Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2022-138. « Le monde compatit aux douleurs de ces petits martyrs, et les archanges sourient à leur triomphe. »

28 décembre,
Fête des Saints Innocents, enfants martyrs.

Premier sermon
de
notre Bienheureux Père 
Saint Augustin

pour
la fête des Saints Innocents

Massacre des Saints Innocents - Hortus deliciarum Herrade de Landsberg

  »Le monde compatit aux douleurs de ces petits martyrs,
et les archanges sourient à leur triomphe. »

§ 1 – Le martyre de ces enfants est un hymne admirable chanté à la louange du Christ naissant :

   L’indulgence du Sauveur ne connaît pas de bornes ; les expressions manquent pour en donner une juste idée. Il habite au plus haut des cieux, et pour les hommes qui ne méritaient de Sa part aucune pitié, Il S’est revêtu d’un corps de boue.
N’allez pas croire, néanmoins, que le Créateur des anges Se soit renfermé tout entier dans les étroites limites du sein d’une Vierge. Celui des mains duquel le monde est sorti, a voulu briser les mailles du filet où l’ennemi du genre humain nous retenait tous captifs ; Il a voulu nous retirer de l’abîme d’iniquités où se trouvait plongée la race d’un père coupable ; c’est pourquoi le Fils de Dieu est venu au monde et S’est fait le restaurateur de tout le monde ; alors a retenti l’hymne de louanges que des enfants en bas âge Lui ont chanté.
C’est d’eux que le prophète David nous a parlé aujourd’hui dans un de ses psaumes ; voici ses paroles : « Vous avez tiré la louange de la bouche des nouveau-nés et des enfants encore à la mamelle » (Ps. VIII, 3). L’admirable Prophète ! En tous temps se chantent les louanges de l’Eternel, et néanmoins il a voulu nous faire voir qu’à la fin des temps le martyre enduré pour le Christ, par de petits enfants, deviendrait un hymne chanté en Son honneur. Car voilà bien ce qu’il en a dit au psaume : « Vous avez tiré  la louange de la bouche des nouveau-nés et des enfants encore à la mamelle ». C’est du Christ que parle David, et il louange les enfants en même temps que le Christ. Il se fait le héraut de leur gloire, et annonce leurs souffrances à venir. Ils sont morts à la manière des martyrs, sans toutefois ressentir la 
douleur du supplice ; et malgré cela, ils ont ajouté à la joie des anges du ciel et contribué, pour leur part, à la victoire que le Roi de tous les siècles a remportée sur le monde.
Celui qui a créé la Jérusalem céleste et qui y règne, est venu en ce monde, et une Vierge L’a enfanté sans rien perdre de sa pureté sans tache, sans contracter la moindre souillure ; alors, la Jérusalem de la terre est tombée dans le trouble, et on l’a vue faire, avec Hérode, une guerre insolite aux petits enfants, tandis que les Mages adoraient le Sauveur donné à l’univers. Les cris déchirants des mères s’élèvent jusqu’au ciel, les souffrances de leurs nouveau-nés procurent au monde une indicible et incommensurable joie, et à toute personne qui pleure, l’éclat de la gloire. Le monde compatit aux douleurs de ces petits martyrs, et les archanges sourient à leur triomphe : ils tombent sans défense sous les coups de leurs pères ; sans ressentir aucune souffrance, ils subissent pourtant l’empire de la mort ; mais ils vont au ciel, car ils ont été trouvés dignes d’en obtenir la possession en échange de leur vie terrestre.

§ 2 - Parallèle du Christ naissant et des Saints Innocents : 

   Jérusalem céleste, réjouis-toi dans le Seigneur de ce que la Jérusalem de la terre est en proie au trouble avec ses tyrans !
Jérusalem ! Jérusalem ! depuis longtemps enivrée du sang des Prophètes, tu as autrefois fait d’eux une injuste distinction pour les accuser, et maintenant tu cherches par tous les moyens à faire partager ta folie à Hérode et à lui persuader de détruire des enfants ! Dans les siècles passés, tu as fait mourir ceux qui annonçaient le Christ, et aujourd’hui que le Christ nous a, été donné, tu Lui as trouvé un ennemi, puisque tu frappes du glaive des enfants qu’Il soutient de Sa grâce. Admirable récompense !
Un homme recherche un seul Enfant, et à la place de ce seul Enfant, une multitude d’autres sont arrachés du giron de leurs mères et égorgés. Un seul était venu racheter le monde ; au moment de Sa naissance, on invite les pères de tous les autres à commettre un crime sans précédents. L’Époux est tout à l’heure sorti du lit de la Vierge, et voilà que, pour Le recevoir, des enfants en bas âge sont offerts en holocauste. Le potier qui nous a pétris vient de Se revêtir d’un corps de boue dans le sein d’une Vierge, et déjà Hérode, obéissant aux suggestions furieuses du démon, se déclare contre Lui, répand dans la poussière le sang de nouveau-nés, et fait de tout cela un hideux mélange. A peine le dispensateur de la vie humaine est-Il sorti des entrailles de Marie, qu’un monceau de chair humaine, enlevée du giron des mères, se trouve formé par les mains d’Hérode. Sitôt qu’on a apporté le saint raisin dans le pressoir du monde, les mamelles des mères en laissent péniblement couler le jus, et il se mêle au sang répandu par le glaive. Tout à l’heure l’Agneau de Dieu est sorti de la sainte bergerie, et les bergers se sont joués d’Hérode ; c’est pourquoi un acte de fourberie méchante s’est exécuté sur une grande échelle, car, saisi par la fureur et emporté par la rage d’un loup dévorant, pareil à un indigne faussaire, ce prince a arraché aux mères des cris de désespoir.

§ 3 - Hérode, joué par les mages, met le comble à sa méchanceté :

   Voyant que les Mages l’avaient joué, Hérode fit donc venir les scribes et leur demanda en quel temps devait naître parmi les Juifs Celui qui était destiné à les délivrer de l’esclavage. Inspirés par Dieu même, ceux-ci aimèrent mieux voir périr tous les enfants âgés de deux ans et au-dessous, que le genre humain tout entier. O Hérode, ta méchanceté ne connaît pas de bornes, et aujourd’hui Saul vénère l’Eglise qu’il persécutait ; lui qui traquait jadis les adorateurs de Dieu, il reconnaît formellement en eux l’épouse du Christ, et il n’hésite pas à dire : « Je t’ai fiancée à cet unique époux, Jésus-Christ, pour te présenter à Lui comme une vierge pure » (2 Cor. XI, 2). Par Lui l’honneur, la louange et la gloire viennent à Dieu le Père, dans le Saint-Esprit, maintenant, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 palmes

2022-137. « Si un enfant a pu vaincre le mal, la force de tous les tyrans n’est vraiment pas grand-chose ! »

Noël 2022

   Quelques heures avant d’entrer dans la Sainte Nuit au cœur de laquelle les fidèles célèbrent avec ferveur et joie la naissance du Fils de Dieu fait homme, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, a annoncé sur les réseaux sociaux une tribune qu’il publiait sur « L’incorrect » qui paraissait ce jour.
Ce beau texte, plus long que les habituels messages diffusé par les réseaux sociaux, constitue encore une fois un message d’une grande profondeur et pertinence, qu’il nous faut nous-mêmes méditer et approfondir, et que nous devons faire connaître autour de nous afin de mieux faire connaître la pensée et les sentiments de notre Souverain Légitime.

Famille Royale - Noël

Tribune publiée dans « L’Incorrect » du samedi 24 décembre 2022 > ici

   « Chez tous les Français attachés à leur patrie et à leurs traditions ancestrales, chez tous les Européens préoccupés par l’avenir de notre civilisation, chez tous les fidèles soucieux de faire entendre au monde le message du Christ, la fête de Noël doit susciter un sursaut d’espérance. Sans doute, les sociétés modernes – et tout particulièrement la France – n’ont jamais été si éloignées de l’idéal de paix, de justice, d’union et de charité fraternelle qui trouve son expression la plus profonde dans les célébrations de la Nativité. Pourtant, dans son insondable mystère, l’Incarnation demeure le plus bouleversant appel à la renaissance et au salut qui ait jamais été adressé à notre monde. Un appel dont l’actualité est rappelée chaque année depuis des siècles et des siècles.

   Ce message d’espoir est destiné à tous les hommes ; mais les habitants des vieux pays de chrétienté qui sont les nôtres ont une responsabilité toute particulière dans sa transmission. À l’exception des quelques brèves périodes de notre histoire où le fanatisme anti-chrétien a atteint son paroxysme, la venue au monde du Sauveur a toujours réconcilié pour un bref moment ceux de nos compatriotes qui s’opposaient à l’Église avec ceux qui demeuraient fidèles à la foi de leurs pères. La preuve en est que l’attachement à la fête de Noël a non seulement perduré pendant des siècles mais a surtout conservé assez de force pour suspendre les conflits les plus sanglants.

   En 1914 et 1915, des soldats français, britanniques et allemands, interrompant les hostilités de manière spontanée, donnèrent l’exemple d’une telle réconciliation. En imposant ces trêves de Noël, les combattants des tranchées préfiguraient sans le savoir les efforts héroïques entrepris au nom des valeurs chrétiennes par le Pape Benoît XV, l’Empereur Charles Ier et les princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme pour mettre un terme à cette guerre fratricide en 1917. Tous – Pape, Empereur, princes et simples soldats – étaient mus par le désir de se montrer fidèles à quelque chose qui les dépassait infiniment. La transcendance, le souci du dépassement triomphait de tous les obstacles. Cent ans après notre humanité serait-elle moindre ? Je ne peux le croire !

   Même si de nombreuses voix réclament que les Français répudient ce qui a fait l’essence même de leur grandeur et de leur civilisation, le vieux fonds chrétien demeure présent. Le déclin actuel dans la pratique des sacrements n’effacera jamais les traces que des siècles de foi intense ont laissées dans le cœur des peuples d’Europe. Les églises trop souvent délaissées durant l’année seront pleines les 24 et 25 décembre. C’est pourquoi l’on commet une grave erreur, en supposant que l’indifférence actuelle conduira fatalement à la disparition de tout sentiment religieux : les braises brûlent encore sous la cendre. L’émotion que la fête de Noël continue à susciter en est une preuve évidente, de même que les nombreuses initiatives portées par des jeunes, ce qui est très encourageant. D’ailleurs, si certains désirent avec tant de force s’attaquer aux symboles de Noël, en débaptisant les vacances de Noël, en exigeant que l’on supprime les crèches des espaces publics, en exaltant plus le consumérisme que la fête religieuse, ces attaques ne sont-elles pas le signe que l’essentiel est toujours là ?

   Ne tombons pas pour autant dans le piège d’un optimisme béat. Si Noël est d’abord la fête de tous les Chrétiens, c’est aussi une fête de portée universelle qui réunit les familles et contraint, durant une trop brève période, la société agnostique – voire païenne – dans laquelle nous vivons à se préoccuper de ses membres les plus fragiles. Ceux de nos compatriotes qui manifestent de manière ostentatoire leur indifférence pour la fête que nous allons célébrer s’associent donc – qu’ils en soient conscients ou non – aux attaques contre la famille et au mépris des plus pauvres. Comme tous nos Rois, à la suite de Saint Louis, je demeure du côté des humbles, de ceux qui ont besoin de notre soutien et envers lesquels le Sauveur a fait preuve d’une sollicitude toute particulière.

   Quel contraste avec l’attitude qui prévalait dans la France profondément catholique du Grand Siècle ! Il suffit pour s’en convaincre de relire les propos de Bossuet dans un sermon qui fut prêché, devant mon aïeul, Louis XIV, et toute la Cour de France le jour de Noël 1665 : « Ce qui nous empêche d’aller au souverain bien, c’est l’illusion des biens apparents ; c’est la folle et ridicule créance qui s’est répandue dans tous les esprits, que tout le bonheur de la vie consiste dans ces biens externes que nous appelons les honneurs, les richesses et les plaisirs. Étrange et pitoyable ignorance ! » Plus de deux mille ans après l’Incarnation, ces mots nous invitent à nous souvenir de l’essentiel. Puissent-ils être entendus aujourd’hui !

   Lors de la naissance de l’enfant Jésus, Hérode semblait triompher avec ses lois iniques ; les riches n’étaient pas avec les parents du Christ, rejetés dans une humble étable. C’est pourtant le dépouillement qui a triomphé, et l’esprit de justice contre l’iniquité. Comme les Bergers, comme les rois Mages venus adorer le fils de Dieu nouveau-né, sachons résister avec courage. C’est notre espérance qui nous rend forts, presque invincibles. Comme je l’ai dit encore récemment, le monde se meurt de n’être pas plus chrétien. C’est là l’unique source des mauvaises lois, des mesures contre nature présentées comme des progrès ; c’est pour cette raison que la famille naturelle se trouve remise en cause. Mais nous ne devons pas nous décourager. Telle est justement la force de Noël : chaque année, ce temps liturgique parmi les plus forts nous rappelle que, même si nous pouvons avoir l’impression que nous chavirons, il suffit de se tourner vers le petit enfant de la crèche pour savoir que rien n’est impossible. Si un enfant a pu vaincre le mal, la force de tous les tyrans n’est vraiment pas grand-chose.

   Ainsi ce soir, je me tiens au pied de la crèche, avec mon épouse, la Princesse Marie-Marguerite et nos quatre enfants, en espérant mieux pour notre pays, mieux pour demain, mieux pour tous ceux qui pensent qu’au-delà des égoïsmes humains il y a un bien commun à partager et qui nous réunit tous. C’est pourquoi, alors que nous nous apprêtons à célébrer la naissance du Sauveur, je souhaite adresser un message d’encouragement et d’amitié à tous les Français fidèles à cette tradition. Puisque l’attachement à la fête de Noël s’est maintenu malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, il est de notre devoir de conserver intacte et vive cette flamme d’espérance. »

Trois lys blancs

2022-136. De notre saint Roi Clovis 1er le Grand.

Lettre mensuelle
aux membres et amis de la
Confrérie Royale
à l’occasion de la fête de la Nativité de NSJC
25 décembre 2022

* * *

Jean Hélart vers 1670 Baptême de Clovis

Jean Hélart (1618-1685) : Le Baptême de Clovis (peint vers 1670)

Fleur de Lys

Clovis 1er le Grand

   Le dimanche 25 décembre 496, au cours de la nuit de Noël, le Saint Roi Clovis 1er le Grand reçut quatre sacrements et un sacramental.

I – Le Baptême

   Le premier sacrement, pour lequel il était venu, fut le baptême.

   Le Roi, nouveau Constantin, prêché depuis son avènement en 481 par l’archevêque de Rheims Saint Remy et depuis son mariage en 493 par son épouse Sainte Clothilde de Bourgogne, muni des trois fleurs de lys célestes par l’ermite de Joyenval (cf. > ici) et converti par le miracle divin de la victoire inespérée à Tolbiac peut-être le 14 février 496, catéchisé par Saint Waast, qu’il nomma ensuite évêque d’Arras, confirmé dans sa résolution au tombeau tourangeau de Saint Martin le 11 novembre 496, conforté, dans ses craintes de n’être pas suivi par son peuple, par la résolution de ses guerriers de « croire dans le vrai Dieu immortel que prêche Remy », s’avança résolument dans la future primatiale Notre-Dame de l’Assomption de Rheims pour être baptisé par Saint Remy. « Est-ce là le Royaume de Dieu que vous m’avez promis ? » – « Non, c’est le début du chemin par lequel on y va ».

   Le baptême donne un caractère indélébile dans l’âme du baptisé. Saint Clovis y fut fidèle, consacra la France à Saint Michel à Tolbiac, à Saint Martin à Tours, à Notre-Dame à Rheims, prit conseil des évêques (comme il avait à son avènement déjà accepté ceux de Saint Remy), convoqua en 511 le concile d’Orléans qui scella l’union du Trône et de l’Episcopat, construisit la basilique Saint-Pierre et Saint-Paul pour y inhumer Sainte Geneviève dont il avait accepté aussi les conseils et à qui il consacra lors la France, commença la reconstruction des cathédrales Notre-Dame de l’Assomption de Paris et Notre-Dame de l’Assomption de Strasbourg, fut fidèle dans son ménage, s’efforça d’adoucir ses mœurs dans une époque encore rude (il suffit de comparer avec les rois voisins païens ou ariens), et fut pour ce motif considéré comme saint à l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris, à l’abbaye Saint-Pierre de Moissac et à la collégiale Sainte-Marthe de Tarascon, et invoqué notamment par le Roi Louis XI.

   Le Roi, qui n’était pas plus que ses contemporains un libéral adepte de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, avait bien l’intention d’engager ainsi son Royaume, et fut conforté par la résolution de ses trois mille guerriers. Il n’y a certes pas dans ce baptême moral d’un pays un caractère proprement physique, mais certainement moral : il engageait la France pour toujours.

   Tous les Rois y furent fidèles ; même Henri IV, entraîné enfant dans l’hérésie par ses parents, resté presque catholique dans sa croyance, et toujours modéré dans ses guerres, prit dès le lendemain de son avènement l’engagement de se convertir.

   Ce sont les révolutions de 1792 et de 1830 (sans compter l’intermède de Cent Jours en 1815) qui abolirent la religion catholique de l’Etat, et l’on a entendu naguère des chefs de la République « le refus de la loi morale primant sur la loi civile », « la nocivité de l’hypothèse de Dieu », et « le droit au blasphème ».

   A nous de rester fidèles au baptême que nous avons reçu (au besoin prenons la résolution de le recevoir avec la grâce de Dieu) et à celui de notre pays. La catholicité de l’Etat ne sera pas restaurée sans notre conversion personnelle, comme le disait Henri V.

Fleur de Lys

II – La Confirmation

   Le deuxième sacrement, qui suivit le baptême, fut la confirmation, complément du baptême.

   Le Roi, nouveau Théodose, homme politique résolu (on l’avait vu avec les derniers faibles représentants de l’autorité romaine en 486), homme droit (on l’avait vu à propos du vase de Soissons qu’il voulait rendre à l’Eglise de Rheims en 486), convaincu par la victoire de Tolbiac que la seule force véritable était celle du vrai Dieu, vint résolument recevoir du Saint-Esprit la confirmation de sa foi par les mains de Saint Remy. « Ah ! si j’avais été là avec mes Francs ! », avait-il dit au récit de la Passion du Sauveur.

   La confirmation donne un caractère indélébile dans l’âme du confirmé. Saint Clovis y fut fidèle, prit la protection des catholiques maltraités par les ariens, et, avec l’aide de Saint Martin (qu’il vint prier à son tombeau) et de Saint Hilaire (qui de son tombeau fit s’élever une colonne de lumière), vainquit le Roi arien wisigoth Alaric II à Vouillé peut-être le 20 juillet 507, envoya en hommage au Pape la couronne reçue alors de l’Empereur byzantin Anastase 1er, et fut considéré comme le véritable fondateur de la Royauté catholique française : son nom, modernisé en Louis, passa ainsi de règne en règne jusqu’à nos jours et sans doute au-delà.

   Le Roi savait que le nouveau Fils Aîné de l’Eglise était devenu le protecteur du Saint-Siège et de la Sainte Eglise et l’artisan de la dilatation du Règne de Dieu sur la terre. Il n’y a certes pas dans cette confirmation morale d’un pays un caractère proprement physique, mais certainement moral : il engageait la France pour toujours dans cette tâche.

   Tous les Rois y furent fidèles. De Saint Childebert 1er et Thibert 1er en 539 à Arnoul de Carinthie en 896, huit Rois de France allèrent en Italie défendre le Saint-Siège. Et à partir de Saint Etienne IV en 754, innombrables furent les Souverains Pontifes qui vinrent chercher refuge auprès du Roi de France. Par les mariages nos Rois convertirent les Wisigoths d’Espagne et les Anglo-Saxons, par les prédications les derniers païens de France, la Germanie, la Scandinavie et les Normands de France, par les missions de nombreux peuples des deux Indes Occidentales et Orientales. Ils défendirent par les croisades la Chrétienté attaquée : de louis VII en 1145 à Charles X en 1830 vingt-trois Rois furent croisés ou organisèrent des croisades.

   En notre époque révolutionnaire, même l’aide traditionnelle aux chrétiens d’Orient est à peine visible, et l’on a entendu naguère un chef de la République ne pas oser qualifier de chrétiens ceux qui venaient d’être assassinés pour leur foi par des musulmans.

   A nous de rester apostoliques, appuyés sur notre confirmation et sur celle de notre pays. La France ne redeviendra apostolique et forte que par ses membres.

Grandes armes de France

III – Le Sacre Royal

   Le sacramental qui suivit la confirmation fut le sacre royal, complément de la confirmation pour un Roi.

   Le Roi, nouveau David, déjà religieux d’une religion naturelle comme sont tous les païens (à la différence des Etats modernes), persuadé de la souveraine Majesté du vrai Dieu lors de la bataille de Tolbiac, fut par l’initiative de Saint Remy sacré Roi, à l’imitation de Saint David dans l’Ancien Testament, par l’onction de l’onguent de la sainte Ampoule apportée, comme le dit un répons du sacre, par le Saint-Esprit (et qui venait de servir exceptionnellement au baptême et à la confirmation, le saint-chrême manquant). A Tolbiac il avait invoqué celui que son conseiller Aurélien lui avait dit être « le Roi des rois et le Dieu du ciel et de la terre ».

   La marque de la fidélité au Roi des rois et à son Royaume est l’anneau : il est difficile de savoir si Clovis l’a reçu, mais il fut donné au moins très rapidement à ses successeurs. Saint Clovis fut fidèle à cette union à son Royaume : il assura la protection de l’Eglise, fut soucieux de la justice, première vertu royale, qui fut l’une des raisons de la convocation du concile d’Orléans, et apprit à y joindre la miséricorde, nouveauté chrétienne (il reconnut notamment le droit d’asile des églises). Ces vertus valaient pour tous ses sujets, même non catholiques, car tous étaient ses enfants, et son exemple royal en convertit beaucoup. Ce fut le même onguent de la sainte Ampoule qui sacra tous ses successeurs jusqu’à Charles X, en attendant le sacre suivant, car « nous l’avons encore », comme a dit l’archevêque de Rheims Saint Hincmar.

   Le Roi savait qu’il était devenu l’Oint du Seigneur et qu’« évêque du dehors », il se devait à son Royaume et à la protection de l’Eglise. Le pacte de Rheims engageait pour toujours la France dans l’union à Dieu et au Roi, lequel ne pouvait renoncer à cet engagement, comme disait Jacques 1er.

   Tous les Rois y furent fidèles, même ceux qui ne purent, par l’âge, la prison ou l’exil, être sacrés. Le vénérable Louis XVI préféra le martyre à l’infidélité au serment de son sacre. Louis XIV, Louis XV et Louis XVIII rappelaient encore qu’ils étaient les pères de leurs sujets. Et les Français savaient qu’ils avaient un père aimant en leur Roi donné par Dieu (même avant le sacre).

   En notre époque de laïcisme triomphant, nul homme politique français n’ose prononcer le nom de Dieu, ce qui pourtant changerait la conception de la vie politique, même pas le mot du bien commun. Comme l’a reconnu un récent chef de la république, au nom du laïcisme l’on a fait et fait encore la guerre à l’Eglise.

   A nous de n’avoir pas honte de notre foi religieuse et royale et de garder notre fidélité filiale à Louis XX. A force de prononcer le nom du Roi, dit-on, le Roi reviendra.

Fleur de Lys

IV – La Communion

   Le troisième sacrement, qui suivit le sacre royal au cours de la messe, fut la communion, qui scella les sacrements et le sacramental précédents.

   Le Roi, nouveau Salomon, jouissant déjà dès sa jeunesse d’une sagesse naturelle à laquelle s’adressa Saint Remy lors de son avènement, ayant apprécié la sagesse et la charité surnaturelles de son épouse Sainte Clothilde même quand il ne suivait pas ses conseils de se faire baptiser, subjugué par la sagesse et la charité divines de Saint Remy lors de ses dernières instructions, assista religieusement en la future primatiale de Rheims au saint-sacrifice de Jésus-Christ qui offrit sa Vie pour l’amour de nous et la rédemption de nos péchés, et y reçut la communion eucharistique des mains du saint archevêque pour s’unir en son âme à son divin Sauveur. Union indicible du nouveau     Roi Très-Chrétien néophyte à son divin Roi, qu’aucun chroniqueur ne put en effet exprimer.

   La fidélité de l’âme par la communion souvent renouvelée est tout intérieure. Saint Clovis fut fidèle à cette communion à son Dieu, s’efforça d’éviter le péché et de bannir peu à peu celui-ci de ses terres par son exemple et ses décrets, devenu naturellement le phare des rois terrestres, comme le reconnurent pour lui et ses successeurs le Pape Saint Grégoire 1er le Grand et la plupart des rois étrangers au cours des âges.

   Le Roi savait qu’en s’unissant à son Dieu, il unissait son Royaume à Jésus-Christ pour toujours dans la foi, l’espérance et la charité, et lui procurait les grâces divines, par la médiation de celui qui était devenu « un autre Christ ».

   Tous les Rois y furent fidèles, malgré leurs faiblesses humaines : amour de Dieu, de l’Eglise, du prochain, de leurs sujets. Dieu rappela cette union intime qu’il avait avec le Fils Aîné de son Sacré-Cœur lors des sacres de Charles VII et d’Henri IV et sous Louis XIV. Encore le 6 juin 1830 Sainte Catherine Labouré vit Jésus-Christ dépouillé de ses ornements royaux et il lui fut signifié que c’était le Roi de la terre, Charles X, qui allait en être dépouillé : Notre-Seigneur s’est donc identifié au Roi Très-Chrétien jusque dans sa déposition, car, en chassant Charles X, c’est bien Dieu que l’on voulait chasser, comme on le vit par la suppression de la religion catholique de l’Etat et les lois contre la religion et la morale qui suivirent.

   En notre époque de subjectivisme et d’égoïsme généralisés jusque dans la vie politique, la désunion des citoyens rejetant leur Père céleste a remplacé l’union commune autour de Dieu, les opinions diverses et opposés ont pris la place du bien commun qui unit, la loi implacable a chassé la miséricorde (ce fut un des arguments en faveur de la république dans les années 1870).

   A nous de garder la charité et l’union entre Français. La charité attire souvent là où la raison échoue.

Retable de l'autel de Sainte Clotilde - Paris basilique Sainte Clotilde

Paris, basilique Sainte-Clotilde : retable de l’autel de Sainte Clotilde
représentant du côté de l’Evangile le mariage de Clovis et Sainte Clotilde, et du côté de l’épître le baptême de Clovis

V – Le Mariage

   Un autre sacrement fut reçu discrètement ce jour-là : le mariage, en conséquence du baptême.

   Le Roi, nouveau Josias, ayant certes été légitimement marié avec Sainte Clothilde, toutefois d’un mariage naturel puisque l’un des époux n’était pas baptisé, ayant admiré pendant toutes ces années l’amour, les vertus et la foi de son épouse, était ainsi prêt à recevoir le sacrement du mariage. Il n’y eut probablement pas de cérémonie explicite, mais c’était implicite dans le sacrement du baptême de l’époux jusque-là non-baptisé.

   La marque de la fidélité des époux est l’anneau : il est néanmoins difficile de savoir s’il y en eut alors. Saint Clovis fut fidèle à cette union, eut les mœurs pures, et demanda au concile d’Orléans de porter des canons pour la sanctification du mariage.

   Le Roi entendait, ce faisant, engager ses sujets dans la soumission aux lois de Dieu et de l’Eglise. Il savait que de bonnes familles forment un bon Royaume, comme le dira plus tard le serviteur de Dieu Louis XIII.

   Tous les Rois furent fidèles à sanctifier paternellement leurs peuples. Leur législation fut continue pour sanctifier les individus, les familles et toute la société.

   Mais dès la chute du Roi-Martyr en 1792, la Révolution instaura le mariage civil et le divorce, qui est la ruine des familles. Et la Vème République s’est faite la spécialiste des lois immorales de tout genre, jusqu’à l’avortement des petits sans défense.  La société moderne laïcisée conduit ses chefs et ses sujets à oublier, bon gré mal gré, la Loi de Dieu. Henri VI, Alphonse II et Louis XX ont particulièrement attiré l’attention sur les nombreux crimes divers commis contre les enfants de nos jours.

   A nous de garder la fidélité aux commandements de Dieu et de l’Eglise, ainsi qu’au Lieutenant du Christ, comme celui-ci est toujours fidèle à Dieu, à l’Eglise et à ses sujets. Sanctifions-nous et par notre exemple sanctifions le prochain.

Fleur de Lys

Conclusion :

   A défaut de pouvoir nous recueillir devant le tombeau de Saint Clovis le Grand, actuellement sous « la rue Clovis » percée par la Révolution à la place de l’ancienne abbatiale Sainte-Geneviève (quelle ingratitude envers la Patronne de la capitale et le Fondateur de la France !), sachons l’invoquer chaque 27 novembre (son jour natal au ciel) pour le remercier des sacrements reçus le 25 décembre 496 et des grâces ainsi reçues par la France depuis plus de quinze siècles, et pour notre conversion et celle de notre pays, dans la foi catholique, dans la force apostolique, dans la fidélité royale, dans la charité française et dans la sanctification familiale. Mère de la sainte Espérance, convertissez-nous. Reine de France qui trônez au Puy, priez pour la France, priez pour le Roi, priez pour nous.

Abbé Gabriel Equin +

Clovis couronné par la victoire - Charles-Joseph Natoire

Charles-Joseph Natoire (1700-1777) : Clovis couronné par la Victoire fait refleurir la Religion (1736)
[Troyes, musée des Beaux-Arts]

2022-135. « Que l’exemple de Thomas corrobore toujours davantage notre Foi en Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Dieu ».

21 décembre,
Fête de Saint Thomas, apôtre.

L'Apôtre Saint Thomas - Georges de La Tour - Louvre

Georges de La Tour (1593-1652) : l’apôtre Saint Thomas
[musée du Louvre]

frise

Catéchèse de Sa Sainteté le pape Benoît XVI
sur
l’Apôtre Saint Thomas

lors de l’audience générale
du Mercredi 27 septembre 2006

Chers frères et sœurs,

   Poursuivant nos rencontres avec les douze Apôtres choisis directement par Jésus, nous consacrons aujourd’hui notre attention à Thomas. Toujours présent dans les quatre listes établies par le Nouveau Testament, il est placé dans les trois premiers Evangiles, à côté de Matthieu (cf. Matth. X, 3 ; Marc III, 18 ; Luc VI, 15), alors que dans les Actes, il se trouve près de Philippe (cf. Act. I, 13).
Son nom dérive d’une racine juive, ta’am, qui signifie « apparié, jumeau ». En effet, l’Evangile de Jean l’appelle plusieurs fois par le surnom de « Didyme » (cf. Jean XI, 16 ; XX, 24 ; XXI, 2), qui, en grec, signifie précisément « jumeau ». La raison de cette dénomination n’est pas claire.

   Le Quatrième Evangile, en particulier, nous offre plusieurs informations qui décrivent certains traits significatifs de sa personnalité :

- La première concerne l’exhortation qu’il fit aux autres Apôtres lorsque Jésus, à un moment critique de Sa vie, décida de Se rendre à Béthanie pour ressusciter Lazare, s’approchant ainsi dangereusement de Jérusalem (cf. Marc X, 32). A cette occasion, Thomas dit à ses condisciples : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec Lui ! » (Jean XI, 16). Sa détermination à suivre le Maître est véritablement exemplaire et nous offre un précieux enseignement : elle révèle la totale disponibilité à suivre Jésus, jusqu’à identifier son propre destin avec le Sien et à vouloir partager avec Lui l’épreuve suprême de la mort. En effet, le plus important est de ne jamais se détacher de Jésus. D’ailleurs, lorsque les Evangiles utilisent le verbe « suivre » c’est pour signifier que là où Il Se dirige, Son disciple doit également se rendre. De cette manière, la vie chrétienne est définie comme une vie avec Jésus-Christ, une vie à passer avec Lui. Saint Paul écrit quelque chose de semblable, lorsqu’il rassure les chrétiens de Corinthe de la façon suivante : « Vous êtes dans nos cœurs à la vie et à la mort » (2 Cor. VII, 3). Ce qui a lieu entre l’Apôtre et ses chrétiens doit, bien sûr, valoir tout d’abord pour la relation entre les chrétiens et Jésus Lui-même : mourir ensemble, vivre ensemble, être dans Son Cœur comme Il est dans le nôtre.

- Une deuxième intervention de Thomas apparaît lors de la dernière Cène. A cette occasion, Jésus, prédisant Son départ imminent, annonce qu’Il va préparer une place à Ses disciples pour qu’ils aillent eux aussi là où Il Se trouve ; et Il leur précise : « Pour aller où Je M’en vais, vous savez le chemin » (Jean XIV, 4). C’est alors que Thomas intervient en disant : « Seigneur, nous ne savons même pas où Tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » (Jean XIV, 5). En réalité, avec cette phrase, il révèle un niveau de compréhension plutôt bas ; mais ses paroles fournissent à Jésus l’occasion de prononcer la célèbre définition : « Moi, Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean XIV, 6). C’est donc tout d’abord à Thomas que cette révélation est faite, mais elle vaut pour nous tous et pour tous les temps. Chaque fois que nous entendons ou que nous lisons ces mots, nous pouvons nous placer en pensée aux côtés de Thomas et imaginer que le Seigneur nous parle à nous aussi, comme Il lui parla. Dans le même temps, sa question nous confère à nous aussi le droit, pour ainsi dire, de demander des explications à Jésus. Souvent, nous ne Le comprenons pas. Ayons le courage de dire : « je ne Te comprends pas, Seigneur, écoute-moi, aide-moi à comprendre ». De cette façon, avec cette franchise qui est la véritable façon de prier, de parler avec Jésus, nous exprimons la petitesse de notre capacité à comprendre et, dans le même temps, nous nous plaçons dans l’attitude confiante de celui qui attend la lumière et la force de Celui qui est en mesure de les donner.

- Très célèbre et même proverbiale est ensuite la scène de Thomas incrédule, qui eut lieu huit jours après Pâques. Dans un premier temps, il n’avait pas cru à l’apparition de Jésus en son absence et il avait dit : « Si je ne vois pas dans Ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans Son côté ; non, je ne croirai pas ! » (Jean XX, 25). Au fond, ces paroles laissent apparaître la conviction que Jésus est désormais reconnaissable non pas tant par Son visage que par Ses plaies. Thomas considère que les signes caractéristiques de l’identité de Jésus sont à présent surtout les plaies, dans lesquelles se révèle jusqu’à quel point Il nous a aimés. En cela, l’Apôtre ne se trompe pas. Comme nous le savons, huit jours après, Jésus réapparaît parmi Ses disciples, et cette fois, Thomas est présent. Jésus l’interpelle : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant » (Jean XX, 27). Thomas réagit avec la plus splendide profession de Foi de tout le Nouveau Testament : « Mon Seigneur et Mon Dieu ! » (Jean XX, 28). A ce propos, Saint Augustin commente : « Thomas voyait et touchait l’homme, mais il confessait sa Foi en Dieu, qu’il ne voyait ni ne touchait. Mais ce qu’il voyait et touchait le poussait à croire en ce que, jusqu’alors, il avait douté » (In Iohann. 121, 5). L’évangéliste poursuit par une dernière parole de Jésus à Thomas : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » (Jean XX, 29). Cette phrase peut également être mise au présent : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Quoi qu’il en soit, Jésus annonce un principe fondamental pour les chrétiens qui viendront après Thomas, et donc pour nous tous. Il est intéressant d’observer qu’un autre Thomas, le grand théologien médiéval d’Aquin, rapproche de cette formule de Béatitude celle apparemment opposée qui est rapportée par Luc : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez » (Luc X, 23). Mais Saint Thomas d’Aquin commente : « Celui qui croit sans voir mérite bien davantage que ceux qui croient en voyant » (In Johann. XX lectio VI 2566). En effet, la Lettre aux Hébreux, rappelant toute la série des anciens Patriarches bibliques, qui crurent en Dieu sans voir l’accomplissement de Ses promesses, définit la Foi comme « le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (Hebr. XI, 1).
Le cas de l’Apôtre Thomas est important pour nous au moins pour trois raisons : la première, parce qu’il nous réconforte dans nos incertitudes ; la deuxième, parce qu’il nous démontre que chaque doute peut déboucher sur une issue lumineuse au-delà de toute incertitude ; et, enfin, parce que les paroles qu’il adresse à Jésus nous rappellent le sens véritable de la Foi mûre et nous encouragent à poursuivre, malgré les difficultés, sur notre chemin d’adhésion à sa personne.

- Une dernière annotation sur Thomas est conservée dans le Quatrième Evangile, qui le présente comme le témoin du Ressuscité lors du moment qui suit la pêche miraculeuse sur le Lac de Tibériade (cf. Jean XXI, 2). En cette occasion, il est même mentionné immédiatement après Simon-Pierre : signe évident de la grande importance dont il jouissait au sein des premières communautés chrétiennes. En effet, c’est sous son nom que furent ensuite écrits les Actes et l’Evangile de Thomas, tous deux apocryphes, mais tout de même importants pour l’étude des origines chrétiennes.

   Rappelons enfin que, selon une antique tradition, Thomas évangélisa tout d’abord la Syrie et la Perse : c’est ce que réfère déjà Origène, rapporté par Eusèbe de Césarée (Hist. eccl. III, 1), se rendit ensuite jusqu’en Inde occidentale (cf. Actes de Thomas 1-2 et 17sqq), d’où il atteignit également l’Inde méridionale.

   Nous terminons notre réflexion dans cette perspective missionnaire, en formant le vœu que l’exemple de Thomas corrobore toujours davantage notre Foi en Jésus Christ, notre Seigneur et notre Dieu. Que l’exemple de l’Apôtre Thomas rende toujours plus forte votre Foi en Jésus et qu’il vous incite à être d’ardents missionnaires de l’Évangile parmi vos frères.

Incrédulité de Saint Thomas - Le Caravage - Sansouci

Le Caravage (1571-1610) : l’incrédulité de Saint Thomas confondue (vers 1603)
[palais de Sanssouci, Postdam]

2022-134. Nous avons lu et nous avons aimé : « Les Français de Philippe V : un modèle nouveau pour gouverner l’Espagne », de Catherine Désos.

19 décembre,
Fête du Bienheureux Urbain V (cf. > ici) ;
« O Radix Iesse » (cf. > ici) ;
Anniversaire de la naissance de SMC le Roi Philippe V d’Espagne ;
Anniversaire de la naissance de SM la Reine Marie-Thérèse de France (cf. > ici).

Philippe V d'Espagne à l'âge de 18 ans - Hyacinthe Rigault - détail

Philippe V d’Espagne à l’âge de 18 ans
par Hyacinthe Rigaud, détail (1701)

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    A la vérité, il y a fort longtemps que nous eussions dû vous parler de cet ouvrage, publié en 2009, et qui se trouve déjà depuis de nombreuses années en très bonne place dans la bibliothèque historique de notre Mesnil-Marie.
Mieux vaut tard que jamais ! L’anniversaire de la naissance, le 19 décembre 1683, de ce Enfant de France, petit-fils du Grand Roi, titré Philippe duc d’Anjou, qui, à la fin de l’année 1700 fut appelé à ceindre la Couronne d’Espagne, nous fournit donc l’opportunité de réparer cette lacune dans nos publications, en espérant que, comme nous, ceux qui s’intéresseront à cet ouvrage, trouveront, comme nous, autant d’intérêt que d’enrichissement à sa lecture.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, une simple vérification nous a permis de nous assurer que ce livre est toujours disponible en librairie, ou peut aussi être acquis en format électronique.

   Il ne faut évidemment pas chercher dans cet ouvrage de 540 pages une espèce de « roman historique », puisqu’il s’agit d’une thèse de doctorat soutenue avec brio à l’Université de Strasbourg : c’est un véritable ouvrage scientifique qui est venu apporter un excellent éclairage sur cette « familia francesa » – environ 260 personnes – qui a accompagné le jeune Philippe V et l’a secondé dans sa délicate vocation à régner sur l’Espagne.
Tous les amateurs de science historique y trouveront leur compte avec un véritable bonheur.

Catherine Désos - les Français de Philippe V

Quatrième de couverture :

   Coup de tonnerre dans le ciel de la diplomatie européenne ! En novembre 1700, le jeune duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, hérite de la couronne d’Espagne sous le nom de Philippe V. Une ère nouvelle s’ouvre pour un royaume gouverné, jusque là, par les Habsbourg, si différent, si contraire, si évidemment ennemi de la France depuis près de deux siècles.

   A la fois précautionneux envers les puissances étrangères, mais aussi désirant ménager l’orgueil castillan, Louis XIV ne souhaite pas s’ingérer dans les affaires intérieures de Philippe :  » Laissons les Espagnols se gouverner eux-mêmes « . C’est la guerre qui, révélant les faiblesses internes de l’Espagne, nécessitera une union étroite entre les deux royaumes, avec pour conséquence un accroissement du nombre des Français au service du nouveau roi. 

   Peu nombreux, bien placés, actifs jusqu’en 1724, prenant appui sur les novatores, ils influencent l’ensemble des rouages de la monarchie. La vie de cour et artistique, la pratique du gouvernement, l’administration des finances, le système commercial, l’organisation militaire, la politique étrangère, rien ne leur échappe. Mais ce processus réformateur, accéléré dans le contexte guerrier d’alors, ne va pas sans susciter des oppositions internes et des atermoiements, même de la part de Versailles, autant d’obstacles à surmonter. 

   L’ouvrage offre pour la première fois au lecteur une synthèse toute en nuances des innovations introduites par cet entourage français, qui a su conserver l’équilibre délicat entre le modèle offert par le puissant voisin et le caractère propre de la nation espagnole. On comprend mieux, désormais, les conditions dans lesquelles la Péninsule a pu s’ouvrir, avec succès, à la modernité du 18e siècle.

Catherine Désos : « Les Français de Philippe V : un modèle nouveau pour gouverner l’Espagne (1700-1724) » – aux Presses universitaires de Strasbourg – 2009

Armoiries de Philippe V

2022-133. Voici qu’approche l’heure du Sauveur.

4ème dimanche de l’Avent, dit de « Rorate ».

José Claudio Antolinez - détail 1

- Méditation pour le quatrième dimanche de l’Avent -

Voici qu’approche l’heure du Sauveur.

   Présence de Dieu :
Je me place aux pieds de Jésus, mon Sauveur, afin de Le prier de préparer Lui-même mon cœur à Sa venue imminente.

   Méditation :

   1 – « Convoquez les nations, portez le message aux peuples et dites-leur : Voici que Dieu, notre Sauveur, arrive » (d’après Isaïe). Le message se fait toujours plus pressant : dans peu de jours le Verbe de Dieu fait chair se montrera au monde. Il faut donc hâter les préparatifs, préparer un cœur digne de Lui.
L’Incarnation du Verbe est la plus grande preuve de l’amour infini de Dieu pour les hommes ; aussi est-ce d’une manière bien opportune que la liturgie d’aujourd’hui nous rappelle la grande parole : « Je t’ai aimé d’amour éternel, voilà pourquoi Je t’ai attiré, te prenant en pitié » (Jérémie XXXI, 3 auquel font allusion les leçons du deuxième nocturne des matines). Oui, Dieu a aimé l’homme de toute éternité et, pour l’attirer à Lui, Il n’a pas hésité à Lui envoyer « Son Fils dans une chair semblable à celle du péché » (Rom. VIII, 3). Il faut aller à la rencontre de l’Amour, sur le point de s’« incarner » dans le doux Enfant Jésus, avec un cœur rempli d’amour, dilaté par l’amour : amour fidèle dans les grandes comme dans les petites choses, amour ingénieux qui cherche en toute occasion à payer en retour l’amour infini de Dieu. « L’amour se paie par l’amour ! » (cf. Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse de Lisieux) tel est le « leitmotiv » qui a fait les saints, et stimulé une multitudes d’âmes à devenir plus généreuses.
Puisses-tu, dans un tel amour, te préparer à fêter Noël et puisses-tu y rester fidèle car, comme dit Saint Paul dans l’épître, « ce que l’on cherche… c’est que chacun soit trouvé fidèle » (1 Cor. IV, 1-5).

José Claudio Antonilez

José Claudio Antolinez (1635-1675) : Saint Jean-Baptiste enfant prosterné aux pieds de l’Enfant Jésus

   2 – « Préparez la voie du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline sera abaissée ». Dans l’Evangile de ce jour (Luc III, 1-6) s’élève encore la voix du Baptiste, le grand prédicateur de l’Avent, celui qui nous invite à préparer « les voies du Seigneur ».
C’est surtout une invitation à l’humilité, dont Jean n’est pas seulement le héraut, mais le modèle. Bien qu’il soit, selon le témoignage de Jésus, « plus qu’un prophète » (Matth. XI, 9), et que « parmi les enfants des femmes, il n’en a point paru de plus grand » (ibid. XI, 11), Jean s’attribue seulement le rôle d’une simple voix, la « voix qui crie : préparez les chemins du Seigneur ». Il déclare qu’il baptise uniquement dans l’eau, mais qu’un Autre viendra qui baptisera dans l’Esprit-Saint, un Autre dont il se déclare indigne de « délier la courroie de la chaussure » (Johan. I, 23-27). Même, à propos de la venue du Sauveur, il ajoute : « il faut qu’Il croisse et que je diminue » (Johan. III, 30). L’office d’aujourd’hui rassemble tous ces magnifiques témoignages du Baptiste, comme pour nous donner une idée concrète des sentiments d’humilité profonde avec lesquels nous devons aplanir, dans nos cœurs, « les chemins du Seigneur ». Si les vallées, c’est-à-dire nos déficiences, peuvent être comblées par l’amour, les montagnes et les collines, à savoir les vaines prétentions de l’orgueil, doivent être abaissées par l’humilité.
Un cœur où trouvent place l’amour-propre, l’orgueil, ne peut recevoir pleinement Dieu, et la place réservée au doux Enfant de Bethléem y sera par trop exiguë.

José Claudio Antolinez - détail 2

   Colloque :

   O Dieu immense, tout-puissant et éternel, quelle plus grande preuve d’amour infini pouviez-Vous donner à Vos pauvres créatures que celle de leur envoyer Votre Verbe, Votre Fils unique ?
Vous L’avez revêtu, pour nous, d’une chair semblable à celle du péché, alors qu’Il est l’éternelle splendeur, l’image parfaite de Votre substance !

   « Dieu de bonté, supérieur à toute bonté, Vous seul êtes souverainement bon ! Vous nous avez donné le verbe, Votre Fils unique, afin qu’Il vécût avec nous, qu’Il prît contact avec notre être de corruption et de ténèbres. Quelle est la raison de ce don ? L’Amour. Parce que Vous nous avez aimés avant même que nous fussions.
O Grandeur éternelle, ô insondable Bonté, Vous Vous êtes abaissée, afin que l’homme soit grand ! De quelque côté que je me tourne, je ne vois que l’abîme, je ne trouve que le feu de Votre charité » (Sainte Catherine de Sienne).

   « Toutes les fois que je pense au Christ, il faut que je me rappelle (…) Votre charité enflammée, ô Père, qui avez voulu nous donner en Jésus un gage de Votre tendresse. L’Amour appelle l’amour : nonobstant la pauvreté et la faiblesse de mon amour, je veux toujours considérer cette vérité pour m’exciter à l’amour. Si Vous, ô Seigneur, me faisiez la grâce d’allumer ce feu en mon cœur, tout me deviendrait facile et, en peu de temps, sans aucune fatigue, je réaliserais les progrès les plus appréciables. Mon Dieu, par l’amour que Vous nous avez porté et par celui de Votre glorieux Fils, qui a tant souffert pour notre amour, ah ! donnez-moi cette flamme dont j’ai tant besoin ! » (Sainte Thérèse de Jésus, in Vie XXII).

   L’amour comblera les vallées de mon cœur, l’humilité en abaissera les collines et les montagnes. Détruisez, ô Seigneur, par la puissante flamme de Votre amour, mon orgueil, ma superbe, ma vanité. Arrachez par la force de Votre bras tout-puissant, chaque fibre de mon cœur qui, n’étant pas encore à Vous, est infectée du venin de l’amour-propre.
Je veux diminuer moi aussi, ô Seigneur, afin que Vous croissiez en moi ; ainsi, au jour de Votre Naissance, Vous trouverez mon cœur tout-à-fait vide, libre, et donc prêt à l’invasion totale de Votre amour.

Rd. Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine,
in « Intimité divine ».

José Claudio Antolinez - détail 3

2022-132. Le Seigneur est proche.

3ème dimanche de l’Avent,
appelé « dimanche de Gaudete ».

Couronne de l'Avent trois bougies allumées

Le Seigneur est proche !

       Présence de Dieu :
Le Seigneur se rapproche toujours davantage de mon âme par l’invitation de Sa grâce et par Sa venue prochaine à Noël. Moi aussi, je veux me rapprocher de Lui en ravivant mes désirs et ma foi.

Méditation :

   1 – « Nous Vous attendons, Seigneur ; Votre nom et Votre souvenir sont le désir de l’âme. Mon âme Vous a désiré pendant la nuit, et dans le plus intime de mon esprit, dès le matin, je soupire après Vous » (Bréviaire Romain – 2ème leçon de matines).
Si toi aussi, âme consacrée, tu te prépares à commémorer l’Incarnation du Verbe dans cette attente amoureuse et vigilante, aujourd’hui, l’heureuse annonce résonnera plus joyeuse que jamais à ton oreille : « Tout près déjà est le Seigneur, venez, adorons-Le ! » (invitatoire).
Toute la liturgie de ce jour t’invite à te réjouir de ce que la venue du Rédempteur est proche : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur ! Je vous le dit encore réjouissez-vous… Le Seigneur est proche » (introït). Tel est le commencement de la Messe du jour et l’épître le répète. Le motif de la joie est unique : « Le Seigneur est proche ! » Pour l’âme qui, avec sincérité et ardeur, avec un vif désir et avec amour, ne cherche que Jésus, il ne peut y avoir qu’un seul motif d’allégresse : savoir que Jésus est proche, toujours plus proche.
Saint Paul aussi nous recommande de ne pas désirer autre chose : « Le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien… Et la paix de Dieu qui surpasse toute pensée, gardera vos cœurs » (épître).
Plus l’âme concentre en Dieu ses désirs et ses affections, plus elle se libère des sollicitudes terrestres ; elle ne se tourmente plus pour rien puisqu’elle sait qu’une seule chose est nécessaire : « chercher Dieu », et qu’en Dieu elle trouvera tout ce dont elle a besoin.
S’approcher du Seigneur est donc pour elle une source, non seulement de vive joie, mais aussi de paix : en Lui, elle a tout ; Dieu lui suffit.

Alessandro Allori - prédication du Baptiste

Alessandro Allori (1535-1607) : prédication du Baptiste
(Palazzo Pitti – Florence)

   2 – « Le Seigneur est au milieu de vous » : tel est le second joyeux message de la liturgie du jour. Il nous est adressé, dans l’Evangile d’aujourd’hui, par Saint Jean-Baptiste : « Il en est un au milieu de vous que vous ignorez ». Jean adressait ces mots aux Juifs qui ne connaissaient pas Jésus, puisqu’Il ne S’était pas encore manifesté par les miracles. Toutefois, depuis environ trente ans, Notre-Seigneur vivait au milieu d’eux. Jean-Baptiste – homme de foi – Le leur désigna avec une pleine assurance.
Ses paroles valent également pour nous ; en effet, Jésus est aussi présent au milieu de nous : présent dans Ses tabernacles par l’Eucharistie, présent dans nos âmes par la grâce. Mais qui Le connaît ? Seul, celui qui croit.
Ravive donc ta foi : tu trouveras Jésus, tu Le connaîtras dans la mesure même de ta foi en Lui. Quelquefois Jésus Se cache à ton regard intérieur, il semble qu’Il ne Se laissera plus trouver, plus sentir ; c’est alors le moment de redoubler de foi, de marcher « dans la foi nue ». « Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et ont cru » (Jean XX, 29). Telle fut la foi de la Très Sainte Vierge à laquelle fait allusion l’antienne des vêpres de ce jour : « Bienheureuse êtes-vous, ô Marie, qui avez cru au Seigneur, car en vous s’accomplira ce qui vous a été dit ! »
Même la Vierge a vécu de foi, elle a dû croire aux paroles de l’Ange et, en acceptant de devenir Mère de Dieu, elle a dû aller à la rencontre d’un mystère qu’elle ne comprenait pas. Mais Marie a cru et, grâce à sa foi, les paroles de Dieu se sont accomplies en elle.
Ainsi en sera-t-il de toi : tu verras s’accomplir tes espérances, tu pourras réaliser ton idéal d’union intime avec Dieu, si tu as foi en Lui et en Ses promesses.

Colloque :

    »Mon âme soupire après Vous, mon Dieu, Dieu fort, Dieu vivant. Je veille et aspire après Vous dès l’aurore. Comme une terre assoiffée et sans eau, mon âme a soif de Vous, ma chair Vous désire. C’est Vous que je cherche, ô Seigneur ; sans Vous, ce monde est un désert brûlé par le soleil et par la soif, où rien ne peut me satisfaire. Vous seul êtes mon salut, mon refuge, mon Sauveur et mon Rédempteur. Jour et nuit, je soupire après Vous, vers Vous je dirige constamment mes désirs et mes affections. Comme les yeux de l’esclave sont tournés vers les mains de sa maîtresse, ainsi mes yeux cherchent toujours Votre Face. Montrez-moi Votre Face, ô Seigneur, et que Votre regard illumine ma route ; soyez ma lumière et ma force.
Venez, Seigneur, et ne tardez pas ; réveillez Votre puissance et venez pour nous sauver. Venez, comme Vous l’avez promis, et soyez notre salut ! Vous êtes notre Sauveur, Vous nous déchargerez de toutes nos iniquités et jetterez tous nos péchés dans les profondeurs de la mer. Vous descendrez comme la pluie sur la toison et nous apporterez la justice et la paix… Vous êtes mon guide et mon pasteur, Vous m’enseignerez Vos voies et je marcherai dans Vos sentiers. Votre venue prochaine me comble de joie et mon âme exulte en Vous, mon Dieu et mon Sauveur. O Seigneur, Vous me réjouissez par tout ce que Vous faites et j’exulte à cause de Votre œuvre. Que Vos œuvres sont admirables, qu’elle est grande Votre miséricorde ! » (d’après les textes du bréviaire).

   Je crois en Vous, j’ai confiance en Vous, mon Dieu et mon Sauveur. Je Vous cherche, mais je sais que Vous êtes déjà près de moi, en moi. Près de moi, caché sous les voiles eucharistiques ; en moi, par Votre grâce. O Seigneur, faites que je Vous connaisse !
Ne permettez pas que se réalise pour moi ce qui arriva aux Juifs : Vous viviez au milieu d’eux et ils ne Vous connaissaient pas. Faites que mon âme soit toujours éveillée en sa foi ; augmentez ma foi, car la foi est la lumière à travers laquelle je puis Vous connaître sur cette terre.
Vous êtes en moi, Seigneur, je le sais, je le crois, même si je ne Vous sens pas. Mais, si Vous le voulez, Vous pouvez illuminer mon âme de Votre lumière et me faire reconnaître Votre divine et mystérieuse présence.

    »Vous êtes cette Lumière qui surpasse toute lumière, et par laquelle Vous illuminez d’une manière surnaturelle l’œil de l’intelligence avec tant d’abondance et de perfection que Vous intensifiez la lumière de la foi. Mon âme trouve la vie dans la foi ; c’est en cette foi qu’elle Vous reçoit et Vous connaît. Grâce à cette lumière de la foi, j’acquiers la sagesse dans la sagesse du verbe. Par elle, je suis forte, constante et persévérante. Cette lumière ne me manquera pas sur mon chemin ; elle me montre la voie ; sans elle, je serais dans les ténèbres. C’est pourquoi je Vous demande, ô Seigneur, que Vous m’illuminiez de la lumière de la très sainte foi » (Sainte Catherine de Sienne).

Couronne de l'Avent une bougie - gif

Prières à Notre-Dame de Lorette.

10 décembre,
Fête de la translation de la Sainte Maison de Nazareth à Lorette.

       Voici quelques prières, d’origine ancienne ou de composition plus récente, en l’honneur de Notre-Dame de Lorette, et pour diverses nécessités.

Notre-Dame de Lorette

Notre-Dame de Lorette
statue en bois de cèdre (1922) vénérée dans la Sainte Maison de Lorette
(la statue antique a disparu dans l’incendie qui a ravagé la Sainte Maison en 1921)
Prière traditionnellement récitée tous les soirs dans la Sainte Maison de Lorette
(indulgenciée en 1929 par S. Exc. Mgr. Louis-Joseph Kerkhofs [1878-1962], évêque de Liège) :
   O très Sainte et très Illustre Vierge Marie, Reine du ciel et de la terre,
Refuge de tous ceux qui recourent à Vous,
par cette divine faveur que vous avez reçue dans votre maison de Nazareth,
d’être la Mère du Créateur de toutes choses,
soyez la consolatrice de vos serviteurs et auprès du Fils unique de Dieu et le Vôtre,
Notre Seigneur Jésus-Christ, Sauveur du genre humain,
leur avocate, afin que toutes leurs actions soient dirigées selon la volonté de Dieu,
qu’ils évitent les embûches de l’ennemi,
qu’ils soient délivrés de tout mal et qu’après avoir échappé à la damnation éternelle,
ils puissent goûter, avec tous ceux qui vous auront servie fidèlement,
les joies sans fin dans la Maison du Seigneur.
Ainsi soit-il.

Intérieur de la Sainte Maison de Lorette état actuel

Intérieur de la Sainte Maison de Lorette – état actuel

Prières pour demander la protection de Notre-Dame de Lorette sur nos foyers :

   Ô Vierge de Lorette, avocate et protectrice des foyers, pleine de miséricorde, qui daignez prendre soin de tous ceux qui se mettent sous votre protection, je vous prie de nous combler de vos bénédictions, afin qu’aucun mal ne puisse affliger mon âme ni mon foyer : éloignez de nous les influences mauvaises et couvrez-nous de votre manteau maternel, pour que nous vivions dans la paix ; et que tous les membres de notre famille, fidèles à leurs devoirs de chrétiens, sous votre garde, grandissent en vertu et en grâce, comme le Saint Enfant sur lequel vous avez veillé dans la maison bénie de Nazareth.

Ainsi soit-il !

   Sainte Vierge de Lorette,  dans la maison de laquelle régnait une atmosphère d’amour et d’union familiale, je vous confie aujourd’hui ma famille et vous prie de la bénir et de la protéger, je vous demande de nous garder dans la paix et la concorde, fidèles dans l’observance des lois de Dieu et de Son Eglise, et de nous accorder une vie heureuse ici-bas avant de nous réunir un jour au ciel auprès de vous.

Ainsi soit-il !

Gravure de l'ancienne statue de Notre-Dame de Lorette

Gravure représentant l’ancienne statue de Notre-Dame de Lorette détruite dans l’incendie de 1921

Prière récitée dans la Sainte Maison de Lorette à midi tous les 10 décembre
(ainsi que le 25 mars, le 15 août et le 8 septembre) - traduction et adaptation par nos soins :

   O Notre-Dame de Lorette, Vierge glorieuse, nous nous approchons de vous avec confiance : accueillez notre humble prière aujourd’hui.
L’humanité est accablée par de graves maux dont elle voudrait se libérer.
Elle a besoin de paix, de justice, de vérité, d’amour et se fait des illusions sur le fait qu’elle peut trouver ces réalités divines loin de votre Fils.

   O Mère, vous avez porté le divin Sauveur dans votre sein très pur et vous avez vécu avec Lui dans la Sainte Maison que nous vénérons sur cette colline de Lorette : obtenez pour nous la grâce de Le chercher et d’imiter Ses exemples qui mènent au salut.

   Avec foi et amour filial, nous nous présentons spirituellement dans votre maison bénie.
Par la présence de votre Famille, c’est la sainte maison par excellence dons nous souhaitons que toutes les familles chrétiennes s’inspirent : de Jésus, que chaque enfant apprenne l’obéissance et le travail ; de vous, ô Marie, que chaque femme apprenne l’humilité et l’esprit de sacrifice ; de Joseph, qui a vécu pour vous et pour Jésus, que chaque homme apprenne à croire en Dieu et à vivre, dans la famille et dans la société, avec fidélité et justice.

   Beaucoup de familles, ô Marie, ne sont pas un sanctuaire où Dieu est aimé et servi ; c’est pourquoi nous vous prions afin que vous puissiez obtenir pour nous que chacun imite ce sanctuaire domestique qui fut le vôtre, reconnaissant chaque jour votre divin Fils comme son Seigneur et L’aimant par-dessus tout.
De même qu’un jour, après des années de prière et de travail, Il a quitté cette Sainte Maison pour faire entendre Sa Parole, qui est Lumière et Vie, de même aujourd’hui, que depuis ces murs saints qui nous parlent silencieusement de foi et de charité, l’écho de Sa Parole toute-puissante, qui éclaire et convertit, atteigne tous les hommes.

   Nous vous prions, ô Marie Très Sainte, pour le Pape, pour l’Eglise universelle, pour notre patrie et pour tous les peuples de la terre, pour les institutions, ecclésiales et civiles, pour les souffrants et les pécheurs…

   O Très Sainte Vierge Marie, en ce jour de grâce, uni à tous ceux qui, dans le monde entier, se présentent spirituellement pour vénérer la Sainte Maison où vous avez été couverte par l’ombre du Saint-Esprit, avec une foi vive nous vous répétons les paroles de l’Archange Gabriel : Je vous salue, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec vous !
Nous vous invoquons avec ferveur : Je vous salue, ô Marie, Mère de Jésus et Mère de l’Église, Refuge des pécheurs, Consolatrice des affligés, secours des chrétiens.
Au milieu des difficultés et des tentations fréquentes, nous risquons de nous perdre, mais nous nous tournons vers vous et nous vous répétons : Salut, Porte du Ciel ; salut, étoile de la mer ! Que notre supplication monte jusqu’à vous, ô Marie.
Puisse-t-elle vous dire nos désirs, notre amour pour Jésus et notre espérance en vous, ô notre Mère.
Que notre prière, portée par vous, fasse descendre sur notre terre une abondance de grâces célestes. 

Ainsi soit-il !

– Salve, Regina…

La Madone des Pèlerins ou Madone de Lorette - Le Caravage

« La Madone de Lorette », ou « la Madone des pèlerins »
Le Caravage
Basilique de Saint Augustin au Champ de Mars, à Rome

2022-131. Où l’on découvre la belle « Crèche vénitienne » qui est arrivée au Mesnil-Marie.

Mardi 6 décembre 2022 au soir,
Fête de Saint Nicolas de Myre.

St Augustin et St Nicolas

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Sur le bureau de Frère Maximilien-Marie, se trouvent plusieurs statuettes de saints qui sont particulièrement vénérés en notre Mesnil-Marie : il y a Saint Antoine le Grand (avec son petit cochon) et le bon Saint Roch (avec son petit chien) ; et il y a aussi, comme vous le montre la photo ci-dessus, notre Bienheureux Père Saint Augustin et Saint Nicolas de Myre.
Je vous avoue que j’ai toujours envie de mordiller les très tentantes volutes tarabiscotées de leurs jolies crosses baroques, mais j’ai bien compris que c’est absolument interdit, alors je n’y touche pas.
J’ai aussi très bien assimilé que lorsqu’on est très sage, le bon Saint Nicolas nous apporte quelques friandises : ce n’est pas uniquement vrai pour les enfants des hommes, j’ai pu vérifier aujourd’hui que c’est également vrai pour les chats novices augustiniens…

   Cette fête de Saint Nicolas est un très beau jour d’une manière encore plus particulière cette année puisque nous avons reçu un très gros carton venant d’Italie.
Comme tous les chats, je raffole des cartons, et dès que Frère Maximilien-Marie l’eut ouvert et en eut sorti ce qu’il contenait, je me le suis évidemment approprié avec un plaisir non dissimulé.

Tolbiac - arrivée de la Crèche

   Comme vous savez lire, vous avez évidemment compris ce qu’il apportait et qui réjouissait tant mon papa-moine : la « Crèche vénitienne » acquise grâce aux dons de nos bienfaiteurs et amis, auxquels j’adresse de chat-l’heureux remerciements !

Blogue 2022-131 (0)

   Oui, j’en conviens, la photo ci-dessus est loin d’être parfaite mais elle a été prise sur le vif, à contre-jour et sans avoir le temps des réglages, alors que Frère Maximilien-Marie venait de sortir la Sainte Famille de ses emballages et que j’avais déposé un bisou de chat sur le visage de l’Enfant Jésus.
Comme il faisait aujourd’hui un soleil resplendissant, j’ai demandé à mon moine de compagnie de prendre d’autres photos, pour qu’elles soient mieux prises et assez détaillées afin que vous puissiez, vous aussi, vous émerveiller de la beauté de ces personnages (même si je sais bien que cela ne rendra pas de la même manière les extraordinaires effets de scintillement des dorures sous les rayons du soleil qui inondait la pièce).

   Voici donc d’abord la Sainte Famille :

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Et vous aurez remarqué – même s’il est flou sur le cliché ci-dessus – que nous avons aussi reçu un bel ange, en supplément.
Le voici de plus près :

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Admirez la finesse des traits gracieux de la Très Sainte Mère de Dieu…

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… et Saint Joseph avec sa lanterne :

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Et voici les trois Saints Rois Mages, eux aussi très aimés et vénérés, depuis toujours, en notre Mesnil-Marie, et encore davantage depuis qu’ils sont venus nuitamment y rendre visite à feu Monseigneur le Maître-Chat Lully, mon prédécesseur (cf. > ici).

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   J’ai une prédilection toute spéciale pour le Roi noir dont je trouve le visage admirablement expressif.

   Bien sûr, nous allons maintenant préparer leur place à l’oratoire, près de l’autel, du côté de l’Evangile, et Frère Maximilien-Marie m’a bien recommandé de vous dire que ces photos ont été prises alors que les santons venaient juste d’être déballés, et parce que j’insistais pour qu’il le fît sans retard ; mais il devra – puisque la position des bras et des mains, légèrement articulés, ainsi que celle des drapés des vêtements, peut être délicatement façonnée – travailler à rendre encore plus saisissantes et plus précises les positions de ces resplendissants personnages.

   Mais avant de vous quitter – car non, bien sûr, je ne l’ai pas oublié, mais je vous l’ai gardé pour la fin -, je vous laisse entrevoir le ravissant visage de l’Enfant Jésus, au regard délicatement expressif.
J’écris « entrevoir » parce que, dans notre parcours spirituel de l’Avent, le visage de notre divin Rédempteur est encore caché dans le sein de Sa Très Sainte Mère, et qu’il nous faut encore nous purifier par la pénitence et grandir dans la ferveur pour pouvoir nous rassasier pleinement de Sa douce et continue présence…

pattes de chatTolbiac.

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O Jesu vivens in Maria
Veni et vive in famulis tuis,
In spiritu sanctitatis tuae,
In plenitudine virtutis tuae,
In perfectione viarum tuarum,
In veritate virtutum tuarum,
In communione mysteriorum tuorum ;
Dominare omni adversae potestati,
In Spiritu tuo ad gloriam Patris.

Amen.

Traduction : Ô Jésus, vivant en Marie, venez et vivez en Vos serviteurs : dans l’esprit de Votre sainteté, dans la plénitude de Votre force, dans la perfection de Vos voies, dans la vérité de Vos vertus, dans la communion de Vos mystères ; dominez sur toute puissance ennemie, en Votre Esprit à la gloire du Père. Ainsi soit-il.

Guirlande de sapin - gif

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