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2025-14. Messages de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la célébration à la Chapelle Expiatoire et de la « Marche pour la Vie ».

Dimanche soir 19 janvier 2025,
Deuxième dimanche après l’Epiphanie ;
Anniversaire de la mort de Gustave Thibon (+ 19 janvier 2001).

Armes de France pour le deuil

   Le mardi 14 janvier, sur les réseaux sociaux, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, avait annoncé sa présence à Paris à l’occasion de la Messe commémorative de la mort du Roi martyr, célébrée à la Chapelle Expiatoire, ce dimanche 19 janvier :

   « Je serai présent, comme chaque année, pour l’anniversaire de la mort du Roi Louis XVI qui sera célébrée ce dimanche pour la France et la Famille Royale en la Chapelle Expiatoire, Square Louis XVI à Paris.

   Entretenons la mémoire de ce moment qui rendit la France orpheline. »

Louis XX arrivant à la Chapelle Expiatoire 19 janvier 2025

Sa Majesté gravissant les marches de la Chapelle Expiatoire
ce dimanche 19 janvier 2025

   Au soir de ce dimanche 19 janvier, Sa Majesté a publié (toujours sur les réseaux sociaux) le message suivant :

   « Chaque année, fidèle à cette commémoration, j’entretiens la mémoire de ce moment qui rendit la France orpheline. Le 21 janvier 1793 vit bien plus que l’exécution d’un homme innocent des crimes qu’on lui imputait, mais la mort de celui qui se vivait comme un père pour tous ses peuples qui le reconnaissaient comme tel.

   Prions pour son âme et plus encore pour la France et les Français. »

Le Roi à la Chapelle Expiatoire 19 janvier 2025

   Dans l’après-midi de ce même dimanche, le Roi, toujours soucieux de manifester son soutien à la défense de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle, a pris part à la « Marche pour la Vie » qui se déroulait dans les rues de la capitale, puis a encore publié les lignes suivantes :

   « La défense de la Vie, quel qu’en soit son état, est une œuvre de justice. En défendant l’être humain, du ventre de sa mère jusqu’à son dernier soupir, nous ne nous livrons pas à un acte de charité mais à un devoir impérieux, guidé par notre conscience.

   Vous pouvez être fiers de vous ! »

Louis XX à la Marche pour la Vie

Sa Majesté à la « Marche pour la Vie », ce dimanche 19 janvier 2025

2025-13. L’expérience du refus.

18 janvier,
Fête de la Chaire de Saint Pierre à Rome ;
Mémoire de Saint Paul apôtre ;
Mémoire de Sainte Prisque, vierge et martyre ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Raymond Dulac (cf. > ici).

Missel traditionnel - vignette blogue

       A l’occasion de l’anniversaire de la pieuse mort de Monsieur l’abbé Raymond Dulac (+ 18 janvier 1987), il y a un certain intérêt à se replonger dans la lecture de certains de ses textes, qui, comme ceux d’autres personnages éminents de la lutte pour l’intégrité et l’intégralité de notre foi catholique dans les années qui ont immédiatement suivi le concile vaticandeux, nous permettent de retremper notre propre détermination et nous affermir dans les convictions qui motivent notre combat, toujours actuel, pour la liturgie catholique traditionnelle.

   Lorsque j’ai recopié les lignes qui suivent, et que je livre à votre propre réflexion en ce jour, j’ai eu le tort de ne pas en noter, dans mes carnets personnels, la provenance ni l’année exacte : peut-être l’un de mes lecteurs connaît-il la référence exacte et voudra-t-il bien me la communiquer ?

   Dans ce texte, Monsieur l’abbé Dulac exposait le cas – véritable cas de conscience – des prêtres et des fidèles aimant profondément la Sainte Eglise catholique, qui, par respect des autorités légitimes, ont longtemps plié l’échine et attendu, afin de ne pas pécher contre l’obéissance due aux chefs religieux, mais qui, à un moment, sans cesser d’être profondément respectueux des fonctions hiérarchiques, doivent s’opposer aux déviations graves des personnes qui les occupent…

Le refus - citation abbé Dulac

L’expérience du refus :

       « Comment selon la mesure de nos faibles forces et de nos pauvres moyens, pouvons nous faire face à l’épouvantable « auto démolition » de l’Eglise, dénoncée par Paul VI, le 7 décembre 1968 ?
Non seulement la Cité de Dieu apparaît désormais comme investie de tous cotés, mais il n’est pas de semaine qui ne nous apporte l’annonce d’un nouvel éboulement du rempart. Il faudrait courir sans cesse d’une brèche à l’autre.

   Comme nous voudrions pouvoir faire lire à nos évêques les appels que nous recevons de lecteurs ! Ils nous demandent, avec un accent quelquefois bouleversant : « Que faut-il penser ? – Que dois-je faire ? ».

   (…) Il s’agit, dans ces appels angoissés, du sacerdoce, de sa fonction véritable, de ses obligations (soumises, on le sait, à la plus folle, à la plus lâche, à la plus hypocrite des « consultations populaires »). Il s’agit de la perturbation de l’apostolat catholique, dissimulée sous le masque de la suppression des paroisses et des curés ou sous l’appellation fallacieuse de « la mission ». Il s’agit du réformisme liturgique…

   Comment répondre à tout, et par où commencer ?
Eh bien ! Nous allons commencer par la Messe. La foi catholique tout entière gravite autour de l’idée qu’on s’en fait. Et, d’abord, le Sacerdoce.

   L’opinion de la populace baptisée « Peuple de Dieu », ne changera rien à cette donnée divine fondamentale : La Messe est un vrai Sacrifice : c’est-à-dire une oblation réelle et actuelle, par un homme consacré, le Prêtre, d’une Victime rendue réellement présente sur l’autel, par la transsubstantiation du pain et du vin.
Toutes les atténuations qu’on apportera à ce dogme, en pensée, en paroles ou en rites, ruineront, à la base, non seulement le caractère du sacerdoce, mais aussi tout le catholicisme.

   (…) Nous prions nos lecteurs de faire une réflexion personnelle sur ce sujet : qu’ils rapportent à ce dogme de la Messe-sacrifice tous les autres dogmes de leur foi ; ils verront qu’ils sont, un par un, ébranlés par la moindre fissure faite au premier.

   Le système protestant tout entier s’est construit à partir de la négation de la « Messe romaniste», comme disaient ses premiers sectateurs. Leur idée, pourtant fondamentale, de « la justification par la seule Foi » est, en effet, suspendue elle-même à une autre, préalable : que l’œuvre de notre rédemption n’est point exercée, perpétuée, renouvelée, à la Messe, par l’Action personnelle du prêtre.
D’un mot : le Protestantisme, autant que peuvent être réduites à l’unité ses formes innombrables, est une religion (?) laïque. Et, si nous voulons être objectifs, au risque de paraître cruels, nous devons ajouter : cette religion laïque a été, à l’origine, une religion de défroqués, conçue à la mesure de leur désertion, pour se donner à eux-mêmes et au monde une justification honorable de leur apostasie.
Ils changeaient la Messe, pour n’être point forcés d’avouer qu’ils avaient changé eux-mêmes.

   Pénétrés de cette conviction, il est temps, désormais, de dire clairement, sur le réformisme liturgique, ce qu’on pouvait, depuis quatre ans (note : ces lignes ont été écrites à la fin de l’année 1969 ou au tout début de 1970, après la publication du nouvel « Ordo Missae »), hésiter à dire, soit parce que, suivant la parabole évangélique, l’erreur-ivraie n’avait pas encore atteint ce point de croissance qui permet infailliblement de la reconnaître, soit parce qu’il fallait laisser au magistère hiérarchique le temps d’exercer sa fonction.

   Nous avons donc attendu.
Des milliers de prêtres, des centaines de milliers de fidèles ont attendu.
Ils ont demandé, mendié le bon pain de la certitude. Nous ne dirons pas qu’on leur a donné, à la place, une pierre. On leur a donné du vent.
Car des paroles contredites sans cesse par des actes ne sont pas autre chose qu’un flatus vocis (note : expression latine désignant des paroles vides de sens, insignifiantes), comme disaient les nominalistes médiévaux.

   Quand tous les recours à l’autorité légitime se sont avérés inutiles et vains, il ne reste plus qu’un moyen au fidèle de se manifester : un moyen extrême, grave, déplorable. Le refus.

   Puisque la règle de M. Annibale Bugnini (note : Annibale Bugnini (1912-1982), lazariste, protégé du Cardinal Bea, fut déjà à la manœuvre sous le pontificat de Pie XII pour opérer la réforme de la liturgie romaine traditionnelle et déploya un zèle dévastateur à cette tâche après le concile vaticandeux ; selon Yves Chiron, il est l’ « un des personnages les plus controversés de l’histoire de l’Église contemporaine », et, malgré les démentis du Saint-Siège, des soupçons d’appartenance à la maçonnerie sont attachés à sa personne) et de ses carthaginois est de faire des « expériences », pourquoi ne pas leur offrir une expérience qu’ils n’ont jamais faite jusqu’ici : celle de la Résistance des Dociles ?

   Ces messieurs veillaient soigneusement à se couvrir uniquement sur leur gauche, persuadés que les « fidèles de la Tradition » n’oseraient jamais résister à une révolution, dès lors qu’elle était légalisée par « l’autorité ». Et puis, qui donc oserait s’exposer aux épithètes d’intégriste, d’immobiliste ? Qui donc oserait refuser de paraître « jeune » ?
Nous pensons ici au mot terrible du Cardinal Ottaviani à l’endroit des novateurs de son ordre : « Ils ont peur de paraître vieux ».

   Nous n’avions, quant à nous, jamais été impressionnés par ces épouvantails-à-moineaux. Mais notre dévotion à l’Eglise de Rome nous tenait silencieux.
Eh bien ! La même dévotion nous ordonne aujourd’hui de parler.
Il est tard ; mais pas trop tard pour ceux qui veulent se placer au-dessus du temps… »

Abbé Raymond Dulac (1903-1987)

Missel romain traditionnel

2025-11. Récapitulatif de toutes les publications de ce blogue relatives à Saint Antoine le Grand.

17 janvier,
Fête de Saint Antoine le Grand, ermite, abbé et confesseur ;
Mémoire de Saint Théodose 1er le Grand, empereur et confesseur (cf. ici) ;
Mémoire de Sainte Roseline de Villeneuve, vierge et abbesse (cf. ici) ;
Anniversaire de l’apparition de Notre-Dame de Pontmain (cf. ici).

       Veuillez trouver ci-dessous, chers Amis, la liste de toutes nos publications de ce blogue consacrées à Saint Antoine le Grand – qui est l’un des célestes protecteurs de notre ermitage -, avec les liens pour y accéder :

Statue de Saint Antoine le Grand au Mesnil-Marie

Statue de Saint Antoine le Grand
dans la chapelle du Refuge Notre-Dame de Compassion

1 – Leçons biographiques des matines de la fête de Saint Antoine dans le Bréviaire romain traditionnel > ici

2 – Dévotion et prières à Saint Antoine le Grand :

- Prière à Saint Antoine le Grand pour demander son assistance et son secours dans les tentations > ici

3 – Histoire :

- Le monastère de Saint Antoine le Grand, en Egypte, au lieu où il vécut > ici
- L’abbatiale de Saint-Antoine en Dauphiné [alias Saint-Antoine-l'Abbaye] où se trouvent aujourd’hui conservées et vénérées les reliques de Saint Antoine le Grand > ici
-

3 – Saint Antoine le Grand et les animaux :

- Bénédiction des animaux en la fête de Saint Antoine le Grand (Rituel romain) > ici
- Prières pour demander l’intercession de Saint Antoine le Grand et sa protection sur nos animaux > ici
- Réflexions de feu le Maître-Chat Lully sur la place des animaux dans le mystère de la Rédemption > ici

- Le pèlerinage du Maître-Chat Lully auprès des reliques de Saint Antoine le Grand > ici

Statue de Saint Antoine le Grand au Mesnil-Marie - détail

2025-8. De l’Ordre de Saint Paul premier ermite.

15 janvier,
Fête de Saint Paul de Thèbes, premier ermite (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Tarsitie, Fille de France, vierge et ermite (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Maur, abbé et confesseur.

Saint Paul de Thèbes -anonyme napolitain XVIIe - blogue

Saint Paul de Thèbes
[anonyme napolitain milieu du XVIIème siècle - collection privée]

       La célébration de la fête de Saint Paul du désert nous incite à faire mention aujourd’hui d’un Ordre religieux qui appartient à la famille augustinienne, qui s’est trouvé implanté ou se trouve encore implanté dans plusieurs pays voisins de la France, mais qui – en l’état actuel de nos connaissances du moins – n’a pas de maisons religieuses dans notre pays.
L’ « Ordo Sancti Pauli Primi Eremitae : Ordre de Saint Paul Premier Ermite » (en abrégé : OSPPE), c’est son nom officiel, est plus connu ordinairement comme celui des Pères Paulins.

   La fondation de cet Ordre fut accomplie en 1250, en Hongrie, lorsque un chanoine d’Esztergom, issu d’une noble famille et prénommé Eusèbe, désireux de vivre une vie religieuse plus parfaite et plus radicale sur le modèle des premiers pères du désert, s’étant établi sur le Mont Pilis – entre Budapest et Esztergom – avec quelques disciples, fut gratifié d’une communication divine lui enjoignant de réunir en une seule congrégation ses propres disciples et une communauté d’ermites qui avait été constituée quelques décennies auparavant par l’évêque Barthélémy de Pecs.
Eusèbe de Strigonie (c’est ainsi que l’on nommait autrefois Esztergom d’après son nom latin) mourut le 20 janvier 1270, et il bénéficie d’un culte immémorial en Hongrie, alors qu’il est inconnu de la plupart des collections de vies de saints en France.

   Saint Eusèbe de Strigonie était lié d’amitié avec Saint Thomas d’Aquin, et la tradition de l’Ordre veut que ce soit ce dernier qui recommanda la nouvelle fondation au pape Urbain IV en 1262 (et on rapporte que l’habit de couleur blanche serait une forme d’hommage à l’habit blanc de Saint Thomas) ; certains écrivent même que l’Aquinate serait le rédacteur des Constitutions primitives de l’Ordre, qui fut définitivement approuvé par Clément V en 1308-1309 comme une Congrégation de Chanoines Réguliers de Saint Augustin.

Ordre de Saint Paul premier ermite - blason

Blason de l’Ordre de Saint Paul premier ermite,
dont la devise est : « Solus cum Deo solo » (seul avec Dieu seul)

   Depuis la Hongrie, où plusieurs monastères furent fondés dès la deuxième moitié du XIIIème siècle, l’Ordre eut une diffusion rapide dans les royaumes voisins : Croatie (où l’on compta rapidement une cinquantaine de communautés), Pologne (les Paulins s’implantèrent à Częstochowa en 1382, et s’y trouvent toujours), Etats du Saint-Empire germanique (jusqu’en Bavière), Autriche, péninsule balkanique, puis l’Italie, l’Espagne et le Portugal, d’où se fit un essaimage aussi dans les Amériques lors de leur première évangélisation.
Les Pères Paulins, en effet, au cours des XIVème et XVème siècles, passèrent du statut de religieux strictement contemplatifs à celui de la vie dite mixte (c’est-à-dire contemplation et apostolat), d’abord en ouvrant des écoles (ils dirigèrent même une université), puis en se consacrant à diverses tâches missionnaires.

   Le Roi Louis 1er de Hongrie (1326-1382), dit le Grand, de la branche capétienne d’Anjou-Sicile, qui était fort dévot à Saint Paul de Thèbes, favorisa grandement l’Ordre, obtint des Vénitiens, en 1381, une partie des reliques de Saint Paul de Thèbes (les Vénitiens les avaient prises à Constantinople, évidemment), qu’il confia à la maison-mère de l’Ordre.

   A son apogée, au XVIème siècle, l’Ordre compta quelque trois-cents monastères répartis en huit provinces dans toute l’Europe, et même en Palestine et en Egypte.

   La grande défaite de Mohács (29 août 1526), au cours de laquelle le Roi Louis II fut défait par les troupes de Soliman le Magnifique, entraîna une partition du royaume de Hongrie entre l’Empire ottoman, les Habsbourg d’Autriche et la principauté de Transylvanie, qui eut aussi de dramatiques conséquences pour l’Ordre : des dizaines de monastères furent pillés et détruits, leurs archives et leurs bibliothèques réduites en cendres, et un grand nombre de moines subirent le martyre.
Quelques années après, la prétendue « Réforme » entraînera de nouvelles dévastations, si bien que le monastère de Jasna Góra à Częstochowa, en Pologne, va devenir – par déplacement – le grand centre de l’Ordre, puis devenir la capitale spirituelle des Polonais, haut-lieu de la fidélité à la religion et la patrie, et abbaye-mère d’un grand nombre d’autres maisons religieuses (jusqu’à 80 monastères en Pologne au XVIIIème siècle).

Monastère paulin fortifié de Jasna Gora à Czestochowa

Le monastère fortifié des Pères Paulins
à Jasna Góra (Częstochowa, Pologne)

   Les partages successifs de la Pologne à partir de la seconde moitié du XVIIIème siècle, furent eux aussi dramatique pour les monastères paulins : il ne subsista finalement que les deux  maisons de Jasna Góra et de Cracovie, qui durent survivre en étant juridiquement indépendantes.

   Lorsque la Pologne retrouva son indépendance, ces deux communautés de Jasna Góra et de Cracovie se réunirent à nouveau comme deux monastères d’un même Ordre, en 1920. Un chapitre général put être convoqué, un abbé général fut élu, et, les vocations affluant, de nouveaux essaimages et fondations reprirent.

   La seconde guerre mondiale et la domination soviétique sur les pays d’au-delà du « rideau de fer » furent un nouveau coup d’arrêt. Malgré tout, depuis Jasna Góra, Maison généralice, l’Ordre Paulin continua à vivre, à résister, et à rayonner.
Si bien qu’après l’effondrement du bloc soviétique une nouvelle expansion se fit, restaurant d’anciens monastères en Pologne ; ressuscitant des communautés en Hongrie, Croatie, Slovaquie, Ukraine, Biélorussie, Bohème et Allemagne ; ouvrant des missions en Afrique du Sud et au Cameroun, revivifiant les anciennes communautés qui s’étaient maintenues aux Etats-Unis, en Australie, en Espagne, en Italie et en Belgique.

  Actuellement, l’Ordre des Chanoines réguliers augustiniens de Saint Paul premier ermite compte quelque cinq-cents religieux (frères et prêtres) répartis dans septante-et-un monastères (qui, malheureusement, ne pratiquent pas la liturgie traditionnelle).

Paulins en procession à Jasna Gora

Pères Paulins en procession dans la basilique de Jasna Góra, à Częstochowa

2025-6. La Vénérable Marie-Louise de Jésus, vierge, mystique, fondatrice, et zélatrice du culte de Sainte Philomène.

10 janvier,
Cinquième jour dans l’octave de l’Epiphanie (cf. ici) ;
Anniversaire de la naissance de Sainte Philomène (cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de la Vénérable Marie-Louise de Jésus.

Vénérable Mère Marie-Louise de Jésus

La Vénérable Mère Marie-Louise de Jésus
(image de dévotion diffusée à Naples)

       Maria Carmela Ascione naquit le 28 février 1799, et fut baptisée le jour même, dans l’ancienne commune de Barra, qui, depuis longtemps, est devenue l’un des quartiers de Naples. C’était le temps où les troupes révolutionnaires françaises du général Championnet avaient contraint Sa Majesté le Roi Ferdinand IV à s’enfuir en Sicile et avaient créé une éphémère « république parthénopéenne » (fin janvier à juin 1799).

   Maria Carmela était l’aînée des dix enfants du docteur Giuseppe Ascione et de Fortunata Carrese ; elle reçut une éducation plutôt sommaire au sein même de sa famille (il y avait très peu d’écoles élémentaires pour les filles), famille au demeurant fort pieuse qui était liée au Tiers Ordre de la Pénitence de Saint Dominique. 

   Dès son enfance, on a noté chez elle un goût prononcé pour la prière, une dévotion marquée pour la Vierge des Douleurs, et un zèle ardent pour l’étude de la doctrine chrétienne ; elle était également embrasée du désir d’entraîner d’autres enfants dans des exercices de dévotion et l’approfondissement du catéchisme. On y a vu les premiers indices et caractéristiques de sa vocation religieuse.

   A l’âge de 17 ans (1816), malgré l’opposition paternelle, elle entra chez les Bénédictines de Donnaromita (Naples) ; mais au bout de six mois, elle ne put rester dans la vie claustrale en raison du déclanchement d’une part d’une maladie du foie et d’autre part d’un état de déréliction qui fit penser à ses supérieurs que là n’était pas sa voie.
Maria Carmela retourna donc dans sa famille et pendant deux années elle vécut une intense communion physique et spirituelle aux souffrances de la Croix.

   A l’âge de 20 ans (1819) elle entra comme oblate chez les Sœurs de la Retraite de la Vierge des Douleurs, d’Olivella (quartier de Naples), où après sept mois de noviciat et de mise à l’épreuve on lui donna le voile. Elle prit alors le nom de Sœur Marie-Louise de Jésus.
Mais presque aussitôt après, elle fut prise de fortes fièvres et, en huit jours, fut à l’article de la mort : on la renvoya chez elle, arguant du fait que son père pourrait la soigner, mais elle fut alors quasi miraculeusement rétablie. On lui demanda cependant de rester chez ses parents, jusqu’à ce que, en 1824, on la rappelât à la Retraite, en lui demandant de la diriger comme supérieure ; ce qu’elle accepta par obéissance. 
Pendant quatorze années, elle dirigea cette œuvre qu’elle fit prospérer matériellement et spirituellement.

   Sa vie mystique, qui avait été précoce, nous l’avons vu, s’était intensifiée, approfondie, et fut progressivement accompagnée de dons de soulagement ou de guérison des souffrances physiques et morales, qui firent affluer vers elle les personnes qui avaient besoin de consolation et de réconfort.

   Elle développa aussi, à partir de 1832, une intimité spirituelle tout-à-fait privilégiée avec Sainte Philomène, qui lui accorda de grandes faveurs et qui se servit fréquemment d’elle pour transmettre ses grâces aux fidèles qui les demandaient.

Sainte Philomène inspirant Mère Marie-Louise de Jésus

Sainte Philomène inspirant la Vénérable Mère Marie-Louise de Jésus

   A partir de 1830, elle avait commencé à ressentir l’appel à fonder un nouvel institut religieux, dont, à l’âge de 33 ans, elle avait écrit les Règles (1832). En 1835, enfin, elle rencontra un prêtre, Don Luigi Navarro, qui fut vraiment l’instrument choisi par Dieu pour la guider, la conseiller et la soutenir. Avec son aide, elle put mûrir ses projets.
Lors de l’épidémie de choléra qui ravagea Naples en 1836, elle fut atteinte et on crut qu’elle allait mourir ; mais encore une fois, elle revint à la santé.
A Naples, Mère Marie-Louise de Jésus devint une sorte de phare spirituel pour les âmes, les accueillant, les écoutant, les réconfortant, les éclairant, les encourageant, les soutenant dans leur progression spirituelle.

   Enfin, le 8 mai 1840, dans le quartier pauvre et très peuplé de Sainte-Lucie (toujours à Naples), après une série d’épreuves et de contrariétés dont elle avait triomphé, elle ouvrit la première maison du Pieux institut de la Très Sainte Marie des Douleurs et de Sainte Philomène.
L’une de ses sœurs qui avait été novice à la Retraite l’avait suivie et elle furent rejointes par trois aspirantes, auxquelles elle pourra donner le voile trois ans plus tard.
La mission première mission des religieuses était l’enseignement du catéchisme et l’éducation élémentaire des filles du quartier de Sainte-Lucie.

   Mère Marie-Louise se lia d’amitié avec une princesse russe, Zénaïde Volkonstky (1792-1862), poétesse et femme de lettres que Nicolas Gogol avait surnommée l’« impératrice des Muses et de la Beauté » : veuve, installée en Italie, convertie au catholicisme (cette conversion fit grand bruit à l’époque), elle avait reçue de grandes grâces spirituelles à travers l’amitié de Mère Marie-Louise, et, en retour, elle lui fut d’une grande aide par ses générosités.
C’est ainsi que le 11 mai 1851, une deuxième maison des Servantes de la très Sainte Marie des Douleurs et de Sainte Philomène fut ouverte dans un autre quartier populaire de Naples, à côté de laquelle, le 13 juillet 1856, fut bénite l’église de la Vierge Etoile du Matin, « Stella Mattutina ».
Un troisième couvent fut ouvert en 1852 à San Severo di Puglia (province de Foggia).

   Marie-Louise de Jésus avait environ 36 ans lorsque son directeur spirituel lui donna l’ordre – bien qu’elle eût une orthographe des plus approximatives et fantaisistes -, de rédiger un commentaire des livres bibliques : la première édition des premiers volumes fut réalisée en 1839 à Imola, avec le soutien du secrétaire de l’évêque, Monseigneur Giovanni Mastaï-Ferretti, celui qui deviendra quelques années plus tard le pape Pie IX.
Le bienheureux Pontife rencontra Mère Marie-Louise à cette occasion, et par la suite il témoigna à plusieurs reprises de l’estime en laquelle il la tenait.
Ce travail de commentaire biblique ne prit fin que lorsque la religieuse napolitaine illettrée approcha de la mort et ne fut plus en mesure d’écrire !
Elle fut aussi l’auteur d’opuscules de piété et de livres pour la méditation, qui eurent une large diffusion en Italie et dont certains furent traduits en français.

   En décembre 1874, une mystérieuse faiblesse s’empara de son organisme, l’empêchant de faire le moindre pas ; déjà affaiblie par des douleurs chroniques au foie et de terribles migraines, son état s’aggrava peu à peu, jusqu’à ce que, le 10 janvier 1875, elle rendît son âme à son Créateur.

   Pendant trois jours, son corps resta exposé aux hommages incessants des fidèles venus des quartiers populaires de Naples, qui voyaient en elle une authentique et sainte missionnaire de l’Evangile parmi le peuple et une consolatrice attentive à toutes les souffrances.
Son corps, d’abord enterré au cimetière de Santa Maria del Pianto, fut transféré le 22 avril 1947, dans l’église « Stella Mattutina » de sa congrégation dans le Borgo Sant’ Antonio Abate.
Un procès informatif diocésain en vue de sa béatification fut commencé dès 1890 : il a connu depuis lors plusieurs étapes, jusqu’à l’introduction officielle de sa cause en 1947, mais la béatification n’est pas encore en vue.

Autel des reliques de Sainte Philomène à Mugnano del Cardinale

2025-5. Le 10 janvier, les dévots de Sainte Philomène célèbrent l’anniversaire de sa naissance.

10 janvier,
Cinquième jour dans l’octave de l’Epiphanie (cf. > ici) ;
Anniversaire de la naissance de Sainte Philomène ;
Anniversaire de la mort de la Vénérable Marie-Louise de Jésus (cf. > ici).

Canivet de Sainte Philomène avec les scènes de sa vie - blogue

Canivet XIXème siècle représentant Sainte Philomène
avec en médaillons des scènes de sa vie

       Malgré les efforts de l’enfer et de ses suppôts pour combattre, contester, édulcorer ou ridiculiser la dévotion envers Sainte Philomène, son culte non seulement perdure mais prend une expansion qu’il n’eût point été possible d’imaginer au début de la seconde moitié du XXème siècle.
Ainsi, non contents de célébrer dans l’allégresse sa fête principale soit au jour anniversaire de son martyre (le 10 août) soit le lendemain, 11 août, jour auquel le pape Léon XIII fixa sa fête dans le Missel romain, on constate que partout dans le monde, de très nombreux fidèles et prêtres marquent également, par des exercices de dévotion ou par la célébration d’une Messe votive, l’anniversaire de la naissance de Sainte Philomène, à la date du 10 janvier.

   Cette date du 10 janvier a été communiquée par la jeune martyre elle-même à la Vénérable Marie-Louise de Jésus (cf. > ici) lors d’une apparition dont elle gratifia la sainte religieuse le 3 août 1833. Le texte de cette révélation a été publié et diffusé avec l’imprimatur du Saint-Office (et pas simplement de l’ordinaire diocésain), accordé le 21 décembre 1833.
L’imprimatur n’engage certes pas la Sainte Eglise dans une sorte de reconnaissance de l’absolue authenticité historique des faits rapportés dans le texte de cette révélation, mais il garantit d’une part que cette révélation n’est ni le fait d’une élucubration de fausse mystique exaltée, ni le fait d’une illusion diabolique, mais bien le produit d’une authentique grâce céleste ; et d’autre part qu’il ne se trouve dans ce texte rien de contraire à la foi catholique et aux mœurs, et que l’on est donc raisonnablement fondé à y apporter sa créance.

   Sainte Philomène, en revanche, n’a pas révélé l’année de sa naissance, mais comme elle cite le nom de l’empereur qui fut son persécuteur – Dioclétien, qui régna du 20 novembre 284 au 1ᵉʳ mai 305 -, et qu’elle donne son âge au moment de son martyre (« J’allais sur la fin de mes treize ans ») la naissance de Sainte Philomène se trouverait donc le 10 janvier 289, si on admet que son martyre eut lieu le 10 août de l’an 302.

   Voici donc la traduction du texte de la révélation retranscrite par la Vénérable Marie-Louise de Jésus :

Sœur Marie-Louise de Jésus

« Véritable image de la servante de Dieu Sœur Marie-Louise de Jésus »
(image de dévotion avec une prière pour obtenir des grâces par son intercession)

       « Ma chère sœur, je suis la fille d’un prince qui gouvernait un petit état de la Grèce. Ma mère était aussi de sang royal. Comme ils étaient sans enfant et tous deux encore idolâtres, pour en obtenir, ils offraient continuellement des prières et des sacrifices à leurs faux dieux. Un docteur romain qui professait le christianisme, nommé Publius vivait dans un palais au service de mon père. Voyant l’affliction de mes parents, sous l’impulsion de l’Esprit Saint, il leur parla de notre foi et les assura que leurs prières seraient entendues s’ils embrassaient la religion chrétienne. Finalement, après mûre réflexion, ils reçurent le sacrement de baptême.

   Je suis née au début de l’année suivante, un 10 janvier, et à ma naissance, ils me donnèrent le nom de ‘Lumena’ ou ‘Lumière’, car j’étais née à la lumière de la Foi à laquelle mes parents étaient maintenant ardemment dévoués. Le jour de mon baptême, ils me nommèrent ‘Philomena’, c’est-à-dire ‘Fille de la lumière’. L’affection que mes parents me portaient était si grande qu’ils voulaient toujours m’avoir près d’eux. C’est pour cette raison qu’ils m’amenèrent à Rome avec eux à l’occasion d’un voyage que mon père devait faire en raison d’une guerre injuste dont il était menacé par l’arrogant Dioclétien. J’allais sur la fin de mes treize ans. Arrivés dans la capitale du monde, nous nous rendîmes au palais de l’empereur où on nous accorda une audience.

   Tandis que mon père plaidait sa cause avec ardeur et cherchait à se justifier, l’empereur ne me quittait pas des yeux et à la fin il déclara : « Cesse de te tourmenter ; tu peux être parfaitement rassuré ; il n’y a plus de raison de s’inquiéter. Au lieu de vous attaquer, je mettrai toutes les forces de l’Empire à votre disposition à la condition que tu me donnes la main de ta fille, la jolie Philomène ».

   Mes parents accédèrent à sa requête et, de retour chez nous, ils cherchèrent à me convaincre que j’allais être heureuse comme impératrice de Rome. Je rejetai leur offre sans aucune hésitation en leur disant que j’étais devenue l’épouse de Jésus-Christ par un vœu de chasteté prononcé lorsque j’avais onze ans. Mon père s’efforça alors de montrer qu’une enfant de mon âge ne pouvait pas disposer d’elle-même comme elle l’entendait et il exerça toute la force de son autorité pour me faire obéir.

   Lorsque l’empereur reçut ma réponse, il la considéra comme un simple prétexte pour briser la promesse qui lui avait été faite : « Amène-moi la princesse Philomène, dit-il à mon père, je verrai si je peux la persuader ».

   Mon père vint vers moi mais, voyant que j’étais inébranlable, lui et ma mère se jetèrent à mes pieds en m’implorant : « Mon enfant, aie pitié de ton père, de ta mère, de ton pays ! Aie pitié de notre royaume ! »

   « Non, non, ai-je répondu, Dieu et ma virginité que je Lui ai consacrée passent avant tout, avant vous, avant mon pays ! Mon royaume, c’est le Ciel ».

   Mes paroles les plongèrent dans le désespoir et il leur fallut m’emmener devant l’empereur qui, de son côté, fit tout en son pouvoir pour me gagner. Mais ses promesses, ses séductions, ses menaces furent également vaines. Il fut alors saisi d’un violent accès de colère et, influencé par le démon de l’impureté, il me fit jeter dans les prisons de son palais où l’on me chargea de chaînes.

Sainte Philomène dans sa prison

   Croyant que la douleur et la honte affaibliraient le courage que mon divin Epoux m’inspirait, il vint me voir chaque jour ; puis, après avoir détaché mes chaînes pour me permettre de prendre la petite portion de pain et d’eau que je recevais comme nourriture, il renouvela ses attaques dont certaines, sans la grâce de Dieu, auraient été fatales à ma pureté. Les échecs qu’il continua de rencontrer furent pour moi le prélude à de nouvelles tortures, mais la prière me soutenait. Je ne cessais de me recommander à Jésus et à Sa Mère très pure. Ma captivité durait depuis trente-sept jours lorsque, au milieu d’une lumière céleste, je vis Marie tenant son divin Fils dans ses bras.

   « Ma fille, me dit-elle, encore trois jours de prison et, après quarante jours, tu sortiras de cet état de douleur ».

   Mon cœur battait de joie à l’annonce de cette nouvelle mais, comme la Reine des anges avait ajouté que je devrais quitter cette prison pour soutenir, dans des tourments effrayants, un combat bien plus terrible que les précédents, je passai immédiatement de la joie à l’angoisse la plus cruelle ; je pensai qu’il me tuerait.

   « Courage, mon enfant, me dit Marie, ne sais-tu pas l’amour de prédilection que je te porte ? Le nom que tu as reçu au baptême en est l’assurance, par sa ressemblance avec celui de mon Fils et avec le mien. Tu es appelée Lumena ou Lumière. Mon Fils, ton Epoux, est appelé Lumière, Etoile, Soleil. Et ne suis-je pas moi-même appelée Aurore, Etoile, Lune dans la plénitude de son éclat, et Soleil ? Ne crains pas, je t’aiderai. C’est maintenant l’heure de la faiblesse humaine et de l’humiliation, mais au moment de l’épreuve, tu recevras grâce et force. En plus de ton ange gardien, tu auras aussi le mien, l’archange Gabriel, dont le nom signifie « la force du Seigneur ». Lorsque j’étais sur terre, il était mon protecteur. Je te recommanderai tout spécialement à ses soins, mon enfant bien-aimée ».

   Ces paroles de la Reine des vierges me redonnèrent courage et la vision disparut en laissant ma prison emplie d’un parfum céleste.

   L’empereur, désespérant de me faire accéder à ses désirs, eut alors recours à la torture pour me terrifier et m’amener à rompre mon vœu avec le Ciel. Il ordonna qu’on m’attachât à un pilier pour être fouettée sans merci tandis qu’on me lançait d’horribles blasphèmes.

   « Puisqu’elle est obstinée au point de préférer à un empereur un malfaiteur condamné à mort par Ses propres compatriotes, dit-il, elle mérite un châtiment approprié ».

   Le tyran, me voyant toujours aussi déterminée, bien que je ne sois qu’une plaie béante, ordonna qu’on me ramenât en prison pour y mourir dans les souffrances. Je souhaitais la mort pour m’envoler dans les bras de mon Epoux lorsque deux anges brillants apparurent qui versèrent un baume céleste sur mes plaies, et je fus guérie. Le lendemain matin, l’empereur fut surpris en apprenant la nouvelle. Me voyant plus forte et plus belle que jamais, il entreprit de me convaincre que je devais cette faveur à Jupiter, qui me destinait au diadème impérial.

Sainte Philomène secourue par les anges pendant son martyre

   Sous l’inspiration du Saint-Esprit, je rejetai ce sophisme et résistai à ses caresses. Fou de rage, il ordonna qu’on m’attachât au cou une ancre de fer et qu’on me précipitât dans le Tibre. Mais Jésus, pour montrer Son pouvoir et confondre les faux dieux, envoya deux anges pour m’aider. Ils coupèrent la corde et l’ancre tomba dans la rivière où elle demeura enfoncée dans la boue. Ils me déposèrent ensuite sur la rive sans qu’une seule goutte d’eau ait mouillé mes vêtements.

   Ce miracle convertit un grand nombre de spectateurs et Dioclétien, plus obstinément aveugle que Pharaon, déclara alors que je devais être une sorcière et ordonna qu’on me transperçât de flèches. Mortellement blessée et sur le point de mourir, on me jeta à nouveau en prison. Au lieu de la mort qui aurait normalement dû survenir, le Tout-Puissant me fit tomber dans un sommeil paisible dont je me réveillai plus belle qu’auparavant. Ce nouveau miracle mit l’empereur dans une fureur telle qu’il donna l’ordre de répéter cette torture jusqu’à ce que mort s’en suivît. Mais les flèches refusèrent de quitter les arcs. Dioclétien affirma que c’était le fait de la magie et, espérant que la sorcellerie serait impuissante contre le feu, il ordonna que les flèches fussent rougies au feu dans un brasier. Cette précaution fut inutile. Mon divin Epoux me sauva de la torture en retournant les flèches contre les archers, et six d’entre eux furent tués. Ce dernier miracle entraîna d’autres conversions et la foule commençait sérieusement à montrer des signes de mécontentement envers l’empereur, et même de révérence pour la sainte Foi.

   Par crainte de conséquences plus sérieuses, le tyran donna l’ordre de me couper la tête. Mon âme, glorieuse et triomphante monta vers le Ciel où je reçus la couronne de virginité que j’avais méritée par tant de victoires. Il était trois heures de l’après-midi, un dix août, qui était un vendredi.

   Voilà pourquoi Notre-Seigneur a voulu que mon corps fût ramené à Mugnano un dix août, et pourquoi Il accomplit tant de miracles en cette occasion. »

Autel avec les reliques de Sainte Philomène à Mugnano del Cardinale

Autel avec les reliques de Sainte Philomène
dans la basilique de Mugnano del Cardinale

2024-288. « Pas un n’a échappé…»

23 décembre,
Anniversaire de la bataille et des massacres de Savenay (23 décembre 1793).

Destruction complète des Vendéens à Savenay - gravure de Yan' Dargent 1866

Yan’ Dargent (1824-1899) : « Destruction complète des Vendéens à Savenay »
[gravure pour illustrer l' "Histoire de la Révolution française" d'Adolphe Thiers, tome I (1866)]

       Le 23 décembre 1793, eut lieu la bataille de Savenay, « la plus mémorable et la plus sanglante qui ait eu lieu depuis le commencement de la guerre de la Vendée », selon les propres termes du général Marceau, où les restes de la Grande Armée catholique et royale de l’Ouest, à la fin de la « Virée de Galerne », furent anéantis par les troupes de la révolution conduites par le général de division Kleber.
Cette bataille se termina, nous le disions, par d’atroces massacres dont le général Westermann se serait ensuite glorifié dans une lettre au Comité de Salut public, qui, à la suite de Jacques Crétineau-Joly, est souvent citée :

   « Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m’aviez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. Un chef des Brigands, nommé Désigny, a été tué par un maréchal-des-logis. Mes hussards ont tous à la queue de leurs chevaux des lambeaux d’étendards brigands. Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que, sur plusieurs endroits, ils font pyramides. On fusille sans cesse à Savenay, car à chaque instant il arrive des brigands qui prétendent se rendre prisonniers. Kléber et Marceau ne sont pas là. Nous ne faisons pas de prisonniers, il faudrait leur donner le pain de la liberté et la pitié n’est pas révolutionnaire ».

   Le problème qui se pose toutefois à l’historien, c’est que l’on n’a nulle trace de cette lettre – qui n’a été retrouvée dans aucune archive et n’est pas non plus évoquée dans les comptes-rendus des séances du Comité de Salut public – et n’apparaît nulle part avant l’ouvrage de Jacques Crétineau-Joly sur la Vendée militaire (1840), ce qui fait craindre à beaucoup que cette lettre attribuée à Westermann ne soit le produit de la verve littéraire de cet historien pas toujours très rigoureux dans ses citations et qui ne mentionne pratiquement jamais ses sources…

   En revanche, je suis en mesure de vous donner lecture de l’intégralité de la lettre écrite au soir du 23 décembre 1793 par les envoyés en mission Pierre-Louis Prieur (1756-1827), dit Prieur de la Marne, et Louis-Marie Turreau (1756-1816), celui qui dirigera ensuite les tristement fameuses Colonnes infernales.
Cette lettre est conservée aux 
Archives nationales, carton C 287, dossier 860, pièce 20 dans le « Bulletin de la Convention » du 6 nivôse an II (jeudi 26 décembre 1793), et dans le « Journal des Débats et des Décrets » (nivôse an II, n° 464, p. 90) Moniteur universel [n° 97 du 7 nivôse an II (vendredi 27 décembre 1793), p. 391, col. 3], et se trovuve citée par Alphonse Aulard in « Recueil des actes de la correspondance du comité de Salut public », l. 9, p. 607.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Prinquiau 44 - l'une des tombes des combattants de l'armée vendéenne massacrée à Savenay

Au cimetière de Prinquiau, dans le pays nantais, l’une des tombes ossuaires
dans laquelle ont été rassemblés des ossements de soldats vendéens massacrés à Savenay

frise lys deuil

Prieur (de la Marne) et Turreau, représentants du peuple près l’armée de l’Ouest, à leurs collègues composant le Comité de Salut public.

Savenay, le 3 nivôse, l’an II de la République.

   Nous vous marquions par notre dernière, datée de Châteaubriant, que nous nous rendions à Derval pour y poursuivre sans relâche les brigands. C’est là que nous est parvenu le décret de la Convention nationale qui déclare que les troupes réunies dans l’armée de l’Ouest ont bien mérité de la patrie. Nous avons proclamé ce décret sur la route de Blain où les ennemis avaient marché ; il a été accueilli avec le plus vif enthousiasme, il a fait oublier aux soldats républicains toutes leurs fatigues ; il a fait centuplé [sic] leurs forces et leur courage, et tous demandaient à grands cris à se porter sur les brigands qui s’étaient cantonnés à Blain. Nous espérions tous que l’heure fatale de ces monstres était arrivée ; la nuit qui nous surprit en route, la position de l’ennemi défendue par une rivière, celle de Blain, entourée de haies et de fossés inaccessibles empêchèrent de livrer le combat qui fut remis au lendemain. Nos soldats bivouaquèrent, une pluie continuelle leur tomba sur le corps pendant toute la nuit, et le lendemain, des torrents que les chevaux étaient obligés de passer à la nage avaient rompu la route de Blain à Savenay, où les ennemis s’étaient portés.

   Nos braves soldats, malgré les fatigues de la veille et de la nuit, furieux de ce que les ennemis leur avaient échappé à Blain, dans l’eau jusqu’aux genoux, n’en poursuivirent les brigands qu’avec plus de vigueur. Vers les quatre heures, nous étions arrivés avec environ 200 grenadiers et autant de cavaliers en face de l’ennemi. Fiers de la supériorité du nombre et d’une pièce de 8, les brigands se portèrent sur nos soldats, une pièce d’artillerie légère que nous fîmes avancer au grand galop étant arrivée, les grenadiers et la cavalerie se rangent en bataille autour d’elle, et un combat en règle commence sous le commandement de Kléber ; il ne fut pas long ; nos 200 grenadiers, la baïonnette au bout du fusil chargent les brigands ébranlés par notre pièce de canon et, tandis qu’ils les enfoncent d’un côté, de l’autre la cavalerie, aux ordres de Westermann, emporte au grand galop le canon de l’ennemi [le « Mercure universel » mentionne ici les applaudissements de l’assemblée].

   Les brigands abandonnèrent alors la plaine pour se retirer selon leur coutume dans les endroits couverts. Un bois qui se trouve en face et le long des deux routes qui aboutissent à Savenay, des haies, des fossés qui couvrent les routes, leur servent de retranchements. La brigade commandée par Cherbes arrive sur le premier champ de bataille ; nous lui apprenons la position de l’ennemi ; elle ne marche plus, elle vole au secours des grenadiers et de la cavalerie ; nous arrivons avec elle au bois, une canonnade et une fusillade terribles s’engagent ; tant que le jour dure l’avantage est pour nous, et les phalanges républicaines s’avancent triomphantes en culbutant tout ce qu’elles rencontrent. Mais la fumée, un brouillard épais qui s’élève tout à coup, la nuit qui survient, tout empêche de se reconnaître ; on entend partout des fusillades, on ne sait où est l’ennemi. Un bataillon du Haut-Rhin s’ébranle, et nous craignons un instant que la victoire ne nous échappe ; Marceau, Kléber, Beaupuis et Cherbes, qui sont à la tête des soldats, emploient tous leurs efforts pour rétablir l’ordre dans le combat ; ils y parviennent, mais ils croient prudent de faire cesser une attaque de nuit qui, en exposant les soldats républicains à se fusiller eux-mêmes, donnerait trop d’avantage à un ennemi qui a en sa faveur toutes les positions. Les troupes de l’avant-garde victorieuses restent sur le champ de bataille et sont bientôt soutenues par la Colonne de Cannuel qui se développe sur la route de Nantes et de Vannes et qui, bientôt, est appuyée elle-même par la colonne de Tilly, qui a reçu l’ordre de s’avancer à grands pas.

   L’avant-garde bivouaque sans feu sur le champ de bataille ; des fusillades et des canonnades se font entendre toute la nuit, personne ne dort et tous attendent avec impatience la première heure du jour qui doit être la dernière des brigands. Il paraît à peine, déjà toutes nos colonnes sont en mouvement, elles s’avancent sur Savenay, l’ennemi résiste ; quelques coups de canon et de fusils se font entendre, mais la victorieuse baïonnette enfonce les rangs des brigands ; ils sont pressés de toutes parts ; ils se battent en désespérés. Nos soldats, corps à corps, les hachent sur leurs pièces de canon ; les rues, les chemins, les plaines, les marais sont jonchés de leurs morts ; nous marchons sur des monceaux de cadavres ; leurs canons, leurs caissons, leurs bagages sont pris ; leur cavalerie est en fuite ; une partie est exterminée ; la victoire est complète [ici aussi, le « Mercure universel » mentionne les applaudissements de l’assemblée].

   Les infatigables soldats de la République se répandent, pendant toute la journée, en tirailleurs dans le bois, les marais et les fermes des environs et des milliers de brigands tombent sous leurs coups. Les ennemis, dispersés et réduits à quelques hordes vagabondes, ne tarderont pas à être détruits, les généraux s’occupent d’un projet de cantonnement et nos troupes seront disposées de manière à ce qu’il n’en échappe aucun.

   Nous avons pris, dans cette journée le reste de l’artillerie de l’ennemi, elle était composée de trois pièces de canon de 4, trois de 8 et une de 12, et autant de caissons.

   Parmi les bagages s’est trouvé le coffre-fort contenant les assignats au nom de Louis XVII et la planche avec laquelle ils se fabriquaient. Les soldats ont déchiré et jeté dans la boue ces restes de royalisme expirant, mais ils ont conservé les assignats républicains qui s’y trouvaient mêlés ; ils n’ont pas mis moins de soins à ramasser les calices, les patènes, les ciboires et les soleils qui sont tombés entre leurs mains.

   C’est à juste titre que la Convention nationale a décrété que les troupes réunies dans l’armée de l’Ouest ont bien mérité de la patrie ; c’est au zèle qu’elles ont mis à la poursuite des brigands, c’est aux fatigues qu’elles ont sans cesse essuyées dans une campagne d’hiver, dans des marches continuelles et forcées qu’elles ont souvent faites, sans souliers et sans autres subsistances que du pain ; c’est à leur intrépidité qu’est due la destruction de l’armée des brigands. Les deux dernières journées surtout leur ont acquis de nouveaux droits à la reconnaissance nationale. Soldats et généraux, tout a fait son devoir [sic] ; fatigues et danger, tout a été partagé. Le 6e bataillon des volontaires de l’Aube, les 6e et 31e régiments ci-devant Aunis et Armagnac ont conservé la réputation qu’ils s’étaient acquise au Mans. Nous regrettons de ne pouvoir vous nommer tous les bataillons et tous les citoyens qui se sont distingués dans ces affaires.

   Nous apprenons à l’instant que 50 hommes de cavalerie aux ordres de Westermann ont poursuivi, sur la gauche de Savenay, 400 hommes d’infanterie et 300 de cavalerie des brigands qui se portaient de ce côté ; l’infanterie a été exterminée ; Piron, commandant de la cavalerie brigandine et qui montait le cheval blanc si fameux dans l’histoire de la Vendée, a été tué en combattant, par un maréchal des logis de la Légion du Nord. Le reste de la cavalerie, pressé par les nôtres a essayé de passer la Loire à la nage. Ils ont tous été engloutis dans les flots et pas un n’a échappé [encore une fois, le « Mercure universel » mentionne ici les vifs applaudissement de l’assemblée].

   Nous avions déjà exterminé hier un autre commandant de cavalerie, qui a dit se nommer Germain et qui était un ancien mousquetaire. On nous assure ce matin que son nom est de l’Amperière [d’après le « Bulletin de la Convention » et le « Moniteur », le nom s’écrirait en réalité Langrenière] un des généraux.

   Nous apprenons que le tocsin a sonné dans les campagnes et que les paysans de ces contrées exterminent les brigands de tous côtés.

Prieur (de la Marne), L. Turreau.

Savenay - la Croix des Vendéens

« La Croix des Vendéens », érigée à Savenay
pour commémorer les héros de la Grande Armée catholique et royale
qui furent massacrés le 23 décembre 1793

Publié dans:Chronique de Lully, Memento, Vexilla Regis |on 22 décembre, 2024 |Pas de commentaires »

2024-282. Le Fils de Saint Louis a accompagné la Sainte Couronne d’Epines et les reliques de la Passion dans leur retour à Notre-Dame de Paris.

14 décembre,
Fête de Saint Venance Fortunat, hymnographe, évêque de Poitiers et confesseur (cf. ici) ;
Mémoire du 7ème jour dans l’Octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici) ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
Anniversaire de la mort de Sœur Marie de la Croix, née Mélanie Calvat (cf. ici).

       Ce vendredi 13 décembre 2024, la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur Jésus-Christ ainsi que le Saint Clou de la Crucifixion et la relique du bois de la Croix, ont été solennellement rapportés à l’intérieur de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Paris restaurée et rendue au culte.

Reliques de la Passion à Notre-Dame

Ostension des saintes reliques de la Passion à Notre-Dame de Paris (avant l’incendie de 2019) :
au centre la Sainte Couronne d’Epines, à gauche le bois de la Sainte Croix, à droite le Saint Clou de la Crucifixion

   Nota bene : Il n’est pas question d’entrer ici aujourd’hui dans une polémique au sujet de ce qui a été accompli à la suite de l’incendie dévastateur du 15 avril 2019 : nous préciserons simplement que, pour ce qui nous concerne, nous trouvons que tout le travail de restauration semble avoir été magnifiquement accompli et que l’ensemble du bâtiment resplendit d’un éclat remarquable ; en revanche, il y a certainement beaucoup à redire sur les choix du clergé affectataire des lieux en ce qui concerne les aménagements réalisés en vue de la célébration de la liturgie réformée dans laquelle il officie.

   Rappelons que ces saintes reliques de la Passion de Notre-Seigneur sont, selon un règlement fixé depuis plus d’un siècle, confiées aux Chanoines du chapitre cathédral mais placées sous la garde statutaire des Chevaliers du Saint-Sépulcre : ce sont donc les chanoines qui les présentent à la vénération des fidèles, et les chevaliers qui ont la charge de les protéger lors de leurs ostensions.

Grandes Armes de l'Ordre du Saint-Sépulcre

   La totalité de la cérémonie de translation des saintes reliques de la Passion à Notre-Dame de Paris peut être suivie en rediffusion différée grâce au lien suivant (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») >>>

Image de prévisualisation YouTube

   Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX de France, a été reçu dans l’Ordre du Saint-Sépulcre au titre de Chevalier Grand’Croix, au mois de septembre 2024.

septembre 2024 réception de Sa Majesté dans l'Ordre du Saint-Sépulcre

   Le Fils de Saint Louis, qui professe une immense vénération pour son ancêtre – lequel est aussi son saint patron -, qui est né 760 ans jour pour jour après cet illustre prédécesseur (25 avril 1214 – 25 avril 1974) qui avait acquis la Sainte Couronne d’Epines en août 1238 puis l’avait déposée à Notre-Dame de Paris le 19 août 1239 dans l’attente de l’achèvement de la Sainte Chapelle, se trouvait donc hier particulièrement à sa place pour le retour de la Sainte Couronne d’Epines à Notre-Dame de Paris.

Saint Louis portant la Sainte Couronne d'Epines à Notre-Dame de Paris le 19 août 1239

Saint Louis portant la Sainte Couronne d’Epines à Notre-Dame de Paris le 19 août 1239
[gravure de Jules David (1860) colorisée en 2012 par Jérôme Dumoux]

   Après la cérémonie de ce vendredi 13 décembre 2024, Sa Majesté a publié le message suivant sur sa page FB :

   « Au cœur de Notre-Dame de Paris rouverte et rendue au culte, au cœur de ce sanctuaire splendide et si attachant, quelle joie de vénérer les reliques de la Passion de Notre-Seigneur. Quelle émotion de les voir retrouver si bel écrin.
Sainte Marie, bénissez ceux qui l’ont relevé de ses ruines, priez pour nous, priez pour la France.»

Louis XX gardant la Sainte Couronne d'Epines 13 décembre 2024

Sa Majesté garde d’honneur de la Sainte Couronne d’Epines
ce vendredi 13 décembre 2024 à Notre-Dame de Paris

Louis XX à Notre-Dame de Paris 13 décembre 2024

2024-281. Les premières années et la première éducation d’Henri de Navarre, futur Henri IV de France.

13 décembre,
Fête de Sainte Lucie de Syracuse, vierge et martyre ;
Mémoire de Sainte Odile de Hohenbourg, vierge et abbesse (cf. ici) ;
Mémoire du 6ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. ici) ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
Anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Henri IV.

Naissance d'Henri de Navarre le 13 décembre 1553

Henri II de Navarre se réjouissant de la naissance de son petit-fils,
futur Henri III de Navarre et Henri IV de France

       Nous avons précédemment raconté (cf. > ici) la naissance du futur Henri IV de France, à Pau, le 13 décembre 1553, à la plus grande joie de son grand-père maternel, Henri II de Navarre, et de ses parents, Antoine de Bourbon et Jeanne d’Albret.
Nous avons vu aussi de quelle manière Henri d’Albret avait manifesté que, plus qu’à sa mère, cet enfant appartenait à la Couronne de Navarre qu’il serait appelé à ceindre un jour.
C’est la raison pour laquelle, le Roi de Navarre avait ordonné à sa fille de lui confier l’éducation de l’enfant, et, dix-sept mois plus tard, sur son lit de mort (+ 25 mai 1555), cette fille qui allait devenir la Reine Jeanne de Navarre, lui promettait encore de suivre expressément ses dernières volontés sur cet enfant qu’il chérissait et qu’il bénit avant de rendre le dernier soupir.

   Jeanne d’Albret ne pouvait pas nourrir son fils, c’est pourquoi Henri II s’était occupé en personne de rechercher les nourrices dont le lait put convenir au jeune Prince de Viane : il y en aurait eu huit.
L’histoire a retenu les noms de Madeleine Lafargue, de Françoise Minot, épouse d’un jardinier du château, de Marie Cazenauve, d’Arnaudine de Lareu à qui ses gages permirent d’acquérir à Asson une petite auberge qui existe toujours ; mais la seule qui soit vraiment passée à la postérité fut Jeanne Fourcade, épouse de Jean Lassansàa, un laboureur de Billère, alors modeste village exposé aux caprices du Gave.
Le petit Prince était logé chez elle. 

Maison Lassansaa à Billère

   Lorsqu’en 1728, la publication de « La Henriade », du sieur Voltaire, contribua à populariser le culte du « Bon Roi Henri », le descendant de Jean Lassansàa et de Jeanne Fourcade se rappela respectueusement au souvenir de Louis XV qui lui fit attribuer quelques arpents de terre : ce Dominique Lassansàa faisait fièrement précéder son nom de l’expression « Sauvegarde du Roy » que l’on retrouve dans les registres de catholicité !

   A la Restauration, la Maison Lassansàa devint extrêmement populaire après la visite de la Dauphine Marie-Thérèse, duchesse d’Angoulême : lors du séjour qu’elle fit à Pau (c’est à elle que l’on doit la présentation de la fameuse carapace de tortue surmontée du panache blanc et du drapeau fleurdelysé au château de Pau conservée depuis), en juin 1823, la Princesse tint à visiter la chaumière de la nourrice.
Cette visite fut à l’origine d’un véritable « pèlerinage henricien ». La duchesse d’Angoulême acheta la maison et la fit restaurer, et dès lors elle fut reproduite sous forme de gravures largement diffusées, qui contribuèrent à exalter l’enfance agreste et « populaire » du premier Souverain Bourbon.

   L’année suivante (1824), un poète aujourd’hui bien oublié, Maizony de Lauréal, publia « La Petite Henriade, ou l’Enfance d’Henri IV », poëme (sic) en trois chants dédié au jeune duc de Bordeaux, futur Henri V, au sujet du glorieux ancêtre homonyme duquel il écrit :

(…) Pour la chaumière a quitté le château
Et sous l’œil de son peuple a placé son berceau.
Henri semblable à l’enfant populaire
Mêle ses cris aux cris du nourrisson vulgaire ;
Et l’artisan et le cultivateur
Soufflent à ses côtés, haletants de sueur.
De l’indigent il verra le séjour,
L’indigent, son premier et son dernier amour…

   Nous pouvons au passage affirmer en toute vérité que le caractère populaire de la royauté traditionnelle est une évidence pour toute personne objective qui veut y regarder de près : la révolution n’a jamais été qu’une affaire de bourgeois frustrés, de robins jaloux, de capitalistes contempteurs du petit peuple… etc.

Château de Coarraze

   Son temps de nourrice achevé, Henri, qui est maintenant le Prince de Navarre, héritier du trône, est confié à une gouvernante, Suzanne de Bourbon, qui a épousé un cousin du roi de Navarre, Jean d’Albret, baron de Miossens.
Il est élevé chez eux au château de Coarraze (château dont ne subsiste de cette époque que l’ancien donjon, l’ensemble des bâtiments à usage d’habitation ayant été reconstruit au XVIIIème siècle), avec trois enfants plus âgés.
Le jeune Henri mène une vie au grand air, découvre l’exercice physique, les chevaux et la chasse.

   Cette enfance rurale du petit Prince béarnais a laissé l’image là encore très populaire d’un futur héros élevé à la dure.
Compagnons et serviteurs avaient reçu la consigne de ne pas l’appeler prince, pour ne pas le distinguer des autres enfants du village. Comme eux, Henri allait nu-tête et nu-pieds.
On le préparait à une vie qui exigerait de lui énergie et endurance. Son grand-père, le défunt Roi Henri II de Navarre, avait voulu qu’il fut endurci dès son plus jeune âge, et prémuni contre le ramollissement et la flatterie.
Au contact des petits montagnards, Henri s’habitua à un franc parler, à s’intéresser au quotidien des humbles et à leurs problèmes.

   C’est aussi dans ces temps-là qu’il fit son premier voyage à Paris avec ses parents : le 12 février 1557, il fut reçu par le Roi Henri II de Valois et la Reine Catherine de Médicis.
Le Roi de France, son parrain, le prit affectueusement sur ses genoux et lui demande, sous forme de boutade : « Voulez-vous être mon gendre ? », et sans afféterie l’enfant répondit dans son occitan du Béarn : « Obé ! » (oui bien).
Henri II n’avait qu’une fille à marier, Marguerite de Valois, alors âgée de quatre ans et demi, et c’était la future « Reine Margot » !

Portrait d'Henri de Navarre futur Henri IV enfant

Portrait d’Henri de Navarre futur Henri IV enfant

   Au printemps 1558 – il était alors âgé de quatre ans et demi à peine -, la Reine Jeanne de Navarre et son époux Antoine de Bourbon se devaient d’être présents aux noces du Dauphin, futur Roi François II, avec Marie 1ère d’Ecosse (Marie Stuart), qui furent célébrées à Notre-Dame de Paris (24 avril 1558), et furent, bien sûr, accompagnées de nombreuses et longues festivités.

   Ses parents ayant jugé qu’Henri était en âge de rester à la tête de leurs domaines et ils partirent après l’avoir nommé régent et lieutenant général du Royaume de Navarre. Après sa première entrevue diplomatique à la cour de France, un peu moins d’un an plus tôt, l’enfant recevait sa première mission politique
Certes, il n’avait pas à présider le conseil ni à donner de directives, mais il devait être présent aux assemblées importantes concernant le gouvernement du Royaume, étant intelligemment et diligemment accompagné du baron de Miossens et d’un autre de ses cousins, Louis d’Albret, évêque de Lescar : sa personne respectée était suffisante pour garantir la stabilité et le maintien de l’autorité.
A quatre ans et demi !

Bosio Henri IV enfant Musée Crozatier Le Puy

François-Joseph Bosio (1768-1845) : Henri IV enfant (1828)
[Bronze; fondu par Crozatier : musée Crozatier, Le Puy-en-Velay]
Nota bene : le musée du Louvre possède une version en argent
de cette même représentation

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