Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2024-275. Nous aimons écouter inlassablement : les « litaniae lauretanae » de Jan-Dismas Zelenka.

10 décembre,
Fête de la Translation de la Sainte Maison de Lorette (cf. ici) ;
Mémoire du 3ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Melchiade, pape et martyr ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

Litaniae lauretanae

       Les litanies de la Sainte Vierge, devenues litanies officielles de la Sainte Eglise romaine pour prier la Très Sainte Mère de Dieu, sont appelées litanies de Lorette (litaniae lauretanae) parce que c’est dans ce sanctuaire qu’elles ont été d’abord chantées, probablement à partir du XVème siècle, avant d’être très largement diffusées au cours du XVIIème siècle (approbation pontificale en 1601 par Clément VIII qui les intégra dans le rite romain) et de devenir particulièrement chères à la piété catholique.

   En cette fête de la Translation de la Sainte Maison de Nazareth jusqu’à Lorette, dans la Marche d’Ancône, nous vous invitons à découvrir (ou réécouter pour ceux qui le connaissent déjà) l’un des nombreux chefs d’œuvres musicaux composés pour ces litanies de Lorette, et que nous devons au merveilleux Jan-Dismas Zelenka (1679-1745) : l’âme est portée par la sublimité baroque de ces invocations égrenées de façon extatique.

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   Quelle merveilleuse prière contemplative que la récitation de ces invocations magnifiant notre très douce Mère céleste auxquelles nous ajoutons inlassablement « Ora pro nobis : priez pour nous ! »

gravure du XVIIe siècle avec les invocations des litanies de Lorette

Gravure de la fin du XVIème siècle avec des invocations à la Vierge de Lorette
avant leur fixation définitive et leur intégration au rite romain

2024-274. La Très Sainte Vierge Marie est au fondement de notre foi.

10 décembre,
Fête de la Translation de la Sainte Maison de Lorette (cf. > ici) ;
Mémoire du 3ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire de Saint Melchiade, pape et martyr ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

       L’octave de l’Immaculée Conception est une invitation à approfondir sans cesse les incommensurables merveilles que Dieu a accomplies en celle qui deviendrait la Mère du Verbe incarné : faisons-le aujourd’hui en relisant et méditant ces lignes du pape Saint Pie X.

Immaculée Conception - illustration  pour le 3ème jour de l'octave texte St Pie X - blogue

       « (…) Qui ne tient pour établi qu’il n’est route ni plus sûre ni plus facile que Marie par où les hommes puissent arriver jusqu’à Jésus-Christ, et obtenir, moyennant Jésus-Christ, cette parfaite adoption des fils, qui fait saint et sans tache sous le regard de Dieu ?

   Certes, s’il a été dit avec vérité à la Vierge : Bienheureuse qui avez cru, car les choses s’accompliront qui vous ont été dites par le Seigneur (Luc I, 45), savoir qu’elle concevrait et enfanterait le Fils de Dieu ; si, conséquemment, elle a accueilli dans son sein Celui qui par nature est Vérité, de façon que, engendré dans un nouvel ordre et par une nouvelle naissance …, invisible en Lui-même, Il Se rendît visible dans notre chair (S. Léon le Grand, Serm. 2 de Nativ. Domini, c. II) ; du moment que le Fils de Dieu est l’auteur et le consommateur de notre foi (Héb. XII, 2), il est de toute nécessité que Marie soit dite participante des divins mystères et en quelque sorte leur gardienne, et que sur elle aussi, comme sur le plus noble fondement après Jésus-Christ, repose la foi de tous les siècles.

   Comment en serait-il autrement ? Dieu n’eût-Il pu, par une autre voie que Marie, nous octroyer le Réparateur de l’humanité et le Fondateur de la foi ? Mais, puisqu’il a plu à l’éternelle Providence que l’Homme-Dieu nous fût donné par la Vierge, et puisque celle-ci, L’ayant eu de la féconde vertu du divin Esprit, L’a porté en réalité dans son sein, que reste-t-il si ce n’est que nous recevions Jésus des mains de Marie ?

   Aussi, voyons-nous que dans les Saintes Écritures, partout où est prophétisée la grâce qui doit nous advenir(1 Petr. I, 10), partout aussi, ou peu s’en faut, le Sauveur des hommes y apparaît en compagnie de Sa Sainte Mère. Il sortira, l’Agneau dominateur de la terre, mais de la pierre du désert ; elle montera, la fleur, mais de la tige de Jessé. A voir, dans l’avenir, Marie écraser la tête du serpent, Adam contient les larmes que la malédiction arrachait à son cœur. Marie occupe la pensée de Noé dans les flancs de l’arche libératrice ; d’Abraham, empêché d’immoler son fils ; de Jacob, contemplant l’échelle où montent et d’où descendent les anges ; de Moïse, en admiration devant le buisson qui brûle sans se consumer ; de David, chantant et sautant en conduisant l’arche divine ; d’Elie, apercevant la petite nuée qui monte de la mer. Et, sans nous étendre davantage, nous trouvons en Marie, après Jésus, la fin de la loi, la vérité des images et des oracles… »

Saint Pie X,
dans l’encyclique « Ad diem illum » du 2 février 1904
pour célébrer le 50ème anniversaire de la proclamation du dogme
de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Monogramme de Marie couronné - vignette blogue

2024-273. Leçons historiques des matines de la fête de Saint Nicolas.

6 décembre,
Fête de Saint Nicolas de Myre, évêque et confesseur (cf. > ici, > ici, > ici et > ici) ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

anonyme - église saint-Nicolas de Veroce

Saint Nicolas (anonyme XVIIe siècle)
tableau de l’église de Saint-Nicolas de Véroce (diocèse d’Annecy)

frise

Leçons du deuxième nocturne des matines

de la fête de Saint Nicolas

(Bréviaire romain traditionnel)

Quatrième leçon : 

   Nicolas naquit d’une famille illustre, à Patare, ville de Lycie. Ses parents avaient obtenu de Dieu cet enfant par leurs prières.
Dès le berceau il fit présager l’éminente sainteté qu’il devait faire paraître dans la suite. On le vit, en effet, les mercredis et vendredis ne prendre le lait de sa nourrice qu’une seule fois, et sur le soir, bien qu’il le fît fréquemment les autres jours. Il conserva toute sa vie l’habitude de jeûner la quatrième et la sixième férie.
Orphelin dès l’adolescence, il distribua ses biens aux pauvres. On raconte de lui ce bel exemple de charité chrétienne : un indigent, ne parvenant point à marier ses trois filles, pensait a les abandonner au vice ; Nicolas l’ayant su jeta, la nuit, par une fenêtre, dans la maison de cet homme, autant d’argent qu’il en fallait pour doter une de ces jeunes filles. Ayant réitéré une seconde et une troisième fois cet acte de générosité, toutes trouvèrent d’honorables partis.

Charité de Saint Nicolas - Daniel Sarrabat - musée de Grenoble

Daniel Sarrabat (1666–1748) : Charité de Saint Nicolas dotant les jeunes filles pauvres (1702)
[Musée des Beaux-arts, Grenoble]

Cinquième leçon : 

   Le Saint s’étant entièrement consacré à Dieu, partit pour la Palestine, afin de visiter et de vénérer les lieux saints. Durant son voyage, il prédit aux matelots, par un ciel serein et une mer tranquille, l’approche d’une horrible tempête. Elle s’éleva bientôt, et tous les passagers coururent un grand danger : mais il l’apaisa miraculeusement par ses prières.
De retour dans sa patrie, il donna à tous les exemples d’une grande sainteté ; et, par un avertissement de Dieu, il se rendit à Myre, métropole de la Lycie. Cette ville venait de perdre son évêque, et tous les évêques de la province étaient rassemblés afin de pourvoir à l’élection d’un successeur. Pendant leur délibération ils furent divinement avertis de choisir celui qui, le lendemain, entrerait le premier dans l’église, et se nommerait Nicolas. Cet ordre du ciel fut exécuté, et Nicolas, trouvé à la porte de l’église, fut créé évêque de Myre à la grande satisfaction de tous.
Durant son épiscopat on vit constamment briller en lui la chasteté, qu’il avait toujours gardée, la gravité, l’assiduité à la prière et aux veilles, l’abstinence, la libéralité et l’hospitalité, la mansuétude dans les exhortations, la sévérité dans les réprimandes.

Corrado Giaquinto Saint Nicolas secourant les naufragés

Corrado Giaquinto (1690-1765) : Saint Nicolas secourant les naufragés
[Musée des Beaux-arts, palais Fesch, Ajaccio]

Sixième leçon : 

   Il ne cessa d’assister les veuves et les orphelins de ses aumônes, de ses conseils et de ses services, il s’employa avec tant d’ardeur à soulager les opprimés, que trois tribuns, condamnés sur une calomnie par l’empereur Constantin, encouragés par le bruit des miracles du Saint, s’étant recommandés à lui dans leurs prières, malgré la distance, Nicolas, encore vivant, apparut à l’empereur avec un air menaçant, et les délivra.
Comme il prêchait à Myre la vérité de la foi chrétienne, contrairement à l’édit de Dioclétien et de Maximien, il fut arrêté par les satellites impériaux, emmené au loin et jeté en prison. Il y resta jusqu’à l’avènement de l’empereur Constantin, par l’ordre duquel il fut délivré de captivité, revint à Myre, puis se rendit au concile de Nicée, et, avec les trois cent dix-huit Pères de cette assemblée, y condamna l’hérésie arienne.
De Nicée, il retourna dans sa ville épiscopale, où, peu de temps après, il sentit sa mort approcher ; élevant les yeux au ciel il vit les Anges venir à sa rencontre, et commença le Psaume : « En Vous, Seigneur, j’ai espéré ». Arrivé à ce verset : « En Vos mains, je remets mon âme », il s’en alla dans la patrie céleste.
Son corps fut transporté à Bari dans la Pouille, où il est honoré par une grande affluence de peuple et avec la plus profonde vénération.

Bari - tombeau de Saint Nicolas

Bari (Pouilles, Italie) : tombeau de Saint Nicolas

2024-272. Où Son Altesse Félinissime le Prince Tolbiac donne un aperçu de la joie spirituelle qui introduit à la fête du bon Saint Nicolas.

5 décembre au soir,
A l’heure où l’on est impatient de l’arrivée de Saint Nicolas…

Tolbiac avec Saint Nicolas - blogue

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

      En notre Mesnil-Marie, toute la journée du 5 décembre est remplie d’une atmosphère vraiment particulière, comme vibrante d’une joie palpable difficile à décrire : mon papa-moine - qui habituellement se fait un malin plaisir de dire, avec les accents d’une revendicative ténacité, qu’il est un vieillard (c’est, dans sa bouche, une insistante et fière affirmation depuis qu’il a soufflé sa cinquantième bougie, en s’appuyant sur la manière classique de nommer les périodes de la vie humaine, et en se gaussant de l’un des multiples travers de notre époque : le « jeunisme », obsession de rester jeune et de ne pas vieillir) -, semble non pas « retomber en enfance », expression française paradoxale puisqu’elle désigne une forme de sénilité, mais saisi d’une allégresse émerveillée qui s’exprime par des chants – voire de petits pas de danse -,  d’innocentes facéties aussi, et une exultation tout à la fois immensément contemplative et tourbillonnante.
C’est un peu comme si la sublime et transcendante musique de Vivaldi habitait le silence habituel de notre ermitage !

   Bref ! Nous attendons la visite de Saint Nicolas, le grand Saint Nicolas !
Nous ne l’attendons pas d’une manière matérielle et folklorique, comme cela peut se voir dans les royaumes du nord de l’Europe, où un personnage le représentant arrive en bateau, ou bien chevauchant sur un beau cheval blanc, ou encore trônant sur un splendide char illuminé… etc. : mais sa cavalcade, son débarquement, sa parade sont pour nous bien plus réels, parce qu’ils sont spirituels ; non pas avec un figurant costumé distribuant des spéculoos ou des mannalas, mais avec le véritable saint du ciel qui, invisiblement, nous apporte des grâces dont Dieu a voulu qu’il fût le spécial dispensateur : grâces exquises et succulentes qui font les délices de l’âme.

Saint Nicolas intercesseur - blogue

   Le céleste protecteur des enfants sages, des clergeons, des écoliers et des étudiants, dépose dans nos âmes de précieuses grâces de stimulation à l’étude, surtout celle des sciences sacrées : qu’il nous octroie généreusement un goût toujours plus aiguisé pour la divine sagesse !
Vous savez tous, j’espère, que le mot latin « sapientia », qui se traduit en français par « sagesse », est formé sur le verbe « sapio, -is, -ere », dont le sens premier est « avoir du goût », « sentir par le sens du goût », et par conséquence, dans un sens anagogique, « avoir de l’intelligence, du jugement, du discernement », « comprendre de manière avisée », « bien connaître », « savoir »

   Le saint patron des marins, des bateliers et des nautoniers, nous enrichit d’inestimables grâces pour nous aider à conduire prudemment notre barque, à nous bien diriger sur les flots de cette vie en évitant les récifs et les courants dangereux, à affronter les tempêtes et à nous préserver du naufrage, à parvenir heureusement au port du salut éternel…

   Oh oui, mes très chers Amis, comme je vous souhaite, à vous aussi, d’avoir une profonde et toute surnaturelle ferveur pour notre grand et cher Saint Nicolas, et comme je voudrais, qu’au jour de sa fête, vos âmes et vos cœurs soient comblés de la joie spirituelle de sa visite et de la surabondance des grâces qu’il puise dans le sein de Dieu, pour les dispenser sans parcimonie aucune à ceux qui ont su entrer dans les voies de l’enfance spirituelle !

pattes de chat Tolbiac.

Saint Nicolas saint protecteur des marins - blogue

2024-271. « Elle a été la seule à contenir Celui que le monde ne peut pas contenir ».

5 décembre,
Fête de Saint Pierre de Ravenne, dit Chrysologue, évêque, confesseur et docteur de l’Eglise ;
Mémoire de Saint Sabas, abbé et confesseur.

       La fête de Saint Pierre de Ravenne nous incline à prêter quelque attention à ces fameux sermons qui lui ont valu le surnom de Chrysologueparole d’or -, et dans ce temps de l’Avent, voici celui qui porte le n° CXLIII et porte sur le mystère de l’Annonciation à la Bienheureuse Vierge Marie et à l’Incarnation du Verbe.

Jean Restout - Annonciation

Jean II Restout, dit le Jeune (1692-1768) : Annonciation
[Musée des Beaux Arts, Orléans].

Monogramme de Marie couronné - vignette

Sermon de Saint Pierre Chrysologue

sur

l’Annonciation à la Bienheureuse Vierge Marie

       Le sacrement de l’ineffable naissance du Seigneur,  il convient de le croire plutôt que d’en débattre.
La vierge a enfanté. Comment un sermon humain pourrait-il raconter ce qui n’est pas au pouvoir de la nature, ce dont on a jamais eu l’expérience, ce que la raison ignore, ce que l’esprit ne comprend pas, ce qui épouvante le ciel, stupéfie la terre, met la créature dans tous ses états ?
Et pourtant, l’évangéliste dévoile la conception et l’enfantement de la Vierge avec des mots humains de tous les jours, le scellant ainsi du sceau divin. Et il agit ainsi pour que ce que l’homme a l’obligation de croire il ne présume pas de le discuter.
Qui peut pénétrer les mystères divins comme l’enfantement de la Vierge, les causes des êtres, l’ordre du cosmos, les échanges entre la Divinité et la chair ? Qui peu comprendre que l’homme et Dieu sont un seul et même Dieu ?
L’évangéliste parle ainsi : « L’ange Gabriel a été envoyé par Dieu dans une cité de Galilée dont le nom était Nazareth, à une femme accordée en mariage à un homme du nom de Joseph, et le nom de la Vierge était Marie » (cf. Luc I, 26-27).

   Un ange a été envoyé par Dieu.
Là où c’est un ange qui est le médiateur, l’homme doit cesser de se faire une opinion par lui-même. Là où l’envoyé vient du ciel, toute interprétation purement humaine doit être rejetée. La curiosité humaine entre en torpeur là où l’ambassadeur est céleste.
L’ange a été envoyé par Dieu. Celui qui porte toute son  attention sur le  fait qu’il a été envoyé par Dieu s’interdit de scruter en profondeur le secret de la Déité. Ce que Dieu communique, par l’intermédiaire de Son ange, seul mérite de le savoir celui qui craint de le savoir.
Ecoute le Seigneur qui dit : « Sur qui poserai-Je Mes yeux si ce n’est sur l’humble, le doux, et sur celui qui tremble en entendant Ma parole ?» (cf. Is. LXVI, 2).
L’humble et le doux. Autant il est docile celui qui obéit aux ordres, autant il est indocile celui qui les conteste.

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   L’ange est envoyé à une vierge. Parce que la virginité est toujours connue des anges. Vivre dans la chair en marge de la chair, ce n’est pas une vie terrestre, mais céleste.
Et si  vous voulez le savoir, acquérir la gloire angélique est une plus grande chose que la posséder. L’ange n’a que le bonheur de l’être, mais la virginité, c’est la vertu qui la faite. La virginité obtient par l’ascèse ce que l’ange possède par nature.
L’ange et la vierge remplissent donc une fonction divine, non humaine.
Après être entré, l’ange lui dit :  « Salut, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes » (Luc I, 28).

   « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ».
Vous voyez les présents qui  sont donnés en gage à la Vierge ?  « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ».
« Salut »,  ce qui veut dire :  recevez !  Quoi ?  Les vertus en don, mais non la pudeur.
« Salut, pleine de grâce » ! Voici la grâce qui a donné la gloire aux cieux, Dieu à la terre, la foi aux Gentils, un terme aux vices, une règle de vie, une discipline morale.
Cette grâce que l’ange a apportée, la Vierge  l’a reçue pour rendre le salut aux siècles.
« Salut, pleine de grâce ». Parce qu’à chacun, la grâce est donnée par bribes ; mais à Marie, c’est toute la plénitude de la grâce qui s’est donnée à elle en entier.
« Tous, dit l’évangéliste, nous avons reçu de Sa plénitude » (Jean I, 16). David a dit lui aussi dans le même sens : « Elle descendit comme de la pluie dans une toison » (Ps. XVIII, 5). La laine, bien qu’elle appartienne au corps, ne connaît pas les passions du corps. Ainsi en va-t-il de la virginité : bien qu’elle soit dans la chair, elle ignore les vices de la chair. La pluie céleste  se répand donc dans la toison virginale en y pénétrant goutte par goutte. Et comme des gouttes qui s’infiltrent dans la terre. Pour que les temps, qui sont dévolus à la foi, irriguent les semences avec des gouttes vivifiantes, au lieu de les tuer.

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   « Salut, pleine de grâce,  le Seigneur est avec vous ».
L’ange est envoyé par Dieu, et que dit-il ? « Le Seigneur est avec vous ».
Dieu était donc déjà avec la Vierge quand l’ange lui a été envoyé. Dieu a précédé Son messager, sans s’éloigner de Sa divinité.
Il ne peut pas être contenu par les lieux Celui qui est présent dans tous les lieux. Et Il est tout entier partout Celui sans Lequel rien n’est tout.   

   « Vous êtes bénie entre toutes les femmes ».
Elle est vraiment bénie la Vierge qui a rempli jusqu’au bout la dignité de la maternité, sans perdre la gloire de la virginité.
Oui, elle est vraiment bénie celle qui a mérité la grâce d’une conception céleste, tout en maintenant la couronne de l’intégrité.
Elle est vraiment bénie celle qui a reçu la gloire d’un divin fœtus, sans cesser d’être la reine de la chasteté dans toute sa plénitude.
Vraiment bénie celle qui a été plus grande que le ciel, plus forte que la terre, plus élevée que tout ce qu’il y a dans la création, car elle a été la seule à contenir Celui que le monde ne peut pas contenir. Elle a porté Celui qui porte l’univers. Elle a engendré son Géniteur. Elle a nourri Celui qui nourrit tous les vivants.

Monogramme de Marie couronné - vignette

   Mais jetons un coup d’œil à ce que dit l’évangéliste : Quand Marie vit l’ange, elle fut troublée par ses paroles.
La chair est troublée, les viscères sont secoués, l’esprit frémit, son cœur magnanime est frappé de stupeur.
Le temple du corps humain était troublé, et l’étroitesse du domicile charnel comprimait les organes, quand, dans le sein de la Vierge, s’est cachée toute la grandeur de Dieu.

   Mais, si le cœur vous en dit, avant de pénétrer plus avant dans le mystère de la foi chrétienne, adressons-nous à ceux qui considèrent injurieux à la divinité l’enfantement virginal, le sacrement de la piété, la réparation du genre humain par le Sauveur.
Dieu est venu chez la Vierge, l’Artisan chez Son œuvre, le Créateur chez Sa créature.
Quand donc la restauration d’une œuvre ne rejaillit-elle pas  sur l’honneur de l’artisan ? Quand donc l’honneur n’est-il pas réputé de la gloire, si le fabriquant répare ce qu’il a  fabriqué ? Quand l’homme vieillit, ne retourne-t-il pas à son œuvre pour ne pas la perdre ? Si elle se détériore, ne la  rajeunira-t-il pas ? Et si elle s’effondre, ne la reconstruira-t-il pas en mieux ?
L’enfantement d’une Vierge n’est donc pas une injure au Créateur, mais le salut de la créature. Si Dieu a fait l’homme, qui trouve mauvais qu’Il le refasse ? Et si l’on pense qu’il a été digne de Dieu de former l’homme avec du limon,  pourquoi  juge-t-on qu’il a été indigne de Lui de le réformer avec une chair ? Qu’est-ce qui est le plus précieux, le limon ou la chair ?
Donc, plus est précieuse la matière de notre réparation, plus grande est la gloire.

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   Mais quand donc le Créateur n’est-Il pas à l’intérieur de l’utérus humain ? Ecoute Job : « Vos mains m’ont fait, Vos mains m’ont façonné » (Job X, 8). Et David :  « Vous m’avez formé et Vous avez posé sur moi Votre main » (Ps. CXXXVIII, 5). Et Dieu à Jérémie : « Avant que tu sois dans le sein de ta mère, Je t’ai connu, et dans l’utérus, Je t’ai sanctifié » (Jér. I, 5).
Si donc Dieu a fixé les linéaments de Job quand il était dans le sein de sa mère,  s’Il a façonné les membres de David quand il était  dans l’utérus de sa mère,  s’Il a sanctifié Jérémie dans le ventre de sa mère,  s’Il a rempli du Saint-Esprit Jean le Baptiste dans le sein de sa mère,  pourquoi s’étonner s’Il a habité dans le sein d’une vierge, Lui qui a tiré la femme d’une côte de l’homme ?
Il est allé rechercher l’Homme dans le sein de la Vierge Celui qui avait formé la vierge du corps de l’homme.
Tu vois donc, ô homme, que ce qui te parait une nouveauté est pour Dieu une vieillerie.

   Mais tu dis :  quelle nécessité y avait-il à la naissance d’un Dieu qui peut faire tout ce qu’Il veut ?  Laquelle ?
Pour refaire en naissant la nature qu’Il avait faite en la façonnant. Parce que celle qui avait été faite pour engendrer des vivants a engendré des mortels. Par le péché du premier homme, la nature a reçu un coup mortel, et ce qui était l’entame de la vie a commencé à être l’origine de la mort.

   Voilà donc quel est cet échange admirable de la Nativité qui a forcé le Christ à naître, pour que la naissance du Créateur procure la guérison à la nature, et pour que la guérison de la nature soit la reviviscence des fils.

Jean Restout II le Jeune Annonciation Orléans - détail

Jean II Restout, dit le Jeune : Annonciation (détail)

Litanies et prières en l’honneur de Sainte Barbe :

Sainte Barbe - fr.Mx.M. - blogue

palmes

Litanies de Sainte Barbe

(pour la récitation privée)

Mon Dieu ayez pitié de moi.
Jésus-Christ, ayez pitié de moi.
Mon Dieu, ayez pitié de moi.

Dieu le Père, Créateur du Ciel, que Sainte Barbe a reconnu pour son véritable Père par le sacrement du Baptême, faites-moi miséricorde.
Dieu le Fils, Rédempteur du monde, qui avez visité Votre épouse Sainte Barbe dans la prison, faites-moi miséricorde.
Dieu le Saint-Esprit, qui avez comblé Sainte Barbe de Vos grâces, faites-moi miséricorde.
Un seul Dieu dans la très-adorable Trinité, que Sainte Barbe adora quand elle fit faire trois fenêtres, faites-moi miséricorde.

Glorieuse Vierge Marie, qui êtes souvent apparue accompagnée de Sainte Barbe, priez pour moi.

Sainte Barbe, priez pour moi.
Sainte Barbe, lys très pur parmi les épines du paganisme, priez pour moi.
Sainte Barbe, invincible dans les tourments, priez pour moi.
Sainte Barbe admirable dans les miracles, priez pour moi.
Sainte Barbe, protectrice des agonisants, priez pour moi.
Sainte Barbe, espérance des abandonnés, priez pour moi.
Sainte Barbe, arc-en-ciel, signe d’un Dieu réconcilié, priez pour moi.
Sainte Barbe, aurore de la miséricorde de Dieu, priez pour moi.
Sainte Barbe, fidèle sentinelle à l’heure de la mort, priez pour moi.
Sainte Barbe, très forte tour pour ceux qui ont recours à vous, priez pour moi.
Sainte Barbe, étoile, qui montrez, à ceux qui font naufrage, Jésus-Christ, le véritable Port du salut, priez pour moi.
Sainte Barbe, refuge de ceux qui sont en danger, priez pour moi.
Sainte Barbe, lune influant les grâces de Dieu à ceux qui s’amendent, priez pour moi.
Sainte Barbe, soleil dont les rayons ont renversé les idoles, priez pour moi.
Sainte Barbe, navire mystérieux, qui amenez le froment des élus aux mourants, priez pour moi.
Sainte Barbe, colombe qui apportez le rameau de la paix éternelle, priez pour moi.
Sainte Barbe, éclair qui foudroyez les démons, priez pour moi.
Sainte Barbe, élevée parmi les Anges, priez pour moi.
Sainte Barbe, conductrice des âmes pénitentes jusqu’au sein des Patriarches, priez pour moi.
Sainte Barbe, qui, par un esprit prophétique, promettez à vos dévots la réception des saints sacrements avant la mort, priez pour moi.
Sainte Barbe, rose parmi les Martyrs, priez pour moi.
Sainte Barbe, très-constante parmi les Confesseurs, priez pour moi.
Sainte Barbe, laurier parmi les victorieuses Vierges, priez pour moi.
Sainte Barbe, très-particulière avocate parmi tous les Saints pour obtenir le saint sacrement de la pénitence à l’heure de la mort, priez pour moi.

Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, faites-moi miséricorde.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, exaucez ma prière.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, ayez pitié de moi.

V/ Dans toutes mes angoisses et afflictions,
R/ Très Sainte Barbe, secourez-moi.

Prions :

   O Seigneur Dieu, qui avez élu Sainte Barbe pour la consolation des vivants et des mourants, donnez-nous par son intercession, que nous puissions toujours vivre en Votre divin amour, et mettre toute notre espérance dans les mérites de la très douloureuse Passion de Votre Fils ; afin que nous puissions, munis des saints sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie, être confortés à l’heure de notre trépas par l’Extrême-onction, et sans crainte nous acheminer à la gloire éternelle ; ce que nous Vous demandons par Jésus-Christ, notre Sauveur.

Ainsi soit-il.

Ajoutant à cette Prière un Pater et Ave,
Monseigneur l’Illustrissime Alphonse de Bergues, archevêque de Malines,
octroie à un chacun récitant cette prière tous les jours, 40 jours d’Indulgence
.

Canivet Sainte Barbe

Prière universelle à Sainte Barbe :

       Sainte Barbe, glorieuse vierge martyre,
nous vous supplions de porter assistance à tous ceux qui souffrent et qui sont persécutés en raison de leur foi : protégez-les, soutenez-les, zet surtout gardez-les inébranlables dans la fidélité à Notre-Seigneur Jésus-Christ. 

   Vous que l’on invoque contre les dangers de la foudre et pour être préservés d’une mort subite et imprévue, secourez ceux qui sont exposés aux périls de cette vallée de larmes, et assistez-les de votre prière et de votre puissante intercession, spécialement quand approche l’heure de leur dernier soupir.

   Nous vous prions pour tous les artisans et corps de métiers qui sont placés sous votre patronage : puissent-ils, eux et leurs familles, bénéficier à tout moment des grâces de votre assistance ; inspirez leur de travailler toujours avec honnêteté et courage, avec le souci du bien, du beau et du vrai. 

   Nous nous plaçons enfin nous-mêmes, avec une grande confiance, sous votre bienveillante protection, dans les dangers, physiques et spirituels, de cette vie, et nous sollicitons de vous le réconfort et la force spirituelle quand viendra pour nous le moment de quitter cette terre.

   Sainte Barbe, notre avocate toute puissante, priez pour nous !

Canivet Sainte Barbe

Prière à Sainte Barbe pour demander

la grâce de mourir muni des sacrements de l’Eglise :

       Sainte Barbe, que Dieu, dans Sa sollicitude pour nous, a établie comme puissante patronne pour les mourants, et à laquelle Il a accordé la grâce particulière d’obtenir à ceux qui demandent votre aide, la grâce de ne pas mourir sans avoir reçu les saints sacrement de la Pénitence et de l’Eucharistie, venez en aide aux pauvres et misérables pécheurs que nous sommes, de sorte que, avant la fin de notre vie, nous ayons l’immense bienfait d’être consolés et fortifiés par les secours de notre sainte religion, et qu’ainsi nous puissions entreprendre, avec un coeur purifié, le voyage vers la Patrie céleste.

Ainsi soit-il !

Canivet Sainte Barbe

Invocation à Sainte Barbe

pour être préservé de la foudre et du feu de l’enfer :

       Glorieuse Sainte Barbe, que Dieu a miséricordieusement voulu nous donner comme céleste protectrice contre les dangers de la foudre et du feu, nous nous recommandons à votre puissante intercession :  aujourd’hui et chaque jour, préservez-nous des dangers de la foudre, protégez-nous des incendies et de la puissance déchaînée des flammes, et gardez-nous, surtout, de tomber dans le feu éternel de l’enfer.

Ainsi soit-il !

Reliquaire de Sainte-Barbe -  île de Burano Venise - blogue

Châsse de Sainte Barbe
[Eglise Saint-Martin, sur l'île de Burano - Venise]

2024-270. Où Son Altesse Félinissime le Prince Tolbiac fait état des progrès de sa dévotion trinitaire…

Mardi 3 décembre 2024,
Fête de Saint François-Xavier, (cf. > ici).

       Dimanche soir, sur la page Facebook du Mesnil-Marie, j’ai fait part aux amis et sympathisants qui nous font l’honneur de nous intéresser à notre ermitage et aux nouvelles, spirituelles et matérielles, qui rythment sa vie quotidienne, d’une anecdote qui a eu l’heur de plaire à un grand nombre de nos lecteurs ; mon papa-moine m’a demandé de la retranscrire aussi dans les pages de ce blogue. La voici donc… 

Tolbiac

Dimanche soir 1er décembre.

       « Aujourd’hui, mon papa-moine est allé à la Messe, bien sûr. Comme c’est l’hiver (il faisait très froid ce matin), et qu’en plus c’est un jour de chasse (mon papa m’a expliqué qu’un grand nombre de chasseurs n’aiment pas les chats et qu’ils leur tirent dessus… c’est du moins souvent ainsi en ces contrées), il ne me laisse pas sortir le dimanche matin.

   Il est rentré plus tard qu’à l’accoutumée, parce que, en revenant, il s’est arrêté au marché de Noël organisé par l’école de notre village ; donc, pour me remercier d’avoir été très sage et patient pendant son absence, il m’a donné trois friandises pour chats, dont je raffole.

   Pourquoi trois ?
Il me dit toujours en me les donnant : « Allez ! En voici trois, en l’honneur de la Sainte Trinité ».
C’est très augustinien comme principe, et comme façon de faire : notre Bienheureux Père Saint Augustin, en effet, accorde une grande importance aux symbolismes numériques, et il s’attachait à découvrir dans la nature et dans les événements mêmes les signatures du Dieu-Trinité.
Bon, moi, de ce fait, j’ai une grande dévotion pour la Très Sainte Trinité !

Tolbiac priant

   Je suis ensuite sorti pour inspecter mes terres. L’après-midi des dimanches, il n’y a plus grand chose à craindre des chasseurs : ils sont allés déjeuner… et se désaltérer, avec de généreuses rasades. Mon papa-moine dit en riant : « Même s’ils tiraient, dans l’état où ils sont, ils rateraient leur cible ! »
Je me suis donc adonné à mes activités félines en toute quiétude et liberté. Puis quand la température a commencé à fraîchir, je suis rentré.

   A mon retour, mon papa-moine, dans son bureau, participait à une réunion en visio-conférence. Je ne l’ai pas dérangé, et me suis aussitôt dirigé vers la cuisine.
Or j’ai tout de suite remarqué qu’il avait laissé sur le plan de travail le bocal dans lequel se trouvent MES friandises, en oubliant d’en refermer le couvercle.
Je n’ai pas manqué d’y voir un signe de la divine Providence me suggérant d’amplifier encore ma dévotion à la Sainte Trinité !

   Mais cet impudent bocal n’était pas plein à ras bord, et je ne pouvais pas en atteindre les succulentes croquettes-bonbons même en faisant tout mon possible pour y enfoncer au maximum mon pieux museau.
J’ai bien compris que c’était là une ruse du démon cherchant à m’empêcher d’honorer davantage la Sainte Trinité, et, en digne chat monastique, il n’était pas question que je me laissasse décourager par cet obstacle diabolique.

Tolbiac devant son bocal à friandises

   Avec ma patte, j’ai donc poussé petit à petit le bocal vers le rebord du plan de travail, jusqu’à ce qu’il choie : « Boum ! Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit ! »
Le bocal était à terre ; il n’était pas cassé – n’était-ce point là un miracle témoignant de la bénédiction de Dieu sur mon entreprise ? -, et les croquettes-friandises, répandues à terre, se trouvaient maintenant bien à portée de dents.
Devant une marque si évidente de la prédilection divine, il importait que je rendisse gloire à la Très Sainte Trinité sans aucun délai : « Slurp ! Schcroumpf ! Miam ! Craquez sous la dent, ô croquettes bénies !… »

   Malheureusement, mon papa-moine avait entendu le bruit inhabituel qu’avait fait le pot en cheyant au sol ; aussi, abandonnant son devoir d’état qui était d’être à sa visio-conférence (ce n’est jamais bon moralement de se soustraire à son devoir d’état), il a rappliqué dare-dare, le sourcil en accent circonflexe.

   Il a pu constater mon dévot exploit, et, au lieu de se réjouir des progrès de ma piété, se mettant à quatre pattes, il s’est empressé de vouloir ramasser les fameuses croquettes-friandises qui me stimulent à la vénération trinitaire.
De mon côté, je me dépêchais d’en engloutir le plus possible, nonobstant son impie volonté de me les retirer !

   Je me suis demandé un instant s’il n’était pas adepte de quelque hérésie niant la foi trinitaire : le modalisme, l’adoptianisme, l’arianisme…
Pourtant, il récite bien le Symbole de Saint Athanase à prime tous les dimanches !!!

Patte de chat Tolbiac.

Tolbiac mange les croquettes répandues au sol

Prière d’abandon de Saint François-Xavier :

Saint François-Xavier - 1761

Miguel Cabrera (1695–1768) : Saint François-Xavier (1761)
[Université Ibéro-américaine, Mexico]

       O Dieu tout-puissant, Créateur de toutes choses, c’est Vous qui m’avez créé, c’est Vous qui m’avez donné une âme, c’est Vous qui avez formé mon corps ; je tiens de Vous, ô mon Dieu, tout ce que je suis et tout ce que je possède.
Vous m’avez fait à Votre image, à Votre ressemblance : je suis créé pour Vous, et Vous serez un jour ma suprême félicité.

   Je m’abandonne à Vous, ô mon Seigneur et mon Père avec la confiance la plus entière !
J’espère de Votre adorable miséricorde obtenir mon salut éternel, par les mérites infinis de la Sainte Passion et de la Sainte Mort de mon Sauveur, le Seigneur Jésus, quels que soient le nombre et l’énormité des péchés que j’ai commis depuis que je suis au monde.

   Je Vous remercie, ô mon Dieu !
Je Vous rends mille actions de grâces de m’avoir accordé le bonheur de connaître la Foi de l’Eglise et Votre divin Fils, mon Seigneur Jésus-Christ, Père des Miséricordes !

   Mettez dans la balance de Votre justice, d’un côté tous les péchés de ma vie, et de l’autre tous les mérites de la Passion et de la Mort de mon divin Rédempteur, Jésus-Christ Votre adorable Fils, et alors je serai pardonné, je serai délivré, j’obtiendrai la gloire éternelle du Paradis.

Ainsi soit-il.

Mort de Saint François-Xavier - ivoire XVIIe s.

Mort de Saint François-Xavier
Anonyme vers 1676-1685, à Rome – ivoire sculpté en bas-relief
[collection privée]

2024-269. « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui…»

1er décembre,
Fête de Saint Charles de Jésus, ermite au Sahara et confesseur,
céleste protecteur du Refuge Notre-Dame de Compassion en second (au Mesnil-Marie, double de 2ème classe).

       Voici le récit, fait par lui-même, de la conversion du vicomte Charles-Eugène de Foucauld de Pontbriand, dans une lettre à son ami Henry de La Croix de Castries (1850-1927) : au moment où il rédige ces lignes, Charles de Foucauld est prêtre depuis un peu plus de deux mois, il réside pour encore une quinzaine de jours à la Trappe de Notre-Dame des Neiges, car il s’apprête à partir pour le Sahara : après les tâtonnements et les maturations qui l’ont conduit de la Trappe de Notre-Dame des Neiges, à celle de Notre-Dame du Sacré-Cœur à Akbès, puis à Nazareth – où, depuis le printemps 1898, il ne se fait plus appeler que Charles de Jésus -, il est entré dans sa plénitude et peut désormais regarder avec sérénité l’itinéraire par lequel Dieu l’a ramené vers Lui.

Charles de Foucauld en 1900

Charles de Foucauld en 1900 :
cette photo, où il se trouve avec son neveu et filleul, Charles de Blic,
a été prise au château de Barbirey-sur-Ouche (propriété des Blic)
un peu avant que Charles ne rejoigne la Trappe de Notre-Dame des Neiges
pour s’y préparer aux ordinations
donc quelques mois avant qu’il ne rédigeât la lettre qui suit.

Notre-Dame des Neiges, 14 août 1901 

Mon cher ami, 

       (…) Je commencerai par faire ma confession. Votre foi n’a été qu’ébranlée me disiez-vous ; hélas la mienne a été complètement morte pendant des années : pendant douze ans, j’ai vécu sans aucune foi. Rien ne me paraissait assez prouvé ; la foi égale avec laquelle on suit des religions si diverses me semblait la condamnation  de toutes : moins qu’aucune, celle de mon enfance me semblait admissible avec son 1 = 3 que je ne pouvais me résoudre à poser ; l’Islam me plaisait beaucoup, avec sa simplicité, simplicité de dogme, simplicité de hiérarchie, simplicité de morale, mais je voyais clairement qu’il était sans fondement divin et que là n’était pas la vérité ; les philosophes sont tous en désaccord ; je demeurai douze ans sans rien nier et sans rien croire, désespérant de la vérité et ne croyant même pas en Dieu, aucune preuve ne me paraissait assez évidente… 

   Je vivais comme on peut vivre quand la dernière étincelle de foi est éteinte. Par quel miracle la miséricorde divine m’a-t-elle ramenée de si loin ? Je ne puis l’attribuer qu’à une seule chose : la bonté de Celui qui a dit de lui-même « Quoniam bonus, quoniam in saeculum misericordia ejus » (car Il est bon, car Sa miséricorde est éternelle), et sa Toute Puissance… 

   Pendant que j’étais à Paris, faisant imprimer mon voyage au Maroc, je me suis retrouvé avec des personnes intelligentes, très vertueuses et très chrétiennes ; je me suis dit que peut-être cette religion n’était pas absurde ; en même temps une grâce intérieure extrêmement forte me poussait ; je me suis mis à aller à l’église, sans croire, ne me trouvant bien que là et y passant de longues heures à répéter cette étrange prière : «Mon Dieu si vous existez, faites que je vous connaisse »…  

   L’idée me vint qu’il fallait me renseigner sur cette religion, où peut-être se trouvait cette vérité dont je désespérais ; et je me dis que le mieux était de prendre des leçons…
Comme j’avais cherché un bon thaleb pour m’enseigner l’arabe, je cherchai un prêtre instruit pour me donner des enseignements sur la religion catholique… On me parla d’un prêtre très distingué, ancien élève de l’Ecole Normale ; je le trouvai à son confessionnal et je lui dis que je ne venais pas me confesser, car je n’avais pas la foi, mais que je désirais avoir quelques renseignements sur la religion catholique…
Le Bon Dieu qui avait commencé si puissamment l’œuvre de ma conversion, par cette grâce intérieure si forte qui poussait presque irrésistiblement à l’église, l’acheva : le prêtre, inconnu pour moi, à qui il m’avait adressé, qui joignait à une grande instruction une vertu et une bonté plus grandes encore devint mon confesseur et n’a pas cessé d’être, depuis les quinze ans qui se sont écoulés depuis ce temps, mon meilleur ami… 

   Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui : ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand, il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n’est pas lui…
Dans les commencements, la foi eut bien des obstacles à vaincre ; moi qui avais tant douté, je ne crus pas tout en un jour ; tantôt les miracles de l’Evangile me paraissaient incroyable ; tantôt je voulais entremêler des passages du Coran dans mes prières. Mais la grâce divine et les conseils de mon confesseur dissipèrent ces nuages…
Je désirais être religieux, ne vivre que pour Dieu et faire ce qui était le plus parfait, quoique ce fût… Mon confesseur me fit attendre trois ans ; moi-même, tout en désirant « m’exhaler devant Dieu en pure perte de moi », comme dit Bossuet, je ne savais quel ordre choisir : l’Evangile me montra que le « premier commandement est d’aimer Dieu de tout son cœur » et qu’il fallait tout enfermer dans l’amour ; chacun sait que l’amour a pour premier effet l’imitation ; il restait donc à entrer dans l’ordre où je trouverais la plus exacte imitation de Jésus…

Chapelle du Père Charles de Jésus à Béni Abbès

Chapelle du Père Charles de Jésus à Béni-Abbès

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