Archive pour la catégorie 'Memento'

2008-48. In memoriam : Victimes et martyrs des massacres de septembre 1792.

2 septembre,
En de nombreux diocèses de France, fête des Bienheureux Martyrs de Septembre 1792 ;
Mémoire de Saint Etienne de Hongrie, Roi et confesseur ;
Mémoire du sixième jour dans l’octave de Saint Augustin.

Très Saint Nom de Jésus - vignette pour blogue

       Du 2 au 7 septembre 1792, à Paris, mais aussi dans d’autres villes (Versailles, Orléans, Meaux, Reims…) on assista à un déferlement de violences à peine imaginables , qui sont restées dans l’histoire sous le nom de « Massacres de Septembre ».
On peut voir dans cet épisode – pieusement minoré par les chantres de la grande, belle et généreuse révolution – le préambule de la grande terreur.

   Le 2 septembre 2007 coïncidait avec un dimanche et Frère Maximilien-Marie, puisque le Mesnil-Marie était encore établi tout proche de Paris, avait pu contribuer à l’organisation d’une célébration en l’honneur non seulement des martyrs mais aussi des autres victimes (non béatifiées) – trop souvent tombées dans l’oubli – de ces massacres.

   Ce fut une Sainte Messe latine traditionnelle, célébrée par Monsieur l’Abbé M******, dans la chapelle Saint-Louis de la Pitié-Salpêtrière.
Pourquoi en ce lieu?
Parce que justement l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière fut l’un de ces lieux où quelques centaines de malheureuses victimes périrent de manière horrible.
Les chants de cette très belle célébration avaient été assurés par la Schola Sainte Cécile et vous pourrez aussi vous reporter à ce qui fut p
ublié sur le site de cette excellente formation en cliquant > ici .

   Chaque année, au retour de cette date du 2 septembre, il est de notre devoir – par la pensée et la prière – de rejoindre ces glorieux témoins de la Foi et de la fidélité héroïque à la Sainte Eglise Romaine.

   Pour moi, je suis allé rechercher dans les archives de Frère Maximilien-Marie le texte par lequel il avait introduit la célébration de ce 2 septembre 2007 car, indépendamment des points de circonstance, il s’y trouve des éléments importants dont il convient de garder le souvenir et d’alimenter notre réflexion…

Lully.

Scène de massacre à la Salpêtrière - septembre 1792

Scène de massacre dans la cour de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en septembre 1792

Introduction à la Sainte Messe

du dimanche 2 septembre 2007

en la chapelle Saint-Louis de la Pitié-Salpêtrière.

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       « Le lundi saint dernier, à l’issue d’une conférence que je venais de donner, un ami (qui n’est pas né en France et dont l’humilité souffrirait que je dévoilasse ici son nom) me faisait part de son étonnement en constatant que la commémoration des martyrs de septembre et des victimes de la révolution, en dehors des offices célébrés autour du 21 janvier, du 8 juin ou du 16 octobre passait inaperçue, même dans beaucoup de milieux dits « tradis » ; et il me demandait ce qui empêcherait d’organiser une célébration de plus grande envergure que les messes « ordinaires » célébrées sans grande solennité ni – qu’on me pardonne ce mot – publicité.
Après avoir réfléchi et prié, j’ai pris la décision de relever le défi et de tenter d’organiser « quelque chose ».
Or justement, en cette année 2007, le 2 septembre correspond avec un dimanche, jour où – par principe – davantage de personnes sont disponibles pour participer à un rassemblement… surtout religieux.
Le 2 septembre est en effet le jour de la fête liturgique des Bienheureux Martyrs de Septembre 1792, même si la célébration du dimanche ne permet pas de célébrer la messe propre de la fête. C’est en effet du 2 au 7 septembre 1792, que plusieurs milliers de victimes furent atrocement massacrées dans les prisons de Paris – au Châtelet, à la Conciergerie, à l’Abbaye, à la Force -, dans les maisons religieuses transformées en lieu de détention – Saint-Firmin et les Carmes -, dans les hôpitaux comme Bicêtre, ou ici même, à la Pitié Salpêtrière.

* * * * * * *

   En tout premier lieu, nous devons donc adresser de chaleureux remerciements à Monseigneur Gilles Annequin, responsable de l’aumônerie de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière et Vicaire Épiscopal chargé de la Pastorale de la Santé, ainsi qu’à ses collaborateurs : ce sont eux qui nous accueillent ici, dans cette chapelle fondée par Louis XIV.
Au cours de cette Messe nous n’omettrons pas de prier à l’intention de ceux qui aujourd’hui sont aux prises avec la souffrance, du corps ou de l’âme, et nous demanderons à Dieu et à ses saints martyrs, de leur donner des grâce de force, de consolation, et – s’il est possible – de guérison…
Nous aurons également à cœur de prier pour que la mission pastorale de Monsieur l’Aumônier et de son équipe porte des fruits de grâce.
Mes remerciements vont bien sûr à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre vont permettre le bon déroulement de la liturgie : choristes, organiste, servants d’autel… et tout particulièrement aussi à notre célébrant, Monsieur l’abbé M******, auxiliaire de l’institut de droit pontifical du Bon Pasteur, au Centre Saint-Paul.
Des remerciements aussi à tous les journalistes, de la presse écrite ou de la radio, remerciements à tous les responsables d’associations, de mouvements ou de sites internet et remerciements à tous les « blogueurs » qui ont relayé l’information…
Et des remerciements enfin à vous tous pour votre présence…

   Je voudrais ensuite ajouter deux avis pratiques :
a) Le premier, au sujet de… la quête !
Elle servira à régler les honoraires du célébrant, le cachet de l’organiste et à laisser une offrande, que je souhaiterais la plus généreuse possible, pour cette chapelle dont l’entretien et la restauration de certains éléments du mobiliers s’avère nécessaire : et j’en profite pour saluer le combat (le mot n’est pas trop fort) que mène Monseigneur Annequin pour conserver à cette chapelle son caractère de lieu de culte, consacré à Dieu, alors que certains voudraient l’utiliser à d’autres fins.
b) Le second pour vous signaler qu’à l’issue de la célébration, vous pourrez si vous le désirer emporter un feuillet récapitulatif des événements de septembre 1792, mais aussi acheter un livret…

   Si d’aventure les exemplaires ici disponibles se révélaient insuffisants, vous pourriez nous laisser vos coordonnées et nous procéderions à un nouveau tirage.

* * * * * * *

   Quel sens faut-il donner au rassemblement de ce jour ?
Notre réunion en ce lieu, pour honorer le souvenir des martyrs et des victimes de la grande révolution, n’est pas une manifestation « politique » (du moins au sens courant de ce mot) et elle n’est pas non plus « partisane ».
A une époque où on nous rebat les oreilles avec le « devoir de mémoire », mais où justement la « mémoire officielle » se fait singulièrement sélective – partielle et partiale – notre identité catholique nous oblige à dire et à répéter, à la suite d’un grand nombre de pontifes et de saints, que l’idéologie des prétendues « lumières » et la révolution de 1789, sous le couvert de fallacieux slogans humanitaires, sont une impasse qui entraînent l’humanité vers une effrayante déshumanisation, ramènent l’homme à un état de brute pire que l’animal, et conduisent le monde à la ruine.

   Nous le savons bien, l’essence de la révolution tient dans la révolte contre un ordre temporel qui, parce qu’il est humain, ne peut certes jamais être parfait, mais dont les références étaient prioritairement le Christ et Sa Loi.

   Derrière les atrocités de la révolution, notre regard – exercé par la contemplation des réalités surnaturelles – nous montre indubitablement l’action de l’ennemi du plan de Dieu, l’ennemi du salut des hommes, l’ennemi du bonheur de l’homme, lui qui est « menteur et homicide dès le commencement », lui qui, aux origines du monde, a crié « non serviam : je ne servirai pas ! » , lui qui, par le biais de mille séductions, porte l’homme à crier à son tour : nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous !
Voilà pourquoi les conséquences de l’idéologie des prétendues « lumières » et de la révolution de 1789 se retrouvent dans tous les systèmes totalitaires qui, depuis près de deux siècles, ont voulu re-former l’homme et la société en dehors de sa nature et en dehors de sa vocation surnaturelle.

   Réunis dans le souvenir de ces milliers de nos frères, immolés dans une fureur sanguinaire difficilement concevable, notre présence ici, aujourd’hui, dans ce lieu, est une forme de protestation contre les attentats sacrilèges, répétés et toujours amplifiés, qui portent atteinte aux droits et la royauté de Dieu, et par conséquence logique aussi qui portent atteinte à la dignité de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et appelé au partage de la béatitude divine.

   Nous ne sommes pas venus pour assister à un « meeting » politique, mais pour participer de toute la ferveur de notre âme à la Sainte Messe catholique,  c’est à dire au renouvellement mystique de l’acte sublime du Calvaire, par lequel le Christ notre Roi opère le salut de l’humanité et nous obtient toutes les grâces nécessaires pour parvenir à notre fin surnaturelle et éternelle.
Nous assisterons à la Sainte Messe dans le souvenir de ces martyrs glorieux, que l’Eglise a élevés aux honneurs des autels, et dont le sang, généreusement versé à la suite du Christ immolé, a permis un vrai renouvellement de l’Eglise de France : le sang des martyrs est toujours semence de chrétienté !
Mais nous nous souviendrons aussi de ces victimes, connues ou inconnues, qui furent sauvagement assassinées à seule fin d’instaurer une politique de terreur : prisonniers politiques, gardes suisses, prisonniers de droit commun, malades, aliénés, orphelins, handicapés… sacrifiés par l’idéologie révolutionnaire en invoquant une liberté, une l’égalité et une fraternité dont on peut – selon la recommandation du Saint Evangile – juger de la vérité par les fruits.

   Lorsqu’ils refusent l’ordre voulu par Dieu, les plus nobles idéaux se pervertissent ; quand il refuse le Sang versé par son Rédempteur, l’homme s’enfonce dans les plus sanguinaires folies ; quand elles refusent la royauté du Sacré-Cœur de Jésus, les sociétés accumulent les ruines !

   Nous ne sommes pas ici parce que nous serions des « passéistes », congelés dans un sempiternel regret d’époques révolues ; nous ne sommes pas des « rétrogrades », dont la seule ambition tendrait à une forme de revanche aigrie sur l’histoire… Nous sommes des catholiques qui, avec les critères de l’Evangile diagnostiquons le mal qui ronge et détruit le monde dans lequel la Providence nous a placés, et qui voulons – avec l’humilité des serviteurs de la Vérité – qu’il revienne à la santé et à la vie.
Qui oserait traiter le médecin qui travaille à rendre la santé à son patient de « rétrograde » ?
Quel homme de bon sens pourrait prétendre que lorsqu’un malade recouvre la santé il retourne en arrière et fait du passéisme ?
Notre monde est malade, notre société est malade, la France est malade… et nous en souhaitons la guérison, le retour à la vie. Voilà pourquoi nous nous tournons vers Celui qui affirme « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie », et qui dit encore « Je suis venu pour les malades et les pécheurs ».
Nous nous tournons vers Lui en Le suppliant pour qu’Il guérisse les plaies, cicatrise les blessures, et ressuscite ce qui a été touché par la mort spirituelle : Que le Christ soit victorieux de toutes les forces de mort et de corruption, que le Cœur du Christ touche et guérisse le cœur de notre pauvre humanité, que l’Amour du Cœur du Christ règne dès à présent et pour toujours, voilà notre souhait, notre prière, et l’objet de notre combat.

« Christus vincit !  Christus regnat !  Christus imperat ! »

palmes

On trouvera le décret du Saint-Siège relatif au martyre des victimes de septembre 1792 > ici 

2008-38. Le 17 juillet nous fêtons les Bienheureuses Carmélites de Compiègne, martyres.

17 juillet,
Fête de la Bienheureuse Thérèse de Saint-Augustin et de ses compagnes,
vierges et martyres, carmélites de Compiègne.

Vierges et martyres de la révolution - blogue

       Depuis sa fondation en 1641, le monastère du Carmel de Compiègne avait toujours conservé un grand esprit de prière, de silence, de pauvreté et de régularité. Ainsi, lorsque éclata la grande révolution, la communauté était animée d’un grand amour de Dieu et d’une remarquable ferveur pour le salut des âmes. Entres toutes, la Prieure, Mère Thérèse de Saint-Augustin* (Lidoine), femme de profonde oraison, brillait par de hautes qualités humaines et spirituelles.

   Le 14 septembre 1792, fête de l’Exaltation de la sainte Croix, elles furent expulsées de leur monastère et durent être hébergées par des habitants de Compiègne, par petits groupes dans lesquels elles continuaient autant que possible (et sous l’habit civil) à vivre leur règle religieuse.
Face à la tourmente révolutionnaire, les dignes filles de sainte Thérèse d’Avila, suivant le désir de leur Prieure qui en avait reçu l’inspiration dans la prière, s’offrirent à Dieu

« pour que cette divine paix que son cher Fils était venu apporter au monde fût rendue à l’Église et à l’État ».

Jusque à leur mort, quotidiennement, elles renouvelleront ce don.

   Le 21 juin 1794, elles sont arrêtées et jetées en prison. Elles supportent avec courage et charité les vexations et les souffrances qui leurs sont imposées.
Finalement, elles sont conduites à Paris dans des charrettes (12-13 juillet 1794), sont enfermées à la Conciergerie et condamnées à mort, sans témoins, par le tribunal révolutionnaire « pour leur fidélité à la vie religieuse et leur grande dévotion au Sacré Cœur » : des images, des scapulaires et un cantique avaient été saisis chez elles, et constituaient le principal chef d’accusation !!!

Le martyre des Carmélites de Compiègne

   Le 17 juillet, en marchant vers leur martyre, elles prient et chantent le Miserere, le Salve Regina et le Te Deum.
Au pied de l’échafaud, installé sur la place du Trône – alors « place du trône renversé » et actuelle « place de la nation » -, elles entonnent le Veni Creator et renouvellent les promesses de leur baptême puis leurs vœux religieux.
Sœur Constance de Jésus (Meunier), novice, est appelée la première. Elle demande à la Mère prieure sa bénédiction et la permission de mourir. Elle gravit ensuite les marches de l’échafaud en chantant le Laudate Dominum omnes gentes.
La même scène se reproduit pour les autres moniales. La Prieure est immolée la dernière.

   Leurs corps furent jetés dans une fosse commune du proche cimetière de Picpus.
Elles ont été béatifiées par le Pape Saint Pie X, le 27 mai 1906.

Plaque du cimetière de Picpus commémorant le lieu où sont ensevelies les corps des Carmélites de Compiègne

   « Quel bonheur de mourir pour son Dieu ! » s’était écriée l’une d’elles. « Soyons les dernières à mourir. »
En effet, dix jours après leur sacrifice la grande terreur prenait fin par la chute de Robespierre et la tourmente qui, pendant deux ans, avait répandu le sang des enfants de France, s’apaisa pour un temps.

   Gertrud von Le Fort, saisie par l’héroïsme spirituel de ces femmes, en a fait l’objet d’une nouvelle intitulée « La dernière à l’échafaud » (c’est elle qui inventa le personnage de Sœur Blanche de la Force, qui n’a pas existé) ; cette nouvelle inspirera Georges Bernanos pour des « Dialogues des Carmélites », scénario pour un célèbre film (1960) qui, en définitive, ne retiendra que peu d’éléments du texte de Bernanos ; ce film sera à son tour l’inspirateur de l’opéra de Francis Poulenc qui porte le même nom.
Cependant la réalité historique est bien plus abrupte et bien plus belle que les œuvres artistiques qu’elle a suscitées… et c’est à cette source que nous devons puiser pour découvrir le vrai visage de ces authentiques filles de Sainte Thérèse martyres.

* Nota bene :
Mademoiselle Lidoine en entrant au Carmel de Compiègne avait pris le même nom de religion que la fille de Louis XV, Madame Louise, devenue carmélite à Saint-Denys (voir ici > ici), justement en reconnaissance envers cette princesse qui lui avait permis de réaliser sa vocation.

Trois lys blancs

2008-35. Du 6 au 26 juillet 1794, le supplice des trente-deux Bienheureuses Martyres d’Orange.

10 juillet,
Au Mesnil-Marie, la fête des Bienheureuses Martyres d’Orange ;
Mémoire de Sainte Amalberge de Maubeuge (cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de l’abbé Henri Huvelin (cf. ici & ici).

Vierges et martyres de la révolution - blogue

       Pendant la grande révolution, furent arrêtées et rassemblées à la prison d’Orange, cinquante-deux religieuses, appartenant à divers ordres religieux implantés dans les environs.

   Elles étaient accusées « d’avoir voulu détruire la République par le fanatisme et la superstition » !!!
Leur crime consistait en réalité à avoir refusé d’abandonner la vie religieuse, d’avoir persévéré autant qu’elles avaient pu dans la vie communautaire, et de ne pas avoir prêté les serments révolutionnaires.

   Condamnées à mort par une « commission populaire » siégeant dans la chapelle Saint-Louis, trente-deux d’entre elles furent exécutées : seize Ursulines, treize Sacramentines, deux Cisterciennes et une Bénédictine.
Les vingt autres furent sauvées par la chute de Robespierre (le 28 juillet 1794) et libérées en 1795.

   Ces moniales passaient la plus grande partie de leur temps d’incarcération à prier.
On connaît par les archives la manière dont elles avaient organisé leurs journées dans la prison :

- 5 heures : lever et méditation, récitation des prières de la messe .
- 7h : déjeuner
- 8h : litanies des saints et autres prières
- 9h : c’était généralement le moment où certaines d’entre elles étaient appelées à comparaître devant le tribunal et, comme elles n’avaient aucune illusion sur ce simulacre de justice, elles se disaient alors un à-Dieu joyeux. Celles qui restaient priaient pour celles qui partaient et méditaient le chemin de la croix.
- 18h : le roulement de tambour annonçait que les condamnées montaient à l’échafaud ; les prisonnières récitaient les prières de la recommandation de l’âme et des agonisants. Quand le tambour cessait, elles chantaient le « Te Deum ».

   Aucune n’avait peur ; aucune ne signa le serment qui lui eût épargné la mort mais qui eût été synonyme de parjure. Elles avaient même composé un hymne dont le refrain ne manquait pas d’humour : « Bien loin que la guillotine me cause quelque frayeur, mon Dieu me fait voir en elle un moyen très précieux qui, par une voie nouvelle, me conduit droit aux Cieux ».

Les Bienheureuses Martyres d'Orange au pied de l'échafaud

Les Bienheureuses Martyres au pied de l’échafaud

   Voici les noms de ces vaillantes martyres dans l’ordre de leur exécution :

-  le 6 juillet, Sœur Marie-Rose, bénédictine de Caderousse (dans le siècle Suzanne Deloye, née à Sérignan en 1741),

- le 7 juillet, Sœur Iphigénie, sacramentine de Bollène ( dans le siècle Suzanne de Gaillard, née à Bollène en 1761),

- le 9 juillet, Sœur Sainte-Mélanie, ursuline de Bollène (Madeleine de Guilhermier, née à Bollène en 1733) et Sœur Marie-des-Anges, ursuline de Bollène (Marie-Anne de Rocher, née à Bollène en 1755),

- le 10 juillet, Sœur Sainte-Sophie, ursuline de Bollène (Gertrude d’Alauzier, née à Bollène en 1757) et Sœur Agnés, ursuline de Bollène (Sylvie de Romillon, née à Bollène en 1750).

- le 11 juillet, Sœur Sainte-Pélagie, sacramentine de Bollène (Rosalie Bès, née à Beaume-du-Transit en 1753), Sœur Saint-Théotiste, sacramentine de Bollène (Elisabeth Pélissier, née à Bollène en 1741), Sœur Saint-Martin, sacramentine de Bollène (Claire Blanc, née à Bollène en 1742) et Sœur Sainte-Sophie, ursuline de Pont-Saint-Esprit (Marguerite d’Albarède, née à Saint-Laurent-de-Carnols en 1740).

- le 12 juillet, Sœur Rose, sacramentine de Bollène (Thérèse Talieu, née à Bollène en 1746), Sœur du Bon-Ange, converse sacramentine de Bollène (Marie Cluse, née à Bouvantes en 1761), Sœur Marie de Saint-Henri, cistercienne de Sainte-Catherine d’Avignon (Marguerite de Justamond, née à Bollène en 1746) et Sœur Saint-Bernard, ursuline de Pont-Saint-Esprit ( Jeanne de Romillon, née à Bollène en 1753).

- le 13 juillet, Sœur Madeleine de la Mère de Dieu, sacramentine de Bollène (Elisabeth Verchières, née à Bollène en 1769), Sœur Marie-de-l’Annonciation, sacramentine de Bollène (Thérèse Faurie, née à Sérignan en 1770), Sœur Saint-Alexis, sacramentine de Bollène (Andrée Minutte, née à Sérignan en 1740), Sœur Saint-François, ursuline de Bollène (Marie-Anne Lambert, née à Pierrelatte en 1742) et Sœur Sainte-Françoise, converse ursuline de Carpentras (Marie-Anne Depeyre, née à Tulette en 1756),

- le 15 juillet, Sœur Saint-Gervais, supérieure des ursulines de Bollène (Anastasie de Roquard, née à Bollène en 1749),

- le 16 juillet, Sœur Aimée, sacramentine de Bollène (Rose de Gordon, née à Mondragon en 1733), Sœur Marie-de-Jésus, sacramentine de Bollène (Thérèse Charrensol, née à Richerenches en 1758), Sœur Saint-Joachim, converse sacramentine de Bollène (Marie-Anne Béguin-Royal, née à Bouvantes en 1736), Sœur Saint-Michel, converse ursuline de Bollène (Marie-Anne Doux, née à Bollène en 1738), Sœur Saint-André, converse ursuline de Bollène (Marie-Rose Laye, née à Bollène en 1728), Sœur Madeleine, ursuline de Pernes (Dorothée de Justamond, née à Bollène en 1743) et Sœur du Coeur-de-Marie, cistercienne de Sainte-Catherine d’Avignon (Madeleine de Justamond, née à Bollène en 1754),

- le 20 juillet, Sœur Saint-Basile, ursuline de Pont-Saint-Esprit (Anne Cartier, née à Livron en 1733),

- le 26 juillet, Sœur Saint-Augustin, sacramentine de Bollène (Marguerite Bonnet, née à Sérignan en 1719), Sœur Catherine, ursuline de Pont-Saint-Esprit (Marie-Madeleine de Justamond, née à Bollène en 1724), Sœur Claire, ursuline de Bollène (Claire Dubas, née à Laudun en 1727) et Sœur du Cœur-de-Jésus, supérieure des ursulines de Sisteron (Elisabeth-Thérèse de Consolin, née à Courthézon en 1766).

   Elles montèrent toutes joyeusement à l’échafaud, chantant et priant pour leurs persécuteurs qui admiraient leur courage : « Ces bougresses-là meurent toutes en riant ».

   Les corps des martyres furent jetés dans des fosses communes, dans le champ Laplane (à Gabet), situé à 4 kilomètres de la ville, au bord de l’Aygues, et une chapelle y fut bâtie en 1832.

   Les trente-deux religieuses ont été béatifiées par le pape Pie Xl le 10 mai 1925.
Leur fête se célèbre à Orange même le 9 juillet, et dans d’autres lieux à diverses dates entre le 6 et le 26 juillet en fonction des opportunités des calendriers particuliers.

Voir aussi le texte publié > ici.

La chapelle de Gabet

Vue ancienne de la chapelle de Gabet,
élevée sur les lieux où les corps des Bienheureuses Martyres furent ensevelis.

2008-31. Où l’on vérifie la vérité de la devise des Chartreux : « La Croix demeure tandis que le monde tourne ».

Vendredi 20 juin 2008.

Crucifix au-dessus de la porte d'entrée du Mesnil-Marie

Crucifix au-dessus de la porte d’entrée principale du Mesnil-Marie

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Ceux d’entre vous qui viendront dorénavant en notre Mesnil-Marie pourront prêter attention au crucifix que Frère Maximilien-Marie a accroché au-dessus du linteau de notre porte d’entrée principale : il a une grande importance à ses yeux, et c’est pour cela qu’il tenait très fort à ce que ce fût, avant même notre installation définitive en cette maison, la première croix qui y fût accrochée, et c’est bien ce qui a été accompli en ce vendredi 20 juin.

   Pourquoi cette croix-là précisément ?
Parce qu’elle a toute une histoire. Une histoire qui touche profondément Frère Maximilien-Marie et que je vais vous raconter à mon tour : cela ne me sera pas difficile puisque c’est écrit sur un billet rédigé avec une écriture appliquée qui accompagne cette croix.

   Les arrières-grands-parents paternels de Frère Maximilien-Marie, qui vivaient alors dans un village de l’ancien comté de Valentinois, avaient reçu ce crucifix des mains d’un religieux lorsque, au moment des lois anti-catholiques de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle, ils furent expulsés de France.
Ce crucifix échut ensuite au grand-père paternel de Frère Maximilien-Marie.
C’était, à l’origine, une croix sur pied, teinte en noir, comme cela se faisait beaucoup aux siècles qui nous ont précédés, mais la représentation de Notre-Seigneur était en fonte.

   Le mardi saint 10 avril 1979, la maison dans laquelle les grands parents de Frère Maximilien-Marie s’étaient retirés (maison héritée des parents de sa grand’mère), dans cette région du Vivarais qu’on appelle les Boutières, fut en grande partie ravagée par un incendie.
Au milieu des décombres de la partie sinistrée, on retrouva le Christ : la croix avait été détruite par le feu, mais le Christ en fonte était intact.
Le grand-père de Frère Maximilien-Marie façonna pour Lui une nouvelle croix dans le cœur de l’une des poutres en bois de châtaignier de la maison ancestrale, poutre brûlée seulement en surface, car une poutre faite dans un châtaignier coupé, selon les principes des anciens bâtisseurs, au XVIe ou XVIIème siècle ne brûle pas facilement !
Les clous qui servirent à y fixer l’effigie du divin Crucifié, sont aussi d’antiques clous forgés récupérés au milieu des cendres…

Crucifix ancestral du Mesnil-Marie

  Entré au postulat en 1980, Frère Maximilien-Marie fut admis au noviciat au terme de cette première année de probation : c’est à l’occasion de cette entrée au noviciat, en septembre 1981, que le grand-père de notre frère lui offrit cette croix, en disant : « Elle avait été donnée à notre famille par un ordre religieux, et maintenant elle retourne dans un autre ordre religieux après avoir accompagné notre famille au cours de tous ses déménagements pendant près d’un siècle… »

   Lorsque, en 1993, Frère Maximilien-Marie bénéficia de son premier indult d’exclaustration (ainsi appelle-t-on dans le langage du droit canonique la permission de quitter sa communauté de profession sans être relevé de ses vœux ni qu’il s’agisse d’un retour à la vie laïque) en raison des graves problèmes survenus dans son institut, il emporta avec lui cette croix qui l’a accompagné depuis lors dans ses déplacements, et vers laquelle il a souvent porté ses regards dans les moments difficiles qu’il dut affronter avant la fondation du Refuge Notre-Dame de Compassion.

   Frère Maximilien-Marie a attendu ce vendredi 20 juin 2008 pour l’accrocher, parce que – depuis hier après-midi – l’acte de vente a été signé : notre nouvelle maison est désormais tout à fait régulièrement et officiellement la propriété de l’association Refuge Notre-Dame de Compassion.
Dieu soit béni !

   « Stat Crux, dum volvitur orbis » dit la devise des Chartreux. Ce qui peut se traduire ainsi : « La Croix demeure tandis que le monde tourne ». Cette histoire n’en est-elle pas une humble mais bien émouvante illustration ? 

Patte de chat Lully.

devise des chartreux

2008-8. Du martyre de Sa Majesté le Roy Louis XVI.

Discours de Sa Sainteté le Pape Pie VI

prononcé au Consistoire secret du 11 juin 1793.

Statue du Roy martyr à la Chapelle Expiatoire

Statue du Roi-martyr à la Chapelle Expiatoire (Paris)

« Vénérables Frères, comment Notre voix n’est-elle point étouffée dans ce moment par Nos larmes et par Nos sanglots ? N’est-ce pas plutôt par Nos gémissements que par Nos paroles, qu’il convient d’exprimer cette douleur sans bornes que Nous sommes obligés de manifester devant vous en vous retraçant le spectacle que l’on vit à Paris le 21 du mois de janvier dernier.

« Le Roi très Chrétien Louis XVI a été condamné au dernier supplice par une conjuration impie et ce jugement s’est exécuté. Nous vous rappellerons en peu de mots les dispositions et les motifs de la sentence. La Convention Nationale n’avait ni droit ni autorité pour la prononcer.

« En effet, après avoir aboli la monarchie, le meilleur des gouvernements, elle avait transporté toute la puissance publique au peuple, qui ne se conduit ni par raison, ni par conseil, ne se forme sur aucun point des idées justes, apprécie peu de chose par la vérité et en évalue un grand nombre d’après l’opinion ; qui est toujours inconstant, facile à être trompé, entraîné à tous les excès, ingrat, arrogant, cruel… La portion la plus féroce de ce peuple, peu satisfaite d’avoir dégradé la majesté de son Roi, et déterminée à lui arracher la vie, voulut qu’il fût jugé par ses propres accusateurs qui s’étaient déclarés hautement ses plus implacables ennemis. Déjà, dès l’ouverture du procès, on avait appelé, tour à tour, parmi les juges quelques députés plus particulièrement connus par leurs mauvaises dispositions, pour mieux s’assurer de faire prévaloir l’avis de la condamnation par la pluralité des opinions.

« On ne put cependant pas assez augmenter le nombre pour obtenir que le Roi fût immolé en vertu d’une majorité légale. A quoi ne devait-on pas s’attendre et quel jugement exécrable à tous les siècles ne pouvait-on pas pressentir en voyant le concours de tant de juges pervers, et de tant de manœuvres employées pour capter les suffrages.

« Toutefois, plusieurs d’entre eux ayant reculé d’horreur au moment de consommer un si grand forfait, on imagina de revenir aux opinions, et les conjurés ayant ainsi voté de nouveau, prononcèrent que la condamnation était légitimement décrétée. Nous passerons ici sous silence une foule d’autres injustices, de nullités et d’invalidités que l’on peut lire dans les plaidoyers des avocats et dans les papiers publics. Nous ne relevons pas non plus tout ce que le Roi fut contraint d’endurer avant d’être conduit au supplice : sa longue détention dans diverses prisons d’où il ne sortait jamais que pour être conduit à la barre de la Convention, l’assassinat de son confesseur, sa séparation de la Famille Royale qu’il aimait si tendrement ; enfin cet amas de tribulations rassemblé sur lui pour multiplier ses humiliations et ses souffrances. Il est impossible de ne pas en être pénétré d’horreur quand on n’a point abjuré tout sentiment d’humanité. L’indignation redouble encore de ce que le caractère de ce Prince était naturellement doux et bienfaisant ; que sa clémence, sa patience, son amour pour son peuple furent toujours inaltérables…

« Mais ce que Nous ne saurions pas surtout passer sous silence, c’est l’opinion universelle qu’il a donnée de sa vertu par son testament, écrit de sa main, émané du fond de son âme, imprimé et répandu dans toute l’Europe. Quelle haute idée on y conçoit de sa vertu ! Quel zèle pour la religion catholique ! Quel caractère d’une piété véritable envers Dieu ! Quelle douleur, quel repentir d’avoir apposé son nom malgré lui à des Décrets si contraires à la discipline et à la Foi orthodoxe de l’Église. Prêt à succomber sous le poids de tant d’adversités qui s’aggravaient de jour en jour sur sa tête, il pouvait dire comme Jacques Ier, Roi d’Angleterre, qu’on le calomniait dans les Assemblées du peuple, non pour avoir commis un crime, mais parce qu’il était Roi, ce que l’on regardait comme le plus grand de tous les crimes…

« Et qui pourra jamais douter que ce monarque n’ait été principalement immolé en haine de la Foi et par un esprit de fureur contre les dogmes catholiques ? Déjà depuis longtemps les calvinistes avaient commencé à conjurer en France la ruine de la religion catholique.

« Mais pour y parvenir, il fallut préparer les esprits et abreuver les peuples de ces principes impies que les novateurs n’ont ensuite cessé de répandre dans les livres qui ne respiraient que la perfidie et la sédition. C’est dans cette vue qu’ils se sont ligués avec des philosophes pervers. L’Assemblée Générale du Clergé de France de 1755 avait découvert et dénoncé les abominables complots de ces artisans d’impiété. Et Nous-mêmes aussi, dès le commencement de Notre Pontificat, prévoyant les exécrables manœuvres d’un parti si perfide, Nous annoncions le péril imminent qui menaçait l’Europe dans Notre Lettre Encyclique adressée à tous les Évêques de l’Église Catholique…

« Si l’on avait écouté Nos représentations et Nos avis, Nous n’aurions pas à gémir maintenant de cette vaste conjuration tramée contre les rois et contre les empires.

« Ces hommes dépravés s’aperçurent bientôt qu’ils avançaient rapidement dans leurs projets ; ils reconnurent que le moment d’accomplir leurs desseins était enfin arrivé ; ils commencèrent à professer hautement, dans un livre imprimé en 1787, cette maxime d’Hugues Rosaire ou bien d’un autre auteur qui a pris ce nom, que c’était une action louable que d’assassiner un souverain qui refuserait d’embrasser la réforme ou de se charger de défendre les intérêts des Protestants en faveur de leur religion.

« Cette doctrine ayant été publiée peu de temps avant que Louis fût tombé dans le déplorable état auquel il a été réduit, tout le monde a pu voir clairement quelle était la première source de ses malheurs. Il doit donc passer pour constant qu’ils sont tous venus des mauvais livres qui paraissaient en France, et qu’il faut les regarder comme les fruits naturels de cet arbre empoisonné.

« Aussi a-t-on publié dans la vie imprimée de l’impie Voltaire, que le genre humain lui devait d’éternelles actions de grâces comme au premier auteur de la Révolution Française.

« C’est lui, dit-on, qui en excitant le peuple à sentir et à employer ses forces, a fait tomber la première barrière du despotisme : le pouvoir religieux et sacerdotal. Si l’on n’eût pas brisé ce joug, on n’aurait jamais brisé celui des tyrans. L’un et l’autre se tenaient si étroitement unis que le premier, une fois secoué, le second devait l’être bientôt après. En célébrant comme le triomphe de Voltaire la chute de l’Autel et du Trône, on exalte la renommée et la gloire de tous les écrivains impies comme autant de généraux d’une armée victorieuse. Après avoir ainsi entraîné, par toutes sortes d’artifices, une très grande portion du peuple dans leur parti pour mieux l’attirer encore par leurs œuvres et par leurs promesses, ou plutôt pour en faire leur jouet dans toutes les provinces de France, les factieux se sont servis du mot spécieux de liberté, ils en ont arboré les trophées et ils ont invité de tous côtés la multitude à se réunir sous ses drapeaux. C’est bien là, véritablement, cette liberté philosophique qui tend à corrompre les esprits, à dépraver les mœurs, à renverser toutes les lois et toutes les institutions reçues. Aussi fut-ce pour cette raison que l’Assemblée du Clergé de France témoigna tant d’horreur pour une pareille liberté, quand elle commençait à se glisser dans l’esprit du peuple par les maximes les plus fallacieuses. Ce fut encore pour les mêmes motifs que Nous avons cru, Nous-mêmes, devoir la dénoncer et la caractériser en ces termes :

« Les philosophes effrénés entreprennent de briser les liens qui unissent tous les hommes entre eux, qui les attachent aux Souverains et les contiennent dans le devoir. Ils disent et répètent jusqu’à satiété que l’homme naît libre et qu’il n’est soumis à l’autorité de personne. Ils représentent, en conséquence, la Société comme un amas d’idiots dont la stupidité se prosterne devant les prêtres et devant les rois qui les oppriment, de sorte que l’accord entre le Sacerdoce et l’Empire n’est autre chose qu’une barbare conjuration contre la liberté naturelle de l’homme. Ces avocats tant vantés du genre humain ont ajouté au mot fameux et trompeur de liberté cet autre nom d’égalité qui ne l’est pas moins. Comme si entre des hommes qui sont réunis en société et qui ont des dispositions intellectuelles si différentes, des goûts si opposés et une activité si déréglée, si dépendante de leur cupidité individuelle, il ne devait y avoir personne qui réunît la force et l’autorité nécessaires pour contraindre, réprimer, ramener au devoir ceux qui s’en écartent, afin que la Société, bouleversée par tant de passions diverses et désordonnées, ne soit précipitée dans l’anarchie et ne tombe pas en dissolution.

« … Après s’être établis, selon l’expression de Saint Hilaire de Poitiers, Réformateurs des Pouvoirs publics et arbitres de la religion, tandis que le principal objet est au contraire de propager partout un esprit de soumission et d’obéissance, ces novateurs ont entrepris de donner une constitution à l’Église elle-même par de nouveaux décrets inouïs jusqu’à ce jour.

« C’est de ce laboratoire qu’est sortie une constitution sacrilège que Nous avons réfutée dans Notre réponse du 10 mars 1791 à l’exposition des principes qui Nous avait été soumise par cent trente Évêques. On peut appliquer convenablement à ce sujet ces paroles de Saint Cyprien : « Comment se fait-il que les Chrétiens soient jugés par des hérétiques, les hommes sains par des malades … les juges par des coupables, les prêtres par des sacrilèges ? ».

« Que reste-t-il donc de plus que de soumettre l’Église au capitole ? Tous les Français qui se montraient encore fidèles dans les différents ordres de l’État et qui refusaient avec fermeté de se lier par un serment à cette nouvelle Constitution, étaient aussitôt accablés de revers et voués à la mort. On s’est hâté de les massacrer indistinctement ; on a fait subir les traitements les plus barbares à un grand nombre d’ecclésiastiques. On a égorgé des Évêques … ceux que l’on persécutait avec moins de rigueur se voyaient arrachés de leurs foyers et relégués dans des pays étrangers, sans aucune distinction d’âge, de sexe, de condition. On avait décrété que chacun était libre d’exercer la religion qu’il choisirait, comme si toutes les religions conduisaient au salut éternel ; et cependant la seule religion catholique était proscrite.

« Seule, elle voyait couler le sang de ses disciples dans les places publiques, sur les grands chemins et dans leurs propres maisons. On eût dit qu’elle était devenue un crime capital. Ils ne pouvaient trouver aucune sûreté dans les États voisins où ils étaient venus chercher asile … Tel est le caractère constant des hérésies. Tel a toujours été, dès les premiers siècles de l’Église, l’esprit des hérétiques, spécialement développé de notre temps par les manœuvres tyranniques des calvinistes qui ont cherché avec persévérance à multiplier leurs prosélytes par toutes sortes de menaces et de violences. D’après cette suite ininterrompue d’impiétés qui ont pris leur origine en France, aux yeux de qui n’est-il pas démontré qu’il faut imputer à la haine de la religion les premières trames de ces complots qui troublent et ébranlent toute l’Europe ? Personne ne peut nier que la même cause n’ait amené la mort funeste de Louis XVI. On s’est efforcé, il est vrai, de charger ce Prince de plusieurs délits d’un ordre purement politique. Mais, le principal reproche qu’on ait élevé contre lui, portait sur l’inaltérable fermeté avec laquelle il refusa d’approuver et de sanctionner le décret de déportation des prêtres, et la lettre qu’il écrivit à l’Évêque de Clermont pour lui annoncer qu’il était bien résolu de rétablir en France, dès qu’il le pourrait, le culte catholique. Tout cela ne suffit-il pas pour qu’on puisse croire et soutenir, sans témérité, que Louis fut un martyr ?

« … Mais, d’après ce que nous avons entendu, on opposera ici, peut-être, comme un obstacle péremptoire au martyre de Louis, la sanction qu’il a donnée à la Constitution, que Nous avons déjà réfutée dans Notre susdite réponse aux Évêques de France. Plusieurs personnes nient le fait et affirment que lorsqu’on présenta cette Constitution à la signature du Roi, il hésita, recueilli dans ses pensées, et refusa son seing de peur que l’apposition de son nom ne produisit tous les effets d’une approbation formelle. L’un de ses ministres que l’on nomme, et en qui le Roi avait alors une grande confiance, lui représenta que sa signature ne prouverait autre chose que l’exacte conformité de la copie avec l’original, de manière que Nous, à qui cette Constitution allait être adressée, Nous ne pouvions sans aucun prétexte élever le moindre soupçon sur son authenticité.

« Il paraît que ce fut cette simple observation qui le détermina aussitôt à donner sa signature. C’est aussi ce qu’il insinue lui-même dans son testament quand il dit que son seing lui fut arraché contre son propre vœu.

« Et, en effet, il n’aurait pas été conséquent et se serait mis en contradiction avec lui-même, si, après avoir approuvé volontairement la Constitution du Clergé de France, il l’eût rejetée ensuite avec la plus inébranlable fermeté, comme il fit lorsqu’il refusa de sanctionner le Décret de déportation des Prêtres non assermentés, et lorsqu’il écrivit à l’Évêque de Clermont qu’il était déterminé à rétablir en France le culte catholique.

« Mais quoiqu’il en soit de ce fait, car Nous n’en prenons pas sur Nous la responsabilité, et quand même Nous avouerions que Louis, séduit par défaut de réflexion ou par erreur, approuva réellement la Constitution au moment où il souscrivit, serions-Nous obligés pour cela de changer de sentiment au sujet de son martyre ? Non, sans doute. Si Nous avions eu pareil dessein, Nous en serions détournés par sa rétractation subséquente aussi certaine que solennelle et par sa mort même qui fut votée en haine de la religion catholique ; de sorte qu’il paraît difficile que l’on puisse rien contester de la gloire de son martyre.

« … Appuyé sur cette raison, celle du Pape Benoît XIV, et voyant que la rétractation de Louis XVI, écrite de sa propre main et constatée encore par l’effusion d’un sang si pur, est certaine et incontestable, Nous ne croyons pas Nous éloigner du principe de Benoît XIV, non pas, il est vrai, en prononçant dans ce moment un Décret pareil à celui que Nous venons de citer, mais en persistant dans l’opinion que Nous Nous sommes formée du martyre de ce Prince, nonobstant toute approbation qu’il avait donnée à la Constitution Civile du Clergé quelle qu’elle eût été.

« Ah ! France ! Ah ! France ! toi que nos prédécesseurs appelaient le miroir de la chrétienté et l’inébranlable appui de la foi, toi qui, par ton zèle pour la croyance chrétienne et par ta piété filiale envers le siège apostolique, ne marche pas à la suite des autres nations, mais les précède toutes, que tu Nous es contraire aujourd’hui ! De quel esprit d’hostilité tu parais animée contre la véritable religion !

« Combien la fureur que tu lui témoignes surpasse déjà les excès de tous ceux qui se sont montrés jusqu’à présent ses persécuteurs les plus implacables ! Et cependant, tu ne peux pas ignorer, quand même tu le voudrais, que la religion est la gardienne la plus sûre et le plus solide fondement des empires, puisqu’elle réprime également les abus d’autorité dans les puissances qui gouvernent, et les écarts de la licence dans les sujets qui obéissent. Et c’est pour cela que les factieux adversaires des prérogatives royales cherchent à les anéantir et s’efforcent d’amener d’abord le renoncement à la foi catholique.

« Ah ! encore une fois, France ! Tu demandais même auparavant un Roi catholique. Tu disais que les lois fondamentales du Royaume ne permettaient point de reconnaître un Roi qui ne fut pas catholique, et c’est précisément parce qu’il était catholique que tu viens de l’assassiner !

« Ta rage contre ce monarque s’est montrée telle que son supplice même n’a pu ni l’assouvir, ni l’apaiser. Tu as voulu encore la signaler après sa mort sur ses tristes dépouilles ; car tu as ordonné que son cadavre fut transporté et inhumé sans aucun appareil d’une honorable sépulture.

« Ô jour de triomphe pour Louis XVI à qui Dieu a donné et la patience dans les tribulations, et la victoire au milieu de son supplice !

« Nous avons la confiance qu’il a heureusement échangé une couronne royale toujours fragile et des lys qui se seraient flétris bientôt, contre cet autre diadème impérissable que les anges ont tissé de lys immortels.

« Saint Bernard nous apprend dans ses lettres au Pape Eugène, son disciple, ce qu’exige de Nous dans ces circonstances Notre ministère apostolique, lorsqu’il exhorte à multiplier ses soins afin que les incrédules se convertissent à la Foi, que ceux qui sont convertis ne s’égarent plus et que ceux qui sont égarés rentrent dans le droit chemin. Nous avons, Nous aussi, pour modèle la conduite de Clément VI, Notre prédécesseur, qui ne cessa de poursuivre la punition de l’assassinat d’André, Roi de Sicile, en infligeant les peines les plus fortes à ses meurtriers et à leurs complices, comme on peut le voir dans ses Lettres Apostoliques. Mais que pouvons-Nous tenter, que pouvons-Nous attendre, quand il s’agit d’un peuple qui, non seulement n’a eu aucun égard pour Nos monitions, mais qui s’est encore permis, envers Nous, les offenses, les usurpations, les outrages et les calomnies les plus révoltantes ; et qui est enfin parvenu à cet excès d’audace et de délire, de composer sous Notre Nom des lettres supposées et parfaitement assorties à toutes les nouvelles erreurs.

« Laissons-le donc s’endurcir dans sa dépravation puisqu’elle a pour lui tant d’attraits, et espérons que le sang innocent de Louis crie en quelque sorte et intercède pour que la France reconnaisse et déteste son obstination à accumuler sur elle tant de crimes, et qu’elle se souvienne des châtiments effroyables qu’un Dieu juste, Vengeur des forfaits, a souvent infligés à des Peuples qui avaient commis des attentats beaucoup moins énormes.

« Telles sont les réflexions que Nous avons jugées les plus propres à vous offrir quelques consolations dans un si horrible désastre.

« C’est pourquoi pour achever ce qui Nous reste à dire, Nous vous invitons au Service solennel que Nous célébrerons avec vous pour le repos de l’âme du Roi Louis XVI, quoique les prières funèbres puissent paraître superflues quand il s’agit d’un chrétien qu’on croit avoir mérité la palme du martyre, puisque Saint Augustin dit que l’Église ne prie pas pour les martyrs, mais qu’elle se recommande plutôt à leurs prières… »

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Vous pouvez aussi lire le récit des dernières heures du Roy-martyr  > ici
et le texte de son testament  > ici

Publié dans:Memento, Nos amis les Saints, Vexilla Regis |on 21 janvier, 2008 |3 Commentaires »

2008-7. In memoriam : Gustave Thibon (1903-2001).

-  19 janvier  -

       Gustave Thibon est décédé dans son mas de Saint-Marcel d’Ardèche le 19 janvier 2001.
Penseur, philosophe, métaphysicien et poète tout à la fois, il a été et il demeure un guide admirable, et cela parce qu’il a toujours été lui-même guidé par l’admiration : une admiration qui n’obscurcit jamais son discernement, ni n’égara point sa capacité de rendre aux œuvres dont il parlait toute leur signification et toute leur portée.

   L’Académie Française l’a récompensé a deux reprises : Gustave Thibon reçut en effet le grand prix de littérature de l’Académie Française, en 1964, et le grand prix de philosophie de l’Académie Française, en 2000. L’Académie a reconnu en lui, l’homme qui, en France, a le mieux récapitulé ces deux millénaires de christianisme, marqués à l’origine par les idées grecques et romaines et, à la fin, par l’esprit réducteur de la science moderne.

Gustave Thibon

Les racines :

   Gustave Thibon est né à Saint-Marcel d’Ardèche le 2 septembre 1903.
Il fut un véritable autodidacte certes, mais – à la vérité – dès son plus jeune âge, il avait reçu de son père (qui écrivait lui-même des vers) un exemple tout particulier et de fortes nourritures intellectuelles : « À sept ans, dira-t-il un jour, je récitais force poèmes de Leconte de Lisle, Hérédia et bien sûr de Mistral et Aubanel, en provençal ».
Contraint d’abandonner l’école à l’âge de 13 ans pour assurer la subsistance de sa famille, Gustave Thibon restera néanmoins toute sa vie animé par une intense soif de connaître.

*** ** *** ** ***

Années d’apprentissage :

   Jeunesse aventurière.
Ses pas, et plus encore sa curiosité, le conduisent à Londres, en Italie, et aussi en Afrique du Nord pendant son service militaire.
Il apprend l’anglais, l’italien et il découvre l’oeuvre de Nietzsche.
Les horreurs de la guerre de 1914-1918 le marquent profondément et le confirment dans son rejet du patriotisme revanchard et de la démocratie : « Comment pardonner cela à l’humanité ? Ce fut la guerre civile dans toute son horreur, la mise à mort d’un monde pour des raisons dont aucune ne tenait debout. Toute cette jeunesse sacrifiée ! »

   A 23 ans, il revient au mas familial et se remet à l’étude en même temps qu’au travail de la terre. Il se plonge dans la littérature. Mais il s’attache aussi avec ténacité à l’étude des mathématiques, de l’allemand, du latin et du grec ancien pour satisfaire un appétit de connaissance qui a pris désormais le pas sur le goût de l’aventure.

   A vingt-cinq ans, Thibon était pratiquement formé. Il n’était toutefois pas encore profondément enraciné dans le catholicisme. Son père en effet l’avait plus élevé dans le spiritualisme de Victor Hugo que dans la pensée et la piété de l’Eglise catholique.
Après avoir fréquenté Hegel, Saint Thomas d’Aquin, Nietzsche, Klages, il se tournera vers Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse d’Avila, et étudiera la langue et la culture espagnoles.
C’est alors aussi qu’il découvrira Simone Weil.
Au contact de tous ces maîtres, il a développé une pensée d’une extraordinaire fécondité, qui n’a été inféodée à aucune mode et qui a échappé à tout encadrement.

   En 1934, il publie son premier ouvrage : « La Science du caractère« .
« Prêt à risquer pour Dieu tout ce qui n’est pas Dieu », il a élaboré une réflexion en étroite consonance avec la quête spirituelle de l’humanité contemporaine : « J’aime notre époque, écrivait-il, parce qu’elle nous force à choisir, entre la puissance de l’homme et la faiblesse de Dieu ».

   Thibon, penseur monarchiste et catholique, souvent présenté comme le « paysan philosophe », a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages qui abordent des sujets aussi divers que la présence de la foi ou la domination de la technique. Son écriture est à la fois poétique, prophétique et mystique.

   Il recommence à publier en 1941 : « Le voile et le masque » (1941), « Destin de l’Homme » (1941), « L’échelle de Jacob » (1942), « Retour au réel » (1943), « Ce que Dieu a uni » (1945), « Le pain de chaque jour » (1946), « Nietzsche ou le déclin de l’esprit » (1948), « La crise moderne de l’amour » (1953). Après une pause de près de 17 années, il publiera à nouveau à partir de 1970 : « Notre regard qui manque à la lumière » (1970) , « L’ignorance étoilée » (1974) , « L’équilibre et l’harmonie » (1976), « L’illusion féconde » (1995), « Au soir de ma vie » (1993).

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Rencontre avec Simone Weil :

   L’un des événements les plus marquants de sa vie fut sa rencontre avec Simone Weil qu’il accueillit dans son mas vivarois - elle avait été chassée de l’université parce que juive - avant qu’elle ne soit contrainte d’aller à Londres (elle meurt en Angleterre, en 1943).
Avant de partir, elle lui confia le manuscrit de « La Pesanteur et la grâce« , qu’il publiera en 1947.
« Vous êtes français comme on ne l’est plus depuis trois siècles », lui déclara-t-elle un jour.

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   Aux lecteurs qui s’intéressent à la vie des idées, je conseille de méditer lentement les textes de Gustave Thibon.
Guidés par ce sage vivarois, à l’érudition étonnante, vous découvrirez toutes les raisons de vous plonger à sa suite, pour un bain de jouvence, dans les textes des penseurs qui ont illustré la grandeur de l’esprit humain. Ce grand lecteur de Virgile, de Marc Aurèle, de Dante, d’Olivier de Serres, de Chateaubriand, de Kierkegaard, de Mistral, de Gabriel Marcel, de Lorca, de Milosz, de Marie-Noël …etc., nous permet de franchir les siècles en nous ouvrant l’esprit, en stimulant notre intelligence.

   Gustave Thibon, enraciné dans son terroir, nourri par une culture que l’on peut qualifier d’universelle, sut toujours entretenir l’espérance d’un sursaut de civilisation, face aux nuages les plus sombres.
En rappelant la lumière de ces « phares » de l’esprit que sont Sénèque et Marc-Aurèle, Thibon rend un immense service à l’homme moderne.

   Du jeune philosophe à l’effrayante érudition, au vieux sage de la fin du siècle, en passant par l’irréprochable dialectique scolastique des années 30, la continuité est admirable, même si les accents se sont déplacés.
Peut-être, et sans rien perdre – bien au contraire ! – de leur vigueur, certaines arêtes se sont-elles adoucies, et quelque chose, qui est tout à la fois plus diaphane et plus souverain, est apparu comme une marque inimitable, où l’infinie pudeur aiguise la faculté d’attention, au point qu’elle ne se distingue plus d’avec l’amour.

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Ecrits posthumes :

    »Aux ailes de la lettre » a été publié par Françoise Chauvin (aux Éditions du Rocher) dans les dernières semaines de l’année 2006 :
Entre 1932 et 1982, Gustave Thibon a tenu des cahiers dont la teneur était restée inconnue. Françoise Chauvin a su en extraire des morceaux patiemment choisis. Ce faisant, elle reste parfaitement fidèle à Thibon dont la pensée s’est souvent livrée à ses lecteurs sous la forme d’aphorismes. On l’aura compris : ici, pas de « révélations croustillantes », même si l’ensemble de ce recueil est inédit. Au contraire, nous y retrouvons toutes les exigences du philosophe de Saint-Marcel d’Ardèche, avec son intelligence toujours attentive au réel, soucieuse de ne pas nier le mystère, de ne pas cacher la complexité des choses et de ne jamais, non plus, se livrer tout entière. De quoi parle-t-il alors dans ces cahiers ? Mais comme toujours, de Dieu, de la foi, de l’intelligence et du mystère, de la mort, de la maturité et de la vieillesse, de l’amour aussi bien sûr et du mariage, du temps qui passe laissant sa marque et son empreinte.

   Il parle des choses essentielles qui constituent, sinon nos préoccupations quotidiennes, du moins l’inquiétude, parfois cachée, de nos âmes. Nous le retrouvons donc tel qu’en lui-même et nous ouvrant pourtant toujours de nouvelles portes, pour nous pousser à notre tour à la réflexion. À travers les premiers textes choisis par Françoise Chauvin se dessine une sorte d’autoportrait que révèle bien, par exemple, cette affirmation : « Je ne suis pas inconstant, mais divisé. Je reste fidèle aux choses les plus opposées ».
C’est une lumière sur l’œuvre même de Thibon, œuvre qui ne s’enferme pas dans des catégories toutes faites et par trop simplistes. Lui qui affirme bien vouloir combattre pour l’Église, mais « en franc-tireur » n’a pas cessé d’ausculter le monde de l’âme, décelant, au fond, qu’ « en somme, l’harmonie est dans le monde corporel et le chaos dans le monde des âmes ». Il n’y a pas un confesseur qui dira le contraire.

   C’est pourquoi lire Thibon, confronter son intelligence à la sienne, trouver des accords entre les âmes ou, du moins, des échos, revient finalement à trouver l’occasion d’un retour vers soi-même dans un véritable face-à-face. C’est un risque à prendre. Tous les grands livres ne sont-ils pas des risques à prendre ?

* * * * * * *

Autres publications consacrées à Gustave Thibon dans les pages de ce blogue :

- « Gustave Thibon : dix ans déjà ! » (2011) > ici
– « Eloignement et connaissance » (extrait de « Retour au réel ») > ici
– Le message de ND de La Salette au monde paysan > ici
– « Le goût de l’aliment éternel » > ici
– « Libertés » (extrait de « Diagnostics ») > ici
- Eglise et politique : c’est l’absolu qui me donne la norme du relatif > ici
- Le sport dans la société moderne (in « L’Equilibre et l’harmonie ») > ici
-  Vertu d’espérance et optimisme (in « L’Equilibre et l’harmonie ») > ici
- Sur la démocratie et le suffrage universel > ici
- « Gustave Thibon – la leçon du silence » par Raphaël Debailiac > ici
- « Dépendance et liberté » (in « Retour au réel ») > ici
- « Quel avenir pour l’Occident ? » (R. Debailiac) > ici
- Sur la révolution française > ici
- « L’homme a besoin de racines » (retranscription d’un entretien radiophonique) > ici
- Le poème « Deus omnium » (in « Offrande du Soir ») > ici

2008-3. « Ne mentez pas à Dieu! »

       Le 6 janvier 1794, « jour des Rois », Maurice Joseph-Louis Gigost d’Elbée, âgé de 42 ans, était fusillé sur la place d’armes de Noirmoutier.
Trois autres chefs de l’insurrection vendéenne furent exécutés avec lui, tandis qu’environ 1200 paysans, femmes et enfants regroupés dans l’église – contrairement aux promesses reçues – étaient fusillés par groupe de soixante.

L'exécution de Maurice d'Elbée

La mort de d’Elbée
(huile sur toile de Julien Le Blant, 1878 – musée de Noirmoutier)

   Maurice d’Elbée, élu deuxième généralissime de la grande « Armée catholique et royale » (après la mort de Jacques Cathelineau), avait reçu 14 blessures graves lors de la bataille de Cholet au mois d’octobre précédent ; c’est pourquoi il avait été évacué sur l’île de Noirmoutier, tenue par Charette.
Mais l’île fut prise par les Bleus le 2 janvier 1794 et, après une comparution devant une commission militaire, d’Elbée fut condamné à mort : ses blessures ne lui permettant pas de se tenir debout, il fut fusillé dans un fauteuil !

   Né le 21 mars 1752 à Dresde (Saxe), d’un père français; issu d’une famille où l’on est militaire de génération en génération, Maurice d’Elbée s’engagea lui aussi dans le métier des armes, d’abord en Saxe puis en France. Désapointé de n’avoir pas obtenu une promotion, à 29 ans il se retire dans les Mauges, près de Beaupréau, en une gentilhommière héritée de son père. Il se marie en 1788.
Quand éclatent les évènements de 1789, il est plutôt favorable aux idées nouvelles, mais la « constitution civile du clergé » le fait revenir sur ses positions et il part rejoindre l’armée des Princes, où il sert quelques temps à Worms. Il n’y reste pas très longtemps, parce que 1) son épouse est restée en Anjou ; 2) il trouve que l’armée des Princes ne fait pas grand chose ; 3) ses biens sont menacés de confiscation…

   Le 12 mars 1793, son épouse met au monde un fils : Louis Joseph Maurice. Le lendemain, à Saint-Florent le Vieil, l’insurrection vendéenne éclate : Stofflet prend la tête du mouvement à Maulévrier, Cathelineau au Pin-en-Mauges.
Les paysans de Beaupréau le réclament à leur tête : il n’est pas enthousiaste pour partir, lui dont le fils n’a qu’un jour, mais il finit pas céder à leurs instances et aussitôt ils libèrent Beaupréau, avant de faire la jonction avec les troupes de Cathelineau et de Stofflet pour enlever Chemillé puis Cholet : la « Guerre de géants » est engagée !

Maurice de Gigost d'Elbée - détail

Maurice de Gigost d’Elbée
(détail du tableau huile sur toile de Paulin Guérin, 1827 – musée de Cholet)

   Au soir du « choc de Chemillé« , les Vendéens exaspérés par les lourdes pertes subies (villageois massacrés et environ 600 hommes tombés au combat) veulent passer par les armes leurs prisonniers Bleus. D’Elbée s’efforce de les raisonner, de les calmer… en vain : « Pas de quartier pour les prisonniers !» Se voyant impuissant, il crie alors d’une voix forte : « Soldats à genoux ! Disons d’abord notre Pater. » Les paysans, nu-tête, obéissent : « Notre Père, qui êtes aux cieux… Pardonnez-nous nos offenses…»
« Arrêtez ! crie d’Elbée. Ne mentez pas à Dieu. Vous Lui demandez qu’Il vous pardonne comme vous, vous pardonnez aux autres ? Mais pardonnez-vous aux autres ? » La leçon est comprise : les fusils s’abaissent et les quatre cents prisonniers Bleus sont sauvés.

   Nous ne referons pas ici le récit circonstancié des batailles, victoires et revers de « l’Armée catholique et royale« . Nous l’avons dit, après la mort de Jacques Cathelineau (14 juillet 1793), il est choisi pour lui succéder comme généralissime, fonction qu’il assumera environ trois mois, puisqu’il va – comme nous l’avons aussi écrit plus haut – recevoir 14 blessures graves à Cholet, en octobre 1793, et que c’est de là qu’il sera emmené à Noirmoutiers.

   Nous retenons de lui qu’il fut le premier noble qui ait répondu à un groupe de paysans armés pour prendre leur tête ; nous admirons, bien sûr, ses compétences militaires qui permettront une vingtaine de victoires retentissantes ; mais par dessus tout nous gardons le souvenir d’un homme animé d’une profonde piété, sans affectation ni mièvrerie : il nous a laissé – avec « le Pater des Vendéens » – l’exemple d’une âme virile et droite qui s’adresse encore à nous aujourd’hui pour nous dire : « Ne mentez pas à Dieu ! »

Maurice d'Elbée protège les prisonniers républicains

Maurice d’Elbée protège les prisonniers républicains après la bataille de Chemillé
(peinture de Marie Félix Edmond de Boislecomte – musée de Cholet)

2007-46. Pro felici ac prospero statu Galliae.

13 décembre,
Fête de Sainte Lucie de Syracuse, vierge et martyre ;
Mémoire de Sainte Odile de Hohenbourg, vierge et abbesse (cf. > ici) ;
Mémoire du 6ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici) ;
Anniversaire de la naissance d’Henri IV (cf. > ici).

       Chaque année, le 13 décembre, en la fête de sainte Lucie, le Cardinal Vicaire (c’est-à-dire celui qui administre le diocèse de Rome au nom du Pape, véritable évêque de Rome), ou un prélat désigné par lui, célèbre dans l’archibasilique du Latran – « Mère et tête de toutes les Eglises » – une Messe à l’intention du bonheur et de la prospérité de la France : Pro felici ac prospero statu Galliae.
L’origine de cette messe remonte à l’année 1604, sous le règne de Henri IV le Grand, et c’est justement au jour anniversaire de sa naissance (13 décembre 1553) qu’elle est célébrée.

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Les difficiles commencements du règne d’Henri IV :

   On sait que le Roi Henri III, dernier souverain de la branche capétienne des Valois, périt assassiné sous le couteau du dominicain Jacques Clément et qu’il n’avait pas de descendance.
La première des lois fondamentales du Royaume (ainsi nomme-t-on les lois qui règlent la succession au trône, voir > ici), qui est la loi de « primogéniture mâle« , désignait comme Roi l’aîné de la branche collatérale la plus proche, c’est-à-dire Henri de Navarre, descendant en ligne directe de mâle en mâle, du dernier fils de Saint Louis.
Toutefois Henri de Navarre était de confession calviniste, et la quatrième de ces mêmes lois fondamentales est la « règle de catholicité » qui n’admet au trône que des princes de confession catholique.
Il y avait donc là un épineux problème successoral, puisque pour être dynaste il faut que le Prince remplisse toutes les conditions exigées par les lois fondamentales.

   La France était alors profondément divisée entre catholiques et protestants, et d’ailleurs tout le XVIe siècle avait été ensanglanté par des luttes acharnées entre les tenants des deux confessions. Ce problème successoral ranima la lutte.
Henri de Navarre comprit qu’il ne pourrait régner qu’en revenant dans le giron de l’Eglise Catholique (il s’agit bien d’un retour puisqu’il avait été baptisé catholique) : bien qu’elle fut motivée par des raisons politiques, il serait toutefois faux de penser que sa conversion fut seulement opportuniste, qu’elle était feinte ou qu’elle manquait de loyauté.
L’abjuration du Roi fut acceptée par le Clergé français, ce qui permit son sacre à Chartres, le 27 février 1594. Toutefois il fallut attendre encore l’année suivante pour qu’elle soit véritablement acceptée par le Saint-Siège (avec la levée de l’excommunication).

   Le Roi rétablit ensuite la paix dans le Royaume par le célèbre édit de tolérance de 1598 (appelé « Edit de Nantes »).
Cette pacification devait s’accompagner aussi d’une œuvre de reconstruction effective, longue et patiente : il fallait rétablir des droits légitimes qui avaient été spoliés, restaurer des établissements ruinés… remettre de l’ordre partout.

Henri IV le Grand

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L’abbaye de Clairac et le chapitre du Latran :

   Or il se trouvait que le chapitre de la cathédrale de Rome – l’archibasilique du Très-Saint-Sauveur au Latran – en vertu d’une donation faite en 1482 par le Roi Louis XI, avait des droits sur une puissante abbaye d’Aquitaine : Clairac.

   Fondée en 767 par Pépin le Bref, en bordure du Lot, l’abbaye bénédictine de Clairac connut des développements et une prospérité enviée.
Au XIIIème siècle, elle était occupée par quelque 150 religieux ; l’abbé était également à la tête de 5 prieurés et de 50 paroisses.
Si neuf moines seulement occupaient les lieux, après les vicissitudes de la guerre de Cent Ans, l’abbaye avait ensuite rapidement repris son essor et reconquis sa prospérité.

   Pour la petite histoire, il me faut signaler au passage que les fameux « pruneaux d’Agen » ont été inventés par les moines de Clairac à partir de plants ramenés du Moyen Orient, et aussi qu’en 1556, soit cinq ans avant Jean Nicot, le moine André Thevet avait rapporté d’un voyage au Brésil des graines de tabac qu’il avait semées dans les jardins de l’abbaye !

   Mais Clairac fut également le creuset des idées de la réforme et devint une citadelle du protestantisme : dès 1530 l’Abbé Roussel accueillit des prédicants et, en 1534, ce fut Calvin lui-même qui fut invité à prêcher.
Théophile de Viau naquit à Clairac…

   Pendant toute la période des troubles religieux le chapitre de la cathédrale de Rome fut donc privé de ses revenus.

   En 1604, Henri IV rétablit le chapitre de la cathédrale du Latran dans ses droits, et s’employa pour que les bénéfices qui lui étaient dus fussent désormais versés.
En contrepartie il était stipulé que l’insigne Chapitre de l’archibasilique-cathédrale de Rome devrait faire célébrer chaque année, et à perpétuité, une Sainte Messe au jour de l’anniversaire du roi (cf. > ici) – le 13 décembre donc – , pour demander à Dieu la prospérité de la France.
Cette clause se trouve encore rigoureusement observée de nos jours.

   A la vérité, on ne connaît pas d’exemple d’une Messe célébrée de manière aussi solennelle dans la capitale de la Chrétienté en faveur d’autres nations. D’autant que cette fonction liturgique présente cet autre aspect insolite : elle est célébrée « pour le bonheur et la prospérité » d’une nation actuellement dominée par une république qui se considère avec beaucoup d’orgueil et d’arrogance comme “laïque”, et qui s’est acharnée à couper violemment tous les liens qui l’unissaient à la Papauté!
Mais la situation actuelle ne rend-elle pas encore plus nécessaires ces prières solennelles pour la France ?

   Pendant presque deux siècles donc, les énormes revenus de l’abbaye de Clairac assurèrent la subsistance du chapitre de la cathédrale du Pape (Louis XV les augmenta même en 1729, ce qui lui valut l’érection d’un monument de reconnaissance sculpté par A. Corsini à l’entrée de la chapelle Sainte Anne, dans cette même basilique du Latran).
La grande révolution supprima l’abbaye, spolia ses immenses propriétés et mit fin au versement des bénéfices.
Louis XVIII et Charles X relevèrent la tradition rompue en s’acquittant du versement d’une rente fixe au vénérable chapitre.
Si Louis-Philippe ne s’en préoccupa guère (qui s’en étonnera ?), Napoléon III la rétablit à son tour…
Quoique la rente fut supprimée à nouveau en 1871, le chapitre du Latran a, lui, conservé fidèlement la tradition de la Messe du 13 décembre.

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Le Roi de France, proto-chanoine d’honneur…
le président de la république aussi :

   Il y a une autre contrepartie à cette dotation du chapitre du Latran assurée par les libéralités des Rois de France.
Pour les remercier de cette générosité, et pour illustrer en même temps le lien particulier qui existe entre l’Eglise Romaine (dont, redisons-le, la basilique du Latran est la cathédrale) et la France*, le Roi de France – Fils aîné de la Sainte Eglise Romaine – fut créé premier (et unique) chanoine d’honneur du Latran de façon statutaire et héréditaire.

   Sous l’Ancien Régime, on accordait parfois ce titre de chanoines, à titre héréditaire, à des laïcs : c’était un privilège honorifique attribué à de hauts personnages en échange de protections spéciales.
Le Roi de France était ainsi, depuis des siècles, chanoine de Saint-Martin de Tours ; depuis Louis XI, chanoine de la cathédrale d’Embrun ;  depuis François Ier, chanoine de la cathédrale de Saint-Jean de Maurienne… etc., et donc, depuis Henri IV, proto-chanoine de l’archibasilique du Latran.

   Lorsqu’il rétablit la rente annuelle versée par la France au chapitre du Latran, Napoléon III revendiqua le titre de chanoine honoraire et il lui fut confirmé, ainsi que les privilèges inhérents, par un bref pontifical.

   Les usages de la république font que le chef de l’Etat est considéré comme l’héritier des privilèges religieux accordés aux chefs d’État des régimes antérieurs (Charles de Gaulle y tenait beaucoup).
C’est donc « par héritage » (usurpé) de Henri IV [et de Napoléon III], que le président de la république française** se retrouve officiellement aujourd’hui chanoine honoraire de la basilique du Latran.
Le Général de Gaulle prit possession de sa stalle, Messieurs Chirac et Sarkozy aussi…

Voir aussi l’article au sujet de la statue du Roi Henri IV érigée à la basilique du Latran > ici

2007-46. Pro felici ac prospero statu Galliae. dans Chronique de Lully tiarepie9

* On notera aussi justement qu’un autre roi de France, Charles V, avait fait restaurer la basilique au XIVe siècle et fait construire le ciborium monumental qui surmonte l’autel et abrite les reliquaires des têtes des Saints Apôtres Pierre et Paul, raison pour laquelle les lys de France sont représentés au sommet de l’arc triomphal

** qui est par ailleurs co-prince d’Andorre, dans les Pyrénées.

Publié dans:Chronique de Lully, De liturgia, Memento, Vexilla Regis |on 13 décembre, 2007 |9 Commentaires »

2007-39. De la couronne de l’Avent

Sur le territoire de Saint-Martial - Mont Gerbier de Jonc

Sur le territoire de Saint-Martial, le Mont Gerbier de Jonc (alt. 1454 m),
au pied duquel sourdent les sources de la Loire,
à l’occasion de l’un des épisodes neigeux fréquents vers la fin novembre ou le début décembre

Dans la semaine qui précède le premier dimanche de l’Avent.

       Dans très peu de temps désormais, nous allons entrer dans le temps de l’Avent ; voilà pourquoi Frère Maximilien-Marie m’a demandé de l’accompagner au grenier pour aller chercher ce qu’il faut pour préparer la couronne de l’Avent.
Pendant qu’il déballait les cartons où tout est soigneusement emballé et rangé, il m’a parlé de cette période préparatoire à l’avènement du Rédempteur, qui va commencer samedi à la tombée du jour, par les premières vêpres du premier dimanche de l’Avent, et il m’a expliqué le sens de cette couronne.
J’ai ouvert tout grand mes oreilles, de manière à pouvoir vous répéter l’essentiel de ses explications.

   La coutume de la couronne de l’Avent est née il y a très longtemps, dans les pays rhénans… au XVIème siècle, si je me souviens bien.
Mais entendons-nous bien : la couronne de l’Avent n’est nullement un objet liturgique et il n’existe pas de « rubriques » qui la prescrivent à l’église ou pour les offices liturgiques ; elle appartient à ces traditions « paraliturgiques » des familles chrétiennes, qui, en particulier à l’occasion de la prière du soir qui rassemble la maisonnée, peuvent matérialiser les temps de l’année chrétienne et les mettre en relief dans la pièce principale de leurs maisons, ou dans l’oratoire domestique, au moyen de symboles expressifs qui marquent spécialement les enfants et les stimulent.

couronne de l'Avent

   La forme circulaire de la couronne représente le cycle de la liturgie, dont les fêtes nous reviennent chaque année ; le cercle est aussi un très ancien symbole pour représenter l’éternité.
Pour les fidèles, cela symbolise également le fait que Jésus – qui est déjà venu dans le monde – reviendra, et que l’Avent n’est donc pas seulement la préparation de la joyeuse célébration d’un anniversaire (un événement appartenant au passé), mais également l’attente du retour glorieux du Christ, vers lequel leurs cœurs sont tendus.
Le cercle, qui n’a ni commencement ni fin, représente encore les efforts continuels, sans cesse renouvelés, jamais interrompus, que les chrétiens doivent accomplir pour être toujours prêts pour cet avènement, ainsi que nous l’enseignent nombre de paraboles par lesquelles les Saints Evangiles nous tiennent en éveil et décuplent notre nécessaire vigilance.

   La couleur verte de la couronne, celle du sapin ou du pin, représente, elle aussi, l’éternité puisque ces conifères ne perdent pas leur feuillage quand vient l’hiver, et symbolisent par là l’idée de permanence, la durée, la non-mortalité, au moment où tous les autres arbres, dépouillés de leurs feuilles, ressemblent à des arbres morts..

   Le vert est également couleur d’espérance : à l’image de ces arbres qui, restant verts, ne semblent pas entrer comme les autres dans le « sommeil hivernal », nous ne devons jamais cesser de veiller et de prier, nous devons toujours être revêtus de la grâce, ne pas être dépouillés de vertus.

   Sur la couronne, on dispose quatre bougies pour représenter les quatre dimanches préparatoires à Noël, qui marquent quatre étapes spirituelles.
Certains, justement à cause de cette représentation des dimanches, choisissent la couleur de ces bougies en fonction de la couleur liturgique de ces quatre dimanches de l’Avent : ils disposent donc sur leur couronne trois bougies de couleur violette et une de couleur rose.
Chaque dimanche on en allume une de plus. Ainsi, plus la fête de la Nativité approche et plus il y a de lumière : c’est très représentatif des thèmes de la liturgie pendant l’Avent et au moment de la naissance de notre Sauveur : cela nous rappelle que Jésus est la Lumière du monde, « Lux mundi », et que Son avènement dissipe les ténèbres de nos cœurs.

   On peut ajouter bien sûr quelques autres éléments décoratifs à la couronne, mais l’essentiel est là.
Allez ! je ne vais pas vous distraire davantage, il faut que je vous laisse préparer votre couronne de l’Avent.

Lully.                                

bougie avent/noël

Voir aussi :
- Lully dirige la préparation de la couronne de l’Avent > ici
- la spiritualité de l’Avent > ici
- la B.D. « Tendus vers Son Avènement » > ici

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