Archive pour la catégorie 'De Maria numquam satis'

Du 16 au 24 mars : Neuvaine préparatoire à la fête de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie.

     Note liturgique : Il peut arriver, certaines années, que la fête de l’Annonciation ne soit pas célébrée à la date du 25 mars, en raison d’une occurrence avec un dimanche de Carême ou avec la Semaine Sainte. En ce cas, on déplacera aussi cette neuvaine, bien sûr, pour la pratiquer sur les neuf jours précédant la date où la fête est célébrée cette année-là.

Annonciation - Antoine Paillet - Musée des Augustins à Toulouse

Antoine Paillet (1626-1701) : Annonciation [peinte entre 1671 et 1692]
Collections du Musée des Augustins, à Toulouse

Monogramme Marie 2

       O Très Sainte Vierge Marie,
la plus pure et la plus humble de toutes les créatures,
choisie de toute éternité par le Père des miséricordes pour être la nouvelle Eve et la porte du salut pour l’humanité pécheresse,
merveilleusement préservée des suites de la faute de nos premiers parents,
en laquelle le Saint-Esprit a déposé la plénitude de Ses grâce et la surabondance de Ses dons,
pour faire de vous le vivant tabernacle de Son Verbe incarné !
J’exulte en contemplant toutes les grâces dont le Très Haut vous a comblée,
et je m’incline avec bonheur devant la Femme choisie entre toutes pour être la Mère du Rédempteur,
et notre Mère :
Ave, Maria !

   En répétant avec ferveur les paroles que Dieu Lui-même vous a adressées par l’ambassade de Son Archange,
je vous supplie de regarder avec une douce compassion celui qui, pauvre pécheur, se présente maintenant devant vous
et vous vient présenter sa prière :
Ave, Maria !

   En m’inclinant avec confiance devant la sainteté immaculée et resplendissante de votre âme,
devant laquelle les Puissances célestes se prosternent avec une admiration sans limite,
je vous conjure de ne pas repousser mes pauvres hommages et mes supplications :
Ave, Maria, gratia plena !

   Le Seigneur est avec vous :
le Père Eternel a fait de vous Sa Fille de prédilection,
le Saint-Esprit vous a épousée et fécondée,
et le Verbe divin S’est incarné dans votre sein virginal :
Ave, Maria : Dominus tecum !

   Parce que la Très Sainte Trinité a placé en vous toutes Ses délices,
et a fait de vous la plus digne et la plus sainte de toutes les vierges, de toutes les mères, de toutes les âmes rachetées,
et le canal de Ses miséricordes infinies,
je me présente à vous, pauvre et misérable pécheur,
pour avoir, par votre secourable et maternelle intercession, part au salut dont vous fûtes l’aurore bénie :
Ave, Maria : benedictus est fructus ventris tui, Jesus !

   Mère de miséricorde, Reine toute compatissante, Eve nouvelle, Mère de la Divine Grâce,
je viens à vous, gémissant sous le poids de l’héritage de la première Eve,
et sous le poids de tant de fautes personnelles accumulées ;
c’est justement pour cela que j’implore de vous compassion, intercession et protection,
et que je vous demande instamment de m’obtenir du Dieu Trois Fois Saint
la grâce d’une pleine et entière conversion à Son amour
et la fidélité à Ses commandements et préceptes,
pour ne plus désormais, à votre exemple, que Lui dire en tout et toujours : oui !

   Ave, Maria !
Ave, gratia plena !
Ave, in mulieribus benedicta !
En m’approchant de vous sur les pas de l’Archange,
et en reprenant les termes de sa salutation,
je vous prie d’être à jamais la médiatrice de mon salut :
Priez pour moi, pauvre pécheur, dès maintenant et jusqu’à l’heure de mon dernier soupir.

   Ainsi je l’espère, et ainsi je l’attends avec confiance de votre Cœur maternel :
Ave Maria !
Ainsi soit-il !

(Prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur)

Annonciation - Antoine Paillet - Musée des Augustins à Toulouse - détail

2023-38. Huitième pèlerinage de la Confrérie Royale, pour le Roi et la France, au Puy-en-Velay, du 18 au 20 mai 2023.

Blason de la Confrérie Royale

       Pour la huitième année consécutive, la Confrérie Royale organise son pèlerinage annuel au Puy-en-Velay, pèlerinage légitimiste pour le Roi et la France.
Selon les dates habituelles (qui avaient été bouleversées en 2020 et 2021 en raison des contraintes à prétention sanitaire), il se déroulera au cours du pont de l’Ascension, c’est-à-dire depuis l’après-midi du jeudi de l’Ascension 18 mai jusqu’au samedi 20 mai 2023 en début d’après-midi.

Bannière de la Confrérie Royale auprès de Notre-Dame du Puy

Rappel historique :

   La ville actuelle du Puy-en-Velay est le siège d’un pèlerinage qui est au nombre des plus anciens du Royaume de France, puisqu’il tire ses origines de deux apparitions de la Très Sainte Mère de Dieu (la première en l’an 45 et la seconde en l’an 225 [nota bene : nous donnons ici les dates traditionnelles authentifiées par les autorités ecclésiastiques compétentes avant les ravages du modernisme]). Depuis lors, la Très Sainte Vierge Marie n’a cessé de répandre ses grâces en ce lieu, sur la « pierre des fièvres », explicitement désignée par la Bienheureuse Vierge comme lieu des guérisons  – physiques et spirituelles – qu’elle veut accorder, et aux pieds de la « Vierge Noire », copie ancienne de celle qui avait été offerte par le Roi Saint Louis et qui fut – hélas ! – brûlée par les terroristes lors de la grande révolution.

   Tout au long des siècles, d’innombrables pèlerins, parmi lesquels un très grand nombre de nos Rois, des papes et des saints – eux aussi en grand nombre -, sont venus prier au Puy et y confier à la Très Sainte Vierge Marie leurs intentions personnelles et familiales aussi bien que celles du Royaume, sa paix et sa prospérité.
Le flux des pèlerins n’y cesse pas de nos jours, puisque Le Puy est l’un des plus remarquables points de départ (ou de passage) pour Saint Jacques de Compostelle, mais c’est encore lors des jubilés de Notre-Dame du Puy (qui sont célébrés les années où le Vendredi Saint coïncide avec le 25 mars, c’est-à-dire environ deux fois par siècle) que la foule des pèlerins est la plus importante.
Lors du jubilé de 1429, Sainte Jeanne d’Arc, partie rencontrer le Roi Charles VII à Chinon, députa sa mère et ses frères au Puy.

   Enfin, Le Puy n’est pas seulement une ville mariale : au culte de la Bienheureuse Vierge Marie, s’ajoutent ici ceux de l’archange Saint Michel (dont la chapelle au sommet du rocher d’Aiguilhe attire les pèlerins depuis plus de mille ans – voir > ici) et de Saint Joseph, à la basilique d’Espaly (voir > ici).

Notre-Dame du Puy - Vierge Noire - 12 mai 2018

L’actuelle statue de la Vierge Noire du Puy
présentée à la vénération des fidèles au-dessus du maître-autel de l’insigne basilique-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation :
c’est la plus ancienne copie de la statue offerte par le Roi Saint Louis, laquelle a malheureusement été brûlée à la révolution.

La Confrérie Royale au Puy-en-Velay :

   La Confrérie Royale a vu le jour le 25 août 2015, en la fête de Saint Louis de France : elle réunit en un mouvement de prières et de supplications des fidèles désireux de soutenir spirituellement le mouvement légitimiste, avec la conviction forte que la restauration royale, si attendue et si désirée, ne pourra s’accomplir que dans le cadre d’un retour général à la fidélité à ce que Saint Pie X appelait « le pacte de Reims ».
La prière pour le Roi légitime – actuellement Monseigneur le Prince Louis de Bourbon de jure Sa Majesté le Roi Louis XX – et pour la France est donc personnelle et quotidienne pour chacun des membres de la Confrérie Royale : elle se manifeste aussi de manière plus visible à l’occasion des pèlerinages qu’elle organise.
Ces pèlerinages ne sont d’ailleurs pas réservés aux seuls membres de la Confrérie, mais toute personne « de bonne volonté » y est volontiers accueillie.

   Le premier pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay, a eu lieu en juin 2016 à l’occasion du jubilé de Notre-Dame du Puy, organisé conjointement avec l’UCLF dont le président d’alors, feu Monsieur Pierre Bodin, insista aimablement ensuite pour que la Confrérie Royale prît en charge l’organisation d’un pèlerinage annuel pour le Roi et la France en ce lieu qui est lié de tant de manières à l’histoire du Royaume, et à ses Souverains.
Comme cela a été écrit ci-dessus, ce pèlerinage annuel se déroule lors du pont de l’Ascension : il commence le jeudi de l’Ascension en fin d’après-midi et s’achève le samedi après midi. Ainsi les personnes qui ont des obligations paroissiales peuvent-elles être présentes dans leur paroisse ou chapelle habituelle et le matin de l’Ascension et le dimanche après l’Ascension.
En sus des cérémonies liturgiques (messes quotidiennes et autres temps de prière : il s’agit avant tout d’un pèlerinage, pas d’un colloque ni d’un voyage touristique, soyons clairs !), le pèlerinage est néanmoins l’occasion d’enseignements historiques et spirituels (3 conférences) et de découvertes patrimoniales (Le Puy et ses environs sont riches d’un patrimoine exceptionnel).

Pèlerinage Légitimiste le Puy-en-Velay 4 juin 2016

Le premier pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay en juin 2016
avec l’Union des Cercles Légitimistes de France (UCLF)
dans le grand escalier de la basilique-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation.

Le pèlerinage 2023 :

   Cette année 2023 marque le 8ème centenaire de la mort de S.M. le Roi Philippe II Auguste (+ 14 juillet 1223). Le grand-père de Saint Louis vint lui-même en pèlerinage aux pieds de Notre-Dame du Puy en 1188 avant de partir en croisade. Les légitimistes du XXIème siècle se doivent de mieux connaître ce Roi dont le règne marqua une étape importante dans le rayonnement de la dynastie capétienne.

Aperçu du programme :
Jeudi 18 mai à partir de 15 h : accueil au lieu d’hébergement ; à 17 h 30 (pour ceux qui n’auraient pu y assister le matin) Messe lue de l’Ascension.
Vendredi 19 mai : Messe solennelle ; conférences : 1) « Philippe Auguste, un règne charnière » & 2) « Le patriotisme ne se confond pas avec le nationalisme » ; visites.
– Samedi 20 mai : Messe solennelle ; conférence : « Les mariages de Philippe Auguste » ; départs après le déjeuner.
Le programme détaillé ne sera communiqué qu’aux personnes inscrites.

   La Confrérie réserve des hébergements dans une structure  d’accueil, là encore, les renseignements ne sont communiqués que de façon individuelle aux personnes qui nous contactent directement.
Ceux qui le désirent peuvent aussi choisir de résider en hôtel : en ce cas, ils font eux-mêmes leurs réservations.

Une seule adresse électronique de contact : pelerinage.confrerie@gmail.com , ou bien un numéro de téléphone : 06 65 74 41 45 (laisser un message sur la boite vocale en indiquant distinctement votre nom et vos coordonnées téléphoniques pour pouvoir être rappelé).

Covoiturage & organisation des transports :
En principe, chacun vient au Puy par ses propres moyens. Il y a bien une gare SNCF au Puy, mais elle n’est pas très bien desservie…
Si des personnes qui n’ont pas d’automobile souhaitent venir, elles peuvent nous contacter de manière à ce que, si cela est possible, nous les mettions en contact avec d’autres pèlerins qui pourraient les prendre dans leur véhicule.
De même, si des personnes qui viennent en automobile disposent de places et accepteraient de transporter d’autres passagers, qu’elles nous le signalent sans retard.

Philippe Auguste au soir de Bouvines - détail du tableau d'Horace Vernet

Philippe Auguste au soir de la bataille de Bouvines
(détail du grand tableau d’Horace Vernet – 1827 – exposé dans la Galerie des Batailles au château de Versailles)

Prières à Notre-Dame de Lorette.

10 décembre,
Fête de la translation de la Sainte Maison de Nazareth à Lorette.

       Voici quelques prières, d’origine ancienne ou de composition plus récente, en l’honneur de Notre-Dame de Lorette, et pour diverses nécessités.

Notre-Dame de Lorette

Notre-Dame de Lorette
statue en bois de cèdre (1922) vénérée dans la Sainte Maison de Lorette
(la statue antique a disparu dans l’incendie qui a ravagé la Sainte Maison en 1921)
Prière traditionnellement récitée tous les soirs dans la Sainte Maison de Lorette
(indulgenciée en 1929 par S. Exc. Mgr. Louis-Joseph Kerkhofs [1878-1962], évêque de Liège) :
   O très Sainte et très Illustre Vierge Marie, Reine du ciel et de la terre,
Refuge de tous ceux qui recourent à Vous,
par cette divine faveur que vous avez reçue dans votre maison de Nazareth,
d’être la Mère du Créateur de toutes choses,
soyez la consolatrice de vos serviteurs et auprès du Fils unique de Dieu et le Vôtre,
Notre Seigneur Jésus-Christ, Sauveur du genre humain,
leur avocate, afin que toutes leurs actions soient dirigées selon la volonté de Dieu,
qu’ils évitent les embûches de l’ennemi,
qu’ils soient délivrés de tout mal et qu’après avoir échappé à la damnation éternelle,
ils puissent goûter, avec tous ceux qui vous auront servie fidèlement,
les joies sans fin dans la Maison du Seigneur.
Ainsi soit-il.

Intérieur de la Sainte Maison de Lorette état actuel

Intérieur de la Sainte Maison de Lorette – état actuel

Prières pour demander la protection de Notre-Dame de Lorette sur nos foyers :

   Ô Vierge de Lorette, avocate et protectrice des foyers, pleine de miséricorde, qui daignez prendre soin de tous ceux qui se mettent sous votre protection, je vous prie de nous combler de vos bénédictions, afin qu’aucun mal ne puisse affliger mon âme ni mon foyer : éloignez de nous les influences mauvaises et couvrez-nous de votre manteau maternel, pour que nous vivions dans la paix ; et que tous les membres de notre famille, fidèles à leurs devoirs de chrétiens, sous votre garde, grandissent en vertu et en grâce, comme le Saint Enfant sur lequel vous avez veillé dans la maison bénie de Nazareth.

Ainsi soit-il !

   Sainte Vierge de Lorette,  dans la maison de laquelle régnait une atmosphère d’amour et d’union familiale, je vous confie aujourd’hui ma famille et vous prie de la bénir et de la protéger, je vous demande de nous garder dans la paix et la concorde, fidèles dans l’observance des lois de Dieu et de Son Eglise, et de nous accorder une vie heureuse ici-bas avant de nous réunir un jour au ciel auprès de vous.

Ainsi soit-il !

Gravure de l'ancienne statue de Notre-Dame de Lorette

Gravure représentant l’ancienne statue de Notre-Dame de Lorette détruite dans l’incendie de 1921

Prière récitée dans la Sainte Maison de Lorette à midi tous les 10 décembre
(ainsi que le 25 mars, le 15 août et le 8 septembre) - traduction et adaptation par nos soins :

   O Notre-Dame de Lorette, Vierge glorieuse, nous nous approchons de vous avec confiance : accueillez notre humble prière aujourd’hui.
L’humanité est accablée par de graves maux dont elle voudrait se libérer.
Elle a besoin de paix, de justice, de vérité, d’amour et se fait des illusions sur le fait qu’elle peut trouver ces réalités divines loin de votre Fils.

   O Mère, vous avez porté le divin Sauveur dans votre sein très pur et vous avez vécu avec Lui dans la Sainte Maison que nous vénérons sur cette colline de Lorette : obtenez pour nous la grâce de Le chercher et d’imiter Ses exemples qui mènent au salut.

   Avec foi et amour filial, nous nous présentons spirituellement dans votre maison bénie.
Par la présence de votre Famille, c’est la sainte maison par excellence dons nous souhaitons que toutes les familles chrétiennes s’inspirent : de Jésus, que chaque enfant apprenne l’obéissance et le travail ; de vous, ô Marie, que chaque femme apprenne l’humilité et l’esprit de sacrifice ; de Joseph, qui a vécu pour vous et pour Jésus, que chaque homme apprenne à croire en Dieu et à vivre, dans la famille et dans la société, avec fidélité et justice.

   Beaucoup de familles, ô Marie, ne sont pas un sanctuaire où Dieu est aimé et servi ; c’est pourquoi nous vous prions afin que vous puissiez obtenir pour nous que chacun imite ce sanctuaire domestique qui fut le vôtre, reconnaissant chaque jour votre divin Fils comme son Seigneur et L’aimant par-dessus tout.
De même qu’un jour, après des années de prière et de travail, Il a quitté cette Sainte Maison pour faire entendre Sa Parole, qui est Lumière et Vie, de même aujourd’hui, que depuis ces murs saints qui nous parlent silencieusement de foi et de charité, l’écho de Sa Parole toute-puissante, qui éclaire et convertit, atteigne tous les hommes.

   Nous vous prions, ô Marie Très Sainte, pour le Pape, pour l’Eglise universelle, pour notre patrie et pour tous les peuples de la terre, pour les institutions, ecclésiales et civiles, pour les souffrants et les pécheurs…

   O Très Sainte Vierge Marie, en ce jour de grâce, uni à tous ceux qui, dans le monde entier, se présentent spirituellement pour vénérer la Sainte Maison où vous avez été couverte par l’ombre du Saint-Esprit, avec une foi vive nous vous répétons les paroles de l’Archange Gabriel : Je vous salue, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec vous !
Nous vous invoquons avec ferveur : Je vous salue, ô Marie, Mère de Jésus et Mère de l’Église, Refuge des pécheurs, Consolatrice des affligés, secours des chrétiens.
Au milieu des difficultés et des tentations fréquentes, nous risquons de nous perdre, mais nous nous tournons vers vous et nous vous répétons : Salut, Porte du Ciel ; salut, étoile de la mer ! Que notre supplication monte jusqu’à vous, ô Marie.
Puisse-t-elle vous dire nos désirs, notre amour pour Jésus et notre espérance en vous, ô notre Mère.
Que notre prière, portée par vous, fasse descendre sur notre terre une abondance de grâces célestes. 

Ainsi soit-il !

– Salve, Regina…

La Madone des Pèlerins ou Madone de Lorette - Le Caravage

« La Madone de Lorette », ou « la Madone des pèlerins »
Le Caravage
Basilique de Saint Augustin au Champ de Mars, à Rome

2022-111. Messe propre de la fête de Notre-Dame des Victoires :

Quatrième samedi d’octobre,
Fête de Notre-Dame des Victoires.

Monogramme Marie 2

       Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le dire (cf. > ici), après la reddition de La Rochelle (28 octobre 1628) et la réduction du parti de la religion prétendue réformée qui avait conspiré contre la sécurité de l’Etat en nouant de traitresses alliances avec les ennemis du Royaume, Sa Majesté le Roi Louis XIII, sollicitée pour aider à la construction de l’église conventuelle des Augustins déchaussés à Paris, désira que celle-ci fut placée sous le vocable de Notre-Dame des Victoires, en action de grâces, et pour marquer la place particulière de la Très Sainte Vierge Marie dans la protection et sauvegarde de la Couronne de France.
C’était une espèce de prélude à l’Edit de Saint-Germain du 10 février 1638 (cf. > ici). 

Ainsi, dès le moment de la pose de sa première pierre, l’église de Notre-Dame des Victoires est devenue, au cœur de la capitale, un lieu privilégié de la dévotion à Notre-Dame, comme patronne et protectrice de la France : c’est là que la Très Sainte Mère de Dieu elle-même se manifestera au Frère Fiacre de Sainte-Marguerite pour signifier de quelle manière elle souhaitait que l’on priât pour obtenir du Ciel la naissance d’un Dauphin (le futur Louis XIV) ; c’est là aussi, qu’après la grande révolution, elle inspira à l’abbé Charles-Éléonore Dufriche-Desgenettes (1778-1860) la fondation de la confrérie du Très-Saint et Immaculé Cœur de Marie pour la conversion des pécheurs (aujourd’hui archiconfrérie, dont la fête propre est célébrée le 16 janvier – cf. > ici) ; c’est dans cette église enfin que pendant plusieurs décennies, au XXème siècle, fut maintenue envers et contre tout la célébration annuelle du 21 janvier à la pieuse mémoire du Roi-martyr pour le mouvement légitimiste.

Voici donc les textes propres de la Sainte Messe pour la fête de Notre-Dame des Victoires.

Vitrail de la consécration de la France à Notre-Dame - basilique Notre-Dame des Victoires

Vitrail de la consécration du Royaume de France à Notre-Dame
(basilique Notre-Dame des Victoires – Paris)

Introitus (Jud. XIII, 20 ; Ps. CV, 1) :
Revocavit me vobis Dominus gaudentem in victoria sua, in evasione mea, in liberatione vestra. Ps. : Confitemini Domino quoniam bonus : quoniam in saeculum misericordia ejus. V./ : Gloria Patri. Revocavit.

Le Seigneur m’a ramenée vers vous, dans la joie de Sa victoire, de mon salut et de votre délivrance. Louez le Seigneur car Il est bon, car Sa miséricorde est éternelle. Gloire au Père…

Oratio :
Clementissime Deus, qui per Matrem Unigeniti Filii tui Domini nostri Jesu Christi, fidelibus tuis bona cuncta concedis : ejus quoque meritis et precibus, ita fac nos fideliter vivere, ut omnium hostium superatis insidiis, victores ad te feliciter pervenire valeamus. Per eumdem Dominum nostrum Jesum Christum.

O Dieu très clément, qui accordez à Vos fidèles tous vos bienfaits par la Mère de Votre Fils unique Notre-Seigneur Jésus-Christ, donnez-nous, grâce à ses mérites et ses prières, de vivre dans la fidélité pour qu’après avoir évité les pièges de tous les ennemis, nous ayons la joie de pouvoir parvenir triomphants jusqu’à Vous. Par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Lectio libri Judith (XIII, 22-24. 31) :
Benedixit te Dominus in virtute sua, quia per te ad nihilum redegit inimicos nostros. Benedicta es tu, filia, a Domino Deo excelso, præ omnibus mulieribus super terram. Benedictus Dominus, qui creavit cælum et terram, qui te direxit in vulnera capitis principis inimicorum nostrorum. Benedicta tu a Deo tuo in omni tabernacula Jacob, quoniam in omni gente quae audierit nomen tuum, magnificabitur super te Deus Israel.

Le Seigneur t’a bénie dans Sa puissance, puisque par toi Il a réduit à néant nos ennemis. Bénie es-tu, ma fille du Seigneur le Dieu très-Haut, plus qu’aucune autre femme de la terre ! Béni soit le Seigneur, Créateur du ciel et de la terre, qui t’a guidée pour frapper à la tête le chef de nos ennemis. Bénie es-tu de ton Dieu dans toutes les tentes de Jacob, parce que dans toutes les nations qui entendront ton nom, le Dieu d’Israël, à cause de toi, sera glorifié.

Graduale (Jud. XVI, 2-3) :
Modulamini Domino psalmum novum, exultate et invocate nomen ejus. V./: Dominus conterens bella, Dominus nomen est illi.

Modulez pour le Seigneur un psaume nouveau, exaltez et invoquez Son nom. Le Seigneur brise les guerres, Son nom est « le Seigneur ».

Alleluia (Jud. XVI, 15) :
Alleluia, alleluia. Hymnum cantemus Domino, hymnum novum cantemus Domino Deo nostro. Alleluia.

Alléluia, alléluia. Chantons un hymne au Seigneur, chantons au Seigneur notre Dieu un hymne nouveau. Alléluia.

+ Sequentia Sancti Evangelii secundum Lucam (XI, 27-28) :
In illo témpore : Loquénte Iesu ad turbas, extóllens vocem quædam múlier de turba, dixit illi : Beátus venter, qui te portávit, et úbera, quæ suxísti. At ille dixit : Quinímmo beáti, qui áudiunt verbum Dei, et custódiunt illud.

En ce temps-là, comme Jésus parlait aux foules, une femme, élevant la voix au milieu de la foule, lui dit : Bienheureux le sein qui Vous a porté, et les mamelles qui Vous ont allaité. Mais Il dit : Bienheureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent.

Offertorium (Jud. XIII, 22) :
Benedixit te Dominus in virtute sua, quia per te ad nihilum redegit inimicos nostros.

Le Seigneur t’a bénie dans Sa puissance, puisque par toi Il a réduit à néant nos ennemis.

Secreta :
Immensam clementiam tuam supplices exoramus, Domine Jesu Christe, ut hae oblationes, quas in honorem beatissimae Virginis Mariae Matris tuae fideliter offerimus, ejus meritis et precibus ad aeternam nostram salutem proficiant. Qui vivis et regnas cum Deo Patre.

Nous Vous supplions, ô Seigneur Jésus-Christ, dans votre incommensurable clémence, de rendre utiles à notre salut éternel, par les mérites et les prières de la toute Bienheureuse Vierge Marie, Votre Mère, ces offrandes que nous présentons avec confiance en son honneur. Vous qui vivez et régnez avec Dieu le Père.

Préface de la Sainte Vierge (Et Te in festivitate…)

Communio (Sap. X, 20) :
Decantaverunt nomen tuum, Domine, et victricem manum tuam laudaverunt.

Ils ont chanté Votre nom, Seigneur, et ils ont loué Votre main victorieuse.

Postcommunio :
Omnipotens sempiterne Deus, qui dedisti famulis tuis pretioso corpore et sanguine Unigeniti Filii tui Domini nostri Jesu Christi misericorditer recreari : ejus quoque meritis, et precibus beatissimae Virginis Mariae Matris suae ; eodem quoque in mortis agone refecti ac roborati, ad te gaudentes pervenire mereamur. Per eumdem Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum, qui tecum vivit et regnat.

Dieu éternel et tout-puissant, qui, pour refaire les forces de Vos serviteurs, leur avez miséricordieusement permis de recevoir le Corps précieux et le Sang de Votre Fils unique Notre-Seigneur Jésus-Christ : faites que par Ses mérites et par les prières de la Bienheureuse Vierge Marie, Sa Mère, nous en soyons nourris et fortifiés dans les luttes de l’agonie, et puissions de la sorte parvenir dans la joie jusqu’à Vous. Par le même Jésus-Christ Votre Fils… 

Basilique Notre-Dame des Victoires à Paris - sanctuaire et chœur

Maître-autel et sanctuaire de la basilique Notre-Dame des Victoires

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2022-102. A Nancy, « L’Institution du Rosaire » de Jean de Wayembourg.

1er octobre,
Fête de Saint Remi de Reims, pontife et confesseur, apôtre des Francs (cf. aussi > ici).

   Pour commencer le mois du Très Saint Rosaire, nous vous invitons à admirer et à contempler un très grand tableau aujourd’hui conservé au « Musée Lorrain » de Nancy, qui porte le nom de « l’Institution du Rosaire » et fut peint par Jean de Wayembourg en 1597.

Jean de Wayembourg - Institution du Rosaire - 1597

A – Histoire du tableau.

   Ce très grand tableau est une huile sur toile d’un peu plus de 2,82 m de largeur et d’un peu plus de 3,83 m de hauteur. Il a été commandé en 1597 par le duc Charles III de Lorraine (1543-1608) pour orner le retable du maître-autel de l’église du couvent des Minimes de Nancy, édifiée en 1592.
Cette église fut détruite au début du XIXème siècle, et le tableau fut alors transféré à la cathédrale où il demeura jusqu’après la première guerre mondiale. Pour des raisons de conservation et de protection, il fut ensuite déposé au « Musée Lorrain » dont il constitue l’un des chefs-d’œuvre.

B – Jean de Wayembourg.

   On ne sait pas grand chose sur la biographie de Jean de Wayembourg : ni les dates exactes de sa vie, ni son lieu de naissance, ni sa vie privée… ni même son nom originel, car Jean de Wayembourg est vraisemblablement le résultat d’une francisation de son nom. D’origine flamande, on suppose qu’il avait été connu du duc Charles III de Lorraine par l’intermédiaire du duc Charles-Philippe de Croÿ (1560-1612), puissant et important personnage des Pays-Bas espagnols, allié des ducs de Lorraine. 
Jean de Wayembourg a été actif à la cour de Lorraine entre 1592 et 1603, année dont on pense qu’elle fut celle de sa mort. Il n’a été longtemps connu que par le tableau de « l’Institution du Rosaire », jusqu’à ce que l’on puisse, à une date très récente, lui attribuer une série de portraits de membres de la famille ducale, de taille naturelle, qui sont pour la plupart exposés à l’Ancienne Pinacothèque de Munich.

C – L’Institution du Rosaire.

   Cette œuvre monumentale représente la Très Sainte Vierge Marie et l’Enfant Jésus remettant le rosaire à Saint Dominique et à Saint François de Paule, fondateur de l’Ordre des Minimes pour l’église conventuelle nancéenne desquels le tableau fut peint. A cette scène, qui donne son nom à l’œuvre, assiste la famille ducale.
La scénographie peut donc être ainsi analysée :

institution du Rosaire - composition

   A l’intérieur d’un large « bandeau » illustré, de forme ovale – mais aplatie en haut et en bas -, la partie principale du tableau se divise en deux parties très nettes :
- dans la partie supérieure, la Très Sainte Vierge, assise au-dessus de nuages dont la couleur grise contraste avec la luminosité d’un ciel ouvert empli d’une lumière dorée, offre, de la main gauche, un chapelet à Saint François de Paule ; elle porte sur ses genoux, l’enlaçant de son bras droit, l’Enfant Jésus qui, Lui, présente un chapelet à Saint Dominique.
Autour d’eux évoluent des anges et des angelots présentant des fleurs et des chapelets

Institution du rosaire - partie supérieure

- dans la partie inférieure, des deux côtés d’une fenêtre ouverte, par laquelle on aperçoit un monument en forme de rotonde surmonté d’un dôme, se trouve, groupée et agenouillée, la famille du duc Charles III.

   Du côté droit, au premier rang, la duchesse Claude de France, fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, parée d’habits somptueux ; à son côté, Sainte Catherine de Sienne, la célèbre tertiaire dominicaine, avec un lys et un livre d’heures posés devant elle ; au second rang, sont figurées les princesses Catherine, future abbesse de Remiremont, Christine, grande-duchesse de Toscane, Antoinette, future duchesse de Clèves, et Élisabeth, future duchesse de Bavière. Les visages des femmes sont remarquables par la clarté et la transparence de leur carnation.

   Du côté gauche, sont représentés, agenouillés, Charles III de Lorraine, le pape Saint Pie V, et les trois fils du duc : les futurs ducs Henri II et François II, et le cardinal Charles, évêque de Metz et légat pontifical pour la Lorraine et les Trois-Evêchés.

Tous les membres de la famille ducale sont représentés jeunes, alors qu’au moment de la composition du tableau le duc Charles III est âgé de 54 ans, et que la duchesse Claude est décédée depuis 22 ans (+ 21 février 1575).

   La présence de Saint Pie V et de Sainte Catherine de Sienne s’explique évidemment par le rôle qu’ils ont joué dans la propagation de la dévotion au saint rosaire : Saint Pie V est, en particulier, le pape de la victoire de Lépante et l’instituteur de la fête de « Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire » ; cet événement n’était antérieur que de 27 années à la composition du tableau.
Mais il est également possible que ces deux figures éminentes de la sainteté ultramontaine symbolisent les liens particuliers qui unissent le duché de Lorraine au Saint-Siège : le duc Charles III se voulait en effet un vigilant et ardent défenseur de la foi – sous son règne les protestants durent s’exiler – et un zélé promoteur des réformes tridentines.

Institution du rosaire - partie inférieure

   Les médaillons peints dans la large bordure, ou bandeau, qui entoure le sujet central, sont la représentation des quinze mystères du rosaire : on les lit dans le sens des aiguilles d’une montre. Ils sont reliés entre eux par un décor élégant composé de grains de chapelet, et entouré de branches de rosiers, d’épines ou de palmiers, suivant que les sujets représentés appartiennent à la série des mystères joyeux, douloureux ou glorieux.

institution du rosaire - détail du bandeau 1

  Dans les écoinçons, aux quatre angles du tableau, sont représentés les quatre évangélistes, mais seuls Saint Jean (en haut à gauche) et Saint Matthieu (en haut à droite) sont accompagnés de leurs symboles : l’aigle et l’ange.

institution du rosaire - détail du bandeau 2

   Cette œuvre monumentale ne constitue-t-elle pas une admirable introduction au mois du Très Saint Rosaire ?

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.                

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2022-98. Le « Stabat Mater pour des religieuses » de Marc-Antoine Charpentier.

22 septembre,
L’octave des Sept-Douleurs de Notre-Dame ;
Mémoire de Saint Maurice et de ses compagnons, martyrs de la Légion thébaine.

Notre-Dame des Sept-Douleurs

   Le Refuge Notre-Dame de Compassion, de par son vocable, célèbre à deux reprises sa « fête patronale » principale : une première fois le Vendredi de la Passion, où l’on fait la commémoraison solennelle de la Compassion de la Bienheureuse Vierge Marie, et une seconde fois le 15 septembre, puisque, depuis les réformes liturgiques du pape Saint Pie X, la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, originellement célébrée le troisième dimanche de septembre, a été finalement fixée au lendemain de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix.
   Cette fête du 15 septembre est donc pour nous une « fête double de première classe avec octave commune » (selon les rubriques traditionnelles qui sont les nôtres, c’est-à-dire antérieures à toutes les réformes qui se sont succédées depuis le règne du Vénérable Pie XII), et en conséquence le 22 septembre est chez nous le jour octave des Sept-Douleurs de Notre-Dame, où l’on reprend l’office et la Messe du 15 septembre sous le rit « double majeur », avec évidemment la sublime séquence « Stabat Mater », dont la composition est communément attribuée au franciscain Jacopone da Todi (+ 1306).

   En conclusion de cette magnifique semaine d’approfondissement du mystère de la compassion de la Très Sainte Mère de Dieu, permettez-moi de vous proposer d’écouter (ou de réécouter si vous le connaissez déjà, car il me semble que l’on ne s’en lasse jamais) le « Stabat Mater pour des religieuses » [H15], composé par Marc-Antoine Charpentier (1643-1704).
Si l’on ne possède aujourd’hui pas de certitude absolue sur les circonstances de la composition de ce « Stabat », il semble toutefois très probable – en raison de son style – qu’il appartienne au groupe d’œuvres composées pour le couvent de Port-Royal de Paris. C’est une pièce d’une simplicité sublime qui porte une pure et poignante ferveur propice à soutenir la méditation et la contemplation des souffrances de Notre-Dame au pied de la Croix.

   Voici deux enregistrements tous deux réalisés dans la Chapelle Royale de Versailles avec « le Concert des Nations » et « la Capella Reial de Catalunya » sous la direction de l’incomparable Jordi Savall : deux enregistrements qui présentent de petites différences (l’un des deux a été réalisé lors d’un concert public), mais qui sont l’un comme l’autre absolument admirables, à mon sens, sans que je les puisse mettre en concurrence et départager.

   Le Bienheureux Innocent XI, par un bref apostolique de 1681, confirmé par un rescrit du Bienheureux Pie IX le 18 juin 1876, a accordé 100 jours d’indulgence aux fidèles qui honorerons les douleurs de la Très Sainte Vierge Marie en priant et méditant au moyen du « Stabat Mater ».

Pour écouter ces deux enregistrements, faire un clic droit sur les images ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ».

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Coeur douloureux et immaculé de Marie

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Coeur douloureux et immaculé de Marie

Autres « Stabat Mater » proposés dans ce blogue :
- Zoltan Kodaly > ici
- Jean-Baptiste Pergolèse (deux versions) > ici et encore une autre > ici.

2022-88. Une pensée réconfortante en regard des menaces de tous ordres auxquelles notre pays semble devoir faire face…

15 août 2022,
Fête de l’Assomption de Notre-Dame,
Fête patronale du Royaume de France.

   Un peu avant le milieu de la matinée de cette fête de l’Assomption, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux un court message à l’adresse de ses sujets, à l’occasion de la fête patronale du Royaume.
   Encore une fois, à travers quelques phrases lourdes de sens, Sa Majesté nous livre des éléments de méditation et d’action importants, si on ne se contente pas d’une lecture superficielle.

Champaigne - Vœu de Louis XIII - musée des beaux-arts Caen

Le vœu de Louis XIII
(Philippe de Champaigne – musée des beaux-arts de Caen)

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   En consacrant la France à la Vierge Marie, le 10 février 1638, et en formulant le vœu que cette consécration soit renouvelée, le 15 août de chaque année, mon aïeul, Louis XIII, a placé notre pays dans une situation de dévotion religieuse qui perdure au-delà des aléas de l’histoire.

   Tant que continueront à se dérouler dans notre pays, les messes, cérémonies, et processions qui marquent le 15 août, cette bienveillance divine continuera d’être manifestée à l’égard de la France, pour tous ceux qui se reconnaissent en elle.

   Cette pensée réconfortante ne doit-elle pas être présente tout particulièrement en ce moment de notre histoire, en regard des menaces de tous ordres auxquelles notre pays semble devoir faire face ?

Trois lys blancs

2022-66. Lettre encyclique « Ad cœli Reginam » instituant la fête de Marie Reine à la date du 31 mai.

Lettre encyclique
de Sa Sainteté le Pape Pie XII
« Ad cœli Reginam »
du 11 octobre 1954
instituant
à la date du 31 mai la fête
de
La Très Sainte Vierge Marie Reine

Neri di Bicci - Couronnement de la Vierge

Neri di Bicci (1418-1492) :
Le couronnement de la Vierge
avec Saint Antoine le Grand, Saint Augustin, Saint Raphaël et Tobie
(Avignon, musée du Petit Palais)

Monogramme des Servites

A nos Vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques,
évêques et autres Ordinaires en paix et communion avec le Siège apostolique,
ainsi qu’à tout le clergé et aux fidèles de l’univers catholique

Vénérables Frères,
Salut et Bénédiction apostolique !

Introduction : rappel des circonstances et nécessités présentes.

Dès les premiers siècles de l’Église Catholique, le peuple chrétien fit monter vers la Reine du Ciel ses prières et ses chants de louange filiale dans la sérénité des heures de joie et plus encore dans l’angoisse des périls menaçants. Jamais ne fut déçue l’espérance mise en la Mère du divin Roi Jésus-Christ ; jamais ne s’affaiblit la foi qui nous enseigne que la Vierge Marie Mère de Dieu règne sur l’univers entier avec un cœur maternel, tout comme elle est ceinte d’une royale couronne de gloire dans la béatitude céleste.

Or, après les calamités qui, jusque sous Nos yeux, ont couvert de ruines des villes florissantes et de nombreux villages, Nous voyons avec douleur déborder dangereusement les flots de profondes misères morales, vaciller parfois les bases mêmes de la justice, triompher un peu partout l’attrait des plaisirs corrupteurs, et, dans cette conjoncture inquiétante, Nous sommes saisi d’une vive angoisse. Aussi est-ce avec confiance que Nous recourons à Marie notre Reine, lui manifestant non seulement Notre amour, mais aussi celui, de quiconque se glorifie du nom de chrétien.

Le 1er novembre de l’année 1950 – il Nous plaît de le rappeler -, en présence d’une multitude de Cardinaux, d’Évêques, de prêtres et de fidèles accourus du monde entier, Nous avons Nous-même défini le dogme de l’Assomption de la Très Sainte Vierge dans le ciel, [1] où, en corps et en âme, elle règne avec son Fils unique parmi les chœurs des Anges et des Saints.

En outre, à l’occasion du centenaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception par Pie IX, Notre Prédécesseur d’immortelle mémoire, Nous avons promulgué la présente Année Mariale ; [2] et ce Nous est aujourd’hui une grande consolation de voir à Rome – à Sainte Marie-Majeure en particulier où les foules viennent manifester leur confiance et leur grand amour envers leur Mère du Ciel -, mais également dans le monde entier, la piété envers la Vierge Mère de Dieu refleurir toujours davantage et les principaux sanctuaires marials recevoir sans interruption de nombreux et pieux pèlerinages. Et l’on sait que, chaque fois que Nous en eûmes l’occasion, dans Nos allocutions d’audience ou Nos radio-messages, Nous avons exhorté tous les fidèles à aimer de tout leur cœur, comme des fils, leur Mère très bonne et très puissante. À ce sujet, Nous rappelons volontiers le message radiophonique adressé au peuple portugais lors du couronnement de la statue miraculeuse de Fatima, [3] et que Nous avons qualifié Nous-même de message de la « Royauté » de Marie. [4]

Pour mettre donc en quelque sorte le comble à ces marques de Notre piété envers la Mère de Dieu, que le peuple chrétien a accueillies avec tant de ferveur, pour conclure heureusement l’Année Mariale qui touche désormais à son terme, pour accéder enfin aux demandes instantes qui Nous parviennent à ce sujet de toutes parts, Nous avons décidé d’instituer la fête liturgique de « La Sainte Vierge Marie Reine ».

Nous n’entendons pas proposer par là au peuple chrétien une nouvelle vérité à croire, car le titre même et les arguments qui justifient la dignité royale de Marie ont déjà de tout temps été abondamment formulés et se trouvent dans les documents anciens de l’Église et dans les livres liturgiques.

Nous désirons seulement les rappeler par cette Encyclique, afin de célébrer à nouveau les louanges de Notre Mère du ciel, de ranimer dans tous les coeurs une piété plus ardente envers elle, et de contribuer ainsi au bien des âmes.

Première partie : preuves dans la Tradition (Ecritures, Pères de l’Eglise et Magistère).

Le peuple chrétien, même dans les siècles passés, croyait avec raison que celle dont est né le Fils du Très-Haut, qui « régnera à jamais dans la maison de Jacob », (Luc I, 32) « Prince de la paix », (Is. IX, 6) « Roi des rois et Seigneur des Seigneurs », (Ap. XIX, 16) avait reçu plus que toute autre créature des grâces et privilèges uniques ; et considérant aussi les relations étroites qui unissaient la Mère au Fils, il a reconnu sans peine la dignité royale suprême de la Mère de Dieu.

C’est pourquoi il n’est pas étonnant que les anciens écrivains ecclésiastiques, forts de la parole de l’Archange Gabriel prédisant que le Fils de Marie régnerait éternellement, [5] et de celle d’Élisabeth, qui, en la saluant avec respect, l’appelait « la Mère de mon Seigneur », (Luc I, 43) aient déjà appelé Marie « la Mère du Roi », « la Mère du Seigneur », montrant clairement qu’en vertu de la dignité royale de son Fils elle possédait une grandeur et une excellence à part.

Aussi Saint Ephrem, dans l’ardeur de son inspiration poétique, lui prête-t-il ces paroles « Que le ciel me soutienne de son étreinte, car j’ai été honorée plus que lui. En effet le ciel ne fut pas ta mère, mais tu en as fait ton trône ! » [6]. Et ailleurs il la prie en ces termes « … noble jeune fille et Patronne, Reine, Maîtresse, garde-moi, protège-moi, de peur que Satan auteur de tout mal ne se réjouisse à mon sujet et que le criminel adversaire ne triomphe de moi » [7].

Saint Grégoire de Nazianze appelle Marie « Mère du Roi de tout l’univers », « Mère Vierge, (qui) a enfanté le Roi du monde entier » [8]. Prudence déclare que cette mère « s’étonne d’avoir engendré Dieu comme homme et même comme Roi suprême » [9].

Cette dignité royale de la Bienheureuse Vierge Marie est clairement et nettement signifiée par ceux qui l’appellent « Souveraine », « Dominatrice », « Reine ».

Déjà dans une homélie attribuée à Origène, Marie est appelée par Élisabeth non seulement « Mère de mon Seigneur », mais « Ma Souveraine » [10].

La même idée ressort du passage suivant de saint Jérôme dans lequel, parmi les différentes interprétations du nom de Marie, il met en dernier lieu celle-ci : « Il faut savoir qu’en syriaque Marie signifie Souveraine » [11]. Après lui Saint Chrysologue formule la même pensée d’une manière encore plus affirmative : « Le mot hébreu Marie se traduit en latin Souveraine : l’Ange l’appelle Souveraine pour qu’elle cesse de trembler comme une servante, elle à qui l’autorité même de son Fils a obtenu de naître et d’être appelée Souveraine » [12].

Épiphane, évêque de Constantinople, écrivant au Souverain Pontife Hormisdas, dit qu’il faut prier pour que l’unité de l’Église soit conservée « par la grâce de la sainte et consubstantielle Trinité et par l’intercession de notre Sainte Souveraine, la glorieuse Vierge Marie Mère de Dieu » [13].

Un auteur de la même époque salue en ces termes solennels la Sainte Vierge, assise à la droite de Dieu, pour lui demander de prier pour nous : « Souveraine des mortels, très sainte Mère de Dieu » [14].

Saint André de Crète attribue plusieurs fois à la Vierge Marie la dignité de Reine ; il écrit par exemple : « (Jésus) transporte aujourd’hui hors de sa demeure terrestre la Reine du genre humain, Sa Mère toujours Vierge, dans le sein de laquelle, sans cesser d’être Dieu, Il a pris la forme humaine » [15]. Et ailleurs : « Reine de tout le genre humain, fidèle en réalité au sens de ton nom et qui, Dieu seul excepté, dépasse toute chose » [16].

Saint Germain salue en ces termes l’humble Vierge : « Assieds-toi, ô Souveraine, il convient en effet que tu sièges en haut lieu puisque tu es Reine et plus glorieuse que tous les rois » [17]. Il l’appelle aussi : « Souveraine de tous les habitants de la Terre » [18].

Saint Jean Damascène lui donne le nom de « Reine, Patronne, Souveraine »[19] et même de : « Souveraine de toute créature » [20] ; un ancien écrivain de l’Église Occidentale l’appelle : « heureuse Reine », « Reine éternelle près du Roi son Fils », elle dont « la tête blanche comme la neige est ornée d’un diadème d’or » [21].

Enfin Saint Ildefonse de Tolède unit presque tous ces titres d’honneur en cette salutation : « Ô ma Souveraine, Maîtresse suprême ; Mère de mon Souverain, tu règnes sur moi… Souveraine parmi les servantes, Reine parmi tes sœurs » [22].

À partir de ces témoignages et d’autres analogues, presque innombrables, qui remontent à l’antiquité, les théologiens de l’Église ont élaboré la doctrine selon laquelle ils appellent la Très Sainte Vierge, Reine de toutes les créatures, Reine du monde, Souveraine de l’Univers.

Les Pasteurs suprêmes de l’Église ont estimé de leur devoir d’approuver et d’encourager par leurs exhortations et leurs éloges la piété du peuple chrétien envers sa Mère du ciel et sa Reine. Aussi, sans parler des documents des Papes récents, rappelons simplement ceux-ci : dès le septième siècle Notre Prédécesseur Saint Martin Ier appelle Marie « Notre glorieuse Souveraine toujours Vierge » [23] ; Saint Agathon, dans son épître synodale aux Pères du sixième Concile œcuménique dit d’elle « notre Souveraine, vraiment Mère de Dieu au sens propre » [24] ; au huitième siècle, Grégoire II dans sa lettre au Patriarche Saint Germain, qui fut lue aux acclamations de tous les Pères du septième Concile œcuménique, lui donne le titre de « Souveraine universelle et vraie Mère de Dieu », et de « Souveraine de tous les chrétiens » [25].

Rappelons en outre que Notre Prédécesseur d’immortelle mémoire Sixte IV, mentionnant avec faveur la doctrine de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge dans sa Lettre Apostolique Cum praeexcelsa [26], commence par appeler Marie « Reine du ciel et de la terre » et affirme que le Roi suprême lui a en quelque sorte transmis Son pouvoir [27].

C’est pourquoi Saint Alphonse de Liguori rassemblant tous les témoignages des siècles précédents écrit avec grande piété : « Puisque la Vierge Marie a été élevée à la dignité si haute de Mère de Dieu, c’est à bon droit que l’Église lui à décerné le titre de Reine » [28].

Deuxième partie : preuves dans la Tradition liturgique et dans l’iconographie.

La sainte liturgie, qui est comme le fidèle miroir de la doctrine transmise par les anciens et crue par le peuple chrétien à travers les âges, tant en Orient qu’en Occident, a toujours chanté et chante encore sans cesse les louanges de la Reine des cieux.

De l’Orient retentissent ces accents fervents : « Ô Mère de Dieu, aujourd’hui tu as été transportée au ciel sur les chars des Chérubins, les Séraphins sont à ton service, et les légions des armées célestes s’inclinent devant toi » [29].

Et ceux-ci : « Ô juste, ô très heureux (Joseph), à cause de ton origine royale tu as été choisi entre tous pour époux de la Reine pure, qui enfantera merveilleusement le Roi Jésus » [30]. De même : « Je dirai un hymne à la Mère Reine, et je m’approcherai d’elle avec joie pour chanter dans l’allégresse ses merveilles… Ô Souveraine, notre langue ne peut te chanter dignement, parce que Tu es plus élevée que les Séraphins, Toi qui as engendré le Christ Roi… Salut, ô Reine du monde, salut, ô Marie, Souveraine de nous tous » [31].

Dans le Missel éthiopien, on lit : « Ô Marie, centre de l’univers. … Tu es plus grande que les Chérubins aux yeux innombrables et que les Séraphins aux six ailes… Le ciel et la terre sont entièrement remplis de ta sainteté et de ta gloire » [32].

L’Église latine chante la vieille et très douce prière du « Salve Regina » et les joyeuses antiennes « Ave, Regina cœlorum », « Regina cœli, laetare », celles aussi que l’on récite aux fêtes de la Sainte Vierge : « La Reine s’est assise à ta droite en vêtement d’or couvert d’ornements variés » [33] ; « Le ciel et la terre te célèbrent comme leur puissante Reine » [34] ; « Aujourd’hui la Vierge Marie est montée aux cieux : réjouissez-vous, car elle règne avec le Christ à jamais » [35].

Il faut y ajouter, entre autres, les Litanies de Lorette, qui invitent tous les jours le peuple chrétien à saluer plusieurs fois Marie du titre de Reine. De même, depuis bien des siècles, les chrétiens méditent sur l’empire de Marie qui embrasse le ciel et la terre, lorsqu’ils considèrent le cinquième mystère glorieux du Rosaire, que l’on peut appeler la couronne mystique de la Reine du ciel.

Enfin l’art basé sur les principes chrétiens et inspiré de leur esprit, interprétant exactement depuis le Concile d’Éphèse la piété authentique et spontanée des fidèles, représente Marie en Reine et en Impératrice, assise sur un trône royal, ornée d’insignes royaux, ceinte d’un diadème, entourée d’une cohorte d’Anges et de Saints, montrant qu’elle domine non seulement les forces de la nature mais aussi les attaques perverses de Satan. L’iconographie, pour traduire la dignité royale de la Bienheureuse Vierge Marie, s’est enrichie à toutes les époques d’oeuvres d’art de la plus grande valeur ; elle est même allée jusqu’à représenter le Divin Rédempteur ceignant le front de sa Mère d’une couronne éclatante.

Les Pontifes Romains n’ont pas manqué de favoriser cette dévotion populaire en couronnant souvent, de leurs propres mains ou par l’intermédiaire de Légats pontificaux, les images de la Vierge déjà remarquables par le culte public qu’on leur rendait.

Troisième partie : justifications théologiques. 

Comme Nous l’avons indiqué plus haut, Vénérables Frères, l’argument principal sur lequel se fonde la dignité royale de Marie, déjà évident dans les textes de la tradition antique et dans la sainte Liturgie, est sans aucun doute sa maternité divine. Dans les Livres Saints, en effet, on affirme du Fils qui sera engendré par la Vierge : « Il sera appelé Fils du Très-Haut et le Seigneur Dieu Lui donnera le trône de David, Son père, et Il régnera dans la maison de Jacob éternellement et Son règne n’aura pas de fin » (Luc I, 32-33) ; en outre, Marie est proclamée « Mère du Seigneur » [36]. Il s’ensuit logiquement qu’elle-même est Reine, puisqu’elle a donné la vie à un Fils qui, dès l’instant de sa conception, même comme homme, était, à cause de l’union hypostatique de la nature humaine avec le Verbe, Roi et Seigneur de toutes choses.

Saint Jean Damascène a donc raison d’écrire : « Elle est vraiment devenue la Souveraine de toute la création au moment où elle devint Mère du Créateur » [37] et l’Archange Gabriel lui-même peut-être appelé le premier héraut de la dignité royale de Marie.

Cependant la Bienheureuse Vierge doit être proclamée Reine non seulement à cause de sa maternité divine mais aussi parce que selon la volonté de Dieu, elle joua dans l’œuvre de notre salut éternel, un rôle des plus éminents. « Quelle pensée plus douce – écrivait Notre Prédécesseur d’heureuse mémoire, Pie XI – pourrait Nous venir à l’esprit que celle-ci : le Christ est notre Roi non seulement par droit de naissance mais aussi par un droit acquis, c’est-à-dire par la Rédemption ? Que tous les hommes oublieux du prix que nous avons coûté à notre Rédempteur s’en souviennent : « Vous n’avez pas été rachetés par l’or ou l’argent qui sont des biens corruptibles, … mais par le sang précieux du Christ, Agneau immaculé et sans tache » [38]. Nous n’appartenons donc plus à nous-mêmes, parce que c’est « d’un grand prix » [39], que « le Christ nous a rachetés » [40].

Dans l’accomplissement de la Rédemption, la Très Sainte Vierge fut certes étroitement associée au Christ ; aussi chante-t-on à bon droit dans la Sainte Liturgie : « Sainte Marie, Reine du ciel et maîtresse du monde, brisée de douleur, était debout près de la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ » [41]. Et un pieux disciple de Saint Anselme pouvait écrire au Moyen-âge : « Comme… Dieu, en créant toutes choses par sa puissance, est Père et Seigneur de tout, ainsi Marie, en restaurant toutes choses par ses mérites, est la Mère et la Souveraine de tout : Dieu est Seigneur de toutes choses parce qu’il les a établies dans leur nature propre par son ordre, et Marie est Souveraine de toutes choses en les restaurant dans leur dignité originelle par la grâce qu’elle mérita » [42]. En effet « Comme le Christ pour nous avoir rachetés est notre Seigneur et notre Roi à un titre particulier, ainsi la Bienheureuse Vierge est aussi notre Reine et Souveraine à cause de la manière unique dont elle contribua à notre Rédemption, en donnant sa chair à son Fils et en l’offrant volontairement pour nous, désirant, demandant et procurant notre salut d’une manière toute spéciale » [43].

De ces prémisses, on peut tirer l’argument suivant : dans l’œuvre du salut spirituel, Marie fut, par la volonté de Dieu, associée au Christ Jésus, principe de salut, et cela d’une manière semblable à celle dont Ève fut associée à Adam, principe de mort, si bien que l’on peut dire de notre Rédemption qu’elle s’effectua selon une certaine « récapitulation » [44] en vertu de laquelle le genre humain, assujetti à la mort par une vierge, se sauve aussi par l’intermédiaire d’une vierge ; en outre on peut dire que cette glorieuse Souveraine fut choisie comme Mère de Dieu précisément « pour être associée à Lui dans la rédemption du genre humain » [45] ; réellement « ce fut elle qui, exempte de toute faute personnelle ou héréditaire, toujours étroitement unie à son Fils, L’a offert sur le Golgotha au Père Éternel, sacrifiant en même temps son amour et ses droits maternels, comme une nouvelle Ève, pour toute la postérité d’Adam, souillée par sa chute misérable » [46] ; on pourra donc légitimement en conclure que, comme le Christ, nouvel Adam, est notre Roi parce qu’il est non seulement Fils de Dieu, mais aussi notre Rédempteur, il est également permis d’affirmer, par une certaine analogie, que la Sainte Vierge est Reine, et parce qu’elle est Mère de Dieu et parce que, comme une nouvelle Ève, elle fut, associée au nouvel Adam.

Sans doute, seul Jésus-Christ, Dieu et homme, est Roi, au sens plein, propre et absolu du mot ; Marie, toutefois, participe aussi à sa dignité royale, bien que d’une manière limitée et analogique, parce qu’elle est la Mère du Christ Dieu et qu’elle est associée à l’oeuvre du Divin Rédempteur dans sa lutte contre ses ennemis et dans son triomphe remporté sur eux tous. En effet par cette union avec le Christ Roi Elle atteint une gloire tellement sublime qu’elle dépasse l’excellence de toutes les choses créées : de cette même union avec le Christ, découle la puissance royale qui l’autorise à distribuer les trésors du Royaume du Divin Rédempteur ; enfin cette même union avec le Christ est source de l’efficacité inépuisable de son intercession maternelle auprès du Fils et du Père.

Aucun doute par conséquent que la Sainte Vierge ne dépasse en dignité toute la création et n’ait sur tous, après son Fils, la primauté. « Toi enfin – chante Saint Sophrone – tu as dépassé de loin toute créature. Que peut-il exister de plus élevé que cette grâce dont toi seule as bénéficié de par la volonté de Dieu ? » [47]. Et Saint Germain va encore plus loin dans la louange : « Ta dignité te met au dessus de toutes les créatures ; ton excellence te rend supérieure aux anges » [48]. Saint Jean Damascène ensuite en vient jusqu’à écrire cette phrase : « La différence entre les serviteurs de Dieu et Sa Mère est infinie » [49].

Pour nous aider à comprendre la dignité sublime que la Mère de Dieu a atteinte au dessus de toutes les créatures, nous pouvons considérer que la Sainte Vierge, depuis le premier instant de sa conception, fut comblée d’une telle abondance de grâces qu’elle dépassait la grâce de tous les Saints. Aussi – comme l’écrivait Notre Prédécesseur Pie IX d’heureuse mémoire, dans sa Bulle Ineffabilis Deus – « bien au dessus de tous les Anges et de tous les Saints », le Dieu ineffable « a enrichi Marie avec munificence de tous les dons célestes, puisés au trésor de la divinité ; aussi, toujours préservée des moindres souillures du péché, toute belle et parfaite, elle a atteint une telle plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut en imaginer de plus grande en dessous de Dieu et que jamais personne, sauf Dieu lui-même, ne réussira à la comprendre » [50].

En outre, la Bienheureuse Vierge n’a pas seulement réalisé le suprême degré, après le Christ, de l’excellence et de la perfection mais elle participe aussi en quelque sorte à l’action par laquelle on dit avec raison que son Fils, notre Rédempteur, règne sur les esprits et les volontés des hommes. En effet, si le Verbe opère les miracles et répand la grâce par le moyen de son humanité, s’il se sert des Sacrements et des Saints comme d’instruments pour le salut des âmes, pourquoi ne peut-il pas se servir de se Mère très Sainte pour nous distribuer les fruits de la Rédemption ? Vraiment c’est avec un coeur maternel comme dit encore Notre Prédécesseur Pie IX – que, traitant l’affaire de notre salut, elle se préoccupe de tout le genre humain, ayant été établie par le Seigneur Reine du ciel et de la terre et se trouvant exaltée au dessus de tous les chœurs des Anges et de tous les Saints du ciel à la droite de son Fils unique, Jésus-Christ Notre Seigneur : elle obtient audience par la puissance de ses supplications, maternelles, elle reçoit tout ce qu’elle demande et ne connaît jamais de refus [51]. À ce propos, un autre de Nos Prédécesseurs, Léon XIII d’heureuse mémoire, déclara que la Bienheureuse Vierge Marie dispose d’un pouvoir « presque sans limites » [52] pour concéder des grâces, et Saint Pie X ajoute que Marie remplit cet office « pour ainsi dire par droit maternel » [53].

Que tous les fidèles chrétiens se glorifient donc d’être soumis a l’empire de la Vierge Mère de Dieu qui dispose d’un pouvoir royal et brûle d’amour maternel.

Mais en traitant les questions qui regardent la Sainte Vierge, que les Théologiens et les Prédicateurs de la parole divine aient soin d’éviter ce qui les ferait dévier du droit chemin, pour tomber dans une double erreur ; qu’ils se gardent et des opinions privées de fondement, dont les expressions exagérées dépassent les limites du vrai, et d’une étroitesse d’esprit excessive quand il s’agit de cette dignité unique, sublime, et même presque divine de la Mère de Dieu, que le Docteur Angélique nous enseigne à lui attribuer « à cause du bien infini qu’est Dieu » [54].

Du reste, sur ce point de la doctrine chrétienne comme en d’autres, « la norme prochaine et universelle de la vérité » est, pour tous, le Magistère vivant de l’Église que le Christ a établi « également pour éclairer et expliquer ce qui, dans le dépôt de la foi, n’est contenu qu’obscurément et comme implicitement » [55].

Quatrième partie : institution de la fête de Marie Reine et exhortation.

Les monuments de l’antiquité chrétienne, les prières de la liturgie, le sens religieux inné du peuple chrétien, les œuvres d’art, nous ont fourni des témoignages qui affirment l’excellence de la Vierge Mère de Dieu en sa dignité royale ; Nous avons aussi prouvé que les raisons déduites par la théologie du trésor de la foi divine confirment pleinement cette vérité. De tant de témoignages cités, il se forme un concert dont l’écho résonne au loin pour célébrer le caractère suprême et la gloire royale de la Mère de Dieu et des hommes, « élevée désormais au royaume céleste au dessus des chœurs angéliques » [56].

De longues et mûres réflexions Nous ayant persuadé que si cette vérité solidement démontrée était rendue plus resplendissante aux yeux de tous – comme une lampe qui brille davantage quand elle est placée sur le candélabre – l’Église en recueillerait de grands fruits, par Notre autorité apostolique Nous décrétons et instituons la fête de Marie Reine, qui se célébrera chaque année dans le monde entier le 31 mai. Nous ordonnons également que, ce jour-là, on renouvelle la consécration du genre humain au Coeur Immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie. C’est là en effet que repose le grand espoir de voir se lever une ère de bonheur, où régneront la paix chrétienne et le triomphe de la religion.

Que tous s’approchent donc avec une confiance plus grande qu’auparavant, du trône de miséricorde et de grâce de notre Reine et Mère, pour demander le secours dans l’adversité, la lumière dans les ténèbres, le réconfort dans la douleur et les larmes ; qu’ils s’efforcent surtout de s’arracher à la servitude du péché et qu’ils offrent un hommage incessant, pénétré de la ferveur d’une dévotion filiale, à la royauté d’une telle Mère.

Que ses Sanctuaires soient fréquentés et ses fêtes célébrées par la foule des fidèles ; que la pieuse couronne du Rosaire soit dans toutes les mains et que, pour chanter ses gloires, elle rassemble dans les églises, les maisons, les hôpitaux, les prisons, aussi bien de petits groupes que de grandes assemblées de fidèles. Que le nom de Marie plus doux que le nectar, plus précieux que n’importe quelle gemme soit l’objet des plus grands honneurs ; que personne ne prononce de blasphèmes impies, signe d’une âme corrompue, contre un nom qui brille d’une telle majesté et que la grâce maternelle rend vénérable ; qu’on n’ose même rien dire qui trahisse un manque de respect à son égard.

Que tous s’efforcent selon leur condition de reproduire dans leur coeur et dans leur vie, avec un zèle vigilant et attentif, les grandes vertus de la Reine du Ciel, Notre Mère très aimante. Il s’ensuivra en effet que les chrétiens, en honorant et imitant une si grande Reine, se sentiront enfin vraiment frères et, bannissant l’envie et les désirs immodérés des richesses, développeront la charité sociale, respecteront les droits des pauvres et aimeront la paix. Que personne donc ne se croie fils de Marie, digne d’être accueilli sous sa puissante protection, si, à son exemple, il ne se montre doux, juste et chaste, et ne contribue avec amour à la vraie fraternité, soucieuse non de blesser et de nuire, mais d’aider et de consoler.

En bien des régions du globe, des hommes sont injustement poursuivis pour leur profession de foi chrétienne et privés des droits humains et divins de la liberté ; pour écarter ces maux, les requêtes justifiées et les protestations répétées sont jusqu’à présent restées impuissantes. Veuille la puissante Souveraine des choses et des temps qui, de son pied virginal, sait réduire les violences, tourner ses yeux de miséricorde dont l’éclat apporte le calme, éloigne les nuées et les tempêtes, vers ses fils innocents et éprouvés ; qu’elle leur accorde à eux aussi de jouir enfin sans retard de la liberté qui leur est due, pour qu’ils puissent pratiquer ouvertement leur religion, et que, tout en servant la cause de l’Évangile, ils contribuent aussi par leur collaboration et l’exemple éclatant de leurs vertus au milieu des épreuves, à la force et au progrès de la cité terrestre.

Nous pensons également que la Fête instituée par cette Lettre Encyclique afin que tous reconnaissent plus clairement et honorent avec plus de zèle l’empire clément et maternel de la Mère de Dieu, peut contribuer grandement à conserver, consolider et rendre perpétuelle la paix des peuples, menacée presque chaque jour par des événements inquiétants. N’est-Elle pas l’arc-en-ciel posé sur les nuées devant Dieu en signe d’alliance pacifique ? (Cf. Gen. IX, 13). « Regarde l’arc et bénis celui qui l’a fait ; il est éclatant de splendeur ; il embrasse le ciel de son cercle radieux et les mains du Très-Haut l’ont tendu » (Eccl, XLIII, 12-13). Que quiconque honore donc la Souveraine des Anges et des hommes – et personne ne doit se croire exempté de ce tribut de reconnaissance et d’amour – l’invoque aussi comme la Reine très puissante, médiatrice de paix : qu’il respecte et défende la paix qui n’est ni injustice impunie ni licence effrénée, mais concorde bien ordonnée dans l’obéissance à la volonté de Dieu ; c’est à la conserver et à l’accroître que tendent les exhortations et les ordres maternels de la Vierge Marie.

Vivement désireux que la Reine et Mère du peuple chrétien accueille ces voeux et réjouisse de sa paix la terre secouée par la haine et, après cet exil, nous montre à tous Jésus qui sera notre paix et notre joie pour l’éternité, à vous Vénérables Frères et à vos fidèles, Nous accordons de tout coeur, comme gage du secours du Dieu tout-puissant et comme preuve de Notre affection, la Bénédiction Apostolique.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, en la fête de la Maternité de la Vierge Marie, le 11 octobre 1954, seizième année de Notre Pontificat.

PIE XII, Pape.

Armoiries de Pie XII

Notes :

  1. Cfr. Constitutio Apostolica Munificentissirnus Deus A. A. S. XXXXII. 1950, p. 753 sq.[]
  2. Cfr. Litt. Enc. Fulgens corona ; A. A. S. XXXXV, 1953, p. 577 sq.[]
  3. Cfr. A. A. S. XXXVIII, 1946, p. 264 sq.[]
  4. Cfr. L’Osservatore Romano, d. 19 Maii, a. 1946.[]
  5. Cfr. Lc. I, 32, 33.[]
  6. S. EPHRAEM, Hymni de B. Maria, ed. Th. J. Lamy, t. II, Mechliniae, 1886, hymn. XIX, p. 624.[]
  7. Idem, Oratio ad Ssmam Dei Matrem ; Opera omnia, Ed. Assemani, t. III (graece), Romae, 1747, pag. 546.[]
  8. S. GREGORIUS NAZ., Poemata dogmatica, XVIII. v. 58 : P. G. XXXVII, 485.[]
  9. PRUDENTIUS, Dittochaeum, XXVII : P. L. LX, 102 A.[]
  10. Hom. in S. Lucam, hom. VII ; ed. Rauer, Origenes’ Werke, T. IX, p. 48 (ex catena Macarii Chrysocephali). Cfr. P. G. XIII, 1902 D.[]
  11. S. HIERONYMUS, Liber de nominibus hebraeis : P. L. XXIII, 886.[]
  12. S. PETRUS CHRYSOLOGUS, Sermo 142, De Annuntiatione B. M. V. : P. L. LII, 579 C ; cfr. etiam 582 B ; 584 A : « Regina totius exstitit castitatis ».[]
  13. Relatio Epiphanii Ep. Constantin. : P. L. LXIII, 498 D.[]
  14. Encomium in Dormitionem Ssmae Deiparae (inter opera S. Modesti) : P. G. LXXXVI, 3306 B.[]
  15. S. ANDREAS CRETENSIS, Homilia II in Dormitionem Ssmae Deiparae : P. G. XCVII, 1079 B.[]
  16. Id., Homilia III in Dormitionem Ssmae Deiparae : P. G. XCVII, 1099 A.[]
  17. S. GERMANUS, In Praesentationem Ssmae Deiparae, I : P. G. XCVIII, 303 A.[]
  18. Id., In Praesentationem Ssmae Deiparae, II : P. G. XCVIII, 315 C.[]
  19. S. IOANNES DAMASCENUS, Homilia I in Dormitionem B. M. V. : P.G. XCVI, 719 A.[]
  20. Id., De fide orthodoxa, I, IV, c. 14 : P. G. XLIV, 1158 B.[]
  21. De laudibus Mariae (inter opera Venantii Fortunati) : P. L. LXXXVIII, 282 B et 283 A.[]
  22. ILDEFONSUS TOLETANUS, De virginitate perpetua B. M. V. : P. L. XCVI, 58 A D.[]
  23. S. MARTINUS I, Epist. XIV : P. L. LXXXVII, 199-200 A.[]
  24. S. AGATHO : P. L. LXXXVII, 1221 A.[]
  25. HARDOUIN, Acta Conciliorum, IV, 234 ; 238 ; P. L. LXXXIX, 508 B.[]
  26. XYSTUS IV, Bulla Cum praeexcelsa, d. d. 28 Febr. a. 1476.[]
  27. BENEDICTUS XIV, Bulla Gloriosae Dominae, d. d. 27 Sept. a. 1748.[]
  28. S. ALFONSO, Le glorie di Maria, p. I, c. I, § 1.[]
  29. Ex liturgia Armenorum : in festo Assumptionis, hymnus ad Matutinum.[]
  30. Ex Menaeo (byzantino) : Dominica post Natalem, in Canone, ad Matutinum.[]
  31. Officium hymni ‘Akatistos (in ritu byzantino).[]
  32. Missale Aethiopicum, Anaphora Dominae nostrae Mariae, Matris Dei.[]
  33. Brev. Rom., Versicutus sexti Respons.[]
  34. Festum Assumptionis ; hymnus Laudum.[]
  35. Ibidem, ad Magnificat II Vesp.[]
  36. Lc I, 43[]
  37. S. IOANNES DAMASCENUS, De fide orthodoxa, l. IV, c. 14, P. G. XCIV, 1158 s. B.[]
  38. I Petr. I, 18, 19.[]
  39. I Co, VI, 20.[]
  40. PIUS XI, Litt. Enc. Quas primas : A. A. S. XVII, 1925, p. 599.[]
  41. Festum septem dolorum B. Mariae Virg., Tractus.[]
  42. EADMERUS, De excellentia Virginis Mariae, c. 11 : P. L. CLIX, 508 A B.[]
  43. F. SUAREZ, De mysteriis vitae Christi, disp. XXII, sect. II (ed. Vivès, XIX, 327).[]
  44. S. IRENAEUS, Adv. haer., V, 19, 1 : P. G. VII, 1175 B.[]
  45. PIUS XI, Epist. Auspicatus profecio A. A. S. XXV, 1933, p. 80.[]
  46. PIUS XII, Litt. Enc. Mystici Corporis : A. A. S. XXXV, 1943, p. 247.[]
  47. S. SOPHRONIUS, In Annuntiationem Beatae Mariae Virg. P. G. LXXXVII, 3238 D ; 3242 A.[]
  48. S. GERMANUS, Hom. II in Dormitionem Beatae Mariae Virginis : P. G. XCVIII, 354 B.[]
  49. S. IOANNES DAMASCENUS, Hom. I in Dormitionem Beatae Mariae Virginis : P. G. XCVI, 715 A.[]
  50. PIUS IX, Bulla Ineffabilis Deus : Acta Pii IX, I, p. 597-598.[]
  51. Ibid. p. 618.[]
  52. LEO XIII, Litt. Enc. Adiutricem populi : A. S. S., XXVIII, 1895-1896, p.130.[]
  53. PIUS X, Litt. Enc. Ad diem illum : A. S. S., XXXVI, 1903-1904, p. 455.[]
  54. S. THOMAS, Summa Theol., I, q. 25, a. 6, ad 4.[]
  55. PIUS XII, Litt. Enc. Humani generis : A. A. S., XLII, 1950, p. 569.[]
  56. Ex Brev. Rom. : Festum Assumptionis Beatae Mariae Virginis.[]

Pour méditer le Chemin de la Croix avec la Mère des Douleurs.

       Voici le texte d’un « Chemin de Croix » relativement court, mais qui, justement en raison de la brièveté des textes proposés comme point de départ des méditations, permet à chacun d’intérioriser dans la contemplation et le silence le mystère divin proposé à chacune des stations de la « via dolorosa », vécue en union avec la Très Sainte Mère des Douleurs.
Je l’ai écrit à l’intention spéciale des Amis du
Refuge Notre-Dame de Compassion à l’occasion de la Semaine Sainte 2022, afin qu’il soit le socle de moments d’intimité silencieuse avec Notre-Seigneur et Notre-Dame des Douleurs, sans se perdre dans de « hautes » considérations mais en se référant à tout moment au concret de nos vies quotidiennes…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Déploration par Bernardino Lanino

Bernardino Lanino (1512-1583) : Déploration sur le Christ mort

Prière préparatoire :

   O Jésus, notre doux Sauveur, me voici humblement prosterné à vos pieds, afin d’implorer votre infinie miséricorde, pour moi, pour les pécheurs, pour les mourants, et pour les âmes des fidèles trépassés. Daignez m’appliquer les mérites de Votre sainte Passion, que je vais méditer.
O Notre-Dame des Sept Douleurs, daignez m’inspirer les sentiments de compassion et d’amour avec lesquels vous avez, la première, suivi votre divin Fils, dans la voie douloureuse du Calvaire.

Avant chaque station :
V/ Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

R/ Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix.

Après chaque station :
Pater noster. Ave Maria. Gloria Patri.
V/ Ayez pitié de nous, Seigneur.

R/ Ayez pitié de nous.
V/Que par la miséricorde de Dieu les âmes des fidèles trépassés reposent en paix.
R/ Ainsi soit-il

1ère station : Jésus est condamné à mort.

   O Très Sainte Vierge Marie, voici que votre Fils, celui auquel vous avez donné la vie, est condamné à mort. Ce sont nos propres péchés qui L’ont condamné, Lui qui n’en a jamais commis : mais Il est l’Agneau de Dieu qui a pris sur Lui nos fautes et a voulu paraître comme le coupable universel devant la justice divine offensée.
Vous êtes là, auprès de Jésus, pour souffrir avec Lui et pour vous associer à sa grande mission de Sauveur. Aidez-nous à dire, comme vous, un non ferme et résolu à toutes les formes du péché, puisqu’il empêche la grâce méritée par Votre divin Fils de demeurer et de croître dans nos âmes.

2ème station : Jésus est chargé de la croix.

   O Mère du divin Rédempteur, Jésus Lui-même nous a dit : « Si quelqu’un veut être Mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il Me suive ». Toute votre vie nous montre combien vous-même, sa propre Mère, avez été Sa parfaite disciple, pratiquant en toutes choses l’abnégation et portant la Croix à Sa suite. Apprenez-nous à accepter toutes les petites croix de chaque jour, et à embrasser avec générosité tous les sacrifices qui se présentent à nous, afin de parvenir nous aussi à L’aimer comme vous L’avez aimé.

3ème station : Jésus tombe une première fois.

   O Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Jésus, votre Fils trébuche et tombe, accablé par le poids de nos péchés. Mais Il se relève pour aller jusqu’au bout de Sa mission salvatrice.
Chacun de nos péchés est une chute, qui fait un mal profond à notre âme. Vous êtes invoquée comme Notre-Dame de la Sainte Espérance : enseignez-nous à nous relever comme Jésus nous en donne ici l’exemple ! Prenez-nous par la main et remettez-nous debout pour avancer malgré tout sur le chemin du ciel.

4ème station : Jésus rencontre Sa Très Sainte Mère.

   En rencontrant votre Fils sur le chemin du calvaire, ô très douce Vierge Marie, votre âme a ressenti avec une terrible acuité ce glaive de douleur qui vous avez été prédit par le vieillard Siméon. Depuis la salutation de l’archange au jour de l’annonciation, toute votre vie n’a été que la parfaite continuation de votre réponse d’alors : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole ». Vous le dites encore à Jésus, en silence, dans cette terrible rencontre. Vous ne vous mettez pas en travers de Sa route, mais vous êtes là pour Lui dire : « Humble servante de Votre volonté sainte, je Vous accompagnerai jusqu’au bout, ô mon divin Enfant ! »
Mère très affligée, priez pour que nous ne nous opposions jamais aux divines volontés de votre Fils, quoi qu’il puisse nous en coûter.

5ème station : Jésus reçoit l’aide du Cyrénéen.

   Sainte Mère de Dieu, ainsi que l’a fait Simon de Cyrène, chacun de nous peut venir en aide à votre divin Fils. Nous pouvons même faire davantage, puisque lui fut réquisitionné alors que nous pouvons, nous, nous porter volontaires pour collaborer à Sa mission de Sauveur et de Sanctificateur des âmes.
A votre exemple, nous voudrions nous aussi venir volontairement en aide à Jésus. Pour cela, il ne nous suffit pas seulement d’accepter avec une résignation passive, mais de nous livrer et d’offrir avec enthousiasme à chacune des occasions de sacrifice qui se présentent ! Notre-Dame du oui, nous nous remettons entre vos mains pour mieux appartenir à Jésus ; nous nous consacrons totalement à vous, pour arriver par vous à dire toujours et en toutes choses oui à Jésus.

6ème station : Sainte Véronique essuie la Face ensanglantée de Jésus.

   Très Sainte Vierge réparatrice, votre Fils a miraculeusement imprimé sur le voile de Sainte Véronique l’image de Son Visage sacré, pour la récompenser de son courage et de sa fidélité : nous vous prions aujourd’hui de nous permettre d’entendre en vérité Ses appels à la réparation et de nous inspirer les réponses que nous pouvons concrètement y apporter, quand tant de chrétiens et tant de consacrés négligent d’y répondre. Nous savons que Jésus ne se laissera pas vaincre en générosité et qu’Il imprimera en notre âme les traits de Sa divine ressemblance, pour nous fortifier dans les voies, si pénibles pour notre nature peu encline à porter la souffrance, où nous pourrons consoler Son Cœur de toutes les indifférences, mépris et sacrilèges dont Il est abreuvé.

7ème station : Jésus tombe pour la deuxième fois.

   O très pure Vierge Marie, Jésus, votre Fils tombe à nouveau sous le poids de nos péchés… Pourquoi cette chute ? Parce que je retombe moi-même souvent dans mes erreurs coupables !
Mais Il Se relève encore, et c’est pour nous rappeler que si nous tombons souvent il est tout aussi souvent disposé à pardonner à ceux qui s’humilient et reviennent vers Lui avec douleur et contrition.
Mère compatissante, faites-vous toujours notre avocate, et obtenez-nous la grâce de ne jamais différer le moment de la contrition sincère et d’une salutaire confession.

8ème station : Jésus s’adresse aux femmes de Jérusalem qui se lamentent.

   Très Sainte Vierge Marie, alors que votre Fils s’adresse aux femmes de Jérusalem pour les inviter à ne pas verser de larmes de pur sentiment sur Lui, mais à pleurer sur la cause de Ses souffrances, c’est-à-dire le péché, accordez-moi de profiter pleinement de cette leçon et de savoir à mon tour la transmettre au monde qui se lamente sur les effets dont il approuve les causes et refuse de s’amender.
Reine du monde, et – à un degré tout particulier – Reine de France, présentez à Jésus vos incommensurables douleurs, pour obtenir au monde et à la France les grâces de véritable conversion sans laquelle ils courront à l’abîme !

9ème station : Jésus tombe une troisième fois.

   Notre-Dame du Perpétuel Secours, Mère de Jésus et notre Mère, votre Fils innocent tombe encore ! Il n’est plus pourtant qu’à une faible distance du sommet de la colline du Golgotha. Et même si, à chaque fois Ses douleurs – et la vôtre – se font plus intenses et plus vives, Il rassemble encore toutes Ses forces pour Se relever et aller jusqu’au bout de Son chemin d’humiliations et de souffrances.
Pourquoi est-il encore tombé ? Parce que, malgré mes meilleures résolutions et mes efforts sincères, je tombe encore moi aussi, et que dans mes chutes je suis porté à me décourager et à abandonner. Il Se relève donc pour me relever avec Lui et me donner, en ce moment précis, des grâces de courage et de persévérance. Vierge très forte, Vierge très prudente, Vierge persévérante et Victorieuse de toutes les embûches de l’ennemi qui veut nous empêcher de nous relever, priez pour nous, priez pour moi !

10ème station : Jésus est dépouillé de Ses vêtements.

   Marie Immaculée, Vierge très chaste, notre Mère très pure, combien vous souffrez de voir ainsi votre Fils mis à nu devant ceux qui moquent et raillent ! Jésus a consenti pleinement à cette nouvelle humiliation, en même temps que l’arrachage impitoyable de Ses vêtements ravive toutes les souffrances de Sa Flagellation, pour expier toutes les fautes liées à nos sensualités coupables.
O Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui sommes couverts de la honte de nos péchés : purifiez-nous dans l’effusion salutaire du Très Précieux Sang de votre Fils qui coule ici en telle abondance et que Sa divine puissance nous rende forts contre les attaques de l’esprit d’impureté.

11ème station : Jésus est cloué sur la croix.

   Notre-Dame de Compassion, chacun des coups qui enfoncent dans les mains et les pieds de votre Fils les clous qui le rivent impitoyablement au bois de Son supplice, retentit avec un effrayant poids de souffrance dans votre cœur maternel. Mais vous ne vous plaignez pas et vous faites pleinement vôtre la prière de Jésus en cet instant : « Mon Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ! »
Médiatrice du pardon et avocate des pécheurs, A ce moment, tous les hommes sont devenus vos enfants et vous les aimez tous bien plus qu’une mère ne peut les aimer. Si une mère aime ses enfants, comment un enfant ne peut-il aimer sa mère. Faites nous vous aimer et conduisez nous, dans l’amour, à votre divin fils Jésus.

12ème station : Jésus meurt sur la croix.

   Après trois heures d’agonie, dans un grand cri, Jésus rend Son âme à Son Père. Et vous, Ô Marie, bien qu’ayant vécu dans une étroite communion toutes les souffrances de Jésus, vous n’avez même pas la consolation de rendre le dernier soupir en même temps que Lui ! Au pied de cette croix d’infamie et de gloire, et sans goûter la mort, vous avez enduré davantage que tous les tourments de tous les martyrs de tous les temps réunis !
Mère très douloureuse, Mère très affligée, Reine des martyrs – et désormais notre Mère -, parce que vous avez tout souffert avec Jésus et en Jésus, vous êtes à tout jamais la fontaine de toute consolation en laquelle nous devons venir puiser les grâces de notre fidélité chrétienne, avec la force de gravir sous votre conduite le difficile chemin de l’union parfaite avec Jésus.

13ème station : Jésus, descendu de la croix, est remis à sa Très Sainte Mère.

   Notre-Dame des Sept-Douleurs, Vierge de Piété, votre Enfant divin repose encore quelques instants entre vos bras : toutes Ses plaies sont gravées dans vos yeux de Mère, et – plus encore – dans votre âme de co-rédemptrice. Tout est accompli de ce que l’archange vous avez fait comprendre au jour de l’Annonciation. Tout est accompli des prophéties concernant notre salut. Ceux qui ne se sauvent pas, ceux qui ne se sauveront pas ne le doivent qu’à la malice de leur volonté et de leurs actes : du côté de Dieu, tout est accompli !
Pour que nous n’ayons pas le malheur de laisser les grâces de Dieu sans fruit dans nos vies, gravez profondément dans nos cœurs le souvenir vivant et continu des Saintes Plaies de Jésus telles que vous les avez contemplées pour qu’elles nous aident à fixer profondément en notre volonté la mâle résolution d’éviter l’enfer et de gagner le ciel.

14ème station : Jésus est déposé dans le sépulcre.

   C’est vous, ô Marie, qui, assistée par le petit groupe des derniers fidèles, avez déposé le corps adorable de Jésus dans le tombeau. Son âme est descendue aux enfers où les justes de l’Ancien Testament acclament déjà Sa victoire. Dans le grand silence de votre cœur où la vive flamme de la foi et de l’espérance brûle indéfectiblement, vous veillez désormais dans l’attente de la très certaine résurrection de votre Fils, notre Rédempteur.
Dans votre prière, Sainte Mère des Douleurs, redites-vous en ce moment : « Le Puissant a fait pour moi de grandes choses, et saint est Son Nom » ?

Votre action de grâces pour les bienfaits de cette horrible et bienheureuse Passion de votre Fils, doit maintenant devenir la nôtre, et, avec votre aide, ô Marie – juvante Maria ! – nous prenons aujourd’hui la résolution de faire que toute notre vie, en toutes circonstances, soit action de grâces à Jésus pour Ses incommensurables bienfaits.

Prières finales :

   O Dieu, dans la Passion duquel, suivant la prophétie de Siméon, un glaive de douleur a transpercé le Cœur immaculé de la toute glorieuse Vierge Marie, votre Mère, accordez-nous, dans votre miséricorde, que vénérant et méditant sans cesse le souvenir de ses douleurs, nous éprouvions, maintenant et à l’heure de notre mort, les heureux fruits de sa compassion : ô Vous qui étant Dieu, avec le Père et le Saint-Esprit, vivez et régnez pour les siècles des siècles.

Ainsi soit-il.

Coeur de Marie aux sept glaives

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