

       Selon la Tradition, en l’an 430 (c’est-à-dire l’année qui précéda le concile d’Ephèse), alors que Saint Maurille d’Angers (cf. > ici) était venu rendre visite à ses frères moines du Mont-Glonne (aujourd’hui Saint-Florent-le-Vieil), et qu’il s’était un peu éloigné du monastère pour se recueillir et méditer dans la campagne, au lieu-dit La Croix du Pichon, au confluent de l’Evre et de la Loire, il eut l’apparition de la Très Sainte Vierge Marie.

   Voici comment les anciennes chroniques rapportent l’événement : 

   « Maurille, évêque d’Angers, était en ce lieu, quand il se vit tout à coup environné d’une lumière céleste. C’était la Très Sainte Vierge, tenant en ses bras son divin Enfant, qui daignait lui apparaître, dans un peuplier.
Elle dit à son dévot serviteur que la volonté de Dieu et le bon plaisir de son divin Fils étaient qu’il établît en son diocèse une fête solennelle du jour de sa sainte naissance, le 8 de septembre… »
 

   La fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie déborda rapidement les frontières de l’Anjou et fut progressivement célébrée dans toute l’Eglise latine. En France, elle conserva longtemps le titre de Notre-Dame l’Angevine, qui rappelait ses origines.

Notre-Dame du Marillais - l'apparition à Saint Maurille

Apparition à Saint Maurille et demande d’institution de la fête de la Nativité de la Vierge
(groupe sculpté à l’intérieur de la chapelle du Marillais)   

   Un modeste oratoire avait d’abord été construit, qui, au cours des siècles, est devenue une chapelle, plusieurs fois agrandie.

   Ainsi, on affirme que Saint Charlemagne serait passé ici en 786, en allant soumettre les Armoricains, et qu’il aurait attribué sa victoire à Notre-Dame du Marillais, pour laquelle il fit reconstruire l’édifice primitif.
En 1520, la chapelle carolingienne est remplacée par un édifice plus vaste, de « style Planagenêt », qui, malgré les ravages des guerres dites de religion puis les incendies et profanations de la révolution, subsistera jusqu’en 1890.
En 1870, Monseigneur Freppel, évêque d’Angers, décide la construction d’un sanctuaire plus important : la première pierre en fut posée le 24 septembre 1890. Les travaux de la chapelle furent achevés en 1913, mais la consécration n’en fut célébrée que le 7 octobre 1920, en raison de la première guerre mondiale. A la chapelle fut ajoutée en 1930 une tour carrée.

   Enfin, la Vierge à l’Enfant qui trône dans le ciborium du maître-autel a été couronnée par Son Excellence Monseigneur Rumeau, évêque d’Angers, le 8 septembre 1931, avec la bénédiction du pape Pie XI.

Notre-Dame du Marillais - la Vierge couronnée

Notre-Dame du Marillais : la Vierge couronnée.

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

       Béhuard est une petite île – la seule de tout le cours de la Loire où se trouve un bourg de 120 habitants -, formée d’alluvions qui se sont agglomérés autour d’un rocher basaltique émergeant du fleuve.
Sur ce rocher, en 431, Saint Maurille plaça une statue de la Très Sainte Mère de Dieu, peut-être pour christianiser un lieu où auparavant les païens avaient-ils rendu quelque culte aux éléments…
L’île prit alors le nom d’« Ile Marie », et à la statue érigée par Saint Maurille succéda un oratoire.

Béhuard Vierge du rocher et chapelle

Béhuard : la statue de la Vierge à l’extrémité nord du rocher date de 1908 ;
elle rappelle la première statue érigée par Saint Maurille.

Au sommet du rocher le sanctuaire édifié par Louis XI.

   Le nom actuel vient du fait qu’au XIème siècle, le chevalier Buhard fit don de l’île, avec son rocher et son petit oratoire, à l’abbaye Saint-Nicolas d’Angers.
A partir de cette époque, des chroniques rapportent plusieurs sauvetages miraculeux qui se sont produits sur le cours de la Loire en relation avec Notre-Dame de Béhuard, si bien que, à l’orée du XVème siècle, sa renommée franchit les limites de l’Anjou.

   Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, sœur du Roi René, Louis XI naquit à Bourges en 1423 et régna de 1461 à 1483. Dévot de Marie, il disait :

« Elle nous a toujours imparti, en toutes affaires, son aide et sa direction ».

   Louis XI eut une dévotion de prédilection pour « la Vierge du Rocher de Béhuard », auprès de laquelle il vint une vingtaine de fois et dont il portait une médaille à son chapeau.

   Pendant son enfance, sa mère, Marie d’Anjou, lui avait appris à l’invoquer. Et ce cri de confiance, le Dauphin Louis, âgé de 20 ans, s’en souvint en ce Vendredi Saint 1443, lorsque sa barque chavira sur la Charente, où il circulait avec quelques compagnons. Il s’écria :

« Si j’en sors sain et sauf, je bâtirai une chapelle, au rocher de la Vierge de Béhuard ».

Intérieur de la chapelle de Béhuard

L’intérieur de la chapelle de Béhuard (qui avait déjà été épuré)
juste avant les transformations postérieures au second concile du Vatican :
la statue de Notre-Dame de Béhuard est dans la niche en haut à gauche,
et au-dessus de la porte de la sacristie la « cloche de la paix » offerte par Sa Majesté le Roi Louis XI.

Intérieur de la chapelle de Béhuard après le concile Vatican 2

Etat actuel

   C’est entre 1469 et 1472 que Louis XI fit construire la chapelle actuelle.
Il avait le dessein d’y instituer un chapitre royal : pour créer cette collégiale et assurer un revenu convenable aux six chanoines qu’il voulait y établir, il acheta l’île aux moines de Saint-Nicolas.
La mort du Souverain, en 1483, ne permit pas l’achèvement du projet, et la chapelle ne fut jamais érigée en collégiale royale.

   Des nombreux dons munificents de Louis XI à Notre-Dame de Béhuard, il reste en particulier, bien visible dans le sanctuaire, une cloche que le pieux Monarque voulait que l’on sonnât pour appeler à prier pour la paix. 

la cloche de la paix à Béhuard

Chapelle Notre-Dame de Béhuard : la « cloche de la paix »
mi-bronze mi-argent offerte par le Roi Louis XI
(ferronnerie du début du XXème siècle) 

   Après Louis XI, sans pour autant tomber dans l’oubli, le sanctuaire de Béhuard va s’assoupir…
Il faut attendre la seconde moitié du XIXème siècle pour que Monseigneur Freppel lui redonne de l’élan : un élan qui va globalement durer jusque vers les « années soixante » du XXème siècle, et qui, après quelques décennies de « flottement », semble aujourd’hui vouloir prendre un nouvel essor.

   Le 24 septembre 1923, pour le couronnement de la statue dite miraculeuse et improprement appelée « Vierge noire », on avait compté quelque 40.000 pèlerins !

Couronnement de Notre-Dame de Béhuard me 24 septembre 1923 - blogue

Les évêques et abbés au couronnement de Notre-Dame de Béhuard le 24 septembre 1923

   La statue qui a été couronnée, et qui concentre en elle l’objet du pèlerinage, est une statue du XVIème siècle, sculptée sur le modèle des Vierges en majesté, dans du bois de prunier. Ce n’est pas à proprement parler une « Vierge noire » : sa couleur sombre n’est en effet que l’effet du vieillissement du bois.

Notre-Dame de Béhuard sans son manteau

La statue de Notre-Dame de Béhuard
sans puis avec son manteau et ses parures

Statue de Notre-Dame de Béhuard avec ses ornements

   Voici donc une brève présentation de ces deux pèlerinages angevins à la Très Sainte Vierge Marie – Mère de Dieu et la nôtre -, qui, depuis plus de quinze siècles, depuis Saint Maurille, bon an mal an, malgré les vicissitudes de l’histoire et les épreuves de la Sainte Eglise, demeurent des lieux de grâce et de bénédictions.

Trois lys blancs

2024-196. La douceur du Saint Nom de Marie.

12 septembre,
Fête du Saint Nom de Marie (double majeur),
instituée dans l’Eglise universelle en action de grâces pour la victoire remportée sur les païens mahométans à Vienne (12 septembre 1683 – cf. > ici).

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Visage de la Très Sainte Vierge Marie - blogue

Combien le nom de Marie est doux

pendant la vie et à la mort :

       « L’auguste nom de la Mère de Dieu, le nom de Marie, n’est pas d’origine terrestre ; il ne fut pas, comme les autres noms, inventé par l’esprit des hommes ; il ne lui fut pas donné par leur libre choix : descendu du ciel, il lui fut imposé par un décret divin ; ainsi l’attestent saint Jérôme, saint Epiphane, saint Antonin, et d’autres auteurs.

   « Le nom de Marie, dit saint Pierre Damien, fut tiré du trésor de la Divinité ». « Oui, ô Marie, ajoute Richard de Saint-Laurent, votre nom sublime et admirable est sorti du trésor de la Divinité ; les trois personnes de la Trinité Sainte vous l’ont donné d’un commun accord, ce nom qui éclipse tous les noms après celui de votre Fils ; elles l’ont rempli de tant de majesté et de puissance que, quand il est prononcé, il faut que tout se prosterne pour le vénérer, au ciel, sur la terre et dans les enfers ». Mais, sans parler des autres prérogatives que le Seigneur a voulu attacher au nom de Marie, considérons ici combien il l’a rendu doux aux serviteurs de cette céleste Reine, soit pendant la vie, soit à l’heure de la mort.

Sanctissimi Nominis Mariae - Blogue

   Premièrement, le nom de Marie est doux à ses serviteurs pendant leur vie. Le saint anachorète Honorius le trouvait plein de tout ce qu’il y a de douceur et de suavité en Dieu ; et, pour le glorieux saint Antoine de Padoue, ce nom avait les mêmes charmes que saint Bernard trouvait dans celui de Jésus. « Le nom de Jésus, avait dit Bernard, le nom de Marie, reprenait Antoine, est une joie au cœur de ses pieux serviteurs, un miel sur leurs lèvres, une mélodie pour leurs oreilles ». Le vénérable Juvénal Ancina, évêque de Saluces, goûtait, en prononçant le nom de Marie, une douceur sensible telle, dit son historien, qu’il s’en léchait les lèvres. On lit la même chose d’une femme de Cologne : « Je ne prononce jamais le nom de Marie, assurait-elle à l’évêque Massilius, sans que mon palais soit flatté d’une saveur supérieure à celle du miel ». Massilius adopta sa pratique et expérimenta la même douceur.

   Lors de l’Assomption de la Vierge, les anges demandèrent à trois reprises quel était son nom ; on peut le conclure de ces trois passages des Cantiques : « Quelle est celle-ci qui monte du désert comme un nuage d’encens ? – Quelle est celle-ci qui s’avance comme une aurore naissante ? – Quelle est celle-ci qui s’élève du désert, nageant dans les délices ? » Pourquoi, se demande Richard, pourquoi les anges répètent-ils tant de fois leur question : Quelle est celle-ci ? … C’est sans doute, répond-il, afin d’entendre répéter le nom de Marie, tant ce nom résonne délicieusement à l’oreille des anges eux-mêmes.

   Mais ce n’est pas de cette douceur sensible que j’entends parler ici : il n’est pas donné à tous de la sentir ; je veux parler d’une douceur spirituelle, d’un sentiment salutaire de consolation, d’amour, de joie, de confiance et de force, que le nom de Marie inspire communément à ceux qui le prononcent avec dévotion.

   L’Abbé Francon dit à ce sujet : « Après le saint nom de Jésus, le nom de Marie est si fécond en biens de tout genre, que, ni sur la terre ni dans le ciel, on n’entend prononcer aucun nom qui remplisse les âmes dévotes d’autant de grâces, de consolation et d’espérance ». « En effet, continue le même auteur, le nom de Marie renferme je ne sais quoi d’admirable, de doux et de divin, qui fait qu’il ne peut retentir dans un cœur aimant sans l’embaumer d’une odeur de sainte suavité. Et voici, dit-il en finissant, la merveille de cet auguste nom : mille fois répété, il parait toujours nouveau à ceux qui aiment Marie, aussi bien que le plaisir avec lequel ils l’entendent ».

   Le bienheureux Henri Suso avait bien fait, lui aussi, l’expérience de cette douceur du nom de Marie. En le prononçant, il se sentait, disait-il lui-même, « tout pénétré de confiance et enflammé d’amour aussi », versant des larmes de joie et transporté hors de lui-même, il eût voulu que le cœur lui bondît de la poitrine jusque sur les lèvres ; car, assurait-il, ce nom si doux, si cher, se liquéfiait au fond de son âme comme un rayon de miel. Après quoi, il s’écriait : « O nom plein de suavité ! O Marie ! que devez-vous donc être vous-même, si votre nom seul est déjà si aimable et si gracieux ? »

   De son côté, saint Bernard, s’adressant à sa bonne Mère, lui disait, en ces termes pleins de tendresse, la flamme dont il brûlait pour elle : « O grande, ô clémente, ô admirable Marie ! ô Vierge très sainte et digne de toute louange, combien doux et aimable est votre nom ! On ne peut le prononcer sans se sentir embrasé d’amour et pour vous et pour Dieu ; il suffit même que ce nom se présente à la pensée de ceux qui vous aiment, pour accroître beaucoup leur amour et les consoler ». « Ah ! si les richesses consolent les pauvres, en les tirant de leur misère, ajoute Richard de Saint-Laurent, combien plus, ô Marie, votre nom nous console dans nos peines, car, bien mieux que les richesses de la terre, il adoucit les angoisses de la vie présente ! »

   En un mot, ô Mère de Dieu, votre nom est tellement rempli, comme le dit saint Méthode, de grâces et de bénédictions divines, que, comme l’affirme saint Bonaventure, on ne saurait le prononcer dévotement sans en tirer quelque bien. Quelque endurci que puisse être un pécheur, eût-il même perdu toute confiance en Dieu, qu’il vous nomme seulement, ô Vierge pleine de bonté ; et, ajoute le pieux Idiot, « telle est la vertu de votre nom qu’il sentira sa dureté s’amollir d’une manière merveilleuse ; car c’est vous qui faites revivre les pécheurs à l’espérance du pardon et de la grâce ».

   « Votre doux nom, dit à son tour saint Ambroise, est un baume qui répand l’odeur de la grâce ; ah, que ce baume de salut descende au fond de nos âmes ! » Voici donc ce que le saint vous demandait par ces paroles, ô Marie, et ce que nous vous demandons après lui : « Faites que nous pensions souvent à invoquer votre nom avec amour et confiance ; car c’est là, sinon un signe de la présence de la grâce divine en nous, du moins un gage de son prochain retour ». Il en est bien ainsi, car, ô Marie, selon la pensée de Ludolphe de Saxe, « le souvenir de votre nom console les affligés, remet dans la voie du salut ceux qui en sont sortis, et fortifie les pécheurs contre la tentation du désespoir ».

   « De même donc que, par ses cinq plaies, Jésus-Christ a préparé le remède à tous les maux du monde ; ainsi, par la vertu de son très saint nom composé de cinq lettres, Marie ménage chaque jour aux pécheurs, observe Pelbart, la rémission de leurs fautes ». Voilà pourquoi il est dit dans les cantiques sacrés : « Votre nom est comme une huile répandue » ; paroles qu’Alain de l’Isle commente ainsi : « L’huile guérit les malades, répand une odeur agréable, et nourrit la flamme ; et le nom de Marie guérit les pécheurs, réjouit les âmes, et les embrase du divin amour ». Aussi, Richard de Saint-Laurent exhorte tous les pécheurs à invoquer ce nom assez puissant à lui seul pour les délivrer de tous leurs maux ; car « il n’est point de maladie si funeste, assure-t-il, qui ne cède aussitôt à sa vertu salutaire ».

   D’autre part, au témoignage de Thomas a Kempis : « les démons redoutent à tel point la Reine du ciel, que, si quelqu’un vient à prononcer son nom, ils fuient incontinent loin de lui, comme on fait pour échapper aux atteintes de la flamme ». Et, d’après une révélation de la bienheureuse Vierge elle-même à sainte Brigitte, il n’est pas en cette vie de pécheur, si froid, si étranger soit-il à l’amour divin, qui ne puisse forcer l’esprit malin à s’éloigner, à la seule condition d’invoquer le saint nom de Marie avec le bon propos de convertir. Une autre fois, revenant sur le même sujet, Marie disait à la même sainte : « Tous les démons révèrent mon nom et le redoutent ; et, rien qu’à l’entendre, ils relâchent au plus vite l’âme qu’ils tenaient déjà entre leurs griffes ». Par contre, pendant que les anges rebelles s’éloignent des pécheurs qui invoquent le nom de Marie, les bons anges se rapprochent davantage des âmes justes qui le prononcent dévotement ; c’est ce qu’a dit encore Notre-Dame à sainte Brigitte.

   Selon saint Germain, comme la respiration est un signe de vie, ainsi la répétition fréquente du nom de Marie est un signe, ou que déjà la grâce vit en nous, ou qu’elle y revivra bientôt ; car ce nom puissant a la vertu d’attirer en ceux qui l’invoquent, le secours de Dieu et la vie.

   Enfin, Richard de Saint-Laurent dit que « ce nom admirable est comme une forte tour où le pécheur qui s’y réfugie est à l’abri de la mort, où les plus désespérés trouvent une défense sûre et le salut ». Mais, continue le même, « cette tour céleste ne préserve pas seulement les pécheurs du châtiment qui leur serait dû ; elle protège encore les justes contre les assauts de l’enfer ; et, après le nom de Jésus, aucun nom n’est secourable aux hommes, aucun n’est salutaire à l’égal du grand nom de Marie ».

   Notamment, c’est chose universellement reconnue, et dont les serviteurs de Marie font tous les jours l’expérience, que son nom puissant donne la force de vaincre les tentations contre la chasteté. Sur ces paroles de saint Luc : « Et le nom de cette Vierge est Marie », le même Richard observe que « l’Evangéliste a joint ensemble le nom de Marie et celui de Vierge, pour nous donner à entendre que le nom de cette Vierge très pure ne va jamais sans la chasteté ». De là cette sentence de saint Jean Chrysostome : « Ce nom béni est un indice de chasteté ». C’est-à-dire : celui qui doute s’il n’a pas consenti à une tentation impure, mais qui se souvient en même temps d’avoir alors invoqué le nom de Marie, qu’il se rassure, il n’a pas blessé la sainte vertu ; cette invocation même en est un signe certain.

   Puisqu’il en est ainsi, soyons fidèles à suivre le sage conseil de saint Bernard : « Dans les périls, dans les difficultés, dans les perplexités, pensez à Marie, dit-il, invoquez Marie ; que son nom ne quitte jamais vos lèvres, qu’il soit constamment dans votre cœur ». Oui, toutes les fois que nous sommes en danger de perdre la grâce de Dieu, pensons à Marie, invoquons le nom de Marie, conjointement avec celui de Jésus ; car ces deux noms ne doivent jamais se séparer. Que ces deux noms si doux et si puissants ne s’éloignent jamais de notre coeur ni de nos lèvres ; ils nous donneront la force de ne pas succomber et de vaincre toutes les tentations.

   Admirables sont les faveurs promises par Jésus-Christ à ceux qui sont dévots au nom de Marie ; sainte Brigitte les apprit de la bouche du Sauveur lui-même s’entretenant avec sa sainte Mère : « Quiconque, lui disait-il, invoquera votre nom avec confiance et avec le propos de s’amender, recevra trois grâces signalées, savoir : un parfait repentir de ses péchés, la grâce d’en faire pénitence avec la force de parvenir à la perfection, et finalement la gloire céleste. Car, ô ma Mère, ajouta le divin Sauveur, vos paroles me sont si douces et si agréables, que je ne puis vous refuser aucune de vos demandes ».

   Saint Éphrem va jusqu’à dire que « le nom de Marie est la clef du ciel » pour ceux qui l’invoquent dévotement. Saint Bonaventure a donc raison de proclamer Marie le Salut de tous ceux qui l’invoquent : « O salus te invocantium ! » comme si c’était une même chose d’invoquer le nom de Marie et d’obtenir le salut éternel. Et, en effet, Richard de Saint-Laurent nous assure que, par l’invocation de ce nom si saint et si doux, nous acquérons une grâce surabondante en cette vie et un sublime degré de gloire en l’autre.

   Concluons par cette exhortation de Thomas a Kempis : « Voulez-vous donc, mes frères, être consolés dans toutes vos peines, recourez à Marie, invoquez Marie, honorez Marie, recommandez-vous à Marie, pleurez avec Marie, réjouissez-vous avec Marie, priez avec Marie, marchez avec Marie, cherchez Jésus avec Marie, désirez enfin vivre et mourir avec Jésus et Marie. Par ce moyen, ajoute-t-il, vous avancerez toujours dans la voie du Seigneur ; car Marie priera volontiers pour vous, et le Fils exaucera certainement sa Mère ».

Sanctissimi Nominis Mariae - Blogue

   Le saint nom de Marie est donc pour ses serviteurs, pendant leur vie, la source de bien des douceurs et de grâces bien précieuses ; il nous reste à voir combien plus doux encore il leur devient au dernier moment, en rendant leur mort tranquille et sainte.

   Le Père Sertorius Caputo, de la Compagnie de Jésus, engageait tous ceux qui doivent assister un mourant, à lui répéter fréquemment le nom de Marie ; « prononcé à l’heure de la mort, disait-il, ce nom de vie et d’espérance suffit à lui seul pour mettre en fuite les démons et fortifier les mourants dans toutes leurs angoisses ». Avec non moins de zèle, saint Camille de Lellis recommandait à ses religieux d’exciter souvent les moribonds à invoquer les noms de Jésus et de Marie. Après avoir lui-même suggéré toujours cette sainte pratique aux autres, il apprit par sa propre expérience combien elle est douce et salutaire à l’heure de la mort. En ce moment suprême, raconte l’auteur de sa vie, il prononçait avec tant de tendresse les noms, si chers à son cœur, de Jésus et de Marie, que les flammes dont il était consumé, se communiquaient aux assistants. Enfin, les yeux amoureusement fixés sur les images de Jésus et de Marie, le front serein et les bras en croix, il expira dans une paix céleste, en invoquant encore ces doux noms, qui furent les dernières paroles de sa vie.

   « Jésus ! Marie !… » est-il prière plus courte que celle-là ? « et pourtant, remarque Thomas a Kempis, autant elle est facile à retenir, autant elle est douce à méditer, et elle est une puissante sauvegarde contre tous les ennemis de notre salut ».

   « Heureux, s’écriait saint Bonaventure, heureux celui qui aime votre doux nom, ô Mère de Dieu ! Votre nom est si glorieux, si admirable en est la vertu, que tous ceux qui ont soin de l’invoquer à l’article de la mort, n’ont rien à craindre des attaques de l’ennemi ».

   Ah ! quel bonheur de mourir comme le Père Fulgence d’Ascoli, capucin, qui rendit le dernier soupir en chantant :

« O beauté sans égale ! ô Marie, ô Marie
Je veux quitter la terre en votre compagnie ».

   Quel bonheur de mourir comme le bienheureux Henri moine de Cîteaux, qui, d’après les annales de l’Ordre, sortit de ce monde en articulant le nom de Marie.

   Prions donc, pieux lecteurs, prions Dieu de nous faire cette grâce que la dernière parole de nos lèvres mourantes soit le nom de Marie. Tels étaient le désir et la prière de saint Germain : « Que ma langue, au moment de se glacer, répète encore une fois le nom de Marie ». Oh ! que la mort est douce et paisible, sous les auspices et la protection de ce nom de salut, de ce nom que Dieu accorde d’invoquer au moment de mourir, à ceux, là seuls qu’il veut voir sauvés !

   Ma douce Souveraine et ma Mère, je vous aime beaucoup ; et, par amour pour vous, j’aime aussi votre saint nom ; je suis résolu et j’espère, avec votre secours, de l’invoquer pendant toute ma vie, et à ma mort. Je vous adresse donc, en terminant, cette tendre prière de saint Bonaventure : « Pour la gloire de votre nom, lorsque mon âme sortira de ce monde, venez au-devant d’elle, ô Vierge bénie, et daignez la recevoir entre vos bras. Ayez la bonté de venir la consoler alors par votre douce présence ; soyez pour elle l’échelle et la voie du ciel ; obtenez-lui la grâce du pardon et l’éternel repos. O Marie, notre Avocate, c’est à vous de défendre vos serviteurs et de plaider leur cause au tribunal de Jésus-Christ ».»

Saint Alphonse de Liguori
in « Gloires de Marie » chap. X.

 Saint Nom de Marie - blogue

2024-193. De Notre-Dame de Pramailhet.

8 septembre,
Fête de la Nativité de Notre-Dame (double de 2ème classe) ;
Mémoire de Saint Hadrien de Nicomédie, martyr.

       Avant que ne s’achève cette journée, je voudrais vous parler d’un pèlerinage vivarois auquel Frère Maximilien-Marie est très attaché : celui qui se fait à la chapelle de Notre-Dame de Pramailhet (pèlerinage que feu le Maître-Chat Lully, mon prédécesseur, avait brièvement évoqué dans sa chronique de l’été 2009 > ici).

Notre-Dame de Pramailhet - statue 1

Statue de Notre-Dame de Pramailhet (état actuel)

   Traditionnellement, la grande journée de pèlerinage avait lieu le 8 septembre même, pour célébrer la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu.

   En notre France encore à majorité rurale et catholique des « années soixante » du précédent siècle, dans les populations catholiques villageoises de nos contrées, ce jour était considéré pratiquement comme un jour férié où l’on se faisait un quasi devoir de se rendre en pèlerinage en quelque sanctuaire local ou régional dédié à la Très Sainte Vierge.

la petite route qui conduit à la chapelle de Pramailhet

La petite route qui conduit à la chapelle de Pramailhet

   Lorsqu’il était enfant, heureux temps où la rentrée scolaire n’arrivait que vers la mi-septembre, Frère Maximilien-Marie, s’était rendu à plusieurs reprises, à pied, par les chemins ancestraux (des « drailles » en langue d’Oc), avec des cousines et quelques villageois de Saint-Priest (paroisse de laquelle est issue une partie de sa famille, et qui se trouve à environ une lieue et demi à vol d’oiseau de la chapelle de Pramailhet, ce qui représente environ deux heures et demi de marche puisque, en Vivarais, les chemins ne sont pas rectilignes mais doivent se conformer à un relief tourmenté).
Je vous invite d’ailleurs à vous rendre sur quelque carte géographique en ligne pour vous rendre compte par vous-mêmes de la position de cette chapelle qui se trouve aux coordonnées suivantes : 44.684148, 4.492325.
En procédant à des agrandissements ou bien à des visions de recul, vous pourrez vous faire une idée de sa situation, de son isolement, et du relief alentour, puisqu’elle se trouve presque en bordure d’un plateau surélevé duquel on bénéficie de panoramas saisissants sur nombre de villages du bas-Vivarais.
Ce plateau se nomme le Coiron. La chapelle se trouve à 800 mètres au sud du hameau de Pramailhet, au lieu-dit Combemale (ou Combe Male) : une « combe » désigne un vallon, l’adjectif « male » signifie mauvais ; Combemale veut donc dire « vallon mauvais » ou même « vallon maudit » ; nous reviendrons plus loin sur cette appellation.

les vallées vers le bas Vivarais que l'on aperçoit depuis la route de Pramailhet

Paysage des vallées qui s’ouvrent vers le bas Vivarais que l’on peut contempler
depuis la route du Coiron qui conduit à la chapelle de Pramailhet

   De nos jours, compte-tenu du fait que les conditions de vie ont bien changé, et que les fidèles qui subsistent auraient bien des difficultés à chômer le 8 septembre pour se rendre en pèlerinage à Pramailhet, le clergé a décidé de transférer le pèlerinage annuel au premier dimanche de septembre, et tente, ce jour-là, de redonner vie à la tradition des pèlerins venant à pied vers le petit sanctuaire.

   Le pèlerinage survit donc, mais on est bien loin des foules qu’il attira dans la seconde moitié du XIXème siècle, dans le contexte du sursaut religieux très marqué, ici comme dans le reste du Royaume.
La Restauration (1814-1830) avait favorisé de tout son pouvoir la reprise ou la fondation des écoles catholiques, des petits et grands séminaires, le renouveau des congrégations religieuses, encouragé les missions diocésaines, si bien que c’est véritablement à partir de 1850 que l’on commence à constater la fécondité spirituelle de ces vocations zélées, et à cueillir les fruits du zèle apostolique de ces jeunes prêtres ou religieux, généralement bien formés, qui se sont dépensés à la ré-évangélisation des paroisses et des campagnes, soutenus par les manifestations surnaturelles de la Madone à la rue du Bac (1830), à Notre-Dame des Victoires (1836), à La Salette (1846) et bientôt à Lourdes (1858).

   Aux alentours de 1872, un digne ecclésiastique témoin de la ferveur qui entoure alors le pèlerinage de Pramailhet avance le chiffre de 6000 pèlerins, et l’historien local Albin Mazon, alias le Docteur Francus, évoque des Messes célébrées toutes les semaines, en présence de nombreux fidèles, même en dehors des jours de fêtes mariales.

La chapelle de Pramailhet vers 1900

Des pèlerins à la chapelle de Pramailhet vers 1900

  Selon les traditions qui se racontaient à la veillée jadis, le nom de Combemale donné à ce vallon à 800 mètres au sud du hameau de Pramailhet serait lié à la mort tragique d’une jeune fille – une bergère ? – qui y aurait été sauvagement agressée, ou peut-être dévorée par des bêtes sauvages.
A quelle époque ? Nul ne le dit…

   Ces mêmes traditions locales, rapportent qu’il y aurait eu une sorte d’ermitage dans les parages : le nom de « Solitari » donné à un lieu-dit relativement proche en serait la survivance toponymique.
Il ne subsiste néanmoins rien de cet ermitage dont témoignent les traditions et nul ne peut dire à quelle période il fut habité, ni quand il aurait cessé d’exister. Aurait-ce été par simple abandon ? ou bien lors de dévastations, comme il y en eut lors des passages des grandes compagnies pendant la guerre de Cent Ans ? ou encore cela nous renvoie-t-il à des événements beaucoup plus anciens à la fin de l’Antiquité ou au début du Moyen-Age ?
Dans l’état actuel de nos connaissances, nous n’avons aucun élément de réponse.

   Nous savons seulement, et encore avec beaucoup d’imprécisions, que vers 1851, des travaux de terrassement effectués pour une restauration de la chapelle, ont permis de découvrir des vestiges de bâti ancien : mais cela n’a évidemment pas été étudié de manière rigoureuse et scientifique.

Chapelle de Pramailhet extérieur état actuel

Chapelle de Pramailhet, état actuel

   Les données parcellaires en notre possession attestent néanmoins de la reconstruction, en 1648, d’une chapelle détruite.
Il est bien question de reconstruction, ce qui signifie, en toute logique, qu’il y avait un édifice antérieur, dont on peut raisonnablement penser qu’il avait été ruiné par les sectateurs de Calvin, dont les ravages et destructions furent très nombreux dans toute cette partie du diocèse de Viviers.

   La chapelle de 1648 fut agrandie en 1781, ce dont témoigne la clef de voûte de la porte latérale.

clef de voûte datée de la porte latérale

   Dans la deuxième partie de la grande révolution (après la terreur robespierriste), lors même que le triste évêque parjure et jureur de Viviers – Monseigneur Charles de La Font de Savines – avait abandonné le diocèse, et que la persécution s’acharnait aussi bien sur les prêtres insermentés que sur les assermentés, des prêtres constitutionnels fanatiques s’établirent à Pramailhet et firent de la chapelle leur « cathédrale » (sic).
Les désordres se multiplièrent autour de cet avorton d’ « Eglise » schismatique : si le concordat de 1801 vint mettre fin à l’existence de cette petite communauté d’obstinés, le lieu resta pendant plusieurs années entouré de suspicions si bien que le pèlerinage finit par être interdit par l’autorité ecclésiastique, d’autant qu’un incendie, causé par la foudre, avait encore une fois ruiné la chapelle autour de laquelle se produisirent plusieurs scandales.

   La chapelle sera finalement relevée en 1851, agrandie en 1872, et, sous l’impulsion de prêtres zélés et équilibrés dûment autorisés par Monseigneur l’évêque de Viviers, le pèlerinage reprit son essor.

   La chapelle actuelle, qui est celle achevée en 1872, est de proportions modestes : 17 mètres de long et 8 de large ; elle est de style néo-roman. La nef comporte trois travées soulignées par des arcs-doubleaux ; l’abside à pans coupés comporte trois baies (dont l’une a été maçonnée pour la transformer en niche pour une statue de la Vierge à l’Enfant) ; à l’ouest – c’est-à-dire du côté de l’Evangile, car la chapelle n’est pas orientée (le chevet est au nord) – se trouve une chapelle latérale, qui formerait un transept si elle avait son pendant.

   Dans les années qui ont suivi le concile vaticandeux, la table de communion et le marchepied du maître-autel ont été misérablement retirés pour disposer un « autel face au peuple » sans style, aussi pitoyable qu’insignifiant.

Chapelle de Pramailhet intérieur état actuel

Intérieur de la chapelle de Pramailhet
(photo prise par Frère Maximilien-Marie en 2009)

Chapelle de Pramailhet - statue de Notre-Dame de l'Espérance au fond du sanctuaire

Statue de la Madone à l’Enfant
à laquelle est donné le vocable de Notre-Dame de l’Espérance
placée dans la niche (ancienne baie) du fond du sanctuaire

   Même si une grande statue dorée de belle facture, appelée Notre-Dame de l’Espérance, a été placée dans la baie centrale (murée) de l’abside, ce n’est pas elle qui fait l’objet du pèlerinage de Pramailhet, lequel se concrétise, de fait, autour d’une ancienne statue de pierre (il s’agit d’une pierre de grès), d’une quarantaine de centimètres de haut, pesant 15,400 kg.
A cette statue se rattache la principale tradition liée à ce lieu : elle aurait été découverte, miraculeusement par un laboureur dont les bœufs refusaient de piétiner la place où elle était enfouie.
D’aucuns ajoutent que, aiguillonnés par le paysan qui voulait à tout prix les faire avancer, les bœufs se seraient agenouillés et auraient incliné la tête, désignant par là l’endroit au dessous duquel la statue attendait qu’on la tirât de l’oubli et qu’on la vénérât à nouveau.

   Nous nous trouvons donc en présence d’une « statue trouvée ».
Des légendes analogues (mot qui ne signifie pas que ce soit une pure affabulation) existent en plusieurs autres lieux de pèlerinage (ce qui ne signifie pas non plus qu’il s’agisse d’une sorte de « figure de style » hagiographique sans consistante réelle).

Notre-Dame de Pramailhet - statue 2

   Le chanoine Saunier, docte prêtre du diocèse de Viviers qui, dans la seconde moitié du XIXème siècle, a essayé de donner quelques explications sur cette statue, est selon toute vraisemblance dans la vérité lorsqu’il écrit que nous nous trouvons en réalité en présence d’ « un tronçon de colonne de forme hexagonale, à pans inégaux, percé des deux côtés, dans le sens de la longueur, de manière à reposer sur une douille et à s’ajuster ainsi sur le fût d’une colonne ». Ce qui amène spontanément à penser quelle était originellement un élément d’une « croix de pierre à double face », comme on en produisit aux XIVème et XVème siècles dans nos contrées. Le style de la sculpture irait d’ailleurs dans le sens d’une telle datation.

   Quant à la polychromie qu’on observe sur cette statue, en l’absence d’une étude poussée sur les pigments et leur facture, on ne peut présentement dire s’ils sont d’origine ou s’ils sont le résultat, plus ou moins heureux, d’une intervention postérieure.

   Enfin, de toute évidence, la tête de la Vierge a été coupée et recollée : s’agit-il d’un « banal » accident (par exemple une chute) ? ou bien fut-ce le résultat du vandalisme huguenot ou révolutionnaire ? Là encore, nous n’avons aucun élément qui nous permette la moindre affirmation.

   L’arrière de ce tronçon semble indiquer qu’un élément y a été détruit ou martelé, mais encore une fois les constatations que nous pouvons aujourd’hui faire nous fournissent davantage d’éléments d’interrogations que des réponses.

Notre-Dame de Pramailhet - statue 4

   Cette statue, qui figure sur la liste des objets inscrits aux Monuments Historiques, est habituellement conservée, bien en sécurité, dans l’église de Saint-Etienne de Boulogne, et elle est apportée dans la chapelle solitaire le jour du pèlerinage.

   La tradition de sa découverte miraculeuse est-elle absolument conforme à la réalité ? Rien ne permet de l’infirmer de manière catégorique, comme rien ne nous permet de l’affirmer de manière « scientifique ».
Et rien non plus ne nous permet de proposer une date pour cette « découverte ».
Serait-ce elle qui, dans le contexte de la rechristianisation postérieure aux dévastations huguenotes et après la pacification apportée par l’intervention de Sa Majesté le Roi Louis XIII (siège de Privas et paix d’Alès en 1629), aurait suscité la reconstruction de 1648 ?

   En revanche il est indubitable qu’elle a contribué – et contribue encore – à faire venir des pèlerins, jadis très nombreux et en nombre plus réduit de nos jours, vers ce « coin perdu » du plateau du Coiron, où les ex-voto fixés aux murs de la chapelle montrent à l’évidence que la Vierge Marie se plaît à accorder ses grâces.

Notre-Dame de Pramailhet - statue 3

   Je suis très heureux d’avoir pu vous présenter ce lieu de pèlerinage ancien, qui a connu bien des vicissitudes, vous l’avez lu, et contre lequel, de toute évidence, le démon s’est acharné, suscitant de manière récurrente des destructions, troubles et scandales, afin d’en éloigner les âmes ; lieu autour duquel plane toujours, en quelque manière, un véritable mystère, en raison des nombreuses zones d’ombre laissées par notre connaissance très lacunaire de ses origines comme de pans entiers de son histoire. 

   Frère Maximilien-Marie, qui a pu, à plusieurs reprises, s’y rendre en dehors du jour officiel du pèlerinage, souvent tout seul, m’a expliqué qu’il règne en ce lieu une atmosphère très particulière de plénitude silencieuse qui rend quasi palpable la présence du monde invisible, et la réalité des combats entre les forces surnaturelles du Bien et les puissances infernales.

   Je vous souhaite, un jour d’avoir l’occasion de vous y rendre en pèlerinage, pour vous y placer sous le manteau maternel de Notre-Dame de Pramailhet, Notre-Dame de l’Espérance, victorieuse du serpent des origines et médiatrice des grâces divines… 

patte de chat  Tolbiac. 

2024-184. Messe propre de la fête de Notre-Dame de Consolation.

Le samedi dans l’octave de Saint Augustin,
Fête de Notre-Dame de Consolation et de la Ceinture (double de 1ère classe – cf. > ici).

Pietro Gagliardi - 1845 - Madonne de la Ceinture église Sainte-Marie du Val-vert corneto-Tarquinia

Pietro Gagliardi (1809-1890) : Madone de la Consolation et de la Ceinture (1845)
[église Sainte-Marie du Val vert (Santa Maria di Valverde), à Corneto-Tarquinia]

ceinture gif

Sabbato infra oct. S. P. N. Augustini

Festa Beatae Mariae Virginis de Consolatione
societ. Cinctur. Patr.

Duplex 1 classis

Fête de Notre-Dame de Consolation
Patronne de la Confrérie de ceux qui portent sa Ceinture

Introitus (Ps. XLIV) :

   Astitit Regina a dextris tuis in vestitu deaurato : circumdata varietate.
Ps. : Eructavit cor meum verbum bonum : dico ego opera mea Regi. Gloria Patri.

   La Reine s’est tenue debout à Votre droite dans un vêtement d’or : couverte de vêtements variés.
Ps. Mon cœur a produit une bonne parole : c’est moi qui adresse mes ouvrages au Roi. Gloire au Père.

Oratio :

   Domine Iesu Christe, Pater misericordiarum et Deus totius consolationis, concede propitius : ut sicut lumbos praecincti, purissimam genitricem tuam Mariam sub Consolationis titulo gaudentes veneramur in terris ; ita perenni ejusdem consortio perfrui mereamur in cœlis. Qui vivis et regnas…

   Seigneur Jésus-Christ, Père des miséricordes et Dieu de toute consolation, faites dans Votre bonté, que comme en portant sa ceinture nous vénérons avec joie sur la terre, Marie, Votre Mère très pure, sous le titre de Notre-Dame de Consolation, ainsi nous méritions de jouir de sa perpétuelle société dans les cieux ; ô Vous qui vivez et régnez…

Lectio Isaiae prophetae (Is. XI).

   Hæc dicit Dóminus Deus : Egrediátur virga de radíce Iesse, et flos de radíce eius ascéndet. Et requiéscet super eum spíritus Dómini : spíritus sapiéntiæ et intelléctus, spíritus consílii et fortitúdinis, spíritus sciéntiæ et pietátis ; et replébit eum spíritus timóris Dómini. Non secundum visiónem oculórum iudicábit : neque secúndum audítum áurium árguet : sed iudicábit in iustítia páuperes, et árguet in æquitáte pro mansuétis terræ : et percútiet terram virga oris sui, et spíritu labiórum suórum interfíciet ímpium. Et erit iustítia cíngulum lumbórum eius : et fides cinctórium renum eius.

   Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Un rameau sortira du tronc de Jessé, et de ses racines croîtra un rejeton. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur ; Il mettra ses délices dans la crainte du Seigneur. Il ne jugera point sur ce qui paraîtra à ses yeux, et il ne prononcera point sur ce qui frappera ses oreilles. Il jugera les petits avec justice, et prononcera selon le droit pour les humbles de la terre. Il frappera la terre de la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. La justice ceindra ses flancs, et la fidélité sera la ceinture de ses reins.

Graduale (Ps. XLIV).

   Unxit te Deus, Deus tuus oleo laetitiae, prae consortibus tuis.
V.: Myrrha, et gutta, et casia a vestimentis tuis.

   Dieu, votre Dieu vous a oint d’une huile d’allégresse, plus excellement que ceux qui partagent votre sort.
V. : La myrrhe, l’aloès et la cannelle s’exhalent de vos vêtements.

Alleluja, alleluja.
V. (Cant. II) : Sonet vox tua in auribus meis : vox enim tua dulcis, et facies tua decora. Alleluja.

Alléluia, alléluia. Que votre voix retentisse à mes oreilles : votre voix est douce en effet, et votre face gracieuse. Alléluia.

+ Sequentia Sancti Evangelii secundum Lucam (Luc. I).

   In illo témpore : Exsúrgens María ábiit in montána cum festinatióne in civitátem Iuda : et intrávit in domum Zacharíæ et salutávit Elísabeth. Et factum est, ut audivit salutatiónem Maríæ Elísabeth, exsultávit infans in útero eius : et repléta est Spíritu Sancto Elísabeth, et exclamávit voce magna et dixit : Benedícta tu inter mulíeres, et benedíctus fructus ventris tui. Et unde hoc mihi, ut véniat Mater Dómini mei ad me ? Ecce enim, ut facta est vox salutatiónis tuæ in áuribus meis, exsultávit in gáudio infans in útero meo. Et beáta, quæ credidísti, quóniam perficiéntur ea, quæ dicta sunt tibi a Dómino. Et ait María : Magníficat ánima mea Dóminum : et exsultávit spíritus meus in Deo, salutári meo.

   En ces jours-là : Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne, en une ville de Juda. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. Et elle s’écria à haute voix, disant : « Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a cru ! Car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur ! » Et Marie dit : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur ».

Credo.

Offertorium :

   Recordare, Virgo Mater, in conspectu Dei, ut loquaris pro nobis bona, et ut avertat indignationem suam a nobis.

   O Vierge Mère, souvenez-vous en face de Dieu de parler en bien en notre faveur, de sorte qu’Il détourne de nous Son indignation.

Secreta :

   Suscipe, Domine, munus quod tibi offerimus, memoriam recolentes purissimae Viriginis Mariae, quae consolatur nos in omni tribulatione nostra : et praesta, ut mens nostra superno lumine Sancti Spiritus irradiata, terrena despiciat, et ad cœlestia semper aspiret. Per Dominum… in unitate ejusdem…

   Recevez, Seigneur, le don que nous Vous offrons, rappelant la mémoire de la très pure Vierge Marie, qui nous console en toutes nos tribulations : et faites que notre esprit irradié par la lumière céleste du Saint-Esprit, méprise les choses de la terre et aspire toujours aux choses célestes. Par Jésus-Christ… dans l’unité de ce même Saint-Esprit…

Praefatio B. V. Mariae : « Et te in festivitate ».

Communio (Jerem. II).

   Numquid obliviscetur Virgo ornamenti sui, aut sponsa fasciae pectoralis suae ?

   Une vierge oubliera-t-elle ses ornements, ou une épouse son pectoral ?

Postcommunio.

   Fons vitae, Domine Jesu, reple mentem nostram torrente voluptatis tuae : ut beatissimae semper Virginis Mariae Consolationis matris praesidio, terrena calcantes, cœlestibus semper recreari valeamus. Qui vivis…

   Seigneur Jésus, Source de vie, remplissez notre esprit du torrent de Votre volupté : afin que, sous la protection de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de la Consolation, foulant aux pieds les choses terrestres, nous puissions toujours nous réjouir des choses célestes. O Vous qui vivez…

Madone de la Ceinture

2024-179. La séquence lyonnaise « Plaudamus cum superis » pour l’Assomption de Notre-Dame.

22 août,
Octave de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. > ici) ;
Mémoire des Saints Timothée, Hippolyte et Symphorien, martyrs.

Philippe de Champaigne - Assomption vers 1629 - musée du Louvre

Philippe de Champaigne -1602-1674) : Assomption de la Vierge Marie (vers 1629)
[tableau réalisé pour l’église du couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques à Paris - musée du Louvre] 

       Après la publication de la prose de l’Assomption « Induant justitiam » du missel parisien, adoptée en de nombreux diocèses de France sous l’Ancien Régime (cf. > ici), un de nos lecteurs – qu’il en soit chaleureusement remercié – a eu la bonté d’attirer notre attention sur le fait que dans le rite lyonnais, il existe aussi une prose propre, différente quant au texte, sauf en ce qui concerne les deux derniers couplets qui sont absolument identiques.

   En revanche, pour l’heure, nous n’en avons trouvé ni la partition musicale ni non plus un quelconque enregistrement.
A l’occasion de l’octave de l’Assomption, et, en quelque manière en symétrie de la prose du missel romain à l’usage des diocèses de France, voici, ci-dessous, le texte et la traduction de cette prose du rite lyonnais :

Plaudamus cum superis :
Arca novis fœderis
Templo sedet gloriae.

Applaudissons avec les anges :
L’Arche de la nouvelle alliance
Repose au temple de la gloire.

Alto regnat solio,
Juncta Mater Filio,
Particeps victoriae.

Sur un trône élevé, la Mère
Règne en union avec son Fils,
Participant à Sa victoire.

Qos est passa pectore,
Quantos natus fœnore,
Dolores remunerat !

Les douleurs qu’elle a endurées
Dans son cœur, combien son Enfant
Les récompense avec usure !

Circumfusa lumine,
Solo minor Numine,
Quot bonis exuberata !

Elle baigne dans la lumière :
A Dieu seul elle est inférieure ;
De biens sans nombre elle est comblée !

Ipsa fit fons gratiae,
Quae fontem justitiae
Sinu suo protulit.

Elle devient source de grâce,
Ayant fait jaillir de son sein
La Source de la sainteté.

Quis per Matrem Filium
Rogavit auxilium,
Et dona non retulit ?

Qui a demandé le secours
Du Fils, passant par la Mère,
Sans repartir chargé de dons ?

Virgo caelo celsior,
Angelisque purior,
Nobis sis propitia.

Vierge élevée plus que les cieux,
Plus pure même que les anges,
Accordez-nous votre faveur.

Regnet in pectoribus,
Regnet in operibus,
Qua dives es, gratia.

Qu’elle règne au fond de nos cœurs,
Qu’elle règne aussi en nos œuvres,
La grâce dont vous êtes riche.

Ad Deum ut adeant,
Per te vota transeant :
Non fas Matrem rejici.

Pour qu’ils parviennent jusqu’à Dieu,
Que nos vœux passent par vos mains :
on ne repousse pas sa Mère !

Amet tuam Galliam ;
Regi det justitiam,
plebi pacem supplici.
Amen.

Qu’Il (Dieu) aime la France qui est vôtre ;
Qu’Il accorde au Roi la justice,
Et la paix au peuple qui prie.
Ainsi soit-il !

L'Assomption

2024-177. « La Sagesse céleste S’est élevée en elle une demeure ».

20 août,
Fête de Saint Bernard de Clairvaux, abbé, confesseur et docteur de l’Eglise (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Philibert, abbé et confesseur ;
Anniversaire de la mort de Saint Pie X (cf. ici).

       Puisque la fête de Saint Bernard, particulièrement réputé pour sa dévotion mariale, se trouve au sixième jour de l’octave de l’Assomption, profitons de cette occurrence pour lire, ou relire, et surtout pour méditer sur ce petit sermon tout à la gloire de la Très Sainte Mère de Dieu.

Filippino Lippi - apparition de la Vierge à Saint Bernard

Filippino Lippi (1457-1504) : apparition de la Vierge à Saint Bernard (1486)
[Florenze, église de la Badia]

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

Cinquante-deuxième sermon de Saint Bernard :

De la maison de la sagesse divine, c’est-à-dire de la Vierge Marie.

« La Sagesse s’est bâtie une maison… etc.» (Prov. IX, 1).

   1. Comme le mot sagesse se prend en plusieurs sens, il faut rechercher qu’elle est la sagesse qui s’est bâtie une maison. En effet, il y a la, sagesse de la chair qui est ennemie de Dieu (Rom. VIII, 7), et la sagesse de ce monde qui n’est que folie aux yeux de Dieu (cf. 1 Cor. III, 19). L’une et l’autre, selon l’apôtre saint Jacques, font la sagesse de la terre, la sagesse de la terre « la sagesse animale, diabolique » (Jac. III, 15). C’est suivant cette sagesse que sont sages ceux qui ne le sont que pour faire le mal, et qui ne savent pas faire le bien ; mais ils sont accusés et condamnés dans leur sagesse, selon ce mot de l’Écriture : « Je saisirai les sages dans leurs ruses, Je perdrai la sagesse des sages, et Je rejetterai la science des savants » (1 Cor. I, 19). Il me semble qu’on peut parfaitement et proprement appliquer à ces sages cette parole de Salomon : « Il est encore un mal que j’ai vu sous le soleil, c’est l’homme qui est sage à ses yeux ».
Ni la sagesse de la chair, ni celle du monde, n’édifie, loin de là, elle détruit plutôt la maison, où elle habite. Il y a donc une autre sagesse qui vient d’en haut ; elle est avant tout prodigue, puis elle est pacifique.
Cette Sagesse, c’est le Christ, la vertu de Dieu, la sagesse de Dieu, dont l’Apôtre a dit : « Il nous a été donné pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption » (1 Cor. I, 30).

   2. Ainsi cette Sagesse, qui était la sagesse de Dieu et qui était Dieu, venant à nous du sein du Père, S’est édifié une demeure, je veux parler de la Vierge Marie Sa mère, et dans cette demeure Il a taillé sept colonnes.
Qu’est-ce à dire, Il a taillé dans cette maison sept colonnes, si ce n’est qu’Il l’a préparée par la foi et par les œuvres à être une demeure digne de Lui ? Le nombre trois est le nombre de la foi à cause de la Sainte Trinité, et le nombre quatre est celui des mœurs à cause des quatre vertus principales.
Je dis donc que la Sainte Trinité S’est trouvée dans la Bienheureuse Marie, et S’y est trouvée par la présence de Sa majesté, bien qu’elle n’ait reçu que le Fils quand Il S’est uni la nature, humaine : et j’en ai pour garant le témoignage même du messager céleste qui lui découvrit en ces termes le secret de ce mystère : « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous », et un peu après : « Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de Son ombre » (Luc I, 28).
Ainsi vous avez le Seigneur, vous avez la vertu du Très-Haut et vous avez le Saint-Esprit : en d’autres termes, vous avez le Père, le Fils et le Saint- Esprit. D’ailleurs le Père ne va point sans le Fils, non plus que le Fils sans le Père, de même que le Saint-Esprit, qui procède des deux, ne va ni sans l’Un ni sans l’Autre, s’il faut en croire ces paroles du Fils : « Je suis dans le Père et le Père est en Moi ». Et ailleurs : « Quant à Mon Père qui demeure en Moi, c’est Lui qui fait tout » (Joan. XIV, 10).
Il est clair que la foi de la Sainte Trinité se trouvait dans le cœur de la Vierge.

   3. Mais eut-elle aussi les quatre autres colonnes, je veux dire les quatre vertus principales ?
Le sujet mérite que nous nous en assurions.
Voyons donc d’abord si elle eut la vertu de force. Comment cette vertu lui aurait-elle fait défaut quand, rejetant les pompes du siècle et méprisant les voluptés de la chair, elle conçut le projet de vivre pour Dieu seul dans sa virginité  Si je ne me trompe, la Vierge est la femme dont Salomon parle en ces termes : « Qui trouvera une femme forte? Elle est plus précieuse que ce qu’on va chercher au bout du monde » (Prov. XXXI, 10). Telle fut sa force, en effet, qu’elle écrasa la tête du serpent à qui le Seigneur avait dit : « Je mettrai des inimitiés entre la femme et toi, entre sa race et la tienne ; elle t’écrasera la tête » (Gen. III, 15).
Pour ce qui est de la tempérance, de la prudence et de la justice, on voit plus clair que le jour, au langage de l’Ange, et à sa réponse à elle, qu’elle possédait ces vertus. En effet, à ce salut si profond de l’Ange : « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous », au lieu de s’élever dans sa pensée, en s’entendant bénir pour ce privilège unique de la grâce, elle garde le silence, et se demande intérieurement ce que pouvait être ce salut extraordinaire. N’est-ce point la tempérance qui la fait agir en cette circonstance ? Puis, lorsque l’Ange l’instruit des mystères du ciel, elle s’informe de lui, avec soin, de la manière dont elle pourrait concevoir et enfanter un fils, puisqu’elle ne connaissait point d’homme ; évidemment, dans ces questions, éclate sa prudence. Quant à sa justice, elle la prouve lorsqu’elle se déclare la servante du Seigneur. En effet, on trouve la preuve que la confession est le propre des justes dans ces paroles du Psalmiste : « Ainsi les justes confesseront votre nom, et ceux qui ont le cœur droit demeureront en votre présence » (Ps. CXXXIX, 14). Ailleurs, on lit encore, à propos des justes : « Et vous direz, en confessant Ses louanges, les œuvres souverainement bonnes du Seigneur » (Eccli. XXXIX, 21).

   4. Ainsi la Bienheureuse Vierge Marie s’est montrée forte dans ses desseins, tempérante dans son silence, prudente dans ses questions et juste dans sa confession. C’est sur ces quatre colonnes des mœurs et sur les trois de la foi dont j’ai parlé plus haut, que la Sagesse céleste S’est élevée en elle une demeure ; elle remplit si bien son cœur que, de la plénitude de son âme, sa chair fut fécondée et que toute Vierge qu’elle fût, elle enfanta, par une grâce singulière, cette même Sagesse qui S’était revêtue de notre chair, et qu’elle avait commencé par concevoir auparavant dans son âme pleine de pureté.
Et nous aussi, si nous voulons devenir la demeure de cette même Sagesse, il faut que nous Lui élevions également en nous une demeure qui repose sur les sept mêmes colonnes, c’est-à-dire que nous nous préparions à La recevoir par la foi et les mœurs.
Or, dans les vertus morales je crois que la justice toute seule peut suffire, mais à condition qu’elle se trouve entourée et soutenue par les autres vertus. Aussi, pour ne point nous trouver induits en erreur par l’ignorance, il faut que la prudence marche devant ses pas, que la tempérance et la force marchent à ses côtés, la soutiennent et l’empêchent de tomber soit à droite, soit à gauche.

On trouvera un autre sermon de Saint Bernard, sur la prière > ici

Filippino Lippi - apparition de la Vierge à Saint Bernard - détail

2024-172. Bref, mais dense, message de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la fête patronale de la France, 15 août 2024.

    Dans la soirée de ce 15 août 2024, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux un court message (deux phrases) dont la concision, toutefois, n’empêche pas que l’essentiel de ce qui constitue la fête patronale du Royaume y soit exprimé, tant dans l’ordre à strictement parler spirituel que dans l’ordre royal dont il est le légitime successeur :

Philippe de Champaigne - Louis XIV renouvelant le vœu de Louis XIII

Philippe de Champaigne (1602-1674) : Louis XIV enfant renouvelant le vœu de Louis XIII son père

En la fête de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie,
je confie la France à sa sainte Patronne.

Que ses prières maternelles fassent pleuvoir
sur les Français et notre pays
les grâces spirituelles et temporelles dont ils ont besoin,
en particulier l’Espérance
en demeurant « sans cesse tournés vers les choses d’en-haut ».

Grandes armes de France

 

2024-171. « Prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets… »

15 août,
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie :
Principale fête patronale du Royaume de France (cf. > ici),
(double de 1ère classe avec octave commune).

       Nous avons réuni ci-dessous la liste de tous les textes publiés dans ce blogue au sujet du vœu de Louis XIII, de son histoire et de la manière dont il convient de le renouveler à chaque 15 août.

Champaigne - Vœu de Louis XIII - musée des beaux-arts Caen

Philippe de Champaigne : le vœu de Louis XIII (1638)
[musée des Beaux-Arts, Caen]

A – Textes législatifs :

- Le texte de l’Edit de Saint-Germain (10 février 1638) improprement appelé « Vœu de Louis XIII » (puisqu’en effet il ne s’agit pas du texte du vœu royal lui-même mais de celui du document officiel par lequel Sa Majesté a informé son clergé et ses peuples du Vœu accompli et de la manière dont il doit être renouvelé chaque 15 août ici
- La lettre apostolique de Pie XI (1922) qui confirme la Vierge Marie comme céleste patronne de la France sous le vocable de son Assomption ici

B – Textes pour la liturgie :

- Les rites liturgiques à accomplir pour renouveler le Vœu de Louis XIII chaque 15 aoûtici
– La prose « Induant justitiam » propre aux diocèses de France pour la fête de l’Assomption > ici
– La Messe propre en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie du Vœu de Louis XIII > ici

C – Prières de dévotion pour renouveler la consécration de la France à la Très Sainte Vierge :

- Une prière attribuée à la Vénérable Elisabeth de France ici
– Une prière publiée en 1825 ici

D – Autres textes :

- La fête de l’Assomption n’est pas une « fête nationale », mais la fête patronale de la France > ici
- La Révérende Mère Anne-Marie de Jésus Crucifié, moniale calvairienne, mystique, choisie par Dieu pour faire connaître à Louis XIII Sa volonté de lui voir consacrer son Royaume à Sa Très Sainte Mère > ici

Philippe de Champaigne - Louis XIV renouvelant le vœu de Louis XIII

Philippe de Champaigne : Louis XIV enfant renouvelant le vœu de Louis XIII (vers 1650)
[Hambourg, Kunsthalle]

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