Archive pour la catégorie 'De Maria numquam satis'

Acte de donation à la Très Sainte Vierge Marie.

Samedi 20 octobre 2012.

En ce 20 octobre, jour de la fête de Marie « Mater Admirabilis » (Mère admirable), selon le vocable donné par le Bienheureux Pie IX à la peinture murale représentant la Vierge adolescente dans l’une des galeries du couvent de la Trinité des Monts, à Rome (voir ici l’histoire de cette sainte image > www), je suis heureux de vous recopier le texte d’une prière de donation à la Très Sainte Vierge que j’ai découvert – non sans émotion – à l’intérieur d’un ancien livre de prière, sur un feuillet manuscrit parfaitement calligraphié par une moniale Visitandine (cette prière est signée de ces seuls mots : « votre petite enfant reconnaissante… »).

Acte de donation à la Très Sainte Vierge Marie. dans De Maria numquam satis limage-de-marie-copie

Voici donc le texte de cet acte de donation à la Très Sainte Vierge
(la ponctuation et les majuscules d’origine ont été respectées) 

O Marie! admirable Mère de Jésus et mon aimable Mère! puissante Souveraine de l’univers et mon aimable Souveraine! me voici à vos pieds avec une joie d’enfant, pour me donner à vous! à vous, ô ma Bien Aimée, avec tout ce que je suis, tout ce que j’ai, tout ce que je possède et pourrai acquérir dans l’ordre de la nature et de la grâce.
Je me remets entre vos mains d’une manière si parfaite, ô ma Mère! ô Vie de mon âme! que non seulement je n’aie plus rien après vous avoir tout donné, mais encore qu’à tout jamais, dans le temps, dans l’éternité, je ne puisse plus rien avoir : mon âme, avec ses facultés, ses affections, ses espérances, mon corps avec ses sens et sa vie corruptible : tout mon être, sans la moindre réserve, sans le moindre retour, étant, dès à présent, livré à vous, abandonné à vous, à votre Direction maternelle, à votre Providence pleine d’amour.
Aujourd’hui en particulier, je vous donne toutes mes pensées, tous mes sentiments, toutes mes oeuvres de religion, de charité, de pénitence…
Je ne suis plus à moi, ô Marie, je suis à vous.
Mais, ô ma ravissante Mère! quelque absolue que soit ma donation, mon désir, mon vouloir ne peuvent suffire aux besoins de mon coeur, à mon extrême amour.
C’est pourquoi, vous qui êtes si bonne, ô ma Souveraine, faites, je vous prie, mieux encore que je ne puis faire moi-même.
Daignez m’attacher et m’unir à vous, me faire votre bien, m’enclore en vos pouvoirs et privilèges de la manière la plus intime, la plus absolue, la plus irrévocable, de la manière que vous connaissez seule, et que je ne connais pas, de sorte que je sois à vous et que je vous serve non seulement par mes actions, mais encore par un état spécial et une condition nouvelle, dans lesquels vous m’aurez vous-même établi.
O Jésus! Fils du Dieu éternel et Fils de Marie! qui unissez par votre grâce miséricordieuse nos âmes à votre aimable Mère, daignez me tenir et considérer désormais comme son serviteur et son esclave d’amour, daignez être vous-même, ô Lien de tous les coeurs! l’indissoluble lien de mon coeur au Coeur très aimant de votre Mère.
O Jésus! ô mon Bien! ô mon Tout! je vous demande cette précieuse grâce, avec toute l’ardeur dont mon pauvre coeur est capable ; je vous la demande pour la vie, pour l’heure de la mort et pour toute l’éternité.

Ainsi soit-il!

acte-donation-marie consécration dans Prier avec nous

(début du feuillet manuscrit original de la prière copiée ci-dessus) 

2012-58. Sans Dieu, l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et sur l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être.

 

Homélie prononcée par notre Saint-Père le Pape Benoît XVI
au cours de la Messe célébrée le 4 octobre 2012
sur le parvis de la basilique de Lorette.

Jeudi 4 octobre 2012,
Fête de Saint François d’Assise.

2012-58. Sans Dieu, l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et sur l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être. dans De liturgia Lorette-4-oct-2012-a-300x171

Lorette, 4 octobre 2012 : le parvis de la basilique pour la Messe du Souverain Pontife
(saisie d’écran de la TV Vaticane – cliquer sur l’image pour la voir en grand) 

Ce matin, notre Saint-Père le Pape Benoît XVI s’est rendu en pèlerinage à Lorette (Loreto), dans la Marche d’Ancône.
Après avoir été accueilli par les autorités religieuses et civiles sur le parvis de la basilique, le Souverain Pontife s’est recueilli dans la Sainte Maison de l’Incarnation du Verbe (cf. les explications que j’avais publiées ici en décembre 2007 > www), puis il a célébré la Sainte Messe devant une assistance recueillie.
Autant que j’ai pu en juger, le Pape à son arrivée montrait un visage marqué par la fatigue ; il semble avoir maigri. Pour entrer dans la Santa Casa, il s’appuyait sur une canne.
Après la Sainte Messe toutefois, il paraissait avoir davantage de forces et les traits de son visage donnaient l’impression d’être moins creusés.

Lorette-4-oct-2012-g 4 octobre 2012 dans De Maria numquam satis

Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI se recueillant après la sainte communion
Lorette, le 4 octobre 2012
(saisie d’écran de la TV Vaticane) 

Au cours de la Sainte Messe, le Souverain Pontife a prononcé l’homélie suivante :

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l’épiscopat,
Chers frères et sœurs !

Le 4 octobre 1962, le bienheureux Jean XXIII est venu en pèlerinage dans ce sanctuaire pour confier à la Vierge Marie le concile oecuménique Vatican II, qui devait être inauguré une semaine plus tard. Lui qui nourrissait une dévotion filiale et profonde à la Vierge s’est tourné vers elle avec ces mots : «Aujourd’hui encore une fois, et au nom de tout l’épiscopat, à Vous, très douce mère, que l’on salue du titre de « Auxilium Episcoporum », Nous demandons pour Nous, évêque de Rome et pour tous les évêques du monde entier de Nous obtenir la grâce d’entrer dans la salle conciliaire de la basilique Saint-Pierre comme sont entrés les Apôtres et premiers disciples de Jésus dans le Cénacle : avec un seul cœur, un seul battement d’amour envers le Christ et les âmes, un seul but de vivre et de se sacrifier pour le salut des individus et des peuples. Ainsi, que par votre intercession maternelle, dans les années et les siècles à venir, on puisse dire que la grâce de Dieu a préparé, accompagné et couronné le vingtième Concile Œcuménique, en donnant à tous les fils de la Sainte Église une nouvelle ferveur, un nouvel élan de générosité et de fermes résolutions» (AAS 54 (1962), 727).

À cinquante ans de distance, après avoir été appelé par la divine Providence à succéder au siège de Pierre à ce Pape inoubliable, je suis venu ici moi aussi en pèlerin pour confier à la Mère de Dieu deux importantes initiatives ecclésiales : l’Année de la Foi, qui s’ouvrira dans une semaine, le 11 octobre, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II, et l’Assemblée ordinaire du Synode des Evêques que j’ai convoquée au mois d’octobre sur le thème «La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne».

Chers amis ! À vous tous j’adresse mon plus cordial salut. Je remercie l’archevêque de Lorette, Mgr Giovanni Tonnuci, pour ses chaleureuses paroles d’accueil. Je salue les autres évêques présents, les prêtres, les pères Capucins, qui ont la charge pastorale du sanctuaire, et les religieuses. J’adresse une pensée respectueuse au maire, M. Paolo Nicoletti, que je remercie pour ses paroles courtoises, au représentant du gouvernement et aux autorités civiles et militaires présentes. Ma reconnaissance va aussi à tous ceux qui ont offert généreusement leur collaboration pour la réalisation de mon pèlerinage ici.

Comme je le rappelais dans la Lettre Apostolique de promulgation de l’ Année de la Foi, «j’entends inviter les confrères Évêques du monde entier à s’unir au Successeur de Pierre, en ce temps de grâce spirituelle que le Seigneur nous offre, pour faire mémoire du don précieux de la foi.»  (Porta Fidei, 8 voir > www). Et justement ici à Lorette, nous avons l’opportunité de nous mettre à l’école de Marie, de celle qui a été proclamée bienheureuse parce qu’elle a cru (Luc. I, 45).Ce sanctuaire, construit autour de sa maison terrestre, abrite la mémoire du moment où l’Ange du Seigneur est venu à Marie avec la grande annonce de l’Incarnation, et où elle a donné sa réponse. Cette humble habitation est un témoignage concret et tangible du plus grand évènement de notre histoire : l’Incarnation, le Verbe qui se fait chair, et Marie, la servante du Seigneur est la voie privilégiée par laquelle Dieu est venu habiter parmi nous (cf. Joan. I, 14). Marie a offert sa propre chair, s’est mise tout entière à disposition de la volonté de Dieu, devenant un «lieu» de sa présence, «lieu» dans lequel demeure le Fils de Dieu. Ici, nous pouvons rappeler la parole du Psaume par laquelle, d’après la Lettre aux Hébreux, le Christ a commencé sa vie terrestre en disant au Père : «Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, Mais tu m’as formé un corps… Alors j’ai dit : Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté» (X, 5.7). Marie prononce des paroles similaires devant l’Ange qui lui révèle le plan de Dieu sur elle : «Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole» (Luc. I, 38). La volonté de Marie coïncide avec la volonté du Fils dans l’unique projet d’amour du Père, et en elle, s’unissent le ciel et la terre, le Dieu créateur et sa créature. Dieu devient homme, et Marie se fait «maison vivante» du Seigneur, temple où habite le Très-Haut. Ici à Lorette, il y a cinquante ans, le Bienheureux Jean XXIII invitait à contempler ce mystère, à «réfléchir sur ce lien entre le ciel et la terre, qui est l’objectif de l’Incarnation et de la Rédemption», et il continuait en affirmant que le Concile avait pour but d’étendre toujours plus les bienfaits de l’Incarnation et la Rédemption du Christ à toutes les formes de la vie sociale (cf. AAS54, (1962), 724). C’est une invitation qui résonne encore aujourd’hui avec une force particulière. Dans la crise actuelle, qui ne concerne pas seulement l’économie, mais plusieurs secteurs de la société. L’Incarnation du Fils de Dieu nous dit combien l’homme est important pour Dieu et Dieu pour l’homme. Sans Dieu, l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et sur l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être. Il faut revenir à Dieu pour que l’homme redevienne homme. Avec Dieu, même dans les moments difficiles, de crise, apparaît un horizon d’espérance : l’Incarnation nous dit que nous ne sommes jamais seuls, que Dieu entre dans notre humanité et nous accompagne.

Mais la demeure du Fils de Dieu dans la «maison vivante», dans le temple qu’est Marie nous amène à une autre réflexion : là où habite Dieu, nous devons reconnaître que nous sommes tous «à la maison» : là où habite le Christ, ses frères et sœurs ne sont plus des étrangers. Marie, qui est la mère du Christ et aussi notre mère, nous ouvre la porte de sa maison, nous aide à entrer dans la volonté de son Fils. C’est la foi, ainsi, qui nous donne une maison en ce monde, qui nous unit en une seule famille et qui nous rend tous frères et sœurs. En contemplant Marie, nous devons nous demander si nous aussi nous voulons être ouverts au Seigneur, si nous voulons offrir notre vie pour qu’elle soit une demeure pour Lui ; ou si nous avons peur que la présence du Seigneur puisse être une limite à notre liberté, et si nous voulons nous réserver une part de notre vie qui n’appartienne qu’à nous-mêmes. Mais c’est précisément Dieu qui libère notre liberté, la libère du repli sur elle-même, de la soif du pouvoir, de la possession, de la domination, et la rend capable de s’ouvrir à la dimension qui lui donne tout son sens : celle du don de soi, de l’amour, qui se fait service et partage.

La foi nous fait habiter, demeurer, mais nous fait aussi marcher sur le chemin de la vie. À ce propos aussi, la Sainte Maison de Lorette nous donne un enseignement important. Comme nous le savons, elle était située sur une route. La chose pourrait apparaître plutôt étrange : de notre point de vue en effet, la maison et la route semblent s’exclure. En réalité, justement sur cet aspect particulier, un message singulier est gardé dans cette maison. Elle n’est pas une maison privée, elle n’appartient pas à une personne ou à une famille, mais elle est au contraire une habitation ouverte à tous, qui est, pourrait-on dire, sur notre chemin à tous. Ainsi, nous trouvons ici à Lorette, une maison qui nous fait demeurer, habiter et qui en même temps nous fait cheminer, nous rappelle que nous sommes tous pèlerins, que nous devons toujours être en chemin vers une autre maison, vers la maison définitive, celle de la Cité éternelle, la demeure de Dieu avec l’humanité rachetée. (cf. Apoc.XXI, 3).

Il y a encore un point important du récit évangélique de l’Annonciation que je voudrais souligner, un aspect qui ne finit pas de nous étonner : Dieu demande le «oui» de l’homme, il a crée un interlocuteur libre, il demande que sa créature Lui réponde en toute liberté. Saint Bernard de Clairvaux, dans un de ses sermons les plus célèbres, «représente» l’attente de la part de Dieu et de l’humanité du «oui» de Marie, en se tournant vers elle avec une supplique : « L’ange attend ta réponse, parce qu’il est déjà temps pour lui de retourner vers Dieu qui l’a envoyéDonne ta réponse, ô Vierge, hâte-toi, ô Souveraine, donne cette réponse que la terre, que les enfers, que les cieux aussi attendent. Autant il a convoité ta beauté, autant il désire à cette heure le «oui» de ta réponse, ce oui par lequel il a résolu de sauver le monde. Lève-toi, cours, ouvre ! Lève-toi par la foi, cours par la ferveur, ouvre-lui par ton consentement » (In laudibus Virginis Matris, Hom. IV, 8). Dieu demande la libre adhésion de Marie pour devenir homme. Certes, le «oui» de Marie est le fruit de la grâce divine. Mais la grâce n’élimine pas la liberté, au contraire elle la crée et la soutient. La foi n’enlève rien à la créature humaine, mais ne permet pas la pleine et définitive réalisation.

Chers frères et sœurs, en ce pèlerinage, qui parcourt à nouveau celui du Bienheureux Jean XXIII – et qui a lieu de manière providentielle, le jour de la fête de Saint François d’Assise, véritable «évangile vivant» –, je voudrais confier à la très Sainte Mère de Dieu toutes les difficultés que vit notre monde à la recherche de la sérénité et de la paix, les problèmes de tant de familles qui regardent l’avenir avec préoccupation, les désirs des jeunes qui s’ouvrent à la vie, les souffrances de ceux qui attendent des gestes et des choix de solidarité et d’amour. Je voudrais confier aussi à la Mère de Dieu ce temps spécial de grâce pour l’Église, qui s’ouvre devant nous. Toi, Mère du «oui», qui a écouté Jésus, parle-nous de Lui, raconte-nous ton chemin pour le suivre sur la voie de la foi, aide-nous à l’annoncer pour que tout homme puisse l’accueillir et devenir demeure de Dieu.
Amen !

Sans-titre-300x170 année de la foi dans Lectures & relectures

Benoît XVI saluant les fidèles à l’issue de la Messe
Lorette 4 octobre 2012
(saisie d’écran de Vatican TV – cliquer sur la photo pour la voir en grand)

arms-Copie Benoît XVI dans Nos amis les Saints

2012-45. Du sanctuaire de Notre-Dame de Pradelles et de sa statue miraculeuse.

22 août, 
L’octave de l’Assomption de Notre-Dame (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       En ce beau jour octave de l’Assomption, j’ai résolu de vous faire découvrir un beau et ancien pèlerinage en l’honneur de notre Mère céleste : le sanctuaire de Notre-Dame de Pradelles, qui a commémoré en 2012, le cinquième centenaire de la découverte de la statue miraculeuse autour de laquelle s’est développé le pèlerinage.

   Dans l’après-midi du 15 août 2012, Frère Maximilien-Marie était allé prendre part à la procession traditionnelle, qui s’était déroulée dans les ruelles de la cité médiévale, c’est à cette occasion qu’il avait réalisé les clichés qui illustrent cet article.

Pradelles-1

Vue générale du village de Pradelles

   La petite ville de Pradelles, classée parmi les « plus beaux villages de France », bâtie à quelque 1145m d’altitude sur une éminence d’où elle domine la haute vallée de l’Allier, est aujourd’hui située dans le département de la Haute-Loire, aux confins du Vivarais, du Velay et du Gévaudan.
Historiquement, la cité appartient au Vivarais : Pradelles était le siège d’une officialité de l’ancien diocèse de Viviers qui s’étendait sur 27 paroisses alentour.
La cité a donné naissance, le 7 juin 1738, au Bienheureux Jean-Antoine-Hyacinthe Bouchareinc de Chaumeils, prêtre, vicaire général du diocèse de Viviers, martyrisé aux Carmes (Paris) le 2 septembre 1792 (cf. > ici).

2012-45. Du sanctuaire de Notre-Dame de Pradelles et de sa statue miraculeuse. dans Chronique de Lully PRADELLES-43-Copie

Trois demi-vols d’argent sur champ d’azur (blason de Pradelles)

   En l’an 1512, est située la découverte de la statue de la Vierge.
Fortuitement, alors qu’il voulait relever un mur écroulé et qu’il creusait pour lui préparer de solides fondations, un hospitalier de la communauté de l’hôpital (cet hôpital était sis à l’extérieur des murailles de la ville et faisait fonction de maladrerie pour les pestiférés et les lépreux) découvrit un coffre enterré.
Dans ce coffre se trouvait une statue de la Vierge à l’Enfant…

   D’où venait cette statue ? Comment s’était-elle trouvée là? Pour quelles raisons avait-elle été ainsi enterrée ? Nul ne peut le dire.
Les historiens n’ont pas d’autres documents que celui du récit de sa découverte, mis par écrit quelque 160 ans après l’évènement.

découverte statue (2)

Vitrail représentant la découverte de la statue de N.D. de Pradelles 

découverte plaque (2)

Plaque apposée à l’emplacement de la découverte de la statue.

   La statue fut installée dans la petite chapelle de l’hôpital et la dévotion envers elle fut d’abord assez modeste et discrète.
Mais dans la deuxième moitié de ce XVIème siècle, marqué par les terribles guerres civiles dites de religion, quelques faits prodigieux attirèrent l’attention sur la statue et entraînèrent le développement  de son culte :

- En 1562, une première intervention fut jugée miraculeuse : une bande de pillards huguenots fut mise en déroute par une lueur aveuglante.

- En 1577, une épidémie de peste (qui aurait fait quelque 1200 victimes dans la contrée) fut éradiquée par le recours à Notre-Dame.

- En 1586, la peste encore s’abattit sur la région. Des étudiants en médecine appelés pour combattre l’épidémie ne trouvèrent rien de mieux que de nettoyer la ville par le feu : Pradelles fut livrée aux flammes!
Un seul quartier fut inexplicablement épargné, celui de la basse ville, autour du sanctuaire de la Madone. On vit là un signe manifeste de la protection de Marie.

- Deux ans plus tard, en mars 1588, Pradelles fut menacée par les troupes d’un chef huguenot réputé pour sa cruauté et ses exactions, Jacques de Chambaud (+ 1600).
A l’aube du 10 mars 1588, les redoutables soldats de Chambaud réussirent à faire sauter l’une des portes de la cité et ils criaient déjà « ville prise! », lorsqu’une femme, Jeanne La Verde dite la Verdette, leur répondit en patois : « pancaro ! » (pas encore) en faisant tomber une énorme pierre du haut des remparts.
Cette pierre tomba sur le casque de Chambaud et, si elle ne le tua pas, elle le blessa néanmoins : les huguenots paniqués s’enfuirent et la ville fut sauvée.
Les Pradelains attribuèrent ce sauvetage, outre au courage de l’héroïne, à la protection de Notre-Dame.
A partir de ce jour, furent fondées une sainte messe d’action de grâces et une procession au jour anniversaire de cette délivrance : j’ignore si elles sont toujours célébrées en ce temps, mais j’ai vu, dans mes lectures, qu’elles l’étaient encore au début des « années 70  » du XXème siècle.

la-Verdette-porche-2-2

Porte de la Verdette où Jacques de Chambaud fut mis en déroute par le courage de Jeanne La Verde

La-verdette

La-verdette-bas-relief-2

Plaque et bas-relief commémoratifs du haut-fait de Jeanne La Verde, dite la Verdette

   En 1610, les dominicains fondèrent une communauté à Pradelles et reçurent la charge de la chapelle de Notre-Dame : celle-ci étant petite et vétuste, il fut décidé qu’on la reconstruirait.
La première pierre fut posée le 8 mai 1613 et sans doute fut elle ouverte au culte au cours de l’année 1614.

   Tout au long des XVIIème et XVIIIème siècles on a recueilli de nombreux témoignages de grâces extraordinaires, physiques et spirituelles, reçues par l’intercession de Notre-Dame de Pradelles.

   L’un des miracles les plus certains obtenus grâce à l’intercession de Notre-Dame de Pradelles fut la guérison de la Bienheureuse Marie Rivier (1768-1838), qui fondera la congrégation des Soeurs de la Présentation de Marie en pleine tourmente révolutionnaire.
La petite Marie, née en 1768 à Montpezat, avait été, à l’âge d’un an et demi, victime d’une chute qui l’avait laissée infirme mais dont elle avait été miraculeusement guérie.
En 1777, dans sa neuvième année, elle se retrouva à nouveau gravement handicapée à la suite d’une seconde chute, et elle ne pouvait plus se déplacer sans deux lourdes béquilles.
La mère de la future bienheureuse résolut de faire sur la jambe de la jeune infirme des onctions avec de l’huile prélevée dans la lampe qui brûlait jour et nuit devant la statue de Notre-Dame de Pradelles : ces onctions quotidiennes étaient bien sûr accompagnées de ferventes prières. Elles furent pratiquées pendant une quinzaine de jours…
Le 15 août, sur les injonctions de l’un de ses oncles, Marie se leva sans ses béquilles et put marcher jusqu’à l’église.
La Bienheureuse Marie Rivier gardera toute sa vie une très grande confiance en l’intercession de Notre-Dame de Pradelles et, en plus d’une circonstance difficile, elle viendra à pied pour la supplier et lui recommander ses intentions.

IMG_0978-236x300 15 août 2012 dans De liturgia

La Bienheureuse Marie Rivier, fondatrice des Sœurs de la Présentation de Marie,
miraculée de Notre-Dame de Pradelles. 

   Les horreurs sacrilèges de la grande révolution n’épargnèrent pas Pradelles.
Le 27 juin 1793, les terroristes révolutionnaires voulurent faire un grand bûcher avec les « hochets du fanatisme et de la superstition ». Entendez par là les objets du culte et de la dévotion catholiques.
Ils arrachèrent la statue miraculeuse de la Madone à son autel et la jetèrent dans le brasier qu’ils avaient allumé sur la place.
Mais avant qu’elle n’ait pu être entièrement consumée, un homme plein de foi et de courage l’arracha aux flammes et s’enfuit en courant.
Sur l’un des murs du sanctuaire, un tableau (malheureusement très abîmé) perpétue le souvenir de ce sauvetage héroïque.

statue sauvée 27 juin 1793

27 juin 1793 : la statue miraculeuse de Notre-Dame de Pradelles est sauvée des flammes par un fidèle héroïque

   La statue de Notre-Dame de Pradelles, quoique gravement endommagée, était sauvée. Elle fut pieusement conservée dans la clandestinité jusqu’en 1802.
Grossièrement restaurée, elle fut d’abord placée dans l’église paroissiale, puis – dès qu’elle put être rendue au culte – dans sa chapelle de la basse ville… où elle se trouve toujours.

statue ND de Pradelle avant restauration - Copie

   Sur le cliché ci-dessus, vous pouvez voir la statue de Notre-Dame de Pradelles telle qu’elle avait été rendue au culte après une réparation maladroite effectuée pendant le temps de la révolution où elle avait été gardée dans la clandestinité : cela avait consisté en fait à scier les parties brûlées par le bûcher de 1793 et à les remplacer par des pièces de pin plus ou moins bien ajustées aux parties préservées.

   En 2001-2002 une restauration complète et sérieuse, rendue indispensable en raison de la grande vétusté de la vénérable statue a été menée à bien.
Voici la même Madone que ci-dessus, maintenant restaurée mais qu’il n’est plus permis de manipuler car elle reste très fragile :

Statue restaurée

   En outre il en a été réalisé une copie qui restitue les parties manquantes. C’est celle qui est habituellement exposée sur l’autel de la chapelle.
Cette restitution permet de comprendre que la statue originelle avait toutes les caractéristiques de ces antiques Vierges en majesté (certains historiens parlent même de « Vierge Noire » mais cette appellation qui suscite des engouements irraisonnés n’est en rien fondée par des preuves documentaires) que l’on trouve en si grand nombre en Auvergne et dans les provinces avoisinantes : Rouergue, Gévaudan, Vivarais, Velay, Forez, Lyonnais et Bourgogne…
Voici la photo qui a été prise par Frère Maximilien-Marie le 15 août 2012 :

Statue recomposée 15 août 2012

   Il existe une autre copie, un peu plus ancienne et beaucoup moins précise.
En réalité, sur cette copie, seules les têtes de la Vierge et de l’Enfant sont véritablement sculptées ; le corps de la statue est seulement ébauché parce que, en fait, elle a été réalisée pour ne paraître que recouverte de riches robes et parures.
C’est celle que l’on aperçoit ci-dessous, à droite dans le sanctuaire de la chapelle, prête à être portée dans la procession du 15 août :

Le sanctuaire 15 août 2012 avant la procession

   La statue miraculeuse de Notre-Dame de Pradelles a été solennellement couronnée le 18 juillet 1869 au nom de Sa Sainteté le Pape Pie IX au cours de cérémonies somptueuses.

   Tout au long du XIXème siècle, et encore dans la première partie du XXème siècle, le sanctuaire fut très vivant et on compte de nombreuses grâces de protection, de guérison, de cessation d’épidémies… etc., sans compter les grâces spirituelles.
En revanche, la seconde moitié du XXème siècle avec ses mutations sociales et ses errements ecclésiastiques (et bien que cette contrée garde une piété traditionnelle assez solidement enracinée) a, ici aussi, entraîné une certaine désaffection religieuse dont le sanctuaire a grandement pâti tant spirituellement que matériellement.

   La chapelle de Notre-Dame de Pradelles nécessite de gros travaux de restauration. Une grosse partie a déjà pu être menée à bien grâce à la diligence et aux efforts conjoints d’une association, de l’évêché et des pouvoirs publics, mais il y a encore beaucoup à faire.
Souhaitons que cette rénovation s’accompagne d’un profond renouveau spirituel et d’une restauration du grand élan de ferveur et de piété qui a parcouru les XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles.

Lully

Pradelles procession du 15 août 2012

Pradelles : la procession du 15 août 2012 dans les ruelles médiévales

Prière traditionnelle à Notre-Dame de Pradelles :

       Je vous salue, Reine de la Montagne, aimable et puissante Protectrice, Notre-Dame de Pradelles.

   O Marie, Vierge pleine de bonté, de charmes et de douceur, vous avez partout droit à mes hommages, mais il m’est doux de vous les offrir dans ce Sanctuaire, aux pieds de cette image auguste et vénérée, de cette statue couronnée que vous avez rendue célèbre par tant de prodiges.

   Ici, vous avez répandu vos grâces sur la région, sur la ville, sur une multitude de pèlerins qui, depuis plusieurs siècles, viennent invoquer votre secours. Vous avez béni les pécheurs, consolé les affligés. Soyez notre Mère à tous.

   En récompense de toutes vos bontés, recevez l’offrande de mon pauvre coeur ; gardez-le et ne me le rendez plus. Si le monde ou les passions me le réclament, je répondrai : Mon coeur n’est plus à moi, mon coeur est à Marie !

   Lorsque viendra l’heure du dernier combat, soyez à mes côtés ; venez, ô tendre Mère, recueillir le dernier soupir de votre enfant.

Ainsi soit-il ! 

Statue de Notre-Dame de Pradelles avec une robe d'apparat - photo ancienne

Photo ancienne de Notre-Dame de Pradelles avec sa robe d’apparat

2012-41. De la très belle histoire de la chapelle Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias, en Vivarais.

9 juillet,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête des Prodiges de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Jean Lenaerts d’Oosterwijk, chanoine régulier et de ses 18 compagnons, martyrs de Gorcum ;
Au couvent de Picpus, à Paris, la fête de Notre-Dame de Paix (cf. ici).

Monogramme Marie 2

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Chaque 14 juillet, avec le Cercle Légitimiste du Vivarais, Frère Maximilien-Marie tient à organiser une « journée de mémoire », résolument et pleinement contrerévolutionnaire, d’autant que cette date correspond chez nous à l’anniversaire du massacre d’une dizaine d’ecclésiastiques, le 14 juillet 1792, à la suite de la terreur instituée par les patriotes dans le sud du Vivarais et le nord de l’Uzège, après l’échec du soulèvement dirigé par le comte de Saillans (cf. > ici).

   En guise de préparation de cette horrible journée du 14 juillet, qui symbolise en quelque sorte à elle seule toutes les horreurs politiques et spirituelles de la révolution, et à l’occasion de laquelle il convient donc de redoubler de ferveur réparatrice (cf. > ici), je voudrais vous emmener, à travers un modeste article, en pèlerinage jusqu’à une humble et touchante chapelle placée sous le vocable de Notre-Dame de la Délivrance, et édifiée en action de grâces pour la protection dont la Très Sainte Mère de Dieu a entouré deux prêtres réfractaires pendant la persécution révolutionnaire.
La dite chapelle est sise au hameau de Chapias, sur le territoire de la commune de Labeaume (07120 – site de la commune > ici). Le 14 juillet 2012, les membres du Cercle Légitimiste du Vivarais s’y sont rendus en pèlerinage…

Le hameau de Chapias

Le hameau de Chapias dans la garrigue

   Au centre du hameau de Chapias, on arrive sur une petite place ombragée qui sert de parvis à une chapelle de dimensions respectables.
En face de la porte d’entrée, au centre de la placette, a été érigée une croix de mission.
La chapelle, comme toutes les maisons du hameau, est construite avec les pierres calcaires dont la garrigue environnante n’est pas avare. Au dessus de la porte d’entrée, sur le linteau, est gravée la date de 1814.
Au XIXème siècle, et jusqu’au milieu du XXème siècle, ce hameau, qui était assez peuplé et à une distance assez importante du chef-lieu, fut même érigé en paroisse indépendante, avec un curé résident : un presbytère est attenant à l’église.

Chapelle de Chapias

La chapelle de Chapias.

   Gravissant les trois marches du perron, nous pouvons entrer dans la chapelle.

   Aussitôt, nous pouvons constater avec plaisir que les fureurs iconoclastes qui, sous le fallacieux prétexte de l’aggiornamento - dans les années consécutives au second concile du Vatican – , ont dépouillé nos églises pour en faire des copies de sinistres temples huguenots, n’ont eu ici qu’une action limitée.
A Chapias, on peut seulement déplorer la disparition de la table de communion au niveau des degrés qui marquent la séparation entre le sanctuaire et la nef et l’ajout, tout à fait inutile, d’une espèce de meuble sans goût ni grâce – il a l’élégance d’une verrue! – pour servir, plus encore que d’autel face au peuple, d’impitoyable témoin à charge contre le mauvais goût et le manque de solide formation liturgique d’une part importante du clergé.
Cela mis à part, on ne peut que se réjouir de voir que toutes les statues, les stations du chemin de Croix, les ex-votos, les tableaux des saints, les autels de marbre recouverts de nappes et parés de chandeliers sont tous en place, comme attendant la véritable restauration d’un authentique culte catholique…
Dans la lumière doucement tamisée par les vitraux, la sérénité du lieu vous imprègne.

Intérieur de la chapelle de Chapias

Intérieur de la chapelle de Chapias. 

   Frère Maximilien-Marie a été particulièrement sensible au fait que notre glorieux Père Saint Augustin est représenté par l’un des vitraux du sanctuaire, et aussi que, en outre, il s’y trouve un beau tableau représentant Saint François de Sales :

 vitrail de St Augustin Chapias

Tableau de Saint François de Sales Chapias

Mais surtout, dès le moment où le visiteur entre, son œil est attiré par le grand tableau qui est accroché au fond du sanctuaire, bien au centre :

Vœu des abbés Sévenier - tableau

Le vœu des abbés Sévenier

   Examinons ce tableau plus en détail :
Aux pieds d’une Vierge assise, tenant en sa main droite un sceptre fleurdelisé, portant sur ses genoux un Enfant Jésus qui bénit de la main droite tandis que de la gauche il s’enveloppe dans le manteau protecteur de sa mère, deux ecclésiastiques sont à genoux.
Celui de gauche, comme en témoigne sa chevelure blanche, est plus âgé. Leur attitude à tous deux et leurs regards montrent qu’ils prient, qu’ils se recommandent avec ferveur (il y a même une nuance d’inquiétude sur leurs visages) à l’intercession de Notre-Dame.
Le geste de bénédiction de l’Enfant Jésus, la tête tendrement inclinée de la Madone et le sourire qu’on lit sur ses lèvres laissent entendre que la requête des deux prêtres est agréée, que leur prière est exaucée.
Sur la droite du tableau, en haut de la montée d’escalier, ont été figurés des soldats (ou des gardes nationaux) les armes à la main, effectuant une perquisition. 

   Ces deux prêtres sont les deux abbés Sévenier
Le plus âgé – né en 1733 – était en 1789 curé-prieur de la petite ville de Valgorge, dans les Cévennes vivaroises.  Le plus jeune – il était né en 1760 – était le neveu et le vicaire du premier.
L’un comme l’autre refusèrent le serment schismatique à la constitution civile du clergé et devinrent donc des réfractaires, c’est-à-dire de dangereux hors-la-loi aux yeux des révolutionnaires : s’ils ne faisaient pas le choix de l’exil volontaire, ils étaient passibles de la déportation ou de la mort.
Dans un premier temps, ils se cachèrent chez certains de leurs paroissiens, et continuèrent à exercer leur ministère clandestinement. Mais le danger grandissant auquel ils exposaient ceux-là même qui les protégeaient les détermina à quitter le territoire de leur paroisse et à se retirer dans leur famille, au hameau de Chapias.

   La famille Sévenier possédait une propriété relativement importante et devait faire appel à de la main d’oeuvre extérieure.
Les deux abbés – en habits civils – pouvaient donc se faire passer pour des domestiques, mais il fallut rapidement multiplier les mesures de discrétion pour que des employés à la langue trop bien pendue (et ce d’autant plus que des récompenses étaient promises aux délateurs) ne divulgassent point des informations susceptibles de mettre les deux prêtres et leur famille en danger.

Maison des abbés Sévenier - aujourd'hui

Chapias : la « maison Sévenier » où les abbés se cachaient dans leur famille :
ci-dessus, dans son état actuel ;
ci-dessous, sur une photographie de la première moitié du XXème siècle.

Maison des abbés Sévenier - état ancien

   Un jour, la garde nationale pénétra à l’improviste dans la maison alors que Madame Sévenier était auprès du feu avec son neveu, le plus jeune des prêtres ; elle eut alors la promptitude d’esprit de lui tendre un sac en lui disant sur le ton avec lequel on s’adresse à un domestique : « Prends ton goûter et va garder le troupeau ! » Les soldats laissèrent partir le « berger » ne se doutant pas de son identité et leur perquisition s’avéra, bien évidemment, infructueuse.
Une autre fois, les soldats vinrent en pleine nuit : à peine eurent-ils commencé de tambouriner à la porte que Madame Sévenier fit entrer les abbés dans une cache aménagée derrière une armoire, puis elle vida un seau d’eau sur le sol et alla se coucher dans le lit précédemment occupé par les prêtres. Pendant ce temps, Monsieur Sévenier, à la porte, avait un peu retardé l’entrée des révolutionnaires : ils fouillèrent la maison sans rien trouver, car – à cause du sol mouillé – ils ne mirent pas les genoux à terre pour se pencher et regarder sous l’armoire, se contentant d’y faire passer la baïonnette d’un fusil : cette fois encore la famille Sévenier avait eu chaud !

   Les alentours de Chapias sont hérissés de rochers calcaires aux formes bizarres et la garrigue est un enchevêtrement d’arbustes méditerranéens, de haies épineuses, de sentiers tortueux, de petits clos entourés de murailles de pierres sèches, au milieu desquels il est bien malaisé à quelqu’un qui n’en est pas familier de ne pas se perdre.
En raison de la surveillance toujours plus suspicieuse et des perquisitions, il fut donc convenu que les deux abbés se réfugieraient pendant la journée à l’intérieur de l’un de ces gros rochers, situé à quelque 400 mètres de la maison : en effet, la Providence a fait que ce rocher est creux!
Depuis lors cette cachette naturelle est restée dans la mémoire collective comme « le rocher des curés » et sur le cliché ci-dessous vous apercevez sur l’avant (à hauteur de visage d’homme, car ce rocher mesure près de 4m de hauteur) une ouverture allongée par laquelle on pouvait faire passer de la nourriture aux deux réfractaires.

Chapias - le rocher des curés extérieur

Le « rocher des curés »

   Sur le cliché suivant, c’est le filleul de Frère Maximilien-Marie (il était alors âgé de 10 ans) qui est assis, à l’arrière du rocher, à l’endroit où se situe, à ras de terre, le passage étroit à travers lequel il faut ramper pour entrer dans la  cachette.

Chapias - entrée de la cache du rocher

L’entrée de la cache :
ci-dessus, lorsqu’on se trouve à l’extérieur ;
et ci-dessous lorsqu’on doit ramper pour y pénétrer (on aperçoit les chevilles du garçonnet déjà à l’intérieur).

Chapias - l'entrée du rocher

   Si un enfant de dix ans peut s’y faufiler sans problème, notre Frère – qui n’a ni la même souplesse ni la même circonférence (!!!) – a eu un peu plus de mal pour s’y faufiler et, lui qui n’aime pas les espaces étroits et confinés, n’a pas eu l’envie de demeurer très longtemps dans ce rocher, qui fut cependant sanctifié par les longues heures de prière et de véritable pénitence des deux abbés Sévenier.
Voici un cliché pris lorsqu’on est accroupi à l’intérieur de la cachette et qui montre la seule chose que l’on peut voir en levant la tête : le ciel à travers les branches…

Chapias - dans le rocher des curés

   Lorsque Frère Maximilien-Marie m’a montré cette photo, j’ai pensé que lorsqu’on est en butte à un monde hostile, nous n’avons plus qu’à lever les yeux et à crier vers le Ciel…
C’est ce que firent nos bons abbés : redoublant de confiance et de ferveur, ils se mirent sous la protection très spéciale de la Très Sainte Vierge et firent le vœu de lui bâtir une chapelle, s’ils sortaient saufs de la persécution révolutionnaire.
Cette scène, outre le tableau sus-cité, est sculptée en bas-relief sur le maître-autel de la chapelle :

Vœu des abbés Sévenier - bas relief de marbre sur le devant de l'autel

Le vœu des abbés Sévenier, bas-relief du maître-autel de la chapelle.

   Le 28 septembre 1798, le plus âgé des abbés, alors qu’il se dégourdissait un peu les jambes en dehors de la cache, se trouva nez à nez avec un révolutionnaire qui le fit prisonnier : emmené d’abord à Joyeuse, il fut transféré à Privas le 2 octobre, puis enfin à Orange où il devait comparaître devant le tribunal révolutionnaire.
Mais Notre-Dame de la Délivrance veillait : la révolution s’épuisait et le procès traîna en longueur… Des négociations eurent lieu et le vieil abbé fut libéré en échange de 1400 livres !
Il revint à Chapias.
Peu à peu les prêtres réfractaires pouvaient sortir de la clandestinité et reprendre leur ministère sans rien craindre : sitôt le concordat signé, les deux abbés Sévenier reprirent leurs postes à Valgorge. 

   Ils n’oublièrent pas leur promesse et, dès que ce fut possible, ils s’acquittèrent de la construction de la chapelle qu’ils avaient promise à la Madone.
Elle fut achevée en 1814, année du décès du plus âgé des deux prêtres.
Elle fut agrandie à deux reprises par la suite, et le plus jeune des abbés Sévenier en fut officiellement nommé chapelain, fonction qu’il exerça jusqu’à sa mort, en 1841.
Il fut inhumé aux pieds de Notre-Dame de la Délivrance.

tombe abbé Sévenier junior - Chapias

Tombe du plus jeune des abbés Sévenier dans la chapelle.

   Dès que la chapelle fut ouverte au culte, un véritable pèlerinage se développa : les fidèles des paroisses alentours vinrent de plus en plus nombreux se confier à la Très Sainte Vierge Marie, solliciter son intercession dans leurs nécessités spirituelles et temporelles, et la remercier lorsqu’ils étaient exaucés.
Cela rendit nécessaire la présence à temps plein d’un prêtre pour accueillir les pèlerins, diriger les exercices de dévotions, célébrer la Sainte Messe et administrer le sacrement de pénitence… 
De là, dans un premier temps, la nomination de l’abbé Pierre Sévenier comme chapelain, puis, dans la seconde partie du XIXème siècle, l’érection du hameau en paroisse, comme je l’ai signalé plus haut.

   En 1884, à quelques centaines de mètres du hameau, sur une petite éminence de ce plateau calcaire (à 252 m. d’altitude, pour être précis), fut construite une tour crénelée de 12 mètres de haut, au sommet de laquelle fut placée une statue de pierre représentant la Vierge, couronnée, portant le Saint Enfant Jésus sur son bras gauche.
En ces temps de grande foi populaire, la tour devint le but vers lequel se rendaient les processions qui se faisaient à l’extérieur à l’occasion de toutes les grandes fêtes mariales.

La tour de la Vierge à Chapias

Chapias : la tour de la Vierge à l’extérieur du hameau.

   Frère Maximilien-Marie et ses amis s’y sont bien évidemment rendus et en ont fait l’ascension (du sommet on découvre, à 360°, un somptueux panorama) ; son filleul a même compté les marches : il y en a 53, comme le nombre des « Ave, Maria » d’un chapelet.
Au dessus de la porte d’entrée, le linteau porte gravé le monogramme de Marie, accompagné de cette inscription : 12 octobre 1884 – Notre-Dame du Très Saint Rosaire, priez pour nous.

   Voilà donc, chers Amis, la présentation et l’histoire du sanctuaire de Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias, en notre bas Vivarais, et j’espère qu’elles vous ont touchés autant que j’en fus ému lorsque notre Frère m’en a fait le récit.

   Je ne veux pas terminer ma publication de ce jour sans vous avoir invités à prier Notre-Dame de la Délivrance avec beaucoup de confiance et d’amour, en contemplant la statue qui la représente dans le transept droit de la chapelle.

Lully.

ND de la Délivrance

Statue de N.D. de la Délivrance dans la chapelle de Chapias

2012-41. De la très belle histoire de la chapelle Notre-Dame de la Délivrance, au hameau de Chapias, en Vivarais. dans Chronique de Lully fleurdelys2

O très Sainte Vierge Marie,
dont Jésus a fait notre Mère dans l’ordre de la grâce,
convaincu qu’une Mère est
 capable de tout
pour délivrer son enfant du mal et du danger,
je me présente devant Vous :

Notre-Dame de la Délivrance,
délivrez, si cela est possible, mon corps de toute atteinte de la maladie ;
 délivrez-moi surtout des atteintes de ce mal suprême qu’est le péché ;
délivrez-moi de tout ce qui m’est un obstacle
pour vivre pleinement en enfant de Dieu !

 Délivrez aussi, je Vous en supplie,
mon esprit de toute forme d’erreur, de mensonge et de mauvais jugement ;
délivrez enfin mon coeur de toute affection désordonnée,
de toute forme d’égoïsme, de jalousie, de rancune,
d’amertume et d’orgueil !

De même que Vous avez autrefois protégé ces bons prêtres
qui se confièrent à Vous au temps de la persécution,
daignez aujourd’hui tendre une oreille favorable
aux supplications que je fais monter vers Vous ;
daignez regarder favorablement les intentions dont mon coeur est rempli (…)
et Vous faire mon Ambassadrice devant le trône de la Très Sainte Trinité !

Ainsi soit-il.

(prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur)

ND de la Délivrance - détail

fleurdelys2 abbés Sévenier dans De liturgia

2012-20. « Le spectacle du monde moderne, dont l’orgueil a repoussé Dieu… »

       Les quelques mots qui servent de titre à ma publication de ce jour, sont extraits d’un texte de Gustave Thibon, que l’un de nos amis a eu la bonne idée de nous faire parvenir ce matin (qu’il en soit chaleureusement remercié!).

   L’espèce de tourbillon infernal qui entraîne dans sa folie les familles et les sociétés, le spectacle plus qu’affligeant donné par les dirigeants des états (et par ceux qui, en ce moment, briguent à le devenir), le scandale permanent que représentent les systèmes politiques et économiques malheureusement régnant, les rouleaux compresseurs psychologiques et médiatiques qui broient les consciences et tendent à briser les dernières résistances des derniers esprits libres… etc., sont les signes évidents d’une faillite qui n’a peut-être pas de précédents dans l’histoire humaine.

   Ce texte de notre cher « paysan philosophe » date de 1946 : il appartient à un recueil publié à l’occasion du centenaire de l’apparition de Notre-Dame de La Salette.
Soixante-six ans plus tard, il reste d’une actualité prophétique, comme d’ailleurs nombre de textes de Thibon.
En nous rappelant que l’homme, tournant le dos à Dieu et refusant les sollicitudes de Sa grâce, se fait lui-même l’instrument de son malheur, la lucidité de Gustave Thibon, si étrangère aux sottises de l’optimisme humain, nous prémunit une fois de plus contre le désespoir, parce qu’elle relaie l’appel à la conversion, demandée par Notre-Dame de La Salette, et parce que cette conversion – toujours possible – est finalement le seul fondement de l’espérance.
Pour qui sait lire, ce que Thibon traduit ici dépasse largement les perspectives du monde paysan de 1946, et peut s’accorder à la spiritualité de ce temps du carême, mais aussi à la manière dont nous devons réagir devant les tristes pitreries de la campagne pour les élections pestilentielles…

Lully.

2012-20.

Le Message de Notre-Dame de La Salette

au monde paysan :

       « C’est à l’univers entier que la Vierge immaculée s’est adressée il y a cent ans par l’intermédiaire de Maximin et de Mélanie. Mais le fait qu’elle ait choisi, pour transmettre son message, deux pauvres enfants de la terre, témoigne assez haut de sa sollicitude pour le monde paysan.
Nous avons eu la primeur de ce message ; c’est donc à nous qu’il s’adresse en premier lieu.

   Certains esprits superficiels ont été choqués par les terribles menaces contenues dans le discours de Notre-Dame de la Salette. Nous ne pouvons pas croire à un Dieu si cruel, ai-je entendu dire. C’est oublier que les menaces divines ne sont que des promesses retournées. Dieu n’est cruel que dans la mesure où les hommes, en fermant leur cœur à sa grâce, l’empêchent d’être bon. « Je ne peux plus retenir le bras de mon Fils… » Le premier refus vient de nous. Cette main de Dieu qui nous frappe, c’est la main toute miséricordieuse, pleine de dons, préparés pour nous de toute éternité, et que nous contraignons, par notre indifférence, à se refermer sur ses présents. Dieu n’a pas même à nous punir positivement : il suffit qu’il se détourne de nous pour qu’abandonnés à la pesanteur du péché nous roulions fatalement au fond de l’abîme. Le spectacle du monde moderne, dont l’orgueil a repoussé Dieu, témoigne de cette vérité avec une féroce évidence.

   L’appel de Marie à la pénitence et à la prière, avec les menaces matérielles qui l’accompagnent, revêt, pour nous paysans, un sens particulièrement précis. Le message de la Vierge pourrait être résumé dans ces simples mots : si vous ne cherchez pas le ciel, vous perdrez la terre.
Et cet avertissement s’applique à nous mieux qu’à personne.
Courbé vers la terre par son travail, le paysan court toujours le risque de s’enliser dans la terre. Son réalisme et son sens de l’effort ont pour contrepartie le matérialisme et l’avarice. Ces fruits du sol, ces biens charnels obtenus au prix d’un si dur labeur, il est toujours tenté de s’en faire des idoles et d’oublier que Dieu, suivant le mot de Mistral « travaille de moitié avec lui ».
Marie est descendue du ciel pour lui rappeler, en parlant sa propre langue, en se servant des images les plus adaptées à son esprit, que le réalisme de la terre, s’il n’est pas prolongé et couronné par la prière, aboutit tôt ou tard à la ruine de l’homme. Ces « pommes de terre qui pourriront », ce sont aussi les âmes des paysans qui n’auront aimé que la terre. Et cette terre, ces biens d’ici-bas trop aimés, ils les perdront, car tout vient de Dieu et la matière, coupée de l’esprit, se flétrit dans nos mains, comme un rameau séparé de l’arbre.
A celui qui cherche Dieu, tout sera donné par surcroît, mais à celui qui n’a rien (c’est-à-dire qui n’a que la terre), on enlèvera ce qu’il a.
Marie est venue apprendre aux paysans que les racines ne restent vivantes que si leur adhérence à la terre s’unit à l’élan de la tige vers le ciel. »

Gustave Thibon,
in « La Salette, témoignages » (Bloud & Gay, 1946, p.160).

591115t8qpmw0bs5 19 septembre dans Commentaires d'actualité & humeurs

On trouvera aussi dans ce blogue plusieurs publications consacrées à Notre-Dame de La Salette :
 voir > ici ;  le récit de l’apparition avec le texte des « secrets » > ici ; et la prière de Mélanie pour les temps de calamités > ici.

Nous renvoyons aussi aux publications que nous avons déjà consacrées à Gustave Thibon > ici ;  ou > ici ; et encore > ici.

2011-92. Près de la Crèche, nos voeux pour Noël 2011.

Vendredi 23 décembre 2011,
anniversaire de la mort de la Vénérable Thérèse de Saint Augustin (Madame Louise de France).

2011-92. Près de la Crèche, nos voeux pour Noël 2011. dans Annonces & Nouvelles lanterne

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Nous sommes à l’avant-veille de Noël. Demain – jour de vigile -, nous serons pendant toute la journée dans un recueillement et un silence encore plus grands que pendant tout le temps de l’Avent qui s’achève.  Pour la Sainte Messe de la Nativité – dûment célébrée à minuit -, puisque les routes du Mézenc sont praticables (ce qui n’était pas le cas l’an dernier) et devraient le rester, Frère Maximilien-Marie pourra se rendre à l’église de Ceyssac, juste à côté du Puy-en-Velay : c’est là que se trouve le lieu de culte de notre paroisse selon la « forme extraordinaire du rite romain ».

Pour moi, pendant ce temps, j’assurerai la garde de notre Mesnil-Marie et je veillerai auprès de la crèche en attendant mon papa-moine ; à son retour, je l’accompagnerai pour déposer l’Enfant Jésus dans sa mangeoire-berceau.
Tout est bien prêt pour L’accueillir : Frère Maximilien-Marie a terminé hier soir de préparer notre grande crèche, à son grand soulagement. L’an dernier, il était un peu affolé et n’avait pu l’achever – dans l’urgence – que le 24 décembre dans l’après-midi ; cela était dû aux conditions climatiques : la neige et le gel, qui avaient été très rigoureux tous les jours précédents la Vigile de Noël, l’avaient jusque alors empêché de ramasser la mousse et de couper les branchages nécessaires!

Moi, j’ai aidé comme je l’ai pu à la préparation de cette crèche, mais je ne suis pas un grand bricoleur, alors j’ai surtout donné des idées et suggéré certains aménagements. Ensuite, j’allais in situ pour vérifier que tout était bien comme je l’avais préconisé : j’ai inspecté les collines et les pâturages, j’ai vérifié que l’étable assurerait un véritable abri à la Sainte Famille, j’ai même testé la solidité de certaines maisons de Bethléem, ce qui n’a pas du tout amusé Frère Maximilien-Marie qui m’a taquiné en me disant que j’étais trop gros… Cela ne m’a pas fait très plaisir, mais il est pourtant bien vrai qu’il n’y avait pas de place suffisante pour moi dans cette hôtellerie!

DSC09404-Copie-300x225 crèche dans Chronique de Lully

Vous pourrez visionner, ci-dessous, une vidéo de notre crèche… Afin de vous la présenter bien complète nous y avions placé l’Enfant Jésus mais, sitôt le tournage accompli, nous l’avons prestement enlevé!!! Vous allez entendre notre Frère Maximilien-Marie vous donner les principales explications du travail qu’il a réalisé (faire un clic droit sur l’image ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet »).

Image de prévisualisation YouTube

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter à mon tour, à la suite des voeux que Frère Maximilien-Marie a formulé à votre intention à la fin de ce mini-film, de belles, ferventes et saintes fêtes de la Nativité de notre Sauveur!

Puisse le divin Enfant de la crèche faire descendre sur vous Ses plus douces bénédictions, et que, par l’intercession de Sa Très Sainte Mère et de Saint Joseph, Il exauce vos prières, accorde force et réconfort à vos malades, donne la consolation aux affligés et fasse entrer vos défunts dans la lumière et la gloire de Son Royaume éternel… Ainsi soit-il!

 Lully.

couronnechat Mesnil-Marie dans De liturgia

 Pour connaître l’origine de la dévotion à la Crèche > ici.

2011-70. Cappuccino et croissants…

12 septembre,
fête du Saint Nom de Marie.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       La liturgie célèbre en ce jour le Saint Nom de Marie (que j’avais déjà évoqué > ici).
Cette fête, qui appartenait auparavant au propre de certains diocèses ou congrégations religieuses, fut instituée dans l’Eglise universelle par le Bienheureux Innocent XI en action de grâces pour la victoire de Vienne, qui advint le 12 septembre 1683.
Supprimée dans le calendrier de la liturgie réformée de 1969, elle y a été réintroduite par Jean Paul II dans l’édition de l’année 2002 du missel pour la « forme ordinaire du rite romain » (*), alors qu’elle est toujours restée – bien entendu ! – dans les fêtes de la messe latine traditionnelle.

L’expansion de l’empire ottoman :

   Disons-le sans détour : la « religion » mahométane a toujours été un danger pour la chrétienté et, depuis son origine, l’islam, à des degrés divers, a toujours persécuté les chrétiens.

Prise de Constantinople par le sultan Mehmet II en 1453

La chute de Constantinople le 29 mai 1453.

   Après la prise et le saccage de Constantinople, le 29 mai 1453 (dont l’anniversaire devrait être à perpétuité célébré par une journée de deuil européen), les Turcs n’ont jamais cessé de se lancer à la conquête de l’Occident et de vouloir le soumettre à leur cruelle domination.

   Trois ans plus tard, ayant soumis la Grèce, l’Albanie et la Serbie, les Ottomans furent stoppés devant Belgrade par l’armée des va-nu-pieds commandée par Jean Hunyadi et animée par le franciscain Saint Jean de Capistran. C’était le 22 juillet 1456.
Le sultan Mahomet II, de sinistre mémoire puisque c’est lui qui s’était emparé de Constantinople et en avait ordonné la mise à sac, fut lui-même blessé dans cette bataille et s’enfuit.
Par la suite, il réussira néanmoins à conquérir la Bosnie et l’Herzégovine.

Saint Jean de Capistran

Saint Jean de Capistran (1386-1456)
acteur spirituel de la victoire de Belgrade par l’invocation du Saint Nom de Jésus.

   En apprenant la victoire de Belgrade, le pape Callixte III déclara que cette bataille avait « décidé du sort de la Chrétienté » et, en action de grâces, il institua pour toute l’Eglise la fête de la Transfiguration de Notre-Seigneur, à la date du 6 août.

   Il est à noter que le 4 juillet 2011, le parlement hongrois a adopté – à la demande du premier ministre Victor Orban – une motion faisant de l’anniversaire de cette victoire, le 22 juillet donc, une journée de commémoration nationale.
La république française instituera-t-elle un jour une fête nationale à la date du 25 octobre pour commémorer la fameuse victoire de Charles Martel en 732 ?

   Dans la seconde moitié du XVème siècle, toujours par la guerre et le pillage, l’empire ottoman conquit l’Iraq, la Perse et l’Egypte.
Vient ensuite le règne de celui qui est entré dans nos livres d’histoire sous le nom de Soliman le magnifique (1520-1566) : il soumit à nouveau la Serbie en s’emparant de Belgrade en 1521, prit Rhodes en 1522, conquit une partie de la Hongrie en 1526, mit le siège devant Vienne à trois reprises, étendit son empire sur l’Anatolie, l’Azerbaïdjan, le Yémen et toute l’Afrique du Nord… etc.

   Le successeur de Soliman, Sélim II, attaqua Malte, sans pouvoir s’en emparer, mais il soumit Chypre.
C’est alors que la célèbre bataille de Lépante, le 7 octobre 1571, mit un terme à l’expansion ottomane vers l’Occident et amorça le déclin de cet empire fanatique.

St Pie V en prière reçoit la révélation de la victoire de Lépante

Lazzaro Baldi : Saint Pie V en prière reçoit la révélation de la victoire de Lépante.

   Je ne m’étendrai pas ici sur les détails de cette bataille. Je rappellerai seulement que, obtenue en particulier par une mobilisation de prière – spécialement la prière du Rosaire -, la fête de Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire, aujourd’hui plus simplement nommée fête de Notre-Dame du Rosaire et célébrée à la date du 7 octobre (mais solennisée le premier dimanche d’octobre), fut alors instituée en action de grâces par le Pape Saint Pie V.

La Victoire de Vienne :

   Après leur défaite à Lépante, les Turcs ne se calmèrent toutefois pas tout de suite : à plusieurs reprises au cours du XVIIème siècle, ils tentèrent de nouvelles avancées en Europe centrale.

   En 1683, c’est une armée de quelque trois cent mille hommes commandée par le grand vizir Kata Mustapha Pacha – particulièrement cruel : il avait fait exécuter quelque 25.000 otages chrétiens -, et guidée par le comte hongrois Tököly (qui était protestant et dont la haine du catholicisme lui faisait préférer soutenir les mahométans), qui vint mettre le siège devant Vienne à partir du 14 juillet.
L’empereur Léopold et son beau-frère, Charles V de Lorraine, avaient quitté la ville, dans laquelle seulement treize mille hommes restaient sous les ordres du comte Sarhenberg.

   Le Bienheureux Innocent XI espérait constituer une nouvelle ligue des princes et souverains catholiques contre les Turcs, mais en définitive il ne put compter que sur le roi de Pologne Jean III Sobieski  (1624-1696).
Jean III était d’abord réticent et voulait imposer des conditions exorbitantes à sa participation : le Bienheureux Marc d’Aviano, un prêtre capucin envoyé par le Pape Innocent XI, vint le trouver alors qu’il se trouvait en pèlerinage à Chestochowa.
Le capucin l’exhorta, le poussa à la réflexion et à la prière et… le roi de Pologne se mit en route avec ses troupes le 15 août.

Bienheureux Marc d'Aviano

Bienheureux Marc d’Aviano (1631-1699)
Prêtre capucin et acteur spirituel de la victoire de Vienne.

   Le roi Sobieski arriva sur les collines au nord de Vienne le 10 septembre. Le Bienheureux Marc d’Aviano s’employa alors à confesser et à encourager les combattants.

   Le dimanche 12 septembre 1683, Jean Sobieski servit la messe célébrée par le Bienheureux Marc d’Aviano : il y communia, arma son fils chevalier et prit le commandement de l’armée catholique où, en plus de ses troupes polonaises, il y avait celles du duc de Lorraine et du prince de Waldeck.
«Aujourd’hui, s’écria-t-il, il y va tout ensemble de la délivrance de Vienne, de la conservation de la Pologne et du salut de la chrétienté entière !»

   Le Père Marc bénit les troupes, en leur prophétisant une grande victoire (on rapporte même qu’il remplaça l’ Ite missa est par ces mots : Ioannes vincet! Jean vaincra).
Puis Jean III se mit à la tête des coalisés et chargea en criant : «Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam ! Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à Votre Nom donnez la gloire (
ps. CXIII)».
Les Ottomans furent battus sur le site de Kahlenberg et, dans Vienne délivrée, Jean Sobieski vint se prosterner avec ses généraux devant la statue de Notre-Dame de Lorette, vénérée dans l’église des Augustins où l’on chanta un Te Deum.

   Ce jour-là, on avait fait dans Rome une grande procession que, malgré une crise de goutte, le Bienheureux Innocent XI avait tenu à suivre en personne ; le 24 septembre, le cardinal-vicaire prescrivit des sonneries de cloches et des prières d’action de grâces et, le 25 novembre, un décret établissait la fête du Saint Nom de Marie, l’assignant au dimanche dans l’octave de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie. Par la suite, elle fut fixée au jour anniversaire de la bataille : le 12 septembre.

Cappuccino et croissants : 

   Alors que – dans l’ignorance crasse des événements du passé qui semble caractériser notre époque et favoriser de ce fait toute sorte d’imprudences politiques et religieuses – la grande victoire de Vienne paraît oubliée : il n’en demeure pas moins qu’un très grand nombre de nos contemporains la célèbrent sans le savoir, parfois même de manière quotidienne en… savourant un croissant et en buvant un cappuccino !!!

Cappuccino et croissant

   Le croissant fut en effet créé par les boulangers de Vienne à la suite de cette victoire : selon la tradition, pendant le siège et avant la délivrance accomplie par Jean III Sobieski, les Ottomans avaient tenté de s’emparer de la ville par surprise en creusant la nuit des galeries passant sous les remparts.
Mais les boulangers, qui travaillaient justement la nuit dans leurs fournils, entendirent le bruit des travaux de sape organisés par les envahisseurs et donnèrent l’alarme, ce qui permit de déjouer leur ruse.
En récompense, l’empereur Léopold leur accorda le privilège d’immortaliser l’évènement par la réalisation d’une pâtisserie dont la forme fut inspirée par le croissant de lune placé par les mahométans sur leurs étendards.
A l’origine, ces viennoiseries étaient réalisées avec une pâte à pain briochée. Elles furent importées en France par la Reine Marie-Antoinette, et c’est seulement en 1920 que les boulangers parisiens commencèrent à les confectionner avec une pâte au beurre feuilletée.

   Quand au cappuccino, dont se délectent les amateurs de café, son nom lui vient directement du Bienheureux Marc d’Aviano, qui était, je vous l’ai dit, prêtre capucin (cappuccino en italien) : les armées ottomanes en s’enfuyant avaient laissé des sacs plein de café dont le bon religieux fit faire une boisson réconfortante pour ceux qui avaient victorieusement combattu. La manière dont il le fit apprêter, encore inconnue à Vienne, connut un si vif succès qu’elle lui valut de garder le nom de son ordre religieux !

   En cette fête du Saint Nom de Marie, et avant que des esprits tordus – comme on peut en trouver si souvent parmi ceux qui veulent imposer à l’Occident le renoncement à ses racines et traditions – ne les fassent interdire, rendez donc gloire à Dieu en savourant quelques croissants et un bon cappuccino, tout en vous réjouissant de la musique composée par Jean-Baptiste Lully pour la burlesque cérémonie des Turcs du « Bourgeois gentilhomme » !

Lully.

Voir aussi :
Les réflexions et citations publiées > ici

(faire un clic droit sur l’image ci-dessous, puis « ouvrir le lien dans un nouvel onglet »)

Image de prévisualisation YouTube

(*) Je ne suis pas certain que presque 10 ans après sa publication officielle en langue latine cette édition du missel pour la forme ordinaire, qui a pourtant valeur normative, ait été publiée pour les diocèses de France!

Litanies du Saint Cœur de Marie :

       La dévotion a inspiré plusieurs formules de litanies en l’honneur du Coeur de Marie : aucunes d’entre elles ne font partie des litanies officielles de l’Eglise (qui peuvent être utilisées lors des cérémonies liturgiques), toutefois celles dont nous reproduisons le texte ci-dessous ont été publiées dans le « Manuel de piété à l’usage des élèves du Sacré-Coeur » qui avait reçu l’approbation de l’évêque du Mans en 1835.

Saint Coeur de Marie

Seigneur, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.

Jésus-Christ, exaucez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Cœur de Marie conçue sans péché, priez pour nous !
Cœur de Marie, objet des complaisances du cœur de Dieu, priez pour nous !
Cœur de Marie, uni au Cœur de Jésus, priez pour nous!
Cœur de Marie, organe du Saint-Esprit, priez pour nous !
Cœur de Marie, sanctuaire de l’adorable Trinité, priez pour nous !
Cœur de Marie, tabernacle du Verbe incarné, priez pour nous !
Cœur de Marie, immaculé dès le commencement, priez pour nous !
Cœur de Marie, rempli de grâce, priez pour nous !
Cœur de Marie, béni entre tous les cœurs, priez pour nous !
Cœur de Marie, trône de gloire, priez pour nous !
Cœur de Marie, abîme d’humilité, priez pour nous !
Cœur de Marie, holocauste du divin amour, priez pour nous !
Cœur de Marie, fixé à la croix avec Jésus crucifié, priez pour nous !
Cœur de Marie, consolation des affligés, priez pour nous !
Cœur de Marie, refuge des pécheurs, priez pour nous !
Cœur de Marie, espérance des agonisants, priez pour nous !
Cœur de Marie, siège de la miséricorde, priez pour nous !

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur !
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur !
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous !

V/. Marie immaculée, douce et humble de cœur,
R/. Rendez mon cœur semblable au Cœur de Jésus !

Oraison :

       Dieu très clément, qui, pour donner le salut aux pécheurs et un refuge aux miséreux, avez voulu que le Cœur immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie soit semblable par la charité et la miséricorde au divin Cœur de Jésus-Christ votre Fils, accordez à ceux qui honorent ce Cœur très doux et très aimant de parvenir, par l’intercession et les mérites de cette Bienheureuse Vierge, à une parfaite conformité avec le Cœur de Jésus, Lui qui vit et règne avec Vous dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles.

Ainsi soit-il.

Sacrés Coeurs de Jésus et Marie

Quelques autres prières que nous avons publiées : « Prière de Saint François de Sales à Notre-Dame » > ici ; « Prière au Cœur immaculé de Marie, refuge des pécheurs » > ici ; « Confiante supplication à Notre-Dame de Compassion » > ici ; « Prière du Rd. Père de Grandmaison » > ici.

2011-61. Du martyre de Saint Maximilien-Marie Kolbe.

14 août,
Fête de Saint Maximilien-Marie Kolbe, martyr (cf. > ici) ;
Vigile de l’Assomption de Notre-Dame ;
Mémoire de Saint Eusèbe, martyr.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Le 14 août est, bien sûr, la Vigile de l’Assomption de Notre-Dame, mais au Mesnil-Marie – vous devinez bien pourquoi – cette vigile n’est qu’une commémoraison puisque nous fêtons un premier lieu Saint Maximilien-Marie Kolbe : au jour anniversaire exact de son entrée dans la gloire, le 14 août 1941.

Saint Maximilien-Marie Kolbe

       Nous sommes à Auschwitz, à la fin du mois de juillet 1941.
Dans le bloc 14, celui du Père Maximilien-Marie, un homme manque à l’appel : il s’est évadé.
Les prisonniers se rappellent avec effroi de la menace du chef de camp : pour un évadé, vingt hommes de son bloc seront condamnés à mourir de faim.
La peur les tenaille tous cruellement, eux qui, dans les tortures les plus raffinées auxquelles ils sont soumis chaque jour, ont pu désirer la mort comme une délivrance…
La mort, oui, mais pas cette mort-là : agoniser pendant des jours, au compte-gouttes ; la faim et la soif qui vous dessèchent les entrailles, vous remplissent les veines de feu et vous conduisent à la folie…
Tous savent quels hurlements terrifiants retentissent du côté du « bloc de la mort ». Les geôliers eux-mêmes ne cachent pas qu’ils en sont terrorisés.

   Le lendemain, après l’appel, les prisonniers du bloc 14 doivent rester debout, au garde à vous, en plein soleil. De toute la journée, on ne leur donne rien.
Des SS les surveillent et « maintiennent » l’ordre à coups de crosse. Lorsqu’un prisonnier tombe d’épuisement et que les coups ne le ramènent pas de son évanouissement, on le traîne hors des rangs : les corps sont entassés…
Les visages de ceux qui tiennent sont tuméfiés par la chaleur.
Le Père Maximilien-Marie, ce malade vingt fois condamné par les médecins, ne tombe pas, reste lucide…
Comme Marie sous la croix, avec Marie sous la croix, il est debout.

   En son for intérieur, il est étrangement paisible : résolu comme jamais, il sait que la grâce qui lui a été prophétisée et à laquelle il a librement consenti lorsqu’il avait dix ans, vient à lui dans le silence.
Elle est toute proche. Elle est là.
Et si son corps est contraint de rester immobile, son âme se précipite pour l’embrasser.

   Au soir, le chef de camp revient : « L’évadé n’a pas été retrouvé. Dix d’entre vous mourront à sa place dans le bunker de la faim. La prochaine fois, il y en aura vingt… Toi… Toi… Et encore toi… « 
En savourant la terreur qu’il inspire, l’officier prend son temps pour parcourir les rangs et désigner ceux qu’il envoie à la mort.

- Ooooh… ma pauvre femme… mes enfants! sanglote l’un des désignés.

Et c’est là que, à la stupéfaction de tous – prisonniers et bourreaux -, le Père Maximilien-Marie s’avance.

- Que me veut ce cochon de polonais? hurle le Lagerführer.
- Je voudrais mourir à la place d’un de ces condamnés.

Le SS est abasourdi. Il cherche à comprendre.

- Et pourquoi?
- Je suis vieux ; je ne suis plus bon à rien
- Pour qui veux tu mourir?
- Celui-ci : il a une femme et des enfants.
- Qui es-tu?
- Prêtre catholique.

   La grâce passe malgré lui dans la tête du SS qui ne comprend rien, qui est dépassé et qui cède à la volonté de ce prêtre, lui lui qui ne revient jamais sur les ordres qu’il a donné : « Soit! va avec eux… »

   Les prisonniers sont emmenés. 
Ils doivent se mettre totalement nus et on referme sur eux la porte.
Père Maximilien-Marie peut dire en toute vérité : « O ma Reine, ô ma Mère : Vous avez tenu parole! Et c’est pour cette heure ci que je suis né! »

   Dans le bloc de la mort, enfer en miniature qui ne retentissait jusqu’alors que des hurlements de désespoir, des voix s’élèvent : ces hommes épuisés, ces condamnés à mort chantent et prient…
Depuis la cellule où sont enfermés le Père Kolbe et ses neuf compagnons, la prière se répand : de cellule en cellule les prières et les chants gagnent tout le bloc de la mort.
Les gardiens sont médusés : jamais le terme de « chapelle ardente » n’a été si adapté pour désigner un lieu de mort!

   Chaque jour, les voix se font plus faibles, moins nombreuses… mais pas moins ferventes.

   Chaque jour des prisonniers sont commis pour enlever les cadavres. L’un d’eux témoignera : le Père Maximilien était toujours debout ou à genoux, priant à haute voix, lors même que tous les autres gisaient comme des loques.
Les SS qui président à l’enlèvement des cadavres ne supportent pas le regard que le Père pose sur eux : « Détourne les yeux! Ne nous regarde pas ainsi! »

   Les jours passent.
Le 14 août, il n’y a plus que 4 survivants, mais seul Père Maximilien-Marie est conscient : le bon pasteur arrive au terme de la mission que lui a confiée la Vierge Immaculée.
Il a accompagné tout son petit troupeau jusqu’à la porte de l’éternité, jusqu’à l’entrée dans le Coeur de Jésus.
Il est assis, sans force, appuyé au mur.

   A ceux qui viennent l’achever par une piqûre de phénol, il tend lui-même son bras décharné.

   Un peu plus tard on vient chercher son corps qui sera brûlé le lendemain, 15 août.
Le détenu chargé d’enlever les corps témoignera : les autres cadavres étaient sales, avaient les traits ravagés… Mais lui, on eût dit qu’il répandait de la lumière : ses yeux grands ouverts donnaient l’impression d’une extase.

   « A celui qu’Il aime, Dieu envoie la croix pour qu’il ait la possibilité de rendre à Dieu l’amour qu’Il a eu pour nous…«  avait écrit le Père Maximilien-Marie en 1938.

Bunker de la faim - 14 août 1941

   Lui qui aimait tant le vieux cantique français « J’irai la voir un jour » s’en est allé – comme le dit le dernier couplet – « loin de la terre sur le Coeur de sa Mère reposer sans retour », et cela au moment où l’Eglise dans sa liturgie commençait à célébrer le grand triomphe de Marie sur la mort et sur le mal.

(récit établi en bonne partie d’après Maria Winowska)

Témoignage d’un rescapé d’Auschwitz > ici

palmes

1...1617181920...24

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi