Archive pour la catégorie 'De Maria numquam satis'

Prière à Notre-Dame du Mont Carmel.

La Vierge remet le scapulaire à St Simon Stock

       Sur le Mont Carmel, le saint prophète Élie avait confondu les prêtres de Baal et ramené le peuple d’Israël à adorer le Dieu vivant (3e Livre des Rois, chap. XVIII).
La tradition ajoute que dans le petit nuage annonciateur de la fin de la sécheresse (cf. 3 Reg. XVIII, 44 et voir aussi > ici), Saint Elie avait eu une vision mystique de la Vierge qui apporterait au monde le Sauveur, et que depuis lors des fils spirituels d’Elie menaient sur la sainte montagne une vie conjuguant érémitisme et vie communautaire.

   Au temps des croisades, ces ermites se constituèrent en véritable ordre religieux, recevant de Saint Albert, Patriarche de Jérusalem, une règle écrite au début du XIIIème siècle : ce sont les Carmes, voués à la vie contemplative sous le patronage de la Sainte Mère de Dieu.
La conquête de la Terre Sainte par les musulmans contraignit les Carmes à trouver refuge en Occident.

   D’origine anglaise, Saint Simon Stock (+ 1265) était supérieur général de l’Ordre des Frères de Notre-Dame du Mont Carmel à ce moment où, fuyant la Terre Sainte, les moines vinrent s’implanter en Europe.
Profondément dévot à la Vierge Marie, dans la nuit du 16 juillet 1251, il fut favorisé d’une vision de cette Mère bénie au cours de laquelle elle lui remit le scapulaire en disant : « Voici le privilège que je te donne, à toi et à tous les enfants du Carmel. Quiconque meurt revêtu de cet habit sera sauvé. »

   Notons enfin que c’est le 16 juillet 1858 que la Vierge Immaculée apparut à Sainte Bernadette pour la dernière fois dans la grotte de Lourdes : elle ne portait pas ce jour-là la robe blanche ceinte de bleue, mais la livrée du Carmel, et Bernadette dira : « Jamais je ne l’avais vue aussi belle!« .
A Fatima également, lors de l’apparition du 13 octobre 1917, au cours du miracle du soleil, Notre-Dame se montra aux trois enfants revêtue de l’habit du Carmel, pour évoquer les mystères glorieux du Saint Rosaire.

   Invoquons avec confiance Notre-Dame du Mont-Carmel :

Vierge Immaculée, Marie,
Lumière et Gloire du Mont Carmel,
Jetez sur moi un regard de bonté,
Et gardez-moi sous Votre protection maternelle.
Fortifiez ma faiblesse par Votre puissance,
Et dissipez par Votre lumière
Les ténèbres de mon cœur.
Augmentez en moi la Foi,
L’Espérance et la Charité.
Ornez mon âme de toutes les vertus
Afin qu’elle devienne de plus en plus
Chère à Votre Divin Fils.
Assistez-moi pendant la vie,
Consolez-moi par Votre présence
A l’heure de la mort,
Et présentez-moi à la Sainte Trinité,
Comme Votre enfant,
Afin que je puisse Vous louer,
Et Vous glorifier éternellement
Dans le Ciel.

Ainsi soit-il!

2008-32. De l’icône miraculeuse de Notre-Dame du Perpétuel Secours.

En ce 27 juin, tous les dévots enfants de Marie ont à cœur de fêter Notre-Dame du Perpétuel Secours.

Histoire de l’icône de Notre-Dame du Perpétuel Secours :

       L’image connue sous le nom de Notre-Dame du Perpétuel Secours est une icône réalisée dans un style byzantin relativement tardif (du XIIIe ou du XIVe siècle), qui s’inspire du modèle dit « Madone de saint Luc » mais plus exactement selon un type iconographique connu en Orient sous le nom de Mère de Dieu de la Passion (il s’agit donc d’une Vierge de Compassion, ce pourquoi nous avons une très grande vénération pour elle en notre Mesnil-Marie, où nous célébrons cette fête sous le rit double de 2ème classe).

2008-32. De l'icône miraculeuse de Notre-Dame du Perpétuel Secours. dans Chronique de Lully eglise-st-alphonse-via-merulana-interieur

   Cette icône qui se trouve aujourd’hui à Rome (dans l’église Saint-Alphonse, via Merulana, photo ci-dessus), n’y a pas toujours été : elle était préalablement honorée dans une église de Crète.
Lorsque, au XVe siècle, l’île fut envahie par les Turcs, persécuteurs de chrétiens et destructeurs de nombreuses églises, beaucoup s’enfuirent. L’un d’eux – un marchand, selon la tradition – prit la sainte image, et s’embarqua avec son trésor pour l’Italie. Il fut reçu à Rome par un ami, marchand lui aussi, chez lequel il tomba malade et mourut. Avant de rendre le dernier soupir, il confia l’icône à cet ami en lui demandant de la donner à une église où elle serait convenablement honorée.
Le marchand romain, sous la pression de son épouse (qui souhaitait garder le précieux tableau chez elle), tarda à accomplir la dernière demande de son ami, et il fallut que la Vierge Marie Elle-même se manifestât par des apparitions. Elle fit savoir qu’elle voulait être honorée sous le vocable de « Notre-Dame du Perpétuel Secours », et désigna l’endroit où elle voulait que la sainte icône fût exposée : l’église Saint-Matthieu, sur le Mont Esquilin, toute proche de la Basilique de Sainte Marie Majeure, et desservie par les moines de Saint Augustin.
Elle y fut placée avec de grands honneurs en 1499 et y demeura pendant trois siècles, objet d’une grande vénération.

   En 1798, les troupes de la révolution française envahirent et occupèrent Rome, où 45 églises furent détruites. L’église Saint-Matthieu était de ce nombre et la communauté des moines augustins, desservants du sanctuaire, fut chassée.
Les religieux emportèrent le tableau mais les malheurs de ce temps, la persécution, puis l’extinction progressive des religieux qui connaissaient l’histoire du tableau, eurent pour conséquence qu’on en perdit la trace… au point qu’on le crut à jamais disparu.

   En 1863, un prêtre rédemptoriste qui, lorsqu’il était enfant, avait servi la messe du dernier moine augustin survivant de la communauté de Saint-Matthieu, réalisa, à la suite d’un providentiel concours de circonstances, que l’antique image dont on déplorait la perte était celle qu’il avait vue dans son enfance dans le petit oratoire du vieux moine ;  il se souvint que celui-ci lui avait un jour dit qu’elle avait été très vénérée et avait accompli de grands miracles.
Le Bienheureux Pie IX en fut instruit : il la fit rechercher pour qu’elle soit confiée aux religieux rédemptoristes dont l’église, placée sous le vocable de Saint Alphonse de Ligori, avait été édifiée précisément sur l’ancien emplacement de l’église Saint-Matthieu.

eglise-st-alphonse-sur-lesquilin-xixe-siecle 27 juin dans De liturgia

Eglise Saint-Alphonse sur l’Esquilin (via Merulana) édifiée de 1855 à 1859
à l’emplacement de l’église Saint-Matthieu détruite par les révolutionnaires français. 

   Lors de la cérémonie d’installation du tableau de Notre-Dame du Perpétuel Secours dans l’église Saint-Alphonse, deux guérisons miraculeuses furent dûment constatées : celle d’un garçon de quatre ans, et celle d’une fillette de huit ans.
Depuis lors le culte de l’icône miraculeuse reprit de l’essor et de nombreuses faveurs spirituelles et temporelles en furent la conséquence.

Description et explication de la Sainte Image :

   Le tableau n’a guère que cinquante centimètres de haut et quarante de large. Sur un fond d’or éclatant, est représentée la Vierge Marie, portant sur son bras gauche l’Enfant Jésus. Un voile bleu foncé couvre sa tête et s’avance de manière à ne laisser entrevoir que la partie extrême du bandeau qui entoure son front. Sa tunique est de couleur rouge, avec des ourlets brodés d’or, comme ceux du voile. L’auréole assez large qui enveloppe sa tête, est ornée de dessins finement travaillés. Au-dessous de l’auréole, sur la partie supérieure du voile, apparaît une étoile rayonnante. Les plis et les ombres des vêtements sont indiqués par les filets d’or. Au-dessus de la Madone, on lit ces quatre lettres, MP. ThV., initiales et finales des mots grecs signifiant : Mère de Dieu. La robe pourpre de la Vierge est le symbole de son ardent amour, alors que le manteau sombre qui l’enveloppe est le signe de sa douloureuse union aux souffrances de son Fils.

   Le divin Enfant est dans les bras de sa Mère ; mais, au lieu d’arrêter sur elle son regard, il rejette la tête un peu en arrière et tourne les yeux du côté gauche, vers un objet qui, en le préoccupant vivement, répand sur son doux visage un certain sentiment de frayeur. Ses deux petites mains serrent la main droite de sa mère, comme pour implorer sa protection. Il est revêtu d’une robe verte, retenue par une ceinture rouge, et cachée en partie sous un grand manteau d’un jaune presque brun. La couleur verte représente l’éternité et la divinité du Verbe, tandis que le manteau symbolise son humanité, qui a en quelque sorte enveloppé et voilé cette divinité aux yeux de ses contemporains.

   Sa tête est aussi entourée d’une auréole, un peu moins large et moins ouvragée que celle de la Madone. Au-dessus de son épaule gauche, on lit ces autres lettres grecques Is. Xs., c’est-à-dire Jésus-Christ. La pose de l’Enfant Jésus ainsi que le sentiment d’effroi peint dans tous ses traits, sont motivés par la présence d’un ange placé un peu plus haut, à gauche, et tenant dans les mains une croix surmontée d’un titre, qu’il présente à l’Enfant avec quatre clous. Au-dessus de l’envoyé céleste on trouve aussi les initiales de son nom : O. A. G. Elles signifient : L’Archange Gabriel. A la même hauteur, à droite de la Madone, on voit un autre ange portant dans ses mains un vase, d’où s’élèvent la lance et le roseau surmonté de l’éponge. Au-dessus de sa tête, on lit : O. A. M., c’est-à-dire : L’Archange Michel. Les deux Archanges porteurs des instruments de la Passion sont là pour montrer que le Christ, dès le premier instant de son Incarnation, était résolument orienté vers le mystère de la Rédemption, qu’il accomplirait le Vendredi Saint. Toutefois dans la sensibilité de sa nature humaine, Jésus-Christ était effrayé par les horribles supplices de la Passion et c’est ce qu’exprime son attitude : il a couru – tellement que sa sandale s’est détachée – chercher refuge dans les bras de sa Mère… non pas pour se dérober à sa mission, mais parce qu’il veut aussi pour cette mission recevoir l’aide et la compassion des âmes aimantes.

notre-dame-du-perpetuel-secours église Saint-Alphonse dans De Maria numquam satis

   L’élan de Jésus vers sa Mère, et la tendre pression de leurs mains unies, nous disent que Marie fut pleinement associée par son divin Fils, dès avant le Calvaire, à ses souffrances et à son œuvre de rédemption. Jésus, de son côté, en se réfugiant dans les bras de sa Mère, nous apprend que ce cœur maternel est notre refuge assuré, perpétuellement offert à nos craintes et à nos afflictions. Ses mains abandonnées entre les mains de Marie nous disent que celles-ci disposent de sa toute-puissance. Dans le regard de Marie dirigé vers les assistants, comme dans toute sa physionomie, on sent je ne sais quelle indéfinissable et douce tristesse, mêlée à une tendre compassion. Elle aussi a vu la croix qu’on présente à son Fils ; son cœur souffre, mais avec calme, sérénité, et avec une compréhension pleinement surnaturelle des événements de la vie de son Fils! L’effroi du divin Enfant, en présence des instruments de supplice qu’on lui montre, ont rappelé à Marie ses autres enfants de la terre, qui cheminent péniblement, « dans cette vallée de larmes« , et que leur croix de chaque jour accable si souvent. Pénétrée de compassion, la Vierge semble nous adresser ces consolantes paroles : « Ayez confiance en moi ! J’ai souffert, et je sais compatir ; je suis forte, et je puis secourir. Vous tous qui suivez, sur la terre, la voie qu’a suivie mon Fils, ayez confiance : je suis la toute compatissante, je suis la Mère du Perpétuel-Secours ! »

   Et comme il l’a souvent été dit : pour bénéficier largement de ce perpétuel secours, il ne faut pas se lasser de le demander par un perpétuel recours.

Prière à Notre-Dame du Perpétuel Secours :

     O Très Sainte Vierge Marie,
qui, pour nous inspirer une confiance sans bornes, avez voulu prendre le nom si doux de Mère du Perpétuel-Secours, je vous supplie de me secourir en tout temps et en tout lieu : dans mes tentations, après mes chutes, dans mes difficultés, dans toutes les misères de la vie et surtout au moment de ma mort.
Donnez-moi, ô charitable Mère, la pensée et l’habitude de recourir toujours à vous, car je suis sûr que, si je vous invoque fidèlement, vous serez fidèle à me secourir.
Procurez-moi donc cette grâce des grâces : la grâce de vous prier sans cesse et avec la confiance d’un enfant, afin que, par la vertu de cette prière fidèle, j’obtienne votre Perpétuel Secours
et la persévérance finale.
Bénissez-moi, ô tendre et secourable mère, et priez pour moi, maintenant et à l’heure de ma mort.

Ainsi soit-il !

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On trouvera aussi les litanies de Notre-Dame du Perpétuel Secours > ici

Neuvaine à Notre-Dame du Cénacle pour préparer la fête de la Pentecôte.

Nous souvenant que, durant les neuf jours qui s’écoulèrent entre l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ et la Pentecôte, les Apôtres et les Disciples furent réunis dans la prière autour de la Vierge Marie dans le Cénacle, et que c’est en quelque manière Notre-Dame qui les entraîna et les guida dans cette espèce de « retraite spirituelle » qui les préparait à la venue du Saint-Esprit, nous vous proposons de suivre cet exemple et de réciter quotidiennement, à partir du vendredi qui suit la fête de l’Ascension et  jusqu’au samedi vigile de la Pentecôte, la prière suivante.

La Pentecôte (El Greco)

Prière à NOTRE-DAME du CÉNACLE.

O Vierge très sainte du Cénacle, Marie Immaculée, notre Mère,
nous vous en supplions humblement, obtenez-nous les dons du Saint-Esprit,
afin qu’unis dans la charité, et persévérant tous ensemble dans la prière,
nous puissions, sous votre garde et votre conduite, travailler, par nos soins et nos exemples, au salut des âmes, et mériter ainsi la vie éternelle.

Soyez-nous propice, ô Notre-Dame du Cénacle, dans la nécessité présente ;
venez à notre secours et, par vos prières, obtenez-nous cette grâce que nous sollicitons avec ardeur de la toute-puissance et de la miséricorde divines.
Ainsi soit-il.

Notre-Dame du Cénacle, priez pour nous !

Voir également :

« Prière au Saint-Esprit » tirée des oeuvres de Saint Augustin > ici
« Prière pour demander les Douze fruits du Saint-Esprit » > ici.

2008-23. De l’image miraculeuse de Notre-Dame du Bon Conseil.

       Genazzano, est une petite ville du Latium, à près de quarante kilomètres de Rome, où la Très Sainte Vierge est honorée sous le vocable de Notre-Dame du Bon Conseil.

   On est certain qu’une petite église dédiée à la Madone existait déjà en ce lieu au Xème siècle. Mais c’est en 1356, par un acte notarié qui attribue cette église aux Ermites de Saint Augustin, que nous apprenons que l’église est paroissiale et qu’apparaît aussi pour la première fois le vocable de Notre-Dame du Bon Conseil.

   Dans la seconde moitié du XVème siècle, une pieuse veuve du nom de Petruccia – professe du Tiers-Ordre de Saint Augustin – donna tous ses biens pour que l’église, qui était en fort mauvais état, pût être agrandie, restaurée et embellie.
Mais sa fortune fut rapidement engloutie par les travaux sans qu’on pût les achever. Le chantier fut interrompu et Petruccia fut en butte à quelques sarcasmes de la part de la population qui lui reprochait d’avoir vu trop grand.
La vieille femme (elle était déjà octogénaire) répondit simplement, sans perdre sa sérénité : « Mes enfants, ne soyez pas inquiets car avant que je meure la Vierge Très Sainte et Saint Augustin œuvreront pour terminer l’église… »

   Le 25 avril 1467, à l’heure des vêpres, une nuée lumineuse se manifesta dans l’église tandis que toutes les cloches de la ville se mettaient à sonner sans que personne ne les eût mises en branle : lorsque la nuée se dissipa, elle laissa place, sur l’un des murs de l’église, à une image de la Vierge à l’Enfant.

arrivée de la sainte image à Genazzano

Arrivée de la sainte image à Genazzano le 25 avril 1467

   L’émoi fut grand dans la population, et encore plus quand, en examinant l’image de la Madone, on se rendit compte que – peinte a fresca sur un enduit – elle était comme « suspendue », sans appui ni support naturel, en avant du mur.
Le fait fut dûment constaté et il fut consigné de façon très officielle dans un document, ainsi que les miracles qui ne tardèrent pas à se produire : du 27 avril au 14 août 1467 un notaire local en a répertorié 161, et l’on ne peut dénombrer les grâces spirituelles qui se produisirent dès lors.

   Le Pape Paul II envoya deux évêques se rendre compte de ces faits dont la notoriété s’était répandue très rapidement, et ils en attestèrent la réalité.
Ainsi, comme Petruccia l’avait annoncé, en raison de la renommée de ce miracle et de l’afflux des pèlerins, de nombreuses offrandes permirent bientôt l’achèvement des travaux du sanctuaire.

   Ajoutons dès à présent qu’il a été constaté encore très récemment et de manière très rigoureuse, que la Sainte Image (qui mesure environ 39,5 cm x 44,4 cm) se trouve toujours en avant de la paroi sur laquelle elle semble peinte : les hommes de science chargés de l’examiner ont pu attester qu’ils ont fait passer depuis le haut jusqu’en bas, entre le mur et la fresque, un fil très fin tendu et tenu de chaque côté de l’image, sans que celui-ci ne rencontrât aucun obstacle à sa libre circulation !

   Mais d’où provenait cette image de la Madone ?
Des pèlerins qui avaient connu un sanctuaire de la Vierge situé à Scutari, en Albanie, reconnurent la fresque et racontèrent qu’elle avait disparu de l’église où elle était vénérée, ce qui fut effectivement constaté un peu plus tard.
On a pensé que la divine Providence avait voulut soustraire cette image vénérée aux profanations et destructions que les Turcs, alors maîtres de l’Albanie, multipliaient à cette époque.

  Les Souverains Pontifes ont montré en tous temps une singulière vénération pour cette image miraculeuse :

- Urbain VIII, le Bienheureux Pie IX, Jean XXIII et Jean-Paul II sont venus en pèlerinage à ses pieds.
- Innocent XI et le chapitre de la Basilique Vaticane firent couronner solennellement la Sainte Image.
- Benoît XIV approuva l’institution de la Confrérie de Notre-Dame du Bon Conseil dans laquelle il se fit inscrire.
- Paul IV approuva l’office propre de la fête de Notre-Dame du Bon Conseil.
- Enfin Léon XIII érigea le sanctuaire au rang de basilique mineure et ajouta l’invocation « Mater Boni Consilii, ora pro nobis » aux litanies de la Sainte Vierge.

 

sainte image de Notre-Dame du Bon Conseil

Prière à Notre-Dame du Bon Conseil :

   O très glorieuse Vierge Marie, choisie par le Conseil éternel pour être la Mère du Verbe Incarné, la Trésorière des grâces divines et l’Avocate des pécheurs, moi, le plus indigne de vos serviteurs, je recours à Vous, afin que Vous daigniez être mon guide et mon conseil dans cette vallée de larmes.
Obtenez-moi par le très précieux Sang de votre divin Fils le pardon de mes péchés, le salut de mon âme et les moyens nécessaires pour l’acquérir.
Obtenez à la sainte Eglise le triomphe sur ses ennemis et la propagation du règne de Jésus-Christ sur la terre.

Ainsi soit-il.

Voir aussi les litanies de Notre-Dame du Bon Conseil > ici.

frise avec lys naturel

2008-22. Des pérégrinations de la statue de Notre-Dame de Compassion.

Lundi soir 21 avril 2008.

   Nota bene :
Le Maître-Chat Lully, comme indiqué ci-dessus, écrivit cette chronique alors que nous devions quitter notre première implantation, dans le Vexin français : depuis cette chronique de 2008, la grande statue de Notre-Dame de Compassion, est bien arrivée en Vivarais, lieu désormais de l’implantation du Refuge Notre-Dame de Compassion, où nous espérons un jour construire – pour la recevoir –  une véritable chapelle propre au Mesnil-Marie où pourront venir se recueillir et prier tous ceux qui veulent se confier au Coeur douloureux et immaculé de Notre-Dame.

Chers Amis du Mesnil-Marie,

       Je ne vous ai pas beaucoup écrit, ces derniers temps, parce que – vous vous en doutez bien un peu – nous sommes en plein dans les préparatifs de notre prochain déménagement.

   Pour le chat que je suis, la perspective du changement a quelque chose de traumatisant, mais Frère Maximilien-Marie m’a expliqué que les perturbations que nous devons endurer en ce moment nous vaudront dans quelques semaines d’être vraiment chez nous dans un endroit magnifique…

   Il a déjà rempli quantité de cartons dans lesquels ont été bien rangés du linge, de la vaisselle, et presque toute la bibliothèque (il n’a conservé que quelques livres qu’il est important de garder à portée de main ou d’usage très courant).
Tout au long de la semaine dernière, j’ai assisté (avec une certaine inquiétude malgré tout) à ces préparatifs et même au démontage de certains meubles. Puis, grâce à une aide providentielle, le Frère a déjà pu faire partir un camion de déménagement à la fin de la semaine dernière…
Même la grande statue de
Notre-Dame de Compassion a ainsi pu prendre la route : vous savez, il s’agit de cette statue qui devait trouver sa place dans la chapelle que nous avions prévu d’aménager ici (le permis de construire avait été obtenu) et dont nous n’avons finalement pas pu entreprendre les travaux, puisque c’est à ce moment là que Frère Maximilien-Marie fut informé que nous ne pourrions rester en ces lieux… En attendant de trouver place dans une chapelle digne de ce nom, cette grande Piéta était installée dans un garage sommairement aménagé, et Frère Maximilien-Marie la surnommait « Notre-Dame du Garage »!

   Cette statue a été donnée au Refuge Notre-Dame de Compassion par des religieuses amies, contraintes de fermer la Communauté du lieu où elles avaient été fondées.
Je veux d’ailleurs profiter des circonstances présentes pour mettre noir sur blanc toute la gratitude de notre toute petite fondation envers ces religieuses, et aussi pour m’étendre un peu sur l’histoire de cette statue et de ses pérégrinations…

Statue de N.D. de Compassion du Mesnil-Marie

   Les Sœurs de ******* avaient été fondées au moment de la Restauration pour s’occuper des malades mentaux : leur Père Fondateur, qui était un saint prêtre pénétré de la plus délicate compassion pour les souffrances des hommes, s’était en effet rendu compte avec effroi que depuis la grande révolution, par suite de la suppression des ordres religieux hospitaliers, les malades mentaux (les aliénés, comme on disait alors) étaient enfermés dans les prisons, avec les détenus de droit commun et les criminels, dans des conditions épouvantables… Je n’hésite pas à écrire que c’est à cette sorte de « détails » que l’on peut apprécier le véritable humanisme de l’idéologie révolutionnaire!

   A ses religieuses, le bon Père donna pour modèle la Compassion de Notre-Dame et cette Piéta trôna dans la chapelle de leur maison de fondation pendant près d’un siècle et demi, jusqu’à ce qu’une autre idéologie, sous prétexte de renouveau conciliaire, culpabilise les religieuses de leur dévotion envers la Mère des Douleurs – dévotion qualifiée de dolorisme suranné – et leur enjoigne de reléguer la grande Piéta, loin des regards, dans une tribune fermée par une grille…
Cela se passe de commentaires, et je retiendrai seulement que des générations de religieuses ont prié devant cette statue : elles ont puisé dans cette dévotion la force quotidienne de leur consécration au service de ceux qui sont atteints dans leur psychisme par des maladies terribles et humiliantes ; elles ont trouvé auprès de la Vierge des Douleurs l’énergie pour vivre le don d’elles-mêmes, dans la patience, la générosité, le partage des épreuves d’autrui, et pour travailler autant que possible au bien et à la consolation des âmes qui leur étaient confiées.

   Obligées de partir, les religieuses craignaient que cette statue ne soit détruite ou vendue à quelque brocanteur, et elles furent véritablement heureuses de l’offrir pour notre fondation.

   L’enlèvement de cette Piéta donna bien des soucis à Frère Maximilien-Marie, parce que les portes de la tribune où elle se trouvait avaient été modifiées et ne permettaient plus son passage.
Après avoir bien étudié le problème, la seule solution qui permettait de la sortir était de la faire passer par l’ouverture de la grille de cette tribune, qui – par chance! – correspondait, à quelques centimètres près, aux dimensions imposantes de la statue. Mais cette tribune se trouvait à plus de dix mètres au-dessus du sol de la chapelle, et il fallut se résoudre à faire appel à un déménageur, que l’on fit venir de loin parce que lui seul avait le matériel adapté.
C’est ainsi qu’avec des forts-à-bras, et surtout avec l’aide d’un monte-charge (qu’il fallait entièrement démontable en raison des difficultés d’accès à la chapelle), la statue de Notre-Dame de Compassion fut descendue, soigneusement enveloppée, puis embarquée dans un camion en vue de présider à notre fondation.

   La voici aujourd’hui repartie sur les routes… Et, tout comme vous je pense, je souhaite maintenant que le lieu de notre prochaine installation soit celui où le Refuge Notre-Dame de Compassion pourra s’enraciner, se développer et rayonner… Le lieu où ceux qui prieront devant cette Vierge de Pitié et de Consolation recevront d’abondantes grâces et bénédictions du Ciel.

Lully.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

2008-15. Marie au Calvaire (3ème et dernière Partie).

RÉFLEXIONS PRATIQUES

(Suite et fin du texte de Monsieur Olier, in « Vie intérieure de la Très-Sainte Vierge Marie« , chapitre XII)

Mater Dolorosa

 

 » Quelle reconnaissance ne devez-vous pas à Marie pour l’amour qu’elle vous a témoigné en endurant tant de tourments, afin de donner la vie à votre âme! Il est vrai que Jésus-Christ, père du siècle futur, est seul la source de notre vie ; mais ne pensez pas que vous puissiez pour cela vous dispenser de donner aussi à Marie des témoignages de sincère reconnaissance pour le bienfait de votre régénération? Par la volonté de Dieu, elle a été associée à Jésus-Christ, nouvel Adam, afin qu’elle contribuât de sa part à votre naissance spirituelle, en l’offrant elle-même et en s’offrant aussi de son côté avec lui comme hostie pour votre salut. Dans l’ordre naturel, vous êtes redevable de votre naissance à votre mère comme à votre père ; ainsi en a-t-il été de votre régénération. C’est pourquoi le Sage, après avoir dit : « Honorez votre père« , ajoute aussitôt, en parlant mystérieusement de Marie : « Et n’oubliez pas les gémissements de votre mère ; souvenez-vous que sans eux vous ne seriez pas né ». Votre mère, selon la chair, s’est sans doute acquis des droits à votre reconnaissance par les douleurs qu’elle a endurées pour vous ; mais ces douleurs, quelque violentes qu’elles aient pu être, n’ont été qu’une figure et une ombre légère de celles que Marie a souffertes, par amour pour vous, au pied de la Croix.

Pour vous mériter le pardon de vos péchés, il a fallu que Jésus-Christ les connût, qu’il les confessât et les détestât intérieurement devant son Père, et qu’enfin il s’abandonnât à la rigueur de sa justice, afin de recevoir sur lui les châtiments qui auraient dû tomber sur vous ; et c’est aussi ce que Marie a fait de son côté dans l’oeuvre de votre réconciliation. De quelle douleur n’a-t-elle pas été accablée à la pensée de tant de fautes que son Fils avait à expier! Pour la comprendre, il faudrait sonder la profondeur de sa charité, celle de sa sainteté incomparable, la connaissance qu’elle avait de la grandeur de Dieu que le péché outrage, et de la bassesse de la créature qui ose bien se révolter contre cette adorable Majesté. Si l’on a vu de saintes âmes verser des torrents de larmes, exercer sur leur corps d’affreuses pénitences pour des fautes très légères, à cause de la vivacité de leur amour pour Dieu, quelle idée pourrons-nous donc nous former de la componction et de la douleur de Marie, élevée à la sainteté la plus éminente qui puisse être après celle de Dieu!

Pour nous donner quelque idée de la douleur de Marie, le Saint-Esprit, par l’organe du saint vieillard Syméon, l’a comparée à celle qu’eût pu produire un coup d’épée, qui eût percé d’outre en outre le coeur de cette divine Mère. Mais cette comparaison, prise des choses sensibles, est plutôt pour aider votre imagination que pour vous donner la mesure exacte des tourments qu’elle a endurés : jamais vous ne les connaîtrez. L’Église, comme pour expliquer et commenter les paroles du saint vieillard Syméon, représente Marie le coeur percé de sept glaives. Par ce nombre de sept, qui est mystérieux, elle veut dire que cette divine Mère a souffert pour expier tous les péchés sans exception, qu’on rapporte ordinairement à sept, appelés capitaux, parce qu’ils sont la source de tous les autres ; et c’est ce qui lui fait justement appliquer ces paroles : « O vous qui passez par le chemin, venez et considérez s’il est une douleur comparable à la mienne » ; et encore ces autres paroles : « Votre contrition est vaste comme la mer« .

Savez-vous quelle était la considération qui soutenait Marie au milieu des ces angoisses inexprimables, et qui les lui faisait endurer pour votre amour avec tant de constance et de générosité? La pensée qu’un jour vous la dédommageriez en vous appropriant sa propre pénitence, c’est-à-dire en recevant dans votre coeur ces sentiments d’humiliation, de componction et d’abandon à la justice divine auxquels elle se livrait alors pour vous. Ah! si vous avez eu le bonheur de vous humilier devant Dieu et d’être touché du véritable esprit de pénitence, c’est à Marie, l’avocate des pécheurs, que vous le devez. C’est elle qui, par le grand désir qu’elle a de votre salut, a communiqué à votre âme les sentiments qu’elle avait conçus dans son coeur pour vous aider à pleurer, à détester et à expier toutes vos offenses. Sa pénitence, si agréable à Dieu et si puissante sur son coeur, est, en effet, un immense trésor qu’elle est ravie de mettre à notre disposition pour subvenir à nos nécessités. Aussi n’avez-vous jamais reçu le sacrement de Pénitence, qu’en même temps l’Église ne vous ait fait une application spéciale, non-seulement des mérites de la Passion de Notre-Seigneur, mais encore de ceux que la Très-Sainte Vierge a acquis pour vous.

Ouvrez donc votre coeur à Marie, et priez-la de le remplir de ces saintes dispositions d’humiliation, de componction et d’abandon de tout vous-même à la justice divine. Entrez dans ces sentiments toutes les fois que, récitant : Je confesse à Dieu, vous arrivez à ces paroles : la bienheureuse Marie toujours vierge ; mais spécialement lorsque vous approchez du saint Tribunal ou que vous recevez l’absolution. Rappelez-vous dans ce moment que, si Jésus-Christ est la source de toute vraie pénitence, Marie est le canal qui en amène les eaux jusqu’à nous. Recourez donc à elle comme à une fontaine intarissable et vivifiante, c’est-à-dire unissez-vous intimement à Marie, désirant d’être pénétré de ses sentiments intérieurs, d’attirer en vous son esprit pénitent, et d’être tout transformé en lui-même. Par là, vous consolerez le coeur de cette tendre Mère, vous réjouirez celui de Dieu, et vous sentirez s’augmenter dans le vôtre la confiance et l’amour, toujours inséparables d’une âme qui a le bonheur d’être en paix avec Dieu et avec soi-même.

Considérez l’amour que Marie vous a témoigné sur le Calvaire, en substituant Jésus à votre place pour l’exposer à tous les traits de la justice de son Père qui n’auraient dû tomber que sur vous. Vit-on jamais une mère sacrifier son propre fils par amour pour un enfant étranger? Marie seule en est venue à cet excès. Quoique vous fussiez alors un étranger pour elle et de plus l’enfant du démon, et par conséquent l’ennemi de Dieu et de Marie elle-même, elle n’a pas hésité à livrer à la justice divine son Fils unique, l’objet de ses complaisances, pour vous acquérir à ce prix comme son enfant d’adoption. Eussiez-vous pensé qu’elle pût avoir pour vous une telle prédilection? Y aura-t-il jamais rien de comparable? En vérité, son amour pour vous ne saurait être comparé qu’à celui du Père éternel ; mais cette comparaison est juste, puisque si Jésus est le Fils de Dieu le Père, il est également le Fils de Marie, sa véritable Mère selon la chair. Il faut donc dire d’elle, comme du Père éternel, qu’elle vous a aimé jusqu’à donner pour vous son Fils unique; qu’elle n’a pas épargné son propre Fils, et l’a livré pour vous à la mort.

En le sacrifiant ainsi, elle vous a montré qu’elle vous aimait mille fois plus qu’elle-même. N’est-il pas certain que par l’amour incompréhensible qu’elle portait à Jésus, Marie aurait été ravie de donner sa propre vie des milliers et des millions de fois pour lui si elle l’eût pu? Si donc elle a livré ce même Fils à la justice divine pour vous procurer le salut, un pareil excès d’amour vous dit assez hautement que pour vous elle se serait livrée à la mort mille fois elle-même ; peut-il y avoir rien de plus incompréhensible? Jugez par là de l’estime qu’elle fait de vous, et si elle est jalouse de posséder votre coeur tout entier.

Que pouvez-vous lui refuser après un pareil sacrifice? N’est-il pas vrai que la moindre réserve ne pourrait manquer de blesser et d’affliger la générosité, la grandeur et la délicatesse de son amour? Prenez donc la résolution de ne lui rien refuser de ce que vous savez qu’elle demande de vous, dans l’état où elle vous a placé, et de désirer toujours de faire toutes vos actions par amour pour elle. Par là, vous serez assuré de n’agir que pour le pur amour de Jésus, à qui elle serait ravie de donner et de consacrer tous les coeurs. C’est le seul moyen que vous ayez pour la dédommager du sacrifice qu’elle a fait sur-le Calvaire ; c’était la seule espérance qui pût la soutenir debout au pied de la Croix, et c’est le seul retour qu’elle attend de votre coeur s’il est reconnaissant et sensible. »

2008-14. Marie au Calvaire (2ème Partie).

Voici la suite du texte de Monsieur Olier (in « Vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie« , chapitre XII) :

IIIème Point :

« Sur le Calvaire, Marie se voit bien différente de ce qu’elle était à Bethléem, Là, comme Mère de celui qui est l’innocence même, Mère du Saint des saints, elle participait à la gloire que l’on rendait à son Fils ; elle prenait part aux adorations des hommes et aux acclamations des anges. Comme la Mère du Juste par essence, elle ne sentait aucun des effets de l’arrêt porté contre les mères des pécheurs. Mais sur le Calvaire, où elle est faite la mère des pécheurs, la mère des criminels, elle enfante dans la douleur et dans les angoisses, et saint Jean est le premier fruit de cette maternité, le premier-né de l’adoption, figure et symbole de tous les enfants de l’Église. En sa qualité de nouvelle Ève, pendant que le sacrifice universel est offert sur la croix en la personne de Jésus-Christ, la Très-Sainte Vierge, offrant de son côté pour les hommes cette divine Hostie, se sent aussi elle-même chargée de leurs péchés et obligée de satisfaire pour leurs crimes. Elle peut bien dire, en imitant le langage de Noémi : « Ne me regardez plus maintenant comme au jour où je mis au monde mon Fils à a Bethléem, ce paradis de volupté; en engendrant l’auteur de toute sainteté, j’étais alors la mère des saints; mais à présent que je suis la mère des pécheurs, regardez-moi au contraire comme couverte de confusion, comme noyée dans un océan d’amertume et de douleur».

De son côté Jésus, du haut de la croix, en lui adressant ces paroles : « Femme, voilà votre fils », semble lui dire : « Je ne suis pas ici comme à Bethléem, où ma naissance vous donnait tant de joie et de consolation : alors, sortant du sein du Père pour m’unir à votre âme, je portais avec moi ses parfums, ses délices et ses douceurs. Ici que vous enfantez l’Église et que je deviens un Époux de sang pour vous (1), vous êtes chargée de confusion et de honte, et vous sentez les tranchées des crimes de vos enfants». Au Calvaire, pour gage précieux de l’amour de son divin Fils, Marie reçoit le glaive de douleur, qui le fait mourir lui-même : la douleur qui perce Jésus perce aussi le coeur de sa sainte Mère. C’est aussi ce que reçoit l’Église, épouse de Jésus-Christ sur la croix. Comme les sentiments doivent être communs entre les époux, il ne lui donne non plus ici-bas d’autre partage que ses souffrances. Voilà pourquoi il disait lui-même au premier-né de la très-sainte Vierge, à saint Jean, figure de l’Église: « Pouvez-vous boire le calice que je boirai? Vous boirez mon calice, et vous serez baptisé du baptême dont je dois être moi-même baptisé » (2) ; c’est-à-dire le calice de mes souffrances et le baptême de ma mort et de ma sépulture. C’est là toute la dot qu’il fait ici-bas à son épouse, pour la rendre ensuite participante de sa gloire dans le ciel; ce qui fait dire à saint Pierre, parlant à l’Église: « Réjouissez-vous de communier aux souffrances de Jésus-Christ, afin que vous surabondiez de joie au jour de la révélation de sa gloire » (3).

Mais ce n’était pas assez pour nous que sur le Calvaire Marie devînt la mère de tous les coupables, en sa qualité de nouvelle Ève, il fallait encore qu’elle contribuât à nous réconcilier avec Dieu le Père, en détournant de dessus nos têtes les châtiments que nous méritions, et en attirant sur nous ses bénédictions et ses complaisances.

Nous avons dit que les actions du Sauveur étaient pleines de mystères, et figuraient des choses sublimes : telle fut, en particulier, l’action de Jésus, donnant saint Jean pour Fils à Marie. Ce disciple, image de tous les chrétiens, se trouvait substitué déjà à la place de Jésus-Christ, qui l’avait rempli à la Cène de son propre intérieur et de sa vie divine. Au moment donc où Marie entend prononcer ces paroles : « Voilà votre Fils« , nous considérant comme substitués à Jésus-Christ dans la personne de saint Jean, elle nous offre tous au Père éternel; et, de son côté, Dieu le Père, qui nous regarde comme ses fils adoptifs, dans la personne de ce disciple, nous comble de ses bénédictions, fulminant sur son propre Fils l’anathème et la malédiction que nous méritions tous pour nos crimes.

Sur le Calvaire, en effet, il ne traite plus Jésus comme son Fils bien-aimé. Le considérant comme criminel à cause de nous, il lui a retiré l’usage sensible de tous les dons qu’il possédait, et de tous ces augustes privilèges qu’il ne devait pas porter sur un gibet. On ne mène point à la mort un Fils de France avec ses livrées ; on lui ôte auparavant son apanage et toutes les marques de la royauté. Avant de supplicier les prêtres, on les dégrade, on les dépouille extérieurement des insignes d’une si haute dignité, de peur d’en profaner la sainteté au milieu d’un appareil de choses si criminelles. Ainsi, le Père éternel semble avoir dégradé notre Sauveur et lui avoir ôté ses marques augustes de Fils de Dieu, quoique le fond de sa dignité ne lui soit point ôté, non plus que le caractère à un prêtre; c’est-à-dire que Jésus-Christ recevant sur lui les châtiments qui nous étaient dus, le Père éternel lui retire les biens et les dons si magnifiques dont il avait comblé la partie inférieure de son âme, et qui ne devaient pas être le partage des pécheurs auxquels Jésus-Christ était alors substitué.

Si Notre-Seigneur se punit lui-même dans toute l’étendue de son zèle, comme tenant la place d’Adam et de sa postérité, qui a perverti toute sa voie ; s’il se fait, à notre place, objet de malédiction à l’égard de son Père, c’est afin de nous revêtir de son innocence, comme d’autres Jacob, et d’attirer sur nous la bénédiction qui lui était due comme Fils de Dieu. Voilà donc pourquoi, à l’heure de son agonie, il donne pour fils à sa sainte Mère ce même disciple transformé en lui ; et nous substituant tous à sa propre place dans la personne de saint Jean, il dit à Marie: « Femme, voilà votre Fils ». Il ne la nomme plus sa Mère, ayant transféré sa qualité de Fils à saint Jean, comme s’il lui répugnait, vu l’état si déplorable, si malheureux, si plein d’ignominie où il se trouve, de l’appeler la Mère d’un pendu. »

1. Exod., chap. IV, 25.

2. S. Matth., chap. XX, 22. S. Marc, chap. X, 38.

3. I. Pierre, chap. IV, 13.

Crucifixion (gravure de Missel du XVIIème siècle)

IVème Point :

« Alors fut réalisée la figure de la substitution de Jacob à Ésaü, son frère aîné, procurée par les industries de Rébecca, leur mère. Isaac était le symbole de Dieu le Père, et Rébecca, née au milieu de la Gentilité, représentait la Très-Sainte Vierge, issue d’Adam pécheur, quoique non comprise dans la malédiction, et qui devait être Mère de Jésus-Christ et de l’Église tout ensemble, signifiées par Ésaü et Jacob.

Au Calvaire, Marie accomplit en notre faveur cette figure, nous substituant nous-mêmes dans la personne de saint Jean à son Fils premier-né ; et nous revêtant dans ce moment des mérites de Jésus-Christ, elle nous présente à Dieu le Père, ainsi que Rébecca couvrit Jacob des habits précieux d’Ésaü. Il est expressément marqué dans l’Écriture que Rébecca avait les habits d’Ésaü en sa garde : c’est que les mérites de Jésus-Christ, notre aîné, sont confiés à la Très-Sainte Vierge, sa Mère et la nôtre, qui est la dépositaire de ses richesses et de ses trésors; et que, par la cession que Jésus-Christ lui a faite de tous ses droits sur ses mérites infinis, elle en devient la maîtresse et en dispose en notre faveur.

Alors Dieu le Père, à qui Marie nous présente ainsi revêtus de Jésus-Christ, nous prenant pour son propre Fils, l’objet de ses complaisances, nous bénit dans la personne de saint Jean, qui devient le sujet de la bénédiction de tout le monde. C’est Isaac qui, en bénissant Jacob son fils puîné, bénit en lui les douze tribus, c’est-à-dire toute l’Église, et qui n’a plus de bénédiction pour son fils aîné. Ou plutôt, Dieu le Père le voyant chargé de nos péchés, et étant alors son juge, ne le regarde plus comme un fils, comme un fils unique et bien-aimé, il le traite comme un étranger, comme un criminel, qui a commis lui seul les péchés les plus abominables du monde, et fait tomber sur lui toutes les injures, toutes les malédictions, tous les rebuts, tous les mépris, tous les mauvais traitements que méritaient tous les pécheurs ensemble. Dieu le Père ne semble plus connaître Jésus-Christ, son aîné. Il le traite avec la même rigueur que si c’eût été nous-mêmes, l’accablant de châtiments, le chargeant de supplices, et punissant en lui notre péché dans toute la rigueur de sa vengeance et de son courroux. Dans cette extrémité, Jésus-Christ voyant la colère et la fureur de Dieu ainsi allumées sur lui, se sert de ce qui lui reste de voix pour lui dire : « Eh! mon Dieu! mon Dieu! vous m’avez donc délaissé ». C’est ce qui le met aux derniers excès de la douleur, le noie dans les larmes, et le fait s’écrier à son Père avec de puissantes clameurs.

C’est donc l’amour de Marie pour les hommes qui la conduit au Calvaire. Aussi quelle constance ne fait-elle pas paraître ! Pour exprimer la force de son cœur et la fermeté de son âme dans la tribulation de la croix, l’Écriture sainte nous marque qu’elle était debout : « La Mère de Jésus était debout à côté de la croix ». Agar, voyant son fils aux abois, le délaisse ; elle dit qu’elle n’a pas le courage de le voir expirer, et a besoin d’un ange qui la ramène à lui, et Marie voyant son Fils sur la croix, souffrir intérieurement et extérieurement, voyant allumées contre lui la colère de Dieu et sa fureur, ce qui était pour elle un coup d’épée qui lui perçait le coeur de part en part, elle assiste courageusement et le sacrifie pour le salut du monde. La force de la vertu divine en Marie est en proportion avec celle de Jésus-Christ. Elle montre plus de force de Dieu en elle qu’il n’en a jamais paru dans toutes les créatures. Elle porte les tentations, les peines, les tribulations et les langueurs qui l’accablent de toutes parts sans faire paraître aucune sorte d’infirmité ou ces faiblesses ordinaires qui abattent le corps. Généreuse, forte et vigoureuse, malgré l’accablement des douleurs de son Fils, elle l’offre pour nous à Dieu en sacrifice, comme une mère pleine de compassion et d’amour pour ses enfants. Alors que tous les apôtres l’ont abandonné, hormis saint Jean, elle qui n’a jamais manqué de foi pour confesser le saint nom de son Fils et pour le publier le Messie, paraît ici comme la reine de Confesseurs et la reine des Martyrs; et c’est avec beaucoup de raison que l’Église lui applique en cette circonstance les paroles de l’Ecclésiastique : « Comme un cyprès j’ai été élevée sur la montagne de Sion » (1). Le cyprès est l’image de la mort, parce que, une fois coupé, il ne repousse plus ; et, pour cela, on s’en servait autrefois dans les funérailles, et on l’attachait même à la maison des morts. Sur le Calvaire, cette Mère de douleur, se tenant debout, était là comme un cyprès attaché à la maison, c’est-à-dire à l’humanité de son divin Fils, et y servait d’ornement pour signaler ses funérailles.

C’est ainsi que par sa charité, Marie, en sa qualité de nouvelle Ève, contribue à la naissance de l’Église que Jésus-Christ engendre sur la croix. La fin qu’il s’était proposée dans son Incarnation était de s’associer tous les peuples de la terre qui adoraient chacun à part quelque fausse divinité, et de ne faire qu’un seul cœur du sien propre et de tous les autres coeurs, afin de louer et de glorifier son Père dans l’unité d’un même esprit qui est le sien. Car l’Église n’est que la diffusion de la religion du cœur de Jésus-Christ ; elle est son supplément, l’explication et l’exposition des sentiments renfermés dans son coeur, l’expression des devoirs qu’il rend à Dieu son Père. Aussi sur la croix était-elle censée comprise et reposer dans son coeur, comme Ève au côté d’Adam avant qu’elle fût créée. Cette unité d’esprit avec lui était l’objet de son travail en croix, et c’est ce qui lui fait verser la dernière goutte de sang qui lui reste. Ce sang le plus cher, le plus précieux de son corps, qui avait maintenu sa vie jusqu’au moment où il expira ; ce sang, que quelques-uns disent qu’il avait gardé depuis son Incarnation, le même qu’il tira du sein de Marie, il le verse sur la Croix comme la chose la plus chère qui lui restât pour mériter de ramener à Dieu, dans une même foi et un même amour toutes les nations de la terre.

L’eau et le sang sorti de son côté signifièrent, en effet, qu’il répandrait la religion de son cœur par les sacrements spécialement par le Baptême et l’Eucharistie, qui sont le commencement et la consommation de la religion de Jésus-Christ ; celui qui est baptisé commence à vivre de la vie de Jésus, et celui qui communie à son corps et à son sang est dans la consommation de cette vie. Comme donc ces deux sacrements servent à Jésus-Christ pour engendrer et pour nourrir son Église, et qu’ils furent figurés par l’eau et le sang, sortis de son côté, les Pères disent qu’il engendra l’Église elle-même sur la Croix par cette ouverture; ce qui avait été exprimé d’avance dans la personne d’Adam ravi en extase, lorsque Dieu lui tira, d’auprès du coeur, une partie de lui-même pour lui en former une aide semblable à lui, Ève figure de l’Église. »

1. Eccli., chap. XXIV, 17.

(à suivre > ici)

2008-13. Marie au Calvaire (1ère Partie).

La Sainte Eglise honore à deux reprises dans l’année liturgique le mystère de la Compassion de la Très Sainte Mère de Dieu : 1) la plus ancienne de ses célébrations liturgiques se trouve le Vendredi de la semaine de la Passion – exactement huit jours avant le Vendredi Saint comme une préparation suréminente à l’entrée dans la Semaine Sainte -, et 2) le 15 septembre, au lendemain de l’Exaltation de la Sainte Croix, fête originellement particulière à l’Ordre des Servites de Marie et, avec divers avatars jusqu’à nos jours, étendue au XIXe siècle à toute l’Eglise.
A l’occasion de l’une comme de l’autre de ces deux fêtes, il est bon de se replonger dans ce que Monsieur Olier a écrit pour mieux entrer dans la méditation du mystère de la Compassion de Marie et de ses Douleurs.

Saint Coeur de Marie

Vénérable Jean-Jacques Olier,
fondateur de la Compagnie de Saint-Sulpice,

in
« Vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie » (chapitre XII).

Ier Point :

« Quoique Marie eût consenti à l’immolation de Jésus-Christ, en l’offrant extérieurement à Dieu dans le Temple au jour de la Purification, il était nécessaire qu’elle fût présente à son immolation sanglante, soit pour témoigner de nouveau de son consentement, soit pour accomplir les desseins de Dieu, indiqués par la prophétie que lui avait faite le saint vieillard Syméon. Mais cette fois ce n’est plus au Temple qu’elle doit se rendre, c’est hors de ce lieu et même hors de la Ville Sainte. Jérusalem, le siège de la vraie religion, figurait et rappelait aux hommes le paradis terrestre et le Ciel, d’où ils se trouvaient exclus par le péché; et comme Adam était mort hors du paradis, que d’ailleurs rien de souillé n’a d’entrée dans le ciel, Jésus-Christ, qui portait sur lui les crimes d’Adam et de tout le monde, devait être immolé hors de l’enceinte de cette ville. Voilà pourquoi, au milieu de la dispersion des apôtres, Marie, inébranlable dans la foi de Jésus-Christ et dans l’estime de sa grandeur, l’accompagne au Calvaire avec saint Jean. Elle se tient auprès de la croix, et là Jésus, qui au temps de sa vie avait semblé ne reconnaître ni père ni mère, comme lorsqu’on lui dit : « Votre mère et vos parents sont là » (1), à sa mort reconnaît publiquement sa Mère en Marie. Du haut de sa croix, la voyant près de lui avec le disciple qu’il aimait, il lui dit ces paroles: « Femme, voilà votre Fils » ; et à saint Jean : « Voilà votre mère« . Par ces paroles, voilà votre Fils, il semble dire à Marie : « Voilà une personne qui est pure, vierge et sainte, et qui pendant le reste de votre vie mortelle vous représentera quel je suis en vérité, et même quel je serai après ma résurrection, dans ma vie immortelle. Pour cela, la veille de ma mort, j’ai voulu qu’il reposât sur ma poitrine; je l’ai fait héritier de ma vie ressuscitée, que je lui ai communiquée d’avance, ainsi que de mon application intérieure à Dieu; il vous parlera donc continuellement de mes vérités, de mes lumières et de mon amour; et, vous représentant mon extérieur, il suppléera aux accidents du pain dans l’Eucharistie qui vous déroberont mes beautés extérieures. » Comme les paroles de Jésus-Christ produisent ce qu’elles expriment, par celles-ci : Voilà votre Fils, la très-sainte Vierge reçut un coeur de mère pour saint Jean; et par celles-ci : Voilà votre Mère, saint Jean reçut un coeur d’enfant pour Marie, ainsi que le remarquent les docteurs (2).

Ainsi, après avoir été sur le Calvaire semblable à l’ange confortant Notre-Seigneur au jardin des Oliviers, saint Jean devient l’ange visible de la Très-Sainte Vierge, dont il doit être le gardien et la protection, après la perte de son fils. En outre ces mêmes paroles, voilà votre fils, renfermaient pour nous un grand mystère, que nous avons à expliquer.

Dieu, voulant réformer le monde et faire une génération nouvelle, avait donné au genre humain un nouvel Adam dans la personne de Jésus-Christ. Or, pour être époux, Notre-Seigneur ne pouvait être seul. Il fallait qu’il eût une compagne, une aide ; et comme Adam, dans le paradis terrestre, avait reçu Ève pour épouse, le Fils de Dieu devait recevoir sur le Calvaire l’Église pour la sienne. Toutefois, au temps de la Passion du Sauveur, l’Église n’était point parvenue encore à l’âge nubile. Elle devait être d’abord la fille et devenir ensuite l’épouse de Jésus-Christ, comme Ève, figure expresse de l’Église, avait été la fille d’Adam, de qui elle fut tirée, et son épouse tout ensemble. Ainsi Jésus-Christ devait d’abord donner la vie à son Église, et l’ayant formée parfaite, comme Ève l’avait été, en faire aussitôt son épouse, afin de donner par elle des enfants à Dieu. »


1. Matth., chap. XII, 46; Marc, chap.
III, 32; Luc, chap. VIII, 20.

2. S. Paulini. Nol. Opera, tom. 1, 1685; in-4°. Ecce mater tua. Jam scilicet ab humana fragilitate, qua erat natus ex femina, per crucis mortem demigrans in aeternitatem Dei, ut esset in gloria Dei Patris, delegat homini jura pietatis humanne… atque fili vicissim novum filium, vice corporis sui traderet, immo, ut ita dixerim, gigneret.
Arnoldi Carnuten. Abbat. Bonoe Vallis. Biblioth. Patr. tom. XXII, p. 1268. Vices filii naturalis filius accipit adoptivus, et transfunditur in ministrum filialis affectas : formaturque et firmatur in ambobus, pietatis unicae gratus concorsque amplexus, non ex traduce naturae, sed ex munere grade.
S. Thom. a Villanov., p. 728. Pendebat Christus in cruce, moriturus, disposuit testamentum electis suis : Patri spiritum, Ecclesiae corpus, Petro Ecclesiam. Quid vero, o dilecte ! legabo tibi, ait? Ecce mater tua ! hac omnium quae possideo charissima et pretiosissima gemina. hanc tibi trado, hanc dono. O magnum dilectionis indicium! suo loco apud Matrem substituit eum, et pro se in filium, Virgini reliquit eum. Huic gratiae, quid amplius addi potest? impressit in hoc verbo Dominus statim cordi virgineo amorem quemdam maternum, in Joannem fortiorem et ardentiorem, quam solent matribus natura tribuere. Visceribus etiam Apostoli reverentiam filialem in Virginem inseruit, qualem nullus filius natura habet in matrem.
B. Petri Damian., Serm. LXIV, de S. Joanne Ev.Illa verba : Mulier, ecce filius tuus : Ecce mater tua, prorsus efficacia sunt et divinis virtutibus fulta, atque inevitabilis veritatis auctoritate subnixa. Illud enim unicum Patris Verbum, quod in cruce pendebat, substantivum et consubstantiale Patri ac sempiternum est; atque idcirco verba, quoe locutus est, quia spiritus et vita sunt, inaniter transire non potuerunt. Coelum, inquit ipse Jesus, et terra transibunt, verba autem mea non transibunt. Sicut enim dixit Matri : Hic est filius tuus; ita dixit discipulis: Hoc est corpus meum; et tantus fuit in illis verbis effectus, ut illico panis ille quem dabat, Dominicum fieret corpus. Dixit enim, et omnia facta sunt; mandavit, et creata sunt. Ex quadam itaque similitudine, si dicere audeamus, et B. Joannes non solum filii potitus est nomine; sed propter verba illa Dominica, quoddam majus necessitudinis sacramentum, apud Virginem, meruit obtinere.

Retable d'Isenheim

IIème point :

« C’est dans la personne de la Très-Sainte Vierge que le Fils de Dieu reçoit l’Église pour épouse, car Marie en était le membre le plus auguste, et elle en possédait en éminence toutes les grâces et toutes les perfections, ainsi qu’il a été dit. Aussi sur le Calvaire, comme à Cana, Marie n’apparaît que comme épouse : Femme, voilà votre fils ; comme aussi Jésus semble perdre sa qualité de fils, qu’il donne à saint Jean, pour prendre uniquement celle d’époux. Il ne la nomme donc pas sa mère, mais femme, parce qu’il s’adresse à l’Église elle-même dans la personne de Marie, comme, dans celle de saint Jean, il s’adresse à tous les chrétiens. Il faut savoir, en effet, que saint Jean, outre qu’il était à l’égard de Marie le substitut de Jésus-Christ ressuscité, à cause des dons magnifiques qu’il avait reçus à la Cène, figurait de plus tous les enfants que Jésus-Christ devait engendrer avec elle sur la Croix, contenant en abrégé toutes les prérogatives de l’Église, en sa qualité de prophète, d’apôtre, d’évangéliste, de martyr, de confesseur, de vierge.

Marie paraît donc au Calvaire auprès de Jésus-Christ comme Ève dans le paradis terrestre auprès d’Adam, pour être la mère des croyants. Mais qu’elle y parait dans une condition différente de celle d’Ève! Celle-ci se trouvait dans un lieu de délices et de voluptés : le paradis terrestre, le séjour et la couche de l’innocence, où elle était dans l’extase et l’abondance de la joie ; au lieu que la nouvelle Ève est mise avec le nouvel Adam, réparateur des pécheurs sur le Calvaire, dont Dieu le Père veut faire le lieu de leurs noces. Il les place dans le lieu des supplices, dans la demeure des criminels, dans un lieu de sang, de douleur et de délaissement, et par conséquent pour y souffrir et y être abîmés dans l’amertume. C’est, en effet, par sa pénitence, par son sang, par sa mort, que Jésus-Christ doit engendrer des enfants à Dieu ; et comme il veut que sa Sainte Mère participe à ce mystère, qu’il y ait entre elle et lui union parfaite de sentiments et de dispositions, pour tout partage c’est la douleur que Marie reçoit de son Fils, qui lui est donné sur le Calvaire, comme l’homme de douleurs.

Pour comprendre la douleur de Marie, il faut considérer l’excès de celle de Jésus-Christ. Les douleurs les plus accablantes du Sauveur naissaient, non des souffrances corporelles qu’il endurait sur la croix ; mais de la vue nette et distincte de la multitude et de la diversité des crimes dont il était chargé, et qu’il devait expier par sa pénitence. Hélas! qui saurait concevoir à quoi s’étend cette douleur! Jésus-Christ était en proie aux peines les plus sensibles qui affligent le coeur, et aux plus mortelles angoisses intérieures qui accablent l’esprit. « Nous l’avons vu, dit Isaïe, comme celui qui avait reçu sur lui les coups, qui portait les marques de la vengeance divine ; et il n’y avait rien en son corps depuis la plante des pieds jusqu’à la tête qui fût exempt de maux. »

Et toutefois, quelque grands que fussent ses tourments, ils étaient peu de chose, comparés à l’affliction, que causait à son âme la vue de son Père irrité contre lui. Jésus-Christ tenant la place des pécheurs, et s’exposant en cette qualité à son Père, pour recevoir de lui ce que chacun de nous méritait, il se voyait comme le sujet sur lequel Dieu le Père déchargeait tout son courroux. Quel tourment plus rigoureux que de savoir qu’un père est en colère contre nous, qu’il ne peut plus nous supporter, qu’il ne peut nous souffrir davantage, surtout quand nous avons été longtemps l’objet de son amour, et que nous avons reçu de lui les témoignages d’affection les plus continuels et les plus touchants !

Ce tourment était extrême pour Jésus, dont l’amour envers son Père n’avait point de bornes. Mais le voyant justement irrité contre lui, il s’abandonne entre ses mains pour porter tous les effets de sa colère et de sa vengeance, et cherche, dans la tendresse de sa Mère, ce qu’il ne rencontre plus dans celle de son Père éternel. Hélas! Marie, qui semblait seule pouvoir le consoler, lui cause une seconde mort par la vue des douleurs qu’elle éprouve elle-même des tourments de son Fils. On dit communément que Jésus-Christ souffrait de très-grandes peines par la présence de sa Mère au Calvaire; je crois qu’intérieurement il supportait avec une joie incroyable ses tourments propres, en voyant qu’ils devaient se changer pour elle-même en repos, en délices et en gloire ; mais qu’il souffrait cruellement de la vue de sa Mère, par ressentiment et par rejaillissement de ses douleurs! Ces douleurs de Marie, chargée de nos péchés, percée par la componction qu’elle ressentait de nos crimes et par la vue de son Fils en proie aux horreurs de la mort, étaient donc autant de glaives qui, sortant de son coeur, allaient traverser celui de Jésus. Le glaive de douleur qui pénétrait le coeur de la Mère faisait, en effet, mille plaies sur celui de son Fils, et les blessures que son amour pour elle lui faisait ressentir dans le fond de l’âme étaient tout autres que celles que lui portaient la haine et la cruauté des bourreaux. Ce contre-coup des douleurs de Marie lui causa une douleur plus grande que toutes les autres douleurs qu’il souffrit dans sa passion, parce que le plus grand amour fait les plus grandes plaies et les peines les plus véhémentes. Ainsi Notre-Seigneur, qui, dans sa Passion, a voulu souffrir toutes les peines possibles, a enduré dans cette occasion même les douleurs de cette Mère bien-aimée, qui étaient pour lui les plus sensibles et les plus violentes du monde. »

(à suivre > ici)

Neuvaine préparatoire à la fête de Notre-Dame de Lourdes, du 2 au 10 février :

   Pour préparer la fête de la première apparition de Notre-Dame, à Lourdes, célébrée le 11 février, nous invitons à faire une neuvaine.
Nous vous proposons le texte suivant, qui sera précédé de la récitation du chapelet (ou au moins d’une dizaine) :

La grotte de Massabielle à l'époque des apparitions

       Notre-Dame de Lourdes, qui avez voulu apparaître dans la grotte de Massabielle pour nous témoigner votre bonté maternelle, pour ramener les cœurs des hommes vers Celui de votre divin Fils, et pour nous rappeler la pratique de la prière et de la pénitence, en ces temps où, avec toute l’Eglise, nous nous préparons à célébrer dans la joie et la ferveur l’anniversaire de votre première apparition, écoutez nos supplications, et exaucez-les si elles doivent, en se réalisant, procurer la gloire de votre divin Fils et le salut de nos âmes.

   Notre-Dame de Lourdes, nous voici à vos pieds pour solliciter tout particulièrement la grâce de…………
Notre confiance en votre pouvoir est inébranlable, vous pouvez tout obtenir de votre divin Fils : Vous qui avez daigné descendre sur la terre pour nous apporter les grâces de ce même Fils, obtenez-nous la grâce de les mériter.

   Notre-Dame de Lourdes, santé des infirmes, vous qui guérissez les corps afin de mieux guérir les âmes, soyez l’espoir de nos chers malades : que leur confiance en vous soit couronnée de succès.
Vierge toute miséricordieuse, dont le nom seul évoque de merveilleuses guérisons, montrez-nous encore votre pouvoir. Intercédez pour nous et pour les êtres qui nous sont chers.

   Notre-Dame de Lourdes, notre Mère Immaculée : les affligés, les malheureux, ceux qui souffrent, dans leur âme ou dans leur corps, se tournent vers vous avec confiance et ils espèrent vos bienfaits ! O puissante Reine, usez en leur faveur de la puissance que vous avez sur le Cœur de votre Fils : comme autrefois à Cana, commandez, et vous serez écoutée. Voyez notre pauvreté, nos nécessités et nos misères et laissez parler votre cœur, Mère pleine de tendre compassion !
Puisez à pleine mains dans les trésors célestes et répandez-les sur ceux qui vous prient : si vous le voulez, aucun de ceux qui vous invoquent ne s’en ira sans avoir éprouvé l’effet de votre puissante intercession. 

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous !
O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous !
Sainte Bernadette, priez pour nous !

* * * * * * *

Vous trouverez > ici une autre neuvaine préparatoire à la fête de Notre-Dame de Lourdes, spécialement à l’intention des malades.

l'apparition de ND de Lourdes

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