2025-46. La divine semence : méditation pour le dimanche de la Sexagésime.
Dimanche de la Sexagésime.
La parabole du semeur, dans le « Hortus deliciarum » d’Herrade de Landsberg
Présence de Dieu :
Seigneur, me voici devant Vous.
Faites que mon cœur soit la bonne terre, prête à accueillir et à faire fructifier Votre divine parole.
Méditation :
1 – Jésus, le divin Sauveur, S’avance aujourd’hui dans Sa vigne, l’Eglise. Il veut préparer Lui-même nos âmes à une nouvelle floraison de grâce et de vertu.
« La semence est la parole de Dieu ». Le Verbe, Parole éternelle du Père, S’incarne, Se fait homme, sous le nom de Jésus-Christ, et vient répandre dans les cœurs des humains la parole divine qui n’est autre qu’un reflet de Lui-même.
La parole divine n’est pas un son qui bat l’air et se dissipe rapidement comme la parole des hommes ; elle est lumière surnaturelle qui éclaire la vraie valeur des choses ; elle est grâce, source de capacité et de force pour vivre selon la lumière de Dieu.
Elle est donc semence de vie surnaturelle, de sainteté, de vie éternelle.
Cette semence n’est jamais stérile en elle-même, elle a toujours une force vitale puissante, capable de produire non seulement quelque fruit de vie chrétienne, mais d’abondants fruits de sainteté. Cette semence n’est pas confiée à un agriculteur inexpérimenté qui, par son incapacité, peut ruiner les meilleures semailles ; c’est Jésus Lui-même, le Fils de Dieu, qui est le Semeur.
Pourquoi alors la semence ne donne-t-elle pas toujours les fruits désirés ?
parce que, très souvent, le terrain qui la reçoit ne possède pas les qualités requises.
Dieu ne cesse de répandre la semence dans les cœurs des hommes, Il les invite, les sollicite continuellement au bien par Sa lumière et Ses rappels ; Il ne cesse de dispenser Sa grâce à travers les sacrements ; mais tout cela demeure vain et stérile si l’homme ne présente à Dieu une terre – c’est-à-dire un cœur – bien préparé et disposé.
Dieu veut que nous soyons sauvés et saints, mais Il ne force personne : Il respecte notre liberté.
2 – L’Evangile de ce jour nous montre quatre catégories de personnes qui reçoivent, de manière diverse, la semence de la divine parole. Il les compare à la terre battue, au sol pierreux, au terrain couvert d’épines, et enfin au bon champ fertile.
Terre battue : âmes légères, dissipées, ouvertes comme la rue à toutes les distractions, les rumeurs, la curiosité ; ouvertes au passage de n’importe quelle créature et affection terrestre. Dès que la parole de Dieu parvient à leur cœur, l’ennemi, y trouvant libre accès, l’enlève, l’empêchant de prendre racine.
Sol pierreux : âmes superficielles, dans lesquelles la bonne terre est réduite à une couche légère, que le vent des passions emportera rapidement en même temps que la bonne semence. Facilement enthousiastes, ces âmes ne persévèrent pas et lâchent prise lorsque sonne l’heure de la tentation. Elles sont inconstantes, parce qu’elles n’ont pas le courage d’embrasser le renoncement et de faire les sacrifices nécessaires pour rester fidèles à la parole de Dieu, pour la mettre en pratique en toutes circonstances. Leur ferveur est un feu de paille qui s’arrête et s’éteint devant la moindre difficulté.
Terrain couvert d’épines : âmes préoccupées des choses terrestres, des plaisirs, des affaires et des intérêts matériels. Le grain germe, mais les épines l’étouffent bientôt, le frustrant d’air et de lumière. La sollicitude excessive pour le temporel finit par étouffer les droits de l’esprit.
Enfin la bonne terre, comparée par Jésus à « ceux qui, ayant entendu la parole avec un cœur bon et droit, la gardent et portent du fruit par la persévérance ». Le cœur bon et droit est celui qui donne toujours la première place à Dieu, qui cherche avant tout le règne de Dieu et sa justice. La divine semence de la parole de Dieu, des inspirations, de la grâce, portera des fruits abondants en proportion des bonnes dispositions qu’elle trouvera en nous ; recueillement, sérieux et profondeur de la vie intérieure, détachement, recherche sincère des choses de Dieu, au-delà et au-dessus de toutes les choses terrestres.
Et puis, « persévérance », sans laquelle la parole de Dieu ne peut porter en nous son fruit.
Colloque :
O Jésus, divin Semeur, c’est à bon droit que Vous Vous plaignez du terrain aride et stérile de mon pauvre cœur !
Quelle abondante semence divine de saintes inspirations, de lumières intérieures, de grâce, n’avez-Vous pas répandue dans mon âme ! Que de fois m’avez-Vous attiré à Vous par des appels particuliers et que de fois aussi, après Vous avoir suivi quelque peu, je me suis arrêté !
O Seigneur, si je pouvais comprendre au moins le motif profond de ma stérilité spirituelle, de ma légèreté et de mon inconstance dans le bien !
Votre lumière me manquera-t-elle ?
Non, car c’est de mille manières que Vous enseignez et avertissez continuellement mon âme.
Oh ! si tant d’âmes qui vivent dans l’erreur et ne Vous connaissent pas, avaient reçu seulement la centième partie de la lumière que Vous m’avez départie avec tant de profusion, que de fruits en auraient-elles déjà retiré !
Votre force me manquerait-elle alors ? Votre grâce n’est-elle donc pas ma force ?
O Seigneur, je le vois : ni Votre lumière, ni Votre force ne me font défaut ; ce qui me manque, c’est précisément la persévérance, cette persévérance qui sait endurer avec fidélité les tentations, les difficultés, les obscurités ; qui sait affronter avec courage le sacrifice et l’austérité de la vie chrétienne.
Il est facile de se sacrifier, de se renoncer pendant un jour ; mais il est dur de le faire toujours, tous les jours, toute la vie.
N’est-ce pas la raison pour laquelle, ô Seigneur, ainsi que Vous l’avez dit, le cœur bon porte des fruits par la persévérance « in patientia » ?
O Jésus, qui avez enduré avec une invincible patience Votre très douloureuse Passion et Votre mort, donnez-moi la patience nécessaire pour soutenir la lutte contre mes passions, mon égoïsme.
Patience, pour embrasser avec persévérance tous les renoncements requis par le détachement total ; pour pouvoir vivre sans satisfactions et goûts personnels, pour subir tout ce qui me répugne, me heurte, me contrarie et déplaît à mon amour-propre.
O Seigneur, Vous le savez, je désire la purification totale parce que je soupire après l’union avec Vous ; mais Vous ne pourrez me purifier entièrement si je ne sais accepter patiemment Votre œuvre : les épreuves, les humiliations, les détachements que Vous me préparez.
O Jésus, divin Souffrant, donnez-moi Votre patience ; faites qu’avec Vous je sois, moi aussi, humble et patient.
Rd. Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine ocd
in « Intimité divine » – 1er volume p. 317 et sv.
