Archive pour la catégorie 'Memento'

2012-84. Abbé Bryan Hougthon : vingt après, un exemple qu’il convenait de mettre en valeur.

Lundi 26 novembre 2012
Fête de Sainte Geneviève des Ardents,
céleste protectrice de la Gendarmerie Française (cf. > ici)

2012-84. Abbé Bryan Hougthon : vingt après, un exemple qu'il convenait de mettre en valeur. dans Chronique de Lully nd-de-la-rose-montelimar-25-nov-2012

Montélimar, chapelle Notre-Dame de la Rose – 25 novembre 2012.

Si le ciel est resté obstinément gris à Montélimar, ce dimanche 25 novembre 2012, vingt-sixième et dernier dimanche après la Pentecôte, je crois que cela a été pour mieux faire ressortir la splendeur de la lumière intérieure qui a éclairé les âmes de ceux qui ont pu participer à cette journée de commémoration et d’hommage à Monsieur l’abbé Bryan Houghton, à l’occasion du vingtième anniversaire de son rappel à Dieu (cf. > ici).

Une assemblée fervente remplissait la chapelle pour la Messe solennelle, chantée par Monsieur l’abbé Vincent Ribeton, supérieur du district de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, assisté – officiant comme diacre – du Révérend Père Cyrille, osb, représentant l’Abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, et – officiant comme sous-diacre – de Monsieur l’abbé Brice Meissonnier, supérieur de la maison Padre Pio de la FSSP à Lyon, chargée de desservir la chapelle.
Il est probable que cette vénérable chapelle n’avait pas vu de célébration de la Messe avec diacre et sous-diacre depuis très longtemps… Peut-être avant la révolution?
Monsieur l’abbé Meissonnier avait déployé tout son zèle pour donner à cette liturgie un maximum d’éclat, étant venu avec quatre servants d’autel bien formés et ayant aussi apporté de très beaux ornements anciens.

celebrants-et-servants-25-nov-2012-nd-de-la-rose 25 novembre 2012 dans Commentaires d'actualité & humeurs

Les officiants et les servants d’autel devant la porte baroque de la chapelle Notre-Dame de la Rose
dimanche 25 novembre 2012

les-officiants-25-nov-2012-nd-de-la-rose abbé Houghton dans De liturgia

Au centre, Monsieur l’abbé Vincent Ribeton, supérieur du district de France de la FSSP,
à droite Dom Cyrille, de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux,
à gauche Monsieur l’abbé Brice Meissonnier, supérieur de la maison Padre Pio de la FSSP à Lyon.

Monsieur l’abbé Meissonnier a transmis aux fidèles le message d’encouragement et la bénédiction du Souverain Pontife envoyés pour l’occasion par la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège.
Au cours de son homélie, Dom Cyrille, en développant les deux mots qui constituent le titre de l’autobiographie de l’abbé Houghton« Prêtre rejeté » – a mis en lumière l’amour indéfectible de cette grande âme pour Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour le Saint-Sacrifice de la Messe et pour l’Eglise.

Le déjeuner, copieux et succulent (ne convenait-il pas que les corps fussent associés à la joie des âmes?), et pour lequel il faut souligner la présence amicale du curé de la paroisse de « rite ordinaire » de Montélimar, fut suivi d’un temps d’échanges, très riche : ceux qui ont connu l’abbé Houghton, par leurs souvenirs, l’ont ainsi rendu plus proche et en quelque sorte présent pour ceux qui n’ont pas eu la grâce de le connaître (voir aussi > ici).
Précisions biographiques, témoignage de celui qui a servi la dernière Messe de l’abbé au maître-autel de la cathédrale de Viviers (photo de cet autel > ici), témoignages concernant son zèle pour les âmes, témoignages sur la souffrance et la solitude morales dans lesquelles il s’est trouvé en raison des vexations et mesquineries ecclésiastiques, témoignages sur sa délicatesse d’âme et les inquiétudes qui l’ont tenaillé parfois, témoignages sur son réalisme spirituel et son espérance surnaturelle, témoignages aussi – bien sûr – des traits de son célèbre humour…

abbe-bryan-houghton Bryan Houghton dans Memento

Un fascicule imprimé, reprenant quelques articles de l’abbé Houghton qu’il est assez difficile de retrouver à l’heure actuelle, a été remis aux participants.

Cette belle journée de prière, d’amitié, de commémoration, de ferveur filiale dans l’amour du Christ Rédempteur, dans l’amour de la Messe et dans l’amour de l’Eglise, a été clôturée par le chant des Vêpres et le Salut du Très Saint-Sacrement, présidés par Dom Cyrille.

En sus des ecclésiastiques présents, que soient chaleureusement remerciés les fidèles, et tout spécialement les responsables et membres de l’association des Amis de la Chapelle Notre-Dame de la Rose (siège social : c/ M. Pierre Sirot – 6, rue Rabelais, 26200 Montélimar) qui maintiennent sur place le souvenir vivant et agissent pour que perdure l’oeuvre de l’abbé Houghton qui rendit cette antique chapelle au culte pour lequel elle avait été construite.
Souhaitons, pour terminer, que les démarches entreprises en vue de la mise hors d’eau et la restauration nécessaire de ce bel édifice soient promptement couronnées de succès, afin que le trésor inestimable de la Sainte Messe traditionnelle soit célébré dans un écrin pleinement digne de lui! 

fin-de-la-messe-nd-de-la-rose-25-nov.-2012 Montélimar dans Vexilla Regis

2012-71. La victoire de Constantin racontée par Eusèbe de Césarée.

Voici le texte complet des chapitres vingt-sept à trente-neuf du livre premier de l’Histoire de la vie de l’Empereur Constantin, écrite en grec par Eusèbe de Césarée (*), relatant le cheminement spirituel de Constantin, sa vision et le songe qui la suivit, l’institution du Labarum, la bataille du Pont Milvius et la victoire sur Maxence, le 28 octobre 312.

(*) Traduction de Monsieur Cousin, président en la Cour des Monnaies, publiée à Paris en 1686.

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Chapitre XXVII : Constantin se résout à n’adorer qu’un seul Dieu.

Comme il était persuadé qu’il avait besoin d’une puissance plus considérable et plus invincible que celle des armées, pour dissiper les illusions de la magie dans lesquelles Maxence mettait sa principale confiance, il eut recours à la protection de Dieu. Il délibéra d’abord sur le choix de celui qu’il devait reconnaître. Il considéra que la plupart de ses prédécesseurs, qui avaient adoré plusieurs Dieux et qui leur avaient offert de l’encens et des sacrifices, avaient été trompés par des prédictions pleines de flatterie ; et par des oracles, qui ne leur promettaient que d’heureux succès, et qu’ils étaient enfin péris misérablement, sans qu’aucun de leurs Dieux se fût mis en peine de les secourir. Que son père avait seul reconnu leur égarement, et seul pris le bon chemin, qu’il n’avait adoré que Dieu durant toute sa vie, et que Dieu avait été en récompense son protecteur, le conservateur de son Empire, et l’auteur de tous ses biens. Il fit une sérieuse réflexion sur la multitude des maux, dont avaient été accablés ceux qui avaient suivi une multitude de Dieux, et reconnut qu’aucun d’eux n’avait laissé de postérité, ni même la moindre mémoire de son nom, au lieu que le Dieu de son père lui avait donné d’illustres preuves de sa puissance. Il remarqua aussi que ceux qui en prenant les armes contre les tyrans avaient mis leur espérance dans la protection des Dieux n’en avaient tiré aucun avantage, l’un étant revenu avec ses troupes, sans avoir rien fait de considérable, et l’autre ayant été tué au milieu de son armée. Après avoir longtemps médité toutes ces raisons, il jugea que c’était la dernière de toutes les extravagances d’adorer des Idoles, de la faiblesse et du néant desquelles il avait des preuves si convaincantes, et il se résolut d’adorer le Dieu de Constance son père.

Chapitre XXVIII : Vision de Constantin.

Constantin implora la protection de ce Dieu, le pria de se faire connaître à lui, et de l’assister dans l’état où se trouvaient ses affaires. Pendant qu’il faisait cette prière, il eut une merveilleuse vision, et qui paraîtrait peut-être incroyable, si elle était rapportée par un autre. Mais personne ne doit faire difficulté de la croire, puisque ce Prince me l’a racontée lui-même longtemps depuis, lorsque j’ai eu l’honneur d’entrer dans ses bonnes grâces, et que l’évènement en a confirmé la vérité. Il assurait qu’il avait vu en plein midi une croix lumineuse avec cette inscription : « Vous vaincrez à la faveur de ce signe », et qu’il fut extrêmement étonné de ce spectacle, de même que ses soldats qui le suivaient.

Chapitre XXIX : Songe de Constantin.

Cette vision fit une si forte impression dans l’esprit de Constantin qu’il en était encore tout occupé la nuit suivante. Durant son sommeil le Sauveur lui apparut avec le même signe qu’il lui avait montré en l’air durant le jour, et lui commanda de faire un étendard de la même forme, et de le porter dans les combats pour se garantir du danger.

Chapitre XXX : Constantin fait faire un étendard en forme de croix.

Constantin s’étant levé dès la pointe du jour raconta à ses amis le songe qu’il avait eu, et ayant envoyé quérir des Orfèvres, et des Lapidaires, il s’assit au milieu d’eux, leur proposa le dessein et la figure du signe qu’il avait vu, et leur commanda d’en faire un semblable, enrichi d’or, et de pierreries.

Chapitre XXXI : Description de l’étendard fait en forme de croix.

J’ai vu l’Etendard que les Orfèvres firent par l’ordre de ce Prince, et il m’est  aisé d’en décrire ici la figure. C’est  comme une pique, couverte de lames d’or, qui a un travers en forme d’Antenne qui fait la croix. Il y a au haut de la pique une couronne enrichie d’or et de pierreries. Le nom de notre Sauveur est  marqué sur cette couronne par les deux premières lettres ; dont la seconde est  un peu coupée. Les Empereurs ont porté depuis ces deux mêmes lettres sur leur casque. Il y a un voile de pourpre attaché au bois qui traverse la pique. Ce voile est  de figure carrée, et couvert de perles, dont l’éclat donne de l’admiration. Comme la pique est  fort haute elle a au bas du voile le portrait de l’Empereur et de ses enfants, fait en or jusques à demi-corps seulement. Constantin s’est  toujours couvert dans la guerre, de cet étendard comme d’un rempart, et en a fait faire d’autres semblables pour les porter dans toutes ses armées.

Chapitre XXXII : Constantin lit l’Ecriture Sainte.

Constantin ayant l’esprit tout rempli de l’étonnement qu’une vision si extraordinaire lui avait causé, jugea qu’il n’y avait point d’autre Dieu qu’il dut reconnaître, que celui qui lui était apparu, et ayant envoyé quérir les Prêtres, et ses ministres, il leur demanda, qui était ce Dieu, et ce que signifiait la figure si lumineuse et si éclatante qu’il lui avait montrée. Les Prêtres lui répondirent que le Dieu qui lui était apparu était le fils unique de Dieu, que la figure qui lui avait été montrée, était la marque de l’immortalité, et le trophée de la victoire que le Fils de Dieu avait remportée sur la mort. Ils lui déduisirent les raisons pour lesquelles il est descendu du Ciel en terre, et lui expliquèrent le mystère de son Incarnation. L’Empereur les écouta avec une merveilleuse attention. Il compara leurs discours avec la vision qu’il avait eue, et ne douta point qu’ils ne lui enseignassent la vérité par l’ordre de Dieu. II s’appliqua ensuite à la lecture des livres sacrés, retint toujours les Prêtres auprès de lui, et se résolut d’adorer le Dieu dont ils lui avaient découvert les mystères. L’espérance qu’il avait mise en sa protection, l’excita bientôt après à entreprendre d’éteindre l’embrasement qui avait été allumé par la rage des Tyrans.

Chapitre XXXIII : Adultères commis à Rome par Maxence.

Le Tyran qui s’était emparé de la ville Impériale était monté à cet excès d’impudence, et d’impiété que de se plonger publiquement dans les plus sales débauches. Il arrachait les femmes d’entre les bras de leurs maris, et les leur renvoyait après les avoir violées. Il fit cet outrage aux personnes de la première qualité, et aux plus considérables du Sénat. Il jouit d’un grand nombre de femmes de condition, sans pouvoir rassasier son incontinence. Mais il ne put jamais jouir d’aucune femme Chrétienne. Il n’y en eut point qui n’aimât mieux perdre la vie que l’honneur.

Chapitre XXXIV : La femme d’un Préfet se procure la mort pour conserver sa pudicité.

La femme d’un des principaux du Sénat, et qui avait la dignité de Préfet, ayant appris que les Ministres des débauches de Maxence étaient à la porte de son logis, et que son mari avait consenti qu’ils l’emmenassent, de peur d’être maltraitée, elle leur demanda un peu de temps pour se parer, et étant entrée dans son cabinet, s’enfonça un poignard dans le sein, et publia par une action si éclatante non seulement à tous les peuples de son siècle, mais aussi à tous les siècles à venir, qu’il n’y a que parmi les Chrétiens où l’on trouve une pudicité invincible, et exempte de la mort.

Chapitre XXXV : Massacre du peuple de Rome.

Les grands et les petits, les magistrats et le peuple étaient dans l’oppression, et redoutaient la violence avec laquelle le Tyran commettait les crimes les plus horribles. La patience qu’ils conservaient au milieu des plus injustes traitements ne les mettait en aucune sûreté. Il commanda un jour, pour un fort léger sujet, aux soldats de sa Garde de faire main-basse sur le peuple, qui fut à l’heure-même massacré par les armes non des Scythes et des Barbares, mais de ses propres citoyens. Il n’est  pas aisé de faire le dénombrement des Sénateurs qu’il condamna sur de fausses accusations, à dessein d’enlever leur bien.

Chapitre XXXVI : Maxence s’adonne à la magie.

Maxence couronna ses autres crimes par les cruautés et les sacrilèges de la magie tantôt en ouvrant le ventre des enceintes, et des enfants nés depuis peu de jours, tantôt en égorgeant des lions, et en offrant d’abominables sacrifices, pour évoquer les démons, et détourner la guerre dont il était menacé. Il espérait obtenir la victoire par ces artifices. Il traitait cependant ses sujets avec une dureté si extraordinaire qu’ils souffrirent sous son règne une disette dont il n’y avait point eu d’exemple dans les siècles précédents.

Chapitre XXXVII : Défaite de Maxence.

La compassion que Constantin eut de leur misère lui mit les armes entre les mains contre celui qui en était l’auteur. Ayant imploré la protection de Dieu, et du Sauveur son Fils unique, il fit marcher son armée sous l’étendard de la Croix à dessein de rétablir les Romains en possession de leur ancienne liberté. Maxence mettant sa confiance dans les illusions de la magie plutôt que dans l’affection de ses sujets, n’osa sortir de Rome. Mais il mit des garnisons dans toutes les Villes dont il avait opprimé la liberté, et plaça des troupes en embuscade sur les passages. Constantin dont Dieu favorisait l’entreprise força aisément toutes ces troupes, et entra jusques au cœur de l’Italie.

Chapitre XXXVIII : Mort de Maxence.

Dieu qui ne voulait pas que Constantin fut obligé de mettre le siège devant Rome pour se rendre Maître de Maxence, le lui amena hors des murailles avec des chaînes invisibles. Il fit voir la vérité du miracle, qui passe pour une fable dans l’esprit des incrédules, bien qu’il ne soit point révoqué en doute par les Fidèles, et qu’il avait autrefois opéré contre Pharaon, ses chariots et son armée. Ce Tyran ayant été mis en fuite par les troupes de Constantin, qui était favorisé de la protection du ciel, il voulut passer un pont, où il avait préparé une machine pour surprendre son ennemi. Notre Religieux Prince fut assisté par le Dieu qu’il adorait, et l’impie périt dans le piège qu’il avait dressé, si bien qu’on lui peut appliquer ces paroles de l’Ecriture : Il a ouvert une fosse, et l’a creusée, et il tombera lui-même dans la fosse qu’il a faite, son iniquité retournera contre lui, et ses violences retomberont sur sa tête. La machine s’étant entr’ouverte au temps auquel on s’y attendait le moins, les vaisseaux coulèrent à fond. L’impie tomba le premier comme une masse de plomb avec les soldats qui l’environnaient. L’armée que Dieu avait rendue victorieuse, pouvait chanter alors les mêmes Cantiques que les Israélites avaient chantés autrefois contre Pharaon et dire comme eux : Publions les louanges du Seigneur, dont la gloire a éclaté. Il a jeté dans la mer le cheval, et celui qui était monté dessus. Il a été mon aide, mon protecteur et mon salut. Qui est semblable à vous entre les Dieux, Seigneur, qui est  semblable à vous? Votre gloire a paru dans vos saints. Elle a attiré l’admiration, et vous avez fait des prodiges.

Chapitre XXXIX : Entrée de Constantin dans Rome.

Constantin ayant à l’imitation de Moise chanté ce Cantique, ou quelque autre semblable, en l’honneur de Dieu, qui avait conduit son armée, et qui lui avait accordé la victoire, entra en triomphe à Rome, où les Sénateurs, les Chevaliers, les Hommes, les Femmes, les Enfants et tout le peuple, délivrés de la servitude, accoururent au devant de lui avec toute sorte de témoignages de joie, le saluèrent comme leur libérateur, et leur conservateur, ne pouvant se lasser de faire des acclamations en son honneur. Mais sa piété ne lui permettant pas de s’enfler de ces louanges, il rendit à Dieu la gloire que l’on lui offrait, et protesta que c’était de sa main qu’il tenait la victoire, et que Rome avait reçu sa liberté.

raphael-vision-de-constantin 28 octobre 312 dans Memento

Raphaël : la vision de Constantin (« Stanze Vaticane »)

2012-70. In hoc signo vinces !

2012-70. In hoc signo vinces ! dans Chronique de Lully labarum-4

ἐν τούτῳ νίκα

         Les heureuses dispositions du calendrier font que, chaque année, le dernier dimanche d’octobre, jour établi pour la fête du Christ Roi (cf. > ici) se trouve de ce fait très proche (il arrive même parfois que ces deux dates coïncident) del’anniversaire de la victoire de Constantin sur Maxence au Pont Milvius, le 28 octobre de l’an 312.

   Flavius Valerius Aurelius Constantinus, que nous appelons communément Constantin, est le fils de Constance, surnommé Chlore (c’est-à-dire « au teint pâle »), et d’Hélène, future sainte.
Né en 272, il a été proclamé trente-quatrième empereur de Rome, à York, par les troupes de son père à la mort de ce dernier, le 25 juillet 306.

   L’empire est alors dans une période de troubles en raison des divisions et querelles sans fin engendrées par le délitement de la tétrarchie.
Constantin reconquiert la péninsule italienne contre son rival Maxence : l’engagement décisif a lieu sur la via Flaminia, à une dizaine de kilomètre au nord-est de Rome, au lieu dit des Saxa Rubra (les roches rouges) en avant d’un pont de pierre qui enjambe le Tibre, le Pont Milvius.

L’armée de Maxence est défaite, et Maxence lui-même meurt noyé dans le Tibre.

   Constantin, fils d’une chrétienne, inclinait déjà vers le monothéisme depuis plusieurs mois. Il assurera avoir eu une vision, en plein midi, suivie d’un songe nocturne : la vision lui montrait une croix lumineuse au dessus du soleil avec l’inscription « ἐν τούτῳ νίκα – in hoc signo vinces » (par ce signe tu vaincras) et le songe lui enjoignait de mettre le signe divin sur les boucliers de ses soldats et sur les enseignes de son armée. 
Lactance, apologiste chrétien et rhéteur, écrit : « Il fit marquer la lettre X traversée d’un trait recourbé à son sommet, c’est à dire le monogramme du Christ ». C’est la superposition des deux lettres grecques X (chi) et P (rhô) : les deux premières lettres du mot Christos, écrit en grec.

chi-rho 28 octobre 312 dans Commentaires d'actualité & humeurs

       Si les historiens modernes, lobotomisés par le rationalisme et l’esprit des prétendues lumières, remettent en doute la vision et le songe de Constantin, ils le font en opposition avec une tradition unanime et continue de l’Orient comme de l’Occident.
L’apposition du Xhi-Rho sur les insignes impériaux est de toute façon absolument certaine et la victoire sur Maxence ne peut être mise en doute, pas plus qu’on ne peut remettre en question la conséquence directe de cette victoire : la pleine liberté de culte donnée aux chrétiens qui avaient jusque là été les cibles des persécutions du pouvoir impérial.
Quelques mois plus tard, en effet, sera promulgué l’Edit de Milan (avril-juin 313), qui permettra à l’Eglise de sortir des catacombes et qui sonnera le glas du paganisme à l’agonie.

   Oui, ce 28 octobre 312 est l’une des grandes dates de notre histoire, l’une de ces dates qui a changé le cours de l’histoire.
En 2012 et 2013, le dix-septième centenaire de la victoire du Pont Milvius et de l’Edit de Milan eût dû être marqué par des réjouissances publiques et solennelles, des Etats eux-mêmes, et à combien plus forte raison dans la Sainte Eglise !
Mais nous ne sommes plus dans des Etats chrétiens, et à l’intérieur de l’Eglise romaine elle-même voilà déjà plusieurs décennies que des voix influentes – lorsqu’elles ne sont pas carrément encouragées par les hiérarques soucieux de plaire au monde et à ses modes antichrétiennes – appellent à se démarquer de l’héritage constantinien, alors que nous eussions été en droit d’espérer que l’année 2013 - comme cela avait été le cas en 1913 – vît la promulgation conjointe, par les Eglises de Rome et de Constantinople, d’un jubilé constantinien.

constantin-dans-la-bataille-du-pont-milvius-raphael Annum sacrum dans De liturgia

Raphaël : Constantin dans la bataille du Pont Milvius
(détail de la grande fresque représentant la bataille dans les « Stanze Vaticane »)

   Vous trouverez, ci-après (> ici) le texte même d’Eusèbe de Césarée relatant ces évènements, dont Eusèbe affirme qu’il tient le récit de la bouche même de Constantin.
J’ai choisi de le publier intégralement parce que justement la plupart des historiens l’évoquent sans même le citer, du fait qu’ils ne lui accordent que peu de crédibilité, pour des raisons essentiellement idéologiques.

   Pour l’heure, rapprochant cet anniversaire avec la célébration proche de la fête du Christ Roi, je ne peux omettre de citer le Pape Léon XIII qui écrivait en 1899, dans l’encyclique « Annum sacrum », par laquelle il prescrivit pour toute l’Eglise la récitation de l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Cœur, dont le texte doit désormais être repris en cette fête du Christ Roi (cf. > ici) :

    »A l’époque où l’Eglise, toute proche encore de ses origines, était accablée sous le joug des Césars, un jeune empereur aperçut dans le ciel une croix qui annonçait et qui préparait une magnifique et prochaine victoire. Aujourd’hui, voici qu’un autre emblème béni et divin s’offre à nos yeux. C’est le Cœur très sacré de Jésus, sur lequel se dresse la Croix et qui brille d’un magnifique éclat au milieu des flammes. En lui nous devons placer toutes nos espérances ; nous devons lui demander et attendre de lui le salut des hommes. »

   Aussi, malgré la tristesse des temps dans lesquels nous vivons, nos cœurs sont-ils soulevés par une joyeuse espérance en nous souvenant des paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même à Sainte Marguerite-Marie : « Ne crains rien, Je règnerai malgré Mes ennemis et tous ceux qui voudront s’y opposer. [...] Il règnera ce divin Cœur, malgré ceux qui voudront s’y opposer. Satan demeurera confus avec tous ses adhérents » !

Lully.                 

nika Christ-Roi dans Lectures & relectures

2012-68. Le goût de l’aliment éternel…

Lundi 22 octobre 2012.

        »Je voudrais, mesdames et messieurs, que ces quelques paroles soient… ce serait prétentieux de dire : une nourriture pour vous – mais enfin, je voudrais qu’elles ne soient pas uniquement des mots.
Je conclurai sur une petite histoire – que j’ai dite ailleurs, mais que je n’ai pas dite ici – une histoire vraie. Si vous voyagez dans le département de la Drôme, près de chez moi, vous verrez des panneaux publicitaires vous incitant à consommer le « pintadeau de la Drôme ». Je vous dirai de vous méfier un peu… Bon. On donne à ces pintades une nourriture bizarre, parfaitement moulue et spécialement appâtée pour qu’elles mangent sans faim et, passez-moi ce jeu de mots : sans fin. Or, pendant le gros hiver que nous avons eu il y a trois ans – vous vous souvenez, tous les journaux ne parlaient plus que de la neige sur la Provence, c’était courtelinesque, on ne pouvait plus bouger (*) ; plus d’électricité, plus de chauffage, plus de routes, une vraie catastrophe (c’est ça la technique : quand elle vient à manquer, on est complètement impuissants!) -, la nourriture des pintades, habituellement acheminée par camions spéciaux, n’arrivait plus. Les pauvres bêtes commençaient à claquer sérieusement du bec. Alors des paysans voisins, qui élevaient encore leurs volailles d’une façon archaïque, avec le blé, l’orge, le maïs de leur récolte, ont proposé à leurs collègues modernisés de les dépanner… Mais le plus beau de l’histoire, c’est que les pintades n’ont pas voulu de ce bon grain, tant elles étaient habituées à manger tout moulu, ces demoiselles, eh oui! elles sont mortes de faim…
Belle image, n’est-ce pas? On devrait inscrire ces pintades, au martyrologe d’un certain progrès – elles sont mortes pour attester les fameux slogans « qu’on n’arrête pas le progrès » et « qu’on ne revient pas en arrière » – oui, c’est tout de même un témoignage! Un témoignage inquiétant pour l’homme qui, intoxiqué par tant d’idées faciles et empoisonnées, perd peu à peu le goût de l’aliment éternel, et risque un jour ou l’autre de mourir de faim devant la seule vraie nourriture. »

(*) Note du Maître-Chat : il s’agissait des chutes de neige des derniers jours de décembre 1970 qui paralysèrent totalement le trafic dans la vallée du Rhône. Gustave Thibon s’est servi de cet exemple au cours d’une conférence qu’il donna le 27 mars 1973 à Waremme, en Belgique.

* * * * * * *

       Pour tous ceux qui ont eu la chance, ou plus exactement la grâce – la très grande grâce ! -, d’approcher Gustave Thibon, de converser avec lui – ne serait-ce que quelques courts instants – , de l’entendre en conférence, il n’est pas difficile en lisant ce paragraphe, d’avoir en même temps dans l’oreille ses intonations, son accent, les nuances discrètement malicieuses que pouvait parfois revêtir son expression rocailleuse ; il n’est pas difficile non plus, à cette lecture, de  le « revoir », de revoir ses mimiques, son œil pétillant, sa gestuelle… etc.
Car c’est un Thibon en quelque sorte vivant que ceux qui l’ont connu peuvent retrouver, et que même ceux qui ne l’ont pas connu peuvent comme rencontrer à travers une lecture dans laquelle je ne puis que vous inviter à vous plonger… 

   Ce paragraphe, en effet, je l’ai extrait de l’excellent ouvrage intitulé « Les hommes de l’éternel », sous-titré « conférences au grand public (1940 – 1985) établies et présentées par Françoise Chauvin », qui est arrivé dans les librairies au printemps de cette année 2012 (il est publié chez Mame).

   Est-il besoin de le dire?
Après « Aux ailes de la lettre » (2006) et « Parodies et Mirages ou la décadence d’un monde chrétien – Notes inédites » (2011), le texte inédit des vingt conférences que Françoise Chauvin a pu – au terme d’un long et minutieux travail (qu’elle explique dans son avant-propos) – nous restituer dans cet ouvrage, constitue un véritable trésor

   En quatrième de couverture nous trouvons ces quelques phrases qui nous ravissent :

« Gustave Thibon a donné d’innombrables conférences durant près d’un demi-siècle. S’adressant au grand public, il avait ce don de faire partager à tous non pas les mêmes vérités à la même profondeur, mais les mêmes vérités à des étages divers, des « lieux communs » jusqu’à « la porte infranchissable » afin que chacun pût à son niveau en être éclairé et nourri car « l’évidence la plus commune, si elle pénètre le fond de l’âme, se transforme en révélation inépuisable ».
Ses paroles nous donnent le courage de suivre son ultime recommandation : « Je ne veux pas vous amener à penser dans le même sens que moi, mais à penser vous-mêmes, dans votre sens propre »

   En effet, il n’existe pas, il ne peut pas exister de « thibonistes » ou de « thiboniens », alors qu’on peut par ailleurs parler de thomistes, de kantiens, de marxistes ou de maurrassiens…
Parce que Gustave Thibon n’enferme en aucune manière ses lecteurs dans sa propre pensée, et s’il a des « disciples » ceux-ci ne peuvent jamais rester dans une ornière qu’il aurait imprimée à la surface du chemin de sagesse qu’il a suivi.
L’originalité de Thibon consiste justement dans cette façon unique qu’il a de permettre le développement de l’intelligence, la maturation de la réflexion spirituelle et d’aiguiser le regard intérieur d’un lecteur qu’il propulse – suaviter ac fortiter – dans des sphères qui le révèlent à lui-même et lui permettent de progresser vers sa propre et unique plénitude.

   On ne résume pas la pensée de Thibon : elle est universelle !
Aussi n’y a-t-il rien de mieux que de la goûter, de la manière dont les grands connaisseurs goûtent un grand cru ; aussi n’y a-t-il rien de mieux que de la savourer, avec la délicate lenteur des plus fins gourmets.

   Françoise Chauvin a mis en exergue de l’ouvrage ces autres lignes de Gustave Thibon d’où elle a tiré le titre donné à l’ouvrage :
« Entre les conservateurs qui barrent l’avenir et les progressistes qui renient le passé, nous devons être avant tout les hommes de l’éternel, les hommes qui renouvellent, par une fidélité éveillée et agissante, toujours remise en question et toujours renaissante, ce qu’il y avait de meilleur dans le passé. »


2012-68. Le goût de l'aliment éternel... dans Annonces & Nouvelles les-hommes-de-leternel-gustave-thibon

   Faut-il préciser que, en notre Mesnil-Marie, cette publication posthume de notre cher Gustave Thibon nous enchante et qu’elle nous procure d’immenses joies spirituelles? En vérité, dans cette lecture, nous développons ce « goût de l’aliment éternel » que nous ne voulons pas perdre ainsi que le font malheureusement tant de pauvres pintades humaines qui, près de quarante ans après la conférence où Gustave Thibon en dénonçait le risque imminent, « (meurent) de faim devant la seule vrai nourriture ».

Lully.

* * * * * * *

Nos autres publications consacrées à Gustave Thibon dans les pages de ce blogue :
- In memorian Gustave Thibon (pour le 7ème anniversaire de sa mort) > ici
- Gustave Thibon, dix ans déjà > ici
- le texte intitulé « Eloignement et connaissance » > ici
- le texte qu’il publia à l’occasion du
centenaire de l’apparition de Notre-Dame de La Salette > ici

2012-64. Dernière lettre de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

écrite à l’intention de sa belle-sœur,
Madame Elisabeth,

et souvent appelée « Testament de la Reine ».

2012-64. Dernière lettre de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette. dans Chronique de Lully s.m.la-reine-chapelle-expiatoire-paris-e1350279990666

Groupe sculpté représentant
S.M. la Reine Marie-Antoinette soutenue par la Religion
Paris –  Chapelle Expiatoire
Sur le socle est gravé le texte de cette dernière lettre, dite « testament de la Reine » 

lys-2 16 octobre dans Lectures & relectures

   J’avais déjà publié la photographie des dernières lignes écrites par Sa Majesté la Reine, sur la page de garde de son livre d’heures (cf. > ici), et j’avais alors rappelé de quelle manière cette infortunée Souveraine avait été assistée dans sa prison par la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich.
Voici aujourd’hui le texte complet de ce que l’on appelle improprement le « testament de la Reine », puisqu’il s’agit en réalité de sa dernière lettre, adressée à sa belle-soeur, Madame Elisabeth de France ; lettre qui ne sera bien évidemment jamais remise à sa destinataire.

lys-2 assassinat de la Reine dans Memento

le 16 Octobre 1793. 4h30 du matin.

   « C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois : je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère, comme lui, innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments.

Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que  je n’existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse! J’ai appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra : recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins.

Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer : que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur. Que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a elle doit toujours aider son frère par des conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu’ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs notre amitié nous a donné de consolation ; et dans le bonheur on jouit doublement, quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille? Que mon fils n’oublie jamais, les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : « qu’il ne cherche jamais à venger notre mort ».

J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l’âge qu’il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas : un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore, mes dernières pensées ; J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps.

Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée ; n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop, s’ils y entraient une fois, je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis ; l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant ; qu’ils sachent, du moins, que, jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu, je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre ; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. »

Armes de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

Voir aussi :
- « Du 16 octobre » > ici
- Oraison funèbre pour SM la Reine Marie-Antoinette > ici
- Premier texte du Rd Père Jean Charles-Roux sur la mort de la Reine > ici
- Requiem de Charles-Henri Plantade à la pieuse mémoire de la Reine Marie-Antoinette > ici
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2012-59. In memoriam : François-Dominique Cavey de La Motte.

- 5 octobre 1797 -

Anniversaire de la « liquidation »
du
comte François-Dominique Cavey de La Motte.

2012-59. In memoriam : François-Dominique Cavey de La Motte. dans Chronique de Lully lys5

   « (…) Il se revêtit de la cuirasse, comme un géant, et il se ceignit de ses armes guerrières dans les combats, et il protégeait le camp de son glaive. Et il devint semblable à un lion dans ses hauts faits, et il était comme le petit d’un lion rugissant à la chasse. Et il poursuivit les iniques, les cherchant de toutes parts ; ceux qui troublaient son peuple, il les livra aux flammes ; et ses ennemis furent repoussés par la crainte qu’il inspirait, et tous les ouvriers d’iniquité furent troublés, et le salut fut dirigé par sa main. (…) Sa mémoire sera à jamais en bénédiction. »

(1er livre des Machabées, III, 3b-6. 7c)      

lys5 Allier dans Lectures & relectures

   François-Dominique Cavey de La Motte est né le 15 septembre 1759, à Neauphe-sur-Dive, village sis à environ 7 lieues et demi au sud-ouest de Lisieux, dans l’actuel département de l’Orne.
La famille Cavey de La Motte avait été anoblie en 1700 et les ancêtres de François-Dominique avaient exercé des fonctions dans la magistrature et l’armée (son grand’père et son père avaient été faits chevaliers de Saint-Louis).

   François-Dominique fut militaire dans l’artillerie, au célèbre régiment de la Fère, de 1780 à 1791 : élève en août 1780, il est lieutenant en second en juillet de l’année suivante, puis lieutenant en premier en janvier 1785 et capitaine en août 1789.
Son parcours est exemplaire : les rapports d’inspection sont très élogieux sur sa conduite, sur ses moeurs et sur ses capacités.

   En août 1791, il rejoint l’armée de Condé. Il est aide de camp du marquis de Thibaudot, commandant en chef de l’artillerie des Princes. Il participe aux campagnes de 1792 dans le régiment de la Reine.
Mais à Lauterbourg, à la fin du mois de décembre 1792, il est blessé au bas-ventre. C’est après cela qu’il décide de rentrer en France et d’y mener le combat d’une autre manière.
Peut-être se trouve-t-il à Lyon au moment du soulèvement de la ville contre la Convention.

   A l’armée des Princes, il s’était lié d’amitié avec Pierre Charles Marie Duclos, marquis de Bésignan (1759 – 1806), habituellement considéré comme l’un des « fondateurs » des Compagnons de Jésus, improprement appelés « Compagnons de Jéhu ».
C’est Bésignan qui détermina le comte de La Motte à venir en Vivarais et en Velay pour y coordonner et y développer, sur le terrain, la lutte contre-révolutionnaire.
Peu de temps après, François-Dominique fut rejoint par son frère puîné, Pierre-Dominique Cavey de La Motte, dit le chevalier de La Motte (un certain nombre de révolutionnaires – et après eux d’historiens républicains – n’ont toujours pas compris qu’il y avait deux frères La Motte et ont cru que c’était le même personnage qui était appelé tantôt « comte » et tantôt « chevalier »).

prise et incendie de Jalès juillet 1792

La prise et l’incendie de la Commanderie de Jalès en juillet 1792

   François-Dominique de La Motte arrive donc « chez nous », après les terribles événements du mois de juillet 1792 qui ont vu l’échec de Monsieur de Saillans dans le sud du Vivarais et les massacres qui s’en sont suivis (cf. > ici).

   Le comte de La Motte et son frère vont être aussitôt en relations étroites avec les survivants des Camps de Jalès, au premier rang desquels il faut citer Dominique Allier, frère de l’abbé Claude Allier (prieur-curé de Chambonas qui avait été l’inspirateur et l’âme des Camps de Jalès, voir en détail > ici).
Ils seront aussi en étroite collaboration avec Joseph-Etienne de Surville (lequel n’était pas à Jalès – cf. > ici) et avec tous les nombreux chefs chouans qui mènent le combat en Gévaudan, Margeride, Vivarais, Velay, Brivadois, Forez, jusqu’en Limagne et dans les monts du Lyonnais.

Nous savons de manière certaine que « notre » Grand Chanéac (cf. > ici) était en contact avec les frères La Motte.

   Le comte de La Motte était relativement grand (pour l’époque et en comparaison avec les montagnards de ces contrées) puisqu’il est décrit comme ayant une taille de cinq pieds et cinq pouces, soit environ 1,75m.
Nous n’avons pas de portrait de lui mais, dans un avis de recherche lancé par les autorités révolutionnaires, on trouve précisé qu’il a « peu de cheveux, châtains, négligés et en partie flottants sur chaque côté du front » ; que le visage est plein, la peau fine, les yeux gris, « le front et le nez ordinaires, le menton rond, l’air riant ».
D’autres rapports reconnaissent ses qualités intellectuelles, son savoir-vivre aristocratique, l’aisance et la netteté avec lesquelles il s’exprime ; ils mentionnent en outre le grand respect que lui témoignent les royalistes et la déférence dont il est entouré.
Chef charismatique, il était en effet très aimé de ses chouans, qui l’appelaient Monsieur François ou parfois même familièrement « père François ».
Alors qu’il n’est âgé que de 36 ans en 1795, les révolutionnaires du Puy-de-Dôme lui donnent presque dix ans de plus !

   Il utilisait des noms de guerre : ainsi, lorsqu’il sera arrêté, il sera réputé s’appeler François Gendre, si bien que les révolutionnaires du Puy hésiteront longtemps avant d’avoir la conviction d’avoir pris le comte de La Motte.

   Il reste encore aujourd’hui de nombreuses hésitations ou zones d’ombre pour tout ce qui concerne son activité, faute de documents : on comprend bien qu’en une telle période – avec les nécessités de la clandestinité et d’une très grande mobilité - François-Dominique de La Motte, ses lieutenants et ses chouans ne remplissaient pas des pages de documents et ne tenaient pas des conférences de presse pour informer l’ennemi de leurs mouvements, de leurs projets et sur la manière dont fonctionnait leur réseau, qui était toutefois remarquablement bien organisé !!!

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Paysage du Meygal : zone volcanique accidentée du Velay, aux confins du Vivarais, terre de chouannerie.

   Avec Dominique Allier et le marquis de Surville, le comte de La Motte dirige la « Compagnie de la Ganse Blanche », ainsi nommée parce que les Compagnons arborent à leur chapeau un ruban blanc disposé en forme de croix de Saint-André.

   Après l’échec de la constitution d’une Armée Catholique et Royale du Midi en Vivarais (évènements de Jalès sus-évoqués), les contre-révolutionnaires n’avaient pas perdu l’espoir – en s’appuyant sur les fortes convictions des populations du Gévaudan, du Vivarais et du Velay, très largement hostiles à la révolution – de constituer une véritable armée qui s’emparerait du Puy, « ville sainte » à partir de laquelle pourrait être entreprise la reconquête militaire du Royaume.

   Le général-comte de La Motte parvint à rassembler, au cours des années 1795 et 1796, un camp d’environ trente mille hommes dans les environs du col du Pertuis, sur la paroisse de Saint-Hostien.
Les hommes venus de toutes les paroisses du Velay, et parfois de plus loin, y reçurent une formation et un entrainement militaires, furent organisés en bataillons et régiments.
Des prêtres réfractaires assuraient la Sainte Messe quotidiennement et entretenaient la flamme d’une véritable croisade.

   Ce Camp du Pertuis, établi en un point charnière de communication (sur la route qui relie Le Puy-en-Velay à Yssingeaux), en bordure du massif du Meygal - où il était aisé de se cacher -, fit trembler de peur les soldats et les autorités révolutionnaires (les 5 et 6 octobre 1795 en particulier un corps armé composé d’environ 400 hommes fut mis en déroute par les chouans).
Toutefois, à la fin de l’année 1796, La Motte décida la dispersion du camp : il semblait préférable de continuer l’action contre-révolutionnaire au moyen de petits groupes de chouans, plus mobiles, capables d’agir très rapidement et de se disperser tout aussi rapidement, pour  contrer les « crapauds bleus » et soutenir les prêtres réfractaires sur l’ensemble du territoire.

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Le village de Lanarce près duquel fut pris le comte de La Motte.

   Le 12 juin 1797, François-Dominique Cavey de La Motte fut arrêté avec son aide de camp, nommé Vialle (originaire de Langeac et âgé de 19 ans).
C’était à Lanarce (village sur le territoire duquel est sise la légendaire « auberge rouge » de Peyrebeille), et celui qui procéda à son arrestation était le juge de paix de Coucouron, Enjolras.
Cet Enjolras était un prêtre apostat. D’abord prêtre-professeur au collège d’Aubenas, il avait prêté le serment constitutionnel, puis avait fini par renier son sacerdoce ; devenu juge de paix, il était un révolutionnaire fanatique et n’avait de cesse de contrer les chouans et l’apostolat des prêtres réfractaires, ayant constitué pour cela un réseau d’espions et de traîtres.

   Envoyé à la prison du Puy, le général-comte de La Motte, nous l’avons vu, ne fut tout d’abord pas identifié de manière certaine par les révolutionnaires, puisqu’il prétendait se nommer François Gendre.

   Les efforts entrepris au cours de l’été 1797 par les autres chefs de la contre-révolution en vue de le délivrer finirent par convaincre les révolutionnaires qu’ils avaient bien affaire au comte de La Motte.
Mais cette même certitude les empêcha aussi de le transférer à Riom comme ils l’eussent dû faire normalement : La Motte avait en effet déjà été condamné à mort par contumace par le tribunal criminel du Puy-de-Dôme. Les prétendus « patriotes » savaient très bien qu’ils n’étaient pas maîtres des campagnes et des routes ; un convoi de transfert serait attaqué par un si grand nombre de chouans qu’ils ne pourraient les contenir et que Monsieur François serait nécessairement libéré par les siens! 

chapelle-de-la-visitation-17e-s.-tribunal-revolutionnaire-le-puy-300x225 comte de La Motte

Le Puy-en-Velay : ce bâtiment sis sur la place de la Plâtrière fut aux XVIIe et XVIIIe siècles
la chapelle du monastère de la Visitation.
La révolution vida le couvent et en fit la prison
tandis que le tribunal révolutionnaire siégeait dans la chapelle elle-même
(c’est là en particulier que furent jugés les célèbres Compagnons de Jésus). 

   La mort de La Motte reste entourée d’un certain mystère.
Les révolutionnaires feront tout d’abord courir le bruit que le général-comte aurait été assassiné par les siens (dans la prison – ancien monastère de la Visitation – qui jouxtait le tribunal révolutionnaire lequel siégeait dans la chapelle) afin de l’empêcher de révéler les secrets de la contre-révolution !!!
Puis les autorités républicaines se rabattront sur une prétendue attaque de la prison menée par les royalistes dans la nuit du 14 au 15 vendémiaire (soir du 5 octobre 1797) au cours de laquelle les gardiens, se voyant sur le point d’être égorgés, auraient pris le parti de tirer sur La Motte !!!

   Il est certain que les terroristes révolutionnaires – craignant une évasion du général-comte et dans leur peur panique d’une attaque conjointe des troupes d’Allier, Surville et La Motte cadet - avaient intimé aux sentinelles qui le gardaient l’ordre d’exécuter le prisonnier s’ils entendaient tirer des coups de feu à l’extérieur de la prison.
François-Dominique Cavey de La Motte fut effectivement tué dans sa prison par plusieurs coups de fusil ayant touché les organes vitaux, mais on ne peut en aucune manière prouver qu’il y avait eu ce soir-là une tentative des chouans pour investir la prison.

   Le procès-verbal établi après la mort de La Motte témoigne d’une grande confusion et ne permet pas d’établir avec certitude ce qui s’est réellement passé.
L’enterrement furtif de sa dépouille, le 6 octobre quand il fit nuit, ne fait que renforcer l’impression d’une « bavure » sur laquelle les républicains ont cherché à jeter un voile.

   Sur le registre de la prison, le concierge Giraud, qui était lui aussi un prêtre renégat, écrivit : « Le nommé général Lamothe a cessé de vivre ce jour d’hui 14 vendémiaire an IV de la République vers 9h du soir. Il a été enterré vingt-quatre heures après son décès. »

François-Dominique de La Motte, lorsqu’il fut exécuté, était âgé de 38 ans et vingt jours.

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   Pierre-Dominique Cavey de La Motte, frère puîné du général (il était né le 4 mai 1761), avait fait partie des gardes du corps du Roy avant d’émigrer en 1791. Peut-être avait-il été mêlé à l’évasion de la famille royale le 21 juin 1791.
Il était revenu en France un peu plus tard que son aîné, qu’il avait rejoint en Velay et Vivarais, et se dissimulait souvent sous le pseudonyme de Pougard.
Il fut arrêté à Lablachère, dans le sud du Vivarais, le 27 novembre 1797, à peine deux mois après la mort de son frère.
Emmené à Montpellier, il y fut condamné à mort par une commission militaire et fusillé en 1798.

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2012-53. 21 septembre 1792 : rappel de quelques vérités.

Vendredi 21 septembre 2012,
Fête de l’apôtre et évangéliste Saint Matthieu.

   Ce matin (21 septembre 2012), dans mes lectures, je suis « tombé » sur quelques textes qui célébraient en ce jour le deux-cent-vingtième anniversaire de l’abolition de la royauté et de la proclamation de la république par la « Convention nationale ».
Bien évidemment, cette commémoration importe surtout aux laïcistes, libres penseurs et autres francs-maçons qui, dans leur langage dithyrambique, voient dans ce jour la « fin de la tyrannie », « l’avènement de la liberté » et le « triomphe de la démocratie »… etc.

Autel de la Convention nationale

Paris : dans la basilique Sainte Geneviève profanée et convertie en « Panthéon »,
l’ « autel » dédié à la Convention (sculpteur : Sicard)

   De ce fait, je me suis replongé dans quelques publications historiques : oh! pas des publications « tendancieuses » ou « partisanes », simplement des études basiques et honnêtes auxquelles tout le monde peut avoir accès et dans lesquelles on trouve des chiffres que je vais me contenter de présenter.
Car les chiffres suffisent à démontrer que ce que célèbrent les laïcistes et les francs-maçons – un peuple unanime qui abolirait la royauté et proclamerait la république dans les transports d’une liesse quasi mystique – n’est qu’un pur mythe idéologique, sans aucun fondement réel.

   On peut lire ici ou là que les élections par lesquelles furent désignés les députés de la Convention furent les premières en France à avoir été faites au suffrage universel.
En réalité, les députés à la Convention furent élus par moins de 10% de la population du Royaume

   Etaient exclus du droit de vote : 1) les femmes, 2) les domestiques, 3) les non-salariés (il fallait pour être électeur pouvoir justifier que l’on vivait de son travail, ce qui signifie que ceux qui vivaient de rentes ou de revenus fonciers ne pouvaient voter), 4) les hommes qui n’avaient pas au moins un an de résidence dans une commune, 5) les hommes de moins de 21 ans.

   En outre, les élections des députés à la Convention se déroulèrent sur un mode un peu compliqué qui avait deux degrés : pour être électeur au premier degré, il fallait payer une contribution équivalente au revenu de trois journées de travail, et pour être électeur au second degré il fallait payer une contribution équivalente au revenu de cent-cinquante journées de travail.
Le premier degré des élections eut lieu le 26 août 1792, et le second degré le 2 septembre.
C’est dire que ces scrutins ont eu lieu dans le même temps qu’il y avait l’instauration d’une véritable terreur sanguinaire : prise des Tuileries et massacre des derniers défenseurs de la famille royale, emprisonnement de cette dernière dans le donjon du Temple, emprisonnements massifs de prêtres réfractaires et de royalistes, et enfin massacres de septembre…

   Autant dire que le climat politique et social était absolument contraire à une expression paisible des sentiments de la population terrorisée, qui restait à près de 90% favorable à la royauté, fidèle à son Roi et de plus en plus hostile à la révolution (en particulier en raison du refus de la constitution civile du clergé et de son attachement aux « bons prêtres »).
Ce sont presque exclusivement les « patriotes », c’est-à-dire les révolutionnaires les plus enragés, qui se rendirent aux urnes.

   Le nombre total des députés à la Convention était de 749.
Pour se réunir et pour commencer à légiférer, la Convention n’attendit pas que tous les députés fussent arrivés à Paris : sa première réunion eut lieu le 20 septembre 1792 en fin d’après-midi, 371 députés seulement étaient présents, c’est-à-dire un peu moins de la moitié.
Moins de la moitié des élus, désignés par moins de 10% de la population : nul besoin d’être très doué en calcul pour comprendre à quel point cette représentation est « démocratique », et pour réaliser selon quelle mesure les décisions de ces députés ont exprimé les « sentiments unanimes de la nation » !!!

La séance du 21 septembre 1792 vit le vote « à l’unanimité » de l’abolition de la royauté et de la proclamation de la république.
Voici la photographie du décret qui en fait acte :

décret du 21 sept 1792

   Chacun de vous peut donc aisément comprendre que la proclamation de la république en France fut le fait d’une infime minorité de terroristes (371 extrémistes décidant pour plus de 27 millions d’habitants) et constitue un déni absolu de la « démocratie » dont elle prétend être l’expression.

Lully.

Voir aussi :
- Joseph de Maistre : « Du caractère satanique de la révolution française » > ici ;
- Lucifer, ange tutélaire de la république maçonnique > ici ;
- Le caractère fondamentalement anticatholique de la république en France > ici.

Scapulaire Sacré-Coeur

2012-45. De Notre-Dame de Pradelles, à l’occasion du cinquième centenaire de la découverte de sa statue miraculeuse.

Mercredi 22 août 2012, 
fête du Coeur immaculé de Marie.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

En ce beau jour octave de l’Assomption, marqué par la célébration de la fête du Coeur immaculé de Marie, j’ai résolu de vous faire découvrir un beau et ancien pèlerinage en l’honneur de notre Mère céleste : le sanctuaire de Notre-Dame de Pradelles, qui commémore, en cette année 2012, le cinquième centenaire de la découverte de la statue miraculeuse autour de laquelle s’est développé le pèlerinage.

Dans l’après-midi du 15 août dernier, Frère Maximilien-Marie s’y est rendu et a participé à la procession traditionnelle, qui s’est déroulée dans les ruelles de la cité médiévale, derrière Nos Seigneurs Hippolyte Simon, archevêque de Clermont et vice-président de la Conférence des Evêques de France, et Claude Feidt, archevêque émérite d’Aix-en-Provence et Arles.

2012-45. De Notre-Dame de Pradelles, à l'occasion du cinquième centenaire de la découverte de sa statue miraculeuse. dans De Maria numquam satis pradelles-1-300x90

Le village de Pradelles (cliquer sur l’image pour la voir en plus grand)

La petite ville de Pradelles, classée parmi les « plus beaux villages de France », bâtie à quelque 1145m d’altitude sur une éminence d’où elle domine la haute vallée de l’Allier, est aujourd’hui située dans le département de la Haute-Loire, aux confins du Vivarais, du Velay et du Gévaudan.
Historiquement, la cité appartient au Vivarais : Pradelles était le siège d’une officialité de l’ancien diocèse de Viviers qui s’étendait sur 27 paroisses alentour.
La cité a donné naissance, le 7 juin 1738, au Bienheureux Jean-Antoine-Hyacinthe Bouchareinc de Chaumeils, prêtre, vicaire général du diocèse de Viviers, martyrisé aux Carmes (Paris) le 2 septembre 1792 (cf. > www).

PRADELLES-43-Copie 500ème anniversaire dans Lectures & relectures

Trois demi-vols d’argent sur champ d’azur (blason de Pradelles)

En l’an 1512, est située la découverte de la statue de la Vierge.
Fortuitement, alors qu’il voulait relever un mur écroulé et qu’il creusait pour lui préparer de solides fondations, un hospitalier de la communauté de l’hôpital (cet hôpital était sis à l’extérieur des murailles de la ville et faisait fonction de maladrerie pour les pestiférés et les lépreux) découvrit un coffre enterré.
Dans ce coffre se trouvait une statue de la Vierge à l’Enfant…

D’où venait cette statue? Comment s’était-elle trouvée là? Pour quelles raisons avait-elle été ainsi enterrée? Nul ne peut le dire.
Les historiens n’ont pas d’autres documents que celui du récit de sa découverte, mis par écrit quelque 160 ans après l’évènement.

découverte-statue-2-175x300 Notre-Dame de Pradelles dans Memento

Vitrail représentant la découverte de la statue de N.D. de Pradelles (cliquer pour voir en grand)

découverte-plaque-2-300x202 Pradelles dans Nos amis les Saints

Plaque apposée à l’emplacement de la découverte de la statue.

La statue fut installée dans la petite chapelle de l’hôpital et la dévotion envers elle fut d’abord assez modeste et discrète.
Mais dans la deuxième moitié de ce XVIème siècle, marqué par les terribles guerres civiles dites de religion, quelques faits prodigieux attirèrent l’attention sur la statue et entraînèrent le développement  de son culte.

- En 1562, une première intervention fut jugée miraculeuse : une bande de pillards huguenots fut mise en déroute par une lueur aveuglante.

- En 1577, une épidémie de peste (qui aurait fait quelque 1200 victimes dans la contrée) fut éradiquée par le recours à Notre-Dame.

- En 1586, la peste encore s’abattit sur la région. Des étudiants en médecine appelés pour combattre l’épidémie ne trouvèrent rien de mieux que de nettoyer la ville par le feu : Pradelles fut livrée aux flammes!
Un seul quartier fut inexplicablement épargné, celui de la basse ville, autour du sanctuaire de la Madone. On vit là un signe manifeste de la protection de Marie.

- Deux ans plus tard, en mars 1588, Pradelles fut menacée par les troupes d’un chef huguenot réputé pour sa cruauté et ses exactions, Jacques de Chambaud (+ 1600).
A l’aube du 10 mars 1588, les redoutables soldats de Chambaud réussirent à faire sauter l’une des portes de la cité et ils criaient déjà « ville prise! », lorsqu’une femme, Jeanne La Verde dite la Verdette, leur répondit en patois : « pancaro! » (pas encore) en faisant tomber une énorme pierre du haut des remparts.
Cette pierre tomba sur le casque de Chambaud et, si elle ne le tua pas, elle le blessa néanmoins : les huguenots paniqués s’enfuirent et la ville fut sauvée.
Les Pradelains attribuèrent ce sauvetage, outre au courage de l’héroïne, à la protection de Notre-Dame.
A partir de ce jour, furent fondées une sainte messe d’action de grâces et une procession au jour anniversaire de cette délivrance : j’ignore si elles sont toujours célébrées en ce temps, mais j’ai vu, dans mes lectures, qu’elles l’étaient encore au début des « années 70  » du XXème siècle.

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Porte de la Verdette où Jacques de Chambaud fut mis en déroute par le courage de Jeanne La Verde
(cliquer sur la photo pour la voir en grand)

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Plaque et bas-relief commémoratifs du haut-fait de Jeanne La Verde, dite la Verdette
(cliquer pour voir en plus grand format) 

En 1610, les dominicains fondèrent une communauté à Pradelles et reçurent la charge de la chapelle de Notre-Dame : celle-ci étant petite et vétuste, il fut décidé qu’on la reconstruirait.
La première pierre fut posée le 8 mai 1613 et sans doute fut elle ouverte au culte au cours de l’année 1614.

Tout au long des XVIIème et XVIIIème siècles on a recueilli de nombreux témoignages de grâces extraordinaires, physiques et spirituelles, reçues par l’intercession de Notre-Dame de Pradelles.

L’un des miracles les plus certains obtenus grâce à l’intercession de Notre-Dame de Pradelles fut la guérison de la Bienheureuse Marie Rivier (1768-1838), qui fondera la congrégation des Soeurs de la Présentation de Marie en pleine tourmente révolutionnaire.
La petite Marie, née en 1768 à Montpezat, avait été, à l’âge d’un an et demi, victime d’une chute qui l’avait laissée infirme mais dont elle avait été miraculeusement guérie.
En 1777, dans sa neuvième année, elle se retrouva à nouveau gravement handicapée à la suite d’une seconde chute, et elle ne pouvait plus se déplacer sans deux lourdes béquilles.
La mère de la future bienheureuse résolut de faire sur la jambe de la jeune infirme des onctions avec de l’huile prélevée dans la lampe qui brûlait jour et nuit devant la statue de Notre-Dame de Pradelles : ces onctions quotidiennes étaient bien sûr accompagnées de ferventes prières. Elles furent pratiquées pendant une quinzaine de jours…
Le 15 août, sur les injonctions de l’un de ses oncles, Marie se leva sans ses béquilles et put marcher jusqu’à l’église.
La Bienheureuse Marie Rivier gardera toute sa vie une très grande confiance en l’intercession de Notre-Dame de Pradelles et, en plus d’une circonstance difficile, elle viendra à pied pour la supplier et lui recommander ses intentions.

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La Bienheureuse Marie Rivier, fondatrice des Soeurs de la Présentation de Marie,
miraculée de Notre-Dame de Pradelles. 

Les horreurs sacrilèges de la grande révolution n’épargnèrent pas Pradelles.
Le 27 juin 1793, les terroristes révolutionnaires voulurent faire un grand bûcher avec les « hochets du fanatisme et de la superstition ». Entendez par là les objets du culte et de la dévotion catholiques.
Ils arrachèrent la statue miraculeuse de la Madone à son autel et la jetèrent dans le brasier qu’ils avaient allumé sur la place.
Mais avant qu’elle n’ait pu être entièrement consummée, un homme plein de foi et de courage l’arracha aux flammes et s’enfuit en courant.
Sur l’un des murs du sanctuaire, un tableau (malheureusement très abîmé) perpétue le souvenir de ce sauvetage héroïque.

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27 juin 1793 : la statue miraculeuse de Notre-Dame de Pradelles est sauvée des flammes par un fidèle héroïque
(cliquer sur l’image pour la voir en plus grand) 

La statue de Notre-Dame de Pradelles, quoique gravement endommagée, était sauvée. Elle fut pieusement conservée dans la clandestinité jusqu’en 1802.
Grossièrement restaurée, elle fut d’abord placée dans l’église paroissiale, puis – dès qu’elle put être rendue au culte – dans sa chapelle de la basse ville… où elle est toujours.

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Sur le cliché ci-dessus, vous pouvez voir la statue de Notre-Dame de Pradelles telle qu’elle avait été rendue au culte après une réparation maladroite effectuée pendant le temps de la révolution où elle avait été gardée dans la clandestinité : cela avait consisté en fait à scier les parties brûlées par le bûcher de 1793 et à les remplacer par des pièces de pin plus ou moins bien ajustées aux parties préservées.

En 2001-2002 une restauration complète et sérieuse, rendue indispensable en raison de la grande vétusté de la vénérable statue a été menée à bien.
Voici la même Madone que ci-dessus, maintenant restaurée mais qu’il n’est plus permis de manipuler car elle reste très fragile :

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En outre il en a été réalisé une copie qui restitue les parties manquantes. C’est celle qui est habituellement exposée sur l’autel de la chapelle.
Cette restitution permet de comprendre que la statue originelle avait toutes les caractéristiques de ces antiques Vierges en majesté (certains historiens émettent même l’hypothèse que cela ait pu être une « Vierge Noire » à l’origine) que l’on trouve en si grand nombre en Auvergne et dans les provinces avoisinantes : Rouergue, Gévaudan, Vivarais, Velay, Forez, Lyonnais et Bourgogne…
Voici la photo qui a été prise par Frère Maximilien-Marie le 15 août dernier :

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Il existe une autre copie, un peu plus ancienne et beaucoup moins précise.
En réalité, seules les têtes de la Vierge et de l’Enfant y sont véritablement sculptées ; le corps de la statue est seulement ébauché parce que, en fait, elle a été réalisée pour ne paraître que recouverte de riches robes et parures.
C’est celle que l’on aperçoit ci-dessous, à droite dans le sanctuaire de la chapelle, prête à être portée dans la procession du 15 août :

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La statue miraculeuse de Notre-Dame de Pradelles a été solennellement couronnée le 18 juillet 1869 au nom de Sa Sainteté le Pape Pie IX au cours de cérémonies somptueuses.

Tout au long du XIXème siècle, et encore dans la première partie du XXème siècle, le sanctuaire fut très vivant et on compte de nombreuses grâces de protection, de guérison, de cessation d’épidémies… etc., sans compter les grâces spirituelles.
En revanche, la seconde moitié du XXème siècle avec ses mutations sociales et ses errements ecclésiastiques (et bien que cette contrée garde une piété traditionnelle assez solidement enracinée) a, ici aussi, entraîné une certaine désaffection religieuse dont le sanctuaire a grandement pâti tant spirituellement que matériellement.

La chapelle de Notre-Dame de Pradelles nécessite de gros travaux de restauration. Une grosse partie a déjà pu être menée à bien grâce à la diligence et aux efforts conjoints d’une association, de l’évêché et des pouvoirs publics, mais il y a encore beaucoup à faire.
Souhaitons que cette rénovation s’accompagne d’un profond renouveau spirituel et d’une restauration du grand élan de ferveur et de piété qui a parcouru les XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles.

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Pradelles : la procession du 15 août 2012 dans les ruelles médiévales
(cliquer sur la photo pour la voir en plus grand) 

Prière traditionnelle à Notre-Dame de Pradelles :

Je vous salue, Reine de la Montagne, aimable et puissante Protectrice, Notre-Dame de Pradelles.

O Marie, Vierge pleine de bonté, de charmes et de douceur, vous avez partout droit à mes hommages, mais il m’est doux de vous les offrir dans ce Sanctuaire, aux pieds de cette image auguste et vénérée, de cette statue couronnée que vous avez rendue célèbre par tant de prodiges.

Ici, vous avez répandu vos grâces sur la région, sur la ville, sur une multitude de pèlerins qui, depuis plusieurs siècles, viennent invoquer votre secours. Vous avez béni les pécheurs, consolé les affligés. Soyez notre Mère à tous;

En récompense de toutes vos bontés, recevez l’offrande de mon pauvre coeur ; gardez-le et ne me le rendez plus. Si le monde ou les passions me le réclament, je répondrai : Mon coeur n’est plus à moi, mon coeur est à Marie!

Lorsque viendra l’heure du dernier combat, soyez à mes côtés ; venez, ô tendre Mère, recueillir le dernier soupir de votre enfant.

Ainsi soit-il! 

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Photo ancienne de Notre-Dame de Pradelles avec sa robe d’apparat
(cliquer sur la photo pour la voir en plus grand) 

2012-44. Simples réflexions à propos du 10 août.

Vendredi 10 août 2012.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

     La date du 10 août est particulièrement riche en célébrations et commémorations.
Sans prétendre, ni même vouloir, tout épuiser, je m’autorise à vous rejoindre pour partager avec vous quelques réflexions qui me sont venues aujourd’hui à partir de mes lectures et des échanges que j’ai eus avec mon papa-moine.

A – De la fête de Saint Laurent et de la cohérence des fidèles.

   Au calendrier liturgique, nous fêtons aujourd’hui Saint Laurent, proto-diacre et martyr.
C’est même l’un des plus célèbres martyrs de Rome : il est d’ailleurs devenu l’un des célestes protecteurs de la Ville Eternelle, et la basilique qui a été élevée sur son tombeau est au nombre des « sept basiliques » auxquelles les pèlerins se rendent traditionnellement.

Le martyre de Saint Laurent, Pierre de Cortone - 1626

Le martyre de Saint Laurent (Pierre de Cortone – 1626)

   Je ne peux résister à la tentation de vous recopier quelques phrases d’un sermon que notre glorieux Père Saint Augustin a consacré à Saint Laurent :
   « C’est aujourd’hui, à Rome, un grand jour de fête, que célèbre une grande affluence de peuple. Unissons-nous à ce peuple : absents de corps, soyons néanmoins par l’esprit avec nos frères, en un même corps, et sous un même chef. La mémoire de ses mérites ne se borne point, pour notre martyr, à la terre où est le sépulcre de son corps. Partout on lui doit un saint respect. La chair n’occupe qu’un seul endroit, mais l’âme victorieuse est avec Celui qui est partout.
(…) L’Eglise, a établi ces anniversaires des glorieux martyrs, afin d’amener par la foi à les imiter, ceux qui ne les ont point vus souffrir, de les stimuler par ces solennités (…). A chaque solennité d’un martyr, préparons notre coeur à le fêter, de manière à n’être jamais sans l’imiter.
C’était un homme, et nous sommes des hommes. Celui qui l’a créé nous a créés aussi ; et nous sommes rachetés au même prix qu’il a été racheté. Nul homme chrétien dès lors ne saurait dire : Pourquoi moi? Encore moins, doit-il dire : Pour moi non. Mais bien : Pourquoi pas moi ? (…)
Dès lors, mes frères bien-aimés, puisque jamais nous ne sommes sans persécution, comme nous l’avons dit, et que le diable, ou nous tend des embûches, ou nous fait violence, nous devons être toujours prêts, ayant le coeur fixé en Dieu, et autant qu’il nous est possible, au milieu de ces embarras, de ces tribulations, de ces épreuves, demander la force au Seigneur, puisque de nous-mêmes nous sommes si faibles, nous ne pouvons rien (…) » (Saint Augustin, homélie pour la fête de Saint Laurent)

   En un temps où, très spécialement en France, l’anti-christianisme se fait de plus en plus agressif, la célébration des fêtes des martyrs ne doit-elle pas nous stimuler et nous encourager ?
L’Apôtre Saint Paul ne s’adressait pas qu’aux chrétiens de Rome du premier siècle lorsqu’il leur écrivait : « Nolite conformare huic saeculo : ne vous conformez pas à ce monde, mais réformez-vous par le renouvellement de votre esprit, afin que vous reconnaissiez combien la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite » (Rom. XII, 2).

   Aujourd’hui, par tous les moyens, de multiples et incessantes pressions sont faites pour que les chrétiens en prennent à leur aise avec la loi divine – qui n’est rien d’autre que la pratique cohérente du véritable amour – , réinterprètent les commandements de Dieu et de Son Eglise, renoncent aux exigences de la sainteté et se calquent sur des modes comportementales qui ne sont rien d’autre que l’immoralité institutionnalisée…

   J’ai alors repensé à ce qu’écrivait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face :
« …si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Evangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… » (manuscrit B).
Et je me suis demandé : parmi tous ceux qui se déclarent chrétiens, aujourd’hui, en France, combien sont prêts à répandre leur sang pour défendre la loi morale, comme le fit Saint Jean-Baptiste ? combien sont prêts à payer de leur vie leur attachement à Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme, comme le fit Saint Etienne ? combien sont prêts à défendre toutes les Vérités révélées par Dieu et transmises infailliblement par Son Eglise, quoi qu’il puisse leur en coûter, comme le fit Saint Laurent ? combien sont prêts à se laisser torturer et mettre en pièces plutôt que d’abandonner un seul point du dogme, comme l’a fait la « foule immense que nul ne pouvait dénombrer » des fidèles mis à mort par les païens, par les hérétiques, par les mahométans, par les huguenots, par les révolutionnaires, par les marxistes et par les socialistes, par les athées et par les satanistes ?
La charité, capable d’aller jusqu’au bout du plus extrême don de soi, et la cohérence la plus rigoureuse de son comportement avec ce que l’on professe des lèvres ne font-elles pas cruellement défaut même dans les rangs des fidèles ? L’Amour, l’Amour vrai dont parlait Sainte Thérèse, n’est-il pas éteint ? L’Amour est-il encore aimé, vraiment aimé, aimé avec cette cohérence qui embrasse chaque détail de la vie ?

  J’ai lu dans « la Croix » – pardonnez-moi de citer un mauvais journal (« Lire ‘la Croix’, quelle croix ! » s’était un jour écrié le génial André Frossard) – le compte-rendu d’un sondage publié hier par « la Vie » (nul n’ignore que cet hebdomadaire n’est plus catholique depuis belle lurette), selon lequel seulement 56% des « catholiques pratiquants » croiraient en une vie après la mort, et seulement deux tiers d’entre eux adhèreraient aux dogmes les plus essentiels du christianisme (dont – excusez du peu – la création du monde par Dieu et la résurrection de N.S.J.C. !).
Sans doute conviendrait-il de définir ce qu’est pour « la Vie » un « catholique pratiquant » : à mon avis ce ne doit pas être quelqu’un qui va à la Messe tous les dimanches et fêtes d’obligation, qui prie quotidiennement, qui observe les commandements de Dieu et de l’Eglise, qui se confesse régulièrement, qui est attentif aux jours de pénitence et de jeûne, qui obéit au Pape… mais, bref, passons là-dessus pour en venir à cette conclusion : comment voulez-vous que ces prétendus catholiques soient capables de résister en face de la plus simple contradiction, des vexations de l’anti-christianisme militant, voire de la persécution – qu’elle soit psychologique ou physique – ?

   Sans doute voyons-nous ici les résultats de plus de cinquante ans de catéchèse et de prédication indigentes, rendues stériles par le modernisme et le relativisme des pasteurs eux-mêmes.
Une fois de plus, je n’hésite pas à l’écrire : il vaudrait certainement bien mieux que ces pseudo-catholiques, fussent-ils prêtres ou même évêques, quittent carrément l’Eglise et – si ça leur chante – fondent leurs petites sectes modernichonnes (et de toute façon sans avenir) plutôt que de continuer à affaiblir et polluer la véritable Eglise du Christ !

Triumphal Arch Mosaic

Rome, basilique de Saint-Laurent-hors-les-murs, mosaïque de l’arc triomphal :
Le Christ en gloire entouré des saints Apôtres Pierre et Paul, des saints diacres martyrs Laurent et Etienne, et de Saint Hippolyte .

B – Lacrymosa dies illa : 10 août 1792.

     Mais la joie spirituelle de la fête de l’un des plus glorieux martyrs de la Sainte Eglise est chaque année assombrie par l’anniversaire de la prise du palais des Tuileries, le 10 août 1792.
Cette date marque la chute de la royauté française. Et même si elle n’en est pas vraiment le début (voir par exemple ce que j’ai publié > ici), elle va entraîner un déchaînement de violences inouïes, être suivie par une quantité incroyables d’actes de vandalisme et de barbarie, une débauche de sacrilèges et de profanations, un invraisemblable déferlement de haine et de cruauté que personne n’eût pu imaginer dans un Royaume qui passait pour le plus chrétien d’Europe et le plus raffiné dans sa civilisation !

   J’avais publié l’année dernière le témoignage de Pauline de Tourzel sur la prise des Tuileries (cf. > ici).
Avec Frère Maximilien-Marie, nous avons lu ce matin la relation qui en a été faite par le colonel de Pfyffer d’Altischoffen (voir > ici).

Nous avons pleuré d’émotion et d’indignation à ce récit qui montre le courage et la fidélité sans faille des Gardes Suisses et des derniers défenseurs de la famille royale, mais aussi la bassesse et la félonie de ceux qui prétendaient agir pour la liberté, l’égalité et la fraternité, et qui ne furent en réalité que les instruments de la régression de la France.

10 août 1792 - les corps des Suisses outragés et brûlés

Après la prise du palais, les corps des Suisses sont défenestrés, dénudés, mutilés, brûlés…

   Frère Maximilien-Marie m’a dit (et j’adhère moi-même totalement à ses paroles) :
« Plus que jamais, plus fort que jamais, plus profondément et plus résolument que jamais, je déteste, je hais et j’exècre la révolution !
C’est en raison de l’amour que j’ai pour Dieu et pour Ses saintes lois, en raison de l’amour que je porte à la France telle que Dieu la veut, que je me suis voué et consacré à combattre la révolution : avec la grâce de Dieu, je la combattrai jusqu’à mon dernier souffle sur cette terre, et je la combattrai encore au-delà de ma mort… »

   A ceux qui s’étonneraient de lire que le verbe haïr est dans la bouche d’un religieux, il convient de préciser que si justement un moine est fait pour aimer – aimer selon Dieu s’entend -, cet amour exige nécessairement de repousser avec la dernière énergie tout ce qui est contraire à l’amour divin, de lutter contre tout ce qui s’oppose à cet amour, et de haïr tout ce qui tend à la destruction du règne d’amour du Coeur de Jésus.
Or la révolution n’est rien d’autre qu’une entreprise satanique, une manifestation de l’antéchrist, une tentative de faire échec aux desseins du Sacré-Coeur.

2012-44. Simples réflexions à propos du 10 août. dans Chronique de Lully fragement-drapeau-gardes-suisses-ramassé-aux-Tuileries-par-Cléry-Carnavalet-300x225

Lys d’un drapeau des Gardes Suisses qui fut ramassé par Cléry aux Tuileries
(Paris – musée Carnavalet) 

C - In memoriam : 10 août 1982.

     D’une manière très personnelle, ce 10 août marque cette année le trentième anniversaire du rappel à Dieu de la grand’mère paternelle de Frère Maximilien-Marie.
C’est par elle que notre Frère a des racines dans ce pays des Boutières où notre Mesnil-Marie est implanté.

   Frère Maximilien-Marie m’a raconté que sa grand’mère avait demandé que le vieux cantique populaire « J’irai la voir un jour » fût chanté à ses funérailles.
En ce temps là, Monsieur l’archiprêtre de Saint-Martin de Valamas était l’un de ces bons prêtres qui avait gardé la foi, qui aimait Notre-Dame, dont le coeur cherchait à se modeler sur Celui du Bon Pasteur : il ne s’était, bien évidemment, pas opposé aux dernières volontés de la défunte, qui avait également précisé qu’elle voulait que l’on chantât la Messe des morts, c’est-à-dire les pièces grégoriennes de la liturgie des défunts.

   Trente ans après, la paroisse de Saint-Martin de Valamas a été supprimée (dissoute dans une « paroisse » qui couvre le territoire de deux cantons) et il n’y a évidemment plus d’archiprêtre ; le prieuré – magnifique presbytère du XVIe siècle – est inoccupé ; la plupart des fidèles meurt sans le secours des sacrements ; aux messes d’enterrement – quand il y a encore une messe – on n’offre pas des suffrages pour les défunts (et on ne parle pas du purgatoire bien sûr) , mais on vient faire un geste de solidarité envers une famille en deuil ; enfin il est interdit aux prêtres d’accompagner la dépouille du défunt au cimetière, d’y bénir la tombe et d’y diriger les ultimes recommandations de l’âme !!!

   Frère Maximilien-Marie a prévu d’être inhumé, normalement, dans la concession familiale où sa place est prête, au cimetière de Saint-Martin de Valamas.
Mais il est bien évidemment hors de question d’avoir à ses funérailles autre chose qu’une Sainte Messe de Requiem selon le rite latin traditionnel, et qui soit en outre célébrée par un prêtre vraiment catholique officiant habituellement avec cette liturgie.
Avec de telles exigences, notre Frère n’est pas certain qu’ « on » lui ouvre les portes de l’église de Saint-Martin de Valamas… du moins dans l’état actuel des choses.

   Mais ce n’est pas irréversible car – grâces en soient à Dieu! – Frère Maximilien-Marie se porte plutôt bien et, sauf accident, il bénéficie d’une espérance de vie plus importante que les opposants à la liturgie traditionnelle que seulement quelques années séparent de la retraite : nous le savons bien, une partie de la crise moderniste sera résolue de manière biologique !

   N’allez pas croire que mes pensées de ce soir sont morbides : finalement, la mort n’est un drame que pour ceux qui sont en dehors de la grâce de Notre-Seigneur et qui n’ont point d’espérance.
A quelques jours de la fête de l’Assomption, nous regardons plus que jamais avec ferveur vers le Ciel et vers l’Eternité qui nous est promise, et notre coeur chante avec une tendresse émue : 

J’irai la voir un jour, au Ciel dans ma Patrie :
Oui, j’irai voir Marie, ma joie et mon amour ;
Au Ciel, au Ciel, au Ciel, j’irai la voir un jour ! 

patteschats 10 août dans Commentaires d'actualité & humeursLully.                

Hugo van der Goes - dormition de Notre-Dame

Hugo van der Goes : la dormition de la Vierge

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