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2014-29. De l’anniversaire de l’élection du Vénérable Pie XII au Souverain Pontificat.

- 2 mars 1939 -

       Le 10 février 1939, dans sa quatre-vingt-deuxième année, s’éteignit le Pape Pie XI : il était resté 17 ans sur le trône de Saint Pierre.
Le conclave destiné à l’élection de son successeur fut convoqué pour le mercredi 1er mars.

   Dès 1937, Pie XI avait laissé entendre qu’il souhaiterait avoir pour successeur celui qu’il avait appelé auprès de lui en février 1930 pour être son Secrétaire d’Etat : le cardinal Eugenio Pacelli.

Pie XI avec le cardinal Pacelli en 1931

Eugenio Pacelli, né le 2 mars 1876
cardinal du titre des Saints Jean et Paul en 1929
Secrétaire d’Etat de Pie XI en 1930
ici en compagnie de Pie XI en 1931

   Les gouvernements français et anglais étaient favorables au cardinal Pacelli, ce qui n’était pas le cas du Troisième Reich et du régime mussolinien, car les dispositions du secrétaire d’Etat au sujet du nazisme et du fascisme étaient clairement connues.
L’ensemble des cardinaux français, à l’exception toutefois du cardinal Eugène Tisserant, semblait acquis à l’idée de l’élection de Pacelli.
Toutefois les pronostiqueurs faisaient remarquer que les chances d’élection pour un non-italien n’avaient jamais été aussi favorables, et qu’aucun secrétaire d’Etat n’avait été élu depuis 1667 (tout comme aucun Romain n’avait été élevé au Souverain Pontificat depuis 1670). A propos de Pacelli, ils rappelaient le proverbe selon lequel « celui qui entre pape au conclave en ressort cardinal ».
Parmi les « papabili » on citait le primat de Pologne August Hlond, l’archevêque de Cologne Karl Joseph Schulte, le camérier français Eugène Tisserant, l’archevêque de Milan Ildefonso Schuster, le patriarche de Venise Adeodato Piazza, et surtout l’évêque de Florence Elia Dalla Costa, favori des Italiens…

   Le mercredi 1er mars 1939 donc, les cardinaux, au nombre de soixante-deux furent enfermés en conclave.
Le 
jeudi 2 mars 1939, au troisième tour de scrutin, Eugenio Pacelli fut élu et, à 17h 30, la fameuse fumée blanche s’éleva du tuyau de poêle sortant du toit de la Chapelle Sixtine.

Il semblerait qu’il avait reçu 35 votes dès le premier tour, 40 au deuxième et 61 au troisième (c’est-à-dire les suffrages de tous les cardinaux sauf le sien propre).

   Voici une vidéo, réalisée avec les documentaires cinématographiques de l’époque, qui montre les préparatifs du conclave, l’ « Habemus Papam » et le couronnement de celui qui fut dès lors Sa Sainteté le Pape Pie XII.
Ce document est tout à la fois très émouvant et des plus intéressants, puisqu’il nous replonge dans un univers en quelque sorte disparu et qu’il permet à l’œil averti d’évaluer la dégringolade qui s’est produite depuis :

(faire un clic droit sur l’image ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet »)

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   Le nom de Pie, choisi par le 260ème pape, voulait exprimer la continuité avec le précédent pontificat ; il était aussi un hommage aux papes Pie IX sous le règne duquel Eugenio Pacelli était né et que ses parents avaient servi avec dévouement, et Pie X sous lequel sa propre carrière à la Curie avait pris son essor.
Il dira aussi que c’est un nom qui exprime la paix : en latin « pius » ne signifie pas seulement pieux, mais comprend aussi les notions de douceur et de bienveillance. En ce mois de mars 1939, le monde entier pressent et redoute l’éclatement d’un conflit majeur.

Election de Pie XII hommage des cardinaux

2 mars 1939 : dans la Chapelle Sixtine,
après que le cardinal Pacelli a accepté son élection et revêtu les ornements pontificaux,
les cardinaux viennent se prosterner devant lui, baiser sa mule et sa main
et recevoir de lui l’accolade de paix.

   Mère Pascaline Lehnert, religieuse de la Sainte-Croix, aide-soignante de Monseigneur Pacelli depuis le temps où il était nonce apostolique à Munich et à laquelle il avait demandé de venir à Rome en 1930 pour être sa gouvernante, a laissé dans ses mémoires un récit de ces jours du conclave : elle raconte comment le cardinal Pacelli, camerlingue de la Sainte Eglise Romaine, fut affecté d’avoir à présider les funérailles de Pie XI auquel une affection filiale l’attachait. Elle explique aussi que le cardinal avait donné l’ordre aux religieuses qui s’occupaient de son appartement de mettre dans des caisses et des valises toutes ses affaires, parce qu’il comptait fermement quitter le Vatican dès la fin du conclave afin d’aller se reposer à Rorchach, dans les Alpes suisses (il avait même déjà obtenu le visa suisse sur son passeport !).

Mère Pascalina Lehnert

La Révérende Mère Pascaline Lehnert (1894-1983)
gouvernante du cardinal Pacelli puis de Sa Sainteté le Pape Pie XII

   Pendant le conclave, le cardinal Pacelli garda son appartement, parce qu’il était inclus dans le périmètre du conclave, et les trois religieuses y étaient enfermées, continuant à faire les bagages de Son Eminence, rangeant ses livres et ses objets personnels dans des caisses. Les fenêtres étaient toutes condamnées – volets cloués – et il était interdit de les ouvrir sous peine d’excommunication.

   « Comme le cardinal fut content lorsqu’au soir du 1er mars 1939, après avoir achevé son travail de camerlingue, il put se rendre dans son appartement, y manger et y dormir, bien que toutes les pièces fussent complètement vides (…). Cette dernière soirée avant le jour de l’élection fut comme toutes les autres. Le chapelet récité en commun vint clore pour nous la journée, tandis que le cardinal continua à prier et travailler comme toujours jusqu’au petit matin.
Aux premières heures du 2 mars, nous attendions tous dans l’antichambre de la chapelle pour offrir à Son Eminence nos voeux d’anniversaire. Il n’aimait guère recevoir de félicitations, et ce jour-là se contenta de dire en faisant un geste amical : « Priez, priez, pour que tout se passe bien ! »
Puis ce fut la messe – ici, on avait l’impression que rien ne pouvait affliger le cardinal et qu’il faisait descendre Dieu sur terre. Après le petit déjeuner, il se rendit à la Chapelle Sixtine, comme il se rendait autrefois à l’audience du Saint-Père.
Nous, dans la Cella n°13 ne savions, n’entendions et ne voyions rien de la foule massée sur la place Saint-Pierre ; en effet, tous les volets et toutes les fenêtres étaient fermés. En outre, il était interdit d’y aller. Et puis, il y avait encore beaucoup à faire, car lorsque Son Eminence reviendrait, elle voudrait voir les dernières caisses et valises prêtes. Le gâteau d’anniversaire avec les 63 bougies devrait aussi être prêt, même si elle n’y touchait pas.
Le cardinal revint après le premier scrutin – calme et maître de lui comme toujours. La curiosité nous eût bien fait poser des questions, mais nous ne dîmes pas un mot devant le sérieux et la gravité répandus sur sa personne (…) »

Election de Sa Sainteté Pie XII - Chapelle Sixtine

2 mars 1939 : dans la Chapelle Sixtine,
le nouveau Souverain Pontife, revêtu de la falda, de la chape et de la mitre,
assis au trône sur le marchepied de l’autel pour l’hommage des cardinaux.

   « Il était environ 17h 30. Nous étions encore tout à fait occupées à ranger et à faire les valises, lorsque, montant de la place Saint-Pierre, nous parvinrent des cris et des applaudissements prolongés. Mais personne n’eût osé aller à une fenêtre et personne ne vint nous dire quoi que ce soit. Nous attendîmes donc – jusqu’à ce que la porte du grand bureau s’ouvrit. Sur le seuil apparut la haute et mince silhouette familière – cette fois-ci vêtus de blanc – , entourée du maître des cérémonies et d’autres prélats, qui, toutefois, se retirèrent aussitôt. – Ce n’était plus le cardinal Pacelli, c’était le pape Pie XII, qui, de retour de la première adoration dans la Sixtine, revenait chez lui.
Qui pourrait oublier un pareil moment ? En pleurant, nous, trois religieuses nous agenouillâmes et baisâmes pour la première fois la main du Saint-Père. Le Saint-Père, lui aussi, avait les yeux humides. Se regardant, il dit simplement : « Voyez ce qu’on m’a fait… ! »
Les mots manquaient – il n’y a pas de mots dans certaines situations – , et il n’y avait pas beaucoup de temps non plus, car déjà les prélats revenaient pour emmener le Saint-Père à la prochaine adoration. »

Election de Sa Sainteté le pape Pie XII

2 mars 1939 : Sa Sainteté le pape Pie XII qui vient d’être élu
dans les couloirs du conclave avant la première apparition à la loggia de la basilique vaticane.

   « Bientôt arrivèrent proches parents et amis intimes, qui voulaient féliciter le Saint-Père. On ne pouvait presque pas parler, pour la raison bien simple que la voix s’y refusait. Et l’on ne pouvait pas non plus retenir ses larmes. On ne savait si ce qui émouvait le coeur était douleur ou joie.
Le Saint-Père fut d’une extrême bonté envers tous ceux qu’il rencontra après son retour à l’appartement. Mais maintenant son visage blême montrait une très grande fatigue. Lorsqu’il put enfin se libérer, il se laissa tomber dans un fauteuil et pendant plusieurs minutes recouvrit son visage de ses deux mains. En toute hâte, nous ressortîmes des paquest ce qui était nécessaire, mais nous étions toutes trop émues pour pouvoir fair du bon travail (…).
La place Saint-Pierre tout entière était encore pleine de gens poussant des acclamations. C’est à ce moment-là seulement que quelqu’un eut l’idée d’ouvrir les volets et de regarder cette marée humaine au-dessus de laquelle avait retenti, il y a peu de temps, pour la première fois, la bénédiction du nouveau pontife. C’était comme si les gens ne pouvaient s’arracher à l’endroit où ils avaient entendu l’heureuse nouvelle. Sans cesse reprenaient les cris de : « Viva il Papa, viva Pio XII. Viva, viva il Papa Romano di Roma ! »
C’étaient les Romains, tout particulièrement, qui étaient heureux de voir à nouveau, après tant de temps, l’un des leurs sur le trône de Pierre !

   Il était temps de penser à une petite collation du soir ! Quant à changer de vêtements, le Saint-Père n’en avait pas besoin aujourd’hui, car il n’avait provisoirement qu’une seule soutane (qui ne lui allait d’ailleurs pas du tout). On entendait jusque dans la salle à manger les acclamations montant de la place Saint-Pierre. Après le dîner, auquel Pie XII toucha à peine, on se rendit, comme chaque jour, à la chapelle pour réciter le chapelet. Le seul à pouvoir prier sans s’arrêter, avec calme et recueillement, fut le Saint-Père. Nous autres devions sans cesse nous interrompre, parce que les larmes ne nous permettaient pas de continuer notre prière. Puis, pour la première fois, Sa Sainteté Pie XII nous donna la bénédiction du soir – celle-la même que, neuf années durant, nous avait donné le cardinal Pacelli. Pour nous, la journée était terminée ; pour le Saint-Père, elle continua, même aujourd’hui, et ne s’acheva sans doute, comme à l’accoutumée, qu’à 2h du matin, alors que nous avions déjà plusieurs heures de sommeil derrière nous. »

Pascalina Lenhert (1894-1983)
in « Pie XII – Mon privilège fut de le servir » (ed. Téqui).

Scala Regia Pie XII porté sur la sedia gestatoria

Pie XII descendant la Scala Regia porté sur la sedia gestatoria.

On trouvera ci-après une
prière pour demander des grâces par l’intercession du Vénérable Pie XII

et pour obtenir la glorification de ce grand serviteur de Dieu > ici

Rappel :
Célébration du 50ème anniversaire de la mort de Sa Sainteté le Pape Pie XII,

le 9 octobre 2008, homélie de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI
et étude apologétique sur ce grand pape > ici

2014-24. Les détails.

1564 – 18 février – 2014
450ème anniversaire de la mort de Michel-Ange

Autoportrait Michel-Ange

Michel-Ange – autoportrait.

Ce 18 février marque le 450ème anniversaire de la mort de Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, communément appelé en Français Michel-Ange.
Il fut un génie universel et je vous encourage à lire le très beau texte intitulé « Michel-Ange, artiste théologien » qu’a publié, après l’avoir traduit en Français, notre amie Béatrice, sur son excellent site Benoît et moi
C’est un article qui a paru en février 2008 dans l’Osservatore Romano, signé par Timothy Verdon, prélat américain spécialiste de l’art religieux. Il permet une approche de l’art de Michel-Ange débarassée des phantasmes de notre époque, pour lui rendre toute sa dimension spirituelle, que beaucoup de fidèles aujourd’hui ont du mal à percevoir.

Ainsi que l’écrit Béatrice dans son introduction : 
« Michel-Ange continue de fasciner, mais les échos que les media nous apportent le plus souvent sur sa personnalité sont des allusions ambigües à sa prétendue homosexualité, devinée à travers ses sonnets, et des insinuations salaces sur les nus de la Chapelle Sixtine – entre autres – , qui auraient été propres, dans un tel environnement, à choquer les bigots de l’époque. Notre époque à nous a les fantasmes qu’elle peut s’offrir, et les obsessions qu’elle cultive (…) »

Mais tout est à lire et à relire, et c’est ici > Michel-Ange, artiste théologien.

Pour moi, qui ne suis qu’un tout petit chat, je me contente de marquer ce 450ème anniversaire en vous offrant une nouvelle petite B.D. de Frère Maximilien-Marie. L’anecdote qui l’a inspirée peut s’appliquer à beaucoup de circonstances de la vie, et au plus haut point à la vie spirituelle…

La paternité de la phrase « Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail » est attribuée à Léonard de Vinci,  mais cela n’exclut nullement – bien au contraire – qu’elle ait pu faire florès parmi les artistes florentins, et que Michel-Ange, selon l’anecdote rapportée ci-dessous, ait pu la reprendre à son profit…
Pour nous, mettons-la en rapport avec le commandement donné par Notre-Seigneur en conclusion du sermon sur la montagne : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » (Matth. V, 48).

Lully.

Frise maniériste

Les détails

sculpteur

2014-23. Du martyre de l’abbé Claude de Bernard de Talode du Grail.

Dimanche de la Septuagésime, 16 février 1794

Château du Grail façades sud et est

Saint-Agrève : le Château du Grail (état actuel – façades sud et est)
il portait autrefois des poivrières aux quatre angles.

       Le 21 juillet 1760, à Saint-Agrève, paroisse du haut-Vivarais, naquit et fut baptisé le jour même, Claude Joseph Thérèze de Bernard de Talode du Grail. Il était le sixième de onze enfants.
Les Bernard de Talode sont une vieille famille noble du Velay, dont un cadet, en épousant en 1621 l’héritière de la famille du Grail (se prononce comme « aïe »), vint s’établir à Saint-Agrève, dans le diocèse de Viviers.
Sa famille maternelle, celle des Malosse, famille terrienne bien alliée, est de la paroisse de Chaudeyrolles, aujourd’hui commune du département de la Haute-Loire, mais qui appartint au Vivarais jusqu’en 1790.

   Nous ne possédons pas de détails sur l’enfance et la jeunesse de Claude du Grail.
Il fit ses études classiques au collège du Puy-en-Velay (qui avait été fondé puis dirigé par les Jésuites jusqu’à la dissolution de la Compagnie), dont il sortit à l’âge de 20 ans.
Il fut ensuite au petit séminaire de Bourg-Saint-Andéol pour le cours de philosophie, et enfin au grand séminaire de Viviers pour la théologie.
Il y reçut les ordres mineurs, le 20 décembre 1788, mais en juillet 1789 il revint dans sa famille sans avoir reçu les ordres majeurs.

Château du Grail façade ouest

Château du Grail (état actuel – façade ouest)

   Lorsque éclate la grande révolution, le siège épiscopal de Viviers est occupé depuis 1778 par un prélat un peu « particulier », Charles de La Font de Savine, dont il convient de dire quelques mots.

   Né le 17 février 1742, cadet de famille noble, il fut destiné à l’Eglise alors qu’il était davantage nourri de Rousseau que d’ouvrages de solide piété : sa lecture favorite fut pendant de nombreuses années « L’Emile ».
Il est écrit que Charles de Savine avait « juste assez de foi pour n’être pas impie », et qu’ « il montrait une inconcevable instabilité d’esprit, un goût immodéré des plaisirs du monde, et, avec cela, il était bon, généreux, sensible, plein de courtoisie et d’urbanité » (Auguste Roche, in « Armorial généalogique et bibliographique des évêques de Viviers »).

Il fut d’abord vicaire général de son oncle, Monseigneur Jean-Arnaud de Castellane, évêque de Mende et dernier comte de Gévaudan (nota : après avoir résisté par tous les moyens, y compris militaires, à la révolution et à l’usurpation de son siège épiscopal, Monseigneur de Castellane sera horriblement massacré à Versailles le 9 septembre 1792).

   Charles de La Font de Savine fut promu à l’évêché de Viviers à l’âge de 37 ans : « Je suis devenu évêque comme tant d’autres parce que mon oncle étoit un grand seigneur, un gouverneur de province », écrira-t-il lui-même en 1792.
De fait, « il restait parfois, dit-on, un mois entier sans célébrer la messe et faisait réciter le bréviaire par son valet de chambre ; puis, le mois suivant, il célébrait la messe tous les jours et récitait le bréviaire à genoux » (Auguste Roche, « Armorial »).

   Néanmoins, en dépit de ses idées novatrices, Monseigneur de Savine appartenait à cette catégorie de prélats mondains de l’Ancien Régime, très imbu de son rang et très attaché à son train de vie, désireux avant tout de briller en société.
Député du clergé de son diocèse aux Etats Généraux, il adopta avec enthousiasme les idées de la révolution… et la constitution civile du clergé.

Viviers - palais épiscopal

Viviers : le palais épiscopal (aujourd’hui mairie)
dans lequel Monseigneur de Savine donna des bals et des banquets « patriotiques »…

   Le 6 février 1791, dans sa cathédrale, à la suite d’un long discours justificatif, Monseigneur de Savine prêta le serment constitutionnel (il sera suivi par 44% de son clergé : un grand nombre de prêtres accompagnera ce serment de restrictions et ils se rétracteront lorsque le bref du Souverain Pontife sera connu).

   Lorsque, dans son bref daté du 13 avril 1791, le Pape Pie VI enjoignit aux membres du clergé français qui aurait prêté le serment de se rétracter sous peine d’excommunication, Monseigneur de Savine se moqua du Souverain Pontife, et reçut en conséquence les félicitations des révolutionnaires : dans ses mandements, il se nommera désormais « Lafont-Savine, de par la constitution française et l’assemblée nationale, évêque constitutionnel de l’Ardèche ».
Vers la fin de l’année 1791, après avoir lui-même ordonné la fermeture des monastères et congédié les directeurs du séminaire, après avoir encouragé son clergé à prêter le serment schismatique, puis critiqué les dogmes et la discipline catholiques, il fit peindre aux trois couleurs de la révolution son trône épiscopal, les stalles du choeur et les orgues de la cathédrale, dont il orna la nef d’oriflammes rouges portant des slogans révolutionnaires ; il organisa aussi  - horresco referens ! – une cérémonie sacrilège en l’honneur de la liberté au cours de laquelle, portant le Très Saint-Sacrement, il fut escorté de braillards hurlant « la marseillaise » et le « ça ira »… etc.

   Le Pape ayant patienté le plus longtemps possible, l’excommunication de Monseigneur de Savine fut effective à la fin du printemps 1792 ; le diocèse de Viviers fut alors confié à l’administration de Monseigneur Charles François d’Aviau du Bois de Sanzay, archevêque de Vienne, qui organisa l’Eglise clandestine. 

   Monseigneur de Savine mettra le comble à son parjure en apostasiant solennellement en décembre 1793 ; il avait encouragé les prêtres jureurs à se « déprêtriser » et à se marier. Il mènera ensuite une vie des plus mouvementées – presque rocambolesque – , avant de mourir, pénitent et réconcilié avec l’Eglise, le 1er janvier 1815… Mais tout cela n’est plus dans notre propos.
Pour être juste, il faut néanmoins signaler que, en 1792-1793, le fantasque prélat se déclara ouvertement hostile aux mesures de persécution des prêtres réfractaires.

Cathédrale de Viviers intérieur

Cathédrale Saint-Vincent de Viviers, l’intérieur.

   Nous ignorons les raisons qui avaient poussé l’abbé du Grail - minoré ainsi que nous l’avons dit plus haut – à quitter le séminaire, et nous ignorons aussi les raisons qui le poussèrent à y retourner : faut-il y voir une influence de sa sœur aînée, moniale visitandine au Puy ? faut-il penser qu’à la vue des évènements de juin et juillet 1789, il eût un moment de crainte puis qu’il se ressaisit ? fut-ce pour des raisons de santé (car il n’était pas d’une constitution très robuste) ?
Rien ne nous permet de trancher en faveur de l’une ou l’autre de ces hypothèses.

Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il revint au séminaire en 1790 : il fut ordonné sous-diacre le 18 décembre 1790, diacre le 9 avril 1791, et prêtre le 24 septembre 1791 (à l’âge de 31 ans et deux mois). 

   Il reçut donc le diaconat et le sacerdoce des mains d’un évêque jureur qui s’était déjà signalé par ses « excentricités », mais qui conservait encore une forme de légitimité puisque le bref pontifical porteur des sanctions ecclésiastiques ne le frappera qu’en 1792. Parmi les condisciples de l’abbé du Grail, certains préférèrent ne pas être ordonnés par Monseigneur de Savine et soit se débrouillèrent pour se faire imposer les mains par d’autres évêques fidèles, soit durent attendre de longues années.

   L’abbé Claude du Grail, d’après le témoignage de ses contemporains, avait un physique plutôt ingrat : « (…) son extérieur n’avait rien qui pût lui attirer la considération. Sa taille était à peine médiocre, son air était fort commun, sa physionomie peu agréable » (note manuscrite de l’abbé Péala).
Au moral, il est décrit comme un homme doux et humble, patient, d’une grande pureté de mœurs et d’une admirable charité pour son prochain, mais aussi d’un esprit lent et d’une intelligence médiocre, froid et distant, objet facile des railleries des autres, n’ayant rien qui attirât la sympathie…
Et cependant, ce prêtre auquel ses contemporains attribuent un caractère difficile et un aspect disgracieux va se révéler un courageux confesseur de la foi.
Pour ne pas avoir à prêter le serment schismatique, l’abbé du Grail n’accepte aucun ministère et demeure dans sa famille.

Linteau armorié château du Grail

Linteau de porte portant les armes de France, au château du Grail (Saint-Agrève)

   Mais la persécution se déchaîne : la surveillance se fait plus étroite, les tracasseries et les risques empirent, d’autant que tous les prêtres demeurés à Saint-Agrève sont des jureurs. Aussi Madame du Grail encourage-t-elle son fils à partir pour des lieux plus sûrs : en l’occurrence, les alentours du Mont Mézenc.

   L’abbé du Grail va donc passer les derniers mois de sa vie en majeure partie aux environs des paroisses de Borée et de Chaudeyrolles : paroisses assez difficiles d’accès (il n’y a pas de routes, seulement des chemins muletiers), où le relief et les forêts offrent de nombreux lieux de refuge. Là se cachent d’ailleurs de nombreux autres ecclésiastiques fidèles.

   Côté vivarois, à Borée, le curé, l’abbé Jean-Augustin de Lamargerie, soutenu par l’ensemble de ses paroissiens, parviendra à célébrer la messe dans son église presque tous les dimanches et fêtes du temps de la persécution.
Deux lieues plus bas, à Saint-Martial, le curé Chacornac et ses deux vicaires qui ont pris le maquis, continuent clandestinement un ministère très actif et déjouent pendant près de dix ans les traquenards de la garde nationale.
Sur le côté vellave du massif, aux Estables, le prêtre jureur, mortifié de se trouver en face d’une église vide, en fait le reproche aux paroissiens ; le dimanche suivant, quand il ouvre les portes de l’église, il la trouve remplie de porcs et les villageois se gaussent en lui disant qu’ils lui ont trouvé des paroissiens dignes de lui.
A Chaudeyrolles, le curé intrus se heurte lui-aussi à l’hostilité sans concession des fidèles et du curé légitime, l’abbé Pierre Ginhoux, qui non seulement ne veut pas lui céder la place mais donne asile à d’autres farouches réfractaires, des prêtres zélés qui exercent leur ministère de manière clandestine dans les paroisses alentours (Champclause, Saint-Front, Lausonne, Saint-Julien-Chapteuil, Freycenet-Latour, …etc.).

   Malgré la bienveillance massive des populations à leur endroit, et malgré la protection tacite de la plupart des maires, ils sont toutefois obligés à une extrême vigilance, contraints de changer souvent de cachette et de déguisement, acculés à passer les nuits dans des abris de fortune, alors que le climat est particulièrement rude.
Le clergé constitutionnel ne cesse de les poursuivre de sa vindicte et d’inciter à la délation, tandis que les « patriotes » organisent de véritables chasses à l’homme.
A la fin de l’année 1793, la surveillance se resserre et des sommes alléchantes sont promises afin de susciter des vocations de Judas.

Chaudeyrolles au début du XXe siècle

Chaudeyrolles : le village au pied du Mont Signon (photographie du début du XXe siècle)

   Au début de l’année 1794, l’abbé Claude du Grail, de constitution chétive et de faible santé, est à bout de forces.
Un soir de la mi-janvier 1794, il vient frapper à la porte d’une petite ferme isolée de la vallée de l’Aubépin : il est non seulement malade, mais il a en outre fait une mauvaise chute sur le verglas et s’est violemment cogné la tête, qui lui fait très mal.
A Jacques et Rose Vincent, ses hôtes, il dévoile son identité. Au bout de quelques jours, il consent à ce que l’on appelle un brave chirurgien de Laussonne, qui est lui aussi mis dans la confidence. 

Malheureusement, le chirurgien tombe dans le piège tendu par un tailleur d’habit de Laussonne qui prétend chercher un « bon prêtre » afin de recourir à son ministère : c’est ce tailleur d’habit qui va ensuite vendre l’abbé du Grail pour la somme de cent livres.

   La garde nationale de Laussone vient sans pitié et sans ménagement arracher le malade à son lit, le hisse sur un cheval et l’emmène quasi mourant au Puy. L’abbé, épuisé, ne s’est pas dérobé : « Je suis prêtre, et je veux mourir en prêtre ».
Il a trente-trois ans et demi, à peu près l’âge de Notre-Seigneur lors de Sa Passion.

   Il comparaît une première fois le 25 janvier devant le tribunal révolutionnaire, qui siège dans la chapelle de la Visitation : avec autant de fermeté que de courage, le jeune prêtre témoigne de sa fidélité à l’Eglise catholique et, en conséquence, de son refus des divers serments. Il sait quel sort l’attend.
Cependant la sentence n’est pas prononcée tout de suite. Le tribunal voudrait d’une part trouver des motifs pour condamner aussi ses hôtes, Jacques et Rose Vincent (mais ils seront finalement relaxés), et doit d’autre part se débattre avec un problème de procédure suscité par les défenseurs : n’ayant jamais exercé de ministère paroissial, l’abbé du Grail n’aurait, en rigueur, pas été soumis à l’obligation du serment.

Chapelle de la Visitation 17e s. tribunal révolutionnaire - Le Puy

Le Puy-en-Velay : ancienne chapelle de la Visitation
dans laquelle siégea le tribunal révolutionnaire (état actuel)

   Le dimanche 16 février 1794 (28 pluviose an II selon le ridicule calendrier révolutionnaire), le tribunal criminel de la Haute-Loire condamne à mort « Claude Dugrail, prêtre, ci-devant noble, de la commune de St-Agrève, comme réfractaire à la loi ».
La sentence doit être appliquée aussitôt.

   Avec lui est également guillotiné l’abbé Jean-Jacques Gérentes, arrêté le 11 décembre 1793 dans un hameau de Tence ; ce dernier est non seulement un réfractaire mais en outre – comble du sacrilège ! – il a poussé le « fanatisme » jusqu’à faire ses besoins sur l’arbre de la liberté ! 
Les deux prêtres, emprisonnés ensemble, se sont mutuellement encouragés, exhortés et réconfortés pendant le temps de leur captivité, et ils continuent à le faire jusqu’au pied de l’échafaud.
Leurs dépouilles mortelles sont ensuite jetées dans une fosse commune au cimetière des Carmes, pour qu’on ne puisse les vénérer comme des corps de martyrs.

   La tradition familiale rapporte que la mère de l’abbé du Grail et sa sœur (Marie-Henriette du Grail, religieuse visitandine sous le nom de Mère Marie-Séraphie), qu’on était allées chercher pour les faire assister au supplice du prêtre, furent ensuite contraintes de faire le tour de l’échafaud dégoulinant de sang.

guillotine

   Ce 16 février 1794 était le dimanche de la Septuagésime.
La liturgie, autour de l’exhortation de Saint Paul à ne pas faiblir dans le combat (épître : 1 Cor. IX, 24 – X, 5), développe d’admirables chants appelant le secours de Dieu dans les tribulations et les épreuves de cette vie, tel ce poignant introït « Circumdederunt me » : « Les gémissements de la mort m’ont assiégé, les douleurs de l’enfer m’ont entouré, et dans ma tribulation j’ai invoqué le Seigneur, et, depuis Son saint temple, Il a entendu ma voix ! Je vous aime, ô Seigneur, ma force ! Le Seigneur est mon ferme appui, mon refuge et mon libérateur ! » 

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Pour plus de détails voir les « Cahiers de la Haute-Loire » n° 96-147 :
« Guillotiné  au Puy, Claude du Grail, prêtre de Saint-Agrève »,
par Christian de Seauve.

2014-19. L’exemple des Martyrs d’Avrillé.

Allocution
de
Monseigneur Louis de Bourbon, duc d’Anjou,
de jure Sa Majesté le Roi Louis XX,
prononcée au
Champ des Martyrs d’Avrillé,
le 25 septembre 2006 :

Armes de France gif

Monsieur le Duc,
Mesdames et Messieurs les descendants des victimes,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

   A quelques kilomètres de Baugé où nous avons, mon épouse, la Princesse Marie-Marguerite, et moi-même, vénéré la Sainte Croix d’Anjou, nous voici maintenant sur la terre sacrée du Champ des Martyrs d’Avrillé.
Vénération d’une sainte relique ce matin et, maintenant, souvenir de morts tragiques de la révolution. Une nouvelle fois nous voici plongés au coeur des destinées de notre cher pays, de notre chère France.

   Fille ainée de l’Eglise, puisant au plus profond des valeurs chrétiennes, la France a su montrer par le passé combien elle était fervente et prête à accomplir de grands sacrifices. Mais cet exemple d’hier doit être un ferment pour demain.

   Les martyrs d’Avrillé sont morts pour leur foi.
La foi au quotidien qui animait tous les 
Français d’alors, du Roi au plus humble d’entre eux. Cette foi leur faisait honorer les saints et les reliques. Elle leur donnait, surtout, chaque jour, la force de savoir vivre en chrétiens, animés des sentiments de charité, de justice et de paix.
Leur 
salut passait par les actes de la vie quotidienne qui se trouvaient ainsi tout à la fois sanctifiés et ordonnés.

   Les martyrs que nous honorons aujourd’hui, ont montré que cette vie ordinaire pouvait aller jusqu’au sacrifice, et cet exemple doit être un modèle pour notre génération.
La vertu et les 
qualités de dévouement au bien commun ne sont pas des valeurs du passé mais des valeurs toujours actuelles.
Notre société souvent égoïste ne peut-elle pas retrouver le sens des valeurs et du don ?
Tel est 
le message, qu’en ce lieu si imprégné de grandeur, je veux adresser notamment aux jeunes.

   Le Pape Jean Paul II le rappelait il y a juste dix ans : France, qu’as tu fait de ton histoire ? de ton baptême ?
C’est aux jeunes d’aujourd’hui, de ma génération et de celle de la Princesse 
Marie-Marguerite de répondre et de construire une société plus juste.

   Demain nous serons à Domrémy, patrie de Jeanne d’Arc, et nous retrouverons la même interrogation. Sainte Jeanne d’Arc et les Martyrs d’Avrillé rappellent aux générations à venir que les vertus de l’héroïsme et de la défense des valeurs sont confiées à tous.
Voilà une belle 
leçon d’histoire à méditer au quotidien. Elle nous apprend que les destinées de notre Pays sont en chacun de nous, et que nous sommes tous responsables de l’avenir.

   A ma place, et désormais avec la Princesse Marie-Marguerite à mes côtés, je reste fidèle aux devoirs légués par mes aïeux, les Rois de France, et depuis un siècle par les ducs d’Anjou qui se sont succédé comme chefs de la Maison de Bourbon. Nous assumerons cet héritage qui est toujours celui du progrès pour demain.
Nous savons que nous pouvons compter sur vous tous, attachés aux valeurs de toujours. Elles ont vu le sacrifice de vos ancêtres. Elles nous permettront, demain, ensemble, de renouer avec la longue et glorieuse destinée de la France.

Martyrs d'Avrillé

Les 99 Bienheureux Martyrs d’Angers et d’Avrillé > ici
Courte biographie du Bx Guillaume Repin > ici

2014-18. Courte biographie du Bienheureux Guillaume Repin.

1er février,
Fête du Bienheureux Guillaume Repin et de ses 98 compagnons martyrs.

Bx Guillaume Repin & socii image béatification

Le Bienheureux Guillaume Repin et ses compagnons martyrs
(image distribuée à Rome en 1984 à l’occasion de leur béatification)

       Guillaume Repin est le doyen d’âge des quatre-vingt-dix-neuf martyrs d’Angers et d’Avrillé béatifiés le 19 février 1984 et fêtés le 1er février.

   Né à Thouarcé (actuel département du Maine-et-Loire), le 26 août 1709, Guillaume Repin entra à l’âge de dix-neuf ans au séminaire d’Angers et fut ordonné prêtre pour ce diocèse.
De 1734 à 1749, il exerça son ministère sacerdotal à la paroisse de Saint-Julien d’Angers, puis fut nommé curé de Martigné-Briand, enfin il fut élévé au canonicat.
Pendant les longues années de son ministère, il fut un pasteur plein de ferveur et de zèle, très aimé de ses paroissiens

   Lorsque, le 10 février 1791, en application de la constitution civile du clergé, le maire de Martigné-Briand vint lui réclamer les clefs de l’église et lui demander la prestation de serment, le vieux chanoine Repin (il était dans sa quatre-vingt-deuxième année) refusa : il dut donc quitter sa paroisse et partit se réfugier à Angers.
Arrêté une première fois le 17 juin 1792, il fut emprisonné au séminaire, avec un très grand nombre de prêtres, comme lui réfractaires. Etant le plus âgé, c’est lui qui, le plus souvent, célébrait la Sainte Messe pour ses confrères.

   Le 14 août 1792, le serment dit « de liberté-égalité » fut rendu obligatoire pour les fonctionnaires puis, le 2 septembre suivant, cette obligation fut étendue à tous les citoyens. C’était le début de la grande Terreur.
Le chanoine Repin refusa évidemment ce second serment : il fut interné avec d’autres prêtres âgés dans une ancienne école des Frères de la Doctrine Chrétienne, surnommée la Rossignolerie.

   La colère des paysans du Bas-Poitou et de l’Anjou (ce que l’on appelera plus tard la Vendée militaire) éclate à la mi-mars 1793 et bientôt se forme la « Grande Armée Catholique et Royale ».
Le 17 juin 1793, les Vendéens s’emparent d’Angers. Le chanoine Repin, libéré, mais affaibli par l’âge et par deux années de captivité, ne peut suivre les Blancs ; néanmoins il s’efforce de se cacher des Bleus : ce sont six mois de vie errante et de cachettes au milieu des troubles que l’on sait.
Il fut pris, la veille de Noël, 24 décembre 1793, à Mauges, et conduit en prison à Chalonnes. Ensuite il fut déféré devant le comité révolutionnaire d’Angers où il subit des interrogatoires. Le 1er janvier 1794, la commission militaire le condamné à être guillotiné.

   La sentence fut exécutée, le 2 janvier 1794, sur la place Saint-Maurille, rebaptisée « du ralliement » depuis 1791. Avec lui, furent guillotinés l’abbé Laurent Batard, curé de la paroisse Notre-Dame de Chalonnes, et deux autres victimes.

   Ce sont environ cent-soixante-dix-sept condamnés qui furent guillotinés sur cette place pendant la Terreur, tandis que, ainsi que nous avons eu l’occasion de le dire, à Avrillé notamment à Avrillé, quelque deux mille victimes étaient fusillées.

Le Bx Guillaume Repin célébrant la Messe la nuit dans les bois

Le Bienheureux Guillaume Repin célébrant la Sainte Messe de nuit dans les bois.

Liste complète des 99 Martyrs d’Angers et d’Avrillé > ici
Discours de Mgr. le duc d’Anjou au Champ des Martyrs d’Avrillé > ici

2014-17. Le 1er février nous fêtons le Bienheureux Guillaume Repin et ses 98 compagnons martyrs.

1er février,
Fête du Bx Guillaume Repin et de ses 98 compagnons, martyrs à Angers et Avrillé ;
Mémoire de Saint Ignace d’Antioche, évêque et martyr.

Place du ralliement Angers

Angers : l’ancienne place Saint-Maurille, nommée place du ralliement depuis 1791,
sur laquelle la guillotine était dressée en 1793-1794

       Angers, 1793-1794 :
Les prisons sont pleines. D’ailleurs ce qui tient lieu de prisons, ce sont les couvents, les églises, et même – pendant un temps – la cathédrale Saint-Maurice. Les prisonniers y sont entassés. On trouve là de nombreux villageois originaires de la Vendée militaire, des prêtres réfractaires, des religieuses, quelques personnes de la bonne société.
En ce temps, il suffit de fort peu de chose pour être réputé suspect… et tout suspect est promptement emprisonné.
Malgré la guillotine, les prisons ne désemplissent pas. Une commission militaire tient lieu de tribunal : elle envoie à la mort des centaines et des centaines de « fanatiques » et d’ « aristocrates ».
La guillotine est installée sur la place que l’on appelle depuis 1791 « place du ralliement ».
Mais l’exécution au moyen de la guillotine est jugée trop lente et trop onéreuse, on ne la gardera que pour des exemples choisis : les prêtres, quelques nobles, quelques catholiques particulièrement actifs…
Pour tous les autres, envoyés à la mort par centaines, il faut quelque chose de plus expéditif ; on opte pour la fusillade.
Le fermier du Claux, à Avrillé, farouche patriote, met un champ à la disposition de la commission militaire : ce champ est idéalement situé, il n’est ni trop loin, ni trop près d’Angers. Des fosses y sont creusées. On fusillera les groupes devant elles, les victimes y tomberont directement (si nécessaire on les achèvera à la baïonnette), on jettera de la chaux sur les corps, puis on refermera : ce sera bien plus rapide !

   La commission militaire interroge sommairement les prisonniers. Il n’y a presque jamais d’acquittement. Le lendemain, les condamnés sont conduits, attachés deux par deux, en longue file sur la route de la Meignanne, jusqu’au champ, lieu de leur exécution.
Neuf fusillades ont lieu depuis le mois de janvier jusqu’au mois d’avril 1794. Selon une liste établie par l’abbé Gruget, ce sont quelque deux mille personnes qui furent fusillées à Avrillé.

Fusillade Avrillé

Fusillade au bord des fosses dans lesquelles les corps sont ensevelis à la hâte.

   Dès 1795, les Angevins viennent se recueillir dans ce champ : une croix de bois y est érigée. En 1816, les propriétaires font don du champ à la paroisse d’Avrillé, et comme les pèlerins affluent de plus en plus nombreux, en 1848 on commence la construction d’une chapelle : achevée en 1852, dédiée à Saint Louis, elle sera agrandie dans les dernières années du XIXe siècle.

   De 1863 à 1867, des fouilles sont réalisés et permettent de retrouver dix des douze fosses contenant les corps : ces dix fosses sont signalées par des croix ; les deux fosses qui n’ont pas été mises à jour se trouvent sous la chapelle

   En 1905, Son Excellence Monseigneur Joseph Rumeau, évêque d’Angers, introduit la cause d’un certain nombre de victimes, toutes celles dont les documents subsistants permettent d’affirmer qu’elles ont été clairement et indubitablement mises à mort en haine de la foi et de l’Eglise catholiques, indépendamment de toute cause politique.

Mgr Rumeau au Champ des Martyrs 30 août 1914

Pèlerinage au Champ des Martyrs d’Avrillé pour la solennité de Saint Louis (le 30 août 1914) :
S.Exc. Mgr. J. Rumeau bénit la foule des pèlerins après l’avoir haranguée depuis la porte de la chapelle.

   Le décret proclamant le martyre de quatre-vingt-dix neuf de ces victimes est rendu en 1983 et leur béatification est célébrée le 19 février 1984 : ces bienheureux martyrs sont au total douze prêtrestrois religieusesquatre hommes et quatre-vingt femmes ou jeunes filles.
Leur fête liturgique est fixée au 1er février - anniversaire de l’exécution de quarante-sept d’entre eux – et dans l’impossibilité de les nommer tous on parle du Bienheureux Guillaume Repin (qui était le plus âgé de tous les prêtres martyrisés) et de ses quatre-vingt-dix huit compagnons

   L’abbé Noël Pinot, curé réfractaire du Louroux-Béconnais, guillotiné le 21 février 1794 revêtu par dérision de ses ornements sacerdotaux, avait déjà été béatifié par le Pape Pie XI le 31 octobre 1926, et fait l’objet d’une fête particulière (cf. > ici et ici).

   Nous publions ci-après un résumé biographique pour le Bienheureux Guillaume Repin (cf.> ici).
Voici la liste des quatre-vingt-dix-neuf martyrs que nous célébrons en ce jour (par ordre chronologique d’exécution) :

Guillotiné à Angers, le 30 octobre 1793 :

1 – Abbé JEAN-MICHEL LANGEVIN, prêtre du diocèse d’Angers : 62 ans (né le 28 septembre 1731 à Ingrandes – Maine-et-Loire).

Guillotinés à Angers, le 1er janvier 1794 :

2 – Abbé RENÉ LEGO, prêtre du diocèse d’Angers : 29 ans (né le 5 octobre 1764 à La Flèche, Sarthe).
3 – Abbé JEAN LEGO, prêtre du diocèse d’Angers : 27 ans (né le 13 mai 1766 La Flèche, Sarthe).

Guillotinés à Angers, le 2 janvier 1794 :

4 – Chanoine GUILLAUME REPIN, prêtre du diocèse d’Angers : 85 ans (né le 26 août 1709 à Thouarcé, Maine-et-Loire).
5 – Abbé LAURENT BATARD, prêtre du diocèse d’Angers : 50 ans (né le 4 février 1744 à Saint-Maurille de Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire).

Guillotinés à Angers, le 5 janvier 1794 :

6 – Abbé JACQUES LEDOYEN, prêtre du diocèse d’Angers : 34 ans (né le 3 avril 1760 à Rochefort-sur-Loire, Maine-et-Loire).
7 – Abbé FRANÇOIS PELTIER, prêtre du diocèse d’Angers : 66 ans (né le 26 avril 1728 à Savennières, Maine-et-Loire).
8 – Abbé PIERRE TESSIER, prêtre du diocèse d’Angers : 28 ans (né le 11 mai 1766 à La Trinité-d’Angers, Maine-et-Loire).

Avrillé champ des martyrs début XXe siècle

Avrillé : le Champ des Martyrs avec le grand calvaire au fond de l’enclos au début du XXe siècle.

Fusillé à Avrillé, le 12 janvier 1794 :

9 – ANTOINE FOURNIER, laïc : 58 ans (né le 26 janvier 1736 à La Poitevinière, Maine-et-Loire).

Fusillés à Avrillé, le 18 janvier 1794 :

10 – VICTOIRE GUSTEAU, laïque : environ 49 ans (née vers 1745 à Châtillon-sur-Sèvre, Deux-Sèvres).
11 – CHARLOTTE LUCAS, laïque : 42 ans (née le 1er avril 1752 à Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire).
12 – MONIQUE PICHERY, laïque : 32 ans (née le 4 avril 1762 Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire).
13 – FÉLICITÉ PRICET, laïque : environ 49 ans (née vers 1745 à Châtillon-sur-Sèvre, Maine-et-Loire).

Guillotinée à Angers, le 26 janvier 1794 :

14 – MARIE DE LA DIVE, veuve DU VERDIER DE LA SORINIÈRE, laïque : 71 ans (née le 18 mai 1723 à Saint-Crespin-sur-Moine, Maine-et-Loire).

Guillotinée à Angers, le 27 janvier 1794 :

15 – Mère ROSALIE DU VERDIER DE LA SORINIÈRE, moniale Bénédictine de Notre-Dame du Calvaire : 49 ans (née le 12 août 1745 à Saint-Pierre de Chemillé, Maine-et-Loire). 

Angers Bénédictines du Calvaire

Angers : vue aérienne du Monastère des Bénédictines du Calvaire,
dont la Bienheureuse Rosalie du Verdier de la Sorinière était religieuse.
Pendant la terreur le monastère était transformé en prison.

Fusillées à Avrillé, le 1er février 1974  :

16 – Soeur MARIE-ANNE VAILLOT, Fille de la Charité de Saint Vincent de Paul : 58 ans (née le 13 mai 1736 à Fontainebleau).
17 – Soeur ODILE BAUMGARTEN, Fille de la Charité de Saint Vincent de Paul : 44 ans (née le 15 novembre 1750 à Gondrexange, Moselle).
18 – GABRIELLE ANDROUIN, laïque : 39 ans (née le 6 septembre 1755 à Saint-Lambert-du-Lattay, Maine-et-Loire).
19 – PERRINE ANDROUIN, laïque : 34 ans (née le 31 août 1760 à Saint-Lambert-du-Lattay, Maine-et-Loire).
20 – SUZANNE ANDROUIN, laïque : 37 ans (née le 16 mars 1757 à Saint-Lambert-du-Lattay, Maine-et-Loire).
21 – VICTOIRE BAUDUCEAU épouse RÉVÉLIÈRE, laïque : 49 ans (née le 20 septembre 1745 à Thouars, Deux-Sèvres).
22 – FRANÇOISE BELLANGER, laïque : 59 ans (née le 24 juin 1735 à La Trinité-d’Angers, Maine-et-Loire).
23 – PERRINE BESSON, laïque : environ 52 ans (née vers 1742 à Essarts, Vendée).
24 – MADELEINE BLOND, laïque : environ 31 ans (née vers 1763 à Angers, Maine-et-Loire).
25 – FRANÇOISE BONNEAU, laïque : environ 31 ans (née vers 1763 à Saint-Léger-en-Anjou, Maine-et-Loire).
26 – JEANNE BOURIGAULT, laïque : 37 ans (née le 24 octobre 1757 à Chaudefonds, Maine-et-Loire).
27 – RENÉE CAILLEAU épouse GIRAULT, laïque : 42 ans (née le 6 juillet 1752 à Saint-Aubin-de-Luigné, Maine-et-Loire).
28 – MARIE CASSIN épouse MOREAU, laïque : 44 ans (née le 21 janvier 1750 à Chanteloup, Maine-et-Loire).
29 – SIMONE CHAUVIGNÉ veuve CHARBONNEAU, laïque : 66 ans (née le 12 mars 1728 à Chaudefonds, Maine-et-Loire).
30- MARIE-JEANNE CHAUVIGNÉ épouse RORTEAU, laïque : 39 ans (née le 21 février 1755 à La Jumellière, Maine-et-Loire).
31 – CATHERINE COTTANCEAU, laïque : environ 61 ans (née vers 1733 à Bressuire, Deux-Sèvres).
32 – CHARLOTTE DAVY, laïque : 34 ans (née le 19 octobre 1760 à Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire).
33 – LOUISE DÉAN DE LUIGNÉ, laïque : 37 ans (née le 17 novembre 1757 à Argeton-Notre-Dame, Mayenne).
34 – ANNE-FRANÇOISE DE VILLENEUVE, laïque : 53 ans (née le 11 septembre 1741 à Seiches-sur-le-Loir, Maine-et-Loire).
35 – MARIE FAUSSEUSE épouse BANCHEREAU, laïque : environ 54 ans (née vers 1740 à Boësse, Deux-Sèvres).
36 – JEANNE FOUCHARD épouse CHALONNEAU, laïque : 47 ans (née le 10 septembre 1747 à Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire).
37 – MARIE GALLARD épouse QUESSON, laïque : environ 55 ans (née vers 1739 à Saint-Laurent-de-la-Plaine, Maine-et-Loire).
38 – MARIE GASNIER épouse MERCIER, laïque : 38 ans (née le 8 novembre 1756 à Ménil, Mayenne).
39 – MARIE GRILLARD, laïque : 41 ans (née le 5 octobre 1753 à Saint-Pierre de Cholet, Maine-et-Loire).
40 – RENÉE GRILLARD, laïque : 28 ans (née le 10 février 1766 à Saint-Pierre de Cholet, Maine-et-Loire).
41 – PERRINE GRILLE, laïque : 52 ans (née le 6 février 1742 à Rochefort-sur-Loire, Maine-et-Loire).
42 – JEANNE GRUGET veuve DOLY, laïque : environ 49 ans (née vers 1745 à Châtillon-sur-Sèvre, Deux-Sèvres). 
43 – ANNE HAMARD, laïque : environ 52 ans (née vers 1742 à Saint-Clément, Maine-et-Loire).
44 - PERRINE LEDOYEN, laïque : 30 ans (née le 16 septembre 1764 à Saint-Aubin-de Luigné, Maine-et-Loire).
45 – MARIE LENÉE épouse LEPAGE DE VARANCÉ, laïque : 65 ans (née le 14 juillet 1729 à Saint-Nicolas de Saumur, Maine-et-Loire).
46 – MARIE LEROY épouse BREVET, laïque : environ 39 ans (née vers 1755 – lieu inconnu).
47 – MARIE LEROY, laïque : 23 ans (née le 19 mai 1771 à Montilliers, Maine-et-Loire).
48 – RENÉE MARTIN épouse MARTIN, laïque : environ 42 ans (née vers 1752 – lieu inconnu).
49 – FRANÇOISE MICHAU, laïque : environ 29 ans (née vers 1765 – lieu inconnu).
50 – JACQUINE MONNIER, laïque : 68 ans (née le 16 janvier 1726 à Saint-Melaine, Maine-et-Loire).
51 – FRANÇOISE PAGIS épouse RAILLEAU, laïque : 62 ans (née le 14 octobre 1732 à Gouis, Maine-et-Loire).
52 – MADELEINE PERROTIN veuve ROUSSEAU, laïque : 50 ans (née le 30 mars 1744 à Saint-Germain-des-Prés, Maine-et-Loire).
53 – PERRINE-CHARLOTTE PHELIPPEAUX épouse SAILLAND D’EPINATZ, laïque : 54 ans (née le 13 mai 1740 à Saint-Nicolas de Saumur, Maine-et-Loire).
54 – MARIE ANNE PICHERY épouse DELAHAYE, laïque : 40 ans (née le 30 juillet 1754 à Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire).
55 – ROSE QUENION, laïque : 30 ans (née le 20 janvier 1764 à Mozé-sur-Louet, Maine-et-Loire).
56 – LOUISE OLYMPE RALLIER DE LA TERTINIÈRE veuve DÉAN DE LUIGNÉ, laïque : 62 ans (née le 24 avril 1732 à Château-Gontier, Mayenne).
57 – MARGUERITE RIVIÈRE épouse HUAU, laïque : 38 ans (née le 20 août 1756 à La Ferrière-de-Flée, Maine-et-Loire).
58 – MARIE ROUAULT épouse BOUJU, laïque : 50 ans (née le 26 octobre 1744 à Vezins, Maine-et-Loire).
59 – PERRINE SAILLAND D’EPINATZ, laïque : 26 ans (née le 24 mars 1768 à Saint-Nicolas de Saumur, Maine-et-Loire).
60 – JEANNE SAILLAND D’EPINATZ, laïque : 25 ans (née le 3 juillet 1769 à Saint-Nicolas de Saumur, Maine-et-Loire).
61 – MADELEINE SAILLAND D’EPINATZ, laïque : 24 ans (née le 9 août 1770 à Saint-Nicolas de Saumur, Maine-et-Loire).
62 – RENÉE VALIN, laïque : 34 ans (née le 8 mars 1760 à Chaudefonds, Maine-et-Loire).

Avrillé champ des martyrs chapelle St Louis

Chapelle Saint-Louis au Champ des Martyrs d’Avrillé – début XXe siècle.

Fusillés à Avrillé, le 10 février 1794 :

63 – LOUISE BESSAY DE LA VOUTE, laïque : 73 ans (née le 22 août 1721 à Saint-Mars-des-Prés, Vendée).
64 – CATHERINE DU VERDIER DE LA SORINIÈRE,  laïque : 36 ans (née le 29 juin 1758 à Saint-Pierre de Chemillé, Maine-et-Loire).
65 – MARIE-LOUISE DU VERDIER DE LA SORINIÈRE, laïque : 29 ans (née le 27 juin 1765 à Saint-Pierre de Chemillé, Maine-et-Loire).
66 – PIERRE FRÉMOND, laïc : 40 ans (né le 16 septembre 1754 à Chaudefonds, Maine-et-Loire).
67 – MARIE-ANNE HACHER DU BOIS, laïque : 29 ans (née le 3 avril 1765 à Jallais, Maine-et-Loire).
68 – LOUISE POIRIER épouse BARRÉ, laïque : 40 ans (née le 22 février 1754 au Longeron, Maine-et-Loire).

Guillotiné à Angers, le 22 mars 1794 : 

69 – Abbé FRANÇOIS CHARTIER, prêtre du diocèse d’Angers : 42 ans (né le 6 juin 1752 à Marigné, Maine-et-Loire).

Guillotinée à Angers, le 28 mars 1794 :

70 – RENÉE MARIE FEILLATREAU épouse DUMONT, laïque : 43 ans (née le 8 février 1751 à Angers, Maine-et-Loire).

Avrillé chapelle St Louis intérieur vers 1940

Avrillé : chapelle Saint-Louis du Champ des Martyrs (intérieur vers 1940)

Fusillés à Avrillé, le 16 avril 1794 :

71 – PIERRE DELÉPINE, laïc : 62 ans (né le 24 mai 1732 à Marigné, Maine-et-Loire).
72 – JEAN MÉNARD, laïc marié : 58 ans (né le 16 novembre 1736 à Andigné, Maine-et-Loire).
73 – RENÉE BOURGEAIS veuve JURET, laïque : 43 ans (née le 12 novembre 1751 à Montjean, Maine-et-Loire).
74 – PERRINE BOURIGAULT, laïque : 51 ans (née le 7 août 1743 à Montjean, Maine-et-Loire).
75 – MADELEINE CADY épouse DESVIGNES, laïque : 38 ans (née le 7 avril 1756 à Saint-Maurille de Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire).
76 – MARIE FORESTIER, laïque : 26 ans (née le 16 janvier 1768 à Montjean, Maine-et-Loire).
77 – MARIE GINGUENEAU veuve COIFFARD, laïque : environ 55 ans (née vers 1739 – lieu inconnu).
78 – JEANNE GOURDON veuve MOREAU, laïque : 61 ans (née le 8 octobre 1733 à Sainte-Christine, Maine-et-Loire).
79 – MARIE LARDEUX, laïque : environ 46 ans (née vers 1748 – lieu inconnu).
80 – PERRINE LAURENT, laïque : 48 ans (née le 2 septembre 1746 à Louvaines, Maine-et-Loire).
81 – JEANNE LEDUC épouse PAQUIER, laïque : 40 ans (née le 10 février 1754 à Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire).
82 – ANNE MAUGRAIN, laïque : 34 ans (née le 12 avril 1760 à Rochefort-sur-Loire, Maine-et-Loire).
83 – FRANÇOISE MICHENEAU veuve GILLOT, laïque : 57 ans (née le 19 mai 1737 à Chanteloup-les-Bois, Maine-et-Loire).
84 – JEANNE ONILLON veuve ONILLON, laïque : 41 ans (née le 19 avril 1753 à Montjean, Maine-et-Loire).
85 – MARIE PIOU épouse SUPIOT, laïque : 39 ans (née le 19 mai 1755 à Montrevault, Maine-et-Loire).
86 – PERRINE POTTIER épouse TURPAULT, laïque : 44 ans (née le 26 avril 1750 à Cléré-sur-Layon, Maine-et-Loire).
87 – MARIE GENEVIEVE POULAIN DE LA FORESTRIE, laïque : 53 ans (née le 3 janvier 1741 au Lion-d’Angers, Maine-et-Loire).
88 – MARTHE POULAIN DE LA FORESTRIE, laïque : 51 ans (née le 2 octobre 1743 au Lion-d’Angers, Maine-et-Loire).
89 – RENÉE RIGAULT épouse PAPIN, laïque : 44 ans (née le 14 mai 1750 à Saint-Florent-le-Vieil, Maine-et-Loire).
90 – MARGUERITE ROBIN, laïque mariée : 69 ans (née le 22 décembre 1725 à Montjean, Maine-et-Loire).
91 – MARIE RECHARD, laïque : 31 ans (née le 29 avril 1763 à Montjean, Maine-et-Loire).
92 – MARIE ROGER veuve CHARTIER, laïque : 67 ans (née le 14 janvier 1727 à Montjean, Maine-et-Loire).
93 – MADELEINE SALLÉ épouse HAVARD, laïque : environ 43 ans (née vers 1751 – lieu inconnu).
94 – RENÉE SECHET veuve DAVY, laïque : 41 ans (née le 28 décembre 1753 à Montjean, Maine-et-Loire).
95 – FRANÇOISE SUHARD veuve MÉNARD, laïque : 63 ans (née le 5 février 1731 à Saint-Gemmes-d’Andigné, Maine-et-Loire).
96 – JEANNE THOMAS veuve DELAUNAY, laïque : environ 64 ans (née vers 1730 – lieu inconnu).

Avrillé champ des martyrs calvaire et fosses

Avrillé : le Champ des Martyrs, état actuel.
Calvaire du fond de l’enclos – les croix sur les côtés indiquent les lieux des fosses.

Guillotiné à Angers, le 18 avril 1794 :

97 – Abbé JOSEPH MOREAU, prêtre du diocèse d’Angers : 31 ans (né le 21 octobre 1763 à Saint-Laurent-de-la-Plaine, Maine-et-Loire).

Guillotiné à Angers, le 24 août 1794 :

98 – Abbé ANDRÉ FARDEAU, prêtre du diocèse d’Angers : 33 ans (né le 19 novembre 1761 à Soucelles, Maine-et-Loire).

Guillotiné à Angers, le 14 octobre 1794 :

99 – Abbé JACQUES LAIGNEAU DE LANGELLERIE, prêtre du diocèse d’Angers : 47 ans (né le 17 Avril 1747 à La Flèche, Sarthe).

   A la fin de cette impressionnante liste de martyrs, je veux ajouter ci-dessous le cantique « Je mets ma confiance » : les paroles en sont attribuées à Saint Louis-Marie Grignon de Montfort. Sur le chemin du martyre, c’était l’un des cantiques qui été le plus souvent chanté par ceux qui allaient donner leur vie par fidélité à Notre-Seigneur et à Son Eglise :

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Une autre version de ce cantique peut également être entendue > ici

Courte biographie du Bienheureux Guillaume Repin > ici.
Discours prononcé par Mgr. le duc d’Anjou, au Champ des Martyrs d’Avrillé > ici.

2014-15. A notre regretté Prince Alphonse.

- 30 janvier 1989 -

Armes de France

Le triste anniversaire de la mort officiellement « accidentelle » de notre regretté Prince Alphonse de Bourbon, de jure Roi Alphonse II de France, est l’occasion de relire certains beaux témoignages qui lui ont été rendus.
Cette publication permettra à nos amis, grâce aux liens que nous plaçons ci-dessous, de s’y reporter :

1) le blogue du Cercle Légitimiste de Lorraine Robert de Baudricourt, reproduit ainsi un témoignage de Monsieur le duc de Baufremont, rédigé à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort du Prince, et une lettre-préface de feue Madame la duchesse de Ségovie rédigée quelques semaines après le tragique accident qui causa la mort de son fils. C’est à lire ici .
La Province Légitimiste de Provence reproduit également cette lettre-préface de Madame la duchesse de Ségovie en publiant en outre un résumé rappelant les circonstances de la mort du Prince, ses funérailles et en publiant la photo de sa sépulture > ici.

2) Le témoignage, déjà ancien, du Baron Pinoteau, intitulé : « Le Prince que j’ai servi », est toujours intéressant à relire > ici.

3) Différent et beaucoup plus court, le texte d’hommage de Jean Raspail peut également être lu > ici.

Prince Alphonse de Bourbon duc d'Anjou

Monseigneur le Prince Alphonse de Bourbon,
duc d’Anjou et de Cadix (1936 -1989)

4) Et puis il y a ce toujours très émouvant enregistrement de l’oraison funèbre que feu Monsieur l’Abbé Chanut - aumônier du Prince retourné à Dieu l’été dernier –  prononça lors de la Sainte Messe de Requiem célébrée en la basilique nécropole royale de Saint-Denys le 9 février 1989,  dans laquelle il dévoile le dessein qu’avait formé Monseigneur le Prince Alphonse de consacrer sa personne, sa famille et la France au Sacré-Coeur de Jésus > ici.

Terminons cette évocation dans le recueillement, en nous laissant porter dans la prière de l’introït du « Requiem des Roys de France » d’Eustache du Caurroy (1549-1609) :

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Note : la « Missa pro defunctis » à cinq voix de du Caurroy, composée en 1606, fut chantée aux funérailles de Sa Majesté le Roi Henry IV en 1610, et par la suite, selon le chanoine et musicologue Sébastien de Brossard, elle aurait été interprêtée aux funérailles royales au cours des deux siècles qui suivirent, d’où son surnom qui lui est resté attaché.

frise lys

Publié dans:Memento, Prier avec nous, Vexilla Regis |on 30 janvier, 2014 |4 Commentaires »

2014-14. Du Bienheureux Charlemagne dans quelques représentations sacrées.

28 janvier,
Fête du Bienheureux Charlemagne.

Ainsi que je vous l’ai annoncé dans ma précédente publication (cf. > ici), je souhaite vous donner un aperçu iconographique du Bienheureux Charlemagne.
Je ne veux pas, et de toute façon je ne peux pas, reproduire ici des tableaux de type historique ou destinés à un usage profane, mais je voudrais vous présenter quelques oeuvres qui appartiennent spécifiquement au patrimoine religieux, voire liturgique.

Je dois avant tout préciser, car beaucoup l’ignorent aujourd’hui (où l’on se permet de placer dans les églises de prétendues oeuvres d’art qui non seulement ne sont pas belles et ne portent pas à la piété, mais qui en outre ne correspondent pas aux règles traditionnelles de l’art religieux, conforme à la rectitude de la foi), que, jusqu’à une date relativement récente, les représentations admises dans les édifices religieux étaient soumises à des règles très strictes et que, par exemple, jamais il n’eût été admis d’y faire figurer un personnage avec un nimbe (auréole) si son culte public n’avait pas été officiellement autorisé.

Commençons notre aperçu iconographique à Rome :

Dans le nartex de la basilique de Saint-Pierre au Vatican, faisant face à une autre statue équestre – celle de l’Empereur Constantin 1er le Grand, due au ciseau du Bernin – se trouve une statue équestre du Bienheureux Charlemagne, qui fut ici couronné Empereur d’Occident à la Noël de l’an 800.
Cette oeuvre a été réalisée en 1725-1735 par Agostino Cornacchini :

Basilique St Pierre Charlemagne par Cornacchini

Sur la façade de la principale église française de Rome, Saint-Louis des Français, le Bienheureux Charlemagne est représenté en parallèle avec Saint Louis.
Voici un gros plan de détail de cette statue particulièrement belle, où, comme pour la précédente, le Bienheureux Charlemagne est en costume d’Empereur antique :

église Saint Louis des Français - façade - Rome

Une troisième représentation romaine : celle qui se trouve dans le cloître de l’église de la Trinité-des-Monts.  
On sait que cette église et le couvent auquel elle est rattachée furent voulus par le Roi Charles VIII et qu’ils eurent toujours un lien privilégié avec  les Rois de France.
De fait, on trouve dans le cloître les portraits peints de tous les souverains français légitimes, depuis Pharamond jusqu’à Charles X.

On remarquera que le visage du Bienheureux Charlemagne est auréolé :

Rome cloître de la Trinité des Monts

Venons maintenant à Paris.
Tout le monde connaît – on ne peut pas la manquer – la monumentale (et fantaisiste) statue de bronze du Bienheureux Charlemagne, accompagné de ses preux, Olivier et Roland, qui a été installée sur le parvis de Notre-Dame de Paris – après une histoire mouvementée qu’il serait trop long de raconter ici – dans les toutes dernières années du XIXe siècle…

Statue du parvis de Notre-Dame gravure

… toutefois, bien peu savent qu’à l’intérieur même de la Cathédrale, une chapelle et un autel du déambulatoire sont dédiés au Bienheureux Charlemagne et à quelques autres saints de souche royale.
Le saint Empereur y est représenté dans une peinture murale ; là aussi, il est nimbé :

Cathédrale ND de Paris - chapelle du déambulatoire

On trouve aussi une représentation du Bienheureux Charlemagne sur un bas relief de la cathédrale Saint-Louis de Versailles.
L’Empereur, siégeant casqué, foule d’un pied la dépouille de l’hérésie et se trouve encadré par les figures allégoriques de la vertu théologale de foi (portant la croix et le calice eucharistique) et de la vertu cardinale de force (tenant la palme de la victoire) :

Cathédrale de versailles - bas relief

On trouve également une sculpture du Bienheureux Charlemagne, à la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes.
Comme à la façade de Saint-Louis des Français à Rome, il y est mis en parallèle avec Saint Louis :

Cathédrale de Nantes St Charlemagne & St Louis

Sur la façade de la double église Saint-Louis des Invalides (Paris), on retrouve encore la statue du Bienheureux Charlemagne :

Façade église St-Louis - du dôme - aux Invalides

Mais ce qui en surprendra plus d’un sans doute, c’est que le Bienheureux Charlemagne est aussi représenté dans… la chapelle du palais de l’Elysée !

Cette chapelle avait été créée sous le second empire.
Sous l’actuelle république, des Messes y furent célébrées au temps du général de Gaulle, mais il n’y en a pas eu depuis. Elle fut toutefois gardée en l’état, entretenue – voire restaurée – par Messieurs Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand et Chirac… Sous le président Sarkozy elle fut utilisée pour y entreposer des cadeaux de Noël, puis aménagée en salon d’attente où, parait-il, un grand portrait de ce président avait été mis à la place de l’autel : excusez du peu !

Je ne pense pas que l’actuel occupant de l’Elysée ait rendu le lieu à sa destination cultuelle…
Il n’empêche, le lieu a gardé ses peintures d’origine, dues à un certain Sébastien Cornu (1804-1870), bien oublié aujourd’hui, mais dont on trouve d’autres oeuvres à Saint-Germain l’Auxerrois et à saint Roch.
Faisant toujours le parallèle avec Saint Louis, le Bienheureux Charlemagne figure donc en bonne place dans le décor de cette chapelle :

Chapelle de l'Elysée - oeuvre de Sébastien Cornu

Pour terminer, je veux faire place à la magnifique représentation du Bienheureux Charlemagne qui figure au sommet du sceptre de Charles V (1364), couronnant une fleur de Lys au naturel.
Ce sceptre, dit de Charlemagne, se voit aujourd’hui au musée du Louvre : c’est l’un des rares objets liturgiques du sacre de nos Rois qui soit parvenu jusqu’à nous :

Sceptre dit de Charlemagne

Conservé dans le trésor de l’abbaye de Saint-Denys, il en sortait pour être apporté à Reims chaque fois qu’un Roi était sacré. Il ne fut pas détruit en 1793, ce qui est quasi miraculeux…
Sur le noeud qui soutient le Lys sont représentées des apparitions de l’apôtre Saint Jacques au Bienheureux Charlemagne.

Que le Bienheureux Charlemagne continue d’intercéder pour la France et nous tienne en sa sainte garde. Ainsi soit-il !

Lully.

Armoiries de Charlemagne

Publié dans:Memento, Nos amis les Saints, Vexilla Regis |on 28 janvier, 2014 |5 Commentaires »

2014-13. De Saint Charlemagne, Roi des Francs et Empereur d’Occident.

28 janvier,
Fête de Saint Charlemagne.

Fête du Bx Charlemagne

Cathédrale d’Aix-la-Chapelle : fête de Saint Charlemagne – encensement du reliquaire du Chef de l’Empereur.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Au Mesnil-Marie, nous n’en faisons pas un mystère – et nous en sommes même très fiers ! – , chaque 28 janvier, nous célébrons la fête liturgique du Bienheureux Charlemagne, Roi des Francs et Empereur d’Occident.
Le 28 janvier de l’an de grâce 2014, nous avons marqué cette fête avec d’autant plus de ferveur que c’était le jour exact du douzième centenaire de la mort du grand Souverain.

   Malgré l’épouvantable ignorance qui désole nos temps (car les jeunes générations, en particulier, ne savent pas toujours le situer chronologiquement ni même citer quelques grands événements de son règne), la haute figure du grand Roi Franc domine l’histoire de l’Occident chrétien et rayonne encore aujourd’hui sur l’Europe, puisque certains n’hésitent pas à dire qu’il en est l’un des pères : Pater Europae.

   Bien sûr, de modernes historiens – qui voudraient nous faire croire qu’ils sont bien plus au courant de la vie de Charlemagne que ceux qui ont vécu à ses côtés et qui lui ont rendu témoignage ! – , des ecclésiastiques retors et complexés – dont le prurit oecuménique et le souci du dialogue inter-religieux supportent mal l’idée que l’on puisse vouloir étendre le Règne du Christ – , et quelques autres inquisiteurs de la bien-pensance démocratique auxquels la seule idée d’un Royaume chrétien déclenche des éruptions de furoncles, ont mené de véritables campagnes de dénigrement pour salir sa mémoire. 
Et les voilà (eux qui ne sont pourtant habituellement pas très regardants sur le respect de la morale imposée par l’Eglise et se feraient volontiers les chantres de la libération des moeurs) qui, avec des airs de rosière offusquée, décrètent de manière dogmatique (eux, les ennemis du dogme) que l’Empereur aurait été polygame !
Et les voilà (eux, les thuriféraires de la révolution qui voudraient minimiser les épouvantables massacres qu’elle généra, en France et jusqu’au bout de l’Europe) qui dépeignent les guerres contre les Saxons ou contre les mahométans dans de noires couleurs qui, en réalité, n’appartiennent qu’aux seules démocraties populaires du XXe siècle !

Châsse de St Charlemagne

Châsse renfermant la plus grande partie du corps de Saint Charlemagne
(cathédrale d’Aix-la-Chapelle)

   D’autres plus savants que moi, ont su faire justice de ces accusations : je me contenterai de vous renvoyer, par exemple, à la notice que lui a consacré Dom Guéranger dans sa célèbre « Année liturgique » (ici > 28 janvier, le Bienheureux Charlemagne).

   Pour moi, j’ai sorti mes griffes et j’ai poussé un miaulement de (sainte) colère, l’autre jour, en lisant, sur les pages d’un site Internet que je ne nommerai pas (sur lequel sévit un « professeur de religion » à la théologie douteuse), que Charlemagne aurait été « décanonisé » (sic) par l’Eglise Romaine !

   Ceux qui, tétanisés par les critiques modernes, se dandinent d’un pied sur l’autre en parlant à demi-mots gênés de la canonisation de Charlemagne, s’empressent généralement d’ajouter, comme pour s’excuser eux-mêmes et pour disculper l’Eglise, que cette canonisation aurait été prononcée par l’antipape Pascal III…
Ce qui est faux !

   Si Frédéric Barberousse fut bien le promoteur de la cause de canonisation de Charlemagne, si Frédéric Barberousse soutenait effectivement l’antipape Pascal III, et si Frédéric Barberousse voyait dans cette canonisation un geste d’une grande portée politique en sa faveur, il n’en demeure pas moins que la canonisation de Charlemagne fut accomplie d’une manière tout à fait conforme au droit de l’époque, par des pasteurs légitimes.
En effet, jusqu’à ce moment-là, les canonisations n’étaient pas réservées au Saint-Siège et n’étaient pas accomplies selon les procédures que nous connaissons aujourd’hui (lesquelles ont été définitivement fixées au XVIIIe siècle par le pape Benoît XIV, et ont été ensuite simplifiées à la fin du XXe siècle).

   Au XIIe siècle donc encore, comme pendant tous les premiers siècles de la Chrétienté, ce que nous appelons aujourd’hui une « canonisation » consistait en une cérémonie solennelle que l’on appelait souvent « élévation (ou exaltation) des reliques », puisque il y était procédé, par l’évêque du lieu (ou le métropolitain), en reconnaissance de la sainteté d’un personnage et des miracles accomplis sur sa tombe, au placement de ses restes mortels dans une châsse que l’on disposait sur un autel.
Dès lors, ces reliques seraient publiquement honorées et le saint auquel elles avaient appartenu ferait l’objet d’un culte officiel, ce qui était confirmé par la proclamation de la date à laquelle on célébrerait dorénavant sa fête.
A cette époque, il n’y avait pas non plus de distinction entre « bienheureux » et « saint ».

   L’élévation des reliques de Charlemagne eut lieu le 29 décembre 1165, et fut accomplie de manière régulière (cf. > ici) par l’archevêque Renaud de Dassel, de Cologne, et par l’évêque Alexandre II, de Liège, qui, redisons-le, étaient des évêques légitimes de la Sainte Eglise Catholique Romaine, et qui jouissaient de la pleine autorité pour le faire.
Il est vrai qu’ils reçurent pour cela l’aval d’un décret de l’antipape Pascal III ; mais quand bien même Pascal III eut-il été un pape légitime, son décret n’aurait rien ajouté à la régularité de l’acte accompli.

Reliquaire du bras

Reliquaire du bras du Bienheureux Charlemagne
(cathédrale d’Aix-la-Chapelle)

   Comme l’a très bien fait observer Dom Guéranger dans la notice qu’il a consacrée au Bienheureux Charlemagne (cf. supra), les contestations ne se firent jour que sous l’influence et en conséquence du poison que l’hérésie protestante distilla dans la Chrétienté…
Et le culte séculaire que l’on rendait publiquement à Saint Charlemagne dans de très nombreux diocèses de France et d’Allemagne, s’estompa, perdit en popularité, passa au second plan et, au fur et à mesure des réformes liturgiques de l’époque moderne (un peu selon la technique dite « du voleur chinois »), ne subsista pratiquement plus qu’à Aix-la-Chapelle et dans quelques diocèses voisins.

Mais de « décanonisation », point !

   Bien au contraire, au XVIIIe siècle, le pape Benoît XIV (celui-là même qui fixa les règles des béatifications et des canonisations telles qu’elles ont été observées jusqu’au XXe siècle) - grand canoniste et aussi « spécialiste » du culte des saints - , auquel on soumit le cas de Charlemagne, car certains le jugeaient litigieux en raison du soutien apporté par l’antipape Pascal III à sa canonisation, trancha de manière non équivoque : là où ce culte était établi, on ne pouvait ni le blâmer ni l’éradiquer ; et il fut statué très officiellement que l’on pouvait l’honorer et l’invoquer comme « Bienheureux Charlemagne ».
Fin de la contestation.

   Pour terminer, je vous propose d’écouter le « Planctus de obitu Karoli : lamentation sur la mort de Charles », texte remarquable comprenant vingt distiques qui alternent avec un refrain, composé très probablement par un moine de l’abbaye de Bobbio en 814-815, c’est à dire au moment où la nouvelle du trépas du Souverain se répandit à travers l’empire.

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   Dès que je le pourrai, je ferai suivre cet article par un autre qui sera uniquement dédié à des représentations - que j’aime particulièrement – de notre cher Saint Charlemagne.

   Pour l’heure, prions-le avec ferveur d’intercéder pour l’Europe, pour la France, et spécialement pour l’héritier légitime du Royaume de France.
Déjà, au XVe siècle, c’était le rôle particulier qui lui était assigné dans le Ciel, puisque Sainte Jeanne d’Arc put dire à Charles VII : « Sire, je vous dis que Dieu a pitié de vous, de votre royaume et de votre peuple, car Saint Louis et Saint Charlemagne sont à genoux devant Lui, faisant prière pour vous ».

Lully.

Armoiries de Charlemagne

Du Bienheureux Charlemagne dans quelques représentations sacrées > ici
La séquence « Urbs aquensis » et l’anniversaire de la canonisation de Saint Charlemagne > ici

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