2008-48. In memoriam : Victimes et martyrs des massacres de septembre 1792.
2 septembre,
En de nombreux diocèses de France, fête des Bienheureux Martyrs de Septembre 1792 ;
Mémoire de Saint Etienne de Hongrie, Roi et confesseur ;
Mémoire du sixième jour dans l’octave de Saint Augustin.
Du 2 au 7 septembre 1792, à Paris, mais aussi dans d’autres villes (Versailles, Orléans, Meaux, Reims…) on assista à un déferlement de violences à peine imaginables , qui sont restées dans l’histoire sous le nom de « Massacres de Septembre ».
On peut voir dans cet épisode – pieusement minoré par les chantres de la grande, belle et généreuse révolution – le préambule de la grande terreur.
Le 2 septembre 2007 coïncidait avec un dimanche et Frère Maximilien-Marie, puisque le Mesnil-Marie était encore établi tout proche de Paris, avait pu contribuer à l’organisation d’une célébration en l’honneur non seulement des martyrs mais aussi des autres victimes (non béatifiées) – trop souvent tombées dans l’oubli – de ces massacres.
Ce fut une Sainte Messe latine traditionnelle, célébrée par Monsieur l’Abbé M******, dans la chapelle Saint-Louis de la Pitié-Salpêtrière.
Pourquoi en ce lieu?
Parce que justement l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière fut l’un de ces lieux où quelques centaines de malheureuses victimes périrent de manière horrible.
Les chants de cette très belle célébration avaient été assurés par la Schola Sainte Cécile et vous pourrez aussi vous reporter à ce qui fut publié sur le site de cette excellente formation en cliquant > ici .
Chaque année, au retour de cette date du 2 septembre, il est de notre devoir – par la pensée et la prière – de rejoindre ces glorieux témoins de la Foi et de la fidélité héroïque à la Sainte Eglise Romaine.
Pour moi, je suis allé rechercher dans les archives de Frère Maximilien-Marie le texte par lequel il avait introduit la célébration de ce 2 septembre 2007 car, indépendamment des points de circonstance, il s’y trouve des éléments importants dont il convient de garder le souvenir et d’alimenter notre réflexion…
Lully.
Scène de massacre dans la cour de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en septembre 1792
Introduction à la Sainte Messe
du dimanche 2 septembre 2007
en la chapelle Saint-Louis de la Pitié-Salpêtrière.
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« Le lundi saint dernier, à l’issue d’une conférence que je venais de donner, un ami (qui n’est pas né en France et dont l’humilité souffrirait que je dévoilasse ici son nom) me faisait part de son étonnement en constatant que la commémoration des martyrs de septembre et des victimes de la révolution, en dehors des offices célébrés autour du 21 janvier, du 8 juin ou du 16 octobre passait inaperçue, même dans beaucoup de milieux dits « tradis » ; et il me demandait ce qui empêcherait d’organiser une célébration de plus grande envergure que les messes « ordinaires » célébrées sans grande solennité ni – qu’on me pardonne ce mot – publicité.
Après avoir réfléchi et prié, j’ai pris la décision de relever le défi et de tenter d’organiser « quelque chose ».
Or justement, en cette année 2007, le 2 septembre correspond avec un dimanche, jour où – par principe – davantage de personnes sont disponibles pour participer à un rassemblement… surtout religieux.
Le 2 septembre est en effet le jour de la fête liturgique des Bienheureux Martyrs de Septembre 1792, même si la célébration du dimanche ne permet pas de célébrer la messe propre de la fête. C’est en effet du 2 au 7 septembre 1792, que plusieurs milliers de victimes furent atrocement massacrées dans les prisons de Paris – au Châtelet, à la Conciergerie, à l’Abbaye, à la Force -, dans les maisons religieuses transformées en lieu de détention – Saint-Firmin et les Carmes -, dans les hôpitaux comme Bicêtre, ou ici même, à la Pitié Salpêtrière.
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En tout premier lieu, nous devons donc adresser de chaleureux remerciements à Monseigneur Gilles Annequin, responsable de l’aumônerie de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière et Vicaire Épiscopal chargé de la Pastorale de la Santé, ainsi qu’à ses collaborateurs : ce sont eux qui nous accueillent ici, dans cette chapelle fondée par Louis XIV.
Au cours de cette Messe nous n’omettrons pas de prier à l’intention de ceux qui aujourd’hui sont aux prises avec la souffrance, du corps ou de l’âme, et nous demanderons à Dieu et à ses saints martyrs, de leur donner des grâce de force, de consolation, et – s’il est possible – de guérison…
Nous aurons également à cœur de prier pour que la mission pastorale de Monsieur l’Aumônier et de son équipe porte des fruits de grâce.
Mes remerciements vont bien sûr à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre vont permettre le bon déroulement de la liturgie : choristes, organiste, servants d’autel… et tout particulièrement aussi à notre célébrant, Monsieur l’abbé M******, auxiliaire de l’institut de droit pontifical du Bon Pasteur, au Centre Saint-Paul.
Des remerciements aussi à tous les journalistes, de la presse écrite ou de la radio, remerciements à tous les responsables d’associations, de mouvements ou de sites internet et remerciements à tous les « blogueurs » qui ont relayé l’information…
Et des remerciements enfin à vous tous pour votre présence…
Je voudrais ensuite ajouter deux avis pratiques :
a) Le premier, au sujet de… la quête !
Elle servira à régler les honoraires du célébrant, le cachet de l’organiste et à laisser une offrande, que je souhaiterais la plus généreuse possible, pour cette chapelle dont l’entretien et la restauration de certains éléments du mobiliers s’avère nécessaire : et j’en profite pour saluer le combat (le mot n’est pas trop fort) que mène Monseigneur Annequin pour conserver à cette chapelle son caractère de lieu de culte, consacré à Dieu, alors que certains voudraient l’utiliser à d’autres fins.
b) Le second pour vous signaler qu’à l’issue de la célébration, vous pourrez si vous le désirer emporter un feuillet récapitulatif des événements de septembre 1792, mais aussi acheter un livret…
Si d’aventure les exemplaires ici disponibles se révélaient insuffisants, vous pourriez nous laisser vos coordonnées et nous procéderions à un nouveau tirage.
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Quel sens faut-il donner au rassemblement de ce jour ?
Notre réunion en ce lieu, pour honorer le souvenir des martyrs et des victimes de la grande révolution, n’est pas une manifestation « politique » (du moins au sens courant de ce mot) et elle n’est pas non plus « partisane ».
A une époque où on nous rebat les oreilles avec le « devoir de mémoire », mais où justement la « mémoire officielle » se fait singulièrement sélective – partielle et partiale – notre identité catholique nous oblige à dire et à répéter, à la suite d’un grand nombre de pontifes et de saints, que l’idéologie des prétendues « lumières » et la révolution de 1789, sous le couvert de fallacieux slogans humanitaires, sont une impasse qui entraînent l’humanité vers une effrayante déshumanisation, ramènent l’homme à un état de brute pire que l’animal, et conduisent le monde à la ruine.
Nous le savons bien, l’essence de la révolution tient dans la révolte contre un ordre temporel qui, parce qu’il est humain, ne peut certes jamais être parfait, mais dont les références étaient prioritairement le Christ et Sa Loi.
Derrière les atrocités de la révolution, notre regard – exercé par la contemplation des réalités surnaturelles – nous montre indubitablement l’action de l’ennemi du plan de Dieu, l’ennemi du salut des hommes, l’ennemi du bonheur de l’homme, lui qui est « menteur et homicide dès le commencement », lui qui, aux origines du monde, a crié « non serviam : je ne servirai pas ! » , lui qui, par le biais de mille séductions, porte l’homme à crier à son tour : nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous !
Voilà pourquoi les conséquences de l’idéologie des prétendues « lumières » et de la révolution de 1789 se retrouvent dans tous les systèmes totalitaires qui, depuis près de deux siècles, ont voulu re-former l’homme et la société en dehors de sa nature et en dehors de sa vocation surnaturelle.
Réunis dans le souvenir de ces milliers de nos frères, immolés dans une fureur sanguinaire difficilement concevable, notre présence ici, aujourd’hui, dans ce lieu, est une forme de protestation contre les attentats sacrilèges, répétés et toujours amplifiés, qui portent atteinte aux droits et la royauté de Dieu, et par conséquence logique aussi qui portent atteinte à la dignité de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et appelé au partage de la béatitude divine.
Nous ne sommes pas venus pour assister à un « meeting » politique, mais pour participer de toute la ferveur de notre âme à la Sainte Messe catholique, c’est à dire au renouvellement mystique de l’acte sublime du Calvaire, par lequel le Christ notre Roi opère le salut de l’humanité et nous obtient toutes les grâces nécessaires pour parvenir à notre fin surnaturelle et éternelle.
Nous assisterons à la Sainte Messe dans le souvenir de ces martyrs glorieux, que l’Eglise a élevés aux honneurs des autels, et dont le sang, généreusement versé à la suite du Christ immolé, a permis un vrai renouvellement de l’Eglise de France : le sang des martyrs est toujours semence de chrétienté !
Mais nous nous souviendrons aussi de ces victimes, connues ou inconnues, qui furent sauvagement assassinées à seule fin d’instaurer une politique de terreur : prisonniers politiques, gardes suisses, prisonniers de droit commun, malades, aliénés, orphelins, handicapés… sacrifiés par l’idéologie révolutionnaire en invoquant une liberté, une l’égalité et une fraternité dont on peut – selon la recommandation du Saint Evangile – juger de la vérité par les fruits.
Lorsqu’ils refusent l’ordre voulu par Dieu, les plus nobles idéaux se pervertissent ; quand il refuse le Sang versé par son Rédempteur, l’homme s’enfonce dans les plus sanguinaires folies ; quand elles refusent la royauté du Sacré-Cœur de Jésus, les sociétés accumulent les ruines !
Nous ne sommes pas ici parce que nous serions des « passéistes », congelés dans un sempiternel regret d’époques révolues ; nous ne sommes pas des « rétrogrades », dont la seule ambition tendrait à une forme de revanche aigrie sur l’histoire… Nous sommes des catholiques qui, avec les critères de l’Evangile diagnostiquons le mal qui ronge et détruit le monde dans lequel la Providence nous a placés, et qui voulons – avec l’humilité des serviteurs de la Vérité – qu’il revienne à la santé et à la vie.
Qui oserait traiter le médecin qui travaille à rendre la santé à son patient de « rétrograde » ?
Quel homme de bon sens pourrait prétendre que lorsqu’un malade recouvre la santé il retourne en arrière et fait du passéisme ?
Notre monde est malade, notre société est malade, la France est malade… et nous en souhaitons la guérison, le retour à la vie. Voilà pourquoi nous nous tournons vers Celui qui affirme « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie », et qui dit encore « Je suis venu pour les malades et les pécheurs ».
Nous nous tournons vers Lui en Le suppliant pour qu’Il guérisse les plaies, cicatrise les blessures, et ressuscite ce qui a été touché par la mort spirituelle : Que le Christ soit victorieux de toutes les forces de mort et de corruption, que le Cœur du Christ touche et guérisse le cœur de notre pauvre humanité, que l’Amour du Cœur du Christ règne dès à présent et pour toujours, voilà notre souhait, notre prière, et l’objet de notre combat.
« Christus vincit ! Christus regnat ! Christus imperat ! »
On trouvera le décret du Saint-Siège relatif au martyre des victimes de septembre 1792 > ici