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2023-96. « Le message d’espoir que je souhaite partager avec tous les Français en cette fête de Saint Louis… »

Vendredi 25 août 2023,
fête de Saint Louis de France, Roi et confesseur.

       Ainsi que Sa Majesté Elle-même le souligne, c’est un fait désormais établi que notre Roi légitime, en ce jour qui est celui de la fête liturgique de son ancêtre, adresse un message à ses peuples : celui qui a été diffusé aujourd’hui en début de matinée, grâce aux réseaux sociaux, revêt une importance particulière tant par la taille que par l’analyse, très lucide et limpide de l’actuelle situation politique de la France, que par l’exhortation à ne pas perdre l’espérance, en mettant en exergue les éléments positifs qui suscitent et motivent l’espérance d’un authentique relèvement.

   Méditons et approfondissons les belles paroles de Sa Majesté, et sachons La soutenir dans Sa délicate et périlleuse mission de « Fils de Saint Louis » et légitime successeur du modèle de tous les rois chrétiens.

Saint Louis IX - vitrail

       Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de m’exprimer, au titre de la tradition royale que je représente, en ce jour symbolique du 25 août, qui est celui de la fête de saint Louis, mon aïeul Louis IX, Roi de France.

   Cette date, en fin de pause estivale, correspond aussi à la reprise avec le souhait partagé d’entrevoir le profil des prochains mois.

   La tâche de gouverner étant liée essentiellement à celle de prévoir, Louis IX nous rappelle sans cesse l’exemple même d’un souverain attentif, proche de son peuple, modèle universel des gouvernants placés au service de ceux qu’ils ont le lourd devoir d’administrer. Le Roi sage et juste, saint et humain tout à la fois.

   Pour cette année 2023, les turbulences du premier semestre avec son cortège de violences semblent s’être un peu éloignées.

   La France a besoin de ce répit et le moment semble propice pour reprendre des forces et retrouver une sérénité dont elle semble avoir grand besoin.

   Parvenue à la fin d’un cycle politique commencé dans les années 1960-70, la France a progressivement vu sa souveraineté amoindrie, son rôle diplomatique diminué, ses industries sacrifiées au jeu d’une mondialisation mal comprise, son système éducatif malmené, ses services publics bradés au point de disparaître plus ou moins dans nombre de territoires.

   Ainsi, l’amoindrissement de sa souveraineté -cet élément essentiel qui a été le cœur de l’action des rois de France, des premiers jusqu’à Charles X- a fait que la voix de la France est de moins en moins audible dans le concert des nations. Un exemple nous est donné depuis deux ans sur le théâtre européen, où, dans un contexte compliqué, deux pays s’affrontent dans une guerre fratricide, sans que la France ait su trouver le moyen de délivrer le message « sage et juste » qui aurait pu être donné par elle dans une saine appréciation de tous les aspects du conflit, notamment face aux autres enjeux qui existent dans le monde.

   Quant aux évènements de ces dernières semaines survenus en Afrique ils amènent également à déplorer la faiblesse diplomatique de la France, et son absence de grand dessein. Sa voix pourrait être entendue en regard de sa connaissance séculaire de ce continent et de la situation créée par le maintien d’une immigration de masse, fruit d’une pauvreté endémique. Vis-à-vis de cette dernière, rien de porteur d’avenir n’est proposé pour lui trouver un remède et, par conséquent, la situation d’ensemble du phénomène migratoire empire. Or, c’est bien à l’échelle internationale que des solutions doivent être apportées en permettant à tous les peuples de trouver sur place les moyens de leur développement. Tout est possible quand il y a une volonté ; si nous évoquons les aspects alimentaires, pensons aux nations qui, comme la Chine et l’Inde, ont su maîtriser progressivement leurs destins en partant de situations d’une extrême pauvreté. La France, forte de son expérience doit pouvoir œuvrer pour apporter sa contribution à la recherche de solutions adaptées pour les pays concernés.

  Quant à la crise sociale elle perdure. Née il y a cinq ans, avec les Gilets Jaunes, dans les provinces, celles de la France profonde et lucide, abandonnées -les territoires périphériques de la république- elle n’a connu qu’un déni de la part des autorités qui se sont contentées d’une répression féroce et de quelques aumônes. Mais rien de profond. Les Français attendaient des mesures structurelles et la prise en compte de leurs réels besoins en matière de commerces et de services publics de proximité, de possibilités de se déplacer. Rien n’a été résolu tant les gouvernants semblent continuer à ignorer les difficultés de la vie quotidienne de la majorité des Français, alors que de nouvelles normes sont constamment imposées, venant incessamment compliquer cette vie quotidienne. Il est donc à craindre que la crise sociale, loin de s’amoindrir, continue et que, très particulièrement, les zones délaissées des secteurs urbains continuent de faire l’objet de pillages et de violences. Ne devons-nous pas avoir conscience, de ce point de vue, du mauvais cadrage de politiques ayant conduit parfois à aggraver, plutôt qu’atténuer, les difficultés soulevées, notamment en renforçant les communautarismes, contribuant à attiser en certains territoires une « haine de la France » dont les conséquences semblent lourdes.

   Mais notre devoir à tous est de ne pas désespérer. Même attaquée au plus profond d’elle-même, même incomprise, voire trahie parfois par certains de ses enfants ingrats et ignorants, la France a toujours su manifester dans l’histoire une formidable capacité de réaction.

   Or les signes d’une reprise sont nombreux à apparaître çà et là. Et, comme avec Jeanne d’Arc, l’héroïne de 19 ans, c’est assurément de sa jeunesse que notre pays verra poindre son renouveau.

   De plus en plus, et cela dans tous les domaines d’activité, de jeunes initiatives émergent. Dans le domaine de l’instruction, le développement de nouveaux établissements d’enseignement libres, incluant la création d’établissements de troisième cycle, survient en vue d’atténuer les carences par trop manifestes d’un système public, non dépourvu de qualités, mais n’en pouvant plus de réformes permanentes et de la perte toujours affichée de sa mission de transmission des savoirs.

   Dans le domaine de la famille, les jeunes et les jeunes couples sont également en pointe dans les combats pour la vie. Ils recréent des familles nombreuses et sont les premiers à se proposer pour lutter contre l’abandon des personnes âgées. De nouvelles structures sociales (maisons de retraites, lieux de soins palliatifs) apparaissent à leur initiative, structures dans lesquelles la personne humaine est mise au centre, et non pas les impératifs de gestion, de finance et de profits. Ce sont également des jeunes qui, non seulement entreprennent, mais surtout innovent en explorant les secteurs nouveaux nées des technologies et en pratiquant des modes de gestion novateurs. Sans omettre qu’ils sont désormais nombreux à ne pas hésiter de se tourner vers les carrières du service armé, avec les obligations de dévouement et de sacrifice que ces carrières sous-tendent. Enfin déjà certains se dirigent vers l’administration publique et les structures politiques avec, là aussi, une volonté affichée de se mettre au service du bien commun, en tirant un trait sur des décennies d’individualisme exacerbé et d’influences d’idéologies néfastes. Ainsi, ils préparent les réformes institutionnelles qui s’imposeront peu à peu pour préparer l’avenir de la France.

   Il va de soi que j’encourage toutes ces initiatives, admiratif des efforts qu’elles expriment. Elles sont porteuses d’avenir.

   Voilà le message d’espoir que je souhaite, en particulier, partager avec tous les Français en cette fête de saint Louis et en cette rentrée 2023.

Louis,
duc d’Anjou.

grandes armes de France

2023-90. Samedi 2 septembre 2023 : « Jubilé de la Vendée », en présence de Sa Majesté.

La chapelle du Mont des Alouettes

       En septembre 1823, sur le Mont des Alouettes, Madame la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI, demandait la construction d’une chapelle qui commémorerait le souvenir des héroïques combattants de la grande Armée catholique et royale de l’Ouest, et du martyre de la Vendée.
Les travaux de cette chapelle furent rapidement commencés, mais elle resta inachevée pendant de longues décennies. A la demande de l’évêque de Luçon, l’association du « Souvenir Vendéen » acheva cette chapelle en avril 1968 et conviait des milliers de personnes pour sa bénédiction (28 avril 1968).
Cette année 2023 marque donc tout-à-la-fois le deuxième centenaire de la venue de Madame la duchesse d’Angoulême et le cinquante-cinquième anniversaire de la bénédiction de la chapelle demandée par elle.

   L’association « Jubilé de la Vendée », constituée et soutenue par plusieurs organisations attachées au maintien de la mémoire, et à sa transmission dans les jeunes générations, organise le samedi 2 septembre 2023 une journée de jubilé, afin de commémorer le plus dignement possible les événements sus-évoqués.
De nombreuses personnalités ont été invitées, et l’on attend tout particulièrement à ce jubilé Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, aîné des Capétiens, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, qui a publié le message suivant :

       « Je suis particulièrement heureux de venir rendre visite à la Vendée et aux Vendéens le 2 septembre prochain, au Mont des Alouettes, ce haut-lieu des guerres de Vendée, mémoire de ce combat inégal mené pour Dieu, pour le Roi et pour les libertés fondamentales.

   Ce faisant, je ne fais qu’accomplir un devoir, celui de la Fidélité :
– fidélité à la mémoire des Vendéens de toutes conditions, qui ont tout sacrifié pour leur Foi catholique, leur attachement à la royauté très chrétienne et à ma famille ;
– fidélité au souvenir, et à l’exemple, de ma grand’ tante Marie-Thérèse de France, duchesse d’Angoulême, l’orpheline du Temple, la « sainte fille de Louis XVI », accueillie au Mont des Alouettes il y a 200 ans, le 18 septembre 1823, par quinze mille vétérans Vendéens qu’elle tenait à remercier de s’être battus pour son frère, le petit Roi Martyr, Louis XVII, dont le nom ornait tant d’emblèmes de l’insurrection vendéenne. C’est elle qui avait voulu que soit édifiée en ce lieu une Chapelle ;
– fidélité également au souvenir de la duchesse de Berry, mère d’Henri V, comte de Chambord, qui en 1832, vint en cet endroit dans l’espoir de soulever une nouvelle fois la Vendée contre le pouvoir illégitime installé à Paris.

   Mais, en ces temps troublés, ma présence sur cette terre de Vendée autrefois si éprouvée, se veut aussi un message de Foi et d’Espérance, pour tous les Français fidèles à leur Patrie, à leurs racines, à leurs valeurs héritées des civilisations grecque, romaine et chrétienne !
Forts d’un passé héroïque, regardons avec lucidité, courage et détermination notre avenir qu’il nous appartient de construire.

Vive la Vendée catholique et royale, vive la France fidèle aux promesses de son Baptême ! »

Louis, duc d’Anjou

   Nous reproduisons ci-dessous l’affiche diffusée par l’association organisatrice, et vous invitons à vous rendre sur le site de l’association sur lequel on peut trouver tous les détails de l’organisation de cette journée et les moyens d’y participer > ici.

 Jubilé de la Vendée

2023-89. Dixième anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut.

17 août 2023,
Dans l’Ordre de Saint-Augustin, fête de Sainte Claire de Montefalco ;
Commémoraison de Saint Carloman ;
Commémoraison de Saint Hyacinthe ;
Commémoraison de Sainte Jeanne Delanoüe ;
Commémoraison du 3ème jour dans l’octave de l’Assomption ;
Anniversaire du rappel à Dieu de M. l’Abbé Christian-Philippe Chanut (cf. ici).

memento mortuaire abbé Chanut

       Ce 17 août 2023 marque le dixième anniversaire du rappel à Dieu de notre regretté et cher ami, Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut : dix ans déjà !
Il y aurait sans nul doute beaucoup de choses à rappeler à l’occasion de cet anniversaire, mais nous nous contenterons, de vous donner ci-dessous les liens vers quelques enregistrements vidéos actuellement disponibles sur le site internet « You Tube » qui permettent de le revoir et de l’entendre : pour chacune d’entre elles, il vous suffira de faire un clic droit sur l’image/lien que nous publions, puis de cliquer sur « ouvrir dans un nouvel onglet ».

1) Film (d’assez mauvaise qualité, mais ô combien émouvant !), de la Messe de Requiem célébrée par Monsieur le Grand Aumônier de France le 9 février 1989 à la basilique nécropole royale de Saint-Denis à la pieuse mémoire de Sa Majesté le Roi Alphonse II, dix jours après le drame qui l’a ravi à son peuple (l’homélie commence à 18 mn et 25 s) :

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2) Une homélie prononcée à Ars le 11 septembre 2011 à l’occasion du pèlerinage de rentrée du district de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) :

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3) Une homélie prononcée quelques mois avant sa mort, à Bordeaux, au cours du carême 2013 :

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4) L’enregistrement d’une émission radiophonique de Philippe Maxence rendant hommage à Monsieur l’Abbé Chanut :

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frise lys deuil

2023-87. « Dieu aime la France ! » (Saint Pie X)

       Il y a eu dans l’histoire de la Sainte Eglise catholique romaine, et jusqu’à une date récente, de très grands Papes qui ont beaucoup aimé la France, parce qu’ils voyaient en elle une sorte de phare pour la Chrétienté.
Mais il peut aussi arriver que certains Pontifes romains ne l’aiment pas et conspirent même avec les artisans de sa ruine : celui qui veut se donner la peine d’étudier l’histoire de la papauté pourra sans peine constater que ce ne sont habituellement ni les plus saints ni les plus édifiants ni les plus sages dans la liste de ceux qui se sont assis sur le Trône de Saint Pierre… car il peut, en effet, y avoir des pontifes calamiteux que la divine Providence, dans ses desseins mystérieux, inflige aux véritables fidèles.
J’en étais là dans mes réflexions lorsque, à l’occasion de l’une de mes études, cette divine Providence a daigné me consoler en me faisant découvrir le texte d’une courte allocution du Pape Saint Pie X prononcée lors de l’audience qu’il accorda le 23 septembre 1904 à un groupe de pèlerins français qui s’étaient rendus à Rome à l’occasion du cinquantième anniversaire de la proclamation du dogme de la Conception immaculée de la très Sainte Mère de Dieu (par le Bienheureux Pie IX le 8 décembre 1854).

   En ces jours de préparation spirituelle à la fête patronale de la France, célébrée le 15 août, il m’a donc paru bon, de vous associer à cette consolation spirituelle qui m’a été donnée à la lecture de ces nobles paroles de Saint Pie X.
Certes, nous semblons encore bien loin de voir la conversion et les relèvements appelés par Saint Pie X, et sans doute – dans notre clergé officiel actuel tout comme dans ces hommes politiques qui usurpent le gouvernement de notre patrie – subissons-nous les châtiments de la révolution et de l’apostasie, mais au-delà de ces tristes réalistes constats, restons fermement ancrés dans l’espérance surnaturelle à laquelle ce texte de Saint Pie X nous exhorte !

Tolbiac

Pape Saint Pie X

Allocution de Saint Pie X
adressée
aux participants du 
Pèlerinage national

à Rome
le 23 septembre 1904

[in AAS, vol. XXXVII (1904-05), pp. 231-235]

       Si Nous n’avions pas déjà d’autres motifs pour faire le plus joyeux accueil aux chers pèlerins de France, il Nous suffirait d’avoir celui de la recommandation du vénéré Archevêque de Paris, au nom duquel, Monseigneur, vous Nous les avez présentés. Une raison spéciale, cependant leur donne droit à Notre bienveillante attention, et c’est qu’ils sont venus à Rome à l’occasion du cinquantième anniversaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception pour affirmer solennellement que la France est le royaume de Marie, et que, par conséquent, comme l’a proclamé la Vénérable Pucelle d’Orléans, Jeanne d’Arc, la France est le royaume de Jésus-Christ.

   Aussi, ne pourriez-vous, chers fils, Nous donner une plus douce consolation dans ces moments où nous sommes profondément affligés par tout ce qui se passe au détriment de la religion dans votre patrie. Votre présence, en effet, Nous confirme dans Notre conviction que Dieu aime la France parce qu’Il aime l’Eglise, et que, puisqu’Il protège Son Epouse, Il veut aussi le salut de sa fille bien aimée.

   Oui, Dieu aime la France, à cause des œuvres si nombreuses qu’elle a fondées pour le salut des âmes ; œuvres qui, comme les eaux d’un fleuve majestueux, répandent de tous côtés leur action bienfaisante. Dieu aime la France, à cause des conquêtes pacifiques de ses Missionnaires intrépides, qui courent porter la lumière de la foi aux extrémités moins connues de la terre et au milieu des ténèbres de l’idolâtrie.

   Dieu aime la France, parce que, si elle n’a pas toujours correspondu à la mission qu’Il lui a confiée et aux privilèges qu’Il lui accordait pour remplir cette mission, Il n’a pas laissé sans punition son ingratitude, et Il l’a relevée par cette même main qui la châtiait.

   Dieu aime la France, parce qu’en ces temps mêmes de proscription et d’angoisses, Il appelle Ses fils auprès des sanctuaires de Montmartre, de Paray-le-Monial et de la Grotte de Lourdes, à prier, à pleurer, et à admirer les merveilles de Sa toute-puissance. Dieu n’accorde des grâces pareilles qu’aux nations qu’Il veut sauver.

   Dieu aime la France, parce qu’Il excite ses fils à manifester leur foi par le dévouement à l’Eglise, par l’attachement au Siège Apostolique et par l’amour envers le Vicaire du Christ, en les amenant, même au prix de sacrifices, auprès de la Chaire de Pierre pour entendre la parole de vérité, pour recevoir une direction dans leur œuvres, pour se ranimer dans les luttes qu’ils ont à soutenir : une nation qui a de tels fils ne doit pas périr.

   Voilà, bien, très chers fils, une consolation que Nous partageons avec vous. A votre retour en France emportez avec vous, non pas seulement l’espérance, mais la certitude que N. S. Jésus-Christ, dans l’infinie bonté de Son Cœur miséricordieux, sauvera votre patrie, en la maintenant toujours unie à l’Eglise, et que, par l’intercession de la Vierge Immaculée, Il fera se lever l’aurore de jours meilleurs ; car ce pèlerinage si édifiant fortifiera encore davantage votre foi ; il donnera un nouvel élan à votre piété et établira un grand exemple à suivre pour tous vos frères.

   Avec une même affection, Nous bénissons donc la France, et tout d’abord votre noble Episcopat, qui pour les intérêts religieux et le salut des âmes déploie un zèle infatigable. Nous bénissons avec toute l’effusion de Notre âme les Vicaires généraux, les Curés et leurs paroisses, et tous les prêtres, en priant Dieu de leur accorder les plus douces consolations dans l’exercice d’un ministère plein de fruits. Nous bénissons enfin de tout cœur vous tous, chers pèlerins, vos familles, vos amis et vos œuvres, afin que vous puissiez travailler avec un courage ardent et une pleine confiance dans le secours du Ciel. Que cette bénédiction soit une source de consolations, constantes pour tous ceux qui sont aujourd’hui présents ici, et pour ceux qui sont demeurés au loin.

PIUS PP. X

Armoiries de Saint Pie X

 

2023-83. De la victoire de Philippe II Auguste à Bouvines le 27 juillet 1214.

27 juillet,
Fête de Saint Pantaléon, médecin anargyre et mégalomartyr ;
Anniversaire de la victoire de Bouvines ;
Anniversaire de la mort de Turenne ;
Anniversaire de l’arrestation de Robespierre et de ses complices terroristes.

Armoiries_France_Ancien

       Le dimanche 27 juillet 1214, dans la plaine de Flandre, le Roi Philippe II, dit Auguste, affronta une coalition de princes. C’étaient l’empereur Otton IV de Brunswick, le comte Ferrand de Flandre, et Renaud, comte de Boulogne.
Au soir de la bataille, le septième souverain Capétien, avec lequel ont combattu ses barons, ses chevaliers, ses sergents, mais également des milices communales, était incontestablement vainqueur, et cette victoire devint celle de tout un peuple uni à son Roi qui défendait la liberté du Royaume, au point que certains historiens, marqués par les théories nationalistes, l’ont désignée comme une étape décisive dans « la naissance du sentiment national ».
La réalité est infiniment plus nuancée et complexe, et ne peut se résoudre à des récupérations idéologiques d’inspiration révolutionnaire, à la manière de Michelet et des livres scolaires d’histoire de feue la troisième république.

   « L’an du Seigneur 1214, quelque chose digne de mémoire est arrivé au pont de Bouvines… », ainsi commence une chronique de ce temps : chronique du règne de Philippe Auguste.
Fils tardif de Louis VII le Jeune (1120-1180) et de sa troisième épouse, Adèle de Champagne, Philippe est né le 21 août 1165. Baptisé dès le lendemain : il a reçu les prénoms de Philippe Dieudonné. Louis VII espérait ce fils depuis près de 28 ans et avait multiplié les prières, les aumônes et les pèlerinages pour obtenir la grâce d’un successeur.
Le jeune prince a reçu une éducation soignée, dans le respect de la religion et la crainte de Dieu.
La santé de son père déclinant, ce dernier fait sacrer Philippe de son vivant, le 1er novembre 1179, alors qu’il n’a pas encore 15 ans. Dès lors, il a été associé au pouvoir, et moins d’un an plus tard, la mort de Louis VII (18 septembre 1180) va faire de lui l’unique souverain d’un royaume prospère où l’on construit la cathédrale Notre-Dame au cœur de l’île de la Cité, et où Chrétien de Troyes compose une œuvre de quelque 9000 vers racontant les hauts faits des chevaliers Lancelot et Perceval le Gallois dans leur quête du Graal : ils sont inspirés par la foi, animés par le sens de l’honneur, vibrants des émotions de l’amour courtois, soumis à la règle de la fidélité…
Ces deux faits d’ordre patrimonial et culturel n’en disent-ils pas autant, sinon davantage, sur son règne que bien des dates strictement « politiques ».

Philippe Dieudonné offert par le ciel à Louis VII et Adèle de Champagne

Philippe Dieudonné, futur Philippe II Auguste, donné par le Ciel à Louis VII et Adèle de Champagne.

   En 1190, Philippe s’est croisé à Vézelay, avec Richard 1er, dit Cœur de Lion, roi d’Angleterre, et son vassal : cette croisade sera l’occasion d’une brouille durable avec le Plantagenêt. En avril 1191, après le siège de Saint Jean d’Acre, Philippe sollicitera du pape d’être relevé de son vœu de croisade et rentrera en France, où la question de la succession flamande est source de conflits risquant d’affaiblir le trône des lys.

   Contre les grands féodaux, qui résistent à l’autorité royale et veulent lui soustraire leur souveraineté sur leurs fiefs, Philippe II devra longtemps guerroyer, à l’intérieur comme aux frontières du royaume : il s’oppose à ces rois-vassaux rebelles Richard Cœur de Lion, puis son successeur, Jean sans Terre ; il rivalise avec Otton IV de Brunswick, empereur romain germanique ; il mène croisade au sud de la Loire contre les hérétiques albigeois ; dans l’intérêt du royaume, il doit même tenir tête au pape Innocent III.
Au terme, Philippe aura renforcé le prestige de la Couronne et étendu le domaine royal.
C’est alors que Rigord, moine de Saint-Denis puis du prieuré d’Argenteuil rédige une chronique intitulée « Gesta Philippi Augustii » (qui couvre la période 1186-1208), dans laquelle il attribue à Philippe le nom d’Auguste : « Parce que les Anciens, dit-il, appelaient Auguste les empereurs qui augmentaient le domaine de l’Etat et aussi parce que Philippe naquit au mois d’août »
Le chroniqueur Guillaume le Breton le qualifie de « Grand », de « Magnanime », de « fils de Charlemagne », le compare à Alexandre et à César ; un autre auteur le désigne sous le nom de « Philippe le Conquérant ».

   Ce Roi, sous le règne duquel on ne parlera bientôt plus du « Rex Francorum » (Rois des Francs) mais désormais du « Rex Franciae » (Roi de France) est encore celui qui donne une nouvelle physionomie à Paris, qu’il fortifie et protège par un mur d’enceinte – un rempart d’environ 2700 mètres de long

comportant une tour tous les 60 mètres -, et édifie la forteresse du Louvre, avec une tour de 32 mètres de haut.

Conquètes de Philippe II Auguste

Le royaume de France au début et à la fin du règne de Philippe II Auguste

   Le dimanche 27 juillet 1214, par une chaleur torride, Philippe Auguste est à Bouvines, petit village du comté de Flandre, situé sur l’ancienne voie romaine qui, entre Tournai et Lille, traverse une région marécageuse.
Le « plateau de Bouvines » domine la plaine de 10 à 20 mètres. 
Il est déboisé, couvert de champs de blé ; la terre est argileuse, et peut devenir très dure par temps sec. C’est l’un des rares espaces où la cavalerie peut se déployer ; aux alentours s’étend une forêt presque continue.

   « En ce lieu, d’un côté, indique la chronique, Philippe, le noble Roi des Francs, avait réuni une partie de son royaume. De l’autre côté, Otton, qui, persévérant dans l’obstination de sa malice, avait été privé de la dignité impériale, excommunié par le décret de la Sainte Eglise. Il avait rameuté les complices de sa malice, Ferrand, comte de Flandre, et Renaud, comte de Boulogne, ainsi que beaucoup d’autres barons, et aussi les stipendiés de Jean Sans Terre, roi d’Angleterre, avides d’argent. Tous voulaient combattre contre les Français. Animés d’une haine insatiable, les Flamands qui se préparaient à attaquer les Français avaient, pour se reconnaître entre eux plus facilement, fixé un petit signe de croix devant et derrière leur cotte, mais bien moins pour l’honneur et la gloire de la croix du Christ que pour l’accroissement de leur malice, le malheur et le dommage de leurs amis, la misère et le détriment de leur corps. Ils ne se remémoraient pas le sacré précepte de l’Eglise qui dit : « Celui qui communique avec un excommunié est excommunié. » Ils persistaient dans leur alliance avec Otton qui, par le jugement et l’autorité du pape, était pris dans les liens de l’anathème et avait été séparé des fidèles de la Sainte Mère Eglise ».

   Les Flamands, riches de leur commerce de draps, pour lequel ils ont besoin de la laine anglaise, veulent que le port de Damme, sur l’ancien estuaire du Zwin et important avant-port de Bruges, reste ouvert à tous les navires. Ils redoutent les ambitions du Capétien et contestent les devoirs de vassalité qui les lient au Roi de France. Et les comtes Ferrand et Renaud, soutenus donc par leurs sujets – bourgeois, fabricants et marchands – négocient donc avec Otton et Jean sans Terre.
La guerre de Flandre, entre Français et Flamands, ravage le pays durant l’hiver 1213 et le printemps 1214. Les Flamands envahissent l’Artois, qu’ils pillent et brûlent. Lille, qui a choisi leur parti, est incendiée par les Français : ses fortifications sont rasées, les fossés comblés. Les bourgeois tués ou vendus comme serfs…
Mais jusqu’au début de juillet 1214, les deux armées se sont évitées. L’affrontement cependant devient inéluctable.

   C’est la première bataille que va livrer un Souverain capétien. Philippe II a rassemblé 1300 chevaliers et entre 4000 et 6000 sergents à pied.
Le camp adverse peut compter sur 1500 chevaliers et 7500 sergents à pied. Chaque partie dispose en outre de plusieurs milliers de « piétons », membres de milices, de communes, qui marchent vers Bouvines pour rejoindre leurs armées.
Il ne s’agit plus seulement d’un combat entre un suzerain et des vassaux rebelles, mais de l’affirmation d’un pouvoir royal qui fait appel à tous ses sujets, chevaliers, bourgeois et vilains pour vaincre, afin de sécuriser durablement le royaume et lui assurer une stable sécurité.

Bataille de Bouvines

   En ce dimanche 27 juillet 1214, les barons français se pressent autour de Philippe : « Que les Teutons, dit le roi, combattent à pied ! Vous, enfants de la Gaule, combattez toujours à cheval ! Que nos bannières reviennent sur leurs pas : allons au-delà de Bouvines gagner les plaines de Cambrai, d’où nous pourrons marcher plus facilement sur nos ennemis. »
Il faudra emprunter la voie romaine et passera le pont de Bouvines.
L’infanterie ouvre la marche avec les bagages. Le gros des forces, avec le Roi, sont au centre. Les hommes du comte de Champagne et du duc de Bourgogne forment l’arrière-garde. L
a chaleur est intense. A midi, l’infanterie des communes françaises, avec l’oriflamme de Saint-Denis, a franchi le pont de Bouvines. On étouffe sous l’armure brûlante : le Roi quitte la sienne et prend un peu de repos près de la petite église Saint-Pierre de Bouvines, à l’ombre d’un frêne.
Comme tous ses chevaliers, il est convaincu qu’on ne se battra pas un dimanche, jour du Seigneur, jour de trêve…

   Tout à coup, on accourt : « Sire, Dieu vous garde du péril ! Armez-vous car nous aurons bientôt la bataille. Les voici près de nous qui arrivent. Ils n’ont pas respecté la trêve de Dieu ! »
Philippe bondit. Mais il entre d’abord dans l’église pour y faire une courte prière. Puis il ordonne aux communes de repasser la rivière. Lui-même va rebrousser chemin, aller au-devant de l’ennemi.
Il s’adresse à ses barons : « Vous voyez que je porte la couronne de France, mais je suis un homme comme vous, et si vous ne m’aidiez pas à la porter, je ne pourrais en soutenir le poids ! » Il l’ôte de sa tête : « La voici, je veux que vous soyez tous rois comme je le suis, et, en vérité, je ne pourrai sans vous gouverner mon royaume ! »
Philippe II monte en selle, galope à la tête de ses barons. Près de lui, Galon de Montigny porte la bannière capétienne semée de fleurs de lys.

   Les deux armées sont face à face, distantes d’un jet de flèche. Otton, tout couvert d’or, est entouré par sa garde de chevaliers saxons. La bannière d’Empire, un énorme dragon surmonté d’un aigle d’or, est portée sur un char à quatre chevaux. Philippe s’adresse encore à son armée : « Le roi Otton et son armée ont été excommuniés par le pape… L’argent qui sert à les solder est le produit des larmes des pauvres, du pillage des terres appartenant à Dieu et au clergé… Nous sommes chrétiens. Dieu nous donnera le moyen de triompher de nos ennemis qui sont aussi les siens ! »
Les chevaliers prient le roi de les bénir. Il élève les mains, implorant pour eux la bénédiction divine. Alors retentit le son des trompettes et le combat commence.

   Les piétons s’avancent. Avec leurs crochets, ils agrippent l’armure des chevaliers qu’ils désarçonnent, et lorsque le chevalier est à terre, impotent tel un gros insecte renversé sur le dos, ils cherchent à l’égorger avec des « couteaux longs et grêles » qu’ils glissent dans les jointures des armures.
A un moment, Philippe lui-même est en péril, enveloppé par la piétaille qui, avec les crochets de ses piques, le harponne et l’arrache de sa selle. On se jette sur lui, on essaie de trouver le défaut de son haubert pour lui porter un coup de dague. Galon de Montigny agite la bannière royale : des barons le rejoignent, libèrent le Roi, qui remonte en selle et charge.
Otton connaît un sort voisin. Des chevaliers français l’entourent, saisissent son cheval par la bride, donnent des coups de glaive. La lame glisse sur l’armure, crève l’œil du cheval, qui désarçonne Otton. Il réussit à fuir : 
« Nous ne verrons plus sa figure aujourd’hui », dit Philippe Auguste.
Le comte Ferrand est fait prisonnier. Renaud de Boulogne s’est placé avec quelques chevaliers saxons au milieu d’une double ligne de fantassins, rangés en cercle. C’est comme une tour humaine hérissée de piques. Elle s’ouvre pour permettre à Renaud de charger, elle le recueille et le protège quand il rompt le combat.
Il sera néanmoins pris, blessé, à la fin de la journée.

Horace Vernet - Philippe le Bel victorieux à Bouvines

Horace Vernet (1789-1863) : Philippe Auguste victorieux à Bouvines
(Château de Versailles, galerie des batailles)

   Dimanche 27 juillet 1214 : au moment où le soleil de Bouvines va disparaître à l’horizon, il ne reste sur le plateau que sept cents fantassins brabançons qui refusent de se rendre. Ils seront massacrés jusqu’au dernier.
La victoire est totale.

   Un extraordinaire mouvement d’enthousiasme populaire est suscité par la victoire royale : « Les habitants de toute classe, de tout sexe et de tout âge accourent de toutes parts pour assister à un si grand triomphe, écrit le chroniqueur Guillaume le Breton, qui a participé à la bataille aux côtés du Roi. Les paysans et les moissonneurs interrompant leurs travaux, suspendant à leur cou leurs faux et leurs petites houes, se précipitent pour voir le comte Ferrand enchaîné…. Ceci se passa sur toute la route jusqu’à ce qu’on fût arrivé à Paris. Les bourgeois parisiens et par-dessus tout la multitude des étudiants, le clergé et le peuple vont au-devant du roi, chantant des hymnes et des cantiques, témoignant de la joie qui remplit leur âme…. Durant sept nuits de suite, ils illuminent, de sorte qu’on y voit comme en plein jour… »
Cette bataille, de fait, n’a pas été qu’un affrontement féodal ; le Roi n’est plus seulement le plus grand des suzerains ; les peuples des diverses provinces de la terre capétienne ne sont plus seulement liés à des fiefs juxtaposés : ils sont tous les sujets du Roi des Lys, victorieux, liés à lui par un lien personnel d’amour filial, membres du beau Royaume de France.

   En ce 27 juillet 1214, où le pouvoir royal l’a emporté, et où le règne de Philippe Auguste est parvenu à son apogée, la réalité temporelle a rejoint la réalité spirituelle, non pour une « naissance du sentiment national », mais pour une prise de conscience quasi mystique de la grandeur de la royauté capétienne et de sa place dans les desseins de Dieu sur la France.

Voir aussi :
- Discours du Prince Louis de Bourbon à Bouvines le 27 juillet 2014, lors de la célébration du 8ème centenaire de la victoire > ici.

Horace Vernet - Bouvines - détail

2023-81. 25 juillet 1593 : l’abjuration de Sa Majesté le Roi Henri IV à l’abbaye de Saint-Denis.

Mardi 25 juillet 2023,
Fête de Saint Jacques le Majeur, apôtre ;
Mémoire de Saint Christophe, martyr ;
Anniversaire de l’abjuration d’Henri IV (25 juillet 1593) ;
Anniversaire de la mort de Louis-Célestin Sapinaud, chevalier de La Verrie (+ 25 juillet 1793).

Lettre mensuelle aux membres et amis
de la
Confrérie Royale

25 juillet 2023

Blason de la Confrérie Royale

Bien chers Membres et Amis de notre Confrérie Royale,

       Ce 25 juillet 2023 marque le 430ème anniversaire de l’abjuration de Sa Majesté le Roi Henri IV, notre premier Roi Bourbon. En guise de « lettre » mensuelle, je vous propose donc simplement ce texte, publié en 1938, par Monsieur Henri Gaubert, historien bien oublié aujourd’hui, extrait de son ouvrage « Les grandes conversions » (1938). Quoique ce texte soit un peu long, je pense qu’il suscitera votre intérêt et retiendra votre attention.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

Abjuration d'Henri IV à Saint-Denis - gravure de Franz Hogenberg

L’abjuration d’Henri IV à Saint-Denis, gravure de Frans Hogenberg (1535-1590)
l’église abbatiale est représentée en coupe afin de permettre de voir les cérémonies successives :
au premier plan, le Roi Henri se présente devant le clergé
(en particulier l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune, grand-aumônier de France) ;

au second plan, le Roi ayant abjuré est introduit dans l’église ;
enfin il assiste à la Sainte Messe ;
sur le côté droit on voit les réjouissances populaires que suscite cette conversion (tirs de canons, feux de joie, et danses),
et sur le côté gauche le Roi distribue du pain au peuple.

frise lys

La conversion et l’abjuration d’Henri IV

roi de France et de Navarre

par

Henri Gaubert

 « Car seul Henri de Navarre a droit au trône,
et il est d’un caractère 
trop sincère et trop noble pour ne pas rentrer dans le sein de l’Église ;
tôt ou tard, il reviendra à la vérité. » 

Paroles d’Henri III sur son lit de mort, 1589.

UNE ODIEUSE COMÉDIE ?

   Depuis trois cent cinquante ans que, sous le porche de la basilique de Saint-Denis, Henri de Bourbon a abjuré le protestantisme, nombre d’historiens s’accordent à considérer ce changement de religion comme un acte d’opportunisme politique ; acte très habile, certes, mais au fait assez déplaisant.
   Dès le XVIe siècle, cette volte-face fut jugée avec une certaine sévérité : on le connaissait bien, ce Méridional madré, subtil, moqueur… Après la Saint-Barthélemy, ne l’avait-on pas déjà vu, à la cour de Charles IX, simuler un hypocrite retour à l’Église romaine, puis, quelque temps après, rallier à nouveau les rangs des Réformés, et devenir le chef des huguenots dans le midi de la France ? À bien compter, depuis le baptême catholique reçu à sa naissance, c’était… la quatrième fois qu’Henri changeait de religion ! On ne s’étonnera donc pas si, le 25 juillet 1593, jour de l’abjuration, les ennemis du prince, aussi nombreux du côté protestant que du côté catholique, ne se privèrent point de crier à l’imposture…
   N’arrivant pas à conquérir son royaume par l’épée, à bout de ressources, et chef d’une armée-fantôme, Henri, pour en finir avec cette interminable aventure, aurait pris, semble-t-il, le parti sinon le plus noble, du moins le plus expéditif : l’abjuration.
   Depuis quatre ans, d’ailleurs, l’aristocratie de France offrait au Béarnais de le reconnaître comme roi, à la seule condition qu’il devînt catholique. À la fin d’avril 1593, Henri se décide à parler nettement de sa « conversion à la religion catholique ». Le 26 mai, le conseil du roi se prononce pour le retour d’Henri à l’Église romaine ; à cet effet, un accord se trouve bientôt établi entre le duc de Sully, huguenot déclaré, et le chancelier de Cheverny, catholique de bonne trempe. Mais le temps presse. Le surlendemain, 28 mai, nous voyons Henri convoquer pour le mois suivant l’évêque de Chartres, qui doit prendre charge de l’instruction religieuse du monarque.
   Or, en dépit de ces décisions habilement publiées, certain parti politique faisait mine de vouloir porter le cardinal Louis de Bourbon au trône de France ; le Béarnais, pour couper court à ce danger, annonça officiellement la date de son abjuration. De fait, le 25 juillet de cette même année, il optera solennellement pour la foi catholique.
   On connaît le mot un peu leste qu’à cette occasion le roi écrivait à son amie Gabrielle d’Estrées : « Ce sera dimanche que je fairay le sault périlleux 1. »
   Abjuration hypocrite, pensent les historiens susdits. Conversion sacrilège, en horreur aux protestants aussi bien qu’aux catholiques. Comédie odieuse, qui, sous des dehors religieux, cache simplement les calculs politiques d’un ambitieux. Telle est la thèse dite « historique ».
   Mais le procès mérite révision. Et si, à notre tour, nous nous permettons de procéder à une enquête impartiale à travers les pièces d’archives, nous ne tarderons pas à arriver à des conclusions… entièrement différentes 2.

Statue d'Henri IV au Pont-Neuf

La statue d’Henri IV le victorieux sur le Pont Neuf à Paris

HENRI, LE SEUL BON FRANÇAIS DU ROYAUME

   On ne saurait porter sur Henri de Bourbon un jugement équitable, si l’on ignore la déplorable mentalité des deux clans ennemis qui, à ce moment-là, déchiraient la France.
   En cette année de disgrâce 1592, on pouvait dire, en effet, qu’il n’y avait plus chez nous qu’un seul bon Français : Henri de Navarre, le roi sans royaume. Autour de lui, ou plutôt contre lui, se dressent deux organisations politiques auxquelles, d’ailleurs, il serait fort inexact d’appliquer le qualificatif de « religieuses » : le parti catholique et le parti protestant, tributaires l’un comme l’autre de l’étranger.
   Sous le drapeau catholique de la Ligue, une poignée d’ambitieux vient d’enrégimenter le menu peuple, une partie du clergé, les moines-mendiants devant lesquels on agite l’épouvantail d’un roi hérétique, et à qui on fera bien vite accepter l’ingérence du monarque espagnol Philippe II dans les affaires de notre pays. Chez les protestants, même inconscience, même carence de sens national : sous le fallacieux prétexte de « religion », l’Angleterre, dont la politique extérieure s’efforce de maintenir chez nous le maximum d’anarchie, pousse les calvinistes du Midi et de l’Ouest à se proclamer en républiques indépendantes. Ainsi donc, les dociles huguenots, travaillant sans le savoir « pour le roi d’Angleterre », tendront de toutes leurs forces à saper le pouvoir central et à démembrer notre pauvre pays.
   Dans ce désaxement général des esprits, dans ce tourbillon de folie collective, comment la France ne sombra-t-elle point dans l’anarchie, comment ne devint-elle pas la proie de l’étranger ? Tout simplement parce qu’il y eut Henri de Bourbon qui, loin de partager l’erreur antipatriotique de ses coreligionnaires les calvinistes, et l’aveuglement antifrançais de la Ligue, va donner le coup de barre providentiel et sauver le navire du naufrage.
   Mais le Béarnais ne pouvait, on le conçoit, arriver à ses fins sans l’appui d’un parti décidé à mettre un terme à la guerre civile, et à affranchir le pays de la mainmise étrangère. Or, après quelques années de guerre civile, la Ligue va commencer à se désagréger ; les meilleurs éléments se détacheront bientôt du parti, car les esprits tant soit peu rassis commencent à sentir la nécessité d’un chef, d’un roi, à la tête de l’État. Dès 1592, des ligueurs « modérés » se décident à proposer le trône à Henri de Navarre, s’il accepte de changer de religion. En cas de refus du Béarnais, on n’hésitera pas, et on offrira la couronne au cardinal Louis de Bourbon 3, le plus proche parent du roi défunt après Henri de Navarre.
   L’avertissement était clair, presque menaçant. En face des protestants qui, tels nos moscoutaires actuels, prêchaient autour d’eux l’anarchie politique, sur l’injonction d’une puissance étrangère intéressée à notre abaissement – et en face des trublions catholiques, demandant chez nous l’instauration d’une politique « fasciste » dirigée par un autocrate voisin, se dressait enfin un parti « national », poussant le cri encore actuel de « La France aux Français » !
   Pour ramener tous ces fous à la raison, le parti national formé par les catholiques modérés demandait instamment à Henri de se convertir, pour pouvoir prendre aussitôt en main les commandes de l’État. Mais, en honnête homme, Navarre n’arrivait pas à accepter ce maquignonnage : il lui répugnait d’acheter son trône par une abjuration.

Henri IV en cuirasse atelier de Barthélémy Prieur début XVIIe s - Louvre

Henri IV en cuirasse
statuette de bronze de l’atelier de Barthélémy Prieur, premières années du XVIIe siècle
Musée du Louvre

« RAISON D’ÉTAT »… ET AUTRES RAISONS

   Si Henri possédait cette âme vilement intéressée que les écrivains du temps se plaisent à nous dépeindre, comment expliquer que le Béarnais ait attendu quatre ans avant de faire sa soumission à l’Église catholique ? Puisque le trône pouvait s’acheter si facilement par une abjuration, ce soldat de fortune, qu’on nous présente sous les traits d’un athée et d’un ambitieux, n’avait qu’à accepter de se convertir dès août 1589, dès après l’assassinat d’Henri III : la France eût aussitôt acclamé son nouveau roi.
   Mais ce n’est qu’en 1593, après plusieurs années de luttes, qu’Henri change d’attitude. Il déclare alors qu’il veut se rallier à l’Église romaine : en fait, il se soumet à ce moment-là à la « raison d’État ». Sully, le sage et prudent Sully, lui-même protestant dans l’âme, n’entrevoit point, pour son ami et roi, d’autre solution que la conversion : « Il vous sera impossible – avoue-t-il à Henri – de régner jamais pacifiquement tant que vous serez de profession extérieure d’une religion qui est en si grande aversion à la plupart des grands et des petits de votre royaume 4. »
   Impossible, en effet, de sortir de ce dilemme : ou bien ces tueries continueront, ou bien le prétendant au trône devra abjurer. On devine le parti héroïque que, finalement, prendra le Béarnais, si désireux d’arrêter ces sanglantes discordes : la raison d’État va l’emporter.
   Mais à côté de cette « raison d’État », nous voyons apparaître d’autres motifs, d’un caractère profondément humain. Représentons-nous ce soldat jovial, gai, optimiste, si près du peuple, errant sans répit du sud au nord de son futur royaume, et découvrant en tous lieux l’affreuse misère des cultivateurs, les villages en ruines, les récoltes ravagées par les charges de cavalerie ou par l’incendie. Partout des scènes de détresse, de misère, de désespoir… Écoutons-le exposer, le 9 juin 1593, à M. de Pisany, les raisons qui le poussent à envisager sa prochaine conversion : il veut, dit-il, « gagner autant de temps au soulagement du peuple, où un jour d’attente peut porter un dommage inestimable » ; il veut procurer aux paysans « quelque relasche, bien plus nécessaire en cette saison de la récolte qui approche, que en nulle autre. » En vérité, nous doutions-nous que si l’abjuration ne va pas être retardée au-delà du plein été, ce sera pour essayer de sauver les blés déjà mûrs ?
   Raison d’État, conseille Sully.
   Humanité, pense Henri.
   Il y a encore un troisième motif, plus subtil à saisir, et bien plus vrai, qui pousse le Béarnais à l’abjuration. En effet, lorsque le pasteur La Faye vient tenter, auprès du prince, une dernière démarche pour lui demander instamment de ne point changer de religion, Navarre, résumant à merveille la situation, riposte avec une certaine hauteur : « Si je suivois votre advis, il n’y auroit ni roy, ni royaume en peu de temps en France. Or, je veux donner la paix à tous mes sujets. »
– « Et – ajoute-t-il après un silence, d’une façon un peu sibylline – le repos de mon âme. »

Sébastien Le Clerc -  l'abjuration d'Henri IV

L’abjuration d’Henri IV à Saint-Denis, par Sébastien Le Clerc l’ancien (1637-1714) :
l’artiste a représenté au premier plan le Roi et l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune, grand aumônier de France,
tandis que la scène même de l’arrière-plan figure le couronnement du pape Clément VIII qui prononcera l’absolution solennelle pour le Roi Henri IV.

UN PROTESTANT PEU DISPOSÉ À ABJURER

   Jusqu’en 1592, Henri semblait cependant fort attaché à la religion réformée. Rien, à ce moment-là, ne peut laisser supposer une abjuration, car notre héros paraît peu disposé à considérer le catholicisme comme un simple marchepied lui permettant d’accéder au trône de France. En aucune occasion, il ne cache sa répugnance devant l’éventualité d’une abjuration politique, uniquement basée sur la raison d’État. « Dieu – précise-t-il – ne punit jamais rien sévèrement que l’abus du nom de religion. Que penseront de moi les catholiques, s’ils me voyaient passer d’une religion à l’autre ? Dites à ceux qui vous mettent de telles choses en avant que la religion, s’ils ont jamais su ce que c’est, ne se dépouille pas comme une chemise, car elle est au cœur. » Noble réponse, qui prouve une conviction fortement établie.
   Pourtant, Henri ne refuse pas péremptoirement à considérer comme « possible » un changement de religion. Dès le début des tractations, il ne fait aucune objection sérieuse, mais il souligne que, le cas échéant, sa conversion devra être une réalité spirituelle, et non une manœuvre politique. La conversation qu’il engage, en novembre 1589, à Châteaudun, avec le président de Thou, nous renseigne à merveille sur ses sentiments véritables. « Ce n’étoit – explique-t-il à son interlocuteur – ni entêtement, ni obstination qui le faisoient persévérer dans une croyance où il avoit été élevé, et qu’il croyoit, jusqu’à présent, la plus orthodoxe ; mais il ne refusoit pas d’en embrasser une meilleure, lorsqu’on la luy feroit connoître ; ce n’étoit ni par violence, ni par contrainte qu’il vouloit qu’on l’y amenast, mais de bon gré et comme par la main, ainsi que la Providence l’avoit conduit sur le trône. »
   En définitive, Henri veut bien se rallier à l’Église romaine, mais « par la douceur ». Ce gai luron qui, même dans les circonstances les plus poignantes, sait lancer le mot pour rire, confie plaisamment aux Ligueurs 5 tout le plaisir qu’il éprouverait à être instruit de la doctrine romaine « autrement qu’à coup de canon ».
   Mais ce sont là promesses bien vagues, bien conditionnelles. En fait, le Béarnais reste sur ses positions. À preuve, cette réponse cinglante que, par ordre, Villeroy fit à une députation de « modérés » venant encore une fois, en 1592, offrir la couronne à Henri en échange de sa conversion : « Henri de Bourbon ne sauroit faire cette chose indigne de luy, chose qui sentiroit plutôt son athéisme que son catholicisme. »
   Situation nette : Navarre n’immolera pas sa conscience aux nécessités de la politique. Il se refuse à échanger un trône contre une abjuration. La conscience du prince béarnais n’est pas à vendre…
   Et cependant, un an après la réponse de Villeroy, Henri se convertira. Comment donc expliquer ce brusque changement de principes ? D’un seul mot : Henri de Bourbon vient de se convertir véritablement, de toute son âme, au Catholicisme. 

Henri IV s'appuyant sur la religion pour donner la paix à la France - Château de Pau

« Henri IV s’appuyant sur la religion pour donner la paix à la France »
tableau allégorique anonyme des dernières années du XVIe siècle
Château de Pau 

« MONSIEUR LE CONVERTISSEUR »

   C’est au cours de l’investissement de la place forte de Rouen, en mars-avril 1592, que les idées religieuses du Béarnais vont évoluer très nettement vers le Catholicisme, et cela sous l’influence d’un des intimes du roi, Jacques Davy du Perron, ancien huguenot passé à la religion romaine, homme charmant, subtil et disert, laïc possédant à fond non seulement une culture littéraire des plus étendues, mais encore la science des Écritures et des Pères.
   Pendant les loisirs forcés du siège, Henri se plaît à s’entretenir familièrement avec ce compagnon si agréable. Or, du Perron, excellent exégète, s’enhardit bientôt à aborder avec le prince les questions théologiques. Au cours de ces entretiens, il souligne les contradictions de la doctrine réformée, il réfute savamment les accusations lancées par les protestants contre le dogme romain. Henri, fort intéressé par cette argumentation, et désireux de voir les deux thèses se confronter, décide d’ouvrir à Mantes une sorte de conférence publique où du Perron se trouvera aux prises avec quatre pasteurs huguenots, soutenus par dix de leurs collègues. Après sept jours de discussion, la victoire resta, de l’avis unanime, au champion catholique. Malheureusement, le roi, empêché, ne put assister en personne à ce tournoi mémorable ; cependant, quelque temps après, il ne manquera pas d’être frappé par la conversion à la religion romaine de deux adversaires acharnés de du Perron : le baron de Salignac, et Pierre-Victor Gayet, pasteur protestant et ancien précepteur du prince béarnais.
   Dans ces conditions, on ne saurait s’étonner de voir, au début de juin 1593, Henri de Bourbon présider une seconde controverse du même genre, à Mantes également. « L’Église et le Salut » : tel était le thème. Du côté protestant, les pasteurs Rotan et Morlas. Du côté catholique, l’inévitable du Perron, à ce moment entré dans les ordres, et nouvellement nommé évêque de Dreux. La discussion promettait d’être chaude. Du Perron démontra, en s’appuyant sur les textes sacrés, que l’Église romaine, la plus ancienne des deux, reste « en quelque manière et respect » l’Église de Jésus-Christ ; en dépit de l’argumentation serrée de ses deux adversaires, il parvient à convaincre l’auditoire qu’il eût mieux valu réformer les abus du Catholicisme d’alors, plutôt que de créer un schisme, compliqué de luttes fratricides. Car – poursuivait-il – on trouve certainement dans l’Église catholique « les moyens de faire son salut ». La défaite des pasteurs s’avéra si complète que le huguenot Agrippa d’Aubigné ne trouve, pour expliquer le succès de du Perron, qu’une seule raison : Rotan et Morlas avaient été « achetés » en sous-main par le parti romain. Assertion toute gratuite, d’ailleurs absolument inadmissible quand on songe que Rotan, en particulier, ne cessa jusqu’à sa mort de mener un rude combat contre le « papisme ». D’Aubigné eût été bien en peine d’expliquer la motion que vota, à l’adresse des deux pasteurs de Mantes, le synode de Montauban, les remerciant « de tout ce qu’ils avoient faict pour maintenir la vérité dans la conférence de Mantes », et « de la conduite qu’ils y avoient tenue ».
   Dès cet instant, Henri de Navarre se résout à abjurer. Jusqu’alors, la « raison d’État », qu’agite devant lui le protestant Sully, ne lui était pas apparue suffisante pour qu’il changeât de religion. Pour le décider, il ne fallut rien de moins que les arguments historiques et théologiques de son ami du Perron, lequel, de ce jour, sera ironiquement, mais justement appelé par les Réformés « Monsieur le Convertisseur ».
   À la lumière de ces brèves explications, il est maintenant plus aisé d’apprécier la pleine sincérité de l’aparté d’Henri IV, répondant, comme nous l’avons vu, au pasteur La Faye, qu’il voulait assurer également « le repos de son âme ».

Henri IV en prière estampe de Léonard Gaultier

Henri IV en prière
estampe de Léonard Gaultier (1561-1635) publiée en 1610 dans l’ouvrage de Jean Metezeau « L’Instruction chrestienne »

DERNIERS SCRUPULES

   Au cours des deux jours qui précédèrent l’abjuration solennelle, ce roi, que les pamphlets de l’époque se plaisent à nous présenter comme un homme parfaitement dénué de scrupules religieux, demande qu’on lui ménage à l’abbaye de Saint-Denis de sérieux entretiens avec les théologiens catholiques. Car il veut être éclairé sur quelque points dogmatiques qui lui semblent encore assez difficiles à accepter.
   Tout d’abord, le 23 juillet 1593, au début de la matinée, Henri converse longuement, et en particulier, avec quatre évêques, parmi lesquels nous ne saurions nous étonner de retrouver du Perron, « Monsieur le Convertisseur ». Le monarque assure à ses interlocuteurs qu’il reste bien persuadé de la vérité de la religion romaine dans son ensemble ; ce qui ne l’empêchera pas, durant cinq heures d’horloge, de discuter vivement sur certains points secondaires auxquels il éprouve quelque peine à adhérer : le culte des saints, la confession auriculaire, l’autorité du Pape, le purgatoire, les prières pour les morts. « Vous ne me contentez pas bien – répétait-il en pleurant – et ne me satisfaites pas comme je désirays. Je mets aujourd’hui mon âme entre vos mains ; je vous en prie, prenez-y garde, car là où vous me faites entrer, je n’en sortiray que par la mort ; de cela, je vous le jure et proteste. »
   Par contre, en ce qui concerne la Présence réelle dans le sacrement de l’autel, nulle objection de sa part : « Je n’en suys point en doute, car je l’ay toujours ainsi creu. »
   À la fin de l’entretien, il se déclare d’accord, de bonne foi, sur tous les points, et « promet de se conformer du tout (lisez : entièrement) en la foy de l’Église catholique, apostolique et romaine ».
   Les discussions de l’après-midi furent plus agitées encore.
   Les théologiens, qui viennent d’arrêter le libellé de l’abjuration, la présentent au roi ; celui-ci la lit très attentivement, puis la repousse. Jamais, assure-t-il, il ne signera certains de ces articles, par exemple l’engagement de ramener à la foi catholique les hérétiques sur lesquels, en tant que souverain, il a autorité.
   Quelques prélats commencent alors à s’impatienter, et il faut le doigté, l’habileté de du Perron pour arriver à un arrangement : en définitive, le roi l’emporte, la formule ne portera pas les points discutés, qui d’ailleurs sont en marge de la doctrine catholique.
   Henri, qui vient de passer une très dure journée, rentre alors dans ses appartements. Ce jour-là est un vendredi : au passage, le prince ordonne à son maître d’hôtel de lui préparer un repas maigre.
   Le lendemain, 24 juillet, le Béarnais convoque les vingt prélats venus à Saint-Denis pour la cérémonie officielle. Il s’excuse auprès d’eux d’avoir, la veille, tenu ce petit conseil avec seulement quatre évêques, cela, explique-t-il, afin de rendre la discussion plus rapide, plus aisée. Enfin, devant ces dignitaires, il renouvelle ses promesses de la veille, et fait part de son désir ardent, sincère, de se rallier à l’Église romaine.
   Aussitôt après, dans la joie générale, la vieille abbaye de Saint-Denis se prépare à encadrer dignement cette solennité unique dans les annales de notre histoire : l’abjuration d’un roi.

abjuration d'Henri IV Georges Rouget - Pau musée des Beaux-Arts

L’abjuration d’Henri IV devant le portail de l’abbatiale de Saint-Denis le 25 juillet 1593
toile de Georges Rouget (2ème quart du XIXe siècle) au musée des Beaux-arts de Pau

L’ABJURATION (25 juillet 1593)

   Vers les huit heures du matin, les prélats assemblés sous le porche de l’abbatiale de Saint-Denis virent arriver, « tambours battants, trompettes sonnantes », un magnifique cortège composé de troupes françaises, suisses et écossaises, précédant quelque cinq cents seigneurs et gentilshommes. Peu après, apparaissait, monté sur un superbe destrier, Henri de Bourbon, habillé de satin blanc, avec sur les épaules un manteau noir. Bientôt, le prince, après avoir mis pied à terre, montait les degrés du grand escalier et s’inclinait respectueusement devant Renaud de Beaune, archevêque de Bourges et grand-aumônier de France, lequel, mitré et crossé, attendait, assis dans un grand fauteuil de damas blanc, le royal pénitent.
   « Qui êtes-vous ? » demanda l’archevêque. – « Je suis le roi », repartit Henri. – « Que demandez-vous ? » interrogea à nouveau le grand-aumônier. – « Je demande – continua le prince – à être reçu au giron de l’Église catholique, apostolique et romaine. » – « Le voulez-vous ? » – « Oui, je le veux et le désire. »
   En disant ces mots, Navarre s’agenouilla, affirma sa résolution de vivre et de mourir en l’Église catholique, de la protéger, de la défendre. Puis, il remit à l’archevêque sa profession de foi orthodoxe, ainsi que sa promesse d’obédience au Souverain Pontife. Renaud de Beaune prononça alors la sentence qui, sous réserve des droits du Pape 6, donnait à Henri absolution de son crime d’hérésie et d’apostasie, le réintégrant ainsi dans la communion des fidèles. Alors, s’ouvrirent les portes de la basilique ; l’archevêque s’avança pour aider le roi à se relever, et le conduisit solennellement à l’autel.
   Devant le tabernacle, Henri, agenouillé à nouveau, et tenant la main sur le livre des Évangiles, réitéra son serment. Après quoi, il fut conduit processionnellement derrière le chœur, où le grand-aumônier entendit sa confession.
   Aussitôt après commença la messe, célébrée pontificalement par l’évêque de Nantes, Philippe du Bec. Henri ne communiera pas ce jour-là 7 ; mais il sut néanmoins édifier l’assistance par sa piété profonde ; il suivit avec ferveur tout l’office ; et, au moment de l’élévation, on remarqua fort l’humble prosternation du monarque qui, à plusieurs reprises, battit sa coulpe 8.
   Dans l’après-midi, le roi assista aux vêpres, écouta un sermon de l’archevêque de Bourges, et, après la cérémonie, « monta à cheval pour aller à Montmartre rendre grâce à Dieu en l’église du dict lieu », tandis que la multitude, accourue de Paris en dépit de l’interdiction faite par le duc de Mayenne, chef de la Ligue, « crioit d’allégresse : Vive le roy ! Vive le roy ! Vive le roy ! »
   À la vérité, ce qu’on fêtait là, c’était la ruine imminente de la Ligue et de l’influence espagnole, c’était la fin prochaine des rébellions protestantes et des intrigues anglaises.
   Le parti national peut maintenant se réjouir : il possède bien, ainsi que l’avait réclamé la Satire Ménippée, « un roy déjà faict par la nature, né au vray parterre des fleurs de Lys de France, rejetton droict et verdoyant au tige de saint Louys ».

Henri GAUBERT,
in « Les grandes conversions », éd. Spes, 1938

frise lys


1 Lettres-missives, VIII, 821.

2 Je ne voudrais pas insinuer par là que je suis le premier à présenter le processus psychologique de la conversion d’Henri IV sous son véritable jour historique. Les chercheurs intéressés à cette question devront se reporter à l’ouvrage, merveilleux de clarté et de profondeur, du R. P. Yves de la Brière : La conversion d’Henri IV, Paris, 1901.

3 Louis de Bourbon, quoique revêtu de la pourpre cardinalice, n’avait pas encore reçu les ordres sacrés : il pouvait donc accepter la couronne et se marier.

4 15 février 1593.

5 Négociations de 1590.

6 Henri, ayant été excommunié par le Pape, ne pouvait être officiellement réintégré dans l’Église que par la Cour romaine. Mais cette dernière, gênée à ce moment-là par les influences espagnoles, ne croira devoir promulguer l’absolution qu’en 1695. On s’en souvient, Henri avait déjà quitté par deux fois l’Église catholique. Voir : L’Absolution de Henri IV à Rome, par le R. P. Yves de La Brière ; Études, tome 101, pp. 64 et suivantes, 128 et suivantes (5-20 octobre 1904).

7 Henri ne communiera que sept mois plus tard, au cours de la cérémonie du couronnement à Chartres. Reims se trouvait encore aux mains des Ligueurs. Henri IV fut, de ce fait, un des rares Capétiens qui ne reçut pas le sacre à Reims.

8 Il faut bien dire ici un mot de la célèbre boutade, apocryphe comme de nombreux « mots historiques », que la malignité publique prêta, et prête encore, à Henri IV : « Paris vaut bien une messe ! » L’abjuration est de 1593 ; or, le premier texte rapportant ce mot fameux date de… soixante-neuf ans plus tard ! (Les Caquets de l’accouchée, 1662.) De plus, cet auteur, peu sûr, place le « mot » dans la bouche de Sully. À la fin du XVIIe siècle, on l’attribuera à Henri IV.

Armes de France & Navarre

2023-78. De la première apparition de la Très Sainte Mère de Dieu à Sainte Catherine Labouré à l’occasion de la fête de Saint Vincent de Paul le 19 juillet 1830.

19 juillet,
Fête de Saint Vincent de Paul (cf. > ici, > ici, > ici et encore > ici) ;
Anniversaire de la 1ère apparition de la Très Sainte Vierge Marie, rue du Bac à Paris.

Apparition 19 juillet 1830 1 - Copie

       Plusieurs éphémérides que j’ai consulté commettent l’erreur de placer la première apparition de la Très Sainte Vierge Marie dans la chapelle de la rue du Bac à Paris à la date du 18 juillet 1830.
Or il est très clair, dans le récit rédigé par Sainte Catherine Labouré elle-même, que cette apparition est en lien explicite avec la fête de Saint Vincent de Paul, célébrée le 19 juillet selon le calendrier liturgique traditionnel. La méconnaissance ou l’oubli des usages liturgiques traditionnels chez la plupart de nos contemporains, même ecclésiastiques, et même dits « tradis » (parce qu’ils ne connaissent que l’usage des rubriques promulguées par le pape Roncalli en 1960 et ignorent de fait les règles antérieures, ce qui fait – soit dit en passant – que même en célébrant la Sainte Messe et le bréviaire antérieurs au concile vaticandeux, ils pratiquent néanmoins une liturgie déjà bien marquée par la révolution liturgique qui avait déjà commencé depuis une dizaine d’années).
Résumons donc les faits.

   Le 18 juillet 1830 en fin d’après-midi, alors que les clercs tenus au bréviaire ont déjà récité les premières vêpres de la fête de Saint Vincent de Paul, lors de l’instruction qu’elle donne aux novices, dont fait partie Sœur Labouré, la sœur en charge du noviciat donne à chacune d’entre elles une relique : un fragment d’un surplis de Saint Vincent de Paul.
Lors de l’oraison du soir à la chapelle (habituellement à 17 h 30), Sœur Labouré, qui a déjà été gratifiée à plusieurs reprises de visions du cœur de Saint Vincent de Paul et même d’une vision de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même (nous renvoyons à ce qui a été publié > ici), dans sa candeur et sa pureté d’âme (car c’est bien de cela qu’il s’agit ici, tandis que dans la majorité des cas le désir de recevoir des grâces mystiques et de bénéficier d’apparitions est un effet de l’orgueil), mange cette petite relique du surplis de Saint Vincent de Paul en priant son Bienheureux Père de lui obtenir la grâce de voir la Sainte Vierge.
Cette pratique de consommer une relique pour demander une grâce par l’intercession du saint auquel elle a appartenu peut sembler bien étrange aux mentalités modernes, mais elle n’a pas « vexé » Saint Vincent de Paul : la suite en est la preuve.

Apparition 19 juillet 1830 Sœur Catherine et l'ange

   Au séminaire (ainsi appelle-t-on alors le noviciat) des Filles de la Charité, on se couche tôt. Les jeunes religieuses dorment toutes dans un grand dortoir, où chaque lit avec un petit espace personnel, est isolé par de grands rideaux de toile blanche.
Or il est environ 23 h 30 lorsque Catherine est réveillée par une toute petite voix enfantine qui lui dit : « Sœur Labouré ! Sœur Labouré, venez vite ! La Sainte Vierge vous attend à la chapelle ! »
Catherine ne doute pas. Elle a le cœur simple et pur. Elle a l’intuition que cet enfant, de la taille d’un petit d’environ 4 ans, vêtu de blanc est un ange qui a pris une apparence humaine ; son ange gardien. Confiante, alors que l’ange, pour préserver sa pudeur a refermé le rideau et l’attend derrière, Sœur Labouré se lève et s’habille : il est pourtant rigoureusement interdit aux novices de se lever et de se promener dans le couvent au milieu de la nuit. Mais la voix de l’ange-enfant, quoique fort douce et suave, n’autorisait pas autre chose que d’obtempérer. Promptement habillée, en faisant le moins de bruit possible afin de n’éveiller aucune autre novice, Catherine suit le petit être « portant des rayons de clarté partout où il passait », si bien qu’elle peut avancer sans heurter quoi que ce soit. Les portes s’ouvrent toutes seules à leur approche et se referment en silence après leur passage. Les couloirs sont éclairés. La chapelle aussi est éclairée, illuminée « comme pour la Messe de minuit », écrira Catherine, qui ne s’étonne de rien et s’avance jusqu’aux marches du sanctuaire où elle s’agenouille.
Intérieurement elle éprouve une espèce d’inquiétude : l’enfant n’a-t-il pas dit « la Sainte Vierge vous attend à la chapelle »… mais la Sainte Vierge n’est pas là. Et elle n’ose évidemment pas poser de question ! Elle attend donc. En silence.
Combien de temps attend-elle ? Dix minutes ? Un quart d’heure ? Elle ne saurait le dire précisément… son impatience lui fait forcément trouver que chaque minute s’écoule très lentement. Soudain Catherine entend, venant du côté de la tribune, « le frou-frou d’une robe de soie » et l’enfant-ange s’écrie d’une voix forte : « Voici la Sainte Vierge » !

   Il est environ minuit.
Nous sommes bien aux premières minutes du lundi 19 juillet 1830.

chapelle de la rue du bac vers le milieu du XXe siècle

Ancienne photographie « colorisée » montrant le sanctuaire de la chapelle dite « de la médaille miraculeuse »
avant les modifications liées à la réforme liturgique consécutive au concile vaticandeux.
Le tableau de Sainte Anne, au-dessous duquel était placé le fauteuil de « Monsieur le Directeur » – comme l’écrit Sainte Catherine Labouré -
c’est-à-dire du prêtre lazariste qui exerçait une forme de supériorat sur la communauté des Filles de la Charité,
était accroché du côté de l’Evangile, à l’endroit où se trouve ci-dessus la statue de Saint Joseph.

   La Très Sainte Vierge Marie arrive à l’entrée du sanctuaire, s’incline profondément dans une révérence en face du tabernacle (à cette époque-là les dames avec leurs amples robes ne faisaient pas la génuflexion mais adressaient une révérence profonde, comme à un souverain, à l’Hôte du tabernacle), et va, du côté de l’Evangile, s’assoir dans le fauteuil de « Monsieur le Directeur ».
Catherine ne fit qu’un bond et vint aussitôt se placer aux pieds de la Mère de Dieu, posant spontanément ses mains jointes sur ses genoux.

Apparition du 19 juillet 1830

   On lit souvent que la Très Sainte Vierge Marie a parlé pendant deux heures à Sœur Catherine : ce n’est pas tout à fait exact. Si l’entretien a commencé vers minuit, après le départ de la Mère de Dieu, Sœur Labouré, va devoir retourner, comme elle était venue, jusqu’à son dortoir, toujours conduite par son ange gardien, se déshabiller et se remettre au lit. Or elle précise bien que c’est lorsqu’elle a été recouchée qu’elle a entendu la pendule sonner deux heures du matin. Cela porte raisonnablement la durée de l’apparition entre une heure trente et une heure quarante-cinq.

   La Vierge Immaculée a commencé par dire à Catherine que Dieu lui confiait une mission, laquelle présenterait des difficultés, mais qu’elle recevrait les grâces pour surmonter tous les obstacles. Cette mission sera explicitée lors de la seconde apparition, le 27 novembre suivant, avec l’ordre de faire frapper la médaille qui lui sera alors montrée, et l’ordre de faire réaliser la statue de la « Vierge au globe » (voir > ici).
Mais il y a aussi des consignes concernant la congrégation qu’elle devra transmettre à ses Supérieures.
Voici de larges extraits du résumé que Sœur Catherine Labouré rédigera plus tard : 
« Mon enfant, le Bon Dieu veut vous charger d’une mission. Vous aurez bien de la peine, mais vous vous surmonterez en pensant que vous le faites pour la gloire du Bon Dieu... Vous connaîtrez ce qui est du Bon Dieu, vous en serez tourmentée, jusqu’à ce que vous l’ayez dit à celui qui est chargé de vous conduire, vous serez contredite. Mais vous aurez la grâce. Ne craignez pas, dites tout avec confiance et simplicité… »

L’entretien traite d’abord de la communauté : « Mon enfant, j’aime répandre mes grâces sur la communauté. Je l’aime heureusement. J’ai de la peine : il y a de grands abus, la règle n’est pas observée, la régularité laisse à désirer. Il y a un grand relâchement dans les deux communautés. Dites-le à celui qui est chargé de vous… » Et la Reine du Ciel descend dans les détails de la vie quotidienne pour corriger tout ce qui ne va pas ! C’est cela une vraie réforme qu’elle exige. Elle prophétise aussi que deux congrégations étrangères – les Sœurs de la Charité de Saint Joseph fondées en 1809 à Baltimore par Sainte Elisabeth-Anne Elisabeth Seton et les Sœurs de la Charité d’Autriche fondées par Léopoldine de Brandis – fusionneront avec les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul (ce qui s’accomplira vers 1850). La Vierge demande également la fondation des Enfants de Marie (ce qui adviendra en 1837)
En Mère pleine de sollicitude, la Vierge Marie donne également à Catherine des conseils sur la manière dont elle doit se conduire avec son confesseur : ce dernier l’avait en effet plutôt traitée avec rudesse lorsqu’elle lui avait précédemment parlé des apparitions du cœur de Saint Vincent de Paul et de la vision de Notre-Seigneur pendant la Messe de la fête de la Très Sainte Trinité…

Fauteuil que l'on pense être celui dans lequel la Sainte Vierge s'est assise

Fauteuil qui est très probablement celui dans lequel la Très Sainte Vierge Marie s’est assise
lors de l’apparition du 19 juillet 1830

     Enfin la Très Sainte Vierge en vint à parler de la France. Nous avons déjà rapporté ces paroles dans un précédent article consacré aux martyrs de la Commune (cf. > ici), mais il n’est pas inutile de les retranscrire à nouveau ici :
« Les temps sont très mauvais, des malheurs vont fondre sur la France : le trône sera renversé [ce qui adviendra dix jours plus tard], le monde entier sera renversé par des malheurs de toutes sortes (la Sainte Vierge avait l’air très peinée en disant cela, note Sœur Catherine). Mais venez au pied de cet autel, là les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur, elles seront répandues sur les grands et sur les petits… »

   Et la Sainte Vierge continue :
« Le moment viendra où le danger sera grand, on croira tout perdu, là je serai avec vous, ayez confiance, vous reconnaîtrez ma visite et la protection de Dieu et celle de Saint Vincent sur les deux communautés. Mais il n’en est pas de même des autres Communautés. Il y aura des victimes » (ici Sainte Catherine note : « La Sainte Vierge avait les larmes aux yeux »).
Il y aura bien des victimes, Monseigneur l’archevêque mourra. Mon enfant, la Croix sera méprisée, le sang coulera dans les rues (ici, note Sœur Catherine, la Sainte Vierge ne pouvait presque plus parler, tant sa peine était grande). Mon enfant, me dit-elle, le monde entier sera dans la tristesse. A ces mots, je pensai : quand est‑ce que ce sera ? J’ai très bien compris : quarante ans. » 

   Voici donc un résumé, assez complet toutefois, de cette première apparition de la Très Sainte Vierge Marie dans la chapelle de la rue du Bac, à Paris.
On peut affirmer que, hors ce qui concerne les congrégations fondées par Saint Vincent de Paul, une grande partie des paroles de la Mère de Dieu ont une portée « politique » puisqu’elles annoncent les troubles sociaux et les révolutions qui vont se produire à partir de ce mois de juillet 1830 jusqu’au printemps 1870.
Mais on ne peut évidemment pas faire autrement que de remarquer la sollicitude particulière de la Reine du Ciel pour la famille vincentienne, et cela explique en quelque sorte pourquoi elle développe toutes les observations qu’elle a à faire à leur sujet au jour précis de la fête liturgique de Saint Vincent de Paul.

   Lorsqu’elle fait quelque chose, la Vierge Marie ne laisse rien au hasard, jusque dans des détails particulièrement précis et significatifs.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Groupe statuaire de l'apparition du 19 juillet 1830

2023-73. Lettre mensuelle aux membres et sympathisants de la Confrérie Royale à l’occasion du 350ème anniversaire de la mort de d’Artagnan (25 juin 1673).

Lettre aux membres et amis de la

Confrérie Royale

à l’occasion de la journée mensuelle de prières
et d’offrandes plus instantes

pour le Roi et la France

- 25 juin 2023 -

Statue de d'Artagnan sur le socle de la statue d'Alexandre Dumas - Paris XVIIe

Statue de d’Artagnan sur le socle de la statue d’Alexandre Dumas (bronze de Gustave Doré – 1883)
Place du Général Catroux – Paris XVIIe 

Mousquetaires du Roi

« D’Artagnan en qui j’avais la plus totale confiance,
et qui m’était bon à plus d’une chose ».

   Au soir du 25 juin 1673 – il y a donc 350 ans en ce 25 juin 2023 – Sa Majesté le Roi Louis XIV, alors âgé de 35 ans, écrivait à la Reine Marie-Thérèse, son épouse, depuis le siège de Maastricht (Sa Majesté dirigeait Elle-même une armée de quelque 40.000 hommes dans cette « Guerre de Hollande » qui s’achèvera par le fameux traité de Nimègue, lequel confirmera au Royaume de France son rang de première puissance européenne) : « Madame, jai perdu dArtagnan en qui javais la plus totale confiance, et qui m’était bon à plus dune chose. »

   Sa Majesté fera célébrer dans sa propre tente un service funèbre pour le repos de l’âme du célèbre mousquetaire qui l’avait servi avec tant de zèle et de fidélité.

   Si d’Artagnan a bien réellement existé, aujourd’hui l’honnêteté intellectuelle et la vérité historique doivent nous faire un devoir de nous extirper avec vigueur des romans d’Alexandre Dumas qui, s’ils ont donné à son nom une célébrité qu’il n’eût probablement pas eue sans eux, ont pris de graves libertés avec la réalité. En effet, le romancier a avancé l’action d’une quinzaine d’années (faisant participer d’Artagnan au siège de La Rochelle), inventé l’opposition entre Louis XIII et le cardinal de Richelieu, la liaison de la Reine Anne avec le duc de Buckingham ainsi que le personnage de Milady de Winter… etc.

   Pour son œuvre romanesque, Alexandre Dumas s’est inspiré de mémoires apocryphes publiées en 1700 – soit 27 années après la mort du célèbre gascon -, qui sont en réalité l’œuvre de Gatien de Courtilz de Sandras (+ 1712) : ce nobliau, qui avait servi dans l’armée, notamment chez les mousquetaires gris entre 1660 et 1679, avant de se faire écrivain, est l’initiateur du genre des pseudo mémoires, sorte de chroniques rédigées à la première personne du singulier, dont l’auteur supposé est parfois totalement fictif ou d’autre fois un personnage réel, mais dans lesquelles le vrai se mêle au faux, ce qui est tout particulièrement le cas pour d’Artagnan.
Courtilz de Sandras publia aussi des chroniques scandaleuses et des ouvrages politiques contestant l’autorité royale, ce qui lui valut d’être embastillé de 1693 à 1699. C’est justement lors de ce séjour à la Bastille qu’il découvrit la vie de d’Artagnan, parce que, à ce moment-là, le gouverneur en était Besmaux, qui avait été compagnon de d’Artagnan.
C’est par une source si peu fiable que Dumas découvrit donc la vie de d’Artagnan et s’enthousiasma pour le personnage, faisant de l’ouvrage son livre de chevet et y puisant l’inspiration pour la rédaction de sa célèbre trilogie : « Les Trois Mousquetaires », « Vingt ans après » et « Le Vicomte de Bragelonne ».
Dumas, à son tour, a inspiré de nombreuses œuvres cinématographiques, elles aussi fort peu accordées à la vérité historique mais plaçant d’Artagnan parmi les personnages les plus récurrents du cinéma.

mousquetaire (illustration de 1922)

   Charles Ogier de Batz de Castelmore est né entre 1611 et 1615 au château de Castelmore, près de Lupiac, en Gascogne (actuel département du Gers). Lorsqu’il monte à Paris, vers 1640, il emprunte le nom de sa mère, Françoise de Montesquiou d’Artagnan : la famille de Montesquiou était en effet mieux introduite à la Cour que la famille de son père, et Artagnan était une seigneurie de Bigorre appartenant à cette famille. Il s’engage chez les Cadets des Gardes-Françaises, l’Ecole Militaire d’alors. Monsieur de Tréville, capitaine de la Compagnie des Mousquetaires du Roi, l’affecte à la Compagnie des Essarts des Gardes Françaises à Fontainebleau. Son entrée chez les Mousquetaires, avec la protection de Mazarin, daterait de 1644, en même temps que celle de son ami François de Montlezun, seigneur de Besmaux près d’Auch et futur gouverneur de la Bastille, que nous avons cité plus haut.

   La Compagnie des Mousquetaires fut dissoute par Mazarin en 1646. Pendant la Fronde, d’Artagnan fut l’homme de confiance du cardinal pour nombre de missions délicates. Louis XIV adolescent, l’a donc connu dans ces années difficiles, et lui accordera ensuite à son tour sa totale confiance, lui confiant de nombreuses missions demandant diligence et discrétion. Lors de l’exil de Mazarin à Brühl en 1651, d’Artagnan accompagne le ministre. Cette fidélité est payée de retour : en 1652, d’Artagnan est lieutenant aux Gardes-Françaises ; en 1655 il est capitaine, charge qu’il achète 80.000 livres (somme qui lui fut prêtée par d’autres fidèles de Mazarin, notamment Colbert, alors au début de sa carrière).

   En 1657, la première Compagnie des Mousquetaires (dite des « grands mousquetaires » ou « mousquetaires gris », à cause de la robe de leur chevaux) est reformée et d’Artagnan en devient sous-lieutenant. Il en assure le véritable commandement, le chef nominal étant un neveu de Mazarin. En 1659, d’Artagnan épouse Charlotte-Anne de Chancelay, qui lui donnera en 1660 et 1661 deux fils : l’aîné, Louis, eut pour parrain et marraine le Roi et la Reine. Toutefois, le mousquetaire et son épouse se sépareront de biens et de corps en 1665, et Madame d’Artagnan fut, par lettre de cachet sollicitée par son mari, assignée à résidence sur ses terres bourguignonnes.

9 juin 1660 mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d'Espagne

Mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Espagne, le 9 juin 1660
Toile de Jacques Laumosnier (né vers 1669 – mort vers 1744), conservée au Musée de Tessé, Le Mans

   D’Artagnan accompagna le jeune Roi durant tout le long voyage qui culmina, le 9 juin 1660, par le mariage de Louis XIV avec l’Infante Marie-Thérèse d’Espagne à Saint-Jean-de-Luz. Ce voyage dura environ une année, parce qu’il fut pour le Roi l’occasion de visiter les provinces méridionales du royaume (et d’accomplir un certain nombre de pèlerinages, dont celui de Cotignac où Sa Majesté alla rendre grâce pour sa naissance providentielle). Cette traversée des provinces provoqua l’admiration et l’enthousiasme des populations : les fiers mousquetaires précédaient l’attelage royal tiré par six chevaux blancs.
Le jour de l’étape à Vic-Fezensac (26 avril 1660), d’Artagnan chevaucha vers Castelmore pour revoir les siens et se recueillir sur la tombe de ses parents, dans la chapelle du domaine.

   Le 5 septembre 1661, c’est à d’Artagnan que le Roi confia la tâche délicate de l’arrestation de Nicolas Fouquet, lors de la tenue du Conseil à Nantes. Commença alors une longue période où le Mousquetaire, transformé en geôlier, accompagna son prisonnier dans ses lieux d’incarcération successifs : trois mois au château d’Angers, puis au donjon de Vincennes, le 20 juin de l’année suivante à la Bastille, et enfin à Pignerol. Pendant ces longs mois, geôlier vigilant, il s’occupa personnellement de son prisonnier, filtrant ses visiteurs et rendant compte scrupuleusement en haut lieu de tous les détails de la vie du prisonnier avec lequel, malgré les rigueurs de la détention, il conserva toujours des relations presque amicales.
Madame de Sévigné, qui ne fit jamais un secret de son amitié pour le surintendant des finances disgracié, rapporte avec quelle diligence d’Artagnan a rendu le transfert et la détention de Fouquet les moins pénibles possibles.
Dix ans plus tard, il procèdera de manière analogue pour l’arrestation de Lauzun.

   En 1667, le fidèle d’Artagnan devint capitaine-lieutenant de la première Compagnie des Mousquetaires. Cette même année 1667, la ville de Lille est rattachée à la France.

   Le 6 avril 1672, Louis XIV entame la « Guerre de Hollande », mais dans un premier temps, pendant quelques mois (de mai à décembre) d’Artagnan est envoyé à Lille comme gouverneur par intérim : c’est une mission de confiance, dans ce contexte de guerre, à la tête d’une ville qui accepte encore mal son intégration à la France. D’Artagnan sera un gouverneur assez impopulaire, il faut le dire, parce qu’il est avant tout un soldat qui ne transige pas avec la discipline et le service de ce Roi qu’il sert et qu’il vénère, tandis que la population n’a ni son zèle ni sa rigueur dans sa soumission au Grand Roi. En outre d’Artagnan, n’était pas un homme d’administration et n’aspirait qu’à retourner sur les champs de bataille. L’occasion lui en fut donnée au printemps 1673, lors de la reprise des combats. Mais, ainsi que nous l’avons rappelé au début, c’est là qu’il trouva la mort, ce 25 juin 1673, tué par une balle de mousquet reçue en pleine gorge.
La légende pouvait commencer.

Les trois Mousquetaires film

   Qu’ajouterai-je à ce résumé de la vie de ce héros, chers Amis, membres et sympathisants de la Confrérie Royale ?

   Avec la charge et responsabilité de Prieur, en cet anniversaire, j’ose souhaiter, et même demander à Dieu Notre-Seigneur, que chacun de ceux qui se sont engagés spirituellement en entrant dans la Confrérie Royale se considère, chaque jour et à chaque instant du jour, comme un mousquetaire, zélé et discipliné, exact en son service et dévoué jusqu’à la mort, enrôlé avec enthousiasme dans une milice spirituelle, dans notre corps d’armée qui combat, pour Dieu et pour le Roi, avec des armes surnaturelles : la prière et la pénitence ! En sorte qu’au jour où nous rendrons le dernier soupir, quel que soit le lieu et l’heure de notre trépas, nous tombions les armes à la main et qu’au dernier jour, devant le Juge suprême, le Souverain que nous servons ici-bas puisse rendre ce témoignage : « Voici (ici le nom de chacun d’entre nous) en qui javais la plus totale confiance, et qui m’était bon à plus dune chose : en considération de quoi, je vous prie, ô Roi des rois, de lui accorder la récompense des bons et fidèles serviteurs… » 

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

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2023-69. Message de Sa Majesté à la suite de l’attentat d’Annecy du 8 juin 2023 à propos de toutes les atrocités commises envers les enfants.

Armes de France pour le deuil

   Ce jeudi 8 juin 2023, vers 9 h 45, dans un parc public d’Annecy, un Syrien en situation irrégulière (et se prétendant chrétien) a très grièvement blessé quatre enfants en bas âge et deux adultes. Cet attentat n’est malheureusement pas le premier, puisqu’il se produit dans un contexte général de violences et d’agressions aux formes diverses visant des enfants et des adolescents : maltraitances physiques et psychologiques, agressions sexuelles, harcèlement en milieu scolaire… jusqu’à entraîner la mort par assassinat ou suicide.
En fin de journée, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux le message suivant qui, quoique bref, met en évidence la cause ultime de ces horreurs : l’absence des repères moraux et spirituels de notre société, et la perversité des institutions issues de la grande révolution, laquelle a manifesté son véritable visage dans la manière dont elle a traité le jeune Roi Louis XVII dont ce 8 juin est justement l’anniversaire de la mort. 

enfant maltraité

   Que dire devant cette actualité qui, en quelques jours, a vu la mort tragique de plusieurs enfants, victimes du suicide ou d’agressions.

   En ce jour anniversaire de la mort à dix ans (8 juin 1795) du jeune Louis XVII, assassiné par les traitements odieux que lui a fait subir la Révolution, les jeunes martyrs qui endeuillent l’actualité ne peuvent que nous faire, une nouvelle fois, comprendre où mène une société sans repère, trop lâche pour se défendre et affaiblie par la perversité des institutions qui favorisent ces actes contre nature.

   Avec tous les parents je pense aujourd’hui à ceux qui voient leurs enfants livrés à toutes les maltraitances.

Louis, duc d’Anjou.

ange en prière

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