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2013-9. Du cantique « Mère de l’Espérance » qui fut chanté au cours de l’apparition de la Très Sainte Vierge à Pontmain.

 17 janvier,
Anniversaire de l’apparition de Notre-Dame à Pontmain.

       A la suite de ma publication relatant l’apparition de la Très Sainte Vierge Marie à Pontmain, le 17 janvier 1871 (cf. > ici), un de nos fidèles amis m’a fait parvenir quelques documents des plus intéressants dont je tiens à vous donner un aperçu en les condensant ci-dessous à votre intention.
Que soit très chat-leureusement remercié Monsieur D.A., qui me précisait qu’il a reçu le sacrement de confirmation des mains de Son Excellence Monseigneur Paul-Marie Richaud (futur cardinal archevêque de Bordeaux) dans la basilique de Pontmain le 6 juin 1944, jour du débarquement des forces alliées en Normandie… 

Lully.

2013-9. Du cantique

Note concernant le cantique Mère de l’Espérance

       En 1848, en plein orage révolutionnaire, Monsieur le chanoine Prud’homme eut l’inspiration de fonder une vaste association de prières pour le salut de la France. Cette association prit de l’ampleur jusqu’à devenir l’Archiconfrérie de Notre-Dame d’Espérance.
Pour appuyer cette oeuvre il composa le fameux cantique Mère de l’Espérance qui se répandit rapidement dans toute la France. En voici les paroles : 

R./ Mère de l’Espérance,
Dont le nom est si doux
Protégez notre France.
Priez, priez pour nous ! (bis)

Souvenez-vous, Marie,
Qu’un de nos Souverains
Remit notre Patrie
En vos augustes mains.

La crainte et la tristesse
Ont gagné notre cœur.
Rendez-nous l’allégresse,
La paix et le bonheur.

Vous calmez les orages,
Vous commandez aux flots,
Vous guidez au rivage
Les pauvres matelots.

De la rive éternelle,
Secondez nos efforts ;
Guidez notre nacelle
Vers les célestes ports.

En ces jours de souffrances
Sauvez-nous du danger ;
Épargnez à la France
Le joug de l’étranger.

Des mères en alarmes
Raffermissez les cœurs ;
Venez sécher leurs larmes,
ô Mère des douleurs !

Au chemin de la gloire,
Conduisez nos soldats
Donnez leur la victoire
Au jour des saints combats.

Et si, pour la Patrie,
Bravant les coups du sort
Ils vont donner leur vie,
Ah ! couronnez leur mort !

   Le cantique fut adopté dans la paroisse de Pontmain : il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il fut au programme des prières entonnées par les paroissiens pendant le temps l’apparition. Or c’est à ce chant, écrira plus tard Joseph Barbedette, que « la Très sainte Vierge devait réserver son plus beau sourire de toute l’apparition ».
Elevant les mains à hauteur des épaules, elle se mit à remuer les doigts, paraissant accompagner le chant avec une extrême délicatesse. Elle était radieuse. Aussi la joie des enfants devint-elle à ce moment-là exubérante : « Voilà qu’Elle rit, voilà qu’Elle rit ! » disaient-ils, « Oh ! qu’elle est belle ! Oh ! qu’elle est belle ! »

   Arrivé au septième couplet toutefois, l’avant-dernier du cantique, où l’on demandait : « Au chemin de la gloire Conduisez nos soldats ; Donnez-leur la victoire… », la banderole qui s’étendait aux pieds de la Vierge ne subsista pas dans le ciel.

   Le surlendemain de l’apparition, le chanoine Prud’homme apprit par une lettre ce qui s’était passé, et il ne put retenir ses larmes quand il sut que la Très Sainte Vierge avait honoré de son sourire sa composition. Cette émotion devait lui rester jusqu’à la fin de sa vie.

   En ce qui nous concerne, nous sommes aujourd’hui vivement choqués du fait qu’on a donné au cantique qui avait réjoui le coeur de Notre-Dame une tonalité toute différente de celle qui a prévalue à Pontmain durant tout un siècle.
En effet, dans les années qui ont suivi le second concile du Vatican et ont été marqué – spécialement en France – par cette démangeaison maladive d’entendre des nouveautés et de marquer une certaine forme de rupture, les paroles du cantique « Mère de l’Espérance » ont été totalement remaniées, au point que l’intention profonde initiale dont il était l’expression a disparu. Voici le texte de cette nouvelle version : 

R./ Mère de l’Espérance
Dont le nom est si doux,
Madone de l’enfance,
Demeure auprès de nous ! (bis)

Tu es bien notre Mère,
Toi qui as visité
sur leur lointaine terre
les enfants extasiés.

Apparaît ton sourire
Dans la nuit étoilée,
Il fait toujours revivre
Les cœurs désemparés.

Apprends-nous la prière,
Icône de beauté ;
Dieu n’est-il pas le Père,
Tout Amour et Bonté ?

Mère de toute grâce,
A l’univers troublé,
Fais resplendir la face
De ton fils Bien-Aimé.

Ta douleur nous oppresse
Devant le Crucifié,
Tu mets nos cœurs en liesse:
Christ est ressuscité !

Messagère joyeuse
De la Sainte Cité,
Guide-nous, Bienheureuse,
aux chemins de la paix.

   Notre ami fit partie de ceux qui protestèrent, en disant que c’était un abus de remplacer ainsi des paroles qui avaient été l’objet d’un sublime échange entre le ciel et la terre, ce qui leur donnait une haute valeur historique déjà, si ce n’est surnaturelle, et qui – de ce fait – ne nous appartenaient plus.
Il rappela à ce propos la lettre pastorale que Monseigneur Richaud, alors évêque de Laval, avait publié le 2 janvier 1940 :

« La corrélation est évidente entre la cessation de l’invasion ennemie, à sa pointe la plus avancée et l’événement de Pontmain ! Une corrélation non moins claire est indiquée par la Très Sainte Vierge entre l’intervention de la Providence et la supplication nationale qui s’élevait de toutes parts. A l’heure même de l’apparition et tandis que les villageois de Pontmain priaient la Madone qui apparaissait à leurs enfants, prières et cantiques, supplications et promesses jaillissaient à Notre-Dame de l’Espérance à Saint-Brieuc et à Notre-Dame des Victoires à Paris. Dans toute la France se répandaient depuis plusieurs mois les circulaires du P. Ramière en faveur d’une Consécration de la France et M. Legentil, quelques jours plutôt, le 11 janvier, avait prononcé à Poitiers la première formule du Voeu National. Tel est le sens des mots : « Mon Fils se laisse toucher » et encore, Nous ne parlons pas des autres voeux qui furent, à la même époque, émis en de nombreux sanctuaires.
Mais l’on peut bien dire que Marie, à qui Louis XIII avait autrefois consacré officiellement son royaume, a, d’une manière manifeste, pris en charge à Pontmain le salut de la France et a voulu marquer, en ce lieu béni de notre chère Mayenne, de quelle façon elle encourageait toutes nos supplications patriotiques. Son message est aussi bien un message d’espérance, de prière et de sacrifice, et il vaut pour toutes les situations personnelles et familiales qu’on vient lui confier. Mais il intéresse, directement et au premier chef, la Patrie. Notre-Dame de Pontmain, si toutes les Madones ont leur spécialité, c’est la Madone de la France en péril ».

X  Paul-Marie Richaud, évêque de Laval

   Et notre ami conclut par ces lignes, dont nous avons nous-mêmes éprouvé la vérité puisque -ayant eu l’occasion de passer à Pontmain il y a quelques années – nous nous sommes faits doucement « rabroués » par la personne de l’accueil lorsque nous commîmes « l’erreur » (presque impardonnable) de lui rappeler que le sanctuaire devait être un lieu spécifique de prière pour la France :  « On ne prie plus officiellement pour la France à Pontmain depuis quarante ans, et, dans la pénombre qui nous fait aujourd’hui aller à tâtons, on peut se dire qu’il est bien vrai que nous n’avons de grâces que celles de nos prières ! »

   Rappelons-le, l’invocation officielle à Notre-Dame de Pontmain – assortie alors de précieuses indulgences – était originellement celle qui figure sur l’image que nous reproduisons ci-dessous : « Notre-Dame de Pontmain, priez pour nous, pour l’Eglise et pour la France ! »

pontmain-image-devotion 17 janvier dans Commentaires d'actualité & humeurs

2013-8. De l’apparition de la Très Sainte Mère de Dieu et notre Mère à Pontmain, le soir du 17 janvier 1871.

17 janvier,
Anniversaire de l’apparition de Notre-Dame à Pontmain.

       Pontmain : à peine un village, une toute petite paroisse du bas Maine aux confins de la Bretagne.

       Janvier 1871 : la guerre entre la Prusse et la France se prolonge, et les circonstances semblent vraiment désespérées. L’armée prussienne déferle vers l’Ouest de la France, enfonçant toute résistance. Le mardi 17 janvier, elle est aux portes de Laval.

   Il neige abondamment. L’heure est à l’angoisse. Une épidémie de typhoïde s’est déclarée. La variole se répand. Les éléments eux-mêmes semblent perturbés : le 11 janvier, une aurore boréale a vivement frappé les esprits. Ce 17 janvier, vers midi trente, la terre a tremblé dans toute la contrée, déjà ravagée par l’inquiétude.

   L’abbé Michel Guérin est curé de Pontmain depuis 36 ans. C’est un homme de prière : il prie, et il fait prier. Il communique à ses paroissiens sa foi vive, et aussi son immense amour pour la Vierge Marie.
Pourtant, la population de Pontmain vit des journées d’angoisse, tant les rumeurs les plus affolantes courent le pays. On est sans nouvelles des trente-huit jeunes gens de la paroisse mobilisés.
L’oppression des coeurs est telle que le dimanche 15 janvier, après les Vêpres, après la récitation du chapelet et la prière pour les soldats, personne n’ose entonner le cantique «Mère de l’espérance», comme à l’accoutumée.
Le bon abbé Guérin essaie de ranimer la confiance par quelques paroles pleines de réconfort, et il conclue résolument : « Allons mes enfants, chantez votre cantique : Mère de l’Espérance ! ».
A son insu, le bon curé vient de préparer ses paroissiens à une faveur inouïe.

2013-8. De l'apparition de la Très Sainte Mère de Dieu et notre Mère à Pontmain, le soir du 17 janvier 1871. dans Chronique de Lully pontmain-eglise-paroissiale

   La prière quotidienne rythme la vie de la famille Barbedette, comme de toutes les familles de cette paroisse fervente.
César et Victoire, les parents, ont trois fils : l’aîné Auguste – né d’un premier mariage de Victoire – est âgé de 25 ans ; les deux plus jeunes, Eugène et Joseph, ont respectivement 12 et 10 ans.
Eugène et Joseph Barbedette vont servir la Sainte Messe chaque matin. Auparavant, à la maison, comme ils le lui ont promis, ils récitent le chapelet à l’intention de leur frère Auguste, mobilisé ; ensuite, à l’église, en attendant la messe de sept heures, ils font le chemin de Croix pour demander la cessation de la guerre.
Le soir du mardi 17 janvier, au retour de l’école, vers 16h30, Eugène et Joseph aident leur père à piler des ajoncs dans la grange attenante à la maison familiale. Leur travail est interrompu par la visite d’une personne du voisinage, Jeannette Detais, qui a recueilli des nouvelles des soldats et vient les rassurer au sujet d’Auguste. Malgré son inquiétude vis-à-vis de son grand frère qui est aussi son parrain, Eugène ne s’attarde pourtant pas auprès d’eux : il sort de la grange, comme attiré par un mystérieux appel.

   La neige couvre le sol et les toits. Il fait très froid. Le ciel est clair, parsemé d’étoiles qui paraissent encore plus nombreuses et plus brillantes que les autres jours.
Alors, arrêtant son regard au-dessus de la maison d’Augustin Guidecoq, en face de la grange, il aperçoit une « belle Dame » vêtue d’une robe bleue, parsemée d’étoiles d’or – comme le plafond de l’église – : elle tend ses mains abaissées dans un geste d’accueil. Elle le regarde en souriant, il la regarde longuement en silence. Il n’a jamais rien vu d’aussi beau.

   Au moment où Jeannette Détais se dispose à rentrer chez elle, Eugène l’interpelle dans l’espoir de lui faire admirer ce qu’il est en train de contempler, mais Jeannette lui déclare à regret qu’elle ne voit « rien du tout ».
César, le père, sort de la grange avec Joseph, mais, dans la direction indiquée, il ne voit rien d’autre que le ciel tout scintillant d’étoiles.
Quand à Joseph, il aperçoit aussitôt « au milieu des airs, une Dame d’une beauté ravissante » qui regarde les deux enfants et leur sourit, comme une mère : elle semble encore plus heureuse de les voir qu’ils ne le sont de la contempler.

   Eugène s’assure vite que la vision découverte par Joseph est bien identique à celle qu’il a lui-même sous les yeux : « Vois-tu bien, Joseph ? – Holà ! oui, je vois une belle grande dame ! – Comment est-elle habillée ? – Elle a une robe bleue et puis, des étoiles dorées dessus, et puis des chaussons bleus avec des boucles d’or. – Dis donc, Joseph, regarde donc aussi : elle a une couronne. – Je vois bien une couronne dorée qui va en s’agrandissant, et puis un fil rouge au milieu de la couronne, et puis un voile noir ».

   Le père écoute tout en continuant à regarder le ciel mais, très perplexe dans un premier temps, il ordonne à ses garçons d’aller reprendre le travail inachevé. Cependant, rapidement pris de remord, il demande à Eugène de retourner voir s’il aperçoit toujours la même chose. L’enfant confirme, plein de joie, que la Dame est toujours là ; il l’envoie alors chercher sa mère.
Victoire arrive aussitôt, mais elle ne réussit pas à voir ce que Joseph et Eugène seraient si heureux de lui faire découvrir. Elle est toutefois ébranlée par leur récit et par l’émotion visible de leur père. La pensée lui vient alors qu’il s’agit peut être d’une apparition de la Sainte Vierge : elle les fait rentrer tous trois dans la grange dont elle ferme la porte, par discrétion vis-à-vis des voisins qui commencent à être attirés par le bruit des voix. Puis, derrière la porte et tournés du côté de la vision, les parents Barbedette et leur deux enfants récitent à genoux cinq Pater et cinq Ave en l’honneur de la Sainte Vierge.

   Quand ils sortent de la grange, la Dame est encore là, toujours souriante. A l’aide de ses lunettes, Victoire tente encore une fois de l’apercevoir, mais sans obtenir – on s’en doute! – de meilleur résultat. Un peu dépitée, elle donne l’ordre à ses enfants d’aller terminer leur travail. Puis, après le souper, pris debout et à la hâte, ils obtiennent la permission de retourner à la grange avec la recommandation de leur mère de réciter à nouveau cinq Pater et cinq Ave. Ils reviennent ensuite à la maison.

pontmain-phase-1-de-lapparition 17 janvier dans De Maria numquam satis

   Victoire décide alors d’aller avec Eugène jusqu’à l’école des sœurs, à quelques pas de leur maison, chercher Sœur Vitaline : « Les sœurs sont meilleures que vous, leur dit-elle : si vous voyez quelque chose, elle le verra bien aussi ».
Sœur Vitaline les suit jusqu’à la porte de la grange.
Tout de suite Eugène l’interroge. Il voudrait tellement qu’elle soit témoin, elle aussi, de ce qu’il voit !
« Voyez-vous bien, ma sœur ? » demande-t-il.
« J’ai beau ouvrir les yeux, dit la sœur, je ne vois absolument rien. »
Contrarié, il insiste en lui indiquant le point précis où se trouve la vision : trois étoiles extraordinaires, beaucoup plus brillantes que les autres, forment un triangle délimitant l’apparition ; la plus élevée est située juste au dessus de la tête de la Dame.
Mais Sœur Vitaline ne voit toujours rien, à part les trois étoiles exceptionnelles, visibles pour tout le monde ce soir là. Elle prend donc le parti de rentrer chez elle.

   Victoire la reconduit jusqu’à la porte de la communauté des religieuses et revient à la grange avec trois petites pensionnaires que lui confie Sœur Vitaline : Françoise Richer (11 ans), Jeanne-Marie Lebosse (9 ans) et Augustine Mouton (12 ans).
A peine arrivées auprès d’Eugène qui les appelle du seuil de la grange, Françoise et Jeanne-Marie s’écrient ensemble : « Oh la Belle Dame avec une robe bleue ! » et elles la décrivent à leur tour.

   Joseph, qui n’avait pas osé jusqu’ici sortir sans permission, se hâte de les rejoindre tandis que Sœur Vitaline revient auprès d’eux, suivie de Sœur Marie-Edouard.
Cette dernière, déçue elle aussi de ne rien apercevoir, constate que seuls des enfants semblent avoir le privilège de la vision. Elle décide donc d’aller chercher d’autres enfants plus jeunes encore. Accompagnée d’Eugène, elle passe chez les grands-parents Friteau pour leur demander d’emmener à la grange leur petit Eugène, enfant chétif et malade. Parvenu à la grange, le petit Eugène Friteau a le regard immédiatement attiré par la vision et son visage s’éclaire aussitôt de joie ; il garde le silence mais affirmera les jours suivants qu’il a « vu la Belle Dame ».
Sœur Marie-Edouard s’empresse d’aller chercher Monsieur le Curé, qui est tout d’abord saisi de crainte et profondément 
bouleversé quand il l’entend, toute émotionnée, lui annoncer qu’il y a un « prodige chez les Barbette…. que les enfants voient la Sainte Vierge ».

   En ressortant du presbytère avec le bon curé et sa servante Jeannette, Sœur Marie-Edouard donne l’éveil dans plusieurs familles, notamment celles où se trouvent des petits enfants.
De proche en proche, la nouvelle se répand et tout le bourg se trouve bientôt rassemblé devant la grange. 
Parmi les derniers arrivants, il y a encore une petite fille Augustine Boitin, 25 mois, que sa maman porte dans ses bras ; l’enfant est instantanément fascinée par l’Apparition et s’exclame en battant des mains : « Le Jésus, le Jésus ! » L’assemblée est saisie d’émotion.
Plus tard dans la soirée, arrive le charpentier Avice avec ses deux filles et portant dans ses bras son fils Auguste âgé de 4 ans. L’enfant dit aussitôt très doucement à son père « Je vois bien aussi, moi… une belle dame… une robe bleue avec des étoiles comme dans l’église, mais plus belle ! » Son visage rayonne d’un bonheur extraordinaire. Son père lui recommande de ne plus rien dire jusqu’à leur retour à la maison.

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   C’est au moment même où Monsieur le curé s’approche de la grange qu’une petite Croix rouge se forme instantanément sur le cœur de la Dame.
En même temps, un ovale bleu se dessine autour d’elle et quatre bougies se fixent à l’intérieur de l’ovale, détails analogues à ceux qui entourent la statue de la Vierge installée dans l’église de Pontmain. Scrutant en vain le ciel étoilé, l’abbé Guérin interroge les enfants qui lui décrivent en détail ce qu’ils contemplent.

   Les petits voyants ont constaté à plusieurs reprises une expression de tristesse sur le visage de la Dame qui cesse de sourire chaque fois que l’entourage se met à bavarder, à plaisanter ou à émettre des doutes sur sa présence. Et, comme l’assistance manifeste une certaine agitation, Monsieur le Curé demande le silence. Puis, Sœur Marie-Edouard lui suggère de parler à la Sainte Vierge et de demander aux enfants de lui parler. En réponse, il prononce le seul mot que Marie semble attendre : « Prions !»
C’est alors une belle veillée de prière qui commence : le dialogue est engagé entre le ciel et la terre. Le curé Guérin prend lui-même l’initiative des prières, et chose merveilleuse, les phases de l’apparition semblent se dérouler conformément aux prières qui sont demandées.

   Pendant toute la durée du chapelet, au fur et à mesure que s’intensifie la prière, la Dame embellit et « grandit » progressivement tandis que les « Ave Maria », en s’élevant jusqu’à elle, se transforment en autant d’étoiles d’or qui viennent s’imprimer sur sa robe. L’ovale bleu qui l’entoure s’élargit également. Les étoiles qui l’environnent semblent s’écarter comme pour lui faire place et, dans un mouvement harmonieux, viennent se ranger sous ses pieds.
L’émerveillement des enfants, devant la splendeur de cette vision de lumière en plein ciel, est inexprimable.

   A l’invitation de Monsieur le Curé, Sœur Marie-Edouard entonne le Magnificat. Mais le premier verset n’est pas achevé que les enfants s’écrient : «Voilà quelque chose qui se fait ! »
Une grande banderole blanche de la longueur de la maison Guidecoq vient d’apparaître au dessous de la Belle Dame.
Le Magnificat à peine repris, ils s’écrient à nouveau : « Voilà encore quelque chose qui se fait ! » Des lettres d’or en majuscule apparaissent lentement sur la banderole : MAIS.
Ce mot, répété par les enfants et provoquant la perplexité des assistants, brille seul pendant une dizaine de minutes environ.
Puis d‘autres lettres se forment, une à une, aussitôt proclamées par les enfants. A la fin du Magnificat, ils lisent ces mots : MAIS PRIEZ MES ENFANTS.

   Un petit événement vient entre-temps de se produire : un habitant du bourg rentre en catastrophe d’Ernée d’où il ramène des nouvelles. Entendant chanter le Magnificat, il crie à l’assemblée en prière : « Vous pouvez prier le bon Dieu, les Prussiens sont à Laval ! »
Mais l’Apparition a déjà rempli tous les cœurs d’une telle confiance qu’il entend cette réponse stupéfiante : « Ils seraient à l’entrée du bourg que nous n’aurions pas peur ! »
Fortement impressionné, il vient se joindre à ceux qui prient.

   Le froid étant extrêmement vif, on fait entrer tout le monde dans la grange, portes ouvertes. Puis, à la demande de Monsieur le Curé, Sœur Marie-Edouard entonne les litanies de la Sainte Vierge : « Il faut, dit le Curé Guérin, prier la Sainte Vierge de manifester sa Volonté. »

   Pendant le chant des litanies, d’autres lettres se sont formées, les enfants épèlent : DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS
Après le mot TEMPS, se forme un gros point semblable à un soleil d’or.

   Cette promesse provoque une véritable exultation dans l’assistance et chez les enfants qui sont dans un bonheur indescriptible. Tous sont remplis d’une immense espérance : « C’est fini ! C’est fini ! » dit-on « La guerre va cesser, nous aurons la paix ! »
« Oui ! répond Eugène, mais PRIEZ ! »

   Monsieur le Curé fait alors chanter l’ « Inviolata »Les enfants s’exclament à nouveau : « Voilà encore quelque chose qui se fait ! »
Sur une nouvelle ligne au-dessous de la première, à l’instant même où se chantent les paroles « Ô sainte Mère du Christ », de nouvelles lettres de forment : MON FILS
A ces mots, lus et répétés par les enfants, une émotion indicible se répand parmi les assistants : « C’est bien la Sainte Vierge ! » crient les enfants. « C’est elle, c’est elle ! » répète l’assistance.

   Souriant toujours, la Dame continue à les regarder. Dans un immense élan de reconnaissance et d’amour, on chante le « Salve Regina » tandis que les lettres continuent à se former. A la fin de l’antienne, les enfants peuvent lire : MON FILS SE LAISSE TOUCHER
Un gros trait d’or souligne cette dernière ligne qui se termine sans ponctuation. L’inscription totale est donc celle-ci :

MAIS PRIEZ MES ENFANTS DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS.
MON FILS SE LAISSE TOUCHER

   Les chants sont interrompus : l’assistance émue et recueillie, prie un moment en silence. Puis le Curé Guérin suggère de chanter un cantique à la Sainte Vierge et Sœur Marie-Edouard entonne « Mère de l’Espérance » ; pendant ce chant les enfants exultent en raison de la joie qu’ils lisent sur le visage de la Madone (qui a élevé les bras et agite les doigts en cadence) : « Voilà qu’elle rit ! Oh ! Qu’elle est belle ! Qu’elle est belle ! »
« Jamais, on n’a rien vu de pareil ni en personne, ni en image », diront ils plus tard.

pontmain-phase-3-de-lapparition apparition dans Memento

   Vers la fin du cantique, la banderole d’inscription disparaît, comme si un rouleau couleur du ciel passait en l’enroulant sur lui-même.
Monsieur le Curé fait alors chanter un autre cantique : « Mon doux Jésus, enfin, voici le temps de pardonner à nos coeurs pénitents… », avec le « Parce Domine » en guise de refrain.
A ce moment le visage de l’Apparition se voile de la tristesse : « Encore quelque chose se fait » s’écrient les enfants dont les visages s’assombrissent soudain.
En effet, une croix rouge haute de cinquante centimètres apparaît en avant de la Vierge Marie qui abaisse les mains pour la saisir et la tenir devant elle. Cette croix d’un rouge vif porte un Christ d’un rouge sombre. A l’extrémité du bâton de la croix, un croisillon porte, en lettres rouge vif, l’inscription : JESUS–CHRIST

   Pendant tout ce cantique, Marie a les yeux constamment baissés : elle contemple le Christ qu’elle présente à tous. Ses lèvres remuent. Elle paraît s’unir au chant qui implore le pardon. Son visage est empreint d’une tristesse indicible qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Les voyants eux-mêmes affirmeront plus tard que « jamais de toute leur vie, ils n’avaient vu pareille douleur sur un visage humain »C’est bien la Mère des Douleurs au pied de la croix de son Fils.
Une étoile se détache et vient allumer successivement les quatre bougies réparties autour de l’Apparition.

pontmain-phase-4-de-lapparition apparition de la Mère de Dieu

   L’assistance entonne l’hymne « Ave, maris Stella » et le crucifix rouge disparaît. Une petite croix blanche apparaît sur chaque épaule de la Vierge dont le visage s’éclaire à nouveau ; elle reprend son sourire ; un sourire où reste cependant comme un souvenir de l’immense tristesse par laquelle elle vient de passer.

   Le curé Guérin invite ses paroissiens à faire ensemble la prière du soir.
Vers la fin de la prière, Marie disparaît tout doucement derrière un voile blanc qui se déroule progressivement à partir du bas jusqu’à ce que les voyants n’aperçoivent plus que son visage, qui leur prodigue, avant de s’effacer, ses derniers sourires et son dernier regard chargé de toute sa tendresse maternelle.
« Voyez vous encore ? » demande M le Curé. « Non, répondent les enfants. C’est tout fini !»
Il est près de vingt et une heures.

   Chacun rentre chez soi, le cœur tout imprégné de cette présence maternelle de Marie. Alors qu’ils étaient plongés dans l’angoisse et le découragement quelques heurs plus tôt, tous sont maintenant envahis par une paix profonde, par une immense reconnaissance et par une confiance sans limite, dans la certitude d’une prière déjà exaucée.

   Le 22 janvier, à la surprise des chefs militaires français, les troupes allemandes se retirent. Pontmain et la Bretagne sont providentiellement épargnés.
Le 28 janvier, l’armistice est signé. Les jeunes gens de la paroisse mobilisés reviennent tous, sains et saufs.

* * * * * * *

   Ô combien est lumineux le message de Notre Dame de Pontmain et d’une si grande actualité :

Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps.
Mon Fils se laisse toucher

   Cette grande recommandation, destinée à être gravée dans nos cœurs en caractères indélébiles, est un appel impérieux à la prière.
Marie peut tout obtenir de Dieu – même des miracles – , mais notre prière est indispensable. Dieu, pour pouvoir intervenir dans nos vies, a besoin de notre prière persévérante…
Prions donc! Prions le plus possible! Ne nous lassons pas de prier, et de demander l’intercession de Notre-Dame.
Plus s’intensifie notre prière, plus s’accroît la puissance d’intercession de notre Mère céleste.
 

pontmain-image-devotion Notre-Dame

   L’année suivante, le 2 février 1872, l’Evêque de Laval proclamera : « Nous jugeons que l’Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, a véritablement apparu le 17 janvier 1871 à Pontmain »

* * * * * * *

On trouvera ci après :
– le cantique « Mère de l’Espérance » > ici
– le récit de ce qui s’est passé à la basilique de Notre-Dame des Victoires, à Paris, pendant le temps même de cette apparition, le 17 janvier 1871 > ici

O Miracle qui dépasse tout miracle !

Strophes de Saint Joseph l’Hymnographe (*)
en l’honneur de la
Très Sainte Mère de Dieu

O Miracle qui dépasse tout miracle ! dans Chronique de Lully nativite-mosaique-palerme-santa-maria-dellammiraglio

La Nativité – mosaïque de l’église Santa Maria dell’ Ammiraglio, à Palerme.

Vénérons le saint Palais du Roi,
où il a voulu établir Sa demeure.
Et à celle qui ne connaît point d’homme,
la seule Mère de Dieu, grâce à qui nous sommes élevés jusqu’à la Divinité,
chantons nos hymnes!

Nous vous voyons, ô Mère et Vierge,
véritablement pure avant, pendant et après l’enfantement ;
et vous avez porté Dieu
qui fut prêché à haute voix par l’assemblée des Apôtres.

Le choeur bienheureux de ceux qui prophétisaient dans l’Esprit
vous a appelée, en un saint oracle inspiré par Dieu,
la Porte et la Montagne ombragée,
ô toute pure!

 Illuminez, ô Vierge , les yeux de mon coeur,
donnez-moi la clarté de la pénitence,
arrachez-moi aux ténèbres éternelles,
ô Porte de la Lumière et Refuge des chrétiens
qui chantent fidèlement votre gloire!

Je vous chante,
ô vous qui êtes plus que toute autre digne de louange ;
je veux toujours vous rendre gloire,
vous à qui Dieu rend gloire ;
je vous magnifie,
vous que magnifient toutes les générations,
ô vous, Vierge magnifiée par Dieu!

Vous êtes toujours un refuge pour les pécheurs,
ô toute pure,
vous qui avez enfanté d’une manière surnaturelle Celui qui ôte le péché du monde,
le Christ auquel nous chantons :
Béni soyez-Vous, Seigneur et Dieu de nos pères!

O Miracle qui dépasse tout miracle!
Comment êtes-vous mère et demeurez-vous vierge,
ô toute pure Epouse de Dieu?
Vous avez enfanté le Verbe,
qui est de toute éternité semblable au Père ;
pour Lui nous chantons tous :
louez le Seigneur, vous toutes Ses oeuvres,
et exaltez-le dans toute l’éternité! 

L’éclair de votre maternité a brillé et resplendi,
et tout ce qui est sous le soleil a rayonné :
le prince des ténèbres est abattu,
ô très pure Mère de Dieu,
gloire des anges et salut de tous les hommes,
qui ne cessent de vous louer et de vous chanter.

nativite-mosaique-palerme-santa-maria-dellammiraglio-copie louange mariale dans De liturgia

(*) Saint Joseph l’Hymnographe : saint des Eglises Romaine et Byzantine (en grec : Ίωσήφ ό ύμνογράφος), né en Sicile (probablement à Palerme et sans doute en 816), mort à  Constantinople le 3 avril 886. Sa biographie peut être lue > ici.

2012-85. Le 8 décembre, illuminons nos fenêtres en l’honneur de Notre-Dame !

2012-85. Le 8 décembre, illuminons nos fenêtres en l'honneur de Notre-Dame ! dans Annonces & Nouvelles dsc07381copie.vignette

       Je voudrais aujourd’hui lancer un appel, et je souhaite ardemment qu’il soit relayé le plus possible auprès de tous ceux qui aiment Notre-Dame, de tous ceux qui entretiennent pour elle une tendre dévotion filiale : vous qui me lisez, si vous êtes sensibles à ce que je vais écrire, ne vous contentez pas de me lire mais – dans la mesure de vos possibilités – faites-le suivre d’une mise en pratique, et invitez très largement vos parents, vos amis, vos connaissances, à faire de même…

De quoi donc s’agit-il?

   Depuis l’année 1852, la ville de Lyon - fière de l’antiquité de sa dévotion envers la Très Sainte Mère de Dieu, dont elle fêtait déjà la conception immaculée au XIIe siècle – , s’illumine tous les 8 décembre à la tombée de la nuit pour magnifier Marie.
Dans leurs petits verres de diverses couleurs disposés sur les appuis de fenêtres, les flammes tremblantes d’une multitude de lumignons et de bougies, chantent une silencieuse hymne d’action de grâces et d’amour pour celle qui – pleine de grâce, κεχαριτωμένη - a été choisie pour faire entrer dans le monde la Lumière du Salut.

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   La tradition lyonnaise ne s’est pas cantonnée à la seule ville de Lyon, elle s’est progressivement étendue aux villes et villages du diocèse, a débordé sur certaines provinces avoisinantes, a été adoptée dans un certain nombre de paroisses ou d’établissements religieux à travers toute la France.
On ne peut que s’en réjouir !

   A Lyon même, l’archevêché et les paroisses, les différents mouvements et communautés religieuses, sont largement mobilisés pour faire du 8 décembre une journée particulière de ferveur et d’hommage clairement affirmé envers la Protectrice séculaire de la cité, Notre-Dame de Fourvière.
C’est aussi, pour les autorités religieuses, une occasion particulièrement propice à un témoignage de foi : de là une dynamique missionnaire et des initiatives « pour que ce bonheur de la foi que vous avez vous aussi reçu soit partagé avec tous ceux qui viendront nous rencontrer! » (Mgr Jean-Pierre Batut, ancien curé de la paroisse Saint-Eugène & Sainte-Cécile à Paris, puis évêque auxiliaire de Lyon et aujourd’hui évêque de Blois – lire l’intégralité de son message > ici).
De cela aussi on ne peut que se réjouir.

dsc07381copie.vignette fête des lumières dans De liturgia

   Le site officiel de l’archidiocèse de Lyon donne un assez bon résumé des querelles et des luttes – luttes physiques parfois – auxquelles la fête du 8 décembre donna lieu dans les agitations des années 1879 à 1914, marquées par la montée de l’anticléricalisme et d’un laïcisme volontiers hargneux (lire > ici).
On trouve dans ce même aperçu historique la mention de l’ « affadissement de la fête du 8 décembre dans le contexte de crise qui suivit le concile Vatican II, marqué par une certaine contestation de la part d’une partie du clergé, et le refus de pratiques jugées archaïques » (sic). 

   Le site diocésain continue :
« Le vrai changement se produisit dans les années 1990 : la Ville s’appropria la fête en l’intégrant au Plan Lumière et à la volonté de développer le tourisme à Lyon. L’aspect commercial prit alors le dessus. L’Église parut à l’écart de ce mouvement, au point qu’il n’y avait guère de concertation entre le diocèse et les services de la municipalité pour le choix des illuminations des façades des églises. En 2002, le spectacle lumineux montrait un défilé de délicieux petits canards sur la façade de la cathédrale, c’était charmant mais peu respectueux du caractère sacré du lieu. Pourtant, peu à peu, à partir de 2000 surtout, on put assister à une revitalisation de la fête religieuse sous l’impulsion de la fête profane, en prenant appui sur l’afflux des Lyonnais et des touristes : l’opportunité missionnaire était évidente (…). Une collaboration se mit en place entre l’Archevêché et la Ville pour mieux adapter les spectacles lumineux au caractère particulier des édifices de culte (…). Des affiches rappelant l’importance de la dimension religieuse de la fête sont visibles en ville, et des dépliants sont largement distribués, avec une forte mobilisation notamment des services de la Pastorale du Tourisme et de la Pastorale des Jeunes. »

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Au sommet du clocher de Fourvière, la Vierge dorée tournée vers la ville
 son inauguration est à l’origine des illuminations du 8 décembre

   Ceci en effet ne peut nous laisser ignorer les tentatives récurrentes pour laïciser la fête du 8 décembre et pour ensevelir la tradition religieuse et la ferveur catholique sous une accumulation d’aspects profanes…
Si l’on n’assiste plus aux affrontements verbaux et physiques de la fin du XIXe siècle, on peut toutefois entendre régulièrement des interventions provenant des sphères de la « libre pensée » s’indigner et critiquer avec virulence les manifestations publiques de foi et de piété mariale dont le 8 décembre est l’occasion.
Le Grand Orient de France promeut la « Journée de la laïcité » à la date du 9 décembre (cf. > ici) parce que le 9 décembre est le jour anniversaire de l’adoption de la loi dite de séparation des Eglises et de l’Etat, en 1905. 

   Dans la terminologie utilisée, les illuminations du 8 décembre sont devenues d’abord « la fête de la lumière », puis aujourd’hui « la fête des lumières », cette dernière étant célébrée du 6 au 9 décembre… le 9 décembre justement !!!
De quelles « lumières » s’agit-il alors? Celles de la « philosophie des lumières », celles du « siècle des lumières » ? Ces « lumières » qui provoquèrent l’une des plus violentes persécutions religieuses que la France a jamais connue, ces « lumières » qui déclenchèrent un tel déferlement de vandalisme et de sacrilèges ?…

dsc07381copie.vignette Immaculée Conception dans Prier avec nous

   Selon un aphorisme attribué à Lao-Tseu que feu Monsieur Yves Gire (de l’association Una Voce > ici) aimait souvent citer, je suis convaincu qu’ « il vaut mieux allumer une bougie plutôt que maudire les ténèbres ».
Voilà pourquoi, ainsi que je le disais en commençant, je voudrais lancer un appel : appel à tous ceux qui aiment Notre-Dame et qui souhaitent le triomphe de son coeur douloureux et immaculé sur toutes les forces du mal, pour que, partout où ils se trouvent, le 8 décembre à la tombée de la nuit, ils allument eux aussi au moins une bougie à leur fenêtre, ou mieux – s’ils le peuvent – qu’ils suivent l’exemple des catholiques lyonnais et illuminent leurs appuis de fenêtres avec des lumignons symboles de leur foi, de leur espérance et de leur charité…

   Nous sommes à une heure de l’humanité où la nuit s’épaissit, où les forces des ténèbres cherchent à étendre leur empire : « il vaut mieux allumer une bougie plutôt que de maudire les ténèbres ! »
Nous sommes à un tournant de société et de civilisation qui peut laisser l’impression que la noirceur du mal va l’emporter sur la Lumière : « il vaut mieux allumer une bougie plutôt que de maudire les ténèbres ! »
Que ces petites flammes soient les témoins de la vitalité et de la ferveur de notre attachement à Jésus par Marie ; que ces petites flammes soient les signes de notre engagement spirituel contre les forces du mal ; que ces petites flammes soient la protestation de notre amour contre les atteintes aux droits de Dieu sur la cité des hommes ; qu’à chacune de ces petites flammes surtout corresponde en réalité dans nos coeurs une prière : « Mon Dieu, que votre Nom soit glorifié sur la terre comme il est glorifié dans le Ciel, que votre Règne arrive sur la terre comme il est établi dans le Ciel, que votre Volonté soit faite sur la terre comme elle est accomplie dans le Ciel ! » 

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    »O toi qui te sens, loin de la terre ferme, emporté sur les flots de ce monde au milieu des orages et des tempêtes, ne quitte pas des yeux la lumière de cet astre si tu ne veux pas sombrer.
Si les vents des tentations s’élèvent, si tu viens heurter les rochers des tribulations, regarde l’étoile, invoque Marie.
Si tu es ballotté par les flots de l’orgueil, de l’ambition, de la trahison, de la jalousie, regarde l’étoile, invoque Marie.
Si la colère ou l’avarie ou les désirs impurs secouent la petite barque de ton âme, regarde Marie.
Si, troublé par l’énormité de tes crimes, confondu par la malpropreté de ta conscience, glacé d’effroi à la pensée du jugement, tu commences à être englouti par le gouffre de la tristesse, par l’abîme du désespoir, pense à Marie.
Dans les périls, dans les angoisses, dans le doute, pense à Marie, invoque Marie.
Qu’elle ne s’éloigne pas de ta bouche, qu’elle ne s’éloigne pas de ton cœur et, pour obtenir le secours de sa prière, ne néglige pas l’exemple de sa vie… » 

   Nous repenserons à ces célèbres paroles de Saint Bernard en allumant sur le rebord de nos fenêtres de minuscules étoiles qui feront écho aux étoiles du ciel : Ave, maris Stella !

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Neuvaine préparatoire à la fête de l’Immaculée Conception > ici

Un aperçu des illuminations du Mesnil-Marie
lors de précédentes fêtes du 8 décembre :

voir > ici, ou > ici, et > ici et encore > ici

Neuvaine préparatoire à la fête de l’Immaculée Conception.

du 29 novembre au 7 décembre

*
*     *

       La Sainte Eglise encourage ses enfants à préparer la fête de la Conception Immaculée de la Très Sainte Vierge Marie par une neuvaine spéciale, à laquelle est attachée une indulgence partielle (cf. > Enchiridion Indulgentiarum quarto editur – 1999 ; Concessiones, §22 – 1°). 

   L’usage de l’Eglise de Rome, l’usage général dans l’Eglise Catholique, est de commencer cette neuvaine le 29 novembre et de l’achever le 7 décembre.
Ce sont ainsi et en vérité neuf jours de préparation spirituelle qui s’achèvent au moment où commence la fête : c’est-à-dire avec les premières vêpres.

Nous ne comprenons pas pourquoi, en France, l’usage universel n’est pas suivi et pour quelle raison beaucoup de font commencer cette neuvaine que le 30 novembre seulement.

   En outre, les images imprimées, qui changent tous les ans, proposent des textes de prière qui – malgré l’imprimatur de l’archevêché de Paris – nous paraissent souvent comporter des « bizarreries »… 
Voilà pourquoi nous publions ci-dessous la prière de neuvaine composée par le Pape Saint Pie X : elle n’a pas besoin d’être renouvelée chaque année!

Neuvaine préparatoire à la fête de l'Immaculée Conception. dans Chronique de Lully miquel-bestard-i-cirer

L’Immaculée Conception
Miquel Bestard i Cirer pinxit (1592-1633)

       Vierge très sainte, qui avez plu au Seigneur et êtes devenue sa Mère, Vierge Immaculée dans votre corps, dans votre âme, dans votre foi, et dans votre amour, de grâce, regardez avec bienveillance les malheureux qui implorent votre puissante protection.

   Le serpent infernal, contre lequel fut jetée la première malédiction, continue, hélas ! à combattre et à tenter les pauvres fils d’Eve.

  O Vous, notre Mère bénie, notre Reine et notre Avocate, vous qui avez écrasé la tête de l’ennemi dès le premier instant de votre Conception, accueillez nos prières, et, nous vous en conjurons, unis en un seul coeur, présentez-les devant le Trône de Dieu, afin que nous ne nous laissions jamais prendre aux embûches qui nous sont tendues, mais que nous arrivions tous au port du salut, et qu’au milieu de tant de périls, l’Eglise et la société chrétienne chantent encore une fois l’hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix.

Ainsi soit-il !

O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous!
(3 fois)

On peut aussi utiliser la formule qui fut inspirée à Saint Maximilien-Marie Kolbe lorsqu’il fonda la Militia Immaculatae :

O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous,
et pour tous ceux qui n’ont pas recours à vous,
spécialement pour les francs-maçons !

lys2 8 décembre dans De liturgia

Acte de donation à la Très Sainte Vierge Marie.

Samedi 20 octobre 2012.

En ce 20 octobre, jour de la fête de Marie « Mater Admirabilis » (Mère admirable), selon le vocable donné par le Bienheureux Pie IX à la peinture murale représentant la Vierge adolescente dans l’une des galeries du couvent de la Trinité des Monts, à Rome (voir ici l’histoire de cette sainte image > www), je suis heureux de vous recopier le texte d’une prière de donation à la Très Sainte Vierge que j’ai découvert – non sans émotion – à l’intérieur d’un ancien livre de prière, sur un feuillet manuscrit parfaitement calligraphié par une moniale Visitandine (cette prière est signée de ces seuls mots : « votre petite enfant reconnaissante… »).

Acte de donation à la Très Sainte Vierge Marie. dans De Maria numquam satis limage-de-marie-copie

Voici donc le texte de cet acte de donation à la Très Sainte Vierge
(la ponctuation et les majuscules d’origine ont été respectées) 

O Marie! admirable Mère de Jésus et mon aimable Mère! puissante Souveraine de l’univers et mon aimable Souveraine! me voici à vos pieds avec une joie d’enfant, pour me donner à vous! à vous, ô ma Bien Aimée, avec tout ce que je suis, tout ce que j’ai, tout ce que je possède et pourrai acquérir dans l’ordre de la nature et de la grâce.
Je me remets entre vos mains d’une manière si parfaite, ô ma Mère! ô Vie de mon âme! que non seulement je n’aie plus rien après vous avoir tout donné, mais encore qu’à tout jamais, dans le temps, dans l’éternité, je ne puisse plus rien avoir : mon âme, avec ses facultés, ses affections, ses espérances, mon corps avec ses sens et sa vie corruptible : tout mon être, sans la moindre réserve, sans le moindre retour, étant, dès à présent, livré à vous, abandonné à vous, à votre Direction maternelle, à votre Providence pleine d’amour.
Aujourd’hui en particulier, je vous donne toutes mes pensées, tous mes sentiments, toutes mes oeuvres de religion, de charité, de pénitence…
Je ne suis plus à moi, ô Marie, je suis à vous.
Mais, ô ma ravissante Mère! quelque absolue que soit ma donation, mon désir, mon vouloir ne peuvent suffire aux besoins de mon coeur, à mon extrême amour.
C’est pourquoi, vous qui êtes si bonne, ô ma Souveraine, faites, je vous prie, mieux encore que je ne puis faire moi-même.
Daignez m’attacher et m’unir à vous, me faire votre bien, m’enclore en vos pouvoirs et privilèges de la manière la plus intime, la plus absolue, la plus irrévocable, de la manière que vous connaissez seule, et que je ne connais pas, de sorte que je sois à vous et que je vous serve non seulement par mes actions, mais encore par un état spécial et une condition nouvelle, dans lesquels vous m’aurez vous-même établi.
O Jésus! Fils du Dieu éternel et Fils de Marie! qui unissez par votre grâce miséricordieuse nos âmes à votre aimable Mère, daignez me tenir et considérer désormais comme son serviteur et son esclave d’amour, daignez être vous-même, ô Lien de tous les coeurs! l’indissoluble lien de mon coeur au Coeur très aimant de votre Mère.
O Jésus! ô mon Bien! ô mon Tout! je vous demande cette précieuse grâce, avec toute l’ardeur dont mon pauvre coeur est capable ; je vous la demande pour la vie, pour l’heure de la mort et pour toute l’éternité.

Ainsi soit-il!

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(début du feuillet manuscrit original de la prière copiée ci-dessus) 

2012-58. Sans Dieu, l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et sur l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être.

 

Homélie prononcée par notre Saint-Père le Pape Benoît XVI
au cours de la Messe célébrée le 4 octobre 2012
sur le parvis de la basilique de Lorette.

Jeudi 4 octobre 2012,
Fête de Saint François d’Assise.

2012-58. Sans Dieu, l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et sur l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être. dans De liturgia Lorette-4-oct-2012-a-300x171

Lorette, 4 octobre 2012 : le parvis de la basilique pour la Messe du Souverain Pontife
(saisie d’écran de la TV Vaticane – cliquer sur l’image pour la voir en grand) 

Ce matin, notre Saint-Père le Pape Benoît XVI s’est rendu en pèlerinage à Lorette (Loreto), dans la Marche d’Ancône.
Après avoir été accueilli par les autorités religieuses et civiles sur le parvis de la basilique, le Souverain Pontife s’est recueilli dans la Sainte Maison de l’Incarnation du Verbe (cf. les explications que j’avais publiées ici en décembre 2007 > www), puis il a célébré la Sainte Messe devant une assistance recueillie.
Autant que j’ai pu en juger, le Pape à son arrivée montrait un visage marqué par la fatigue ; il semble avoir maigri. Pour entrer dans la Santa Casa, il s’appuyait sur une canne.
Après la Sainte Messe toutefois, il paraissait avoir davantage de forces et les traits de son visage donnaient l’impression d’être moins creusés.

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Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI se recueillant après la sainte communion
Lorette, le 4 octobre 2012
(saisie d’écran de la TV Vaticane) 

Au cours de la Sainte Messe, le Souverain Pontife a prononcé l’homélie suivante :

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l’épiscopat,
Chers frères et sœurs !

Le 4 octobre 1962, le bienheureux Jean XXIII est venu en pèlerinage dans ce sanctuaire pour confier à la Vierge Marie le concile oecuménique Vatican II, qui devait être inauguré une semaine plus tard. Lui qui nourrissait une dévotion filiale et profonde à la Vierge s’est tourné vers elle avec ces mots : «Aujourd’hui encore une fois, et au nom de tout l’épiscopat, à Vous, très douce mère, que l’on salue du titre de « Auxilium Episcoporum », Nous demandons pour Nous, évêque de Rome et pour tous les évêques du monde entier de Nous obtenir la grâce d’entrer dans la salle conciliaire de la basilique Saint-Pierre comme sont entrés les Apôtres et premiers disciples de Jésus dans le Cénacle : avec un seul cœur, un seul battement d’amour envers le Christ et les âmes, un seul but de vivre et de se sacrifier pour le salut des individus et des peuples. Ainsi, que par votre intercession maternelle, dans les années et les siècles à venir, on puisse dire que la grâce de Dieu a préparé, accompagné et couronné le vingtième Concile Œcuménique, en donnant à tous les fils de la Sainte Église une nouvelle ferveur, un nouvel élan de générosité et de fermes résolutions» (AAS 54 (1962), 727).

À cinquante ans de distance, après avoir été appelé par la divine Providence à succéder au siège de Pierre à ce Pape inoubliable, je suis venu ici moi aussi en pèlerin pour confier à la Mère de Dieu deux importantes initiatives ecclésiales : l’Année de la Foi, qui s’ouvrira dans une semaine, le 11 octobre, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II, et l’Assemblée ordinaire du Synode des Evêques que j’ai convoquée au mois d’octobre sur le thème «La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne».

Chers amis ! À vous tous j’adresse mon plus cordial salut. Je remercie l’archevêque de Lorette, Mgr Giovanni Tonnuci, pour ses chaleureuses paroles d’accueil. Je salue les autres évêques présents, les prêtres, les pères Capucins, qui ont la charge pastorale du sanctuaire, et les religieuses. J’adresse une pensée respectueuse au maire, M. Paolo Nicoletti, que je remercie pour ses paroles courtoises, au représentant du gouvernement et aux autorités civiles et militaires présentes. Ma reconnaissance va aussi à tous ceux qui ont offert généreusement leur collaboration pour la réalisation de mon pèlerinage ici.

Comme je le rappelais dans la Lettre Apostolique de promulgation de l’ Année de la Foi, «j’entends inviter les confrères Évêques du monde entier à s’unir au Successeur de Pierre, en ce temps de grâce spirituelle que le Seigneur nous offre, pour faire mémoire du don précieux de la foi.»  (Porta Fidei, 8 voir > www). Et justement ici à Lorette, nous avons l’opportunité de nous mettre à l’école de Marie, de celle qui a été proclamée bienheureuse parce qu’elle a cru (Luc. I, 45).Ce sanctuaire, construit autour de sa maison terrestre, abrite la mémoire du moment où l’Ange du Seigneur est venu à Marie avec la grande annonce de l’Incarnation, et où elle a donné sa réponse. Cette humble habitation est un témoignage concret et tangible du plus grand évènement de notre histoire : l’Incarnation, le Verbe qui se fait chair, et Marie, la servante du Seigneur est la voie privilégiée par laquelle Dieu est venu habiter parmi nous (cf. Joan. I, 14). Marie a offert sa propre chair, s’est mise tout entière à disposition de la volonté de Dieu, devenant un «lieu» de sa présence, «lieu» dans lequel demeure le Fils de Dieu. Ici, nous pouvons rappeler la parole du Psaume par laquelle, d’après la Lettre aux Hébreux, le Christ a commencé sa vie terrestre en disant au Père : «Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, Mais tu m’as formé un corps… Alors j’ai dit : Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté» (X, 5.7). Marie prononce des paroles similaires devant l’Ange qui lui révèle le plan de Dieu sur elle : «Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole» (Luc. I, 38). La volonté de Marie coïncide avec la volonté du Fils dans l’unique projet d’amour du Père, et en elle, s’unissent le ciel et la terre, le Dieu créateur et sa créature. Dieu devient homme, et Marie se fait «maison vivante» du Seigneur, temple où habite le Très-Haut. Ici à Lorette, il y a cinquante ans, le Bienheureux Jean XXIII invitait à contempler ce mystère, à «réfléchir sur ce lien entre le ciel et la terre, qui est l’objectif de l’Incarnation et de la Rédemption», et il continuait en affirmant que le Concile avait pour but d’étendre toujours plus les bienfaits de l’Incarnation et la Rédemption du Christ à toutes les formes de la vie sociale (cf. AAS54, (1962), 724). C’est une invitation qui résonne encore aujourd’hui avec une force particulière. Dans la crise actuelle, qui ne concerne pas seulement l’économie, mais plusieurs secteurs de la société. L’Incarnation du Fils de Dieu nous dit combien l’homme est important pour Dieu et Dieu pour l’homme. Sans Dieu, l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et sur l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être. Il faut revenir à Dieu pour que l’homme redevienne homme. Avec Dieu, même dans les moments difficiles, de crise, apparaît un horizon d’espérance : l’Incarnation nous dit que nous ne sommes jamais seuls, que Dieu entre dans notre humanité et nous accompagne.

Mais la demeure du Fils de Dieu dans la «maison vivante», dans le temple qu’est Marie nous amène à une autre réflexion : là où habite Dieu, nous devons reconnaître que nous sommes tous «à la maison» : là où habite le Christ, ses frères et sœurs ne sont plus des étrangers. Marie, qui est la mère du Christ et aussi notre mère, nous ouvre la porte de sa maison, nous aide à entrer dans la volonté de son Fils. C’est la foi, ainsi, qui nous donne une maison en ce monde, qui nous unit en une seule famille et qui nous rend tous frères et sœurs. En contemplant Marie, nous devons nous demander si nous aussi nous voulons être ouverts au Seigneur, si nous voulons offrir notre vie pour qu’elle soit une demeure pour Lui ; ou si nous avons peur que la présence du Seigneur puisse être une limite à notre liberté, et si nous voulons nous réserver une part de notre vie qui n’appartienne qu’à nous-mêmes. Mais c’est précisément Dieu qui libère notre liberté, la libère du repli sur elle-même, de la soif du pouvoir, de la possession, de la domination, et la rend capable de s’ouvrir à la dimension qui lui donne tout son sens : celle du don de soi, de l’amour, qui se fait service et partage.

La foi nous fait habiter, demeurer, mais nous fait aussi marcher sur le chemin de la vie. À ce propos aussi, la Sainte Maison de Lorette nous donne un enseignement important. Comme nous le savons, elle était située sur une route. La chose pourrait apparaître plutôt étrange : de notre point de vue en effet, la maison et la route semblent s’exclure. En réalité, justement sur cet aspect particulier, un message singulier est gardé dans cette maison. Elle n’est pas une maison privée, elle n’appartient pas à une personne ou à une famille, mais elle est au contraire une habitation ouverte à tous, qui est, pourrait-on dire, sur notre chemin à tous. Ainsi, nous trouvons ici à Lorette, une maison qui nous fait demeurer, habiter et qui en même temps nous fait cheminer, nous rappelle que nous sommes tous pèlerins, que nous devons toujours être en chemin vers une autre maison, vers la maison définitive, celle de la Cité éternelle, la demeure de Dieu avec l’humanité rachetée. (cf. Apoc.XXI, 3).

Il y a encore un point important du récit évangélique de l’Annonciation que je voudrais souligner, un aspect qui ne finit pas de nous étonner : Dieu demande le «oui» de l’homme, il a crée un interlocuteur libre, il demande que sa créature Lui réponde en toute liberté. Saint Bernard de Clairvaux, dans un de ses sermons les plus célèbres, «représente» l’attente de la part de Dieu et de l’humanité du «oui» de Marie, en se tournant vers elle avec une supplique : « L’ange attend ta réponse, parce qu’il est déjà temps pour lui de retourner vers Dieu qui l’a envoyéDonne ta réponse, ô Vierge, hâte-toi, ô Souveraine, donne cette réponse que la terre, que les enfers, que les cieux aussi attendent. Autant il a convoité ta beauté, autant il désire à cette heure le «oui» de ta réponse, ce oui par lequel il a résolu de sauver le monde. Lève-toi, cours, ouvre ! Lève-toi par la foi, cours par la ferveur, ouvre-lui par ton consentement » (In laudibus Virginis Matris, Hom. IV, 8). Dieu demande la libre adhésion de Marie pour devenir homme. Certes, le «oui» de Marie est le fruit de la grâce divine. Mais la grâce n’élimine pas la liberté, au contraire elle la crée et la soutient. La foi n’enlève rien à la créature humaine, mais ne permet pas la pleine et définitive réalisation.

Chers frères et sœurs, en ce pèlerinage, qui parcourt à nouveau celui du Bienheureux Jean XXIII – et qui a lieu de manière providentielle, le jour de la fête de Saint François d’Assise, véritable «évangile vivant» –, je voudrais confier à la très Sainte Mère de Dieu toutes les difficultés que vit notre monde à la recherche de la sérénité et de la paix, les problèmes de tant de familles qui regardent l’avenir avec préoccupation, les désirs des jeunes qui s’ouvrent à la vie, les souffrances de ceux qui attendent des gestes et des choix de solidarité et d’amour. Je voudrais confier aussi à la Mère de Dieu ce temps spécial de grâce pour l’Église, qui s’ouvre devant nous. Toi, Mère du «oui», qui a écouté Jésus, parle-nous de Lui, raconte-nous ton chemin pour le suivre sur la voie de la foi, aide-nous à l’annoncer pour que tout homme puisse l’accueillir et devenir demeure de Dieu.
Amen !

Sans-titre-300x170 année de la foi dans Lectures & relectures

Benoît XVI saluant les fidèles à l’issue de la Messe
Lorette 4 octobre 2012
(saisie d’écran de Vatican TV – cliquer sur la photo pour la voir en grand)

arms-Copie Benoît XVI dans Nos amis les Saints

2012-45. Du sanctuaire de Notre-Dame de Pradelles et de sa statue miraculeuse.

22 août, 
L’octave de l’Assomption de Notre-Dame (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       En ce beau jour octave de l’Assomption, j’ai résolu de vous faire découvrir un beau et ancien pèlerinage en l’honneur de notre Mère céleste : le sanctuaire de Notre-Dame de Pradelles, qui a commémoré en 2012, le cinquième centenaire de la découverte de la statue miraculeuse autour de laquelle s’est développé le pèlerinage.

   Dans l’après-midi du 15 août 2012, Frère Maximilien-Marie était allé prendre part à la procession traditionnelle, qui s’était déroulée dans les ruelles de la cité médiévale, c’est à cette occasion qu’il avait réalisé les clichés qui illustrent cet article.

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Vue générale du village de Pradelles

   La petite ville de Pradelles, classée parmi les « plus beaux villages de France », bâtie à quelque 1145m d’altitude sur une éminence d’où elle domine la haute vallée de l’Allier, est aujourd’hui située dans le département de la Haute-Loire, aux confins du Vivarais, du Velay et du Gévaudan.
Historiquement, la cité appartient au Vivarais : Pradelles était le siège d’une officialité de l’ancien diocèse de Viviers qui s’étendait sur 27 paroisses alentour.
La cité a donné naissance, le 7 juin 1738, au Bienheureux Jean-Antoine-Hyacinthe Bouchareinc de Chaumeils, prêtre, vicaire général du diocèse de Viviers, martyrisé aux Carmes (Paris) le 2 septembre 1792 (cf. > ici).

2012-45. Du sanctuaire de Notre-Dame de Pradelles et de sa statue miraculeuse. dans Chronique de Lully PRADELLES-43-Copie

Trois demi-vols d’argent sur champ d’azur (blason de Pradelles)

   En l’an 1512, est située la découverte de la statue de la Vierge.
Fortuitement, alors qu’il voulait relever un mur écroulé et qu’il creusait pour lui préparer de solides fondations, un hospitalier de la communauté de l’hôpital (cet hôpital était sis à l’extérieur des murailles de la ville et faisait fonction de maladrerie pour les pestiférés et les lépreux) découvrit un coffre enterré.
Dans ce coffre se trouvait une statue de la Vierge à l’Enfant…

   D’où venait cette statue ? Comment s’était-elle trouvée là? Pour quelles raisons avait-elle été ainsi enterrée ? Nul ne peut le dire.
Les historiens n’ont pas d’autres documents que celui du récit de sa découverte, mis par écrit quelque 160 ans après l’évènement.

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Vitrail représentant la découverte de la statue de N.D. de Pradelles 

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Plaque apposée à l’emplacement de la découverte de la statue.

   La statue fut installée dans la petite chapelle de l’hôpital et la dévotion envers elle fut d’abord assez modeste et discrète.
Mais dans la deuxième moitié de ce XVIème siècle, marqué par les terribles guerres civiles dites de religion, quelques faits prodigieux attirèrent l’attention sur la statue et entraînèrent le développement  de son culte :

- En 1562, une première intervention fut jugée miraculeuse : une bande de pillards huguenots fut mise en déroute par une lueur aveuglante.

- En 1577, une épidémie de peste (qui aurait fait quelque 1200 victimes dans la contrée) fut éradiquée par le recours à Notre-Dame.

- En 1586, la peste encore s’abattit sur la région. Des étudiants en médecine appelés pour combattre l’épidémie ne trouvèrent rien de mieux que de nettoyer la ville par le feu : Pradelles fut livrée aux flammes!
Un seul quartier fut inexplicablement épargné, celui de la basse ville, autour du sanctuaire de la Madone. On vit là un signe manifeste de la protection de Marie.

- Deux ans plus tard, en mars 1588, Pradelles fut menacée par les troupes d’un chef huguenot réputé pour sa cruauté et ses exactions, Jacques de Chambaud (+ 1600).
A l’aube du 10 mars 1588, les redoutables soldats de Chambaud réussirent à faire sauter l’une des portes de la cité et ils criaient déjà « ville prise! », lorsqu’une femme, Jeanne La Verde dite la Verdette, leur répondit en patois : « pancaro ! » (pas encore) en faisant tomber une énorme pierre du haut des remparts.
Cette pierre tomba sur le casque de Chambaud et, si elle ne le tua pas, elle le blessa néanmoins : les huguenots paniqués s’enfuirent et la ville fut sauvée.
Les Pradelains attribuèrent ce sauvetage, outre au courage de l’héroïne, à la protection de Notre-Dame.
A partir de ce jour, furent fondées une sainte messe d’action de grâces et une procession au jour anniversaire de cette délivrance : j’ignore si elles sont toujours célébrées en ce temps, mais j’ai vu, dans mes lectures, qu’elles l’étaient encore au début des « années 70  » du XXème siècle.

la-Verdette-porche-2-2

Porte de la Verdette où Jacques de Chambaud fut mis en déroute par le courage de Jeanne La Verde

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Plaque et bas-relief commémoratifs du haut-fait de Jeanne La Verde, dite la Verdette

   En 1610, les dominicains fondèrent une communauté à Pradelles et reçurent la charge de la chapelle de Notre-Dame : celle-ci étant petite et vétuste, il fut décidé qu’on la reconstruirait.
La première pierre fut posée le 8 mai 1613 et sans doute fut elle ouverte au culte au cours de l’année 1614.

   Tout au long des XVIIème et XVIIIème siècles on a recueilli de nombreux témoignages de grâces extraordinaires, physiques et spirituelles, reçues par l’intercession de Notre-Dame de Pradelles.

   L’un des miracles les plus certains obtenus grâce à l’intercession de Notre-Dame de Pradelles fut la guérison de la Bienheureuse Marie Rivier (1768-1838), qui fondera la congrégation des Soeurs de la Présentation de Marie en pleine tourmente révolutionnaire.
La petite Marie, née en 1768 à Montpezat, avait été, à l’âge d’un an et demi, victime d’une chute qui l’avait laissée infirme mais dont elle avait été miraculeusement guérie.
En 1777, dans sa neuvième année, elle se retrouva à nouveau gravement handicapée à la suite d’une seconde chute, et elle ne pouvait plus se déplacer sans deux lourdes béquilles.
La mère de la future bienheureuse résolut de faire sur la jambe de la jeune infirme des onctions avec de l’huile prélevée dans la lampe qui brûlait jour et nuit devant la statue de Notre-Dame de Pradelles : ces onctions quotidiennes étaient bien sûr accompagnées de ferventes prières. Elles furent pratiquées pendant une quinzaine de jours…
Le 15 août, sur les injonctions de l’un de ses oncles, Marie se leva sans ses béquilles et put marcher jusqu’à l’église.
La Bienheureuse Marie Rivier gardera toute sa vie une très grande confiance en l’intercession de Notre-Dame de Pradelles et, en plus d’une circonstance difficile, elle viendra à pied pour la supplier et lui recommander ses intentions.

IMG_0978-236x300 15 août 2012 dans De liturgia

La Bienheureuse Marie Rivier, fondatrice des Sœurs de la Présentation de Marie,
miraculée de Notre-Dame de Pradelles. 

   Les horreurs sacrilèges de la grande révolution n’épargnèrent pas Pradelles.
Le 27 juin 1793, les terroristes révolutionnaires voulurent faire un grand bûcher avec les « hochets du fanatisme et de la superstition ». Entendez par là les objets du culte et de la dévotion catholiques.
Ils arrachèrent la statue miraculeuse de la Madone à son autel et la jetèrent dans le brasier qu’ils avaient allumé sur la place.
Mais avant qu’elle n’ait pu être entièrement consumée, un homme plein de foi et de courage l’arracha aux flammes et s’enfuit en courant.
Sur l’un des murs du sanctuaire, un tableau (malheureusement très abîmé) perpétue le souvenir de ce sauvetage héroïque.

statue sauvée 27 juin 1793

27 juin 1793 : la statue miraculeuse de Notre-Dame de Pradelles est sauvée des flammes par un fidèle héroïque

   La statue de Notre-Dame de Pradelles, quoique gravement endommagée, était sauvée. Elle fut pieusement conservée dans la clandestinité jusqu’en 1802.
Grossièrement restaurée, elle fut d’abord placée dans l’église paroissiale, puis – dès qu’elle put être rendue au culte – dans sa chapelle de la basse ville… où elle se trouve toujours.

statue ND de Pradelle avant restauration - Copie

   Sur le cliché ci-dessus, vous pouvez voir la statue de Notre-Dame de Pradelles telle qu’elle avait été rendue au culte après une réparation maladroite effectuée pendant le temps de la révolution où elle avait été gardée dans la clandestinité : cela avait consisté en fait à scier les parties brûlées par le bûcher de 1793 et à les remplacer par des pièces de pin plus ou moins bien ajustées aux parties préservées.

   En 2001-2002 une restauration complète et sérieuse, rendue indispensable en raison de la grande vétusté de la vénérable statue a été menée à bien.
Voici la même Madone que ci-dessus, maintenant restaurée mais qu’il n’est plus permis de manipuler car elle reste très fragile :

Statue restaurée

   En outre il en a été réalisé une copie qui restitue les parties manquantes. C’est celle qui est habituellement exposée sur l’autel de la chapelle.
Cette restitution permet de comprendre que la statue originelle avait toutes les caractéristiques de ces antiques Vierges en majesté (certains historiens parlent même de « Vierge Noire » mais cette appellation qui suscite des engouements irraisonnés n’est en rien fondée par des preuves documentaires) que l’on trouve en si grand nombre en Auvergne et dans les provinces avoisinantes : Rouergue, Gévaudan, Vivarais, Velay, Forez, Lyonnais et Bourgogne…
Voici la photo qui a été prise par Frère Maximilien-Marie le 15 août 2012 :

Statue recomposée 15 août 2012

   Il existe une autre copie, un peu plus ancienne et beaucoup moins précise.
En réalité, sur cette copie, seules les têtes de la Vierge et de l’Enfant sont véritablement sculptées ; le corps de la statue est seulement ébauché parce que, en fait, elle a été réalisée pour ne paraître que recouverte de riches robes et parures.
C’est celle que l’on aperçoit ci-dessous, à droite dans le sanctuaire de la chapelle, prête à être portée dans la procession du 15 août :

Le sanctuaire 15 août 2012 avant la procession

   La statue miraculeuse de Notre-Dame de Pradelles a été solennellement couronnée le 18 juillet 1869 au nom de Sa Sainteté le Pape Pie IX au cours de cérémonies somptueuses.

   Tout au long du XIXème siècle, et encore dans la première partie du XXème siècle, le sanctuaire fut très vivant et on compte de nombreuses grâces de protection, de guérison, de cessation d’épidémies… etc., sans compter les grâces spirituelles.
En revanche, la seconde moitié du XXème siècle avec ses mutations sociales et ses errements ecclésiastiques (et bien que cette contrée garde une piété traditionnelle assez solidement enracinée) a, ici aussi, entraîné une certaine désaffection religieuse dont le sanctuaire a grandement pâti tant spirituellement que matériellement.

   La chapelle de Notre-Dame de Pradelles nécessite de gros travaux de restauration. Une grosse partie a déjà pu être menée à bien grâce à la diligence et aux efforts conjoints d’une association, de l’évêché et des pouvoirs publics, mais il y a encore beaucoup à faire.
Souhaitons que cette rénovation s’accompagne d’un profond renouveau spirituel et d’une restauration du grand élan de ferveur et de piété qui a parcouru les XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles.

Lully

Pradelles procession du 15 août 2012

Pradelles : la procession du 15 août 2012 dans les ruelles médiévales

Prière traditionnelle à Notre-Dame de Pradelles :

       Je vous salue, Reine de la Montagne, aimable et puissante Protectrice, Notre-Dame de Pradelles.

   O Marie, Vierge pleine de bonté, de charmes et de douceur, vous avez partout droit à mes hommages, mais il m’est doux de vous les offrir dans ce Sanctuaire, aux pieds de cette image auguste et vénérée, de cette statue couronnée que vous avez rendue célèbre par tant de prodiges.

   Ici, vous avez répandu vos grâces sur la région, sur la ville, sur une multitude de pèlerins qui, depuis plusieurs siècles, viennent invoquer votre secours. Vous avez béni les pécheurs, consolé les affligés. Soyez notre Mère à tous.

   En récompense de toutes vos bontés, recevez l’offrande de mon pauvre coeur ; gardez-le et ne me le rendez plus. Si le monde ou les passions me le réclament, je répondrai : Mon coeur n’est plus à moi, mon coeur est à Marie !

   Lorsque viendra l’heure du dernier combat, soyez à mes côtés ; venez, ô tendre Mère, recueillir le dernier soupir de votre enfant.

Ainsi soit-il ! 

Statue de Notre-Dame de Pradelles avec une robe d'apparat - photo ancienne

Photo ancienne de Notre-Dame de Pradelles avec sa robe d’apparat

2012-41. De la très belle histoire de la chapelle Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias, en Vivarais.

9 juillet,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête des Prodiges de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Jean Lenaerts d’Oosterwijk, chanoine régulier et de ses 18 compagnons, martyrs de Gorcum ;
Au couvent de Picpus, à Paris, la fête de Notre-Dame de Paix (cf. ici).

Monogramme Marie 2

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Chaque 14 juillet, avec le Cercle Légitimiste du Vivarais, Frère Maximilien-Marie tient à organiser une « journée de mémoire », résolument et pleinement contrerévolutionnaire, d’autant que cette date correspond chez nous à l’anniversaire du massacre d’une dizaine d’ecclésiastiques, le 14 juillet 1792, à la suite de la terreur instituée par les patriotes dans le sud du Vivarais et le nord de l’Uzège, après l’échec du soulèvement dirigé par le comte de Saillans (cf. > ici).

   En guise de préparation de cette horrible journée du 14 juillet, qui symbolise en quelque sorte à elle seule toutes les horreurs politiques et spirituelles de la révolution, et à l’occasion de laquelle il convient donc de redoubler de ferveur réparatrice (cf. > ici), je voudrais vous emmener, à travers un modeste article, en pèlerinage jusqu’à une humble et touchante chapelle placée sous le vocable de Notre-Dame de la Délivrance, et édifiée en action de grâces pour la protection dont la Très Sainte Mère de Dieu a entouré deux prêtres réfractaires pendant la persécution révolutionnaire.
La dite chapelle est sise au hameau de Chapias, sur le territoire de la commune de Labeaume (07120 – site de la commune > ici). Le 14 juillet 2012, les membres du Cercle Légitimiste du Vivarais s’y sont rendus en pèlerinage…

Le hameau de Chapias

Le hameau de Chapias dans la garrigue

   Au centre du hameau de Chapias, on arrive sur une petite place ombragée qui sert de parvis à une chapelle de dimensions respectables.
En face de la porte d’entrée, au centre de la placette, a été érigée une croix de mission.
La chapelle, comme toutes les maisons du hameau, est construite avec les pierres calcaires dont la garrigue environnante n’est pas avare. Au dessus de la porte d’entrée, sur le linteau, est gravée la date de 1814.
Au XIXème siècle, et jusqu’au milieu du XXème siècle, ce hameau, qui était assez peuplé et à une distance assez importante du chef-lieu, fut même érigé en paroisse indépendante, avec un curé résident : un presbytère est attenant à l’église.

Chapelle de Chapias

La chapelle de Chapias.

   Gravissant les trois marches du perron, nous pouvons entrer dans la chapelle.

   Aussitôt, nous pouvons constater avec plaisir que les fureurs iconoclastes qui, sous le fallacieux prétexte de l’aggiornamento - dans les années consécutives au second concile du Vatican – , ont dépouillé nos églises pour en faire des copies de sinistres temples huguenots, n’ont eu ici qu’une action limitée.
A Chapias, on peut seulement déplorer la disparition de la table de communion au niveau des degrés qui marquent la séparation entre le sanctuaire et la nef et l’ajout, tout à fait inutile, d’une espèce de meuble sans goût ni grâce – il a l’élégance d’une verrue! – pour servir, plus encore que d’autel face au peuple, d’impitoyable témoin à charge contre le mauvais goût et le manque de solide formation liturgique d’une part importante du clergé.
Cela mis à part, on ne peut que se réjouir de voir que toutes les statues, les stations du chemin de Croix, les ex-votos, les tableaux des saints, les autels de marbre recouverts de nappes et parés de chandeliers sont tous en place, comme attendant la véritable restauration d’un authentique culte catholique…
Dans la lumière doucement tamisée par les vitraux, la sérénité du lieu vous imprègne.

Intérieur de la chapelle de Chapias

Intérieur de la chapelle de Chapias. 

   Frère Maximilien-Marie a été particulièrement sensible au fait que notre glorieux Père Saint Augustin est représenté par l’un des vitraux du sanctuaire, et aussi que, en outre, il s’y trouve un beau tableau représentant Saint François de Sales :

 vitrail de St Augustin Chapias

Tableau de Saint François de Sales Chapias

Mais surtout, dès le moment où le visiteur entre, son œil est attiré par le grand tableau qui est accroché au fond du sanctuaire, bien au centre :

Vœu des abbés Sévenier - tableau

Le vœu des abbés Sévenier

   Examinons ce tableau plus en détail :
Aux pieds d’une Vierge assise, tenant en sa main droite un sceptre fleurdelisé, portant sur ses genoux un Enfant Jésus qui bénit de la main droite tandis que de la gauche il s’enveloppe dans le manteau protecteur de sa mère, deux ecclésiastiques sont à genoux.
Celui de gauche, comme en témoigne sa chevelure blanche, est plus âgé. Leur attitude à tous deux et leurs regards montrent qu’ils prient, qu’ils se recommandent avec ferveur (il y a même une nuance d’inquiétude sur leurs visages) à l’intercession de Notre-Dame.
Le geste de bénédiction de l’Enfant Jésus, la tête tendrement inclinée de la Madone et le sourire qu’on lit sur ses lèvres laissent entendre que la requête des deux prêtres est agréée, que leur prière est exaucée.
Sur la droite du tableau, en haut de la montée d’escalier, ont été figurés des soldats (ou des gardes nationaux) les armes à la main, effectuant une perquisition. 

   Ces deux prêtres sont les deux abbés Sévenier
Le plus âgé – né en 1733 – était en 1789 curé-prieur de la petite ville de Valgorge, dans les Cévennes vivaroises.  Le plus jeune – il était né en 1760 – était le neveu et le vicaire du premier.
L’un comme l’autre refusèrent le serment schismatique à la constitution civile du clergé et devinrent donc des réfractaires, c’est-à-dire de dangereux hors-la-loi aux yeux des révolutionnaires : s’ils ne faisaient pas le choix de l’exil volontaire, ils étaient passibles de la déportation ou de la mort.
Dans un premier temps, ils se cachèrent chez certains de leurs paroissiens, et continuèrent à exercer leur ministère clandestinement. Mais le danger grandissant auquel ils exposaient ceux-là même qui les protégeaient les détermina à quitter le territoire de leur paroisse et à se retirer dans leur famille, au hameau de Chapias.

   La famille Sévenier possédait une propriété relativement importante et devait faire appel à de la main d’oeuvre extérieure.
Les deux abbés – en habits civils – pouvaient donc se faire passer pour des domestiques, mais il fallut rapidement multiplier les mesures de discrétion pour que des employés à la langue trop bien pendue (et ce d’autant plus que des récompenses étaient promises aux délateurs) ne divulgassent point des informations susceptibles de mettre les deux prêtres et leur famille en danger.

Maison des abbés Sévenier - aujourd'hui

Chapias : la « maison Sévenier » où les abbés se cachaient dans leur famille :
ci-dessus, dans son état actuel ;
ci-dessous, sur une photographie de la première moitié du XXème siècle.

Maison des abbés Sévenier - état ancien

   Un jour, la garde nationale pénétra à l’improviste dans la maison alors que Madame Sévenier était auprès du feu avec son neveu, le plus jeune des prêtres ; elle eut alors la promptitude d’esprit de lui tendre un sac en lui disant sur le ton avec lequel on s’adresse à un domestique : « Prends ton goûter et va garder le troupeau ! » Les soldats laissèrent partir le « berger » ne se doutant pas de son identité et leur perquisition s’avéra, bien évidemment, infructueuse.
Une autre fois, les soldats vinrent en pleine nuit : à peine eurent-ils commencé de tambouriner à la porte que Madame Sévenier fit entrer les abbés dans une cache aménagée derrière une armoire, puis elle vida un seau d’eau sur le sol et alla se coucher dans le lit précédemment occupé par les prêtres. Pendant ce temps, Monsieur Sévenier, à la porte, avait un peu retardé l’entrée des révolutionnaires : ils fouillèrent la maison sans rien trouver, car – à cause du sol mouillé – ils ne mirent pas les genoux à terre pour se pencher et regarder sous l’armoire, se contentant d’y faire passer la baïonnette d’un fusil : cette fois encore la famille Sévenier avait eu chaud !

   Les alentours de Chapias sont hérissés de rochers calcaires aux formes bizarres et la garrigue est un enchevêtrement d’arbustes méditerranéens, de haies épineuses, de sentiers tortueux, de petits clos entourés de murailles de pierres sèches, au milieu desquels il est bien malaisé à quelqu’un qui n’en est pas familier de ne pas se perdre.
En raison de la surveillance toujours plus suspicieuse et des perquisitions, il fut donc convenu que les deux abbés se réfugieraient pendant la journée à l’intérieur de l’un de ces gros rochers, situé à quelque 400 mètres de la maison : en effet, la Providence a fait que ce rocher est creux!
Depuis lors cette cachette naturelle est restée dans la mémoire collective comme « le rocher des curés » et sur le cliché ci-dessous vous apercevez sur l’avant (à hauteur de visage d’homme, car ce rocher mesure près de 4m de hauteur) une ouverture allongée par laquelle on pouvait faire passer de la nourriture aux deux réfractaires.

Chapias - le rocher des curés extérieur

Le « rocher des curés »

   Sur le cliché suivant, c’est le filleul de Frère Maximilien-Marie (il était alors âgé de 10 ans) qui est assis, à l’arrière du rocher, à l’endroit où se situe, à ras de terre, le passage étroit à travers lequel il faut ramper pour entrer dans la  cachette.

Chapias - entrée de la cache du rocher

L’entrée de la cache :
ci-dessus, lorsqu’on se trouve à l’extérieur ;
et ci-dessous lorsqu’on doit ramper pour y pénétrer (on aperçoit les chevilles du garçonnet déjà à l’intérieur).

Chapias - l'entrée du rocher

   Si un enfant de dix ans peut s’y faufiler sans problème, notre Frère – qui n’a ni la même souplesse ni la même circonférence (!!!) – a eu un peu plus de mal pour s’y faufiler et, lui qui n’aime pas les espaces étroits et confinés, n’a pas eu l’envie de demeurer très longtemps dans ce rocher, qui fut cependant sanctifié par les longues heures de prière et de véritable pénitence des deux abbés Sévenier.
Voici un cliché pris lorsqu’on est accroupi à l’intérieur de la cachette et qui montre la seule chose que l’on peut voir en levant la tête : le ciel à travers les branches…

Chapias - dans le rocher des curés

   Lorsque Frère Maximilien-Marie m’a montré cette photo, j’ai pensé que lorsqu’on est en butte à un monde hostile, nous n’avons plus qu’à lever les yeux et à crier vers le Ciel…
C’est ce que firent nos bons abbés : redoublant de confiance et de ferveur, ils se mirent sous la protection très spéciale de la Très Sainte Vierge et firent le vœu de lui bâtir une chapelle, s’ils sortaient saufs de la persécution révolutionnaire.
Cette scène, outre le tableau sus-cité, est sculptée en bas-relief sur le maître-autel de la chapelle :

Vœu des abbés Sévenier - bas relief de marbre sur le devant de l'autel

Le vœu des abbés Sévenier, bas-relief du maître-autel de la chapelle.

   Le 28 septembre 1798, le plus âgé des abbés, alors qu’il se dégourdissait un peu les jambes en dehors de la cache, se trouva nez à nez avec un révolutionnaire qui le fit prisonnier : emmené d’abord à Joyeuse, il fut transféré à Privas le 2 octobre, puis enfin à Orange où il devait comparaître devant le tribunal révolutionnaire.
Mais Notre-Dame de la Délivrance veillait : la révolution s’épuisait et le procès traîna en longueur… Des négociations eurent lieu et le vieil abbé fut libéré en échange de 1400 livres !
Il revint à Chapias.
Peu à peu les prêtres réfractaires pouvaient sortir de la clandestinité et reprendre leur ministère sans rien craindre : sitôt le concordat signé, les deux abbés Sévenier reprirent leurs postes à Valgorge. 

   Ils n’oublièrent pas leur promesse et, dès que ce fut possible, ils s’acquittèrent de la construction de la chapelle qu’ils avaient promise à la Madone.
Elle fut achevée en 1814, année du décès du plus âgé des deux prêtres.
Elle fut agrandie à deux reprises par la suite, et le plus jeune des abbés Sévenier en fut officiellement nommé chapelain, fonction qu’il exerça jusqu’à sa mort, en 1841.
Il fut inhumé aux pieds de Notre-Dame de la Délivrance.

tombe abbé Sévenier junior - Chapias

Tombe du plus jeune des abbés Sévenier dans la chapelle.

   Dès que la chapelle fut ouverte au culte, un véritable pèlerinage se développa : les fidèles des paroisses alentours vinrent de plus en plus nombreux se confier à la Très Sainte Vierge Marie, solliciter son intercession dans leurs nécessités spirituelles et temporelles, et la remercier lorsqu’ils étaient exaucés.
Cela rendit nécessaire la présence à temps plein d’un prêtre pour accueillir les pèlerins, diriger les exercices de dévotions, célébrer la Sainte Messe et administrer le sacrement de pénitence… 
De là, dans un premier temps, la nomination de l’abbé Pierre Sévenier comme chapelain, puis, dans la seconde partie du XIXème siècle, l’érection du hameau en paroisse, comme je l’ai signalé plus haut.

   En 1884, à quelques centaines de mètres du hameau, sur une petite éminence de ce plateau calcaire (à 252 m. d’altitude, pour être précis), fut construite une tour crénelée de 12 mètres de haut, au sommet de laquelle fut placée une statue de pierre représentant la Vierge, couronnée, portant le Saint Enfant Jésus sur son bras gauche.
En ces temps de grande foi populaire, la tour devint le but vers lequel se rendaient les processions qui se faisaient à l’extérieur à l’occasion de toutes les grandes fêtes mariales.

La tour de la Vierge à Chapias

Chapias : la tour de la Vierge à l’extérieur du hameau.

   Frère Maximilien-Marie et ses amis s’y sont bien évidemment rendus et en ont fait l’ascension (du sommet on découvre, à 360°, un somptueux panorama) ; son filleul a même compté les marches : il y en a 53, comme le nombre des « Ave, Maria » d’un chapelet.
Au dessus de la porte d’entrée, le linteau porte gravé le monogramme de Marie, accompagné de cette inscription : 12 octobre 1884 – Notre-Dame du Très Saint Rosaire, priez pour nous.

   Voilà donc, chers Amis, la présentation et l’histoire du sanctuaire de Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias, en notre bas Vivarais, et j’espère qu’elles vous ont touchés autant que j’en fus ému lorsque notre Frère m’en a fait le récit.

   Je ne veux pas terminer ma publication de ce jour sans vous avoir invités à prier Notre-Dame de la Délivrance avec beaucoup de confiance et d’amour, en contemplant la statue qui la représente dans le transept droit de la chapelle.

Lully.

ND de la Délivrance

Statue de N.D. de la Délivrance dans la chapelle de Chapias

2012-41. De la très belle histoire de la chapelle Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias, en Vivarais. dans Chronique de Lully fleurdelys2

O très Sainte Vierge Marie,
dont Jésus a fait notre Mère dans l’ordre de la grâce,
convaincu qu’une Mère est
 capable de tout
pour délivrer son enfant du mal et du danger,
je me présente devant Vous :

Notre-Dame de la Délivrance,
délivrez, si cela est possible, mon corps de toute atteinte de la maladie ;
 délivrez-moi surtout des atteintes de ce mal suprême qu’est le péché ;
délivrez-moi de tout ce qui m’est un obstacle
pour vivre pleinement en enfant de Dieu !

 Délivrez aussi, je Vous en supplie,
mon esprit de toute forme d’erreur, de mensonge et de mauvais jugement ;
délivrez enfin mon coeur de toute affection désordonnée,
de toute forme d’égoïsme, de jalousie, de rancune,
d’amertume et d’orgueil !

De même que Vous avez autrefois protégé ces bons prêtres
qui se confièrent à Vous au temps de la persécution,
daignez aujourd’hui tendre une oreille favorable
aux supplications que je fais monter vers Vous ;
daignez regarder favorablement les intentions dont mon coeur est rempli (…)
et Vous faire mon Ambassadrice devant le trône de la Très Sainte Trinité !

Ainsi soit-il.

(prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur)

ND de la Délivrance - détail

fleurdelys2 abbés Sévenier dans De liturgia

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