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2014-59. Mandement par lequel le Prince-évêque de Liège Robert de Thourotte institua la Fête-Dieu dans son diocèse en 1246.

       En complément de la biographie de Sainte Julienne du Mont-Cornillon et de l’histoire de l’institution, à Liège, de la première fête du Très Saint-Sacrement (cf. > ici), il m’a semblé intéressant de mettre à la disposition de mes fidèles lecteurs le texte complet du décret par lequel le Prince-évêque Robert de Thourotte institua la Fête-Dieu dans son diocèse.
Selon plusieurs historiens, à la demande de Robert de Thourotte, ce serait Jacques Pantaléon - son archidiacre et futur pape Urbain IV – qui aurait préparé le texte de ce mandement.

On remarquera avec le plus grand intérêt que ce mandement assigne à cette fête du Très Saint-Sacrement un caractère réparateur certain : il y a même une étonnante parenté de termes avec ceux que Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même emploiera en s’adressant à Sainte Marguerite-Marie, lorsqu’Il lui demandera d’œuvrer pour faire instituer la fête du Sacré-Cœur, quatre-cent-vingt-et-un ans plus tard (voir > ici).

Enfin, je me permettrai de déplorer que les évêques de notre malheureuse époque ne sachent plus écrire de semblables textes, tant par leur teneur spirituelle et doctrinale que par la forme, tout à la fois élégante et sobre de ce décret…

Lully.  

Image commémorative du 7e centenaire de la première Fête-Dieu - Liège 1946

Image commémorative éditée à Liège en 1946
pour commémorer les célébrations du
septième centenaire de la première Fête-Dieu.

       « Robert, par la grâce de Dieu évêque de Liège, à nos chers fils en Jésus-Christ, les abbés, prieurs, doyens, prêtres et autres ecclésiastiques, salut et plénitude de grâces.

   Entre plusieurs merveilles que le Seigneur notre Dieu, toujours adorable dans les oeuvres qu’Il a opérées, celle qui est au dessus de toutes, et qui, par sa sublimité mérite le plus notre admiration, est le sacrement ineffable de Son Sacré Corps. C’est là qu’Il se donne Lui-même en nourriture et qu’Il nous a laissé un mémorial précieux de Sa Passion, autant que de l’amour infini qu’Il nous porte. David, le roi-prophète, entré dans l’abîme des secrets divins, nous en a félicités longtemps auparavant par ces paroles : « Dieu infiniment bon et miséricordieux a éternisé le souvenir de Ses merveilles, Il S’est donné en nourriture à ceux qui Le craignent ».
Et si Dieu Lui-même, qui n’oubliera pas dans toute l’éternité les merveilles de Sa toute-puissance, a fait annoncer celle-ci avant son institution et si, après l’avoir saintement établie, Il S’en est encore souvenu en disant : « Toutes les fois que vous ferez ceci, faites-le en mémoire de Moi » peut-on trouver répréhensible que nous statuions, pour confondre la perversité des hérétiques, qu’outre la mémoire que l’on fait quotidiennement à la messe, on rappelle une fois par an, à tous les fidèles, le mémorial précieux de ce véritable et ineffable sacrement par une fête spéciale et plus solennelle.

   Nous croyons d’autant plus digne, plus juste, plus équitable et plus salutaire de l’ordonner ainsi, que nous voyons l’Eglise assigner aux saints qu’elle invoque journellement dans les litanies, les messes et les oraisons, une fête à certain jour de l’année ; n’est-il donc pas très juste que le Saint des saints, la Source de toute douceur, ait sur la terre une solennité consacrée à Lui rendre de spéciales actions de grâces, comme au Seigneur notre Dieu, qui, par un effet de Sa charité très pure, immense, inénarrable, descend chaque jour sur nos autels ? C’est dans cette représentation admirable qu’Il ne cesse et ne cessera d’accomplir Sa promesse : « Et voici que Je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles », en souvenir de cette autre parole : « Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes ».
Dans cette solennité on pourra avec soin et dévotion suppléer aux manquements, irrévérences et omissions que l’on commet journellement, par imprudence et manque de zèle, dans la célébration de cet adorable Mystère. Et qui révoquerait en doute que cette fête ne tende à la gloire de Dieu, à l’accroissement de la Foi, de l’Espérance, de la Charité et des autres vertus, ainsi qu’au profit des élus de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?

   Désirant donc faire jouir de ces avantages le troupeau confié à nos soins, exciter la faiblesse humaine à rendre au Seigneur les actions de grâces qui Lui sont dues, nous statuons et ordonnons que chaque année, le jeudi après l’octave de la Sainte Trinité (*), vous observiez la fête solennelle du Très Saint-Sacrement et que vous récitiez son Office de neuf leçons : les répons, versets et antiennes propres dont nous enverrons copie.

   Cette fête sera chômée invariablement et gardée à perpétuité, au jour désigné, dans toutes les églises de notre diocèse de Liège ; on s’y abstiendra de toute oeuvre servile comme au jour du dimanche. En outre, vous avertirez chaque année vos sujets de jeûner dévotement la veille, pour obtenir la rémission de leurs péchés ; vous les exhorterez à s’y préparer par la prière, l’aumône et autres bonnes oeuvres, afin de se rendre dignes de participer aux Saints Mystères. Toutefois, nous ne faisons pas de cette communion un acte d’obligation, mais seulement de conseil.

   Nous espérons qu’en vue de cette fête, dieu et Jésus-Christ Son Fils Se laisseront fléchir par les sacrifices d’expiation et qu’Ils daigneront ouvrir les trésors de Leur clémence au monde entier menacé d’un prochain naufrage.

   Vous prendrez copie des présentes lettres et les garderez fidèlement.
Donné l’an du Seigneur 1246. »

(*) Voir la note 1 en bas de texte > ici

Armoiries de Robert de Thourotte, prévot de Liège, évêque-duc de Langres & pair de france puis prince-évêque de Liège

Armoiries de Robert de Thourotte :
d’abord prévôt de Liège, puis Evêque-duc de Langres et pair de France,
enfin Prince-évêque de Liège (+ 16 octobre 1254).

à suivre :
- le miracle de Bolsena > ici
- l’institution de la Fête-Dieu par Urbain IV et Jean XXII > ici

2014-58. De Sainte Julienne du Mont-Cornillon et de l’institution de la Fête-Dieu.

Sainte Julienne du Mont-Cornillon

A – Origines et formation de Sainte Julienne :

   Julienne, aujourd’hui connue comme Sainte Julienne du Mont-Cornillonparfois aussi Sainte Julienne de Cornillon – , est née dans les dernières années du XIIe siècle (certains auteurs avancent la date de 1193, mais en réalité il n’existe pas de certitude absolue sur la date, compte-tenu de l’absence de documents anciens précis).
Ses parents étaient des cultivateurs aisés du village de Retinne, près de Liège. Orpheline à l’âge de cinq ans, avec sa sœur Agnès, d’un an son aînée, elle est confiée aux religieuses du Mont-Cornillon, et tout particulièrement à la garde quasi maternelle de l’une d’entre elles : Sœur Sapience.

   La communauté du Mont-Cornillon existait antérieurement à 1176. Même si nous manquons de détails sur un certain nombre de points particuliers concernant cette communauté, nous pouvons déduire de plusieurs éléments épars qu’il s’agissait de religieuses hospitalières se rattachant à la Règle de Saint Augustin.
Pour être précis (et cela éclairera plusieurs événements dont nous parlerons plus loin), il y avait même en réalité quatre communautés, distinctes par les bâtiments, mais regroupées au même lieu, au pied de la colline de Cornillon : une communauté d’hommes sains, une communauté d’hommes malades, une communauté de femmes saines et une communauté de femmes malades : les hommes sains au service des hommes malades, et les femmes saines au service des femmes malades.
Le terme de léproserie parfois utilisé ne signifie pas que tous les malades étaient atteints de la lèpre, au sens précis que nous donnons aujourd’hui à ce mot : si certaines traditions rattachent l’origine de cette fondation à certains chevaliers liégeois revenus des croisades porteurs de la lèpre, très rapidement d’autres malades y furent reçus. Toutefois, ce n’étaient pas tous les malades qui étaient admis à Cornillon : c’était un privilège réservé à ceux qui avaient été baptisés dans trois paroisses précises du centre de Liège (les autres étaient reçus dans d’autres institutions).
La léproserie dépendait en bonne partie de l’administration municipale pour le temporel, et de l’autorité du Prince-évêque pour le spirituel.

Ces quatre communautés étaient sous l’autorité d’un prieur et d’une prieure élus parmi les membres sains ; tous – sains et malades – étaient engagés au célibat, à la communauté des biens et à une vie de prière. Le nombre des religieuses était, semble-t-il, inférieur à dix.

   La communauté possédait une grande propriété dénommée « La Boverie » dont l’exploitation assurait une part de la subsistance : c’est dans cette propriété, que dirigeait Sœur Sapience, que la jeune Julienne et sa sœur Agnès furent reçues et élevées.
Ce fut d’ailleurs une éducation de qualité, même si elles participaient également aux travaux de la ferme : Julienne apprit le latin et lisait couramment les Pères de l’Eglise, spécialement les oeuvres de Saint Augustin et les sermons de Saint Bernard, particulièrement ceux commentant le Cantique des cantiques dont elle faisait ses délices (ses biographes assurent qu’elle en connaissait un bon nombre par coeur).

Liège le Mont Cornillon et les 4 couvents de la maladrerie en 1649

Liège, le Mont Cornillon tel qu’il apparaît sur une carte de 1649 :
le mont lui-même (à droite) est couronné par les bâtiments de la Chartreuse,
à ses pieds, on distingue les « quatre couvents de Cornillon », dits aussi léproserie.

B – Julienne prend le voile ; vision de la lune :

   Vers sa quatorzième année, Julienne demanda à devenir religieuse à Cornillon : Sœur Sapience avait été élue prieure, et on devine qu’elle fut heureuse de donner le voile à celle dont elle avait été la seconde mère.
La dévotion de Sœur Julienne envers la sainte Eucharistie était particulièrement ardente, aussi passait-elle le maximum du temps libre que lui laissaient les exercices communautaires, les taches conventuelles et le soin des malades, en adoration auprès du saint tabernacle.

   En 1208 ou 1209, Sœur Julienne, âgée d’environ seize ans et ayant déjà fait profession, fut favorisée d’une vision dont elle ne comprit pas la signification : elle vit « la lune en sa splendeur, avec quelque fracture ou défect en sa rondeur corporelle » comme il est écrit dans l’un des plus anciens textes.
La manière de représenter cette vision n’est pas unanime : sur les gravures les plus anciennes ont voit la lune avec une espèce d’échancrure ou de tache, tandis que sur les plus récentes les artistes ont plutôt figuré une barre obscure qui la traverse dans tout son diamètre. Mais ce n’est pas là l’essentiel en définitive.
Sœur Julienne, pensant tout d’abord que son imagination lui jouait des tours ou qu’il s’agissait d’une tentation s’efforça de n’y pas attacher d’importance ; mais la vision se renouvela si souvent qu’elle finit par être inquiète et qu’elle s’en ouvrit à Mère Sapience.
La prieure, tout aussi perplexe que son ancienne élève mais convaincue par les vertus dont elle était le témoin qu’il ne s’agissait ni d’exaltation conséquente à un déséquilibre psychologique ni d’obsession diabolique, demanda les lumières d’autres religieuses vertueuses et sages, ainsi que d’ecclésiastiques renommés pour leur science et leur piété, mais nul ne put donner la plus petite explication à ce mystérieux symbole.

   Bien qu’elle s’efforçât de n’en pas tenir compte – selon les conseils qui lui étaient donnés – , la vision continua de s’imposer à Sœur Julienne, particulièrement dans les temps d’oraison ; et il en fut ainsi pendant deux années.
Deux années de perplexité et de troubles, deux années d’inquiétude où elle-même et les personnes de confiance qui avaient été mises dans le secret, suppliaient Dieu soit de faire cesser la vision soit d’en donner le sens…

   C’est probablement dans le courant de l’année 1210 que l’épreuve prit fin. Au cours d’une extase, Sœur Julienne entendit une voix lui révéler l’explication de sa vision :
« Le globe de la lune figurait l’Eglise militante et l’opacité, cachant une partie de sa clarté, signifiait qu’il y avait une ombre dans le cycle liturgique, parce qu’il y manquait une fête : celle du Saint Sacrement. Le Jeudi Saint, il est vrai, est destiné à célébrer l’institution de la divine Eucharistie, cependant en ce jour l’attention est partagée entre la Passion du Sauveur et le Dieu vivant du tabernacle. La Providence voulait une fête triomphale pour le plus grand des sacrements. Ce jour devait être uniquement consacré à honorer la Présence réelle de Jésus-Christ dans l’Hostie pour les raisons suivantes : Fortifier la foi affaiblie par les hérésies et la prémunir contre de nouvelles atteintes dans les siècles futurs ; ranimer le courage des croyants, afin qu’ils puisent dans cette source de vie des forces nouvelles pour avancer dans la vertu ; réparer par une adoration profonde, sincère et publique les négligences, froideurs, indifférences dans la célébration des messes quotidiennes » (Lambert de Ruyte, recteur de Cornillon, in « Histoire mémorable de Sainte Julienne, vierge, jadis prieure de la maison de Cornillon », publié en 1598 – cet ouvrage traduit la Vita Julianae du  XIIIe s. qu’il trouva dans les archives du monastère);

   Si Sœur Julienne se réjouit de ce que le sens de sa vision lui était enfin explicité, et aussi parce que cela lui permettait d’entrevoir une plus grande glorification du Très Saint Sacrement, elle fut toutefois effrayée d’entendre que l’institution de cette solennité devait se réaliser par son entremise.
A partir de ce moment-là, elle se renferma dans le silence et, continuant avec exemplarité sa vie religieuse et ses soins aux malades, elle suppliait Dieu de choisir une personne plus influente et sainte pour cette mission.

Vision symbolique de Sainte Julienne du Mont-Cornillon

Vision symbolique de Sainte Julienne du Mont-Cornillon
(sur cette représentation la lune est représentée échancrée).

C – Julienne prieure de Cornillon ; son amitié spirituelle avec Eve de Saint-Martin et Isabelle de Huy :

   En 1222, à la mort de Mère Sapience, Sœur Julienne fut élue prieure ; elle était alors âgée d’une trentaine d’années.
En tant que prieure, elle eut à subir de nombreux tourments, certains du fait des religieuses les moins ferventes de sa propre communauté, d’autres dus à des bourgeois de Liège qui souhaitaient augmenter leur pouvoir sur la léproserie et en accaparer les charges.
Dans le même temps, elle était favorisée de dons spirituels précieux : connaissance de faits passés et présents qu’elle ne pouvait connaître de manière naturelle, lecture dans les consciences et les coeurs, don de prophétie… etc.

   Mère Julienne aida une jeune fille de Liège prénommée Eve, qui était sa cadette d’environ douze ans, à reconnaître la vocation particulière à laquelle Dieu l’appelait et la soutint dans son accomplissement : Eve, en effet, était appelée par Dieu à vivre comme recluse (cf. > ici).

   Les recluses, lorsque leur vocation avait été authentifiée par l’Eglise, étaient emmurées dans une maisonnette attenante à une église – paroissiale ou monastique – : une petite fenêtre s’ouvrait sur le sanctuaire et leur permettait de voir le saint tabernacle ; une autre, garnie d’une grille doublée d’un rideau, donnait sur un petit parloir dans lequel se tenaient leurs visiteurs. Cette maisonnette pouvait avoir un étage, elle possédait presque toujours un jardinet entouré de murs hauts et épais.
La vie des recluses était austère ; aux trois voeux habituels de pauvreté, chasteté et obéissance, elles ajoutaient celui de perpétuelle clôture, sous peine d’excommunication : elles ne pouvaient sortir qu’en cas de grand péril (un incendie par exemple) ou si un supérieur religieux leur en intimait l’ordre estimant que le bien général le demandait ; les visites étaient soumises à l’autorisation de l’évêque ou de son représentant ; le jeûne et l’abstinence étaient perpétuels, sauf en cas de maladie ; elles s’imposaient de grandes macérations et vivaient en partie d’aumônes, en partie du fruit de leur travail qui consistait souvent à entretenir le linge et les ornements d’église, à broder et à coudre, parfois à recopier des manuscrits… etc. ; une personne extérieure était chargée de leur apporter les travaux à faire, puis de les reprendre, d’en retirer le salaire avec lequel elle leur achetait ce qui était nécessaire à leur subsistance, et de distribuer le surplus aux nécessiteux.
Tel était donc le genre de vie auquel Notre-Seigneur appelait Eve, qui entra en réclusion auprès de la collégiale Saint-Martin de Liège, d’où le nom de Eve de Saint-Martin qui lui fut donné depuis lors.
Mère Julienne et Eve furent désormais liées par une profonde amitié spirituelle.
Mère Julienne reçut également dans la communauté des Augustines de Cornillon une jeune fille déjà favorisée de grâces de choix : Isabelle de Huy, avec laquelle s’établit aussi une relation de grande confiance.

   Julienne continuait à voir de manière insistante la lune assombrie pendant ses temps d’oraison et, dans son humilité, s’obstinait à demander à Dieu de mandater une personne plus digne qu’elle pour s’adresser aux autorités ecclésiastiques afin d’en obtenir l’institution de la fête du Très Saint-Sacrement.
Enfin, en 1230 – c’est-à-dire alors que la vision s’imposait à elle depuis vingt ans ! – Mère Julienne, tourmentée, s’ouvrit à Eve de Saint-Martin et à Soeur Isabelle de Huy.
Ces dernières la pressèrent et la convainquirent de parler à l’un des chanoines de la collégiale Saint-Martin, Jean de Lausanne, prêtre aussi fervent qu’il était savant, lequel fut conquis par l’idée d’une fête spéciale en l’honneur du Saint-Sacrement. Néanmoins, en homme prudent il demanda l’avis d’autres théologiens pieux et sages : Jacques Pantaléon de Troyes, archidiacre de Liège et futur pape Urbain IV, Hugues de Saint-Cher, provincial des dominicains et futur cardinal, Guy de Laon, évêque de Cambrai, Philippe de Grèves, chancelier de l’université de Paris, et quelques autres, qui émirent tous l’avis que non seulement rien ne s’opposait à cette fête mais qu’en outre elle semblait particulièrement propre à l’accroissement de la foi et de l’amour envers la Sainte Eucharistie.

Englebert Fisen 1690 Stes Julienne, Eve & Isabelle de Huy adorant le St Sacr. présenté par la Vierge - liège collégiale St martin

Les saintes Julienne du Mont-Cornillon, Eve de Saint-Martin et Isabelle de Huy
adorant le Saint-Sacrement qui leur est présenté par la Vierge
(tableau de Englebert Fisen -1690 – à la collégiale Saint-Martin de Liège)

D – Epreuves et première célébration de la Fête-Dieu à Saint-Martin de Liège :

   Mère Julienne confia alors à un jeune religieux de Cornillon, Frère Jean, la charge de composer un office en l’honneur du Saint-Sacrement : le travail du jeune moine consistait à extraire des Saintes Ecritures et à mettre en forme les passages les plus propres à magnifier la Sainte Eucharistie ; son travail était supervisé par Mère Julienne, et, lorsque il l’eut achevé, il fut soumis au jugement des théologiens qui le trouvèrent parfaitement élaboré. Frère Jean était lui-même convaincu que c’étaient les prières de Julienne qui lui avaient valu une inspiration et une assistance particulières dans cette composition.

   Cette préparation d’une nouvelle fête religieuse dont l’inspiration se trouverait dans les visions de la prieure de Cornillon commença alors à transpirer dans le clergé et dans le peuple de Liège, soulevant moqueries et critiques. Le dominicain Hugues de Saint-Cher intervint une première fois et, par une prédication péremptoire, apaisa pour un temps le tumulte.
De son côté, Mère Julienne entreprit un pèlerinage dans plusieurs sanctuaires afin d’obtenir l’intercession des saints en faveur de la célébration de la fête du Saint-Sacrement.

   Le calme fut de courte durée. A Cornillon, lorsque mourut le prieur de la communauté masculine, à force d’intrigues et d’argent, le moine Roger réussit à se faire élire prieur.
Mère Julienne refusa de reconnaître la validité de cette élection simoniaque. Le prieur Roger conçut alors pour elle une haine implacable et mena contre elle une cabale de calomnies, en particulier auprès des autorités municipales qui, redisons-le, avaient des droits dans l’administration du temporel de la léproserie de Cornillon.
Le prieur Roger, voulant s’emparer des chartes de la communauté des religieuses et de ses titres de propriété, suscita même une émeute telle que le monastère des Augustines fut prit d’assaut, ses portes brisées, la cellule et l’oratoire de Mère Julienne pillés… Les sœurs avaient juste eu le temps de mettre leur prieure en sécurité, et les émeutiers ne purent mettre la main ni sur elle, ni sur les chartes et les registres du monastère. 
Craignant un nouveau coup de force du prieur Roger qui ne décolérait pas, Mère Julienne, Sœur Isabelle de Huy et quelques religieuses furent contraintes pendant plusieurs mois de se cacher dans la recluserie d’Eve de Saint-Martin puis dans la demeure du chanoine Jean de Lausanne.

   Nous étions alors en 1240 : l’évêché de Liège avait connu deux longues périodes de vacance, mais à la fin de l’année l’évêque de Langres Robert de Thourotte fut promu Prince-évêque de Liège ; c’était un prélat instruit et sage, d’une conduite personnelle exemplaire qui ne transigeait pas sur l’honneur dû à Dieu et sur la dignité dont doivent faire preuve les gens d’Eglise. Lorsqu’il eut pris possession de son siège, Robert de Thourotte diligenta une enquête, instruisit un procès qui mit en évidence les torts du prieur simoniaque ; ce dernier fut donc destitué et enfermé dans un hôpital.
L’innocence et les vertus de Mère Julienne triomphaient.

   Le Prince-évêque Robert de Thourotte, convaincu de la sainteté de Julienne et qui venait souvent s’entretenir avec elle à Cornillon, craignait cependant d’instituer une fête spéciale en l’honneur du Saint-Sacrement : il tergiversa plusieurs années, jusqu’au moment où, en 1246, touché par une grâce personnelle décisive qui emporta sa pleine adhésion, il fit rédiger par son archidiacre, Jacques Pantaléon, un mandement établissant pour tout son diocèse au jeudi qui suit l’octave de la Sainte Trinité (1) une fête solennelle, impérativement chômée, précédée d’un jour de jeûne ; l’office composé par le Frère Jean de Cornillon était adopté (avec des matines à neuf leçons) (2), et les fidèles étaient encouragés à s’approcher des sacrements.
Robert de Thourotte voulait réunir un synode pour y promulguer son mandement (3), mais il tomba gravement malade à Fosses (aujourd’hui Fosses-la-Ville dans la province de Namur) : exhortant son entourage à faire célébrer la fête du Saint-Sacrement et demandant qu’on entonne autour de son lit de mort les hymnes de l’office qui avait été composé pour elle, il rendit son âme à Dieu le 16 octobre 1246.

   Le mandement de Robert de Thourotte n’ayant pu être officiellement publié, le clergé de Liège, malgré les recommandations du prélat mourant, n’était pas embrasé d’un très grand zèle pour la nouvelle solennité : les bourgeois de Liège n’y étaient pas favorables parce que cela représentait un jour de plus où – la fête étant de précepte – ils ne pourraient pas faire fructifier leurs commerces et leurs affaires ; d’autres récriminaient contre le jour de jeûne obligatoire qui devait la précéder ; certains religieux critiquaient les dépenses qu’elle représentait…
Tandis que Mère Julienne et Sœur Isabelle multipliaient les veilles et les pénitences, Eve de Saint-Martin usa de toute son influence sur les chanoines de la collégiale Saint-M
artin et obtint finalement du chapitre la célébration de la première Fête-Dieu : ce fut, conformément aux dispositions du défunt Prince-évêque, le 6 juin 1247, jeudi après l’octave de la Trinité (1).
Ce fut, à Saint-Martin, une cérémonie splendide, mais ce triomphe conservait un goût amer puisque c’était la seule église de la ville à avoir célébré la fête et que de nombreuses voix, parmi les bourgeois comme dans le clergé, s’élevaient contre cette nouveauté et se promettaient bien d’y mettre fin.
Eve, qui faisait part de ses inquiétudes à Julienne, reçut alors d’elle cette assurance prophétique : « (…) Ce qui est établi par la volonté du Très-Haut est trop solide pour être ébranlé par la main des faibles mortels. Le temps viendra où la fête du Mont Saint-Martin étendra ses splendeurs, non seulement dans le diocèse de Liège, mais encore dans tout l’univers. L’enfer luttera contre l’institution, mais Dieu brisera ses colères ».

Liège collégiale-basilique Saint-Martin

Liège, la collégiale – puis plus tard basilique – Saint-Martin,
où la Fête-Dieu fut célébrée
pour la première fois

(nota bene : l’édifice actuel n’est pas celui qu’ont connu Sainte Julienne et Sainte Eve, car il fut réédifié au XVIe siècle)

E – Dernières années de Sainte Julienne :

   Après la mort de Robert de Thourotte, le siège épiscopal de Liège resta vacant pendant presque une année. L’élection, inspirée par des motifs politiques, désigna comme Prince-évêque Henri de Gueldre, jeune homme aux mœurs dissolues : occupé davantage de ses plaisirs que de l’accomplissement de sa charge, il sera de plus en plus méprisé par son clergé, sera déposé par le second concile de Lyon (1274) et mourra misérablement comme chef d’une bande de brigands !

   Mère Julienne de Cornillon savait qu’elle ne devait espérer aucun soutien d’un tel prélat, mais le parti de l’ancien prieur simoniaque comprit aussi qu’il ne pouvait rien en craindre : ces dévoyés réussirent à faire revenir de son exil l’ex-prieur Roger, parvinrent à déposer le prieur Jean de Cornillon qui soutenait Julienne et qui avait son soutien, et multiplièrent les vexations contre cette dernière : ils recrutèrent une bande de forcenés qui assaillit le monastère des Augustines, s’y livra au pillage et à la destruction, jusqu’à ce que leur principal meneur – qui venait de donner le premier coup de pioche contre la porte de la pièce où Mère Julienne était réfugiée – soudainement frappé par une main invisible, tombe à demi-mort ; épouvantés, les autres s’enfuirent. Julienne était sauvée.

   Néanmoins l’incurie du Prince-évêque indigne faisait que Liège était livrée aux désordres et à d’incessants troubles politiques : la sainte prieure, comprenant qu’il n’y aurait désormais plus de paix pour elle en ce lieu, se résigna à prendre le chemin de l’exil en compagnie de Soeur Isabelle de Huy et de deux autres religieuses. Elle durent fuir de monastère en béguinage, furent notamment accueillies par plusieurs abbayes cisterciennes.

   Aux vexations humaines s’ajoutaient de nombreuses attaques directes du démon en personne qui menait grand tapage pour l’empêcher de prendre un peu de repos, lui apparaissait sous des formes hideuses, la tourmentait par des cris et d’horribles blasphèmes…
Les vertus de Mère Julienne et ses dons surnaturels (prophétie, lecture dans les âmes) croissaient en proportion des épreuves qui lui fondaient dessus.
A la fin de l’année 1255, elle eut la douleur de voir mourir sa fidèle compagne et amie Sœur Isabelle de Huy ; puis ce fut au tour du Frère Jean de Cornillon d’être emporté par une brusque maladie.
Elle-même avait annoncé jadis « qu’elle mourrait sur la terre étrangère, sans avoir la consolation d’être assistée par aucun de ceux en qui elle avait mis sa confiance », et c’est en effet ce qui advint.

   Arriva l’année 1258.
Alors qu’elle n’avait plus avec elle pour seule compagne que l’abbesse des cisterciennes de Salzinnes et que toutes deux, en raison de la guerre civile qui ravageait le comté de Namur, étaient réfugiées dans la recluserie de Fosses (cette même ville où le regretté Robert de Thourotte avait rendu son âme à Dieu), Mère Julienne sentit sa fin approcher : elle fit appeler le chanoine Jean de Lausanne, mais celui-ci (on ignore si ce fut en raison des troubles politique et même s’il reçut le message) ne vint pas.

   Tenant à peine debout, elle dut se faire soutenir pour aller à l’église le saint jour de Pâques : elle y assista à plusieurs messes, communia pour la dernière fois et fut ensuite absorbée en adoration, immobile, jusqu’au soir.
Ramenée dans sa cellule, elle demanda à recevoir l’extrême-onction qu’elle reçut avec ferveur, répondant aux prières avec un véritable transport.
Elle était toutefois à bout de forces : toujours consciente, elle parvint aux premières lueurs du jour du vendredi dans l’octave de Pâques. L’abbesse des cisterciennes de Salzinnes qui la veillait se rendit compte que l’heure de son départ approchait, et elle décida un chanoine de la collégiale voisine de lui apporter le Saint-Sacrement : elle savait bien que Julienne ne pouvait plus communier, mais du moins aurait-elle pour suprême consolation de quitter cette terre en Sa présence.
Lorsque le chanoine entra portant la Sainte Eucharistie, Julienne fit un dernier effort pour se soulever et adorer son Seigneur. Elevant la Sainte Hostie le prêtre dit : « Voici, ma sœur, votre Dieu et votre Sauveur qui a daigné naître et mourir pour vous. Priez-Le de vous défendre contre les assauts de l’ennemi et de vous introduire dans la vie éternelle ». Alors, le regard brillant fixé sur son Bien-Aimé, Mère Julienne répondit : « Ainsi soit-il… et qu’Il protège aussi Madame l’abbesse ».
Ce furent ses dernières paroles : avec l’Amen de toute une vie, d’ultimes et délicates paroles de reconnaissance envers sa dernière bienfaitrice.
Quelques instants après son âme avait quitté la terre et entrait dans la possession éternelle de son Dieu.
C’était le vendredi de Pâques 5 avril 1258, vers neuf heures du matin, elle était âgée de soixante-six ans.

   Selon ses dernières volontés elle fut inhumée à l’abbaye cistercienne de Villers, où malheureusement, en 1796, les soldats de la révolution française profanèrent son tombeau et détruisirent ses reliques, si bien que l’on ne possède de Sainte Julienne du Mont-Cornillon que quelques rares parcelles de ses ossements qui avaient été prélevées avant ce pillage.
Sa fête liturgique se célèbre le 5 avril, sauf dans le diocèse de Liège où elle a été fixée au 7 août.

Sainte Julienne du Mont-Cornillon (broderie de voile huméral)

Sainte Julienne du Mont-Cornillon recevant d’un ange l’explication de sa vision :
sur cette représentation, la lune est barrée de noir sur tout son diamètre

(broderie d’un voile huméral de la chapelle Sainte-Thérèse, Namur – FSSP ;
aimable communication de notre ami Patrick M. que nous remercions chaleureusement)

(1) Lorsque la fête fut instituée pour l’Eglise universelle par Urbain IV, elle fut fixée au jeudi qui suit la Sainte Trinité, soit huit jours plus tôt – et c’est toujours l’usage actuel pour l’Eglise universelle, mais l’Eglise de Liège gardera l’usage particulier du jeudi après l’octave de la Trinité jusqu’à l’époque où elle adoptera le Missel Romain, au XVIIe siècle.
(2) De l’office du Saint-Sacrement composé par le Frère Jean de Cornillon, il ne reste malheureusement que des fragments : adopté par les chanoines de Saint-Martin de Liège en 1247 il y resta en usage jusqu’en 1264 et fut alors remplacé par celui composé par Saint Thomas d’Aquin.
(3) Le mandement du Prince-évêque Robert de Thourotte présente un très grand intérêt, aussi, plutôt que d’alourdir notre récit, avons-nous résolu de le publier dans son intégralité > ici.

ostensoir

à suivre :
- le mandement de Robert de Thourotte > ici

– le miracle de Bolsena > ici
- l’institution définitive de la fête par Urbain IV et Jean XXII > ici

2014-54. «… le coeur de Jeanne était resté intact et plein de sang. »

30 mai, fête de Sainte Jeanne d’Arc
(en France, fête double de deuxième classe).

En cette fête de Sainte Jeanne d’Arc, je vous propose de lire (ou pour certains d’entre vous de relire) l’intégralité de la déposition de Jean Massieu, un huissier qui assista aux derniers instants de Jeanne, déposition qui figure dans les actes authentiques du procès de notre héroïne.
L’exemple de Sainte Jeanne d’Arc n’est-il pas bien propre à nous encourager quand les avenirs terrestres paraissent chargés de lourds nuages, à nous fortifier dans la foi, à nous entretenir dans l’espérance surnaturelle, à nous élever à une compréhension spirituelle de notre histoire, à nous stimuler à la générosité pour le sacrifice et la pénitence, à nous porter à collaborer de toutes nos forces aux desseins divins, et – en un mot – à nous sanctifier ?

Jeanne d'Arc sur le bûcher,  Jules-Eugène Lenepveu (1886-90)

Jules-Eugène Lepneveu : Sainte Jeanne d’Arc sur le bûcher

Déposition de Jean Massieu, huissier :

« Le mercredi suivant eut lieu l’exécution. Dès le matin, après avoir ouï deux fois Jeanne en confession, frère Martin Ladvenu m’envoya trouver l’évêque de Beauvais pour l’informer qu’elle s’était confessée et demandait la communion.
L’évêque réunit quelques docteurs.
Après qu’ils eurent délibéré il revint me dire : « Dites à frère Martin de lui donner la communion et tout ce qu’elle demandera ». Je revins au château et avisai frère Martin.

Certain clerc, messire Pierre apporta à Jeanne le corps de Notre-Seigneur, mais avec bien de l’irrévérence, sur une patène enveloppée du conopée dont on couvre le calice, sans lumière, sans cortège, sans surplis et sans étole.
Frère Martin en fut mécontent. Il envoya quérir une étole et de la lumière, puis il communia Jeanne. J’y étais. Elle reçut l’hostie très dévotement et en répandant beaucoup de larmes.

Cela fait, Jeanne fut conduite au Vieux-Marché ; frère Martin et moi nous la conduisîmes. Il y avait plus de huit-cents hommes d’escorte portant haches et glaives. Sur le chemin, Jeanne faisait de si pieuses lamentations que frère Martin et moi ne pouvions nous tenir de pleurer.

Au Vieux-Marché, Jeanne ouït le sermon de maître Nicolas Midi bien paisiblement.
Le sermon fini, maître Midi dit à Jeanne : « Jeanne, va en paix, l’Eglise ne peut plus te défendre et te livre au bras séculier ».
A ces mots, Jeanne, s’étant agenouillée, fit à Dieu les plus dévotes oraisons. Elle eut une merveilleuse constance, montrant apparences évidentes et grands signes de contrition, pénitence et ferveur de foi, tant par ses piteuses et dévotes lamentations que par ses invocations de la benoîte Trinité, de la benoîte glorieuse Vierge Marie et de tous les benoîts saints du paradis, parmi lesquels elle en nommait expressément plusieurs. Au milieu de ses lamentations, dévotions et attestations de vraie foi, elle demandait merci très humblement à toute manière de gens, de quelque condition ou état qu’ils fussent, tant de l’autre parti que du sien, en requérant qu’ils voulussent prier pour elle et en leur pardonnant le mal qu’ils lui avaient fait. Elle continua ainsi longtemps, environ une demi-heure.
A cette vue les juges assistants se mirent à pleurer avec abondance. Plusieurs des Anglais présents reconnaissaient et confessaient le nom de Dieu au spectacle d’une si notable fin. Ils étaient joyeux d’y avoir assisté, disant que ç’avait été une bonne femme.

Quand Jeanne fut abandonnée par l’Eglise, j’étais encore avec elle.
Elle requit avec grande dévotion qu’on lui donnât une croix. Un Anglais en fit une avec le bout d’un bâton et la lui donna. Jeanne la reçut dévotement, la baisa tendrement, faisant de piteuses lamentations et oraisons à Dieu notre Rédempteur qui souffrit en la croix pour notre salut ; de laquelle croix elle avait le signe et la représentation. Elle mit cette croix en son sein, entre sa chair et son vêtement.
De plus, elle me demanda humblement de lui faire avoir la croix de l’église afin qu’elle la vît continuellement jusqu’à la mort. Je fis tant que le clerc de la paroisse Saint-Sauveur la lui apporta. Quand on la lui eut apportée, Jeanne l’embrassa bien fort et longuement en pleurant, et elle la serra dans ses mains jusqu’à ce que son corps fût lié au poteau.

Pendant que Jeanne faisait ses dévotions et pieuses lamentations, les soldats anglais et plusieurs de leurs capitaines nous harcelaient, ayant hâte qu’elle fût mise entre leurs mains pour la faire plus tôt mourir.
Je réconfortais Jeanne sur l’échafaud du mieux que je pouvais quand ils me dirent : « Comment, prêtre, nous ferez-vous dîner ici ? » Et incontinent, sans aucune forme ni signe de jugement, ils l’envoyèrent au feu en disant au bourreau : « Fais ton office ».

Accompagnée de frère Martin, Jeanne fut conduite et liée, et jusqu’au dernier moment elle continua les louanges et lamentations dévotes envers Dieu, saint Michel, sainte Catherine et tous les saints.
En mourant, elle cria à haute voix : Jésus !

Je tiens de Jean Fleury, clerc et greffier du bailli, qu’au rapport du bourreau, le corps étant réduit en cendres, le coeur de Jeanne était resté intact et plein de sang.
On donna ordre au bourreau de recueillir tout ce qui restait de Jeanne et de le jeter à la Seine, il le fit. »

Blason de Sainte Jeanne d'Arc

Autres textes relatifs à Sainte Jeanne d’Arc dans ce blogue :
- Eloge de Jeanne d’Arc par Monseigneur Pie > www
- Prière à Sainte Jeanne d’Arc pour la France et cantique du Père Doncoeur > www
- Témoignages des dominicains qui assistèrent Jeanne en son supplice > www
- Déposition de frère Jean Pasquerel au procès de Jeanne www
- Jeanne, sainte de la légitimité dynastique > www

2014-52. 28 mai 1794 : le massacre de Bédoin (Comtat Venaissin).

Blason de Bédoin (Comtat Venaissin)

Blason de Bédoin – Comtat Venaissin :
« D’azur à la montagne à trois coupeaux d’argent, une croix d’or sur celui du milieu » ;
la montagne représente le Mont Ventoux sur les flancs duquel le village est construit,
et la Croix symbolise la chapelle Sainte-Croix qui fut édifiée au XVe s. à son sommet .

       Bâti au pied du Mont Ventoux, le village de Bédoin appartient au Comtat Venaissin et faisait donc partie des Etats de l’Eglise, depuis 1274 jusqu’à leur annexion par la France révolutionnaire en septembre 1791.

   Contrairement à d’autres paroisses du Comtat, dans lesquelles des agitateurs avaient œuvré pour qu’elles demandassent leur rattachement à la France, la population de Bédoin - qui était alors d’un peu plus de deux mille âmes – demeurait profondément attachée à l’administration pontificale, au catholicisme et à ses traditions séculaires.
Les lois persécutrices de la révolution ne firent que renforcer ces sentiments de fidélité : après le vote de la constitution civile du clergé et les lois contre les congrégations, six prêtres réfractaires et deux religieuses insermentées vinrent chercher asile dans la paroisse.
La proclamation de la république, l’exécution du Roi et l’établissement de la Terreur ne contribuèrent qu’à stimuler la résistance au régime oppresseur : certains auteurs écrivent même que Bédoin reçut le surnom de « Vendée du midi ».

   En janvier 1794, la publication de la liste générale des émigrés entraîna la confiscation des biens de treize habitants de Bédoin.
Les révolutionnaires du lieu se livrèrent au trafic des biens spoliés (pudiquement appelés « biens nationaux »), et s’adonnèrent à des orgies ou des beuveries qui scandalisèrent la population.

Bédoin 2

Bédoin – carte postale du début du XXe siècle.

   Dans la nuit du 1er au 2 mai 1794, l’ « arbre de la liberté » qu’avaient planté les révolutionnaires, fut arraché et traîné hors des remparts, abandonné dans le « pré aux porcs », tandis que le bonnet phrygien qui le surmontait était jeté dans un puits partiellement comblé. Dans le même temps, les décrets de la convention qui avaient été affichés devant la mairie étaient arrachés, lacérés et piétinés…

   Dès le 2 mai, la municipalité révolutionnaire ouvrit une enquête afin de trouver les coupables, mais en vain ; l’administrateur du département du Vaucluse, Agricol Moureau, et le jacobin Etienne-Christophe Maignet, représentant de la convention, mandatèrent donc à Bédoin le quatrième bataillon de l’Ardèche commandé par Louis-Gabriel Suchet – futur maréchal d’empire – et l’agent national Le Go, qui arrêtèrent les nobles et les prêtres dont ils purent se saisir, ainsi que tous ceux qu’ils considéraient comme suspects, mais également les membres de la municipalité et du comité de surveillance, coupables de ne pas avoir empêché cet épouvantable crime de lèse-révolution !
Tous les habitants de sexe masculin rassemblés dans l’église furent – avec toutes les intimidations et menaces dont étaient coutumiers les apôtres de la liberté, de l’égalité et de la fraternité –  sommés de dénoncer les coupables… sans résultat.
Les troupes de Suchet et Le Go perquisitionnèrent, volèrent, pillèrent, profanèrent les objets du culte et renversèrent la flèche du clocher.

Bédoin 1

Bédoin : carte postale du début du XXe siècle.

   Le tribunal criminel du département de Vaucluse, saisi de l’affaire, vint, à partir du 9 mai, siéger à Bédoin
Le décret qui lui donne mission est typique de la grandiloquente phraséologie terroriste : « Considérant que la justice ne saurait donner trop d’éclat à la vengeance nationale dans la punition du crime abominable qui s’est commis à Bédouin (sic), que ce n’est qu’en frappant sur le lieu même où il a été commis […] que l’on pourra porter l’épouvante dans l’âme de ceux qui oseraient encore méditer de nouveaux attentats […] le Tribunal Criminel du département de Vaucluse […] se transportera dans le plus court délai à Bédouin (sic), pour y instruire la procédure et y faire exécuter de suite le jugement qu’il rendra » (extraits de l’arrêté du 17 floréal de l’an II, c’est-à-dire du 6 mai 1794 en langage chrétien).
Ce même arrêté précise encore sans ambigüité « que le pays qui a osé renverser le siège auguste de la Liberté est un pays ennemi que le fer et la flamme doivent détruire ».

   Le tribunal s’était déplacé avec une guillotine et trois bourreaux.
Au terme du procès, soixante-trois habitants furent condamnés à mort, dix « mis hors la loi », une personne fut condamnée aux fers, treize à la réclusion et une dernière à une année de détention.
Le jugement fut publié et exécuté le 28 mai 1794 en présence de toute la population rassemblée et à l’emplacement de l’arbre arraché : trente-cinq
 personnes furent guillotinées et vingt-huit fusillées.
Les corps dépouillés furent ensuite jetés dans une fosse commune.

Bédoin la chapelle de Béccaras

Bédoin : la chapelle de Béccaras
élevée après la révolution au-dessus de la fosse commune où furent jetés les corps des suppliciés.

   Le 1er juin, Le Go fit savoir aux habitants de Bédoin qu’il leur accordait un délai de vingt-quatre heures pour quitter le village.
Le 3 juin, les volontaires du quatrième bataillon de l’Ardèche livrèrent le village aux flammes : c
inq-cents maisons ou édifices publics ainsi que huit chapelles furent détruits ; ils firent aussi sauter une partie de la voûte de l’église paroissiale.
Les terrains agricoles du village furent rendus infertiles, les habitants de Bédoin assignés à résidence dans les communes environnantes furent soumis à des taxations, à des contrôles et à des mesures vexatoires.
En langage révolutionnaire, Bédoin devint « l’infâme », « l’incendié », ou « l’anéanti ».
Trois révolutionnaires modérés, André Brun, ancien maire, Louis Abril, procureur, et l’abbé Pierre-Louis Ripert, ex-curé constitutionnel, seront eux aussi exécutés le 27 juillet 1794.

   Le 4 mai 1795 néanmoins, afin de signifier la fin de la Terreur, un représentant en mission sera mandaté à Bédoin pour y célébrer une cérémonie de réhabilitation et permettre la reconstruction du village.
C’est à cette occasion que, à l’emplacement de la guillotine, un monument commémoratif fut élevé, couramment appelé par les habitants : la pyramide.

   En 1821, des libéralités de Sa Majesté le Roi Louis XVIII et de Madame la duchesse d’Angoulème permirent la restauration de l’église paroissiale ainsi que nous pouvons le lire dans « L’Ami de la Religion et du Roi » (ici > bénédiction de l’église de Bédoin rénovée).

Bédoin la pyramide

Bédoin : la pyramide.

2014-51. « C’est seulement quand tous les recours aux moyens humains seront épuisés et que tout semblera perdu que le Sacré-Coeur interviendra. »

Vendredi 23 mai 2014,
fête de Saint Didier, archevêque de Vienne et martyr,
et fête de Sainte Jeanne-Antide Thouret.

la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre vers la fin du XIXe siècle

La basilique du Sacré-Coeur à Montmartre au tout début du XXe siècle :
les travaux de la basilique ne sont pas achevés mais le funiculaire – installé en 1900 – est en service.
On remarquera surtout la représentation du Sacré-Coeur aux bras étendus qui figure sur cette carte,
elle correspond à l’image demandée par Notre-Seigneur à Madame Royer. 

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Il n’est pas dans mon habitude de citer ou de promouvoir des faits d’ordre mystique (apparitions, révélations, prophéties… ) ou les personnes qui sont supposées avoir bénéficié de ces phénomènes, lorsqu’ils ne sont pas dûment authentifiés par la Sainte Eglise.
Je veux néanmoins évoquer aujourd’hui la figure exceptionnelle de Madame Edith Royer, et je le ferai en fait sans enfreindre en rien la règle énoncée ci-dessus puisque, même si cette sainte personne n’a pas été béatifiée ou canonisée (alors que d’autres personnes dont les exemples semblent bien plus contestables l’ont été !), de son vivant même, ses voies mystiques ont toujours fait l’objet d’une vigilante attention de la part des autorités ecclésiastiques (prêtres théologiens et évêques) et considérées par elles comme authentiques.

Aperçu biographique :

Née  le 14 juin 1841 dans une famille de la bonne société catholique bourguignonne, Edith Challan-Belval fut attirée dès son enfance par la vie religieuse et la pénitence.
Contrainte au mariage par sa famille, elle devient en 1860 Madame Charles Royer, et mettra au monde quatre filles.
Tout en accomplissant ses devoirs d’épouse et de mère, et remplissant son rôle dans la société, elle est appelée par Notre-Seigneur à une vie de très grandes mortifications et d’intense union à Dieu.
A partir de la guerre en 1870, elle est favorisée de visions prophétiques : Notre-Seigneur insiste sur le culte dû à Son divin Coeur, et rappelle énergiquement que la dévotion au Sacré-Coeur n’est qu’un leurre si elle n’est pas animée par l’esprit de réparation et la pénitence. Il fait d’elle la continuatrice de Sainte Marguerite-Marie et lui confie la mission de créer une « Association de Prière et de Pénitence en union avec le Sacré Cœur pour le triomphe de l’Eglise et le salut des nations ».
Les voies mystiques de Madame Royer sont alors étudiées par les autorités religieuses et reconnues comme venant authentiquement de Dieu : l’ « Association de Prière et de Pénitence » est créée, érigée canoniquement à Montmartre, et devient tout d’abord le troisième degré de l’Archiconfrérie du Vœu National ; elle en est séparée quelques années plus tard pour être élevée à la dignité d’Archiconfrérie Universelle en 1894 par le pape Léon XIII.

Devenue veuve, Madame Royer espèrera toujours réaliser son désir de vie religieuse contemplative, mais elle en sera empêchée par la maladie.
Jusqu’à la fin de sa vie elle sera favorisée de grâces mystiques exceptionnelles et, en particulier, elle annoncera et décrira les malheurs de la guerre de 1914, mais aussi les évènements qui la suivront.
Elle rendit son âme à Dieu, dans sa quatre-vingt-troisième année, le 3 avril 1924.

Madame Edith Royer

Madame Edith Royer (1841-1924) 

1914 – 24 mai – 2014

   Le 24 mai 1914, Madame Royer, qui était malade, reçut la visite d’un prêtre qui partait prêcher à Paray-le-Monial.
Elle lui confia une prophétie (dont vous trouverez le texte ci-dessous, en italique et de couleur marron), en lui demandant d’en faire connaître la teneur aux personnes devant lesquelles il devrait prendre la parole, ce qu’il fit effectivement, suscitant un grand émoi dans son auditoire.

   Si la situation était alors tendue en Europe, peu de personnes pensaient à l’imminence de la guerre : l’attentat perpétré à Sarajevo contre l’archiduc-héritier François-Ferdinand de Habsbourg aurait lieu un mois et quatre jours plus tard (28 juin 1914), et c’est lui qui – par le jeu des alliances – mettrait en route l’engrenage fatal de la guerre européenne puis mondiale.

   Les « sillons profonds remplis de sang » décrits par Madame Royer, font immédiatement penser à la guerre des tranchées, que nul ne pouvait envisager en mai 1914 ; « le ciel plein de combats » annonce évidemment les premiers combats aériens que nul n’imaginait alors ; « les églises détruites et les cathédrales dévastées » font surgir sous nos yeux ces terribles photographies des villages de Picardie ou d’Artois ou des cathédrales de Reims  et d’Arras bombardés…
Mais surtout, nous retiendrons ce que Madame Royer laisse entrevoir de la situation du monde et de la France après la « grande guerre » : la fausse paix fragilement construite par une diplomatie à courtes-vues et la prédominance de sauvages intérêts économiques et financiers qui mettront l’équilibre du monde en péril, la décadence des mœurs, le déclin de la France, l’échec de toutes les solutions humaines et la guerre civile psychologique que se livrent les partis et les hommes politiques incapables, qui peut-être finira par s’exprimer dans des faits dramatiques… mais, malgré tout, Madame Royer annonce aussi des perspectives
1) de conversion par le recours au Coeur de Jésus, et
2) de relèvement grâce à un « Elu de Dieu » que, dans d’autres confidences, elle désignera expressément comme un Roi.
Voici donc le texte de cette prophétie :

« (…) La guerre est proche. J’ai vu dans mon oraison le sol de la France labouré de sillons profonds, remplis de sang, le ciel plein de combats, nos campagnes ravagées, nos églises détruites et nos cathédrales, elles-mêmes, dévastées.
La paix qui suivra cette guerre sera une fausse paix. La lutte continuera sous des formes diplomatiques, sociales, économiques, financières.
Le monde croulera dans l’impiété, l’impureté, le complet oubli de Dieu et courra ainsi à son châtiment.
Les Français iront jusqu’aux confins du désespoir. Ils ne reprendront courage que contre eux-mêmes. Une à une, les solutions proposées pour porter remède à leurs maux échoueront.
C’est seulement quand tous les recours aux moyens humains seront épuisés et que tout semblera perdu que le Sacré-Coeur interviendra.
Alors apparaîtra l’Elu de Dieu, et la France ne pourra nier qu’elle devra au Sacré-Coeur seul son salut ! »

Sacré-Coeur

« Cœur de Jésus, ayez pitié de nous, pardonnez-nous, sauvez-nous ! »

(invocation inspirée à Madame Royer)

Sacré-Coeur aux bras étendus - Madame Royer

Le Sacré-Coeur aux bras étendus :
Notre-Seigneur a dit à Madame Royer qu’Il voulait qu’Il soit représenté ainsi.

2014-50. In memoriam : le Révérend Père Jérôme de Condrieu, capucin, martyrisé par les huguenots au temps du siège de Privas.

- 15 mai 1629 -

palmes

       Le 15 mai n’est pas seulement pour nous l’anniversaire de la mort, en 1841, du Grand Chanéac, la plus belle figure de notre chouannerie locale (cf. > ici), mais cette date ramène également la pieuse mémoire du martyre d’un saint religieux franciscain, le Révérend Père Jérôme de Condrieu, dont le souvenir est aujourd’hui « étrangement » passé sous silence par les historiens locaux… et par le clergé.
Le manichéisme qui s’est emparé de l’histoire telle qu’elle est aujourd’hui racontée « exige » en effet qu’il n’y ait que de gentils protestants, pétris de douceur évangélique et modèles de tolérance, éternelles victimes des méchants catholiques oppresseurs, responsables de tous les maux de la société.

   Pour évoquer ce martyre je me dois d’abord d’expliquer les évènements qui en sont le cadre historique.

Privas peu avant le siège de 1629

La ville de Privas vers 1620

   Le calvinisme s’implanta à Privas vers le milieu du XVIe siècle et y devint majoritaire, au point que les catholiques y furent maltraités, le clergé en fut chassé, l’église détruite et le culte catholique y fut aboli pendant environ soixante-dix ans.

   En lien direct avec Genève, Privas devint une sorte de petit état huguenot où l’autorité royale était battue en brêche.
Lors de l’édit de tolérance de 1598, couramment appelé édit de Nantes, la ville de Privas fut du nombre des « places de sûreté » que Sa Majesté le Roi Henri IV concédait aux protestants.
Une paix précaire s’établit alors, jusqu’à l’année 1620, période à laquelle un mariage seigneurial va rallumer les feux de la guerre.

   En effet, Paule de Chambaud, huguenote, charmante et fortunée châtelaine de Privas, fille du baron de Privas dont le mari avait été tué en 1617 dans les guerres du Piémont, résolue à se remarier, avait deux soupirants.
L’un,  Joachim de Beaumont – plus connu sous le nom de Brison - était huguenot comme elle : il était le chef des protestants en Vivarais, mais aussi le gendre de Paule de Chambaud, et il « aspirait à devenir son mari contre toutes les lois civiles et naturelles ».
L’autre, beaucoup plus jeune, était catholique : Claude de Hautefort, vicomte de Cheylane, fils de René, baron de Lestrange.

Or, c’est ce dernier que Paule de Chambaud choisit et épousa en 1620.

Château de Boulogne - porte de style Louis XIII

Saint-Michel de Boulogne – château de Boulogne,
à environ 5 lieues de Privas et 2 lieues d’Aubenas.
En 1620, le château est le fief de Claude de Hautefort de Lestrange
qui fit construire cette porte monumentale à l’occasion de son mariage avec Paule de Chambaud.

   Le mariage de Paule de Chambaud avec Claude de Hautefort de Lestrange ne fut pas accepté par les Privadois, majoritairement protestants, qui ne voulaient pas d’un seigneur catholique : ils se révoltèrent, rompirent leur serment d’allégeance, s’emparèrent du château de Privas et le détruisirent, puis se mirent sous les ordres du chef huguenot Joachim de Beaumont (Brison), prétendant éconduit (et gendre) de Paule de Chambaud

   S’en suivent neuf années de troubles, d’escarmouches, de rébellions, de désordres, d’exactions et de brigandages perpétrés par les huguenots qui veulent s’affranchir de l’autorité de l’Etat, dont ils menacent la sûreté.

   Après la capitulation de La Rochelle (28 octobre 1628), la rébellion protestante tente de se réorganiser dans le Midi ; le duc de Rohan (qui commande l’armée protestante du Languedoc) souhaite que Privas en soit l’une des clefs et l’un des points de cristallisation.
Alors que les femmes, les vieillards et les enfants ont pratiquement tous quitté la petite cité, aux quelque huit-cents hommes armés de Privas viennent s’adjoindre des renforts venus de tout le Languedoc huguenot.

   Le Roi Louis XIII et le cardinal de Richelieu décident qu’il est temps d’en finir avec cette guerre civile menée par le parti protestant (allié à l’Angleterre), et veulent, à Privas, porter un coup fatal à la rébellion du Midi.
Sa Majesté vient donc Elle-même – à la tête des troupes royales qui remontent d’Italie, renforcées par une armée catholique du Languedoc commandée par le duc de Montmorency, et de troupes locales aux ordres du duc de Ventadour et du vicomte de Lestrange – mettre le siège devant Privas.
On estime à environ vingt-mille le nombre des soldats royaux. Les défenseurs de Privas étaient, eux, quelque trois mille.

Le siège de Privas en 1629 gravure d'Abraham Bosse

Abraham Bosse – gravure représentant le siège de Privas en 1629 :
« Plan de la ville de Privas avec les fortifications d’icelle assiégée par le Roi le 14ème de may 1629
et rendue en son obéissance le 28ème ».

   Les offres de paix du Roi ayant été repoussées par les rebelles, le siège commença le 14 mai. Il dura seize jours : le 28 mai 1629, Privas capitula.
La petite cité fut en grande partie détruite et incendiée ; il fut interdit de revenir s’y installer sans autorisation royale. Les révoltés qui ne périrent pas dans les combats furent ou pendus ou envoyés aux galère.

   L’armée royale repartit de Privas le 4 juin et se dirigea vers Alais (Alès) qui se rendit au bout de neuf jours de siège (17 juin 1629).
Le 28 juin 1629 fut promulgué l’édit d’Alais (encore appelé paix d’Alais), puis le 20 juillet 1629 fut octroyé l’édit de Nîmes.
C’est là que prennent véritablement fin les guerres civiles dites « de religion » : l’édit d’Alais supprime le privilège des assemblées politiques et des places de sûreté protestantes (trente-huit fortifications seront à démanteler), et l’édit de Nîmes confirme la liberté de culte pour les protestants établie par l’édit de Nantes, tout en restaurant le culte catholique dans tous les territoires dont l’intolérance huguenote le tenait proscrit encore jusqu’alors.

Valence anciens couvent et chapelle des capucins

Valence : façade des anciens couvent et chapelle des Capucins, construits entre 1620 et 1630, état actuel
(vendus comme bien national en 1791, ces bâtiments devinrent l’hôpital général de Valence au début du XIXe siècle et le sont resté jusque dans les années 1970 ; la chapelle désaffectée, classée monument historique en 1997, sert aujourd’hui de lieu d’exposition et de concerts).

   Passant par Valence avant de se diriger vers Privas, Sa Majesté le Roi Louis XIII avait demandé au Révérend Père Jérôme de Condrieu, gardien (c’est-à-dire supérieur) du couvent des Capucins, d’accompagner son armée en qualité d’aumônier : c’était un homme d’une très haute vertu, d’un zèle ardent et d’une grande charité.

   La progression vers Privas fut difficile, car la vallée de l’Ouvèze que remontèrent les troupes royales, est parfois encaissée. Depuis les rochers abrupts ou les falaises qui surplombent cette vallée, les huguenots harcelaient l’armée catholique dans laquelle ils firent de nombreux blessés : le Père Jérôme, souvent au péril de sa propre vie, se dépensa dès lors sans compter pour secourir et soigner les blessés, et pour administrer les mourants.
A une demi-lieue de Privas, le duc de Montmorency, après avoir ramené l’ordre dans le village de Coux, y établit un hôpital militaire qu’il confia tout naturellement aux soins spirituels du Père Jérôme.

Village de Coux

Le village de Coux, à une demi-lieue de Privas, près duquel le Père Jérôme fut martyrisé.

   Alors que le siège de la ville avait commencé et que les environs semblaient en paix, le pieux religieux s’éloigna un peu dans la campagne pour s’y recueillir. C’est alors qu’une bande de huguenots en armes, cachés dans les environs, se saisirent de lui : les uns voulaient le massacrer sans délai, les autres étaient d’avis qu’il fallait le contraindre à apostasier auparavant.
Le Père Jérôme, calmement, rétorqua qu’il ne trahirait jamais sa foi et qu’il était prêt à mourir pour elle.
Les calvinistes furieux l’attachèrent à un arbre et commencèrent à lui faire endurer de nombreux outrages, tandis que le Père, silencieux, priait pour eux.
Le voyant inébranlable, ses bourreaux voulurent décharger sur lui leurs arquebuses (qu’ils appelaient rouettes), mais, à leur grande surprise, par trois fois « les rouettes faillirent » (c’est-à-dire que leurs coups n’atteignirent pas le religieux).
Au lieu d’être touchés par ce fait extraordinaire, ils n’en furent que plus furieux et déchaînèrent alors toute leur haine et leur violence sur le Père Jérôme : l’ayant d’abord pendu et dépouillé de ses vêtements, et tandis qu’il n’était pas encore étouffé par cette pendaison, avec leurs coutelas ils s’acharnèrent à lui taillader les chairs en forme de croix, lui coupèrent le nez, les oreilles, puis la langue – pour l’empêcher de prier à haute voix ! – , lui crevèrent les yeux et finalement lui déchargèrent dans la bouche un mousquet chargé de poudre mais sans balle…
On imagine aussi aisément tous les blasphèmes et obscénités dont ces supplices étaient accompagnés.
Finalement, depuis un escarpement, ils précipitèrent le corps de l’homme de Dieu dans le lit de la rivière.

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   Le corps du Père Jérôme fut retrouvé quelques jours plus tard, et, bien qu’il fut horriblement mutilé, on put le reconnaître grâce à sa tonsure. Il fut ramené à Valence et enseveli dans la chapelle de son couvent vers la fin du mois de juin.

   Les circonstances de son martyre, outre le fait qu’elles étaient lisibles sur sa dépouille, furent confirmées par le récit de quelques huguenots repentis et convertis, auprès desquels on récupéra aussi sa bure et son bréviaire.
Il est écrit que des démarches furent entreprises l’année même de sa mort en vue de sa canonisation, mais que l’on ne sait pas pour quelles raisons elles furent abandonnées.

   Le jour exact du martyre du Révérend Père Jérôme de Condrieu a donné lieu a diverses allégations, car tous les anciens documents ne concordaient pas.
Néanmoins, la date la plus probable semble bien être celle qui est donnée par le « Journal historique du siège de Privas par Louis XIII en 1629″, c’est-à-dire le 15 mai.

palmes

Nota bene :
Selon d’autres documents, un autre aumônier de l’armée, confesseur du duc de Montmorency, le Révérend Père Bonaventure, récollet du couvent de Bourg-Saint-Andéol, fut également tué au siège de Privas, le 26 mai 1629, par une mousquetade tirée par les religionnaires. Ce religieux était en grande vénération, déjà de son vivant, et on lui reconnaissait le don des miracles, ce dont témoigne un procès-verbal d’enquête diligentée par Monseigneur Louis-François de La Baume de Suze, comte-évêque de Viviers et prince de Donzère de 1621 à 1690.

Prière pour demander des grâces par l’intercession de Madame Elisabeth de France.

1764 – 1794

3 mai & 10 mai

       En ce début du mois de mai, nous commémorons, à quelques jours d’intervalle, l’anniversaire de la naissance de Madame Elisabeth de France, à Versailles, le 3 mai 1764, puis l’anniversaire de son martyre, à Paris, le 10 mai 1794, alors qu’elle était âgée de trente ans et sept jours.

   Beaucoup d’entre vous connaissent déjà – au moins succinctement – la biographie de Madame Elisabeth, que je ne vais pas reprendre ici. Je me contente de rappeler à quel point cette pieuse et vertueuse princesse se montra un grand soutien spirituel et moral – au milieu de leurs épouvantables épreuves qu’elle partagea – pour son frère et sa belle-sœur, Leurs Majestés le Roi Louis XVI et la Reine Marie-Antoinette, ainsi que pour sa nièce, Marie-Thérèse de France, « Madame Royale ».
Et puis, tout le monde sait qu’elle mourut, au sens propre du terme, « en odeur de sainteté », puisque – par un prodige qui frappa de stupeur tous les assistants et dont ils rendirent témoignage – , lorsque sa tête tomba sous le couperet, un parfum de rose véritablement surnaturel se répandit sur toute la place alors nommée « de la révolution », c’est-à-dire l’actuelle place de la concorde.

   En ces jours anniversaires de sa naissance et de son martyre donc, avec une grande ferveur, supplions-la d’intercéder pour la France, puisqu’elle a tant prié pour que la foi catholique n’y périsse pas.
Prions-la aussi aux intentions de nos familles, et demandons-lui pour chacun d’entre nous la grâce de demeurer – comme elle-même – forts et fidèles, constants et persévérants, confiants et abandonnés au divin Coeur de Jésus, au milieu des intenses combats actuels contre l’esprit du mal déchaîné…

Alexandre Kucharski portrait de Madame Elisabeth à la prison du Temple - 1793

Alexandre Kucharski : portrait de Madame Elisabeth à la prison du Temple – 1793

Prière pour demander des grâces
par l’intercession de Madame Élisabeth de France :

   O Dieu, qui par un effet admirable de Votre Providence, avez daigné enrichir le cœur de Votre servante Madame Élisabeth de France, des trésors les plus précieux de la nature et de la grâce : pour que ces dons ne demeurent pas stériles en son âme, daignez avoir pour agréables les prières que nous Vous adressons par son intercession (on peut ici énumérer les intentions recommandées à l’intercession de la servante de Dieu), et donnez-nous d’imiter, avec son abandon à cette même Providence, son abnégation et sa générosité dans le sacrifice, afin que, par une sainte vie, nous méritions tous d’avoir part à la joie dont Vous couronnez Vos élus.

Ainsi soit-il.

Pater noster, Ave Maria, Gloria Patri…

Imprimatur
A. Laveille, Vic. Capit.

Meaux, le 11 juillet 1921

On trouvera la fameuse prière de confiance et d’abandon de Madame Elisabeth > ici ;
Et une autre prière de Madame Elisabeth > ici.

Ex-voto envoyé par Madame Elisabeth à la cathédrale de Chartres - 1791

Les deux Coeurs unis de Jésus & Marie :
ex-voto en vermeil envoyé à la cathédrale de Chartres par Madame Elisabeth en 1791
pour demander à Notre-Dame la conservation de la foi catholique en France.

2014-45. « Le retour des Princes français à Paris » – hymne de la Restauration.

- 2 & 3 mai 1814 -

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Anniversaire de la déclaration de Saint-Ouen
et de
l’entrée de Sa Majesté le Roi Louis XVIII dans Paris

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       Le 3 mai 1814, Sa Majesté le Roi Louis XVIII faisait une entrée triomphale dans Paris, accueilli par une foule en liesse.

   Un mois plus tôt, le 2 avril, le Sénat et le Corps Législatif, avaient proclamé la déchéance de « l’empereur », qui abdiqua le 6.
En même temps, qu’ils avaient mis fin au règne de l’usurpateur, Sénat et Corps Législatif, après avoir fait de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord le chef du gouvernement provisoire, avaient officiellement appelé au trône le frère puiné du Roi-martyr Louis XVI : Louis Stanislas Xavier de France, communément appelé comte de Provence, qui était déjà roi de droit depuis la mort – dans les conditions épouvantables que l’on connaît - de son neveu, le jeune Louis XVII.

   Alors que les puissances alliées victorieuses du Buonaparte étaient loin d’être acquises à l’idée d’une restauration monarchique au profit des Bourbons, Talleyrand, réussit à convaincre le Tsar Alexandre 1er que le retour des Bourbons était la meilleure chose ; les autres souverains européens se rallièrent finalement eux aussi à cette solution.
Dans le même temps, en plusieurs points du Royaume, et grâce en particulier à l’action des Chevaliers de la Foi, avant même que le Buonaparte n’abdiquât, des villes avaient hissé le drapeau blanc de la Légitimité.

   Le comte d’Artois, lieutenant général du Royaume, arrive à Paris le 12 avril et prend la tête du gouvernement provisoire.
Des négociations serrées s’engagent : les puissances alliées et le Corps Législatif voulaient imposer à Louis XVIII une constitution, incompatible avec les principes de la monarchie traditionnelle. Le comte d’Artois doit jouer serré pour que, d’une part, ne soient pas trahis les principes de la royauté, et pour que, d’autre part, les souverains étrangers aussi bien que les esprits des français profondément pollués par les insidieux poisons de la pensée révolutionnaire ne soient pas indisposés et ne fassent pas avorter la Restauration monarchique.

   Sa Majesté le Roi Louis XVIII débarque à Calais le 24 avril 1814 ; son voyage à travers les provinces est une succession de scènes de liesse, d’ovations, de discours de bienvenue, de cérémonies d’action de grâces dans les églises… etc.

   Le 2 mai, sur les cinq heures du soir, le Roi arrive au château de Saint-Ouen.
Talleyrand vient lui présenter un projet de déclaration qu’il avait soumis, après l’avoir rédigé, à un groupe de sénateurs et au Tsar Alexandre.
Déjà, les jours précédents, depuis Compiègne, Sa Majesté avait déclaré
1) qu’Elle conserverait le titre de Roi de France et de Navarre,
2) qu’Elle se conformerait aux Lois Fondamentales du Royaume en continuant à faire remonter le début de Son Règne à la mort de Son prédécesseur, Louis XVII,
et 3) qu’Elle ne recevrait pas de constitution imposée par le Sénat, mais promulguerait un acte de Sa propre volonté qui ne trahirait pas les principes monarchiques traditionnels.

   La lecture du projet de déclaration de Talleyrand souleva une véritable tempête au conseil privé de Sa Majesté tant les atteintes aux droits fondamentaux de la Couronne s’y succédaient. Talleyrand s’efforça en vain de défendre son projet, mais le Roi se montra inébranlable : « Si je jurais la constitution, vous seriez assis et je serais debout ! » lui lança-t-Il avec autorité.
Le soir arrivait, aucun accord n’était trouvé. Talleyrand fit prévenir le Tsar qui prit pour une injure cette résistance à l’adoption d’un acte sur le texte duquel on l’avait consulté et dont il avait approuvé les termes. Il aurait fait passer au « prince de Bénévent » un billet ainsi conçu : « Si la déclaration n’est pas publiée ce soir telle qu’elle a été convenue, on n’entrera pas demain dans Paris ».

   Finalement, un texte de compromis fut publié et affiché dans Paris. Resté dans l’histoire comme la « Déclaration de Saint-Ouen », le manifeste royal ne trahit pas les principes essentiels de la royauté traditionnelle sans cependant marquer un retour à l’Ancien Régime : la déclaration est en quelque sorte le prélude de la Charte constitutionnelle qui sera octroyée le 4 juin suivant.
Pour l’immense majorité des Français, cette déclaration présageait d’un avenir de paix. Ce pourquoi, le lendemain 3 mai, l’entrée de Sa Majesté dans Paris fut un véritable triomphe : on en trouve le récit circonstancié dans « L’Ami de la Religion et du Roi » – 1814, tome 1 à partir de la page 65 (ici > Ami de la Religion et du Roi).

Legrand - allégorie de l'entrée de Louis XVIII dans Paris 3 mai 1814 - (Musée Carnavalet)

Allégorie de l’entrée de Louis XVIII à Paris, le 3 mai 1814
(par Legrand – musée Carnavalet)

   On entend souvent dire que le chant « Vive Henri IV ! » fut l’hymne de la Restauration. Ce n’est pas tout à fait exact.

   Le chant « Vive Henri IV ! » fut au départ, dit-on, le couplet d’un auteur anonyme pour lequel Eustache Ducaurroy adapta vers 1600 la mélodie d’un ancien noël populaire.
Vers 1770, trois autres couplets furent composés par Charles Collé pour les besoins d’une comédie intitulée « La partie de chasse d’Henri IV ». Ce fut dès lors un chant très populaire.

   En avril 1814, lorsque le Buonaparte fut vaincu et que le peuple apprit le retour des Bourbons, sur cette mélodie toujours très populaire un auteur anonyme composa à la hâte d’autres paroles – celles que nous donnons ci-dessous – , auxquelles on donna pour titre « Le retour des Princes français à Paris ».
Dès lors, la mélodie devint une sorte d’hymne de la Restauration. Néanmoins, en raison des couplets un peu lestes de Collé qui restaient dans beaucoup de mémoires, on ne jouait habituellement pas cet hymne en présence de la Famille Royale.

   Les paroles du « retour des Princes français à Paris » ne sont pas extraordinaires : la versification est faible, les assonances (puisqu’on ne peut même pas parler de rimes) sont approximatives, néanmoins on ne peut qu’être touché par la véritable ferveur populaire – puisqu’il est une véritable émanation du peuple de Paris – dont ce chant est le témoignage, et – quoi qu’il en soit – il est bien meilleur à entendre que les rugissements vindicatifs et l’appel au sang d’un prétendu hymne national hérité de la révolution !!!

   La divine Providence nous donnera-t-elle l’immense joie de connaître une nouvelle Restauration monarchique ? Nous le Lui demandons dans une ardente prière.

Lully.

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Le retour des Princes français à Paris
(air : Vive Henri IV)

La paix ramène
Tous les Princes Français !
Chantons l’antienne,
Aujourd’hui désormais
Que ce bonheur tienne :
Vive le Roi ! Vive la Paix !

Vive la France
Et les sages Bourbons,
Pleins de clémence,
Dont tous les cœurs sont bons !
La Paix, l’abondance
Viendront dans nos cantons.

Quelle joie extrême
Vive, vive d’Artois !
Duc d’Angoulême !
Chantons tous à la fois
Louis dix-huitième,
Descendant de nos Rois !

Le diadème
De France est pour un Roi,
Notre vœu même
Est la raison pourquoi,
Oui, Louis nous aime,
Vive, vive le Roi !

Plus de tristesse,
Vive, vive Louis !
Princes, princesses,
Nous sommes réjouis !
Que les allégresses
Règnent dans tous pays !

   Ne boudons pas notre plaisir et écoutons l’orchestration majestueuse que lui a donnée Piotr Ilitch Tchaïkovski, en hommage à la France de l’Ancien Régime, pour en faire l’apothéose de son ballet « La Belle au Bois Dormant » (faire un clic droit sur l’image ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») >>>

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Prière pour demander des grâces par l’intercession du Vénérable Pie XII

et
pour obtenir la glorification de ce grand serviteur de Dieu :

Sa Sainteté Pie XII donnant la bénédiction Urbi et Orbi

Sa Sainteté le Pape Pie XII
donnant la bénédiction Urbi et Orbi.

   O Jésus, Pontife éternel, qui avez daigné élever Votre Serviteur fidèle Pie XII à la suprême dignité de Votre Vicaire ici-bas, et lui avez concédé la grâce d’être un défenseur intrépide de la Foi, un courageux champion de la justice et de la paix, un glorificateur zélé de Votre très Sainte Mère, et un exemple lumineux de charité et de toutes les vertus, daignez maintenant, en vue de ses mérites, nous accorder les grâces que nous Vous demandons (…), afin que, assurés de son efficace intercession auprès de Vous, nous puissions le voir un jour élevé à la gloire des autels.

Ainsi soit-il !

Imprimatur
+ Petrus Canisius
Vic. Gen. Civit. Vatic.
die 8 decembris 1958

Armoiries et devise de Pie XII

Armoiries et devise de Sa Sainteté le Pape Pie XII

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