Archive pour la catégorie 'Memento'

2023-29. Enfin, les choses étaient dans l’ordre !

27 février,
Dans le diocèse de Viviers : dédicace de la cathédrale Saint-Vincent ;
Ailleurs : fête de Saint Gabriel de l’Addolorata (cf. > ici) ;
Anniversaire de la signature de l’Edit de Thessalonique (cf. > ici) ;
Anniversaire du Sacre de S.M. le Roi Henri IV (cf. > ici) ;
Anniversaire de la restitution au culte catholique de l’église Saint-Nicolas du Chardonnet.

       Cette date du 27 février est riche de belles fêtes et anniversaires.
Pour moi, qui était alors dans ma quinzième année et qui me rappelle avec émotion de l’espoir et de l’enthousiasme que l’événement suscita alors en mon âme (cf. > ici), je voudrais aujourd’hui revenir sur le dernier de ceux qui sont énumérés ci-dessus : la restitution au culte catholique de l’église Saint-Nicolas du Chardonnet, le 27 février 1977.

   Si, vivant en province, je n’étais pas présent à ce magnifique coup d’éclat accompli par Monsieur l’abbé Vincent Serralda (1905-1998), Monsieur l’abbé Louis Coache (1920-1994), Monseigneur François Ducaud-Bourget (1897-1984) et leurs amis prêtres résistant à la « nouvelle messe » alors présents à Paris, j’ai néanmoins eu la grâce et la joie de connaître, plus tard, plusieurs protagonistes, prêtres ou laïcs, de cette libération, qui m’ont partagé leurs souvenirs.
J’ai également eu la joie de rencontrer à plusieurs reprises l’auteur des lignes qui suivent, le cher André Figuéras (1924-2002), dont j’ai décidé de vous livrer, ci-dessous, le savoureux récit qu’il a fait de cet événement dans l’avant-propos de son bel ouvrage (devenu assez difficile à trouver) : « Saint Nicolas du Chardonnet : le combat de Mgr Ducaud-Bourget ».

   Dans les combats qu’il faut continuer à soutenir pour la pleine liberté de la célébration de la Sainte Messe latine traditionnelle, en des circonstances à nouveau bien pénibles où nous avons – non sans justesse – le sentiment que nous pourrions nous retrouver acculés à retourner, en certains diocèses, dans de discrètes chapelles de fortune pour y assister à la liturgie multiséculaire de l’Eglise catholique, il est toujours bon de nous souvenir des exemples que nous ont donnés les « résistants » de l’immédiat après-concile, et de nous en imprégner pour nous fortifier, pour nous prémunir contre toute espèce de découragement, pour savoir réagir avec pertinence, pour anticiper, pour être audacieux, et enfin pour passer à l’action quand les circonstances l’exigeront…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur 

église Saint-Nicolas du Chardonnet façade principale

Paris : église Saint-Nicolas du Chardonnet

frise

« Enfin, les choses étaient dans l’ordre ! »

       « Assurément, nous ne sommes pas en mesure de dire si c’était, oui ou non, pour la première fois de sa vie. Toujours est-il que, ce matin du dimanche 27 février 1977, l’abbé Bellégo eut, pendant quelques instants, toute raison de croire au miracles.
Ce prêtre de la paroisse de Saint-Séverin, dans le V° arrondissement de Paris, avait responsabilité particulière pour l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sise dans le même arrondissement, et dont le clergé contemporain avait décidé la réduction à l’état de sous-paroisse.
Ce bel édifice avait pourtant connu des jours meilleurs… [ici, l'auteur fait un résumé, qui occupe néanmoins plusieurs pages, de l'histoire de cette paroisse et des chefs d'œuvres artistiques qui se trouvent dans l'église].

   [...] En ce matin du dimanche 27 février 1977, on ne retrouvait plus la trace de ce passé et de cette gloire. Devant un groupe minuscule de fidèles, plus résignés que transportés, l’abbé Bellégo achevait, sinon à la manière d’un pensum, du moins sans transports manifestes, de débiter une de ces messes sans latin à propos de laquelle le chanteur Georges Brassens a employé un verbe énergique.
Tout à coup, un frémissement concentré et retenu commença de se faire à l’entrée de la nef. L’abbé Bellégo, qui disait sa messe hors du chœur, sur une petite table installée sur un gigantesque podium, et en tournant le dos au Christ, n’eut qu’à lever les yeux pour se rendre compte de ce qui se passait.
Et c’est là qu’il put avoir, l’espace d’un instant, la notion d’un miracle. Voilà en effet que l’église quasi déserte – parce que depuis longtemps quasi désertée – s’emplissait d’une foule recueillie. Bientôt toutes les chaises furent occupées, même dans les bas-côtés, et, l’afflux ne cessant point, quantité de gens entendirent debout la fin de l’office.
Jamais pareille aventure n’était arrivée à l’abbé Bellégo, longuement habitué à des auditoires chétifs. Il en était encore à se demander ce qui se passait, lorsque ses quêteuses revinrent en faisant grise mine. Dans cette vaste assemblée, elles n’avaient rien recueilli du tout. Comme on n’était pas en train de plaisanter, personne n’avait fait même le geste de donner un bouton de culotte.
Or, ce problème de la quête est, depuis quelques années, l’obsession du clergé post-conciliaire, qui suscite si peu la générosité des derniers fidèles, qu’ils ne parviennent plus à joindre les deux bouts, comme on dit [...].

   Donc en voyant ses aumônières aussi indigentes qu’à l’accoutumée, l’abbé Bellégo conçut que ce qui était en train de se produire ne devait pas être faste pour lui. C’est donc dans l’inquiétude et la hâte qu’il acheva sa messe.
Effectivement, à l’instant qu’il achevait, il se passa quelque chose, sinon de miraculeux, en tout cas de prodigieux.

   Tandis que l’immense assistance, debout, entonnait le Credo, un groupe de prêtres, revêtus des habits sacerdotaux traditionnels, se dirigeaient vers le chœur.
Voilà que la messe de saint Pie V éclatait sous ces voûtes qui l’avaient tant entendue, et qui, sans nul doute, et parce qu’il y a une âme des choses – surtout lorsque ces choses sont des pierres d’église – l’attendaient depuis qu’elles en étaient privées.
Car tout se passa très simplement comme un retour à la vérité, et pour ainsi dire à la nature, comme une résurrection. Tandis qu’une sorte de liesse sacrée saisissait la foule, on retrouvait tout à coup, et cela semblait la chose la plus normale du monde, la magnificence de l’Histoire, et la splendeur de la France.
Un sentiment commun de libération semblait créer une connivence entre l’église et les assistants. De telle sorte que cette messe avait, si l’on peut dire, l’air tout ensemble d’une cérémonie expiatoire et d’un baptême.
Enfin, depuis dix ans que cela ne se présentait plus, les choses étaient dans l’ordre…»

André Figuéras,
in « Saint-Nicolas du Chardonnet – le combat de Mgr Ducaud-Bourget »
éditions de Chiré, 1977

27 février 1977 - à l'issue de la Messe, exposition du Saint-Sacrement

27 février 1977, à Saint-Nicolas du Chardonnet :
de gauche à droite Monsieur l’abbé Michel de Fommervault, Monseigneur François Ducaud-Bourget, Monsieur l’abbé Juan,
et au fond, au micro, Monsieur l’abbé Louis Coache

2023-23. De Sainte Hadeloge de Kitzingen, fille de Charles Martel.

2 février,
Fête de la Purification de Notre-Dame (cf. aussi > ici) ;
Chandeleur (cf. > ici, et > ici) ;
Mémoire de Sainte Hadeloge de Kitzingen, vierge et abbesse.

       En sus de la fête de la Purification de Notre-Dame, au 2 février est également assignée celle de Sainte Hadeloge de Kitzingen, une sainte qui a retenu toute notre attention, parce que cette princesse franque est aujourd’hui bien oubliée en France, alors qu’elle est issue de l’une de ses plus nobles lignées : celle qui deviendra bientôt la dynastie carolingienne.

Sainte Hadeloge - statue dans le parc de Schwanberg

Statue de Sainte Hadeloge dans le parc de Schwanberg

   En Français on l’appelle Hadeloge, ou Hadéloge ou bien Adéloge, qui sont des transcriptions du prénom franc Adelheid qui avait été rendu en latin par Adeloga ou Hadelauga.

   Elle était l’une des filles de Charles Martel (vers 688 – 22 octobre 741), duc des Francs et Maire du palais, le célèbre fils de Pépin de Herstal dont les peuples, encore en notre siècle de perte de repères et d’ignorance crasse, ont cependant gardé la mémoire à cause de sa victoire sur les mahométans à Poitiers (19 octobre 732).
Sa mère était Kunehilde (appelée aussi Swanahilde ou Sonichilde) de Bavière (vers 695 – après 741), issue de la haute lignée des Agilolfinges qui régnèrent sur la Bavière (et sur le royaume lombard) du VIe au VIIIe siècle.
Sainte Hadeloge était donc demi-sœur de Pépin le Bref et tante de Saint Charlemagne.

   Elevée au château de Schwanberg, en Basse-Franconie (Bavière), Hadeloge fut remarquée tant pour ses capacités intellectuelles que pour son admirable beauté.
Sa charité et sa gentillesse faisaient qu’elle était très aimée des populations à l’entour, mais elle cherchait à plaire à Dieu plutôt qu’aux hommes, et aspirait à vivre pour le seul Roi du Ciel, résistant aux pressions de son père qui voulait lui faire épouser quelque noble parti.
On rapporte qu’elle priait ainsi : « Puissiez-Vous, ô Seigneur Jésus-Christ, garder mon cœur immaculé, de peur que je ne devienne une honte. Si Vous, Fils du Roi suprême, Vous êtes satisfait de la virginité intacte de mon corps, envoyez-moi Votre ange pour me garder, afin que je puisse préserver ma virginité corporelle. Changez l’esprit de mon père pour qu’il ne me livre pas à ce monde mauvais et aux enfants des ténèbres pour en être flétrie. Car je craindrais d’être oublié par Vous et livrée à la damnation éternelle, si je me donnais à l’amour charnel et si j’étais aimée avec une inclination sensuelle ! ».
Cherchant à imiter la Bienheureuse Vierge Marie, elle la priait aussi quotidiennement pour lui demander sa protection :
« Sainte Marie, Mère de Dieu, Vierge des vierges, Mère et Reine des âmes chastes, gardez-moi dans la virginité que je vous ai promise ! Soyez ma protectrice, de peur que je ne m’abandonne à ce monde et que je ne sois séparée des vierges qui quittent la corruption du monde et qui vous suivent dans l’union la plus intime et la plus bénie avec le Christ, l’Époux éternel ».

   Son humilité, sa persévérance dans la prière, sa constance et sa fermeté lui valurent une assistance spéciale de l’Esprit-Saint qui l’entoura de Sa protection et lui donna la force pour les combats qu’elle devait soutenir.

Schwanberg aujourd'hui - vue générale

Schwanberg aujourd’hui

   Charles Martel était très en colère contre la décision de sa fille. Toutefois chaque fois qu’il se trouvait en sa présence, il était vaincu par sa douceur toute céleste et se trouvait écartelé, car des courtisans malveillants ne manquaient pas d’exciter son irritation, qui se tourna également contre l’aumônier qui assurait la direction spirituelle de la jeune fille.
Un jour, il les chassa tous les deux.
Le chapelain, qui était lui-même de famille noble et riche, résolut alors d’utiliser ses biens à l’acquisition de terres et à la fondation d’un monastère. Pour sa construction, ils choisirent des terrains proches du Main, à environ trois lieues à l’ouest de Schwanberg.

   Une célèbre légende raconte la fondation de ce monastère d’une manière assez poétique : du haut du Schwanberg, Hadeloge aurait jeté son voile dans le vent en disant qu’elle construirait son monastère à l’endroit où le voile tomberait au sol. Le voile, volant vers l’ouest, serait tombé sur la rive droite du Main où un berger nommé Kitz (Kuccingus) l’aurait retrouvé. C’est donc en ce lieu, qu’elle aurait nommé Kitzingen en l’honneur du chercheur de voile, qu’elle s’établit. 

   Le monastère fut dès l’origine placé sous la Règle de Saint Benoît, et Hadeloge en fut la première abbesse, devenant un modèle pour de nombreuses vierges qui, de son vivant, et pendant plusieurs siècles ensuite, vécurent de ses exemples.
L’aumônier fit aussi construire à proximité un bâtiment pour lui-même et quelques frères. On place cette fondation en l’an 745.

le berger Kitz - Kitzingen

Dans l’un des parcs de Kitzingen, statue moderne représentant le berger Kitz

   Lorsque la fondation du monastère fut assurée, l’aumônier partit en pèlerinage à Jérusalem, où il mourut. Il serait alors apparu en songe à Charles Martel, lui reprochant la dureté avec laquelle il s’était comporté envers sa fille, et l’exhortant à faire amende honorable ; en outre, la bonne réputation du monastère s’était répandue, et Charles Martel entendait parler de la vertu rayonnante de sa fille qui en était devenue la supérieure. Il changea alors complètement d’attitude, devint un bienfaiteur de l’abbaye et répara les calomnies que sa colère avait contribué à répandre contre la jeune abbesse.
Celle-ci était infatigable dans son zèle pour le service de Dieu : elle passait de longues heures nocturnes dans la prière, observait les jeûnes avec une sévérité extraordinaire, et servait ses sœurs avec une joyeuse et prompte générosité, choisissant toujours pour elle-même les tâches les plus basses.

Eclairée par le Saint-Esprit, elle avait le don de connaître les tentations qui affligeaient ses religieuses et, souvent, elle savait d’un seul mot charitable dissiper l’épreuve de la moniale et la fortifier.

   Comme en toute abbaye fidèle à la règle de saint Benoît, l’hospitalité était pratiquée avec une bienveillante sollicitude, non seulement pour les pèlerins ou hôtes de passage, mais aussi pour des pauvres et des malades en grand nombre qui étaient accueillis pour des séjours plus longs.
Qualifiée de « mère aimante des pauvres », elle était pénétrée d’une profonde et sincère compassion à la vue de toutes les détresses et souffrances, et se privait elle-même fréquemment du nécessaire pour aider les plus nécessiteux. En plus d’une occasion, sa charité fut accompagnée de miracles.

   L’un des familiers du monastère, qui était parti à la chasse, fut assassiné et dépouillé de tout. Le chien qui l’accompagnait garda le cadavre de son maître pendant trois jours, mais finalement, poussé par la faim, revint au monastère, triste et agité. A son arrivée, tous comprirent qu’un drame avait dû se produire ; Sainte Hadeloge fit venir deux serviteurs et leur enjoignit de partir à la recherche du malheureux chasseur, puis elle s’adressa au chien en disant : « Au nom du Seigneur, va avec eux et montre-leur l’endroit où ils trouveront ton maître ». Le chien conduisit les deux hommes au lieu où gisait le cadavre nu, et le ramenèrent à Kitzingen pour qu’il puisse recevoir les honneurs de la sépulture chrétienne et reposer en terre bénite.
Mais la sainte abbesse ne voulait pas en demeurer là : il fallait que justice fût faite, et elle avait l’intuition que les assassins étaient du nombre des familiers de l’abbaye, qu’elle réunit tous, les exhortant à parler s’ils savaient quelque chose, voire à se dénoncer s’ils étaient coupables, afin qu’ils puissent se repentir et sauver leurs âmes. Mais, comme tous se taisaient, elle fit cette prière à voix haute : 
« O Dieu, qui connaissez ce qui est caché et connaissez toutes choses avant qu’elles n’arrivent, révélez donc Vous-même les coupables par un signe de Votre puissance, afin que si, cela Vous plaît, ils reçoivent le châtiment qu’ils méritent, et pour que tous ceux qui marchent dans la même voie de méchanceté puissent être ainsi dissuadés et améliorés ». Puis se tournant vers le chien de l’homme assassiné qui se tenait à côté d’elle : « Va ! Au nom du Seigneur, désigne les coupables !». Aussitôt le chien se jeta à la gorge de l’un de ceux qui étaient là et l’étrangla. Quand il fut mort, le chien se précipita sur un deuxième, qui venait de se jeter à genoux en avouant son crime, et fit de même avec lui aussi.
La nouvelle de cette vengeance de Dieu se répandit dans toute la région, dans les forêts où se cachaient beaucoup de vagabonds et de voleurs, imposant à tous une telle crainte que, dès lors, les biens et les gens du monastère furent en grande sécurité.

   C’est par de tels prodiges, et par d’autres semblables, que Dieu manifesta la sainteté de Sa servante Hadeloge et Sa protection sur l’abbaye qu’elle avait fondée, lui assurant un grand rayonnement et une magnifique fécondité spirituelle qui contribuait à la conversion des mœurs et la croissance en vertu de tous les villages environnant. 

Fresque de Sainte Hadeloge dans l'église Saint Burckard de Wurtzbourg

Sainte Hadeloge avec les plans de l’abbatiale de Kitzingen
(fresque dans l’église Saint Burkhard, Wurtzbourg)

   La sainte fondatrice, elle, aspirait avec confiance à rejoindre son Epoux céleste : « Par amour pour Vous, Seigneur Jésus-Christ, j’ai rejeté tout amour terrestre et tout mariage, j’ai chargé sur moi la haine insupportable de mon Père et j’ai enduré beaucoup de difficultés et de misères ; Ayez maintenant pitié de moi, et accordez-moi gracieusement d’être, avant le jour de mon départ, complètement purifiée, par une confession sincère et par la persévérance dans un amour fidèle. Accordez-moi, par grâce, qu’en sortant de ce monde, je reçoive l’honneur d’être accueillie dans le chœur béni de Vos vierges saintes ».

   Jusqu’à la fin, et malgré les infirmités de l’âge, elle ne relâcha rien de sa régularité, de la ferveur de ses prières, de son service des pauvres et des nécessiteux, ainsi que dans l’édification de ses sœurs. Plusieurs malades furent ramenés à une parfaite santé grâce à ses prières.

Sainte Hadeloge reçut de Notre-Seigneur la connaissance du jour où Il viendrait la chercher.
Le jour de la Chandeleur 2 février (vraisemblablement en 770), qui tombait un dimanche, elle réunit toutes ses sœurs et leur dit : « Je vais maintenant aller vers le Christ, mes très chères sœurs ! Veillez à ce que Satan ne vienne voler les brebis que j’ai gagnées, avec l’aide du Seigneur, et, en ce lieu, demeurez unies au Seigneur dans les peines et dans le labeur. Veillez avec soin à ce que ce lieu sacré ne soit pas profané par la tromperie du diable ou par des souillures charnelles. N’oubliez pas comment j’ai marché devant vous et comment je vous ai précédées par l’exemple, afin que vous aussi vous persévériez dans les mêmes voies avec la grâce de Jésus-Christ ».
Puis elle se confessa une dernière fois, reçut le Corps du Seigneur, et recommanda ses sœurs au Christ, le Bon Pasteur, en disant : « Seigneur Jésus-Christ, qui êtes le meilleur Berger au-dessus de tous les bergers, gardez ces sœurs que Vous avez rachetées par Votre Sang précieux. Par Votre grâce, empêchez quiconque se trouve ici d’être attaqué et broyé par Satan. Je remets mon âme entre les mains de Votre amour miséricordieux, comme Vous avez remis Votre âme entre les mains de Votre Père lorsque Vous étiez sur la croix ». Et, ayant dit ces mots, elle rendit l’esprit.

   Sainte Hadeloge fut mise en terre dans l’église abbatiale, au pied de l’autel de la Très Sainte Vierge Marie, et sa tombe devint rapidement un lieu de pèlerinage (on l’invoque particulièrement contre la fièvre).

   Pendant tout le Moyen-Age, l’abbaye de Kitzingen fut un foyer de ferveur et de culture qui avait grande réputation : Sainte Hedwige de Silésie (1174-1243), reine de Pologne, y fut éduquée, et Sainte Elisabeth de Thuringe (1207-1231) y fut accueillie un temps.
Malheureusement, au début du XVIème siècle, au cours de la « Guerre des paysans » (Deutscher Bauernkrieg), l’abbaye fut prise et pillée. Les reliques de Sainte Hadeloge furent brûlées (1525), puis l’abbaye supprimée (1544), et les bâtiments tombèrent en ruine, jusqu’à ce que, en 1660, le prince-évêque de Wurtzbourg, Johann Philipp von Schönborn, appelât les Ursulines à Kitzingen, qui reconstruisirent le monastère dans le style baroque en vogue à cette époque. Elles y demeurèrent jusqu’en 1804, où le monastère fut dissout en application des lois de sécularisation inspirées par la France révolutionnaire. Comble de la profanation de ce lieu sanctifié par la sainte fille de Charles Martel : depuis 1817, l’église est attribuée au culte protestant…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
[d’après « BAVARIA SANCTA – Leben der Heiligen und Seligen des Bayerland ur Belehrung und Eredification für das christliche Volk » ;
par le Dr. Modestus Jocham – Freising, 1861]

L'abbaye de Kitzingen avant 1544

L’abbaye de Kitzingen avant sa destruction en 1544

2023-21. Récapitulatif des publications de ce blogue consacrées à Saint François de Sales depuis les origines jusqu’au 29 janvier 2023.

29 janvier 2023,
Fête de Saint François de Sales, évêque et confesseur, docteur de l’Eglise.

Saint François de Sales

   Voici le récapitulatif des principales publications de ce blogue consacrées à Saint François de Sales :

A – Eléments biographiques :

- Présentation de la vie et de l’œuvre de Saint François de Sales par Benoît XVI > ici
- La naissance de Saint François de Sales (21 août 1567) > ici
- Liens de Saint François de Sales avec le Saint Suaire > ici
- La mort de Saint François de Sales (28 décembre 1622) > ici

B – La fondation de la Visitation :

- Les préludes à la fondation de l’Ordre > ici
- La fondation (dimanche de la Sainte Trinité 1610) > ici
- La fin et l’esprit de la Visitation > ici

C – Glorification de Saint François de Sales :

- Sentiments de Madame de Chantal après la mort de Saint François de Sales > ici
- Béatification et canonisation de Saint François de Sales > ici
- Sa proclamation comme Docteur de l’Eglise > ici

C – Prières :

C1 : Prières à Saint François de Sales :

- Litanies de Saint François de Sales > ici

C2 – Prières de Saint François de Sales :

- « Ayez mémoire et souvenance… » (paraphrase du « Memorare » par Saint François de Sales > ici
- Louange de Saint François de Sales à la Très Sainte Vierge > ici

D – Varia :

- Trois livres du Père Gilles Jeanguenin pour mieux connaître Saint François de Sales > ici
- Conseils spirituels de Saint François de Sales au début de l’année liturgique > ici
- Ouverture de l’année jubilaire du 4ème centenaire de la Visitation > ici

- Jubilé d’argent d’affiliation à l’Ordre de la Visitation > ici

St François de Sales

2023-19. Nous avons lu et nous avons aimé : « Pour Dieu et le Roi… avec la Rochejaquelein ».

28 janvier,
Fête de Saint Charlemagne (cf. > ici, > ici et > ici) ;
Anniversaire de la mort d’Henri de La Rochejaquelein [+ 28 janvier 1794].

pour-dieu-et-le-roi-avec-la-rochejaquelein

       Au mois d’octobre dernier, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Monsieur de Bonchamps, j’ai évoqué (et chaudement recommandé) l’excellente collection « Pour Dieu et le Roi… », dans laquelle Brigitte Lundi publie les biographies des héros de la Vendée militaire, à l’intention des enfants (cf. > ici). Mais, ainsi que je le faisais remarquer alors, des adultes y trouveront aussi leur compte avec un immense plaisir, comme en une sorte d’ »apéritif » pour des lectures conséquentes plus fouillées.

   J’ai donc la joie de vous annoncer la parution du cinquième ouvrage de cette collection, dédié à « Monsieur Henri » : « Pour Dieu et le Roi… avec la Rochejaquelein ».

4ème de couverture :

   Après avoir entendu le récit de Grand-Mère Zénaïde (dans Pour Dieu et le Roi, en Vendée), celui de l’Oncle Mathurin (dans Pour Dieu et le Roi, avec Cathelineau), celui de l’Oncle Joseph (dans Pour Dieu et le Roi, avec Stofflet), celui de l’oncle Ernest (dans Pour Dieu et le Roi, avec Bonchamps) nos petits amis vendéens se posent encore mille questions !
Dans ce volume, l’oncle René raconte à ses neveux la grande épopée vendéenne avec La Rochejaquelein.
Un récit palpitant qui devrait passionner nos p’tits Chouans de 10-12 ans !

   L’année 2022 a été celle du deux-cent-cinquantième anniversaire de la naissance d’Henri du Vergier de La Rochejaquelein (30 août 1772), que Monseigneur Pie, futur cardinal, surnomma « l’Achille de la Vendée », tué à 21 ans et demi par un « Bleu » qu’il venait de gracier.

   Pour compléter l’hommage que lui rend avec brio Brigitte Lundi, je veux vous montrer, ci-dessous, l’authentique étendard de « Monsieur Henri », photographié par Frère Maximilien-Marie en octobre 2021 (avec l’aimable autorisation de ses propriétaires) dans l’un des salons de la famille, apparentée aux La Rochejaquelein, qui en a aujourd’hui le précieux dépôt.

drapeau de La Rochejaquelein - collection privée

   Puisse donc ses beaux exemples nous inspirer et stimuler notre manière d’agir, lui auquel sa cousine par alliance et future belle-sœur a rendu ce bel hommage : « Il avait un courage ardent et téméraire qui le faisait surnommer l’Intrépide. Dans les combats, il avait le coup d’œil juste et prenait des résolutions promptes et habiles. Il inspirait beaucoup d’ardeur et d’assurance aux soldats » (Mémoires de Victoire de Donissan, marquise de Lescure puis de La Rochejaquelein).

pattes de chatTolbiac.

Blason_Famille_La_Rochejaquelein.svg

Du Vergier de La Rochejaquelein :
de sinople à la croix d’argent cantonnée de quatre coquilles du même
et chargée d’une coquille de gueules en abîme
.

2023-17. «La France ne doit pas seulement retrouver sa puissance ; elle doit, plus encore, retrouver son âme.»

21 janvier 2023,
230ème anniversaire de l’assassinant de SMTC le Roi Louis XVI.

   A l’occasion du deux-cent-trentième anniversaire de l’exécution de Sa Majesté le Roi Louis XVI, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX a publié en début d’après-midi sur les réseaux sociaux le texte des vœux aux Français qu’il fait paraître en même temps dans « Le Figaro » de ce même jour.
Notre Roi légitime y dresse un bilan de l’état de la France, et rappelle combien les exemples de la royauté française traditionnelle peuvent nous servir de guide en ces temps d’épreuve.
Nous nous permettons de mettre en caractères gras quelques passages particulièrement importants.

Cénotaphe Louis XVI & Marie-Antoinette - basilique Saint-Denys - détail

Détail du cénotaphe de LL.MM. le Roi Louis XVI et la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine
Basilique nécropole royale de Saint-Denys

Armes de France pour le deuil

   Janvier, temps de vœux ! Et pour moi, chef de la Maison de Bourbon, successeur des Rois de France, temps d’une réflexion sur le fait politique, réflexion toujours renouvelée en souvenir de la mort du Roi Louis XVI il y a 230 ans, qui continue à donner lieu à de nombreuses cérémonies. Elles ne sont plus seulement expiatoires mais, ce premier procès politique incite à réfléchir à la finalité du pouvoir, son lien avec la société qui, s’il est perdu, rompt le pacte de confiance entre le peuple et ses institutions et donc brise ce qui fait la raison même de l’État.

   En 2022, la France a connu des situations que nous pensions ne plus jamais avoir à vivre, à l’époque contemporaine.
Notre pays a été soumis à des pénuries dans des domaines aussi vitaux que certains produits alimentaires ou certains médicaments ; son horizon s’ouvre sur des perspectives de restrictions en matière d’énergie. A ces maux s’ajoutent l’insécurité grandissante et la hausse du coût de la vie.
De tels fléaux ne fragilisent pas seulement les familles : ils révèlent la dissolution de notre souveraineté. Cet état de fait découle de décisions prises depuis des décennies, sans considération ni du bien public, ni du réel.
Le mirage de la consommation effrénée reposant sur une mondialisation non maîtrisée, ajouté au relativisme et au reniement des valeurs les plus élémentaires, se révèle peu à peu au grand jour, dans sa triste réalité. Malgré les cris d’alarme autant que de détresse que l’autisme politique n’a pas voulu entendre, la situation d’un nombre croissant de nos concitoyens s’est détériorée.

Les pauvres sont encore plus pauvres et toujours plus nombreux, puisque la pauvreté touche désormais les anciennes classes intermédiaires et les retraités ; certaines provinces sont de véritables déserts sociaux, économiques, sanitaires, et bien sûr culturels. La crise s’est étendue et frappe toute la société matériellement et spirituellement. Déjà, nous voyons s’annoncer des lois inhumaines qui mettront en péril l’existence même des plus âgés et des malades.
Alimentée par la démagogie ou le souci de plaire à quelques groupes de pression, une telle politique trahit sa mission la plus haute. Exactement le contraire de ce qu’avait voulu montrer par son sacrifice, le Roi Louis XVI qui, dans son testament demande à Dieu de pardonner ses ennemis.

   A bien des égards, notre société est à reconstruire.
L’exemple de ce que fut la royauté française et ses réussites peut servir de guide à tous les Français de bonne volonté qui voudront s’atteler à cette tâche immense. L’histoire nous montre que ces sursauts sont possibles quand l’espérance en une destinée commune reprend le dessus. Ce fut le cas après la guerre de Cent Ans, ce le fut après les guerres de religion ; ce le fut lors de la Restauration, après les errements tragiques de la Révolution et de ses suites. Soucieux de son avenir voulu et non subi, le peuple de France a toujours su retrouver son énergie, son esprit d’initiative et sa volonté.

   Or, au-delà du marasme et des crises, je constate que de nouvelles initiatives, courageuses et positives, font jour dans de nombreux domaines.
De tels sursauts suffisent à nous redonner espoir. Il est de mon devoir de les soutenir et de les encourager, partout où cela est possible.
Ce renouveau se manifeste en particulier dans le domaine de l’éducation, si gravement touché par des réformes absurdes inspirées d’idéologies destructrices. A l’heure actuelle, des écoles cherchent à retrouver le véritable sens des études, à transmettre les valeurs essentielles de la culture, si nécessaires à l’épanouissement des jeunes. Le mouvement, qui avait commencé par les petites classes, atteint désormais l’enseignement supérieur.
Un mouvement similaire s’observe parmi ceux que l’on nomme les nouveaux agriculteurs. Ces hommes et ces femmes ont le courage de placer leur si belle mission – nourrir leurs concitoyens – avant les objectifs que la technocratie cherche à leur imposer.

   Je tiens aussi tout particulièrement à souligner la contribution au bien commun des entreprises locales, qui luttent pour développer, partout en France, l’activité économique et l’emploi. C’est en général par leur souci d’authenticité, leur fidélité aux traditions des provinces où elles sont implantées que se distinguent ces entreprises plaçant l’éthique avant le seul profit financier. On ne saurait trop encourager les entrepreneurs qui acceptent les risques inhérents à une telle aventure. Leur énergie et leur enthousiasme contribuent à faire vivre notre pays.
Il n’est pas moins réconfortant d’observer qu’en matière de santé, de nouveaux établissements – tant de soin que de recherche – accomplissent un travail admirable. Là encore, les initiatives personnelles et le dévouement viennent remédier à l’incurie des pouvoirs publics et assurent un service essentiel, y compris dans des zones souvent délaissées par l’État. L’extraordinaire abnégation des soignants, la haute idée qui les guide dans l’accomplissement de leur tâche, contribuent à rendre notre société plus humaine.

   Les Français savent renouer avec les vertus de leur histoire pour eux-mêmes et le monde. La France ne doit pas seulement retrouver sa puissance ; elle doit, plus encore, retrouver son âme.
En cela, elle se montrera fidèle au programme millénaire de la monarchie tout en étant un exemple pour les autres nations.

   Chacun d’entre nous, quelle que soit la place que la providence lui a assignée, doit contribuer pour sa part à ce sursaut. Autant que possible, notre engagement pour le bien commun doit se manifester en toutes circonstances, dans nos vies professionnelles aussi bien que familiales.
La société ne se réformera que si nous savons prendre nos responsabilités, ce qui signifie pour les Français être fidèles aux promesses de leur histoire. Tels sont les vœux que je forme pour la France à l’aube de cette année nouvelle.

Louis de Bourbon, duc d’Anjou.

Nota bene : A quelques phrases près, Sa Majesté a repris ce texte le dimanche 22 janvier,
à l’adresse des personnes qui étaient présentes au déjeuner qui a suivi la Messe célébrée à la Chapelle Expiatoire, cf. > ici.

Louis XX

2023-16. Préparation spirituelle aux célébrations anniversaires du martyre de Sa Majesté le Roi Louis XVI.

20 janvier 2023,
Fête des Saints Fabien, pape, et Sébastien, martyrs.

       Cette journée du 20 janvier est particulièrement propice à une préparation spirituelle au terrible anniversaire que tout vrai bon Français commémore avec émotion et ferveur chaque 21 janvier : celui de l’exécution, de l’assassinat, du martyre de Sa Majesté le Roi Louis XVI.
Ce modeste blogue a déjà beaucoup publié à l’occasion du retour annuel des commémorations de ce régicide, au point qu’il devient difficile de retrouver ces textes. C’est pourquoi, nous vous proposons ci-dessous une liste de liens vers une partie des articles qui se trouvent déjà dans ces pages, et qui peuvent déjà, comme en une sorte de vigile, aider à entrer dans l’esprit des célébrations de demain.

Louis XVI consacrant la France au Sacré-Coeur - église de Saint-Vran

Louis XVI consacrant la France au Sacré-Cœur
(détail d’un vitrail de l’église de Saint-Vran, diocèse de Saint-Brieuc)

frise lys

A – Textes de Sa Majesté le Roi Louis XVI

- « Maximes écrites de la main de Louis XVI » (pendant sa formation ou les premières années de son règne) > ici
- Le Vœu de Louis XVI au Sacré-Cœur de Jésus (1792> ici
- Précisions supplémentaires au sujet du Vœu de Louis XVI au Sacré-Cœur > ici
- Testament de Sa Majesté le Roi Louis XVI (25 décembre 1792) > ici

B – Complainte : « O mon peuple, que vous ai-je donc fait ? » :

- Cette complainte fut composée, selon toute vraisemblance, en 1792, sans doute après la violation des Tuileries et l’emprisonnement de la Famille Royale au Temple, et elle se répandit parmi les Français fidèles. Elle reprend la forme des Impropères du Vendredi Saint > ici

C – Les dernières heures du Roy-martyr :

- Récit circonstancié des dernières heures de Sa Majesté (20 et 21 janvier 1793) > ici

D – Pourquoi Louis XVI est véritablement un martyr au sens religieux exact de ce mot :

- Sermon de Saint Augustin sur ce qui constitue le martyre > ici
- Paroles de Sa Sainteté le Pape Pie VI sur la mort de Louis XVI (11 juin 1793) > ici

E – Textes de réflexion et d’approfondissement :

- Réflexions pour bien comprendre ce que fut en réalité l’assassinat de S.M. le Roi Louis XVI > ici
- Pourquoi continuer à faire célébrer des Messes de Requiem pour le Roi-martyr alors que nous avons la conviction qu’il est au ciel ? > ici

F – La Sainte Icône de la Famille Royale et la prière pour obtenir des grâces par l’intercession de nos Princes martyrs :

- Cette icône, écrite selon le strict canon iconographique des Eglises d’Orient a été écrite par une artiste russe en 2016, et se trouve vénérée dans l’oratoire de notre Mesnil-Marie : on peut en obtenir des reproductions au format A4 (pour encadrer et exposer) ou au format carte postale. Au verso figure une prière pour demander des grâces par l’intercession de nos Princes martyrs. Voir > ici 

Louis XVI enlevé à l'affection des siens

Louis XVI enlevé à l’affection des siens
(gravure réalisé lorsque le Roi fut isolé pour son procès)

2023-14. Rétrospectives des publications de ce blogue relatives à Gustave Thibon : 2008-2023.

19 janvier 2023,
22ème anniversaire du rappel à Dieu de Gustave Thibon.

   Depuis la création de ce blogue, à l’automne 2007, nous avons souvent et abondamment cité Gustave Thibon. Il nous a paru au moins utile, sinon nécessaire, de rassembler en une seule page les liens vers tous les articles où nous avons parlé de lui ou bien où nous l’avons cité.

Gustave Thibon lisant

A – Publications biographiques, bibliographiques & souvenirs personnels :

- Résumé biographique > ici
- Parution du livre « Les hommes de l’éternel » (2012) > ici
- Parution du livre « La leçon du silence » (2014) > ici
- Parution du livre « Au secours des évidences » (2022) > ici
- De la discussion la lumière ??? [souvenir d’entretien privé - 1979] > ici
- Le témoignage de Gustave Thibon concernant Simone Weil > ici

B – Textes de Gustave Thibon :

- Analyses spirituelles :

- « Libertés » [extrait de « Diagnostics » – 1940] > ici
- « Dépendance et liberté »
[extrait de « Retour au réel » – 1943] > ici
- « Eloignement et connaissance »
 [extrait de "Retour au réel" - 1943] > ici 
- « Le message de N.D. de La Salette au monde paysan » [publication pour le centenaire de l'apparition - 1946] > ici
- Christianisme et liberté 1ère partie [article de 1952] > ici
- Christianisme et liberté 2ème et 3ème parties [article de 1952> ici
- Christianisme et liberté 4ème et 5ème parties [article de 1952] > ici
- Christianisme et liberté 6ème partie [article de 1952] > ici
- Christianisme et liberté 7ème partie [article de 1952> ici
- L’un et l’unique [in « Notre regard qui manque à la lumière » – 1955] > ici
- L’intemporalité [extrait d’une conférence de 1973] > ici
- Adaptation au monde moderne ? [extrait d’une conférence de 1973ici
- Saint Jean de la Croix [extrait d’une conférence] > ici

- Analyses politiques :

- La révolution une maladie infectieuse [extrait de « Diagnostics » – 1940] > ici
- La révolution essaimage du vice [extrait de « Diagnostics » – 1940] > ici
- La corruption des dirigeants suscite la haine des peuples [extrait de « Diagnostics » – 1940> ici
- La destruction révolutionnaire nie les besoins éternels de l’homme   > ici
- « Ce que je hais dans la démocratie… » [citations d’une conférence de 1971] > ici
- Une cinglante critique de la pseudo démocratie républicaine [in « Entretiens avec Christian Chabanis » – 1975] > ici
- L’essence de la révolution française est d’ordre métaphysique [préface pour un livre du Rd Père Salem-Carrière – 1989] > ici
- « Quel avenir pour l’occident ? »
[cité dans « La leçon du silence » – 2014] > ici

- Poésie :

- « Deus omnium » [in « Offrande du Soir » - 1946] > ici

- Religion :

- « Dieu aura le dernier mot, mais… » [extrait de « L’équilibre et l’harmonie » – 1976] > ici

- Royauté :
Voir ci-dessous dans les entretiens et ci-dessus dans les analyses politiques…

- Sport :

- « Le sport dans la société moderne » [extrait de « L’équilibre et l’harmonie » – 1976] > ici

C – Entretiens avec Gustave Thibon (ou extraits d’entretiens) :

-  Gustave Thibon interrogé sur sa foi [entretien à un hebdomadaire – 1962] > ici
- Eglise et politique [in « Entretiens avec Christian Chabanis » – 1975] > ici
- Réponses de Gustave Thibon aux questions de journalistes, en 1993 > ici
- A propos de ses racines paysannes [
retranscription d’un entretien radiophonique de 1993] > ici
- La monarchie se définit d’abord par sa référence au transcendant [extrait d’un entretien avec Philippe Barthelet] > ici

D – Chroniques du Mesnil-Marie contenant des citations de Gustave Thibon :

- A propos de l’inversion des valeurs dans le monde et dans l’Eglise > ici
- Dans un article d’octobre 2012 > ici
- Dans un florilège de citations en juillet 2013 > ici
- Dans des commentaires d’actualité en août 2013 > ici
- Dans une chronique d’octobre 2013 > ici
- Dans une chronique de la fin novembre 2013 > ici
- Dans un florilège de réflexions et citations de la fin février 2014 > ici
- Dans une chronique de juillet 2014 > ici
- Dans une chronique et un florilège de réflexions de la fin août 2014 > ici
- Dans un ensemble de réflexions incorrectes du début janvier 2016 > ici
- Dans un ensemble de commentaires d’actualité toujours très incorrectes en mars 2017 > ici

Gustave Thibon - une vue du mas de Libian

Une vue du Mas de Libian : propriété ancestrale de la famille Thibon

2023-13. Nous avons lu et nous avons aimé : Gustave Thibon « Au secours des évidences ».

19 janvier 2023,
22ème anniversaire du rappel à Dieu de Gustave Thibon.

Gustave Thibon

Gustave Thibon (1903-2001)

   Dire que Gustave Thibon est inépuisable est au moins une litote. 

   Il est inépuisable parce que ses lecteurs n’en finissent jamais de revenir à ses ouvrages pour les relire, les méditer, les relire encore et les méditer toujours plus profondément ; il est inépuisable parce que ceux qui l’ont lu continuent de se nourrir de sa pensée, de ses réflexions, de ses interrogations et de la fulgurance des éclairs de son esprit bien au-delà de la lecture à strictement parler, puisque Thibon va ensuite alimenter, soutenir et leur permettre de développer leur propre réflexion et servir de propulsion à leur cheminement spirituel ; il est inépuisable encore parce qu’il a laissé des milliers de pages inédites et que des personnes de confiance, des années après sa mort, continuent de trier, classer et enfin publier ces pépites d’intelligence et de foi ; il est inépuisable toujours parce qu’en sus des volumes qu’il a publiés lui-même, il a également rédigé des centaines d’articles pour des revues, des recueils d’études, des journaux… etc. Peu à peu, ceux-ci sont retrouvés et publiés à nouveau, comme c’est le cas avec « Au secours des évidences ».
C’est en effet de cette manière qu’au mois de janvier 2022 est paru, chez Mame, grâce au travail de Françoise Chauvin, un nouveau volume venant allonger la bibliographie du « paysan philosophe » de Saint-Marcel d’Ardèche. Il s’agit, si je ne me trompe pas, du sixième volume posthume de celui auquel, personnellement, je dois tant, et cela a été pour moi un énième enchantement et bonheur spirituel.

   Comme à chaque fois, les phrases du « cher Gustave » - ainsi que nous l’appelions entre nous de son vivant – ne se lisent pas : elles se goûtent et se savourent, de la même manière qu’un œnologue déguste un très grand cru.

   A consommer sans aucune modération et sans aucun risque de tomber dans les travers de l’intempérance !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur       

Gustave Thibon au secours des évidences

Quatrième de couverture :

   « Les mots les plus simples suffisent à délivrer la vérité que tout homme porte en lui… Le philosophe devrait toujours garder les yeux fixés sur Socrate, fils de la sage-femme et accoucheur des esprits – de tous les esprits, y compris celui de l’esclave du Ménon », nous dit Gustave Thibon.
Dans ces pages, écrites à l’intention du grand public, une intelligence souveraine circule incognito, qui peut éclairer tout le monde sans éblouir personne. On la reconnaîtra pourtant à certains indices, en particulier celui-ci : Gustave Thibon ne se retranche jamais dans un parti pris, pas plus qu’il ne se laisse aller à la moindre concession. Unir tant de souplesse à tant de fermeté n’appartient qu’aux grads esprits, dont la marque infaillible est d’être parfaitement libres.

Citation :

   « Tout ce qu’on peut demander à l’Etat, c’est de ne pas prétendre faire notre bonheur à notre place. C’est-à-dire de se cantonner à sa tâche essentielle qui consiste à nous assurer la paix, la sécurité, la justice, tout en nous laissant la plus grande liberté possible de penser, d’aimer et d’entreprendre. Et pour cela, à l’inverse du courant centralisateur et bureaucratique qui submerge les nations modernes, il doit restreindre ses attributions au lieu de les étendre comme il le fait aujourd’hui. Le vampire a beau se déguiser en donneur de sang : par la force des choses, il retient à son profit la plus grande partie du liquide vital qu’il prélève… »

Gustave Thibon, in « Au secours des évidences », p.259.

2022-139. Du bienheureux trépas de Saint François de Sales.

28 décembre,
Fête des Saints Innocents (cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de Saint François de Sales (cf. > ici).

Apothéose de Saint François de Sales

28 décembre 1622
à Lyon
Saint François de Sales rend son âme à Dieu

       1622 : Sa Grandeur Monseigneur François-Bonaventure de Sales, Prince-évêque de Genève, en exil à Annecy, bien qu’il ne soit âgé que de 55 ans, est un homme fatigué, usé. Depuis longtemps, il « souffre de douleurs d’estomac, de fièvres et autres incommodités ». De plus, ces derniers temps ses douleurs aux jambes se sont accentuées, des plaies s’y sont ouvertes, si bien que les déplacements à cheval, surtout en ces pays de montagne aux sentiers accidentés, sont devenus dangereux. Cependant, selon le témoignage de ses familiers, « il gardait toujours son visage serein et ne se plaignait aucunement ».
Au printemps, il a dû, mandaté par Sa Sainteté le Pape Grégoire XV, présider le chapitre général des Feuillants (Ordre de Citeaux réformé) à Pignerol, puis séjourner quelque temps à Turin, où réside la cour du Duc-souverain de Savoie. De retour à Annecy, les chaleurs de l’été n’ont pas permis de soulagement à son état, d’autant que Monseigneur ne se ménage en rien…

   Et voilà qu’à la fin du mois d’octobre, Monseigneur de Sales reçoit de Son Altesse le Duc Charles-Emmanuel 1er « commandement exprès » d’accompagner son fils, le Cardinal Maurice de Savoie, en Avignon. En effet, après la signature du traité de paix de Montpellier (18 octobre 1622) avec le Duc de Rohan, chef des protestants du Midi, Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XIII a décidé de remonter à Paris par la vallée du Rhône.
Afin de renforcer les liens d’amitié entre le Duché souverain de Savoie et le Royaume de France, une rencontre a donc été programmée en terre pontificale, où seront réunis les Souverains de ces deux puissants Etats catholiques, puisque le Duc de Savoie lui-même viendra aussi rencontrer Sa Majesté le Roi Louis XIII. N’oublions d’ailleurs pas que la propre sœur de Louis XIII, Chrestienne [Christine] de France (1606-1663), a épousé en 1619 le Prince de Piémont, futur Duc souverain Victor-Amédée 1er.

   A cette nouvelle, il se fait grand émoi autour de François ! Tout le monde le supplie d’informer Son Altesse « du misérable état dans lequel il se trouve ». Mais lui répond sereinement : « Que voulez-vous, il faut aller où Dieu nous appelle ».
Il ne cache toutefois pas son pressentiment de la mort. Devant son frère Jean-François, qui est son coadjuteur, son cousin Louis et quelques amis rassemblés il annonce paisiblement : « L’heure du départ approche… Il sera suivi d’un autre et j’ai désiré faire mon testament ». Il leur en fait lecture dans l’émotion générale. Le lendemain, il se confesse et l’après-midi confère avec son successeur de toutes choses encore nécessaires. A la fin, il s’écrie joyeusement : « Ah, vraiment ! Il me semble par la grâce de Dieu que je ne tiens plus à la terre que du bout du pied seulement, car l’autre est déjà levé en l’air pour partir ! » Puis viennent les adieux à son cher clergé d’Annecy, au chapitre de la Cathédrale.
Il fait aussi appeler la petite fille du boulanger de l’évêché : « Adieu, ma fille, nous ne nous reverrons qu’au Paradis ». Elle mourra bientôt en effet.
Au matin du 8 novembre, il se rend à « la sainte Source » (c’est ainsi qu’on nomme le premier monastère de la Visitation à Annecy), où après avoir célébré la Sainte Messe, il fait ses adieux à ses filles : « Mes chères filles, que votre seul désir soit Dieu ; votre crainte, de Le perdre ; votre ambition, de Le posséder à jamais ». Puis, très vite : « Adieu, adieu, mes filles, jusqu’à l’éternité !»

Saint François de Sales en prière

   Le 9 novembre au matin, une foule s’est groupée autour des chevaux. Il y a aussi les pauvres d’Annecy, touchés par la misère. François donne ordre de distribuer généreusement des boisseaux de grains ; puis la petite troupe se met en marche et gagne le Rhône qu’il va falloir descendre. Il neige : « Il monte alors dans une nacelle et, en une bise très violente, se met à la merci du Rhône presque tout gelé par l’extrême rigueur du froid ». Il débarque pour aller souper et coucher à Belley.
Le jeudi 10 novembre, il atteint Lyon. La Révérende Mère de Chantal, qu’il n’a pas vue depuis trois ans, l’y attend : elle désire si ardemment s’entretenir avec lui, non seulement des affaires de l’Ordre, mais aussi de son âme. Cependant, on presse Monseigneur de reprendre le bateau, et lui donne mission à la fondatrice d’aller visiter deux monastères.
Le 11, il est à Vienne, puis ce sera Valence où un monastère de la Visitation vient d’être fondé. Ici, les biographes notent l’histoire de la bienfaitrice grâce à laquelle le monastère a été fondé : c’est une dame de 84 ans que la supérieure hésite à accepter, ce qui lui vaut cette réponse de Monseigneur : « La Visitation est fondée pour les jeunes, pour les vieilles, pour les saines, pour les maladives et les infirmes ». Et il promet qu’à son retour il donnera lui même le voile à la dame.
Le 14, à Bourg-Saint-Andéol, il est reçu « comme un saint tombé du ciel » : les consuls, le clergé, la foule en liesse l’arrachent presque à sa suite pour le conduire à l’église où est chanté un solennel Te Deum.
Enfin le 15, le peuple d’Avignon, enthousiaste, le reçoit avec la même exultation. Maisons, fenêtres et rues sont pavoisées, les oriflammes flottent et les tapisseries pendent. Surpris, dérouté, François de Sales voudrait échapper aux acclamations et tente de se dissimuler dans une boutique. En vain.
Il loge dans une modeste auberge, et aussitôt installé dans sa petite chambre il se met au travail.

Le lendemain, 16 novembre, les trompettes annoncent l’arrivée du Roi de France et du Duc de Savoie dans la Cité des Papes. Tout le monde se précipite aux fenêtres pour voir passer les somptueux cortèges des souverains et de leurs suites, mais François refuse : « Je vous laisse la place…Pour moi, je ne suis plus du monde, je m’en vais à mon Père qui est aux Cieux. Il faut que je travaille à son œuvre, pour lui rendre bon compte ».
Les fêtes succèdent aux cérémonies. François n’y assiste que lorsqu’il y est obligé. Il s’entretient de certains intérêts savoisiens, visite les Jésuites, célèbre la Sainte Messe en public et prêche.
Lui qui a toujours eu une très grande dévotion pour les deux sœurs, hôtesses de Notre-Seigneur à Béthanie, voudrait se rendre en pèlerinage à la Sainte Baume, mais le Prince-cardinal Maurice de Savoie ne veut pas qu’il s’absente : 
« Monseigneur, votre cœur est à la Sainte Baume, où vous êtes toujours solitaire !» Et il lui propose plutôt d’aller à Tarascon, rendre visite à Sainte Marthe : pèlerinage qu’il accomplit le 22 novembre.

   Enfin, le 25, tous s’embarquent pour remonter le Rhône jusqu’à Lyon où le Roi doit arriver le 29 novembre. Les deux Reines, Marie de Médicis et Anne d’Autriche les y attendent. Encore une fois ce sont les inconforts du voyage : une nuit, l’auberge où ils font étape n’a pour leur permettre de se reposer qu’un grenier garni de paille, pourtant Monseigneur, au matin, se montre jovial : « Je n’ai jamais si bien dormi !»
A Valence, il tient promesse et remet le voile à la postulante de 84 ans qui lui demande si elle ne peut pas en même temps faire sa profession. Il lui répond doucement qu’elle la fera au bout de son année de noviciat, conformément à la Règle à laquelle il ne faut point déroger sans raison. Cette religieuse, non seulement fera sa profession à la fin de son noviciat, mais servira Notre-Seigneur pendant plus de vingt années, mourant plus que centenaire !

Saint François de Sales remettant les Constitutions aux premières Visitandines

   A Lyon, refusant toutes propositions de logement, François va demander asile à ses filles de la Visitation Sainte-Marie de Bellecour, insistant pour s’installer dans la cahute du jardinier : « Je ne suis jamais mieux que quand je ne suis guère bien !» Il y sera plus libre, dit-il, pour accueillir sans déranger ceux qui viendraient le visiter, tout en restant proche de la Visitation, « comme un père avec ses filles ».
De fait, ce sera alors un flot continu de personnes sollicitant ses avis, ses conseils, sa direction dans cette chambrette sans confort. A celà s’ajoutent évidemment les cérémonies officielles et les prédications. Tout le monde veut le voir, tout le monde veut l’entendre : « Mon Dieu, que bienheureux sont ceux qui, dégagés des Cours et des compliments qui y règnent, vivent paisiblement dans la sainte solitude au pied du crucifix !»

   On ne peut tout détailler dans le cadre d’un article de blogue : ceux qui veulent connaître tous les détails de ces journées de Monsieur de Genève à Lyon en ce mois de décembre 1622 les trouveront aisément dans le remarquable ouvrage de Monseigneur Francis Trochu.
L’entrée solennelle de Louis XIII a lieu le 8 décembre, mais François n’y assiste pas : il préfère passer cette journée, mariale entre toutes, dans la cité qui honore depuis déjà des siècles la Conception immaculée de la Mère de Dieu, auprès de ses filles. En outre, la Révérende Mère de Chantal vient d’arriver ! Ce sera la dernière rencontre du Fondateur de la Visitation Sainte-Marie avec celle qui en est la Pierre fondamentale.
Ardente comme toujours, Mère Jeanne-Françoise désire « revoir toute son âme avec lui », moment qu’elle attend depuis trois ans ! De plus, elle a également des questions importantes à soumettre pour le bien de l’Ordre. Mais il faut compter avec le très grand nombre des ecclésiastiques, des princes, princesses, grands Seigneurs et grandes dames, rassemblés pour l’occasion, qui veulent s’entretenir avec Monseigneur… Attendant cette rencontre depuis trois longues années, voilà qu’« il n’a pas un quart d’heure à lui » pour rencontrer Mère de Chantal. Le 12 décembre pourtant, il vient au parloir : « Nous aurons quelques heures libres. Qui commencera de nous deux à dire ce qu’il a à dire ? » - « Moi, s’il vous plait, mon Père, mon cœur a grand besoin d’être revu de vous ». Suave mais grave, il la reprend : « Eh quoi ! Ma Mère, avez-vous encore des désirs empressés et du choix ? Je vous croyais trouver toute angélique ! » Il se moque gentiment mais en fait, il sait qu’elle n’a plus besoin de son enseignement : « Ma Mère, nous parlerons de nous-même à Annecy ; maintenant achevons les affaires de notre congrégation… » Elle obéit aussitôt. Puis, après quatre heures de travail sur des sujets d’importance pour l’Ordre, il lui demande de rentrer à Annecy en passant par Grenoble, Valence, Chambéry, Belley… Une fois de plus, elle prend la route, et le chemin du saint abandon à la divine Providence.

Mort de Saint François de Sales - vitrail de l'église Saint-François de Sales Paris 17e

   La santé de l’évêque aurait besoin de ménagement et de beaucoup de repos, mais la volonté des Princes lui impose de rester davantage à Lyon. Sa chambrette et le parloir de la Visitation continuent à être un vrai « carrefour spirituel ». Confessions, prédications, visites continuent jusqu’à la veille de Noël !
Le 24 décembre, le froid est très rigoureux et la ville est enveloppée d’un épais brouillard. Malgré cela, sur la demande de la Reine-mère, il monte à la Croix-Rousse pour bénir la première pierre de la nouvelle église des Récollets : la cérémonie dure près de trois heures, 
il prend froid et revient avec un fort mal de tête. Il célèbre la Sainte Messe de Minuit chez ses « chère filles » de la Visitation. La Supérieure, Mère de Blonay, a remarqué le visage rayonnant de Monseigneur au Gloria et lui demandera ce qui s’est passé : « Que voulez-vous ! Quand l’ouïe du cœur est un peu dure, il est besoin que les Anges me parlent à l’oreille du cœur… » Il prêche pontificalement après la Messe de la Nuit, puis se rend chez les Dominicains où il confesse les Princes de Piémont, célèbre la Messe de l’Aurore et les communie.
De retour à la Visitation, il doit attendre jusqu’à midi pour célébrer la troisième Messe, celle du Saint Jour de Noël, car il a voulu attendre que l’aumônier de la Visitation, ait célébré ses trois Messes.
Après un très léger repas, il doit, entre autres, remettre l’habit à deux postulantes (et prêcher encore), puis aller faire ses adieux à la Reine-mère qui s’en va le lendemain et cela le mènera jusque tard dans la nuit !
Le lendemain, fête de Saint Etienne, il fait à ses filles le dernier entretien spirituel de sa vie : « Mes chères filles, il faut s’en aller, j’arrive à ma fin…» Après de nombreuses questions et réponses, il donne des enseignements admirables sur le saint abandon : « La vertu et l’amour de Dieu exceptés, la perfection consiste à ne rien demander et à ne rien refuser, mais se tenir prêt à faire l’obéissance ». A la fin, Mère de Blonay insiste : « Qu’est-ce que vous désirez qu’il nous reste le plus engravé dans l’esprit ?» - « Je vous l’ai déjà tant dit ! Ne demandez rien, ne refusez rien ».
Lors d’une visite au noviciat, Mère de Blonay lui demande d’écrire une pensée « pour nous avancer en la vertu ». Il prend la feuille de papier qu’elle lui tend et écrit, en haut : Humilité, puis au milieu et en bas, le même et unique mot : Humilité.
Puis en sortant du parloir de la Visitation, dans la cour, il rencontre les gouverneurs de Bourgogne et de Lyon et doit rester nue tête dans un froid glacial. Lorsqu’il pourra partir prendre congé du Prince de Piémont, il était frigorifié : « Je sens ma vue diminuer, il s’en faut aller et bénir Dieu ».

Annecy - gisant de cire de Saint François de Sales

   Le jour de Saint Jean l’Evangéliste, il se confesse et dit sa Messe « avec une dévotion extraordinaire ».
Puis il est encore accablé de visites. Il écrit deux lettres, les dernières. A 14 h, « s’étant soulevé de son siège, il est soudainement saisi de l’apoplexie dont il meurt le lendemain ». « Il fait sa profession de foi et s’offre en holocauste, consacre sa mémoire au Père, son entendement au Fils, sa volonté au Saint Esprit, son corps, sa langue et ses souffrances à la sainte humanité de Jésus Christ ». Il réclame l’extrême-onction qu’il recevra à minuit.

   Le 28 décembre, ce ne furent pourtant encore que visites. Après l’avoir saigné le matin, sur les cinq heures du soir, « les médecins jugèrent et résolurent de se servir de moyens extrêmes ». Des « moyens » vraiment extrêmes ! Cataplasmes sur le front : en les lui ôtant, on lui arrache la peau. Après lui avoir demandé son accord, les chirurgiens plongent trois fois les « bottons ardents » (tiges de fer rougies au feu) dans la nuque « d’où il sortit une grosse fumée ». On l’entendait gémir doucement « jetant toutefois forces larmes et ne proférant autre chose que les sacrés noms de Jésus et de Marie ». Un vrai martyre ! Le malade s’affaiblit de plus en plus, on le remet au lit. Il dit alors ces dernières paroles : « Le jour baisse, il se fait tard… Jésus, Maria !»
Son agonie dure deux heures. Il fait signe qu’il entend et comprend. Comme il l’avait demandé, on lui répète souvent ce verset : « Mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant ».
« Son âme, dit un témoin, était tellement avant aux doux ravissements de l’Eternité, qu’elle lui faisait tressaillir le cœur et le corps ensemble, bondissant de joie par l’espérance qu’ils avaient de se réunir en la résurrection générale, pour louer éternellement le Dieu vivant ».
On récitait les prières des agonisants à son chevet, avec les litanies des Saints, et c’est au moment même où on invoquait les Saints Innocents que Monseigneur François de Sales rendit son dernier soupir, ce jour des Saints Innocents, vers huit heures du soir, comme un dernier signe de la pureté de sa vie et de l’innocence de ses mœurs.
Il avait exactement 55 ans, quatre mois et sept jours, et avait dirigé son évêché de Genève pendant 20 ans et 20 jours.

Lyon - rue Saint François de Sales - plaque commémorative du lieu de la mort du saint

Plaque commémorative posée à l’angle de la rue Sainte-Hélène et de la rue Saint-François de Sales, à Lyon,
où se trouvait la « cahutte » du jardinier dans laquelle Saint François de Sales rendit son âme à Dieu

Lire aussi :
Béatification et canonisation de Saint François de Sales > ici

Armoiries de Saint François de Sales

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