Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2025-61. Le Bienheureux Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours, prêtre augustin martyr du Christ-Roi.

10 mars,
- Fête du Bienheureux Elie de N.D. du Perpétuel Secours, prêtre augustin martyr.
- Commémoraison de Sainte Marie-Eugénie de Jésus, vierge (cf. > ici) ;
- Commémoraison des Saints Quarante Martyrs de Sébaste ;
- Anniversaire de la mort de la Révérende Mère Marie-Joseph de la Miséricorde (cf. > ici). 

Bienheureux Elie de ND du Perpétuel Secours

       Matteo Elías Nieves del Castillo est né sur l’île de San Pedro, dans la municipalité de Yuriria – Etat de Guanajuato, au Mexique -, le 21 septembre 1882. Ses parents, Rita et Ramón et Rita, étaient de modestes paysans, riches d’une foi profonde.
Dès son jeune âge il éprouva l’attrait pour le sacerdoce, toutefois sa vocation fut retardée d’une part parce qu’à l’âge de 12 ans il fut gravement malade de la tuberculose qui faillit l’emporter, et d’autre part parce que, après sa guérison, son père ayant été tué par des voleurs, il dut abandonner l’école et travailler pour subvenir aux besoins de sa famille.

   Enfin, en 1904, malgré sa formation rudimentaire et sa pauvreté, il fut admis au séminaire augustinien de Yuriría. Ses études furent difficiles, rendues encore plus pénibles du fait d’une très mauvaise vue.
En recevant le saint habit il reçut avec lui le nom de Fray Elías del Socorro, c’est-à-dire Frère Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours .

 C’est à l’âge de 34 ans, en 1916, qu’il fut ordonné prêtre. Après quelques premières expériences pastorales en paroisse, il est nommé au vicariat de La Cañada de Caracheo, en 1921 : c’est un village de quelque 3 000 âmes, très pauvre. Partageant la pauvreté de ses paroissiens, il va s’efforcer de répondre aux besoins spirituels mais aussi matériels de la population, dont il sera rapidement très aimé.

   Le Mexique vivait alors l’un des moments les plus tragiques de son histoire. Devenu indépendant depuis un siècle, le pays n’était jamais parvenu à une véritable unité nationale. Les nations riches, qui revendiquaient d’énormes droits sur les concessions de pétrole et d’autres ressources souterraines, attisaient toutes les divisions internes ; la maçonnerie anticléricale agissait de façon virulente, déclenchant, en 1926, une persécution contre le catholicisme parmi les plus sanglantes du XXème siècle.
Refusant d’abandonner ses ouailles, le Père Elie, prudent mais impavide, alla se cacher dans une grotte et continua à exercer son ministère, le plus souvent à la faveur de la nuit. Cela dura 14 mois.

grotte dans laquelle s'est caché le Père Elie

Grotte dans laquelle s’est caché le Père Elie de N.D. du Perpétuel Secours :
elle est devenue un lieu de pèlerinage et a été aménagée
tant pour en faciliter l’accès que
 pour y permettre
la célébration de la Sainte Messe

   Le 7 mars 1928, un détachement de soldats arriva à La Cañada de Caracheo, officiellement à la recherche de voleurs de bétail. Comme il était tard, ils décidèrent de passer la nuit dans l’église paroissiale. Mais lorsqu’ils essayèrent d’en forcer les portes, les fidèles se rebellèrent et il y eut une fusillade.
Les soldats appelèrent des renforts. Un autre détachement atteignit le village, et ils organisèrent une véritable battue au prêtre.
Le 9 mars, ils se saisirent du Père Elie, bien qu’il se fût déguisé en paysan. Lors de son interrogatoire, il ne nia pas son identité.
Avec lui furent arrêtés deux jeunes paysans, les frères Sierra, qui avaient tenté de le garder caché.
Au matin du 10 mars, soldats et prisonniers partirent pour Cortazar, dont dépendait La Cañada, mais les prisonniers n’y arrivèrent jamais car, un peu plus loin, près d’une hacienda nommée Las Fuentes où les soldats marquèrent un arrêt, le capitaine donna l’ordre de l’exécution.

   Le Père Elie obtint d’entendre en confession les deux frères Sierra, prénommés José de Jesús et José Dolores, puis les soldats les conduisirent devant le mur où ils avaient décidé de les fusiller. José Dolores, fut pris de panique et s’effondra, probablement victime d’une crise cardiaque ; José de Jesús, lui, restait calme et ferme. Il refusa qu’on lui bandât les yeux. On lui intima l’ordre de s’agenouiller et il répondit au capitaine : « Je m’agenouille devant Dieu et ses ministres, pas devant quelqu’un… comme toi ». Aussitôt la fusillade commença et il eut encore le temps de crier : « Vive le Christ Roi ! »
Bien qu’il fût déjà mort, les soldats vidèrent encore leurs fusils sur le corps inerte de José Dolores.
Pendant toute cette scène, le Père Elie n’avait cessé de leur donner encore la sainte absolution et des bénédictions, disant : « Courage, mes enfants ! Nous nous reverrons bientôt au paradis… »

   Le capitaine s’adressa alors au Père Elie : « Maintenant, prêtre hypocrite, voyons si mourir ressemble à dire la messe ».
Avec une certaine autorité cependant, le Père lui demanda de ne pas le fusiller à cet endroit-là, mais plus loin, à l’endroit qu’il indiquerait lui-même. Avant de quitter l’hacienda, il ordonna à deux voisins de Las Fuentes, qui se trouvaient là, de donner une sépulture chrétienne aux deux jeunes gens, puis, d’un pas sûr, il continua d’avancer au milieu des soldats.

ruines de l'hacienda de las fuentes

Les ruines de l’hacienda de Las Fuentes
où furent fusillés les compagnons du Père Elie

   Environ 3 km avant Cortazar, pas très loin d’un pont, à un endroit où poussait un mesquite, le Père dit simplement au capitaine : « Voilà, mon capitaine. Accordez-moi juste quelques instants pour recommander mon âme à Dieu ».
Tout les détails de la mort du Père Elie nous sont connus par le témoignage d’une femme qui, revenant à pied de Cortazar, s’était cachée derrière un buisson en apercevant les soldats et qui fut témoin de toute la scène.

   Le Père Elie se retira donc près du mesquite et pria pendant environ un quart d’heure. Puis revenant vers le capitaine, c’est à ce moment-là qu’il répondit à la remarque que ce dernier avait faite avant de quitter Las Fuentes : « Voyons si mourir signifie dire la messe », en disant, tout en étendant les bras en forme de croix : « Mourir pour la religion est un sacrifice agréable à Dieu. Me voici, je suis prêt à mourir pour ma religion ».

   Le capitaine donna l’ordre aux soldats de former le peloton d’exécution, mais il semblait hésiter. Visiblement nerveux, il demanda l’heure au Père. Celui-ci sortit sa montre et lui dit qu’il était trois heures moins cinq ; alors, tendant sa main vers lui il déclara : « En guise de souvenir de ma part, veuillez accepter cette montre, qui pourra peut-être un jour vous sauver », puis il distribua aux soldats tout ce qu’il avait encore dans ses poches et, enfin s’écria : « Maintenant, agenouillez-vous. Je veux vous bénir en signe de pardon ! »
Tous se mirent tous à genoux, sauf l’officier qui cria : « Je ne veux pas de bénédictions. Mon arme me suffit ! », et il tira lui-même sur le Père au moment où celui-ci faisait le signe de la croix sur les soldats agenouillés.
Le Père eut encore le temps de crier distinctement : « Vive le Christ-Roi ! ». Il était 3 heures de l’après-midi, ce samedi 10 mars 1928.

   Aussitôt, le peuple fidèle le vénéra comme un saint martyr. Ses funérailles furent célébrées au milieu d’une foule immense qui se recommandait àlui bien plus qu’elle ne priait pour le repos de son âme. La terre imbibée de son sang fut prélevée et considérée comme une relique.

   Le Père Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours a été béatifié le 12 octobre 1997.

Corps des frères Sierra et du Père Elie

Corps du Père Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours
au milieu de ceux des deux frères José de Jesus et José Dolores Sierra

2025-60. Lecture méditée d’une œuvre : « Le Christ au désert servi par les anges » de Francisco Pacheco.

Premier dimanche de Carême,
Dimanche de la sainte quarantaine.
Lectures de la Messe : épitre 2 Cor. VI 1-10 ; Evangile Matth. IV 1-11.

pinceaux et palette - vignette

       Francisco Pacheco (1564-1644) est un peintre espagnol de la fin de la période maniériste et du début de la période baroque, théoricien de l’art, mais aussi théologien (il n’était toutefois pas clerc, mais laïc et père de famille) et – cela pourra étonner – censeur de l’Inquisition.
Peu connu du grand public, il l’est toutefois des historiens de la peinture parce qu’il a été le maître de Diégo Vélasquez (1599-1660).

   Le tableau sur lequel je désire attirer votre attention en ce premier dimanche de Carême est considéré comme son chef-d’œuvre et s’intitule « Le Christ servi par les anges dans le désert » : c’est une huile sur toile de grand format (hauteur : 2,68 m ; largeur : 4,18 m), datée de 1616 (le musée d’Art de Catalogne, à Barcelone, en possède un dessin préparatoire daté du 7 octobre 1615), qui avait été peinte pour le réfectoire de l’un des plus importants couvents de Séville, San Clemente el Real.

   L’œuvre fut peut-être volée par les troupes napoléoniennes lors de l’occupation de Séville en 1810, ou bien a-t-elle été vendue vers 1835 lorsque le gouvernement espagnol d’alors a fermé un certain nombre de couvents et confisqué les biens ecclésiastiques.
Elle a été aux mains de plusieurs propriétaires avant d’être achetée en 1993 par la ville de Castres qui l’expose au Musée Goya.

   Le jeune Diégo Vélasquez (il avait à peine 17 ans) a travaillé sur ce tableau : il est l’auteur de la nature morte que l’on voit au centre (sa première nature morte connue).

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - blogue

Francisco Pacheco (1564-1644) : le Christ servi par les anges dans le désert (1616)
[Musée Goya, Castres]

   Pour celui qui s’attache à la signification spirituelle de ce tableau, il est d’une exceptionnelle richesse symbolique en représentant un point auquel de nos jours, semble-t-il, ni les prédicateurs qui commentent la péricope évangélique lue au premier dimanche de Carême ni les fidèles qui entendent cet Evangile n’accordent grande attention, alors qu’il se trouve pourtant très explicitement mentionné dans la dernière phrase de ce passage de Saint Matthieu : « Tunc reliquit eum diabolus, et ecce Angeli accesserunt, et ministrabant ei : Alors le diable Le laissa, et voici que des Anges s’approchèrent, et ils Le servaient » (Matth. IV 11).

   Si l’on veut bien se donner la peine de réfléchir au fait que Notre-Seigneur était seul dans le désert, il faut nécessairement penser que c’est Jésus, et Lui seul, qui a porté à la connaissance de Ses apôtres et de Ses disciples les éléments de Son combat contre le tentateur ainsi que ce « détail » final… qui n’est finalement peut-être pas un détail sans importance ni un fait purement anecdotique.

   Saint Marc, qui est pourtant des plus laconiques pour parler de la sainte quarantaine n’omet toutefois pas de mentionner le « repas servi par les anges » :  « Et Il passa dans le désert quarante jours et quarante nuits ; et Il fut tenté par Satan ; et Il était parmi les bêtes, et les anges Le servaient » (Marc I 13). Saint Luc et Saint Jean n’en parlent pas.

   Ce repas servi par les anges après les quarante jours de jeûne au désert, a été illustré par plusieurs peintres espagnols du Siècle d’Or. On le retrouve aussi dans la peinture française des XVIIème et XVIIIème siècle.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 1

   Vêtu de rouge, le Seigneur Jésus-Christ est assis, tourné de trois quarts vers la gauche, devant une table garnie. Trois anges sont directement à Le servir à table : deux sont agenouillés et présentent des plats ; le troisième, debout, règle le service.
La luminosité de la table met en valeur les objets qui y sont disposés. Les spécialistes n’ont pas manqué de remarquer que le repas est servi dans des céramiques de Talavera : le peintre fait ici une sorte « d’inculturation », comme on dirait de nos jours, puisque c’est une vaisselle de la vie quotidienne espagnole.

   Les doctes commentateurs du tableau nous disent que nous nous trouvons en présence d’une sorte de « rébus sacré » tel que les intellectuels sévillans les affectionnaient alors : à travers une scène d’apparence profane – un repas -, nous nous trouvons devant l’évocation du plus sacré de tous les repas, celui où le Christ S’immole et Se donne en nourriture, la Sainte Messe.
On est bien dans la tradition des réfectoires monastiques, où, pendant leur réfection physique et naturelle, les moines sont appelés à élever leurs âmes vers le banquet céleste. Pour ne citer qu’une autre œuvre, rappelons que la célébrissime Cène de Léonard de Vinci a été réalisée dans le réfectoire du couvent des Dominicains de Milan.

   Ainsi donc, dans ce repas servi par les anges, les mets sont-ils disposés sur la table un peu comme des offrandes sur un autel ; Notre-Seigneur les bénit en même temps qu’Il élève les yeux vers le ciel, ainsi que le fait le prêtre à la Messe avant la consécration ; le pain, symbole de nourriture spirituelle et de vie éternelle, repose sur un linge dont le pliage n’est pas sans évoquer celui d’un corporal.
Cette allusion au Saint-Sacrifice de la Messe est renforcée par la présence du raisin, qui, avec le pain, fournit la matière du sacrement eucharistique, et par celle du poisson, symbole christique qui remonte à la plus haute antiquité.
L’eau, source de vie, purificatrice et régénératrice, et le sel, ne sont-ils pas une référence à la liturgie baptismale ?
L’ange agenouillé qui présente l’huilier et le vinaigrier, n’évoque-t-il pas le servant d’autel présentant les burettes ?
Quant à l’ange « maître de cérémonie », qui tient dans la main droite un couteau, ne nous renvoie-t-il pas à l’immolation de l’Agneau ?
Remarquez par ailleurs qu’il porte sur l’épaule gauche un linge tissé d’or et frangé, qui évoque davantage un tissu liturgique que du linge de table.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 2

   Remarquez enfin les végétaux présents sur cette table : le cédrat, fruit réputé à Séville comme favorisant la longévité et la fécondité ; la rose blanche, emblème de l’amour chaste ; l’œillet, qui renvoie à la divinité (le nom scientifique de l’œillet est dianthus qu’on traduit par « fleur des dieux ») ; les feuilles d’olivier, de chêne et d’acacia, évoquent évidemment des essences  au fort symbolisme biblique.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 3

   Sur la gauche, derrière le Christ, trois anges musiciens jouent de la harpe, du luth et de la viole de gambe. Tandis qu’au-dessus d’une grotte (sans doute le lieu de la retraite de Notre-Seigneur pendant Son séjour au désert), trois angelots répandent des fleurs sur la table.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 4

   En haut à droite, encore éloignés, volent deux anges porteurs de plats couverts.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 5

    Si l’on excepte ces deux anges éloignés, on compte donc que Notre-Seigneur est entouré par trois triades d’anges et d’angelots : le chiffre trois, représenté trois fois, symbolise la perfection de la Trinité divine. 

   Dans le coin inférieur droit du tableau, on voit Saint Jean-Baptiste, près du Jourdain puisque c’est aussitôt après avoir reçu le baptême de pénitence de Son Précurseur que Notre-Seigneur a été conduit au désert.
Derrière le Baptiste s’ouvre une perspective de paysage désertique (c’est-à-dire non peuplé d’hommes), au fond de laquelle apparaît une cité : Jérusalem, la Cité sainte où le Christ accomplira Sa mission par l’oblation de Son sacrifice rédempteur.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 6

   Je ne m’étendrai pas ici sur les aspects techniques de cette œuvre d’exception (éclairage, forme, expressions, harmonie des couleurs, composition – qui est pourtant très étudiée d’un point de vue mathématique et géométrique -, équilibre…), mais je terminerai en insistant sur le fait que toute cette technique, très rigoureuse, est au service du symbolisme spirituel.

   Sur ce point, j’ai encore un élément à signaler : outre le Christ, personnage central, le nombre total des personnages représentés est de douze : le nombre des tribus d’Israël, le nombre des apôtres, le nombre des portes de la Jérusalem céleste à laquelle nous sommes appelés, si nous profitons des grâces du salut que nous a obtenues le divin Rédempteur.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 7

2025-59. De Saint Jean de Dieu, céleste patron des hospitaliers et des malades.

8 mars,
Fête de Saint Jean de Dieu, confesseur, fondateur des Frères Hospitaliers ;
Mémoire de la férie de Carême.

Giaquinto Corado Prado Madrid - détail du triomphe de Saint Jean de Dieu

La Très Sainte Vierge Marie posant une couronne d’épines sur la tête de Saint Jean de Dieu :
détail de « La gloire de Saint Jean de Dieu » (1750)
par Corrado Giaquinto (1703-1766)
[Galerie nationale de Cosenza]

frise

Leçons historiques du deuxième nocturne

des matines de la fête de

Saint Jean de Dieu 

Quatrième leçon. 

   Jean de Dieu naquit de parents catholiques et pieux, dans la ville de Monte-Mayor, au royaume de Portugal. Au moment de sa naissance une clarté extraordinaire parut sur sa maison, et une cloche sonna d’elle-même ; ces prodiges firent clairement présager que le Seigneur avait choisi cet enfant pour de glorieuses destinées.
Dans sa jeunesse il fut retiré, par la puissance de la grâce divine, d’une vie trop relâchée et il commença à donner l’exemple d’une grande sainteté. Un jour, entendant la parole de Dieu, il se sentit tellement excité au bien, que dès lors il sembla avoir atteint une perfection consommée, quoiqu’il ne fût encore qu’au début d’une vie très sainte. Après avoir donné tout ce qu’il avait aux pauvres prisonniers, il devint pour tout le peuple un spectacle de pénitence, et de mépris de soi-même, ce qui lui attira les plus mauvais traitements de la part de beaucoup de personnes qui le regardaient comme un fou, et on alla jusqu’à l’enfermer dans une maison de santé.
Mais Jean, enflammé de plus en plus d’une charité céleste, parvint à faire construire dans la ville de Grenade, avec les aumônes des personnes pieuses, deux vastes hôpitaux, et jeta les fondements d’un nouvel Ordre, donnant à l’Eglise l’institut des Frères hospitaliers, qui servent les malades au grand profit des âmes et des corps, et qui se sont répandus dans le monde entier.

Saint Jean de Dieu sauvant les malades de l'incendie de l'hôpital royal (1880) - Manuel Gómez-Moreno González - Musée des Beaux-Arts de Grenade - blogue

Saint Jean de Dieu sauvant les malades de l’incendie de l’hôpital royal (1880) ;
tableau de Manuel Gómez-Moreno Gonzalez (1834-1918)
[Musée des Beaux-Arts de Grenade]

Cinquième leçon. 

   Il ne négligeait rien pour procurer le salut de l’âme et du corps aux pauvres malades, que souvent il portait chez lui sur ses épaules. Sa charité ne se renfermait pas dans les limites d’un hôpital : il procurait secrètement des aliments à de pauvres veuves, à des jeunes filles dont la vertu était en danger, et mettait un soin infatigable à délivrer du vice ceux qui en étaient souillés.
Un grand incendie s’étant déclaré dans l’hôpital de Grenade, Jean se jeta intrépidement au milieu du feu, courant ça et là dans l’enceinte embrasée jusqu’à ce qu’il eût transporté sur ses épaules tous les malades, et jeté les lits par les fenêtres pour les préserver du feu. Il resta ainsi pendant une demi-heure au milieu des flammes qui s’étendaient avec une rapidité extraordinaire ; il en sortit sain et sauf par le secours divin, à l’admiration de tous les habitants de Grenade ; montrant par cet exemple de charité que le feu qui le brûlait au dehors était moins ardent que celui qui l’embrasait intérieurement.

Saint Jean de Dieu - statue église Saint Jean de Dieu de Cadix

Statue de Saint Jean de Dieu
dans l’église Saint-Jean-de-Dieu de Cadix

Sixième leçon. 

   Jean de Dieu pratiqua, dans un degré éminent de perfection, des mortifications de tous genres, la plus humble obéissance, une extrême pauvreté, le zèle de la prière, la contemplation des choses divines ainsi que la dévotion à la sainte Vierge ; il fut aussi favorisé du don des larmes.
Enfin, atteint d’une grave maladie, il reçut, selon l’usage, tous les sacrements de l’Eglise dans tes plus saintes dispositions, puis, malgré sa faiblesse, il se leva de son lit, couvert de ses vêtements, se jeta à genoux, et, pressant sur son cœur l’image de Jésus-Christ crucifié, il mourut ainsi dans le baiser du Seigneur, le huit des ides de mars, l’an mil cinq cent cinquante.
Même après son dernier soupir, ses mains retinrent encore le crucifix, et son corps resta dans la même position pendant environ six heures, répandant une odeur merveilleusement suave jusqu’à ce qu’on l’eût enlevé de ce lieu. La ville entière fut témoin de ces prodiges.
Illustre par de nombreux miracles, pendant sa vie et après sa mort, Jean de Dieu a été mis au nombre des Saints par le souverain Pontife Alexandre VIII.
Léon XIII, agissant selon le désir des saints Evêques de l’Univers catholique et après avoir consulté la Congrégation des Rites, l’a déclaré le céleste Patron de tous les hospitaliers et des malades du monde entier, et il a ordonné qu’on invoquât son nom dans les Litanies des agonisants.

Grenade basilique de Saint Jean de Dieu châsse de Saint Jean de Dieu

Châsse contenant le corps de Saint Jean de Dieu
[basilique Saint-Jean-de-Dieu, Grenade]

2025-58. Nuit du 7 au 8 mars 1625 : découverte de la statue miraculeuse de Sainte Anne par Yvon Nicolazic.

Nuit du 7 au 8 mars 1625 :
découverte de la statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic.

Yvon Nicolazic découvre la statue de Sainte Anne 7-8 mars 1625

Vitrail de la chapelle des Carmes, à Rennes :
découverte de la statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic

       La fête de Sainte Anne, fixée au 26 juillet, n’est entrée au calendrier de l’Eglise universelle qu’en 1584 à l’instigation du pape Grégoire XIII (1502-1585).
En 1622, le pape Grégoire XV (1554-1523), guéri d’une grave maladie par l’intercession de Sainte Anne, fit de la fête de cette dernière une fête de précepte (jour chômé, prohibition des tâches serviles, assistance à la Messe et aux vêpres obligatoire).
L’année suivante, dans le diocèse de Vannes, à moins d’une lieue au nord de la ville d’Auray, au hameau de Ker Anna, sur la paroisse de Pluneret, Sainte Anne commença à se manifester à un cultivateur du nom d’Yvon Nicolazic (1591-1645), homme de grande piété.

   Yvon Nicolazic, est né à Ker Anna le 3 avril 1591. C’est un cultivateur relativement aisé, apprécié de tous en raison de sa foi profonde qui déborde en actes authentiques de justice et de charité envers son prochain. Il ne connaît pas le français et ne sait ni lire ni écrire. Marié à Guillemette Le Roux, ils n’ont pas pu avoir d’enfants.

   A la suite de son père, Yvon tient en fermage un champ que l’on appelle le Bocenno, à la sortie ouest de Ker Anna : on raconte qu’à l’emplacement de ce lopin sur lequel les bœufs refusent d’avancer pour labourer – et qu’il faut donc travailler à la main -, il y aurait eu jadis une chapelle en l’honneur de Sainte Anne : le nom de Ker Anna (la maison d’Anne) que porte le hameau en est un souvenir.
Le père d’Yvon en a extrait de nombreuses pierres taillées avec lesquelles il a bâti une grange de belle taille à côté de sa maison.

Maison de Nicolazic

   Dans la nuit du 12 août 1623, Yvon est réveillé par une éclatante lumière qui inonde sa chambre. Stupéfait, il constate qu’elle émane d’un très gros cierge suspendu en l’air, comme tenu par une main invisible. Un peu effrayé, il se met à genoux et commence la récitation du chapelet : si ce phénomène vient du diable, il cessera…
Six semaines plus tard, l
e 24 septembre, alors que la nuit tombe, Yvon est encore au travail au Bocenno, et il revoit le cierge mystérieux éclairer le champ.
Et il en sera ainsi pendant une année et demi : la mystérieuse lumière revient auprès d’Yvon ; elle l’accompagne, tous les soirs ou presque. Son beau-frère en est le témoin.
Rien d’autre… jusqu’au mois de juillet 1624.

   Un soir de juillet 1624 donc, alors qu’Yvon et son beau-frère sont en train de faire boire leurs bêtes, le cierge leur apparaît encore une fois, mais ce soir-là ils peuvent voir la main qui le tient : c’est une main féminine. Ils sont un peu effrayés.
Yvon se demande si ce n’est pas sa défunte mère qui reviendrait pour demander des prières.
Cependant, le 25 juillet au soir, alors qu’il rentre d’Auray, Yvon Nicolazic s’entend appeler, et c’est une voix féminine. Ce n’est toutefois pas celle de sa mère.

   Arrivé chez lui, il s’isole dans la grange – celle que son père a construite avec les pierres extraites du Bocenno – afin de réfléchir à tout cela.
Il s’agenouille et commence son chapelet, quand soudain, toute de blanc vêtue, une Dame rayonnante de clarté se trouve devant lui, debout sur un petit nuage. Dans son dialecte vannetais, elle lui déclare : « Ne craignez rien, Yvon. Je suis Anne, Mère de Marie. Allez dire à votre recteur que, dans la pièce de terre appelée Bocenno existait avant tout village une chapelle qui m’était dédiée, la première bâtie en mon honneur par les Bretons. Voilà 924 ans et six mois qu’elle est en ruines. Je désire qu’elle soit rebâtie au plus tôt et que vous en preniez soin : Dieu veut que j’y sois honorée ».

25 juillet 1624 appartion de Sainte Anne

Au soir du 25 juillet 1624, Sainte Anne se montre enfin
et demande que la chapelle placée sous son vocable
mais détruite depuis plus de neuf siècles soit reconstruite.

   Les indications sont très précises, tout en confirmant les anciennes traditions locales : 924 ans et 6 mois, cela veut dire au début de l’an 700, période où en effet les relations entre les Bretons d’Armorique et le royaume mérovingien ont été émaillées de nombreux moments de troubles et de raids dévastateurs dans le Broërec, le pays d’Auray.
Yvon appréhende d’aller trouver le recteur de Pluneret : Don Sylvestre Rodué n’est pas un homme qui s’en laisse compter, et il sait faire montre d’un authentique mauvais caractère…
Sainte Anne revient. Elle insiste : « Ne craignez point et ne vous mettez pas tant en peine. Dites en confession ce que vous avez vu et entendu et ne tardez plus à m’obéir. Conférez-en aussi avec quelques hommes de bien pour savoir comment vous y prendre ».
Cela devrait rassurer le prêtre : le diable, en effet, n’incite pas à aller à confesse !
Pourtant, le recteur éconduit vertement Yvon Nicolazic, si bien que celui-ci n’a nulle envie de se hasarder à une nouvelle tentative : « Chat échaudé craint l’eau froide » !

   Sainte Anne insiste encore : « Ne vous souciez pas de ce que diront les hommes. Faites ce que je vous ai dit et, pour le reste, reposez-vous-en sur moi ».

   Pendant sept semaines, Yvon fait le sourd, autant qu’un Breton peut le faire quand il n’est pas disposé à céder.
Mais sainte Anne lui dit : « Consolez-vous car l’heure viendra où tout ce que je vous ai dit s’accomplira ».
Il ose répliquer : « Vous savez bien, ma bonne Maîtresse, les difficultés que fait notre recteur et ses reproches quand je lui ai parlé de votre part. Je n’ai pas de quoi vous bâtir une chapelle, même si je serais content de vous donner pour cela tout mon bien ».
- « Ne vous inquiétez pas, je vous donnerai de quoi débuter les travaux et rien n’y manquera jamais pour l’achever.
[…] Ne tardez pas à commencer. Vos impuissances n’empêcheront pas mes desseins.
[…] Les prodiges en mon pouvoir feront confesser aux plus mécréants que vous êtes mon instrument.
[…] Ne vous mettez pas en peine de m’alléguer votre pauvreté, je la connais assez, mais tous les trésors du Ciel sont dans mes mains ».

   Pour le prouver, sainte Anne multiplie les prodiges au Bocenno : des prodiges qui sont vus de tout le voisinage : cierges incroyablement brillants, colonne de feu, pluie d’étoiles filantes…

Sainte Anne multiplie les signes pour attester de la vérité des apparitions

   Mais l’irascible et entêté recteur ne veut rien entendre.
Le 3 mars 1625, Sainte Anne transporte miraculeusement Yvon au Bocenno, où il entend le chœur des anges. L’aïeule de Jésus lui répète de prévenir « les gens de bien » et le recteur, qui seront témoins de la découverte de son « ancienne image ».

   Excédé par cette histoire, Don Sylvestre hurle qu’il y a déjà trop de chapelles dans le pays et qu’il n’est pas question d’en rajouter.
Les capucins d’Auray, pris pour arbitres, conseillent à Yvon Nicolazic de réclamer un signe : signe aussitôt obtenu car le 7 mars, dans la chambre d’Yvon, sa femme découvre, bien soigneusement empilés sur la table, douze quarts d’écus qui n’ont été apportés par personne, tandis que par ailleurs Monsieur de Kerleguer, propriétaire du Bocenno, promet d’en faire don à Sainte Anne.

   Enfin, vers 23 heures, dans cette nuit du 7 au 8 mars 1625, Sainte Anne prie son messager d’aller réveiller ses voisins et de se rendre avec eux au Bocenno, munis de bêches.
Il obéit, on le suit, ou plutôt, l’on suit le cierge qui les guide dans les ténèbres, jusqu’à un certain endroit où son invisible porteur le lève et l’abaisse par trois fois pour indiquer un emplacement précis où le cierge s’enfonce dans la terre : on creuse et on découvre une statue de femme, haute de trois pieds (soit environ un mètre), en bois olivier.
L’image est « fort mutilée et gâtée » mais elle garde des traces de polychromie blanche et bleue.

Dans la basilique lieu de la découverte de la statue de Sainte Anne

Dans l’actuelle basilique de Sainte-Anne d’Auray,
le lieu de la découverte de l’antique statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic,
dans la nuit du 7 au 8 mars 1625,
est signalé par ce bas-relief au pied d’un des piliers du côté droit du chœur.

   Le clergé, qui connaît le pays et son histoire, s’interroge : cette statue est-elle véritablement celle de Sainte Anne, ou bien serait-ce une idole païenne ? Il reste donc d’abord dans une prudente réserve.
La statue découverte dans cette nuit du 7 au 8 mars 1625 est déposée debout sur une motte et abritée par des branchages : très modeste oratoire devant lequel le bon peuple fidèle, lui, vient très vite – et en foule ! – pour se recueillir et demander des grâces.
Le recteur de Pluneret est hors de lui : il vient sur les lieux et s’emporte en voyant la bassine de cuivre qui a été placée là par Monsieur de Kerleguer, le propriétaire du terrain, pour recueillir les offrandes des fidèles : il a d’ailleurs été le premier à donner l’exemple et à y déposer une somme généreuse.

   Un prodige va survenir le dimanche après la découverte : un incendie se déclare chez les Nicolazic. La lueur de l’incendie et la fumée font accourir les habitants de Ker Anna, avec leurs seaux et leurs baquets. C’est la grange qui brûle, qui brûle si bien que les murs, construits on s’en souvient avec les pierres de l’antique chapelle, sont totalement détruits, signe que ces pierres ne devaient plus servir à un usage profane. En revanche, toute la récolte de foin qui y était renfermée a été épargnée par les flammes : fait inexplicable par la raison humaine.
Sainte Anne ne voulait simplement pas spolier son confident.

Vitrail représentant Yvon Nicolazic

   L’évêque de Vannes, Monseigneur Sébastien de Rosmadec, se saisit du dossier et instruit l’affaire.
Après les interrogatoires d’usage du voyant et des témoins, constatant aussi les grâces qui se multiplient, et déjà certaines guérisons inexplicables, il conclut à la véracité des apparitions. A la fin de l’année 1625, il publie un mandement reconnaissant leur caractère surnaturel.
Les travaux commencent.

   Tel un sceau céleste sur les événements, après quinze ans d’une union stérile, Yvon et Guillemette Nicolazic vont avoir la joie d’être parents de deux enfants, qui vont naître entre le début et la fin du chantier : délicatesse bien digne de Sainte Anne, qui pour avoir connu la douleur de la stérilité, est secourable aux couples privés de progéniture.

   La première messe dans la chapelle primitive (qui sera agrandie plusieurs fois jusqu’à la construction de l’actuelle basilique) fut célébrée par ordre de Monseigneur de Rosmadec dès le 26 juillet 1625 : le pèlerinage était officiellement lancé…

   Quant au recteur de Pluneret, il ne faut pas omettre de signaler qu’il vint humblement faire amende honorable auprès de Sainte Anne et devint un fervent et zélé dévot de son jeune sanctuaire.

fragment de la statue découverte par Yvon Nicolazic sauvé des flammes

Fragment de la statue découverte par Yvon Nicolazic
dérobé aux flammes dans lesquelles les terroristes révolutionnaires l’ont détruite,
et inséré dans le socle de la statue réalisée en 1825 pour la remplacer.

   On sait que, malheureusement, la statue que Sainte Anne elle-même a voulu voir ressortir de terre par le moyen d’Yvon Nicolazic a été brûlée par les révolutionnaires. Seul un fragment du visage a pu être dérobé à leur fureur iconoclaste : il se trouve aujourd’hui placé dans le socle de la nouvelle statue sculptée en 1825, deux siècles exactement après la découverte de la statue originelle.

   Cette statue de 1825, désormais célèbre dans le monde entier, pour être davantage protégée et mieux conservée, a fait l’objet d’une copie rigoureusement exacte au moyen des techniques modernes les plus précises qui a été présentée à l’occasion des cérémonies du quatrième centenaire de la découverte de 1625, et c’est cette copie qui sera dorénavant portée en procession à l’extérieur.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Procession de la statue de Sainte Anne le 26 juillet

Procession traditionnelle avec la statue de 1825 lors du pardon du 26 juillet.

2025-57. Toutes nos publications au sujet de la Sainte Couronne d’Epines et des Saintes Epines de la Passion.

Vendredi après les Cendres,
Fête de la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur.

Angelot à la Couronne d'épines - Fr.Mx.M. - Blogue

       Vous pouvez retrouver ci-dessous, chers Amis, la liste de toutes nos publications de ce blogue relatives à la Sainte Couronne d’Epines ainsi qu’aux Saintes Epines provenant de cette Sainte Couronne :

A – Messe propre de la Sainte Couronne d’Epines (dont la fête se célèbre le vendredi après les Cendres) > ici

B – Quelques sanctuaires en lesquels on trouve des Epines provenant de la Sainte Couronne d’Epines :

- La Sainte Epine du Puy-en-Velay > ici
- Les Saintes Epines de Namur > ici
- La Sainte Epine d’Andria, et le miracle du Vendredi Saint 25 mars 2016 > ici
- Les Saintes Epines de la cathédrale d’Elne > ici

C – Autres publications :

- La Sainte Couronne d’Epines figurée dans une fleur  : la passiflore > ici
- Monseigneur le Prince Louis de Bourbon lors du retour de la Sainte Couronne d’Epines et des reliques de la Passion en la basilique-cathédrale Notre-Dame de Paris après la restauration de la cathédrale > ici
-

Exposition de la Sainte Couronne  d'épines - blogue

2025-56. De la statue de Sainte Hélène de la cathédrale d’Elne qui est le reliquaire de trois Saintes Epines de la Passion.

Vendredi après les Cendres,
Fête de la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur.

Couronne d'épines gravure - vignette

       L’antique cité d’Elne (en catalan Elna), en Roussillon, est riche d’un très lointain passé : autrefois nommée Illiberis (dénomination attestée au deuxième siècle avant notre ère), elle fut renommée Castrum Helenae (castrum peut-être rendu en français par « camp militaire », « camp fortifié », « château fort ») : le « château d’Hélène ».
Cette Hélène, en l’honneur de laquelle l’antique oppidum changea de nom, est la mère de l’empereur Constantin 1er le Grand : Sainte Hélène pour nous catholiques.
Ce changement de nom intervint dans le deuxième quart du IVème siècle, vraisemblablement après sa mort (+ 18 aout 330).

   Nous savons que vers le milieu du VIème siècle, Elne fut érigée en évêché : mais l’actuelle cathédrale, placée sous le vocable des Saintes Julie et Eulalie, résulte d’une été reconstruction aux XIème et XIIème siècles, qui a reçu ensuite quelques ajouts à la période gothique, puis un maître-autel surmonté d’un baldaquin à la période baroque.

   A partir de la fin du Moyen-Age, les évêques d’Elne prirent peu à peu l’habitude de résider à Perpignan, qui se développait aux dépens de la capitale historique de cette partie du Roussillon.
Ainsi, au début du XVIIème siècle, ils obtinrent du Saint-Siège l’autorisation de fixer de manière officielle et stable leur résidence à Perpignan, tout en continuant de porter le nom d’évêques d’Elne (dioecesis Elnensis) car la cathédrale restait à Elne. En même temps que le lieu de la résidence de l’évêque, le chapitre cathédral d’Elne reçut lui aussi l’autorisation de s’établir à Perpignan : la collégiale Saint Jean-Baptiste de Perpignan devenant en quelque manière une co-cathédrale.

   L’évêché d’Elne fut supprimé par le concordat de 1801.
Le territoire du département des Pyrénées Orientales fut à nouveau rétabli comme territoire d’un évêché en 1822, en fixant le siège de l’évêque et la cathédrale à Perpignan et en prenant désormais le nom de diocèse de Perpignan-Elne.

Elne et sa cathédrale se découpant devant le Mont Canigou

L’antique cité d’Elne, avec son imposante cathédrale romane,
se découpant devant le Mont Canigou.

   Le trésor historique de la cathédrale d’Elne possède une statue de Sainte Hélène qui constitue en même temps un reliquaire, dans lequel sont renfermées trois Epines de la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Toutefois, la plupart du temps, cette statue reliquaire est conservée dans le trésor de la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Perpignan et n’est rapportée à Elne qu’occasionnellement, comme par exemple pour la procession du Jeudi Saint.

   A ma connaissance, on est peu renseigné sur l’histoire des Saints Epines de la cathédrale d’Elne.
La statue de Sainte Hélène qui leur sert de monstrance est de toute évidence une statue de l’âge moderne (XVIIème ou XVIIIème siècle), probablement adaptée au XIXème siècle pour que la sainte impératrice mère tienne la monstrance en laquelle sont les Saintes Epines (je parle sous toute réserve, à partir de mes modestes observations personnelles).

   Ces Epines sacrées ne semblent pas provenir d’un don de nos Rois (comme c’est le cas pour quatre Saintes Epines que l’on vénère aussi à Perpignan, mais dans l’église Saint-Matthieu, qui furent offertes par Philippe III de France, fils de Saint Louis).

   Si quelque historien lisant ces lignes avait quelques informations certaines au sujet des Epines elles-mêmes comme de la statue de Sainte Hélène, je lui saurais gré de me les communiquer.

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines

La statue de Sainte Hélène de la cathédrale d’Elne
avec la monstrance des trois Saintes Epines.
 

   J’ai eu l’incommensurable privilège de prier – avec beaucoup d’ « émotion » spirituelle, je ne m’en cache pas  – devant les trois Saintes Epines de la cathédrale d’Elne et de m’approcher au plus près de ces reliques sacrées : c’est à cette occasion que j’ai réalisé les photographies qui en sont ici, et que j’ai le plaisir de partager avec vous.

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 1

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 2

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 3

   O Sainte Hélène, qui avez tant fait pour retrouver les insignes reliques de la Passion de Notre-Seigneur et qui les avez mises à l’honneur, à Jérusalem, à Rome et à Constantinople, obtenez-nous une dévotion comparable à la vôtre envers ces souvenirs sacrés que, grâce à vous, nous possédons encore en de nombreux sanctuaires de la Chrétienté. 

   Intercédez pour nous, afin que le divin Rédempteur nous remplisse de zèle et de piété, de telle sorte que nous glorifions comme vous Sa Bienheureuse Passion, que nous lui fassions porter tous ses fruits en nos vies, et que nous sachions par elle, à votre exemple, conquérir des cœurs aimants et reconnaissants au Roi divin, notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ !

Ainsi soit-il.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Couronne d'épines gravure - vignette

2025-55. Arrivée de la couronne pour la statue de Saint Joseph.

Mercredi des Cendres 5 mars 2025,
Premier mercredi du mois de mars.

Statue de Saint Joseph dans l'oratoire du Mesnil-Marie 5 mars 2025

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       En cette fin d’après-midi du mercredi des Cendres, une douce lumière entre par la fenêtre de l’ouest, à l’Oratoire, revêtant toutes choses de reflets dorés.
Comme c’est le premier mercredi du mois, une veilleuse est allumée devant la statue de Saint Joseph que la générosité de nos bienfaiteurs nous a permis d’acquérir l’été dernier (cf. > ici).

   Depuis l’installation de la statue dans notre oratoire, Frère Maximilien-Marie avait le dessein de couronner Saint Joseph, afin de marquer sa souveraineté sur ces lieux, dont Notre-Dame de Compassion est déjà la Reine toute puissante.

   A l’approche du mois de Saint Joseph, et dès que nous avons eu la certitude que nous aurions un prêtre au Mesnil-Marie pour célébrer la Sainte Messe le 19 mars (cf. > ici), mon papa-moine a pensé qu’il n’y avait pas de jour plus indiqué pour procéder à ce couronnement de la statue de Saint Joseph.
Il y avait néanmoins un hic : nous ne possédions pas de couronne qui fût à la taille de notre statue ! En plus, Frère Maximilien-Marie est toujours extrêmement pointilleux et précis pour ce genre de choses : il ne s’agissait donc pas seulement de trouver une couronne à la bonne taille, mais il fallait qu’elle correspondît aussi aux critères de notre Frère, lequel ne voulait pas d’une couronne dite « fermée » – sur le modèle des couronnes impériales – et qui tenait en outre à ce qu’elle fût ornée d’améthystes !!!

   Eh bien, comme la divine Providence fait bien les choses et ne déçoit jamais ceux qui se confient totalement en elle, nous l’avons trouvée, commandée, et reçue.
En un temps record peut-on dire !

   « Clin-Dieu » suprême elle est arrivée ce mercredi, premier mercredi du mois, alors que nous n’espérions son arrivée que pour la semaine prochaine seulement.
Certes, il est vrai que Frère Maximilien-Marie avait remis l’affaire entre les mains de notre indéfectible Sainte Philomène, et que notre chère et puissante thaumaturge ne nous déçoit jamais !

   Bref ! J’ai la très grande joie de vous présenter la couronne dont notre bon Saint Joseph sera couronné le jour de sa fête !
Rendons grâces à Dieu…

pattes de chat   Tolbiac.

Couronne pour Saint Joseph

2025-54. Le 1er mars, les Ermites de Saint Augustin célèbrent une fête des saintes reliques qui leur est propre.

- 1er mars -

vignette augustinienne

Commémoraison de tous les Saints

dont les reliques sont conservées et vénérées dans toutes les églises

de l’Ordre des Ermites de Saint Augustin

       Voici, pour le cas où certains de nos lecteurs et amis voudraient s’unir à nous par la prière, le formulaire de la Sainte Messe, propre au missel des Ermites de Saint Augustin, de la fête qui nous est fixée à la date du 1er mars : la commémoraison de tous les Saints dont les reliques sont conservées et vénérées dans toutes les églises de l’Ordre.
C’est un formulaire dans lequel on retrouve certains éléments de la Messe qui se trouve au Missel romain pour la fête des saintes reliques, souvent célébrée le 5 novembre, et dans lequel d’autres parties sont originales.

Tous les saints de la famille augustinienne

Saints de la famille augustinienne 

Introït (Ps. 33) :

   Multæ tribulatiónes iustórum, et de his ómnibus liberávit eos Dóminus : Dóminus custódit ómnia ossa eórum : unum ex his non conterétur.
V./ (Ps. 36) : Non derelinquet Dominus Sanctos suos : in aeternum conservabuntur. Gloria Patri.

   Les tribulations des justes sont nombreuses et le Seigneur les délivrera de toutes ces peines. Le Seigneur préserve tous leurs os ; il n’y en aura pas un seul de brisé. V./ Le Seigneur n’abandonne pas Ses Saints : ils seront conservés pour l’éternité. Gloire au Père.

Oratio :

   Deus, qui hanc sacrosanctam Ecclesiam tot voluisti Sanctorum decorare reliquiis, auge in nobis resurrectionis fidem ; et fac nos immortalis gloriae participes, cujus in eorum cineribus pignora veneramur. Per Dominum…

   O Dieu, qui avez voulu orner cette église sacro-sainte Église des reliques de tant de saints, augmentez en nous la foi en la résurrection ; et faites-nous participer à la gloire immortelle, dont nous vénérons le gage dans leurs cendres

Lectio libri Sapientiae (Eccli. 44)

   Hi viri misericórdiæ sunt, quorum pietátes non defuérunt : cum semine eórum pérmanent bona, heréditas sancta nepótes eórum, et in testaméntis stetit semen eórum : et fílii eórum propter illos usque in ætérnum manent : semen eórum et glória eórum non derelinquétur. Córpora ipsórum in pace sepúlta sunt, et nomen eórum vivit in generatiónem et generatiónem. Sapiéntiam ipsórum narrent pópuli, et laudem eórum núntiet Ecclésia.

   C’étaient des hommes de miséricorde, dont les œuvres de piété subsistent à jamais. Les biens qu’ils ont laissés demeurent à leur postérité ; leurs descendants sont un saint héritage, et leur race est demeurée fidèle à l’alliance ; à cause d’eux, leurs fils subsistent éternellement, et ni leur race ni leur gloire n’aura de fin. Leurs corps ont été ensevelis en paix, et leur nom vivra de génération en génération. Que les peuples racontent leur sagesse et que l’assemblée publie leurs louanges.

Tractus (Is. 26) :

   Laudate, qui habitatis in pulvere ; cum eduxero vos de tumulis vestris, scietis quia ego Dominus.
V./ Cum Christus apparuerit vita vestra, tunc et vos apparebitis cum ipso in gloria.
V./ Justi et quasi virens folium germinabunt, non commovebitur radix eorum : sit memoria justorum in benedictione, et ossa eorum pullulent de loco suo.

   Louez, ô vous qui habitez dans la poussière ; quand je vous ferai sortir de vos tombes, vous saurez que je suis le Seigneur. V./ Lorsque le Christ apparaîtra, Lui qui est votre vie, alors vous apparaîtrez aussi avec Lui dans la gloire. V./ Les justes pousseront comme une feuille verte, leur racine ne sera pas ébranlée : que la mémoire des justes soit bénie, et leurs os germeront de leur place.

+ Sequentia sancti Evangelii secundum Lucam (Luc 6) :

   In illo témpore : Descéndens Iesus de monte, stetit in loco campéstri, et turba discipulórum eius, et multitúdo copiósa plebis ab omni Iudǽa, et Ierúsalem, et marítima, et Tyri, et Sidónis, qui vénerant, ut audírení eum et sanaréntur a languóribus suis. Et, qui vexabántur a spirítibus immúndis, curabántur. Et omnis turba quærébat eum tangere : quia virtus de illo exíbat, et sanábat omnes. Et ipse, elevátis óculis in discípulos suos, dicebat : Beáti, páuperes : quia vestrum est regnum Dei. Beáti, qui nunc esurítis : quia saturabímini. Beáti, qui nunc fletis : quia ridébitis. Beáti eritis, cum vos óderint hómines, et cum separáverint vos et exprobráveriní, et eiécerint nomen vestrum tamquam malum, propter Fílium hóminis. Gaudéte in illa die et exsultáte : ecce enim, merces vestra multa est in cælo.

   En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la foule de Ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour L’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à Le toucher, parce qu’une vertu sortait de Lui et les guérissait tous. Et Lui, levant les yeux sur Ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.

Credo.

Offertorium :

   Capillis de capite vestro non peribit : in patientia vestra possidebitis animas vestras.

Pas un cheveu de votre tête ne périra : dans votre patience vous posséderez vos âmes.

Secreta :

   Donis caelestibus da nobis quaesumus, Domine, libera tibi mente servire ; ut munera, quae in Sanctorum tuorum commemoratione deferimus, eorum interventu, et medelam nobis operentur, et gloriam. Per Dominum…

   Accordez-nous, nous Vous le demandons, Seigneur, les dons célestes de Vous servir avec un esprit libre ; afin que les offrandes que nous apportons pour la commémoration de Vos saints, par leur intercession, opèrent pour nous à la fois la guérison et la gloire.

Communio :

   Dormiunt in terrae pulvere, evigilabunt in vitam aeternam : et ossa eorum quasi herba germinabunt.

Ceux qui dorment dans la poussière de la terre, s’éveilleront à la vie éternelle : et leurs os germeront comme l’herbe.

Postcommunio :

   Tribuant quaesumus, Domine, continuum tua sancta praesidium ; quo Sanctorum tuorum precibus, nos ab omnibus tueantur adversis. Per Dominum…

   Nous Vous en supplions, Seigneur, qu’elles nous accordent continuellement Votre sainte protection, celles [les reliques] qui, par les prières de vos saints, nous protègent de toutes les choses adverses.

Châsse de Saint Augustin

Exposition de la châsse de cristal renfermant les reliques de Saint Augustin
(basilique de Saint-Pierre au Ciel d’Or, à Pavie)

2025-53. Mercredi 19 mars 2025 : fête de Saint Joseph au Mesnil-Marie.

Mercredi 19 mars 2025

annonce fête de Saint Joseph 19 mars 2025 - blogue

Fête de Saint Joseph

Epoux de la Bienheureuse Vierge Marie

au Mesnil-Marie

Programme :

- 11 h 30 : Messe chantée & couronnement de la statue de Saint Joseph (voir > ici) ;

- Repas partagé ;

- 15 h 30 : Chapelet et bénédiction du Très Saint Sacrement.

Important :
La chapelle du Mesnil-Marie est un lieu privé, aussi les personnes qui désirent participer à cette fête et être présentes pour le déjeuner voudront-elles bien s’inscrire (au moyen de l’espace des commentaires, ci-dessous – ce ne sera pas publié). Merci par avance !

Monogramme Saint Joseph vignette

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