Archive pour la catégorie 'De Maria numquam satis'

2024-13. O admirable tendresse de Marie pour les âmes pécheresses !

16 janvier,
Fête du Cœur immaculé de Marie Refuge des pécheurs (cf. > ici et > ici) ;
Mémoire de Saint Marcel 1er, pape et martyr.

C'est vous, bonne Marie, l'asile des pécheurs - blogue

Ô admirable tendresse de Marie pour les âmes pécheresses !

       « Ne craignez point de vous confier à Marie, malheureux pécheurs ; jetez-vous dans son sein avec une entière confiance. Vous avez un moyen assuré de salut, et vous vous laisseriez périr ! La bonne Vierge Marie veut vous arracher à l’éternelle damnation, et vous iriez affronter la colère de Dieu, et vous vous condamneriez vous-mêmes aux souffrances de l’enfer. Oh ! non ; voilà que vous renoncez sans retour à tous vos dérèglements, à toute une vie de péchés et de scandales.

   Voilà que vous dites à la Très-Sainte Vierge : Me voici confus et humilié ; recevez votre enfant, qui ne mérite plus ce titre ; cachez-le sous vos ailes maternelles, et priez Dieu pour lui, pour qu’Il lui fasse miséricorde.
Marie aura pitié de vous. La considération de vos crimes pourrait vous arrêter peut-être. Vous avez foulé aux pieds toutes les vertus dont Marie vous donnait un si bel exemple. Vous avez profané peut-être cette angélique pureté si chère à la Vierge sans tache. Votre cœur, fait pour être la demeure des pensées chastes et saintes, s’est souillé de mille pensées impures, de mille désirs obscènes ; vous vous êtes abandonnés à tous vos penchants dépravés. Ah ! Marie a bien souffert d’une conduite si opposée à la sienne. Mais, enfin, elle est mère. A votre tour, pleurez sur toutes vos erreurs. Marie aura égard à vos larmes, elle vous aidera à recouvrer votre innocence. Quelque grands que soient vos crimes, sa bonté est plus grande encore ; pourvu que vous les détestiez, elle intercèdera pour vous, elle vous défendra auprès de Dieu, et Dieu Se laissera toucher.

   Ô admirable tendresse de Marie pour les âmes pécheresses ! Souvent elle n’attend pas que le pécheur aille à elle. Comme le bon pasteur, elle court à la recherche de la brebis égarée. Que de conversions obtenues par sa protection toute puissante, que d’âmes arrachées à l’enfer par ses supplications auprès de Dieu !
Non, Chrétiens, elle ne vous laissera pas périr ; elle vous fera ouvrir les yeux à la lumière, elle vous montrera l’horrible état de votre conscience, et vous frémirez, et vous reviendrez à Dieu… Un peu de confiance, un peu de bonne volonté, et vous sentirez tous les effets de sa puissante intercession.

   Ô Marie, douce Vierge, ayez pitié de tous les coupables. Du haut du ciel, jetez un regard favorable sur les crimes de la terre. Assise sur le trône éclatant où vous ont élevé vos vertus, intercédez pour les pécheurs.
Dieu ne peut rien vous refuser. Jésus-Christ vous accordera, puissante souveraine, tout ce que vous Lui demanderez pour le salut des âmes. Ces âmes pécheresses, qui vous devront leur bonheur, vous loueront pendant toute une éternité ; toute une éternité, elles chanteront votre gloire.
Ô Marie, refuge des pécheurs, priez pour nous ! »

Abbé Martin, in « Le Livre de Marie – Cours d’instructions neuves et surtout pratiques » (26ème jour)
[ouvrage édité chez Taillard-Jaunet, à Guincourt, en 1857]

Vignette typographique Vierge Marie attitude Médaille miraculeuse - blogue

2023-176. « Là Il vit dans un état de plus parfaite sainteté que dans tout autre mystère de Sa vie mortelle…»

18 décembre,
Fête de l’Expectation de l’enfantement de la Bienheureuse Vierge Marie,
(dont on fait ensuite la mémoire tous les jours suivants, jusqu’au 24 décembre inclus) ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
« O Adonaï » ;
Anniversaire du rappel à Dieu du Rd Père Joseph de Paris, né François Leclerc du Tremblay (+ 18 décembre 1638).

Monogramme Marie 2

       La fête de l’Expectation (c’est-à-dire de l’Attente) de l’enfantement de la Bienheureuse Vierge Marie, dont les origines se trouvent au dixième concile de Tolède en 654, est rapidement passée des Espagnes à de très nombreux diocèses du monde entier ainsi que dans les fêtes propres de très nombreuses congrégations religieuses.
Au Mesnil-Marie, nous l’avons non seulement gardée, mais, conformément aux usages traditionnels des Ermites de Saint-Augustin, nous conservons aussi l’usage d’en faire la commémoraison tous les jours suivants, jusqu’à la Nativité de NSJC.

   C’est une fête qui est d’une richesse spirituelle extraordinaire et inépuisable : elle nous entraîne à contempler les sentiments de la Très Sainte Vierge Marie pendant les jours de sa grossesse : elle qui est déjà instruite de l’identité réelle de cet Enfant qui est formé en elle et de Sa mission ici-bas ; elle qui est devenue le sanctuaire vivant où est formé, pour le Verbe Eternel et incréé, le Corps et le Sang qu’Il offrira en sacrifice de rédemption puis qui seront ensuite, jusqu’à la consommation des siècles, présents et offerts dans la Sainte Eucharistie ; elle qui, dans ses méditations et prières tout au long du jour, ne peut qu’avoir les échanges les plus sublimes avec le Verbe divin ; elle qui est la nouvelle Arche d’Alliance en laquelle Dieu réside d’une manière telle qu’il n’en a jamais existé auparavant et telle qu’il n’y en aura jamais plus… etc.
Sur tout cela, j’aurais beaucoup de choses à dire : peut-être, le développerai-je au fil des années, si Dieu me me donne vie et force.

   C’est aussi une fête qui nous invite à méditer sur les sentiments de Notre-Seigneur Jésus-Christ, vivant en Marie, dont le Corps adorable est en train de se parachever et de croître dans le sein de cette Très Sainte Mère, jusqu’au moment de Sa naissance. Pour aujourd’hui, je vous livrerai, ci-dessous, les éléments qu’en a exposés Monsieur Olier, qui établissent d’ores et déjà de précieuses indications d’approfondissement et de méditation.  

Vierge de l'Attente 2 - Blogue

« Là Il vit dans un état de plus parfaite sainteté
que dans tout autre mystère de Sa vie mortelle…»

       « Le Verbe, venant au monde, a trouvé, dans le sein de la bienheureuse Vierge, un séjour de sainteté, semblable, autant qu’il pouvait l’être par l’opération du Saint-Esprit, à celui de Son Père.

   Là Il vit dans un état de plus parfaite sainteté que dans tout autre mystère de Sa vie mortelle.
Tandis que sur la terre Il vivra au milieu des créatures maudites à cause du péché, au milieu des pécheurs, dont les vices Lui causeront des peines intolérables ; dans Marie, qui est, après Dieu, ce qu’il y a de plus saint, Il est comme dans un monde de sainteté.
Cette demeure tient le milieu entre Son séjour dans la gloire, dans la sainteté du ciel, et le séjour qu’Il fera sur la terre, couverte des horreurs abominables du péché.

   Sa demeure au sein de Marie tempère cette immense opposition, Il y vit séparé de tout usage des créatures, ou plutôt Il n’use d’aucune d’elles que par Marie.
Par elle, Il use de la lumière ; par elle, Il use des aliments : en un mot, tout se convertit en Marie pour Jésus : Elle Lui est toutes choses : elle est Sa lumière, Sa force, Sa nourriture, Sa demeure, Son temple.

   Là Il bénit et loue la Majesté divine ; là Il sanctifie Sa Mère et la remercie de Lui aider à servir Dieu, et de Lui être un moyen de Le glorifier.

   Aussi y demeure-t-Il tout le temps qu’Il peut y faire Sa résidence sans en perdre un seul moment ; et, pour en partir, attend-Il jusqu’au dernier instant marqué par Son Père… »

Abbé Jean-Jacques Olier de Verneuil, dit « Monsieur Olier »
in « Vie intérieure de la Très Sainte Vierge », chap. VIII

Guirlande de sapin - gif

2023-174. L’église Sainte-Marie de Coustouges, en Vallespir, et la statue de Notre-Dame de l’Espinas.

15 décembre,
Octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici).

1 - Coustouges - vue générale

Le village de Coustouges, en Vallespir

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       A l’occasion des fêtes de la Très Sainte Vierge Marie, j’aime beaucoup, lorsque cela est possible, me rendre dans quelque sanctuaire ou chapelle qui lui est dédié ; et si ce n’est pas réalisable physiquement, je m’y « transporte » par l’esprit, pour saluer l’image de la Madone qui s’y trouve mise à l’honneur et lui réciter une prière…

   En ce jour octave de l’Immaculée Conception de Notre-Dame, je vous propose de vous « emmener » avec moi, pour nous rendre ensemble dans cette magnifique province qu’est le Roussillon, que j’apprécie fort, pour de multiples raisons.
A l’occasion de la fête de Saint Damase (cf. > ici), j’ai évoqué le village de Coustouges, tout en haut du Vallespir, où une tradition locale rapporte que naquit Laurentia, la mère du saint pontife, ajoutant qu’il aurait lui-même ordonné, en 370, qu’une chapelle y fut édifiée.
Cette tradition est gravée dans le marbre à Coustouges : voici la plaque qu’on trouve scellée dans un mur, à proximité de l’église.

3 - Coustouges église Sainte-Marie plaque à l'extérieur

   C’est cette église, dédiée à la Très Sainte Mère de Dieu, que je vous emmène donc visiter aujourd’hui.
Une petite église de village, qui n’est évidemment plus la chapelle qu’aurait voulue Saint Damase, mais une remarquable église romane du XIIème siècle, construite par les moines de l’abbaye Sainte-Marie d’Arles-sur-Tech (celle-là même où sont conservées les reliques des Saints Abdon et Sennen – cf. > ici), qui eurent ici un prieuré.
C’est une petite église à une seule nef, sans transept, relativement massive, flanquée d’un haut et fin clocher carré dont l’élégance opère un intéressant contraste avec le reste de l’édifice.

2 - Coustouges église Sainte-Marie extérieur

4 - Coustouges église Sainte-Marie clocher

   L’accès à l’église se fait par une porte sans ornementation pratiquée dans le mur sud. Comme la majorité des églises anciennes en Vallespir, les vantaux sont ornés de remarquables ferrures formant rinceaux. Le loquet est lui-même travaillé de manière à se terminer en tête d’animal.

5 - Coustouges église Sainte-Marie porte

6 - Coustouges église Sainte-Marie détail ferronerie

   Franchissons cette porte.
Elle ne donne pas accès directement à la nef, mais dans son grand « vestibule » : sorte de narthex, de « sas » entre le monde profane et la maison de Dieu, et de baptistère : remarquez l’impressionnante cuve baptismale de granit qui s’y trouve placée.
En voyant les espèces de banquettes de pierre, comme des degrés, qui courent le long de la muraille, on pense aussitôt que ce lieu pouvait aussi être l’endroit où se faisaient les assemblées paroissiales, au temps où – pendant des siècles, avant la révolution supposée avoir apporté la « démocratie » au peuple – les décisions concernant la communauté villageoise étaient prises sur place par cette communauté villageoise, après avoir invoqué le Saint-Esprit ou entendu la Sainte Messe pour avoir les bonnes inspirations, sans qu’il soit besoin d’avoir à consulter les règlements, avis, consignes et normes départementaux, régionaux, nationaux et européens…

7 - Coustouges église Sainte-Marie entrée

   On le comprend, en regardant à main droite sur le cliché ci-dessus, c’est là que se trouve la véritable porte d’entrée de l’église.

8 - Coustouges église Sainte-Marie porche intérieur

   Flanquée de colonnes, surmontée d’un tympan sculpté de motifs géométriques élaborés, on est particulièrement émerveillé par le fin travail de sculpture de ses voussures : « Non est hic aliud nisi domus Dei, et porta cœli : ce n’est pas autre chose ici que la maison de Dieu, et la porte du ciel ! » (Gen. XXVIII, 17).

9 - Coustouges église Sainte-Marie détail voussures

   Le contraste entre cette nef romane très sobre et le sanctuaire est saisissant.
On comprend vite que, en réalité, ce grand retable de pierre, de style classique, auquel est adossé l’autel, est un aménagement du XVIIème ou XVIIIème siècle, et que le sanctuaire roman d’origine, semicirculaire et voûté en cul-de-four, se trouve au-delà.
En revanche, n’a pas bougée, l’extraordinaire grille de fer forgé, sans doute l’une des plus belles de la région, qui forme lâ clôture entre la nef et le sanctuaire.

   Le contraste lumineux entre la nef sombre et la clarté dégagée par l’ouverture pratiquée dans le retable au-dessus du tabernacle ne permet pas tout de suite de voir ce qui y est exposé : nous le découvrirons en nous approchant.

10 - Coustouges église Sainte-Marie intérieur

   Toutefois, avant que de nous avancer, profitons justement de ce que nous avons un peu de recul pour admirer spécialement le sommet de ce retable, qui culmine avec la représentation de la colombe du Saint-Esprit.

11 - Coustouges église Sainte-Marie détail autel partie supérieure

   Cette représentation de la colombe du Saint-Esprit au sommet du retable n’est certainement pas un « hasard ».
Il serait en effet très étonnant que, même dans un petit village juché sur un col près des sommets pyrénéens, le curé-prieur de l’époque et les artisans, artistes ou imagiers 
locaux, n’eussent pas eu l’intention expresse de représenter au-dessus de celle qui nous est présentée au centre du retable, Celui qui l’a « couverte de Son ombre » et rendue féconde : la Très Sainte Vierge Marie Mère de Dieu, invoquée ici sous le vocable de Notre-Dame de l’Espinas (c’est-à-dire Notre-Dame de l’Aubépine).

12 - Coustouges église Sainte-Marie ND de l'Espinas

   Notre-Dame de l’Espinas est une Vierge à l’Enfant du XVIIIème siècle, debout, portant son Petit Jésus sur le bras gauche, tenant un petit rameau d’aubépine dans la main droite. L’Enfant et la Mère sont couronnés.
La particularité de cette statue, c’est que les robes de la Vierge (elle en a plusieurs) sont faites avec des robes de mariées, qui lui sont offertes après les cérémonies d’épousailles ; et les robes de l’Enfant Jésus sont faites avec des robes de baptême d’enfants baptisés ici.

13 - Coustouges église Sainte-Marie ND de l'Espinas - Copie

   J’ai visité l’église Sainte-Marie de Coustouges en février 2022, et je l’ai beaucoup aimée… J’y fusse demeuré bien davantage que l’emploi du temps ce jour-là ne l’eût permis !

   J’y retourne aujourd’hui, avec vous, bien chers Amis, en ce jour octave de l’Immaculée Conception et alors que nous allons commencer demain la neuvaine préparatoire à la fête de la Nativité de notre divin Sauveur. Priez-la avec moi :

   Vous êtes au-delà de toute beauté, ô Vierge marie, ô ma Reine, ô ma Mère,
Vous en laquelle la tache originelle n’a jamais été,
Vous en laquelle, toute pure et toute sainte,
ne fut jamais la souillure du péché !

   Recouverte de la nuée divine,
comme il sied au Temple véritable et vivant
dédicacé par le vrai Salomon, Roi de paix,
pour qu’y réside la Présence cachée de l’Emmanuel ;
Vous êtes bénie, consacrée et sanctifiée à jamais,
Arche de l’Alliance nouvelle et éternelle,
renfermant la Loi vivante et la Manne éternelle !

   Votre vêtement est blanc plus que la neige :
mais plus immaculée encore est la splendeur de votre âme,
rejaillissant sur votre visage en rayons d’immarcescible gloire, 
Vous resplendissez comme le soleil,
ô Vous dont le Soleil de Justice a fait Son trône,
Vous choisissant entre toutes les femmes,
et Vous préparant de toute éternité pour être l’Eve nouvelle :
Vierge Mère portant Celui qui est la Vie,
Vierge Mère donnant la Vie au monde !

   Née en cette Jérusalem de la terre
pour devenir la figure de la Jérusalem céleste,
Vous en êtes l’ornement et la gloire ;
Vous êtes la joie de l’Israël véritable,
qui est la Sainte Eglise et le peuple des vrais fidèles,
qui n’ont point trahi l’Alliance
conclue dans le Sang de l’Agneau mystique,
ce Sang qu’Il a reçu de Vous !

   Entraînez-nous, ô Vierge immaculée :
nous mettrons dans les vôtres nos pas de pauvres pécheurs,
et nous remettant entre vos mains,
pour que Vous nous gardiez de tout égarement,
nous Vous suivrons, à l’odeur de vos parfums…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur. 

14 - Coustouges église Sainte-Marie ND de l'Espinas

2023-173. Leçons du deuxième nocturne des matines de l’Octave de l’Immaculée Conception

15 décembre,
L’Octave de l’Immaculée Conception (double majeur).

       Au jour octave de la fête de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie, qui couronne et achève cette fête si chère à nos âmes et à notre dévotion, les leçons du deuxième nocturne des matines de ce jour nous donnent à relire et à méditer, comme une forme de louange à Notre-Seigneur et à Sa Très Sainte Mère, les parties de la Constitution apostolique « Ineffabilis Deus » du 8 décembre 1854 dans lesquelles le Bienheureux Pie IX a affirmé que ce point de doctrine appartient bien au dépôt de la foi révélée, et qu’on ne peut se prétendre catholique si on n’y adhère pas de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa volonté.

Octave de l'Immaculée - Blogue

 Au deuxième nocturne :

De la Bulle dogmatique « Ineffabilis Deus » du Pape Pie IX.

Quatrième leçon.

   Dès les temps anciens, les évêques, les ecclésiastiques, les ordres réguliers et même les empereurs et les rois ont instamment prié le Siège apostolique de définir comme un dogme de la foi catholique l’Immaculée Conception de la très sainte Mère de Dieu. De nos jours même, ces demandes ont été réitérées, et surtout elles ont été présentées à Notre prédécesseur Grégoire XVI d’heureuse mémoire, et à Nous-même, tant par les évêques, par le clergé séculier et par le clergé régulier, que par les princes souverains et les peuples fidèles.
Prenant donc en sérieuse considération, dans une joie profonde de Notre cœur, tous ces faits dont Nous avons une pleine connaissance ; à peine élevé sur la chaire de saint Pierre, malgré Notre indignité, par un secret dessein de la Providence, avions-Nous pris en main le gouvernail de toute l’Eglise, que Notre plus ardent désir a été, suivant la vénération, la piété et l’amour, dont Nous sommes animé depuis Nos plus tendres années envers la très sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, d’achever tout ce qui pouvait être encore dans les vœux de l’Eglise, afin d’accroître l’honneur de la bienheureuse Vierge et de répandre un nouvel éclat sur ses prérogatives.

Cinquième leçon.

   C’est pourquoi, plein de confiance et persuadé dans le Seigneur que le temps opportun est venu de définir l’Immaculée Conception de la très sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, que la parole divine, la vénérable tradition, le sentiment constant de l’Eglise, l’unanime accord des évêques catholiques et des fidèles, les actes mémorables de Nos prédécesseurs ainsi que leurs constitutions ont mise dans une admirable lumière et si formellement déclarée, après avoir mûrement pesé toutes choses, après avoir répandu devant Dieu d’assidues et de ferventes prières, Nous avons pensé qu’il ne fallait pas tarder davantage à décider et définir par Notre jugement suprême l’Immaculée Conception de la Vierge ; à satisfaire ainsi les si pieux désirs du monde catholique et Notre propre piété envers la très sainte Vierge, et en même temps à honorer de plus en plus en elle son Fils unique notre Seigneur Jésus-Christ, puisque tout l’honneur et toute la gloire qu’on rend à la Mère rejaillit sur le Fils.

Sixième leçon.

   En conséquence, après avoir offert sans relâche, dans l’humilité et le jeûne, Nos propres prières et les prières publiques de l’Eglise à Dieu le Père par son Fils, afin qu’il daignât, par la vertu de l’Esprit-Saint, diriger et confirmer Notre esprit ; après avoir imploré le secours de la cour céleste et invoqué avec gémissement l’Esprit consolateur, et ainsi, par sa divine inspiration, en l’honneur de la sainte et indivisible Trinité, pour la gloire et l’ornement de la Vierge Mère de Dieu, pour l’exaltation de la foi catholique et l’accroissement de la religion chrétienne ; par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux Apôtres Pierre et Paul, et la Nôtre, Nous déclarons, Nous prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie, dans le premier instant de sa Conception, a été, par une grâce et un privilège spécial du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu, et par conséquent qu’elle doit être crue fermement et inviolablement par tous les fidèles.
C’est pourquoi, si quelqu’un avait la présomption, ce qu’à Dieu ne plaise, de penser contrairement à Notre définition, qu’il apprenne et qu’il sache que, condamné par son propre jugement, il aurait souffert naufrage dans la foi et cessé d’être dans l’unité de l’Église.

Monogramme Marie 2

2023-154. Méditation pour la fête de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie au Temple.

21 novembre,
Fête de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie au Temple ;
Anniversaire de la « Bataille du Clapas » (cf. > ici).

Saint-Pierre au Vatican chapelle de la Présentation de Marie au Temple mosaïque d'après le tableau de Giovanni Francesco Romanelli

Chapelle de la Présentation de Marie au Temple
dans la basilique de Saint-Pierre au Vatican,
mosaïque d’après le tableau de Giovanni Francesco Romanelli (1610-1662)
sous l’autel reposent les restes mortels de Saint Pie X

Présence de Dieu :

   « O Marie, présentez vous-même mon offrande et ma vie au Seigneur ! »

Méditation :

   1 – Bien que la Sainte Ecriture ne nous dise rien concernant la Présentation de la Très Sainte Vierge Marie au Temple, ce fait est basé sur le témoignage autorisé de la plus ancienne tradition chrétienne, et l’Eglise l’a reconnu officiellement en en faisant l’objet d’une fête mariale particulière.
Marie Enfant qui, à l’âge le plus tendre, quitte sa maison et ses parents pour aller vivre à l’ombre du Temple, nous parle de détachement, de séparation du monde, de pleine consécration au service de Dieu, de consécration virginale au Très-Haut. A sa suite, d’innombrables âmes vierges se présenteront au Temple pour s’offrir à Dieu, mais aucune offrande ne sera aussi pure, aussi totale, aussi agréable que celle de Marie.
La Vierge est vraiment la fille privilégiée entre toutes les créatures qui, dès les premiers instants de son existence, a entendu le grand appel : « Ecoute, ma fille, regarde et tends l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père » (Ps. XLIV, 2). Le Très-Haut S’est épris de sa beauté, et Il la veut toute pour Lui. Marie répond, et sa réponse est particulièrement spontanée, totale. La réponse des âmes que Dieu appelle à l’autel, à la vie religieuse, ou à la consécration virginale dans le monde, doit être semblable à celle de la Vierge.
Ces âmes aussi doivent se séparer du monde, quitter parents et amis, elles doivent se détacher de leur peuple, de leur maison. La séparation ne pourra pas toujours être matérielle, mais il faut que ce soit une séparation spirituelle, à savoir de l’affection. C’est le cœur qui doit se détacher, s’isoler, parce que les élus du Seigneur ne peuvent plus, d’aucune manière, appartenir au monde : « ils ne sont pas du monde » (Jean XVII, 14), disait Jésus. Vivre dans le monde sans être du monde, n’est pas facile, mais c’est absolument nécessaire pour répondre à l’appel divin.
il y a des âmes vierges qui manquent à leur vocation de « consacrées » ou n’y correspondent pas entièrement, parce qu’elles sont encore attachées au monde, à ses maximes, ses vanités, ses curiosités, ses facilités, parce qu’elles n’ont pas eu le courage de réaliser une véritable séparation, ou au moins, parce qu’après l’avoir entreprise, elles n’y sont pas demeurées fidèles, ce qui peut arriver non seulement à des âmes vivant dans le monde, mais encore à celles qui vivent dans le cloître, parce que le monde pénètre partout, et partout il envahit les cœurs non entièrement détachés.

Giovanni Francesco Romanelli - Présentation de Marie au Temple

Tableau original de la Présentation de la Vierge au Temple
par Giovanni Francesco Romanelli

   2 – A la séparation totale correspond l’offrande, la consécration totale. Marie se donne toute à son Dieu, elle se donne sans réserve et pour toujours. « Seigneur, je me consacre aujourd’hui à Vous dans la simplicité de mon cœur. Je me constitue pour toujours Votre servante fidèle, en sacrifice et en hommage de louange éternelle » (Imit. IV, 9, 1). Telles durent être les dispositions dans lesquelles la sainte Enfant s’offrit au Très-Haut, dispositions qui furent réalisées dans une plénitude et avec une cohérence qui déconcertent notre misère.
Marie ne faillit pas un seul instant à sa consécration totale ; Dieu put faire d’elle tout ce qu’Il voulut sans jamais trouver la moindre résistance. Des circonstances excessivement pénibles et difficiles remplirent la vie de la Vierge : le doute de Joseph, le voyage à Bethléem dans des conditions si délicates et incommodes, l’affreuse misère dans laquelle elle vit naître son Enfant, la fuite en Egypte, la vie de privations à Nazareth, l’hostilité et la méchanceté des pharisiens envers Jésus, la trahison de Judas, l’ingratitude d’un peuple si favorisé et aimé, la condamnation à mort de son Fils, la montée au Calvaire, la crucifixion au milieu des insultes de la populace… Nous scruterions vainement le cœur de Marie pour y découvrir un seul mot de ressentiment, de protestation ; en vain chercherions-nous à cueillir sur ses lèvres un seul mot de plainte.
Marie s’est donnée totalement à Dieu et elle veut que Dieu exerce sur elle tous Ses droits de Souverain, de Seigneur, de Maître ; elle n’a rien à objecter, ni ne s’étonne que son immolation atteigne de telles proportions : ne s’est-elle pas offerte sans réserve ? Et maintenant que son offrande est consommée, elle répète seulement : « Fiat ! Ecce ancilla Domini ! »
Quelle différence avec notre vie d’âmes consacrées ! Avec quelle facilité nous reprenons le don fait à Dieu ! Nous reprenons notre cœur, quand nous y laissons rentrer les affections humaines ; nous reprenons la volonté, quand nous ne pouvons nous soumettre à certains ordres de l’obéissance qui nous mortifient ou contrarient, que nous n’acceptons pas ce qui nous coûte, que nous nous plaignons, que nous protestons, défendons nos droits. Et cependant, le seul vrai droit de l’âme consacrée à Dieu est celui de se laisser employer et consumer totalement pour Sa gloire.
Demandons à Marie présentée au Temple de prendre notre pauvre offrande dans ses mains maternelles, de la purifier et de la compléter par son offrande si pure, si parfaite, de l’y inclure et de l’y cacher, afin que purifiée et renouvelée par l’offrande de Sa Mère, si grande et généreuse, elle puisse être agréable à Dieu.

Presentation de Marie au Temple d'après Giovanni Francesco Romanelli - mosaïque de la basilique vaticane

Détail de la mosaïque de la Présentation de la Vierge au Temple d’après Giovanni Francesco Romanelli
dans la basilique de Saint-Pierre au Vatican

Colloque :

   « O Bien-Aimée de Dieu, Marie Enfant très aimable, si je pouvais vous offrir aujourd’hui les premières années de ma vie, pour me consacrer à votre service, ma sainte et douce Dame, comme vous vous êtes présentée au Temple et consacrée à la gloire et à l’honneur de votre Dieu !…
Mais le temps est écoulé, ayant passé tant d’années à servir le monde et mes caprices, presque oublieux de vous et de Dieu. Malheur à ce temps où je ne vous aimais pas !
Mais mieux vaut tard que jamais. Voici, ô Marie, qu’aujourd’hui je me présente à vous et m’offre entièrement à votre service, pour le petit ou le grand nombre de jours qu’il me reste à vivre sur cette terre ; comme vous, je renonce à toutes les créatures et me voue totalement à l’Amour de mon Créateur.
Je vous consacre donc, ô Reine, mon intelligence, afin qu’elle puisse penser toujours à l’amour que vous méritez ; ma langue pour qu’elle vous loue ; mon amour, pour qu’il vous aime. Acceptez, ô Très Sainte Vierge, l’offrande que vous présente ce misérable pécheur ; acceptez-la, je vous en prie par cette consolation qu’a ressenti votre cœur quand vous vous donniez à Dieu dans le temple.
Je veux redoubler mes hommages et mon amour pour récupérer le temps perdu pour votre service. O Mère de miséricorde, aidez ma faiblesse par votre intercession puissante et obtenez-moi de votre Jésus la force de vous être fidèle jusqu’à la mort.
Faites qu’après vous avoir servie toujours en cette vie, je puisse aller vous louer éternellement au Paradis » (Saint Alphonse de Liguori).

Monogramme Marie 2

2023-139. « Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde »…

Premier samedi du mois de novembre.

apparition de Notre-Dame de Fatima

Apparition de Notre-Dame de Fatima le 13 mai 1917

       Le premier samedi du mois est l’occasion d’approfondir le message de Notre-Dame de Fatima, qui est des plus riches, et pas seulement en ce qui concerne la dévotion au Cœur immaculé de Marie en ses divers aspects.
Profitons de ce que nous sommes en novembre, mois spécialement dédié à la prière pour le soulagement des âmes du Purgatoire, pour mettre en exergue une simple phrase de quelques mots que la Très Sainte Mère de Dieu a prononcée lors de la première apparition, le 13 mai 1917, en réponse à une question de la jeune Lucie.
Avant toute autre chose donc, relisons le récit de cette apparition tel qu’on le trouve dans les « Mémoires de Sœur Lucie » (introduction et notes du Père Joaquim M. Alonso, cmf ; traduit par les Sœurs de Notre-Dame de Charité, imprimatur de l’évêque de Leiria en date du 20 février 1980) :

   « Le 13 mai 1917 [...] nous vîmes, sur un petit chêne-vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’une eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent. Nous nous arrêtâmes surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle, peut-être à un mètre et demi de distance, plus ou moins.
Alors Notre-Dame nous dit :
- N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal.
- D’où venez-vous, Madame ? lui demandai-je.
- Je suis du Ciel.
- Et que voulez-vous de moi ?
- Je suis venue vous demander de venir ici pendant six mois consécutifs, le 13, à cette même heure. Ensuite, je vous dirai qui je suis et ce que je veux. Après je reviendrai encore une septième fois (note 1).
- Et moi aussi est-ce que j’irai au Ciel ?
- Oui, tu iras.
- Et Jacinthe ?
- Aussi.
- Et François ?
- Aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets.
Je me souvins alors de poser une question au sujet de deux jeunes filles qui étaient mortes depuis peu.
Elles étaient mes amies et elles venaient à la maison apprendre à tisser avec ma sœur aînée.
- Est-ce que Maria das Neves est déjà au ciel ?
- Oui, elle y est.
Il me semble qu’elle devait avoir environ 16 ans.
- Et Amélia ?
- Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde.
Il me semble qu’elle devait avoir entre 18 et 20 ans. [...] »

Note 1 : En bas de page le Rd Père Joaquin M. Alonso explique : « Cette septième fois eut lieu le 16 juin 1921, à la veille de son départ pour le collège de Vilar à Porto. Ce fut une apparition avec message personnel pour Lucie. A cause de cela, elle ne la considéra pas importante ».

   A la réponse de la Très Sainte Vierge : « Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde », le même Rd. Père a adjoint cette note : « Il est clair que ceci ne doit pas être pris à la lettre. Il faut l’interpréter dans le sens de ‘très longtemps’ ».

   Je ne vous cache pas que cette note me scandalise véritablement.
La Très Sainte Vierge Marie, lorsqu’elle apparaît et prononce des paroles, le ferait-elle de manière approximative ?
La Mère de Dieu a-t-elle besoin qu’un religieux, quelque « fin théologien » qu’il soit, vienne corriger ses propos et leur donner une nuance restrictive ou édulcorante ?

   Lorsqu’elle a répondu d’une manière précise à cette question de Lucie, il me semble que si Notre-Dame avait voulu dire « elle sera au purgatoire pendant très longtemps », elle l’aurait dit exactement de cette manière-là et non d’une autre manière ; il me semble donc aussi que si la Reine du Ciel a employé l’expression « jusqu’à la fin du monde », c’est qu’elle veut justement faire entendre que la justice divine peut effectivement retenir certaines âmes dans le lieu de l’expiation et de la juste satisfaction à ses exigences jusqu’à la fin des temps.

   Bien sûr, nous autres, spontanément, nous pouvons penser : « Mais quelle était donc la faute (ou qu’elles étaient les fautes) de cette Amélia pour devoir subir une peine temporelle de cette importance ? »
Mais cela ne nous regarde pas !

   Tout ce dont nous pouvons être certains, c’est
1) que la justice divine est parfaite, et qu’il n’y a donc absolument rien d’exagéré ni de contraire à la miséricorde de Dieu dans la durée de cette peine de purgatoire encourue par la jeune Amélia ;
2) et que ce qui lui avait valu cette peine de Purgatoire
- soit consistait uniquement en fautes vénielles prises trop à la légère, non regrettées et non réparées ;
- soit consistait en fautes graves dont elle ne s’était pas confessée mais pour lesquelles elle aurait eu le temps d’exprimer un regret suffisant (acte de contrition ou acte d’amour de Dieu) pour obtenir miséricorde avant de rendre le dernier soupir ;
- soit enfin consistait en péchés mortels confessés et absous mais pour lesquels la pénitence et la réparation accomplies en ce monde étaient insuffisantes.
S’il s’était agi de péchés mortels non confessés ou non absous, en effet, Amélia ne serait pas allée au purgatoire mais dans l’enfer des damnés.

   Habituellement, Dieu ne permet pas aux vivants de savoir ce qu’il advient de leurs proches ou connaissances défunts.
C’est un abus très grave d’affirmer, lors de la mort ou des funérailles d’une personne, qu’elle est partie pour le Ciel, à plus forte raison de proclamer qu’elle y est déjà et comme ipso facto. En effet, à moins d’une révélation divine dûment authentifiée par l’Eglise, nous n’en savons rien !
La seule chose qui nous appartient et dont nous devons êtres sûrs, c’est qu’il faut prier pour que Dieu fasse miséricorde à nos défunts, et pour qu’après les nécessaires purifications de l’au-delà, s’ils ont eu la grâce d’en bénéficier, Il les accueille dans Son paradis, en gardant une vive conscience que ce temps de la purification peut être réellement très long et s’étendre sur de nombreuses années, voire plusieurs siècles.

   Si Notre-Dame, lors de cette apparition du 13 mai 1917, a pu, par une permission divine exceptionnelle, révéler ce qu’il en était de l’au-delà de ces deux jeunes filles amies de Lucie, c’est indubitablement pour nous instruire et nous avertir : le purgatoire n’est pas à prendre à la légère ; des âmes, en état de grâce, peuvent devoir y rester « jusqu’à la fin du monde » pour expier et réparer les fautes (pourtant pardonnées) dont elles furent coupables en ce bas monde…
Mais c’est aussi pour nous rappeler que la justice de Dieu, qui n’est jamais prise en défaut, peut recevoir des compensations en raison de la communion des saints. La révélation faite par Notre-Dame sur la juste sentence qui frappait Amélia était évidemment une forme d’appel à offrir pour elle des prières de suffrage, des sacrifices, des Saintes Messes, et d’obtenir à son intention des indulgences pouvant satisfaire à cette justice divine et, en conséquence, abréger le temps du purgatoire auquel elle avait été initialement condamnée.

Faisons donc notre profit de cet enseignement de notre Mère céleste…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Intercession de Notre-Dame pour les âmes du Purgatoire

2023-134. Conclusion du mois du Très Saint Rosaire : « Elle est vraiment ce chemin assuré qui nous conduit jusqu’au Cœur Sacré de Jésus.»

31 octobre,
Fête de Sainte Notburge de Cologne, vierge (cf. > ici) ;
Vigile de la Toussaint (cf. > ici) ;
Conclusion du mois du Très Saint Rosaire.

Regina sacratissimi rosarii

       Pour conclure le mois du Très Saint Rosaire, lisons, méditons et faisons nôtres ces quelques lignes extraites d’un entretien spirituel donné par Saint Maximilien-Marie Kolbe aux frères de Niepokalanow le dernier jour de l’année 1938 : puissent-elles nous encourager à toujours davantage de dévotion à la Très Sainte Mère de Dieu, et à en intensifier les pratiques.

Elle est vraiment ce chemin assuré
qui nous conduit jusqu’au Cœur Sacré de Jésus.

       « [...] Plus quelqu’un se consacre totalement à l’Immaculée, plus il peut résolument aller à Jésus, à Son Cœur Très Sacré, surtout dans les moments de tentation, toutefois seulement par Marie, et uniquement par elle, car elle est vraiment ce chemin assuré qui nous conduit jusqu’au Cœur Sacré de Jésus.

   Là, ne nous laissons pas conduire par le démon.
Nous croyons en l’Immaculée, nous croyons qu’elle est, après Dieu, l’être le plus parfait, le plus saint, le meilleur et le plus puissant.
Pourquoi vous dire cela ? Parce que le démon voudrait vous attaquer de façon que vous ne me croyiez pas.

   Nous ne devons pas nécessairement prier que la Vierge Très Sainte ; nous pouvons prier directement le Seigneur Jésus, et justement d’autant plus résolument que nous appartenons davantage à l’Immaculée, mais à condition de ne pas exclure la Mère Très Sainte et de dire : je n’ai pas besoin de la Sainte Vierge pour me sanctifier et me sauver. Ce serait diabolique.

   L’Immaculée est ce chemin qui nous conduit jusqu’au Cœur Très Sacré de Jésus, et celui qui se détourne de ce chemin ne s’élèvera pas, mais se précipitera à terre.

   Nous croyons que l’Immaculée existe, qu’elle nous conduit à Jésus, et si quelqu’un enseigne autrement, qu’il soit anathème !

   Si l’Immaculé désire quelque chose de nous, il n’y a aucun doute pour ne pas l’obtenir, sûrement !
Avec son aide, nous ferons tout, nous convertirons le monde entier. Alors, au travail !
Seuls, nous ne sommes capables de rien, mais avec l’aide de l’Immaculée, nous convertirons le monde entier – oui, je vous le dis – nous jetterons le monde entier à ses pieds !
Seulement soyons à elle, en tout à elle, sans limites à elles !

   Elle vit en nous, et fait tout en nous. Soyons ses instruments cachés, pour elle. Elle fera avec nous uniquement ce qui lui plaît ! »

Saint Maximilien-Marie Kolbe,
extraits d’une conférence du 31 décembre 1938,
citée dans « L’Immaculée révèle l’Esprit-Saint – Entretiens spirituels inédits »
traduits et présentés par l’Abbé J.-F. Villepelée
Editions Lethielleux , 1974.

Marie immaculée je vous offre mon cœur

O Vierge immaculée,
je vous offre mon cœur : gardez-le, sanctifiez-le !

 

2023-128. Nous avons lu et nous avons aimé : « Les fêtes de la Vierge » du Rd. Père Louis de Grenade o.p.

20 octobre,
A Rome, au couvent de la Trinité des Monts, la fête de « Mater admirabilis » (cf. > ici et > ici).

   Profitons du fait que nous honorons en ce jour une fête de la Très Sainte Vierge Marie – même si elle est très locale -, pour recommander un livre, petit par la taille (puisque celle-ci correspond à un format de poche) mais grand par le contenu et la profondeur spirituelle, qui a été édité par les éditions Clovis en 2006, mais qu’il est toujours très facile de se procurer auprès des libraires catholiques d’esprit traditionnel.
Les dévots de la Bienheureuse Mère de Dieu auront à cœur de lire ce recueil de textes choisis, mais surtout d’en méditer le contenu. 

   Si je puis me permettre un conseil, c’est de se préparer aux grandes fêtes de la Très Sainte Vierge en lisant, pendant les jours qui précèdent, quelques pages de chacun des douze textes qui sont proposés ici et qui concernent : 1) l’Immaculée Conception (8 décembre), 2) l’Annonciation (25 mars), 3) la Visitation (2 juillet), 4) le doute de Saint Joseph (temps de l’Avent), 5) la généalogie du Christ (temps de l’Avent), 6) Marie à la Crèche (18 décembre), 7) la Nativité (25 décembre), 8) la Purification (2 février), 9) l’apparition du Christ ressuscité à Sa Mère (Pâques), 10) & 11) l’Assomption (15 août) et enfin 12) le couronnement de la Sainte Vierge (31 mai).

   Cet ouvrage donc s’intitule « Les fêtes de la Vierge », et il regroupe des textes de prédication du Vénérable Louis de Grenade (1504-1588), célèbre prédicateur dominicain du siècle d’or espagnol, qui allia à la plus sûre orthodoxie théologique le don d’être accessible aux plus humbles parmi les fidèles.

Les fêtes de la Vierge par Louis de Grenade

Quatrième de couverture :

   Les œuvres spirituelles, ainsi que les sermons, du Père Louis de Grenade, dominicain, ont été admirés par Saint Charles Borromée, imités par Saint Pierre d’Alcantara, loués sans réserve par la grande Thérèse d’Avila, repris par Saint François de Sales.
Adressés aux petites gens, ces textes sont remarquables par la simplicité, la clarté, le souffle chrétien de l’exposition. Ils font mieux connaître et davantage aimer la Sainte Vierge en ses mystères. 

2023-123. Où la vie de Pierre Le Gouvello de Kériolet manifeste de façon éclatante de quelle manière, par l’intercession de Notre-Dame, la grâce peut surabonder là où le péché avait abondé.

8 octobre,
Fête de Sainte Brigitte de Suède, veuve, fondatrice, co-patronne de l’Europe (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Pélagie, pénitente ;
Anniversaire de la mort de l’abbé Pierre Le Gouvello de Kériolet.

Pierre Le Gouvello de Kériolet

        Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

    L’histoire que je veux vous conter aujourd’hui m’a enthousiasmé lorsque Frère Maximilien-Marie m’en a fait le récit, et j’espère qu’elle vous plaira à vous aussi : il faut dire que le personnage qui en est le héros fait partie, depuis le temps de son noviciat, des « chouchous » de mon papa-moine. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il en parle avec flamme.
Il s’agit de l’histoire de l’abbé Pierre Le Gouvello de Kériolet, mort en odeur de sainteté le 8 octobre 1660.
Mais avant d’arriver au degré de très haute vertu qui font qu’on espère un jour son élévation sur les autels, Pierre de Kériolet aura une vie pleine de rebondissements, dont toutes les phases ne sont pas exactement à admirer ou à imiter !

Manoir de Kerlois

La seigneurie de Kerlois a été achetée en 1607 par Olivier Le Gouvello, père de Pierre, qui y passa son enfance,
et qui, après sa conversion, y accueillit pauvres et misérables

   Issu d’une vieille famille de la noblesse bretonne, Pierre Le Gouvello de Kériolet est né à Auray le 14 juillet 1602. Bien qu’ayant reçu une éducation soignée, en particulier au collège des jésuites de Rennes, le jeune homme, au grand désespoir de ses parents, auxquels il vola une somme considérable avant de s’enfuir du manoir paternel pour mener une vie de désordres et d’aventure, devint bientôt célèbre pour sa vie scandaleuse : vols, débauches, duels, impiété, blasphèmes…
A l’âge de 26 ans, après la mort de son père, il acheta une charge de conseiller au Parlement de Bretagne. On observe néanmoins que, malgré sa vie dissolue, il s’acquittait de sa charge avec justice et impartialité.

   Avec une patience infinie, Dieu cherchait à reconquérir ce cœur livré aux vices. Ainsi, un jour d’orage, alors qu’il chevauchait pour rentrer en son manoir de Kerlois, à Pluvigner, près du tout jeune sanctuaire de Saint-Anne d’Auray (Note : les apparitions à Yvon Nicolazic eurent lieu de 1623 à 1625, et la première chapelle fut bénite en juillet 1628, c’est-à-dire l’année où Kériolet acheta sa charge au Parlement de Bretagne), la foudre abattit un arbre juste derrière lui : il vomit alors mille blasphèmes puis, étant monté dans sa chambre, fit apporter ses armes et, ouvrant les fenêtres, il tira contre le ciel en se moquant de Dieu. Fier de cet attentat comme d’une victoire, il se mit au lit. Un nouveau coup de foudre mit le feu à l’une des colonnes de son lit. Il demeura insensible à cet avertissement mais, à quelque temps de là, dans un songe, Dieu lui imposa la vision de l’enfer cinq heures durant…
Effrayé, Pierre de Kériolet fit pénitence pendant quelques mois et demanda à entrer à la Chartreuse d’Auray.

   Cette première conversion était très imparfaite, fondée uniquement sur la peur des châtiments divins, et le jeune homme fut bientôt rattrapé par ses vices et sortit du monastère plus enragé qu’auparavant contre la foi et contre l’Eglise. Sa vie de désordres, de débauches et de scandales reprit de plus belle (on devrait d’ailleurs plutôt dire : de plus laide !).

Possédées de Loudun

   Nous voici en 1636, et on parle beaucoup des cas de possession diabolique dont sont affligées les Ursulines de Loudun, en Poitou.
L’affaire des Possédées de Loudun dure depuis des années : aux phénomènes préternaturels se mêlent d’ailleurs d’autres éléments qui font de cet épisode quelque chose de complexe. Depuis 1634, c’est le Rd. Père Jean-Joseph Surin, jésuite, qui pratique les exorcismes solennels, et ceux-ci sont publics. On va parfois, d’ailleurs, assister aux exorcismes comme on irait au spectacle. Par curiosité, Monsieur de Kériolet se rendit à Loudun et entra dans l’église où se pratiquaient les exorcismes.
A son arrivée, par la bouche de l’une des possédées, le démon se mit à parler de lui, et répondit même avec exactitude aux questions que lui-même posa sur des faits de sa vie que la possédée ne pouvait connaître de science naturelle. Ainsi, à propos de la foudre qui l’avait finalement épargné, le démon rugit : « Sans la Vierge Marie et le chérubin, ton ange gardien, je t’aurais emporté ! »

  Bouleversé, Pierre de Kériolet laisse enfin la grâce le pénétrer en profondeur et prépare une bonne, sincère et complète confession… Réconcilié avec Dieu, il revient le lendemain dans l’église où se font les exorcismes, et cette fois, le démon s’écrie : « Tiens ! Voilà ton monsieur d’hier ! Il est dans un tel état que, s’il continue, il sera aussi haut dans le ciel qu’il a été bas en enfer avec nous ! Elle a mis les bras dans la fange jusqu’aux coudes pour le retirer de ses ordures, parce qu’il a eu un peu de dévotion pour Elle ! »

   Monsieur de Kériolet était alors âgé de 34 ans : l’année suivante (28 mars 1637) il était ordonné prêtre par Sa Grandeur Monseigneur Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes, et sa vie sera désormais toute consacrée à la prière et à la pénitence : il pratiquait des mortifications volontaires sévères, accomplit des pèlerinages à pied dans des conditions héroïques, et lorsqu’il résidait en son manoir de Kerlois, il se rendait très souvent, toujours à pied, à la chapelle de Sainte-Anne d’Auray.

Charité de Monsieur de Kériolet dans son manoir de Kerlois - vitrail de l'église de Pluvigner

Vitrail de l’église de Pluvigner représentant Pierre de Kériolet au service des pauvres

   Il avait, évidemment, vendu sa charge de conseiller au Parlement de Bretagne, s’adonna aussi à toutes les œuvres de miséricorde, accueillant, nourrissant et soignant en son manoir des dizaines de nécessiteux. Il fonda aussi un hospice à Sainte-Anne d’Auray et œuvra (mais il ne le verra pas de son vivant) pour que les Augustines viennent y continuer sa sollicitude pour les misérables.
Comme cela arrivera plus tard avec le Saint Curé d’Ars, le démon le harcèlera, ne le laissera pas en répit, et, parfois même, cherchera à attenter à sa vie, ce qui ne contribuera qu’à renforcer sa détermination et à ne rien relâcher de ses austérités.

   Il rendit son âme à Dieu le 8 octobre 1660. On rapporte que plusieurs malades ont retrouvé la santé sur sa tombe. Lors de la construction de l’actuelle basilique de Sainte Anne d’Auray, sa dépouille terrestre y fut transportée – dans la première chapelle latérale du bas-côté gauche, en face de celle d’Yvon Nicolazic -, et sa statue fut placée au-dessus du porche gauche de la façade, accueillant, bras ouverts, les pèlerins dans le sanctuaire de la mère de la plus pure des Vierges, que l’on invoque comme « Refuge des pécheurs » et « Espérance des désespérés ».

chapelle de la basilique de Sainte-Anne d'Auray où repose Pierre Le Gouvello de Kériolet

Chapelle de la basilique de Sainte-Anne d’Auray dans laquelle est inhumé Pierre Le Gouvello de Kériolet

   Je dois vous donner maintenant la clef de cette histoire authentique.
Qu’a donc voulu dire le démon lorsqu’il a lâché ces mots : « Il a eu un peu de dévotion pour Elle » ?
Tout simplement que, depuis son enfance, par un acte d’attachement qu’il avait appris de sa mère, Kériolet, même au plus fort de sa vie de désordre, ne passa jamais un jour sans réciter un « Ave Maria ».

Tolbiac.

Dévotion de Messire de Kériolet à la Vierge Marie - église de Pluvigner

Vitrail de l’église de Pluvigner représentant la sincère dévotion mariale de Pierre de Kériolet

123456...24

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi