2025-61. Le Bienheureux Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours, prêtre augustin martyr du Christ-Roi.
10 mars,
- Fête du Bienheureux Elie de N.D. du Perpétuel Secours, prêtre augustin martyr.
- Commémoraison de Sainte Marie-Eugénie de Jésus, vierge (cf. > ici) ;
- Commémoraison des Saints Quarante Martyrs de Sébaste ;
- Anniversaire de la mort de la Révérende Mère Marie-Joseph de la Miséricorde (cf. > ici).
Matteo Elías Nieves del Castillo est né sur l’île de San Pedro, dans la municipalité de Yuriria – Etat de Guanajuato, au Mexique -, le 21 septembre 1882. Ses parents, Rita et Ramón et Rita, étaient de modestes paysans, riches d’une foi profonde.
Dès son jeune âge il éprouva l’attrait pour le sacerdoce, toutefois sa vocation fut retardée d’une part parce qu’à l’âge de 12 ans il fut gravement malade de la tuberculose qui faillit l’emporter, et d’autre part parce que, après sa guérison, son père ayant été tué par des voleurs, il dut abandonner l’école et travailler pour subvenir aux besoins de sa famille.
Enfin, en 1904, malgré sa formation rudimentaire et sa pauvreté, il fut admis au séminaire augustinien de Yuriría. Ses études furent difficiles, rendues encore plus pénibles du fait d’une très mauvaise vue.
En recevant le saint habit il reçut avec lui le nom de Fray Elías del Socorro, c’est-à-dire Frère Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours .
C’est à l’âge de 34 ans, en 1916, qu’il fut ordonné prêtre. Après quelques premières expériences pastorales en paroisse, il est nommé au vicariat de La Cañada de Caracheo, en 1921 : c’est un village de quelque 3 000 âmes, très pauvre. Partageant la pauvreté de ses paroissiens, il va s’efforcer de répondre aux besoins spirituels mais aussi matériels de la population, dont il sera rapidement très aimé.
Le Mexique vivait alors l’un des moments les plus tragiques de son histoire. Devenu indépendant depuis un siècle, le pays n’était jamais parvenu à une véritable unité nationale. Les nations riches, qui revendiquaient d’énormes droits sur les concessions de pétrole et d’autres ressources souterraines, attisaient toutes les divisions internes ; la maçonnerie anticléricale agissait de façon virulente, déclenchant, en 1926, une persécution contre le catholicisme parmi les plus sanglantes du XXème siècle.
Refusant d’abandonner ses ouailles, le Père Elie, prudent mais impavide, alla se cacher dans une grotte et continua à exercer son ministère, le plus souvent à la faveur de la nuit. Cela dura 14 mois.
Grotte dans laquelle s’est caché le Père Elie de N.D. du Perpétuel Secours :
elle est devenue un lieu de pèlerinage et a été aménagée
tant pour en faciliter l’accès que pour y permettre
la célébration de la Sainte Messe
Le 7 mars 1928, un détachement de soldats arriva à La Cañada de Caracheo, officiellement à la recherche de voleurs de bétail. Comme il était tard, ils décidèrent de passer la nuit dans l’église paroissiale. Mais lorsqu’ils essayèrent d’en forcer les portes, les fidèles se rebellèrent et il y eut une fusillade.
Les soldats appelèrent des renforts. Un autre détachement atteignit le village, et ils organisèrent une véritable battue au prêtre.
Le 9 mars, ils se saisirent du Père Elie, bien qu’il se fût déguisé en paysan. Lors de son interrogatoire, il ne nia pas son identité.
Avec lui furent arrêtés deux jeunes paysans, les frères Sierra, qui avaient tenté de le garder caché.
Au matin du 10 mars, soldats et prisonniers partirent pour Cortazar, dont dépendait La Cañada, mais les prisonniers n’y arrivèrent jamais car, un peu plus loin, près d’une hacienda nommée Las Fuentes où les soldats marquèrent un arrêt, le capitaine donna l’ordre de l’exécution.
Le Père Elie obtint d’entendre en confession les deux frères Sierra, prénommés José de Jesús et José Dolores, puis les soldats les conduisirent devant le mur où ils avaient décidé de les fusiller. José Dolores, fut pris de panique et s’effondra, probablement victime d’une crise cardiaque ; José de Jesús, lui, restait calme et ferme. Il refusa qu’on lui bandât les yeux. On lui intima l’ordre de s’agenouiller et il répondit au capitaine : « Je m’agenouille devant Dieu et ses ministres, pas devant quelqu’un… comme toi ». Aussitôt la fusillade commença et il eut encore le temps de crier : « Vive le Christ Roi ! »
Bien qu’il fût déjà mort, les soldats vidèrent encore leurs fusils sur le corps inerte de José Dolores.
Pendant toute cette scène, le Père Elie n’avait cessé de leur donner encore la sainte absolution et des bénédictions, disant : « Courage, mes enfants ! Nous nous reverrons bientôt au paradis… »
Le capitaine s’adressa alors au Père Elie : « Maintenant, prêtre hypocrite, voyons si mourir ressemble à dire la messe ».
Avec une certaine autorité cependant, le Père lui demanda de ne pas le fusiller à cet endroit-là, mais plus loin, à l’endroit qu’il indiquerait lui-même. Avant de quitter l’hacienda, il ordonna à deux voisins de Las Fuentes, qui se trouvaient là, de donner une sépulture chrétienne aux deux jeunes gens, puis, d’un pas sûr, il continua d’avancer au milieu des soldats.
Les ruines de l’hacienda de Las Fuentes
où furent fusillés les compagnons du Père Elie
Environ 3 km avant Cortazar, pas très loin d’un pont, à un endroit où poussait un mesquite, le Père dit simplement au capitaine : « Voilà, mon capitaine. Accordez-moi juste quelques instants pour recommander mon âme à Dieu ».
Tout les détails de la mort du Père Elie nous sont connus par le témoignage d’une femme qui, revenant à pied de Cortazar, s’était cachée derrière un buisson en apercevant les soldats et qui fut témoin de toute la scène.
Le Père Elie se retira donc près du mesquite et pria pendant environ un quart d’heure. Puis revenant vers le capitaine, c’est à ce moment-là qu’il répondit à la remarque que ce dernier avait faite avant de quitter Las Fuentes : « Voyons si mourir signifie dire la messe », en disant, tout en étendant les bras en forme de croix : « Mourir pour la religion est un sacrifice agréable à Dieu. Me voici, je suis prêt à mourir pour ma religion ».
Le capitaine donna l’ordre aux soldats de former le peloton d’exécution, mais il semblait hésiter. Visiblement nerveux, il demanda l’heure au Père. Celui-ci sortit sa montre et lui dit qu’il était trois heures moins cinq ; alors, tendant sa main vers lui il déclara : « En guise de souvenir de ma part, veuillez accepter cette montre, qui pourra peut-être un jour vous sauver », puis il distribua aux soldats tout ce qu’il avait encore dans ses poches et, enfin s’écria : « Maintenant, agenouillez-vous. Je veux vous bénir en signe de pardon ! »
Tous se mirent tous à genoux, sauf l’officier qui cria : « Je ne veux pas de bénédictions. Mon arme me suffit ! », et il tira lui-même sur le Père au moment où celui-ci faisait le signe de la croix sur les soldats agenouillés.
Le Père eut encore le temps de crier distinctement : « Vive le Christ-Roi ! ». Il était 3 heures de l’après-midi, ce samedi 10 mars 1928.
Aussitôt, le peuple fidèle le vénéra comme un saint martyr. Ses funérailles furent célébrées au milieu d’une foule immense qui se recommandait àlui bien plus qu’elle ne priait pour le repos de son âme. La terre imbibée de son sang fut prélevée et considérée comme une relique.
Le Père Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours a été béatifié le 12 octobre 1997.
Corps du Père Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours
au milieu de ceux des deux frères José de Jesus et José Dolores Sierra
