Note :
Les membres de la Confrérie Royale s’engagent à sanctifier d’une manière particulière le 25 de chaque mois de la manière suivante, en sus des 3 angélus quotidiens qu’ils offrent habituellement en y ajoutant l’oraison pour le Roi extraite du Missel romain. Chaque 25 du mois donc, ils redoublent de prières, et offrent avec encore davantage de ferveur qu’à l’accoutumée les exercices de leur devoir d’état ainsi que les peines et les joies de ce jour ; ils travaillent plus méticuleusement à leur sanctification ; et, lorsque cela leur est possible, ils assistent à la Sainte Messe et offrent la sainte communion à l’intention du Roi ; ou bien encore, ils accomplissent quelque petit pèlerinage ou acte de dévotion supplémentaire, offerts à l’intention de Sa Majesté et du Royaume des Lys.
La lettre mensuelle, envoyée à tous les membres ainsi qu’aux amis qui ont manifesté le désir de la recevoir, à l’occasion de ce 25 de chaque mois, est écrite par les prêtres, religieux ou clercs membres de la Confrérie Royale. Le but de cette lettre est de raviver la ferveur et la détermination des membres, en leur proposant des réflexions et des approfondissements, qui sont toujours nécessaires.
Lettre mensuelle aux membres et amis de la
Confrérie Royale
- 25 mars 2024 -
Marie notre Amour, notre Vocation, notre Protection.
L’Annonciation, fête instituée par les Apôtres (Saint Augustin), est de droit fête d’obligation. Quand elle était encore en France, sous le doux règne des Lys, d’obligation de fait, la Sainte Vierge vint sanctionner la violation du chômage de cette fête par le huguenot Pierre Port-Combet en 1649 et le convertit, car la Toute-Puissance de Marie est Médiatrice de grâces. C’est dire que la Sainte Vierge tient à être honorée ce jour-là.
1 – Notre Amour de Dieu par Marie.
L’Annonciation est le mystère de la Charité de Dieu communiquée aux hommes. Car en « Dieu, qui est charité » (1ère épître de Saint Jean IV, 8 et 16), « Charité du Père » (1ère épître de Saint Jean II, 15), « Charité du Christ » (épitres aux Romains VIII, 35, seconde aux Corinthiens V, 14, et aux Ephésiens III, 19) et « Charité du Saint-Esprit (épîtres aux Romains XV, 30 et aux Galates V, 13), en l’unité de la Très-Sainte-Trinité, « tend à se communiquer » aux hommes par l’Incarnation, qui est donc « le mystère de la Charité du Seigneur » (Saint Denys l’Aréopagite).
»La conduite que les trois Personnes de la Très-Sainte-Trinité ont tenue dans l’Incarnation (…), elles la gardent tous les jours, d’une manière invisible, dans la Sainte Eglise », c’est-à-dire dans les âmes (Saint Louis-Marie Grignion de Montfort) : elle est « le trésor de toutes les grâces » de Dieu le Père, « la trésorière des mérites, des vertus et des grâces » de Dieu le Fils, « la dispensatrice des dons ineffables » de Dieu le Saint-Esprit (Saint Louis-Marie Grignion de Montfort).
C’est pourquoi, autrefois, dans tout l’Occident du IXème siècle au XIIème, et plus tard encore en de nombreux lieux, dont l’Auvergne, le Velay, la Lorraine, l’Ecosse et la Toscane, l’année commençait le jour de l’Annonciation, début de notre Rédemption. Et les Papes firent de même dans leurs bulles jusqu’au début du XXème siècle.
Dieu veut nous « donner la charité » (1ère épître de Saint jean III, 1) pour que « nous soyons réellement enfants de Dieu » (ibid.), parce que « celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu, et Dieu en lui » (1ère épître de Saint Jen IV, 16), ce qui est incompatible avec « l’amour du monde » (1ère épître de Saint Jean II, 15), ne l’oublions pas.
La Reine de France Sainte Jeanne de France était si profondément inspirée de cette Charité de Dieu et de Marie par l’Annonciation qu’elle fonda l’ordre de la Très-Sainte Annonciade. L’Angélus trois fois quotidien devrait nous rappeler le salut que nous devons à l’amour de Marie pour Dieu et pour nous.
2 – Notre Vocation par Marie.
C’était la première fois, nous dit Saint Thomas d’Aquin, qu’un Ange s’inclinait devant une créature humaine, et il s’inclinait pour trois raisons : « en raison de sa plénitude de grâce », « en raison de sa familiarité avec Dieu », « en raison de sa pureté ».
Voyons donc l’Archange Saint Gabriel s’incliner devant Marie : « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous », lui dit-il à la Fontaine de Dame Marie. Puis chez elle, tandis qu’elle méditait ces paroles, il reprit la prophétie de Saint Isaïe (VII, 14) : « Vous avez trouvé grâce auprès de Dieu ; voici que vous concevrez en votre sein et enfanterez un Fils, et vous l’appellerez du nom de Jésus ». Et, après la question de la Très-Sainte Vierge sur la préservation de sa virginité : « Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ». Immédiatement elle répondit : « Fiat, oui » (Evangile selon Saint Luc 1, 28-38).
Ce jour là, selon la prophétie de Saint Jérémie (XXXI, 22), « elle porta en son sein un Homme adulte » doué du plein usage de la raison. En témoignage et mémoriel de sa prophétie, il sculpta une statue de la Vierge à l’Enfant, plus tard apporté e par le Roi Saint Louis IX au Puy-Sainte-Marie.
C’est pourquoi l’Annonciation est la fête de la Vocation de Mère de Dieu de Notre-Dame, et donc la fête patronale des vocations. D’abord sans doute la vocation de chrétien par notre baptême ; puis que les jeunes gens pensent à l’invoquer pour leur vocation sacerdotale ou religieuse et sachent comme Marie répondre oui à la Charité de Dieu par Marie.
Les Anges ont toujours entouré leur Reine depuis lors, comme lors de son Apparition au Puy le 11 juillet 45, avant de consacrer eux-mêmes sa cathédrale le 11 juillet 225. Pourquoi n’accompagnerions-nous pas chaque 25 du mois notre Ange gardien présentant ses hommages et les nôtres à la Mère de Dieu et la nôtre ?
Chantons avec eux la prophétie de Saint Isaïe (XXXV, 1) dans l’office de nuit de cette fête : « La gloire du Liban lui a été donnée ; la beauté du Carmel et de Saron ».
Notre-Dame du Puy
la Vierge Noire couronnée, copie de la statue sculptée par le prophète Jérémie brûlée en 1794
3 – Notre Protection par Marie.
L’Annonciation fut le début de l’œuvre divine de la Rédemption accomplie le Vendredi-Saint. Il convenait donc que les deux mystères eussent lieu le même jour, 25 mars et 15 nisan, jour de la fête pascale, selon les Pères dont Saint Augustin et les martyrologes dont le Martyrologe romain. Et c’était ainsi la Pâque en l’année de l’Annonciation.
La première Apparition de l’Ange à la Fontaine de Dame Marie le 24 mars ou 14 nisan au soir eut lieu à l’heure du sacrifice de l’agneau pascal et de la Dernière Cène (heure de l’Angélus du soir).
La seconde Apparition en la maison de Notre-Dame au début de la nuit du 25 mars ou 15 nisan eut lieu à l’heure de l’Agonie du Christ. Saint Gabriel lui apparut comme Saint Michel apparut au Christ agonisant (Evangile selon Saint Luc XXII, 43).
La Sainte Vierge donna son Fiat à minuit du 25 mars ou 15 nisan (Evangile selon Saint Luc I, 38), à l’heure de l’Arrestation du Christ peu après son Fiat (Evangile selon Saint Luc XXII, 42 – heure de l’Angélus de minuit chez les Chartreux).
La Sainte Vierge médita ensuite les paroles de l’Archange en extase, comme le Vendredi Saint elle contempla au Cénacle le début de la Passion de son Fils en extase, avant de Le suivre sur le chemin du Calvaire (heure de l’Angélus du matin).
Et elle passa toute sa journée en extase, comme le vendredi Saint elle contemplait son Fils au pied de la Croix (heure de l’Angélus de midi, institué au Puy en 1449).
Encore maintenant, lors de la coïncidence entre l’Annonciation et le Vendredi Saint, a lieu un grand jubilé en la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation du Puy, avec indulgence plénière, à l’image de celle que Notre-Seigneur accorda au Bon Larron Saint Dismas (Evangile selon Saint Luc XXIII, 43).
Ce fut à l’occasion d’un de ces jubilés, en 1429, que Notre-Dame du Puy envoya Saint Michel chercher Sainte Jeanne d’Arc pour délivrer Orléans et sacrer le Roi Charles VII, en réponse à la grande dévotion manifestée par ce Roi à Notre-Dame du Puy pour le salut de son Royaume.
Vénérée par vingt Rois de France, sachons invoquer sa protection sur « le saint Royaume » de France (Sainte Jeanne d’Arc).
L’Annonciation est une fête de l’Avent (rappelée en Avent le 18 décembre par l’Expectation de Marie) et de la Nativité (rappelée après Noël le 1er janvier par la Maternité divine commémorée par les oraisons de la Circoncision). Et Marie nous prépare à recevoir Jésus dans la communion.
Mais elle est aussi, comme nous venons de le voir, une fête de la Passion. Et d’ailleurs sa date moyenne dans le calendrier lunaire (de Pâques) est le dimanche de la Passion. Et inversement la date moyenne de ce dimanche est le 25 mars. Car Marie, connaissant les Ecritures, savait que son Fils souffrirait la Passion (Isaïe LIII), et fut la Vierge des Douleurs et la Vierge Fidèle, et elle nous aide dans nos croix.
L’Annonciation peut tomber encore après Pâques. Car, comme pour son Fils, le Fiat de Marie mérite la gloire pascale de l’Annonciation, et elle est pour nous la Porte du Ciel (genèse XXVIII, 17).
Comme le dit Henri Pourrat au jubilé du Puy de 1932 :
« Et c’est vrai, nul de ceux qui sont venus à vous
N’est jamais reparti sans avoir assistance. »
C’est ce que nos ancêtres avaient bien compris. Sans compter les cathédrales dédiées à l’Assomption ou à la Nativité, cinq cathédrales françaises sont dédiées à l’Annonciation : le Puy en raison de sa dédicace par les Anges, protectrice de la France, Cavaillon, Nancy, où est vénéré le corps du Roi de France Saint Sigebert III, Moulins, et à titre secondaire Saint-Pol de Léon. Comme le disait le serviteur de Dieu Roi Louis XIII : « C’est chose bien raisonnable qu’ayant été Médiatrice de ses bienfaits [de Dieu], elle le soit de nos actions de grâces ».
Louis XIV, agonisant et déjà inconscient, pendant que les aumôniers récitaient leurs prières à son chevet, récita avec eux et plus fort qu’eux le « Je vous salue, Marie », par la grande habitude qu’il avait eue toute sa vie de réciter le chapelet quotidiennement.
Suivons l’exemple du Grand Roi, et, selon la demande de Notre-Dame à Lourdes et à Fatima, récitons le chapelet « maintenant et jusqu’à l’heure de notre mort » dans les bras de Marie.
« O notre Patronne, jetez un regard sur votre peuple pieux ;
Que la vraie foi ramène ceux que ravit l’erreur ;
O très bonne Mère qui avez pour nous enfanté le Christ,
Soyez aussi la Mère qui, tels des fils, nous engendre pour le Christ »
(ancienne hymne de la Délivrance du Puy par le secours de Marie).
« O guerrière très vaillante,
O notre très douce espérance,
De nos ennemis protégez-nous
Dans le dernier combat »
(nouvelle hymne de la Délivrance du Puy par le secours de Notre-Dame).
Ainsi soit-il !
Abbé Gabriel Equin +