Archive pour la catégorie 'Memento'

2024-201. 16 septembre 1824 : Sa Majesté le Roi Louis XVIII rend son âme à Dieu (1ère partie).

16 septembre,
Fête des Saints Corneille et Cyprien (cf. > ici), pontifes et martyrs ;
Mémoire du 2ème jour dans l’octave des Sept-Douleurs ;
Mémoire des Saints Euphémie, Lucie et Géminien, martyrs ;
Anniversaire de la mort de Sa Majesté le Roi Louis XVIII (+ 16 septembre 1824).

frise lys deuil

   En ce jour anniversaire de la très pieuse mort de Sa Majesté le Roi Louis XVIII, tout en renvoyant à ce que nous avons déjà écrit à son sujet (cf. > ici & > ici) – et que nous ne répèterons donc pas (mais que je me permets de vous encourager à relire) -, nous tenons à reproduire ci-dessous (en conservant la graphie d’origine) une première publication qui fut faite dans le bulletin légitimiste et catholique « L’Ami de la Religion et du Roi » (1814-1830), dans la livraison du mercredi 15 septembre 1824, c’est-à-dire la veille de la mort du Souverain (pendant la Restauration, le bulletin paraissait normalement deux fois par semaine, le mercredi et le samedi).

   L’intérêt de cet article est très grand, puisque, en notre malheureux siècle où, sauf dans des milieux fervents, l’on considère que c’est « faire une belle mort » que de mourir subitement sans avoir eu le temps de s’y préparer spirituellement, où l’écrasante majorité des catholiques meurt sans le secours des sacrements, où le clergé « officiel » – à de rares exceptions près – manque à tous ses devoirs et responsabilités concernant le trépas des âmes confiées à ses soins, Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XVIII, Elle, pleinement consciente qu’Elle se devait d’être exemplaire pour ses sujets même dans sa mort, héroïque dans la fermeté avec laquelle Elle a assumé ses devoirs jusqu’au bout, résolue à « mourir comme un Bourbon doit le faire », nous donne la plus édifiante des leçons en ses ultimes moments terrestres.

Derniers moments de Sa Majesté le Roi Louis XVIII - blogue

Légende de la gravure :
« Les longues souffrances qui terminèrent la vie de Sa Majesté ne lui ôtèrent rien de son courage.
Après avoir satisfait aux devoirs de la Religion, il désira voir ses petits neveux, et,
étendant sur eux ses mains paternelles, il les bénit :
Adieu, dit-il, mes enfants. Vivez en paix, pour le bonheur de la France.»

       « L’état de la santé du Roi excitoit, depuis quelque temps, de graves inquiétudes, ses infirmités anciennes et permanentes ayant augmenté sensiblement ; et un premier bulletin, publié le 12, annonça qu’on ne pouvoit se dissimuler que ses forces avoient considérablement diminué, et que les espérances qu’on avoit conçues sont très-affoiblies.
Dans cet état, la religion de S. M. lui fit désirer de s’environner de tous les secours de la Religion. Le Roi se confessa le dimanche [note : dimanche 12 septembre 1824], et vit de nouveau son confesseur le lundi matin [13 septembre]. La nuit n’ayant pas été bonne, S. M. témoigna le désir d’être administrée. Son confesseur se rendit pour cet effet chez M. le Grand-Aumônier [il s'agissait alors de Sa Grandeur Gustave Maximilien Juste de Croÿ (1773-1844), évêque de Strasbourg].
A huit heures, le prélat partit de la chapelle, portant processionnellement le Saint Sacrement, et accompagné de M. l’évêque d’Hermopolis [Denis-Antoine-Luc, comte-évêque Frayssinous (1765-1841), évêque in partibus d'Hermopolis, Grand Maître de l'Université et ministre des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique] et de plusieurs aumôniers du Roi, qui portoient des torches. M. le curé de Saint-Germain-l’Auxerrois [les Tuileries se trouvant sur le territoire de la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois, c'en est le curé qui avait la juridiction ecclésiastique sur Sa Majesté], en étole, assistoit M. le Grand-Aumônier et portoit les saintes huiles. MONSIEUR [Monsieur frère du Roi, comte d'Artois, qui allait devenir Charles X] et ses augustes enfans [le Duc et la Duchesse d'Angoulème ainsi que la Duchesse de Berry] suivoient le Saint Sacrement avec des cierges allumés, et étoient accompagnés des personnes de leur maison. Le cortége étoit précédé et suivi des gardes du corps.

   Arrivé dans la chambre du Roi, M. le Grand-Aumônier a exhorté en peu de mots l’auguste malade, et lui a donné le saint Viatique.
MONSIEUR, Mr. duc d’Angoulême, M. l’évêque d’Hermopolis et M. l’abbé de Saman tenoient la nappe de communion.
Immédiatement après, S. M. a reçu l’extrême-onction.
Les Princes sont retournés à la chapelle, et ont entendu la messe pour le Roi. A leur retour, S. M. leur a dit les choses les plus affectueuses, et a béni toute sa famille. Les Princes et Princesses ont montré la plus vive sensibilité. Nous joignons ici la lettre de M. le ministre des affaires ecclésiastiques aux évêques, et le Mandement de M. l’archevêque de Paris :

   « Monseigneur, je suis dans la douloureuse nécessité de vous informer que l’état de santé où se trouve le Roi donne de vives inquiétudes : tous les cœurs français et chrétiens doivent se réunir pour implorer sur une tête si auguste et si chère les bénédictions du ciel ; votre dévoûment à la personne sacrée du Monarque et le zèle qui vous anime vous dicteront tout ce qui est convenable de faire dans cette conjoncture.
Veuillez, Monseigneur, agréer l’hommage de mes sentimens respectueux.

Le ministre secrétaire d’Etat des affaires ecclésiastiques et de l’instruction publique,

† Signé, D., év. d’Hermopolis.»

   « Le roi Ezéchias, si renommé dans Israël, par sa piété, son courage et la bonté de son cœur, tomba dans un état de maladie qui fit craindre pour ses jours ; il fut malade jusqu’à la mort, dit l’Ecriture : Egrotavit Ezechias usque ad mortem. Le prophète Isaïe étoit venu lui annoncer qu’il falloit mettre ordre aux affaires de sa maison, parce qu’il ne devoit pas en relever : Morieris tu, et non vives. Cependant le Seigneur, touché des larmes et des prières qui avoient été répandues en Sa présence, révoqua cet arrêt fatal, rendit au roi la santé, et daigna ajouter quinze années encore à un règne rempli de merveilles et de gloire.

   Vous nous avez compris sans doute, N. T. C. F., et, quoique nous hésitions à vous l’annoncer, les précautions dont nous essayons d’envelopper une si triste nouvelle vous avertissent assez du malheur qui menace de plonger la France dans l’affliction et le deuil. En vain nous chercherions à vous le dissimuler, en vain, par une suite de son amour pour ses peuples, notre auguste et religieux Monarque, surmontant ses douleurs avec une rare magnanimité, avec une constance admirable, a voulu se roidir contre les efforts et les progrès du mal, et se survivre en quelque sorte à lui-même, afin de ne pas troubler, par des alarmes prématurées, le repos et le bonheur où sa sagesse a su maintenir le royaume, le moment est venu où il faut que la nature reconnoisse sa foiblesse sous la main puissante de Celui qui frappe ou qui guérit, qui donne ou qui ôte le salut aux princes.

   Résigné toute sa vie aux décrets adorables de la Providence, plein de reconnoissance pour les bienfaits sans nombre qu’Elle a répandus sur lui et sur sa royale famille, pénétré de respect pour la foi de ses pères, notre Roi très-chrétien désire et réclame les secours de la religion, les sacremens de l’Eglise et les suffrages des fidèles, ou pour se préparer à paroitre devant Dieu qui juge les justices, si son heure suprême est arrivée, ou pour supporter avec patience les rigueurs de la maladie et les langueurs des infirmités, s’il plaisoit au Seigneur d’en prolonger les épreuves, ou enfin pour renouveler ses forces et ranimer la vigueur de son âme, si la divine Miséricorde, exauçant nos vœux, daignoit le rendre à son peuple, afin de le lui montrer encore long-temps sur le trône comme l’objet de Sa prédilection et l’instrument de Ses miracles.

   Quels que soient, N. T. C. F., les impénétrables desseins de Dieu, la foi et l’amour nous appellent aux pieds des saints autels. Notre espérance ne sauroit être trompée. Français ! si nous ne pouvons sauver la vie du Roi, nous nous associerons du moins à son dernier combat ; nous voudrons l’aider à conquérir la couronne immortelle, et lui ouvrir, par les armes de la prière, cette cité céleste où règnent déjà tant de saints de sa noble race, et où, assis à leurs côtés, il deviendra, comme eux, le protecteur de la monarchie ».

   En conséquence de ce Mandement, M. l’archevêque a fait donner dimanche à Notre-Dame un salut solennel, auquel il a officié.
Depuis ce temps, le prélat va tous les jours au château, et a assisté, le mardi, aux prières des agonisans qu’on a récitées pour Sa Majesté.
On a fait dans toutes les églises les prières des quarante-heures. Le Saint Sacrement a été exposé, et on a donné le salut. Les fidèles ont été exhortés à unir leurs prières, leurs aumônes et leurs bonnes œuvres pour la santé du Roi.
Beaucoup de personnes se portoient aux Tuileries pour s’informer de la santé du Roi, et on distribuoit de temps en temps des bulletins.
La Bourse, le Musée, et tous les lieux de réjouissance ont été fermés ».

(à suivre > ici)

Louis XVIII - blogue

2024-199. Deux pèlerinages angevins à l’origine desquels se trouve Saint Maurille : Notre-Dame du Marillais & Notre-Dame de Béhuard.

Apparition de Notre-Dame à Saint Maurille

       Selon la Tradition, en l’an 430 (c’est-à-dire l’année qui précéda le concile d’Ephèse), alors que Saint Maurille d’Angers (cf. > ici) était venu rendre visite à ses frères moines du Mont-Glonne (aujourd’hui Saint-Florent-le-Vieil), et qu’il s’était un peu éloigné du monastère pour se recueillir et méditer dans la campagne, au lieu-dit La Croix du Pichon, au confluent de l’Evre et de la Loire, il eut l’apparition de la Très Sainte Vierge Marie.

   Voici comment les anciennes chroniques rapportent l’événement : 

   « Maurille, évêque d’Angers, était en ce lieu, quand il se vit tout à coup environné d’une lumière céleste. C’était la Très Sainte Vierge, tenant en ses bras son divin Enfant, qui daignait lui apparaître, dans un peuplier.
Elle dit à son dévot serviteur que la volonté de Dieu et le bon plaisir de son divin Fils étaient qu’il établît en son diocèse une fête solennelle du jour de sa sainte naissance, le 8 de septembre… »
 

   La fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie déborda rapidement les frontières de l’Anjou et fut progressivement célébrée dans toute l’Eglise latine. En France, elle conserva longtemps le titre de Notre-Dame l’Angevine, qui rappelait ses origines.

Notre-Dame du Marillais - l'apparition à Saint Maurille

Apparition à Saint Maurille et demande d’institution de la fête de la Nativité de la Vierge
(groupe sculpté à l’intérieur de la chapelle du Marillais)   

   Un modeste oratoire avait d’abord été construit, qui, au cours des siècles, est devenue une chapelle, plusieurs fois agrandie.

   Ainsi, on affirme que Saint Charlemagne serait passé ici en 786, en allant soumettre les Armoricains, et qu’il aurait attribué sa victoire à Notre-Dame du Marillais, pour laquelle il fit reconstruire l’édifice primitif.
En 1520, la chapelle carolingienne est remplacée par un édifice plus vaste, de « style Planagenêt », qui, malgré les ravages des guerres dites de religion puis les incendies et profanations de la révolution, subsistera jusqu’en 1890.
En 1870, Monseigneur Freppel, évêque d’Angers, décide la construction d’un sanctuaire plus important : la première pierre en fut posée le 24 septembre 1890. Les travaux de la chapelle furent achevés en 1913, mais la consécration n’en fut célébrée que le 7 octobre 1920, en raison de la première guerre mondiale. A la chapelle fut ajoutée en 1930 une tour carrée.

   Enfin, la Vierge à l’Enfant qui trône dans le ciborium du maître-autel a été couronnée par Son Excellence Monseigneur Rumeau, évêque d’Angers, le 8 septembre 1931, avec la bénédiction du pape Pie XI.

Notre-Dame du Marillais - la Vierge couronnée

Notre-Dame du Marillais : la Vierge couronnée.

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

       Béhuard est une petite île – la seule de tout le cours de la Loire où se trouve un bourg de 120 habitants -, formée d’alluvions qui se sont agglomérés autour d’un rocher basaltique émergeant du fleuve.
Sur ce rocher, en 431, Saint Maurille plaça une statue de la Très Sainte Mère de Dieu, peut-être pour christianiser un lieu où auparavant les païens avaient-ils rendu quelque culte aux éléments…
L’île prit alors le nom d’« Ile Marie », et à la statue érigée par Saint Maurille succéda un oratoire.

Béhuard Vierge du rocher et chapelle

Béhuard : la statue de la Vierge à l’extrémité nord du rocher date de 1908 ;
elle rappelle la première statue érigée par Saint Maurille.

Au sommet du rocher le sanctuaire édifié par Louis XI.

   Le nom actuel vient du fait qu’au XIème siècle, le chevalier Buhard fit don de l’île, avec son rocher et son petit oratoire, à l’abbaye Saint-Nicolas d’Angers.
A partir de cette époque, des chroniques rapportent plusieurs sauvetages miraculeux qui se sont produits sur le cours de la Loire en relation avec Notre-Dame de Béhuard, si bien que, à l’orée du XVème siècle, sa renommée franchit les limites de l’Anjou.

   Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, sœur du Roi René, Louis XI naquit à Bourges en 1423 et régna de 1461 à 1483. Dévot de Marie, il disait :

« Elle nous a toujours imparti, en toutes affaires, son aide et sa direction ».

   Louis XI eut une dévotion de prédilection pour « la Vierge du Rocher de Béhuard », auprès de laquelle il vint une vingtaine de fois et dont il portait une médaille à son chapeau.

   Pendant son enfance, sa mère, Marie d’Anjou, lui avait appris à l’invoquer. Et ce cri de confiance, le Dauphin Louis, âgé de 20 ans, s’en souvint en ce Vendredi Saint 1443, lorsque sa barque chavira sur la Charente, où il circulait avec quelques compagnons. Il s’écria :

« Si j’en sors sain et sauf, je bâtirai une chapelle, au rocher de la Vierge de Béhuard ».

Intérieur de la chapelle de Béhuard

L’intérieur de la chapelle de Béhuard (qui avait déjà été épuré)
juste avant les transformations postérieures au second concile du Vatican :
la statue de Notre-Dame de Béhuard est dans la niche en haut à gauche,
et au-dessus de la porte de la sacristie la « cloche de la paix » offerte par Sa Majesté le Roi Louis XI.

Intérieur de la chapelle de Béhuard après le concile Vatican 2

Etat actuel

   C’est entre 1469 et 1472 que Louis XI fit construire la chapelle actuelle.
Il avait le dessein d’y instituer un chapitre royal : pour créer cette collégiale et assurer un revenu convenable aux six chanoines qu’il voulait y établir, il acheta l’île aux moines de Saint-Nicolas.
La mort du Souverain, en 1483, ne permit pas l’achèvement du projet, et la chapelle ne fut jamais érigée en collégiale royale.

   Des nombreux dons munificents de Louis XI à Notre-Dame de Béhuard, il reste en particulier, bien visible dans le sanctuaire, une cloche que le pieux Monarque voulait que l’on sonnât pour appeler à prier pour la paix. 

la cloche de la paix à Béhuard

Chapelle Notre-Dame de Béhuard : la « cloche de la paix »
mi-bronze mi-argent offerte par le Roi Louis XI
(ferronnerie du début du XXème siècle) 

   Après Louis XI, sans pour autant tomber dans l’oubli, le sanctuaire de Béhuard va s’assoupir…
Il faut attendre la seconde moitié du XIXème siècle pour que Monseigneur Freppel lui redonne de l’élan : un élan qui va globalement durer jusque vers les « années soixante » du XXème siècle, et qui, après quelques décennies de « flottement », semble aujourd’hui vouloir prendre un nouvel essor.

   Le 24 septembre 1923, pour le couronnement de la statue dite miraculeuse et improprement appelée « Vierge noire », on avait compté quelque 40.000 pèlerins !

Couronnement de Notre-Dame de Béhuard me 24 septembre 1923 - blogue

Les évêques et abbés au couronnement de Notre-Dame de Béhuard le 24 septembre 1923

   La statue qui a été couronnée, et qui concentre en elle l’objet du pèlerinage, est une statue du XVIème siècle, sculptée sur le modèle des Vierges en majesté, dans du bois de prunier. Ce n’est pas à proprement parler une « Vierge noire » : sa couleur sombre n’est en effet que l’effet du vieillissement du bois.

Notre-Dame de Béhuard sans son manteau

La statue de Notre-Dame de Béhuard
sans puis avec son manteau et ses parures

Statue de Notre-Dame de Béhuard avec ses ornements

   Voici donc une brève présentation de ces deux pèlerinages angevins à la Très Sainte Vierge Marie – Mère de Dieu et la nôtre -, qui, depuis plus de quinze siècles, depuis Saint Maurille, bon an mal an, malgré les vicissitudes de l’histoire et les épreuves de la Sainte Eglise, demeurent des lieux de grâce et de bénédictions.

Trois lys blancs

2024-197. Où, à l’occasion de l’anniversaire du trépas de Jean-Philippe Rameau, on chante avec lui : « Vive la race de nos Rois ! »

12 septembre,
Fête du Saint Nom de Marie (double majeur) ;
Anniversaire de la mort de Jean-Philippe Rameau (+ 12 septembre 1764).

Statue de Jean-Philippe Rameau à l'Opéra Garnier

Statue de Jean-Philippe Rameau à l’Opéra Garnier (Paris)

       Né à Dijon le 24 (ou 25) septembre 1683, Jean-Philippe Rameau s’est éteint à Paris le 12 septembre 1764, à l’âge de 81 ans.
Son père, Jean Rameau, était organiste à la collégiale Saint-Etienne, à l’abbaye Saint-Bénigne et à l’église Notre-Dame : il fut vraisemblablement le premier professeur de musique de Jean-Philippe. Ce dernier, scolarisé au collège des Jésuites des Godrans, jugé mauvais élève, dut quitter ce collège.
Il fit alors un séjour de plusieurs mois en Italie.

   En 1702 (il a 19 ans), il obtient un poste de maître de chapelle à la cathédrale Notre-Dame des Doms, en Avignon, et un poste similaire à la cathédrale de Clermont (mais il n’y achève pas sa période)
On le trouve à Paris en 1706, où il publie son premier livre de pièces de clavecin, ouvrage dans lequel il est présenté comme organiste des Jésuites de la rue Saint-Jacques et des Pères de la Merci.
En 1709 il obtient l’orgue de Notre-Dame, à Dijon, en succession de son père. Puis, en 1713-1714, on le trouve à la tribune des Jacobins de Lyon. Il séjourne également à Montpellier. Mais toute cette période de sa vie est assez mal documentée.

   Il s’installe définitivement à Paris en 1722 ou 1723 : il a 40 ans.
Il écrit ses premiers articles et publie son Traité d’harmonie ; son deuxième livre de pièces de clavecin paraît en 1724.
En 1726, il épouse Marie-Louise Mangot, qui a 19 ans de moins que lui, et qui lui donne un fils, Claude-François, en 1727. Naîtront plus tard Marie-Louise (1732) qui sera Visitandine, puis Alexandre (1740, mort en bas âge) et Marie-Alexandrine (1744).
Il tient les orgues du noviciat des Jésuites à Sainte-Croix de la Bretonnerie jusqu’en 1738.

   C’est aux alentours de la naissance de son fils qu’il est présenté au fermier général Alexandre Jean Joseph Le Riche de La Popelinière (1693-1762, dont le nom est aussi parfois écrit Poupelinière ou Pouplinière), qui va se faire son mécène : à partir de 1731, Rameau dirige son orchestre, donne des leçons de musique à la maîtresse de Monsieur (que ce dernier finira par épouser), et, de 1746 à 1752, loge dans leur hôtel particulier.
C’est chez les La Popelinière qu’il rencontra l’abbé Pellegrin et Voltaire qui furent du nombre de ses librettistes.

   Nous n’allons pas énumérer toute sa production : auteur prolixe et brillant, il est nommé en 1745 par le Roi Louis XV Compositeur de la Musique de la Chambre.
Rameau fut aussi un théoricien de la musique… et un homme de polémiques : sur ce sujet-là non plus nous ne nous étendrons pas.

   Le 12 septembre 1764, Jean-Philippe Rameau meurt d’une « fièvre putride », et il est inhumé dès le lendemain à Saint-Eustache où une plaque commémorative en perpétue le souvenir. Peu de temps avant sa mort, le Roi l’avait nommé chevalier de l’Ordre de Saint-Michel.

   L’œuvre lyrique de Rameau marque l’apogée du classicisme français, et il est généralement considéré comme le plus grand musicien français avant le XIXème siècle ainsi qu’il fait figure de premier théoricien de l’harmonie classique.

   Son œuvre religieuse semble minuscule en comparaison de son œuvre lyrique, mais ses motets à grand chœur sont impressionnants et, pour ce qui nous concerne, nous enthousiasment et ne nous lassent jamais ; il ne nous reste pas une seule page de musique pour orgue alors qu’il a tenu pendant des décennies des tribunes d’églises. 

   Nous terminerons cette brève évocation par un chœur majestueux que nous aimons beaucoup, extrait de la pastorale héroïque « Acanthe et Céphise », composée en 1751 pour célébrer la naissance de Louis-Joseph-Xavier François de France, duc de Bourgogne (fils aîné du Dauphin Louis-Ferdinand et de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe), et aux paroles de fervente louange auxquelles nous nous associons de toute notre âme : 

Vive la race de nos Rois,
C’est la source de notre gloire.
Puissent leurs règnes et leurs lois,
Durer autant que leur mémoire !
Que leurs noms soient à jamais
Le signal de la victoire ;
Que leurs noms soient à jamais
Le présage de la paix !

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Chérubin portant des lys - blogue

Publié dans:Chronique de Lully, Memento, Vexilla Regis |on 11 septembre, 2024 |Pas de commentaires »

2024-178. In memoriam : Monsieur l’abbé Louis Coache, inlassable combattant de la foi (+ 21 août 1994).

21 août,
Fête de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, veuve et fondatrice de l’Ordre de la Visitation ;

Anniversaire de la naissance de Saint François de Sales ;
Mémoire de Saint Privat de Mende, évêque et martyr ;
7ème jour dans l’octave de l’Assomption ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Louis Coache (+ 21 août 1994).

abbé Louis Coache

Monsieur l’abbé Louis Coache (10 mars 1920 – 21 août 1994)

   Le 10 mars 1920, à Ressons-sur-Matz, dans le diocèse de Beauvais, naquit Louis Coache, dans une famille modeste mais très profondément chrétienne. Il était le sixième de sept enfants et deux de ses sœurs seront religieuses.
Ayant très tôt entendu l’appel divin, il commença ses études ecclésiastiques au petit séminaire du Moncel, à Pont-Sainte-Maxence, fut ensuite envoyé au Séminaire français de Rome, dut revenir en France à cause de la guerre et rejoignit le grand séminaire de Beauvais, alors replié à Versailles en raison de l’occupation allemande. Il y fut ordonné le 24 avril 1943 par Mgr Roland-Gosselin, évêque de Versailles.
Son évêque le nomme d’abord vicaire à la cathédrale de Beauvais (juin 1943 – décembre 1947), puis curé de Salency, où il ne reste que quelques mois, car en août 1948 il est nommé curé de Sacy-le-Grand (août 1948 – 1953).

   En 1953, une maladie assez grave le contraint au repos. Repos assez relatif car il en profite pour approfondir des études de Droit canon au terme desquelles il obtient le Doctorat en soutenant une thèse sur « Le pouvoir ministériel du Pape » et que, dans le même temps, il dessert depuis Beauvais la paroisse de La-Neuville-en-Hez et assure un vicariat à Notre-Dame-de-Thil.
De juillet à novembre 1957, on lui confie l’aumônerie de l’hôpital de Senlis et enfin, à Pâques 1958, il reçoit ses lettres de curé de la paroisse de Montjavoult.

Vignette croix et calice - blogue

   Cet itinéraire de prêtre diocésain somme toute assez classique (vicaire, curé d’une petite paroisse, puis d’une paroisse moyenne, et enfin d’un paroisse plus importante), nous amène à la fin du règne du Vénérable Pie XII : bientôt les événements vont se précipiter.
Le temps de la maladie lui a donné le temps de devenir un canoniste, ce qui donnera du poids à ses prises de position et à ses publications. Dès 1955, alerté par certaines tendances qui se faisaient jour chez certains de ses confrères et dans la « pastorale », il avait commencé à prendre des notes en vue de la rédaction d’un ouvrage qu’il voulait intituler : « Jusqu’où va nous conduire l’esprit du monde ? ».

   L’annonce par Jean XXIII de la convocation d’un concile fut comparable à l’ouverture irréfléchie et incontrôlée des vannes d’un barrage : en quelques mois, le modernisme qui couvait sous les apparences conservatrices du pontificat pacellien va se révéler et faire déferler dans toute l’Eglise une vague dévastatrice de remises en cause de la foi et de la morale.
Effrayé, l’abbé Coache décide de publier son livre, mais se heurte aussitôt à de fortes oppositions : refus de l’Imprimatur, refus des éditeurs gagnés aux idées nouvelles… Finalement, il utilise une partie de son abondante documentation pour 
rédiger une « Lettre d’un curé de campagne à ses confrères », qu’il envoie aux prêtres du diocèse de Beauvais ainsi qu’à certains amis et correspondants à la Noël 1964. Elle sera suivie d’une « Nouvelle lettre d’un curé de campagne » (8 septembre 1965) qui connaîtra une diffusion plus importante.
En cette même année 1965, grâce à Michel de Saint-Pierre qu’il a rencontré à l’occasion de la publication de son roman « Les nouveaux prêtres »
, les éditions de La Table Ronde acceptent de publier, sous le titre «La foi au goût du jour » et sous le nom de plume de Jean-Marie Reusson, l’ouvrage qu’il préparait depuis 1955.

   En juin 1966, le mensuel « Le Monde et la Vie » (magazine grand format illustré qui faisait alors concurrence à Paris Match) publie un article de l’abbé Coache intitulé « La nouvelle religion » : article de quatre grandes pages qui eut un retentissement si considérable qu’il valut à son auteur un blâme de son évêque, et à la revue une condamnation émanant du Conseil permanent de la Conférence épiscopale de France (en même temps que Défense du FoyerLumière et Itinéraires).
En juin 1967 parut la « Dernière lettre d’un curé de campagne », dont le tirage fut de 150 000 exemplaires, preuve de la notoriété acquise en quelques années par l’abbé Coache.

   On le voit, c’est une période où le curé de Montjavoult essaie de s’opposer par ses écrits au modernisme dévastateur, bien qu’il ne se considère pas comme un « écrivain » : dans la débâcle générale de cette période de folie, des catholiques désemparés y trouvent une force, des prêtres découragés ou troublés se ressaisissent, et la résistance traditionnaliste commence à s’organiser. Les écrits de l’abbé Louis Coache jouent un rôle indéniable dans ce début.
Par la suite, et presque jusqu’à sa mort, l’abbé Coache continuera des publications, au premier rang desquelles il faut citer le très célèbre « Vade mecum du catholique fidèle », courte brochure rappelant les points essentiels au sujet de la prière, de la confession, de la communion, de la messe, des lectures, du catéchisme, de la morale.
Imprimé à la fin de 1968, il s’en était déjà écoulé 150 000 exemplaires à la fin janvier 1969, et il a été plusieurs fois réédité depuis. 

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   Quoique très mal vu par son évêque, jusque-là le curé de Montjavoult demeurait dans une situation canonique tout-à-fait régulière. Cela va rapidement évoluer au cours de l’année 1968, année au cours de laquelle il lance un bulletin bientôt connu de tous ceux qui ne veulent pas se soumettre à la déferlante moderniste : « le Combat de la Foi ».
Prévoyant une grande cérémonie eucharistique à l’occasion de la Fête-Dieu, l’abbé Coache invite son évêque, Mgr Stéphane Desmazières, à la présider.
Ce dernier n’attendait qu’une occasion pour engager les hostilités et lui répond en exigeant un acte de soumission, la cessation de ses publications, et l’annulation de la journée de vénération solennelle du Très Saint Sacrement.
La grève générale (événements de mai 1968) ayant rendue impossible l’annonce d’une annulation, la procession du Très Saint Sacrement annoncée  fut maintenue. Fureur de l’évêque qui, en mai 1969, à l’annonce d’une nouvelle célébration solennelle de la Fête-Dieu à Montjavoult, envoie à l’abbé Coache une monition canonique le menaçant de lui retirer sa charge de curé s’il persévère dans son combat.

   L’abbé décide d’un recours à Rome, retardé par une grève des postes italiennes, si bien que l’évêque de Beauvais lui inflige une première peine canonique et le destitue de sa charge de curé de Montjavoult.
Une longue procédure devant les tribunaux romains va suivre : elle durera six ans ! En juin 1975, une commission cardinalice approuvera la destitution de l’abbé qui quitte alors la cure de Montjavoult et se retire à Flavigny-sur-Ozerain, à la « Maison Lacordaire » qu’il a pu acquérir.

   La mention de cette « Maison Lacordaire » mérite quelques explications : en mai 1971, le curé de Montjavoult vit arriver au presbytère un homme qui lui offrit sans ambages un monastère. Il s’agissait du neveu de l’économe de la province dominicaine de Paris, chargé par ce dernier de vendre le très grand couvent de Flavigny. Grâce à une habile manœuvre, l’abbé Coache put l’acquérir sans que ses propriétaires ne soupçonnassent quel horrible intégriste en devenait le propriétaire. Il décida d’y installer ses œuvres et, au premier chef, « le Combat de la Foi ».

   Toutefois, dès le mois de décembre 1971, cette « Maison Lacordaire » va providentiellement permettre l’éclosion d’une congrégation de religieuses : en effet, sa propre sœur, Mère Thérèse-Marie et une autre religieuse, Mère Marie-Xavier, sorties de leur congrégation d’Angers devenue moderniste, firent appel à lui, se trouvant alors dans un complet dénuement ; la maison était vaste, l’abbé occupait encore le presbytère de Montjavoult, n’était-ce pas une disposition tout-à-fait providentielle ?
D’une part,
l’abbé Coache va favoriser le recrutement pour cette renaissance d’une congrégation traditionnelle (2 à la fin 1971, puis 4 en 1975, elles seront plus de trente en 1984 lorsque, quittant Flavigny, les Petites Sœurs de Saint François, iront s’installer au Trévoux, en Bretagne).
De 
1975 à 1984, il assura presque tous les cours du noviciat (théologie, Ecriture Sainte, histoire de l’Eglise …etc.), leur transmettant aussi sa profonde dévotion eucharistique, son amour de la liturgie et du chant grégorien (ce fut lui, en particulier, qui initia les religieuses aux rubriques du bréviaire et du missel, d’où est sorti le désormais célèbre Ordo avec répertoire des lieux de culte traditionnel).
Ses conseils de spiritualité étaient basés sur la foi : les Petites Sœurs se devaient d’être des « femmes de devoir » à la piété solide ; il les mettait en garde contre les « dévotionnettes », les fausses apparitions et le sentimentalisme ; et grâce à ses conférences sur les problèmes d’actualité, il leur inculquait une claire vision de la nocivité des erreurs modernistes et de la nécessité de maintenir le bon cap.

Vignette croix et calice - blogue

   Désormais installé à Flavigny, aidé par les Petites Sœurs de Saint François, l’abbé Coache, fait de la « Maison Lacordaire » un centre névralgique de la Tradition : il y prêche des retraites qui attirent un public nombreux, reçoit des hôtes de passage, enseigne et soutient les fidèles… et il organise des pèlerinages de la Tradition à Lourdes (en 1978, 1979, 1980, 1982, 1983, 1986 et 1991) pèlerinages parfois émaillés d’incidents tragi-comiques en raison de l’opposition des autorités du sanctuaire.
Il organise aussi des pèlerinages à Rome (celui de l’Année Sainte 1975 présidé par Monseigneur Lefebvre aura un grand retentissement) ou en d’autres hauts lieux de la Chrétienté, tient des réunions publiques à la Mutualité et à la Salle Wagram, dirige des campagnes de destruction des mauvais journaux dans les églises (ce qui lui vaudra des procès), des réunions de prêtres contestataires, des interventions dans les médias, des « commandos » contre des cérémonies scandaleuses ou des emblèmes sacrilèges… etc.

   En 1984, la « Maison Lacordaire » fut le lieu d’une cérémonie exceptionnelle : un triduum de messes ininterrompues, pour obtenir du Ciel la reconnaissance officielle par les autorités romaines du droit à la Messe traditionnelle. Ces trois journées de Messes célébrées par une soixantaine de prêtres, attirèrent sans nul doute des grâces immenses sur le courant traditionnel. D’autant que plus de cent prêtres, qui n’avaient pu se déplacer, célébrèrent chez eux la messe aux mêmes intentions.

   C’est après ce triduum que se prépara la cession de la « Maison Lacordaire » à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour y établir le séminaire international Saint Curé d’Ars, où s’effectue désormais la première année des candidats au sacerdoce et leur prise de soutane avant de poursuivre leurs études à Ecône.

   Monsieur l’abbé Coache, lié d’une amitié profonde avec Monseigneur Ducaud-Bourget, prépara avec lui et l’abbé Serralda la libération et la restitution au culte catholique de l’église parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet, le dimanche 27 février 1977 (cf. nos publications > ici et > ici), et ce n’est pas le moindre de ses titres de gloire et de ses droits à notre gratitude.
Certains ont écrit qu’après cela il aspirait à « prendre sa retraite », mais il avait moins de soixante ans et nous avons vu, ci-dessus, que dans les années qui suivirent il continua avec fougue à mener le combat, soit depuis Flavigny, soit, après la cession des bâtiments à la Fraternité Saint Pie X, depuis le Moulin du Pin où il déménagea. Ainsi par exemple la grande journée de réparation des crimes de la Révolution, le 15 août 1989.

Vignette croix et calice - blogue

   En 1993, l’abbé Louis Coache eut la joie de voir les « vétérans » des combats passés, ainsi que la jeune génération sacerdotale et épiscopale, se rassembler autour de lui pour rendre grâce pour ses cinquante années de sacerdoce.

   Enfin, aux premières heures du dimanche 21 août 1994, Monsieur l’abbé Louis Coache rendit sa belle âme à Dieu à l’âge de 74 ans et demi. Une grande foule l’accompagna à sa dernière demeure, pendant que, dans le monde entier, des chrétiens qui lui étaient redevables priaient pour le repos de son âme.

   Il nous reste de lui le souvenir d’un prêtre vraiment rempli de zèle pour la gloire de Dieu, embrasé d’amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ et la Très Sainte Vierge Marie, modèle d’attachement à la Sainte Eglise catholique et à ses vérités immuables, qui eut le courage de se lever quand beaucoup renonçaient ou trahissaient, de parler haut quand tant d’autres se taisaient, de combattre quand les autres baissaient la garde ou s’enfuyaient.
Prêtre de feu, il a éclairé les âmes, les a nourries, soutenues et encouragées, au point que sans doute beaucoup lui doivent leur salut éternel.
Au terme d’une existence de fidélité et de droiture, il a amplement mérité d’être qualifié du titre d’inlassable combattant de la foi.

27 février 1977 - à l'issue de la Messe, exposition du Saint-Sacrement

Sur ce cliché pris le dimanche 27 février 1977 à Saint-Nicolas du Chardonnet,
on aperçoit, au fond à droite, tenant un micro, Monsieur l’abbé Louis Coache

2024-174. A la pieuse mémoire de Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut.

- 17 août 2013 -

memento mortuaire abbé Chanut

       Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut était né à Talence, commune limitrophe de Bordeaux, le 7 août 1948. Il s’était d’abord engagé dans des études de Droit et de Lettres modernes, avant de se plonger dans l’histoire moderne (rappelons qu’en histoire le mot moderne désigne les XVIIème et XVIIIème siècles), puis d’entrer au séminaire de Saint-Sulpice pour le compte du diocèse de Corbeil-Essonnes (renommé depuis diocèse d’Evry-Courcouronnes). Ordonné prêtre le 9 juin 1979, il fut alors nommé curé de Saulx-les-Chartreux dont il fit une paroisse atypique, attirant de nombreux fidèles.

   Peu de temps après son ordination, il fut choisi comme aumônier par le Mémorial de France à Saint-Denis, et il exercera dès lors une influence grandissante dans la sphère légitimiste : le Prince Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou et de Cadix, de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II de France (+ 30 janvier 1989) le choisira pour aumônier personnel, faisant de lui, officiellement le Grand Aumônier de France. Il aura une importante influence sur l’évolution spirituelle de la Princesse Emmanuelle de Dampierre, duchesse de Ségovie (cf. > ici) dont il célèbrera les funérailles en l’église du Val-de-Grâce, à Paris.
En 1988, il participa à la fondation des Compagnons de Saint Michel Archange, dont il fut le premier chapelain-prieur jusqu’en 2006.

   Prédicateur et orateur d’un immense talent, il a particulièrement impressionné et ému ses auditoires avec l’oraison funèbre du Prince Alphonse, de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II, lors de la Messe de Requiem célébrée à la basilique de Saint-Denis en février 1989, et celle qu’il prononça, toujours à Saint-Denis, en juin 2004, lors du dépôt du cœur authentifié du jeune Louis XVII.

   Ami personnel de l’écrivain Jean Raspail (+ 13 juin 2020), il le réconciliera avec la foi catholique et le conseillera également pour les questions historiques de certains de ses romans, en particulier « L’Anneau du pêcheur ».

   Monsieur l’Abbé Chanut fut ensuite, dans son diocèse, nommé curé-doyen de Milly-la-Forêt, puis exorciste et archiviste du diocèse, et enfin responsable de l’application du motu proprio Summorum Pontificum. A côté de son ministère diocésain, il a également enseigné l’histoire de l’Eglise, l’homilétique et la patristique au séminaire de la Fraternité Saint-Pierre à Wigratzbad.

   Longuement éprouvé par un cancer, il est pieusement décédé en son domicile de Boutigny-sur-Essonne le samedi 17 août 2013. Ses funérailles furent célébrées le 22 août en la Collégiale Notre-Dame de l’Assomption de Milly-la-Forêt et a été ensuite inhumé au cimetière de la Chartreuse, à Bordeaux.

Monsieur l'abbé Christian-Philippe Chanut

Dans les pages de ce blogue vous trouverez plusieurs textes concernant Monsieur l’Abbé Chanut ou nés sous sa plume :

- Une lettre ouverte publiée lors de son trépas (2013) > ici
- Le dixième anniversaire de sa mort (2023) avec la publication de plusieurs enregistrements vidéo > ici

- L’enregistrement d’une homélie prononcée à l’occasion de la solennité de Saint Michel > ici

- Un texte extraordinaire de profondeur spirituelle sur l’offrande de soi > ici

- La fondation de la monarchie capétienne, œuvre indubitablement divine > ici

frise lys

 

2024-171. « Prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets… »

15 août,
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie :
Principale fête patronale du Royaume de France (cf. > ici),
(double de 1ère classe avec octave commune).

       Nous avons réuni ci-dessous la liste de tous les textes publiés dans ce blogue au sujet du vœu de Louis XIII, de son histoire et de la manière dont il convient de le renouveler à chaque 15 août.

Champaigne - Vœu de Louis XIII - musée des beaux-arts Caen

Philippe de Champaigne : le vœu de Louis XIII (1638)
[musée des Beaux-Arts, Caen]

A – Textes législatifs :

- Le texte de l’Edit de Saint-Germain (10 février 1638) improprement appelé « Vœu de Louis XIII » (puisqu’en effet il ne s’agit pas du texte du vœu royal lui-même mais de celui du document officiel par lequel Sa Majesté a informé son clergé et ses peuples du Vœu accompli et de la manière dont il doit être renouvelé chaque 15 août ici
- La lettre apostolique de Pie XI (1922) qui confirme la Vierge Marie comme céleste patronne de la France sous le vocable de son Assomption ici

B – Textes pour la liturgie :

- Les rites liturgiques à accomplir pour renouveler le Vœu de Louis XIII chaque 15 aoûtici
– La prose « Induant justitiam » propre aux diocèses de France pour la fête de l’Assomption > ici
– La Messe propre en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie du Vœu de Louis XIII > ici

C – Prières de dévotion pour renouveler la consécration de la France à la Très Sainte Vierge :

- Une prière attribuée à la Vénérable Elisabeth de France ici
– Une prière publiée en 1825 ici

D – Autres textes :

- La fête de l’Assomption n’est pas une « fête nationale », mais la fête patronale de la France > ici
- La Révérende Mère Anne-Marie de Jésus Crucifié, moniale calvairienne, mystique, choisie par Dieu pour faire connaître à Louis XIII Sa volonté de lui voir consacrer son Royaume à Sa Très Sainte Mère > ici

Philippe de Champaigne - Louis XIV renouvelant le vœu de Louis XIII

Philippe de Champaigne : Louis XIV enfant renouvelant le vœu de Louis XIII (vers 1650)
[Hambourg, Kunsthalle]

2024-168. Récapitulatif des publications de ce blogue relatives à Saint Maximilien-Marie Kolbe.

14 août,
Fête de Saint Maximilien-Marie Kolbe ;
Vigile de l’Assomption de Notre-Dame ;
Mémoire de Saint Eusèbe, martyr.

Reliquaire parcelle bure St Maximilien-Marie Kolbe

Oratoire du Mesnil-Marie
cadre reliquaire contenant une parcelle de bure de Saint Maximilien-Marie Kolbe

A – Des articles biographiques :

- Le martyre de Saint Maximilien-Marie Kolbe > ici
- Le témoignage d’un rescapé d’Auschwitz, témoin direct du martyre de Saint Maximilien-Marie > ici

- La fondation de la « Militia Immaculatae » le 16 octobre 1917 > ici
- L’anniversaire de l’ordination sacerdotale de Saint Maximilien-Marie > ici
- L’anniversaire de la première Messe de Saint Maximilien-Marie > ici

B – Des exposés, conférences, sermons ou publications sur Saint Maximilien-Marie :

- Une courte catéchèse estivale du Pape Benoît XVI > ici
- Des vidéos dignes d’attention > ici

C – Prières :

- Prières en l’honneur de Saint Maximilien-Marie Kolbe > ici

cellule du bunker de la faim - Auschwitz

Intérieur (état actuel) de la cellule du bunker de la faim
dans laquelle Saint Maximilien-Marie Kolbe a achevé sa vie terrestre le 14 août 1941

2024-164. Philippe de Champaigne, peintre du « grand siècle des âmes ».

12 août,
Fête de Sainte Claire d’Assise, vierge et abbesse (cf. > ici & > ici) ;
Anniversaire de la mort de Philippe de Champaigne, peintre (+ 12 août 1674).

Philippe de Champaigne - autoportrait

Philippe de Champaigne (1602-1674) : autoportrait
[Harvard Art Museums, Cambridge]

       Philippe de Champaigne [et il faut le prononcer « Champagne »] est l’un de nos peintres de prédilection au Mesnil-Marie, parce que nous trouvons dans ses œuvres un accomplissement spirituel inégalé.

   Ce brabançon, fils de tailleur, est né à Bruxelles, dans les Pays-Bas espagnols, le 26 mai 1602. Sa formation artistique commença vers l’âge de douze ans dans des ateliers bruxellois : elle comportait une initiation au portrait miniature, puis au paysage, en particulier avec Jacques Fouquières (1580-1659), maître renommé que, par la suite, Louis XIII chargera de peindre les villes de France. C’est vraisemblablement ce dernier qui fera venir Philippe à Paris vers 1621, après qu’il aura refusé la proposition de Rubens à travailler dans son atelier d’Anvers.
Il rencontre alors le jeune Nicolas Poussin, de six ans son aîné, qui n’est pas encore parti pour Rome.

   C’est l’époque de la construction du palais du Luxembourg. Le peintre Nicolas Duchesne (v. 1575-1628), chargé des ouvrages de peinture, y emploie Poussin et Champaigne pour réaliser des décors paysagers sur les lambris.
Dans cette décennie 1620, Champaigne réalise plusieurs tableaux pour la Reine Mère, Marie de Médicis (1575-1642). A la mort de Nicolas Duchesne (1628), Marie de Médicis lui propose le poste de premier peintre de la Reine. Il loge au palais du Luxembourg, est naturalisé français en 1629 et reprend à Paris l’atelier florissant de Nicolas Duchesne. 
Ainsi, Philippe de Champaigne a-t-il été rapidement distingué, et, en l’absence de Nicolas Poussin, installé à Rome, devient-il le principal concurrent parisien de Simon Vouet sous le règne de Louis XIII. Sa monumentale Présentation au temple de 1628-1630 le place définitivement à ce rang.

Philippe de Champaigne - Présentation au Temple 1628-1630 musée des Beaux-Arts de Dijon

Philippe de Champaigne : Présentation au Temple (1628-1630)
[musée des Beaux-Arts de Dijon]

« Dans cet important tableau, Champaigne met sa formation flamande, sensible dans la richesse des coloris, au service d’une composition ambitieuse, qui comporte déjà toutes les prémices du classicisme français à venir.
L’équilibre entre la monumentalité de l’architecture, la composition en frise et la véracité des visages, sans doute peints d’après nature, en fait le chef-d’œuvre de la jeunesse de l’artiste.

Ce tableau a été peint pour le couvent parisien des Carmélites du Faubourg Saint-Jacques à Paris. Il faisait partie d’une série de six tableaux peints pour la nef de l’église. »
(Commentaire musée des Beaux-arts de Dijon)

   Le 30 novembre 1628, Philippe de Champaigne a épousé Charlotte Duchesne (1611-1638), fille de son prédécesseur. De cette union naîtront trois enfants : Claude (1634-1642), Catherine (1636-1686) et Françoise (1637-1655).

   Il parvint bientôt à conquérir l’estime du cardinal de Richelieu (1585-1642), élevé à la pourpre romaine en 1622 et devenu principal ministre d’Etat en 1624. Ce dernier ayant entrepris la construction d’un palais, nommé à l’époque le Palais-Cardinal (actuel Palais-Royal), il en confie la décoration à Champaigne (malheureusement, la plupart de ces créations ont été détruites). Richelieu lui confia aussi les décors du dôme de l’église de la Sorbonne et lui commanda plusieurs portraits. Champaigne fut même le seul peintre autorisé à peindre le Cardinal-ministre en habit de cardinal : il le représentera onze fois.

Philippe de Champaigne - triple portrait du cardinal de Richelieu v. 1640 - National Gallery

Philippe de Champaigne : triple portrait du Cardinal de Richelieu (1640)
[National Gallery, Londres]

Ce triple portrait a été conçu comme modèle pour une statue en pied du cardinal
et envoyé à Rome vers 1642 au sculpteur italien Francesco Mochi (1580-1654).

   Philippe de Champaigne est l’un des membres fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648.
A titre personnel, de nombreux deuils familiaux (morts de son épouse en 1638, de son fils Claude en 1642, de son cousin et collaborateur en 1650 et enfin de sa fille cadette Françoise en 1655), vont l’ancrer dans une vie religieuse profonde et fervente.
Il est proche des milieux jansénistes (qui ne sont pas encore les rebelles obstinés qu’ils deviendront sous la seconde partie du règne de Louis XIV ni le mouvement politique en lequel ils dégénèreront au XVIIIème siècle). C’est ainsi qu’il peint les portraits de plusieurs des grandes figures du mouvement qui gravite autour des abbayes de Port-Royal, à Paris et aux Champs
.
Sa fille Catherine elle-même entrée comme moniale à Port-Royal en 1656 fut atteinte d’une paralysie des jambes, dont la guérison sera considérée comme un miracle : son père peindra à cette occasion un Ex-voto très dépouillé qui peut être considéré comme un exemple abouti de la représentation de la spiritualité en peinture.

Philippe de Champaigne ex-voto de 1662 - Louvre

Philippe de Champaigne : ex-voto de 1662
Le titre original est : La mère Catherine-Agnès Arnauld et la sœur Catherine de Sainte Suzanne Champaigne, fille de l’artiste.

Le peintre a voulu représenter le moment où Mère Agnès Arnauld reçut la révélation de la guérison de Sœur Catherine.
L’inscription peut se traduire ainsi :

« Au Christ unique médecin des âmes et des corps,
la sœur Catherine Suzanne de Champaigne, après une fièvre de 14 mois qui avait effrayé les médecins par son caractère tenace et l’importance de ses symptômes, alors que même la moitié de son corps était paralysée, que la nature était déjà épuisée, que les médecins l’avaient déjà abandonnée, s’étant jointe de prière avec la Mère Catherine Agnès, en un instant de temps, ayant recouvré une parfaite santé, s’offre à nouveau,
Philippe de Champaigne, cette image d’un si grand miracle et un témoignage de sa joie, a présenté en l’année 1662 ».

   A la fin de sa vie, Philippe de Champaigne est professeur à l’Académie et donne de nombreuses conférences consacrées à la peinture et comportant des analyses des grands maîtres du passé. Aucun texte de sa main ne nous est parvenu, mais seulement des transcriptions de l’historien André Félibien (1619-1695).
Il s’est éteint à Paris, le 12 août 1674, dans sa septante-troisième année, célèbre et révéré. L’obituaire de Port-Royal le mentionne comme « bon peintre et bon chrétien ».

   Philippe de Champaigne, essentiellement peintre de scènes religieuses, se situe au sommet de la hiérarchie des genres de l’époque.
D’un point de vue stylistique, il est parvenu à concilier sa première formation, flamande, qui apparaît nettement dans sa manière de traiter les paysages, et le classicisme français, dont il est un des initiateurs avec Simon Vouet, Nicolas Poussin et Claude Lorrain, « classicisme qui se caractérise par la quiétude expressive, l’importance du dessin sous-jacent, la retenue chromatique qui ne le conduit cependant pas à la monotonie. Comme Poussin, il sait parfaitement illuminer ses compositions avec des vêtements de couleurs vives (bleu, rouge, jaune) dans un ensemble beaucoup plus sage. Le portraitiste subtil de Richelieu et des chefs de file de Port-Royal s’intéresse à la psychologie et peut faire apparaître sur un visage les incertitudes de l’intériorité » (extrait d’un commentaire non signé trouvé sur Internet).
Pour nous, très humbles amateurs, nous trouvons dans sa peinture religieuse, poignante sans théâtralité excessive, une force qui va jusqu’aux tréfonds de l’âme et exprime avec une véritable perfection la profondeur de ce « sentiment religieux » de la France du « grand siècle des âmes » (cf. Henri Brémond).

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Portrait de Philippe de Champaigne par son neveu Jean-Baptiste 1668 - Louvre

Portrait de Philippe de Champaigne par son neveu Jean-Baptiste de Champaigne (1631-1681)
[musée du Louvre] :
Il s’agit ici d’une réplique d’un autoportrait disparu, réalisée par le neveu de l’artiste ;
ce tableau avait été donnée à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture par le graveur Rousselet en 1682.

2024-156. Les Récollets de Cassel et leurs compagnons, guillotinés à Arras le 30 juin 1794.

Cassel

Vue de Cassel dans un ouvrage du XVIIème siècle

   Cassel est une petite cité des Flandres devenue française en 1678 en application des traités de Nimègue. 
Il y avait à Cassel des Franciscains, appartenant à une branche réformée de l’Ordre, celle des Récollets.

   Au moment de la révolution dite française, qui déclencha l’une des plus horribles persécutions de l’époque moderne contre la Sainte Eglise, cinq Récollets de Cassel, accompagnés de cinq religieuses ou pieuses femmes, de deux Carmes et de trois prêtres séculiers, furent incarcérés puis guillotinés à Arras, le 30 juin 1794.
Leur histoire n’est pas aussi connue que celle des Carmélites de Compiègne ou d’autres religieuses emmenées à l’échafaud en haine de la foi catholique.

   L’un de ces héroïques fils de Saint François qui ont reçu la palme du martyre portait en religion le nom de Père Winoc : né Jean-Louis Verstock, il était âgé de 39 ans lorsqu’il fut guillotiné et il appartient à la famille d’une amie de notre Refuge Notre-Dame de Compassion.
Nous avons donc demandé à cette amie de rédiger un résumé de l’histoire de cet arrière-arrière… grand-oncle.

   Comme il s’agit d’un texte équivalent à sept pages de format A4, malgré la « réduction » que nous lui avons dû faire subir, nous ne le publions pas sous forme d’article, mais sous forme de pièce jointe que vous trouverez en cliquant ici > fichier pdf Les Récollets de Cassel martyrs de la révolution.

   Je vous laisse donc à votre lecture et vous souhaite d’être fortifiés et encouragés par ce bel exemple dans les épreuves présentes et à venir.

Tolbiac.

guillotine et palmes - martyrs de la révolution

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