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2013-28. Quelles seront les dispositions du prochain Pape à l’égard de la Sainte Messe latine traditionnelle?

Mercredi 13 mars 2013.

2013-28. Quelles seront les dispositions du prochain Pape à l'égard de la Sainte Messe latine traditionnelle? dans Commentaires d'actualité & humeurs cheminee-chapelle-sixtine

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Tandis que les regards de toute la Chrétienté – et les objectifs des journalistes – sont rivés sur ce bout de tuyau de poêle qui dépasse de la toiture de la Chapelle Sixtine, dans l’attente de cette fumée blanche qui annoncera à la Ville et au monde l’avènement d’un nouveau Pontife Romain, beaucoup de questions taraudent les coeurs des fidèles, beaucoup d’interrogations concernant l’avenir de l’Eglise fusent dans tous les sens…

L’un de nos jeunes amis me faisait remarquer ce matin, non sans raison, que le prochain Pape serait peut-être (mais nous sommes bien dans un pur « peut-être ») un prêtre qui n’a jamais célébré la Sainte Messe Latine traditionnelle, et la remarque de cet ami était sous-tendue d’inquiétude…

Voici le développement de la réponse que lui a adressée Frère Maximilien-Marie :

« Au point où nous en sommes, nous ne pouvons que nous jeter dans une prière instante au Saint-Esprit et dans l’abandon à la Divine Providence…

La célébration – ou pas – selon le rite antiquior n’est pas absolument déterminante à mes yeux.
Je m’explique :

- Nous avons eu plusieurs milliers d’évêques qui ont célébré pendant des années la Sainte Messe traditionnelle : ils avaient été ordonnés prêtres puis consacrés évêques dans le rite traditionnel, et cela ne les a pas empêchés de déclencher des catastrophes à partir de l’année 1962 et pendant plusieurs décennies…

- Nous avons eu un Pape, qui n’a jamais célébré QUE la Messe traditionnelle, un Pape dont le nom reste attaché au missel dans lequel sont célébrées aujourd’hui toutes les Messes traditionnelles, et dont le nom – malgré une béatification qui me paraît pour le moins hasardeuse – reste aussi lié à nombre de choses au moins surprenantes sinon franchement scandaleuses…
Un Pape qui,  malgré les apparences « conservatrices » de son pontificat et des documents tels que la Constitution Apostolique Veterum Sapientia (cf. > www), a déclenché – volontairement ou par pure inconscience? – un véritable séisme dans l’Eglise…

- Après quoi nous eûmes deux Papes, l’un italien et l’autre polonais, qui avaient bien connu la Messe traditionnelle, avaient été éduqués en elle et par elle, ordonnés pour elle, et qui n’ont manifesté pour elle aucun amour ; qui n’ont témoigné d’aucune vraie sollicitude pour les prêtres et les fidèles qui lui restaient attachés, bien au contraire…

- Nous avons eu ensuite un Pontife qui passait pour un théologien progressiste au temps où, jeune prêtre, il assista aux travaux du concile, mais qui a sincèrement aimé le rite antiquior lorsqu’il l’a redécouvert, et qui a fait davantage pour que justice soit rendue à cet ancien rite, que d’autres qui passaient pour plus conservateurs que lui …

- Et puis nous avons aujourd’hui des tas de personnes qui, comme beaucoup de nos jeunes amis – mais pas comme moi qui suis un dinosaure! – , n’ont jamais connu la Messe traditionnelle dans le temps où elle était LA MESSE de toute l’Eglise, célébrée dans toutes les paroisses de rite latin sur toute la surface du globe, et qui la découvrent, en deviennent « accros », ne peuvent plus vivre leur vie chrétienne et sacramentelle que par elle… etc., alors qu’ils n’avaient pas été éduqués en elle et par elle, alors qu’ils avaient subi en guise de « formation » les désastreuses « catéchèses » et misérables « célébrations » des dernières décennies du XXe siècle.

- Nous devons aussi penser que, selon toute vraisemblance, le prochain Pape n’aura pas participé au concile V2 (V2 = comme les engins destructeurs que le troisième Reich envoyait sur les îles britanniques), et qu’il aura peut-être une approche différente de tous les pontifes que nous avons eus depuis 1963.
Ce recul peut donc déterminer une nouvelle manière d’appréhender « le concile » qui pourrait être salutaire (… ou pas).

- Ainsi devons-nous également espérer que, même si jusqu’à présent il n’a pas manifesté d’intérêt particulier pour la liturgie traditionnelle, le futur Souverain Pontife s’ouvre à tout ce qu’elle représente au service de la Foi et de la vitalité catholique, et oeuvre en sa faveur… et nous devons prier instamment pour cela.

- Nous sommes dans l’incertitude sur tous ces points et sur tant d’autres!!!
Ce qu’il nous faut obtenir, ce que nous devons obtenir par nos prières et nos sacrifices, par une ardente invocation du Saint Esprit, à laquelle nous devons associer nos JEUNES, c’est un Pape rempli de vraie foi, un Pape qui soit avant toute autre chose un homme de prière et d’enracinement en Dieu… en ayant la certitude que la toute puissante grâce de Dieu peut faire le reste!

- Pensez vous que Dieu avait abandonné Son Eglise quand la puissante famille des Tusculani faisait placer sur le trône de Saint Pierre un adolescent sans vocation et dépravé? Quand un Alexandre VI fut élu au Souverain Pontificat, probablement après avoir acheté le vote de ses pairs?
Sans doute eût-il été à bien des égards davantage souhaitable que fussent élus des hommes intègres dans leurs moeurs et remplis des lumières de la divine Sagesse… Mais le pontificat d’Alexandre VI – qui réjouit tant les détracteurs de l’Eglise Catholique et alimente toujours les fantasmes des esprits avides de scandales –  a-t-il été plus dommageable à la Sainte Eglise que celui du sinistre Paul VI, aux moeurs réputées intègres mais dont la conscience et l’action furent si souvent dévoyées par l’esprit de la démocratie chrétienne et empoisonnées par ses complexes vis à vis de tout acte d’autorité (sauf quand il s’agissait de s’opposer à Monseigneur Lefèbvre et à la célébration de l’ancienne Messe)?

Il n’y a qu’une seule chose à dire : PRIONS!
Et à la prière ajoutons JEUNES et SACRIFICES… »

Aussi vous renvoie-je encore une fois à la supplication pour le conclave adressée à Marie, Mère de l’Eglise, publiée ici il y a quelques jours > www.

Lully.

tiarepie9 conclave dans De liturgia

2013-27. L’expression « fille aînée de l’Eglise » est-elle due à la France?

2013-27. L'expression

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Il y a un certain nombre de choses qui sont répétées de manière indéfinie comme des certitudes intangibles. Si vous avez un jour l’audace – au nom de la simple vérité historique – de dire qu’elles ne sont pas exactes, vous allez passer, dans le meilleur des cas, pour un original qu’on regardera avec une certaine condescendance, sinon pour une espèce d’iconoclaste, voire pour un hérétique, un dangereux révolutionnaire ou un traître infiltré par quelque secte satanique dans les rangs des « bien-pensants »… (j’espère que vous êtes sensibles aux nuances de la gradation!).

- Une question :

   Voilà déjà plusieurs années que j’ai cherché à connaître l’origine de l’expression « fille aînée de l’Eglise » attribuée à la France. Expression dont de nombreux catholiques français s’enorgueillissent et dont, à l’occasion, ils font une espèce de slogan pour s’opposer à la déchristianisation et aux lois impies.
Leur conviction sur ce point est quasi dogmatique, s’appuyant en particulier sur les fameuses dernières phrases de l’homélie prononcée par feu le Pape Jean-Paul II lors de la Messe célébrée le dimanche 1er juin 1980 au Bourget :
« Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger : France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême? Permettez-moi de vous demander : France, Fille de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la Sagesse éternelle?… » (cf. > ici).

   D’aucuns d’ailleurs se sont étonnés ou attristés que lors de ses autres voyages en France, et spécialement au mois de septembre 1996 à l’occasion des célébrations du seizième centenaire de la mort de Saint Martin, à Tours, puis du quinzième centenaire du Baptême de Clovis, à Reims, le pape Wojtyla n’ait pas réutilisé l’expression « fille aînée de l’Eglise » qui eût pu alors sembler si adaptée…

- Un sondage et ses résultats :

   Au mois de janvier 2013, j’ai lancé auprès des lecteurs de ce blogue un petit sondage (mais la fonction « sondages » proposée par le site qui héberge ce blogue n’est pas très au point), que j’avais également proposé sur Facebook.
Il était ainsi  formulé :

sondage-fille-ainee-de-leglise fausses opinions dans Commentaires d'actualité & humeurs

   Ainsi que je m’y attendais, j’ai vu la première proposition arriver en tête : environ soixante pour cent de ceux qui ont répondu sont convaincus que l’expression « fille aînée de l’Eglise » a été appliquée à la France depuis la conversion du peuple Franc et le baptême du Roi Clovis 1er le Grand.

   Sur Facebook, comme le prouve la saisie d’écran reproduite ci-dessus, environ quinze pour cent de ceux qui ont répondu se sont prononcés en faveur de la deuxième proposition, faisant remonter l’attribution de ce titre à l’époque du Pape Etienne II et du Roi Pépin 1er dit le Bref ; tandis que quelque vingt-cinq pour cent des réponses se portaient sur la troisième proposition : l’expression a été inventée au XIXème siècle et constitue une usurpation.
Sur ce blogue en revanche, les proportions pour les réponses deux et trois étaient exactement inversées : vingt-cinq pour cent pour Etienne II et Pépin le Bref, et quinze pour cent pour l’invention au XIXème siècle.

   Je considère que les réponses récoltées sur le blogue sont plus représentatives de la pensée générale. En effet, ceux qui sur Facebook ont coché la troisième proposition appartiennent tous à ce que je pourrais appeler un « cercle rapproché », attentif depuis des années à mes publications et remarques…

- La bonne réponse :

   Après cet examen général des résultats, il me faut maintenant dire qu’elle est la bonne réponse. Certains l’auront déjà deviné à ma précédente remarque, c’est la troisième proposition qui est la vraie.

   Je sais que certains risquent de tomber des nues, d’être décontenancés ou profondément peinés, pourtant c’est historiquement absolument certain, l’expression « fille aînée de l’Eglise » attribuée à la France, a été inventée au XIXème siècle.

   Sa première utilisation est parfaitement datée : c’est le Rd Père Henri-Dominique Lacordaire qui applique pour la première fois de l’histoire l’expression « fille aînée de l’Eglise » à la France ; cela se passait le 14 février 1841, à Notre-Dame de Paris, et c’était dans son « Discours sur la vocation de la nation française ».
Je ne l’invente pas : le baron Hervé Pinoteau, historien dont le sérieux n’a d’équivalent que la pointilleuse rigueur pour tout ce qui touche à la symbolique de l’Etat français au cours des différents régimes, après de longues et patientes recherches a pu l’attester (cf. « Le chaos français et ses signes », PSR éditions – 1998).

   Cinquante-cinq ans après le discours du Père Lacordaire, à l’occasion des célébrations du quatorzième centenaire du Baptême de Clovis, Monsieur le Cardinal Benoît-Marie Langénieux, archevêque de Reims, reprit l’expression : c’est à partir de là qu’elle fit florès, jusqu’à être utilisée par plusieurs Pontifes Romains.

   Il est à noter que, après l’homélie du Bourget sus-citée, le pape Jean-Paul II ne l’utilisera plus, parce que les remarques respectueuses d’historiens sérieux, jusqu’au sein même de la Curie Vaticane, remontèrent jusqu’à lui afin de lui faire observer l’absence de fondements historiques à cette expression.

bapteme-clovis-versailles-cathedrale-copie fille aînée de l'Eglise dans Lectures & relectures

- La France n’est pas la première nation chrétienne :

   Un grand nombre de ceux qui pensent que la France est la « fille aînée de l’Eglise » le justifient en ajoutant que c’est parce que « la France a été la première nation baptisée » (ou bien « la première nation chrétienne »).

Nous avons déjà – dans les pages de ce blogue (cf. > ici) – publié une réfutation de cette erreur historique : le premier royaume dont le Roi se fit baptiser et fit du christianisme la religion de l’Etat, fut l’Arménie, en 301 ; vinrent ensuite l’Ethiopie, puis l’Empire Romain dans lequel le christianisme, déjà placé à un rang éminent depuis l’édit de Constantin (313), fut promu religion d’Etat par l’édit de Théodose le Grand, en 380.
Le Royaume des Francs arrive en quatrième position (peut-être même seulement cinquième parce que la date de 496 n’est pas historiquement certaine et qu’il serait possible que la conversion au catholicisme du Roi des Burgondes Saint Sigismond soit antérieure à celle de Clovis).
Je le redis : la France n’est pas la première nation chrétienne de l’univers, mais le peuple Franc est le premier – parmi les peuples barbares païens qui ont mis fin à l’Empire Romain d’Occident – à avoir été baptisé dans la foi de Nicée (les autres peuples barbares étaient chrétiens avant les Francs mais professaient l’hérésie arienne).
Pendant ce temps là, l’Empire Romain d’Orient, dont la capitale était Byzance-Constantinople, demeurait l’héritier de l’Empire chrétien théodosien, et il le demeurera jusqu’en 1453.

- La seule mention ancienne de cette expression ne concerne pas la France :

   Pendant les presque treize siècles de Royauté française, depuis Clovis jusqu’à la grande révolution, c’est-à-dire pendant tout le temps où elle fut un Royaume officiellement catholique, JAMAIS la France n’a été appelée « fille aînée de l’Eglise », ni par aucun Pontife Romain, ni par aucun de ses Rois, ni par aucun des ses juristes, ni par aucun de ses sujets !

   La seule et unique occasion où l’expression « fille aînée de l’Eglise » s’est trouvée dans la bouche d’un dignitaire ecclésiastique sous l’Ancien Régime, fut en février 1564 et elle n’était pas pour désigner la France, mais la Reine Catherine de Médicis : c’était lorsque le nonce apostolique, Prospero di Santa Croce, la salua alors qu’il venait traiter avec elle de l’application des décrets du Concile de Trente au Royaume de France (bien que son fils Charles IX eût été déclaré majeur l’année précédente et qu’elle ne fut plus officiellement régente elle continuait à exercer la réalité du pouvoir).

- C’est le Roi de France qui est le « Fils aîné » :

   Moins d’un siècle plus tôt, précisément le 19 janvier 1495, l’expression « Fils aîné de l’Eglise » apparaît pour la première fois dans l’histoire, et elle désigne le Roi de France par la bouche d’un Pape.
Dans des circonstances difficiles, le Pape Alexandre VI accueillit le Roi Charles VIII et ses troupes, sur le chemin de Naples. Le Souverain français déclara : « Saint-Père, je suis venu pour faire obédience à Votre Sainteté comme ont eu accoutumée de faire mes prédécesseurs, Rois de France ». Le Pape, prenant de sa main gauche la main droite du Roi, lui répondit en l’appelant son « Fils aîné ».

   Depuis déjà plusieurs siècles, le Roi de France était appelé « Sa Majesté Très Chrétienne ». Antérieurement à ce 19 janvier 1495, on trouve sous la plume des Pontifes Romains, lorsqu’ils écrivent aux Rois de France, les expressions « cher Fils », « Fils très cher », ou encore parfois « Fils de prédilection » mais, je le redis, l’expression « Fils aîné » ne remonte pas au-delà d’Alexandre VI.

   On la retrouve ensuite le 21 avril 1505 lorsque, dans un consistoire, l’ambassadeur du Roi Louis XII présente son Souverain à Jules II en ces termes : « Premier Fils du Saint-Siège par la naissance ». Ce titre sera également évoqué le 11 décembre 1515 lors de l’entrevue de Bologne qui vit la rencontre de Léon X et de François 1er.

   Par dessus-tout, ce seront les Rois Bourbon qui s’enorgueilliront de ce titre de « Fils aîné de l’Eglise » que nul, ni dans l’Eglise ni dans la société civile, ne leur contestera : Henri IV le revendiquait dès avant sa conversion ; Louis XIV en obtiendra d’Alexandre VII la mention dans le traité de Pise du 12 février 1664 (*) ; et lors de la Restauration Louis XVIII s’adressera à Léon XII en ces termes : « Animé des mêmes intentions que les Rois, mes prédécesseurs, je me plais de déclarer à Votre Sainteté qu’en ma qualité de Fils aîné de l’Eglise je regarde comme un devoir de justifier ce titre glorieux… »

- Sainte Pétronille, fille aînée de Saint Pierre, protectrice des Rois de France :

   Je ne vais pas reprendre ici ce que j’ai déjà eu l’occasion d’expliquer très longuement et auquel je vous renvoie tout simplement (cf. > ici) : depuis Pépin le Bref et le Pape Etienne II, le patronage spécial de Sainte Pétronille, dont la tradition fait la fille aînée de Saint Pierre, a été accordé à la dynastie royale franque.
Etienne II avait même écrit à Pépin et à ses deux fils, Charles (futur Charlemagne) et Carloman en faisant parler Saint Pierre lui-même pour leur donner le nom de « fils adoptifs ».

   Dans l’actuelle basilique de Saint Pierre au Vatican, l’autel de Sainte Pétronille demeure aujourd’hui une « chapelle » dédiée à la prière pour la France :

auteldestepetronillevatican Fils aîné de l'Eglise dans Vexilla Regis

- Du « Fils aîné » à la « fille aînée » ?

   Arrivé à ce point de nos explications, nous pouvons très légitimement nous demander pourquoi le Rd Père Lacordaire s’est autorisé un tel « glissement » : prendre l’expression traditionnelle qui désigne la personne sacrée du Roi, pour l’attribuer à la « nation » (l’idée même de nation, telle qu’elle est aujourd’hui comprise, étant pétrie par l’idéologie révolutionnaire!) ?

   La première explication est liée au contexte historique : en février 1841, il n’y avait plus en France de « Fils aîné de l’Eglise ». La révolution de 1830 avait chassé de France la branche aînée des Bourbons ; Charles X, dernier Roi à avoir reçu l’onction du Sacre, était mort en exil ; l’héritier légitime du trône était son fils, Louis XIX de droit, qui portait en exil le titre de comte de Marnes ; le trône avait été usurpé par le duc d’Orléans, imprégné d’esprit voltairien et traître à la conception traditionnelle de la monarchie française, Louis-Philippe, auquel il eût été risible de décerner les titres de « Très Chrétien » et de « Fils aîné de l’Eglise »…

   La seconde explication tient à la personnalité et aux convictions du Père Lacordaire lui-même qui, indépendamment de ses talents de prédicateur, de ses vertus et de la restauration de l’Ordre de Saint-Dominique, n’en demeure pas moins un des premiers représentants et propagateurs des erreurs du « catholicisme libéral », pénétré par les pernicieuses influences de la révolution.
Il ne faut point dès lors s’étonner de le voir exalter la « nation » et lui transposer les prérogatives des Souverains sacrés.

- Non possumus !

   C’est la raison pour laquelle, nonobstant toutes les « bonnes intentions » (celles-là même qui peuvent paver l’enfer) de ceux qui, dans le sillage du Père Lacordaire prétendent aujourd’hui défendre « la civilisation chrétienne » en reprenant pour le compte de « la France » l’expression « fille aînée de l’Eglise », je n’hésite pas à affirmer haut et fort qu’elle constitue à proprement parler une usurpation, que je réprouve de toutes mes forces!

   Pendant longtemps, j’ai moi-même cru – comme beaucoup – que cette expression était ancienne, vénérable et juste : mais, après ces recherches, que je vous ai ici résumées, et la découverte de sa véritable histoire, je m’insurge au nom de la Vérité et au nom de la Légitimité contre son emploi, qui ne peut que – de manière subreptice et insidieuse – contribuer à instiller les erreurs du nationalisme, forme dévoyée et révolutionnaire de l’amour naturel de la Patrie (en vérité la Patrie est la « terre des pères », avec ce qu’elle porte d’héritage et de devoirs, elle n’est pas cette « patrie » idéologique exaltée par l’hymne fanatique et sanguinaire que l’on connaît)...

Lully.               

fleurdelys2 France

   (*) Et l’on sait que lorsque Sainte Marguerite-Marie recevra de Notre-Seigneur des messages destinés au Grand Roi, en 1689, Jésus dira en parlant de Louis XIV : « Va dire au Fils aîné de Mon Sacré-Coeur… »

2013-25. Nouvelles du mois de février 2013 au Mesnil-Marie.

Premier vendredi du mois, 1er mars 2013
Début du mois de Saint Joseph (cf. > www)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Comme nous sommes le 1er mars, je vais commencer par vous souhaiter aujourd’hui une très bonne et heureuse année !
Certains s’en étonneront peut-être, mais je leur rappellerai que, depuis l’instauration du calendrier julien (comme son nom l’indique, par Jules César, en 46 avant Jésus-Christ, cf.  > www) et pendant près de seize siècles, l’année civile commençait le 1er mars (ce pourquoi les mois de septembre, octobre, novembre et décembre portent un nom qui est en rapport avec les chiffres sept, huit, neuf et dix indiquant leur rang dans l’année julienne, alors qu’ils sont actuellement les neuvième, dixième, onzième et douzième mois).
En France, cela ne fait que 446 ans (depuis l’entrée en application de l’édit de Roussillon du Roi Charles IX,  le 1er janvier 1567) que l’année civile commence avec le mois de janvier.

Ces repères, qui sont établis pour marquer le début des années civiles, ont essentiellement un but fonctionnel et leur institution garde un petit côté arbitraire.
De toute manière et en définitive, j’estime qu’il n’y a jamais assez d’occasions pour souhaiter de bonnes choses aux personnes que l’on apprécie. Donc, je le redis : très bonne et heureuse année à vous! 

2013-25. Nouvelles du mois de février 2013 au Mesnil-Marie. dans Chronique de Lully bonne-annee-chatons

Mais j’en viens à mon compte-rendu des activités du Mesnil-Marie pour le mois qui vient de s’achever.

Tout comme janvier (cf. > www), ce mois de février a été bien calme : les chutes de neige à répétition et le gel nous ont isolés pendant de nombreux jours : la circulation était quasi impossible ou dangereuse, même avec de bons pneus d’hiver.
Frère Maximilien-Marie n’a pas pu se rendre à la Sainte Messe pour la fête de la Chandeleur, pour le dimanche de la Quinquagésime, puis à nouveau pour le deuxième dimanche de carême.
Ce dernier dimanche, la burle soufflait furieusement, mugissait, tournoyait, s’insinuait partout, faisait danser devant nos fenêtres une multitude de flocons affolés qu’elle avait arrachés à nos hauts plateaux, sur lesquels elle a provoqué, m’a-t-on dit, des congères impressionnantes, puisque certaines auraient atteint jusqu’à six mètres de hauteur.

Mais peut-être ne savez-vous pas ce qu’est la burle
C’est le nom donné ici à un vent du Nord extrêmement violent qui souffle en hiver sur les plateaux du Vivarais et du Velay : comme je l’ai dit, elle soulève et fait tournoyer la neige, provoquant de spectaculaires congères. 
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle peut refermer derrière une voiture une route dont la voie avait été ouverte par le chasse-neige quelques instants auparavant, prenant au piège le voyageur. Elle désoriente totalement, parce qu’elle ôte toute visibilité et empêche de retrouver les repères ordinaires : reliefs, rochers et ravins, virages du chemin, maisons elles-mêmes… qui disparaissent sous des amoncellements de poudreuse.
Les récits anciens ne sont pas avares de ces cas de personnes mortes de froid, égarées, désorientées par la burle, parfois à quelques dizaines de mètres d’une maison qu’elles n’ont pu atteindre!

Le mercredi des Cendres, notre Frère a tenté de franchir le Mézenc, mais je l’ai vu revenir environ une heure après son départ. Il avait dû rebrousser chemin à quelque douze kilomètres d’ici.
Quant à la récollection de préparation au Carême programmée pour la fête de la Sainte Face (mardi gras), elle avait dû être tout bonnement annulée…

Pour que vous puissiez vous faire une idée du hameau et de notre Mesnil-Marie sous la neige, j’ai demandé à Frère Maximilien-Marie de réaliser une mini-vidéo. Elle a été filmée le lundi 11 février en deuxième partie de matinée (un peu avant l’annonce de l’abdication du Souverain Pontife Benoît XVI) ; ce n’était pas un jour de burle, car il eût été impossible que notre Frère restât dehors et l’impression ne pourrait alors pas être aussi paisible!!!

Image de prévisualisation YouTube

Ces longs moments d’isolement (puisque il peut arriver que nous ne rencontrions personne pendant plusieurs jours) ne nous sont absolument pas pesants. Nous n’avons jamais le temps de nous ennuyer : il y a tant de choses à faire dans notre Mesnil-Marie!
Frère Maximilien-Marie et moi étudions et lisons davantage ; nous en profitons pour accomplir tout un tas de petits bricolages intérieurs ; nous travaillons sur les projets concernant les activités à venir… etc. Ainsi, par exemple, il nous a fallu arrêter dès à présent les dates des promenades contées de l’été prochain et planifier un certain nombre d’autres activités jusqu’au mois de septembre.

J’en profite pour signaler que notre voisine et amie Pascale, qui nous a encouragés et aidés lors de notre installation dans ce hameau, il y a bientôt cinq ans, a créé un blogue pour présenter sa maison, « le Hameau Gourmand », qui n’est plus chambres et table d’hôte, mais désormais gîte, mis en location (ce n’est d’ailleurs pas l’unique gîte du hameau, puisqu’il y a aussi « le Chat l’Heureux » qui a une page sur ce site > www).
Comme nous n’avons pas de vraies capacités d’accueil au Mesnil-Marie, il est bon que vous sachiez que, dans le cas où vous envisageriez un séjour pour vous reposer et découvrir notre magnifique contrée,  vous avez cette possibilité de location, à quelques dizaines de mètres de nous seulement.
Pour visiter le blogue du « Hameau Gourmand », cliquez ici > www.
Sur le cliché ci-dessous, vous pouvez situer le Mesnil-Marie et les gîtes voisins (cliquer sur la photo pour la voir en plus grand). 

notre-hameau-300x215 Benoît XVI dans Chronique de Lully

Le 20 février, nous avons eu notre Veillée Culture & Patrimoine mensuelle. 
Comme d’autres que moi en ont fait un compte-rendu, et pour ne pas trop rallonger cette chronique, je me contente de vous renvoyer à ce qui en a été publié sur la lettre d’information de Mézenc.fr , ici > www.

Je ne veux pas m’appesantir encore une fois ici, puisque je me suis exprimé à plusieurs reprises sur ce sujet dans de précédentes publications (cf. > www, www, www et www), sur l’abdication de notre Saint Père le Pape Benoît XVI.
Sans doute est-elle l’évènement majeur qui a marqué l’histoire de notre Eglise Catholique Romaine, et peut-être aussi l’histoire du monde contemporain tout entier, en ce mois de février 2013.
Désormais, j’ai déjà eu l’occasion d’insister là-dessus, il importe surtout de prier pour le Conclave et pour l’élection du prochain Souverain Pontife (proposition de prière ici > www).
Seulement, je n’ai pu m’empêcher de me faire quelques réflexions à propos de cette multiplication des Messes d’action de grâces pour le pontificat qui vient de s’achever.

Bien sûr, je ne conteste pas – loin de moi cette idée! – la nécessité de rendre grâces à Dieu pour ces presque huit années de pontificat et pour toutes les bonnes choses accomplies par Benoît XVI pour le bien de la Sainte Eglise et des âmes, au premier plan desquelles je place le motu proprio Summorum Pontificum cura.
Toutefois, je m’interroge très sérieusement (je pose simplement la question, je ne dispose pas de la réponse) sur ce qu’il y a en vérité dans le coeur et dans l’esprit de certains prêtres et évêques qui célèbrent ces Messes d’action de grâces, et sur leur sincérité à remercier Dieu pour ce que ce pontificat a voulu redonner à l’Eglise, en particulier dans le domaine liturgique et dans ses efforts pour faire cesser certains abus, certaines fausses interprétations du second concile du Vatican, certaines pernicieuses erreurs doctrinales… etc.

Quand on sait que ces prêtres ou évêques se sont opposés – et s’opposent encore plus ou moins – à l’application du motu proprio Summorum Pontificum, et qu’ils pratiquent de manière habituelle – dans leur pastorale et dans leur façon de célébrer – ce que Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a fermement réprouvé, n’est-il pas bien naturel de se poser ces questions?…
Leurs Messes d’action de grâces sont-elles de pur formalisme ecclésiastique, plus ou moins obligées en raison de l’impact médiatique? Ou bien sont-elles une action de grâces pour être « débarrassés » d’un Pape dont ils n’ont jamais vraiment compris l’intelligence, la profondeur, la clairvoyance, la sagesse, et les actes de gouvernement, jugés par trop conservateurs?

Je ne peux m’empêcher de penser au nom populaire donné à ces curieux rembourrages qui firent fureur, en particulier dans la mode des dernières décennies du XIXe siècle, pour augmenter le volume apparent du postérieur des dames, et qui – par métonymie – est familièrement utilisé pour désigner les hypocrites! 

robes-a-tournure-faux-cul burle

Tout en vous encourageant à bien soutenir vos efforts et pénitences de Carême, permettez-moi tout de même, sur un mode plus léger, de vous montrer pour terminer le « bonchat de neige » que Frère Maximilien-Marie a confectionné pour moi… 

patteschats février 2013Lully.

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Pour aider et soutenir le Refuge Notre-Dame de Compassion > www

Publié dans:Chronique de Lully |on 1 mars, 2013 |5 Commentaires »

2013-24. « Le Seigneur m’appelle à «monter sur la montagne», à me dédier encore plus à la prière et à la méditation. »

Deuxième dimanche de Carême 24 février 2013

Dernier angélus public de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI
(traduction par nos soins)

2013-24.

Chers Frères et Soeurs,

(Ovation et applaudissements) Merci à tous pour votre affection!

Aujourd’hui, deuxième dimanche de Carême, nous avons un Évangile particulièrement beau, celui de la Transfiguration du Seigneur. L’évangéliste Luc met spécialement en relief le fait que Jésus fut transfiguré alors qu’Il priait : Il a une expérience profonde de la relation avec le Père au cours d’une sorte de retraite spirituelle que Jésus vit sur ​​une haute montagne en compagnie de Pierre, Jacques et Jean, les trois disciples qui sont toujours présents dans les moments de la manifestation divine du Maître (Luc V, 10 ; VIII, 51 ; IX, 28). Le Seigneur qui, peu de temps auparavant, avait prédit Sa mort et Sa résurrection (IX, 22), offre à Ses disciples une anticipation de Sa gloire.  Et dans la Transfiguration aussi, comme au Baptême, résonne la voix du Père céleste : « Celui-ci est Mon Fils, l’Élu, écoutez-Le! » (IX, 35).  La présence ensuite de Moïse et d’Elie, qui représentent la Loi et les Prophètes de l’Antique Alliance, est ô combien significative : toute l’histoire de l’Alliance est orientée vers Lui, le Christ, qui accomplit un nouvel «exode» (IX, 31), non vers la Terre Promise comme au temps de Moïse, mais vers le Ciel. L’intervention de Pierre : « Maître, il est bon pour nous d’être ici » (IX, 33) représente la tentative impossible d’arrêter cette expérience mystique. Saint Augustin dit : «[Pierre] (…) sur la montagne (…) avait le Christ comme nourriture de l’âme. Pourquoi aurait-il dû descendre pour revenir aux fatigues et aux douleurs, alors que là-haut il était rempli de sentiments de saint amour envers Dieu et qui lui avaient inspiré en conséquence une sainte conduite? »(Sermon 78, 3 - PL 38, 491).

En méditant sur ​​cet extrait de l’Evangile, nous pouvons tirer un enseignement très important. Par dessus tout, le primat de la prière, sans laquelle tout l’engagement de l’apostolat et de la charité se réduit à de l’activisme. Pendant le Carême, nous apprenons à donner le juste temps à la prière, personnelle et communautaire, ce qui donne du souffle à notre vie spirituelle. En outre, la prière n’est pas un isolement du monde et de ses contradictions, comme l’eût voulu faire Pierre sur le Thabor, mais l’oraison ramène au chemin, à l’action. « L’existence chrétienne – je l’ai écrit dans mon message pour ce Carême (cf. > www) – consiste en une montée continue du mont de la rencontre avec Dieu, pour ensuite redescendre porter l’amour et la force qui en découlent, afin de servir nos frères et sœurs avec le même amour de Dieu » (n. 3).

Chers frères et sœurs, cette Parole de Dieu je la sens particulièrement adressées à moi, en ce moment de ma vie.
(Applaudissements et ovation) 
Je vous remercie!
Le Seigneur m’appelle à «monter sur la montagne», à me dédier encore plus à la prière et à la méditation. Mais cela ne signifie pas abandonner l’Eglise, en effet, si Dieu me demande cela c’est justement pour que je puisse continuer à la servir avec le même dévouement et le même amour avec lequel j’ai cherché à le faire jusqu’à présent, mais sur un mode plus adapté à mon âge et à mes forces. Invoquons l’intercession de la Vierge Marie, elle qui toujours nous aide tous à suivre le Seigneur Jésus dans la prière et dans la charité mise en oeuvre.

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Après la récitation de l’Angélus, le Saint Père a dit ces quelques mots en Français :
« Je vous salue affectueusement, chers amis de langue française! 
En ce dimanche, je vous invite à poursuivre avec courage et détermination votre chemin de carême qui est un temps spirituel de conversion et de retour au Seigneur. Je vous remercie de tout cœur pour votre prière et pour l’affection que vous me manifestez en ces jours! Que Dieu vous bénisse ainsi que vos familles et vos communautésBon Carême à tous! »

la-transfiguration dernier angélus public dans Prier avec nous

2013-23. A falso concilii spiritu, libera nos, Domine!

Vendredi des Quatre-Temps de printemps 22 février 2013,
Fête de la Chaire de Saint-Pierre à Antioche.

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Basilique Saint-Pierre au Vatican : reliquaire de la Chaire de Saint Pierre
(Gian-Lorenzo Bernini – cliquer sur la photo pour la voir en grand)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

« L’institution de la solennité de ce jour a reçu de nos ancêtres le nom de Chaire, parce qu’il est de tradition que Pierre, prince des Apôtres, fut mis à pareil jour, en possession de son siège épiscopal. Les fidèles célèbrent donc à juste titre l’origine de ce siège, dont l’Apôtre fut investi pour leur salut par ces paroles du Seigneur : Tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mon Église »,  nous dit Saint Augustin dans l’homélie qui a été retenue pour le deuxième nocturne des matines de ce jour (4ème leçon de matines).
Dans les circonstances particulières actuelles de notre Eglise Catholique Romaine, nous prions avec encore plus de ferveur pour la Papauté, pour celui qui va en déposer la charge, et pour celui qui sera appelé à la reprendre…

Bien sûr – comme cela se produit à chaque fois – , l’élection d’un nouveau Pape alimente de véritables fantasmes : il y a par exemple ceux qui scrutent fébrilement de prétendues prophéties ; il y a aussi les « catastrophistes » qui vaticinent sur la fin des temps ; et il y a des progressistes dégénérés qui revendiquent, uniquement pour sa couleur de peau,  un « pape noir », ce qui  - en ont-ils conscience? – est une forme de pur racisme…

Pour ce qui me concerne, je me suis fait la réflexion suivante : selon toute vraisemblance, le prochain Souverain Pontife – contrairement à ses quatre prédécesseurs – sera un homme qui n’aura pas participé aux travaux du second concile du Vatican.
Par le fait même, il aura forcément un autre regard sur celui-ci, un autre recul par rapport à cet évènement : ceci pourrait être véritablement « libérateur », pourrait augurer d’une manière vraiment différente d’en recueillir l’héritage, pourrait permettre d’en liquider le prétendu héritage, pourrait entraîner un nécessaire affranchissement de ce soi-disant « esprit du concile » qui a empoisonné cinquante ans de la vie de l’Eglise : « A falso concilii spiritu, libera nos, Domine! » : du faux esprit du concile, délivrez-nous, Seigneur!

Le nom que choisira le nouveau Pape sera, d’une certaine manière, révélateur de la tendance que l’élu voudra imprimer à son pontificat, et nous en laissera présager quelque chose dès l’annonce du cardinal protodiacre à la loggia de la Basilique Vaticane…

A ce sujet, et dans une tonalité plus légère, je me suis penché sur la liste des Pontifes Romains (vous savez que je suis un chat prisant particulièrement l’histoire de l’Eglise) pour regarder – par pur jeu intellectuel – les noms et les numéros qui sont « disponibles », dans le cas où le nouveau Pape choisirait de reprendre le prénom de l’un de ses prédécesseurs.
Je ne fais point de pronostics, il s’agit d’une simple curiosité féline, et de toute façon rien n’exclut que le nouvel élu choisisse un nom n’ayant pas été porté par un précédent pontife.

Ainsi…

Le prénom qui a été le plus porté par les Papes a été celui de Jean (c’est d’ailleurs Jean II qui en 533 fut le premier à changer de nom : il se prénommait Mercurius et ne voulut point porter sur le trône de Saint-Pierre le nom d’un dieu païen). Si le nouveau Pape choisissait de reprendre ce prénom, il serait Jean XXIV.

Les noms qui furent ensuite les plus fréquemment utilisés furent, à égalité, Benoît et Grégoire : nous pourrions donc avoir Benoît XVII ou Grégoire XVII.
Vient ensuite le prénom Clément, auquel cas nous aurions Clément XV.
Puis, à nouveau à égalité, Léon et Innocent, qui pourraient nous amener alors Léon XIV ou Innocent XIV.
En septième position vient le prénom Pie, qui nous vaudrait Pie XIII.
A égalité au huitième rang sont Etienne et Boniface, qui feraient Etienne X ou Boniface X.
Au neuvième rang, Alexandre et Urbain : ce seraient Alexandre IX ou Urbain IX.
En suite de quoi pourraient venir Paul VII et Adrien VII.
Puis, en onzième place les prénoms Sixte, Martin, Célestin et Nicolas, qui feraient Nicolas VI, Célestin VI, Martin VI ou Sixte VI (Sixtus sextus ne serait pas très facile à porter!).
En douzième position nous avons Eugène, Honorius, Anastase et Serge, qui seraient tous accompagnés du chiffre V.
Qui porteraient le numéro IV, viennent ensuite les prénoms Jules, Calixte, Lucius, Victor et Sylvestre.
Après quoi nous pourrions avoir
 Jean-Paul III, Marcel III, Gélase III, Pascal III, Damase III, Agapet III, Marin III, Théodore III, Adéodat III ou Pélage III.
Enfin, pour les prénoms qui n’ont été portés qu’une seule fois sur le trône de Saint Pierre vient une liste – la plus longue – de prénoms qui nous donneraient
Landon II, Romain II, Formose II, Valentin II, Zacharie II, Constantin II, Sisinnius II, Conon II, Agathon II, Vitalien II, Séverin II, Sabinien II, Vigile II, Silvère II, Hormisdas II, Symmaque II, Simplice II, Hilaire II, Zozime II, Sirice II, Libère II, Marc II, Miltiade II, Eusèbe II, Marcellin II, Caius II, Eutychien II, Denys II, Corneille II, Fabien II, Antère II, Pontien II, Zéphyrin II, Anicet II, Télesphore II, Hygin II, Evariste II, Anaclet II, Lin II…

Quant au prénom  Pierre, on sait que jusqu’à présent aucun des pontifes qui se sont succédés n’a voulu le reprendre, puisqu’il leur semblait qu’il eût été inconvenant que d’autre que l’Apôtre et premier de tous les Papes portât ce nom donné par Jésus Lui-même au chef du Collège Apostolique.

patteschats Chaire de saint Pierre dans De liturgiaLully.

2013-22. Accepter de ne pas comprendre et demeurer en paix dans la foi.

Mercredi des Quatre-Temps de Printemps 20 février 2013,
anniversaire de l’exécution d’Andreas Hofer (cf. > www).

2013-22. Accepter de ne pas comprendre et demeurer en paix dans la foi. dans Commentaires d'actualité & humeurs armoiries-st-siege

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Il y a huit jours, dans ma publication du 12 février (cf. > www), je vous faisais part de quelques réflexions, consécutives à l’annonce faite par notre Saint-Père le Pape Benoît XVI de sa prochaine abdication.

Permettez-moi de revenir aujourd’hui sur le sujet et pour cela de recopier ici le passage le plus important de la déclaration prononcée en latin devant les Eminentissimes Cardinaux :
« Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle,  doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Évangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. »

benoit-xvi-annoncant-son-abdication-11-fevrier-2013 abdication dans Commentaires d'actualité & humeurs

11 février 2013 : Sa Sainteté le Pape Benoît XVI annonçant son abdication

Beaucoup ont cherché ou cherchent encore, à commenter, voire à expliquer la décision du Souverain Pontife.
Ce faisant, ils proposent bien souvent une interprétation de ses propos – leur interprétation – , plutôt que d’en rester à ses paroles elles-mêmes.
Et les voilà qui glosent…
– … qui glosent sur l’état de santé réel ou supposé du Pontife : « Oui, il est vraiment fatigué! » ou : « Non, il ne l’est pas tant que cela! » ; puis qui argumentent en comparant cet état de santé – réel ou supposé – de Benoît XVI à celui de Jean-Paul II à la fin de son pontificat, et qui en tirent des conclusions, quand ils ne donnent pas des leçons…
– … qui glosent sur ce que cette renonciation pourrait révéler des dispositions intimes du Pape en face de l’état – grave, nous le savons! – de l’Eglise en général et des difficultés à en tenir le gouvernail…
– … qui glosent sur les factions ou luttes intestines au sein de la Curie…
… etc. …etc.
Suppositions que tout cela!

Bien évidemment, selon que l’on est plutôt « progessiste » ou plutôt « conservateur », selon que l’on a apprécié le gouvernement de Benoît XVI ou que l’on est (plus ou moins secrètement) content de le voir s’en aller, la lecture de cette renonciation à sa charge revêt mille nuances, teintées par le prisme idéologique, intellectuel ou spirituel à travers lequel on regarde l’évènement.

Je ne veux pas trop m’étendre sur tout l’aspect émotionnel révélé par les formules emphatiques que l’on a entendues : « je suis bouleversé », « nous sommes atterrés », « je me sens orphelin », « j’ai l’impression d’être abandonné »… etc.
Emotion, subjectivité, sentiments, ressenti personnel, voire sentimentalité ou sensiblerie : en tout cela ce n’est finalement pas l’évènement qui est considéré tel qu’il doit l’être, de manière objective, mais c’est la pitoyable complaisance en soi qui est étalée par cette mise en avant d’échos totalement subjectifs.

Même lorsqu’il n’est pas clairement exprimé, le jugement est toujours très proche de tous ces commentaires et explications. Mais je ne m’étendrai pas non plus – sinon pour les réprouver de manière catégorique – sur tous ces jugement, spontanés ou argumentés, portés sur la décision du Pape.
Qui donc sont-ils tous ceux qui se croient autorisés à porter un jugement de valeur, qui louent, qui approuvent, ou bien qui émettent des réserves, qui critiquent, qui condamnent? Qui les a établis juges de la conduite et de la conscience du Souverain Pontife?
La réponse à cette question donne aussitôt la valeur de ces jugements, lors même qu’ils sont louangeurs.  

Allons! Il faut savoir raison garder… et plus encore foi garder!

Car la vérité, c’est que nous n’avons qu’une seule certitude : celle, et celle seule, qui a été clairement et sobrement donnée par le Souverain Pontife lui-même. Tout le reste est sans valeur!
« Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces
(…) ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien (…). La vigueur (…) s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié ». Point.

Si je désire connaître les véritables raisons de l’acte d’une personne, le meilleur n’est-il pas d’écouter les explications données par cette personne elle-même?
Si je n’ai pas de raison de penser que cette personne ment, ne dois-je donc pas, raisonnablement, tenir ses propos comme l’expression de la vérité?
Si mes fonctions, mes responsabilités ou mon état font que je suis tenu à l’intégralité des explications justifiant un acte, je suis bien en droit d’exiger que l’on me fournisse toutes ces explications et qu’on ne m’en cèle aucune ; mais, si je suis un subalterne, je ne possède pas un « droit » à ces explications : si l’on voulait bien m’en donner, je prendrais celles que l’on me fournirait, qu’elles soient partielles ou totales ; je devrais m’en contenter (verbe qui signifie « m’en trouver content, satisfait »), et il y aurait une grave indiscrétion de ma part de chercher à connaître ce dont la connaissance ne m’est pas due.

Que des païens, des incroyants, des journalistes qui n’ont ni la foi de l’Eglise, ni ordinairement le respect de ses dogmes, de sa morale et de ses institutions, veuillent, en conséquence de cette impiété, chercher à savoir, cela peut – à la limite – se comprendre.
Que des fidèles de la Sainte Eglise, des personnes prétendant avoir la foi et le respect du mystère révélé, des prêtres, cherchent à trouver à tout prix des explications ou des justifications autres que celles que le Souverain Pontife a voulu donner, cela n’est pas acceptable.

Car le Pape n’a, en définitive, pas de comptes à rendre de sa décision sinon à Dieu, et à Dieu seul!
Le Souverain Pontife n’a pas à se justifier de son abdication, ni devant l’Eglise, ni devant le monde… du moins en cette vie : lors du jugement dernier ce sera différent.
Ni les cardinaux, ni les évêques, ni les prêtres, ni les fidèles, ni un concile ne possèdent un « droit » à connaître toutes les raisons, explications ou justifications de sa renonciation… et les médias encore moins.
Le Vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ n’a pas reçu délégation pour exercer une autorité au nom d’un peuple prétendument souverain : de la même manière que sa décision pour être valide n’a nul besoin d’être entérinée par un sénat, un concile, ou un référendum populaire, elle ne requiert la délivrance d’aucune autre explication que celle qu’il plaira à Sa Sainteté d’en donner.
Ainsi, ce que Benoît XVI a dit DOIT nous suffire.

Lorsque le Saint-Père nous assure qu’il a longuement examiné sa conscience devant Dieu et que, au terme de cet examen, il est parvenu à une certitude, nous devons être convaincus que, dans ce face à face avec Dieu, toutes choses étant mûrement et soigneusement pesées avec l’exacte conscience de sa charge et des comptes qu’il devra en rendre au Juge suprême, cette décision n’est le fruit ni d’un caprice, ni d’une crainte de vieillard, ni d’une coquetterie d’intellectuel, ni d’aucune considération humaine, mais qu’il s’agit bien d’un acte d’adhésion de sa propre volonté humaine – informée par les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, et par les vertus cardinales de force, de justice, de prudence et de tempérance – à la Volonté divine.

Toute autre explication est vaine et superflue ; toute autre explication est moralement téméraire.

L’abdication de Benoît XVI fait partie des choses dont nous devons accepter de ne pas connaître absolument toutes les raisons ici-bas, s’il en existe d’autres que celles qu’il a voulu exprimer.
Aussi, même si nous ne comprenons pas, nous n’avons rien d’autre à faire qu’à la recevoir dans la foi et dans la paix.
A maintenant quelques jours de l’accomplissement de cette déposition de charge, la responsabilité qui nous incombe est celle de la prière (et en complément de notre prière l’offrande de sacrifices) : prière pleine de reconnaissance à l’intention du Pontife qui nous quitte, prière ardente pour la Sainte Eglise, prière fervente pour que les cardinaux qui entreront en conclave soient à l’écoute des seules inspirations du Saint-Esprit pour le choix du successeur de Saint Pierre.

Lully.

tiaredepieixcopie Benoît XVI

Tiare du Bienheureux Pie IX

Publié dans:Commentaires d'actualité & humeurs |on 19 février, 2013 |7 Commentaires »

2013-21. Saint Augustin : « Le Seigneur nous prescrit d’opposer des jeûnes pieux à toutes les inclinations vicieuses ».

Premier dimanche de Carême.

       Voici un court sermon de notre glorieux Père Saint Augustin que l’on méditera avec profit au début de ce saint temps de Carême, pour mieux nous encourager et nous stimuler à la pratique salutaire du jeûne.
En effet, si – en rigueur – le code de droit canonique ne prescrit que deux jours de jeûne seulement à tous les fidèles (cf. > ici), nul n’est tenu de se contenter du minimum, juste pour « être en règle » avec le précepte : chacun peut faire montre de davantage de générosité, en fonction de ses possibilités (de santé, de devoir d’état…) en se souvenant que la discipline originelle du Carême, telle qu’elle était pratiquée depuis les Saints Apôtres, consistait en quarante jours de jeûne.

2013-21. Saint Augustin : « Le Seigneur nous prescrit d'opposer des jeûnes pieux à toutes les inclinations vicieuses ». dans Chronique de Lully le-tintoret-la-tentation-du-christ-au-desert

La tentation du Christ au désert (Tintoretto, 1579-81)

Sermon 66 : Nécessité et effets du jeûne.

Résumé :
§ 1 – Le jeûne est un moyen de guérison : guérison du vice et guérison du corps lui-même puisque les médecins le recommandent. § 2 – Les philosophes païens eux-mêmes le recommandaient, mais nous avons en outre les exhortations de saint Paul. § 3 – Exemples tirés des Saintes Ecritures. § 4 – Conclusion.

   1 – Toutes les fois, mes frères, que nous fixons des jours de jeûne à votre dévotion, nous nous faisons un devoir de vous exhorter à les observer fidèlement.
En effet, beaucoup parmi vous sont plutôt paresseux que sensuels ; sans être vicieux dans leur corps, ils manquent de dévotion dans le coeur et cherchent à s’excuser en alléguant certaines indispositions corporelles, la faiblesse de leurs membres ; le plus souvent, ce sont des illusions qu’ils se forment ; mais, fussent-ils atteints de quelque vice réel, ils devraient en chercher le remède dans le jeûne lui-même. Les délices engendrent les maladies, le remède à ces maladies, c’est le jeûne. Voilà pourquoi le Seigneur nous prescrit d’opposer des jeûnes pieux à toutes les inclinations vicieuses.
D’ailleurs, ces jeûnes nous sont présentés sous une telle dénomination, que les faibles eux-mêmes ne sauraient les repousser. Ecoutons le prophète Joël s’adressant aux prêtres : « Sanctifiez le jeûne, prêchez la guérison » (Joël I, 14 & 15). La guérison est-elle donc autre chose que la médecine des corps ?
Si les médecins imposent le jeûne aux malades afin de guérir leur corps, si la langueur trouve dans le jeûne son remède le plus efficace, enfin si les vices tendent à affaiblir toujours davantage la constitution de l’homme, pourquoi ne pas chercher dans des jeûnes légitimes un contre-poids à la faiblesse des corps, puisque ces jeûnes sont institués pour servir de remède à tous les vices de l’âme et du corps ? Redisons donc ces paroles du Prophète : « Sanctifiez le jeûne, prêchez la guérison ; rassemblez les vieillards, réunissez les habitants de la terre dans la maison du Seigneur votre Dieu, criez sans cesse vers le Seigneur, et il vous exaucera ».
A cela, que peuvent répondre les esclaves de leur ventre ? Vous qui ne voulez pas jeûner, vous ne voulez donc pas être exaucés ? Pourquoi charger de viandes vos estomacs ? Pourquoi les remplir de nourriture et de vin ? Pourquoi, devant des peuples à jeun, exhaler les vapeurs de votre intempérance ? C’est le signe d’une maladie, et non pas de la digestion.
Jeûnez donc pour Dieu quand il vous l’ordonne, de crainte que les médecins n’aient eux-mêmes à vous l’imposer. Car, pour eux comme pour nous, le jeûne a pour effet de tempérer les humeurs et les impétuosités du sang.

   2 – De leur côté, les philosophes condamnent les esprits supérieurs à se purifier, dans le jeûne, de toutes les souillures qu’ils ont reçues des corps terrestres, et ils punissent la chair afin d’affaiblir l’esprit.
Pour nous, le jeûne des corps est comme la lime des âmes. Il expie les fautes de la conscience, réprime le péché, et fait resplendir les âmes que souillait la tache du péché. Si donc la médecine elle-même trouve dans le jeûne un principe de sagesse et de santé, que dois-je penser de vous qui vous livrez à la bonne chère pendant que le peuple jeûne ?
C’est à vous que s’appliquent ces paroles de l’Apôtre : « La nourriture est pour le ventre, et le ventre pour la nourriture » (1 Cor. VI, 13) ; et encore : « L’un jeûne et l’autre est ivre ; je vous loue, mais en cela je ne vous loue pas, puisque vos assemblées se tournent, non pas en bien, mais en mal (1 Cor. XI, 17) ». C’est à vous aussi que David adresse ce violent reproche : « Seigneur, leur ventre a été rempli de choses cachées ; ils se sont rassasiés de viandes impures, et ils ont laissé les restes à leurs enfants. Pour moi, je me rassasierai du jeûne, afin que votre gloire me soit manifestée » (Ps. XVI, 14-15).

   3 – Des faits nombreux feront mieux ressortir ces précieux effets du jeûne.
Pour recevoir la loi du Seigneur, Moïse jeûna et mérita de pouvoir s’entretenir avec Dieu. Dans un temps de sécheresse, Elie jeûna pour désarmer le courroux de Dieu et obtenir la pluie. Le jeûne de Daniel lui mérita d’échapper à la rage des lions affamés. Les trois enfants dans la fournaise prouvèrent par le jeûne l’impuissance des faux dieux. Autant de jeûnes David offrait à Dieu, autant il remportait de victoires. Les Ninivites calmèrent par le jeûne le courroux de Dieu et méritèrent leur pardon ; la crainte des maux dont ils étaient menacés leur inspira même la pensée de condamner au jeûne leurs troupeaux, et le Seigneur, touché de ces manifestations de pénitence et de repentir, pardonna à cette ville coupable. Qui ne s’étonnerait, mes frères, d’un tel prodige dans lequel des animaux ont fait pour les hommes ce que les hommes ont coutume de faire pour les animaux !
Jésus-Christ, notre souverain Maître, a jeûné afin de vaincre le démon. C’est par le jeûne que les Apôtres se sont préparés à recevoir le Saint-Esprit.
Mais pourquoi faire ressortir l’efficacité du jeûne pour les hommes, quand nous le voyons hautement pratiqué par les femmes ? Judith, armée du jeûne, a coupé la tête du tyran Holopherne. Suzanne a trouvé dans le jeûne le moyen de confondre les faux témoins. La reine Esther s’est livrée au jeûne pour déjouer l’habileté d’un persécuteur et sauver la vie à son peuple.
La sainte Ecriture nous offre ainsi de nombreux exemples des puissants effets opérés par le jeûne, comme, au contraire, elle déroule sous nos yeux les maux de toute sorte produits par la violation du jeûne. Le fils de Saül, Jonathan, ne sachant pas que son père avait prescrit un jeûne absolu, recueillit un peu de miel avec une baguette et le goûta ; or, cette violation compromit l’armée tout entière, et vengeance dut être tirée de cette faute quoique involontaire. Si donc Jonathan ne laissa pas que d’être condamné pour avoir violé, sans le savoir, le jeûne prescrit par son père, combien doivent être plus coupables ceux qui méprisent sciemment les jeûnes qui leur sont commandés ?

   4 – Jeûnez donc, mes frères, dans la crainte que votre désobéissance ne soit regardée comme sacrilège par Notre-Seigneur Jésus-Christ qui règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

images1 carême dans De liturgia

Lire ou relire le sermon 65 de Saint Augustin sur la pénitence > ici.

2013-20. Où le Maître-Chat rappelle l’admirable et merveilleuse simplicité du droit divin qui régit l’Eglise.

Mardi gras 12 février 2013
fête réparatrice de la Sainte Face de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

2013-20. Où le Maître-Chat rappelle l'admirable et merveilleuse simplicité du droit divin qui régit l'Eglise. dans Chronique de Lully benoit-xvi-pelerinage-a-la-ste-face-manopello

Sa Sainteté le Pape Benoît XVI vénérant la Sainte Face de NSJC
sur le voile miraculeux conservé à Manoppello.

« Pour entrer en communion avec le Christ et en contempler la face, pour reconnaître la face du Seigneur dans celle de nos frères dans les évènements de chaque jour, il faut « des mains innocentes et des coeurs purs » (Psalm. XXIII, 4). Des mains innocentes, c’est-à-dire des existences illuminées par la vérité de l’amour qui vainc l’indifférence, le doute, le mensonge et l’égoïsme ; et, en outre, des coeurs purs sont nécessaires, des coeurs ravis par la beauté divine, comme le dit la petite Thérèse de Lisieux dans sa prière à la Sainte-Face, des coeurs qui portent le visage du Christ imprimé en eux ».

Paroles de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI lors de son pèlerinage au sanctuaire de la Sainte Face miraculeuse de Manoppello (Abruzzes), le 1er septembre 2006 (texte complet > www).

sainte-face-de-manoppello-150x150 11 février 2013 dans Commentaires d'actualité & humeurs

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Hier, je m’apprêtais à publier un texte, ici-même, au moment où a été rendue officielle l’annonce de la prochaine renonciation de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI au Souverain Pontificat.
Aussitôt, le monde des moyens de communication et la « catosphère » sont entrés en effervescence pour gloser ce « coup de tonnerre dans un ciel serein » – l’expression est de Monsieur le Cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré-Collège - , tandis que, sur les réseaux sociaux, les commentaires fusaient dans tous les sens.
Si les répondeurs et les « digicodes » ont considérablement réduit le nombre des concierges, puisque ils ont pratiquement rendu caduque leur fonction principale, je puis vous assurer que leur fonction annexe – celle de répandre les nouvelles et de papoter – a été, elle, très largement multipliée et redistribuée!!!

En notre Mesnil-Marie, après s’être assuré que la nouvelle était bien exacte et avoir rappelé à ses correspondants quelques principes de simple bon sens surnaturel, notre Frère Maximilien-Marie – qui, je le signale au passage, n’a manifesté aucun étonnement ni émotion particulière – a préféré imposer le silence à tous les moyens de communication et vaquer, tranquille et recueilli, à ses occupations.
Il est des circonstances où il importe, en premier lieu et par dessus tout, de prendre du recul avec les agitations de la fourmilière et de se couper radicalement de tout ce qui peut nuire à la sérénité de l’âme.

Laissons de côté les médias profanes : leurs journalistes ne sont là que pour faire du bruit avec leur bouche, noircir du papier ou capter de l’ « audimat » en rebondissant sur l’émotion superficielle qu’ils travaillent à entretenir. Leur façon d’informer – du moins prétendent-ils informer – ne consiste la plupart du temps qu’à lancer des « scoups », qui se chassent les uns les autres. Mais ce culte de l’immédiateté et du sensationnel se révèle absolument indigent pour une compréhension profonde des évènements : autant demander à un aveugle de naissance de donner un conférence sur sa manière de percevoir les couleurs!
Ce qui est très regrettable, c’est que des fidèles et des hommes d’Eglise se laissent prendre à ce jeu et se font happer par cet engrenage de l’émotionnel et de la superficialité…

sainte-face-de-manoppello-150x150 Benoît XVI dans De liturgia

Certes, qu’un Souverain Pontife dépose sa charge n’est pas quelque chose de particulièrement courant, mais, le cas étant prévu par le droit canonique, il n’est pas extraordinaire dans son essence : « S’il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non qu’elle soit acceptée par qui que ce soit » (canon 332 § 2).

J’attire ici votre attention sur les conditions de cette renonciation : elle doit être libre, elle doit être manifestée de manière adéquate, mais elle ne requiert l’acceptation de personne pour être « valide » : le Souverain Pontife – à la fois Chef terrestre visible de l’Eglise, qui est une société monarchique spirituelle, et monarque absolu de l’Etat de la Cité du Vatican – prend une décision qui, parce qu’elle est pleinement libre et qu’elle est rendue publique dans des formes indubitables, a « force de loi » et prend effet selon la manière dont il en a statué.

Merveilleuse simplicité du droit divin!
Comme nous sommes loin des retorses circonvolutions de ces systèmes humains qui, en refusant l’origine divine du pouvoir et en attribuant de manière blasphématoire une prétendue souveraineté au « peuple », s’enlisent et s’autodétruisent dans une inéluctable décadence institutionnelle, sociétale, morale et psychologique!

Sublime et merveilleuse simplicité du droit divin!
Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI va déposer sa charge, mais – selon un système bien rodé qui échappe, autant que possible, aux campagnes électorales et à la course au pouvoir – un deux-cent-soixante-cinquième successeur de Saint-Pierre (selon la liste officielle actuellement admise) va lui succéder, et l’Eglise continuera sa marche, aussi paisiblement que possible, au milieu des remous de ce monde, qui ne manqueront pas de la malmener parfois, mais qui ne l’atteindront jamais dans ce qui lui est essentiel.

Admirable, sublime et merveilleuse simplicité de la constitution de droit divin de notre Eglise!
Quoi qu’il puisse en être de notre attachement à la personne humaine du Pontife régnant, nous savons bien qu’il n’est que le Vicaire de Jésus-Christ : nous n’avons pas (ou du moins les fidèles ne doivent pas avoir) un « culte de la personnalité » pour un homme-Pape, parce que nous aurions des « atomes crochus » avec lui. Non! nous sommes attachés dans la foi – et non dans la sentimentalité – , dans la foi – et non dans une manière sensible ou intellectuelle d’appréhender les choses – , dans la foi – c’est-à-dire de façon surnaturelle – , à une fonction hiérarchique divine : à travers le Pape, c’est à la Personne du Fils de Dieu, c’est au Verbe Incarné, c’est au divin Rédempteur, c’est au « doux Christ en terre » que nous sommes attachés.

Quare fremuerunt gentes : pourquoi les nations ont-elles frémi?
Les frémissements et les émotions du monde n’ont vraiment aucune importance : ils passent! Ils sont semblables à la feuille morte que le vent fait tournoyer et emporte.
La foi nous donne une stabilité et une capacité de résistance aux vents, quels que soient leur violence et leurs tourbillons : Dieu, Lui, EST ! Dieu, Lui, demeure éternellement ! Dieu, Lui, donne à Son Eglise quelque chose de Sa propre stabilité, malgré toutes les tempêtes, malgré toutes les attaques, malgré tous les naufrages humains…
« Nolite timere, pusillus grex, quia complacuit Patri vestro dare vobis Regnum : Soyez sans crainte, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume ! » (Luc. XII, 32).

sainte-face-de-manoppello-150x150 Manoppello

Foin de l’insipidité des commentateurs et de l’inconsistance des interminables commentaires de commentaires!
Foin des pronostics humains sur le prochain pontificat, chacun voulant rajouter son grain de sel et faire preuve d’originalité!
Foin des fantasmes qui s’exaspèrent de tous côtés pour relever des présages, ressortir de vieilles « prophéties », interpréter les écrits de tel saint ou de tel mystique (ou pseudo mystique)!
Foin des délires de ces chantres de la « modernité » qui remuent les fangeux espoirs de voir le prochain Pontife canoniser le libertinage et modifier les règles données par le Christ concernant le dogme, le sacerdoce ou les sacrements!

En ce jour de mardi gras, qui est le jour désigné pour la fête liturgique de la Sainte Face de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en cette veille de notre entrée dans le grand et saint Carême, j’ai été heureux de trouver cette photographie de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI dans un face à face fervent, rayonnant d’amoureuse intériorité, avec l’image miraculeuse du voile de Manoppello (je vous reparlerai un jour de cette précieuse relique).
De cette extraordinaire image achéiropoïète (du grec : αχειροποίητα, c’est-à-dire non faite de main d’homme) émane une paix incommensurable, lors même qu’elle nous révèle le visage vivant du Fils de Dieu au cours de Sa Passion.

Ah ! laisse-moi, Seigneur, me cacher en ta Face ;
Là je n’entendrai plus du monde le vain bruit.
Donne-moi ton amour, conserve-moi ta grâce
Rien que pour aujourd’hui !

En regardant cette photographie de Benoît XVI abîmé dans la contemplation de la Sainte Face de Jésus, j’ai aussitôt pensé à cette strophe de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face (« Mon chant d’aujourd’hui » – juin 1894).

A nous, enfants aimants de la Sainte Eglise, il n’est pas demandé de nous disperser à la remorque des commentaires du monde, il n’est pas demandé non plus de nous diluer dans la superficialité de sa manière d’appréhender des mystères de foi qui sont étrangers aux modes de penser contemporaines.
Mais à nous, il revient dès à présent de nous sanctifier, d’intensifier notre vie spirituelle, de prier, d’offrir des sacrifices et de jeûner pour que la grâce du Saint-Esprit inspire au maximum le Sacré Collège bientôt réuni en conclave et pour que Dieu, et Lui seul, donne à Son Eglise un Pontife selon Son Coeur, et uniquement selon Son Coeur.

Entrons à notre tour dans la contemplation de la Sainte Face de Notre-Seigneur, plongeons-nous à notre tour dans le regard vivant et pénétrant de Celui qui est doux et humble de coeur et prions-Le pour Son Eglise : « Voici, Seigneur, la génération de ceux qui Vous cherchent, de ceux qui cherchent Votre Visage! » (cf. Psalm. XXIII, 6).

Lully.

sainte-face-de-manoppello renonciation au Souverain Pontificat

Rappels :
Petit catéchisme sur le Carême et la pénitence > www
Message de Sa Sainteté Benoît XVI pour le Carême 2013 > www
Commentaire du psaume « Quare fremuerunt gentes » par St Augustin > www
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2013-19. Aubenas, 7 février 1593 : les premiers martyrs de la Compagnie de Jésus en France.

7 février,
Fête des Bienheureux Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, martyrs.

       Dans le diocèse de Viviers (ainsi que dans la Compagnie de Jésus), le 7 février, est célébrée la fête des Bienheureux Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, premiers membres de la Compagnie de Jésus à avoir reçu la palme du martyre en France.
C’était le dimanche 7 février 1593 – il y a donc 420 ans en cette année 2013 – et cela se passait à Aubenas, petite ville du Vivarais.

2013-19. Aubenas, 7 février 1593 : les premiers martyrs de la Compagnie de Jésus en France. dans Chronique de Lully aubenas-profil-de-la-cite

Silhouette de la vieille ville d’Aubenas (état actuel)

A – Le diocèse de Viviers à la fin du XVIe siècle.

   Il semblerait que les erreurs calvinistes aient commencé à pénétrer dans le diocèse de Viviers (dont les contours sous l’Ancien Régime n’étaient pas ceux de l’actuel département de l’Ardèche) autour de 1530.
Leur propagation fut favorisée par le fait que, pendant presque trente ans (1554- 1583), les évêques qui se succédèrent sur le siège épiscopal de Viviers ne résidèrent pas – ou presque pas – dans leur diocèse.

   De laborieux estimations, recherches et calculs ont permis à certains historiens d’avancer qu’en 1573 il n’y avait guère plus de vingt prêtres en activité dans ce diocèse qui comptait alors quelque 210 paroisses.
La suppression des ordinations, consécutive à l’absence des évêques, n’en est pas la seule cause.
Il y eut -hélas! – des clercs qui apostasièrent ; il y eut aussi, à la faveur des luttes armées, de nombreux massacres dont les récits ou les traditions orales ont conservé le souvenir : pillages de monastères, supplices ou mutilations atroces infligés aux religieux, massacres de prêtres… etc.
L’ignorance religieuse se développant, du fait de l’absence des pasteurs, fit le lit des doctrines prétendument évangéliques des prédicants calvinistes.

   Ajoutons à cela la misère matérielle ; une enquête conduite par un juge royal au cours de l’été 1573 montre que les trois quarts des bénéfices du diocèse avaient été spoliés par les huguenots, ôtant tout moyen de subsistance aux clercs : « Contrainctz d’aller mendier leur povre vie chez leurs parents et amys et d’abandonner les lieux de leurs bénéfices (…) beaucoup se sont retirés dans le petit nombre des villes qui sont encore sous l’obéyssance de Sa Majesté », souvent loin du diocèse.

   Les édifices du culte avaient  été encore plus maltraités que leurs desservants. En cette même année 1573, un percepteur de décimes (taxes exceptionnelles perçues par le Roi sur les revenus du clergé) auquel sa charge imposait de circuler dans tout le Vivarais, déclare que « de toutes les églises et maisons presbytérales et claustrales du présent diocèse » il n’en connaît que trois ou quatre debout et qu’en de nombreux lieux « tout a été ruiné et aboli ».
Une dizaine d’années plus tard, lorsque Monseigneur Jean de l’Hostel (évêque de septembre 1575 à avril 1621) put prendre en mains la conduite de son diocèse, il délégua son grand vicaire, Nicolas de Vesc, pour une grande enquête et visite de ses églises ; la relation de Nicolas de Vesc porte sur quatre-vingt-cinq paroisses et égrène une longue et désolante litanie : « église ruinée, sans porte et sans autel », « église polluée », « église rompue », « détruite », « démolie », « renversée », « brisée par terre », « brûlée », « rasée »… etc.

   Dépourvu de prêtres, dépouillé de la majorité de ses lieux de culte, champ libre laissé à la prédication de l’hérésie, le diocèse de Viviers était donc dans une très grande détresse matérielle et spirituelle.

   Toutefois sous le pontificat de Monseigneur de l’Hostel, à partir de 1583, s’exprime une véritable volonté de reconquête des âmes et de restauration.
Dans cette perspective, les prêtres restés en place, avec les encouragements de leur évêque, ne vont pas hésiter à faire appel à des congrégations religieuses ferventes et dynamiques : en particulier, la Compagnie de Jésus.

bx-jacques-sales 1593 dans De liturgia

Le Bienheureux Jacques Salès (1556-1593)
prêtre de la Compagnie de Jésus. 

B – Le Révérend Père Jacques Salès et le Frère Guillaume Saultemouche.

   Jacques Salès (orthographe qui prévaut à l’heure actuelle mais souvent écrit Salez à l’époque) est né le 21 mars 1556, à Lezoux, petite ville du diocèse de Clermont (entre Clermont-Ferrand et Thiers).
Son père était maître d’hôtel de Monseigneur Guillaume Duprat, évêque de Clermont qui participe au concile de Trente et s’efforce d’en appliquer les réformes dans son diocèse. Monseigneur Duprat est un ami et un admirateur des premiers jésuites : il favorise leur introduction au Royaume de France. C’est ainsi qu’il leur donne son hôtel particulier à Paris, l’Hôtel de Clermont, pour qu’ils y fondent un collège, le fameux Collège de Clermont (1550). Il fonde d’autres collèges jésuites, à Billom (1556) et à Mauriac.

   Le jeune Jacques Salès, orphelin de mère alors qu’il est en bas âge, grandit dans un milieu de grande ferveur religieuse et de profonde éducation à la vertu.
A l’âge de 13 ans, grâce à la recommandation de Monseigneur Antoine de Saint-Nectaire, successeur de Monseigneur Duprat sur le siège épiscopal de Clermont, il est admis gratuitement au collège des jésuites de Billom.
Il est ensuite envoyé à Paris pour étudier la rhétorique et demande à entrer dans la Compagnie : il accomplit son noviciat à Verdun, est ordonné prêtre à 29 ans, passe son doctorat de théologie à l’université de Pont-à-Mousson, à 32 ans, puis est employé à l’enseignement.

   Le Père Jacques Salès est d’une santé extrêmement fragile ; c’est un grand asthmatique qui, en outre, doit s’alimenter fréquemment, sous peine de tomber sans connaissance pendant les cours qu’il dispense.
Pour ménager ses forces, ses supérieurs décident de l’envoyer sous des cieux plus cléments que ceux de Lorraine : il est muté au Collège de Tournon (aujourd’hui Tournon-sur-Rhône) où – bientôt déchargé d’enseignement – il travaille essentiellement à la rédaction de petits traités doctrinaux et apologétiques. En raison du talent particulier qui est le sien d’exposer avec clarté et ferveur le dogme et la morale catholiques, il est aussi employé à la prédication de missions.
Il avait eu le désir de partir vers les missions lointaines et d’y subir le martyre sanglant pour l’amour de Jésus, il allait être exaucé sans avoir à franchir les océans.

   Guillaume Saultemouche, auvergnat lui-aussi, est né en 1555 à Saint-Germain-l’Herm, au coeur des monts du Livradois (entre Issoire et Ambert).
Remarqué pour sa très grande piété, sa douceur et sa candeur, il est admis à l’âge de 16 ans dans la Compagnie de Jésus en qualité de frère coadjuteur. Il exerce les humbles fonctions de frère portier à Pont-à-Mousson, puis à Lyon. On admire sa très grande dévotion envers le Très Saint-Sacrement, devant lequel il reste en adoration à tous ses moments libres.
Il est de passage au Collège de Tournon à la fin de l’année 1592.

bx-guillaume-saultemouche 7 février dans Lectures & relectures

Le Bienheureux Guillaume Saultemouche (1555-1593)
frère coadjuteur de la Compagnie de Jésus. 

C- Le Père Salès et le Frère Guillaume en mission à Aubenas.

   La ville d’Aubenas, ville stratégique du sud du Vivarais, après avoir été terrorisée et dévastée par les huguenots, avait été reprise par le gouverneur catholique : on restaurait les ruines tant matérielles que spirituelles subies par le peuple catholique. Voilà pourquoi fut sollicitée, auprès des supérieurs de la Compagnie, la venue d’un missionnaire : c’est le Père Jacques Salès qui  fut désigné, et on lui adjoignit le Frère Guillaume Saultemouche, qui se trouvait alors disponible et dont la piété signalée ne pourrait qu’édifier les fidèles.
La présence des deux jésuites était prévue « depuis les Avents jusques à Pâques » : comme Pâques était, pour 1593, le 18 avril, la mission devait donc durer environ quatre mois et demi. En fait elle sera interrompue au bout de deux mois par les évènements que nous décrirons plus loin.
Deux témoignages précis laissent à penser que le Père Jacques Salès avait été surnaturellement averti du sort qui l’attendait puisque, en quittant le Collège de Tournon, il avait dit à un confrère : « Adieu, mon frère, priez Dieu pour nous, nous allons à la mort », et à un de ses dirigés : « Adieu, mon fils, vous ne me verrez plus ».

   Arrivés « en Aubenas » – comme on disait alors – au début du mois de décembre, les deux jésuites se livrèrent avec zèle aux travaux apostoliques : il s’agissait d’aider le curé, l’abbé Jean de Martine, à restaurer le culte catholique et la ferveur des fidèles, ébranlée par des années d’irrégularités dans la célébration des sacrements et l’enseignement de la solide doctrine, et de tout mettre en oeuvre pour ramener les protestants à la vraie foi.
La prédication était, bien évidemment, le principal moyen de cet apostolat ; mais s’y ajoutaient aussi l’organisation de cérémonies les plus belles possibles et, très concrètement, d’incessants contacts personnels avec la population, dans les rues, dans les échoppes, dans les maisons, lorsqu’on était invité à y entrer…

   La très grande science du Révérend Père Salès, conjuguée avec une onction et une piété qui impressionnaient jusqu’aux huguenots, la vigueur de sa prédication alliée à la grande douceur qui émanait de lui, l’exemplarité du Frère Guillaume dans son humilité et sa ferveur, portèrent rapidement des fruits : de nombreux catholiques tièdes et déboussolés reprirent le chemin de l’église et la pratique des sacrements, des protestants commencèrent à abjurer leurs erreurs et demandèrent à être réintégrés dans la communion catholique.
Les missionnaires étendirent leur apostolat à l’extérieur de la cité : les chroniqueurs rapportent leur passage dans plusieurs paroisses des environs, parfois distantes de six ou sept lieues.

   Les ministres protestants étaient furieux de ce succès. A plusieurs reprises, certains d’entre eux avaient été conviés par le Père Jacques à des rencontres publiques, où ils auraient pu débattre, mais à chaque fois, les pasteurs s’étaient défilés.
Voyant bien qu’ils n’étaient pas capables d’apporter en faveur des doctrines erronées de Calvin des arguments solidement établis par les Saintes Ecritures et la Tradition, ils résolurent d’imposer le silence au prédicateur par d’autres méthodes.

arrestation-martyrs-daubenas Guillaume Saultemouche dans Memento

L’arrestation du Père Jacques et du Frère Guillaume par les huguenots
(image de dévotion éditée au moment de leur béatification – 1926) 

D – Le martyre. 

    »… Voici que le sixième de février en l’an mil cinq cent nonante-trois, devant le jour, Aubenas au milieu des trêves est traîtreusement surprise avec escalade, escaladée par quinze soldats seulement, lesquels ne rencontrant résistance (…), se font maîtres de la ville. Toute cette traîtreuse escouade était conduite par Sarjas, capitaine huguenot. » (*)
Cela a été vrai de tous temps : une poignée de scélérats armés et fanatisés peut imposer la terreur à plusieurs centaines d’honnêtes gens. C’est ce qui se produisit à Aubenas ce 6 février 1593.

   Le soir du 5 février, le Père Salès avait veillé jusque vers 23 heures, occupé qu’il était à travailler à la conversion d’une « damoiselle hérétique qui, depuis, a persisté toujours en la foi catholique ».
Vers les 4 heures du matin, il fut réveillé par les cris des assaillants. Se levant, au lieu d’aller se réfugier au château, il alla prier dans la chapelle Sainte-Anne, proche de la maison particulière dans laquelle les deux jésuites étaient logés.
« 
S’étant en quelque temps en cette chapelle résigné ès mains de Dieu, il se retire en sa chambre où, prosterné en terre avec son compagnon, ils s’offrent à Dieu en sacrifice, le requérant de leur vouloir départir force et courage pour pouvoir supporter la mort, si tant était que, pour l’amour de lui, ils fussent dignes de l’endurer. Ils restèrent ainsi jusques à soleil levant. Lors voici trois soldats ne respirant que cruauté, qui heurtent à la porte. On leur ouvre. Entrés qu’ils furent, ils trouvent nos deux martyrs à genoux, chacun avec un livre de dévotion en main, priant Dieu. Ces misérables, de prime face, chargent d’outrages nos deux victimes et les serrent à la gorge. On les interroge qui ils étaient : « Nous sommes, répondent-ils, de la Compagnie de Jésus» (…) ».
Les ayant faits prisonniers, ces soldats, avec force coups et vociférations, entraînèrent les deux jésuites dans une autre maison où vinrent les trouver trois ministres protestants qui étaient, selon toute vraisemblance, les instigateurs de l’attaque de la cité : ces pasteurs, avec des paroles mielleuses et une feinte amabilité, voulurent convaincre le père de la justesse des théories de Calvin… en vain, on s’en doute bien.
Puis, devant les deux religieux à jeûn, ils se firent servir un copieux repas au cours duquel ils pérorèrent longuement.
Il était environ deux heures après midi. On s’en souvient : le Père Jacques Salès, asthmatique et souffrant de fréquents malaises hypoglycémiques, ne pouvait rester longtemps sans manger. Un domestique de la maison suggéra aux pasteurs qu’il faudrait peut-être donner quelque nourriture aux deux jésuites. On leur fit donc apporter à chacun une assiette de potage ; mais celui-ci était gras et, en ce temps-là, l’abstinence était de précepte le samedi : les deux religieux n’y gouttèrent donc pas. Cela déchaîna les moqueries et la colère des ministres huguenots ; cependant le Père sut leur répondre par des arguments tirés de la Sainte Ecriture et de la tradition des premiers siècles auxquels ils ne purent rien objecter. Avec des injures ils attaquèrent ensuite les doctrines catholiques du libre-arbitre, de la prédestination, des sacrements et en particulier de la Sainte Eucharistie. Là encore, le missionnaire sut si bien leur répliquer qu’ils ne pouvaient plus argumenter.
« Après ce, les trois prédicants sortent de la maison fort indignés de se voir étrillés de la sorte, trois par un seul. La nuit s’approchait, et le Père, comme son compagnon, était encore à déjeuner (c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas rompu le jeûne) sans que personne leur baillât rien, fors le petit enfant de cette maison-là, lequel, en cachette, leur porta quelque morceau de pain, à ce que j’ai appris. Nos deux pauvres prisonniers, laissés à la merci des soldats, passent la froide nuit ensuivante sans feu, sans lit et sans beaucoup de sommeil ».

   Le lendemain, qui était le dimanche 7 février 1593, les pasteurs revinrent, «vomissant autant d’outrages que leurs têtes en pouvaient dégorger», et ré-attaquèrent le Père sur la doctrine eucharistique, mais ils ne réussirent qu’à se couvrir de confusion.
L’heure du prêche étant venu, l’un des pasteurs, nommé Labat, harangua avec véhémence les sectateurs de Calvin sur la place publique, niant la réalité du Saint-Sacrifice de la Messe et la Présence Réelle du Christ dans l’Eucharistie, traitant le jésuite de faux-prophète et d’antéchrist, puis donnant l’exemple du prophète Elie qui avait fait égorger les faux prophètes de Baal : « 
Tuez cela, tuez ; c’est une peste ! Il y en a assez en lui pour perdre la ville d’Aubenas, mais encore un entier royaume !»
«Descendu de chaire, il rencontre Sarjas, bien persuadé à mal faire, lui inculquant que jamais il n’avait rencontré homme plus obstiné que celui-là ; qu’il était de nécessité d’épandre son sang, puisqu’il était une peste à leur religion. Sarjas se montre si fort esclave des passions de ce ministre, qu’étant sorti du prêche avec environ vingt soldats, il commande à trois d’iceux d’aller assassiner ceux que son prédicant lui avait indiqués».
Ces trois soldats, qui avaient été impressionnés par la foi et la paisible détermination du prêtre, se récusèrent, si bien que le pasteur Labat lui-même prit la tête d’un détachement de gens armés et s’en fut à la maison où les deux jésuites étaient retenus. Il envoya quelques soldats pour les faire descendre dans la rue : 
« Suis-moi, idolâtre Pharisien, suis-moi! — Et où me voulez-vous mener? réplique le Père. — Suis-moi, suis-moi! recharge cet assassin, il te faut mourir. — Je suis tout prêt, répond le Père, allons au nom de Dieu ». Lors, se retournant vers son compagnon qui ne cessait de prier Dieu : « Et vous, mon frère, que deviendrez-vous? Ayez bon courage. Ah! que nous deviendrons grands au ciel, de petits compagnons que nous sommes en ce monde, si nous pâtissons quelque chose pour Dieu! » Lors, le Père signifia à tous que son compagnon n’était pas homme de lettres, que, partant, il ne pouvait point faire de préjudice à leur créance ; qu’on le laissât vivre.
Ce fut en cet endroit que notre Frère Guillaume fit montre de sa vertu : « Je ne vous abandonnerai point, mon Père, s’écria-t-il, ains je mourrai avec vous pour la vérité des points que vous avez disputés! »
Un de la compagnie l’avertit aussi de se retirer, que ce n’était pas pour lui que cette tragédie se jouait, ains seulement pour le Père. A quoi le vertueux Guillaume repartit : « Dieu me garde de tomber en cette faute ; je n’abandonnerai jamais celui-là auquel l’obéissance m’a adjoint pour compagnon, quand bien même je devrais trépasser avec lui. Je l’accompagnerai jusques à la fosse. Que si la divine Miséricorde me voulait faire tant de grâce, que quelque soldat me dépêchât pour son honneur, j’en serais très-aise, et prierais Dieu pour lui, outre le pardon que dès maintenant je lui fais de ma vie… »

   Les deux jésuites sont alors bourrés de coups et amenés dans la rue. « Le prédicant Labat voyant le Père en la rue, derechef l’attaque et l’agace, avec quelques autres, sur la réalité du corps de notre Sauveur au Sacrement de l’autel. Mais le Père répondant à tout pertinemment, le ministre Labat fut si courroucé que perdant patience et conscience, il crie : « Dépêchez cela, dépêchez cela ; il ne mérite point de vivre, c’est une peste! » Puis réitérant ce qu’il avait débagoulé en chaire, il tourne bride et se retire. »
Plusieurs soldats huguenots manifestèrent à ce moment-là leur réprobation de ce crime, mais d’autres, de ceux qui avaient pris la ville avec le dénommé Sarjas, affirmèrent leur détermination d’en finir.
Alors le Père s’adressa au Frère Guillaume :  
« Mon frère, recommandons-nous à Dieu » (…) Il se prosterne à deux genoux. Son compagnon s’y prosterne de même à quelques pas de lui. On ne leur fit grâce de beaucoup prier ; car voici, par derrière, comme le Père se recommandait à son patron saint Jacques, redoublant les noms de Dieu et de Jésus, un des assassins délâcha son arquebuse de laquelle le Père fut atteint en l’épaule, dont il chût par terre, prononçant par trois fois : « Jesu! Maria!». Puis le meurtrier s’avançant plus près, lui sacque un coup de dague dans l’estomac. Guillaume se jette sur le Père, l’embrasse et proteste qu’il ne l’abandonnerait mort, non plus qu’il ne l’avait abandonné vivant. Pour ce, il reçut de la main du même meurtrier un coup de dague au sein. Mais n’en ayant rendu l’âme, survinrent sur-le-champ quelques autres qui lancèrent au Père et à lui divers coups d’épées et de bâtons ferrés. Il fut poignardé (…) tenant toujours ses bras en croix, et ne prononçant autre chose que ces mots : «Endure, chair, endure un peu!»  J’ai appris que le Père Salez, pendant qu’on le meurtrissait, avait aussi les deux pouces en croix, laquelle continuellement il baisait, quoique les huguenots, à grands coups, lui abattissent les mains à ce qu’il ne baisât cette croix. Cependant il ne cessait de supplier pour eux la Majesté divine, s’écriant : «Mon Dieu, pardonnez-leur!» (…) 
Un soldat qui vit faire ce meurtre, m’a déclaré que le Père gisant à terre, tint quelque temps sa main sous son chef, les yeux dressés au ciel, et que la force lui manquant, son chef pencha en terre et qu’ainsi il expira. Le B. Guillaume fut plus de temps à rendre l’âme. (…) Cet heureux martyre arriva le septième février, mil cinq cent nonante-trois. Le Père avait demeuré vingt ans en la Compagnie, et notre Frère, douze. Le premier rendant l’âme au trente-septième an de sa vie, et le second au trente-huitième « .

   Il était environ deux heures de l’après-midi quand les deux religieux furent massacrés.
Leurs corps furent dépouillés et quelques huguenots se revêtirent par dérision de leurs soutanes et chapeaux pour se promener en ville.
Le Père Jacques fut laissé tout nu sur le pavé, au Frère Guillaume on laissa sa chemise, non par compassion mais parce qu’elle avait été toute déchirée par les meurtriers et qu’elle était donc irrécupérable.
Les bourreaux s’acharnèrent encore sur les cadavres en se livrant à de grossiers outrages que la décence se refuse à nommer… Ils dansèrent et sautillèrent autour de ces dépouilles saintes en parodiant des prières latines, puis elles furent laissées exposées ainsi pendant six jours, au bout desquels deux catholiques vinrent les prendre pour les enterrer dans un jardin.

aubenas-chapelle-des-martyrs Jacques Salès dans Nos amis les Saints

Aubenas en Vivarais : au chevet de l’église paroissiale Saint-Laurent,
la « chapelle des Martyrs »,
dédiée depuis leur béatification à la vénération des reliques des Bienheureux Jacques et Guillaume.

E – Vénération et culte des martyrs d’Aubenas.

   Le Père Odon de Gissey [voir la note (*) ci-dessous] écrit encore : « En nos collèges, la nouvelle de ce méchef étant apportée, servit de consolation à tous. Au collège du Puy, où je me retrouvais pour lors, au lieu des suffrages pour les trépassés, on récita tous ensemble le Te Deum à la fin des litanies, et le lendemain les prêtres célébrèrent la Messe de la très Sainte Trinité en action de grâces ».
C’était la première fois que des fils de Saint Ignace mourraient en martyrs sur le sol de France.

   Quelques jours plus tard, le gouverneur (qui avait été absent lors de ces évènements) put reprendre le contrôle de la ville et y rétablir l’ordre ; une enquête fut diligentée, recueillant des témoignages sur ce qui s’était passé. 

   Une pieuse châtelaine, Madame de Chaussy, obtint, deux ans plus tard, de faire exhumer les restes des deux martyrs. Elle les fit transporter dans une chapelle de sa famille, dans l’église de Ruoms, où elles demeurèrent plusieurs mois.
Les jésuites d’Avignon intervinrent alors pour récupérer les reliques qui firent l’objet d’une « dispersion » : Madame de Chaussy en conserva quelques parcelles dans la chapelle de son château, mais les plus grosses parts des deux saints corps furent distribués entre les collèges jésuites d’Avignon, du Puy, d’Aubenas (nouvellement créé), de Tournon, de Chambéry, de Dôle… etc. Des reliques furent également envoyées à Rome, en Espagne, et au Cardinal François de Joyeuse (frère du Père Ange, duc de Joyeuse, maréchal de France et capucin > ici).
Des guérisons miraculeuses et des grâces ne tardèrent pas à être obtenues : comme le Père Jacques Salès avait été gravement atteint par l’asthme, beaucoup d’asthmatiques recoururent à son intercession et se trouvèrent soulagés.

   Le Roi Louis XIV lui-même sollicita du Saint-Siège leur canonisation. En 1729 une supplique solennelle fut aussi adressée à Rome par les Etats du Languedoc.
Mais la suppression de la Compagnie et la grande révolution freinèrent l’introduction et l’avancement du procès canonique.
Enfin, en 1926, le Pape Pie XI les éleva aux honneurs de la béatification en leur décernant le titre de « Martyrs de l’Eucharistie ».

   Les reliques conservées dans la chapelle du Collège des jésuites d’Aubenas, malgré les aléas de l’histoire et du bâtiment (dans cette chapelle, au début du XXe siècle et avant sa totale destruction, les francs-maçons tinrent des « banquets laïcs et républicains » au cours desquels ils se déchaînèrent en blasphèmes), furent préservées et sont dorénavant exposées dans une châsse, au-dessus de l’autel de la « chapelle des Martyrs », au chevet de l’église Saint-Laurent d’Aubenas (cliché ci-dessus).
En nos temps, le culte de ces glorieux martyrs n’est plus célébré avec la ferveur et la pompe d’autrefois : la pratique d’un faux oecuménisme avec les protestants est embarrassée par ces deux jésuites, puisque – selon une certaine manière d’enseigner l’histoire – il n’y aurait eu que de gentils protestants à l’exemplaire doctrine évangélique à avoir été massacrés par de méchants catholiques qui avaient déformé l’enseignement du Christ…
Ceci au point que cette « chapelle des Martyrs » a été rebaptisée « chapelle de l’unité » et réaménagée de telle sorte qu’un « autel-face-au-peuple » de forme cubique y a été installé à l’opposé de l’autel traditionnel, si bien que les fidèles qui y assistent à la messe tournent le dos aux reliques des deux Bienheureux !

   Dans l’oratoire de notre Mesnil-Marie, nous sommes extrêmement heureux de posséder un médaillon reliquaire (avec son certificat d’authenticité) dans lequel se trouvent des parcelles des ossements des Bienheureux Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, martyrs de l’Eucharistie : il nous a été offert par un vieil ami prêtre au moment de la fermeture d’une résidence de jésuites, étant donné que la majorité des pères n’avait plus rien à faire de ces « gadgets » sans rapport avec « ce que nous vivons dans l’Eglise depuis Vatican II » (sic)!

   Puissent les Bienheureux Jacques et Guillaume nous inspirer – ainsi qu’à tous ceux qui liront ces lignes – une foi toujours plus vive dans le Très Saint-Sacrement de l’autel, un zèle toujours plus ardent pour défendre la foi véritable dans le Saint-Sacrifice de la Messe et la Présence Réelle de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie en face des hérésies contemporaines, et une amoureuse fidélité jusqu’à la mort, quoi qu’il puisse nous en coûter.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

reliques-bbx-jacques-and-guillaume jésuites martyrs

Médaillon renfermant des reliques des
Bienheureux Jacques Salès et Guillaume Saultemouche, martyrs de l’Eucharistie,
conservé avec grande vénération dans l’oratoire du Mesnil-Marie

eucaristia04copie martyrs d'Aubenas

(*) Note : Tous les passages entre guillemets et de couleur violette que l’on trouve ici, sont extraits de la narration du martyre du Père Jacques et du Frère Guillaume rédigée par le Révérend Père Odon de Gissey, contemporain des faits, qui recueillit avec soin les récits de témoins oculaires, les mit en forme et enfin les publia une trentaine d’années après les évènements [Odon de Gissey, Recueil de la vie et martyre du P. Jacques Salez et de Guillaume son compagnon. Toulouse, 1627, 1642; Avignon, 1869].

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