11 juillet,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, la fête de Sainte Véronique Giuliani, vierge (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Hélène (née Olga) de Kiev ;
Mémoire de Saint Pie 1er, pape et martyr ;
Au diocèse du Puy, la dédicace de la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation.
Le Puy-en-Velay : la ville haute, avec son remarquable ensemble cathédral
blotti sous le rocher Corneille sur lequel a été érigée au XIXème siècle la statue de Notre-Dame de France.
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Nos amis savent combien nous sommes attachés à la ville du Puy-en-Velay, à son histoire et à ses traditions. C’est la ville de quelque importance la plus proche du Mesnil-Marie (à peine une heure de route en automobile dans des conditions normales de circulation), et nous nous y rendons souvent, soit pour des raisons spirituelles soit pour des raisons pratiques.
Voilà pourquoi, dans ce modeste blogue, il se trouve déjà bon nombre de publications relatives à la capitale du Velay, dont certaines ont déjà évoqué les faits dont je vais présenter ci-dessous en un résumé conforme aux anciennes traditions, déclarées authentiques par la Sainte Eglise, puisqu’elles figurent par exemple dans les lectures des matines des offices propres au diocèse du Puy approuvés par le Saint-Siège avant les réformes d’inspiration moderniste qui se sont imposées de manière tout-à-fait abusive depuis le milieu du XXème siècle.
La mission et l’apostolat de Saint Georges :
Le premier évêque du Velay fut, au premier siècle, Saint Georges (qu’il ne faut évidemment pas confondre avec Saint Georges le mégalomartyr qu’on fête le 23 avril) : il fut envoyé dans les Gaules par Saint Pierre, avec Saint Front, premier évêque de Périgueux, pour seconder Saint Martial (cf. > ici) dans l’évangélisation de la Gaule Aquitaine.
Nous avons déjà consacré un article entier à Saint Georges et à la moitié du bâton miraculeux de Saint Pierre, avec lequel Saint Front ressuscita Saint Georges à Bolsena, tandis qu’ils étaient en route pour les Gaules : cette insigne relique que nous avons pu photographier et présenter > ici.
Le premier siège épiscopal du Velay fut placé par Saint Georges à Ruessium, aujourd’hui Saint-Paulien, cité où le bâton miraculeux fut conservé jusqu’à la révolution.
Saint Georges évangélisa le Velay pendant une quarantaine d’années, il inculqua à ses fidèles une vénération particulière pour la Très Sainte Mère de Dieu, et il rendit paisiblement son âme à son Seigneur – une seconde fois (!) -, un 10 novembre, vraisemblablement en l’an 84.
Il fut enseveli sur le Mont Anis (Anicium est l’ancien nom de la cité du Puy et reste le nom latin de l’évêché), près du lieu où la Bienheureuse Vierge Marie était apparue, comme nous l’allons rappeler ci-dessous, et là où s’élève aujourd’hui l’église Saint-Georges du grand séminaire, ancienne collégiale.
La « Pierre des fièvres », dans sa présentation actuelle dans la cathédrale du Puy
La première apparition de Notre-Dame, vers l’an 45 :
C’est sous l’épiscopat de Saint Georges, vers l’an 45, que Notre-Dame se manifesta à l’une des nouvelles converties vellaves, une veuve qui avait été baptisée par Saint Front, très malade, bien qu’elle se fût soumise à tous les traitements de la médecine des hommes… sans succès.
Elle s’était alors adressée à la Sainte Vierge qui lui fit entendre ces paroles :
« Levez-vous, ma fille, du lit où vous ne sauriez trouver la santé, et allez la chercher sur le Mont Anis où elle vous sera rendue ».
La femme se fit donc porter au lieu indiqué, et y trouva, comme cela lui avait été dit, une grande pierre noire rectangulaire (c’était un ancien autel druidique, semble-t-il), sur laquelle elle s’allongea. Elle fut alors prise d’un sommeil mystérieux durant lequel lui apparut une Dame rayonnante de clarté entourée d’anges. Elle s’enhardit à demander quelle était cette Reine :
« C’est, répondit l’un des anges, l’auguste Mère du Sauveur qui, entre tous les lieux du monde, s’est choisi spécialement cet endroit, pour y être servie et honorée jusqu’à la fin des siècles ; et afin que vous ne preniez pas ce que vous voyez pour un vain songe, sachez que la guérison que vous désirez vous est accordée ».
Averti de ce miracle, Saint Georges accourut sur le Mont Anis et fut doublement étonné car, en ce 11 juillet, il trouva le lieu couvert de neige, neige dans laquelle un cerf gambadant traça l’enceinte du sanctuaire que Notre-Dame voulait voir ériger en ce lieu.
Saint Georges ne put alors que planter des branches d’aubépines sur le tracé de la course du cerf, et le lendemain, 12 juillet, si la neige avait disparu on pouvait en revanche voir l’aubépine qui avait pris racine et s’épanouissait comme une couronne virginale.
Saint Martial fut bien évidemment informé de ces événements et, premier pèlerin du Mont Anis, il vint, bénit l’enclos miraculeux, y consacra le premier autel, et laissa à l’Eglise naissante des Vellaves une relique de très grand prix : une chaussure de la Très Sainte Vierge (qui se trouve toujours conservée dans le trésor de la cathédrale).
Toutefois, les circonstances ne permirent pas à ce moment-là d’édifier un véritable sanctuaire.
Chaussure de la Très Sainte Vierge Marie (trésor de la cathédrale du Puy)
La seconde apparition de Notre-Dame vers l’an 220 :
Il fallut attendre l’épiscopat de Saint Evode (en latin Evodius), dont le nom est devenu Vosy du fait des déformations populaires, septième évêque du Velay, vers l’an 220 selon la tradition, et une nouvelle guérison miraculeuse pour que fût enfin entreprise la construction du sanctuaire réclamé à nouveau par la Vierge Marie.
La Madone apparut à « la Dame de Ceyssac » [ Note : Ceyssac est un village périphérique du Puy, très ancien, où la Sainte Messe latine traditionnelle fut célébrée pendant une dizaine d’années, jusqu’en août 2016, cf. > ici. La noble et illustre famille de Polignac s’enorgueillit de descendre de la « Dame de Ceyssac »], très malade, lui enjoignant de se rendre elle aussi sur le Mont Anis et de se coucher sur cette pierre où elle avait déjà opéré une guérison au temps de Saint Georges, et qu’on appellera désormais « la Pierre des fièvres ».
« La Dame de Ceyssac » se fit donc transporter sur cette grande pierre rectangulaire, qui se trouvait depuis l’intervention de Saint Georges et de Saint Martial à l’intérieur de l’enclos qu’avait désigné la neige miraculeuse, et, allongée sur la pierre, elle fut elle aussi favorisée d’une vision de la Très Sainte Mère de Dieu :
« Ma fille, dit-elle à la malade, c’en est fait, vous êtes guérie. Allez trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui, de ma part, qu’il ne manque pas de jeter ici au plus tôt les fondements du sanctuaire que n’ont pu m’y élever ses prédécesseurs. C’est ici que j’accorderai aux supplications de la piété le soulagement des malades et la consolation des affligés. J’ai choisi cette montagne entre mille pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m’y présenter leurs demandes et leurs requêtes ».
En confirmation de cela, la neige tomba à nouveau sur ce lieu prédestiné.
Saint Vosy décida alors de transférer le siège épiscopal de Saint-Paulien, où il avait été établi par Saint Georges, à Anicium ou Mont Anis, devenant – si l’on veut être rigoureux – le premier évêque du Puy, puisque ce nom sera finalement donné au Mont Anis au début du XIème siècle : les prédécesseurs de Saint Vosy sont plutôt appelés « évêques des Vellaves ».
Aidé de Saint Scutaire (en latin Scutarius), un patricien romain qui s’y entendait en architecture, qu’il ordonna prêtre, et qui sera l’un de ses successeurs, il fit édifier en pierre le sanctuaire demandé par la Très Sainte Vierge, sur l’emplacement qui correspond actuellement à l’abside (là où se trouve le maître-autel surmonté de la Vierge Noire), à l’espace compris à la croisée du transept, sous le dôme, là où a été aménagé le sanctuaire de la liturgie réformée, et au début de la première travée de la nef. Cet espace est appelé « la chambre angélique » (nous allons voir pourquoi). Il renfermait la « Pierre des fièvres ».
« J’ai choisi cette montagne entre mille
pour donner une audience favorable
à ceux qui viendront m’y présenter leurs demandes et leurs requêtes »
La consécration angélique, le 11 juillet 225 :
Lorsque les travaux furent achevés, il fallut procéder à la consécration de cette nouvelle cathédrale : Saint Vosy et Saint Scutaire voulurent se rendre à Rome pour y obtenir des reliques, mais à peine avaient-ils parcouru un quart de lieue que, au lieu-dit Corsac (on y trouve aujourd’hui un rond-point qui porte le nom de Saint-Vosy), ils furent abordés par deux vieillards vêtus de blanc qui les arrêtèrent, leur remirent deux coffrets contenant des reliques, leur enjoignirent de retourner à la cathédrale nouvellement édifiée en leur expliquant que la consécration en avait été faite par le ministère des Anges.
Se déchaussant, par respect pour les reliques qui leur avaient été confiées, ils s’en retournèrent au Mont Anis : les portes de l’église qu’ils avaient édifiée s’ouvrirent toute seules à leur approche, et ils purent constater que l’on trouvait sur les murs et sur l’autel les marques de leur récente chrismation, tandis que d’innombrables torches célestes illuminaient l’édifice.
Les anciennes chroniques disent qu’on recueillit 300 de ces flambeaux, et le trésor de la cathédrale en conserve encore de nos jours (mais ces dernières années ils n’étaient pas exposés, malheureusement !).
C’était le 11 juillet de l’an 225, et cette consécration accomplie par les Anges a valu depuis à la cathédrale du Puy le surnom de « chambre angélique « .
Encore une précision :
Nous le savons, les traditions que j’ai résumées ici, sont aujourd’hui combattues, même par des personnes qui – en principe – font profession de piété et de dévotion mariale : c’est ainsi que, lorsque l’on visite la cathédrale du Puy de nos jours, il vous y est dit qu’il y « aurait eu une apparition de la Vierge », et que l’on vous y enseigne péremptoirement que la dévotion mariale au Puy n’a pas pu être initiée avant le concile d’Ephèse (431).
Pourtant ces traditions ont été crues pendant deux millénaires, et pas uniquement par des imbéciles dépourvus d’esprit critique dont on aurait abusé de la crédulité, mais par des papes, de grands et doctes prélats, des théologiens sûrs, de très nombreux saints, des rois et des princes, qui y sont venus en pèlerinage justement à cause de ces vénérables traditions dont l’Eglise romaine – ne serait-ce que par les textes des offices liturgiques qu’elle a autorisés – assurait le caractère authentique !
Mais il y a toujours, en nos temps, des impies qui, sous prétexte de rigueur scientifique, se révèlent n’être que de pauvres rationalistes, sans originalité véritable, niant le surnaturel et les miracles, tristes et pitoyables exemplaires de l’incrédulité de notre époque, même parmi les prêtres et les religieux.
Pour nous, nous ne nous pensons pas supérieurs en intelligence et en science à tous les saints et pieux évêques qui se sont succédé sur le siège épiscopal du Puy, à tous les papes qui y sont venus en pèlerinage et ont délivré bulles et indulgences qui attestent l’authenticité de ces traditions, à tous les savants chanoines, prêtres et religieux qui ont, pendant plusieurs siècles, publié des études corroborant les antiques récits, à tous les saints qui sont venus prier dans la Chambre angélique en ayant foi en ces vénérables traditions, sans lesquelles on ne peut expliquer ni comprendre que Le Puy fut un pèlerinage aussi réputé et aussi couru aux âges de foi.
Nous n’ambitionnons que de nous inscrire dans leur continuité, et de ne point opposer de limites à la toute puissance de Dieu. Donc « si quelqu’un paraît amer à contester, pour nous, ce n’est point notre coutume ni celle de l’Eglise de Dieu » (1 Cor. XI, 16).
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Le maître-autel de la cathédrale du Puy avec la célèbre « Vierge Noire » couronnée