Archive pour la catégorie 'Memento'

2023-125. De l’insigne relique du crâne de Monseigneur Saint Aubert.

16 octobre,
En France : fête de l’apparition de Saint Michel au Mont Tombe ;
Anniversaire de l’assassinat de S.M. la Reine Marie-Antoinette Habsbourg de Lorraine (cf. iciiciici, et ici) ;
Anniversaire de la fondation de la Milice de l’Immaculée par Saint Maximilien-Marie Kolbe (cf. ici).

Statue d'argent de Saint Michel dans l'église paroissiale du Mont-Saint-Michel

Statue d’argent de Saint Michel
dans l’église paroissiale du Mont-Saint-Michel

       Au cours de cette année 2023 (et pour peu de temps encore si mes renseignements sont exacts), une exposition, dite du millénaire, a présenté dans l’église abbatiale du Mont-Saint-Michel plusieurs objets particulièrement précieux, dont certains ont pour l’occasion fait l’objet de minutieuses restaurations.
Vous pouvez, si vous le souhaitez, regarder les quatre courtes vidéos produites par le Centre des Monuments Nationaux, le Ministère de la Culture et la DRAC de Normandie, présentant succinctement la restauration du grand reliquaire du Chef de Saint Aubert, habituellement exposé dans la basilique Saint-Gervais d’Avranches, de la statue d’argent de Saint Michel, provenant de la même basilique, leur transport – un peu spectaculaire – jusqu’à l’abbaye et l’inauguration de l’exposition. Ces quatre vidéos permettent, en particulier, d’admirer, comme si on s’en trouvait vraiment très près, la qualité de ces œuvres et certains de leurs détails…

(Nota : pour les visionner, faire un « clic » droit sur les images ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet »)

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   Pourquoi cette exposition est-elle dite « du millénaire » ?
Il ne s’agit en effet ni de l’anniversaire de l’apparition de l’Archange à Saint Aubert (708), ni de la dédicace du premier petit sanctuaire édifié par Saint Aubert (709) et de l’arrivée des premiers religieux qui desservirent le sanctuaire (des chanoines), ni de l’anniversaire du remplacement de ces derniers par les bénédictins et de la construction de l’église préromane, dite Notre-Dame Sous-Terre (en 966), mais de celui de l’édification de la première abbatiale romane (en 1023 donc).

Reliquaire du Chef de Saint Aubert restauré pour l'exposition de 2023

Reliquaire du Chef de Saint Aubert
restauré et présenté dans l’exposition dite du millénaire
dans l’église abbatiale du Mont-Saint-Michel en 2023

   Ainsi que vous le pouvez constater sur la photographie ci-dessus, pendant l’exposition, le crâne (ou chef, selon la terminologie ecclésiastique traditionnelle) a été retiré du reliquaire. C’est une chose bonne en soi, car une relique n’a pas sa place dans une exposition – laquelle n’a qu’une dimension patrimoniale, culturelle, artistique -, pendant laquelle des centaines de personnes défileraient devant la dite relique sans faire aucun acte de vénération.
Avant d’être sorti de la basilique Saint-Gervais d’Avranches pour partir dans l’atelier des restauratrices, le reliquaire du Chef de Saint Aubert a donc été vidé du précieux dépôt pour lequel il a été réalisé : sous le contrôle nécessaire du clergé de la basilique, le crâne de Saint Aubert a été extrait ; cela a également permis de se livrer sur lui à quelques études scientifiques, ainsi qu’à des travaux de « consolidation » (la structure osseuse étant devenue extrêmement fragile) afin d’en assurer une meilleure conservation.

   Ces études ont de fait démontré de manière indiscutable que ce crâne a bien appartenu à un homme ayant vécu entre 662 et 770 après Jésus-Christ, « fourchette » de temps qui correspond strictement à la période où a vécu Saint Aubert. L’historien et maître de conférence honoraire de latin médiéval à l’université de Caen, Pierre Bouet, a textuellement présenté les résultats des analyses en ces termes : « C’est bien le crâne d’un homme ayant vécu à l’époque mérovingienne. C’est celui d’une personne qui a vécu au moment où la tradition fixe la fondation du Mont-Saint-Michel ». 

Chef de Saint Aubert de face

Chef de Saint Aubert d’Avranches,
vu de face et vu par l’arrière,
côté où l’on peut voir le trou laissé par le doigt de l’Archange Saint Michel

Chef de Saint Aubert vue de l'arrière avec le trou laissé par le doigt de l'archange

   Bien sûr, les scientifiques ne peuvent pas certifier que ce crâne est bien celui de Saint Aubert, puisqu’il leur faudrait, pour cela posséder l’ADN du saint évêque d’Avranches, ce qui n’est pas le cas présentement.
Ils ne peuvent non plus affirmer que le trou que l’on remarque sur ce crâne a bien été fait par le doigt de Saint Michel lors d’une apparition : ils se contentent de dire que, dans l’état actuel des choses, ils ne peuvent dire de quelle manière ce trou a été pratiqué.

   En le datant d’une manière formelle – on ne pouvait ni ne devait leur en demander davantage -, ils ont apporté un élément très important en faveur de l’authenticité de cette insigne relique ; le reste n’est plus de leur domaine de compétence, c’est celui de la Tradition de la Sainte Eglise et de la confiance en elle.

pattes de chat Tolbiac.

Voir aussi notre publication > ici, où vous pourrez trouver la collecte de la fête de l’apparition de Saint Michel au Mont Tombe.

église de Saint-Vaast-La Hougue - vitrail de l'apparition à Saint Aubert

Apparition de Saint Michel à Saint Aubert
(église de Saint Vaast la Hougue)

2023-123. Où la vie de Pierre Le Gouvello de Kériolet manifeste de façon éclatante de quelle manière, par l’intercession de Notre-Dame, la grâce peut surabonder là où le péché avait abondé.

8 octobre,
Fête de Sainte Brigitte de Suède, veuve, fondatrice, co-patronne de l’Europe (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Pélagie, pénitente ;
Anniversaire de la mort de l’abbé Pierre Le Gouvello de Kériolet.

Pierre Le Gouvello de Kériolet

        Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

    L’histoire que je veux vous conter aujourd’hui m’a enthousiasmé lorsque Frère Maximilien-Marie m’en a fait le récit, et j’espère qu’elle vous plaira à vous aussi : il faut dire que le personnage qui en est le héros fait partie, depuis le temps de son noviciat, des « chouchous » de mon papa-moine. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il en parle avec flamme.
Il s’agit de l’histoire de l’abbé Pierre Le Gouvello de Kériolet, mort en odeur de sainteté le 8 octobre 1660.
Mais avant d’arriver au degré de très haute vertu qui font qu’on espère un jour son élévation sur les autels, Pierre de Kériolet aura une vie pleine de rebondissements, dont toutes les phases ne sont pas exactement à admirer ou à imiter !

Manoir de Kerlois

La seigneurie de Kerlois a été achetée en 1607 par Olivier Le Gouvello, père de Pierre, qui y passa son enfance,
et qui, après sa conversion, y accueillit pauvres et misérables

   Issu d’une vieille famille de la noblesse bretonne, Pierre Le Gouvello de Kériolet est né à Auray le 14 juillet 1602. Bien qu’ayant reçu une éducation soignée, en particulier au collège des jésuites de Rennes, le jeune homme, au grand désespoir de ses parents, auxquels il vola une somme considérable avant de s’enfuir du manoir paternel pour mener une vie de désordres et d’aventure, devint bientôt célèbre pour sa vie scandaleuse : vols, débauches, duels, impiété, blasphèmes…
A l’âge de 26 ans, après la mort de son père, il acheta une charge de conseiller au Parlement de Bretagne. On observe néanmoins que, malgré sa vie dissolue, il s’acquittait de sa charge avec justice et impartialité.

   Avec une patience infinie, Dieu cherchait à reconquérir ce cœur livré aux vices. Ainsi, un jour d’orage, alors qu’il chevauchait pour rentrer en son manoir de Kerlois, à Pluvigner, près du tout jeune sanctuaire de Saint-Anne d’Auray (Note : les apparitions à Yvon Nicolazic eurent lieu de 1623 à 1625, et la première chapelle fut bénite en juillet 1628, c’est-à-dire l’année où Kériolet acheta sa charge au Parlement de Bretagne), la foudre abattit un arbre juste derrière lui : il vomit alors mille blasphèmes puis, étant monté dans sa chambre, fit apporter ses armes et, ouvrant les fenêtres, il tira contre le ciel en se moquant de Dieu. Fier de cet attentat comme d’une victoire, il se mit au lit. Un nouveau coup de foudre mit le feu à l’une des colonnes de son lit. Il demeura insensible à cet avertissement mais, à quelque temps de là, dans un songe, Dieu lui imposa la vision de l’enfer cinq heures durant…
Effrayé, Pierre de Kériolet fit pénitence pendant quelques mois et demanda à entrer à la Chartreuse d’Auray.

   Cette première conversion était très imparfaite, fondée uniquement sur la peur des châtiments divins, et le jeune homme fut bientôt rattrapé par ses vices et sortit du monastère plus enragé qu’auparavant contre la foi et contre l’Eglise. Sa vie de désordres, de débauches et de scandales reprit de plus belle (on devrait d’ailleurs plutôt dire : de plus laide !).

Possédées de Loudun

   Nous voici en 1636, et on parle beaucoup des cas de possession diabolique dont sont affligées les Ursulines de Loudun, en Poitou.
L’affaire des Possédées de Loudun dure depuis des années : aux phénomènes préternaturels se mêlent d’ailleurs d’autres éléments qui font de cet épisode quelque chose de complexe. Depuis 1634, c’est le Rd. Père Jean-Joseph Surin, jésuite, qui pratique les exorcismes solennels, et ceux-ci sont publics. On va parfois, d’ailleurs, assister aux exorcismes comme on irait au spectacle. Par curiosité, Monsieur de Kériolet se rendit à Loudun et entra dans l’église où se pratiquaient les exorcismes.
A son arrivée, par la bouche de l’une des possédées, le démon se mit à parler de lui, et répondit même avec exactitude aux questions que lui-même posa sur des faits de sa vie que la possédée ne pouvait connaître de science naturelle. Ainsi, à propos de la foudre qui l’avait finalement épargné, le démon rugit : « Sans la Vierge Marie et le chérubin, ton ange gardien, je t’aurais emporté ! »

  Bouleversé, Pierre de Kériolet laisse enfin la grâce le pénétrer en profondeur et prépare une bonne, sincère et complète confession… Réconcilié avec Dieu, il revient le lendemain dans l’église où se font les exorcismes, et cette fois, le démon s’écrie : « Tiens ! Voilà ton monsieur d’hier ! Il est dans un tel état que, s’il continue, il sera aussi haut dans le ciel qu’il a été bas en enfer avec nous ! Elle a mis les bras dans la fange jusqu’aux coudes pour le retirer de ses ordures, parce qu’il a eu un peu de dévotion pour Elle ! »

   Monsieur de Kériolet était alors âgé de 34 ans : l’année suivante (28 mars 1637) il était ordonné prêtre par Sa Grandeur Monseigneur Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes, et sa vie sera désormais toute consacrée à la prière et à la pénitence : il pratiquait des mortifications volontaires sévères, accomplit des pèlerinages à pied dans des conditions héroïques, et lorsqu’il résidait en son manoir de Kerlois, il se rendait très souvent, toujours à pied, à la chapelle de Sainte-Anne d’Auray.

Charité de Monsieur de Kériolet dans son manoir de Kerlois - vitrail de l'église de Pluvigner

Vitrail de l’église de Pluvigner représentant Pierre de Kériolet au service des pauvres

   Il avait, évidemment, vendu sa charge de conseiller au Parlement de Bretagne, s’adonna aussi à toutes les œuvres de miséricorde, accueillant, nourrissant et soignant en son manoir des dizaines de nécessiteux. Il fonda aussi un hospice à Sainte-Anne d’Auray et œuvra (mais il ne le verra pas de son vivant) pour que les Augustines viennent y continuer sa sollicitude pour les misérables.
Comme cela arrivera plus tard avec le Saint Curé d’Ars, le démon le harcèlera, ne le laissera pas en répit, et, parfois même, cherchera à attenter à sa vie, ce qui ne contribuera qu’à renforcer sa détermination et à ne rien relâcher de ses austérités.

   Il rendit son âme à Dieu le 8 octobre 1660. On rapporte que plusieurs malades ont retrouvé la santé sur sa tombe. Lors de la construction de l’actuelle basilique de Sainte Anne d’Auray, sa dépouille terrestre y fut transportée – dans la première chapelle latérale du bas-côté gauche, en face de celle d’Yvon Nicolazic -, et sa statue fut placée au-dessus du porche gauche de la façade, accueillant, bras ouverts, les pèlerins dans le sanctuaire de la mère de la plus pure des Vierges, que l’on invoque comme « Refuge des pécheurs » et « Espérance des désespérés ».

chapelle de la basilique de Sainte-Anne d'Auray où repose Pierre Le Gouvello de Kériolet

Chapelle de la basilique de Sainte-Anne d’Auray dans laquelle est inhumé Pierre Le Gouvello de Kériolet

   Je dois vous donner maintenant la clef de cette histoire authentique.
Qu’a donc voulu dire le démon lorsqu’il a lâché ces mots : « Il a eu un peu de dévotion pour Elle » ?
Tout simplement que, depuis son enfance, par un acte d’attachement qu’il avait appris de sa mère, Kériolet, même au plus fort de sa vie de désordre, ne passa jamais un jour sans réciter un « Ave Maria ».

Tolbiac.

Dévotion de Messire de Kériolet à la Vierge Marie - église de Pluvigner

Vitrail de l’église de Pluvigner représentant la sincère dévotion mariale de Pierre de Kériolet

2023-118. De Saint Elzéar de Sabran et de sa virginale épouse la Bienheureuse Delphine.

27 septembre,
Fête de Saint Elzéar de Sabran, comte d’Arrian, confesseur ;
Mémoire des Saints Cosme et Damien, médecins anargyres, martyrs ;
Anniversaire de la naissance de Sa Majesté le Roi Louis XIII.

Blason de la famille de Sabran

Famille de Sabran : « de gueules au lion d’argent »

       La Maison de Sabran est une illustre famille de la noblesse, établie en Provence, descendant de Charles Martel, de Pépin le Bref, de Louis 1er le Pieux, et alliée à un très grand nombre de familles de la très haute noblesse européenne, ainsi qu’à des familles royales : la mère de Raymond-Béranger de Provence était une Sabran, et on se souvient que les quatre filles de Raymond-Béranger épousèrent toutes des rois. Marguerite de Provence, en particulier, épousa en 1234 Louis IX de France. Ainsi, un peu du sang des Sabran coule dans les veines de tous les descendants de Saint Louis.
Mais l’une des plus grandes gloires de cette famille, qui en compte pourtant beaucoup, dans l’armée, dans les prélatures, dans les charges honorifiques… etc., est d’avoir donné à la Sainte Eglise un très grand saint : Saint Elzéar de Sabran.

   Elzéar (qui est l’une des formes provençales du prénom Lazare, et qui signifie secours de Dieu) naquit en 1285 au château de Roubians, près de Cabrières-d’Aigues, dans le comté de Provence. Son père, Ermangaud de Sabran, possédait de nombreux titres, parmi lesquels celui de comte d’Arrian, dans le royaume de Naples.
Arrian, en italien Ariano Irpino, est un fief important de Campanie, et il manifeste combien Ermangaud de Sabran était proche des souverains capétiens régnant sur la Sicile.

   L’année de la naissance de d’Elzéar est aussi celle de la mort de Charles 1er d’Anjou, frère puiné de Saint Louis, comte de Provence, roi de Naples et de Sicile, et donc de l’accession au trône de Naples de Charles II d’Anjou (c’est lui qui avait fait réaliser les fouilles dans la vieille église de Saint-Maximin, fouilles qui avaient abouti, en 1279, à la redécouverte du tombeau de Sainte Marie-Magdeleine, à la suite de quoi il avait magnifiquement entrepris la reconstruction de cette église : l’actuelle basilique royale. Charles II est aussi le père de Saint Louis d’Anjou, franciscain et archevêque de Toulouse).

Saint Elzéar et la Bienheureuse Delphine - détail d'un tableau de l'église de Puimichel

Saint Elzéar de Sabran et la Bienheureuse Delphine de Signes, époux virginaux,
détail d’un tableau de l’église de Puimichel

   Elzéar (dont une tradition rapporte que, déjà pénétré de piété et d’esprit de pénitence dès sa naissance, il refusait de prendre le sein les vendredis), reçut une éducation soignée, en particulier, à l’abbaye Saint-Victor de Marseille, dont l’un de ses oncles, Guillaume de Sabran, était l’abbé. On rapporte qu’il portait sur la peau une ceinture garnie de pointes de fer mais qu’il fut trahi par un filet de sang qui transperça ses vêtements : l’abbé son oncle l’en reprit et lui enseigna à pratiquer la pénitence avec davantage de mesure.

   Charles II d’Anjou, qui avait remarqué la beauté de Delphine (ou Dauphine) de Signes, héritière de plusieurs fiefs, orpheline, élevée dans une abbaye dont l’une de ses parentes était l’abbesse, décida, en 1295, de la fiancer à Elzéar de Sabran : il n’avait que 10 ans, Delphine en avait 12 ! Le mariage fut célébré quatre ans plus tard, en 1299, au château de Puimichel, fief de la famille de Signes.
Delphine plaçait au-dessus de tout la virginité et elle convainquit Elzéar de rester l’un et l’autre vierges dans le mariage.
Vivant d’abord au château d’Ansouis, sous l’autorité du grand père d’Elzéar (son père était à ses charges à la cour de Naples) les jeunes époux souffraient des mondanités. Ils furent tentés de se retirer l’un et l’autre dans la vie religieuse, mais Elzéar, qui demandait à Dieu de l’éclairer, entendit une voix lui dire distinctement : « Ne changez rien à votre état actuel ».
En 1306, ils furent néanmoins autorisés à quitter Ansouis pour s’installer à Puimichel.

   Elzéar récitait tous les jours les heures canoniales, passait une partie de ses nuits en oraison, s’adonnait strictement aux jeûnes de l’Eglise et en rajoutait aux obligations imposées au commun des fidèles : ainsi jeûnait-il pendant tout l’Avent, et préparait-il toutes les grandes fêtes par trois jours de jeûne.
Il dit un jour à Delphine : « Je ne pense pas que l’on puisse imaginer une joie semblable à celle que je goûte à la table du Seigneur. La plus grande consolation sur la terre est de recevoir très fréquemment le Corps et le Sang de Jésus-Christ ».
La domesticité d’Elzéar et Delphine était soumise à des règles religieuses strictes : tout le personnel du château devait assister chaque jour à la Messe, avoir de bonnes mœurs, et recevoir les sacrements (confession et communion) chaque mois ; les jeux de hasard étaient rigoureusement prohibés ; les jurons, blasphèmes ou paroles indécentes étaient sévèrement punis.
Elzéar recevait quotidiennement à sa table douze pauvres, qui repartaient avec une aumône ; il visitait les malades et se mettait à leur service, voyant en eux des images du Christ souffrant.

Saint Elzéar en prière - détail de son tombeau détruit à la révolution

Saint Elzéar en prière
sculpture subsistante de son tombeau de marbre détruit à la révolution

   A la mort de son père, en 1308, Elzéar hérita de tous ses biens et titres, et dut se rendre à la cour de Naples et dans son comté d’Arrian, où il supporta avec patience et longanimité l’opposition locale pendant près de trois années. A la mort de Charles II d’Anjou (6 mai 1309), son fils et successeur, Robert 1er de Naples, dit le Sage, fit de lui son homme de confiance : Elzéar, avec Hugues IV des Baux, se vit ainsi confier la tête de l’armée napolitaine qui eut, en 1312, la mission d’arrêter l’empereur Henri VII de Luxembourg qui tentait de s’emparer de Rome ; à Elzéar fut confiée la régence du royaume de Naples lors des déplacements de Robert 1er le Sage dans son comté de Provence ou à la cour pontificale d’Avignon ; Robert 1er le chargea encore de l’éducation de son fils aîné, Charles de Calabre.

   Les préceptes de l’Evangile n’étaient pas seulement la règle de conduite personnelle d’Elzéar, mais dictaient évidemment son action politique. Lorsqu’un criminel était condamné à mort, et qu’il apprenait que les prêtres ne réussissaient point à le convertir, il lui arriva plusieurs fois d’aller les trouver lui-même et de les ramener à des sentiments de pénitence et de piété. La loi prévoyait la confiscation des biens des condamnés, mais Elzéar les fit souvent restituer à leurs veuves ou à leurs orphelins.

   En 1313, Elzéar et Delphine confirmèrent leur vie de continence parfaite en prononçant le vœu de chasteté, et ils entrèrent dans le tiers-ordre franciscain.

   Parmi les très nombreux miracles qu’Elzéar accomplit de son vivant, on retiendra celui qu’il fit en faveur de son filleul, Guillaume de Grimoard, futur pape Urbain V (cf. > ici). Selon la tradition, le petit Guillaume de Grimoard était né avec un visage difforme ; lors du baptême, à la prière d’Elzéar de Sabran – qui avait des liens de parenté avec les Grimoard et avait été choisi pour parrain – l’enfant retrouva des traits normaux. Cinquante-neuf ans plus tard, cet enfant devenu le pape Urbain V, canonisa Elzéar.

Saint Elzéar guérissant des lépreux - fragment de son tombeau détruit à la révolution

Saint Elzéar soignant (et guérissant) des lépreux
fragment des sculptures qui ornaient son tombeau détruit à la révolution

   En 1323, Elzéar est envoyé à Paris, ambassadeur du roi Robert de Naples, pour négocier le mariage de son élève, Charles de Calabre, avec Marie de Valois, petite-fille du roi Philippe le Hardi.
Au cours de ce séjour, Elzéar croisa dans la rue un prêtre portant le saint viatique. Bien sûr, tout le monde mit genou en terre… sauf le comte d’Arrian. Le fait fut rapporté à l’évêque, Etienne III de Bouret, qui convoqua Elzéar afin qu’il rendît compte de cette conduite scandaleuse. Elzéar lui répondit : « Faites venir le prêtre et je m’expliquerai devant lui ». Aux questions que lui posa Elzéar le curé finit par avouer : « J’avais refusé le saint viatique à un marchand, parce que je m’étais vu obligé de lui refuser l’absolution, pour la raison que le malade ne voulait pas restituer des biens mal acquis. Mais ses proches m’ayant menacé des plus grands maux, si je persistais dans mon refus, je lui ai porté en viatique une hostie non consacrée ». Le curé fut destitué.

   C’est à l’occasion de son ambassade à la cour de France qu’Elzéar écrivit ces lignes admirables à son épouse demeurée à la cour de Naples : « Vous désirez apprendre souvent de mes nouvelles ? Allez souvent visiter Jésus-Christ dans le Saint-Sacrement. Entrez en esprit dans son Cœur sacré. Vous savez que c’est là ma demeure ordinaire ; vous êtes sûre de m’y trouver toujours ».

   Elzéar tomba malade à Paris : il obtint que la messe fût célébrée dans sa chambre, fit une confession générale et se confessa encore chaque jour… alors que ses confesseurs assurèrent par la suite qu’il ne pécha jamais mortellement. Chaque jour, il se faisait lire la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Il rendit son âme à Dieu le 27 septembre 1323, ayant reçu l’extrême-onction et la sainte communion en viatique. Il était âgé de 38 ans.

Saint François d'Assise avec Saint Louis et Saint Elzéar de Sabran - église d'Orange

Saint François d’Assise avec Saint Louis et Saint Elzéar de Sabran
(tableau de l’église Saint-Florent, à Orange)

   Son corps fut ramené en Provence et inhumé dans l’église des franciscains d’Apt. Plus tard il sera transféré dans la cathédrale de cette même ville. Quelques mois plus tard, Delphine le contempla dans une vision. Le pape Clément VI fit procéder en 1352 à la vérification des miracles attribués à Elzéar, et son filleul, le Bienheureux Urbain V, le canonisa en 1370.

   Sa veuve, Delphine de Signes, lui survécut pendant 37 ans : elle demeura encore à la cour de Naples, confidente de la reine Sancia, seconde épouse du roi Robert 1er, jusqu’en 1345, où elle revint en Provence, menant une vie pauvre et pénitente jusqu’à sa mort, le 26 novembre 1360. Ses liens avec les franciscains dits « spirituels », dont beaucoup furent suspects d’hérésie, ont entravé sa canonisation dans des formes régulières. Elle figure toutefois au martyrologe propre de l’Ordre séraphique et bénéficie localement d’un culte public, la plupart du temps en même temps que son virginal époux.

église d'Ansouis - autel et reliques de Saint Elzéar et de la Bienheureuse Delphine

Autel et bustes reliquaires de Saint Elzéar et de la Bienheureuse Delphine
dans l’église paroissiale d’Ansouis

2023-114. Où, au jour octave des Sept-Douleurs de Notre-Dame, le Prince Tolbiac dresse un bref compte-rendu de l’été 2023.

22 septembre 2023,
Au Mesnil-Marie : l’octave des Sept-Douleurs de Notre-Dame (double majeur) ;
Mémoire de Saint Maurice et de ses compagnons, légionnaires et martyrs ;
Mémoire du Vendredi des Quatre-Temps d’automne.

Tableau de la Vierge des Sept-Douleurs

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       En ce jour octave des la fête des Sept-Douleurs de la Très Sainte Mère de Dieu, et pour nous attacher toujours davantage à approfondir leur incommensurable mystère, je voudrais commencer par vous proposer l’audition d’une version du célèbre Stabat Mater de Pergolèse que mon papa-moine m’a donnée à écouter pendant cette octave (car l’éducation musicale est elle aussi importante dans la formation d’un chat novice augustinien : n’oubliez pas que notre Bienheureux Père Saint Augustin a rédigé un traité sur la musique), et que nous avons l’un et l’autre fort appréciée.

   Après les deux versions que mon vénéré prédécesseur, feu le Maître-Chat Lully, en avait publiées > ici, en voici une troisième qui émane du très illustre et presque millénaire chœur d’enfants de l’abbaye de Saint Florian (cf. > ici et > ici) : la virtuosité vocale de Christian Ziemski, soprano soliste des petits chanteurs de Saint-Florian, et d’Aloïs Mühlbacher, jeune et remarquable contreténor, nous a véritablement transportés ; une virtuosité qu’ils savent pleinement mettre au service du texte de la sublime séquence de cette Messe de la Compassion de Notre-Dame :

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   Mais avec cette octave de Notre-Dame des Douleurs, nous disons au revoir à l’été : la fête de Saint Matthieu, hier, conformément au dicton populaire, a bien semblé en être les adieux !

   Les couleurs de la végétation ont commencé à changer, les jours raccourcissent considérablement, les températures baissent : voici l’automne !
Je profite donc de notre entrée dans une nouvelle saison pour vous dresser un rapide compte-rendu de celle qui vient de s’achever : ce ne sera pas très long puisque, en réalité, l’état de santé de Frère Maximilien-Marie l’a contraint à limiter à l’extrême ses activités ou participations à des manifestations extérieures. De ce fait, je n’ai en définitive à vous énumérer que des cérémonies : le 1er juillet, pour la fête du Très Précieux Sang, l’un de nos amis prêtres est venu fêter ici son trentième anniversaire d’ordination sacerdotale ; le 11 août, il y a eu la fête de notre chère Sainte Philomène ; le 25 août, la fête de Saint Louis ; et enfin, ce 15 septembre, celle des Sept-Douleurs de Notre-Dame, fête patronale de notre Mesnil-Marie (cf. > ici).
L’unique « sortie » à laquelle notre Frère a participé, a été le 14 juillet, à La Louvesc : la traditionnelle journée contre-révolutionnaire organisée par le Cercle Légitimiste du Vivarais mettant cette année l’accent sur le rôle de Saint Jean-François Régis (cf. > ici), comme préparation spirituelle des populations vellaves et vivaroises à la résistance à l’impiété révolutionnaire.

   Je me contenterai maintenant d’illustrer ce bref compte-rendu de quelques photographies qui m’ont paru particulièrement belles, prises lors des cérémonies dans notre chapelle.

Chasuble rouge avec Agneau de Dieu - 1er juillet 2023

Chasuble rouge à l’Agneau de Dieu

Per intercessionem beati Michaelis archangeli - 15 septembre 2023

Per intercessionem beati Michaelis archangeli, stantis a dextris altaris incensi…
incensum istud dignetur Dominus benedicere…

Epiclèse - 1er juillet 2023

Hanc igitur oblationem servitutis nostrae…

Per ipsum et cum ipso et in ipso - 1er juillet 2023

Per ipsum, et cum ipso et in ipso…

Pendant les purifications - 15 septembre 2023

Pendant que le prêtre se trouve du côté de l’épître lors de la purification du calice

Motif central du dos de la chasuble de Notre-Dame de Compassion

Motif central au dos de la chasuble réalisée spécialement pour les deux fêtes de
Notre-Dame de Compassion 

    Voilà donc, mes bien chers Amis, ma modeste chronique de ce jour : qu’elle vous soit surtout le témoignage de notre profonde et amicale union dans la prière et dans l’offrande, afin que cet automne qui commence soit une saison de croissance spirituelle et de plus grande ferveur, en répondant avec toujours plus de générosité aux appels des divins Cœurs de Jésus et Marie…

Tolbiac.

Tolbiac septembre 2023

 

2023-111. Nous avons lu et nous avons aimé : « Louis XVIII » de Philip Mansel.

16 septembre,
Fête des Saints Corneille et Cyprien, pontifes & martyrs ;
Mémoire des Saints Euphémie, Lucie et Géminien, martyrs ;
Mémoire du deuxième jour dans l’octave de Notre-Dame des Douleurs ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Louis XVIII.

       Sa Majesté le Roi Louis XVIII rendit le dernier soupir le 16 septembre 1824 en son palais des Tuileries, à Paris.
Ce souverain n’est pas toujours bien connu ni bien compris, même dans les milieux monarchistes et légitimistes : entre l’image d’un « roi voltairien » que se sont plu à lui donner certains historiens, et une espèce de « légende noire » sur sa personne que certains prétendus « dévots » continuent à colporter sur la base de pseudo apparitions (cf. ce que nous avons déjà publié à ce sujet > ici), le Roi Louis XVIII ne fait pas vraiment l’objet d’une grande popularité de nos jours, lors même que, pendant la Restauration, il fut le centre d’une immense dévotion populaire rarement égalée difficilement imaginable aujourd’hui.

   En outre, la très simpliste habitude qu’ont beaucoup de « fixer » les personnages historiques dans un unique moment de leur vie, ou de les circonscrire à tel ou tel événement précis, a pour fâcheuse conséquence logique de placer un écran opaque devant la vérité historique.
En ce qui concerne Sa Majesté le Roi Louis XVIII, c’est spécialement vrai : le comte de Provence n’est pas le même en 1774 ou en 1790, il est encore différent en 1795 lorsque la mort tragique de son neveu fait de lui le Roi Louis XVIII, et sa personnalité morale évolue encore pendant le temps de son long exil, lors de son retour à Paris en 1814, pendant les Cent-Jours, puis pendant le reste de son règne.
Ce n’est pas la première fois (ni la dernière) dans l’histoire qu’un Prince dont le comportement ne fut pas d’abord édifiant ou exemplaire, se révèle ensuite un très grand souverain. Qu’on songe à Louis XII, pour n’en citer qu’un autre.
Pour ce qui me concerne, je crois aux grâces d’état, et très spécialement à celles qui sont attachées par la divine Providence à la fonction royale en France.

   C’est pourquoi nous recommandons instamment cet excellent ouvrage de l’historien anglais Philip Mansel, que nous avions déjà cité > ici, et qui fait, jusqu’à présent, figure d’ouvrage de référence, pour mieux comprendre et apprécier, malgré ses erreurs, un grand Souverain à l’intelligence politique peu commune, qui sut tenir un équilibre délicat entre une rigoureuse fidélité aux principes et l’adaptation aux circonstances qui lui étaient imposées par les malheurs des temps.

Louis XVIII - Philip Mansel

Quatrième de couverture :

   La biographie de référence du dernier roi de France mort sur le trône.

   Louis XVIII est un roi mal connu et jamais jugé à sa juste valeur. Philip Mansel en propose un portrait original et documenté à partir de nombreuses sources inédites.
Il montre ainsi le rôle politique du frère de Louis XVI durant les années 1787-1789 où il se fait à la fois l’avocat des  » idées nouvelles  » et le soutien d’une monarchie forte. Il retrace ensuite les années d’exil à partir de 1791 et l’espèce de contre-gouvernement organisé à Coblence qui conspire contre la République, soutient les Vendéens et, une fois installé à Vérone, s’efforce d’organiser un réseau diplomatique, une vie de cour, et de préparer la Restauration. L’auteur dénoue aussi l’écheveau des deux retours de 1814-1815 avec son lot d’erreurs, mais également la rédaction de la Charte et une tentative délicate de réconciliation entre la nation et la monarchie. Car Louis XVIII se veut l’initiateur d’une royauté qui emprunte à l’Angleterre ses meilleurs acquis. Ses hésitations, ses échecs, son soutien à son favori Decazes donnent la mesure d’un régime certes fragile mais, à bien des égards, engagé sur la voie de la modernité.

   Philip Mansel est l’auteur chez Perrin du Prince de Ligne (2002) et Paris, capitale de l’Europe (2003).

2023-108. « Te Deum » pour le seizième anniversaire du Blogue du Mesnil-Marie.

Dimanche soir 10 septembre 2023.

2007 – 10 septembre – 2023

Seizième anniversaire de la création de ce modeste blogue

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Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   Il est impossible d’achever cette journée sans faire monter vers le Ciel de très vives actions de grâces pour l’anniversaire de la « fondation » de ce blogue.
En référence à celui qui s’en trouve à l’origine, mon prédécesseur au Mesnil-Marie, feu Monseigneur le Maître-Chat Lully, il était tout naturel que j’optasse pour la publication, ci-dessus,  du très fameux (et à juste titre) Te Deum de Monsieur le Surintendant des musiques royales du Grand Roi, Jean-Baptiste de Lully.

   Pour ceux, plus ou moins nouveaux lecteurs ou abonnés de ce modeste blogue qui n’en connaîtraient pas l’histoire, je me permets de vous proposer quelques liens qui leur permettront, s’ils le désirent, d’en prendre connaissance.
Voici donc :

1) Le premier prologue du Maître-Chat, avec lequel commença cette aventure > ici ;
2) Le prologue qui l’a remplacé après le trépas du Maître-Chat Lully > ici ;
3) Le premier article, daté du 11 septembre 2007, dans lequel le Maître-Chat Lully, brossait un rapide historique > ici ;
4) Et un article de 2012, où le Maître-Chat revenait sur cette histoire > ici

   Ce dimanche 10 septembre 2023 au soir, le compteur du blogue totalise plus de 4.346.400 visiteurs, et 1.815 articles y ont été publiés avant celui-ci.

   Au tout petit groupe des  destinataires d’origine, composé d’amis que nous connaissions tous directement, se sont rajoutées des centaines d’autres, que nous n’avons jamais rencontrés – ou du moins pas encore -, mais avec lesquels se sont tissés des liens, amicaux et spirituels, authentiques. Certains mêmes, sont venus jusqu’en cette thébaïde pour faire connaissance avec mon papa-moine ou avec feu le Maître-Chat Lully.
Certes, ces publications nous valent bien sûr de solides inimitiés ou des critiques tenaces ; mais nous recevons aussi très fréquemment des témoignages bien plus intéressants de personnes qui, sans qu’elles se fassent forcément connaître, ou du moins pas tout de suite, grâce à la lecture de ces articles, sont venues à plus de ferveur religieuse ; ont davantage pris conscience de la crise de l’Eglise ; ont résolu de se mieux former pour s’ancrer davantage dans la sainte Tradition spirituelle, doctrinale et 
liturgique et résister au modernisme mortifère ; ont été gagnées à la Légitimité… etc.

   C’est pour tout cela que nous faisons monter vers Dieu, ce soir, de vibrantes actions de grâce, et que, Frère Maximilien-Marie et moi-même, nous renouvelons devant vous nos résolutions et engagements, avec joie et avec une détermination renforcée.

Que Dieu nous soit en aide et soit Lui-même notre force.
Ainsi soit-il !

Patte de chatTolbiac.

Pour s’inscrire aux publications et mises à jour du blogue > ici

Tolbiac 10 septembre 2023

Image de prévisualisation YouTube Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,    Il est impossible ...&media=http://leblogdumesnil.unblog.fr/files/2023/09/tolbiac-10-septembre-2023.jpg" onclick="window.open(this.href);return false;" >

2023-105. Retranscription de l’allocution de Sa Majesté au Mont des Alouettes le 2 septembre 2023.

Samedi 9 septembre 2023,
En certains lieux : fête de Notre-Dame de Miséricorde de Pellevoisin (cf. > ici).

       En l’absence de publication écrite officielle du texte complet de l’allocution prononcée par Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, le samedi 2 septembre dernier à l’occasion du rassemblement organisé au Mont des Alouettes (cf. > ici), nous en publions ci-dessous une retranscription réalisée par l’une de nos amies – que nous remercions chaleureusement -, à partir de l’enregistrement et de la vidéo qui ont déjà été publiés sur plusieurs médias (voir le lien vers la vidéo en bas de cette page).
Nous ne pouvons garantir que le découpage du texte et sa ponctuation, tels que publiés ci-dessous, sont de manière absolue ceux qui se trouvent sur la feuille lue par Sa Majesté, mais du moins, la transcription est-elle rigoureusement fidèle à ce que notre Souverain légitime a dit.

Louis XX au Mont des Alouettes 2 septembre 2023

Très Révérend Père,
Chers abbés,
Monsieur le Vice-Président du Conseil Départemental,
Messieurs les Présidents des associations,
Chers amis,

   Quel plaisir et quelle émotion d’être aujourd’hui en Vendée !
Quelle émotion de constater votre présence en nombre et votre accueil si chaleureux et enthousiaste !
Quelle émotion d’être ici au Mont des Alouettes, parmi vous tous, accompagné de ma famille : quel symbole aussi d’être ainsi parmi vous !

   La Vendée occupe une place très forte dans l’histoire de France : elle est la région qui a défendu le plus ardemment la foi et le Roi à la fin du XVIIIe siècle, le payant au prix de milliers de victimes.
S’il y a eu, dès 1790, d’autres soulèvements, celui de la Vendée, à partir de mars 1793, demeurera pour toujours le plus important et le plus connu, et celui qui, par son ampleur, les résume tous.
Sur cette terre ont été défendus par tout un peuple, uni et soudé, les principes qui de tous temps ont fait la France, sa grandeur et sa gloire : la foi en Dieu et la fidélité au Roi, père naturel de toutes les familles.

   Saluons la Vendée, terre des valeurs défendues jusqu’au sacrifice !
Combien cela résonne encore de nos jours où notre société, trop souvent, semble manquer du nécessaire souci de se dépasser.
Notre pays a tant besoin du rappel des principes fondamentaux qui ont forgé la civilisation française.
Merci à toutes vos associations et groupements, réunis pour cette journée de fête, de contribuer à les rappeler.

   A l’occasion de la commémoration de la venue en 1823, en ces lieux, sur cette colline, de mon auguste parente la duchesse d’Angoulême, quelle belle et grande idée, d’avoir voulu célébrer ainsi en  quelque  sorte le jubilé de la Vendée.
Je m’y suis associé dès que le projet m’a été soumis.
Cela est pour moi l’occasion d’évoquer la mémoire d’un soulèvement, et plus encore, celle de ce que ce soulèvement représentait d’audace et de clairvoyance :
Audace, de prendre les armes quand rien ne vous y a préparé.
Clairvoyance vis-à-vis de la société nouvelle, dont les Vendéens ont rapidement compris qu’elle ne serait pas celle du bien commun mais celle des contraintes insupportables et inacceptables.

   Ainsi, en 1823, avec la Restauration et le retour de la famille royale, la Vendée pouvait véritablement renaître.
Il y a exactement 200 ans, le Roi Louis XVIII, mon aïeul, celui qui en 1795, dès l’annonce connue de la mort du Roi Louis XVII, avait assumé contre vents et marées la permanence de la Royauté française, demande à sa nièce, fille du Roi martyr, de venir en Vendée. Geste fort et hautement symbolique : Madame Royale, duchesse d’Angoulême, par sa personne, marque la continuité de la Dynastie en montrant son attachement à la chère province meurtrie.

   La princesse, ma grand’ tante, qui avait ressenti elle-même dans sa chair et son âme, toute l’horreur de la révolution, vient se recueillir sur le Mont des Alouettes, et pose la première pierre de la chapelle qui désormais la couronne. Il s’agissait à la fois de rendre hommage aux combattants de la grande épopée de l’Ouest, tout autant que de montrer les liens que la Famille Royale entendait tisser de manière solennelle avec la Vendée.
On peut imaginer aisément ce que cela représentait en 1823 : une génération après les événements, survivants et témoins étaient nombreux. Pas une famille n’avait été épargnée par la barbarie et le feu des bourreaux « bleus ». La présence royale montrait la hauteur du sacrifice consenti, du don absolu fait à Dieu et au Roi.

   Commémorer la venue de Madame Royale, et, encore plus, sa volonté de mettre à nouveau Dieu au cœur du pays meurtri avec l’érection de cette chapelle du souvenir, est donc un acte de mémoire essentiel pour notre pays.
Quand les morts peuvent reposer en paix et sont honorés, les vivants peuvent assumer leurs devoirs, et légitimement exercer leurs droits.
La Vendée l’a bien compris. Dès le sang séché, dès les derniers incendies éteints, dès les plaies pensées, elle s’est remise courageusement au travail, et a montré que si elle avait été la terre de grands exploits dans la guerre, elle pouvait l’être tout autant dans la paix.
La Vendée s’est relevée d’abord à travers ses paysans qui ont redonné vie à leur ferme ; puis avec les villes, où les artisans ont repris le travail. En quelques décennies, tout est reconstruit et la Vendée se trouve renouvelée, et continue à être l’une des régions les plus dynamiques de France. Elle est en tête en matière économique et en matière d’emplois ; en matière de tourisme, elle sait conjuguer la quantité pour son accueil et la qualité.
Je suis heureux de pouvoir le redire aujourd’hui en adressant mes félicitations à ceux qui contribuent à ces réussites.
Le sacrifice peut ainsi être rédempteur. L’épreuve peut être source de progrès, quand il s’agit de ne pas se conduire en assistés mais en responsables. Les vendéens ont manifesté cet esprit dans les cruelles années 1790, leurs descendants le font toujours.

   Mais je voudrais ajouter deux idées plus personnelles.

   La première concerne les commémorations et leur portée symbolique.
Commémorer, n’était pas courant au temps de la Royauté : le Te Deum marquant les victoires semblait suffisant. Une fois l’action passée, le Roi pensait à l’avenir.
C’est avec l’évocation de la Vendée, et plus largement celle de toutes les victimes de la révolution, à commencer par le Roi et sa famille, que des commémorations expiatoires ont été organisées. Les actions en effet étaient si sacrilèges, qu’il était nécessaire de s’en souvenir afin qu’elles ne se reproduisent plus.
Pour maintenir cette mémoire, les chapelles, comme celle-ci édifiée au Mont des Alouettes, ont été érigées. Elles doivent continuer à nous faire réfléchir au destin de notre société, qui, comme elle a pu paraître le faire à partir de 1789, ne doit pas renier les fondements sur lesquels elle repose : comme il y a deux siècles, ce sont ceux du Décalogue, ceux du Droit naturel, qui fixent d’heureuses bornes aux hommes qui auraient trop tendance à privilégier leur seul égoïsme. En ce sens, les commémorations comme celle-ci sont loin d’être passéistes : elles ont toute leur importance pour notre temps et le futur.
Je voulais le rappeler ici sous peine, qu’à défaut, de telles commémorations ne soient plus toujours bien comprises.

   Le second point personnel, que je veux évoquer, est un remerciement tout particulier à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée.
J’ai pu revoir cette terre meurtrie de l’Ouest, où j’étais venu déjà à plusieurs reprises, avec toujours autant d’émotion.

   La Vendée permet de comprendre la grandeur d’une région qui a su tout donner pour conserver ses valeurs.
Merci à vous tous de votre présence, et que l’esprit de la Vendée continue à animer les Français pour affronter les combats du futur.

   Merci.

Louis,
duc d’Anjou

 Le Mont des Alouettes, samedi 2 septembre 2023

Pour entendre le discours de Sa Majesté, faire un clic droit sur l’image ci-dessous
puis « ouvrir dans un nouvel onglet ».

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2023-102. Gustave Thibon, l’enraciné.

2 septembre 2023,
120ème anniversaire de la naissance de Gustave Thibon.

       Il m’est impossible de ne pas marquer le cent-vingtième anniversaire de la naissance de Gustave Thibon, à Saint-Marcel d’Ardèche le 2 septembre 1903. Ce m’est un devoir de reconnaissance, en même temps qu’une nouvelle occasion de témoigner de tout ce que j’ai reçu de lui, ou pour être plus exact : reçu de Dieu par son entremise. 

   Mais puisque nous parlons de naissance, parlons aussi de racines.
Gustave Thibon était un être enraciné, et lui-même a maintes fois témoigné de l’importance fondamentale de l’enracinement de l’homme, que ce soit dans ses écrits ou dans ses prises de parole.
Pour célébrer cet anniversaire, citons seulement quelques très belles lignes de Christian Chabanis dans un chapitre intitulé « Les racines humaines », de l’ouvrage consacré à Thibon qu’il avait publié en 1967. 

Christian Chabanis - Gustave Thibon 1967 Beauchesne

        « Si la destinée de Gustave Thibon s’enracine dans le métaphysique et défie par là toutes les autres explications que l’on peut en donner, elle s’enracine aussi, par une grâce infiniment précieuse en un siècle où disparaissent les racines humaines, où l’homme tend à ne relever ni de la grâce ni de la nature mais de quelque organisme administratif, elle s’enracine dans une terre. Non pas une terre quelconque : la campagne des dimanches et des jours de fête, la vague campagne, mais une terre qui est sa terre et qu’il n’a pas choisie, qu’il a seulement acceptée sans réserve. Qu’il a acceptée avec ses lois qui sont celles de l’homme incarné. Il n’est pas question de découvrir ici quelque rêverie de promeneur solitaire, mais l’accord profond avec une réalité qu’il porte en lui autant qu’elle le porte et qui ne cesse de nourrir sa vie comme sa réflexion.

   Il y a cet homme tourné vers l’infini et dont la patrie n’est qu’en haut. Mais l’homme d’ici-bas, si l’on peut dire, est l’homme d’une terre qu’un savoureux accent méridional désigne aussitôt. Jacques Madaule a dit de Thibon qu’il parlait, qu’il écrivait comme un paysan laboure, et c’est vrai. Il appuie de toute sa force sur le soc qui ouvre un sillon, il s’appuie de toute sa force sur le sol. Le monde présent autour de lui, en lui, dès qu’il regarde le monde, c’est une race, une langue, un héritage qu’il traite avec amour. Son univers n’est pas infirme, sinon de cette infirmité radicale de la caverne qui attend la lumière. Et cette incarnation lui donne le sens le plus vrai de la situation humaine, de ses possibilités et de ses limites. Comment ne pas oublier de quel pas marche l’homme dans un monde soumis à la vitesse, et que notre vie est faite pour aller de ce pas ? « Les grandes pensées viennent en marchant », disait Gœthe ; en courant les pensées folles. Or nous courons. Mais celui, comme Thibon, qui marche chaque jour, n’oublie guère le pas de l’homme et de sa vie. Si nous insistons sur les racines terrestres de Thibon, c’est qu’elles seules permettent de comprendre, sinon d’expliciter, cette jonction spontanée qui étonnait Gabriel Marcel « entre l’expérience immédiate, celle des travaux journaliers, et la spéculation la plus haute, la vie mystique elle-même ».

Christian Chabanis,
in « Gustave Thibon », éd. Beauchesne 1967 – chap. 2 pp. 17-18

Chapelle saint sulpice campagne de Saint Marcel d'Ardèche

La chapelle Saint-Sulpice, au milieu des vignes, à Saint-Marcel d’Ardèche

2023-101. Nous avons lu et nous avons aimé : « Les derniers jours de Louis XIV », d’Alexandre Maral.

1er septembre,
Octave de Saint Louis ;
Mémoire de Saint Gilles, abbé et confesseur ;
Mémoire des Douze Frères martyrs ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Louis XIV (cf. > ici, > ici et encore > ici) ;

Anniversaire de la promulgation du serment antimoderniste (cf. > ici).

frise lys deuil

       Faut-il présenter Alexandre Maral ? Tous ceux qui s’intéressent à l’Ancien Régime, au règne du Grand Roi et à Versailles, ont, ce me semble, un impérieux devoir de lire Alexandre Maral dont la déjà impressionnante bibliographie est la source d’un véritable émerveillement, tant par la forme que par le contenu toujours rigoureux et précis en lequel se trouvent de très nombreuses richesses, tellement il s’y trouve de juste érudition.
L’ouvrage que nous recommandons très vivement en ce jour anniversaire de la mort de Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XIV, s’intitule « Les derniers jours de Louis XIV » et a été publié en 2014 en préparation du troisième centenaire de ce trépas.
Que tous les admirateurs du Roi-Soleil qui n’auraient pas encore eu l’occasion de le lire s’empressent de le faire. Nous-mêmes, au Mesnil-Marie, l’avons lu plusieurs fois et y avons à chaque fois trouvé de nouvelles richesses et des motifs de véritable édification.

Alexandre Maral - les derniers jours de Louis XIV

Quatrième de couverture :

   1715-2015 : depuis trois siècles, la mort de Louis XIV n’a cessé de fasciner et d’émouvoir. Avant de quitter ce monde, le Roi-Soleil a organisé lui-même la mise en scène de son dernier crépuscule : une mort chrétienne, parfaitement maîtrisée et conçue comme le spectacle par excellence de l’absolutisme –  » Je m’en vais, mais l’État demeurera toujours « .
La mort du roi est venue interrompre le règlement d’importantes affaires, notamment en politique extérieure et dans le domaine de la religion. Pour mieux comprendre ces enjeux, le récit commence au 1er janvier 1715 et suit le roi dans ses dernières préoccupations.
Rédigé sur les lieux mêmes qui ont été témoins de la mort de Louis XIV, le récit d’Alexandre Maral est fondé sur l’analyse des sources les plus fiables, notamment Dangeau et les frères Anthoine. Seul cet examen attentif permet de reconstituer au plus près le déroulement des événements : derniers divertissements du roi, progression de la maladie, impuissance des médecins, intrigues de cour, souverain abandon de Louis XIV à la Providence. Un récit original et puissant.

frise lys deuil

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