Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2023-105. Retranscription de l’allocution de Sa Majesté au Mont des Alouettes le 2 septembre 2023.

Samedi 9 septembre 2023,
En certains lieux : fête de Notre-Dame de Miséricorde de Pellevoisin (cf. > ici).

       En l’absence de publication écrite officielle du texte complet de l’allocution prononcée par Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, le samedi 2 septembre dernier à l’occasion du rassemblement organisé au Mont des Alouettes (cf. > ici), nous en publions ci-dessous une retranscription réalisée par l’une de nos amies – que nous remercions chaleureusement -, à partir de l’enregistrement et de la vidéo qui ont déjà été publiés sur plusieurs médias (voir le lien vers la vidéo en bas de cette page).
Nous ne pouvons garantir que le découpage du texte et sa ponctuation, tels que publiés ci-dessous, sont de manière absolue ceux qui se trouvent sur la feuille lue par Sa Majesté, mais du moins, la transcription est-elle rigoureusement fidèle à ce que notre Souverain légitime a dit.

Louis XX au Mont des Alouettes 2 septembre 2023

Très Révérend Père,
Chers abbés,
Monsieur le Vice-Président du Conseil Départemental,
Messieurs les Présidents des associations,
Chers amis,

   Quel plaisir et quelle émotion d’être aujourd’hui en Vendée !
Quelle émotion de constater votre présence en nombre et votre accueil si chaleureux et enthousiaste !
Quelle émotion d’être ici au Mont des Alouettes, parmi vous tous, accompagné de ma famille : quel symbole aussi d’être ainsi parmi vous !

   La Vendée occupe une place très forte dans l’histoire de France : elle est la région qui a défendu le plus ardemment la foi et le Roi à la fin du XVIIIe siècle, le payant au prix de milliers de victimes.
S’il y a eu, dès 1790, d’autres soulèvements, celui de la Vendée, à partir de mars 1793, demeurera pour toujours le plus important et le plus connu, et celui qui, par son ampleur, les résume tous.
Sur cette terre ont été défendus par tout un peuple, uni et soudé, les principes qui de tous temps ont fait la France, sa grandeur et sa gloire : la foi en Dieu et la fidélité au Roi, père naturel de toutes les familles.

   Saluons la Vendée, terre des valeurs défendues jusqu’au sacrifice !
Combien cela résonne encore de nos jours où notre société, trop souvent, semble manquer du nécessaire souci de se dépasser.
Notre pays a tant besoin du rappel des principes fondamentaux qui ont forgé la civilisation française.
Merci à toutes vos associations et groupements, réunis pour cette journée de fête, de contribuer à les rappeler.

   A l’occasion de la commémoration de la venue en 1823, en ces lieux, sur cette colline, de mon auguste parente la duchesse d’Angoulême, quelle belle et grande idée, d’avoir voulu célébrer ainsi en  quelque  sorte le jubilé de la Vendée.
Je m’y suis associé dès que le projet m’a été soumis.
Cela est pour moi l’occasion d’évoquer la mémoire d’un soulèvement, et plus encore, celle de ce que ce soulèvement représentait d’audace et de clairvoyance :
Audace, de prendre les armes quand rien ne vous y a préparé.
Clairvoyance vis-à-vis de la société nouvelle, dont les Vendéens ont rapidement compris qu’elle ne serait pas celle du bien commun mais celle des contraintes insupportables et inacceptables.

   Ainsi, en 1823, avec la Restauration et le retour de la famille royale, la Vendée pouvait véritablement renaître.
Il y a exactement 200 ans, le Roi Louis XVIII, mon aïeul, celui qui en 1795, dès l’annonce connue de la mort du Roi Louis XVII, avait assumé contre vents et marées la permanence de la Royauté française, demande à sa nièce, fille du Roi martyr, de venir en Vendée. Geste fort et hautement symbolique : Madame Royale, duchesse d’Angoulême, par sa personne, marque la continuité de la Dynastie en montrant son attachement à la chère province meurtrie.

   La princesse, ma grand’ tante, qui avait ressenti elle-même dans sa chair et son âme, toute l’horreur de la révolution, vient se recueillir sur le Mont des Alouettes, et pose la première pierre de la chapelle qui désormais la couronne. Il s’agissait à la fois de rendre hommage aux combattants de la grande épopée de l’Ouest, tout autant que de montrer les liens que la Famille Royale entendait tisser de manière solennelle avec la Vendée.
On peut imaginer aisément ce que cela représentait en 1823 : une génération après les événements, survivants et témoins étaient nombreux. Pas une famille n’avait été épargnée par la barbarie et le feu des bourreaux « bleus ». La présence royale montrait la hauteur du sacrifice consenti, du don absolu fait à Dieu et au Roi.

   Commémorer la venue de Madame Royale, et, encore plus, sa volonté de mettre à nouveau Dieu au cœur du pays meurtri avec l’érection de cette chapelle du souvenir, est donc un acte de mémoire essentiel pour notre pays.
Quand les morts peuvent reposer en paix et sont honorés, les vivants peuvent assumer leurs devoirs, et légitimement exercer leurs droits.
La Vendée l’a bien compris. Dès le sang séché, dès les derniers incendies éteints, dès les plaies pensées, elle s’est remise courageusement au travail, et a montré que si elle avait été la terre de grands exploits dans la guerre, elle pouvait l’être tout autant dans la paix.
La Vendée s’est relevée d’abord à travers ses paysans qui ont redonné vie à leur ferme ; puis avec les villes, où les artisans ont repris le travail. En quelques décennies, tout est reconstruit et la Vendée se trouve renouvelée, et continue à être l’une des régions les plus dynamiques de France. Elle est en tête en matière économique et en matière d’emplois ; en matière de tourisme, elle sait conjuguer la quantité pour son accueil et la qualité.
Je suis heureux de pouvoir le redire aujourd’hui en adressant mes félicitations à ceux qui contribuent à ces réussites.
Le sacrifice peut ainsi être rédempteur. L’épreuve peut être source de progrès, quand il s’agit de ne pas se conduire en assistés mais en responsables. Les vendéens ont manifesté cet esprit dans les cruelles années 1790, leurs descendants le font toujours.

   Mais je voudrais ajouter deux idées plus personnelles.

   La première concerne les commémorations et leur portée symbolique.
Commémorer, n’était pas courant au temps de la Royauté : le Te Deum marquant les victoires semblait suffisant. Une fois l’action passée, le Roi pensait à l’avenir.
C’est avec l’évocation de la Vendée, et plus largement celle de toutes les victimes de la révolution, à commencer par le Roi et sa famille, que des commémorations expiatoires ont été organisées. Les actions en effet étaient si sacrilèges, qu’il était nécessaire de s’en souvenir afin qu’elles ne se reproduisent plus.
Pour maintenir cette mémoire, les chapelles, comme celle-ci édifiée au Mont des Alouettes, ont été érigées. Elles doivent continuer à nous faire réfléchir au destin de notre société, qui, comme elle a pu paraître le faire à partir de 1789, ne doit pas renier les fondements sur lesquels elle repose : comme il y a deux siècles, ce sont ceux du Décalogue, ceux du Droit naturel, qui fixent d’heureuses bornes aux hommes qui auraient trop tendance à privilégier leur seul égoïsme. En ce sens, les commémorations comme celle-ci sont loin d’être passéistes : elles ont toute leur importance pour notre temps et le futur.
Je voulais le rappeler ici sous peine, qu’à défaut, de telles commémorations ne soient plus toujours bien comprises.

   Le second point personnel, que je veux évoquer, est un remerciement tout particulier à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée.
J’ai pu revoir cette terre meurtrie de l’Ouest, où j’étais venu déjà à plusieurs reprises, avec toujours autant d’émotion.

   La Vendée permet de comprendre la grandeur d’une région qui a su tout donner pour conserver ses valeurs.
Merci à vous tous de votre présence, et que l’esprit de la Vendée continue à animer les Français pour affronter les combats du futur.

   Merci.

Louis,
duc d’Anjou

 Le Mont des Alouettes, samedi 2 septembre 2023

Pour entendre le discours de Sa Majesté, faire un clic droit sur l’image ci-dessous
puis « ouvrir dans un nouvel onglet ».

Image de prévisualisation YouTube

2023-104. Méditation pour la fête de la Nativité de Notre-Dame : la vie cachée en Dieu avec Marie.

8 septembre,
Nativité de la Très Sainte Vierge Marie.

Jean Restout - Nativité de la Vierge 1744

Jean Restout (1692-1768) : la Nativité de la Vierge (1744)

Présence de Dieu :

       O Marie, ma Mère, apprenez-moi à vivre caché avec Vous à l’ombre de Dieu.

Méditation :

       1 – La liturgie célèbre avec enthousiasme la naissance de Marie et en fait une des fêtes les plus populaires de la dévotion mariale.
« Votre Nativité, ô Vierge Mère de Dieu, chante l’Office d’aujourd’hui, annonce la joie à toute la terre, car de vous est né le Soleil de justice, le Christ notre Dieu !» La naissance de Marie est le prélude de celle de Jésus, parce qu’elle est le point initial de la réalisation du grand mystère du Fils de Dieu fait homme pour le salut de l’humanité. Comment l’anniversaire de la Mère du Rédempteur pourrait-il passer inaperçu aux cœurs des rachetés ? La Mère annonce d’avance le Fils, elle dit que le Fils est sur le point de venir, que les promesses divines, faites depuis des siècles, vont se réaliser. La naissance de Marie est l’aurore de notre Rédemption ; son apparition projette une lumière nouvelle sur toute l’humanité : lumière d’innocence, de pureté, de grâce, anticipation resplendissante de la grande lumière qui inondera la terre à l’apparition du Christ, « Lux mundi ».
Marie, préservée du péché, en prévision des mérites du Christ, n’annonce pas seulement une Rédemption prochaine, mais elle en porte les prémices en elle-même, elle, la première rachetée de son divin Fils. Par elle, la toute pure et pleine de grâce, la Très Sainte Trinité jette enfin sur la terre un regard de complaisance, car elle y trouve, finalement, une créature dans laquelle Elle puisse refléter Sa beauté infinie.

   Aucune naissance, après celle de Jésus, ne fut aussi importante aux yeux de Dieu, aussi féconde pour le bien de l’humanité. Néanmoins, cette naissance demeure complètement dans l’ombre ; la Sainte Ecriture ne nous en dit rien, et lorsque nous cherchons la généalogie du Christ, dans l’Evangile, nous lisons seulement celle qui se rapporte à Joseph. Hors l’allusion à sa descendance de David, nous ne trouvons rien d’explicite concernant la généalogie de Marie. Les origines de la Vierge s’effacent dans le silence, de même que toute sa vie. La Nativité de Marie nous parle d’humilité : celui qui veut être le plus grand aux yeux de Dieu, doit se cacher davantage à ceux des créatures ; ce que nous ferons pour Dieu sera d’autant plus grand que nous l’effectuerons dans un silence et un effacement plus profonds.

Jean Restout - Nativité de la Vierge 1744 - détail

Jean Restout : Nativité de la Vierge (détail)

       2 – Dans l’Evangile, la figure de Marie disparaît presque entièrement derrière celle de son divin Fils ; les Evangélistes nous en disent à peine ce qu’il faut pour nous faire connaître la Mère du Rédempteur et, de fait, elle entre en scène seulement au début de l’histoire de l’Incarnation du Verbe. La vie de Marie se confond, se perd en celle de Jésus : elle a vécu vraiment cachée avec le Christ en Dieu. Notons qu’elle a vécu dans l’ombre non seulement pendant les années de l’enfance de Jésus, mais encore aux jours de sa maternité divine, ainsi qu’aux heures du triomphe de son Fils, et même lorsqu’une femme enthousiaste des miracles accomplis par Jésus, éleva la voix du milieu de la foule, disant « Heureux le sein qui Vous a porté ! Heureuses les mamelles qui Vous ont allaité ! » (Luc XI, 27). 

   La fête mariale, que nous célébrons aujourd’hui, nous sera donc une invitation à la vie cachée avec Marie dans le Christ, et avec le Christ en Dieu. Souvent, Dieu Se charge Lui-même, par les circonstances de notre vie ou par les dispositions des supérieurs, de nous faire vivre à l’ombre. Il faut Lui en être très reconnaissant et profiter de ces occasions pour avancer dans la pratique de l’humilité et de l’effacement. D’autres fois, au contraire, le Seigneur nous confie des charges, des emplois, des œuvres d’apostolat qui nous mettent un peu en évidence. Eh bien ! Tâchons, même en ces circonstances-là, de disparaître autant que possible. Il ne faut certes pas refuser le travail, mais arrangeons-nous pour nous éclipser dès que notre parole n’est plus strictement nécessaire pour la bonne réussite de l’œuvre qui nous a été confiée. Tout le reste : les louanges, les applaudissements, le récit des succès ou la justification des insuccès, ne doit pas nous intéresser ; nous devons avoir pour tactique de nous retirer de tout cela avec une sainte désinvolture.
Une âme de vie intérieure doit s’ingénier à se cacher autant que possible à l’ombre de Dieu, car si elle a pu réaliser un peu de bien, elle est convaincue que Dieu en a été l’auteur et elle cherche, dès lors, avec délicatesse et empressement, à ce que tout revienne uniquement à Sa gloire.

   La vie humble et cachée de Marie doit être le modèle de la nôtre et si, pour lui ressembler, il nous faut lutter contre les tendances toujours renaissantes de l’orgueil, recourons en toute confiance à son aide maternelle : Marie nous fera triompher de toute vaine gloire.

La Vierge protégeant un pauvre et un soldat - église de Montbrun-les-Bains attribué à Pierre Parrocel

La Vierge protégeant un pauvre et un soldat
attribué à Pierre Parrocel (1670-1739)
retable dans l’église de Montbrun-les-Bains

Colloque :

       « Dans la mer de ce monde, lorsque je me sens balloté par les orages, je tiens les yeux fixés sur vous, Marie, astre éclatant, pour ne pas être englouti par la tempête.
Si le vent des tentations se lève, si je heurte les écueils des tribulations, je lève les yeux vers vous et vous invoque, ô Marie. Si je suis secoué par les vagues de l’orgueil, par celles de l’ambition, de la médisance, de la jalousie, je vous regarde et vous invoque, ô Marie. Si la colère ou l’avarice ou les séductions de la chair agitent le frêle esquif de mon âme, je jette un regard vers vous, ô Marie. Si troublé par l’énormité de mes crimes, confus de la laideur de ma conscience, effrayé des sévérités du jugement, je me sens entraîné dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir, je lève encore le regard vers vous, vous invoquant toujours, ô Marie !
Dans les périls, dans les angoisses, dans les perplexités, je penserai toujours à vous et vous invoquerai, Marie ! Que votre nom, ô Vierge, soit constamment sur mes lèvres, qu’il ne quitte pas mon cœur ; et afin d’obtenir l’appui de vos prières, faites que je ne perde point de vue l’exemple de votre vie.
En vous suivant, ô Marie, je ne m’égare pas, en pensant à vous, je ne me trompe pas, si vous me soutenez, je ne tombe pas ; si vous me protégez, je ne crains rien, si vous me guidez, je ne me fatiguerai pas, si vous m’êtes favorable, j’atteindrai le but ! »
 (d’après Saint Bernard).

Monogramme Marie 2

2023-103. De saint Clodoald, ou Cloud, Fils de France, solitaire, prêtre et confesseur, dont on célèbre la fête le 7 septembre.

7 septembre,
Fête de Saint Clodoald, Fils de France, solitaire, prêtre et confesseur ;
Premier prince de la Maison de France à avoir été honoré d’un culte public par la Sainte Eglise.

Saint Clodoald, gravure du XIXe siècle inspirée d'une enluminure du XIVe siècle

Saint Clodoald, ou Cloud,
gravure du XIXème siècle inspirée par une miniature du XIVème siècle

       Nous reproduisons ci-dessous l’intégralité de la notice, rédigée d’après Saint Grégoire de Tours et Dom Mabillon, que Monseigneur Paul Guérin a publiée dans les Petits Bollandistes (tome X, pp.551-553).

       Saint Clodoald, vulgairement appelé saint Cloud, est le premier prince français que l’Église ait honoré d’un culte public. Il naquit en 522. Son père, Clodomir, roi d’Orléans, l’aîné des fils de sainte Clotilde, ayant défait en bataille rangée saint Sigismond, roi de Bourgogne, et l’ayant fait son prisonnier de guerre, avec sa femme et ses enfants, les fit tous cruellement mourir, sans que ni le respect de la dignité royale dont Sigismond était revêtu, ni la considération de la parenté (car il était son cousin issu de germain), ni les remontrances de saint Avit, abbé de Micy, qui fit son possible pour le détourner de ce meurtre, pussent rien gagner sur la férocité de son esprit. Cette inhumanité fut bientôt sévèrement punie, non seulement dans sa personne, mais aussi en celle de ses propres enfants. Ayant remporté une seconde victoire près de Vienne, en Dauphiné, sur Gondemar, frère de saint Sigismond, comme il poursuivait les fuyards avec ardeur, il s’éloigna trop de ses gens et tomba entre les mains d’une troupe d’ennemis qui le tuèrent, lui coupèrent la tête et la mirent au bout d’une lance pour la faire voir aux Francs.

   Après sa mort, ses enfants : Thibault, Gonthaire et Clodoald, vulgairement Cloud, se trouvèrent sous la conduite de sainte Clotilde, leur grand-mère, qui les éleva chrétiennement, et avec le plus grand soin, en attendant qu’ils partageassent les États de leur père, gouvernés pendant ce temps par des lieutenants.

assassinat des enfants de Clodomir - gravure du XVIIIe siècle

(gravure du XVIIIème siècle)

   Mais Childebert, roi de Paris, leur oncle, qui convoitait le royaume d’Orléans, leur héritage, invita Clotaire, roi de Soissons, à partager son infâme dessein. Il s’agissait de faire mourir leurs neveux ou de les reléguer dans un cloître. Clotaire opina pour la mort. Ces oncles barbares égorgèrent de leurs propres mains les deux aînés, Thibault et Gonthaire. Cloud, par une protection spéciale de la Providence, échappa au massacre. Bientôt après, il se coupa lui-même les cheveux, cérémonie par laquelle il déclarait qu’il renonçait à la royauté. Depuis, il trouva diverses occasions de recouvrer les États de son père. Mais il ne voulut point en profiter. La grâce lui avait ouvert les yeux sur la vanité des grandeurs terrestres. Il préféra une vie humble et tranquille dans les rigueurs de la solitude, à une vie éclatante, mais périlleuse dans un palais royal et au milieu d’une foule de courtisans ; il se consacra entièrement au service de Dieu. Son étude ne fut plus que la lecture des livres sacrés ; son plaisir, de coucher sur le cilice, et sa joie de mortifier son corps par des austérités continuelles.

Saint Cloud se coupe lui-même les cheveux - détail du tableau de Charles Durupt 1831

Saint Clodoald, en signe de consécration à Dieu et de renonciation au trône, se coupe lui-même les cheveux
(détail du tableau de Charles Durupt – 1831 – dans l’église de Saint-Cloud)

   Après avoir distribué aux églises et aux pauvres les biens que ses oncles n’avaient plus lui ravir, il se retira auprès d’un saint religieux, nommé Séverin, qui menait une vie solitaire et contemplative dans un ermitage aux portes de Paris. Le jeune prince reçut de ses mains l’habit religieux et demeura quelque temps en sa compagnie, pour s’y former à toutes les vertus monastiques. Childebert et Clotaire ne purent pas ignorer que c’était lui ; mais, comme ils le virent sans prétention, ils le laissèrent en liberté et lui donnèrent même quelques héritages pour vivre plus commodément dans le lieu de sa retraite. Cependant, ne se croyant pas assez solitaire, ou pour quelques raisons que son histoire ne marque pas, il quitta les environs de Paris et se retira secrètement en Provence, hors de la vue et de l’entretien de toutes les personnes de sa connaissance.

   Pendant qu’il se construisait, de ses propres mains, une petite cellule, un pauvre, se présenta devant lui et lui demanda l’aumône. Il était lui-même si pauvre, qu’il n’avait ni or, ni argent, ni provisions qu’il pût lui donner ; mais il se dépouilla généreusement de sa propre cuculle et lui en fit présent. Cet acte de charité fut si agréable à Dieu, que, pour en découvrir le mérite, il rendit la nuit suivante cette cuculle toute lumineuse entre les mains du pauvre qui l’avait reçue. Les habitants des environs furent témoins de ce miracle, et reconnurent par là que saint Cloud était un excellent serviteur du Christ. Ils le virent donc trouver pour honorer sa sainteté et pour recevoir ses instructions ; mais leurs trop grandes déférences leur firent perdre un si précieux trésor : car saint Cloud, voyant qu’il n’était pas plus caché en Provence qu’à Paris, s’en retourna dans son premier ermitage. Peut-être que l’appréhension d’être élevé à la prélature l’avait fait fuir, et que le sujet de sa crainte était passé par l’élection d’un autre à cette dignité.

Saint Clodoald est ordonné prêtre - peinture murale de Jules-Alexandre Duval-Lecamus dans le chœur de l'église de Saint-Cloud

Saint Clodoald est ordonné prêtre par l’évêque Eusèbe de Paris
(détail de l’une des peintures murales de Jules-Alexandre Duval-Lecamus ornant le chœur de l’église de Saint-Cloud)

   A peine fut il revenu qu’Eusèbe, alors évêque de Paris, l’ordonna prêtre à la sollicitation du peuple, qui ne put souffrir un si saint homme dans un Ordre inférieur. Les exemples des vertus qu’il fit paraître dans cette dignité, le firent encore plus respecter qu’auparavant. On admirait en lui le pouvoir de la grâce, qui, d’un prince, ou pour mieux dire d’un roi légitime, avait fait un humble serviteur de la maison de Dieu. On louait hautement son humilité virgule, sa modestie, son détachement des choses du monde, son amour pour la pénitence et sa charité incomparable. Ce grand homme ne put souffrir longtemps ces honneurs, et, pour les éviter, il se retira sur une montagne, le long de la Seine, à deux lieues au-dessous de Paris, en un lieu que l’on appelait Nogent, mais qui, depuis, a changé de nom pour prendre celui de Saint-Cloud. Après y avoir vécu quelques temps solitaire, il y fit bâtir un monastère qu’il dota des biens que les rois, ses oncles, lui donnèrent. Il le fit dépendant, avec son église et tous ses revenus, de l’église cathédrale de Paris, dont il était le prêtre, comme ils en dépendaient encore en 1685. Il y gagna plusieurs personnes à Jésus-Christ, qui furent ravies d’y vivre religieusement sous sa conduite. Enfin, il y mourut saintement le 7 septembre, vers l’an 560. Sa mort, qu’il avait prédite avant qu’elle arrivât, fut suivie de plusieurs miracles. On enterra son corps dans le même monastère, qui, depuis, a été changé en collégiale. Cette église est aujourd’hui paroissiale, et l’on y garde encore quelques-unes des reliques du Saint.

   Les quatre martyrologes ordinaires font une honorable mention de ce bienheureux prince. Les Parisiens célèbrent sa fête avec beaucoup de piété ; et, durant toute son octave, il y a un grand concours de peuple qui visite son église.

   On peut voir dans toute son histoire, que ce que le monde appelle infortune est souvent le chemin du vrai bonheur, et que Dieu sait admirablement tirer le bien du mal, l’élévation de la plus grande humiliation. Ainsi, la véritable prudence est de s’abandonner entièrement à la conduite de sa divine Providence, et d’aimer les états, même les plus bas et les plus humiliés, où il lui plaît de nous mettre.

   On le représente çà et là comme solitaire, agenouillé devant une croix, et la couronne à terre près de lui.

Châsse des reliques de Saint Clodoald - église de Saint-Cloud

Châsse contenant les reliques de Saint Clodoald
(église de Saint-Cloud)

2023-102. Gustave Thibon, l’enraciné.

2 septembre 2023,
120ème anniversaire de la naissance de Gustave Thibon.

       Il m’est impossible de ne pas marquer le cent-vingtième anniversaire de la naissance de Gustave Thibon, à Saint-Marcel d’Ardèche le 2 septembre 1903. Ce m’est un devoir de reconnaissance, en même temps qu’une nouvelle occasion de témoigner de tout ce que j’ai reçu de lui, ou pour être plus exact : reçu de Dieu par son entremise. 

   Mais puisque nous parlons de naissance, parlons aussi de racines.
Gustave Thibon était un être enraciné, et lui-même a maintes fois témoigné de l’importance fondamentale de l’enracinement de l’homme, que ce soit dans ses écrits ou dans ses prises de parole.
Pour célébrer cet anniversaire, citons seulement quelques très belles lignes de Christian Chabanis dans un chapitre intitulé « Les racines humaines », de l’ouvrage consacré à Thibon qu’il avait publié en 1967. 

Christian Chabanis - Gustave Thibon 1967 Beauchesne

        « Si la destinée de Gustave Thibon s’enracine dans le métaphysique et défie par là toutes les autres explications que l’on peut en donner, elle s’enracine aussi, par une grâce infiniment précieuse en un siècle où disparaissent les racines humaines, où l’homme tend à ne relever ni de la grâce ni de la nature mais de quelque organisme administratif, elle s’enracine dans une terre. Non pas une terre quelconque : la campagne des dimanches et des jours de fête, la vague campagne, mais une terre qui est sa terre et qu’il n’a pas choisie, qu’il a seulement acceptée sans réserve. Qu’il a acceptée avec ses lois qui sont celles de l’homme incarné. Il n’est pas question de découvrir ici quelque rêverie de promeneur solitaire, mais l’accord profond avec une réalité qu’il porte en lui autant qu’elle le porte et qui ne cesse de nourrir sa vie comme sa réflexion.

   Il y a cet homme tourné vers l’infini et dont la patrie n’est qu’en haut. Mais l’homme d’ici-bas, si l’on peut dire, est l’homme d’une terre qu’un savoureux accent méridional désigne aussitôt. Jacques Madaule a dit de Thibon qu’il parlait, qu’il écrivait comme un paysan laboure, et c’est vrai. Il appuie de toute sa force sur le soc qui ouvre un sillon, il s’appuie de toute sa force sur le sol. Le monde présent autour de lui, en lui, dès qu’il regarde le monde, c’est une race, une langue, un héritage qu’il traite avec amour. Son univers n’est pas infirme, sinon de cette infirmité radicale de la caverne qui attend la lumière. Et cette incarnation lui donne le sens le plus vrai de la situation humaine, de ses possibilités et de ses limites. Comment ne pas oublier de quel pas marche l’homme dans un monde soumis à la vitesse, et que notre vie est faite pour aller de ce pas ? « Les grandes pensées viennent en marchant », disait Gœthe ; en courant les pensées folles. Or nous courons. Mais celui, comme Thibon, qui marche chaque jour, n’oublie guère le pas de l’homme et de sa vie. Si nous insistons sur les racines terrestres de Thibon, c’est qu’elles seules permettent de comprendre, sinon d’expliciter, cette jonction spontanée qui étonnait Gabriel Marcel « entre l’expérience immédiate, celle des travaux journaliers, et la spéculation la plus haute, la vie mystique elle-même ».

Christian Chabanis,
in « Gustave Thibon », éd. Beauchesne 1967 – chap. 2 pp. 17-18

Chapelle saint sulpice campagne de Saint Marcel d'Ardèche

La chapelle Saint-Sulpice, au milieu des vignes, à Saint-Marcel d’Ardèche

2023-101. Nous avons lu et nous avons aimé : « Les derniers jours de Louis XIV », d’Alexandre Maral.

1er septembre,
Octave de Saint Louis ;
Mémoire de Saint Gilles, abbé et confesseur ;
Mémoire des Douze Frères martyrs ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Louis XIV (cf. > ici, > ici et encore > ici) ;

Anniversaire de la promulgation du serment antimoderniste (cf. > ici).

frise lys deuil

       Faut-il présenter Alexandre Maral ? Tous ceux qui s’intéressent à l’Ancien Régime, au règne du Grand Roi et à Versailles, ont, ce me semble, un impérieux devoir de lire Alexandre Maral dont la déjà impressionnante bibliographie est la source d’un véritable émerveillement, tant par la forme que par le contenu toujours rigoureux et précis en lequel se trouvent de très nombreuses richesses, tellement il s’y trouve de juste érudition.
L’ouvrage que nous recommandons très vivement en ce jour anniversaire de la mort de Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XIV, s’intitule « Les derniers jours de Louis XIV » et a été publié en 2014 en préparation du troisième centenaire de ce trépas.
Que tous les admirateurs du Roi-Soleil qui n’auraient pas encore eu l’occasion de le lire s’empressent de le faire. Nous-mêmes, au Mesnil-Marie, l’avons lu plusieurs fois et y avons à chaque fois trouvé de nouvelles richesses et des motifs de véritable édification.

Alexandre Maral - les derniers jours de Louis XIV

Quatrième de couverture :

   1715-2015 : depuis trois siècles, la mort de Louis XIV n’a cessé de fasciner et d’émouvoir. Avant de quitter ce monde, le Roi-Soleil a organisé lui-même la mise en scène de son dernier crépuscule : une mort chrétienne, parfaitement maîtrisée et conçue comme le spectacle par excellence de l’absolutisme –  » Je m’en vais, mais l’État demeurera toujours « .
La mort du roi est venue interrompre le règlement d’importantes affaires, notamment en politique extérieure et dans le domaine de la religion. Pour mieux comprendre ces enjeux, le récit commence au 1er janvier 1715 et suit le roi dans ses dernières préoccupations.
Rédigé sur les lieux mêmes qui ont été témoins de la mort de Louis XIV, le récit d’Alexandre Maral est fondé sur l’analyse des sources les plus fiables, notamment Dangeau et les frères Anthoine. Seul cet examen attentif permet de reconstituer au plus près le déroulement des événements : derniers divertissements du roi, progression de la maladie, impuissance des médecins, intrigues de cour, souverain abandon de Louis XIV à la Providence. Un récit original et puissant.

frise lys deuil

2023-100. « C’est Ma Croix que Je te tends aujourd’hui…»

Premier vendredi du mois de septembre.

« Le Vendredi Saint de l’année 1637, Sainte Jeanne de Chantal demandait avec insistance que, si ce n’était pas contraire à la volonté divine, le calice de ses peines intérieures fût éloigné d’elle. Alors une voix lui dit fermement : Quoi ! L’Homme de douleurs n’a pas été exaucé : ne prétendez pas l’être ! »

Mémoire de la Révérende Mère de Chaugy, p. 468.

Pierre Puget - Christ mourant sur la croix - Louvre

Pierre Puget (1620-1694) : le Christ mourant sur la Croix (détail) [musée du Louvre]

        « La grande vérité spirituelle du baptisé qui prend réellement conscience de ce qu’est la vie chrétienne est une orientation fondamentale de toute sa vie vers Ma Croix.
Je l’ai dit, et Je le répète à travers tous les âges par Mon Eglise et par la vie de Mes saints, et cela demeurera jusqu’à la fin des temps : il n’est pas possible d’être en toute vérité Mon disciple sans prendre la Croix à Ma suite, sans la porter après Moi ; il n’est pas possible d’entrer dans l’intimité de Mon Cœur sans étreindre la Croix, sans l’embrasser amoureusement, sans se laisser pénétrer par ses échardes et sans acquiescer à être accablé sous son poids, comme Je l’ai Moi-même été.

   J’attends de toi que tu ne sois pas du nombre de ces trop nombreux chrétiens d’apparence, qui affirment M’aimer dans la mesure où Je leur accorde des consolations.
Lorsque arrivent les adversités, les peines, les contrariétés, les difficultés spirituelles, les épreuves, ces âmes ont tôt fait de s’attrister, de se lamenter sur leur sort, de s’apitoyer sur elles-mêmes, et de rechercher des compensations sensibles et des apaisements humains…

   Je suis en quête d’âmes qui ne se recherchent pas elles-mêmes, qui ne se contemplent pas elles-mêmes.
Je recherche des âmes qui soient uniquement soucieuses de Mes intentions et de l’accomplissement de Ma volonté.
Et vers quoi est tournée Ma volonté ? Vers le salut et la sanctification des hommes ! Il en est tant et tant, en ces jours d’apostasie et de rejet de Mes commandements, qui se précipitent vers l’enfer, malgré l’effusion surabondante de Mon Sang dans la Passion. Oui, les âmes que J’ai rachetées à si grand prix, négligent et foulent aux pieds les grâces de la Rédemption que Je leur ai méritées, et elles tombent chaque jour par milliers dans l’enfer éternel.

   Ma Rédemption est surabondante ; Ma grâce est offerte à tous ; mais la correspondance à la grâce fait défaut, par ignorance, par paresse spirituelle, par ingratitude, et par la faute de ceux que J’ai appelés à continuer la mission confiée à Mes apôtres et à Mes disciples, mais qui ne sont pas tourmentés du zèle pour le salut des âmes et qui, à cause de cela, ne les instruisent pas, ne les convertissent pas, ne leur enseignent pas la pleine Vérité, sont négligents dans l’administration des sacrements et la célébration du Saint Sacrifice, sont paresseux dans la recherche de la brebis égarée, s’illusionnent eux-mêmes et trompent les âmes au sujet du danger de l’éternelle damnation !

   J’ai besoin d’âmes généreuses, d’âmes données, d’âmes offertes, d’âmes zélées, d’âmes immolées. J’ai besoin d’âmes qui prennent Ma Croix et qui marchent à Ma suite. J’ai besoin d’âmes qui se livrent sans réserve à la continuation nécessaire de Mon œuvre de salut et de sanctification. J’ai un urgent besoin d’âmes qui comprennent que Celui qui a tout obtenu pour le salut de tous, ne peut cependant les sauver tous s’Il n’est pas assisté, dans toute la suite des siècles, d’âmes qui s’unissent à Lui afin d’obtenir à leurs frères de correspondre aux grâces de la Rédemption : J’appelle ! Je suis Celui qui a tout obtenu, tout mérité, pour leur salut ; j’appelle des Simon de Cyrène qui marchent avec Moi sous le poids de Ma Croix.

   Tu te sens indigne, faible, incapable de répondre à Mon appel ?
Une seule chose t’est nécessaire : retirer de ton cœur toute forme d’attachement à toi-même, tout amour-propre, toute espèce d’amour de toi-même. C’est cela qui M’empêche de faire pleinement en toi Ma demeure. Ton indignité, ta faiblesse, ton incapacité ne sont que de faux prétextes : le jour où tu auras remporté la victoire sur toi-même, tu seras revêtu de Ma force, et tu tes propres misères au lieu de te ralentir ou de te porter au découragement deviendront le terreau fécond où Ma grâce se déploiera et portera du fruit en abondance.

   C’est Ma Croix que Je te tends aujourd’hui : ne la repousse pas, n’en sois pas effrayé.
C’est sur elle, sur elle seule, que tu trouveras Mon Cœur grand ouvert et pourras faire en Lui ta demeure… »

Sacré-Coeur

2023-99. Fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs au Mesnil-Marie.

Vendredi 15 septembre 2023

Fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs

patronne principale
du Refuge Notre-Dame de Compassion

Piéta de l'oratoire du Mesnil-Marie

Piéta de l’oratoire du Mesnil-Marie

Programme :

- 11 h : Sainte Messe chantée.
- 12 h 30 : Repas partagé.
- 14 h 30 : Conférence spirituelle.
- 15 h 30 : Chapelet des Sept-Douleurs de Notre-Dame et Salut du Très Saint Sacrement.

Important : inscriptions obligatoires avant le 12 septembre. Merci
[soit par courrier électronique, soit dans l'espace "commentaires" ci-dessous (ce ne sera évidemment pas publié)].

Coeur douloureux et immaculé de Marie

2023-98. Deux sermons de notre Bienheureux Père Saint Augustin prononcés pour la fête de la décollation de Saint Jean-Baptiste, relatifs au faux serment et au serment téméraire.

29 août,
Fête de la décollation de Saint Jean-Baptiste (cf. > ici, et > ici).

       Nous publions ci-dessous et à la suite l’un de l’autre, en raison de leur parenté, deux sermons de notre Bienheureux Père Saint Augustin qui portent les numéros CCCVII et CCCVIII, ont été l’un comme l’autre prononcés à l’occasion de la fête de la décollation de Saint Jean-Baptiste et portent l’un comme l’autre sur le thème du serment. Nous invitons avec d’autant plus d’insistance à leur lecture que ce sont des thèmes de théologie morale qui font – malheureusement – très rarement l’objet de la prédication à notre époque.

Décollation de Saint Jean-Baptiste - vers 1608 Le Caravage Malte cathédrale

La décollation de Saint Jean-Baptiste
tableau du Caravage, vers 1608, dans la co-cathédrale Saint-Jean de La Valette (Malte)

       Sermon CCCVII
Analyse : C’est pour avoir prêté un serment téméraire qu’Hérode est amené à commettre le crime énorme de la décollation de Saint Jean-Baptiste. N’est-ce donc pas avec raison que l’Evangile nous interdit toute espèce de serment ? Sans doute tout serment n’est pas coupable puisque Dieu Lui-même fait des serments dans la Sainte Ecriture. Mais le faux serment est un si grand crime, et notre fragilité si connue, que pour nous préserver plus efficacement du faux serment, Dieu a voulu nous interdire le serment quel qu’il soit. Détruisons en nous la funeste habitude du serment ; l’expérience personnelle d’Augustin prouve qu’on y peut réussir.

   § 1. La lecture du saint Evangile nous a mis sous les yeux un spectacle sanglant ; nous avons vu, en haine de la vérité et servi par la cruauté, un mets funèbre : la tête même de Jean-Baptiste présentée dans un bassin.
Une jeune fille danse, sa mère a la rage dans le coeur, au milieu des délices et des dissolutions d’un banquet, on prête, puis on accomplit un serment téméraire et impie.
Ainsi se réalisa dans la personne de saint Jean ce que saint Jean avait prédit. Il avait dit, en parlant de Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » (Jean III, 20). Jean fut donc diminué de la tête, et Jésus élevé sur la croix.
La haine contre Jean naquit de la vérité même. On ne pouvait souffrir avec calme les avertissements que donnait ce saint homme de Dieu, et qu’il ne donnait qu’en vue du salut de ceux à qui il les adressait ; et on lui rendit le mal pour le bien. Pouvait-il faire entendre autre chose que ce qui remplissait son coeur ? Et eux pouvaient-ils répondre autre chose aussi que ce qu’ils avaient dans l’âme ?
Jean sema le bon grain, mais il recueillit des épines. « Il ne vous est pas permis, disait-il au roi, de garder l’épouse de votre frère » (Marc VI, 17-28). Esclave de sa passion, le roi en effet retenait chez lui, malgré la loi, la femme de son frère ; mais la passion ne l’enflammait pas jusqu’à lui faire répandre le sang. Il honorait même le prophète qui lui disait la vérité. Quant à la femme détestable qu’il gardait, elle nourrissait une haine secrète qui devait finir par éclater dans l’occasion. Comme elle nourrissait cette haine, elle fit paraître sa 
fille, elle la fit danser ; et le roi qui regardait Jean comme un saint, qui le craignait même par respect pour Dieu, sans toutefois lui obéir, s’affligea lorsqu’il vit qu’on lui demandait de livrer dans un bassin la tête de Jean-Baptiste ; mais, par égard pour son serment et pour les convives, il envoya un archer et accomplit ce qu’il avait promis.

   § 2. Ce passage nous invite, mes frères, à vous dire quelques mots du serment, afin de mieux régler votre conduite et vos mœurs.
Le faux serment n’est pas un péché léger ; c’est même un péché si grave que pour le prévenir le Seigneur a interdit tout serment. Voici Ses paroles : « Il a été dit : Tu ne te parjureras point, mais tu tiendras au Seigneur tes serments. Et moi je vous dis de ne jurer en aucune façon ; ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu ; ni par la terre, parce qu’elle est l’escabeau de ses pieds ; ni par tout autre objet ; ni par ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. Que votre langage soit : Oui, oui ; non, non ; car, ce qui est en plus vient du mal » (Matth. V, 33-37).

   § 3. Nous trouvons néanmoins, dans les Saintes Ecritures, que le Seigneur jura lorsque Abraham Lui obéit jusqu’à immoler son fils bien-aimé. Un ange, en effet, lui cria du haut du ciel : « Je le jure par Moi-même, dit le Seigneur ; parce que tu as été docile à Ma voix et qu’en Ma considération tu n’as pas épargné ton bien-aimé fils, Je te comblerai de Mes bénédictions et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel et comme le sable de la mer, et dans ta race seront bénies toutes les nations » (Gen. XXII, 16-18). Si maintenant vous voyez les chrétiens remplir tout l’univers, c’est un effet de ce fidèle serment de Dieu.
Dans les Psaumes il était dit également et par avance, de. Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Le Seigneur a fait ce serment, dont Il ne Se repentira point : Vous êtes le prêtre éternel, selon l’ordre de Melchisédech » (Ps. CIX, 4). Ceux qui connaissent l’Ecriture savent ce qu’offrit Melchisédech, quand il bénit Abraham (Gen. XIV 18-20). A cause des catéchumènes nous ne devons pas le rappeler ; mais les fidèles reconnaissent ici la prédiction de ce que nous voyons accompli aujourd’hui.
Or, d’où vient cet accomplissement ? Du serment prêté par le Seigneur. « Le Seigneur a fait ce serment, et Il ne S’en repentira point » comme Hérode s’est repenti de celui qu’il avait fait.

   § 4. Puisque Dieu a juré, pourquoi le Christ Notre-Seigneur, défend-Il aux siens de jurer ? Le voici. Ce n’est pas un péché d’assurer la vérité par serment ; mais comme il y a un crime énorme à affirmer par serment le mensonge, n’est-il pas vrai qu’on n’est pas exposé à commettre ce crime quand on ne jure pas du tout, et qu’on y est exposé davantage quand on jure pour la vérité ? En t’interdisant de jurer, le Seigneur te défend donc de marcher sur le bord étroit du précipice, dans la crainte que ton pied venant à glisser, tu n’y tombes. Le Seigneur pourtant a juré, reprend-on. — Il jure sans danger, puisqu’Il ne sait mentir. Ne te préoccupe pas des serments que Dieu a faits ; il n’y a peut-être que Lui qui doive en faire. Que fais-tu en jurant ? Tu prends Dieu à témoin. Tu le prends à témoin ; Lui S’y prend Lui-même. Mais à toi qui n’es qu’un homme et qui te trompes fréquemment, il arrive bien souvent de prendre la vérité à témoin de tes erreurs. De plus, on se parjure quelquefois même sans le vouloir, c’est quand on croit vrai ce qu’on affirme avec serment. Sans doute le péché n’est pas alors aussi grave que le péché commis quand on affirme par serment ce qu’on sait être faux. Qu’on fait bien mieux, et qu’on est moins exposé à commettre ce grave péché, lorsqu’on écoute le Christ Notre-Seigneur, et que jamais on ne jure !

   § 5. Je sais que c’est pour vous une habitude difficile à détruire ; en nous aussi elle a été difficile à extirper. Cependant la crainte de Dieu nous a aidé à bannir le serment de notre bouche. Nous vivons au milieu de vous : qui nous a jamais entendu jurer ? Et pourtant n’avais-je pas l’habitude de jurer chaque jour ? Mais après avoir lu l’Evangile, j’ai craint, j’ai lutté contre cette habitude, et tout en luttant, j’invoquais l’appui du Seigneur. Le Seigneur m’a accordé la grâce de ne plus jurer, et rien ne m’est plus facile que de m’en abstenir. Je fais cette communication à votre charité pour empêcher qui que ce soit de dire : Qui peut s’en empêcher ? Oh ! si on craignait Dieu ! Oh ! si les parjures tremblaient devant Lui ! Bientôt la langue aurait un frein, on s’attacherait à la vérité et le serment aurait disparu.

Décollation de Saint Jean-Baptiste - vers 1608 Le Caravage Malte cathédrale - détail 1

       Sermon CCCVIII.
Analyse : 1) On doit éviter de se jeter dans l’embarras inextricable où s’est jeté Hérode en faisant un serment téméraire. 2) Si la chose promise avec serment est mauvaise, mieux vaut ne pas la faire, à l’exemple de David. 3) On se rend bien coupable lorsqu’on provoque un faux serment. Histoire de Tutelymène.

   § 1. Le trait évangélique que nous avons entendu aujourd’hui, me donne occasion de dire à votre charité : Vous voyez que ce misérable Hérode aimait saint Jean, l’homme de Dieu ; mais que dans l’ivresse de la joie et des séductions d’une danseuse, il jura témérairement et promit de donner tout ce que lui demanderait cette jeune fille, qui l’avait captivé en dansant devant lui. Il s’affligea néanmoins lorsqu’il vit qu’on lui faisait une demande cruelle et criminelle ; à ses yeux c’était un crime horrible : mais placé entre son serment et la requête de la jeune fille, craignant tout à la fois et de commettre un forfait sanglant et de se rendre coupable de parjure, pour ne pas offenser Dieu en se parjurant, il prit le parti de l’offenser en versant le sang (Marc VI, 17-28).
Que devait-il donc faire ? me demande-t-on. Répondrai-je : Il ne devait pas s’engager par serment ? Mais qui ne voit cette vérité ? D’ailleurs, on ne me consulte pas pour savoir s’il devait prêter ce serment ; mais ce qu’il devait faire après l’avoir prêté. La question est grave. Son serment était téméraire : qui l’ignore ? Il ne l’en a pas moins prêté ; et la jeune fille vient de requérir la tête de saint Jean. Que doit faire Hérode ? Donnons-lui un conseil. Lui dirons-nous : Epargne Jean, ne commets pas ce crime ? C’est conseiller le parjure. Lui dirons-nous : Ne te parjure pas ? C’est exciter au crime. Triste embarras !
Avant donc de vous jeter dans ce filet inextricable, renoncez aux serments téméraires ; oui, mes frères ; oui, mes enfants, je vous en supplie, renoncez-y avant d’en avoir contracté la funeste habitude. Est-il besoin de vous précipiter dans une impasse où nous ne savons quel conseil vous donner ?

   § 2. Toutefois, en examinant avec plus de soin les Ecritures, j’y rencontre un exemple qui me montre un homme pieux et saint tombant dans un serment téméraire et aimant mieux ne pas accomplir ce qu’il avait promis, que d’être fidèle à son serment en répandant le sang humain. Je vais rappeler ce trait à votre charité.
Pendant que Saül persécutait le saint homme David, celui-ci, pour échapper à Saül et à la mort, allait où il pouvait. Or, un jour il demanda à un homme riche, nommé Nabal, occupé de la tonte de ses brebis, les aliments nécessaires pour le soutenir, lui et ses compagnons d’armes. Cet homme sans entrailles les lui refusa, et, ce qui est plus grave, il répondit en l’outrageant. Le saint jura de le mettre à mort. Il avait des armes, en effet, et sans réfléchir assez il fit serment de tirer de lui une vengeance qui lui était facile et que la colère lui représentait comme juste. Il se mit donc en route pour accomplir son serment. L’épouse de Nabal, Abigaïl vint à sa rencontre, lui amenant les aliments qu’il avait demandés. Elle le supplia humblement, le gagna et le détourna de répandre le sang de son mari (1 Rois XXV). Ainsi, après avoir fait un serment téméraire, David ne l’accomplit point, inspiré par une piété plus grande.
Je reviens donc, mes très-chers frères, à la leçon que je vous dois. Il est vrai, le saint roi dans sa colère ne répandit pas le sang de cet homme : mais qui peut nier qu’il ait fait un faux serment ? De deux maux il a choisi le moindre ; le dernier étant moins grave que n’eût été le premier. Bien que considéré en lui-même, le faux serment fait un grand mal. Vous devez donc travailler d’abord et lutter contre votre funeste, funeste, funeste et très funeste habitude, et faire disparaître les serments que vous avez à la bouche.

   § 3. Cependant si un homme demande de toi un serment, si cet homme n’exige que ce serment pour se convaincre que tu n’as point fait ce qu’il t’attribue et dont il est possible que tu sois innocent, et que tu jures pour le délivrer de ce mauvais soupçon, tu ne pèches pas autant que celui qui exige ce serment, attendu que le Seigneur Jésus a dit : « Que votre langage soit : Oui, oui ; non, non. Ce qui est en plus vient du mal » (Matth. V, 37). C’est du serment que parlait alors le Sauveur, et Il a voulu nous faire entendre ici que le serment vient d’un principe mauvais. Quand on y est provoqué, le principe mauvais est dans celui qui provoque et non dans celui qui jure. Ce principe, d’ailleurs, n’est-il pas commun au genre humain ? Ne repose-t-il pas sur l’impossibilité où nous sommes de voir réciproquement nos cœurs ? Jurerions-nous jamais si nous les voyions ? Qui exigerait de nous un serment, si chacun voyait clairement la pensée même de son prochain ?

   § 4. Ecrivez dans vos cœurs ce que je vais vous dire : Provoquer à faire un serment quand on sait que ce serment sera faux, c’est être plus qu’homicide car alors on tue l’âme, ou plutôt on tue deux âmes : l’âme de celui qui provoque et l’âme de celui qui jure ; au lieu que l’homicide ne tue que le corps. Tu sais que tu dis vrai, que ton interlocuteur dit faux : et tu le forces à jurer ? Le voilà donc qui jure, qui se parjure, qui se perd : qu’y as-tu gagné ? Ah ! tu t’es perdu aussi, en te rassasiant de sa mort.

   § 5. Je vais vous citer un trait dont je n’ai point parlé encore à votre charité, et qui est arrivé au milieu de ce peuple, de cette Eglise. Il y avait ici un homme simple, innocent, bon chrétien, et connu de beaucoup d’entre-vous, habitants d’Hippone, ou plutôt connu de vous tous sous le nom de Tutelymène. Qui de vous, citoyens de cette ville, n’a connu Tutelymène ? Eh bien ! voici ce que j’ai appris de lui-même.
Quelqu’un, je ne sais qui, refusa de lui rendre ce que Tutelymène lui avait confié, ou ce qu’il devait à Tutelymène, qui d’ailleurs s’était fié à lui. Tutelymène ému lui demanda de faire serment. Le serment fut prêté, Tutelymène perdit son bien, mais l’autre se perdit lui-même. Or, Tutelymène, homme grave et fidèle, ajoutait que la même nuit il fut cité devant le juge, que tout tremblant il fut emporté avec rapidité devant un homme très-grand et admirable qui siégeait sur un trône, et à qui obéissaient de très-grands serviteurs aussi ; que dans son trouble on le fit passer par derrière et qu’on l’interrogea en ces termes : Pourquoi as-tu excité cet homme à jurer, puisque tu savais qu’il ferait un faux serment ? C’est qu’il me refusait ce qui était à moi, répondit-il. Ne valait-il pas mieux, lui fut-il répliqué, faire le sacrifice de ce que tu réclamais, que de perdre par un faux serment l’âme de cet homme ? On le fit étendre alors et frapper, frapper si fortement qu’à son réveil on voyait sur son dos la trace des coups reçus. Après cette correction, on lui dit : On t’épargne à cause de ton innocence ; à l’avenir, prends garde de recommencer.
Cet homme avait commis un péché grave, et il en fut châtié ; mais bien plus grave encore sera le péché de quiconque fera ce qu’il a fait après avoir entendu ce discours, cet avertissement, cette exhortation. Prenez garde au faux serment, prenez garde au jugement téméraire. Or, vous éviterez sûrement ces deux maux, si vous détruisez en vous l’habitude de jurer.

Décollation de Saint Jean-Baptiste - vers 1608 Le Caravage Malte cathédrale - détail 2

2023-97. De la « révolution métaphysique ».

26 août,
Fête de Sainte Jeanne-Elisabeth Bichier des Ages, vierge et fondatrice ;
Mémoire du 2ème jour dans l’octave de Saint Louis ;
Mémoire de Saint Ouen, évêque et confesseur ;
Mémoire de Saint Zéphyrin, pape et martyr ;
Au Puy, fête de la Susception de la Sainte Epine (cf. > ici).

Culte de la raison à Notre-Dame de Paris

Culte de la « déesse Raison » célébré dans la « cidevant église de Notre-Dame » (de Paris)

Bien chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

     Au 25 août succède en toute logique le 26 août.
A la fête de Saint Louis – qui manifeste de manière si éclatante à quel point le pouvoir temporel peut être investi d’un rayonnement surnaturel immarcescible sur une très longue suite de siècles, lorsqu’il est conforme aux Lois divines et obéit à la foi divinement révélée -, succède l’odieux anniversaire de la « déclaration des droits de l’homme et du citoyen » du 26 août 1789.

   J’ai appris, et vous pouvez le vérifier par vous-mêmes, qu’il existe en France une loi, dite « loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la république », du 8 juillet 2013 (cf. > ici) qui précise que « la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 doit être affichée de manière lisible au sein de tous les établissements scolaires publics ou privés » !!!
Lorsque j’ai lu cela, j’ai été pris d’un irrépressible haut-le-cœur, bien pis que celui dont j’ai été saisi le jour – qui ne se reproduira plus jamais de ma vie – où j’ai croqué une musaraigne !

   Bien pis que l’abominable 14 juillet, plus détestable que les « journées d’octobre 1789″ qui ont vu l’humiliation et l’emprisonnement de la Famille Royale, plus exécrable que tous les presque innombrables jours qui jalonnent la révolution depuis le « serment du jeu de paume » jusqu’à nos jours (car la république, quel que soit le numéro qu’elle porte est la révolution érigée en institution permanente) au cours desquels ont été votées des lois contraires à l’ordre naturel et à l’ordre divin, plus que les dates réunies des massacres de septembre, de l’assassinat du Roi Très Chrétien puis de la Reine, parce qu’elle en est la racine fondamentale, cette date du 26 août 1789 ne peut qu’être l’objet de notre exécration, et, en conséquence, la cause d’une profonde affliction et le motif de ferventes et généreuses expiations !

   En effet, en proclamant : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément » (article 3) et en définissant la loi qui régit la vie d’un état comme « l’expression de la volonté générale » (article 6), cette monstrueuse déclaration, bien davantage que toutes les autres journées révolutionnaires, affirme explicitement son rejet ontologique de toute autorité conforme à l’ordre divin (et donc aussi conforme à l’ordre naturel : la loi naturelle est une loi divine, puisque conforme à l’ordre voulu par le Créateur).

   On peut dire que cette date du 26 août 1789 synthétise la « révolution métaphysique », en laquelle se trouve la source de tous les événements révolutionnaires politiques et sociaux.

   La déclaration des prétendus « droits de l’homme », n’est en réalité que le misérable monument que l’impiété humaine en révolte contre l’ordre voulu par le Créateur, contre la Révélation chrétienne et contre les dogmes de la Sainte Eglise, a érigé pour manifester qu’elle ne veut désormais suivre d’autre voie que celle qui a été ouverte par Lucifer refusant de se soumettre à Dieu.
Elle est le blasphème érigé en « acte fondateur ».

   Soit « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation ; nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément » ; soit, selon l’enseignement des Saintes Ecritures, toute autorité vient de Dieu – « omnis potestas a Deo » (Rom. XIII, 1) -, s’exerce selon le « droit divin », tient de Lui sa légitimité, et Lui rendra des comptes : « Deux amours ont donc bâti deux cités : l’amour de soi-même jusqu’au mépris de Dieu, celle de la terre, et l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi-même, celle du ciel. L’une se glorifie en soi, et l’autre dans le Seigneur ; l’une brigue la gloire des hommes, et l’autre ne veut pour toute gloire que le témoignage de sa conscience ; l’une marche la tête levée, toute bouffie d’orgueil, et l’autre dit à Dieu : « Vous êtes ma gloire, et c’est Vous qui me faites marcher la tête levée » (Ps. III, 4) ; en l’une, les princes sont dominés par la passion de dominer sur leurs sujets, et en l’autre, les princes et les sujets s’assistent mutuellement, ceux-là par leur bon gouvernement, et ceux-ci par leur obéissance ; l’une aime sa propre force en la personne de ses souverains, et l’autre dit à Dieu : « Seigneur, qui êtes ma vertu,  je Vous aimerai » (Ps. XVII, 2) » ( notre Bienheureux Père Saint Augustin – cf. > ici).

   Pour ce qui me concerne, mon choix est fait, délibéré et résolu, et il n’est pas révolutionnaire !

Tolbiac.

Tolbiac 26 août 2023

Tolbiac, ce 26 août 2023

1...678910...192

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi