Archive pour la catégorie 'Memento'

2025-79. Point n’est besoin ni utile de se monter le bourrichon…

Lettre mensuelle aux membres et amis de la 

Confrérie Royale

 - 25 avril 2025 -

Sa Majeté le Roi - Copie

Jeudi de Pâques 24 avril 2025.

Chers membres et sympathisants de la Confrérie Royale,

    De tout cœur, j’ose espérer que vous avez passé une fervente Semaine Sainte, un fervent Triduum Sacré, une fervente fête de Pâques : fête que l’octave en laquelle nous sommes nous donne de célébrer pendant huit jours comme s’il s’agissait d’un unique jour – « haec dies quam fecit Dominus » -, et que nous prolongerons encore jusqu’à la fête de l’Ascension dans les richesses inouïes de notre belle liturgie catholique authentique.

   Les trois fondateurs de cette humble Confrérie étaient réunis en mon ermitage depuis la fête de la Compassion de Notre-Dame (le vendredi de la Passion) jusqu’au matin du mardi de Pâques : occasion de célébrer ensemble, dans le déploiement liturgique maximal qu’il nous a été possible d’accomplir, les accomplissements du mystère de notre salut en ces diverses phases.
Est-il utile de préciser que les membres de la Confrérie étaient spirituellement présents dans nos prières ?

A – Le pèlerinage annuel auprès de Notre-Dame du Puy aux jours de l’Ascension :

   La quarantaine d’allégresse qui succède à la quarantaine de pénitence est pour nous, en particulier, une préparation au pèlerinage annuel auprès de Notre-Dame du Puy : en ma qualité de Prieur, je demande instamment à tous les membres de la Confrérie, même s’ils ne peuvent participer physiquement à ce pèlerinage (les inscriptions ont été closes le 19 mars, je le rappelle, et il n’y a désormais plus de possibilité d’accepter des « retardataires ») de prier quotidiennement, ne serait-ce qu’un « Ave Maria » à l’intention de cette démarche spirituelle qui est celle de la Confrérie tout entière, par la médiation de ses représentants participant « en chair et en os » à ces trois journées de prière et d’approfondissements spirituels.

   Je rappelle que l’intention fondamentale qui nous porte aux pieds de la Mère de Dieu dans sa « cathédrale angélique » est de la prier d’une manière particulière pour notre Roi légitime et pour la France.
Cela n’empêche évidemment pas d’y apporter aussi des intentions secondaires, que, si vous le souhaitez, vous nous pouvez confier…

B – L’anniversaire de la naissance de Sa Majesté le Roi :

   La date du 25 avril ramène avec elle l’anniversaire de la naissance de Sa Majesté le Roi, qui, vous le savez, a vu le jour exactement sept-cent-soixante ans après son ancêtre direct et saint patron, le Roi Saint Louis IX (25 avril 1214 – 25 avril 1974).

   Par son engagement – qu’il soit simple ou par vœu -, chacun des membres de cette Confrérie a contracté devant Dieu un devoir sacré et impérieux de prier chaque jour (et plusieurs fois par jour) à l’intention de Sa Majesté.
Notre dévotion envers notre Roi légitime se nourrit d’un effort quotidien dont Dieu, qui voit tout, dans le secret des cœurs comme dans les lieux les plus éloignés de la société des hommes (cf. Matth. VI, 6), recueille avec délicatesse les mérites de fidélité et de générosité, afin de les transformer en grâces qu’Il répand sur l’âme de Sa Majesté, sur sa famille, et sur la France, quand bien même nous ne le voyons pas.

   En priant aujourd’hui avec encore davantage de ferveur et de zèle qu’à l’accoutumée, n’omettons pas de fortifier notre prière par l’offrande de quelque sacrifice.
La « monnaie du sacrifice » est indubitablement la devise la mieux cottée à la bourse spirituelle pour faire croître les capitaux de la grâce surnaturelle !

C – Situation de l’Eglise en ce jour :

   La mort de celui qui occupait depuis le 13 mars 2013 le trône pontifical et la prochaine réunion d’un conclave dans l’enceinte du Vatican afin de lui élire un successeur, ne doit en aucune manière nous distraire de l’essentiel.
Je suppose que les radios, chaînes télévisuelles « d’information » (ou prétendues telles) et « fils d’actualité » sur certains réseaux de l’Internet doivent faire leurs choux gras en cette occurrence, en les assaisonnant d’une quantité astronomique d’approximations, de supputations, d’erreurs, d’interprétations ou de tentatives d’influences de l’opinion publique.
Ne cédons pas aux tentations multiformes de la curiosité et de la superficialité, et attachons-nous avant tout, là encore, à l’essentiel.

   Les membres de la Confrérie Royale sont des enfants aimants de la Sainte Eglise catholique romaine.
Mais, être un enfant aimant ne dispense pas d’être lucide, ne dispense pas de faire preuve d’esprit de prudence et de discernement, ne dispense pas de se prémunir contre ses propres impressions personnelles subjectives, contre le sentimentalisme, et – par-dessus tout – contre le fatras des pseudo prophéties et autres écrits « mystiques à deux balles » (si vous me permettez cette expression familière) que l’on ne manque pas de ressortir de derrière les fagots et de commenter avec une excitation malsaine née de ces prurits d’oreille que dénonçait Saint Paul (2 Tim. IV, 3) : foin donc de la « prophétie de Saint Malachie » (qui n’est pas une prophétie et n’est jamais jaillie de la plume de ce digne évêque du XIIème siècle qui mérite bien autre chose que l’attribution de vaticinations grotesques), des interprétations alambiquées des stances de Nostradamus, ou de je ne sais quelle autre sibylline prédiction !

La fin des temps… et le jugement.

   Point n’est besoin ni utile de se monter le bourrichon, car les Saints Apôtres nous l’ont dit depuis déjà quelque deux mille ans : nous sommes entrés dans « la fin des temps » depuis le moment de l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Elle est plus proche de nous aujourd’hui qu’elle ne l’était hier, et chaque jour nous en rapproche inexorablement.
Est-ce à dire qu’elle est imminente ? Point du tout !
Relisez dans vos catéchismes les signes certains du retour du Christ enseignés par les Apôtres… et tenez-vous en à cela, vous attachant sereinement et inébranlablement à votre devoir d’état, ainsi qu’à l’accomplissement des engagements auxquels vous avez souscrit.
Le reste ne nous appartient pas.

   Vôtre, in Corde Iesu & Mariae,

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

Blason de la Confrérie Royale

2025-78. Le 10 avril, nous nous souvenons avec ferveur du chanoine Antoine Crozier, « l’ami stigmatisé du Père de Foucauld ».

10 avril,
Fête de Saint Fulbert de Chartres, évêque et confesseur ;
Anniversaire du rappel à Dieu du chanoine Antoine Crozier (+ 10 avril 1916).

       Dans les pages de ce modeste blogue, nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer la figure de ce très grand spirituel que fut le chanoine Antoine Crozier (1850-1916) ; nous avons même publié en intégralité les textes de son Chemin de Croix pour la France (cf. > ici) et de son opuscule intitulé « Vivons pour le Bon Dieu » (cf. > ici) ; nous avions évoqué en 2016 le centenaire de sa sainte mort et publié par la même occasion un florilège de citations (cf. > ici) ; toutefois nous n’avions jamais jusqu’au jour d’hui présenté le résumé de sa vie. C’est désormais chose faite : vous le trouverez ci-dessous.

chanoine antoine Crozier - blogue

Le chanoine Antoine Crozier (1850-1916)

       La première personne qui m’a parlé du chanoine Antoine Crozier fut Mademoiselle Suzanne-Marie Durand, une femme de lettres bien oubliée aujourd’hui – malheureusement ! -, qui était née en 1899 et s’est éteinte en 1986.
Si mes souvenirs sont exacts, c’est au cours de l’été 1983, que je l’ai rencontrée, lors d’une session d’universitaires catholiques : je n’étais alors moi-même qu’un tout jeune religieux de 21 ans auquel on avait demandé de donner une conférence sur la spiritualité du Sacré-Cœur, conférence qui avait eu l’heur de toucher cette humble et sainte personne. Elle vint me parler en particulier, et fit retentir pour la première fois à mes oreilles le nom du « Père Crozier », qu’elle avait eu l’immense grâce de connaître, puisque il avait été son confesseur et directeur de conscience depuis qu’elle avait une douzaine d’années – donc vers l’année 1911 – et jusqu’à la mort de ce grand conducteur d’âmes, le 10 avril 1916.
Suzanne-Marie Durand, lors de cet entretien, me suggéra de rechercher les ouvrages sortis de la plume du chanoine Crozier, parce que, me dit-elle, compte-tenu de ce qu’elle avait entendu dans ma conférence, elle était certaine que j’y trouverai de solides aliments pour ma vie spirituelle, en accord avec les points que j’avais développés.

   Mademoiselle Durand a été évoquée de manière assez précise par Madame Elisabeth de Miribel dans son excellent ouvrage sur Monseigneur Vladimir Ghika - aujourd’hui béatifié – intitulé « La mémoire des silences » (1987), puisque Suzanne-Marie avait également très bien connu le Bienheureux Vladimir (cf. > ici), ayant été du nombre des jeunes femmes qui en 1927 tentèrent sous sa direction l’aventure de la fondation des « Frères et Sœurs de Saint-Jean » dans l’ancienne abbaye d’Auberive (diocèse de Langres).

   Il n’est pas très facile de trouver des ouvrages biographiques sur Monsieur le chanoine Crozier : à ma connaissance il n’en existe que trois :

- Le plus ancien (et le plus difficile à trouver) date de 1948, signé du Révérend Père Paul Maillet, il s’intitule « Un ami du P. de Foucauld, le Père Crozier » (Librairie Emmanuel Vitte – Lyon) : il me semble que c’est le plus complet, bien que la stigmatisation du chanoine Crozier n’y soit évoquée qu’en termes voilés.
- En 1980, une certaine Mère Marie-Mickaël (dont j’ignore tout par ailleurs) publia un ouvrage intitulé « Un précurseur du règne de Dieu » que l’on pouvait commander au « Prieuré du Roc-béni », lequel « prieuré » semble avoir aujourd’hui disparu.
- Enfin, en 1989, Frère Bernard-Marie ofs, fit paraître (aux éditions du Chalet) « Le Père Crozier l’ami stigmatisé du Père de Foucauld », ouvrage moins profond et moins détaillé que celui du Père Maillet pour certains points, mais qui est en revanche explicite et précis en ce qui concerne la stigmatisation du saint prêtre.

   Par ailleurs, le chanoine Crozier est cité dans la biographie du Père de Foucauld publiée chez Grasset en 1982 par Madame Marguerite Castillon du Perron ; et deux lettres de Saint Charles de Jésus au chanoine Crozier se trouvent dans le volume « Correspondances lyonnaises » (éditions Karthala, novembre 2005).
On peut en outre se réjouir de ce que, en 2010, les éditions Pierre Téqui, ont réédité le best-seller du chanoine Crozier : « Comment il faut aimer le Bon Dieu ».

Biographie du Père Crozier par le Frère Bernard-Marie

   Antoine Crozier naquit le 8 février 1850 à Duerne (département du Rhône), dans une famille catholique, qui vint un peu plus tard s’installer à Lyon.
Il entra en 1867 au petit séminaire de L’Argentière (diocèse de Lyon), puis, en 1871, au séminaire Saint-Irénée.
Il fut ordonné prêtre au samedi des Quatre-Temps d’hiver, le 22 décembre 1877.
D’abord nommé aumônier à l’Institution des Chartreux, il fut envoyé à Rome en 1879 pour poursuivre des études théologiques. Il en revint en 1881 avec un doctorat en théologie.

   A son retour, il fut nommé vicaire à la paroisse Notre-Dame, à Saint-Chamond (département de la Loire : le diocèse de Saint-Etienne n’avait pas encore été créé), ce qui incluait, entre autres, une partie de l’aumônerie du Couvent des Carmélites. Rapidement, la fondatrice de ce Carmel et Prieure, Mère Raphaël de Jésus, le prit comme directeur spirituel.

   Car c’est bien la direction spirituelle qui va devenir la partie du ministère sacerdotal dans laquelle il va exceller, si bien que, à partir de 1882, il va se trouver au cœur d’un « réseau d’amitiés spirituelles » appelé La Famille intime du Cœur de Jésus, ou plus simplement La Famille.
C’est d’abord à l’intention de ce groupement spirituel qu’il rédigea « Comment il faut aimer le Bon Dieu », opuscule qui en dépassa très rapidement le cadre, eut une diffusion extraordinaire, fut traduit en plusieurs langues, et a connu depuis lors de nombreuses rééditions .
En 1883, l’abbé Crozier fut nommé vicaire à la paroisse Saint-Polycarpe, paroisse des pentes de la Croix-Rousse.

   Toutefois, désireux d’une vie plus parfaite, après avoir lu « Le véritable disciple » écrit par le Bienheureux Antoine Chevrier, il entra en 1886 dans la société des Prêtres du Prado. Il y resta cinq ans, pendant lesquels il fut, en particulier, supérieur de l’école Notre-Dame de la Roche, où il fit des merveilles auprès des jeunes gens.
Toutefois des incompréhensions douloureuses entre certains de ses supérieurs et lui-même, le contraignirent à quitter le Prado. On lui proposa alors d’être directeur spirituel au séminaire de Belley, où il exerça une influence très profonde.
C’est au cours de ces années qu’il créa une association spirituelle nommée Union dans le Sacré-Cœur et pour le Sacré-Cœur.

   Le 1er janvier 1901, alors qu’il célébrait la Sainte Messe à l’autel du Saint-Sacrement dans la Primatiale Saint-Jean, à Lyon, il reçut les sacrés stigmates.
Il demanda à Dieu la grâce de leur invisibilité et il fut exaucé.

   En 1903, il publia un autre opuscule à succès : « Comment aimer Dieu. Excelsior : plan de vie spirituelle ».
L’année 1904, 
dans le contexte de la persécution anticatholique menée par la troisième république, le séminaire dut fermer et ses bâtiments spoliés. C’est aussi l’année où il fut nommé chanoine honoraire de la cathédrale de Belley.

   Le chanoine Crozier revint à Lyon, où on lui confia un ministère d’aumônier au pensionnat des frères des Ecoles chrétiennes, dit des Lazaristes. Mais à partir de 1910, sa santé le contraignit à une demi-retraite, peu reposante à la vérité car s’il n’avait officiellement plus de « poste » en paroisse ou en aumônerie, ses journées se trouvaient, de fait, dévorées par le ministère de la confession et de la direction spirituelle.

   C’est à cette période que le Révérend Père Charles de Jésus (de Foucauld) le contacta après avoir lu, avec une immense joie spirituelle, certains de ses écrits qu’on lui avait fait parvenir.
L’ermite du Sahara, vint lui rendre visite à Lyon afin de s’entretenir avec lui ; ils restèrent dès lors en relations épistolaires, et, surtout, en communion d’intentions et en « association » de prières jusqu’à la mort : « Ah ! combien je suis reconnaissant à Dieu de cette amitié qu’Il a établie entre nous », écrira Saint Charles en apprenant la mort du chanoine Crozier, survenue sept mois et demi avant son propre assassinat.
Le chanoine Crozier l’avait aidé
 à fonder son Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus, et, en 1913, il avait publié un autre opuscule intitulé « Union apostolique universelle », afin de faire connaître à tout son « réseau » – et bien au-delà – le prêtre atypique établi au Sahara, son travail d’ermite apostolique et ses projets de fondation, sollicitant prières ferventes et sacrifices pour le soutenir.

   Prématurément usé, consumé de l’intérieur par le feu de son holocauste spirituel, le chanoine Antoine Crozier s’est éteint à son domicile, 12 rue du Doyenné, à l’ombre de la Primatiale Saint-Jean, le lundi de la Passion 10 avril 1916.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Prière pour demander à Dieu la glorification de Son serviteur Antoine Crozier > ici.

Lyon Primatiale Saint-Jean - chapelle du Très Saint-Sacrement

Lyon, Primatiale Saint-Jean-Baptiste : la chapelle du Très Saint-Sacrement
avec l’autel où le chanoine Antoine Crozier célébrait la Sainte Messe
lorsqu’il reçut les sacrés stigmates le 1er janvier 1901

2025-62. Ce 10 mars nous avons célébré comme il convient le troisième anniversaire du Prince Tolbiac.

10 mars 2025,
Troisième anniversaire
de la naissance de Son Altesse Félinissime le Prince Tolbiac.

Que ta vie soit longue et heureuse, cher Petit Prince !

Continue à te montrer un infatigable guerrier

pour chasser et dévorer sans aucune pitié les nuisibles,

sournoise menace du cellier ou de la sacristie ;

à passer de longues heures de contemplations ronronnantes

dans les recoins secrets de la chapelle ;

et, dans ta féline liberté, à inspirer de sagaces pensées

et de sages conseils à ceux que tu honores de ton amitié !

Tolbiac 3 ans

« Le chat est l’honnêteté absolue :
les êtres humains cachent pour une raison ou une autre
leurs sentiments, les chats non ».

Ernest Hemingway

       Nota bene :
On trouvera ce qui a été publié à l’occasion du premier anniversaire de Tolbiac > ici
Et, à l’occasion de son deuxième anniversaire, une belle histoire avec le Cardinal de Richelieu > ici.

Chat gif en marche

Publié dans:Chronique de Lully, Memento |on 10 mars, 2025 |3 Commentaires »

2025-58. Nuit du 7 au 8 mars 1625 : découverte de la statue miraculeuse de Sainte Anne par Yvon Nicolazic.

Nuit du 7 au 8 mars 1625 :
découverte de la statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic.

Yvon Nicolazic découvre la statue de Sainte Anne 7-8 mars 1625

Vitrail de la chapelle des Carmes, à Rennes :
découverte de la statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic

       La fête de Sainte Anne, fixée au 26 juillet, n’est entrée au calendrier de l’Eglise universelle qu’en 1584 à l’instigation du pape Grégoire XIII (1502-1585).
En 1622, le pape Grégoire XV (1554-1523), guéri d’une grave maladie par l’intercession de Sainte Anne, fit de la fête de cette dernière une fête de précepte (jour chômé, prohibition des tâches serviles, assistance à la Messe et aux vêpres obligatoire).
L’année suivante, dans le diocèse de Vannes, à moins d’une lieue au nord de la ville d’Auray, au hameau de Ker Anna, sur la paroisse de Pluneret, Sainte Anne commença à se manifester à un cultivateur du nom d’Yvon Nicolazic (1591-1645), homme de grande piété.

   Yvon Nicolazic, est né à Ker Anna le 3 avril 1591. C’est un cultivateur relativement aisé, apprécié de tous en raison de sa foi profonde qui déborde en actes authentiques de justice et de charité envers son prochain. Il ne connaît pas le français et ne sait ni lire ni écrire. Marié à Guillemette Le Roux, ils n’ont pas pu avoir d’enfants.

   A la suite de son père, Yvon tient en fermage un champ que l’on appelle le Bocenno, à la sortie ouest de Ker Anna : on raconte qu’à l’emplacement de ce lopin sur lequel les bœufs refusent d’avancer pour labourer – et qu’il faut donc travailler à la main -, il y aurait eu jadis une chapelle en l’honneur de Sainte Anne : le nom de Ker Anna (la maison d’Anne) que porte le hameau en est un souvenir.
Le père d’Yvon en a extrait de nombreuses pierres taillées avec lesquelles il a bâti une grange de belle taille à côté de sa maison.

Maison de Nicolazic

   Dans la nuit du 12 août 1623, Yvon est réveillé par une éclatante lumière qui inonde sa chambre. Stupéfait, il constate qu’elle émane d’un très gros cierge suspendu en l’air, comme tenu par une main invisible. Un peu effrayé, il se met à genoux et commence la récitation du chapelet : si ce phénomène vient du diable, il cessera…
Six semaines plus tard, l
e 24 septembre, alors que la nuit tombe, Yvon est encore au travail au Bocenno, et il revoit le cierge mystérieux éclairer le champ.
Et il en sera ainsi pendant une année et demi : la mystérieuse lumière revient auprès d’Yvon ; elle l’accompagne, tous les soirs ou presque. Son beau-frère en est le témoin.
Rien d’autre… jusqu’au mois de juillet 1624.

   Un soir de juillet 1624 donc, alors qu’Yvon et son beau-frère sont en train de faire boire leurs bêtes, le cierge leur apparaît encore une fois, mais ce soir-là ils peuvent voir la main qui le tient : c’est une main féminine. Ils sont un peu effrayés.
Yvon se demande si ce n’est pas sa défunte mère qui reviendrait pour demander des prières.
Cependant, le 25 juillet au soir, alors qu’il rentre d’Auray, Yvon Nicolazic s’entend appeler, et c’est une voix féminine. Ce n’est toutefois pas celle de sa mère.

   Arrivé chez lui, il s’isole dans la grange – celle que son père a construite avec les pierres extraites du Bocenno – afin de réfléchir à tout cela.
Il s’agenouille et commence son chapelet, quand soudain, toute de blanc vêtue, une Dame rayonnante de clarté se trouve devant lui, debout sur un petit nuage. Dans son dialecte vannetais, elle lui déclare : « Ne craignez rien, Yvon. Je suis Anne, Mère de Marie. Allez dire à votre recteur que, dans la pièce de terre appelée Bocenno existait avant tout village une chapelle qui m’était dédiée, la première bâtie en mon honneur par les Bretons. Voilà 924 ans et six mois qu’elle est en ruines. Je désire qu’elle soit rebâtie au plus tôt et que vous en preniez soin : Dieu veut que j’y sois honorée ».

25 juillet 1624 appartion de Sainte Anne

Au soir du 25 juillet 1624, Sainte Anne se montre enfin
et demande que la chapelle placée sous son vocable
mais détruite depuis plus de neuf siècles soit reconstruite.

   Les indications sont très précises, tout en confirmant les anciennes traditions locales : 924 ans et 6 mois, cela veut dire au début de l’an 700, période où en effet les relations entre les Bretons d’Armorique et le royaume mérovingien ont été émaillées de nombreux moments de troubles et de raids dévastateurs dans le Broërec, le pays d’Auray.
Yvon appréhende d’aller trouver le recteur de Pluneret : Don Sylvestre Rodué n’est pas un homme qui s’en laisse compter, et il sait faire montre d’un authentique mauvais caractère…
Sainte Anne revient. Elle insiste : « Ne craignez point et ne vous mettez pas tant en peine. Dites en confession ce que vous avez vu et entendu et ne tardez plus à m’obéir. Conférez-en aussi avec quelques hommes de bien pour savoir comment vous y prendre ».
Cela devrait rassurer le prêtre : le diable, en effet, n’incite pas à aller à confesse !
Pourtant, le recteur éconduit vertement Yvon Nicolazic, si bien que celui-ci n’a nulle envie de se hasarder à une nouvelle tentative : « Chat échaudé craint l’eau froide » !

   Sainte Anne insiste encore : « Ne vous souciez pas de ce que diront les hommes. Faites ce que je vous ai dit et, pour le reste, reposez-vous-en sur moi ».

   Pendant sept semaines, Yvon fait le sourd, autant qu’un Breton peut le faire quand il n’est pas disposé à céder.
Mais sainte Anne lui dit : « Consolez-vous car l’heure viendra où tout ce que je vous ai dit s’accomplira ».
Il ose répliquer : « Vous savez bien, ma bonne Maîtresse, les difficultés que fait notre recteur et ses reproches quand je lui ai parlé de votre part. Je n’ai pas de quoi vous bâtir une chapelle, même si je serais content de vous donner pour cela tout mon bien ».
- « Ne vous inquiétez pas, je vous donnerai de quoi débuter les travaux et rien n’y manquera jamais pour l’achever.
[…] Ne tardez pas à commencer. Vos impuissances n’empêcheront pas mes desseins.
[…] Les prodiges en mon pouvoir feront confesser aux plus mécréants que vous êtes mon instrument.
[…] Ne vous mettez pas en peine de m’alléguer votre pauvreté, je la connais assez, mais tous les trésors du Ciel sont dans mes mains ».

   Pour le prouver, sainte Anne multiplie les prodiges au Bocenno : des prodiges qui sont vus de tout le voisinage : cierges incroyablement brillants, colonne de feu, pluie d’étoiles filantes…

Sainte Anne multiplie les signes pour attester de la vérité des apparitions

   Mais l’irascible et entêté recteur ne veut rien entendre.
Le 3 mars 1625, Sainte Anne transporte miraculeusement Yvon au Bocenno, où il entend le chœur des anges. L’aïeule de Jésus lui répète de prévenir « les gens de bien » et le recteur, qui seront témoins de la découverte de son « ancienne image ».

   Excédé par cette histoire, Don Sylvestre hurle qu’il y a déjà trop de chapelles dans le pays et qu’il n’est pas question d’en rajouter.
Les capucins d’Auray, pris pour arbitres, conseillent à Yvon Nicolazic de réclamer un signe : signe aussitôt obtenu car le 7 mars, dans la chambre d’Yvon, sa femme découvre, bien soigneusement empilés sur la table, douze quarts d’écus qui n’ont été apportés par personne, tandis que par ailleurs Monsieur de Kerleguer, propriétaire du Bocenno, promet d’en faire don à Sainte Anne.

   Enfin, vers 23 heures, dans cette nuit du 7 au 8 mars 1625, Sainte Anne prie son messager d’aller réveiller ses voisins et de se rendre avec eux au Bocenno, munis de bêches.
Il obéit, on le suit, ou plutôt, l’on suit le cierge qui les guide dans les ténèbres, jusqu’à un certain endroit où son invisible porteur le lève et l’abaisse par trois fois pour indiquer un emplacement précis où le cierge s’enfonce dans la terre : on creuse et on découvre une statue de femme, haute de trois pieds (soit environ un mètre), en bois olivier.
L’image est « fort mutilée et gâtée » mais elle garde des traces de polychromie blanche et bleue.

Dans la basilique lieu de la découverte de la statue de Sainte Anne

Dans l’actuelle basilique de Sainte-Anne d’Auray,
le lieu de la découverte de l’antique statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic,
dans la nuit du 7 au 8 mars 1625,
est signalé par ce bas-relief au pied d’un des piliers du côté droit du chœur.

   Le clergé, qui connaît le pays et son histoire, s’interroge : cette statue est-elle véritablement celle de Sainte Anne, ou bien serait-ce une idole païenne ? Il reste donc d’abord dans une prudente réserve.
La statue découverte dans cette nuit du 7 au 8 mars 1625 est déposée debout sur une motte et abritée par des branchages : très modeste oratoire devant lequel le bon peuple fidèle, lui, vient très vite – et en foule ! – pour se recueillir et demander des grâces.
Le recteur de Pluneret est hors de lui : il vient sur les lieux et s’emporte en voyant la bassine de cuivre qui a été placée là par Monsieur de Kerleguer, le propriétaire du terrain, pour recueillir les offrandes des fidèles : il a d’ailleurs été le premier à donner l’exemple et à y déposer une somme généreuse.

   Un prodige va survenir le dimanche après la découverte : un incendie se déclare chez les Nicolazic. La lueur de l’incendie et la fumée font accourir les habitants de Ker Anna, avec leurs seaux et leurs baquets. C’est la grange qui brûle, qui brûle si bien que les murs, construits on s’en souvient avec les pierres de l’antique chapelle, sont totalement détruits, signe que ces pierres ne devaient plus servir à un usage profane. En revanche, toute la récolte de foin qui y était renfermée a été épargnée par les flammes : fait inexplicable par la raison humaine.
Sainte Anne ne voulait simplement pas spolier son confident.

Vitrail représentant Yvon Nicolazic

   L’évêque de Vannes, Monseigneur Sébastien de Rosmadec, se saisit du dossier et instruit l’affaire.
Après les interrogatoires d’usage du voyant et des témoins, constatant aussi les grâces qui se multiplient, et déjà certaines guérisons inexplicables, il conclut à la véracité des apparitions. A la fin de l’année 1625, il publie un mandement reconnaissant leur caractère surnaturel.
Les travaux commencent.

   Tel un sceau céleste sur les événements, après quinze ans d’une union stérile, Yvon et Guillemette Nicolazic vont avoir la joie d’être parents de deux enfants, qui vont naître entre le début et la fin du chantier : délicatesse bien digne de Sainte Anne, qui pour avoir connu la douleur de la stérilité, est secourable aux couples privés de progéniture.

   La première messe dans la chapelle primitive (qui sera agrandie plusieurs fois jusqu’à la construction de l’actuelle basilique) fut célébrée par ordre de Monseigneur de Rosmadec dès le 26 juillet 1625 : le pèlerinage était officiellement lancé…

   Quant au recteur de Pluneret, il ne faut pas omettre de signaler qu’il vint humblement faire amende honorable auprès de Sainte Anne et devint un fervent et zélé dévot de son jeune sanctuaire.

fragment de la statue découverte par Yvon Nicolazic sauvé des flammes

Fragment de la statue découverte par Yvon Nicolazic
dérobé aux flammes dans lesquelles les terroristes révolutionnaires l’ont détruite,
et inséré dans le socle de la statue réalisée en 1825 pour la remplacer.

   On sait que, malheureusement, la statue que Sainte Anne elle-même a voulu voir ressortir de terre par le moyen d’Yvon Nicolazic a été brûlée par les révolutionnaires. Seul un fragment du visage a pu être dérobé à leur fureur iconoclaste : il se trouve aujourd’hui placé dans le socle de la nouvelle statue sculptée en 1825, deux siècles exactement après la découverte de la statue originelle.

   Cette statue de 1825, désormais célèbre dans le monde entier, pour être davantage protégée et mieux conservée, a fait l’objet d’une copie rigoureusement exacte au moyen des techniques modernes les plus précises qui a été présentée à l’occasion des cérémonies du quatrième centenaire de la découverte de 1625, et c’est cette copie qui sera dorénavant portée en procession à l’extérieur.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Procession de la statue de Sainte Anne le 26 juillet

Procession traditionnelle avec la statue de 1825 lors du pardon du 26 juillet.

2025-56. De la statue de Sainte Hélène de la cathédrale d’Elne qui est le reliquaire de trois Saintes Epines de la Passion.

Vendredi après les Cendres,
Fête de la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur.

Couronne d'épines gravure - vignette

       L’antique cité d’Elne (en catalan Elna), en Roussillon, est riche d’un très lointain passé : autrefois nommée Illiberis (dénomination attestée au deuxième siècle avant notre ère), elle fut renommée Castrum Helenae (castrum peut-être rendu en français par « camp militaire », « camp fortifié », « château fort ») : le « château d’Hélène ».
Cette Hélène, en l’honneur de laquelle l’antique oppidum changea de nom, est la mère de l’empereur Constantin 1er le Grand : Sainte Hélène pour nous catholiques.
Ce changement de nom intervint dans le deuxième quart du IVème siècle, vraisemblablement après sa mort (+ 18 aout 330).

   Nous savons que vers le milieu du VIème siècle, Elne fut érigée en évêché : mais l’actuelle cathédrale, placée sous le vocable des Saintes Julie et Eulalie, résulte d’une été reconstruction aux XIème et XIIème siècles, qui a reçu ensuite quelques ajouts à la période gothique, puis un maître-autel surmonté d’un baldaquin à la période baroque.

   A partir de la fin du Moyen-Age, les évêques d’Elne prirent peu à peu l’habitude de résider à Perpignan, qui se développait aux dépens de la capitale historique de cette partie du Roussillon.
Ainsi, au début du XVIIème siècle, ils obtinrent du Saint-Siège l’autorisation de fixer de manière officielle et stable leur résidence à Perpignan, tout en continuant de porter le nom d’évêques d’Elne (dioecesis Elnensis) car la cathédrale restait à Elne. En même temps que le lieu de la résidence de l’évêque, le chapitre cathédral d’Elne reçut lui aussi l’autorisation de s’établir à Perpignan : la collégiale Saint Jean-Baptiste de Perpignan devenant en quelque manière une co-cathédrale.

   L’évêché d’Elne fut supprimé par le concordat de 1801.
Le territoire du département des Pyrénées Orientales fut à nouveau rétabli comme territoire d’un évêché en 1822, en fixant le siège de l’évêque et la cathédrale à Perpignan et en prenant désormais le nom de diocèse de Perpignan-Elne.

Elne et sa cathédrale se découpant devant le Mont Canigou

L’antique cité d’Elne, avec son imposante cathédrale romane,
se découpant devant le Mont Canigou.

   Le trésor historique de la cathédrale d’Elne possède une statue de Sainte Hélène qui constitue en même temps un reliquaire, dans lequel sont renfermées trois Epines de la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Toutefois, la plupart du temps, cette statue reliquaire est conservée dans le trésor de la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Perpignan et n’est rapportée à Elne qu’occasionnellement, comme par exemple pour la procession du Jeudi Saint.

   A ma connaissance, on est peu renseigné sur l’histoire des Saints Epines de la cathédrale d’Elne.
La statue de Sainte Hélène qui leur sert de monstrance est de toute évidence une statue de l’âge moderne (XVIIème ou XVIIIème siècle), probablement adaptée au XIXème siècle pour que la sainte impératrice mère tienne la monstrance en laquelle sont les Saintes Epines (je parle sous toute réserve, à partir de mes modestes observations personnelles).

   Ces Epines sacrées ne semblent pas provenir d’un don de nos Rois (comme c’est le cas pour quatre Saintes Epines que l’on vénère aussi à Perpignan, mais dans l’église Saint-Matthieu, qui furent offertes par Philippe III de France, fils de Saint Louis).

   Si quelque historien lisant ces lignes avait quelques informations certaines au sujet des Epines elles-mêmes comme de la statue de Sainte Hélène, je lui saurais gré de me les communiquer.

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines

La statue de Sainte Hélène de la cathédrale d’Elne
avec la monstrance des trois Saintes Epines.
 

   J’ai eu l’incommensurable privilège de prier – avec beaucoup d’ « émotion » spirituelle, je ne m’en cache pas  – devant les trois Saintes Epines de la cathédrale d’Elne et de m’approcher au plus près de ces reliques sacrées : c’est à cette occasion que j’ai réalisé les photographies qui en sont ici, et que j’ai le plaisir de partager avec vous.

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 1

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 2

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 3

   O Sainte Hélène, qui avez tant fait pour retrouver les insignes reliques de la Passion de Notre-Seigneur et qui les avez mises à l’honneur, à Jérusalem, à Rome et à Constantinople, obtenez-nous une dévotion comparable à la vôtre envers ces souvenirs sacrés que, grâce à vous, nous possédons encore en de nombreux sanctuaires de la Chrétienté. 

   Intercédez pour nous, afin que le divin Rédempteur nous remplisse de zèle et de piété, de telle sorte que nous glorifions comme vous Sa Bienheureuse Passion, que nous lui fassions porter tous ses fruits en nos vies, et que nous sachions par elle, à votre exemple, conquérir des cœurs aimants et reconnaissants au Roi divin, notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ !

Ainsi soit-il.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Couronne d'épines gravure - vignette

2025-52. De la seconde translation de notre Bienheureux Père Saint Augustin.

28 février (29 les années bissextiles),
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête de la seconde translation de notre Bienheureux Père Saint Augustin ;
Anniversaire du massacre des Lucs-sur-Boulogne (cf. > ici).

Façade de l'église de Saint-Pierre au Ciel d'Or à Pavie

Façade de l’église de Saint-Pierre au Ciel d’Or, à Pavie,
où sont conservées les reliques de notre Père Saint Augustin
depuis le début du VIIIème siècle

Au martyrologe propre des Ermites de Saint Augustin pour le 28 février :

   « A Pavie, la translation du corps de notre Père Saint Augustin de l’île de Sardaigne par les soins et la piété de Liutprand, roi des Lombards : il fut placé dans l’église de Saint-Pierre, aujourd’hui de Saint-Augustin, où il est honoré avec la plus grande vénération des fidèles ».

Intérieur de la basilique de Saint-Pierre au Ciel d'Or à Pavie

Nef centrale de la basilique de Saint-Pierre au Ciel d’Or à Pavie
avec « l’Arca » en marbre de Carrare au-dessus du maître-autel
à l’intérieur duquel se trouvent les reliques de notre Père Saint Augustin

       Dans les pages de ce blogue, il a déjà été question à plusieurs reprises des reliques de notre Bienheureux Père Saint Augustin.
Ainsi, Amis lecteurs, vous avez pu découvrir ou redécouvrir :

- Le reliquaire (châsse) dans lequel sont conservés les ossements de Saint Augustin, à Pavie > ici ;
- La vie de Saint Fulgence de Ruspe, qui, aux alentours de l’an 500, avec Saint Eugène de Carthage, a sauvé les reliques de Saint Augustin des profanations des Vandales ariens > ici ;
- La crypte de Cagliari (Sardaigne) dans laquelle les reliques de Saint Augustin ont séjourné pendant environ 220 ans, après leur première translation opérée par Saint Fulgence et Saint Eugène > ici ;
- Un très bref résumé de l’histoire des reliques de Saint Augustin, dans l’une des anciennes chroniques de feu le Maître-Chat Lully où il abordait aussi d’autres sujets (le 28 février 2014) > ici.

   Aujourd’hui, je voudrais, si vous le permettez, à l’occasion de la fête liturgique de la seconde translation de notre Bienheureux Père, propre aux Ermites de Saint Augustin à cette date du 28 février, revenir de façon un peu plus détaillée sur les circonstances du transfert de ces précieuses reliques de Cagliari à Pavie.

coffre d'argent du Roi Luitprend fermé

Coffre d’argent du roi Liutprand à l’intérieur duquel est habituellement enfermée
l’urne de cristal dans laquelle sont les reliques de notre Père Saint Augustin

   Après donc avoir expliqué de quelle manière les précieux restes de Saint Augustin avaient été emportés d’Hippone en Sardaigne, entre octobre 498 et octobre 508, ce qui est l’objet de la fête de la première translation au mois d’octobre (voir > ici), nous devons maintenant expliquer comment, environ deux-cent-vingt ans après leur arrivée à Cagliari, ces reliques furent emmenées à Pavie.

   La translation en Sardaigne avait été accomplie pour les préserver des éventuelles profanations des Vandales ariens persécuteurs des catholiques ; la translation à Pavie fut accomplie pour les préserver des éventuelles profanations, voire destructions des Sarrasins.

   En 710 en effet, les conquérants mahométans du califat omeyyade s’emparent de l’île, qui était jusqu’alors intégrée à l’Empire byzantin.
Liutprand, roi des Lombards (né vers 685 – mort en 744), ceignit la Couronne de fer en juin 712. C’était un homme de grande piété, et lorsqu’il apprit que les sectateurs de Mahomet souillaient et pillaient nombre de sanctuaires de Sardaigne, il s’employa à acquérir le corps de Saint Augustin qui lui fut finalement cédé contre soixante mille écus d’or.

translation des reliques de Saint Augustin à Pavie par Liutprand

« Arche » de Saint Augustin dans l’église Saint-Pierre au Ciel d’Or à Pavie, détail :
ce sont les deux panneaux de sculptures représentant 
la translation des reliques
de Saint Augustin depuis la Sardaigne jusqu’à Pavie par le roi Liutprand.

   Cette translation à Pavie est attestée par des historiens contemporains, ou peu s’en faut, des faits : c’est le cas de Saint Bède le Vénérable qui raconte l’événement dans son livre « De Sex œtatibus mundi » et de Paul Diacre qui le mentionne au sixième livre de son histoire « De Gestis Longobardorum ».
Au siècle suivant le Martyrologe d’Adon s’exprime ainsi : « Le vénérable corps d’Augustin, transporté en premier lieu d’Hippone en Sardaigne à cause des barbares, a été récemment transporté à Pavie par le roi Liutprand qui en a donné un grand prix : Hujus corpus venerabile primo de sua civitate propter Barbaros Sardiniam translatum nuper a Luitprando rege dato magno pretio Ticinis relalum ».

   La date de la translation à Pavie est fixée selon les historiens entre 712 et 725 ; celle qui est traditionnellement privilégiée par les chroniques de l’Ordre de Saint Augustin est celle de 722.

Liutprand fait rapporter les reliques de Saint Augustin de Sardaigne

Détail des sculptures de l’Arche de Saint Augustin à Pavie :
cette scène montre en haut le roi Liutprand, accompagné de l’évêque Pierre de Pavie
et d’un moine Augustin aisément identifiable à son capuce,

qui navigue vers la Sardaigne, puis, en bas, c’est le retour de Sardaigne, puisqu’on y voit
le corps de Saint Augustin allongé (mitré et crossé) sur une sorte de lit funèbre délicatement sculpté.

   Les saintes reliques furent immédiatement transportées dans la plus belle des églises de Pavie (alors capitale du royaume Lombard) : cette église était dédiée à l’apôtre Saint Pierre, et était ornée d’un plafond doré, d’où le nom de « San Pietro in Ciel d’Oro » - Saint-Pierre au Ciel d’Or -, qui lui fut donné.
Bien que située hors les murs de la cité lombarde, elle était déjà avant la translation une des plus fréquentées par les fidèles, parce qu’elle était édifiée au lieu où le philosophe et homme politique Boèce avait subi le martyre (+ 524).
La première construction suivit de peu le martyre de Boèce. Au XIIème siècle, elle fut reconstruite plus grande.

   Dans un premier temps, les reliques de notre Bienheureux Père furent placées dans la crypte de la basilique et y furent immédiatement extrêmement vénérées, entourées d’un culte solennel et de la ferveur des fidèles qui venaient y prier très nombreux.

arrivée des reliques de Saint Augustin à Pavie

Détail des sculptures de l’Arche de Saint Augustin à Pavie :
cette scène montre, en bas, huit moines portent sur leurs épaules le corps du saint docteur
tandis que le roi Liutprand les suit en soutenant la tête d’Augustin coiffée de sa mitre ;
le cortège est en train de passer la porte des murs de Pavie ;
au-dessus, on le voit arriver dans le même ordre à l’entrée de la basilique,
c’est-à-dire à destination, là où le corps se trouve encore aujourd’hui.

   En 1362, les Visconti (Gian Galeazzo Visconti 1351-1402, premier duc de Milan) décidèrent de faire édifier dans la sacristie de la basilique un grand monument funéraire en marbre de Carrare dont la construction fut confiée à des artistes pisans, qui représentèrent merveilleusement la vie et les miracles de Saint Augustin, grâce à un programme pictural très fouillé composé de 145 statues et bas-reliefs : c’est l’Arca - en français l’Arche – à l’intérieur de laquelle les reliques de Saint Augustin, sorties de la crypte, furent déposées.

arche de Saint Augustin dans ses proportions originelles

L’ « Arca » en marbre de Carrare commandée par Gian-Galeazzo Visconti
pour contenir les reliques de Saint Augustin dans ses proportions originelles.

   En 1780, la Lombardie se trouvant alors sous la domination des Habsbourg et donc soumise à la politique religieuse de l’empereur Joseph II, voit la suppression des ordres religieux.
Les Augustins furent chassés de la basilique Saint-Pierre au Ciel d’Or et du couvent adjacent, qui devint caserne ; les nefs de l’église servirent de gymnase aux artilleurs !
Moins de vingt ans plus tard, ce fut encore pire : en 1797, le bras armé de la révolution impie colonisatrice de l’Europe – c’est-à-dire le petit général Buonaparte – qui avait pris la Lombardie aux Autrichiens, fit démolir le couvent. Cette démolition provoqua l’écroulement partiel de la nef, et ce qui subsistait de l’église fut transformé en dépôt de bois et de foin.

   Pendant « ces heures les plus sombres de l’histoire » des reliques de Saint Augustin, l’urne d’argent du roi Liutprand qui les contenait avait été transférée à la cathédrale de la ville, tandis que le grand tombeau, avec ses 95 statues et ses 50 bas-reliefs, était abandonné dans la sacristie où il avait été construit.

Autel majeur et arche de Saint Augustin à Pavie

L’ « Arche » dans son état actuel, c’est-à-dire au-dessus du maître-autel,
dans la basilique de Saint-Pierre au Ciel d’Or, à Pavie :
le coffret d’argent du roi Liutprand, renfermant l’urne de cristal avec les reliques de Saint Augustin
ne se trouvent plus dans le tombeau en marbre de Carrare du XIVème siècle,
mais derrière la grille dorée que l’on voit sous la table de l’autel.

   Fort heureusement, la basilique de Saint-Pierre au Ciel d’Or, fut restaurée dans la dernière partie du XIXème siècle, et l’Arche fut reconstruite au-dessus de l’autel majeur, au cœur du presbyterium, ainsi que nous pouvons le voir aujourd’hui.

   Enfin, le 7 octobre 1900, eut lieu le retour solennel des reliques de notre Bienheureux Père Saint Augustin dans « leur » église, où, extraites du maître-autel à deux reprises dans l’année pour être exposées, on peut continuer à les vénérer avec la plus aimante des ferveurs filiales.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

visage de Saint Augustin sur le gisant de l'arca de Pavie

Visage de Saint Augustin sur le gisant en marbre de Carrare à l’intérieur de « l’Arche ».

2025-51. L’Edit de Thessalonique : 27 février de l’an 380.

27 février,
Au diocèse de Viviers : fête de la dédicace de la cathédrale Saint Vincent (double de 1ère classe avec, en dehors du carême, octave commune – cf. > ici) ;
Ailleurs : fête de Saint Gabriel dell’Addolorata (cf. ici et ici) ;
Anniversaire de la signature de l’Edit de Thessalonique par Saint Théodose 1er le Grand (27 février 380).

Saint Théodose et l'édit de Thessalonique - blogue

       Dans une publication qui se trouve dans les pages de ce blogue, nous avons déjà donné un aperçu de la vie de Saint Théodose 1er le Grand (voir > ici) et nous y avons mentionné les circonstances dans lesquelles, à Thessalonique, où il est arrivé en juin 379, il signa, au troisième jour des calendes de mars (c’est-à-dire le 27 février) de l’an 380, l’Edit de Thessalonique.

- A qui s’adresse cet édit et que contient-il ?

   Cet édit s’adresse en priorité aux habitants de Constantinople, dont Théodose veut faire sa résidence impériale, ville dans laquelle il n’est pas encore entré, ville agitée par de constants débats théologiques (en particulier entre ceux qui professent la foi de Nicée et les ariens) lesquels dégénèrent fréquemment en affrontements physiques et en troubles urbains, ville dont l’évêque, Démophile, est arien.
Théodose souhaite donc y rétablir la paix avant de s’y installer.

   L’édit qu’il signe ce 27 février 380 constitue la première loi séculière connue qui comporte en son préambule la définition de l’orthodoxie théologique qu’un prince romain chrétien doit professer, à la tête de ses peuples pour lesquels il énonce avec précision « ce qu’il faut croire ».
Ce faisant, il dénonce l’hérésie et annonce la sanction de ceux qui la professeront. 

   Théodose, par le biais de cette législation politique, tente l’unification doctrinale des chrétiens et, par ce moyen, cherche la pacification civile, en énonçant avec précision « ce qu’il faut croire ».

monnaie de Théodose

Monnaie de Théodose

- Texte de l’Edit de Thessalonique :

En latin :

   « GR(ATI)IANUS, VAL(ENTINI)ANUS ET THE(O)D(OSIUS) AAA. EDICTUM AD POPULUM VRB(IS) CONSTANTINOP(OLITANAE).
Cunctos populos, quos clementiae nostrae regit temperamentum, in tali volumus religione versari, quam divinum Petrum apostolum tradidisse Romanis religio usque ad nunc ab ipso insinuata declarat quamque pontificem Damasum sequi claret et Petrum Aleksandriae episcopum virum apostolicae sanctitatis, hoc est, ut secundum apostolicam disciplinam evangelicamque doctrinam patris et filii et spiritus sancti unam deitatem sub pari maiestate et sub pia trinitate credamus.
Hanc legem sequentes Christianorum catholicorum nomen iubemus amplecti, reliquos vero dementes vesanosque iudicantes haeretici dogmatis infamiam sustinere ‘nec conciliabula eorum ecclesiarum nomen accipere’, divina primum vindicta, post etiam motus nostri, quem ex caelesti arbitro sumpserimus, ultione plectendos.
DAT. III Kal. Mar. THESSAL(ONICAE) GR(ATI)ANO A. V ET THEOD(OSIO) A. I CONSS.
 »

Traduction française :

   « Les empereurs Gratien, Valentinien et Théodose, Augustes. Edit au peuple de la ville de Constantinople.

Nous voulons que tous les peuples gouvernés par la juste mesure de Notre Clémence vivent dans la religion que le divin apôtre Pierre — comme le proclame cette même religion, introduite par lui et continuée jusqu’à nos jours — a transmise aux Romains et que suivent, de toute évidence, le pontife Damase et Pierre, l’évêque d’Alexandrie, homme d’une sainteté apostolique. Ainsi, selon la discipline apostolique et la doctrine évangélique, nous devons croire que le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont une seule Divinité, invoquée comme égale Majesté et Trinité bienveillante.
Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi prennent le nom de chrétiens catholiques. Quant aux autres, nous considérons qu’ils encourent, par leur folie et leur égarement, l’infamie attachée aux doctrines hérétiques, que leurs 
petits groupes ne méritent pas le nom d’Eglises et qu’ils seront frappés, d’abord par la vengeance divine, ensuite par un châtiment dont, en accord avec la décision céleste, nous prendrons l’initiative.
Donné le troisième jour des calendes de mars, à Thessalonique, sous le cinquième consulat de Gratien Auguste et le premier de Théodose Auguste. »

Concile de Nicée avec Saint Constantin et Arius terrassé

Saint Constantin présidant le concile de Nicée
entouré des saints Pères conciliaires, et, en bas, Arius terrassé
(peinture murale d’un monastère des Météores, en Grèce)

- Leçons et conséquences de l’Edit de Thessalonique :

   On le voit, il s’agit d’affirmer sans ambiguïté ce qui a été défini au premier concile de Nicée, premier concile général des évêques de l’Empire romain, qui s’est tenu à Nicée (aujourd’hui Iznik, en Turquie), du 20 mai au 25 juillet 325, sous l’égide de l’empereur Saint Constantin 1er le Grand, afin de résoudre les problèmes dogmatiques et disciplinaires qui divisaient alors les Eglises.

   Mais, en vérité, le concile de Nicée n’a pas éteint les querelles.
D’une certaine façon même, il les a amplifiés, parce que les évêques ariens ne se sont généralement pas soumis et ont persécuté les « nicéens » avec davantage d’âpreté ; tandis que les évêques professant la saine doctrine voyaient leur autorité contestée et se trouvaient bien souvent dans l’impuissance de faire appliquer les canons de Nicée.

   Professant de façon ferme la foi de Nicée (quand, après sa guérison, au mois de septembre suivant, il recevra le saint baptême, rappelons-le, Théodose s’assurera auparavant que l’évêque Acholius de Thessalonique ne soit pas infecté par l’arianisme), Théodose statue que les « nicéens » sont les véritables chrétiens, les catholiques (c’est-à-dire « universels »), et que les tenants de l’arianisme sont des hérétiques dont les groupes ne méritent pas de porter le nom d’ « Eglises ».   

Philippe de Champaigne -le denier de César - Montréal musée

Philippe de Champaigne (1602-1674) : le denier de César (vers 1663-1665)
[musée des beaux-arts de Montréal, au Québec]

   Le but de Théodose n’était pas de s’ériger en docteur ou théologien, ni d’exercer l’autorité impériale sur les affaires religieuses, mais de mettre l’autorité impériale au service de l’autorité spirituelle.
Parce que s’il faut rendre à César ce qui est de lui et à Dieu ce qui Lui appartient, il n’en demeure pas moins que César a des devoirs envers Dieu, non seulement en tant que personne privée, mais aussi en sa qualité de César.
Cela apparaît clairement dans le fait que, dès après son entrée à Constantinople, Théodose y convoqua le second concile général (ou œcuménique), qui se réunit en 381, et au cours duquel les Pères conciliaires arriveront à une définition plus précise de la foi catholique, en perfectionnant le symbole de Nicée : c’est pour cela que l’on parle du symbole de Nicée-Constantinople.

   C’est l’empereur qui, avec l’accord du Pontife romain, convoque le concile, et ce sont les évêques qui énoncent les vérités de la foi : la puissance impériale est bien au service de la puissance spirituelle et ne s’immisce pas dans ses compétences propres, puis, une fois que les évêques ont défini ce qui est « catholique », la puissance impériale se met encore à son service pour extirper l’erreur et l’hérésie, tandis que les canons conciliaires deviennent lois de l’Empire.

   Le 24 novembre 380, Théodose fait son entrée solennelle dans Constantinople, et il ordonne la mise en application de l’Edit : deux jours après son arrivée, l’évêque arien Démophile est déposé. Il sera remplacé par Saint Grégoire de Nazianze (cf. ici). Les ariens perdent la liberté de réunion, ils seront bientôt expulsés des villes, leurs églises leur sont enlevés et le clergé hérétique sera remplacé par de solides hiérarques catholiques.
L’hérésie devient un crime contre la société chrétienne parce que l’Empire est chrétien : la norme doctrinale est érigée en règle du bon fonctionnement de la société civile. C’est ainsi que le christianisme nicéen est devenu religion d’Etat, d’une façon somme toute logique et naturelle, parce que conforme à l’Ordre voulu par Dieu : cela sera consacré par l’Edit de Constantinople du 30 juillet 381.

   La législation abolissant les cultes païens et interdisant les comportements païens, fermant les temples et mettant fin aux fêtes athlétiques procèdera de la même logique, et ce fut un grand progrès pour la société civile et pour favoriser le salut des âmes et leur sanctification.

la religion terrassant l'hérésie Jean Hardy 1688 - musée du Louvre

Jean Hardy (1653-1737) : la religion terrassant l’hérésie (1688)
[musée du Louvre]

2025-50. Notre chère cathédrale Saint Vincent de Viviers.

27 février,
Au diocèse de Viviers : fête de la dédicace de la cathédrale Saint Vincent (double de 1ère classe avec, en dehors du carême, octave commune) ;
Ailleurs : fête de Saint Gabriel dell’Addolorata (cf. > ici et ici).

Blason Vivarais

Blason du Vivarais

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Vous le savez déjà, notre Mesnil-Marie est sis dans le diocèse de Viviers, dont le territoire actuel – résultat des découpages révolutionnaires -, correspond à celui du département de l’Ardèche.

   Le nom latin de Viviers : Vivarium (dont le sens originel désigne une réserve de gibier, puis un vivier, dans la même acception que le nom commun français), avait vraisemblablement été donné à ce lieu, au bord du Rhône, où était aménagé un petit port, parce qu’il était, à l’époque gallo-romaine, l’endroit duquel partaient les approvisionnements vers la capitale de l’Helvie, Alba Augusta Helviorum (aujourd’hui Alba-la-Romaine), située à 4 lieues au nord-ouest.

   Selon l’ancienne tradition de l’Eglise du Vivarais, une première évangélisation eu lieu dès le 1er siècle (avec l’évêque Saint Janvier), dont les successeurs établirent leur siège épiscopal à Alba : nous connaissons aujourd’hui l’emplacement précis de la première cathédrale, placée sous le vocable de Saint Pierre, dont les vestiges – pour être protégés, en attendant mieux – ont dû être recouverts de terre.

   Il y eut ensuite, au second siècle, le long et fécond apostolat du sous-diacre Saint Andéol (+ 1er mai 208) qui avait été disciple de Saint Polycarpe (cf. > ici) et condisciple de Saint Irénée (cf. > ici), à Smyrne, avant d’être envoyé dans les Gaules à la demande de ce dernier.

   Au commencement du Vème siècle, les évêques quittant Alba – ville construite dans une plaine fertile, dépourvue de fortifications et donc exposée aux pillages et dévastations des barbares -, s’établirent sur l’imposant rocher dominant le petit port de Vivarium, aisément fortifiable et défendable du fait de ses côtés abrupts : ainsi naquit la cité épiscopale de Viviers.

Viviers - vieille ville et cathédrale vue générale - blogue

   La photographie ci-dessus, vous montre, par un beau soleil printanier, la belle petite de Viviers (un peu moins de 3.700 habitants à l’heure actuelle), qui est l’un des trois « secteurs sauvegardés » du territoire de l’ancienne « Région Rhône-Alpes » (avec le vieux Lyon et le cœur historique de Chambéry) : elle permet d’embrasser d’un seul coup d’œil le site de l’antique cité épiscopale, avec le Rhône, et avec la petite plaine alluviale qui le borde au pied du rocher fortifié de Viviers.

   Ci-dessous, ce découpage du même précédent cliché permet de visualiser, depuis, à l’extrême gauche, l’espace aujourd’hui en herbe où fut jadis le « château vieux » (à gauche d’une tour ronde partiellement en ruines), tout ce qui fut le quartier épiscopal et canonial.
Serré autour de la cathédrale Saint-Vincent – signalée par son campanile (à la fois clocher et tour de guet) en avant de sa façade -, comme une sorte d’acropole, fortifié, dominant les toits de la ville médiévale, elle aussi enclose dans ses fortifications, se trouvait ici, en effet, la cité religieuse, composée de nombreuses demeures de chanoines, des bâtiments annexes à la cathédrale (à une époque il y eut un cloître) et bâtiments communautaires du chapitre, ainsi que l’ancien palais épiscopal, lequel, ayant subi des évolutions diverses au cours des siècles, fut transformé en grand séminaire dans la seconde moitié du XVIIe siècle (on en aperçoit la façade ouest immédiatement à droite du campanile).

Viviers - château et cathédrale - blogue

   Sans entrer dans trop de détails historiques et architecturaux, un ultime découpage de cette même première photographie, permet d’avoir, ci-dessous, une vue d’ensemble de la cathédrale Saint-Vincent :

1) En avant de la façade, le campanile, avec une base carrée (XIème siècle) : au rez de chaussée duquel se trouvait le baptistère, et, à l’étage, une chapelle en l’honneur de l’archange Saint Michel. Au XIVème siècle il fut surélevé avec une partie octogonale couronnée de créneaux que l’on distingue très bien.

2) Puis, en arrière, on voit très bien la partie rectangulaire de la nef dont le gros œuvre est d’époque romane (XIème et XIIème siècles) : à l’origine il y avait là une nef centrale, flanquée de deux nefs latérales. Au XVIème siècle les huguenots firent tomber les voûtes. Les restaurations des XVIIème et XVIIIème siècles, réunirent les trois nefs originelles en une seule, surélevée, et voûtée en bel appareil.

3) Enfin, le sanctuaire et le chœur, reconstruits dans le style gothique flamboyant tardif (au début du  XVIème siècle), avec pinacles et arcs-boutants.   

Cathédrale de Viviers

   Vu depuis la rive gauche du Rhône (donc depuis l’est), le cliché ci-dessous permet de voir le sommet du rocher de Viviers ceint de ses remparts, qui  prolongent la falaise en hauteur, et d’admirer le chevet gothique de la cathédrale Saint-Vincent, entouré de ce qui subsiste de l’ancien quartier canonial (il y eut beaucoup de destructions des maisons de chanoines et de leurs bâtiments médiévaux communs lors de la prise de la ville haute par les huguenots). 

vue d'ensemble de la ville haute et du chevet de la cathédrale depuis la rive gauche du Rhône - blogue

   Mon illustre prédécesseur, feu le Maître-Chat Lully, vous avait expliqué (cf. > ici), à l’occasion de la fête de Saint Vincent de Saragosse, qu’il n’y a que deux cathédrales, en France, qui se trouvent sous le vocable de Saint Vincent.
Il vous avait également montré, « cum grano salis », les merveilles félines que l’on rencontre dans notre vieille cité épiscopale en parcourant ses ruelles montant vers la « ville haute » (voir > ici).
Il avait également eu, de manière beaucoup moins réjouissante, l’occasion de sortir ses griffes acérées pour dénoncer le vandalisme clérical qui a défiguré l’intérieur de notre cathédrale [cf. > ici pour ce qui concerne l’étrange et ridicule « autel face au peuple » de Mgr. Blondel (évêque de Viviers de 1999 à 2015), et > ici pour ce qui concerne la destruction de la table de communion en marbre de Carrare, en mars 2017].

   Plusieurs fois aussi, nous avons évoqué avec ferveur et gratitude le cher Abbé Bryan Houghton, dont la remarquable et glorieuse figure est désormais – nonobstant les turpitudes doctrinales et liturgiques du clergé moderniste – indissociablement attachée à notre cathédrale, puisque, depuis la fin de l’année 1969 jusqu’à sa mort en novembre 1992, il y a quasi quotidiennement célébré la Sainte Messe au maître-autel, faisant de la cathédrale Saint-Vincent de Viviers l’unique cathédrale de France où la Messe latine traditionnelle était célébrée régulièrement (retrouvez toutes nos publications au sujet de Monsieur l’Abbé Houghton > ici).

Cathédrale Saint-Vincent de Viviers vue du sud

La silhouette de la cathédrale Saint-Vincent de Viviers depuis le sud

   Mes propos de ce jour sont forcément limités, alors que, comme mon papa-moine qui, à force de m’en parler avec enthousiasme et émotion, m’a communiqué son profond amour pour notre cathédrale, je pourrais être intarissable à son sujet.
Je vous propose donc, en attendant d’autres publications sur ce blogue, si vous le désirez, de consulter plusieurs autres documents ou documentaires la concernant :

   a) Une brochure de quelques pages, bien illustrée, que l’on peut feuilleter > ici (il suffit de cliquer sur le cartouche bleu : lire la publication et de zoomer à sa convenance sur le texte ou les images).

   b)  Une vidéo de 5 mn environ qui permet d’admirer de magnifiques vues de la cathédrale grâce à des enregistrements vidéo réalisés par drone, et d’avoir un aperçu de la vieille cité épiscopale (en particulier de la « maison des chevaliers ») en suivant les explications due notre ami le très docte professeur Yves Esquieu qui évoque Noël Albert, un chef huguenot qui a marqué l’histoire de Viviers (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») :

Image de prévisualisation YouTube

   c) Une autre vidéo de 2 mn et 42 s, montrant la montée à la cathédrale à travers les ruelles médiévales et offrant un intéressant aperçu de son intérieur actuel (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») :

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   d) Encore une vidéo de 2 mn et 20 s, du même type mais avec des points de vue différents (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») :

Image de prévisualisation YouTube

   e) Enfin cet dernière vidéo de 2 mn et 44 s, commentée (certes les commentaires sont sommaires) qui permet de se faire une idée générale de l’histoire de notre chère cathédrale et de voir plus en détails la marqueterie de marbre du maître-autel et certains sculptures des stalles (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») :

Image de prévisualisation YouTube

   La cathédrale Saint-Vincent de Viviers a été consacrée deux fois :
- la première, le 27 février 1119, par le Bienheureux Calixte II (cf. > ici),
- puis, à la suite d’une réponse de la Sacrée Congrégation des Rites à une question de S. Exc. Mgr. Alfred Couderc (évêque de Viviers de 1937 à 1965) demandant si la consécration de la cathédrale de Viviers accomplie en 1119 était toujours valide compte-tenu des destructions des huguenots et des sacrilèges perpétrés à la révolution, il y eut une nouvelle cérémonie de dédicace qui fut célébrée le 27 février 1946.

   Frère Maximilien-Marie a recueilli les souvenirs d’un prêtre qui était alors séminariste ce 27 février 1946, et qui lui a raconté qu’il faisait un froid incroyable ce jour-là, parce qu’il soufflait un mistral glacial qui tournoyait autour de la cathédrale !

Maître-autel et stalles de la cathédrale Saint-Vincent de Viviers - blogue

Maître-autel (XVIIIème siècle), stalles en noyer (XVIIème siècle)
et tapisseries des Gobelins (XVIIème siècle) à la cathédrale de Viviers

   Si d’aventure vous passiez par notre magnifique Vivarais et que, disposant d’un peu de temps, il vous prenait l’envie de visiter notre chère et belle cathédrale de Viviers, soyez certains que notre Frère Maximilien-Marie, s’il est disponible, se fera une immense joie de vous servir de cicerone pour la découverte de notre vieille cité épiscopale et de sa cathédrale qui, si elle n’a pas l’aspect imposant et foisonnant des grandes « Notre-Dame » du nord de la France, n’en est pas moins un monument attachant et riche !

pattes de chat Tolbiac.

sommet du tabernacle du maître-autel de la cathédrale Saint-Vincent de Viviers - blogue

Faîte du tabernacle du maître-autel
de la cathédrale Saint-Vincent de  Viviers

2025-44. L’importante date du 21 février 2008 dans l’histoire du Refuge Notre-Dame de Compassion.

21 février,
Fête du Bienheureux Noël Pinot, prêtre et martyr (cf. > ici, > ici, > ici et > ici) ;
Mémoire de Saint Pépin de Landen, confesseur (cf. ici).

Blason du Refuge Notre-Dame de Compassion

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       La date du 21 février revêt une importance particulière en notre Mesnil-Marie, en plus des célébrations liturgiques de ce jour, parce que c’est le jour anniversaire de la première visite de Frère Maximilien-Marie dans ce hameau et dans cette maison qui allait devenir notre lieu d’implantation (jeudi 21 février 2008) !

   Feu mon prédécesseur, le Maître-Chat Lully, a publié plusieurs chroniques liées à cet anniversaire, et j’ai résolu de toutes les lister ci-dessous, de même que je récapitulerai aussi celles qui, au fur et à mesure, ont présenté et expliqué les travaux que notre Frère a accomplis ou dirigés dans cet ancien manse pluriséculaire qui est désormais un modeste pôle spirituel auquel les lecteurs de ce blogue sont attachés, même lorsque, trop éloignés géographiquement et n’ayant pas forcément la possibilité de se déplacer, ils n’ont pas eu l’occasion d’y venir.

   Historique :

- Les origines du Refuge Notre-Dame de Compassion > ici
- Comment le Refuge Notre-Dame de Compassion s’est implanté en Vivarais > ici
- L’action de grâces du Maître-Chat Lully pour le Mesnil-Marie, sept ans après son implantation en Vivarais > ici
- Une visite vidéo du Mesnil-Marie présentée par le Maître-Chat Lully à l’été 2018 > ici

   Les travaux du Mesnil-Marie :

- « Après trois ans » : un résumé des gros travaux de remise en état du Mesnil-Marie (2008-2011) > ici
- Page en chantier, bientôt complétée… Merci de votre patience !

   Bonne lectures, mes bien chers Amis !
L’aventure du
Mesnil-Marie est un miracle permanent : Merci d’être à nos côtés !

pattes de chat Tolbiac.

Pour aider à la vie du Mesnil-Marie et à la continuation des travaux,
voir > ici

Le Mesnil-Marie 1er mai 2024 2

Publié dans:Chronique de Lully, Memento, Textes spirituels |on 20 février, 2025 |3 Commentaires »
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